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UE 4TPM102U
L1 MISIPCG
Physique et Ingénierie
Mécanique du point et du solide
– Cours –
Année 2020 – 2021 Resp. : A. Meziane – S. Villain-Guillot
Table des matières
Première partie – Mécanique du point 1 Cinématique du point : études de trajectoires
1.1 Vecteur position et trajectoire ................................................................................. 1 1.2 Le repère cartésien ................................................................................................ 2 1.3 Le vecteur vitesse instantanée ............................................................................... 4 1.4 Le vecteur accélération .......................................................................................... 5 1.5 Mouvement circulaire ............................................................................................. 6 1.6 Annexe 1: approche numérique de la cinématique (Hors-programme).................. 8 1.7 Annexe 2 : l’abscisse curviligne (Hors-programme) ............................................... 9
2 Dynamique I : les lois de Newton – des forces aux trajectoires 2.1 Les lois de Newton ............................................................................................... 10 2.2 L’invariance galiléenne ......................................................................................... 11 2.3 La dynamique en référentiels galiléens : étude des forces et des trajectoires ..... 13 2.4 Forces usuelles en mécanique ............................................................................. 14 2.5 Annexe 1 : La Poussée d’Archimède (Hors-programme) ..................................... 26 2.6 Annexe 2 : Force de frottement fluide (Hors-programme) .................................... 26
3 Dynamique II : les lois de conservation - bilan d'énergies 3.1 Energie cinétique, théorème de l’énergie cinétique ............................................. 29 3.2 Mouvement le long d’un axe et force constante : calcul du travail. ...................... 30 3.3 Forces conservatives. .......................................................................................... 32 3.4 Energie potentielle ................................................................................................ 36 3.5 Energie mécanique ............................................................................................. 37
Deuxième partie – Mécanique du solide
4 De la mécanique du point à la mécanique du solide ................................................... 39 5 Cinématique de la rotation
5.1 Translation vs rotation .......................................................................................... 41 5.2 Mouvement de translation pure ............................................................................ 42 5.3 Mouvement de rotation pure ................................................................................ 42 5.4 Relation entre le vecteur vitesse et le vecteur vitesse angulaire .......................... 48 5.5 Rotation autour d’un axe de direction fixe : exemple du roulement ..................... 51
6 Moment d’une force 6.1 Introduction de la notion de moment d’une force ................................................. 56 6.2 Exemples simples ................................................................................................ 58 6.3 Définition vectorielle du moment d’une force ....................................................... 59 6.4 Notion de couple .................................................................................................. 60
7 Centre de masse d’un solide 7.1 Pourquoi s’intéresser au centre de masse ? ........................................................ 62 7.2 Centre de masse de deux masses ponctuelles rigidement liées ......................... 63 7.3 Généralisation à un solide constitué d’un grand nombre de particules ................ 64
8 Statique des solides 8.1 Principe fondamental de la statique ..................................................................... 66 8.2 Méthode de résolution d’un problème de statique de solides .............................. 67 8.3 Exemple 1 – La balance ....................................................................................... 67 8.4 Exemple 2 – Equilibre d’une échelle .................................................................... 68
9 Bibliographie ................................................................................................................ 70
Première partie : Mécanique du point
1 Cinématique du point : études de trajectoires
1 Cinématique du point : études de trajectoires
kinêma, en grec κίνημα, désigne le mouvement. L’objet de la cinématique du point est
d’étudier le mouvement d’un point matériel au cours du temps, indépendamment des causes
qui produisent ce mouvement. Elle cherche à déterminer à partir des équations horaires1 du
mouvement d’un point sa trajectoire ainsi que ses vecteurs vitesse et accélération le long de
celle-ci.
L’étude du mouvement d’un corps implique un point d’observation, ou un référentiel. Par
exemple, un voyageur assis à bord d’un train est immobile par rapport au référentiel lié au
train ; au contraire d’une personne assise sur le quai qui voit passer le train, et donc le
voyageur, avec une vitesse finie dans le référentiel lié à la gare. Souvent il existe un choix
naturel pour le référentiel : la trajectoire d’une balle sera étudiée dans le référentiel lié à la
surface de la terre, le mouvement des planètes dans celui lié au soleil.
Les objectifs principaux de ce premier chapitre sont ainsi de décrire la position d’un point
matériel dans un repère d’espace, en particulier dans un repère cartésien, et de déterminer
sa trajectoire et ses vecteurs vitesse et accélération.
1.1 Vecteur position et trajectoire
La position d’un point matériel M à un instant t est
donnée par rapport à un point , appelé origine.
Le sens, la direction et la longueur (ou norme) du
bi-point (OM) définit le vecteur position ou
rayon vecteur . Ce rayon vecteur
peut aussi s’écrire : .
C’est le produit d’un scalaire par un vecteur : le scalaire , longueur ou norme de
, par le vecteur direction défini par :
.
Le vecteur ainsi défini est un vecteur de longueur unité qui a la même direction et
le même sens que le rayon vecteur .
Longueur et direction de peuvent évoluer continument en fonction du temps.
L’ensemble des points aux différents instants définit la trajectoire. C’est la courbe
continue, en un seul morceau, dessinée au cours du temps par l’extrémité du vecteur
position . Un point matériel ne peut « sauter » d’une partie de la trajectoire à une autre
: avant de passer par le point , il doit nécessairement être sur la trajectoire à un instant
proche de , par exemple à l’instant - ∆ en prenant ∆ suffisamment petit.
1 Équation horaire du mouvement : ou en coordonnées cartésiennes , , .
2 Cinématique du point : études de trajectoires
Nous sommes libres de choisir n’importe quel point comme origine. Le passage à une
description à partir d’un autre point origine ’ se fait en utilisant la relation de Chasles :
′
La forme de la trajectoire ne dépend pas du choix de l’origine si est un vecteur
constant.
1.2 Le repère cartésien
Un repère dans l’espace tridimensionnel est défini par une origine et trois vecteurs, dit
vecteurs de base. Un repère cartésien (Figure 2) est associé à une base fixe, indépendante
du temps, constituée de trois vecteurs orthonormés : ils sont de norme unité et orthogonaux
deux à deux. Ils définissent par leurs directions fixes les axes de référence cartésiens ,
et .
Le vecteur position d’un point à l’instant dans le repère , , , s’écrit
alors :
, où , et sont les coordonnées ou
composantes cartésiennes de dans le repère
, , , . Cela revient à dire que pour aller du point
au point , il faut marcher sur une distance dans la
direction , une distance dans la direction et une
distance dans la direction .
En notation matricielle (ou colonne) :
Ces coordonnées peuvent dépendre du temps.
Le produit scalaire de deux vecteurs et est défini par : . cos ,
Les vecteurs de la base cartésienne satisfont alors . 1, . . 0, relations
que l’on résume par ⋅ , où la fonction delta de Kronecker est définie par
1 et 0 .
Les coordonnées du point M sont obtenues par la projection du vecteur position sur les
trois vecteurs orthonormés de la base cartésienne , et , en utilisant le produit scalaire :
.
Ou bien, en notant , l’angle entre et , et en se souvenant que par
construction ‖ ‖ 1, ce produit scalaire s’écrit :
cos ,
Figure 2 : repère cartésien
en 3 dimensions
3 Cinématique du point : études de trajectoires
, ou en coordonnées cartésiennes , , , définit les équations
horaires du mouvement. Une conséquence de la continuité d’une trajectoire est que toutes
les composantes seront des fonctions continues : pour aller de à ,
on passera nécessairement par tous les points ∈ , à un certain instant ∈ , .
Comme une coordonnée est obtenue par le résultat du produit scalaire de
avec le vecteur de base et puisque ⋅ , le produit scalaire entre deux vecteurs
et
peut s'exprimer à l'aide de leurs composantes cartésienne par la relation :
.
On peut définir la norme de , c’est à-dire la distance à l’instant t du point M à
l’origine :
.
Notons l’angle , . En remarquant que , , cette définition donne
bien pour un mouvement à deux dimensions dans le plan (xOy) :
cos cos2
cos sin
Alors que les coordonnées , , sont des composantes algébriques, positives ou
négatives, la norme d’un vecteur est la racine carrée du produit scalaire de ce vecteur avec
lui-même : c’est une quantité positive et définie (i.e. qui est nulle si et seulement si 0 ,
soit confondu avec ).
Le vecteur ainsi qu’un produit scalaire, comme par exemple . , sont
indépendant du choix du repère, bien qu’individuellement, les composantes ne le soient pas.
La notation vectorielle, outre sa concision, permet d’exprimer les lois de la Physique
indépendamment des repères ou systèmes de coordonnées. Elle permet aussi d’exprimer
simplement l’invariance des lois de la Physique par rapport aux translations et aux rotations,
soit des repères, soit des expériences elles-mêmes (invariances par symétries).
Exemple 1-1. Exemples de calculs de produits scalaires
1- Calculons le produit scalaire entre deux vecteurs colinéaires et
A. B ab qui est négatif si A et B sont orienté en sens opposés.
2- Si cos sin et cos sin , alors
.
3- Faisons tourner de :
cos sin = sin cos
Alors . cos sin sin cos 0 donc et sont bien orthogonaux.
4 Cinématique du point : études de trajectoires
1.3 Le vecteur vitesse instantanée
La vitesse instantanée de à l’instant dans le référentiel est un vecteur ; c’est la
dérivée temporelle du vecteur position :
, ,
c’est-à-dire : , lim → lim →∆ lim →
La figure ci-contre montre le vecteur position aux temps et et la trajectoire ;
pendant l’intervalle , le point se déplace de
Δ Δ , ∆ .
Pendant , parcourt donc la distance
∆ ∆ ‖ , ‖∆
Pour un intervalle de temps ∆ quelconque mais fini, ∆
définit la vitesse moyenne sur
une fenêtre temporelle ∆ . Lorsque ∆ → 0, le déplacement est dit infinitésimal et
lim∆ → ∆, . Le vecteur vitesse , est donc le déplacement instantané de
par unité de temps. C’est la vitesse locale instantanée, ou vitesse moyenne calculée sur un intervalle de temps très court.
Le déplacement infinitésimal Δ est alors porté par la tangente à la trajectoire au point
. C’est donc cette direction du déplacement infinitésimal qui sera aussi la direction du
vecteur vitesse. Cette direction est donnée par le vecteur tangent , vecteur de norme unité
défini par :
∆
∆
,‖ , ‖
La vitesse peut être obtenue à partir de la décomposition de dans le repère
, , , : . Les trois vecteurs de base du repère
cartésien , , , étant indépendant du temps, on a :
, .
En coordonnées cartésiennes, les composantes du vecteur2 vitesse sont donc les
dérivées des composantes du vecteur position.
La dérivée temporelle d’une fonction g(t) est indiquée par un point : ⁄ . Ainsi :
, ,
2 Notons que dans cette expression, la vitesse est un bi-point qui a pour origine le point .
Or sur le dessin, la vitesse est le vecteur représenté par une flèche épaisse qui a pour origine le point .
Un vecteur, tel que , représente donc plusieurs bi-points équivalents, ou une famille de bi-points équivalents.
5 Cinématique du point : études de trajectoires
ou en notation colonne ou matricielle : , .
Le déplacement élémentaire est Δ Δt Δ Δ Δ . Cela revient à dire
que pour aller du point au point Δt , il faut marcher sur une distance Δ dans la direction , une distance Δ dans la direction et une distance Δ dans la direction .
La direction du vecteur , est donnée par le vecteur tangent défini par :
,‖ , ‖
⁄
⁄
⁄
Les composantes du vecteur vitesse sont des fonctions continues du temps. Nous
verrons en effet que l’on ne peut pas faire varier instantanément ni la norme de la vitesse, ni
sa direction (sauf éventuellement lors d’une explosion ou lors d’une collision avec un objet
de masse infini, comme un mur).
1.4 Le vecteur accélération
L’accélération , d’un point dans le référentiel à l’instant est la dérivée
temporelle du vecteur vitesse , | :
, ,
En coordonnées cartésiennes le repère , , , , les trois vecteurs de base étant
fixes, on obtient directement : , .
ou en notation colonne ou matricielle, ,
Son origine est en (cf note 2). Le vecteur accélération est toujours dirigée vers l’intérieur de la trajectoire.
L’accélération ne correspond pas uniquement à une « augmentation » de la vitesse mais
à un changement du vecteur vitesse : de sa norme et/ou de sa direction.
Une valeur positive du produit scalaire . , donc de . ou de la projection de
l’accélération sur la vitesse, va bien correspondre à une augmentation de la norme de la
vitesse ‖ ‖. En effet3 :
3 On rappelle la dérivée d’une fonction composé :
= ′ ′ où = ′
Ici, il s’agit de la dérivée de la fonction composée : = où = = .
que l’on peut aussi noter , , . La dérivée de la norme carrée de la vitesse s’écrit donc
6 Cinématique du point : études de trajectoires
. 2 . 2 . 2‖ ‖ ‖ ‖cos ,
(i)
Ainsi, si . 0, alors est croissant et le mouvement est dit accéléré.
Au contraire, une valeur négative . de traduit un ralentissement du
mouvement ou décélération.
Nous allons voir dans le chapitre suivant que l’autre composante de l’accélération,
perpendiculaire à et , et donc appelée accélération normale, correspond au changement
de direction du vecteur vitesse .
1.5 M ouvement circulaire
Si un point matériel M se déplace sur un cercle de rayon dont le centre est choisi comme origine du repère cartésien et la base est choisie de sorte que le mouvement soit dans le plan , la position de est alors donnée par :
cos sin .
On vérifie que . . Le vecteur vitesse est alors donnée par
sin cos (cf dérivée d’une fonction composé3)
La norme de ce vecteur est ‖ ‖ | | et sa direction définit la tangente à la
trajectoire : /| | sin cos
On vérifie que . 0 : la vitesse dans le cas d’un mouvement circulaire est
perpendiculaire à (sa direction, tangente au cercle, est bien perpendiculaire au rayon).
On appelle vitesse angulaire le rapport entre la norme de la vitesse | | et la
norme du rayon vecteur . La vitesse angulaire sera positive si le mouvement de
rotation est dans le sens trigonométrique.
1.5.1 Mouvement circulaire uniforme et accélération normale
Si cette vitesse angulaire est constante, on définit la pulsation : .
La période du mouvement est donnée par et sa fréquence par .
La vitesse s’écrit alors = sin cos , de norme constante . L’accélération est alors donnée par
cos sin
Le vecteur accélération a pour norme ‖ ‖ .
Cette accélération est dite centripète (elle est dirigée vers le centre du cercle); elle est dans la direction
dite normale, c'est à dire orthogonale à la tangente.
,
ce qui donne =2 2 . = 2 .
7 Cinématique du point : études de trajectoires
Comme . . 0, d’après la relation (i) du chapitre 1.4, 0.
Ce mouvement norme de la vitesse est constante.
Le vecteur accélération normale correspond au changement de direction du vecteur vitesse,
là où l’accélération tangentielle correspondait au changement de la norme de la vitesse.
1.5.2 Mouvement circulaire : accélération normale et tangentielle
Dans le cas d’une vitesse angulaire quelconque, l’accélération est alors donnée par3
sin cos cos sin
La première partie correspond à l’accélération tangentielle . et caractérise le
changement de la norme de la vitesse : ‖ ‖
. Une valeur positive, 0,
correspond à . 0 , donc à une augmentation de la norme de la vitesse ‖ ‖, tandis que 0 indique un ralentissement du mouvement : . 0. Dans le cas d’un mouvement à vitesse uniforme : 0 (lorsqu’un conducteur de voiture a enclenché le régulateur de vitesse)
La deuxième partie est la composante normale de l’accélération qui n’influe pas sur la norme (t)=‖ ‖, mais caractérise la variation de la direction du vecteur vitesse (et donc de ) Cette composante est nulle dans le cas d’un mouvement rectiligne. Sinon elle est orientée
selon la direction cos sin , perpendiculaire à , et elle est reliée au
rayon du cercle par la relation / , ou encore / (relation qui définit le rayon de courbure de la trajectoire)
‖ ‖
Si l’accélération tangentielle est la conséquence de l’action d’un conducteur sur les pédales ou les freins, l’accélération normale / correspondra à son action sur le volant : elle sera plus importante si le virage est « serré » ou si la vitesse y est élevée.
8 Cinématique du point : études de trajectoires
(t+Δt)
M(t)(t‐Δt)
1.6 Annexe 1: approche numérique de la cinématique (Hors-programme)
De même que pour une photo, une image est nécessairement découpée en pixels ou
grains élémentaires, de même une trajectoire continue sera discrétisée lors de son
enregistrement. Les positions successives d’un point matériel seront alors données par une
série de coordonnées , , , pour une suite croissante d’instants . Généralement, ∆ où ∆ est le pas de temps. 1/∆ est alors la fréquence
d’échantillonnage. A partir de cet échantillonnage du mouvement, il est possible, pour tous les instants de calculer numériquement de manière approchée la composante de la vitesse
selon à l’aide de l’équation aux différences finies (i) :
,∆ ∆
∆
Notez que cette définition est symétrique par rapport à .
En effet, si on approxime localement la loi horaire pour la
coordonnée par sa tangente en , son coefficient directeur
sera et son équation sera t t , alors :
∆ ∆ et ∆ ∆ .
La différence entre ces deux relations donne alors
∆ ∆ 2 ∆ 2∆
D’un point de vue géométrique, la tangente à la trajectoire en est approximée par la
corde reliant et , donc par la tangente moyenne sur l’intervalle [ , ]
de centre . Cette approximation sera d’autant plus proche de la définition de la vitesse
instantanée (chapitre 1.3) que le pas de temps ∆ sera petit.
Ces formules pour les vitesses correspondent toujours à des vitesses moyennes locales,
calculées pendant des intervalles de temps 2∆ (ou ∓∆ lorsque
0 ou ). Elles sont bien équivalentes à la définition de la vitesse lorsque et
tendent vers t (donc lorsque ∆ tend vers zéro).
Notons que, par cette procédure symétrique, la vitesse ne peut pas être calculée pour
le premier et le dernier point de l’échantillonnage. Pour ces deux points, on prendra donc la
formule approchée (non symétrique par rapport à )
, ∆
∆ et ,
∆
∆ (ii)
Remarquons que pour ces extrémités
, et
, .
Ces formules sont donc symétriques par rapport à = ∆ et non plus par rapport à
9 Cinématique du point : études de trajectoires
1.7 Annexe 2 : l’abscisse curviligne (Hors-programme)
L’abscisse curviligne mesure la longueur du chemin parcouru par le point
jusqu’au temps . C’est la distance mesurée le long de la trajectoire, par exemple à l’aide
d’un lacet posé le long de cette trajectoire dont on mesure ensuite la longueur en l’allongeant
le long d’une règle. L’abscisse curviligne permet de définir une coordonnée intrinsèque selon
la trajectoire, indépendamment du choix d’un repère.
Dans le cas particulier d’un mouvement uniforme, la longueur du chemin parcouru par
vaut ∆ ‖ ‖ car la norme de la vitesse est constante. Dans le cas d’un
mouvement quelconque, ∆ où est la vitesse moyenne de le long de la
trajectoire. Celle-ci s’obtient en calculant la moyenne des normes des vitesses au cours
du temps : 1∆
′ ,
où est la norme de la vitesse instantanée : et où ∆ .
La longueur du chemin parcouru par vaut donc :
∆ ′. Cette longueur correspond à la variation d’abscisse curviligne entre et . Cette
coordonnée intrinsèque est donc définie comme la primitive, ou l’intégrale de la norme de la
vitesse instantanée :
′ de sorte que .
Réciproquement, la norme de la vitesse instantanée est donnée par la dérivée de :
= . Donc l’abscisse curviligne est donc aussi définie par une équation
différentielle :
.
Notez que la norme de la vitesse et l’abscisse curviligne sont des quantités
positives. Notez aussi que est une expression vectorielle
alors que est une expression scalaire.
10 Dynamique : les lois de Newton – des forces aux trajectoires
2 Dynamique : les lois de Newton – des forces aux trajectoires
Du grec δυναμικός, dynamikos, qui signifie « puissant » ou « efficace ».
Ce chapitre présente les trois lois de la dynamique formulées par Isaac Newton en 1687. Nous
les utiliserons ensuite pour traiter quelques exemples de forces physiques pour calculer les
trajectoires qui en résultent, notamment dans le cas de la loi de la gravitation universelle, due elle
aussi à Newton, et dans sa version force de pesanteur, avec ou sans frottements.
Définition de la quantité de mouvement (appelée aussi parfois impulsion) d’un point matériel
de masse inerte :
2.1 Les lois de Newton
2.1.1 Première loi de Newton : le principe de l’inertie
Si aucune force n’agit sur un point matériel dans le référentiel , il reste au repos ou garde la
même vitesse sur une trajectoire rectiligne dans . C’est-à-dire que son accélération est nulle :
0 ⟺ 0
Cette loi est initialement due à Galilée4 (1564-1642) et Descartes (1596-1650).
Elle peut s’exprimer par la conservation de la quantité de mouvement : si la force qui
s’exerce sur un point matériel est nulle, la quantité de mouvement de ce point matériel est
constante dans le temps et son mouvement est rectiligne uniforme.
2.1.2 Seconde loi de Newton : le principe fondamental de la dynamique
La force totale appliquée sur le point matériel est égale au produit de l’accélération par la
masse (ou encore est égale à la dérivée temporelle de la quantité de mouvement) :
Le principe d’inertie est un cas particulier du principe fondamental de la dynamique lorsque la
force est nulle. Si une force extérieure n’est pas requise pour entretenir un mouvement, elle est
nécessaire pour le modifier, notamment pour mettre en mouvement un corps initialement au repos.
L’effet d’une force n’est pas uniquement d’augmenter la vitesse d’un corps, mais de modifier le
4 En énonçant le principe d’inertie, Galilée a marqué une rupture épistémologique importante dans l’histoire des
sciences (et des techniques). Avant lui, on pensait, suivant les idées d’Aristote, que pour qu’un corps soit en mouvement, il fallait nécessairement qu’il y ait une force qui entretienne ce mouvement. Galilée a montré que (dans le cas idéal, en l’absence de frottement, de dissipation) ce n’était pas le cas. De même, on pensait que le mouvement « naturel » était le mouvement circulaire (celui des astres célestes) ; Galilée et Descartes ont montré que le mouvement « naturel » était le mouvement rectiligne et uniforme (Dialogue sur les deux grands systèmes du monde (1632), repris et commenté dans Galilée, Newton lus par Einstein : espace et relativité, Françoise Balibar, PUF). Mais devant la condamnation pontificale de Galilée en 1633, Descartes s’est abstenu de publier ses thèses.
11 Dynamique : les lois de Newton – des forces aux trajectoires
vecteur vitesse : sa direction aussi bien que sa norme5. Pour le sortir non pas de l’état de repos,
mais pour le sortir (ou le dévier) du mouvement naturel : le mouvement rectiligne uniforme.
Plutôt que la vitesse, l’action d’une force modifie plus précisément la quantité de mouvement :
si la masse inerte du point matériel est plus importante, il faut appliquer une force plus
importante pour avoir le même effet sur la vitesse et donc sur la trajectoire.
2.1.3 Troisième loi de Newton : le principe de l’action et de la réaction
Quand deux points matériels et interagissent, la force → exercée par sur est
égale en norme et opposée en direction à la force → exercée par sur :
→ →
Ainsi, si la Terre exerce une attraction gravitationnelle sur la Lune, celle-ci exerce une attraction
gravitationnelle sur la Terre, qui se traduit par les marées océaniques.
2.2 L’invariance galiléenne
2.2.1 Lois de Newton et changement de repère : les référentiels galiléens
Un référentiel galiléen est un référentiel dans lequel le principe d’inertie, ou la première loi de
Newton, est vérifié. La deuxième loi de Newton n’est valable que dans un référentiel galiléen. Considérons un point matériel de masse , de vitesse dans un référentiel galiléen , et
soumis à une force . Nous savons que l’équation du mouvement de est obtenue à partir de la
seconde loi de Newton : . Considérons maintenant un second référentiel , dans
lequel le point a une vitesse .
A quelle condition le référentiel est-il galiléen ?
Ecrivons que si le référentiel est galiléen pour , alors
cela signifie que nous pouvons écrire la seconde loi de
Newton pour la variation de la vitesse par rapport à :
.
En égalant les deux expressions, nous obtenons une
condition sur les vitesses :
, soit
5 Nous avons vu au chapitre précédent qu’une trajectoire était continue par rapport au temps. Le principe fondamental
de la dynamique implique que la vitesse est elle aussi une fonction continue (et donc que l’hodographe sera une courbe continue), sauf dans le cas de choc ou d’explosion (cas où la force peut alors être considérée de norme ou d’intensité « infinie »)
O x
y
R
O1
y1
x1
O1
O1
y1
x1
O1
y1
x1
R1 à t=0
R1 à t=T
R1 à t=2T
12 Dynamique : les lois de Newton – des forces aux trajectoires
Cela signifie qu’à chaque instant au cours du mouvement l’accélération de par rapport
à est égale à l’accélération du même point matériel par rapport à . Donc
l’accélération relative entre les deux référentiels est nulle.
La seule manière de satisfaire cette équation à chaque instant est d’imposer que le référentiel
soit en translation rectiligne uniforme par rapport à , c’est-à-dire que l’origine du référentiel
soit en translation rectiligne uniforme par rapport à (déplacement à vitesse constante, aussi bien
en norme qu’en direction) et que les axes de soient immobiles par rapport à (il n’y a pas de
rotation des axes au cours du temps).
La réciproque est vraie, c’est-à-dire que si on considère un référentiel en translation rectiligne
uniforme par rapport à un référentiel galiléen, alors ce référentiel est lui-même galiléen.
Un tel changement de repère s’appelle une transformation galiléenne et elle est associée à
l’invariance galiléenne des lois de la physique, ou principe de relativité qui s’énonce comme suit : Les lois fondamentales de la physique (ici les trois lois de Newton) sont identiques lorsqu’on se
place dans des systèmes référentiels en translation rectiligne uniforme les uns par rapport aux autres (sans accélération relative).
2.2.2 Composition des vitesses
Comme l’accélération relative entre deux repère galiléens est nulle, l’accélération d’un point
est égale dans les deux référentiels : soit . Donc en intégrant
par rapport au temps :
où est un vecteur constant. C’est la vitesse relative du référentiel d’origine par rapport
au référentiel , ou encore la vitesse de l’origine mesurée dans le référentiel :
2.2.3 Les référentiels galiléens
Depuis les travaux d’Einstein, nous savons que les référentiels galiléens n’ont pas de définitions
absolues : ils ne peuvent que constituer une bonne approximation. En conséquence, les référentiels
galiléens sont définis ad hoc, à savoir qu’un référentiel est dit galiléen pour une expérience donnée
quand les lois de Newton sont une bonne approximation de la réalité (pendant la durée de
l’expérience). On en déduit tous les référentiels galiléens pour cette expérience par invariance
galiléenne.
Dans la pratique, on considère trois référentiels qui suffisent à décrire la majorité des
expériences :
Le référentiel du laboratoire ou terrestre est bien adapté pour des expériences dans un
laboratoire dont la durée est inférieure à une journée (sinon la rotation de la terre sur elle-
même va avoir une influence).
13 Dynamique : les lois de Newton – des forces aux trajectoires
Le référentiel géocentrique – d’origine le centre de la terre et d’axes pointant vers des
étoiles – sera bien adapté pour décrire le mouvement d’un satellite ou dans le cas
d’expériences particulières (mesure de la pesanteur apparente ou expérience du pendule
de Foucault).
Le référentiel héliocentrique6 – d’origine le centre du soleil et d’axes pointant vers des
étoiles – sera lui galiléen pour décrire les trajectoires des planètes ou des comètes du
système solaire.
2.3 La dynamique en référentiels galiléens : étude des forces et des trajectoires
Le principe fondamental de la dynamique appliqué dans un référentiel galiléen à une particule
ponctuelle de masse repérée par le vecteur position se traduit par une équation du
mouvement qui généralement est une équation différentielle du second ordre :
, , ,
où les forces extérieures qui s’exercent sur le point matériel sont fonction des coordonnées
d’espace et, éventuellement, de la vitesse , ou du temps .
Les forces s’additionnent selon la loi d’addition des vecteurs, composante par composante.
L’action de toutes les forces est donc équivalente à l’action d’une force unique, la résultante des
forces extérieures : ∑ , , ). La deuxième loi de Newton s’écrit alors
.
Déterminer l’équation de la trajectoire de la particule revient à résoudre cette équation
différentielle vectorielle en tenant compte des conditions initiales 0 et 0 .
Cette équation différentielle n’a en général pas de solution analytique (sauf dans des cas
particuliers dont certains seront traités dans la suite).
Dans le cas où 0, comme un objet posé sur une table ou un mobile sur une table à
coussin d’air, le point matériel est alors pseudo-isolé. D’après la première loi de Newton, il sera soit
au repos, soit animé d’un mouvement rectiligne uniforme (ce qui, à un changement de référentiel
galiléen près, est équivalent).
6 Voir par exemple http://www.obs.u-bordeaux1.fr/OBcast/Geraldine.m4v
14 Dynamique : les lois de Newton – des forces aux trajectoires
METHODE DE RESOLUTION D’UN PROBLEME EN DYNAMIQUE DU POINT
1- Spécifier le point matériel isolé
2- Faire un bilan des forces : recenser l’ensemble des forces s’exerçant sur ce point. Remarque : la vitesse initiale n’intervient pas dans le bilan des forces!!!
3- Faire un schéma à un instant quelconque de la trajectoire où seront aussi spécifiés les axes du repère choisi. Ce schéma sera une aide précieuse au moment de la projection des forces sur ces axes.
4- Donner le vecteur position dans la base choisie (compte-tenu des éventuelles simplifications contraintes/symétries de l’exercice). En déduire le vecteur vitesse et le vecteur accélération.
5- Donner l’expression des forces exprimées dans la base cartésienne (projection des forces sur les axes). Si l’orientation d’une force est inconnue, elle sera décrite soit par des composantes orthogonales soit, à deux dimensions notamment, par une norme et un angle par rapport au premier vecteur de la base.
6- Ecrire le principe fondamental de la dynamique sous sa forme vectorielle puis le projeter selon chacun des axes du repère choisi. A cette étape, vous obtenez les équations différentielles du mouvement (équations différentielles du second ordre).
7- Ecrire les conditions initiales sur la position et la vitesse.
8- Intégrer ou résoudre les équations différentielles du mouvement obtenues compte-tenu des conditions initiales. A cette étape, vous obtenez les équations horaires du mouvement.
2.4 Forces usuelles en Physique et en Mecanique
On appelle intensité d’une force la norme de cette force.
2.4.1 Classification des forces
2.4.1.1 Forces fondamentales en Physique.
Il existe dans la nature 4 forces fondamentales dont dérivent toutes les autres. Il s’agit de :
o la force gravitationnelle, responsable de la formation du système solaire,
o la force électromagnétique, responsable entre autres de la cohésion de l’atome,
o la force forte qui assure la cohésion entre protons et neutrons dans le noyau atomique,
o la force faible, responsable de certaines radioactivités.
Dans cette UE, nous allons exclusivement étudier la force gravitationnelle et la force
électromagnétique (cas de la force de Coulomb).
15 Dynamique : les lois de Newton – des forces aux trajectoires
2.4.1.2 Force de gravitation.
Si, en suivant Galilée, le mouvement « naturel » est le mouvement rectiligne uniforme, un
mouvement circulaire résulte nécessairement de l’action d’une force. En réunissant la force qui fait
tomber une pomme et celle qui dévie la trajectoire d’un corps céleste, Newton (et Hooke) a énoncé
la loi de la gravitation universelle :
→ , où
Cette force exprime l’attraction entre deux masses situées en (masse ) et (masse ou pour masse pesante), et décroit
comme l’inverse du carré de la distance entre les deux masses,
. est le vecteur unitaire qui joint les deux centres. Il est
orienté de vers . La constante de gravitation universelle vaut dans le système international 6,67. 10 N.m . kg
Remarque : pour calculer la force de gravitation exercée par la Terre sur un objet à une distance
quelconque (supérieure au rayon de la Terre), on peut considérer que toute la masse est
concentrée au centre de la Terre.
Cas particulier : le poids à la surface de la Terre
Le poids est la force de gravitation exercée par la Terre (masse ) sur un objet de masse au
voisinage de la surface de la Terre, lorsque les variations d’altitude au cours du mouvement sont
négligeables devant le rayon de la Terre = 6366 km. La direction et l’intensité de la force sont
alors considérées comme constantes. On peut ainsi écrire que (la direction verticale) et que
de sorte que :
,
où est le champ de pesanteur terrestre et l’intensité de l’accélération de la pesanteur au
voisinage de la surface de la Terre.
Montrer que la norme de vaut numériquement 9,81 m. s
16 Dynamique : les lois de Newton – des forces aux trajectoires
Exemple 2-1. Chute libre verticale sans vitesse initiale A l’instant 0, une bille de masse est lâchée à l’altitude 0 avec
une vitesse initiale nulle. On néglige les frottements de l’air.
En appliquant la méthode de résolution d’un problème en dynamique (points 1 à 6), montrez que l’on obtient la relation vectorielle
, puis, après projection sur l’axe , l’équation différentielle du mouvement
En intégrant deux fois cette équation par rapport au temps et en tenant
compte des conditions initiales 0 0 0 , montrez que l’on
obtient :
et 2 .
On constate que la vitesse de la bille croît de manière linéaire avec le
temps tandis que varie avec le carré de .
17 Dynamique : les lois de Newton – des forces aux trajectoires
Exemple 2- 2. Chute libre avec une vitess e initiale - trajectoire parabolique
Un joueur de baseball lance une balle
de masse avec une vitesse initiale
faisant un angle avec l’horizontale.
L’objectif est de déterminer la portée
(distance parcourue au sol) et la flèche
(altitude maximale) atteinte par la balle.
Là encore, on négligera les forces de
frottements dues à l’air.
En appliquant la méthode de résolution d’un problème en dynamique (points 1 à 6), montrez que l’on obtient les équations différentielles suivantes :
0
Ecrire le vecteur vitesse initiale dans la base ,
En intégrant deux fois par rapport au temps les équations différentielles
du mouvement et en tenant compte des conditions initiales, montrez
que l’on obtient les équations horaires suivantes: cos
12
sin
La flèche , atteinte à l’instant , correspond à la hauteur
maximale atteinte par l’objet lancé, i.e. au sommet de la trajectoire, pour
lequel la vitesse ascensionnelle s’annule : 0. On en déduit :
puis
ex
a
P
f
p
ey
VO
18 Dynamique : les lois de Newton – des forces aux trajectoires
La portée, atteinte à l’instant , correspond à la distance parcourue
lorsque l’objet retombe sur le sol. Son altitude est alors 0. On
en déduit : 2 puis .
On remarque que 2 et 2 . Cela est dû au fait que la
vitesse suivant l’axe des est constante et donc que la trajectoire est symétrique par rapport à un axe vertical passant par la flèche. Pour une vitesse initiale donnée, la portée est maximale lorsque 45°.
Enfin, nous pouvons écrire l’équation de la trajectoire en éliminant le temps
dans les équations horaires, et en évaluant . On obtient
alors une trajectoire parabolique :
2 costan
2 cos
Remarque 1 : Les équations du mouvement permettent de prédire le mouvement dans le futur (temps croissant) mais aussi, en général (en l’absence de dissipation), dans le passé (temps décroissant ou négatif). Remarque 2: Le poids est pratiquement le même au niveau de la mer et en montagne; la différence d’altitude, quelques mètres, est beaucoup plus petite que le rayon de la Terre 6366km. Par conséquent, nous pouvons considérer que la force de gravitation sur un objet de masse au voisinage de
la surface de la terre est constante : . Cependant, cette
approximation par une accélération de norme constante 9,81m. s cesse d’être valable pour des distances bien au-delà du rayon de la terre ; par exemple l’accélération ressentie par la Lune du fait de l’attraction de la Terre est beaucoup plus faible que nous ressentons à la surface de la Terre. Il en sera de même lors de l’étude des trajectoires des satellites artificiels, lorsque les distances sont de l’ordre de .
2.4.1.3 Force de Coulomb.
La force de Coulomb exprime l’attraction ou la répulsion entre deux charges électriques situées en (charge ) et (charge ). Elle s’écrit de la façon suivante :
→ , où
Comme la force gravitationnelle, elle décroît comme l’inverse du carré de la distance
entre les deux charges électriques. Le vecteur unitaire est porté par l’axe passant par les deux
charges. On note également la constante électromagnétique qui mesure l’intensité de la force de
Coulomb. Elle vaut 9.109 S.I.
Cas particulier : la force subie par une particule chargée dans un champ électrique.
La force subie par une particule chargée de charge dans un champ électrique s’écrit :
Le champ électrique est créé lui-même par une distribution de charges Q suivant la formule :
19 Dynamique : les lois de Newton – des forces aux trajectoires
.
Cette force permet d’accélérer des particules chargées comme dans un accélérateur de particules
ou de les dévier comme dans les anciens oscilloscopes analogiques.
On peut faire l’analogie suivante entre la force de gravitation et la force de Coulomb.
Gravitation Electromagnétisme
Masses et Charges et
Intensité variant en Intensité variant en
Constante de gravitation universelle Constante électrostatique
Force : → Force : →
Champ de gravitation Champ électrique
Poids : Force électrique :
2.4.1.4 Comparaison de l’intensité de la force entre force de gravitation et force de Coulomb.
Considérons l’atome d’hydrogène 1 (1H) composé d’un proton (noyau) de masse et de charge électrique et d’un électron de masse et de
charge électrique ( étant la charge électrique élémentaire). La distance entre proton et électron est 0,5 ∗ 10 m.
1) Calculer l’intensité des 2 forces pour l’atome d’hydrogène.
2) Quelle est la valeur numérique du rapport = (force de gravitation/force
électrique). Conclusion.
3) Ce rapport dépend-il de la distance entre les particules ? Données : 9,11 ∗ 10 kg, 1,67 ∗ 10 kg, 1,6 ∗ 10 C,
Résultat :
1) 4,06 10 N ; 9,2 10 N
2) 4,4 10 ! La force de gravitation est totalement négligeable par
rapport à la force électrique. En réalité ce rapport ne dépend pas de la distance entre l’électron et le
proton. En effet, chacune des forces a son intensité (ou sa norme) qui varie en
fonction de . Donc n’intervient pas dans le rapport.
2.4.1.5 Forces de contact.
Elles résultent du contact de corps matériels. Comme exemples, nous discuterons de la réaction
normale (2.4.3), du frottement solide (2.4.4) et de la force de frottement visqueux (2.6).
2.4.1.6 Force de rappel élastique
Cette force est proportionnelle (ou linéaire) à l’écart à la position d’équilibre stable (loi de Hooke)
comme dans le cas de la force de rappel d’un ressort :
, où est la longueur à vide du ressort (cf paragraphe 2.4.5).
20 Dynamique : les lois de Newton – des forces aux trajectoires
2.4.2 Force de contact
Lors d’une collision entre un point matériel et un autre objet (un mur par exemple), , la
quantité de mouvement du point , va être rapidement modifiée pour devenir . En appliquant la
relation fondamentale de la dynamique, nous pouvons écrire que ∆∆
∆∆ →
où est la durée du contact (temps pendant lequel les objets sont en contact et sont déformés) et
→ est la force s’exerçant sur le point matériel . D’après le principe de l’action et de la réaction
(3ème loi de Newton), la force qu’exerce ce point matériel sur l’objet 2 est
→ →∆∆
2.4.3 Force de réaction
Pourquoi un objet posé sur une table n’est-il pas accéléré mais reste
immobile ? Une force s’oppose au poids , de sorte que l’objet soit
pseudo-isolé : c’est la force de réaction normale.
Elle est perpendiculaire à la surface. Dans le cas d’un support
horizontal, l’objet est immobile, le poids et la force de réaction
normale s’annulent : 0. On en déduit :
.
2.4.4 Force de frottement solide (lois de Coulomb sur le frottement solide ou sec)
Cette force intervient lorsque deux solides sont en contact. Elle s’oppose au déplacement relatif
des deux solides et donc est tangentielle au plan de contact. La définition de cette force dépend de
la nature du mouvement (selon qu’il y ait ou non glissement à l’interface).
2.4.4.1 Frottement de glissement
Examinons la situation d’un objet en mouvement sur une table. On tire sur cet objet avec une
force horizontale orientée vers la droite et on tient compte maintenant du frottement entre l’objet
et le support. Il y a alors quatre forces qui s’exercent sur l’objet dont une force de frottement solide
qui est tangentielle à l’interface (donc horizontale) et qui s’oppose au
glissement.
La loi de Coulomb sur le frottement postule que l’intensité de cette
force (sa norme) est proportionnelle à la réaction normale (ou charge) :
. Le coefficient de proportionnalité est dit coefficient de frottement
cinétique (ou dynamique). Ce coefficient ne dépend que des propriétés
microscopiques des interfaces.
Table
Objet
21 Dynamique : les lois de Newton – des forces aux trajectoires
La force de frottement tangentielle peut ainsi s’écrire :
‖ ‖.
La réaction totale du support a donc maintenant deux composantes et elle s’écrit .
Elle est inclinée par rapport à la normale au support d’un angle tel que tan . Plus la
friction quantifiée par sera importante, plus la réaction totale du support sera inclinée. Cet angle
est nul dans le cas de glissement sans frottement.
22 Dynamique : les lois de Newton – des forces aux trajectoires
Exemple 2-3. Skieur sur un plan incliné en tenant compte de la force de frottement solide
On suppose que le skieur est lancé depuis l’origine avec une vitesse initiale
. Le skieur subit une force de frottement solide en plus de son poids et de la reaction normale.Puisqu’il y a glissement, la force de frottement solide peut s’écrire :
.
En appliquant la méthode de résolution d’un problème en dynamique (points 1 à 6), montrez que l’on obtient la relation fondamentale de la
dynamique suivante :
Montrez qu’en projetant cette relation sur les axes et inclinés respectivement de par rapport à l’horizontale et la verticale, on obtient les relations suivantes :
sin cos
23 Dynamique : les lois de Newton – des forces aux trajectoires
Montrez que l’on obtient cos et une accélération constante : cos tan .
Selon le signe detan , trois cas peuvent se présenter pour le skieur
lancé avec une vitesse :
si l’accélération est positive : on a un mouvement rectiligne
uniformément accéléré.
si l’accélération est nulle : on a un mouvement rectiligne uniforme (le
skieur est pseudo-isolé, car la somme des forces est nulle).
si l’accélération est négative, le mouvement est rectiligne
uniformément décéléré.
Dans le dernier cas, où tan , on peut calculer la distance D parcourue
par le skieur avant de s’arrêter (c’est le cas notamment lorsque 0). En
effet, la vitesse et la position s’écrivent :
cos tan et cos tan
Le mobile s’arrête en quand la vitesse s’annule. On obtient : la durée du glissement : 0 pour 0
la distance parcourue : 0. Notamment,
pour 0, 0 .
On peut faire deux remarques :
On peut définir un angle critique par la relation tan . Le
deuxième cas, qui correspond à un skieur pseudo-isolé glissant à
vitesse constante, est alors donné par . Ainsi, quand l’angle
d’inclinaison est plus grand que , le skieur accélère, sinon il
décélère.
Pour le dernier cas : une fois arrêté, le skieur reste immobile. Une
force de frottement tangentielle (d’adhérence) s’oppose à la remise
en mouvement : la somme des forces est nulle.
24 Dynamique : les lois de Newton – des forces aux trajectoires
2.4.4.2 Cas statique sans glissement
Examinons la situation d’un objet immobile sur une table. On
tire toujours sur cet objet avec une force horizontale orientée vers
la droite mais la force de frottement qui est tangentielle à
l’interface (donc horizontale) s’oppose à la mise en mouvement de
glissement. S’il n’y avait pas de frottement, l’objet glisserait vers la
droite. S’il y a adhérence, la force de frottement tangentielle
s’opposant au glissement est donc orientée vers la gauche. La
somme des forces devant être nulle, on obtient, en projetant selon les deux axes, les relations
suivantes :
et .
Si on augmente l’intensité de la force , l’objet va se mettre à glisser. Il existe un critère
permettant de calculer la force nécessaire pour vaincre l’adhérence et initier un déplacement. On dit
que l’équilibre est stable (donc qu’il n’y a pas de glissement) tant que :
,
où s’appelle le coefficient de frottement statique. Ce coefficient est supérieur au coefficient de
frottement cinétique. En conséquence, le plus difficile est de mettre en mouvement l’objet, en
exerçant une force . Il va ensuite « glisser » avec moins de frottements car le frottement
devient alors dynamique et .
2.4.5 Force de rappel élastique, loi de Hooke
La force exercée par un ressort sur une masse localisée en est proportionnelle à l’écart à la
position d’équilibre stable et à la raideur du ressort, notée . Cette loi a été établie par Robert
Hooke, collaborateur d’Isaac Newton7 :
, où est la position de repos (cf paragraphe 2.4.1.6Erreur ! Source du renvoi introuvable.).
Dans le cas d’un système unidimensionnel (selon ), . En appliquant le
principe fondamental de la dynamique, nous pouvons alors écrire :
M . Après projection sur , on obtient que l’on écrit :
.
C’est l’équation d’un oscillateur harmonique, équation différentielle du deuxième ordre à
coefficients constants. Une solution particulière est x . Elle permet d’éliminer le terme
de droite. Pour trouver la solution de l’équation homogène (i.e. sans second membre de droite)
0, nous pouvons chercher une solution de la forme cos . Comme
7 Mais l’un était d’Oxford, l’autre de Cambridge, donc leur collaboration s’est très mal terminée …
25 Dynamique : les lois de Newton – des forces aux trajectoires
cos , on obtient alors la relation 0, ce qui impose la pulsation8
et la fréquence .
La vitesse instantanée est alors donnée par t sin . Elle oscille donc
avec la même fréquence que la position, mais avec un déphasage de 2 ; elle est en quadrature9
avec . L’équation différentielle étant du deuxième ordre, la solution générale de l’équation homogène
sera une combinaison de deux solutions linéairement indépendantes. Comme il n’y a pas de contrainte sur le déphasage , nous pouvons prendre deux valeurs quelconques de pour obtenir
ces solutions, par exemple 0 et pour lequel cos sin . La solution générale
peut ainsi se mettre sous la forme : cos sin .
Comme Acos cos ωt cos φ sin ωt sin φ , on a cos φ et sin φ .
La position est une fonction périodique du temps, c’est à dire
où la période (durée) d’une oscillation est indépendante des conditions initiales et donnée par le
temps10 mis pour faire un aller et retour, donc pour que la phase de l’oscillation évolue de 2
2 .
8 D’après la loi de Hooke, la raideur du ressort a la dimension = donc 2 2
9 Dans l’espace des phases, le couple , décrit une trajectoire elliptique et périodique de demi grand axes et .
10 L’expression de est bien homogène à un temps.
26 Dynamique : les lois de Newton – des forces aux trajectoires
2.5 Annexe 1 : La Poussée d’Archimède (Hors-programme)
Quand un objet est immergé dans un gaz ou dans un liquide, il subit une force ascendante
opposée au poids du volume de fluide déplacé :
où est le volume de l’objet, la masse de fluide déplacé et la masse volumique du fluide.
Cette force peut compenser partiellement le poids si , donc dans le
cas où la densité de l’objet est inférieure à 1, ou même avoir une intensité supérieure au
poids si , i.e. 1.
La poussée d’Archimède résulte de la pression qu’exerce le fluide sur l’objet : cette pression
(notée P) augmente avec la profondeur ou avec le poids de la colonne de liquide selon
la loi de l'hydrostatique ∆ ∆ .
La pression est donc plus importante sous l’objet qu’au-dessus de lui, ce qui se traduit par une
force ascendante qui contrebalance le poids et maintiendrait le volume de liquide déplacé à
l’équilibre.
2.6 Annexe 2 : Force de frottement fluide (Hors-programme)
Quand un objet solide se déplace dans un gaz ou dans un liquide, le milieu exerce une force de
frottement visqueux qui s’oppose au mouvement et qui est proportionnelle à la vitesse relative de
l’objet avec le fluide :
, où le coefficient de frottement a la dimension d’une masse divisée par un temps ,
est ici la vitesse de l’objet et est la vitesse d’écoulement du fluide11. Ainsi :
si le fluide est au repos (cas d’un cycliste, d’un skieur ou d’une chute libre)
si l’objet est immobile dans un fluide qui s’écoule à la vitesse moyenne fv
(exemple : la pile d’un pont, le mat d’une éolienne ou une voiture dans une soufflerie).
Le coefficient de frottement μ dépend de la viscosité du fluide et de la géométrie du solide (par
exemple, 6 pour une sphère de rayon (loi de Stokes)).
Exemple 2-4. Chute d’une bille dans un fluide visqueux
On lâche verticalement (selon ) en 0 0 un solide sphérique de
masse dans un fluide de coefficient de frottement visqueux μ (on ne tient pas
compte ici de la poussée d’Archimède). Le solide est assimilé à une masse
ponctuelle localisée en .
La résultante des forces extérieures est : .
Comportement asymptotique : Aux temps longs, le solide va atteindre une vitesse limite (ou vitesse en
11 est la vitesse de l’objet dans le repère où le fluide est immobile. En notant un point immobile par
rapport au fluide (advecté par l’écoulement du fluide)
27 Dynamique : les lois de Newton – des forces aux trajectoires
régime stationnaire) pour laquelle . C’est-à-dire que pour ,
la résultante des forces sera nulle12 : 0 et donc 0.
D’où il résulte que : (i) la vitesse sera stationnaire (indépendante du
temps en norme et en direction), (ii) le mouvement sera rectiligne et
uniforme, (iii) il sera dirigé selon l’axe vertical, indépendamment de la
vitesse initiale.
Trajectoire complète :
Considérons d’abord, pour simplifier, le cas où l’on lâche l’objet sans vitesse
initiale : le mouvement se fera alors uniquement suivant selon l’axe vertical (le
cas avec vitesse initiale fait l’objet d’un exercice dans le fascicule de TD). Le principe fondamental de la dynamique implique :
. La projection sur l’axe z donne l’équation différentielle suivante :
.
Une solution particulière correspond au régime stationnaire,
i.e. 0 lorsque .
Cherchons la solution de l’équation sans second membre,
0.
C’est une équation différentielle homogène du premier ordre en (ou , que nous pouvons réécrire :
.
Remarquons que la quantité à la dimension de l’inverse d’un temps que
nous noterons . Le terme de gauche étant la dérivée de ln par
rapport à , nous obtenons en intégrant par rapport au temps les deux membres de cette équation :
ln soit
où est une constante d’intégration13 homogène à une vitesse.
La solution générale de l’équation avec second membre est donc :
La condition initiale à 0 : t 0 0 0 , impose et on
obtient finalement comme solution :
1
12 Remarquons que cette vitesse stationnaire proportionnelle au poids semblerait prendre en défaut le principe
fondamental de la dynamique qui relie force et accélération. Vérifie-t-on alors les idées aristotéliciennes selon
lesquelles pour qu’un corps soit mouvement, il faudrait nécessairement qu’il y ait une force (ici le poids) pour
entretenir ce mouvement ? En raisonnant de la sorte, nous oublions la force de frottement qui, en compensant le
poids, rend le mobile pseudo-isolé et le place bien, d’après Galilée, en régime inertiel ( cste) ; là où, en raisonnant
suivant Aristote, l’objet pseudo-isolé devrait rester immobile.
13 On peut aussi présenter cette solution sous la forme ln où ln
28 Dynamique : les lois de Newton – des forces aux trajectoires
Le module de cette vitesse est représenté dans le schéma ci-contre. Nous retrouvons qu’aux temps longs, c’est-à-dire des temps plus grand que le
temps caractéristique , le
solide atteint asymptotiquement
la vitesse limite
pour laquelle 0. C’est bien le régime stationnaire vu
précédemment pour lequel =0.
En intégrant par rapport au temps, nous trouvons
, où est une constante.
Enfin, en prenant comme altitude à l’origine 0 0, nous obtenons
et ainsi
1
Comportement aux temps courts Jusqu’à , la vitesse est supposée faible, de sorte que l’on puisse
négliger la force de frottement. On peut alors considérer que le mouvement de l’objet est uniformément accéléré. La vitesse croit uniquement du fait de la pesanteur, donc linéairement avec le temps, . Pour le temps , on atteint alors la vitesse . Le temps caractéristique est donc bien le temps au bout duquel la force de frottement devient comparable au poids.
Remarque : Cette expression de la force de frottement fluide n’est valable que lorsque les écoulements autour du solide sont laminaires. Dans le cas d’écoulements turbulents, la force de frottement est proportionnelle au carré de la vitesse et s’appelle alors la force de trainée :
.
Pour les temps longs, le solide atteint une vitesse limite pour laquelle la résultante totale des forces exercées sur l’objet est nulle (accélération nulle en
régime stationnaire, ou système pseudo-isolé) : = de sorte que .
Vitesse limite
Temps caractéristique
v(t)
t
29 Dynamique II: lois de conservation et bilan d’énergies
A
B
mV
F
3 Dynamique II: lois de conservation et bilan d’énergies
3.1 Energie cinétique, théorème de l’énergie cinétique
L’énergie cinétique d’un point matériel de masse en mouvement avec une vitesse
instantanée de module est donnée par :
.
Son unité est le joule (1J 1kg.m . s
L’énergie cinétique de la particule dépend du temps, puisque dépend du temps.
Dérivons cette énergie par rapport au temps : 12
12
. . . . . .
Donc :
.
Or, d’après le principe fondamental de la dynamique : , où est la résultante
des forces. D’où la relation : . .
On appelle puissance instantanée la quantité . . Son unité est le Watt (le watt est homogène à des joules par seconde).
On définit le travail de la force entre deux instants comme étant :
→ .
Le travail d’une force a la dimension d’une énergie
et son unité est le Joule. On obtient alors :
→ B A
On obtient alors le théorème de l’énergie
cinétique :
Soit une trajectoire suivie par une masse
ponctuelle entre A et B, alors la variation
d’énergie cinétique est égale au travail de la
résultante des forces entre A et B.
Remarques :
a) Si la résultante des forces est la somme de plusieurs forces : (deux forces par exemple), alors le travail de la résultante est égal à la somme des
travaux de chaque force : → → → . Ceci se démontre facilement grâce à la linéarité de l’intégrale.
b) Le travail peut être positif (le travail est dit moteur), négatif (travail résistant) ou nul (la force ne travaille pas). Si le travail est moteur, alors l’énergie cinétique augmente et donc le module de la vitesse augmente. Si le travail est résistant, c’est l’inverse. Et si le travail est nul, la vitesse est conservée. Le signe du travail
30 Dynamique II: lois de conservation et bilan d’énergies
xA
m
xB
xx
FN
P
est donné par le signe du produit scalaire . , c’est-à-dire à l’angle entre et ,
puisque . . Donc si /2 (comme sur le dessin), le travail est moteur. Si /2, le travail est résistant et si /2 (la force est perpendiculaire à la vitesse), la force ne travaille pas.
Exemple 1 : Le travail d’une force de frottement solide est toujours négatif.
Exemple 2 : Considérons une balle lancée verticalement soumise à son poids.
On sait que la balle va monter puis redescendre. Le travail du poids est résistant
pendant la phase ascensionnelle puis moteur pendant la phase de descente.
c) L'utilisation du théorème de l'énergie cinétique permet d'accéder directement à la norme du vecteur vitesse et non au vecteur accélération, sa dérivée. Il est donc parfois d'usage plus facile que la relation fondamentale de la dynamique : pas de projection sur une base vectorielle et pas d'intégration. Nous verrons en outre dans le paragraphe suivant que le calcul du travail est très simple pour une certaine catégorie de force.
3.2 Mouvement le long d’un axe et force constante : calcul du travail.
Considérons une masse matérielle qui se déplace le long d’une trajectoire rectiligne entre
un point A et un point B (axe ) soumise à une force constante alignée le long de l’axe
(dans le sens du mouvement comme sur le dessin ou dans le sens opposé).
A un instant quelconque entre A et B, la force s’écrit (avec 0 ou 0)
et la vitesse instantanée . Le travail se calcule alors facilement :
→ . .
Le travail est donc le produit de la force par la distance parcourue. Il se calcule alors
aisément et donne aisément la variation d’énergie cinétique entre A et B.
Ce travail peut être moteur ou résistant suivant le signe de , c’est-à-dire suivant le signe de
la projection de sur l’axe orienté du mouvement.
Compliquons la situation. Regardons un objet en mouvement sur une table tiré avec une
corde inclinée d’un angle avec l’horizontale. Il n’y a pas de frottement. Si on regarde les
forces en présence à un instant quelconque de la trajectoire, on peut faire le schéma suivant.
xA
m
xB
xx
F
31 Dynamique II: lois de conservation et bilan d’énergies
Les forces sont : le poids, la réaction normale (toutes les deux verticales) et la force de
traction inclinée. Si . sin alors la masse ne décolle pas et le mouvement est
rectiligne selon et la vitesse de l’objet est donnée par : . Calculons maintenant le
travail des forces : le poids et la réaction normale ne travaillent pas, car ces deux forces
sont orthogonales au déplacement (et donc au vecteur vitesse). Seule travaille :
→ . cos sin . cos
donc → cos cos cos
Les deux cas traités peuvent se réécrire sous forme condensée : le travail d’une force
constante le long d’une trajectoire rectiligne est donné par :
→ .
Remarque : Si /2, on retrouve bien que le travail est nul.
Exemple 3-1.On lance une masse avec une vitesse initiale sur une table horizontale.
On appelle le coefficient de frottement solide de la table. A l’aide du théorème
de l’énergie cinétique, déterminez la distance que parcourt la masse avant
de s’arrêter. Solution : Les forces en jeu sont le poids et la réaction normale (verticaux) et la force de frottement qui est horizontale, de norme constante ( ) et de direction opposée à la vitesse. C’est la seule force dont le travail est non nul. Il est négatif. En appelant l’axe horizontal orienté dans le sens du parcours, et
le point initial et le point d’arrêt, on peut écrire : .
Le théorème de l’énergie cinétique donne alors : 0
Soit
Commentaire : Cet exemple montre que le théorème de l’énergie cinétique peut être très
utile. Pour s’en convaincre, il faut comparer le nombre de lignes nécessaires au calcul de D,
et le nombre de lignes nécessaires lorsqu’on utilise le principe fondamental de la dynamique
(cf exemple 2.4). Ceci est permis car le travail des forces se calcule facilement.
32 Dynamique II: lois de conservation et bilan d’énergies
A
BM
V(t)
P
3.3 Forces conservatives.
Pour certaines forces dites conservatives, le travail
de la force se calcule aisément.
Commençons par un exemple simple. Soit une
particule ponctuelle qui suit une trajectoire entre un
point et et qui est soumise à des forces dont le
poids et calculons le travail du poids. Prenons un
repère avec un axe z vertical et vers le haut. Le poids s’écrit : et la vitesse
instantanée : . Le travail du poids entre et est donnée par :
→ . .
La trajectoire est quelconque, donc l’expression ci-dessus est générale.
Le travail du poids est donné simplement et dans tous les cas par : .
Il ne dépend que de la différence d’altitude entre et .
Une propriété du poids très intéressante est la suivante : le travail du poids est
indépendant du trajet suivi entre les points et .
Ceci est illustré par la seconde trajectoire en pointillés entre et sur le dessin.
Le travail du poids sur cette trajectoire est le même que pour la première trajectoire.
On appelle une telle force une force conservative, dont la définition générale est la
suivante :
Une force est dite conservative si le travail de cette force entre 2 points ne dépend
pas de la trajectoire suivie entre ces deux points.
Le poids est donc une force conservative.
Exemple 3-2.On lance verticalement une balle avec une vitesse de 10 m/s. On suppose que
les frottements de l’air sont négligeables. Quelle hauteur maximale atteint la
balle avant de retomber ? Quelle est sa vitesse lorsqu’elle repasse devant
vous. Solution : On appelle le point initial (la vitesse est notée ) et le point d’altitude maximale (la vitesse est nulle en ce point). La hauteur que l’on cherche est la distance . Le poids est la seule force en présence et le travail
du poids entre et vaut – . Le théorème de l’énergie cinétique donne alors :
2
soit une hauteur approximative de 5 m environ (avec 10m. s )
Remarque : Le terme conservatif vient de la propriété suivante : considérons une
trajectoire fermée, c’est-à-dire que , la trajectoire forme une boucle.
Que vaut sur cette trajectoire, le travail d’une force conservative ?
Comme la force est conservative, et donc indépendante du chemin suivi, on peut
considérer le chemin de à où la particule est immobile. Sa vitesse est nulle et le
33 Dynamique II: lois de conservation et bilan d’énergies
travail de la force est donc nul. Revenons à une trajectoire quelconque bouclée ( ),
le travail est donc nul. Et donc, quand la particule repasse par le point , elle a la même
énergie cinétique qu’au moment de son premier passage.
Est-ce qu’il existe d’autres forces conservatives ? La réponse est oui.
Nous allons faire une liste. Considérons la force de rappel exercée par un ressort dans le cas d’un mouvement
unidimensionnel (selon l’axe ). La force s’écrit : , où est la raideur du ressort et sa longueur à vide. L’origine du repère est prise à l’extrémité attachée du ressort ; donc l’abscisse de la masse est aussi la longueur du ressort. Calculons le travail de la force de rappel entre deux points et de coordonnées et .
→ . .
→
Ici, également le travail du ressort ne dépend que des extrémités et non du détail
de la trajectoire. La force de rappel du ressort est donc une force conservative.
Exemple 3-3.On considère une masse accrochée à un ressort vertical de raideur
10N.m et de longueur à vide 5cm. On écarte la masse de sa
position d’équilibre de 1cm (vers le bas) et on la lâche. Quelle est la
vitesse de la masse lorsqu’elle passe par la position d’équilibre ? Solution : Attention, il y a un piège. Quand la masse est en position d’équilibre (où la résultante des forces est nulle), la longueur du ressort n’est pas égale à sa longueur à vide. Déterminons-la en écrivant justement que la résultante doit être nulle. En prenant un axe vertical orienté vers le haut et d’origine l’extrémité fixe du ressort (le ressort est vertical et l’extrémité où est accrochée la masse est le bas), on peut écrire facilement :
Les deux forces en jeu sont le poids et la force de rappel du ressort. Le travail se calcule aisément pour ces deux forces entre la position d’écartement
maximal et la position d’équilibre : on trouve pour le poids – et pour la
force de rappel du ressort . Le théorème de
l’énergie cinétique permet de trouver la vitesse quand la masse passe par la
position d’équilibre. L’expression se simplifie beaucoup : On obtient :
Considérons une force constante. Par exemple, la force exercée par un champ
électrique constant (et orienté suivant l’axe ) sur une particule de charge .
La force qui s’exerce sur la particule est donc . Le travail entre deux
points et d’une trajectoire quelconque se calcule aisément, on trouve :
→
34 Dynamique II: lois de conservation et bilan d’énergies
La force électrique exercée sur une particule chargée est une force conservative. Notez l’analogie avec le travail du poids qui est aussi une force constante
Pour aller plus loin, un dernier exemple est donné par la force d’attraction gravitationnelle.
Cette force s’écrit : /
Donc le travail est donné par :
→ . .
La force d’attraction gravitationnelle est une force conservative.
Si le travail est résistant car la gravitation s’oppose au déplacement.
Exemple 3-4.La Terre suit une trajectoire légèrement elliptique autour du soleil. Lorsqu’elle
est au plus près du soleil (périhélie), sa vitesse est de 30,3km. s et sa
distance au soleil de 147 10 km. Sa distance maximale (aphélie) au soleil
est de 152 10 km, quelle est alors sa vitesse ?
On donne 6.67 10 ∗ 2 10 m . s Réponse : On trouve une vitesse de 29,3 km. s
Est-ce que toutes les forces sont conservatives ? Non, toutes les forces ne sont pas conservatives, notamment les forces de frottement.
AB
P
T
NF(t)
Schéma des forces à l'aller pour une trajectoire entre A et B. Pour aller de B vers A la force F change de sens de même que la force de frottement.
A
B
V(t)
F
Om(t)
M mu
RA
RB
35 Dynamique II: lois de conservation et bilan d’énergies
mT
P
l
z
O
V0
B
A
Pour le montrer, considérons une trajectoire simple sur une table horizontale. Imaginons
la trajectoire suivante : un point matériel part d’un point , va jusqu’à un point distant de D
et revient en . La trajectoire est assurée grâce à une force extérieure horizontale .
On montre simplement que le travail de la force de frottement est donné par :
→ 2
Le travail est négatif. La force de frottement s’oppose toujours au déplacement, mais
surtout le travail n’est pas nul sur une trajectoire fermée. La force de frottement n’est donc
pas conservative (le travail de la force de frottement est toujours résistant).
Exemple d’utilisation du théorème de l’énergie cinétique :
Il existe de nombreux exemples où l’utilisation du
théorème de l’énergie cinétique est simple.
Prenons un pendule de masse et de longueur en
position verticale. On communique une vitesse initiale
horizontale à la masse et la question est : de quel angle
maximal le pendule va-t-il s’écarter ? Faisons une analyse énergétique entre (le point
départ) et (le point d’écartement maximal). L’énergie
cinétique en est donnée par : .
En , l’énergie cinétique est nulle. Il y a deux forces qui agissent sur . La tension du fil est une force orthogonale à la vitesse, donc elle ne travaille pas. Le poids est une force conservative, dont on sait que le travail est donné par :
→ .
Le théorème de l’énergie cinétique permet donc d’écrire :
012
Un peu de trigonométrie, dans le triangle rectangle d’hypoténuse OB et d’angle , permet de montrer que 1 . D’où la relation donnant l’angle maximum, où le pendule inverse le sens de ses oscillations (point de rebroussement) :
cos 1
Par exemple, on peut se poser la question de savoir quelle vitesse faut-il donner à un
pendule de longueur 0,5m pour atteindre la position avec un angle maximal de 90°.
La réponse est 1m/s (si on prend 10m. s ) :
Remarque : Ce résultat peut être bien sûr obtenu directement à partir du principe
fondamental de la dynamique car le théorème de l’énergie cinétique pour une masse
ponctuelle découle du principe fondamental de la dynamique. Cependant, le calcul est
beaucoup plus complexe, car c’est une relation vectorielle qu’il faut projeter sur les axes d’un
repère et qui fait intervenir l’accélération, dérivée seconde du vecteur position.
36 Dynamique II: lois de conservation et bilan d’énergies
3.4 Energie potentielle
Considérons une force conservative. Le travail de la force entre deux points et ne
dépend pas de la trajectoire suivie mais ne dépend que des coordonnées de et .
Autrement dit, nous avons le droit d’écrire pour de telles forces conservatives qu’il existe une
fonction (analogue à une primitive) telle que :
→
On appelle énergie potentielle d’une force conservative, la fonction .
Pour une force conservative, on a donc :
W → ∆
Le travail d’une force conservative est opposé à la variation de l’énergie potentielle
associée. Si le travail est moteur, l’énergie potentielle associée diminue. Si le travail est
résistant, le mouvement s’effectue à rebours de la force et l’énergie potentielle s’accroit.
Grâce au chapitre précédent, nous pouvons donner les expressions
des énergies potentielles associées aux différentes forces conservatives.
Energie potentielle de pesanteur d’un objet de masse
à une altitude :
Attention, l’axe vertical est orienté vers le haut.
Energie potentielle d’un ressort unidimensionnel (l’origine du repère est telle que soit la longueur du ressort, est la longueur à vide) :
Energie potentielle d’un champ électrique :
Avec le champ électrique orienté suivant
Energie potentielle de gravitation :
où est la distance entre et .
Remarque : L’énergie potentielle est définie à une constante près. Cette constante est
arbitraire puisque c’est toujours la variation d’énergie potentielle qui va être utilisée. On la
choisit habituellement de sorte que l'expression de l'énergie potentielle soit la plus simple,
c'est à dire qu'elle s'annule à l'origine ou à l'infini.
xE
m,qy
x
Om
z
xO
mz
37 Dynamique II: lois de conservation et bilan d’énergies
A
B
V(t)
F1
m
M(t)F
2
3.5 Energie mécanique :
Intéressons-nous à une masse matérielle qui suit
une trajectoire entre et et qui est soumise à un
ensemble de forces conservatives (2 pour l’exemple).
Ecrivons le théorème de l’énergie cinétique en
introduisant les énergies potentielles :
→ →
,1 ,1 ,2 ,2
On peut réécrire cette équation en regroupant les termes :
, , , ,
On remarque qu’à gauche, les quantités ne dépendent que de et à droite que de .
On appelle énergie mécanique, en un point quelconque de la trajectoire, la somme de
l’énergie cinétique et des énergies potentielles :
,
L’énergie mécanique peut être évaluée en chaque point de la trajectoire. Et on peut écrire
le théorème de l’énergie mécanique.
Soit un point matériel soumis uniquement à des forces conservatives et se
déplaçant le long d’une trajectoire entre un point A et un point B.
Dans ce cas l’énergie mécanique se conserve le long de la trajectoire : .
Remarques : 1) Si le système est soumis à des forces conservatives et à d’autres forces qui ne
travaillent pas (car perpendiculaire à la trajectoire), alors le théorème reste vrai. C’est le cas de la réaction du sol (du support) lorsque le glissement est sans frottement
2) Le théorème de l’énergie mécanique est simplement une reformulation du théorème de l’énergie cinétique dans le cas où les forces qui travaillent sont toutes conservatives. Il n’apporte pas d’informations supplémentaires. Cependant, il donne un éclairage intéressant : considérons une trajectoire d’une masse ponctuelle soumise à des forces conservatives, alors le point précédent s’écrit le long de la trajectoire : .
L’énergie cinétique et l’énergie potentielle varie au cours du temps, mais l’énergie mécanique, la somme de ces deux formes d’énergie, reste constante. Le bilan d’énergie nous indique qu’il y a seulement échange, ou transformation de l’énergie potentielle en énergie cinétique lorsque le travail de la force est moteur (et vis-et-versa), le bilan énergétique total restant « neutre » dans le cas de forces conservatives.
3) Supposons une masse soumise à des forces conservatives et à une autre force non-conservative. On peut fabriquer une énergie mécanique, mais pour ce système celle-ci ne conservera pas, car la force non-conservative pourra la faire varier. Par exemple, pour un système où il y a une force de frottement, alors l’énergie mécanique décroît au cours de la trajectoire du fait du travail résistant de la force non conservative de frottement, le bilan d’énergétique étant alors négatif.
38 Dynamique II: lois de conservation et bilan d’énergies
Revenons au théorème de l’énergie mécanique : est une constante le long de la
trajectoire dans le cas où seul des forces conservatives travail. On peut donc écrire que le
long de la trajectoire : 0. Regardons deux exemples :
Exemple 3-5. Une balle lancée verticalement vers le haut Dans cet exemple, la seule force agissant sur la balle est le poids (qui est une
force conservative) et la trajectoire est rectiligne selon . Sa vitesse instantanée
est : . A un instant quelconque de la trajectoire, son énergie
mécanique est donc :
En dérivant par rapport au temps, on obtient alors :
0
En simplifiant par (t), nous retrouvons l’équation différentielle du mouvement de la balle en chute libre, et vérifions qu’elle est indépendante de sa masse .
Exemple 3-6. Une masse accrochée à un ressort horizontal Par le même raisonnement, on obtient l’équation différentielle du mouvement :
0.
Ces deux exemples illustrent une propriété importante. On peut obtenir l’équation
différentielle du mouvement à partir du théorème de l’énergie mécanique (à condition qu’il
s’applique, c’est-à-dire que les forces en jeu soient uniquement des forces conservatives ou
des forces qui ne travaillent pas).
Remarque : Ceci n’est intéressant que si la trajectoire est décrite uniquement par un seul
paramètre (respectivement et dans les deux exemples) : on parle d’un seul degré
de liberté. Si la trajectoire est décrite par deux paramètres (ou degrés de liberté) - par
exemple une trajectoire parabolique - alors le théorème de l’énergie mécanique ne suffit pas
à trouver l’équation du mouvement. La raison est que ce théorème est une équation scalaire,
alors que le principe fondamental est une équation vectorielle.
Un exemple très important d’utilisation de ce théorème est le cas du pendule traité en TD
(ou le degré de liberté est l’angle du pendule).
39 Dynamique II: lois de conservation et bilan d’énergies
Deuxième partie : Mécanique du solide
39 De la mécanique du point à la mécanique du solide
4 De la mécanique du point à la mécanique du solide
Dans la première partie de ce cours, nous nous sommes intéressés à des situations où il
n’était pas nécessaire de tenir compte de la taille et de la forme du corps considéré pour
comprendre et prédire son mouvement. Cependant, cette hypothèse n’est pas toujours
valable. Ainsi, alors que la trajectoire d’un électron dans un champ magnétique comme celle
de la Terre autour du Soleil peuvent être prédites en réduisant l’électron ou la Terre à des
corps ponctuels, le mouvement d’une toupie ou d’un boomerang, la stabilité d’un vélo ou la
rotation de la Terre sur elle-même ne peuvent être compris qu’en considérant le volume fini
de ces corps. Notons que la nécessité ou non de tenir compte du volume fini d’un solide ne
vient donc pas de la taille de l’objet mais des propriétés de cet objet que l’on souhaite
étudier. A titre d’exemples, le gyrocompas, l’horizon artificiel en aviation, un stabilisateur de
caméra ou encore le contrôle de l’altitude de la station spatiale internationale sont autant
d’exemples d’applications reposant sur l’effet gyroscopique, effet qui ne peut être compris
que dans le cadre de la mécanique des solides. L’objet de cette partie du cours est de fournir
une introduction à la mécanique des solides.
Tandis que les premiers fondements de la mécanique des solides remontent à l’époque
d’Archimède, la mécanique du solide est aussi à la base de problèmes plus récents comme
la modélisation des grandes molécules diffusant dans le gel d’une électrophorèse (technique
servant par exemple à séparer différents fragments d’ADN en fonction de leur longueur), la
robotique… Par ailleurs, des concepts abordés en mécanique du solide se retrouvent dans
d’autres domaines de la physique. Ainsi par exemple en imagerie par résonance magnétique
(IRM), où la dynamique du spin d’un atome constituant les tissus peut être décrite en faisant
appel à des concepts similaires à ceux servant à décrire le mouvement de la Terre
(précession, nutation).
Tout solide réel présente une certaine élasticité, c’est-à-dire qu’il est sujet à se déformer
suite à l’application d’une force extérieure. Cependant, dans les exemples cités ci-dessus
ces déformations sont très petites devant les dimensions du solide. Nous supposerons donc
dans la suite du cours que le solide est indéformable. Un solide est un objet constitué d’un
ensemble de points matériels. Ce solide est dit indéformable si sa forme et ses dimensions
restent inchangées lorsqu’il est soumis à une force extérieure. En d’autres termes, les
distances relatives des particules qui constituent le solide restent constantes dans le temps.
Comme pour toute approximation, l’hypothèse d’un solide indéformable présente un
domaine de validité et ne s’appliquera par exemple pas au cas d’un ressort ou du
caoutchouc. Elle sera en revanche suffisante pour analyser tous les exemples mentionnés
ci-dessus.
En guise d’introduction pour montrer le nécessaire passage de la mécanique du point à la
mécanique du solide, nous étudierons dans un premier temps la cinématique de la rotation
d’un solide. Cette étude cinématique mettra en effet en évidence que chaque point du solide
ne se déplace pas à la même vitesse au cours d’une rotation et donc que le solide ne peut
être ramené à une masse ponctuelle. Puis nous nous limiterons ensuite à l’étude de la
statique du solide, c’est-à-dire à l’étude des forces qui agissent sur un corps en équilibre et
au repos. On pense tout naturellement à l’intérêt de cette problématique pour la conception
40 De la mécanique du point à la mécanique du solide
de pont ou de bâtiment, ces structures devant garder leur intégrité en présence de
sollicitations externes ordinaires (passage de véhicules sur un pont) ou extraordinaires
(tremblements de terre, vents violents…). Mais les concepts abordés en statique du solide
sont aussi extrêmement important dans d’autres domaines, comme par exemple la
biomécanique. Au repos, le corps humain est en effet une structure mécanique complexe en
équilibre statique et le moindre déséquilibre peut avoir des conséquences importantes.
Les notions abordées dans ce cours serviront de base à de futurs enseignements en
physique ou en mécanique. Le prolongement naturel de la statique du solide sera l’étude de
sa dynamique. Puis la prise en compte des déformations d’un solide sera abordée en
mécanique des milieux continus, encore appelée résistance des matériaux, et permettra de
comprendre tant les efforts internes subis par l’armature d’un pont que le principe de la
microscopie à force atomique. L’hydrodynamique décrira quant à elle les très grandes
déformations subies par un fluide tel que l’eau. Ces notions seront approfondies au sein de
la Licence mention Sciences pour l’Ingénieur.
41 Cinématique de la rotation
5 Cinématique de la rotation
5.1 Translation vs rotation
Considérer qu’un solide à un volume fini autorise un nouveau type de mouvement : le
mouvement de rotation. Le mouvement d’un solide peut alors être de différentes natures :
Mouvement de translation pure (Figure 1a et Figure 1b) : un solide est animé d’un
mouvement de translation pure si une ligne joignant deux points quelconques du
solide (ronds gris) reste parallèle à elle-même au cours du mouvement (traits
pointillés fin). Si le solide se déplace sur une droite (Figure 1a : trait pointillé épais),
alors il s’agit d’une translation rectiligne. Si le solide se déplace sur une courbe
(Figure 1b : trait pointillé épais), alors il s’agit d’une translation curviligne.
Mouvement de rotation pure (Figure 1c et Figure 1d) : un solide est animé d’un
mouvement de rotation pure si tous les ponts du solide suivent des trajectoires
circulaires centrées sur l’axe de rotation (traits pointillés fins). Cet axe peut appartenir
au solide (Figure 1c) mais il peut aussi se situer hors du solide (Figure 1d).
Dans le cas général, le mouvement d’un solide est un mélange de translation et de
rotation (Figure 1e).
Figure 1
42 Cinématique de la rotation
5.2 Mouvement de translation pure
Soit le solide en forme de bateau animé d’un mouvement de translation pure entre les
instants et ∆ dans le référentiel (Figure 2). Repérons trois points du solide à
l’instant : , et . A l’instant ∆ ces trois points se sont déplacés respectivement en ’, ’ et ’.
Figure 2
La translation pure se traduit par l’égalité . Or la vitesse du point appartenant au solide par rapport à , notée / est égale à :
/ lim∆ →
∆ .
Ainsi / / / .
Par conséquent, dans le cas d’une translation pure, tous les points du solide ont la même
vitesse. Autrement dit, parler de la vitesse d’un des points du solide est équivalent à parler
de la vitesse du solide. On peut donc décrire le mouvement du solide comme s’il s’agissait
d’un objet ponctuel.
5.3 Mouvement de rotation pure
Soit un solide dans un référentiel d’inertie . Un mouvement de rotation pure a lieu
lorsque l’axe de rotation est fixe par rapport à (cf Figure 1c et Figure 1d).
Reprenons le raisonnement du paragraphe précédent dans le cas d’une rotation pure du
solide en forme de bateau (Figure 3). Repérons deux points du solide à l’instant : et
. A l’instant ∆ ces deux points se sont déplacés respectivement en ’, ’.
43 Cinématique de la rotation
Figure 3
Il apparaît clairement sur la vue de dessus que la distance parcourue par le point le long
de l’arc de cercle ’ pendant l’intervalle de temps ∆ est inférieure à la distance parcourue par le point le long de l’arc de cercle ’ pendant ce même intervalle de temps. Par
conséquent / / .
En revanche, comme illustré sur la Figure 4, l’angle dont a tourné le segment
pendant l’intervalle de temps ∆ est égal à l’angle dont a tourné le segment pendant
ce même intervalle de temps.
Figure 4
Ainsi, dans le cas d’une rotation pure, tous les points d’un solide tournent d’un même
angle par rapport à l’axe de rotation pendant un intervalle de temps donné. Autrement dit la
donnée d’un angle suffit pour décrire globalement la rotation du corps.
44 Cinématique de la rotation
5.3.1 Variables angulaires
La position angulaire utilisée pour décrire une rotation est l’analogue de la position
utilisée pour décrire une translation en mécanique du point. Or deux informations sont
nécessaires pour définir complètement un axe des : son origine 0 et son orientation
(qui indique le sens des croissants). Il est en de même pour la position angulaire : affecter
une valeur à un angle impose de se fixer une origine des angles ( 0) et un sens associé
aux croissants. Par convention (cf Figure 5), le sens des croissants est le sens
trigonométrique (sens inverse des aiguilles d’une montre) tandis que le sens des
décroissants est le sens anti-trigonométrique (sens des aiguilles d’une montre).
Figure 5
Il existe une relation entre l’angle de rotation d’un solide et la distance parcourue par un
point du solide au cours de cette rotation. Sur la Figure 6, le point du bateau est situé à
une distance de l’axe de rotation et est repéré par la position angulaire à l’instant .
Suite à la rotation du solide, ce point du solide se retrouve en ’ à l’instant , toujours à une
distance de l’axe de rotation mais repéré par la position angulaire . Notons Δ la longueur
de l’arc de cerce ’ et Δθ θ θ . Lorsque les angles sont exprimés en radians, il
existe une relation très simple entre Δ et Δθ :
ΔθΔ
Remarques :
Pour un point A ayant parcouru exactement un tour complet entre les instants et ,
Δ 2 (périmètre d’un cercle de rayon ) et on obtient naturellement Δθ 2π.
Attention, Δ et Δθ sont des grandeurs algébriques : Δ (et donc Δθ) est positif si l’arc
de cercle ’ est parcouru dans le sens des θ croissants mais Δ (et donc Δθ) est
négatif si l’arc de cercle ’ est parcouru dans le sens des θ décroissants.
On appelle diamètre apparent l’angle sous lequel est vu un objet.
La lune, située à 3,8. 10 m de la Terre, a un diamètre 3,4. 10 m. Le
diamètre apparent Δθ de la Lune vue depuis la Terre est donc Δθ ⁄ et vaut
environ 9. 10 rad, soit environ 0.5°. Le Soleil, de diamètre 1,4. 10 m, est certes
environ 1000 fois plus grand que la Lune mais il est aussi bien plus loin de la Terre
(distance 1.5. 10 m). Étonnamment, son diamètre apparent Δθ ⁄ vaut
aussi environ 9. 10 rad. Ainsi, observés depuis la Terre, la Lune et le Soleil semble
avoir la même taille.
45 Cinématique de la rotation
Figure 6
5.3.2 Vitesse angulaire
De même que lim → indique de combien se déplace un point par seconde,
nous allons définir l’analogue angulaire de , que nous appellerons vitesse angulaire et qui sera noté . Soit Δθ le déplacement angulaire d’un solide pendant un intervalle de temps Δ :
lim→
ΔθΔ
θ.
La vitesse angulaire est le taux de variation de la position angulaire par rapport au temps.
Plus la vitesse angulaire est élevée, plus le solide tourne rapidement, plus rapidement
change l’angle.
Remarques :
Dans les unités du système international, la vitesse angulaire s’exprime en rad. s .
D’autres unités sont rencontrées dans la vie quotidienne : tours par seconde, tours
par minute…
La vitesse angulaire , comme le déplacement angulaire Δθ, peut être positive ou
négative. Si le solide tourne dans le sens trigonométrique, θ augmente, Δθ 0 et
donc 0. A l’inverse, si le solide tourne dans le sens anti-trigonométrique, θ
diminue, Δθ 0 et donc 0.
Supposons la vitesse angulaire constante. La période du mouvement, exprimée en
secondes, est alors définie comme la durée que met le solide à effectuer un tour et la
fréquence , exprimée en Hertz (Hz) ou en , est le nombre de tours par seconde :
2
2 .
46 Cinématique de la rotation
5.3.3 Relation entre vitesse et vitesse angulaire
Les paramètres angulaires (déplacement angulaire, vitesse angulaire) présentent
l’avantage de décrire la rotation de l’ensemble du solide. Cependant, lorsqu’on s’intéresse au
mouvement spécifique d’un des points du solide, il peut être utile de connaître sa vitesse de
déplacement.
Reprenons l’exemple de la Figure 6 et notons Δ . A tout instant, le point
appartenant au solide (le bateau) est situé à une distance constante de l’axe de rotation.
La distance Δ parcourue par le point pendant l’intervalle de temps Δ et son déplacement
angulaire Δθ sont reliés par :
ΔθΔ.
Divisons l’équation précédente par Δ : ΔθΔ
1ΔΔ.
Prenons alors la limite de l’expression ci-dessus lorsqueΔ → 0 :
lim→
ΔθΔ
1 lim
→
ΔΔ.
On reconnaît dans le membre de gauche la vitesse angulaire définie au paragraphe
5.3.2. La limite apparaissant dans le membre de droite est par définition la vitesse de
déplacement du point , notée :
/ ,
où est la distance à l’axe de rotation. Ainsi, lors d’un mouvement de rotation,
toutes les particules qui composent le solide ont la même vitesse angulaire mais chaque
particule se déplace à une vitesse proportionnelle à sa distance à l’axe de rotation. On note
que a le même signe que .
Remarque : Dans une course de patinage sur piste, supposons que deux patineurs 1 et 2
avancent à la même vitesse , le patineur 1 étant à la corde à une distance du centre et le
patineur 2 sur l’extérieur de la piste à une distance du centre, avec . Notons et
les vitesses angulaires respectives des patineurs 1 et 2. Les deux patineurs ont la même
vitesse donc . Or donc , i.e. . Pour une vitesse donnée, un
patineur à la corde met moins de temps pour faire un tour et est donc avantagé par rapport à
un patineur sur l’extérieur de la piste.
5.3.4 Différence fondamentale entre vitesse et vitesse angulaire
Lorsqu’un solide tourne autour d’un axe à une vitesse angulaire , cette grandeur suffit à
caractériser le mouvement de l’ensemble du solide. En revanche, la vitesse d’un point du
solide dépend de sa distance à l’axe de rotation et est égale au produit de cette distance par
la vitesse angulaire.
De plus, la vitesse angulaire d’un solide en rotation est la même par rapport à n’importe
quel point de ce solide, pas seulement par rapport à l’axe de rotation. Il suffit de se référer à
47 Cinématique de la rotation
un exemple de la vie quotidienne pour s’en convaincre : il n’est pas nécessaire d’être à un
des deux pôles pour observer que la Terre fait un tour en 24h par rapport aux étoiles fixes.
Ainsi, il n’est pas nécessaire de préciser par rapport à quel point est calculée la vitesse
angulaire alors qu’il est impératif d’expliciter le point auquel est calculée une vitesse de
déplacement.
5.3.5 Ordres de grandeur
Le tableau ci-dessous donne des ordres de grandeur de vitesse et de vitesse angulaires
de différents mouvements connus.
Rotation … rad. s Hz Période m. s
… du Soleil autour du centre de la voie lactée
8. 10 1,3. 10 250. 10
années 2. 10
… de la Terre autour du Soleil 2. 10 3,2. 10 1 an 3. 10 … de la Lune autour de la
Terre 2,7. 10 4,2. 10 27,3 jours 3. 10
… d’un satellite géostationnaire 7,27. 10 1,16. 10 1 jour 3. 10 par rapport au
centre de la Terre
… de la Terre sur elle-même 7,27. 10 1,16. 10 1 jour 460 à l’équateur
(Guyane) … d’un patineur artistique sur
lui-même 30 4,8 210 ms
8 au niveau de l’épaule
… d’un disque dans un lecteur CD
40 6,4 160 ms 2,5 au bord du disque
… d’une lame de tondeuse 300 48 21 ms 75 au bord de la lame
5.3.6 Vecteur vitesse angulaire
Nous avons vu jusqu’à présent une très forte similitude entre les mouvements de
translation et les mouvements de rotation. Un dernier pas reste à franchir pour avoir une
analogie complète. De même que nous avons attribué une nature vectorielle à la vitesse de
translation d’un point matériel, nous allons définir un vecteur vitesse angulaire . Un vecteur
est caractérisé par une norme, une direction et un sens.
Dans le cas de la translation d’un point matériel appartenant à un solide dans un
référentiel selon l’axe par exemple, le vecteur vitesse est tel que :
- la norme de / est la vitesse du point,
- la direction de / indique la direction selon laquelle se déplace le point (ici
l’axe ), - le sens de / précise si le point matériel se dirige vers les positifs ou
négatifs.
48 Cinématique de la rotation
Le vecteur vitesse angulaire associé à la rotation d’un solide autour d’un axe est défini
de la façon suivante :
- la norme de est la valeur de la vitesse angulaire du solide,
- la direction de indique la direction de l’axe de rotation,
- le sens de précise si la rotation du solide se fait dans le sens trigonométrique ou
anti-trigonométrique.
La définition du sens de nécessite l’adoption d’une convention. Cette convention peut
se résumer dans la règle de la main droite : le pouce de la main droite est dans la direction
de si les autres doigts sont courbés dans le sens de rotation, comme illustré Figure 7.
Figure 7
5.4 Relation entre le vecteur vitesse et le vecteur vitesse angulaire
5.4.1 Rappel : produit scalaire de deux vecteurs
Nous avons utilisé dans la partie sur la mécanique du point la notion mathématique de
produit scalaire entre deux vecteurs et , noté . . Comme son nom l’indique, le résultat
de cette opération est un scalaire dont la valeur peut s’exprimer de deux façons différentes :
en fonction de la norme des vecteurs et et de l’angle entre ces deux vecteurs :
. cos , ,
en fonction des composantes respectives , , et , , des vecteurs
et dans une base orthonormée directe , , :
.
49 Cinématique de la rotation
5.4.2 Produit vectoriel de deux vecteurs
5.4.2.1 Définition
Par définition, le produit vectoriel entre deux vecteurs et , noté ∧ , est un
vecteur perpendiculaire au plan contenant et et égal à :
∧ sin ,
avec :
l’angle le plus petit entre les deux vecteurs quand leur origine coïncide (Figure 8).
Toutefois, l’angle 180 (en degrés) ou (en radians) peut aussi être utilisé car
sin sin .
Figure 8
est perpendiculaire au plan contenant et mais connaître son sens nécessite
de se donner une convention. Mathématiquement, la convention choisie impose que
le trièdre , , ∧ soit direct. Dans la pratique, le sens de peut être obtenu en
utilisant la règle de la main droite, règle qui a déjà été évoquée lors de la
détermination du sens du vecteur vitesse angulaire au paragraphe 5.3.6. On enroule
les doigts de la main droite à partir du premier vecteur apparaissant dans le produit
vectoriel, ici , vers le second vecteur , en parcourant le plus petit angle qui les
sépare. Le pouce indique alors le sens de .
5.4.2.2 Propriétés et cas particuliers
Soient trois vecteurs , et et un scalaire . Le produit vectoriel possède les propriétés
suivantes :
Linéarité : ∧ ∧ ∧
Distributivité par rapport à l’addition : ∧ ∧ ∧
Anti-commutativité : ∧ ∧
Remarque : à l’inverse du produit vectoriel, le produit scalaire est commutatif : . .
L’expression du produit vectoriel se simplifie dans les cas particuliers suivants :
∧ 0 si et sont colinéaires, i.e. 0 .
∧ si et sont orthogonaux, i.e. .
50 Cinématique de la rotation
5.4.2.3 Calcul dans une base cartésienne
Comme pour le produit scalaire, le produit vectoriel entre deux vecteurs et peut aussi
s’exprimer en fonction des composantes de chaque vecteur exprimés dans une base
orthonormée directe , , . Il faut pour cela connaître le produit vectoriel deux à deux des
vecteurs de la base. Ces produits vectoriels sont en réalité des applications directes des cas
particuliers présentés ci-dessus :
∧ 0 ∧ ∧
∧ ∧ 0 ∧
∧ ∧ ∧ 0
Un moyen rapide de retrouver ces égalités repose sur le diagramme de la Figure 9.
Figure 9
Le produit vectoriel d’un vecteur par son voisin donne le troisième
doté d’un signe « + » si l’opération correspond au sens des flèches
(par exemple ∧ et d’un signe « - » pour le sens contraire (par
exemple ∧ ).
ATTENTION : le calcul précédent n’est pas valable dans une base orthonormée
indirecte. La Figure 10 ci-dessous présente deux exemples de bases
orthonormées directes et un exemple de base orthonormée indirecte.
Figure 10
Les produits vectoriels ∧ , ∧ et ∧ étant nuls, le produit vectoriel ∧ s’écrit alors :
∧ ∧
∧ ∧ ∧ ∧ ∧ ∧
51 Cinématique de la rotation
5.4.3 Relation entre le vecteur vitesse et le vecteur vitesse angulaire
Reprenons l’exemple de la Figure 6.
Figure 11
Nous avons vu que la vitesse d’un point du solide (le bateau) en rotation autour de
l’axe passant par et perpendiculaire au plan de la feuille est par rapport à :
/ ,
où est la distance à l’axe de rotation ( ) et est le vitesse angulaire bu bateau.
Cette vitesse peut être positive ou négative, selon que le solide tourne respectivement dans
le sens trigonométrique (partie gauche de la Figure 11) et anti-trigonométrique (partie droite
de la Figure 11). Nous avons par ailleurs vu en mécanique du point que la vitesse d’un point
en rotation est tangente à se trajectoire, autrement dit orthogonale au vecteur . Compte
tenu de la définition du produit vectoriel, l’ensemble de ces informations peut être résumé
dans la relation vectorielle suivante :
/ ∧ .
En effet, et étant orthogonaux, la norme du produit vectoriel est bien égale à . De
plus la direction de / est bien orthogonale à et le sens de / , qui peut être
obtenu avec la règle de la main droite, est dicté par le sens de . Par ailleurs, si appartient
à l’axe de rotation du solide, i.e. si et sont colinéaires, alors / 0 : c’est la
définition de l’axe de rotation du solide.
5.5 Rotation autour d’un axe de direction fixe : exemple du roulement
Nous avons vu au paragraphe 5.2 le cas d’un mouvement de translation pure puis au
paragraphe 5.3 celui d’un mouvement de rotation pure. Cependant, dans de nombreux cas,
le mouvement d’un solide résulte d’une superposition de ces deux mouvements. On peut par
exemple penser à une roue roulant sur une surface. Contrairement au paragraphe 5.3, l’axe
de rotation possède alors toujours une direction fixe par rapport au référentiel terrestre mais
se déplace au cours du mouvement.
Considérons une voiture roulant à vitesse constante et sans glisser (i.e. sans déraper) sur
une route. La roue tourne dans le sens indiqué sur la Figure 12, induisant une translation de
52 Cinématique de la rotation
la voiture de la gauche vers la droite. La vitesse d’un point quelconque de la roue peut être
vue comme la somme de deux contributions. La rotation de la roue engendre en chaque
point une vitesse tangentielle de norme proportionnelle à la distance au centre de la roue. A
cette composante s’ajoute la vitesse de translation de l’ensemble de la roue. Cette dernière
est identique quel que soit le point de la roue considéré. Le résultat de cette somme est
présenté en bas à droite de la Figure 12.
Figure 12
Nous voyons que la vitesse du point en contact avec le sol est nulle, c’est-à-dire que la
composante en translation du vecteur vitesse de la roue (identique pour tout point de la roue)
et la composante en rotation du vecteur vitesse au niveau du sol sont égales en norme et
opposées en direction. L’odomètre d’une voiture mesure la vitesse angulaire de la roue et
utilise l’égalité de la norme entre ces deux composantes pour déterminer la distance
parcourue par la voiture.
Un autre point particulier de la roue est celui diamétralement opposé au point de contact
avec le sol. En ce point, la composante en translation du vecteur vitesse de la roue et la
composante en rotation du vecteur vitesse sont égales en norme et de même en direction.
Le haut de la roue se déplace donc à une vitesse double de la vitesse de translation. Cette
différence entre le haut et le bas de la roue explique que lorsqu’une voiture en mouvement
est prise en photo (avec un temps de pause suffisamment court), le haut de la roue paraisse
flou tandis que le bas est net (cf Figure 13).
53 Cinématique de la rotation
Figure 13
Ce résultat peut se retrouver par le calcul. Nous nous intéressons au cas d’un roulement
sans glissement, telle une roue de voiture sur la route en situation normale. Le centre de la
roue, noté , se déplace à vitesse constante et nous nous intéressons au comportement des
points situés sur la périphérie de la roue, tels les points et : est au sommet de la roue
et est le point de la roue en contact avec le sol (Figure 14).
Figure 14
Le mouvement d’un point de la roue (solide ) se décomposant en un mouvement de
translation et un mouvement de rotation, la vitesse d’un point de la roue peut être obtenue
en utilisant la composition des vitesses introduites en mécanique du point :
/ / / ,
où est le référentiel lié à la roue.
54 Cinématique de la rotation
Le vecteur / traduit la translation en bloc de la roue et ne dépend donc pas du point
. Dans le cas présent, est en translation rectiligne par rapport à . Calculer la vitesse relative de par rapport à revient à calculer la vitesse du centre de la roue par rapport à , / . La roue reste en contact avec le sol sans s’y enfoncer : la coordonnée selon
de est constante. Le vecteur vitesse / est donc orienté selon . Le roulement
s’effectuant sans glissement, la centre de la roue a parcouru après un tour, c’est-à-dire pendant un intervalle de temps égal à la période de rotation de la roue, une distance 2
égale au périmètre de la roue. La norme de / est donc égale à / soit
/ . Ainsi, / .
Vitesse du point A au sommet de la roue.
Le point a un mouvement de pure rotation par rapport au référentiel . La
vitesse du point A par rapport à peut donc être calculée avec la relation donnée au
paragraphe 5.4.3 :
/ ∧ ∧
Donc
/ / /
2
Vitesse du point B en contact avec le sol. Comme le point , le point a un mouvement de pure rotation par rapport au
référentiel . La même formule est donc utilisée pour calculer la vitesse du point appartenant au solide par rapport à , la seule différence portant sur l’expression
du vecteur : . Par conséquent :
/ ∧ ∧
La norme et la direction des vecteurs / et / sont donc identiques
mais ces deux vecteurs sont de sens opposés. La vitesse du point appartenant au solide par rapport à est donc :
/ / /
0
Nous retrouvons ainsi que le point du solide en contact avec le sol a une vitesse nulle. Ce
résultat n’est valable que dans le cas d’un roulement sans glissement. Il existe cependant
des cas où la composante en translation du vecteur vitesse de la roue (identique pour tout
point de la roue) et la composante en rotation du vecteur vitesse au niveau du sol ne sont
pas égales en norme et opposées en direction. Par exemple, une voiture qui freine trop
brusquement bloque ses roues et dérape ; la roue est alors animée d’un mouvement de
55 Cinématique de la rotation
translation pure. A l’inverse, une voiture coincée dans la neige patine ; la roue est alors
animée d’un mouvement de rotation pure.
Dans le cas le plus général d’un mouvement de rotation, l’axe de rotation peut changer à
la fois de position et de direction. Cette situation plus complexe, à la base du principe du
gyroscope, sera étudiée ultérieurement dans des modules de mécanique du solide.
Nous venons dans cette partie d’introduire la notion de rotation d’un solide indéformable,
notion qui ne peut être comprise avec la mécanique du point et qui nécessite de considérer
le volume fini du solide. Nous allons maintenant aborder un autre concept qui lui aussi ne
peut être appréhendé qu’en ayant recours à la mécanique du solide : le moment d’une force.
56 Moment d’une force
6 Moment d’une force
Archimède est principalement connu pour avoir travaillé sur la théorie des corps flottants
qui a donné naissance à la poussée d’Archimède. Mais il s’est aussi intéressé à d’autres
domaines de la mécanique. Il aurait ainsi mis au point un ingénieux système de leviers,
poulies et palans et affirmé qu’en appliquant une petite force, il serait possible avec ce
système de soulever un objet très lourd. L’histoire lui attribue ainsi la mise à l’eau, sous le
règne du roi Hiéron au IIIè siècle av. J.-C., d’un trois-mâts avec à bord tout son chargement.
Suite à cet exploit, il aurait par ailleurs affirmé : « Donnez-moi un point d’appui et un levier, je
soulèverai le monde ». Bien plus tard, au XVè siècle ap. J.-C., Léonard de Vinci s’est
intéressé à la biomécanique et a montré que le corps humain se meut grâce à des systèmes
de leviers similaires. Ces deux exemples repose sur la notion de « moment de force » que
nous allons introduire dans cette partie et qui est à la base de la statique des solides qui sera
abordée dans la dernière partie.
6.1 Introduction de la notion de moment d’une force
Le moment d’une force joue le même rôle en rotation que la force en translation : la force
induit une translation du solide tandis que le moment de la force induit une rotation du solide.
6.1.1 Observation
Considérons le cas d’une personne souhaitant ouvrir une porte (Figure 15a). Les Figure
15b à Figure 15g sont une vue du dessus de la porte et illustrent différents cas où la norme
de la force est constante mais où la direction de la ligne d’action de la force ainsi que son
point d’application varient.
Figure 15 L’expérience nous montre que :
aucun mouvement de rotation n’est induit par une force dont la ligne d’action est
colinéaire à la porte (Figure 15b) ou dont le point d’application est au niveau des
gonds (Figure 15c),
57 Moment d’une force
lorsque la ligne d’action n’est pas colinéaire à la porte, il est d’autant plus facile de
l’ouvrir que le point d’application est éloigné des gonds (Figure 15d et Figure 15e),
pour un point d’application donné, la situation la plus favorable pour induire un
mouvement de rotation est lorsque la ligne d’action de la force est perpendiculaire à
la porte (Figure 15e et Figure 15f),
le sens de la rotation engendrée par la force dépend de la direction de la force
(Figure 15f et Figure 15g).
6.1.2 Définition du moment d’une force
Le moment au point induit par la force appliquée au solide en est défini par :
→ sin (unité : N.m) ,
avec et l’angle le plus petit (non orienté) entre les deux vecteurs et quand
leur origine coïncide. Le signe permet de tenir compte du sens de la rotation engendrée par
la force. En effet, imaginons deux personnes situées de part et d’autre de la porte exercent
en un même point des forces de module et de direction identiques mais de sens opposées.
Le résultat est que la porte ne tourne pas. Cela signifie que les moments induits au niveau
des gonds par les deux personnes se compensent, et donc qu’ils sont de signes opposés.
Ainsi il nous faut adopter une convention quant au signe d’un moment de force. Comme pour
la vitesse angulaire, le moment d’une force sera positif s’il tend à engendrer une rotation
dans le sens trigonométrique et il sera négatif dans le cas contraire. Ce sens sera indiqué
sur les schéma par une flèche en arc de cercle avec un signe +, comme sur la Figure 16 ci-
dessous. Dans le cas de gauche, le moment induit par en est positif, tandis qu’il est
négatif dans le cas de droite.
Figure 16
ATTENTION : le moment dépendant de la distance entre le point et le point d’application
de la force, il est impératif de connaître au préalable le point d’application de la force et
d’indiquer en quel point est évalué le moment.
Cette expression permet d’expliquer chacun des cas présentés Figure 15 :
Figure 15b : si 0, alors → 0,
Figure 15c : si 0, alors → 0,
58 Moment d’une force
Figure 15d et Figure 15e : à fixé, si ↗, alors → ↗ (d’où l’intérêt de
placer la poignée sur le montant extérieur de la porte…),
Figure 15f : si , alors → est maximum,
Les moments pour (Figure 15f) et (Figure 15g) sont opposés.
6.1.3 Interprétation graphique du moment d’une force
Regardons plus précisément l’expression du moment de la force à l’aide de la Figure 17.
Figure 17
L’équation définissant le moment d’une force peut être interprétée graphiquement selon
deux points de vue équivalents :
La force peut être décomposée en deux composantes : ∥ colinéaire à la porte et
orthogonale à la porte. Seule la composante sin induit un moment à la distance des gonds. Le moment peut alors s’écrire → .
La force agit sur la distance apparente sin , générant ainsi en un moment
→ . La distance , appelée bras de levier, est la distance
perpendiculaire du point à la ligne d’action de la force .
6.2 Exemples simples
Exemple 6-1. Clé droite vs clé tordue
1- Une main exerce sur une clé droite
une force appliquée en .
Calculer le moment résultant au
centre de l’écrou en . Faire
l’application numérique avec
10N et 30°. 2- Reprendre le calcul précédent
lorsque la clé est tordue.
59 Moment d’une force
Exemple 6-2. Gratte-ciel
Un gratte-ciel de hauteur 400m et à
base carrée de côté 40m est soumis à
un vent violent arrivant de la gauche. La
vitesse du vent, supposée uniforme sur
l’ensemble de la façade, est 160km. h .
L’action du vent est alors équivalente à une
force horizontale appliquée au point de
norme 20. 10 N.
Déterminer le moment exercé par le vent
en .
6.3 Définition vectorielle du moment d’une force
6.3.1 Moment d’une force
Nous allons maintenant généraliser la notion de moment d’une force par rapport à un
point que nous avons introduite au paragraphe 6.1.2.
Figure 18
Le moment → généré en par la force appliquée à la porte en est par
définition :
→ ∧ .
En utilisant la définition du produit vectoriel basée sur l’angle formé par les vecteurs et sur
leur norme :
→ sin
Sur l’exemple de la Figure 18, la règle de la main droite appliquée aux vecteurs et
conduit à , d’où :
→ sin .
60 Moment d’une force
Comme le moment d’une force, d’autres grandeurs physiques que vous rencontrerez par
la suite peuvent s’exprimer sous la forme d’un produit vectoriel tel le moment cinétique, la
force magnétique agissant sur une particule chargée.
6.3.2 Exemple du gratte-ciel traité vectoriellement
Nous venons d’écrire vectoriellement le moment à partir de l’angle formé par les vecteurs
et de leur norme. Une autre méthode, que nous allons voir sur l’exemple du gratte-ciel (noté
S) traité plus haut au paragraphe 6.2, consiste à décomposer les deux vecteurs dans une
base orthonormée directe.
→ ∧ avec et . Donc :
→ 2
∧
∧2
∧
2
Nous retrouvons le module du moment calculé au paragraphe 6.2. Dans le cas présent
0 donc le signe « - » nous indique que le vent induit une rotation en dans le sens anti-
trigonométrique, conformément à ce que l’on attend.
Cette méthode pourrait être déclinée sur tous les exemples vus aux paragraphe 6.2.
6.4 Notion de couple
Nous venons de voir qu’une force induit un moment en un point différent de son point
d’application et que ce moment dépend du point considéré. Il en est de même en général
pour un ensemble de force.
Cependant un cas particulier existe lorsque deux forces de même module, antiparallèles
et non-colinéaires sont appliquées à un solide. L’ensemble de ces deux forces est alors
appelé « couple ». Notons le module des deux forces et la distance séparant leur ligne
d’action. Une propriété intéressante d’un couple de forces est que quel que soit le point
considéré, ce couple exerce en un moment .
Démonstration :
En utilisant les résultats vus précédemment, le moment exercé à un endroit
quelconque de la Terre par un couple de forces et aux points d’application respectifs
et diamétralement opposés à la surface de la Terre (Figure 19) est égal à :
→ → →
∧ ∧
Or donc
→ ∧ ∧
61 Moment d’une force
∧
∧
Ce vecteur est donc indépendant du point . De plus, le module de est donc égal à
sin = car .
Figure 19
Un couple ne résulte pas forcément d’une seule paire de forces. Il peut résulter de
plusieurs paires de forces, chacune de même grandeur et de signes opposés. C’est le cas
par exemple d’un essieu qui fait tourner une hélice d’avion : chaque élément microscopique
de l’essieu exerce une force sur l’hélice et le nombre de ces forces est nettement supérieur à
deux. Néanmoins, elles peuvent toutes être associées par paires comme sur la Figure 19,
l’ensemble de ces forces étant alors qualifier collectivement de couple.
Comme vous pourrez le voir ultérieurement dans des modules avancés de mécanique du
solide, le moment de force joue le même rôle pour un mouvement de rotation que celui joué
par une force pour un mouvement de translation. Ainsi, de la même manière que
l’accélération d’un solide (i.e. sa mise en translation) est induite par une force, l’accélération
angulaire d’un solide (i.e. sa mise en rotation) est induite par un moment de force.
62 Centre de masse d’un solide
7 Centre de masse d’un solide
7.1 Pourquoi s’intéresser au centre de masse ?
Parmi tous les points d’un solide, un point particulier présente des propriétés remarquables :
son centre de masse (CM).
La figure ci-contre montre par exemple le mouvement d’une clé en chute
libre représenté tous les 1/30è de seconde. Si l’on focalise notre attention sur
le mouvement du trou dans la poignée à l’extrémité du manche, nous avons
l’impression d’un mouvement assez complexe. C’est en effet le cas pour tous
les points matériels constituant la clé, à l’exception de son centre de masse. A
chaque instant ce centre de masse (que nous allons définir dans cette partie) a
été indiqué par un petit point blanc. Nous voyons que ce point particulier du
solide a une trajectoire simplement rectiligne au cours de la chute. De façon
générale, vous verrez plus tard que le mouvement quelconque d’un solide peut
être décrit comme la superposition d’un mouvement de translation de son CM
et d’un mouvement de rotation du solide autour du CM. Le mouvement de la
clé peut ainsi être vu comme une chute de son CM à laquelle se superpose
une rotation de la clé autour de son CM. La physique du CM est par exemple
très importante pour les athlètes de saut en hauteur ou de saut à la perche.
Les meilleurs sauteurs parviennent ainsi à réussir leur saut même lorsque leur
centre de masse est situé sous la barre ! Sur la chronophotographie ci-
dessous décomposant le saut d’un surfeur, chaque point du corps du surfeur a
au cours du saut une trajectoire complexe mais le CM du surfeur suit une
trajectoire parabolique dont les caractéristiques dépendent uniquement de
l’inclinaison de la pente au départ du saut et de l’accélération initiale du surfeur
au moment du décollage.
Lors de la réalisation de jeux vidéo
ou d’effets spéciaux au cinéma, il est
essentiel de respecter cette propriété du
CM pour que la chute d’un corps
apparaisse « réaliste ». A une toute
autre échelle, en astrophysique, la Terre
et la Lune sont liées par la force de gravité et le mouvement de rotation de la Terre par rapport à
la Lune se fait autour du CM de l’ensemble {Terre+Lune}.
La seconde propriété particulière du CM d’un solide est liée à la force de gravité. Tout solide
de masse peut être considéré comme composé d’un très grand nombre de masses
ponctuelles. Chaque masse ponctuelle subit une force gravitationnelle descendante. Dans le cas
où toutes ces masses ponctuelles sont soumises à un champ de gravitation identique (comme
à la surface de la Terre par exemple), le poids du solide peut être modélisé par une force unique
s’appliquant au centre de masse du solide et égale à .
63 Centre de masse d’un solide
7.2 Centre de masse de deux masses ponctuelles rigidement liées
Considérons un solide S, représenté Figure 20, constitué de deux masses ponctuelles et
de masses respectives et reliées par une tige de masse négligeable comparée à et
.
Figure 20
Suite à l’action de la gravité, la masse est soumise en à la force et la masse
est soumise en à la force . Soit le centre de masse du solide . Nous venons
de voir que le poids du solide s’applique en son centre de masse. Le moment d’une force en
son point d’application étant nul (cf paragraphe 6.3.1), → 0. Or le moment induit par le
poids en est la somme du moment induit en par le poids de la masse (qui tend à faire
tourner dans le sens « + ») et du moment induit en par le poids de la masse (qui tend à
faire tourner dans le sens « - ») :
→ → →
∧ ∧
∧ ∧
Donc 0
Et donc
La coordonnée du centre de masse est donc la moyenne pondérée des coordonnées des
particules, les facteurs de pondération étant la masse de chaque particule.
Nous venons de faire le calcul dans le cas où une seule coordonnée intervient ( ici). Dans le
cas général où les deux particules et sont repérées respectivement par les vecteurs
positions et , le vecteur position du centre de masse est alors égal à :
64 Centre de masse d’un solide
7.3 Généralisation à un solide constitué d’un grand nombre de particules
7.3.1 Solide quelconque
La formule précédente s’étend au cas d’un solide composé de particules, pouvant être
très grand. Notons le vecteur position de la è particule, variant de 1 à . Le vecteur position
du centre de masse est alors donné par la moyenne pondéré des vecteurs positions des
particules, les facteurs de pondération étant la masse de chaque particule : ∑∑
.
La seule force ∑ agissant au CM du solide produit exactement le même effet
mécanique que l’ensemble des forces de gravité agissant sur toutes les masses ponctuelles qui
constituent ce solide.
7.3.2 Solide homogène présentant une symétrie
Ce calcul est a priori complexe dans le cas d’objets de formes arbitraires. Cependant, dans le
cas d’un solide présentant une symétrie et avec une répartition de masse homogène (i.e. la
masse volumique est la même en tout point du solide), la position du CM est déterminée très
facilement grâce à la propriété suivante :
Le CM d’un solide homogène et symétrique est confondu avec son centre géométrique.
Ainsi le CM d’une sphère homogène est le centre de la sphère, le CM d’un rectangle
homogène est le centre du rectangle, le CM d’un cerceau uniforme est le centre du cerceau, …
Notons que le CM d’un solide n’est pas nécessairement situé dans l’espace occupé par la
matière. Ainsi, dans le cas d’un cerceau par exemple, le centre de masse est situé au centre du
cerceau, c’est-à-dire à un endroit où il n’y a pas de matière. C’est aussi le cas d’un sauteur en
hauteur adoptant la technique de Dick Fosbury : au moment où il franchit la barre, son CM peut
se situer sous la barre.
7.3.3 Ensemble de solides homogènes présentant une symétrie
Dans le cas d’un solide composé de plusieurs solides homogènes et symétriques, la position
du CM du solide peut être déterminée en considérant chaque solide le constituant comme une
masse ponctuelle possédant la masse de ce solide et positionnée au CM de ce solide, confondu
dans ce cas-là avec son centre géométrique.
65 Centre de masse d’un solide
Exemple 7-1. Centre de masse d’un bonhomme de neige Illustrons cette propriété dans le cas d’un bonhomme de neige constitué de trois
boules de neige empilées les unes sur les autres et de diamètre respectifs 0.5m,
0.4m et 0.2m.
Nous supposons les trois boules de neige homogène et de masse volumique . Les trois solides constituant le bonhomme de neige sont donc des sphères homogènes de rayon 0.25m, 0.2m et 0.1m et leur centre de masse respectif est situé au centre des sphères, i.e en d’ordonnée 0.25m, en d’ordonnée
0.5 0.42 0.7m et en d’ordonnée 0.5
0.4 0.22 1m. En utilisant la propriété du CM d’un
ensemble de solides homogènes et symétriques, le CM du bonhomme de neige est directement égal à :
,
où , et sont les masses des boules de neige
respectivement centrées en , et .
Or la masse d’une sphère homogène est égale au
produit de sa masse volumique par son volume. Donc :
43
43
43
43
La masse volumique et le facteur se simplifient :
L’application numérique donne 0.42m.
Rappelons que l’ensemble de la partie 7 a été traité dans le cadre de l’hypothèse forte
suivante : le champ de gravitation auquel est soumis le solide considéré est le même en tout
point de ce solide. Cette hypothèse est valide dans la majeure partie des situations rencontrées
dans la vie quotidienne. Mais elle l’est aussi à de toutes autres échelles lorsque l’on s’intéresse à
la force de gravité exercée par une planète sur une autre planète car la distance entre les
planètes est très grande devant le diamètre des planètes. Cependant, lorsque le solide considéré
est un pont ou un gratte-ciel ou tout autre exemple dont les dimensions atteignent plusieurs
centaines de mètres voire le kilomètre, la dimension du solide n’est plus négligeable devant le
rayon de la Terre. Cette hypothèse cesse alors d’être valide et il n’est plus possible de considérer
que tous les points du gratte-ciel sont soumis au même champ de gravitation. L’étude de ces cas
dépasse le cadre de ce cours.
66 Statique des solides
8 Statique des solides
Dans cette dernière section, nous allons énoncer le principe fondamental de la statique. Puis
nous mettrons en application ce principe au travers de divers exemples de complexité croissante.
8.1 Principe fondamental de la statique
Pour qu’un solide initialement au repos dans un référentiel galiléen reste en équilibre, deux
conditions doivent être satisfaites :
La somme vectorielle des forces extérieures agissant sur est nulle (équilibre en
translation) :
→ 0
La somme vectorielle des moments en un point des forces extérieures agissant sur
est nulle (équilibre en rotation) :
→ 0
Ces deux équations vectorielles appellent plusieurs remarques :
La seconde équation est vraie quel que soit le point considéré.
Dans le cas d’un couple appliqué à un solide (cf paragraphe 6.4), nous avons vu que la
somme vectorielle des deux forces composant le couple est nulle. Pourtant, un couple
peut mettre en rotation le solide. La seconde équation vectorielle ci-dessus permet
d’interdire ce mouvement de rotation. Lorsque le solide peut être considéré comme une
particule ponctuelle, seule la première équation vectorielle sur le bilan des forces est
nécessaire (cf 1è partie du cours).
La notion de repos n’a de sens que si elle est définie par rapport à un référentiel : un
solide peut être au repos par rapport à la Terre mais en mouvement par rapport au Soleil.
Dans ces deux équations, la notion d’ « extérieur » au système considéré est primordiale.
Toutes les forces internes à un système et participant à sa cohésion ne doivent pas être
considérées.
Selon le nombre d’inconnues à déterminer, l’utilisation d’une seule des deux équations
vectorielles du principe fondamental de la dynamique peut suffire. En revanche, l’étude de
certains systèmes nécessite l’utilisation combinée de ces deux équations. C’est ce que nous
allons voir dans la suite au travers de divers exemples.
67 Statique des solides
8.2 Méthode de résolution d’un problème de statique de solides
La méthode suivante est valable pour aborder un problème de statique des solides mais elle
le sera aussi pour tout problème de dynamique.
1. Expliciter le système dont on veut étudier l’équilibre. Cette étape primordiale permet de
spécifier ce qui sera considéré comme « extérieur » au système.
2. Recenser alors l’ensemble des forces extérieures s’appliquant sur le système.
Contrairement à la mécanique du point, dans le cas d’un solide il est impératif de spécifier
le point d’application de chacune de ces forces.
3. Résumer ces informations sur un schéma. Ce schéma, sur lequel seront indiqués les
axes du repère choisi, est une aide très précieuse au moment de la projection des forces
ou de la détermination du signe d’un moment de force. Indiquer sur ce schéma une flèche
en arc-de-cercle avec un signe « + » pour fixer le sens d’un moment positif.
4. Ecrire les deux équations vectorielles du principe fondamental de la statique et les
projeter sur les axes du repère choisi
a. Si l’orientation d’une force est inconnue, on la décrit par deux composantes
orthogonales.
b. Pour l’équation relative aux moments des forces, le point par rapport auquel sont
calculés ces moments doit être choisi de façon judicieuse pour simplifier au
maximum les calculs.
5. Il ne reste plus qu’à résoudre les équations pour déterminer les inconnues.
8.3 Exemple 1 – La balance
Considérons maintenant une balance libre de pivoter autour du point . Une
masse , de centre de masse , est placée à une distance à gauche de .
Une masse , de centre de masse , est placée à une distance à droite de .
La balance a une masse négligeable devant et .
Nous cherchons à déterminer le lien entre et pour assurer l’équilibre de la
balance.
1. Effectuer un bilan des forces extérieures agissant sur le plateau de la
balance. Est-il possible d’obtenir une relation entre et ?
2. Effectuer en un bilan des moments des forces extérieures agissant sur le
plateau de la balance. Est-il possible d’obtenir une relation entre et ?
3. Effectuer en un bilan des moments des forces extérieures agissant sur le
plateau de la balance. Est-il possible d’obtenir une relation entre et ?
68 Statique des solides
8.4 Exemple 2 – Equilibre d’une échelle
Une échelle d’épaisseur négligeable, de
longueur et de poids est posée sur un
plancher rugueux et contre un mur lisse, i.e. sans
frottement. Le coefficient de frottement statique
du plancher est 0.6 . Le but de l’exercice est
de déterminer l’angle maximal de l’échelle avec le
mur au-delà duquel l’échelle se met à glisser.
Le système de coordonnées est indiqué sur la
figure ci-contre.
1. Isoler l’échelle et effectuer un bilan des forces extérieures s’exerçant dessus.
On décompose les forces inconnues dans la base , : ,
et . En déduire une relation entre et d’une part, et entre , et d’autre part.
2. Effectuer en un point judicieusement choisi un bilan des moments des forces
extérieures agissant sur l’échelle. Déterminer alors l’angle maximal
entre le mur et l’échelle pour que l’échelle ne glisse pas.
3. Pour cette valeur , la force exercée par le mur représente quelle
proportion du poids de l’échelle ?
9 Bibliographie
Physique / 1- Mécanique (Benson, De Boeck)
Physique / 1- Mécanique (Hecht, De Boeck)
Physique / 1- Mécanique (Séguin, De Boeck)
Mécanique (J.-P. Ansermet, Presses polytechniques et universitaires romandes)
Mécanique générale (Pommier/Berthaud, Dunod) cours et exercices disponibles en ligne
Physique (Kane/Sternheim, Dunod)
Cours de Physique de Feynman – Mécanique 1 (Feynman, Dunod)
Mécanique pour ingénieurs / Volume 1 – Statique (Beer & Johnston, Chenelière/McGraw-
Hill)
Mécanique générale – Mécanique du point et du solide, vibrations, chocs, équations de
Lagrange (Chèze, Ellipses)
Fundamentals of Physics (Halliday, Resnick and Walker, John Wiley & Sons)
.
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