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Physiopathologie de la douleur de la fibromyalgie Éric Houvenagel * Service de rhumatologie, centre hospitalier Saint-Philibert, rue du Grand-But, 59462 Lomme cedex, France Reçu le 12 février 2003 ; accepté le 12 février 2003 Mots clés : Fibromyalgie ; Muscle ; Allodynie ; Neuromédiateurs ; Sérotonine ; Hormone de croissance Keywords: Fibromyalgia; Muscle; Allodynia; Neuromediator; Serotonin; Growth hormone La fibromyalgie (FM) est définie par un syndrome poly- algique chronique associé à la présence de points douloureux reproduits à la palpation. D’autres symptômes sont observés tels que fatigue, céphalées, syndrome du colon irritable, troubles du sommeil. Contrairement aux pathologies d’or- gane la source même de la douleur est difficile à préciser. Les aires de recherche qui ont exploré les mécanismes pathogé- niques n’ont pas encore permis d’établir précisément l’étio- logie de ce modèle douloureux singulier, et aucune théorie uniciste n’a été adoptée. Toutefois plusieurs pistes permet- tent de penser qu’il existe un trouble de la modulation cen- trale de la douleur et de nombreux travaux ont été menés ces dernières années afin de préciser les composantes du système nerveux central impliquées dans la FM. Les aspects pathogé- niques de la douleur seront ici développés en faisant princi- palement référence aux anomalies centrales. 1. Le muscle responsable de la douleur ? Les premiers travaux en particulier les études morpholo- giques qui avaient suggéré une hypothèse primitivement musculaire à l’origine des douleurs et de la fatigue n’ont pas été confirmés. Les analyses avaient mis en évidence des modifications mineures et non spécifiques pouvant témoi- gner d’anomalies mitochondriales, des modifications de la pression tissulaire d’oxygène, une diminution des phospha- tes à haute énergie (ATP et phosphocréatine) [1]. Les études en microscopie électronique n’ont pas révélé d’anomalies [2] et les travaux à la recherche d’anomalies métaboliques utili- sant la spectroscopie au P31 par résonance magnétique sont contradictoires [3]. Ces perturbations fonctionnelles pour- raient être la conséquence d’un déconditionnement muscu- laire, d’une ischémie locale, voire de microtraumatismes musculaires. Elles ne peuvent à elles seules expliquer l’état d’hyperalgésie, et encore moins les symptômes associés, et la FM ne peut être considérée comme un syndrome primitive- ment musculaire [4]. En revanche les microtraumatismes musculaires pourraient de manière indirecte participer aux perturbations neurologiques centrales comme cela sera déve- loppé plus loin. 2. Une origine psychogène ? De même la douleur de la FM ne peut être la conséquence (trop simpliste) d’un état anxiodépressif. Il pourrait être tentant de mettre en avant les facteurs psychiatriques comme étant à l’origine de la douleur de la FM en raison de l’absence de lésions organiques, de troubles du sommeil, de la réponse thérapeutique aux antidépresseurs. De nombreux travaux ont montré que les critères en faveur de syndromes anxieux et dépressifs étaient plus fréquents dans la FM que chez les témoins [5,6,7]. Toutefois ces troubles psychiatriques rap- portés dans les différentes études ne sont ni stéréotypés ni constants. À noter que les enquêtes familiales ont montré dans les familles de FM une incidence plus élevée d’épisodes de dépression majeure, en faveur d’un terrain génétique pré- disposé, vulnérable. Le Tableau 1 résume les arguments retenus plaidant pour ou contre une théorie psychiatrique de la FM. Il faut ajouter que le bénéfice antalgique des antidé- presseurs observé dans la FM est probablement indépendant de l’effet thymo-analeptique, sur des arguments chronologi- ques et posologiques. Tous ces éléments démontrent que les différents symptômes de la FM ne peuvent être attribués au seul problème psychiatrique, même si certains facteurs psy- chologiques ne peuvent être niés. La dépression et les autres * Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (E. Houvenagel). Revue du rhumatisme 70 (2003) 314–320 www.elsevier.com/locate/revrhu © 2003 Éditions scientifiques et médicales Elsevier SAS. Tous droits réservés. DOI: 1 0 . 1 0 1 6 / S 1 1 6 9 - 8 3 3 0 ( 0 3 ) 0 0 1 0 1 - 7

Physiopathologie de la douleur de la fibromyalgie

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Physiopathologie de la douleur de la fibromyalgie

Éric Houvenagel *

Service de rhumatologie, centre hospitalier Saint-Philibert, rue du Grand-But, 59462 Lomme cedex, France

Reçu le 12 février 2003 ; accepté le 12 février 2003

Mots clés : Fibromyalgie ; Muscle ; Allodynie ; Neuromédiateurs ; Sérotonine ; Hormone de croissance

Keywords: Fibromyalgia; Muscle; Allodynia; Neuromediator; Serotonin; Growth hormone

La fibromyalgie (FM) est définie par un syndrome poly-algique chronique associé à la présence de points douloureuxreproduits à la palpation. D’autres symptômes sont observéstels que fatigue, céphalées, syndrome du colon irritable,troubles du sommeil. Contrairement aux pathologies d’or-gane la source même de la douleur est difficile à préciser. Lesaires de recherche qui ont exploré les mécanismes pathogé-niques n’ont pas encore permis d’établir précisément l’étio-logie de ce modèle douloureux singulier, et aucune théorieuniciste n’a été adoptée. Toutefois plusieurs pistes permet-tent de penser qu’il existe un trouble de la modulation cen-trale de la douleur et de nombreux travaux ont été menés cesdernières années afin de préciser les composantes du systèmenerveux central impliquées dans la FM. Les aspects pathogé-niques de la douleur seront ici développés en faisant princi-palement référence aux anomalies centrales.

1. Le muscle responsable de la douleur ?

Les premiers travaux en particulier les études morpholo-giques qui avaient suggéré une hypothèse primitivementmusculaire à l’origine des douleurs et de la fatigue n’ont pasété confirmés. Les analyses avaient mis en évidence desmodifications mineures et non spécifiques pouvant témoi-gner d’anomalies mitochondriales, des modifications de lapression tissulaire d’oxygène, une diminution des phospha-tes à haute énergie (ATP et phosphocréatine) [1]. Les étudesen microscopie électronique n’ont pas révélé d’anomalies [2]et les travaux à la recherche d’anomalies métaboliques utili-sant la spectroscopie au P31 par résonance magnétique sontcontradictoires [3]. Ces perturbations fonctionnelles pour-

raient être la conséquence d’un déconditionnement muscu-laire, d’une ischémie locale, voire de microtraumatismesmusculaires. Elles ne peuvent à elles seules expliquer l’étatd’hyperalgésie, et encore moins les symptômes associés, et laFM ne peut être considérée comme un syndrome primitive-ment musculaire [4]. En revanche les microtraumatismesmusculaires pourraient de manière indirecte participer auxperturbations neurologiques centrales comme cela sera déve-loppé plus loin.

2. Une origine psychogène ?

De même la douleur de la FM ne peut être la conséquence(trop simpliste) d’un état anxiodépressif. Il pourrait êtretentant de mettre en avant les facteurs psychiatriques commeétant à l’origine de la douleur de la FM en raison de l’absencede lésions organiques, de troubles du sommeil, de la réponsethérapeutique aux antidépresseurs. De nombreux travaux ontmontré que les critères en faveur de syndromes anxieux etdépressifs étaient plus fréquents dans la FM que chez lestémoins [5,6,7]. Toutefois ces troubles psychiatriques rap-portés dans les différentes études ne sont ni stéréotypés niconstants. À noter que les enquêtes familiales ont montrédans les familles de FM une incidence plus élevée d’épisodesde dépression majeure, en faveur d’un terrain génétique pré-disposé, vulnérable. Le Tableau 1 résume les argumentsretenus plaidant pour ou contre une théorie psychiatrique dela FM. Il faut ajouter que le bénéfice antalgique des antidé-presseurs observé dans la FM est probablement indépendantde l’effet thymo-analeptique, sur des arguments chronologi-ques et posologiques. Tous ces éléments démontrent que lesdifférents symptômes de la FM ne peuvent être attribués auseul problème psychiatrique, même si certains facteurs psy-chologiques ne peuvent être niés. La dépression et les autres

* Auteur correspondant.Adresse e-mail : [email protected] (E. Houvenagel).

Revue du rhumatisme 70 (2003) 314–320

www.elsevier.com/locate/revrhu

© 2003 Éditions scientifiques et médicales Elsevier SAS. Tous droits réservés.DOI: 1 0 . 1 0 1 6 / S 1 1 6 9 - 8 3 3 0 ( 0 3 ) 0 0 1 0 1 - 7

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symptômes peuvent être regroupés pour certains dans unmême syndrome dénommé « désordre de la vie affective ».Dépression et syndrome douloureux n’interviendraient nonpas dans une relation de cause à effet, mais coexisteraientsous la dépendance de facteurs psychobiologiques communs[13] ce qui a pour avantage de réconcilier les tenants de lathéorie organique et fonctionnelle.

L’état des données actuelles semble indiquer que le syn-drome douloureux implique un désordre central de la modulation douloureuse. L’état d’hyperalgésie peut en effet diffi-cilement être expliqué par les seules modifications des tissuspériphériques, tels que musculaires. Un processus central estactuellement volontiers évoqué devant la conjonction d’ano-malies de la perception de la douleur, de troubles de l’humeuret du sommeil. De nombreux arguments appuient cette hypo-thèse et sont résumés dans le Tableau 2. Plusieurs candidatsont été rendus responsables de l’amplification à la douleurobservée dans la FM.

3. La FM : un trouble de la modulation de la douleur ?

L’hyperalgésie observée aux points définis par le collègeaméricain est un caractère clé de la définition de la FM. Ellesignifie qu’il existe une augmentation de la réponse à unstimulus entraînant classiquement une douleur (excitationdes nocicepteurs induite par des stimuli de faible intensité).En réalité, il faut plutôt évoquer ici un état d’allodynie géné-ralisée [14] correspondant à une situation dans laquelle ladouleur est induite par un stimulus qui n’entraîne pas dedouleur à l’état normal. La pression nécessaire pour faireapparaître une douleur est nettement diminuée dans le groupefibromyalgie par rapport au groupe témoin (1,9 kg dans le casde la FM, contre 5,4 kg pour les témoins) [15]. Cela témoigned’une diminution du seuil douloureux dans la FM [16],lequel est 2 à 3 fois plus bas par rapport aux sujets normaux.Bien que le diagnostic clinique de la FM repose sur ladétection de 11 points sur 18 précisés, cette diminution duseuil douloureux apparaît en fait généralisée à l’ensemble ducorps et non pas restreinte aux points définis par le collègeaméricain, (ce qui rend d’ailleurs plus fragile l’utilisation deces critères). D’autre part la diminution du seuil douloureuxest également observée en utilisant des stimulus électriquesou thermiques, témoignant d’une hypersensibilisation uni-verselle à la douleur, et les seuils de perception non doulou-reux à la chaleur ou au froid sont également plus bas au coursde la FM par rapport aux témoins [17]. Une amplificationsensorielle réalisant un état d’hypervigilance comportant unehyperacousie et hyperexcitabilité vestibulaire a par ailleursété mise en évidence dans la FM. Cet état d’hypersensibili-sation générale plaide en faveur d’une dysfonction du sys-tème nerveux central (SNC).

Après stimulation thermique par laser-CO2, une augmen-tation significative des amplitudes des réponses des poten-tiels évoqués cérébraux était observée aux seuils douloureuxdans la FM, suggérant une activation plus importante desvoies du SNC [18]. L’atténuation de la douleur induite parl’application d’un stimulus thermique simultané chez le sujetnormal (contrestimulation) n’est pas reproduite chez despatients fibromyalgiques [19], suggérant également un trou-ble de modulation de la douleur, une perturbation du systèmeantinociceptif (contrôle inhibiteur). L’effet de sommationdouloureuse temporelle n’apparaît pas atténué par les contrô-les inhibiteurs chez les patients fibromyalgiques par rapport àdes témoins masculins [20]. Les phénomènes douloureux dela FM résulteraient d’une sensibilisation médullaire impli-quant une hyperactivité des neurones spinaux liés au NMDA(N-méthyl-D-aspartate) (21) et l’injection intraveineuse dekétamine — un antagoniste des récepteurs NMDA — en-traîne une réduction durable et significative de l’intensité dela douleur chez les patients fibromyalgiques [22]. Certainsneuropeptides (substance P, CGRP = calcitonin gene relatedpeptide) pourraient accentuer cette sensibilisation centrale.Tous ces travaux suggèrent que les anomalies de perceptionde la douleur font intervenir des mécanismes spinaux ousupraspinaux, et certains auteurs évoquent donc un déficit du

Tableau 1Arguments plaidant pour ou contre une origine psychiatrique de la fibro-myalgie (FM)

Pour ContreAbsence de lésion organique Absence d’anomalies psychiatriques

par rapport aux témoins, danscertaines études [8–9]

Perturbations psychiatriques parrapport aux témoins (dépression –anxiété) (Ahles, 1984 ; Wolfe, 1984)

Perturbations psychiatriquesinconstantes et non stéréotypées

Réponse favorable aux tricycliques Caractère non toujours simultanéentre dépression et syndromedouloureuxAbsence de diminution du seuildouloureux dans la dépressionmajeure [10]Absence de relation entre prévalencede la dépression et sévérité de ladouleur ou nombre de pointsdouloureux [11]Différences des réponses centrales àla stimulation douloureuse entre FMet dépression [12]

Tableau 2Arguments plaidant pour une origine centrale des mécanismes de la douleurde la fibromyalgie

• Diminution généralisée du seuil douloureux• Hypersensibilisation générale : diminution des seuils douloureux parstimulations mécaniques, thermiques, électriques. Diminution des seuils deperception au chaud et au froid [17].• Phénomène de sensibilisation médullaire [18,19]• Déficit du contrôle inhibiteur de la douleur [20–23]• Anomalies des neuromédiateurs intervenant dans la douleur [30,31,41]Anomalies des structures du SNC impliquées dans le contrôle de la douleur[27,28]

Facteurs prédisposant(susceptibilité génétique,vulnérabilité psychologique,Troubles du métabolisme de lasérotonine)

↓ Anomalies deneuromédiateurs

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contrôle inhibiteur de la douleur [19,23]. En revanche, desdifférences portant sur les processus impliquant la modula-tion de la douleur ont été récemment démontrées entre hom-mes et femmes et ceci en l’absence de FM, ce qui pourraitsuggérer que des anomalies des mécanismes inhibiteurs de ladouleur prédisposeraient au développement de la FM chez lafemme [20].

Des lésions tissulaires ou nerveuses périphériques, uneexposition répétée à des stimuli périphériques douloureuxpeuvent modifier l’activité du système nerveux central, etainsi conduire à l’installation d’une douleur chronique d’ori-gine centrale, un état d’hyperalgésie ou d’allodynie pouvantpersister même après guérison de la lésion tissulaire [24].Plusieurs auteurs pensent que, comme ce qui est observé à lasuite d’une lésion nerveuse, des modifications du systèmenerveux central apparaissent au cours de la FM, faisant inter-venir une sensibilisation centrale, une altération des systè-mes de modulation des messages nociceptifs, des modifica-tions fonctionnelles médullaires (neuroplasticité centrale)[14]. Les altérations fonctionnelles des voies spinales aug-menteraient la transmission nociceptive dans les aires céré-brales et une nouvelle organisation fonctionnelle des fibresnerveuses pourrait transmettre la douleur dans certainesconditions. Un tel concept rendrait compte des FM observéesau cours de certains rhumatismes inflammatoires chroniques[25], ou faisant suite à un traumatisme par exemple cervical[26]. Toutefois certaines douleurs relèvent d’un mécanismecentral même en l’absence de toute cause périphérique noci-ceptive. Au total l’expression anormale de la douleur impli-que probablement des dysfonctionnements centraux, appa-raissant en réponse à des anomalies des afférencesneuronales (dépendantes de stimuli périphériques), ou surve-nant spontanément en l’absence de stimulus. Tous les étagesdu système nerveux central peuvent être en cause.

Des travaux ont porté sur les structures mêmes du SNCimpliquées dans la douleur. La débimétrie cérébrale (Spect =single photon emission computed tomography), a révélédans la FM une réduction des flux sanguins cérébraux régio-naux dans le thalamus et le noyau caudé par rapport auxtémoins [27]. Cette réduction du flux (qui témoigne d’unediminution de l’activité fonctionnelle), pourrait rendrecompte de l’atteinte centrale des processus inhibiteurs de latransmission douloureuse et donc de l’anomalie de percep-tion de la douleur. Les valeurs du flux cérébral n’étaient pasliées aux index d’anxiété ou de dépression. La réduction duflux dans le thalamus et le noyau caudé peut être induite parune exposition prolongée à des stimuli nociceptifs périphéri-ques via un excès de neuropeptides des fibres-C. L’ensembleva modifier les réponses centrales, avec diminution du seuilde la douleur et apparition d’un syndrome douloureux chro-nique. Un autre travail plus récent a montré qu’après stimu-lation périphérique, la répartition des modifications des fluxsanguins cérébraux était différente dans la FM et dans ladépression [12].

De même, le développement de techniques d’imageriecérébrale fonctionnelle (f MRI) a permis d’objectiver les

mécanismes impliqués dans le traitement central de la dou-leur au cours de la FM [28]. Les images cérébrales étaientanalysées après stimulation d’intensité variable sur le lit del’ongle du pouce. Les résultats ont montré que des régionscérébrales communes étaient activées chez les témoins et lesFM en provoquant une pression suffisante pour entraîner dessensations douloureuses identiques dans les 2 groupes. Enrevanche, pour une intensité de stimulation identique pour les2 groupes (qui provoquait une sensation douloureuse dans legroupe FM, mais pas chez les témoins), l’activité et la répar-tition des régions cérébrales activées était qualitativement etquantitativement différente entre témoins et FM. Ces travauxdémontrent que les traitements centraux des signaux doulou-reux sont différents au cours de la FM, par rapport aux sujetsnormaux.

Les symptômes variés rencontrés au cours de la FM, ontconduit à évoquer une altération du système limbique et deses projections [29]. Le système limbique est un régulateurcomplexe impliqué dans la douleur, le sommeil, l’humeur, lafatigue..., et qui possède des relations réciproques sur lesystème endocrinien et la modulation du système nerveuxpériphérique. La dysfonction du système limbique peut êtreengendrée par des causes centrales ou apparaître en réponse àdes stress d’origine variée. Les principaux arguments enfaveur d’une origine centrale sont résumés dans le Tableau 2.

4. Les neuromodulateurs impliqués

Une anomalie de la neuromodulation doit être évoquée enraison des arguments qui viennent d’être développés. Denombreuses substances impliquées dans la neuromodulationdu message douloureux, jouant un rôle soit dans la transmis-sion soit dans l’inhibition de la douleur) peuvent conduire àun syndrome d’amplification à la douleur.

La sérotonine (5-hydroxytryptamine) est un neurotrans-metteur qui joue un rôle dans la modulation de l’informationdouloureuse par son action antinociceptive. Elle est mise enjeu par les structures supraspinales, et module la transmis-sion nociceptive dans la corne postérieure. Elle intervientaussi dans la régulation du sommeil à ondes lentes et estincriminée dans certains désordres psychiatriques, essentiel-lement anxiété et dépression. Un trouble du métabolisme dela sérotonine mérite donc d’être évoqué dans la FM. Cettehypothèse a été confortée par plusieurs travaux qui ont dé-montré une diminution des taux sériques de sérotonine et destaux de 5-HIAA (5-hydroxyl-indol-acetic acid) dans le LCRdes FM par rapport aux témoins [30,31]. Enfin, le bénéficedes traitements sérotoninergiques vient appuyer l’intérêt destravaux concernant ce neuromédiateur [32]. Il faut ajouterque l’effet antalgique des antidépresseurs ne semble pas lié àleur propre effet antidépresseur, puisqu’il n’y a pas de diffé-rence d’efficacité entre patients déprimés ou non dans certai-nes études. Enfin, les antidépresseurs sérotoninergiques pursne semblent pas plus efficaces que les tricycliques à effetmixte, et le mécanisme sérotoninergique n’est sûrement pasexclusif.

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Plusieurs types de récepteurs de la sérotonine ont étéidentifiés et l’efficacité des traitements sérotoninergiquespeut être dépendante de la densité, de l’affinité et de ladistribution de ces récepteurs. Ceci pourrait expliquer uneréponse hétérogène aux différents antidépresseurs tricycli-ques, rendant difficile l’interprétation des essais thérapeuti-ques. Des traitements sélectifs contre un seul type de récep-teur 5-HT pour- raient représenter des armes thérapeutiquesciblées. Si des agents bloquant les récepteurs 5-HT2 n’ontpas apporté de bénéfice significatif, en particulier sur le scoredouloureux dans un groupe de patients FM par rapport auxtémoins, au contraire l’ondansetron, un antagoniste sélectifdes récepteurs 5-HT3, évalué dans une étude en doubleaveugle, incluant 21 patients suivis pour FM [33] a apportéune réponse chez 50 % des patients sur l’intensité et le scoredouloureux, le nombre de points douloureux, l’intensité descéphalées. Les 5-HT-3R joueraient un rôle dans les « fonc-tions nociceptives » centrales. De récents travaux permettentde penser que ces troubles du métabolisme de la sérotoninesont sous-tendus par une prédisposition génétique [34]. Cer-tains génotypes codant pour le transporteur de la sérotoninesont plus fréquents dans la FM comparée aux témoins. Letransporteur de la sérotonine joue justement un rôle impor-tant dans la transmission sérotoninergique. La vulnérabilité àla dépression pourrait de même répondre à des mécanismesgénétiques.

En dehors du syndrome polyalgique, d’autres symptômesde la FM pourraient rendre compte d’un trouble du métabo-lisme de la sérotonine [35]. La migraine fréquemment asso-ciée aurait comme dénominateur commun avec la FM undéficit du système sérotoninergique [36]. Des modificationsde la fonction sérotoninergique centrale ont été rapportées aucours de certaines dépressions [37], proches de ce qui a étédémontré dans la FM. Enfin un mécanisme sérotoninergiqueserait également impliqué au cours du syndrome du colonirritable, volontiers associé à la FM : les traitements utilisantles antagonistes 5-HT3 évoqués plus haut améliorent lesdouleurs intestinales et induisent une augmentation du seuilde sensibilité à la stimulation rectale [38].

La sérotonine est donc très probablement impliquée dansles mécanismes douloureux voire dans d’autres symptômesde la FM. D’autres neurotransmetteurs antinociceptifs telsque les endorphines mesurées dans le LCR ne semblent pasmodifiés au cours de la FM [39]. Toutefois les désordresneurobiochimiques sont certainement plus complexesqu’une anomalie d’un simple neuromédiateur.

Comme autre exemple, des travaux ont tenté d’objectiverdes perturbations de neurotransmetteurs nociceptifs tels quela substance P (SP). La SP joue un rôle dans les mécanismesnociceptifs, et peut même induire un état d’allodynie enmédecine expérimentale. Des taux élevés de SP dans le LCRont été mis en évidence chez des patients fibromyalgiques[40], résultats qui n’ont pas été retrouvés dans d’autres syn-dromes douloureux tels que la lombalgie chronique ou laneuropathie diabétique. La SP interviendrait dans le phéno-mène de sensibilisation médullaire évoqué plus haut. Un

autre travail a révélé par rapport aux témoins des taux aug-mentés de nerve growth factor (NGF) dans le LCR au coursde la FM [41]. Ce neurotransmetteur intervient dans la trans-mission douloureuse en modifiant l’expression de la SP etpourrait être impliqué dans le processus de neuroplasticité.La source de cette élévation centrale de la SP n’est pasdéterminée. Enfin, tout récemment la modification d’autresmédiateurs (nocistatine et nociceptine) a été étudiée dans lesérum des patients : la nocistatine qui est un antagoniste de lanociceptine supprime l’allodynie dans des modèles murins.La présence d’anticorps contre ces médiateurs serait capable,dans un sous-groupe de patients FM, de jouer un rôle dans ladouleur de la FM [42]. D’autres agents neurochimiques nonévoqués ici peuvent être impliqués dans le processus doulou-reux [43]. La complexité ne fait que s’exacerber si l’onconsidère la multiplicité des neurotransmetteurs, de leursrécepteurs, la modulation des étages nociceptifs dans tous lescircuits de la douleur.

5. Système neuro-endocrinien

Les diverses anomalies hormonales qui ont été rapportéesau cours de la FM [44] sont disparates, inconstantes, etn’autorisent pas à envisager une hypothèse physiopathologi-que précise. Il est difficile d’établir si elles sont responsablesou si elles résultent des symptômes observés. En revanche,elles ne peuvent être retenues comme responsables à ellesseules d’un syndrome polyalgique. Deux axes endocriniensméritent toutefois d’être explorés : l’axe adrénergique pourses rapports avec le stress, l’étude de l’hormone de crois-sance (GH) en raison de sa liaison aux perturbations dusommeil.

Plusieurs travaux ont objectivé des perturbations de l’axehypothalamo-hypophyso-surrénalien par rapport aux té-moins. Toutefois, celles-ci ne sont ni marquées ni caractéris-tiques [45]. Il n’existe pas d’anomalie franche des rythmescircadiens. La FM appartiendrait aux « syndromes associés àune modification de la réponse aux stress », dans lesquels lestress favorise la genèse et l’entretien des symptômes etayant en commun des perturbations de l’axe adrénergique etdu système sympathique. De manière parallèle, les syndro-mes liés à un événement post-traumatique (post-traumaticstress disease) sont souvent associés à un syndrome doulou-reux, et la présence d’une fibromyalgie y serait particulière-ment significative [46].

Une diminution significative d’IGF-1 traduisant une dimi-nution de l’hormone de croissance (GH) a été rapportée chezles fibromyalgiques par rapport aux témoins [47]. L’hormonede croissance est synthétisée surtout durant les stades 3 et 4du sommeil, phases justement perturbées au cours de la FM(toutefois ces anomalies n’apparaissent ni constantes, ni spé-cifiques de la maladie). La diminution des taux d’IGF-1apparaissait plus comme une conséquence des troubles dusommeil, que comme un événement déclenchant de la FM.La GH joue en revanche, un rôle dans l’homéostasie muscu-laire et une diminution de la synthèse de GH pourrait rendre

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compte de la réparation incomplète des microtraumatismesmusculaires [48] et contribuer à la transmission nociceptive àpartir des fibres nerveuses périphériques vers la corne dorsalemédullaire. Ainsi, ces perturbations pourraient représenterun maillon neuro-endocrinien entre les troubles du sommeilet les manifestations cliniques de la FM. Des interactionscomplexes existent en revanche, entre l’hormone de crois-sance et les composantes neuromodulatrices. Le déficit enGH rendrait compte également de symptômes associés à la

FM : fatigue, faible tolérance à l’exercice. Enfin les injec-tions de GH par rapport au placebo améliorent significative-ment les patients fibromyalgiques [49], mais le coût impor-tant d’un tel traitement interdit une utilisation prolongée.

6. Conclusion

L’état de nos connaissances ne permet pas de formuler deschéma pathogénique uniciste. Les mécanismes conduisant

Tableau 3Mécanismes conduisant à l’apparition du syndrome polyalgique au cours de la fibromyalgie

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au processus douloureux de la FM, font intervenir de nom-breux facteurs formant une chaîne d’événements. Le phéno-mène d’allodynie pourrait être l’expression d’une sensibili-sation centrale, impliquant les nocicepteurs périphériques,ou des mécanismes centraux de plasticité médullaire ou céré-brale. Si les preuves d’une perturbation fonctionnelle dusystème nerveux central ont été apportées, l’origine premièredes anomalies est inconnue (sensibilisation des nocicepteurspériphériques, dysfonction endogène du dispositif nociceptifou antinociceptif). Des facteurs préexistants pourraient inter-venir (terrain génétique, susceptibilité hormonale, vulnérabi-lité psychologique, trouble du métabolisme de la sérotonine).De multiples facteurs endogènes et exogènes viendraientprécipiter ce dysfonctionnement : soit d’origine centrale telsque troubles du sommeil, événements affectifs, stress, soitd’origine périphérique tels que traumatisme, microtrauma-tismes musculaires, déconditionnement musculaire. Des in-trications complexes et réciproques apparaissent entre sys-tème nerveux central et système endocrinien pouvant jouerun rôle dans le déclenchement ou l’entretien du syndrome.Les facteurs psychosociaux éventuellement impliqués nedoivent certainement pas être occultés, réclamant une éva-luation pluridisciplinaire du point de vue somatique et psy-chologique. Les perturbations psychologiques peuvent-ellesêtre à l’origine du bouleversement fonctionnel des troublesde la modulation douloureuse ? On peut imaginer un effetopposé à ce qui est décrit avec l’effet placebo. Certainspatients seraient-ils capables de produire un effet « nocebo »sous l’effet d’influences diverses ? Faut-il considérer quesymptômes douloureux et psychiatriques dépendent dumême support neurobiologique ? Toutes les données actuel-les laissent à penser que la FM s’inscrit dans un désordrepsycho-neuro-endocrinien impliquant forcément des compo-santes variées du SNC, conduisant finalement à une diminu-tion du seuil de la douleur (Tableau 3). Une meilleure com-préhension des mécanismes de modulation de la douleurpermettra de développer de nouveaux axes thérapeutiquesdans la FM : molécules agissant sur certains récepteurs de lasérotonine, antagonistes des récepteurs NMDA, antagonistesdes récepteurs de la SP. Enfin, la FM en tant que modèledouloureux singulier pourra servir à l’évaluation d’autressyndromes douloureux chroniques et permettra dans l’avenirde comprendre pourquoi des stimulus non nociceptifs peu-vent générer une sensation douloureuse.

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