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VIRUS D’ENFER Pièce de Théâtre en un acte Douze personnages Alice Haby Lisette Terry Mme Richard Perette Val Estelle Christian Enzo Hector Jean-René Durée approximative 62 minutes

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VIRUS D’ENFER

Pièce de Théâtre en un acte

Douze personnages

AliceHaby

LisetteTerry

Mme Richard Perette

ValEstelle

ChristianEnzo

HectorJean-René

Durée approximative 62 minutes

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Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction, intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN : 978-1-4478-7349-5

Dépôt légal : Septembre 2011

© Daniel Pina

Vous désirez jouer ou mettre en scène, merci de prévenir l’auteur sur :[email protected]

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SCENE UNE

Arrivée d’Hector, Haby, Estelle et Enzo

Estelle – Ça fait des heures qu’on attend, et il ne se passe rien.

Enzo – Le jardin a beau être joli et extrêmement bien fleuri, on en a vite fait le tour.

Hector (tient toujours un carnet dans la main et prend souvent des notes) – C’est curieux comme endroit.

Haby – Le temps semble s’être arrêté.

Estelle – On est bien ici, la quiétude tranche véritablement avec le brouhaha de la ville.

Haby – Un peu trop calme à mon goût.

Hector – Tant qu’il y a des femmes et de la bière, moi, ça me va.

Enzo – Vous entendez ce léger ronronnement ?

Estelle – Je vais peut-être rester me reposer quelques jours, ça me fera le plus grand bien.

Enzo – Ce n’est pas très étendu mais c’est un beau domaine.

Haby – Vous savez à qui ça appartient ?

Hector – Non. Et on s’en balance.

Arrivée de Val

Val – Hé les amis ! Vous connaissez la nouvelle ?

Hector – Ce n’est pas encore une blonde j’espère ?

Haby – Tu sais ce qu’elles te disent les blondes ?

Hector – Toi tu es quasiment blanche maintenant, ça ne compte plus. Et puis, tu as caché la misère.

Haby – Je vais t’envoyer un marron tu vas voir si je compte pour des prunes. Tu vois des cheveux blancs là ?

Hector – Non, parce qu’ils sont recyclés.

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Val – Ecoutez ça, le directeur ne pourra pas nous recevoir car il a chopé un virus, ben ça alors quelle tuile pour nous !

Enzo – Surtout pour lui.

Estelle – Avec tout ce qu’on mange, ce qu’on boit et ce qu’on respire, ça ne m’étonne qu’à moitié.

Hector – Tu me fais marrer avec ton expression, tu ne peux être qu’à moitié étonné puisque tu n’as qu’une moitié de cerveau. Estelle – Mais j’ai toutes mes dents moi, et je pourrais bien les mettre dans autre chose que la nourriture comestible, si tu vois c’ que j’ veux dire.

Hector – Oui je vois très bien, trempées dans un verre.

Estelle – Oh et puis non, j’aurais trop peur de m’empoisonner.

Haby –Il n’empêche, pour nous ce n’est pas drôle, il va falloir sûrement revenir pour un autre rendez-vous, ces directeurs il faut se les faire hein !

Hector – Pourquoi, tu t’en es déjà payé un ?

Haby –Et alors, quand bien même !

Val – Je n’y crois toujours pas, je ne sais pas qui va le remplacer mais ce que j’espère c’est qu’ils ne vont pas aller chercher l’autre folle excitée qui figure sur les articles exposés dans le hall d’entrée.

Haby – Félicité Wagner ?

Val – Oui, celle-là même !

Haby – Nous n’avons trouvé rien de bon sur elle.

Enzo – Vous la connaissez ?

Estelle – Il semble que oui et que ça ne leur fait pas plaisir !

Haby – Pas personnellement, mais on a lu tellement de choses affreuses, ça fait frémir. Je ne sais pas pourquoi il y a tous ces témoignages d’affichés sur un immense tableau, c’est écrit à la main mais on ne sait pas par qui, ce sont des messages anonymes.

Hector – Hé les gars, pour nous nouvelle femme, peut-être nouvelle conquête ?

Enzo – Comme ça, ça t’en fera au moins une dans ta vie hein, tête de hareng.

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Hector – Prends ta gondole et rejoins tes eaux troubles maquereau.

Haby – Oh les piranhas c’est fini oui ?

Estelle – Qu’a-t-elle de particulier cette femme pour que vous soyez aussi retournées toutes les deux ?

Val – D’après les nombreux témoignages c’est un monstre.

Haby – Un dictateur.

Val – C’est une vieille fille.

Haby – Elle sait tout sur tout le monde, elle passerait son temps à épier nos moindres faits et gestes.

Val – Elle est sévère et austère, elle est froide et sans pitié.

Haby – C’est un serpent, c’est ce qui est écrit ! Enzo – Vous êtes sûres de ne pas parler de vous là ?

Estelle – J’aime bien les serpents moi.

Haby – Celui-là est venimeux j’en suis sûre.

Estelle – Vous savez tout sur elle, comme ça vous ne serez pas surprises.

Enzo – Ça ne fera jamais qu’une vipère de plus.

Estelle – Ça ne changera rien pour nous.

Haby – Oh ça ! Elle a l’air virulent, c’est un virus.

Enzo – Avec toutes ces qualités, pas de doute, elle est faite pour Hector.

Hector – Une femme à la tête ! Pourquoi pas une femme Président de la République pendant qu’on y est ? J’ te jure ! Qu’elle vienne se frotter va ! Comment je vais la mater moi celle-là !

Estelle – Oui ! Comme toutes les autres, avec ton regard en coin.

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SCENE DEUX

Arrivée de Lisette, Alice et Perette

Lisette – Alors Hector, on t’entend de dehors, encore en train de râler contre les femmes, qu’est-ce qu’elles ont bien pu te faire pour te mettre dans un état pareil ?

Estelle – C’est vrai ça, tu serais un brin misogyne que ça ne m’étonnerait pas.

Hector – Elles existent.

Alice – Heureusement pour toi, sinon tu ne serais pas de ce monde.

Hector – Elles sont synonymes d’ennuis.

Perette – C’est ce qu’on ressent nous aussi quand on est avec toi.

Estelle – Je suis sûre au fond de moi que tu n’es pas la personne que tu prétends être.

Hector – Tu crois ça ?

Estelle – Oui ! Je ne sais pas, j’ai l’impression que tu joues un rôle.

Hector – Mais on joue tous un rôle.

Estelle – Soit tu as terriblement souffert dans ta vie et tu règles tes comptes, soit tu caches bien ton jeu et tu t’amuses à nos dépends.

Hector – C’est le moment pour moi de prendre un joker.

Haby – Et ce carnet qui ne te quitte jamais, il te sert à quoi ? C’est pour un sondage ?

Alice – C’est un journaliste.

Estelle – Ou un espion du gouvernement.

Perette – Un recruteur pour l’armée peut-être ?

Val – On va passer à la télé ?

Hector – N’insistez pas.

Haby – On gagne quoi, un voyage ?

Alice – Un abonnement à macho magazine ?

Hector – Lâchez-moi !

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Estelle – Ecrivain ? Avec son air glauque ça pourrait être ça !

Perette – Si j’étais méchante je dirais, pornographe.

Hector – Allez ! Femmes cruelles, vénales et dénuées d’intérêts intellectuels et physiques, retournez aux fourneaux, au moins vous y serez utiles.

Alice – C’est ça, et on t’appellera quand on voudra d’ l’andouille.

Hector – Plus je vous côtoie et plus j’ai envie d’adopter la méthode Landru.

Perette – C’est à dire !

Alice – C’est vrai ça, c’est quoi la méthode Landru ?

Hector – Le bellâtre, il était pour la femme au foyer.

Lisette – Oh c’est d’une élégance !

Perette – Tu n’es qu’un abject personnage Hector, que le diable t’emporte.

Val – Même le diable n’en veut pas, il aurait trop peur de se faire détrôner.

Lisette – Tu es vraiment une peau de vache ?

Perette – Mais ce que tu peux être méchant toi alors !

Alice – Je pense que chez lui il doit s’écraser.

Val – Tu crois qu’une femme peut supporter ça ?

Haby – Qui te dit que c’est une femme ?

Lisette – C’est bien vrai ça Hector, tu es quoi, plutôt Roméo et Juliette ou la cage aux folles ?

Hector vexé voudrait sortir discrètement.

Perette – Et où tu vas comme ça en douce ?

Estelle – Tu te dérobes, tu as peur.

Enzo – Le diable semble avoir le feu quelque part.

Alice – Tu te faufiles faux frère, tu fuis.

Hector – Non mais, puisque je suis une peau de vache, ailleurs je me meus.

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Silence

Enzo –Tu l’as mangé l’herbe ou tu l’as fumée là ?

Val – Je me meus ? Ah ! Tu te meus !

Hector – Oui ! Je me meus.

Hector sort

Val – D’accord ! Il se … (Haby, Enzo, Estelle, Lisette, Alice, Perette) (en chœur) meuhhhhhhhh !

Perette – Bon. Y a rien à manger dans cette taule, j’ai fait un tour à la cafète et je n’ai rien trouvé à me mettre sous la dent.

Enzo – Moi les convocations ça me coupe net l’appétit.

Alice – C’est comme pour un examen, dès qu’il y a un enjeu, je perds mes moyens.

Lisette – On ne se connaît que depuis quelques heures et pourtant on dirait que ça fait un siècle qu’on se supporte.

Haby – C’est sûr que de t’avoir sur le dos, le temps paraît bien long.

Val – C’est quoi l’enjeu ici ?

Alice – Juste une formalité je pense.

Estelle – Oui ben, il faudrait qu’ils accélèrent un peu le mouvement parce que je n’ai pas que ça à faire.

Enzo – Moi ça ne me gêne pas de manquer une journée de travail.

Haby – Moi ça ne m’arrange pas, j’ai des clients qui vont m’attendre.

Lisette – Une journée de repos, c’est toujours bon à prendre.

Haby – Oui mais, pas de boulot pas de pognon et pas de pognon…

Enzo – T’inquiète, ça ne devrait pas durer longtemps et puis, c’est une façon comme une autre de tuer le temps.

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SCENE TROIS Tous sortent excepté Lisette, Alice, Perette et Enzo

Lisette – Tu as vu, on a réussi à lui clouer le bec à l’aristo.

Perette – De qui parles-tu ?

Lisette – D’Hector, qui d’autre ?

Perette – Pourquoi l’appelles-tu comme ça ?

Lisette – Il y a de la noblesse dans sa famille.

Perette – Ah oui ?

Alice – C’est le dernier de la descendance je crois bien, son nom s’éteindra avec lui.

Perette – Il est précieux alors, il faut peut-être le ménager.

Lisette – Ce n’est pas la peine, son grand-oncle était Duc.

Perette – Ben lui tu vois ça serait plutôt un trou Duc !

Lisette – Mais il a été banni par les siens, déshonoré et désargenté, quant à Hector il n’est rien du tout.

Alice – Il a baissé dans la hiérarchie, le pauvre.

Lisette – Oui, si j’étais méchante, je dirai que c’est un Duc laissé pour Comte.

Elles rient

Enzo – Quoiqu’il en soit je reste scotché, car rares sont ceux qui collent Hector.

Perette – Enzo, tu peux venir avec moi dans le hall je voudrais te montrer quelque chose ?

Enzo – Bien sûr ! Je te suis.

Perette et Enzo sortent

Lisette – Oh là là ! Tu crois qu’il se passe quelque chose entre eux ?

Alice – Non ! Tu vois des couples se former partout ma parole !

Lisette – Oui et alors tu crois qu’ils se gênent !

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Alice – J’espère que non après tout, ils ont bien raison… bon… n’empêche que… ce n’est pas à moi que ça arriverait.

Lisette – Mais, je te croyais mariée !

Alice – Oui, je le suis.

Lisette – Oui ben ça, j’ comprends !

Alice – Ça n’empêche pas de regarder ailleurs.

Lisette – Ah bon !

Alice – Y a pas de mal à se faire du bien, comme on dit.

Lisette – Moi, je reste plutôt sur ma faim. Je vois tellement de mecs défilés que j’en arrive à ne plus rien désirer.

Alice – À force de choisir le menu, de temps en temps on prend la carte.

Lisette – Ouais. Moi je reste fidèle au sandwiche.

Alice – J’en connais qui s’en contenterais. Le principal c’est quand même de manger tous les jours.

Lisette – Alors là tu vois, moi je suis plus habitué au jeûne.

Alice – Quoi qu’un vieux de temps en temps !

Lisette – On est bien plus tranquille sans homme ma pauvre, laisse tomber.

Alice – Quand même. Il est pas mal Enzo, mais elle, elle n’est pas terrible par rapport à lui, ils ne vont vraiment pas ensemble.

Lisette – Ah ! Toi aussi tu as remarqué hein ! Surtout ses jambes, on dirait des poteaux.

Alice – C’est moche les poteaux hein !

Lisette – Oui, si j’étais méchante, je dirai que c’est Perette et les poteaux laids.

Rient comme des folles

Alice – Heureusement, on n’est pas méchante.

Lisette – Non, nous n’avons pas ce défaut là.

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Alice – Ce n’est pas comme Val… et Haby.

Lisette – Et Hector. Bon ce n’est pas tout ça ma grande hein, je vais aller faire un peu d’exercice, je n’ai pas envie que mes jambes deviennent comme celles de Perette.

Elles rient de nouveau, sottement

Alice – Pareil pour moi, je ne voudrais pas que mes bras ressemblent aux mollets d’Hector.

Lisette – T’as raison. Dis-moi, elle date de quand ta dernière épilation ?

Alice inquiète – Pourquoi ? Ça a repoussé ?

Lisette – Non… c’est juste que… je ne voie plus ta montre.

Alice – Tu me fais marcher là ?

Lisette – Devine !

Alice souffle sur son poignet – Si… regarde !

Lisette se dirige vers la sortie suivie d’Alice – Mais où ils sont tous ?

Alice se retournant sur Lisette – Alors là, sûrement en train de dire du mal de nous.

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SCENE QUATRE

Arrivée de Perette et d’Enzo

Enzo –Perette, c’est ça ?

Perette – Oui et toi c’est Enzo je crois.

Enzo – Tout juste.

Perette – C’est un prénom qui sent le soleil.

Enzo – Oui, il paraît. C’est curieux comme endroit, je me demande vraiment ce qu’on fait là.

Perette –Je ne sais pas. Tu crois au destin ?

Enzo – Je pense que rien n’arrive par hasard.

Perette – C’est vrai pour les bonnes choses mais pour les autres, celles qui font mal, pourquoi nous choisit-il ?

Enzo – Chacun se dit « pourquoi c’est sur moi que ça tombe ». C’est sûr que pour le bonheur on ne se pose pas la question. On prend, et on savoure.

Perette – Tu sais ce que c’est toi ?

Enzo – Quoi, le bonheur ?

Perette – Oui ! Tu l’as déjà goûté ?

Enzo – Oui mais, il m’a surtout dégoûté.

Perette – Comment le bonheur peut-il arriver à cette extrémité ?

Enzo – Trop éphémère, trop fragile, un rien suffit pour qu’il s’envole à tout jamais. On n’a à peine le temps de s’y habituer qu’il s’enfuit avec le vent.

Perette – Mais aussi un rien suffit pour qu’il envahisse notre cœur.

Enzo – On prie pour être heureux et quand ça arrive on a tellement peur que tout s’arrête, qu’on ne vit pas ces instants comme on le devrait.

Perette – Peut-être n’as-tu pas trouvé la personne qui te convient ?

Enzo – Et si c’était le cas aujourd’hui, ça serait trop tard.

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Perette – Pourquoi trop tard ? Il est toujours temps de commencer une histoire d’amour.

Enzo – Certains événements laissent des traces.

Perette – Tu n’es pas trop marqué je trouve !

Enzo – Les cicatrices sont à l’intérieur, là où c’est le plus douloureux et long à guérir.

Perette – Tu ne fais plus confiance peut-être !

Enzo – Je crois avoir passé ce cap.

Perette – Alors, tout espoir n’est pas perdu.

Enzo – On dirait que ça te fait plaisir !

Perette – Bien sûr, je ne suis pas indifférente à ton charme. Que tu ne nous mettes pas toutes dans le même sac, je trouve ça plutôt romantique.

Enzo – Tu serais partante pour faire un bout de chemin avec moi ?

Perette – Si on conduit tous les deux, faut voir !

Enzo – Qu’entends-tu par là ?

Perette – Les méditerranéens ont tendance à garder les rênes non !

Enzo – Je pense qu’avant tout, ça dépend de la monture.

Perette – Je n’aurais pas osé l’exprimer de la sorte, mais ça a l’avantage d’être clair.

Enzo – C’est vrai je le reconnais, on a le sang chaud, c’est souvent lui qui guide nos actes.

Perette – Sans réfléchir bien évidemment!

Enzo – Dans le passé, rares ont été les cas où le sang chaud pensa. Ou dans les moulins. Avant !

Perette – Penses-tu alors avoir ta chance avec moi ?

Enzo – Ça vaut le coup d’essayer non ! Perette – Alors chassons nos craintes et vivons-les ces moments privilégiés, parce qu’on ne sait pas le temps qu’il nous reste pour en profiter.

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Enzo – Tu veux bien les partager avec moi ?

Perette – Je ne demande un peu que ça tu vois !

Enzo – Mes origines ne te posent aucun problème j’imagine!

Perette – Je ne vois pas en quoi ça me gênerait.

Enzo parlé ou chanté – Je suis rital et je le reste et dans le verbe et dans le geste.

Perette le prend par le bras – Si on allait faire un tour !

Enzo – Tu connais la chanson ?

Perette – Oui mais, je préfère… je t’aime à l’italienne

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SCENE CINQ

Arrivée de Christian et Jean-René

Christian – Hé Jean-René, tu as vu elle est arrivée hein !

Jean-René – Ça ne va pas faire plaisir à tout le monde je pense.

Christian – C’était prévisible.

Jean-René – Mais on espère toujours qu’on sera épargné.

Christian – Oui bien sûr, c’est humain comme réaction. Il va falloir prendre des précautions.

Jean-René – Ah bon, elle est aussi dangereuse que ça ?

Christian – Certains d’entre nous pourraient y laisser la vie.

Jean-René – À ce point ?

Christian – Hé J.R. tu vis sur quelle planète ? Tu n’en as pas entendu parler par les médias ?

Jean-René – Elle a aussi mauvaise réputation ?

Christian – Ben oui, elle s’attaque d’abord aux plus fragiles et aux plus faibles.

Jean-René – Oh la garce, pas étonnant que tout le monde en ai peur.

Christian – Avec elle tu peux rester au lit plusieurs jours de suite.

Jean-René – Ah bon parce qu’elle t’oblige à coucher ? C’est une vraie perverse alors ?

Christian – Ouais, et elle se répand rapidement.

Jean-René – Ah la gaaaarce !

Christian – Tu l’as dit bout de chique.

Jean-René – On pourrait lui tordre le cou !

Christian – D’autres ont essayé avant nous, mais sans grand succès.

Jean-René – Et des médicaments, ouais ça serait bien ça, on pourrait essayer des médicaments pour la… Fait le geste couper la gorge.

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Christian – Ou se servir de Tamiflu.

Jean-René – Qui c’est celle-là ?

Christian – Ben, pour combattre la grippe A.

Jean-René – L’Agrippa ! D’Aubigné ?

Christian – D’où ça ? Mais de quoi tu parles ?

Jean-René – Ben du virus qui va débarquer, de Félicité Wagner.

Christian – Et moi je parle du virus H1N1 andouille.

Jean-René – Ah ! Il s’appelle comme ça maintenant !

Christian – Mon pauvre J.R. t’as pas inventé Dallas toi hein !

Jean-René – Bon ben on fait quoi alors ?

Christian – On va essayer de la neutraliser.

Jean-René – Qui la grippe ?

Christian – Non ? Félicité Wagner.

Se dirigent vers la sortie Jean-René – Et y a un vaccin pour ça…

Jean-René – Contre Félicité Wagner ?

Christian – Non, la grippe.

Jean-René – Et elle est comment ?

Christian – Virulente.

Jean-René – La grippe ?

Christian – Mais non, Félicité.

Jean-René – Moi j’aime bien, quand ça te prend aux tripes, ça t’irradie le corps jusqu’au frisson final.

Christian – Tu es fiévreux ?

Jean-René – Ouiiiii ! Elle est envoûtante et superbe.

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Christian – La grippe ?

Jean-René – Mieux. La musique de Wagner. C’est une félicité.

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SCENE SIX

Val arrive seule

Val – Vous êtes là ? C’est tout moi ça, je perds tout, les gens, les objets, mais surtout la tête. Oh ! Ce monde m’a rendu folle. Alors… comment je m’appelle ?... oui je sais… Val, c’est bien. C’est l’heure de mon cachet mais après, qu’est-ce qu’il faut que je fasse ? Met le cachet dans sa bouche.

Jean-René – Ah ! Val ! dit J.R. en entrant.

Val – Ça va, je ne suis pas complètement sénile non plus, je perds un peu la boule, certes, mais je ne suis pas stupide.

Jean-René – Pardon ?

Val – C’est bon, je te pardonne, mais ne recommence pas espèce de taquin.

Jean-René – Heu ! Oui ! Tu sais où sont les autres ?

Val – Tu parles de qui ?

Sortie de J.R. en faisant signe au revoir de la main. Jean-René – Ne t’inquiète pas, je vais bien les retrouver.

Arrivée d’Estelle et de Christian

Estelle – Ah ! Val !

Val – Encore ! C’est fait depuis longtemps !

Estelle – Je te cherchais, on nous a demandé d’être présents dans cinq minutes… ça va Val ?

Val – Oui pourquoi ?

Christian – Tu as un teint de papier mâché.

Val – J’ai des symptômes un peu bizarres par moment mais ça passe vite.

Christian – Et comment ça se traduit ?

Val – Tu le veux en quelle langue ?

Christian – La mienne.

Val – Tire là.

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Christian tire la langue – Aaaaah !

Val – Pouah ! C’est bien ce que je pensais.

Christian – C’est grave docteur ?

Val – On en meurt mais ça n’a pas de suite. Tiens Christian tu es là, c’est gentil de me rendre visite. Tu viens pour m’épouser ?

Estelle – Où j’ suis tombé là ? Ça va vous deux ? Hou hou ! C’est moi, Estelle, vous me reconnaissez ?

Val – Estelle, je ne me rappelle pas t’avoir invitée à mon mariage.

Estelle – Tout va mieux on dirait, et si vous veniez avec moi à la cafète, je vous offre un café, bien fort. Expresso ?

Christian – What else ?

Val – Ah, ça y est, ça va beaucoup mieux. Le simple fait de penser au café me revigore. J’arrive, mais avant j’ai une petite formalité.

Elle s’approche de Christian. Arrivée de Perette

Val – Je suis désolée pour toi mais, tu n’es vraiment pas mon mec.

Christian – Tant mieux tu sais, tu n’es vraiment pas ma gonzesse.

Val – Macho !

Christian – Greluche !

Val – T’es même pas beau !

Christian – Même pas mal !

Val – Ah ça ! Vu tes manières, je m’ disais aussi !

Estelle – Allez, venez ! C’est dommage quand même, je trouve que vous étiez fait pour vous entendre. À Perette : c’est ça l’amour !

Val, Estelle et Christian sortent. (Interlude) Perette – J’ai lu quelque chose à propos de l’amour.

(Soit lu) sort une feuille de sa poche. (Soit récité)

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L’amour. C’est être dans les bras de son amour et se laisser aller de tout son être, de tout son corps et de tout son cœur, c’est offrir un geste tendre, c’est offrir un sourire comme on offre une rose, c’est parler à son amour d’amour, lui dire qu’on l’aime et lui prouver chaque instant de sa vie. L’amour est un art, sans tricher, l’art de donner et recevoir sans compter, sans fausse pudeur ni fausses pensées.

L’amour, ce sont les corps usés, toujours autant aimés, qui viennent se coller l’un contre l’autre pour se réchauffer, pour se soutenir, heureux de pouvoir encore le faire et constater qu’ils demeurent unis, que seule l’enveloppe charnelle a souffert mais que l’âme est restée intacte, comme au premier jour, bien mieux qu’au premier jour. L’espoir étant de rester à jamais en amour, car c’est ce que la vie nous offre de plus beau.

Perette sort

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SCENE SEPT

Arrivée d’Alice et Haby

Alice – Haby ! C’est curieux, j’ai l’impression de t’avoir déjà vu quelque part.

Haby – Alice ! C’est bizarre, quelque chose me dit qu’on n’ va pas être copines.

Alice – Je me demande si je ne t’ai pas vu rôder autour de mon mari.

Haby – Waouh ! Parce que tu as réussi à en trouver un ?

Alice – Tu as bien réussi à arriver jusqu’ici ! Tu dois avoir un GPS.

Haby – Pas besoin de ça pour trouver un mec.

Alice – Tu avoues donc, c’est toi la maîtresse de mon mari !

Haby – Ne dit pas de sottises grosses comme toi !

Alice – Ah bon ! Tu crois que je devrais me mettre au régime.

Haby – Avec ton mari je pense que tu y es déjà.

Alice – Non sérieux, c’est sur les hanches hein ! Et puis les rides sur le visage ça vieilli non ?

Haby – Ça ne peut plus t’atteindre tout ça.

Alice – Ah ouais ! Sympa, tu le penses vraiment ?

Haby – Tu fais déjà tellement vieille que ça ne se voit plus.

Alice – J’en étais sûre, tu couches avec lui.

Haby – Je ne le connais même pas ton mari.

Alice – C’est ça. Tu sens son eau de toilette.

Haby – Des parfums males en rut et des mecs qui s’appellent Evariste, y en a à la pelle.

Alice – J’en étais sûre, j’en étais sûre ! Je vais la tuer.

Haby – Ecoute Alice si avec ton mari tu ne fais pas des merveilles j’y suis pour rien moi.

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Alice – Ecoute Haby, je vais te faire une proposition.

Haby – Une partie à trois ?

Alice – Pourquoi à trois, t’es pas mariée ?

Haby – Un mari pour quoi faire, celui des autres me suffit amplement.

Alice – Dommage, je me serai fait un plaisir de te le piquer.

Haby – Ecoute-moi, imagine que ton mec n’est pas bien dans son couple, sa femme est con, moche et méchante et l’emmerde tous les jours, qu’est-ce que tu ferais ?

Alice – Je prendrai la première venue pour me venger de cette garce.

Haby – Et ben alors de quoi tu te plains, c’est fait.

Alice – Je trouverai un moyen pour te supprimer. Je l’aurai un jour, je l’aurai, un jour ou l’autre j’arriverai à bout d’Haby.

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SCENE HUIT

Arrivent dans la pièce Hector, Estelle, Val, Lisette, Perette

Haby – Vous avez vu la plaque au-dessus de la porte, un texte y est gravé.

Alice – Il dit quoi ?

Lisette – Si vous pouviez changer des choses sur Terre, qu’elles seraient-elles ?

Perette – Ce n’est pas très compliqué, pour y vivre heureux c’est l’homme qu’il faut changer.

Val – C’est lui le plus grand danger de l’humanité.

Estelle – Tous ces machos qui croient être les maîtres de l’univers.

Haby – Leur faire admettre que nous sommes, nous les femmes, des êtres humains à part entière.

Hector – Moi, si je pouvais faire quelque chose, j’apprendrais la chirurgie pour pouvoir greffer l’intelligence aux femmes.

Alice – Comme ça, aucun risque pour nous d’attraper un rhume de cerveau, surtout si c’est le tien.

Lisette – Toi Hector, c’est un cœur dont tu aurais besoin.

Perette – Respectez-nous messieurs, car en regardant bien, vous avez beaucoup à apprendre de nous. L’égalité des femmes justement, dans les salaires et les loisirs.

Alice – Cessez de nous prendre pour des dindes, regardez-vous plus souvent dans le miroir, mais pas pour vous admirer, pour une prise de conscience.

Haby – À part votre virgule, vous n’avez rien de plus que nous.

Lisette – Il y a plus d’idées dans deux cerveaux que dans un.

Estelle – Tout seul on marche vite, à deux on va plus loin.

Val – Parfaitement. Puis être libre de notre corps et prendre les décisions sans contraintes ni chantage.

Estelle – Les hommes au salon… de ménage, les femmes au salon… de coiffures.

Hector – Et pourquoi pas le droit d’ vote aussi !

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Haby – Oui c’est ça ! C’est à cause de sales types comme toi qu’on en est là. Vous n’avez pas compris que vos sarcasmes ancestraux ne nous atteignent plus, mais nous rendent de plus en plus fortes et de moins en moins vulnérables.

Alice – Que les mecs apprennent le respect et la gentillesse.

Lisette – Qu’ils apprennent également le chemin de la cuisine, et le service petit-déjeuner au lit.

Perette – Pendant qu’on y est, j’apprendrais la chirurgie pour transformer Hector en femme, qu’il se rendre compte de notre vie au quotidien.

Hector – Ces femelles, toujours en train de se plaindre.

Val – Interdire la chasse aux animaux et déclarer en permanence la chasse aux cons.

Estelle – Changer sa mentalité, transformer ses avidités de pouvoir et d’argent, de domination, de conquêtes, en partage d’affection et d’amour.

Haby – Qu’il cesse de vouloir toujours être le meilleur, le plus beau, le plus fort, ce qu’on désire nous, c’est qu’il devienne plus tendre et plus fidèle.

Alice – Et non pas ce qu’il est devenu, le plus minable et le plus déplorable être de la planète.

Lisette – Et pourtant sans lui on s’ennuie et on est plus vulnérable.

Perette – Mais réfléchissez, enfin, si vous en êtes capables, sans nous, vous n’êtes rien d’autre qu’une petite chose égarée.

Val – Mais il faut bien se l’avouer dont on ne peut se passer, certes, mais la réciproque est avérée.

Estelle – Nous sommes la vie.

Haby – Nous donnons la vie.

Alice – Alors faites bien attention, on pourrait bien vous l’ôter aussi.

Lisette – Car on a droit de donner notre avis.

Perette – Faisons l’amour et plus jamais la guerre, quand le comprendrez-vous ?

Val – Messieurs du monde entier.

Estelle – Cessez de vous prendre pour Dieu, nous on préfère quand vous êtes des anges.

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Haby – Que vous savez être parfois, alors pourquoi pas à chaque fois ?

Alice – Cessez de reluquer avec envie notre ventre plat.

Lisette – Et faire les dégoûtés quand il est rond de vos exploits.

Perette – On vous aime, ça c’est sûr, alors partageons les tâches et les sentiments.

Val – Car à votre égard nous en avons tellement.

Haby – À quoi bon vivre ensemble si c’est pour se déchirer.

Alice – Alors que nous sommes fait pour nous aimer.

Lisette – Que le temps sur la Terre nous est vraiment compté.

Perette – Ne le gaspillons pas en frivolité, en bagarres qui n’ont vraiment aucune utilité.

Val – Si on ne peut pas changer le monde on peut au moins essayer le bonheur.

Estelle – On ne peut y arriver quand ouvrant notre cœur.

Haby – La vie est trop précieuse, c’est un cadeau immense. Alice – Ne nous la gâchez pas en désir de vengeance, ou bien d’indépendance.

Lisette – Sans amour on est rien, on s’en rend compte quand on est seul.

Perette – Nous sommes un grain de sable dans l’immensité de l’univers.

Val – Pour que l’être humain sur cette belle planète le plus longtemps demeure.

Estelle – Messieurs, nous vous en prions, n’oubliez jamais cet adage : les hommes c’est comme les jardiniers, les plus grands bêcheurs ne font pas les meilleurs bineurs.

Arrivée de Christian, Enzo, Jean-René

Hector – Vous voilà vous autres, je commençais à me sentir bien seul au milieu de cette meute en délire.

Enzo – Nous étions tout à côté, nous avons entendu.

Hector – Il se passe des choses terrifiantes ici, les femmes sont en train de prendre le pouvoir.

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Jean-René – De quoi tu parles enfin ?

Hector – De ces folles furieuses là, elles ont complètement perdu la raison, et sont en train de se liguer contre nous, elles sont très dangereuses.

Christian – Pas aussi dangereuses que toi Hector ! Ce n’est pas possible !

Hector – Oh que si ! Parce que le problème, c’est qu’elles sont intelligentes. Bien plus intelligentes que nous. Et vicieuses. Et bavardes. Et solidaires. Enfin, parfois.

Enzo – Et oui mon vieux, ce ne sont pas toutes des cruches, loin s’en faut.

Hector – Elles veulent nous tuer, j’en suis certain.

Jean-René – Toi peut-être, mais nous on ne leur a rien fait de mal.

Christian – Tu as des convictions Hector, il te faut les assumer.

Hector – Elles veulent me consumer oui !

Enzo – Tu les a un peu cherchées avoue le.

Hector – Je ne fais que reproduire ce que mon père disait et faisait à ma mère.

Jean-René – Pauvre Hector, c’est toi la victime alors.

Hector – Vous restez près de moi, hein !

Christian – Mais oui Landru, on va essayer d’éteindre l’incendie que tu as allumé, ça ne va pas être aisé, elles sont plus nombreuses que nous.

Jean-René – Et puis tu sais les femmes, ce n’est pas facile de les raisonner.

Enzo – Dis-nous Hector, si tu pouvais changer une chose sur Terre, qu’elle serait-elle ?

Hector – Ce n’est pas très compliqué, nous les hommes on a une part de responsabilité.

Christian – C’est bien de le reconnaître.

Hector – Mais c’est la femme qu’il faut changer, parce que tout ce qui arrive est de sa faute, et ce, depuis la nuit des temps.

Enzo – Tu ne changeras décidément jamais.

Hector – Pour devenir pire, est-ce la peine ?

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Jean-René – Devenir pire, est-ce possible ?

Christian – Tu pourrais au pire te faire estourbir.

Alice – On va te faire la peau Hector, ça va nous faire du cuir.

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SCENE NEUF

Val – Quelqu’un sait pourquoi on nous a demandé de nous réunir ici ?

Hector – Non. En revanche, on devine aisément que ce n’est pas pour élire une Miss Beauté.

Lisette – En réfléchissant bien, si j’étais méchante… Enzo – Non Lisette, on sait très bien que ce n’est pas le cas... et puis, réfléchir, toi ? Enfin !!!

Lisette – Hiiiin ! C’est malin.

Estelle – Tu fournis déjà tant d’efforts pour dire des vacheries…

Hector – … que ça t’occupe à plein temps...

Enzo – … réfléchir, mais ma parole, tu te prends pour ton miroir ? …

Hector – … il y a danger quand on n’est pas habitué, ça peut disjoncter… vaut mieux arrêter.

Lisette – Hiiiin ! C’est encore plus malin.

Hector – Non, c’est plus prudent.

Entrée de Madame Richard et de Terry

Mme Richard – Heureuse de faire votre connaissance. Pour ceux qui auraient la chance de me connaître, ce que je doute, je suis Madame Richard, pour les autres je suis également Madame Richard.

L’assistance demeure impassible

Terry – Ça fait rire d’habitude !

Mme Richard – Je crois qu’ils sont un peu lents du bulbe.

Alice – C’est de nous dont vous parlez là ?

Perette – C’est vrai ça, vous êtes qui vous d’abord ?

Mme Richard – Ils sont vraiment longs à la détente, je viens de vous le dire bande d’ahuris...

Enzo – Non mais dites donc vous nous insultez ?

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Terry – Si madame Richard avait voulu vous insulter elle aurait sûrement employé le terme... déficient du bulbe.

Enzo – Vous êtes qui vous d’abord ?

Lucie – Terry. Terry Bach.

Hector – Comment se fait-il que vous nous connaissiez aussi bien ?

Mme Richard – Parce que je vous observe depuis longtemps, mon nom de jeune fille est en réalité Wagner, Félicité Wagner.

Val – Oh non, c’est pas vrai !

Val se met à pleurer

Jean-René – Ce n’est vraiment pas sympa, vous avez réussi à faire pleurer Val.

Terry – Attention ma belle, à une Val qui pleure Félicité Wagner préfère une Val qui rit.

Enzo – Pourquoi sommes-nous réunis ici ?

Terry – Nous allons passer un petit moment ensemble, on va apprendre à mieux se connaître.

Alice – C’est un séminaire improvisé alors !

Mme Richard – C’est une bonne définition.

Perette – On aura un diplôme à la fin de la session ?

Terry – Un diplôme non, plus exactement un droit d’accès permanent.

Lisette – Et ça nous avancera à quoi ?

Mme Richard – Même si c’est un peu tard, à prendre conscience que vous êtes loin d’être parfaits, nous allons vous aider à devenir plus… humains.

Alice – Et ben alors y a du boulot !

Terry – Plus la planète se réchauffe, plus le cœur des hommes se glace. Nous allons essayer d’inverser la tendance.

Enzo – Dans quel but ?

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Mme Richard – Celui de sauver les générations futures de ceux qui les menacent, les êtres égocentriques et intolérants.

Terry – Mais on en reparlera un peu plus tard, lorsque vous aurez passé un peu de temps parmi nous.

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SCENE DIX

Haby – On peut savoir ce que vous nous voulez au juste ?

Mme Richard – Nous allons bien nous occuper de vous.

Lisette – Mais de quoi parlez-vous, on n’a nul besoin qu’on s’occupe de nous.

Mme Richard – Mais bien sûr que si puisque vous êtes contaminés.

Alice – Contaminés ? Est-ce que ça veut dire que nous sommes malades ?

Mme Richard à Terry – Ils comprennent vite hein pour des demeurés.

Christian – C’est le virus de la grippe A, c’est ça ? J’en étais sûr.

Terry – Et oui, monsieur a gagné quelques jours de repos complet.

Christian – Ah bon combien ?

Lucie – Une quarantaine... c’était pourtant facile.

Val à Mme Richard – C’est vrai tout ce qu’on raconte à votre sujet ?

Mme Richard – Qu’importe ce qu’on peut dire, seuls les résultats comptent.

Haby – Quels résultats ?

Terry – Votre guérison bien entendu, ben dites donc vous êtes un peu lourds !

Perette – À propos, comment on doit vous appeler, madame Richard ou madame Wagner ?

Mme Richard – Félicité moi ça me va.

Hector – Pourquoi on vous féliciterez ? Je n’ sais pas pour qui elle se prend celle-là ! Mais je n’ai pas rêvé, elle nous a traité de demeurés tout à l’heure.

Terry – Tu vieillis mal papy avant que ça fasse le tour là-haut, il en faut du temps, tu m’as l’air bien atteins.

Hector – Qui tu es toi pour me traiter comme ça demi-portion ?

Christian – Un peu de respect quand même.

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Enzo – Vous êtes là pourquoi exactement, vous pouvez nous expliquer parce qu’on ne sait pas qui vous êtes ni ce que vous êtes venus faire ici, mise à part ce soi-disant virus de la grippe que nous avons attrapé.

Alice – Vous êtes des médecins ?

Haby – Ça me surprendrait beaucoup.

Perette – Comment êtes-vous arrivés jusqu’ici, nous n’avons rien entendu ?

Hector – Madame Richard Wagner, tu parles, elle a dû venir avec un vaisseau fantôme.

Lisette – Oui, si ça se trouve ce sont des maîtres chanteurs !

Jean-René – N’importe quoi, vous êtes en train de complètement perdre les pédales.

Estelle – Non pas toutes, on te voit toujours !

Jean-René – Je vais t’en coller un dans l’œil moi tu n’es pas prêt de voir le jour.

Terry – Chouette, ils vont nous jouer le crépuscule des vieux.

Lisette à Terry – Je ne voudrais pas être méchante mais, c’est quoi votre nom déjà ?

Terry – Bach. Terry Bach.

Lisette – Et ben !

Hector –Bach, Wagner, vous êtes de la même portée ?

Jean-René – C’est sûrement viral.

Haby – Manquerait plus qu’on en… Chopin !

Lisette – Richard Wagner et Bach Terry, il ne me reste plus qu’à appeler ma copine Penny à mon secours.

Terry – Ah oui, Penny qui ?

Lisette – Penny Cilline !

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SCENE ONZE

Estelle à Madame Richard – Sérieusement, on fait quoi maintenant ? On ne va pas rester confinés dans cette pièce à se tirer la bourre.

Mme Richard – Ça ne me déplairait pas je l’avoue, mais vous avez raison le temps de la rigolade à suffisamment durer. Terry merci d’expliquer à ces minables la raison de leur présence, et aussi de la nôtre.

Chacun se tait, essayant de se faire tout petit devant tant d’autorité

Estelle – Et bien ça sera sans moi. Fait quelques pas vers la sortie.

Mme Richard – Non seulement vous allez rester là, mais vous vous remettez à votre place et vous la fermez.

Estelle – Sinon quoi ! Vous allez me tuer ?

Mme Richard – Je n’ai pas à prendre cette peine bande d’ignares, vous êtes déjà morts, tous, morts vous comprenez !

Le silence envahi la pièce, ils se regardent les uns après les autres d’un air interrogateur.

Puis, Estelle éclate de rire, et tous rient également.

Estelle – Pas mal, j’ai failli y croire l’espace d’une seconde. Hector, Haby, Enzo, Val, Lisette, Perette, Haby, Christian et Jean-René répètent à divers instants : – Moi aussi.

Mme Richard – Bien, assez perdu de temps. Qui m’a comparé à un serpent tout à l’heure ? Je suis un dictateur, une vieille fille, que sais-je encore ! Vous ne savez rien de moi, par contre, moi je sais tout de vous.

Terry – Vous faites moins les marioles maintenant, c’est vraiment trop drôle, j’adore ce job.

Mme Richard – Qu’importe. Terry, expliquez.

Terry – Au cas où vous ne l’auriez toujours pas compris, vous êtes bel et bien morts, et ici vous êtes dans ce qu’on appelle le Purgatoire. C’est là que nous allons décider de votre sort en effectuant le concours du PET.

Mme Richard – Terry, un peu de tenue tout de même !

Terry – Par là j’entends Période d’Epreuves Transitoires.

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Mme Richard – Vous m’avez fait peur, je me suis demandé quel feu brûlait en vous.

Terry – Quand j’étais un trader vivant on aurait pu dire le feu de l’action.

Estelle – Vous allez bientôt arrêter vos conneries oui ? Comme si ça existait, pff, n’importe quoi.

Haby – Qu’est-ce qu’on va faire ?

Lisette – Oui c’est quoi ces épreuves ?

Alice – J’espère pouvoir répondre aux questions.

Perette – C’est quoi le but du jeu ?

Hector – Et qu’est-ce qu’on gagne ?

Christian – Si j’avais su ça j’aurais révisé.

Val – S’il faut chanter j’ai peut-être une chance.

Jean-René – Je regrette vraiment de ne pas avoir regardé Dallas, j’aurais pu m’en inspirer.

Enzo – Si on se trompe on a droit à un rattrapage ?

Lisette – Comme lots y a-t-il des DVD ?

Estelle – Vu les circonstances, je pense plutôt des CD. Ah mais ce n’est pas vrai, je n’y crois pas, je suis morte de rire.

Terry – Mais non ma vieille tu peux me croire, tu es morte, tout court.

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SCENE DOUZE

Estelle – Mais qui diable êtes-vous donc ?

Mme Richard – Ma chère, la réponse est dans la question.

Hector – Je le savais, le diable ne pouvait être qu’une femme.

Haby – C’est bien une déduction de macho ça.

Lisette – Donc, vous, madame Richard, ou Wagner, ou Félicité vous êtes le diable en personne ?

Mme Richard – Vous m’attribuez un pouvoir que je ne possède pas.

Alice – Alors qui êtes-vous en réalité ? Enfin, si vous êtes réelle !

Mme Richard – Je ne suis qu’un représentant, une gardienne du Purgatoire.

Perette en désignant Terry – Et l’autre pétomane c’est qui ?

Terry – Je suis un émissaire chargé de veiller au bon déroulement des opérations, comme un gardien, comme un ange.

Hector – Des opérations ! Mais quelles opérations ?

Terry – Celles qui consistent à déterminer si vous allez en Enfer ou au Paradis.

Christian – Ah oui, et c’est vous et vous seul qui allez prendre cette décision ?

Val – Et sur quels critères vous basez-vous hein, le physique, l’intellect, la beauté intérieure, la couleur des cheveux ?

Alice –La rondeur de mes hanches ?

Terry – Beaucoup plus simple, sur votre comportement.

Jean-René – Donc, si je vous pète la gueule là maintenant j’irai tout droit en enfer ?

Enzo – Tu frapperais sur un ange ?

Jean-René – Un ange ? Si elle est un ange que j’y aille tout de suite en enfer.

Terry – Tu en prends peut-être le chemin, va savoir ?

Enzo – Quand on parle de comportement, je suppose que c’est celui qu’on a eu de notre vivant ?

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Terry – Bien !

Estelle – Non, ne me dit pas que tu crois à ces sornettes, tu es bien vivant mon vieux, regarde toi, regarde nous. Si nous étions morts on se souviendrait de…

Le silence envahi une fois de plus la pièce

Terry – Vous avez tous attrapés le virus de la grippe, vous vous êtes bien défendus je le reconnais mais hélas pour vous, il a eu le dessus, et vous êtes morts. C’est pour cette raison que vous êtes là.

Enzo – Mais attendez, nous sommes venus ici de notre plein gré, même qu’on avait rendez-vous avec le directeur.

Jean-René – Mais oui c’est exact, si vous êtes là c’est parce qu’il est tombé malade.

Enzo – Ne nous dites pas qu’on lui a refilé le virus !

Mme Richard – Pour ça vous n’avez pas à vous inquiéter puisqu’il n’a jamais existé. Ce que vous pouvez être naïfs ! On a menti.

Val – Qui n’a jamais existé le directeur ou le virus ?

Mme Richard – Ce n’était qu’une petite mise en scène, pour vous habituer.

Jean-René – Le directeur qui devait soi-disant être là à notre arrivée c’était un leurre alors !

Estelle – Mais le virus lui était à l’heure.

Estelle – Dans cette histoire rien n’est vrai ?

Mme Richard – Si, votre mort.

Enzo – C’est dans quel but cette mascarade ?

Haby – Donc notre rétablissement c’est du pipeau, si on est mort c’est qu’on est guéri !

Mme Richard – Je suis impressionnée.

Terry – Le concours du PET a débuté à la seconde même où vous avez mis les pieds ici, c’est juste une question… subsidiaire.

Jean-René – Ça sent mauvais, je crois que je vais leur péter la gueule maintenant.

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SCENE TREIZE

Mme Richard – Mors ultima ratio.

Estelle – Ça continue, on a droit au cours de latin maintenant.

Haby – Ça veut dire quoi ?

Alice – Je n’en sais rien mais je commence à en avoir assez de tout ça.

Perette – Quelqu’un peut traduire ?

Christian – Enzo, toi l’italien, tu dois savoir ce que ça veut dire.

Enzo – Oh moi, tout ce que je sais dire en latin c’est sert le pastis et amène les spéculos.

Val – Arrêtez de jouer avec nous, ça suffit, je veux sortir d’ici.

Terry – C’est bon, calmez-vous, madame Richard a dit que la mort est la raison finale de tout.

Jean-René – C’est d’un gai qui n’a pas de nom.

Hector – Val a raison y en a marre, dites-nous ce qu’on doit faire et qu’on en finisse.

Lisette – N’empêche que si j’étais méchante…

Mme Richard – … c’est bon, nous arrivons au terme de notre consultation.

Alice – Elle est payante ?

Perette – Si elle l’est on sera remboursé ?

Terry en criant – Silence !

Val – Ça va, c’est bon ! Ce n’est pas la peine de nous prendre en grippe.

Mme Richard – Je comprends votre impatience, Terry et moi sommes passées par là. Terry, vous pouvez commencer.

Terry – Nous reconnaissons avoir joué quelque peu avec vos nerfs, mais c’est terminé. C’est votre comportement de vivant qui a déterminé le chemin qu’aujourd’hui vous allez prendre. C’est simplissime, à l’appel de votre nom, vous choisirez si vous désirez aller à droite ou si vous allez à gauche.

Mme Richard – À droite le Sud et le Paradis, à gauche le Nord et l’Enfer.

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Hector – Ouahou ! C’est chaud l’ Nord !

Estelle – Ah oui ! Et c’est tout, tout s’arrête là. À gauche c’est vous qui gagnez, à droite c’est nous qui perdons, c’est comme les élections quoi !

Terry – Ici pas de gagnant pas de perdant, le seul but est de savoir où vous allez passer le reste de votre mort.

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SCENE QUATORZE

Tous sortent. Ne restent que Perette et Enzo

Enzo – La vie est mal faite quand même !

Perette – La mort a l’air bien plus organisée on dirait.

Enzo – Ça fait drôle de savoir, c’est là qu’on se rend compte de la chance qu’on a d’être vivant.

Perette – Oui. Tant qu’on n’y est pas confronté, c’est comme tout, on a du mal à imaginer ce qu’on ne connaît pas.

Enzo – Pour une fois que je rencontre une femme qui me convient… j’aurais vraiment tout raté dans ma vie.

Perette – Hé ! Faut pas dire ça.

Enzo – J’ai tellement de temps à rattraper, que j’ai perdu bêtement.

Perette – Je ne sais pas comment ça va se passer mais peut-être qu’ici, tous les deux, on pourra faire ce qu’on n’a pas pu de notre vivant.

Enzo – Je n’ suis pas marrant tous les jours tu sais.

Perette – Tu auras tout ton temps pour t’améliorer.

Enzo – Je peux compter sur toi pour m’aider ?

Perette – Oui ! Je vais essayer de te donner un nouveau bonheur.

Enzo – Tu as été heureuse avant… d’arriver ici ?

Perette – Un peu. Bien peu par rapport aux années d’existence, mais bon !

Enzo – Si on pouvait recommencer on ne referait pas les mêmes erreurs.

Perette – Non, c’est sûr, mais elles nous ont permises d’avancer malgré tout. Et puis, on en ferait d’autres.

Enzo – C’est ça la vie en fin de compte, c’est une usine à souvenirs.

Perette – Oui, à regret aussi, c’est inévitable.

Enzo – J’y pense tout à coup. Et si on était séparé, toi d’un côté, moi de l’autre.

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Perette – C’est que tel était notre destin.

Enzo – Tu es bien fataliste.

Perette – Je n’ai pas d’autre choix. Peut-être que nos mauvaises actions l’emportent sur les bonnes.

Enzo – Dans ce cas, on peut se dire adieu maintenant.

Perette – Je le crains, effectivement.

Enzo – J’aurais au moins eu le bonheur de te rencontrer.

Perette – Comme tu disais, éphémère. Tu avais raison.

Enzo – Nous verrons bien tout à l’heure, au moment de la décision finale.

Perette – Allons voir le jardin encore une fois veux-tu, le ciel est si beau ce soir.

Ils sortent

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SCENE QUINZE

Arrivée d’Alice et Haby

Alice – Haby ! Décidément, tu ne peux plus te passer de moi !

Haby –Je t’en prie hein ! Ne prend pas tes désirs pour la réalité ma grande.

Alice –Dis donc, vu ce qui nous arrive, tu n’ crois pas qu’on devrait faire une trêve !

Haby –Pourquoi ? Qu’est-ce qui nous arrive ?

Alice – Ben, ça !

Haby – Ah oui c’est vrai ! T’as raison, j’avais oublié tu t’ rends compte !

Alice – Je n’ sais pas comment tu fais, moi ça me glace le sang.

Haby – Oui ben, on est tous un peu dans l’ même cas tu vois !

Alice – Mais comment tu fais pour rester aussi calme?

Haby –L’habitude de l’aventure, sans doute.

Alice –Alors dis-moi, maintenant qu’on est hors concours toutes les deux, il était comment Evariste avec toi ?

Haby – Je ne peux pas parler de ça avec toi voyons !

Alice – Alors c’était vrai, tu étais sa maîtresse !

Haby – Ouais mais bon, c’était juste...

Alice – Juste quoi ?

Haby – Il n’y avait pas d’amour entre nous.

Alice – C’est ça oui. Bijoux, restos et nuits d’hôtel, ce n’est pas d’l’amour ça ?

Haby – Mais non, qu’est-ce que tu vas imaginer.

Alice – Il ne t’a jamais offert de bijoux ?

Haby – Non, jamais !

Alice – Pas de restos non plus ?

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Haby – Non, jamais !

Alice – Il ne t’a pas donné de l’argent quand même ?

Haby – Si ! Toujours!

Alice – Tu te faisais payer pour… elle rit non ! Ce n’est pas vrai !...

Haby – Quoi?

Alice – Tu es… tu es une prostituée ?

Haby – Ben oui et alors, tu ne le savais pas on dirait.

Alice – Je n’y crois pas !

Haby – C’est pourtant la vérité.

Alice – Combien pour… Haby s’approche et parle à l’oreille… Hein ! Tant que ça, quand je pense qu’il renâclait pour une paire de chaussures.

Haby – Fallait bien que j’ paye les miennes.

Alice – À ce tarif-là, je me chausse pour dix ans.

Haby – Ça n’a plus aucune espèce d’importance maintenant.

Alice – Ouais ! C’est bien vrai ! Dis-moi, tu faisais quoi pour mériter ce tarif exorbitant ? Haby s’approche et parle à l’oreille…Non ! Pas possible… Elles sortent bras dessus, bras dessous… Dis-moi ma chérie, tu peux m’expliquer ça, et en détails s’il te plaît !

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SCENE SEIZE Arrivée de Val et Christian

Christian – C’est un endroit idéal pour déclarer sa flamme.

Val –Tu veux allumer le feu ?

Christian – Ah l’idée est séduisante.

Val – Es-tu en train de me dire que je t’intéresse ?

Christian – C’est si surprenant ?

Val – J’avais cru comprendre que je n’étais pas ton type de… gonzesse.

Christian – C’est toi qui as commencé.

Val – Pas du tout.

Christian –Tu voulais jouer au docteur et tu voulais même m’épouser. Tu ne te souviens pas ?

Val – J’ai parfois des absences mais, ça effectivement, j’ai l’impression de l’avoir vécu.

Christian – Le problème si je décidais de t’épouser maintenant, c’est que ça serait pour l’éternité.

Val – L’autel serait peut-être un barbecue.

Christian – Le curé un ange, ou peut-être un démon.

Val – Et tu te rends compte du monde qu’il faudrait inviter ?

Christian – Je pense réfléchir encore quelques siècles avant de te répondre.

Val – Ça me laisserait le temps de me choisir une robe. Au fait, franchement Christian, est-ce que tu es riche ?

Christian – Oui. Pourquoi, c’est important ? Si j’étais pauvre tu ne m’aimerais pas ?

Val – Si bien sûr que je t’aimerais quand même, mais tu me manquerais beaucoup.

Christian – Si je t’épousais, je serais le premier ?

Val – Non ! Le sixième.

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Christian – Ma parole, tu es venue là pour te mesurer à Eddy Barclay !

Val –J’ai vraiment bien profité de ma vie, j’aimerais en faire autant avec ma mort.

Christian – Une question. Tes cinq maris, on a une chance de les croiser ici ou ils ne font pas encore partie du club ?

Val – Ils sont tous là.

Christian –Et ça ne te gêne pas ?

Val – Non bien sûr ! C’est ma seule chance de les avoir ensemble et tout à moi. C’est cool non !

Christian – On ne risque pas de se retrouver un peu… à l’étroit ?

Val – On s’arrangera.

Christian – J’imagine oui !

Christian se dirige vers la sortie

Val – Où tu vas ?

Christian – Je vais voir si je peux m’inscrire pour l’enfer, avec toi j’ai peur d’avoir vraiment trop chaud.

Val sort également

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SCENE DIX-SEPT

Lisette – Hector, c’est quoi ton problème avec les femmes ?

Hector – Moi ! Je n’en ai aucun.

Lisette – Qu’est-ce que ça serait alors !

Hector – Je les adore.

Lisette – Pourquoi alors es-tu si désagréable ?

Hector – Je vais te confier un secret.

Lisette – L’heure est solennelle.

Hector – Je suis docteur en psychologie.

Lisette – Non ! Sans rire ?

Hector – Ça fait maintenant quatre ans que je titille les femmes pour analyser leurs réactions.

Lisette – Que dois-je comprendre ?

Hector – Mes agressions verbales sont volontaires et calculées, elles me permettent d’étudier leur comportement, puis de les réunir dans un bouquin qui sortira dans quelques semaines.

Lisette – Pas bête ! D’où le petit carnet en permanence.

Hector – Hé oui !

Lisette – Tu es aussi pourri que tu en as l’air tu sais, tu te sers de nous pour te faire du fric.

Hector – Il faut dire qu’il y a de la matière.

Lisette – T’es un beau salaud quand même !

Hector – Non, je prends tout ce que vous me donnez spontanément.

Lisette – Ne compte pas sur moi pour l’acheter ton sale bouquin.

Hector – Vu tous les salauds de mon genre qui sévissent sur cette terre, je suis sûr de faire un très bon score.

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Lisette – Bien, moi je vais te faire de la pub, tu peux m’ croire !

Hector – Mais ma brave Lisette tu ne m’as pas dit ce que tu fais dans la vie.

Lisette – J’ai une agence de rencontres.

Hector – De rencontres ! Et tu me traites de salaud, mais tu ne vaux pas plus cher que moi.

Lisette – Pourquoi ? Je donne du bonheur aux solitaires.

Hector – Tu t’en mets plein les poches oui !

Lisette – Non !

Hector – Tu profites du malheur des gens et de leur désarroi ma p’tite, on est pareil tous les deux, des faisans, des hypocrites.

Lisette – Ça t’empêche de dormir ?

Hector – Est-ce que j’ai l’air fatigué ?

Lisette – Moi non plus.

Se dirigent vers la sortie

Hector – Ça te dirait une association ?

Lisette – Faut voir !

Hector – Moi je pousse les femmes dans leurs derniers retranchements.

Lisette – Et moi je ramasse les morceaux et je cherche des volontaires pour les recoller.

Hector – Top là ?

Lisette – Top là !

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SCENE DIX-HUIT

Jean-René – Alors c’est comme ça que tout s’arrête.

Estelle – Ou que tout commence.

Jean-René – Tu crois qu’il y aura une suite une fois qu’on aura dit où on veut aller ?

Estelle – Ma vie sur terre a été un vrai calvaire alors, ça ne peut pas être pire.

Jean-René – Je n’ai toujours vécu qu’en égoïste, sans jamais m’occuper de qui que ce soit.

Estelle – Et moi je me suis toujours préoccupée de mon prochain et ça ne m’a valu que des problèmes.

Jean-René – Tu crois en la réincarnation.

Estelle – Franchement, je le souhaite.

Jean-René – Je n’y crois absolument pas.

Estelle – J’aimerais revivre autre chose, être du bon côté de la barrière, pour une fois.

Jean-René – Alors on se fait une promesse.

Estelle – Laquelle ?

Jean-René – Si on devait revenir, moi je deviendrais extraverti et passerais ma nouvelle vie au service des nécessiteux.

Estelle – Et moi je vivrais de mes rentes, c’est ça ?

Jean-René – On le jure ?

Estelle – Non !

Jean-René – Non ?

Estelle – J’ai menti.

Jean-René – On est aux portes de l’enfer et tu mens ?

Estelle – C’est ma nature, je n’y peux rien.

Jean-René – Dans quel but ?

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Estelle – J’ai fait un pacte avec Terry et Félicité.

Jean-René – Pour quoi faire ?

Estelle – J’ai acheté ma place au Paradis.

Jean-René – Comment as-tu fait ?

Estelle – J’ai négocié mon transfert au détriment d’un autre.

Jean-René – Tu veux dire que tu as magouillé avec elles pour sauver ta peau ?

Estelle – Exact !

Jean-René – Diabolique.

Estelle – Pas de différence entre la vie sur Terre et ici tu sais, l’argent achète tout, même Dieu, même le Diable.

Jean-René – Non, je ne te crois pas, tu mens encore.

Estelle – Tu verras bien.

Jean-René – Qu’est-ce que je pourrai bien voir ?

Estelle se dirige rapidement vers la sortie

Estelle – La personne qui ira en Enfer à ma place, c’est toi.

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SCENE FINALE

Tous reviennent sur scène

Terry – Haby. C’est toi la première du groupe. Dis-nous juste l’endroit où tu penses avoir mérité d’aller.

Haby réfléchit avant de répondre

Haby – Au Sud. J’ai toujours espéré me retrouver au Paradis mais c’est vrai qu’aujourd’hui, je ne suis plus trop pressée d’y arriver. Ça déchire !

Mme Richard – Alice.

Alice – Franchement ça m’est égal, vous pouvez bien m’envoyer où vous voulez, je ne crois ni à l’un ni à l’autre alors ! Vogue la galère !

Terry – Christian.

Christian – Je prends le Nord. Mais je reste convaincu que nous sommes tous beaucoup trop jeunes pour y séjourner, quel que soit l’endroit où nous devons aller. Ce n’est vraiment pas cool !

Mme Richard –Val.

Val – C’est quoi la question déjà ? Ah oui ! Au Nord, car je ne supporte pas le froid. Manquerait plus que je chope un nouveau virus. J’ai un peu d’argent sur mon compte, on peut s’arranger ? Terry et Mme Richard font non de la tête : Bon, tant pis ! J’aurais essayé !

Terry – Jean-René.

Jean-René – Je vous laisse choisir. Je regrette vraiment mais, je n’ai aucun souhait, je ne pensais pas arriver là si rapidement. Fallait que ça tombe sur moi, c’est tout simplement délirant !

Mme Richard – Lisette.

Lisette – Purée ! Au Sud bien sûr, mais je n’approuve pas qu’on me force la main, et puis c’est pas pour dire mais côté communication vous avez de sérieux progrès à faire et si j’étais méchante…

Terry – Merci … on n’a pas toute la vie tu sais… Enzo.

Enzo – Au Sud cette bonne blague ! En espérant que les pizzas soient croustillantes et les pâtes al dente. J’aimerais bien passer le reste de …ça… avec Perette. Si non, ça craint un max!

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Mme Richard – Perette.

Perette – Crute et zut alors ! J’opte pour le Sud, mais, est-ce que je peux changer en cours de route parce que vous comprenez si je ne retrouve pas Enzo je vais m’ennuyer et si je m’ennuie ça risque fort de…

Terry – Merci … suivant… Hector.

Hector – L’enfer n’est pas une vie même si la vie est parfois un enfer. Mais je veux bien aller faire un tour au Sud, car je voudrais savoir si Dieu est une femme. En attendant ton show là, c’est mortel !

Mme Richard – Estelle.

Estelle – Votre truc là si ça se trouve c’est un coup de poker, de se retrouver au Paradis c’est peut-être un enfer, et l’enfer n’est peut-être pas aussi chaud et dur qu’on veut bien nous le dire. Je rejoins les propos d’Alice, pour moi rien n’existe d’autre que le néant. Terry – Pour les uns la mort est une délivrance et vont en Enfer, pour les autres une punition et c’est le Paradis, pourtant une chose est sûre et inaliénable c’est que pour tous c’est l’éter… éternue violemment.

Estelle – L’éter… nument ?

Terry fait non de la tête – Non ! Léter… nité !

(Interlude)

Estelle – Les décors de la pièce que nous avons interprétée ce soir, ne sont pas de Roger Hart. Les costumes ne sont pas de Donald Cardwell.

Haby – Si vous avez aimé, tapez un. Si vous n’avez pas apprécié, on s’en tape.

Alice – Si vous préférez personne ne veut prendre notre place, tapez deux.

Christian – Si vous voulez vraiment prendre notre place, jusqu’à ce que mort s’en suive, tapez-vous.

Val – Si vous désirez devenir l’amibe de Bach Terry, tapez trois.

Lisette – Si vous pensez que je suis vraiment méchante, tapez quatre.

Hector – Si vous souhaiter que les femmes ici présentes se déshabillent, tapez cinq.

Enzo – Si vous désirez que je dispense des cours d’italien à domicile, tapez six.

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Jean-René – Si vous voulez à tout prix que je leur pète la tronche, tapez sept.

Perette – Si vous avez trouvé cette comédie contagieuse, tapez dans vos mains.

(Interlude)

Estelle – Trêve de futilités, on se meurt par le stress

Haby – Mais on n’a jamais vu d’overdoses de tendresse

Alice – Rien que de l’injustice dans ce monde inversé

Christian – Où règne la violence, en toute impunité

Val – Ephémère est la vie, ne gâchons pas la chance

Lisette – Qui nous fera grandir, jusqu’à cette échéance

Hector – Qui dans un tourbillon traversera l’espace

Enzo – Dans un ultime combat, perdu d’avance, hélas !

Jean-René – Trêve de futilités, de matérialités

Perette – Ici rien de tout ça. Règne de l’humilité

(Interlude)

Estelle – La vie c’est d’abord une goutte

Haby – Puis ensuite une larme

Alice – Qui font des petits rus

Christian – Qui deviennent des ruisseaux

Val – Mais aussi des étangs Lisette – Quelques fois des torrents

Hector – Ou des lacs, ça dépend

Enzo – Ou de fraîches rivières

Jean-René – Qui se jettent dans la mer

Perette – Le cycle de la vie ainsi va de sa vie

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Estelle – En faisant de la nôtre la plus belle des folies

Haby – On l’aime, on la déteste, on ne peut s’en passer

Alice – Ou alors on le fait mais avec des regrets

Christian – Et pourtant sur la Terre qui y a-t-il de plus beau ?

Val – Et de plus attachant, qu’est-il de plus précieux ?

Lisette – Peut-être nos amours, la prunelle de nos yeux

Hector – Qui ont par leur passage créés un arc-en-ciel

Enzo – Qui viendra dans le cœur de nos chers descendants

Jean-René – Cultiver le bonheur, ingrédient essentiel

Perette – Pour que jamais ne s’éteignent, la vie, l’amour, l’humanité, le ciel.

(Interlude)

Mme Richard – Soyez rassurés. Vous allez adopter très rapidement la zen attitude.

Hector – Oh ben ça, c’est royal !

Mme Richard face à la salle – Bien que notre entreprise ne connaisse pas la crise, nous avons besoin de votre aide.

Terry – Envoyez vos promesses de dons au 666, code Skeléton. Ceci permettra aux nouveaux arrivants d’assister aux disciplines culturelles que nous proposons régulièrement.

Mme Richard – Un concert d’accueil sera organisé, au cours duquel se produiront Elvis Presley, l’incontournable Michaël Jackson, et côté français Daniel Balavoine et Jean-Louis Aubert.

Terry – Mais !… Jean-Louis Aubert ne fait pas partie des effectifs… enfin… pas encore. (Si J.L. Aubert est décédé entre temps choisissez un autre artiste lol)

Mme Richard – Ah non ? Exact ! Oh oui pardon, j’ai confondu avec Nino Ferrer… qui lui présidera le prochain Téléfon.

Terry – Notre entreprise ? Des âmes qui relient les âmes. Parce que nous vous devons bien plus que les ténèbres. Vous avez raté votre vie ? Qu’importe, comptez sur nous pour réussir votre mort.

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Mme Richard – Alors, sortez vos réserves… de votre réserve, n’hésitez pas et surtout n’oubliez pas, nous comptons sur votre générosité afin de mener éternellement notre mission, dans le cadre du développement durable, qui est d’offrir les meilleures prestations à nos futurs visiteurs… c'est-à-dire… Vous.

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