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Philosophie politique et sociale Synthèse de l’an passé : Liberté : On a l’impression d’être libre sous prétexte qu’on est capable de prendre conscience de ses envies. Avec du recul, on se rend compte qu’on passe son temps à suivre sa nature, son envie. - Le libéralisme repose sur l’illusion qu’il existe un libre- arbitre dans la société - Plus on est libre, plus on est responsable - Plus on est responsable, plus on a du mérite - S’il suffit de vouloir pour pouvoir : si on réussit, on a du mérite, si on rate, c’est de notre faute. Identité : Notre identité ne nous appartient pas. Elle dépend de la manière dont on interprète le regard des autres sur nous. Le propre de l’homme, c’est de ne pas avoir de « propre ». On est « homme » par défaut : on n’est pas animal, on n’est pas dieu. On se définit par ce qu’on n’est pas. Mon identité sert à me distinguer des autres (si je suis gay, c’est que je ne suis pas hétéro). Ex : Je suis Charlie = je ne suis pas les « je ne suis pas Charlie » On passe notre vie dans NOTRE conscience. On ne connaît de la réalité que la conscience que l’on peut en avoir. Toute notre vie se passe à donner du sens à ce qui n’en a pas en soi. Matière de cette année : - Comment fonctionne la société ? - D’où provient le fonctionnement de la société ? - Comment et au nom de quoi la société s’organise-t-elle ? - Comment doit s’organiser la société pour être le plus juste possible ? C’est un cours de philosophie politique idéale dans le sens où l’on va tenter de comprendre la société d’un point de vue théorique. Le cours n’existe pas, n’existe plus. C’est comme cela que cela devrait fonctionner mais ce n’est pas le cas. 1

Philosophie Politique - Notes

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stephane godefroid

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Page 1: Philosophie Politique - Notes

Philosophie politique et sociale

Synthèse de l’an passé :

Liberté : On a l’impression d’être libre sous prétexte qu’on est capable de prendre conscience de ses envies. Avec du recul, on se rend compte qu’on passe son temps à suivre sa nature, son envie.

- Le libéralisme repose sur l’illusion qu’il existe un libre-arbitre dans la société- Plus on est libre, plus on est responsable- Plus on est responsable, plus on a du mérite- S’il suffit de vouloir pour pouvoir : si on réussit, on a du mérite, si on rate, c’est de notre 

faute.

Identité : Notre identité ne nous appartient pas. Elle dépend de la manière dont on interprète le regard des  autres  sur  nous.  Le propre  de   l’homme,  c’est  de ne pas  avoir  de « propre ».  On est « homme » par défaut : on n’est pas animal, on n’est pas dieu. On se définit par ce qu’on n’est pas.

Mon identité sert à me distinguer des autres (si je suis gay, c’est que je ne suis pas hétéro).

Ex : Je suis Charlie = je ne suis pas les « je ne suis pas Charlie »

On passe notre vie dans NOTRE conscience. On ne connaît de la réalité que la conscience que l’on peut en avoir. Toute notre vie se passe à donner du sens à ce qui n’en a pas en soi.

Matière de cette année :

- Comment fonctionne la société ? - D’où provient le fonctionnement de la société ? - Comment et au nom de quoi la société s’organise-t-elle ?- Comment doit s’organiser la société pour être le plus juste possible ?

C’est un cours de philosophie politique idéale dans le sens où l’on va tenter de comprendre la société d’un point de vue théorique. Le cours n’existe pas, n’existe plus. C’est comme cela que cela devrait fonctionner mais ce n’est pas le cas.

« Je pense que la principale forme d’oppression est de rendre le monde illisible. »

« Une idée n’est pas efficace parce qu’elle est vraie, mais parce qu’on y croit. »

(ex : si on ne croit plus à l’argent, il n’y a plus d’argent)

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Quelques mises en situation :

Si mon train déraille et que j’ai le choix entre différentes possibilités, qu’est-ce que je fais ?- Si on va à gauche on tue 4 personnes avec 12 enfants (vieilles, médecins, etc.)- Si on va à droite un tue 8 personnes célibataires (jeunes, ouvriers, etc.)- Si on pousse un monsieur, on en tue une et le train s’arrête

Il y a-t-il une différence entre acheter chez H&M et tirer sur un Chinois ?- La différence c’est la volonté, l’intention de l’auteur de l’action.

L’intention est-elle plus importante que les conséquences ? 

Cette question est à la base du droit pénal.

Situation du cours :

- Discours descriptif (on décrit les faits)- Discours normatif (on décrit que ce qui devrait être, selon les valeurs)

Esthétique Étique 

Déontologie (dont le but est de nous déresponsabiliser) : prescription (en amont) Morale individuelle Morale collective

Théorie de la justice sociale : conséquence (en aval) Légitimé du pouvoir politique

Comment a été pensée la société de manière à être la plus juste possible ?

Quel doit être le rôle de l’état ?

Comment doivent être redistribués les biens ?

La pauvreté est injuste car elle pourrait être évitée.

Avec 16 kg de céréales, on peut nourrir full poeple. On peut aussi faire un kg de viande et nourrir un américain.

Education pour tous 6 milliardsCosmétiques aux USA 8 milliardsEau potable 9 milliardsGlaces 11 milliardsSoins gynécologiques 12 milliardsChiens/chats 17 milliardsLoisirs 33 milliardsCigarettes 50 milliards en Europe? 110 milliards en Europe« Consommation de stupéfiants » « 500 milliards »Défense armée 1600 milliards de dollars (dans le monde)

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Page 3: Philosophie Politique - Notes

Dans la part des pays du nord, la participation au développement des pays du sud est de 120 millions. Le sud doit lui 175 millions au nord, ce qui représente le remboursement avec intérêts.

En général, le taux d’imposition augmente avec le revenu.

Si on gagne 20 000€, on est taxé de 15% et on gagne au final 17 000€ par an.Si on gagne 30 000€, on est taxé de 20% et on gagne au final 24 000€ par an.Si on gagne 40 000€, on est taxé de 25% et on gagne au final 30 000€ par an.Si on gagne 50 000€, on est taxé de 30% et on gagne au final 35 000€ par an.

Après ça, on rencontre le bouclier fiscal. Cela signifie qu’au-delà des 50 000€, le taux d’imposition n’augmente plus (c’est le cas en France). On peut gagner trois fois plus, on sera toujours taxé avec le même taux, c’est-à-dire 30%.

Inégalités de salaires :

Maternelles/primaires Supérieur Université+/- 1450€ pour 25h/sem 2000€ pour 500h/an 3400€ pour 220h/an3 ans d’études 5 ans d’études Un doctorat

Ex de Serge Dassault, cinquième fortune de France, lié à des affaires de corruption.

Déroulement du cours :

La différence entre explication et justification est que la justification relève de la notion de juste. Quelque chose est juste s’il est égal et s’il entraîne une situation au moins égale.

Ex : Si quelqu’un se noie et que je ne saute pas pour la sauver, je vais en prison SAUF si je ne sais pas nager (parce qu’alors, je meurs et il meurt : pas égal à il meurt, je vis).

Toutes les justifications sont des explications mais pas l’inverse. Les explications n’ont pas toujours la valeur de la justification.

La notion de Juste varie en fonction des courants :

1) Utilitarisme : le bonheur d’un maximum de personnes2) Libéralisme : assurer un maximum de liberté à chacun de ses individus3) Rawls : égalitarisme libéral : assurer à chacun une égalité des chances4) Marx : assurer une égalité5) Communautariens : s’organiser autour d’une valeur communautaire

Dans les quatre premiers mouvements, il y a une priorité du juste sur le bien. Le dernier mouvement est le seul dans lequel il y a une priorité de bien sur le juste.

Puisqu’égalité rime avec diminution de liberté et  liberté avec diminution d’égalité,   le but de nos sociétés serait de parvenir à une égaliberté.

Il n’y a aucun lien entre le libéralisme et le MR, entre Marx et le PS. On ne parle pas de politique.

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Page 4: Philosophie Politique - Notes

Pour chaque courant, on va se poser la question :

Est-ce qu’on est pour ou contre l’existence-même de la sécurité sociale ? L’ouverture des frontières ? Le   lancé   de   nain   en   boîte   de   nuit ?   L’adoption   par   des   parents   homosexuels ?   L’euthanasie ? L’avortement ?

Il n’y aura jamais de décision claire et univoque. Toutes les lois qui sont passées sont donc dues à une institution, à un rapport de force.

Politique des hommes (= ideal politik) :

La crise, étymologiquement, c’est l’arrêt (< krisis).

Le but de l’homme, c’est le bonheur. Le but de notre pensée philosophique, c’est donc de définir ce qu’est le bonheur et comment on y parvient.

Le but de la politique, c’est donc fondamentalement d’organiser la société de manière telle à ce que l’on puisse accéder à ce qu’on aura défini comme étant le bonheur.

Le  modèle   politique  qui   est   théoriquement   le   plus   apte  à   atteindre   cet   objectif   est   le  modèle démocratique. On part du principe qu’on est tous égaux et qu’on doit participer au pouvoir. On a tous  une   raison.  On est   tous   capables  de   réfléchir.  On  peut  donc   tous  participer   aux  décisions politiques.

Pour que la démocratie puisse avoir du sens et que l’on puisse tous être considérés comme des hommes égaux, il faut qu’on estime que toutes les idées ne se valent pas.

On n’est plus dans l’Ideal Politik mais dans la Real Politik (ou la politique des choses). La politique des choses consiste à supprimer toute forme de décision. L’essence-même de cette politique est de dire « on n’a pas le choix ». Au vu de toutes ces « choses », on ne sait soi-disant pas faire autrement. Comme si le pouvoir ne nous appartenait pas. Comme si les choses possédaient le pouvoir.

La politique consiste à prendre des décisions, à organiser les choses. Si on dit que compte tenu de tel ou tel élément ou que dans tel ou tel contexte, on n’a pas le choix, c’est une dérive. Pour tenir ce genre de discours, on a dû déléguer notre pouvoir aux choses. C’est une idéologie et c’est parce qu’on y croit que ça marche de parler comme ça (ex : je suis flexible, je sais m’adapter : à quoi ? aux choses).

Pourquoi y a-t-il plusieurs courants politiques ?

Car dans les affaires humaines, il n’y a pas de vérité possible (>< opinions).

La   vérité   relève   de   la   science.   La   science   est   une   méthode.   La   méthode   scientifique   c’est l’observation des faits et la quantification à partir d’expériences. 

Le sujet n’est pas mesurable, il n’a pas de place dans la science. La science détient donc le monopole de la vérité car il a éjecté toute forme de subjectivité.

La vérité est une ou n’existe pas. La vérité est unique.

Quand il n’y a pas de vérité possible, on discute. Celui qui gagnera sera donc le plus fort.

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Page 5: Philosophie Politique - Notes

La politique des choses, c’est le non-respect de la Loi de Hume qui dit qu’à partir d’un fait, on ne peut pas dériver d’une valeur. Un fait est observable, on ne peut en tirer aucune valeur. On ne peut pas faire de conclusion, on ne peut pas dire « donc » !

On ne peut donc rien décider sur base d’un fait. Quand la science s’invite dans les débats politiques, c’est toujours « faschistant ». 

Pourquoi utilise-t-on la justice comme critère central, comme valeur de base pour qualifier une société ?

- Si chacun a des envies différentes et qu’on doit vivre ensemble, il va falloir poser des limites : comment faire pour limiter la liberté des gens en restant le plus juste possible ?

- La justice est formelle (contrairement à l’amour, la beauté, le bien etc.). Elle est toutefois neutre  et  n’empêche  personne  de   faire   ce  qui   lui   plait.  Elle  est  objective.  Chacun  peut reconnaître  que  quelque  chose  est   juste   (plus  que   la  notion  de  bonheur  par  exemple). Chacun peut dire de telle ou telle limite qu’elle est juste ou non et se positionner par rapport à ce cadre sur lequel on tombe d’accord.

De quelle justice parle-t-on ?

Objet de la justice Valeur Clef de justificationLa justice commutative :Rétributive (pénal) et concerne les biens matériels

La justice distributive : comment distribuer de manière jute des biens matériels (soins de santé, argent, etc.) et immatériels (lois, culture, enseignement, etc.) ?

L’égalité

L’égalité formelle : identique (on est égal si on donne à chacun la même chose). Le contraire de l’égalité formelle est la discrimination. Puisqu’on n’est pas tous égaux à la base, l’égalité formelle maintient les inégalités.

L’égalité substantielle : on tient compte de la substance, du revenu.

Comment cela se fait-il que l’argent permet de tout obtenir ? C’est parce que l’argent n’est rien qu’il peut tout valoir, qu’il est équivalent à tout. Avoir de l’argent c’est avoir du possible.

Il y a quatre critères pour redistribuer les richesses afin d’avoir à l’arrivée une société la plus égale possible (et en donnant donc à chacun des parts inégales) :

- On donne plus à ceux qui en ont besoin- On donne plus à ceux qui font plus d’effort ou se sacrifient- On donne plus à ceux qui ont un contrat qui le spécifie- On donne plus à ceux qui sont plus doués

La justice va distribuer des biens de manière inégale.

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Page 6: Philosophie Politique - Notes

1) L’utilitarisme

L’utilitarisme est le courant le plus ancien et le plus connu de ceux que l’on va voir. Il date du 18ème 

siècle et provient d’un mélange entre les idées des Lumières (France) qui se concentrent sur les faits, et   de  l’Empirisme  (Angleterre)   qui   se   base   sur   les   faits   et   leur   observation.   Le   fondateur   de l’utilitarisme est Bentham. 

La révolution industrielle (la science et la technique sont mises au service de l’économie) s’ajoute aux   idéologies  du  18ème.  Est  née   l’idéologie  du Progrès :   le  progrès  est   la  clef  pour  comprendre l’évolution de l’humanité.

L’utilitarisme se veut :

1) Pragmatique : vise l’efficacité. En pragmatique, c’est vrai si ça fonctionne. Exemple : Manger des noix, c’est bon pour le cerveau parce que ça a la même forme. La justification est fausse mais peu importe puisque le résultat est le même : ça fonctionne.

2) Hédoniste : recherche le plaisir. Une décision est bonne si elle est utile. Elle est utile si elle augmente le plaisir et diminue les peines. On se fixe donc sur les conséquences des actions.Pour un utilitariste, bien agir, c’est bien calculer. Mal agir, c’est mal calculer son coup.

3) Non-égoïste : chaque individu recherche son propre plaisir. Et à conséquence égale, tous les plaisir se valent.

4) Conséquentialiste : L’avant n’a pas d’importance, le pendant non plus, seul l’après compte. La conséquence est la seule chose qui a de l’importance. On ne va donc jamais juger  les individus mais seulement les conséquences de leurs actions.Ex : si quelqu’un se noie et que je saute à l’eau 

o s’il est sauvé c’est une bonne actiono s’il est sauvé et que c’est Marc Dutroux qui tue trois personnes après, ce n’est pas 

une bonne actiono s’il est sauvé et que c’est pour impressionner ma copine, c’est une bonne action 

On s’en fouuuut de l’intention, tant que la conséquence est positive !

5) Individualiste : chaque individu compte (>< collectivité (Marx ou les communautariens)).Attention,  il  y  a  une distinction à faire entre  les utilitaristes  (chacun compte pour un en quantité) et les libéraux (chaque individu compte par sa dignité, par sa singularité, par sa valeur d’homme).Le bonheur d’une société est l’addition du bonheur de chaque individu.Il existe un individualisme classique et un individualisme moyen. Si 1 = bonheur et 0 : pas bonheur. On a une société de 3 personnes : l’un content, l’autre aussi,  le troisième pas.  Le ministre prend une bonne décision si  chaque individu voit son bonheur augmenter (individualisme classique). Le ministre prend une bonne décision si en moyenne, les individus voient leur bonheur moyen augmenter (individualisme moyen).

Le slogan des utilitaristes est :

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Page 7: Philosophie Politique - Notes

« Augmenter le plus possible le bonheur d’un maximum de personnes »Rawls avance  l’argument de  l’utilité marginale pour critiquer ce courant  :  Vous vous préoccupez d’augmenter   le  bonheur  d’un maximum de personnes,  donc  vous  ne   tenez  pas  compte  de   leur situation de départ. Vous ne faites que maintenir les inégalités. Les utilitaristes reconnaissent ce fait mais s’en foutent. L’utilité marginale désigne le gain de bien-être apporté par l’allocation d’une unité supplémentaire d’un bien donné. Cette utilité marginale est décroissante : plus on a, moins le fait d’en avoir en plus change quelque chose.

Si quelqu’un gagne 1000€ par mois et un autre gagne 10 000€ par mois. Si on décide de donner 100€ à tout le monde, cet ajout aura un impact bien plus important pour le premier que pour le second. Ces 100€ ont une valeur tout à fait marginale pour le plus riche. Au nom de l’utilité marginale qui est décroissante, on peut justifier le fait de taxer davantage les riches pour donner aux pauvres.

Objections contre l’utilitarisme :

- Difficultés d’application : o Il est impossible de mesurer l’intégralité des conséquences de nos applications (le 

nombre de paramètres à prendre en compte, le degré d’impact, les suites sur le long terme, etc.)

o Le plaisir n’est pas quelque chose de quantifiable : qu’est-ce qui génère plus de peine ou plus de plaisir ? Si on connaissait tous les impacts de nos actions, on ne ferait plus rien. C’est le doute et l’ignorance qui font qu’on agit.

o C’est l’urgence : procéder au calcul systématique des conséquences prend du temps.

- Difficulté morale :o Tout vaut tant que cela augmente le bonheur général de la société ; toute décision 

peut faire l’affaire tant que les conséquences de cette action augmentent le bonheur général du plus grand nombre. C’est comme ça qu’on justifie la torture : la fin justifie les moyens. Tous les moyens sont bons.

o Il n’y a donc aucune règle de protection des valeurs. Le sacrifice d’une partie de la population peut se justifier.

La réponse pour un utilitariste est toujours : ça dépend. Ca dépend de ce que dit la science sur le sujet qui nous occupe. 

Ex : Pourquoi maintenir ou non l’esclavage avec les gens noirs ? En fonction de ce que dit la science sur les hommes noirs. S’ils sont plus bêtes, on peut en abuser. S’ils sont intelligents, on ne peut pas.

Ex :  Pourquoi  permettre  à  des  homosexuels  d’adopter  un  enfant ?  En   fonction  de ce  que dit   la science sur les homosexuels. Si c’est une maladie mentale, on ne peut pas leur confier un enfant. Si pas, on peut.

CAS PRATIQUES

Premier exemple      :  

L’adoption par des parents homosexuels ?

- Favorable ou non favorable : Oui si c‘est utile- Utile ou pas utile : Oui si ça augmente le bonheur du plus grand nombre OU si ça augmente 

le bonheur d’une minorité en ne changeant rien pour la majorité

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Page 8: Philosophie Politique - Notes

Orphelins Religieux Homosexuels Société50 –100 + 

100 –10 +

10 – 100 +

500 – 500 +

+50 : ok, on peut faire passer la loi

-50 : on ne peut pas faire passer la loi sauf si on regarde sur le long terme

Deuxième exemple :

Système de sécurité sociale obligatoire ?

Comment élever le plus possible et au moindre coût la santé d’un maximum de personnes ?

- Mutualiser les risques : o priorité aux soins préventifso curatifs ?o sélection ?

Si tout le monde cotise, on a plus d’argent et

- on peut soigner plus de maladies- externalités positives (si on se fait vacciner on ne contracte pas la maladie, on ne la transmet 

pas   et   d’autres   gens   qui   ne   se   sont   pas   fait   vacciner   vont   jouir   positivement   des conséquences du vaccin).

- chance : on ne peut pas savoir ce qui va nous arriver

Troisième exemple :

Fumer  dans   les   lieux  publics :   L’utilitariste  est   favorable  à   l’interdiction  de   fumer  dans   les   lieux publics. Ca dépend de la science et du nombre de gens qui fument.

Quatrième exemple :

Jet de personnes de petites tailles dans les lieux festifs : pas de problème si ça procure du plaisir à la majorité sauf si le nain est en danger et risque de mourir.

Cinquième exemple      :  

L’ouverture des frontières : migration en soi pour être plus heureux donc oui ; migration au niveau de la famille ; migration au niveau du pays d’accueil ; calcul des conséquences positives et négatives à la fois pour le pays de départ et pour le pays d’arrivée ;

Lire le texte !

Pauvres absolus : ceux qui survivent, qui sont toujours pauvres quel que soit le critère

Pauvres relatifs : pauvres relativement à leur milieu

Riches   absolus :   une   fois   ses   besoins   de   base   satisfaits,   il   lui   reste   de   l’argent   à   dépenser superficiellement

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Page 9: Philosophie Politique - Notes

La pauvreté est injuste puisqu’on a la possibilité de la diminuer, on a les moyens de l’éradiquer.

Est-ce que ne pas aider les pauvres alors qu’on a les moyens de les aider revient à commettre un meurtre ?

Non :

- Il n’y a pas la motivation de tuer- Il y a une différence entre ne pas tuer et aider : lisibilité- On n’a pas de certitude du résultat- Il n’y a pas d’identification claire- Sans moi, ce serait pareil : je ne suis donc pas responsable

Ces arguments ne tiennent pas la route : dans la logique utilitariste, le résultat est le même entre tuer ou laisser crever. Ces arguments n’ont donc aucune valeur.

Y’a-t-il une obligation d’assistance aux personnes absolument pauvres ?

Non :

- On va d’abord s’occuper des pauvres qui sont chez nousCette théorie a des tendances racistes puisqu’elle  place  la  priorité  au belge plutôt  qu’au nigérien. Toutefois, de manière pragmatique, on est plus reconnaissant et on a tendance à faire un meilleur usage de l’argent quand on sait d’où il vient.

- Propriété privée : l’argent est à moi, j’en fais ce que je veux- Croissance démographique

S’ils ont plus d’argent > la natalité augmente > surpopulation > pauvreté augmente

Quel montant est-il injustifiable de ne pas donner aux personnes absolument pauvres ? 

Tout ce que le riche absolu possède en extra.

Un belge célibataire sans enfant devrait d’office donner des sous à partir de 1500 euros.

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Page 10: Philosophie Politique - Notes

2) Les libertariens (libéraux)

Individualisme fort Conception propriétariste de la liberté

Conception minimaliste de la justice et de l’État

Le  point  de  départ  de   leur   théorie  est   la  dignité   fondamentale  de  chaque  individu.   Il  n’est  pas question qu’au nom d’un impératif, on sacrifie un individu. Le principe de base est l’inviolabilité de chaque individu.

C’est  de   là  que  naît   la  conception propriétariste  de   la   liberté.  Être   libre,   c’est  être  pleinement propriétaire 1 de soi-même, 2 de ce qu’on a construit, 3 de ce qu’on a acquis de manière légitime.

Un individu est libre s’il peut disposer de lui-même, de ce qu’il a construit ou de ce qu’il a acquis comme il le souhaite.

La principale limite à cette liberté est le droit des autres à jouir de leur propre priorité. On ne peut pas empiéter sur le droit de liberté des autres. Ma liberté s’arrête là où commence celle des autres.

Je fais ce que je veux avec mon corps, je peux boire, fumer, me battre, etc. Les libertariens vont être favorables à l’euthanasie, à l’avortement, etc.

Il y a quand même trois limites  : 

- Vous ne pouvez pas vous aliéner de manière irréversible (pour un certain temps, pour une certaine durée, mais pas pour toujours)

- Le paternalisme : vous pouvez réduire la liberté des enfants à la seule condition que ce soit pour qu’ils puissent plus tard mieux user de leur liberté

- Vous pouvez limiter la liberté de ceux qui limitent la liberté des autres

Le slogan de base des libertariens est  :

- Je peux- Il est interdit d’interdire- Il est interdit d’obliger

On ne peut pas vous obliger à monter dans ma voiture, mais si vous montez dans ma voiture, vous mettez votre ceinture. C’est ma propriété.

Ne laissez pas  l’État le soin de décider pour vous (historiquement, c’était contre l’Église).

On peut recourir au lancer de nain si le nain le veut bien : si ça gêne quelqu’un, il n’est pas obligé de venir en boîte de nuit. 

La conception de la justice est procédurale, c’est-à-dire que la seule exigence de la justice, c’est le respect   des   libertés   fondamentales.  Dans  un  monde   libertarien,   une   répartition  des   biens,   des richesses  est   juste   si  elle   respecte   le  droit  de  propriété  de chacun.  Une  inégalité  n’est  pas  une injustice, dès lors une égalité n’est pas nécessairement la justice. 

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Page 11: Philosophie Politique - Notes

La question est de savoir comment est-ce qu’on devient le légitime propriétaire d’un bien. Soit c’est notre corps, soit on l’a construit, soit on l’a acquis de manière légitime (de quelqu’un qui était lui-même le légitime propriétaire).

Pour savoir qui est le légitime propriétaire d’un bien, soit on fait une généalogie des transactions du bien, soit …

L’écart de l’appropriation originelle : qu’est-ce qu’on fait avec ce qui n’appartient à personne ?

- Ou bien ça n’appartient à personne et le fait qu’on se l’approprie ne change pas la situation pour les autres

- Ou bien ça change la situation pour les autres et dans ces cas, il y aura un dédommagement, une compensation

L’État :

L’État a le monopole de la force et peut demander certaines contributions financières pour la société.

Les libéraux (ou libertariens) purs et durs à la base sont contre l’existence-même de l’État.

Ils se rendent compte cependant qu’ils ont intérêt à ce qu’il y ait un État minimal, un État gendarme. Il aurait  un effet dissuasif par rapport à ceux qui voudraient violer vos  libertés fondamentales et aurait le pouvoir de réparer en cas d’injustice (victimes).

Je fais ce que je veux avec ce que j’ai et j’ai un corps, ce que j’ai construit et ce que j’ai acquis (= ma propriété).

Deux problèmes : 

- Celui qui n’a rien ne peut donc rien faire et c’est tant pis pour lui.Cette phrase aurait du sens si on avait tous la même chose.C’est ce qu’on appelle une liberté formelle (grande différence avec Rawls).Être libre quand on n’a pas les moyens d’exercer notre liberté, ça n’a aucun sens.

- Liberté   théorique :   plus   les   sciences   humaines   (philo,   socio,   psycho,   etc.)   et   sciences exactes avancent, moins la liberté existe. La liberté comme choix, comme décision, comme volonté n’existe pas. On passe son temps à suivre sa nature. Ce qui nous donne l’impression d’être libre, c’est qu’on prend conscience de ses envies. Est-ce qu’on a voulu vouloir avoir envie de chocolat ? Est-ce qu’on est libre de changer ?Liberté pratique : Pour des raisons pratiques, la société fait comme si on était libre et part de ce  postulat  malgré  que   les   sciences  affirment  que   ça  n’a   aucun   sens.  Tout   se  base   sur l’illusion de la liberté. Tout le système judiciaire par exemple repose sur l’idée d’un agent libre. Le principe du droit, c’est la sanction envers celui qui est responsable. Celui qui est responsable est libre. Et plus tu es libre, plus tu es responsable, plus tu es sanctionné. Le droit est un mensonge.Le libre-arbitre apparaît au Moyen-Âge chez les théologiens pour justifier la présence du mal sur terre. Le   libertaliste  dit  « Je   fais   ce  que  je  veux avec ce  que  j’ai » :   Si  on n’a   rien,  c’est  notre problème. Le libéralisme fait  comme si on avait  une prise sur notre volonté et sur notre action.   Il  peut   se  permettre  d’être   volontariste,  méritocratique.  On   repose  donc   sur  un mensonge.

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Page 12: Philosophie Politique - Notes

CAS PRATIQUES

Pour  ou  contre   l’interdiction  de   fumer  dans   les   lieux  publics :   Contre   l’interdiction  « mon corps m’appartient ». Ca peut être limité dans le sens où il ne faut pas que cela empiète sur la liberté des autres. Je peux fumer dans mon bureau si je le veux, mais vous n’êtes pas obligés de rentrer dans mon bureau.

Soins de santé : Ils sont contre un système de soins de santé obligatoire. Si on est libre et intelligent, on peut cotiser ensemble et mutualiser les risques en cas de problème, mais on ne peut pas nous obliger à le faire. Aux USA, le médecin soigne qui il veut au prix qu’il veut.

L’immigration :  Les   libéraux  sont-ils  pour  ou contre   l’ouverture  des   frontières :  L’idée-même des frontières n’a pas de sens. On fait ce qu’on veut avec notre corps, on va où on veut. On peut venir chez nous, mais on ne va rien faire pour eux.

Homoparentalité ou plutôt pour ou contre l’adoption (pcq le fait que ce soit un couple de même sexe n’a aucune importance pour eux) : Si les enfants étaient des objets, ce serait facile. On pourrait dire « je l’ai trouvé en premier » ou « je l’ai acquis de manière légitime (= acheté) ». Seulement, les droits de l’enfant sont premiers par rapport aux droits des adoptants. On pourrait adopter un enfant qui choisirait à ses 18 ans de partir ou pas.

On distingue trois niveaux :

Libertariens (infini)

Droit (limité)

Médias (très limité)

On peut dire beaucoup plus de chose grâce ou à cause du droit qu’on ne peut s’autoriser dans les médias.

Sept grandes remarques :

1. La position libertarienne en matière de liberté d’expression n’existe pas (c’est totalement fictif). Elle n’est exercée dans aucun pays au monde. Chomsky et Bricmont soutiennent cette idée et sont complètement libertariens à ce niveau-là mais ce n’est pas effectif.

2. Les libertariens sont pour la liberté d’expression d’un point de vue formel, pas d’un point de vue substantiel : Être favorable à ce qu’on puisse tout dire ne veut pas dire être d’accord avec tout ce qui est dit. Chomsky et Faurisson : Faurisson est un négationniste qui s’est fait virer pour ses propos – appel à Chomsky pour une pétition car grand défenseur de la liberté d’expression – on n’a banni Chomsky des lectures dans les études de sociologie parce qu’il était soi-disant d’accord avec les idées de Faurisson (débile puisqu’il est juif) – il ne s’abaissera jamais à parler de lui mais a signé la pétition au nom de la liberté d’expression.

3. Le fait d’être contre les limites ce n’est pas être favorable à ce qu’il y ait des dérives et des dérapages permanents. Ils font confiance en la raison humaine.

4. La   position   des   libertariens   est   amorale :   Est-ce   juste   ou   injuste   de   voir   que   la   liberté d’expression est acceptée dans certains cas et pas dans d’autres ?

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5. Un pays libertarien est un pays où on ne pourrait pas faire de procès quand on n’est pas d’accord avec des idées. On ne peut pas subir de procès. On peut faire des cartes blanches, des boycotts, aller voir ailleurs etc. mais pas saisir la justice. Exemple de Dieudonné : Sur 50 procès contre lui, il en a gagné environ 45 ! Mais c’est super dissuasif. Il n’y aurait plus de liberté d’expression si on faisait des procès à tour de bras dès qu’on se choque.

6. Les libertariens sont sur le droit d’EXPRESSION absolu. Il ne s’agit pas de passer à l’action.7. Le droit actuel qui existe suffit au vivre ensemble, plus vous légiférez … ?

Exemples :

« Le racisme n’est pas une opinion… c’est un délit » : faux, tant que ça reste une idée, ce n’est pas un délit.

La liberté d’expression : au mieux, c’est inopérant, au pire, ça génère des discriminations. Les lois anti-racistes ne rendent pas les gens moins racistes.

En Belgique : On ne peut pas tenir des propos racistes, négationnistes ou révisionnistes, atteinte à la vie privée, calomnie ou diffamation – autre pays : propos blasphématoires.

La censure est toujours exercée par ceux qui ont du pouvoir à l’encontre de ceux qui n’en ont pas. La censure renforce toujours le pouvoir de ceux qui l’ont déjà.

Le  blasphème c’est   tenir  des  propos  outrageant  par   rapport  au   sacré.  Cela  ne  concerne  que  la religion majoritaire du pays. Elle seule est protégée.

Première image de Charlie Hebdo : première pas gagné procès car contre une religion – deuxième gagné car contre communauté

Vidéos sur la liberté d’expression :

Dieudonné : La fine équipe : On peut faire un procès mais il se moque des terroristes et les terroristes ne vont pas faire un procès

Desproges : « On me dit que des juifs se sont glissés dans la salle » : Pas de procès d’intention avec ce personnage-là car il a lutté contre le Front National toute sa vie, c’est le contexte et la personne qui le dit qui nous orientent sur la possibilité de faire un procès et de gagner ou non.

Sketch télévisé de Dieudonné contre Jamel Debouzze : Des dizaines de procès le  lendemain mais critiquer le gouvernement Israélien est différent de tenir des propos antisémites. C’est comme …

Le présentateur prend ses distances pour ne pas être incriminé.

Jean-Paul Guerlain : « Je me suis mis à travailler comme un nègre » : minimiser l’esclavagisme

Homme de couleur : « La plupart des trafiquants sont noirs et arabes », c’est un fait, on ne peut pas porter plainte mais « donc normal qu’on les contrôle au facies » : procès !

Pianiste Polanski : François Mitterand minimise la situation et loue la grandeur de cet homme ; ce sont  des  méthodes  de   la  Gestapo ;   elle  pose  pour  Vogue  homme ;   elle   fait  plus  que   son  âge : mentalité révisionniste, on minimise la situation !

Le 11 septembre : Parle 5 minutes sans être interrompu ; accusé de négationniste

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Page 14: Philosophie Politique - Notes

3) Rawls : Théorie de la justice sociale (1971) : Egalitarisme libérale

Deux principes :

1. Le Principe d’égale libertéOn l’obtient en se mettant dans la position originelle sous voile d’ignorance (P.O)Biens sociaux primaires : libertés formelles et matérielles

2. Les   inégalités   socio-économiques   sont   acceptables   si   et   seulement   si   on   respecte  deux conditions :

Le principe d’égalité des chances (voile d’ignorance et maximin) Le principe de différence (voile d’ignorance et maximin)

Le problème qui se pose est : Qu’est-ce qu’on distribue (quoi) et au nom de quoi (comment) ?

Rawls crée la méthode de la position originelle sous voile d’ignorance. Cette méthode va entraîner Rawls à dégager la notion de Maximin.

La solution, c’est qu’on distribue les biens sociaux primaires en respectant le principe d’égalité des chances et le principe de différence.

Rawls occupe la position médiane entre les libertariens et les utilitaristes. C’est celui qui a essayé d’adoucir le libéralisme. Il a beaucoup débattu avec Nozick. Il a essayé d’ajouter plus d’égalité au libéralisme.

Sa question est : quels sont les principes de justice qui doivent structurer la société (d’un point de vue politique et économique) ?

Quels sont les biens qu’il faut prioritairement distribuer à chacun et selon quels critères ?

Les gens cherchent leur avantage. Ils souhaitent avoir un maximum en quantité indéterminée, infinie. Ce souhait ne peut pas être réalisé puisque les biens se trouvent en quantité limitée. Il y a trop de biens différents et de souhaits de consommation différents (société multiculturelle),  on ne pourra pas satisfaire tout le monde et répondre à la demande de chacun. 

Sachant qu’on ne peut pas satisfaire tout le monde, on va au moins garantir à chacun l’égale liberté de former ou de poursuivre sa conception de la vie bonne. Chacun doit avoir la possibilité de faire ce qu’il veut. La société est comprise comme un système de coopération équitable entre des personnes libres et égales (< égalitarisme libérale).

Concrètement, on va assurer au moins les libertés fondamentales de chaque individu. 

La limite de ce principe, c’est l’usage de ces libertés fondamentales comme limitant d’autres libertés fondamentales.

En plus d’assurer  la  liberté fondamentale de chaque individu,  on va aussi   lui  assurer une liberté matérielle,  et pas seulement une liberté formelle (comme les libertariens :  liberté négative : droit « de ne pas »). Clouscard disait, sur le libéralisme : « Tout est permis mais rien n’est possible ».

On doit, selon Rawls, avoir les moyens de jouir de ses libertés fondamentales. L’État doit assurer ces libertés fondamentales, donner le droit à chacun d’exercer ses libertés fondamentales. Il s’agit d’un 

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État providence (providere : donner, fournir). Il doit être neutre. Il ne peut pas favoriser ou afficher telle ou telle conception de la vie bonne. On est très loin de l’État minimal des libertariens.

Dans   les   faits,   si   l’on  pense  qu’il   y  a  des  manières  de  vivre  moralement  condamnables  ou que d’autres sont souhaitables, cela ne donne pas le droit à l’État de privilégier l’un ou l’autre style de vie. 

L’État est le garant de la justice et pas de la morale (contrairement aux communautariens : cfr infra).

Comment être le plus neutre possible pour choisir ce qu’on va distribuer et comment ?

C’est pour répondre à cette question de naît la position originelle du voile d’ignorance.

On fait comme si on ignorait trois choses : 1 Qui on est, 2 ce qu’on a, 3 ce qu’on veut.

La position originelle du voile d’ignorance fait comme si on ignorait :

notre position dans la société notre conception de la vie bonne nos talents (naturels)

Qu’est-ce   qu’on   a   rationnellement   intérêt   à   choisir   comme   biens   à   recevoir   et   sous   quelles modalités ?

Rationnellement, si on ne sait pas qui on est, on a intérêt à maximiser la condition des biens moins lotis. On crée une situation dans laquelle l’État donne un max à ceux qui ont min.

On donne les biens sociaux primaires pour qu’en aillant ses libertés fondamentales ET les moyens de les réaliser,  tout le monde ait les moyens de faire ce qu’il  veut. Chacun doit avoir  les ressources nécessaires pour faire ce qui lui semble bien.

C’est dans cette optique que naît l’allocation universelle.

Chez Rawls, on peut accepter les inégalités si les principes d’égalité des chances et de différence sont respectés.

Il est acceptable que quelqu’un gagne plus d’argent que quelqu’un d’autre si jamais ce quelqu’un d’autre a eu la possibilité de faire les mêmes études et de gagner autant d’argent. 

C’est   aussi   acceptable   si,   parce   qu’il   gagne   plus   que   quelqu’un   d’autre,   cela   est   bénéfique   et profitable pour les personnes les plus démunies.

Donc, le Premier ministre gagne plus que moi : Ok si tout le monde peut devenir premier ministre ET si le fait qu’il soit premier ministre améliore la situation des plus démunis.

Pour les libertariens, c’est normal que si quelqu’un a un talent, il gagne plus. Il a du mérite.

Pour Rawls, le talent n’est pas injuste, mais inégal. Ce n’est pas l’effet d’un choix, d’une volonté, d’une décision. Vous n’avez aucun mérite. Il serait donc injustifiable que vous gagniez mieux votre vie si jamais vous avez eu la chance d’avoir un talent. Ceux qui ont du talent doivent donc mettre leur chance au service de ceux qui ont eu moins de chance.

Rawls n’est pas favorable à ce qu’un malvoyant soit pilote de ligne, mais à ce que le pilote de ligne ne gagne pas plus que le malvoyant sous prétexte qu’il peut conduire des avions et pas l’autre.

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Page 16: Philosophie Politique - Notes

À qui donne-t-on la flûte si on veut être le plus juste possible :

Benoît a travaillé dur pour la construire : libertariens (ma propriété) Jean-Jacques n’a aucun jouet : Rawls (augmente la situation de celui qui a le moins) Bernard joue super bien : utilitaristes (conséquence : augmenter le bonheur des autres)

Il y a un ordre de priorité :

Chacun soit avoir des libertés formelles et les moyens de les réaliser. S’il y a inégalité :

1) S’il elle provient d’une inégalité des chances : STOP, on arrête. Il n’est pas d’accord2) S’il c’est ok avec égalité des chances, on va voir du côté du principe de différence (parce que 

la notion de talent est reconnue par Rawls).

Libertariens

A

B

Société libérale belge

Rawls

CAS PRATIQUES

Sécurité sociale ? Interdiction de fumer dans les lieux publics ? Si on met voile d’ignorance : a priori, ok pour interdiction

Immigration ? Il n’y a rien qui oblige à ouvrir les frontières. Par contre, ce qui diffère des libertariens,  c’est que pour les migrants, on devrait assurer un service de base.

L’argument pour l’ouverture des frontières : égalité des chances

L’argument contre la fermeture des frontières : maximiser : si on ferme les frontières, l’État a plus d’argent et peut aider financièrement les pays pauvres

On peut fermer les frontières (pas par rapport aux migrants) aussi parce que les capitaux, les moyens circulent grâce à l’ouverture des frontières et donc l’État perd de l’argent.

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Page 17: Philosophie Politique - Notes

Homo-parentalité ? Voile d’ignorance 

Point de vue parents :

- Égalité des chances : on n’a pas pu choisir d’être homo ? non- Différence : est-ce qu’ils sont moins heureux comme parents ? non

Point de vue enfant :

- Est-ce qu’on est discriminé ? non- Différence : est-ce qu’ils sont moins heureux qu’orphelins ? non

Le film : Le goût des autres :

Castella est lourd car il ne comprend pas les signaux, il insiste, il s’incruste, il ne décode pas les codes.

Les libertariens : Je fais ce que je veux avec ce que j’ai 

1) si t’as rien, tant pis2) à l’aise avec le fait de dire ça parce qu’il suffit de vouloir pour pouvoir donc tu peux avoir quelque chose si tu le veux

Rawls : On a des habitus, on incorpore notre milieu. Ca nous met en rapport de force par rapport à ceux qui n’ont pas ces habitus. Il faut donc offrir à tout le monde la même chose pour qu’on ait la même chance dès le départ, pour tenter de pallier aux inégalités de départ.

Allocation universelle + salaire à vie

On voit un lien avec la précarité (le fait qu’on peut à tout moment perdre ce qu’on a, l’instabilité) avec la santé mentale, la délinquance et l’éducation.

Un   parti   politique   qui  mettrait   comme   seul   point   dans   son   programme   l’allocation   universelle changerait davantage la face du pays que n’importe quelle autre mesure.

Aujourd’hui les aides sont conditionnelles : il faut être dans le besoin ou vous avez cotisé.

L’idée  de  l’allocation universelle  dit  qu’il  y  a  peut-être  des  problèmes  éthiques  à  ces  conditions d’aide.

L’aide est inconditionnelle puisque cette allocation est versée :

peu importe si vous avez d’autres revenus peu importe votre situation familiale sans demander de contre-prestation

Il y a deux manières de penser cette allocation :

substitut qui remplacerait les aides existantes (donc renforce les inégalités) étendre, augmenter les dispositifs de protection sociale existants

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Page 18: Philosophie Politique - Notes

Il existe cinq arguments en faveur de cette allocation universelle :

1. Inconditionnel donc pas de contrôle et donc pas d’effet pervers ou humiliant du contrôle (coûteux aussi d’ailleurs)

2. Perte de cette image : « c’est dommage ces gens qui passent du temps à rien faire »(chômage : pas bénévolat, pas étude, etc. !!)

3. Permettrait à chacun de réaliser sa conception de la vie bonneSi vous voulez travailler en plus, vous pouvez  et si vous voulez faire toute autre chose, vous pouvez

4. Étendre la logique de participationVous pouvez apporter quelque chose à la vie sociale en-dehors du marché de l’emploiDévelopper une reconnaissance non-marchande de contribution à la vie socialeIl y a une inversion de la logique revenu-travail

5. Le tissu social aurait une chance d’être renforcé, renouvelé, etc.

Il y a trois catégories selon la commission européenne : 

l’élite scientifique/managériale/technicienne le savoir jetable 80% autre, qui n’ont rien

Vidéo :

Usul2000 – Bernard Friot – Salaire à vie

« Donner plus de libertés aux entreprises, travailler plus » : libertarisme

« Apprends à te vendre »

On s’adapte au marché du travail  dès notre arrivée dans la scolarité.   Il     représente le centre du capitalisme. Pas d’autre moyen que d’aller s’employer.

Le principe de salaire à vie est né de deux constatations :

1. Il n’y a plus d’emploi pour tout le monde2. Donc la compétition devient féroce (csq : maladies professionnelles)

Il faut déconnecter le salaire et l’emploi

Dans la fonction publique par exemple, il n’y a pas de chômage puisqu’on est nommé.

Economiste de marché ou économie politique

Économiste orthodoxe ou hétérodoxe

Capitalisme : tu es dans le devoir. Le capitalisme est incapable d’organiser le travail dans une optique « humaine ».

Bataille pour le salaire : gagnée – bataille pour le PLEIN-emploi : perdue

Le privé coûte plus cher que le public (car plus-value).

Plein d’avantages quand on se débarrasse de la propriété lucrative.

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Page 19: Philosophie Politique - Notes

4) Marx

Matérialisme > dialectique > historique :

Point de vue philosophique :

Economie déterminante en dernière instance Travail = essence de l’homme

Point de vue Théorie de la justice sociale :

Egalisation des conditions matérielles d’existence Socialisation de la propriété des moyens de production

o Fin propriété privéeo Fin de l’aliénationo Fin de l’exploitation

Aliénation > évaluation nous aliène 

Exploitation > dette > néo-capitalisme – néo-colonialisme

Marx   a   une  œuvre   extrêmement   polymorphe,   encyclopédique   (parties   théoriques,   techniques, médicales, philosophiques, etc.). Elle se compose de 114 volumes.

Le  projet  de  Marx  est  d’élaborer  une  nouvelle   conception  globale  du  monde  ou  bien,  par  des recherches théoriques, de contribuer à la lutte révolutionnaire du mouvement ouvrier.

Marx   a   eu   une   vie   très   difficile,  misérable.   Il   sait   de   quoi   il   parle.   Engels   l’a   beaucoup   aidé financièrement durant toute sa vie.

Il y a un point commun sur lequel tout le monde s’accorde :

- Le matérialisme dialectique : thèse métaphysique qui dit que ce qui permet de comprendre la réalité, la vie, l’existence c’est le concept de contradiction. La clef de compréhension du réel n’est pas Dieu, l’Amour, les Mathématiques, c’est la contradiction.Thèse – Antithèse – SynthèseMarx a  une vision de  la  réalité  mouvante.  Le but  est  de dépasser  les  contradictions  qui apparaissent.   De   cette   idée   de  matérialisme   dialectique   découle   l’idée   de  matérialisme historique. C’est transposer le matérialisme dialectique à l’histoire.

- Le matérialisme historique : l’histoire est le dépassement de ces contradictions. La clef pour comprendre l’histoire entre les hommes, c’est comprendre l’histoire des rapports de force entre les hommes, entre les différentes classes sociales.Marx ne se contente pas de décrire l’histoire, mais de dire ce qui doit être, ce qu’il faut faire pour instaurer une société meilleure, qui soit plus juste éthiquement.

Marx décrit ce qui est, il essaie de comprendre le principe de la réalité, comment elle fonctionne. Il observe les contradictions et les dépasse. Il veut améliorer la situation actuelle (le capitalisme qui s’installe)  en  égalisant   les  conditions  d’existence  et  en  socialisant   les  propriétés  des  moyens  de production.

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Page 20: Philosophie Politique - Notes

Pourquoi faut-il dépasser le capitalisme ? 

Parce que poussée à l’extrême, le capitalisme c’est : un riche, tous les autres pauvres.

Une société capitaliste, c’est une impossibilité anthropologique. Pour s’instituer comme société, une société a besoin de valeurs. Or, un capitalisme, c’est uniquement, l’intérêt bien compris, c’est-à-dire l’égoïsme. Par définition, le capitalisme ne peut pas générer des valeurs. Pour survivre aujourd’hui, le capitalisme doit se nourrir de valeurs qu’il est incapable de créer lui-même. Il bouffe donc le reste, jusqu’à ce qu’il  n’y en ait plus ailleurs non plus. Le capitalisme, structurellement,  est amené à se détruire. 

On ne peut pas moraliser le capitalisme par des réformes, ça ne sert à rien. Il est ce qu’il est.

Pour arriver à dépasser le capitalisme, il faudra égaliser les conditions d’existence en socialisant les propriétés des moyens de production. Pour que le premier ait lieu, il faut que le second soit effectif.

Capitalisme :

1. Idée de propriété (du capital ou des moyens de production) : force de travail2. Capitaliser   ><   redistribuer :   on   ne   réinvestit   pas   autant   que   ce   qu’on   a   gagné,   on   ne 

redistribue pas ce qu’on a.

Pour Marx, le propre de l’homme, c’est d’être capable de produire ses moyens de subsistance, ses moyens d’existence. C’est parce que l’homme est capable de produire ses moyens de subsistance, qu’il s’émancipe de l’état de nature. En résumé, c’est par le travail que l’homme s’humanise.

Marx reprend Hegel :  dialectique du maître et de l’esclave. Deux hommes se rencontrent et cela engage une lutte à mort. Il y a celui qui va dire j’arrête et l’autre qui va dire j’ai gagné. Celui qui dit j’arrête est  celui  qui  a peur de  la  mort   (comme  l’animal),  contrairement  à  l’autre  (au-dessus de l’animal). L’esclave va donc servir le maître. Le maître va passer son temps à boire, manger, prendre ce qu’on lui apporte. Il va donc s’animaliser (alors qu’à la base, d’un point de vue métaphysique, il était plus humain que l’autre). L’esclave va s’humaniser (alors qu’à la base, il était plus animal).

L’homme est caractérisé par ce qu’il produit et par la manière dont il le fait. Les hommes coïncident avec ce qu’ils produisent et avec les méthodes ou les moyens de production. Ce qu’on fait  nous façonne.

Si les moyens de production ne nous appartiennent pas, par définition, nous aurons du mal à nous humaniser.

Ce que je pense dépend de ce que je vis, de comment je le vis, de ce qui me fait vivre (mon travail).

Les conditions matérielles d’existence, le milieu dans lequel on vit façonnent nos pensées.

Marx dit que c’est notre mode de production de vie matérielle qui domine le développement de la vie sociale, politique et intellectuel.

Pour Marx, si on regarde une société, il y a toujours une super-structure dans laquelle on trouve le juridique,  le politique,   l’idéologie (c’est-à-dire  la religion et  l’enseignement).   Il  y a aussi ce qu’on appelle   l’infra-structure  dans   laquelle   il  y  a   la  sphère de production (qui  comprend  le  mode de production et le rapport de production où l’on trouve les classes sociales c’est-à-dire les patrons et les ouvriers) et la sphère de distribution.

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Si  on regarde une société à un moment  donné,  on a  l’illusion,   l’impression que ce qui  guide  la société, c’est la super-structure : point de vue synchronique. Si on observe la société durant une longue  période,   on   se   rend   compte  que   le   véritable  moteur   de   la   société   est   l’infra-structure, l’économie : point de vue diachronique. Ce qui fait évoluer la société, c’est l’évolution des rapports de force dans l’infra-structure. C’est elle qui dirige vraiment la société sur le long terme.

À quoi sert la super-structure si ce n’est pas elle qui détermine le sens de la société ?

La politique par exemple offre le droit de vote. Est-ce que voter change quoi que ce soit ? La religion cadre, rend gentil, pas révolutionnaire L’enseignement rend sage, n’incite pas à la révolution non plus

Le rôle de la super-structure est que rien ne change fondamentalement dans les rapports de force de l’infra-structure.

Puisque ce sont les conditions matérielles d’existence qui déterminent notre conscience, il convient de les égaliser le plus possible pour que chacun puisse développer une conscience.

Pour   que   chacun   ait   les  mêmes   conditions   d’existence,   il   faut   donc   socialiser   les  moyens   de production,   supprimer   la   propriété   privée   sur   les  moyens   de   production.   Structurellement,   ils génèrent une aliénation et une exploitation. Le capitalisme rend la travailleur aliéné : il devient autre, étranger à lui-même. Ce qui nous détermine est ce qu’on produit et la manière dont on le produit. En travaillant,   en   produisant,   on   se   réalise   soi-même.     Donc   quand   les   objets   et   les  moyens   de production ne nous appartiennent pas, ce qui nous détermine est extérieur à nous.

La finalité dans le capitalisme est de faire de l’argent. Si le but du capitalisme est de faire de l’argent, l’homme devient un moyen en vue d’une fin.

L’argent n’est rien, et c’est parce qu’il n’est structurellement rien qu’il est tout. Comment on peut comparer des choses qui n’ont rien à voir entre elles ? En créant une valeur d’échange. 

Tout ce qu’on aime dans la vie ne sert à rien. Le fait de vivre ne sert à rien. Peut-être que le but de la vie n’est pas de servir à… Tout ce qui est utile n’a pas de valeur intrinsèque. 

Tout ce qui a de la valeur pour nous n’est pas utile. Et tout ce qui est utile n’a pas de valeur. Il sert à nourrir ce qui a de la valeur pour nous mais qui n’est quand même pas utile.

Le capitalisme nous réduit  à  des moyens, à être utiles.  Cela n’a pas de valeur.  On se fout de  la singularité des travailleurs.

Structurellement le capitalisme génère de l’exploitation. Le but c’est de faire de l’argent. Pour faire de l’argent, il faut faire du profit.

Comment faire du profit ?

La valeur d’un objet c’est : Capital mort + Salaire + Profit. C’est la matière première, le capital et le salaire.

Les détenteurs du capital, les patrons, peuvent diminuer le salaire, on peut exploiter les travailleurs puisqu’ils  ne détiennent pas le capital  et n’ont donc pas  le choix d’accepter des mesures qui  les exploitent. Les patrons font du profit en utilisant ce que le travailleur produit sans le payer en retour par la totalité du bénéfice engrangé.

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Page 22: Philosophie Politique - Notes

CAS PRATIQUES :

Pour ou contre l’adoption homo ? Le principe est celui de l’égalité donc oui

Pour  ou contre  l’existence d’un système de sécurité  sociale ? Plutôt  contre car   la  sécu est  pour maintenir en vie des ouvriers surexploités. C’est un système qui permet de continuer à exploiter les hommes. Dans l’absolu,  le fait  que tout  le monde ait droit à des soins de santé convenables est positif pour lui car cela permet de tendre à l’égalité et de s’humaniser.

Pour ou contre la fermeture des frontières ? La migration c’est tout benef pour  les patrons donc contre. Sans-papiers dans l’Horeca, le bâtiment et la cueillette car on ne peut pas délocaliser. Une partie de notre société repose sur le fait qu’on possède des sans-papiers.

L’Évaluation :

Le capitalisme génère une évaluation structurellement. L’évaluation c’est et ce n’est que du contrôle. Ce qui est machiavélique, c’est qu’aujourd’hui, l’évaluation c’est bien vu. Si on refuse de se laisser évaluer, c’est qu’on a quelque chose à cacher.

Pour évaluer, il faut rendre évaluable. Il faut comparer des gens qui n’ont rien à voir les uns avec les autres (on a tous le même questionnaire). Il rend identique. On nous « objectalise ». On est réduit à des réponses à des questions. C’est pour ça qu’on est frustré, parce qu’on vaut plus que ces réponses à cet examen.

Si on est comparable, on est évaluable et on devient interchangeable. Ce qui est propre et spécifique à quelqu’un ne rentre pas en ligne de compte.

Qu’est-ce qu’on évalue au juste dans l’évaluation ? Au nom de quoi on nous évalue ? Pour quoi est-ce qu’on est évalué ?

On se contre-fout de savoir ce qu’on évalue dans l’évaluation. Ce qu’on veut c’est que l’on se laisse évaluer. S’il y a évaluation, il y a contrôle.

Qu’est-ce qui rend possible l’évaluation ? 

L’évalué !

Toute évaluation est inévaluable. On ne sait pas ce qu’on évalue. L’évaluation n’a aucune valeur. On ne sait pas si on évalue si vous êtes sages, intelligents, obéissants. Le fait est qu’on est sage depuis 20 ans.

On ne peut évaluer que des données. Ce n’est pas nous qui sommes évalués. On est évalué sur des choses qui n’ont aucune importance.

Plus il y a de pédagogie, moins il y a de matière. Plus il y a de matière, moins il y a de pédagogie.

Ceux qui savent font, pas besoin de diplôme, pas besoin de preuve ou d’évaluation.

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Page 23: Philosophie Politique - Notes

5) Les communautariens (>< libéraux (libertariens et Rawls))

1) Étant donné que tout est rapport de force  Le juste est « plus neutre que le bien » Pas d’idée de « Juste » sans idée de « Bien » Autant réaffirmer la primauté du bien (valeur) sur le juste (neutre)

2) Individu si et seulement si sociétéValeur si et seulement si sociétéDonc priorité de la communauté sur l’individu

Les communautariens, ce n’est pas le communautarisme, ce n’est pas le repli identitaire. 

Pour les communautariens, d’un point de vue théorique, il est impossible d’être neutre. La neutralité est une idée, quelque chose vers lequel on tend mais qui n’existe pas. Être neutre, c’est cautionner le mouvement dominant. Tout ce pour quoi on ne lutte pas, on l’accepte.

Être neutre, c’est faire comme si on ignorait nos talents, nos conceptions de la vie bonne, etc. On est condamné à  vivre  dans et  par   l’ère du temps.  On est   toujours  pris  dans une certaine vision du monde. Cela signifie au moins deux choses :

1. À cause ou grâce à l’idéologie dominante, certains arguments valent plus que d’autres. Ils restent les mêmes mais leur poids change.

2. Certains éléments peuvent devenir des arguments. L’idéologie,  ce n’est pas seulement ce qu’on voit,  la manière dont on le voit, mais le fait-même que ce soit visible. C’est le fait-même   qu’un   élément   devienne   pertinent   à   titre   d’argument.   L’idéologie,   ce   n’est   pas seulement ce que l’on pense mais le fait que ce soit pensable.

Avant, on voyait un nain et spontanément, on voyait un monstre.

On a beau s’efforcer d’être neutre, on distinguera toujours le bien du mal, ce qui est inférieur de ce qui est supérieur, ce qui est pire de ce qui est mieux.

Puisqu’il  est  impossible d’être neutre, autant  l’assumer et choisir une valeur centrale au nom de laquelle on prendra les décisions dans la société.

La question des migrations par exemple n’aura peut-être plus de sens dans 15 ans, elle n’avait sans doute pas le sens qu’elle a aujourd’hui au moment de l’indépendance de la Belgique.

Les principales critiques que les communautariens font aux libéraux :

1) La  mentalité   libérale   ne   s’attache   qu’à   ce   qui   est   formulable   en  matière   de   droits   et d’obligations et néglige complètement tout ce qui est du domaine du ressort de la vertu.Depardieu a le droit d’aller habiter en Belgique selon les libéraux par exemple, même si tout le monde sait que ce n’est pas bien.

2) Les   libéraux  ont  une conception  absurde  de   la  personne comme étant  un   individu  sans attache, sans identité, sans engagement autre que celui qu’il s’est choisi librement.

3) L’approche   libérale   génère  des  « individus  atomes »   livrés   à  eux-mêmes  et  donc  qui  ne peuvent pas générer une communauté. L’image de la communauté chez les libéraux est celle d’une coopération occasionnelle. Pour les communautariens, c’est une conception qui n’est pas désirable et qui ne tient pas la route.

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Les libéraux mettent la liberté en avant, font de la liberté la valeur au nom de laquelle on organise la société. Or, le concept de liberté n’est pas plus neutre que le concept de bien par exemple.

L’idée stupide dans le monde libéral est « Plus vous êtes libre, plus votre vie est bonne ».

Les communautariens ne disent pas que la liberté n’est pas une bonne valeur, mais disent qu’elle n’est pas la seule. Il n’y a pas de raison de donner priorité à la liberté sur les autres valeurs.

Être libre, c’est faire des choix. Quand on fait des choix, on le fait au nom de certaines valeurs. Il faut donner accès à ces valeurs pour que les individus prennent des décisions sur base de ces valeurs. 

Pour les communautariens, il revient à l’État de ne pas être neutre, d’encourager certaines pratiques. Pour un communautarien, toute politique implique intrinsèquement un engagement par rapport à certaines valeurs. Les politiques doivent s’engager.

Les   valeurs   au   nom   desquelles   un   politicien   prend   des   décisions   sont   les   valeurs   qui   sont principalement partagées par la communauté. Une politique n’est légitime qu’à partir du moment où elle s’emploie à réaliser les grandes valeurs de la société.

Les communautariens accordent la priorité à la communauté sur l’individu. Dans un monde libéral, la société est pensée comme une somme d’individus qui agissent chacun pour leur compte. S’ils  se mettent en commun, c’est uniquement parce que chaque individu pense tirer parti de cette mise en commun (ex :  sécu sociale).  Cette  image de  la  société ne tient  pas pour  deux raisons,  selon  les communautariens :

1. Au lieu d’avoir une société « asociale », c’est l’idée d’intégration et de reconnaissance qui doit primer.

2. Il ne peut y avoir de société réelle, efficiente que si chacun dépasse son égoïsme, son intérêt bien compris, que si on est capable de ne pas agir que pour soi mais de se « sacrifier ». Le seul moyen de créer cette société réelle est de faire en sorte que chacun puisse adhérer à un projet commun et puisse s’engager en faveur du bien commun. « On ne tient pas debout tout seul. »

Pour les communautariens, ce qui est indispensable pour un individu, c’est d’être reconnu. Il faut donc qu’il existe une communauté à même de vous reconnaître mais aussi qu’on puisse reconnaître en vous certaines valeurs. L’exclusion sociale passe souvent par la perte d’identité. Il faut que vous puissiez être reconnu en vous intégrant, en prenant part à ces valeurs. L’existence de ces valeurs nous permet d’être quelqu’un. 

Pour un communautarien, c’est grâce à la culture, au folklore qu’il est possible de s’épanouir en tant qu’individu. C’est une opportunité de se développer. Pour un libertarien, la culture est un frein.

Dès lors, le rôle de la justice, c’est que les lois fondamentales soient respectées mais aussi que l’on préserve l’environnement socio-culturel qui rend possible le développement de l’individu. L’État doit protéger  les communautés  religieuses,   les  communautés   familiales,   les  communautés  nationales, etc.   Il   doit   protéger   les  minorités   qui   risquent   de   disparaître.   Il   doit   promouvoir   les   identités culturelles, surtout quand elles sont menacées. Elles sont un moyen pour l’individu de s’y trouver une identité.

L’État est donc très présent et impose de grandes restrictions qui peuvent aller jusqu’à limiter des droits fondamentaux. 

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Chez  les  communautariens,   l’État  a   le  droit  et  même  le devoir  de privilégier  certaines pratiques plutôt que d’autres (mariage plutôt que relation libre, interdiction de la pornographie, etc.). Puisque l’État   est   extrêmement   fort,   les   communautariens   ont   besoin   d’un   grand   patriotisme.   C’est   la condition sine qua non d’un État communautarien. Il faut du civisme, il faut un amour du pays. Cela ne fonctionne que si on aime notre État.

CAS PRATIQUES

Adoption par des parents homosexuels : Ca dépend de la communauté.

Sécurité sociale : au nom du patriotisme, un état communautarien est prêt à cotiser.

Pour  ou   contre   l’ouverture  des   frontières :   d’accord  pour   faire   venir  d’autres   cultures,  d’autres mentalités, d’autres valeurs ;  les accepter de manière à ce que chaque vague d’intégration puisse s’intégrer de manière à ne pas fragiliser le tissu social existant.

Fumer : Si c’est tradition de fumer c’est oui, sinon c’est non.

Les communautariens, c’est ce qui reste quand les autres courants n’ont pas réussi à trancher.

QUESTION TRANSVERSALE      :  

Pour ou contre le maintien du port du voile :

1. Loi : il n’y a rien : c’est un sujet sensibleLe seul qui se prononce un peu est le centre pour l’égalité des chances qui dit que chacun a le droit d’exprimer son appartenance religieuse ?

2. Les écoles qui ont interdit le port du voile n’ont pas gagné en diversité et n’ont pas connu de désinscription.

3. Il   n’y   a   aucun   argument   rationnel,   intellectuellement   honnête   qui   puisse   générer   une unanimité en faveur ou en défaveur du port du voile.

Il va falloir forger la décision. Il n’y aura pas de bon argument tout fait qui mettra tout le monde d’accord.

On peut se positionner en fonction de la finalité des études. 

C’est quoi le problème avec le foulard ? Qu’est-ce que ça représente ?

Qu’elle appartient à la religion ? Pas spécialement !

Parce que c’est plus facile dans le quartier, parce qu’il y a une pression, parce qu’il y a domination, parce que c’est un choix, par militance.

Il représente à peu près tout et n’importe quoi. Puisque le foulard peut vouloir dire beaucoup de choses, on ne sait pas ce qu’on refuse, à partir de quel moment on le refuse, et pourquoi on le refuse.

Si c’était un signe uniquement religieux, on ne pourrait pas l’interdire. Mais c’est plus que ça, donc on peut l’interdire. Cela peut être signe de domination sur la femme par exemple.

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Les utilitaristes pourraient-ils refuser ou interdire le port du voile au nom d’une certaine valeur ? Ca dépend si l’interdiction ou l’autorisation augmente le bonheur du plus grand nombre. Ca dépend du niveau de plaisir ou de déplaisir que va engendrer le maintien ou non de l’autorisation du port du voile dans l’école. On ne peut pas vraiment trancher avec cette philosophie. 

Les libertariens sont contre l’interdiction de la part de l’État. On fait ce qu’on veut avec son corps. Mais chaque école décide de faire ce qu’elle veut et si ça ne plait pas, on va voir ailleurs. Et donc si aucune école n’accepte le port du voile, tant pis pour la personne voilée. Si on peut prouver que la fille n’est pas libre de porter le voile, alors les libertariens pourraient interdire la pratique. Dans les faits, si c’est interdit partout, on pourrait s’imaginer que le port du foulard tomberait en désuétude. Seulement cela pourrait aussi encourager la formation d’écoles musulmanes, juives, etc. et là, c’est la faillite de toute forme d’intégration.

Rawls dit que chacun est libre de faire ce qu’il veut et que l’État doit rester neutre. Le fait d’interdire ou non le port du voile augmente l’égalité des chances ? Pas suivi…

Est-ce  que  c’est  discriminant  ou  pas   sur   le  marché  de   l’emploi :  oui  à   certains  endroits,   non  à d’autres.

Marx pourrait dire qu’au nom de l’égalité entre les individus, on ne pourrait pas interdire le port du voile à l’école. On pourrait aussi dire que peu importe ce que le foulard représente, ce sera d’office le signe d’une aliénation. Et il pourrait donc être favorable aussi à l’interdiction. Pour lui, tout cela est un faux problème. D’un point de vue macro, ça n’a pas d’importance. C’est faire « joujou » dans la superstructure   alors   que   tout   va   bien   dans   l’infrastructure.   Si   la   religion   par   définition   était uniquement ce que représente le voile et que la religion, c’était l’absence de capitalisme, le partage, alors là ce serait différent.

Les communautariens seraient les plus favorables à l’interdiction puisque nous sommes dans une société majoritairement catholique.

« SYNTHÈSE »

Juste > bien

MarxUtilitarismeRawlsLibertariens

Bien > juste

Communautariens

Chez les utilitaristes, Rawls et les libertariens, on est dans l’individualisme. Chez Rawls et chez les libertariens,   chaque   individu   compte  parce  qu’il   est   de   la   qualité.  Chez   les   utilitaristes,   chacun compte pour un. Il a une valeur quantitative.   

Chez Marx, les utilitaristes et les communautariens, il peut y avoir un sacrifice d’une personne selon le principe d’égalité, le nombre, la valeur mise en avant.

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Individualisme

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Réflexion sur   les  attentats :  On ère  toute  la   journée car   tout  ce  qui  a  du sens  pour  nous  peut disparaître instantanément. Plus rien n’en vaut la peine. 

On  a  besoin  de  parler.   Les  médias   tournent  en  boucle.  On  essaie  d’exorciser   afin  de  mettre  à distance. Comme si on essayait de s’approprier ce qui n’est pas appropriable.

Est-ce qu’on peut penser de tels événements ? Est-ce qu’il faut les penser ?

On est tous sous le coup de l’AFFECT. Et lorsqu’il est prédominant, il y a au moins trois risques :

1. L’État peut faire passer des mesures, parfois inutiles, inacceptables et à leur propre profitIl nous maintient dans les illusions nécessaires. On nourrit la peur, on nous fait croire que la menace est tout  le temps présente. La population consent car elle veut plus de sécurité. L’État  ne   force  personne.   La  population  est  demandeuse.  « L’État   fait   peur  pour  mieux rassurer. » Le pouvoir de l’État se renforce.

2. Il y a un renforcement des pulsions identitaires. Il faut lutter contre cette idée : d’abord, il y a des massacres ailleurs  chaque  jour,  ensuite  c’est   l’humanité  qui  a  été attaquée,  pas une identité.   Si   on   réduit   ça   à   l’identitaire,   le   risque   est   que   la   justice   se   transforme   en vengeance. « Ce qui se passe à Paris n’est pas un crime contre les Français mais contre l’humanité » : est-ce qu’on dit ça sur les massacres au Pakistan ?

3. Le risque est qu’on fasse exactement ce que les meurtriers voudraient qu’on fasse, c’est-à-dire obtenir un effet démesuré, qu’ils occupent de manière interminable la scène. On crée un sujet « obscur », on a à la fois des gens déprimés et vengeurs.

Pour éviter que ça ait lieu, il faut s’efforcer de penser ce qui est arrivé. On peut faire l’hypothèse que rien de ce que font les hommes n’est inintelligible (ou incompréhensible). Rien n’est inhumain.

On cherche à expliquer,  à comprendre et on est alors soupçonné de vouloir excuser, cautionner, justifier. L’un mène parfois à l’autre, mais on peut tout à fait essayer de comprendre sans pouvoir excuser. 

Est-ce que ces individus sont libres ou non de commettre de tels actes ou bien c’est la faute de la société (banlieue, scolarité, etc.) ?

À l’examen 

1. Dès qu’il est question de valeur, on a à faire avec les communautariens.2. Deux calculs possibles avec les utilitaristes :

Soit ça fait le bonheur du plus grand nombreSoit ça fait le bonheur d’une minorité et ça ne change rien au plus grand nombre

3. Liberté + les trois principes (priorité, acquis, produit – interdit d’interdire et d’obliger – je peux)

4. Rawls :   liberté   +   égalité :   égaliser   les   différences   qui   proviennent   de   la   liberté ???   +   la question du talent (coup de bol) – maximin – position originelle du voile d’ignorance

Conseils :

1) Passez en revue les cinq courants !!! (certains conviennent mieux que d’autres)2) Pensez au slogan + justifiez et pensez aux Principes3) Soyez « réalistes »

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