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Pierre Jounel Le Culte des saints dans les basiliques du Latran et du Vatican au douzième siècle Rome : École Française de Rome, 1977, 470 p. (Publications de l'École française de Rome, 26) Citer ce document / Cite this document : Jounel Pierre. Le Culte des saints dans les basiliques du Latran et du Vatican au douzième siècle. Préface de Pierre Toubert. Rome : École Française de Rome, 1977, 470 p. (Publications de l'École française de Rome, 26) http://www.persee.fr/web/ouvrages/home/prescript/monographie/efr_0000-0000_1975_mon_26_1

Pierre Jounel, Le Culte des saints dans les basiliques du Latran et du Vatican au douzième siècle

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Jounel Pierre, Le Culte des saints dans les basiliques du Latran et du Vatican au douzième siècle. Préface de Pierre Toubert. Rome, École Française de Rome, 1977.

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Pierre Jounel

Le Culte des saints dans les basiliques du Latran et du Vaticanau douzième siècleRome : École Française de Rome, 1977, 470 p. (Publications de l'École française de Rome, 26)

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Jounel Pierre. Le Culte des saints dans les basiliques du Latran et du Vatican au douzième siècle. Préface de Pierre Toubert.Rome : École Française de Rome, 1977, 470 p. (Publications de l'École française de Rome, 26)

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COLLECTION DE L'ÉCOLE FRANÇAISE DE ROME 26

PIERRE JOUNEL

LE CULTE DES SAINTS

DANS LES BASILIQUES

DU LATRAN ET DU VATICAN

AU DOUZIÈME SIÈCLE

ÉCOLE FRANÇAISE DE ROME PALAIS FARNESE 1977

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Diffusion en Italie: Bottega d'Erasmo

Via Gaudenzio Ferrari, 9 10124 TORINO

Diffusion en France: Diffusion de Boccard

11 Rue de Médicis 75006 PARIS

TIPOGRAFIA S. PIO X - VIA ETRUSCHI, 7-9 - ROMA

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PRÉFACE

Un bilan des recherches historiques sur Rome durant le millénaire médiéval révélerait de sensibles inégalités selon les domaines considérés. Risquons-nous à l'esquisse. On constate d'abord et sans surprise que c'est l'histoire politique et institutionnelle de la Ville qui a fait l'objet des études les plus nombreuses et les plus approfondies. Voici que, depuis quelques décennies, les perspectives se sont élargies. L'arrière-plan économique et social nous est restitué avec plus d'exactitude et de finesse. La vie quotidienne des hommes dans leurs quartiers et leurs métiers, les rapports entre le centre urbain et sa campagne, les solidarités des clans familiaux, les liens entre l'aristocratie et la Curie : tous ces problèmes nous sont assez bien connus aujourd'hui. Paradoxalement, c'est l'histoire religieuse de la capitale de la Chrétienté qui, dans ce progrès général, semble marcher d'un pas moins rapide. Certes, l'archéologie monumentale et la topographie des sanctuaires ont vu se multiplier recherches et publications. Mais le fond même de la vie religieuse de Rome au Moyen Age nous échappe encore en grande partie. Il y a plusieurs raisons à cela. Nul doute, en premier lieu, que les réalités locales n'aient été comme éclipsées par les dimensions œcuméniques de la Ville et les singularités d'un destin qui en a fait le lieu et l'enjeu idéologique des longues rivalités entre le Regnum et le Sacerdotium. Lorsqu'elle consentait à descendre de ces sommets où Rome n'apparaissait guère que comme un décor et les romains comme une foule de figurants inconstants, la recherche historique privilégiait volontiers les événements au détriment des structures. Peu sensibles encore aux mouvements lents et profonds de la piété populaire - songeons qu'il n'existe toujours pas d'étude d'ensemble sur le pèlerinage de Rome au Moyen Age, par exemple -, les historiens préféraient s'attacher aux instants de gloire, comme les jubilés, ou à ceux de crise, comme la flambée d'hérésie concomitante à la révolution communale de 1144.

C'est dans cette perspective historiographique qu'il convient de replacer, pour en mesurer toute l'opportunité, l'excellent travail que Mgr Pierre Jounel, liturgiste averti, nous donne aujourd'hui sur Le culte des saints dans les basiliques du Latran et du Vatican au douzième siècle. Derrière la sobriété voulue et la modestie, à mon sens excessive, du titre, se cache une enquête dont la richesse et les intérêts multiples doivent être soulignés.

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6 PRÉFACE

Le but premier que s'assignait l'auteur était d'établir la liste des saints honorés au Vatican et au Latran durant le XIIe siècle. Un tel propos supposait d'abord une quête minutieuse à travers un nombre important de manuscrits liturgiques divers par leur âge, leur origine, leur destination même. A cet égard, on ne saurait trop louer l'ampleur et la rigueur des dépouillements auxquels l'auteur s'est astreint. Les spécialistes connaissaient et, au besoin, utilisaient les données fournies par quelques sources majeures : le calendrier mural de Sainte-Marie de l'Aventin avait été édité tant bien que mal par L. Guérard en 1893 dans les Mélanges de l'Ecole française de Rome; on savait depuis les travaux de dom Mori n que le Micrologus de ecclesiasticis observationibus devait être attribué à Ber- nold de Constance, et qu'il constituait un de nos témoignages les plus explicites sur les aspects liturgiques de la Réforme grégorienne. Pour le XIIe siècle, le Liber politicus ou, pour mieux dire, le polytique du chanoine Benoît, étudié et édité en dernier lieu par Paul Fabre, ainsi que VOrdo ojfìciorum ecciesiae Lateranensis du chanoine Bernhard offraient des jalons pour l'histoire de la liturgie pratiquée dans les deux grandes basiliques; jalons d'autant plus précieux que les descriptions contemporaines du diacre Jean et de Pietro Mallio nous redonnaient le cadre topographique et, pour ainsi dire, la respiration des célébrations liturgiques. Mais c'était là à peu près tout. Le premier mérite des travaux de Mgr Jounel est d'avoir regroupé, confronté, analysé les données éparses dans un nombre élevé de manuscrits liturgiques romains inédits, dont certains, comme le Passionnaire du Latran A 80, revêtent un intérêt historique indiscutable.

C'est cependant à la mise en œuvre de cette abondante documentation que se révèle toute la valeur de l'entreprise. Etablir, en effet, le calendrier en usage au Latran et au Vatican durant le XIIe siècle, c'était - et l'auteur l'a bien compris ainsi - nous restituer un processus d'unification en cours du calendrier liturgique romain. C'était, par là même, choisir dès le départ d'orienter une enquête dynamique selon deux axes de recherche complémentaires. Il fallait, d'une part, replacer le sanctoral romain du XIIe siècle sur sa courbe d'évolution chronologique en tenant compte des strates successives qui sont venues, dès les VIIIe-IXe siècles, s'ajouter au fonds originel du sanctoral proprement romain. L'auteur devait d'autre part - comme l'y invitait la nature même de sa documentation - chercher dans les manuscrits provenant d'autres sanctuaires romains des témoignages d'usages liturgiques qui n'ont pas été sans influencer, par leurs apports, celui des deux grandes basiliques pontificales. En refusant d'isoler le Latran et le Vatican comme des sortes de monades, l'auteur a eu ainsi le mérite de restituer la continuité d'une tradition liturgique faite d'ouverture et d'enrichissements, voire d'une sensibilité réceptive dont témoigne avec éclat, vers 1180, l'apparition dans les calendriers basilicaux romains du nom de saint Thomas Becket, canonisé en 1173. Le cycle du sanctoral ainsi considéré se révèle, à la lecture de ce savant ouvrage, non comme une liste ingrate de célébrations quelque peu hétéroclites mais comme un miroir vivant où se reflètent, au fil des siècles, des influences perceptibles dans d'autres domaines de la liturgie et - plus généralement -, de la vie religieuse. C'est ainsi, pour ne citer qu'un exemple entre dix,

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PRÉFACE 7

que le spécialiste de la Réforme grégorienne devra scruter avec attention les pages consacrées au développement contemporain du sanctoral romain.

On voit par là que, dans l'esprit de l'auteur, une rigoureuse analyse de la genèse du calendrier liturgique du Latran et du Vatican était inséparable d'une étude plus ouverte des formes et des lieux de dévotion des saints en honneur à Rome : translation et culte des reliques, culte des images, restauration et construction de sanctuaires, dédicaces nouvelles, tous ces problèmes ont retenu son attention. Chemin faisant, il nous montre comment l'organisation des foyers cultuels romains s'est faite selon les exigences d'une liturgie où célébrations, processions et stations donnaient à la vie religieuse non seulement un rythme mais aussi une ordonnance spatiale capable d'associer le populus au mystère et à la fête.

Cette brève présentation n'a pas la prétention de signaler tous les centres d'intérêt d'un ouvrage dont le contenu, par sa richesse, dépasse les promesses du titre. Le lecteur y trouvera, textes à l'appui, une analyse fort complète de la manière dont s'est constitué le sanctoral romain de l'époque franque à la seconde moitié du XIIe siècle, qui a vu se consolider après décantation, dans ce domaine comme dans d'autres, l'acquis exubérant de la Réforme grégorienne et du premier quart du XIIe siècle. En même temps, par l'ouverture de sa conception, la probité de ses méthodes et la qualité de ses conclusions, ce livre apporte maintes contributions originales à notre connaissance d'un chapitre essentiel de la vie religieuse romaine pendant les siècles centraux du Moyen Age. Il est particulièrement heureux et opportun qu'une telle recherche prenne place dans les collections de l'Ecole française de Rome à laquelle on doit déjà tant de travaux notables sur l'histoire de la Ville au Moyen Age.

Pierre TOUBERT Professeur à la Sorbonne

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INTRODUCTION

LE CULTE DES SAINTS AU LATRAN ET AU VATICAN

Le titre donné à cette étude en délimite l'objet. En proposant de traiter du culte des saints dans les basiliques du Latran et du Vatican, on a voulu écarter l'expression «calendrier romain» car, au 12e siècle, toutes les églises de Rome n'usent pas encore d'un calendrier uniforme, bien que le parallèle entre les calendriers des deux basiliques révèle des convergences qui laissent deviner un processus d'unification. De plus, si l'établissement des calendriers du Latran et du Vatican constitue l'essentiel de notre recherche, on souhaiterait montrer aussi vers quels saints se portait de préférence la piété populaire dans les deux basiliques papales. Chacune d'elles présentait en effet, au moyen âge, dans la diversité de ses chapelles annexes et de ses autels votifs, un ensemble complexe de lieux de culte où de nombreux saints étaient en honneur, des Martyrs dalmates du baptistère du Latran à sainte Pétronille dans la rotonde théodosienne du Vatican. Dans le conflit de préséance qui opposa, des siècles durant, le Latran et le Vatican , le culte de leurs saints respectifs tient une place qui n'est pas négligeable.

LA LITURGIE ROMAINE AU 12e SIÈCLE

Pourquoi avoir choisi le 12e siècle comme période privilégiée pour notre recherche? - Parce qu'il marque un tournant en tout domaine: non seulement dans la vie sociale et politique, dans l'économie, dans la renaissance des lettres et des arts, mais aussi dans la réflexion théologique et philosophique, dans la codification du droit et l'évolution de la liturgie. Les formes liturgiques qui se fixent à Rome dans la seconde moitié du 12e siècle présideront au culte de l'Eglise latine jusqu'à nos jours.

Michel Andrieu a montré d'une manière péremptoire l'importance de cette époque dans ses études sur l'élaboration du Pontifical romain au moyen âge1. L'amalgame entre

1 M. Andrieu, Le Pontifical romain au moyen-âge, tome 1er Le Pontifical romain du XIIe siècle, coll. Studi e Testi 86, Cité du Vatican 1938, pp. 3-19.

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10 INTRODUCTION

les usages romains et les traditions gallicanes s'était opéré en Pays francs au cours du 9e siècle et dans la première partie du 10e. La compilation mayençaise des années 950, publiée par Hittorp sous le titre d'Ordo romanus antiquus2, en demeure le témoin le plus remarquable pour les rites sacramentels et les bénédictions, ainsi que pour le déroulement de l'année liturgique. Cette compilation, qu'Andrieu a appelée le Pontifical romano-germanique3, devait connaître un succès considérable. La liturgie d'Occident en demeure tributaire. C'est au début du 11e siècle que remontent les premières copies qui en furent faites à Rome. Dès la fin du siècle, la liturgie romano-franque était si bien implantée dans la Cité apostolique que le clergé romain croyait perpétuer dans sa célébration celle de saint Grégoire le Grand.

Des Pays francs à Rome, en passant par les bords du Rhin et la Suisse, la route suivie par les Ordines des sacrements et des bénédictions, ainsi que par les rites majeurs de l'année (mercredi des cendres, rameaux, triduum pascal, rogations), fut également celle qu'empruntèrent les nouvelles prières introduites dans la messe par la dévotion privée des prêtres ou des laïcs pour l'entrée, l'offertoire et la communion4. Au 12e siècle, elles sont pleinement assimilées par la tradition romaine, qui ne distingue plus le gallicanus ordo de celui des anciens sacramentaires, comme le faisait, cinquante ans plus tôt, le Micrologue de Bernold de Constance5. Si l'on s'en rapporte à l'Antiphonaire de Sainte- Cécile du Transtévère, copié en 1071, la messe romaine s'est même faite accueillante aux tropes et aux séquences d'au-delà des Alpes, et on y trouve, le dimanche de Pâques, quelque écho au Quem quaeritis de la Visiîatio sepulchri des églises de France et de Germanie6.

2 M. Hittorp, De catholicae Ecclesiae divinis Offlciis ac Ministeriis, Cologne 1568; édit. Rome 1591, pp. 1-116.

3 Dès 1924, M. Andrieu décelait dans VOrdo romanus antiqus d'Hittorp «un document de première importance sur l'évolution de la liturgie latine aux premiers siècles du moyen âge» (Immixtio et consécration Paris 1924, p. 59). C'est en 1931 qu'il devait proposer de l'appeler le «Pontifical romano-germanique du Xe siècle», dans Les Ordines romani du haut moyen âge, tome 1er Les manuscrits, coll. Spicilegium sacrum lovaniense, Louvain 1931, p. 495. L'appellation est devenue classique. L'édition critique en a été publiée par C. Vogel et R. Elze, Le Pontifical romano-germanique du dixième siècle, 3 vol., coll. Studi e Testi 226, 227, 269, Cité du Vatican 1963 et 1972.

4 Cette route est la célèbre Geleitstrasse, la grande route commerciale parallèle au Rhin qui menait des Alpes lombardes jusqu'aux Flandres. Ce fut la route que suivit, en sens inverse de la liturgie franco-germanique, l'art byzantin pour pénétrer en Germanie (Cf. L. Réau, L'art russe, Paris 1920; réimpression 1968, tome 1er p. 100).

5 Micrologus de ecclesiasticis observationibus, cap. 11; édit. de Pamélius reproduite dans Hittorp, Le. p. 385; P. L. 151, col. 984.

6 Antiphonarius liber S. Gregorii, dans D. Georgii, De Liturgia romani pontificis, tome 4, Rome 1744, pp. 441-528. Séquence Quem quaeritis mulieres ad sepulchrum Domini, p. 492.

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INTRODUCTION 1 1

LE CULTE DES SAINTS À ROME AU 12e SIÈCLE

En ce qui concerne le culte des saints, l'osmose entre les traditions romaine et franco-germanique s'est opérée d'une manière identique, mais un point fort important distingue ce domaine de tous les autres. En effet, dans la liturgie de la messe et des sacrements ou dans les célébrations les plus marquantes de l'année, l'apport franco-germanique revêt une originalité incontestable, il exprime une mentalité propre. La dramatisation de la liturgie qui s'y manifeste convient fort bien à des populations frustres, pour qui la langue latine a toujours été étrangère. Il importe, dans ce cas, de signifier aux fidèles par des gestes symboliques le don spécifique du sacrement ou le mystère du jour. C'est ainsi qu'on oint de chrême la tête de l'évêque et qu'on lui remet l'anneau et le bâton pastoral, que le nouveau prêtre reçoit dans ses mains consacrées la patène et le calice avec le pain et le vin, ou encore qu'on se couvre la tête de cendres au seuil du carême et que, le dimanche des rameaux, on revit dans une procession fastueuse l'entrée de Jésus à Jérusalem. Mais, si l'on prend la liste des saints contenue dans les sacramen- taires ou les lectionnaires francs des 10e-lle siècles, on constate qu'elle ne comporte aucun des saints mérovingiens ou des grands moines évangélisateurs des pays germaniques. Son fond est constitué par le sanctoral des sacramentaires dits « Gélasiens du 8e siècle», qui consiste dans la fusion de la liste gélasienne et de la liste grégorienne, auxquelles on a ajouté les fêtes des Apôtres et quelques anciennes fêtes romaines, comme celles de la Cathedra Pétri et d'obscurs martyrs, tels Basilide et Emérentienne. Un seul saint mérovingien y a trouvé place, saint Prix, évêque de Clermont honoré comme martyr (t 676), la compilation initiale des Gélasiens du 8e ayant vraisemblablement des liens avec l'abbaye Saint-Prix de Flavigny. Les livres romains du 12e siècle ne devaient donc pas introduire dans la liturgie de la Ville le culte des saints de Gaule, de Germanie, de Grande-Bretagne et d'Irlande, comme ils y avaient introduit les rites des ordinations et de la dédicace de ces régions, car aucun de leurs modèles ne s'y référait. Ils recevaient des pays nordiques un sanctoral aussi romain que celui qu'ils auraient pu établir à partir des traditions locales. Ils se contentèrent d'adopter l'ensemble de ces fêtes, en y ajoutant quelques noms empruntés aux Gesta Martyrum ou à l'histoire monastique, et d'amplifier le culte des papes antérieurs à la Paix constantinienne.

Vers 1180, un nom contemporain apparaît soudain dans les calendriers basilicaux de Rome, celui de saint Thomas, archevêque de Cantorbéry. Le «meurtre dans la cathédrale» du 29 décembre 1171 avait frappé la chrétienté de stupeur. Le pape Alexandre III canonisa Thomas Becket dès le 21 février 1173 et il prescrivit aussitôt la célébration annuelle de sa fête en Angleterre7. Le Latran et le Vatican adoptèrent unanimement la

7 Ph. Jaffé, Regesta Pontificum romanorum, Leipzig 1888, tome 2, p. 264.

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12 INTRODUCTION

mémoire de l'archevêque martyr. Avec cette décision une option était virtuellement prise, celle d'ouvrir le calendrier aux saints les plus récents, et donc de le tenir à jour pour l'enrichir au long des siècles de la floraison perpétuelle de la sainteté dans l'Eglise. C'est ainsi que, dans la première moitié du 13e siècle, François d'Assise, Antoine de Padoue, Elisabeth de Hongrie et, dans une moindre mesure, Dominique, canonisés peu après leur mort, devaient être honorés rapidement d'un culte quasi-universel8.

Une telle option semble aller de soi. Seule pourtant l'Eglise romaine l'a prise. La liturgie byzantine a suivi son exemple avec une timidité que partage dans une moindre mesure l'Eglise russe si riche en sainteté9. Les autres Eglises d'Orient, aussi bien de tradition alexandrine que de tradition antiochienne, ne font place dans leurs calendriers respectifs qu'aux saints des anciens âges10. Le choix fait au 12e siècle est donc capital en Occident pour le culte liturgique des saints. A ce titre, l'étude de ce culte, à cette époque, dans les basiliques du Latran et du Vatican, prend une valeur exemplaire.

8 Voici les dates respectives de la mort et de la canonisation de ces quatre saints: François d'Assise 1226, 1228; Antoine de Padoue 1231 (13 juin), 1232 (30 mai); Elisabeth de Hongrie 1231, 1235; Dominique 1221, 1234.

9 Le calendrier byzantin n'a retenu que deux saints postérieurs à l'an mille: saint Lazare, ermite (t 1054), et saint Grégoire Palamas (î 1359). Le calendrier russe comporte de nombreux saints de la fin du moyen-âge et du 16e siècle, trois seulement pour les siècles suivants. Le plus récent est saint Séraphin de Sarov (t 1833). Notons que certains de ces saints, dont le grand mystique S. Serge de Radonej, sont inscrits au calendrier des livres liturgiques byzantins publiés par la Congrégation pour les Eglises orientales à l'usage des catholiques russes.

10 On peut consulter ces divers calendriers dans le Traité d'études byzantines publié par P. Lemerle, Coll. Bibliothèque byzantine, tome 1er V. Grumel, La Chronologie, Paris 1958, pp. 328-343.

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J Jn

LIVRE PREMIER

LES SOURCES DOCUMENTAIRES

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CHAPITRE I

LES DIVERS TYPES DE SOURCES

Depuis le Concile de Trente toutes les éditions du Missel et du Bréviaire comportent en tête le texte du Calendrier romain. Dans ce calendrier chaque fête fixe est rattachée à un jour déterminé du mois et elle est accompagnée de la mention de son degré de célébration (double, semi-double -ou simple, selon la nomenclature de 1568). Le calendrier coïncide rigoureusement avec le contenu euchologique du livre qu'il introduit: à chaque saint inscrit au calendrier correspond la mention de son office dans le corps du Missel ou du Bréviaire, que cet office soit propre, en tout ou en partie, ou qu'on doive l'emprunter au Commun.

Il n'en va pas de même dans les livres liturgiques du moyen âge. Les plus anciens sacramentaires, lectionnaires et antiphonaires de la Messe ou de l'Office ne sont pas précédés d'un calendrier. On doit établir celui-ci à partir de la série des fêtes dont le volume donne le formulaire. Lorsque, vers le 11e siècle, le calendrier apparaît assez fréquemment au début des livres liturgiques, il est souvent plus fourni de noms que le corps du volume. Quand le calendrier et le sacramentaire ne concordent pas, auquel doit-on accorder créance pour savoir si un saint est effectivement fêté dans une église? - Le problème n'est pas facile à résoudre. Sans doute sacramentaires et lectionnaires ont-ils toujours comporté des Communs, c'est-à-dire des séries d'oraisons et de lectures pour les fêtes des martyrs, des confesseurs et des vierges ne possédant pas de formulaires propres. On trouvait dans ces Communs les textes qui permettaient de célébrer la Messe et l'Office d'un saint inscrit au calendrier sans être mentionné dans la suite du livre. Il semblerait ainsi qu'il faille accorder foi au calendrier. Pourtant on voit apparaître assez tôt des calendriers qui sont, en fait, des abrégés du Martyrologe. Il arrive d'ailleurs qu'ils se présentent comme tels1. Ces calendriers, qui contiennent "des noms de saints pour presque chaque jour de l'année, ne semblent pas avoir pu servir de directoire pour la célébration

1 Ainsi le calendrier de Rheinau, originaire du nord de la France et datant des toutes dernières années du 8e siècle, commence-t-il par ces mots: Incipit Martyrologium anni circuii. Cf. A. Hänggi-A. Schonherr, Sacramentarium Rhenaugiense, Coll. Spicilegium Friburgense 15, Freiburg/Schweiz 1970, p. 294.

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16 LES SOURCES DOCUMENTAIRES

quotidienne, mais seulement de rappel des saints les plus chers à une communauté paroissiale ou monastique. On ne saurait donc faire toujours confiance au calendrier comme témoin d'un usage liturgique.

Il est un livre qui a l'avantage de résoudre le problème de la disparité entre le calendrier et le sacramentaire ou le missel, c'est l'Ordinaire2. L'Ordinaire est un livre purement cérémoniel: il décrit d'une manière détaillée toutes les célébrations liturgiques de l'année jour après jour dans une église donnée, précisant le nombre de ministres qui doivent intervenir, combien de cierges il faut allumer, quelles oraisons on doit dire, quelles lectures faire, quels répons chanter. Malheureusement les Ordinaires sont plus rares que les calendriers et les sacramentaires ou les missels, et ils n'apparaissent qu'au 11e siècle. En ce qui concerne le Latran et le Vatican, nous avons l'avantage d'en posséder qui remontent à la seconde moitié du 12e siècle.

On ne saurait donc établir la liste des saints honorés dans un lieu déterminé et à une époque précise sans faire appel à un certain nombre de sources de types divers, qui se complètent mutuellement. Si les calendriers tiennent la première place dans cette documentation, il faut inventorier aussi le contenu des livres liturgiques proprement dits et lire attentivement les Ordinaires. Enfin, puisque nous devons étudier le culte des saints dans les deux basiliques papales, nous ne saurions oublier les descriptions minutieuses qui ont été faites de leurs chapelles, autels et tombeaux, dans des documents contemporains des Ordinaires basilicaux.

I - LES CALENDRIERS

Le Calendrier a eu son existence propre dès le haut moyen âge. Il devait d'ailleurs la conserver bien après avoir fait son entrée en tête des livres liturgiques.

LES ANCIENS CALENDRIERS

Les plus anciens calendriers nous sont parvenus dans des collections fort diverses. Leur ancêtre, la Depositio episcoporum et la Depositio martyrum du Chronographe philoca- lien de 354, est inséré entre la liste des préfets et celle des évêques de Rome dans un luxueux almanach privé3. Un fragment de calendrier gothique (4e-5e siècle) est joint à la

2 L'Ordinaire porte des titres assez variables: Liber Ordinarius, Ordinarius, Ordo, 'Ordo officio- rum, Ordo legendi et cantaridi, De consuetudinibus et observantiis, pour s'en tenir à ceux qui reviennent le plus souvent.

3 R. Valentini-G. Zucchetti, Codice Topografico della Città di Roma, Coli. Fonti per la storia d'Italia, tome 2, Roma 1942, pp. 1-28.

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LES DIVERS TYPES DE SOURCES 17

traduction de la Bible d'Ulfilas4. Le calendrier de Carmona (6e-7e siècle) et celui de Naples (9e siècle) sont des calendriers lapidaires5, le calendrier de l'Aventin un calendrier mural (11e siècle). Le calendrier de saint Willibrord (8e siècle) s'insère entre un horolo- gium et un tableau des vents6. C'est dans la même diversité que se présentent le calendrier de Carthage (4e-5e siècle)7, le calendrier - martyrologe de Rheinau (fin du 8e siècle)8, les trois calendriers du Mont-Cassin (8e-9e siècle) édités par Loew9, ainsi que les plus anciens calendriers d'Espagne10, d'Angleterre11 et de Saint-Gall12.

LES CALENDRIERS JOINTS AUX LIVRES LITURGIQUES

C'est au 9e siècle qu'en Pays francs on commence à insérer le texte du calendrier en tête des livres liturgiques, principalement du sacramentaire. On ne trouvera pas de témoins de cet usage à Rome avant la seconde moitié du 12e siècle. Mais il n'est pas sans intérêt d'en relever les premiers exemplaires.

Le plus ancien est le calendrier du sacramentaire de Saint-Denis (Paris, B.N. ms. lat. 2290), écrit à Saint-Vaast d'Arras vers 850. Puis viennent le sacramentaire d'Amiens (Paris, B.N. ms. lat. 9432), qui est de la seconde moitié du siècle, et le sacramentaire de Senlis (Paris, Bibl. Sainte-Geneviève, ms. Ill, olim BB. 1), copié à Saint-Denis vers 880. Ces trois calendriers, qui appartiennent à une zone géographique bien délimitée, ont été publiés par Delisle13.

4 H. Achelis, Die älteste Deutsche Kalender, dans Zeitsehr. fur die neutestament Wissenchaft, I (1900), pp. 308-355.

5 Le fragment de calendrier de Carmona (Portugal) est reproduit dans M. Férotin, Le Liber mozarabicus sacramentorum, Paris 1912, p. XLIV. D. Maliardo a publié et commenté le Calendrier de Naples dans les Ephemerides liturgicae, tomes 68 (1944), pp. 115-117, 69 (1945), pp. 233-294, 70 (1946), pp. 217-292.

6 H. A. Wilson, The Calendar of St Willibrord, Henry Bradshaw Society (H.B.S.), London 1918. 7 L. Duchesne, Martyrologium hieronymianum, Acta Sanctorum Novembris, tome II, première

partie, Bruxelles 1894, pp. LXIX-LXXII. 8 Voir supra, p. 15 note *. 9 E. A. Loew, Die ältesten Kaiendarien aus Monte Cassino, Coll. Quellen und Untersuchungen zur

lateinischen Philologie des Mittelalters, München 1908. 10 M. Férotin, Le Liber ordinum en usage dans l'Eglise wisigothique et mozarabe d'Espagne du ci

nquième au onzième siècle, Paris 1904, pp. 449-497. 11 F. Wormald, English Kaiendars before A. D. 1100, H.B.S., London 1934. 12 E. Munding, Die Kalendarien von St. Gallen aus 21 handschriften neuntes bis elftes Jahrhund

ert, Col. Texte und Arbeiten, Beuron 1951. Sur l'ensemble de la question des calendriers voir le Dictionnaire d'Archéologie chrétienne et de Liturgie (D.A.C.L.), 15 vol., Paris 1907-1953, art. Kalendaria, tome 8, col. 624-667.

13 L. Delisle, Mémoire sur d'anciens sacramentaires, dans les Mémoires de l'Académie des Inscriptions et Belles Lettres, tome XXXII, Paris 1886. Calendrier de Saint-Denis, pp. 313-324; calendrier d'Amiens pp. 325-345; calendrier de Senlis, pp. 313-324.

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18 LES SOURCES DOCUMENTAIRES

II faut attendre un siècle pour en trouver un nouvel exemplaire, celui du sacramen- taire de Ratold, copié à Corbie entre 972 et 986 14. C'est à la même époque que remonte le Missel de Léofric (Oxford, Bibl. Bodl. ms. 579), copié sans doute en Lorraine avant d'être adapté à l'usage de la cathédrale d'Exeter15.

II - LES LIVRES LITURGIQUES

En présentant les livres liturgiques qui peuvent aider à établir la liste des saints célébrés à Rome au 12e siècle et à découvrir la genèse de leur culte, nous voudrions préciser quel peut être l'apport spécifique de chacun d'eux.

On sait que les livres de la Messe et de l'Office sont fort divers.

LES LIVRES DE LA MESSE

Pour la Messe nous disposons du lectionnaire, du sacramentaire, de l'antiphonaire et, à partir du 11e siècle, du missel plénier qui est né de leur fusion.

Le lectionnaire se présente sous la forme d'un ou de plusieurs livres contenant le texte intégral des lectures (lectionnaire proprement dit, épistolier, évangéliaire) ou seulement d'un capitulaire, qui renvoie aux chapitres à prendre dans la Bible (capitolare) avec Y incipit et le desinit de chaque lecture. Parfois on trouve les deux dans le même manuscrit. Lectionnnaire et capitulaire donnent, au fil de l'année, la suite des saints qui ont leurs lectures propres avec la date de leur célébration. Comme les autres livres liturgiques, les anciens lectionnaires romains commencent avec la fête de Noël. C'est sous l'influence franco-germanique qu'à partir du 11e siècle on commencera à fixer le début de l'année liturgique au 1er dimanche de l'Avent.

Le sacramentaire fournit les oraisons de la fête d'un saint et l'antiphonaire (ou graduel) en donne le graduel ainsi que les antiennes d'entrée, d'offertoire et de communion. Certains antiphonaires sont notés, car l'antiphonaire est destiné aux chantres. Dans ces livres le formulaire de chaque fête est précédé du nom du saint et de la date de sa célébration, comme dans le lectionnaire. Parfois les sacramentai res contiennent des litanies des Saints le samedi saint ou pour les rogations mais, contrairement à l'usage actuel, l'inscription d'un saint dans une liste litanique stable n'est pas une preuve suffisante de

14 Ibid., pp. 345-360. 15 F. E. Warren, The Leofric Missal, Oxford 1883. Le calendrier a été reproduit dans F. Wor-

mald, English Kaiendars before A.D. 1100, pp. 43-55. Ce dernier date le document des alentours de 970.

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LES DIVERS TYPES DE SOURCES 19

sa présence dans le calendrier d'une église. C'est pourquoi nous apporterons un intérêt moindre à cette source d'information.

Le missel contient les mêmes renseignements sur le culte des saints que les trois livres précédents, qu'il recueille et coordonne en un seul volume.

LES LIVRES DE L'OFFICE

Les livres de l'Office sont nombreux: psautier, antiphonaire, orational ou collectaire, lectionnaire, martyrologe, hymnaire.

Le psautier, qui se présente habituellement selon le cursus hebdomadaire (cursus romain ou cursus monastique), contient souvent, dans une seconde partie, la présentation des principales fêtes de l'année. Il arrive parfois qu'il soit précédé du calendrier.

L'antiphonaire ou le responsorial, qui contient l'ensemble des antiennes et des répons de l'Office, et l'orational ou collectaire (livre des oraisons), fournissent le même apport à l'étude du sanctoral que le sacramentaire et l'antiphonaire de la Messe. Mais assez fréquemment l'antiphonaire de l'Office reproduit un manuscrit antérieur sans le tenir à jour et il est ainsi un témoin archaïque du sanctoral d'une église. L'absence d'une fête dans un antiphonaire ne prouve pas à elle seule son inexistence. Le collectaire est, lui, beaucoup mieux tenu à jour et il constitue un témoin précieux du culte des saints.

L'apport des livres de lecture de l'Office à l'étude du sanctoral n'est pas aussi important qu'on pourrait le supposer. Le lectionnaire biblique ne fournit des lectures propres que pour les fêtes majeures. Il en va pratiquement de même pour les sermonnaires et les homéliaires16. Les passionnaires contiennent des séries de Passiones, dont chacune peut évoquer la mémoire de plusieurs saints17. On pouvait dès lors s'y reporter plusieurs fois dans l'année (par exemple pour les fêtes de sainte Agnès et de sainte Emérentienne). Les passionnaires ne présentent donc pas toujours une correspondance rigoureuse avec le calendrier. Là, moins qu'ailleurs, on ne saurait tirer argument de l'absence de la mention d'un saint à son anniversaire pour en conclure à l'absence de son culte. Mais une attestation constitue un témoignage de valeur.

Le martyrologe ne témoigne pas d'ordinaire du culte d'un saint dans une église donnée, puisque son but est de recueillir chaque jour les notices des divers saints dont on commémore l'anniversaire. Mais aucun martyrologe n'est universel. Quand donc un manuscrit, qui appartient à une famille parfaitement identifiée (un martyrologe de Bède,

16 On peut s'en rendre compte en consultant R. Grégoire, Les homéliaires du moyen âge, Coll. Rerum ecclesiasticarum documenta, Series maior 6, Roma 1966.

17 Voir, par exemple, A. Fabrega Grau, Pasionario hispanico, Coll. Monumenta Hispaniae sacra VI, Madrid-Barcelona 1953-1955.

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20 LES SOURCES DOCUMENTAIRES

par exemple) ajoute un nom à ceux qu'il a recueillis de son modèle, c'est vraisemblablement qu'il s'agit d'un saint fêté dans le monastère ou par le chapitre qui a fait établir le nouvel exemplaire.

L'hymnaire contient souvent des hymes assez nombreuses en l'honneur des saints. Mais on sait que les hymnes n'ont pénétré que tardivement dans la tradition romaine. Le fonds liturgique de la Bibliothèque vaticane est des plus pauvres en la matière18.

L'Ordinaire expose l'ordonnance de la célébration des fêtes, indiquant souvent par exemple quelles lectures on doit faire à l'office nocturne. Il décrit les usages locaux, qui permettent d'apprécier l'importance d'une fête. C'est ainsi que nous lisons dans YOrdo Officiorum ecclesiae lateranensis qu'en la fête des Quarante Martyrs on se rend en procession à leur autel après Vêpres 19. Mais un élément capital fait habituellement défaut dans l'Ordinaire: la date de la fête est passée sous silence. Pour utiliser l'Ordinaire il faut donc le compléter par l'un des autres livres liturgiques ou le calendrier.

18 P. Salmon, Les manuscrits liturgiques latins de la Bibliothèque vaticane, Coll. Studi e testi 251, tome Ier, Città del Vaticano 1968, pp. 46-58.

19 Bernhard, Ordo Officiorum ecclesiae lateranensis, édit. L. Fischer, Coll. Historische Forschungen une Quellen, München 1916.

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CHAPITRE II

PRÉSENTATION DES SOURCES

Le but principal de cette étude est d'établir la liste des saints honorés au Latran et au Vatican au 12e siècle. Mais, pour y atteindre, on ne saurait se dispenser de rechercher comment s'est élaboré le calendrier de chacune des basiliques à partir du moment où, sous l'influence des empereurs germaniques, la liturgie romano-franque a pris pied et s'est imposée dans la Cité apostolique. C'est pourquoi notre investigation des sources documentaires ne portera pas seulement sur le 12e siècle, mais aussi sur la période qui a précédé.

De plus, si nous devons aboutir au Latran et au Vatican, il convient de ne pas négliger les attestations relatives au culte des saints dans les autres basiliques romaines. En effet, la fête d'un saint s'est souvent fixée dans un lieu de culte de moindre importance avant d'être reçue dans les basiliques papales.

I - LES SOURCES IMPRIMÉES

LES CALENDRIERS

Le Calendrier mural de Sainte-Marie de l'Aventin

En 1893, L. Guérard a édité un calendrier romain de la deuxième moitié du 11e siècle, qui est malheureusement fragmentaire car il s'arrête au 12 juillet1. Le calendrier était peint sur un mur du cloître du monastère Sainte-Marie de l'Aventin, où le futur Grégoire VII passa sa jeunesse. Le texte, aujourd'hui disparu mais encore visible vers 1640, a été copié dans un manuscrit de la Bibliothèque vaticane, le Vat. lat. 9135 (fol. 358-361v). L'éditeur a omis de signaler l'intérêt que présente l'ensemble du manuscrit. Sous le titre de Kalendarium vêtus romanum on y trouve en effet un précieux recueil de calendriers

1 L. Guérard, Un fragment de Calendrier romain au moyen âge, dans MEFR, 13 (1893), pp. 153- 175. Texte reproduit en appendice pp. 413-416.

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recopiés sur d'anciens manuscrits: calendriers civils de Rome et de l'Egypte, calendriers liturgiques de Rome, de Milan, de Cluny et de Paris (Saint-Victor, Saint-Martin, Sainte- Geneviève). 11 contient, entre autres, la célèbre copie du Chronographe de 354 avec ses gravures (fol. 287 sq.). C'est d'après ce manuscrit que nous avons établi le texte du calendrier, car l'édition de Guérard n'est pas exempte d'erreurs.

L'apport majeur du document consiste dans les nombreuses fêtes de papes qu'il mentionne. Alors qu'on en comptait jusque là 5 pour les six premiers mois de l'année, il en annonce 24. On étudiera plus loin ce développement du culte des saints papes2.

Le calendrier de ï Antiphonaire de Saint-Pierre

Le cardinal J. M. Tommasi a édité en 1686 un antiphonaire de Saint-Pierre qui devait retenir à plus d'un titre l'attention des historiens {Archivio San Pietro B 79). Cet antiphonaire est précédé d'un calendrier que Tomnrasi n'a pas négligé de publier avec l'ensemble du manuscrit, d'autant qu'il en facilite la datation, car les deux sont écrits de la même main3. En effet la mention au 29 décembre de saint Thomas de Cantorbéry, qui fut canonisé en 1173, amène à dater le manuscrit du dernier quart du 12e siècle. A la suite de Tommasi et de Vezzosi, qui publia ses Opera omnia, on peut circonscrire le travail du copiste entre les années 1181 et 1187 sans craindre de faire une erreur notable4. Quoi qu'il en soit de la date exacte de sa compilation, le calendrier de Saint-Pierre constitue le témoin majeur du sanctoral de la basilique vaticane à la fin du 12e siècle. Aussi constitue-t-il l'un des documents de base de notre étude.

LECTIONNAIRE

Le lectionnaire du Latran

Parmi les lectionnaires anciens qu'il a utilisés pour établir son Lectionnarius Missae Romanae Ecclesiae, Tommasi cite un lectionnaire du Latran5. Ce lectionnaire ou épisto- lier était certainement antérieur au 13e siècle. En effet, il portait souvent des rectifications marginales faites secundum usum Curiae romanae, ce qui prouve que le manuscrit était conforme à l'ancien usage de la basilique. Les péricopes que cite Tommasi correspondent assez exactement à celles du Missel du Latran de l'Archivio di Stato italiano que

2 Livre II, pp. 169-181. 3 Responsoriale et Antiphonarium Romanae Ecclesiae, édit. J. M. Cari (pseudonyme de J. M.

Tommasi), Roma 1686, pp. 1-15. Texte reproduit en appendice pp. 416-421. 4 Venerabilis viri Josephi Mariae Thomasii opera omnia, tomus quartus in quo Responsorialia et

antiphonaria Romanae Ecclesiae ad mss. codd. recensuit notisque auxit Antonius Franciscus Vezzosi C.R., Romae 1749, p. XXXII.

5 Lectionnarius Missae, dans J. M. Tommasi, Opera omnia, édit. Vezzosi, Roma 1747-1753, tome 5, p. 320.

ι

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PRÉSENTATION DES SOURCES 23

nous présentons parmi les manuscrits6. L'absence de la mention de saint Thomas Becket invite à dater ce lectionnaire des années 1150-1175. Malgré nos recherches dans les divers fonds romains nous n'avons pu le retrouver, mais il a été possible d'en restituer la teneur d'après l'apparat critique de l'édition du Lectionnarius Missae de Tommasi. La probité scientifique du grand liturgiste nous invite à lui faire totalement confiance7.

ANTIPHONAIRE DE LA MESSE

L'antiphonaire de Sainte-Cécile

D. Giorgi a publié un Antiphonarius liber qui a l'avantage d'être daté et localisé avec précision8. En effet, à la dernière page, le copiste du manuscrit a attesté qu'il avait achevé son travail le 20 mai 1071 et une main du 13e siècle a ajouté: Iste liber est sancte (Ceciliae transtiberyn) de urbe, fecit Iohannes. J. Hourlier et M. Huglo en ont donné une description paléographique et liturgique: il s'agit d'un antiphonaire entièrement noté, qui constitue le plus ancien témoin connu du chant «vieux-romain»9. C'est dire son intérêt pour les musicologues. Mais il ne saurait être négligé dans une étude sur la liturgie locale de Rome au 11e siècle. Malheureusement une lacune nous prive de la fin du sanctoral à partir du 29 juin.

On ignore les circonstances dans lesquelles le manuscrit quitta Rome à la fin du 18e ou au début du 19e siècle. Après avoir appartenu à la collection Philipps, il se trouve présentement à la Bibliothèque Bodmer, à Coligny-Genève.

ANTIPHONAIRE DE L'OFFICE

L'antiphonaire de Saint-Pierre

Le manuscrit Β 79 de l'Archivio San Pietro édité par Tommasi10, dont on a présenté le calendrier ci-dessus, offre le plus haut intérêt pour nous faire connaître la célébration de l'Office dans la basilique vaticane à la fin du 12e siècle. Il s'agit d'un antiphonaire-res-

6 Voir ci-après pp. 41-44. 7 Livre III, p. 193. Voir P. Jounel, Le lectionnaire du Latran du XIIe siècle, dans Humanisme et

foi chrétienne, Mélanges scientifiques du Centenaire de l'Institut catholique de Paris publiés par Ch. Kannengiesser et Y. Marchasson, Paris 1976, pp. 587-593.

8 D. Georgii, De liturgia romani pontificis, Roma 1733-1744, tome 3, pp. 441-528. Voir le sanctoral ci-après p. 134.

9 J. Hourlier-M. Huglo, Un important témoin du chant vieux romain: le Graduel de Sainte Cécile du Transtévère, dans Revue Grégorienne, tome 31 (1952), pp. 26-37.

10 Responsoriale et Antiphonarium Romanae Ecclesiae, Le. Bien que l'antiphonaire de Saint- Pierre ait été reproduit au tome 4 des Opera omnia de Tommasi, les références seront toujours données à l'édition princeps de 1686.

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24 LES SOURCES DOCUMENTAIRES

ponsorial de l'Office. Comme Pantiphonaire de la Messe de Sainte-Cécile au siècle précédent, l'antiphonaire de Saint-Pierre est entièrement noté en chant «vieux-romain». Ecrit sur parchemin à raison de onze portées par page, le manuscrit est une véritable œuvre d'art. Les lettrines des antiennes sont enluminées avec finesse dans une variété de couleurs où domine le bleu. On a relevé «la pauvreté relative» de son répertoire musical11. L'expression ne conviendrait pas pour caractériser son sanctoral, comme on pourra le constater12, mais celui-ci est cependant beaucoup moins fourni que celui du calendrier qui ouvre le manuscrit.

MARTYROLOGE

Le martyrologe de Saint-Pierre H 58

Les Analecta Bollandiana ont édité un Martyrologe de Bède conservé au Chapitre de Saint-Pierre {Archivio H 58), qu'à la suite d'une sérieuse étude paléographique l'éditeur date de la fin du 10e ou du début du 11e siècle13. H. Quentin, pour sa part, le faisait remonter au 12e siècle seulement et il ajoutait qu'on ne peut «ni affirmer ni nier avec certitude qu'il ait été en usage à Saint-Pierre, quoique son origine romaine soit incontestable»14. Sur ce dernier point il semble que Quentin n'ait pas attaché assez d'importance à certaines notices qui témoignent en faveur de l'appartenance du manuscrit à la basilique vaticane. Il y a d'abord l'annonce au 18 novembre de la Dedicatio beati Petri apostoli sans mention de la dédicace de Saint-Paul, qui lui est jointe dans les livres liturgiques ultérieurs, même dans ceux de Saint-Pierre, à l'exception de l'Antiphonaire où on lit: In Dedicatione Basilicae beati Petri Principis Apostolorum (p. 184). De plus la notice consacrée à la déposition du pape Jean Ier (28 mai) déclare: cuius corpus translatum de Ravenna sepultum est in basilica sancii Petri apostoli, sans préciser que le corps du pape martyr fut reçu solennellement à Rome. On a ainsi l'impression de se trouver en présence d'une notice rédigée à l'usage de la basilique.

Si l'on retient la date proposée par les Bollandistes, on doit estimer que le Martyrologe de Bède en usage à Saint-Pierre est le plus ancien témoin des fêtes de la dédicace du Latran au 9 novembre et de la dédicace de Saint-Pierre au 18 du même mois.

11 Du point de vue musical voir M. Huglo, Le Chant «vieux-romain», dans Sacris erudiri, tome 6 (1964), p. 113. L'importance de l'antiphonaire de Saint-Pierre a été soulignée par P. Salmon, L'Office divin au Moyen Age, Coll. Lex orandi 43, Paris 1967, pp. 130-132.

12 II faut d'ailleurs ajouter que plusieurs fêtes étaient célébrées avec les formulaires du Commun sans pourtant être signalées dans le corps de l'antiphonaire. C'est ainsi qu'il n'est question qu'accidentellement de la mémoire de saint Léon le 28 juin (p. 147). Sanctoral reproduit en appendice pp. 421-424.

13 Martyrologium e codice basilicae vaticanae nunc primum editum, dans Analecta Bollandiana 49 (1931), pp. 51-97.

14 H. Quentin, Les Martyrologes historiques du moyen âge, Paris 1908, p. 42.

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PRÉSENTATION DES SOURCES 25

LES ORDINAIRES

Micrologus de ecclesiasticis observationibus

Le Micrologus, édité par Pamélius en 1565 15, n'est pas à proprement parler un Ordinaire car, à la manière des anciens Or dines, il est plus synthétique, mais il peut cependant être rangé sous ce titre en raison de son contenu. La description de la célébration de la messe et de l'année liturgique à la fin du 11e siècle présente un intérêt certain, car l'auteur distingue toujours clairement les usages romains de ceux qui ont été introduits à Rome au temps où, selon les termes de Grégoire VII, Teutonicis concessimi est regimen nostrae ecclesiae16.

L'auteur du Micrologus, Bernold de Constance17, était précisément l'un des pionniers de la réforme grégorienne. Né à Constance vers 1050-1055, prêtre en 1084, il mourut sous l'habit monastique à Schaffhouse (Suisse) en 1100, après avoir vigoureusement combattu pour la réforme de l'Eglise sous les papes Grégoire VII, Victor III et Urbain II.

En ce qui concerne le calendrier, on retiendra surtout l'attestation de Bernold sur l'intervention personnelle de Grégoire VII pour diffuser le culte des papes martyrs18.

Liber politicus

Mabillon a publié un Ordinaire de la basilique Saint-Pierre dont le manuscrit portait le titre énigmatique de Liber pollicitus19. Mais le titre originel de cet Ordinaire, qui décrit les fonctions papales au long de l'année, est celui de Liber politicus, comme on peut le lire, par exemple, dans le Bréviaire de sainte Claire, conservé au couvent Saint-Damien à Assise: Quiconque, dit une rubrique du jour de Pâques, veut avoir des précisions sur tel détail de la liturgie papale inveniat librum qui vocatur politicus20. La «politique», dont il s'agit ici, consiste dans la répartition des charges de la Maison du pape, lorsque celui-ci célèbre la liturgie aux fêtes principales dans l'une ou l'autre des basiliques stationales de la Ville.

15 Micrologus de ecclesiasticis observationibus, P.L. 151, col. 974-1022. 16 G. Morin, Etudes, Textes, Découvertes, dans Coll. Anecdota Maredsolana 2, Maredsous 1913,

p. 460. 17 C'est G. Morin qui a établi Que l'auteur du Micrologus est Bernold de Constance, dans Revue

bénédictine, 8 (1891), pp. 385 sq. 18 Ci-après, p. 181. 19 Le texte édité par Mabillon dans son Museum italicum a été reproduit dans la P. L. 78, col.

1025-1062. Mais il convient de se référer à l'édition de P. Fabre-L. Duchesne dans Le Liber censuum de l'Eglise romaine, Paris 1910, pp. 141-177.

20 A. Cholat, Le Bréviaire de sainte Claire, Coll. Opuscules de critique historique VIII, Paris 1904, p. 93.

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26 LES SOURCES DOCUMENTAIRES

L'auteur de cet Ordinaire se présente ainsi: Benedictus, beati Petri apostoli indignus canonicus et Romanae Ecclesiae cantor. Il évoque l'amitié qui le lie au cardinal Guy de Castello, à qui il fait la dédicace de son ouvrage. Nous ne savons rien d'autre sur lui. Comme le cardinal de Castello devait devenir en 1 143 le pape Célestin II, l'Ordinaire du chanoine Bento ou Benoît peut être daté des environs de 1140.

On ne saurait reconstituer le sanctoral de Saint-Pierre à partir d'un tel document, mais il nous sera utile pour décrire la manière dont étaient célébrées au Latran les fêtes de saint Jean-Baptiste et de l'Exaltation de la Croix, ainsi qu'au Vatican celles de saint Pierre et de saint André.

Ordo Officiorum ecclesiae later anensis

Lorsqu'en 1916 L. Fischer publia Y Ordo Officiorum ecclesiae lateranensis du chanoine Bernhard, contenu dans un manuscrit de la Hofbibliothek de Vienne (Cod. lai. membr. 1482) parmi un ensemble de documents relatifs aux Chanoines réguliers de saint Augustin, il rendit un signalé service à tous ceux qui étudient la liturgie de la Rome médiévale21. Ceux-ci n'oublient pas, en effet, la consigne de Mabillon: Quisquis veteres romanae Ecclesiae ritus accurate indagare cupit, studiosius ea legere débet quae pertinent ad Ecclesiam Lateranensem22. Sans doute ne s'agissait-il que d'un Ordo canonial et non de VOrdo papal: le prieur Bernhard ne cache pas qu'il se réfère aux traditions de sa famille religieuse, celle des Chanoines réguliers de Saint-Frigdien de Lucques, en même temps qu'aux usages de la basilique elle-même, et il ne fait pas habituellement le départ de ceux-ci et de celles-là. Mais enfin, pour qui aborde le texte avec un regard averti, la liturgie du Latran de la seconde moitié du 12e siècle révèle ses éléments essentiels.

Ego Bernhardus Lateranensis ecclesiae humilis prior: c'est ainsi que se présente l'auteur dans son prologue. Fischer a crû pouvoir l'identifier avec Bernard, cardinal-évê- que de Porto de 1158 à 1176, qui avait été prieur du Latran avant de devenir cardinal- prêtre de Saint-Clément en 1145 et archiprêtre de Saint-Pierre en 1152. La première rédaction de Y Ordo remonterait ainsi aux années 1140-1145. Le manuscrit ne date que des dernières années du siècle, comme on peut le constater en voyant l'addition relative à la fête récente de saint Thomas de Cantorbéry. Mais l'incohérence-même de cette addition laisse deviner que la copie des années 1180 reproduit fidèlement l'original: on prescrit, en effet, de chanter la messe du martyr, alors que dans le paragraphe précédent on déclare que, le 29 et 30 décembre, il faut reprendre intégralement la messe Puer natus est du jour de Noël23.

21 Bernhard, Ordo Officiorum ecclesiae lateranensis, édit. L. Fischer, München 1916. 22 J. Mabillon, In Ordinem romanum Commentarius praevius, P. L. 78, col. 925. 23 Berhard, Ordo Officiorum ecclesiae Lateranensis, I.e., p. 16.

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PRÉSENTATION DES SOURCES 27

En 1968, L. Gjerlow a mis en lumière dans son édition de YOrdo nidrosiensis eccle- siae la dépendance de YOrdo lateranensis par rapport au coutumier de Saint-Ruf d'Avignon de la fin du 11e siècle qui, reproduit parfois mot-à-mot dans l'Ordinaire de Letbert (Paris, BN ms. lat. 1233), devait avoir une vaste influence puisqu'on la perçoit jusqu'à Jérusalem au Saint-Sépulcre: «The greater part of Letbert'ordinary (not the customary and ritual) reappears mutatis mutandis in the Ord. Lat.»24. Comment YOrdo du monastère provençal a-t-il pu atteindre le Latran? - Sans doute par le fait que Saint-Ruf avait été un centre de réforme de la vie canoniale, comme Saint-Frigdien de Lucques, de qui dépendait le Chapitre du Latran. L. Gjerlow a pourtant découvert un intermédiaire plus direct: Nicolas Breakspear, le futur Adrien IV (1154-1159), qui avait été prieur, puis abbé, de Saint-Ruf avant de devenir cardinal-évêque d'Albano (entre 1147 et 1149). Ne serait-ce pas lui qui aurait introduit les usages de Saint-Ruf au Latran? Mais il faudrait alors renoncer sans doute à voir dans Bernhard de Porto le compositeur de YOrdo, puisqu'il quitta sa charge de prieur en 1145 pour devenir cardinal. Il faudrait aussi découvrir un autre prieur homonyme qui aurait composé le document quelques années plus tard. Une telle entreprise ne nous semble pas indispensable. En effet, Nicolas Breakspear fit plusieurs séjours à Rome au temps où il était abbé de Saint-Ruf, afin de se disculper auprès du pape Eugène III des accusations portées contre lui par sa propre communauté25. Où l'abbé de Saint-Ruf, venu plaider sa cause au Latran, pouvait-il trouver un pied-à-terre mieux indiqué que parmi ses confrères les chanoines de la basilique et près de Bernhard leur prieur?

En ce qui concerne le sanctoral de YOrdo lateranensis, il est assez facile de distinguer l'apport de la tradition canoniale de celui de la basilique. Il est évident, par exemple, que la fête de saint Frigdien de Lucques (18 mars) est propre au Chapitre. Notons, à ce sujet, que YOrdo ne connaît pas la fête de saint Ruf, mais que nous trouverons celle-ci dans le Calendrier du Latran, qui va être présenté ci-après. Les éléments de comparaison ne manquent pas entre la liste des saints de YOrdo et les autres sources contemporaines. Chaque fois qu'un saint est mentionné uniquement dans YOrdo il convient d'étudier avec soin la provenance de cette mention. Mais cela n'arrive que très rarement.

LES DESCRIPTIONS

Un chanoine du Latran, le diacre Jean, et un chanoine de Saint-Pierre, le prêtre Pierre di Mallio, contemporains l'un et l'autre du pape Alexandre III (1159-1181), ont

24 Ordo nidrosiensis ecclesiae, Libri liturgici provinciae nidrosiensis medii aevi, vol. II, édit. L. Gjerlow, Oslo 1968, pp. 105-107.

25 R. Foreville et J. Rousset de Pina, Du premier Concile du Latran à l'avènement d'Innocent III (1123-1198), 2e partie, dans Histoire de l'Eglise depuis les origines jusqu'à nos jours publiée sous la direction de A. Fliehe et V. Martin, vol. 9, Paris 1953, pp. 10-11.

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28 LES SOURCES DOCUMENTAIRES

laissé chacun la description de sa basilique respective. Ces deux documents, qui avaient pour but de guider les pèlerins, «sont des textes caractéristiques de la lutte pour la préséance qui opposait depuis près d'un siècle» le Latran et le Vatican26. Comme le note avec justesse C. Vogel dans son étude sur l'histoire du texte manuscrit de la Descriptio ecclesiae lateranensis, il y a une ressemblance certaine dans « la manière d'argumenter et, par moments, l'allure générale du style dont usent les deux auteurs», mais «pour la qualité de la composition» Pierre di Mallio l'emporte sans conteste sur le diacre Jean.

Descriptio lateranensis ecclesiae

La description de la basilique du Latran a été l'objet de plusieurs rédactions successives. La plus ancienne, qui était anonyme, est de peu postérieure à 1073; la deuxième, pareillement anonyme, fut accomplie entre 1154 et 1159. C'est la troisième qui est l'œuvre du chanoine-diacre Jean. Il l'entreprit sur l'ordre du pape Alexandre III. La rédaction du diacre Jean subit elle-même de multiples interpolations jusqu'au 14e siècle.

Mabilion fut le premier à publier la description de la basilique du Latran. Il le fit à partir d'un manuscrit inconnu27. Dans son livre sur le palais du Latran Ph. Lauer reproduit l'édition de Mabilion, en indiquant les variantes des manuscrits qu'il avait pût inventorier28. On suivra ici l'édition de Valentini-Zucchetti29. Elle reproduit une copie de la rédaction du diacre Jean qui peut être contemporaine du pape Honorius III (1216- 1227).30

Descriptio basilicae vaticanae

On possède une double rédaction de la description de la basilique vaticane. La première fut l'œuvre du chanoine Pierre di Mallio, qui était déjà attaché au clergé de Saint- Pierre au temps d'Eugène III (1145-1153). Son travail, qui utilise à coup sûr des sources plus anciennes, est dédié au pape Alexandre III. Il est donc contemporain de la troisième rédaction de la description de la basilique du Latran. L'œuvre de Pierre di Mallio devait être reprise, au début du 13e siècle, par un autre chanoine de Saint-Pierre nommé Romain. Celui-ci la modifia et lui apporta des amplifications.

26 C. Vogel, La Descriptio ecclesiae lateranensis du diacre Jean, Histoire du texte manuscrit, dans Mélanges en l'honneur de Monseigneur Michel Andrieu, Revue des sciences religieuses, volume hors série, Strasbourg 1956, p. 457.

27 J. Mabilion, Museum italicum, tome 2, pp. 560-576. Reproduit dans P.L. 78, col. 1379-1392. 28 Ph. Lauer, Le Palais de Latran, Ecole Française de Rome, Paris 1911, pp. 392-406. 29 R. Valentin-G. Zucchetti, Codice Topografico della Città di Roma, tome 3, Roma 1946, pp.

319-373. 30 II en est fait mention à la page 346.

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PRÉSENTATION DES SOURCES 29

Le texte de Pierre di Mallio a été édité pour la première fois par C. Janningo31. Comme pour la description du Latran, nous nous référerons à l'édition de Valentini-Zuc- chetti32.

Ces deux documents nous fourniront des renseignements d'importance pour l'étude du culte monumental des saints dans chacune des basiliques.

II - LES SOURCES MANUSCRITES

CALENDRIER

Le Calendrier du Latran (Archivio di Stato italiano ms. 997)

Le Missel du Latran de la seconde moitié du 12e siècle, dont on trouvera plus loin la présentation, commence par un calendrier qui est un peu postérieur au reste du manuscrit. Tandis que, dans le Missel, la messe de saint Thomas de Cantorbéry a été ajoutée d'une autre main au 29 décembre, la mention du saint appartient à la rédaction initiale du Calendrier. Il convient donc de dater celui-ci des années 1180, comme la copie de YOrdo ecclesiae lateranensis éditée par Fischer.

Le Calendrier, écrit en deux couleurs sans qu'on devine pourquoi tel saint est inscrit en rouge et tel autre en noir, comporte beaucoup plus de fêtes que le corps du Missel. Mais il s'agit vraiment d'un calendrier liturgique, car il est corroboré pour la quasi-totalité de ses mentions par YOrdo lateranensis. Les deux documents constituent ainsi, dans leur convergence globale, une base solide pour établir le sanctoral du Latran à la fin du 12e siècle. Voici les seuls points sur lesquels ils diffèrent entre eux.

Fêtes attestées par YOrdo, mais absentes du Calendrier:

13 août saint Euplus 9 octobre saint Domninus

Fêtes attestées par le Calendrier, mais absentes de YOrdo:

28 juin saint Léon 27 juillet saint Pantaléon 1 1 août sainte Suzanne 1er septembre saints XII Frères

31 C. Janningo, Pétri Malii Opusculum historiae sacrae, dans Acta Sanctorum iunii, tome 7, Anvers, 1717, pp. 37-54.

32 R. Valentini-G. Zucchetti, Codice Topografico della Città di Roma, tome 3, pp. 376-442.

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30 LES SOURCES DOCUMENTAIRES

8 septembre saint Adrien 23 septembre sainte Thècle 1er novembre saint Césaire 9 novembre saint Théodore 10 novembre saints Tryphon, Respice et Nympha 17 novembre saint Ruf 11 décembre saint Daniel

Parmi les fêtes que le Calendrier est seul à mentionner, plusieurs appartiennent à la plus ancienne tradition romaine, et leur absence s'explique mal dans VOrdo.

Le Calendrier est malheureusement privé de son premier folio, qui contenait les mois de janvier et de février. Mais sa parenté avec VOrdo du chanoine Bernhard rend moins vive la déception qu'on pourrait avoir de cette lacune. Ajoutons que le manuscrit comporte un certain nombre d'additions de plusieurs mains faites au cours du 13e et du 14e siècle, ce qui prouve qu'il est resté longtemps en usage. Ces additions consistent d'abord dans l'insertion de nouveaux saints, comme sainte Catherine d'Alexandrie, saint Pierre de Vérone, canonisé en 1253, et saint Pierre Célestin, canonisé en 1313. Elles comportent aussi des obits et des mentions liturgiques, comme le titre de docteur de l'Eglise, qui a dû être ajouté à la suite du décret de Boniface VIII élevant les fêtes des quatre docteurs d'Occident au même rang que celles des Apôtres33.

LES LECTIONNAIRES ET LES CAPITULAIRES

Evangéliaire et capitulaire (Vat. lat. 5465)

Le témoignage du Vaticanus lat. 5464 présente un grand intérêt car ce manuscrit, qui date du 9e siècle, constitue indubitablement l'un des rares représentants de la liturgie locale de Rome pour les deux siècles qui séparent VHadrianum de l'introduction des premiers livres romano-francs. Son calendrier nous fournira un terminus a quo.

Il s'agit d'un evangéliaire de grande dimension (mm. 355 χ 272), auquel a été joint un capitulare evangeliorum34. On y trouve le texte intégral des quatre Evangiles dans l'ordre de la Bible, écrit en onciale sur deux colonnes par page, à raison de trente lignes par colonne (fol. 1-170) et ensuite le capitulare en cursive sur deux colonnes de quarante-

33 On trouvera le texte du Calendrier du Latran pp. 84-94. Il constitue l'élément majeur du sanctoral du Latran au 12e siècle p. 193.

34 P. Salmon, Les manuscrits liturgiques latins de la Bibliothèque vaticane, tome 2 Sacramentaires, épistoliers, évangéliaires, graduels, missels, Cité du Vatican 1969, n° 136, p. 65. L'auteur donne le 8e- 9e siècle comme date du manuscrit. Klauser l'attribue au 9e siècle.

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PRÉSENTATION DES SOURCES 31

trois lignes chacune (fol. 171-177). Quand le volume a été relié (reliure moderne en cuir rouge), le fol. 172 a été inséré après le fol. 176.

L'étude de Th. Klauser sur les capitulaires romains des évangiles35 permet de classer sans peine le capitulare du Vat. lat. 5645, qui y est d'ailleurs inventorié (n° 343, p. LXIV). Copié moins d'un siècle après les deux types Λ et Σ, auxquels il s'apparente, il présente un certain nombre de caractéristiques originales, dont aucune ne nous invite à mettre en doute son caractère proprement romain. Pour le fond il relève essentiellement du type Λ, compilé à Rome vers 740, avec certaines additions du sanctoral du type Σ, compilé à Rome également vers 755. Mais, à la différence de ces deux types, il commence l'année au 1er dimanche de l'Avent, selon l'usage des antiphonaires francs, il compte les dimanches et non les semaines et il donne le quantième du mois selon l'ancienne manière romaine. Ce faisant, il se distingue du Vat. lat. 7016, capitulare originaire de Lucques, que Giorgi rapprochait de lui dans l'édition qu'il en a donnée36.

Peut-on localiser cet évangéliaire dans Rome? Un indice mérite d'être relevé: alors qu'il ne connaît encore aucune des fêtes des Apôtres, qui sont traditionnelles à la fin du 8e siècle aussi bien au Mont-Cassin qu'en Pays francs, le capitulare annonce au 21 septembre celle de saint Matthieu. Où saint Matthieu pouvait-il être célébré d'une manière privilégiée sinon dans sa basilique de la via Merulana, qui comptait déjà parmi les églises titulaires en 499? On lit également dans le capitulare au 22 janvier: sancii Vincentii, statio in basilica Eusebii iuxta Merulana. Il est vrai que cette mention se trouve aussi dans le célèbre Codex Aureus de Lorsch (Bibl. Vatic. Cod. Pal. lat. 50)37. Mais la mention la plus ancienne pourrait être celle de notre capitulare, qui attesterait ainsi deux fois sa relation originelle avec la via Merulana, qui relie le Latran à Sainte-Marie Majeure38.

Evangéliaire et capitulaire (Bibl. Vatic. Barberini ms. lat. 637, olim XIV, 10)

Ce manuscrit de 139 fol. écrit sur parchemin (mm. 272 χ 205) contient d'abord le texte des quatre Evangiles (fol. 1-128), puis un capitulare evangeliorum (fol. 129-139). L'écriture est du 10e siècle39. Bien qu'elle soit toute entière de la même main et de la même encre, aujourd'hui assez passée, l'écriture des Evangiles, dont le texte est disposé sur deux colonnes (trente lignes par colonne), apparaît plus soignée avec ses lettrines rouges fort élégantes. L'écriture du capitulare se développe en pleine page presque sans alinéa; elle ne comporte pas de lettrines.

35 Th. Klauser, Das römische Capitulare Evangeliorum, Coll. Liturgiegeschichtliche Quellen und Forschungen, heft 28, Münster in Westf. 1935.

36 D. Georgii, De liturgia romani pontifias, I.e., tome 3, pp. 232-300. 37 Th. Klauser, I.e., n° 36, p. 62. Sur le Codex Aureus de Lorsch, voir dans le même livre p. 52. 38 On trouvera le texte du sanctoral p. 124-127. 39 Th. Klauser, Le, n° 350, p. LXV; P. Salmon, I.e., n° 71, p. 42.

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32 LES SOURCES DOCUMENTAIRES

Aucun détail ne permet de déterminer l'église ou le monastère qui eut ce volume à son usage. L'origine italienne du manuscrit ne fait pas de doute, mais rien n'indique qu'il ait été écrit à Rome, encore que son sanctoral s'accorde assez bien avec ce qu'on peut savoir par ailleurs de la tradition romaine: c'est fondamentalement celui de YHadrianum auquel on a joint avec parcimonie quelques fêtes, comme celles de saint Matthieu (déjà attestée par le document précédent), des saints Simon et Jude et surtout, au 1er novembre, la fête de Tous les Saints. Cette fête d'origine celto-franque coexiste avec la vieille fête romaine de Sainte-Marie ad Martyres du 13 mai40.

Evangéliaire et capitulaire (Vat. lat. 44)

Ce manuscrit de 198 fol. (mm. 319 χ 215) sur parchemin frappe immédiatement par la beauté de son écriture et la finesse de ses titres rédigés en capitales au minium. Il contient les quatre Evangiles (fol. 15-198), précédés d'un capitulare liturgique qui ne manque pas d'intérêt (fol. 1-14). Alors que le manuscrit date du 12e siècle41, la liste des péricopes semble plus archaïque que dans la plupart des documents de cette époque. Il faut donc la situer pour le moins tout au début du siècle. L'ouvrage a reçu une couverture moderne de cuir rouge aux armes de Pie IX et du cardinal Mai.

Tommasi a utilisé le capitulare pour établir son Lectionnaire de la Messe, où il le cite sous le sigle L, et Klauser l'a recensé sous le n° 339 (p. LXIV). Temporal et sanctoral, qui sont mêlés, dépendent d'une manière assez étroite du capitulare de type Δ édité par Klauser. Mais la dépendance n'est pas absolue entre le document romano-franc du milieu du 8e siècle et le capitulare du 12e. On y trouve, en particulier, aux 28 et 29 septembre, deux notices qui tranchent sur les documents similaires: in vigilia S. Michaelis, in Memoria S. Michaelis. Non seulement la fête de l'Archange est dotée d'une vigile, mais le copiste a écarté le titre donné traditionnellement à la fête du 29 septembre dans les lectionnaires, les sacramentaires et les antiphonaires, pour choisir une appellation qu'on trouve avant tout dans les martyrologes, mais qu'on lira aussi dans le Calendrier de Saint-Pierre: Memoria42. Evidemment ce titre et surtout la vigile nous invitent à mettre le livre en relation avec une église dédiée à l'archange saint Michel. On ne saurait en dire davantage. Il est impossible d'affirmer que le manuscrit a été copié à Rome, encore qu'on n'y trouve aucune trace d' influence étrangère. N'était la mention des apôtres Jac-

40 On trouvera le sanctoral p. 129-132. 41 P. Salmon, Les manuscrits liturgiques, I.e., tome 2, n° 128, p. 63. 42 On lit, par exemple, dans le Martyrologe d'Usuard: In monte Gargano, venerabilis memoria

beati archangeli Michaelis. Cf. édition J. Dubois, Coll. Subsidia Hagiographica, n° 40, Bruxelles 1965, p. 311.

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PRÉSENTATION DES SOURCES 33

ques, Barthélémy et Matthieu, on penserait se trouver en présence d'un calendrier du 7e siècle. Il ne contient ni la Conversion de saint Paul, ni la Chaire de saint Pierre, ni la solennité de Tous les Saints43.

Epistolier de Saint-Saba (Bibl. Angelica ms. lat. 1383)

Avec l'Epistolier de la basilique de Saint-Saba, copié au 11e siècle, nous rencontrons enfin un document dont le lieu d'origine est parfaitement attesté44. Le manuscrit est un parchemin de 176 fol. (mm. 243 x 168). Au dos de la reliure de cuir, qu'il a reçue au 17e siècle, il est intitulé Lectionnarius vêtus. Il s'agit, en fait, d'un livre des épîtres, qui est malheureusement incomplet. Il commence dans le cours de l'épître du 3e dimanche après l'Epiphanie. L'écriture en est très soignée: titres en rouge, composés en lettres capitales, lettrines finement dessinées en rouge, jaune et vert (parfois on y ajoute le violet).

L'origine du livre est révélée au fol. 169v, qui porte: Pridie non. dec. vig. sci Sabe. La lettrine et les deux premières lignes de l'épître sont décorées en quatre couleurs avec le plus grand soin. Elles ne peuvent être comparées qu'aux incipit du samedi saint et du dimanche de la Résurrection. Seule la basilique Saint-Saba, sur l'Aventin, pouvait avoir une vigile pour la fête du grand anachorète du désert de Juda. De plus les litanies du samedi saint révèlent le caractère monastique du manuscrit. La première invoque les saints Benoît, Paul, Antoine et Maur; la deuxième les saints Basile, Ephrem, Romain, Placide, avec tous les saints moines et ermites; la troisième les saints Saba, Machaire, Paphnuce et sainte Scholastique. C'est ce qui faisait noter à H. Narducci: Codicem in usum fuisse Monachorum ord. S. Basila vel Benedict^5. Or, au 11e siècle, Saint-Saba était un monastère de moines cassiniens, qui avaient succédé aux moines grecs du 8e siècle.

Le sanctoral est assez réduit. Il ajoute au fonds romain, en plus des fêtes de saint Saba et de saint Benoît, celles des quatre évangélistes et la solennité de Tous les Saints. On y trouve aussi l'une des plus anciennes attestations de la fête de la Transfiguration à Rome46.

43 On trouvera le sanctoral p. 146. 44 On ne fera pas mention de l'évangéliaire de Santa Maria in Via lata, du 10e siècle, répertorié

par Klauser (I.e., n° 334, p. LXIII) et Salmon (I.e., n° 115, p. 58). C'est avec une vive déception qu'en ouvrant la magnifique reliure byzantine du livre nous avons constaté que celui-ci était à peu près totalement illisible. Les pages délavées donnaient l'impression d'avoir longtemps séjourné dans l'eau. L'ouvrage contenait le texte des quatre Evangiles (fol. 1-157) suivi d'un Capitulare evangelio- rum.

45 H. Narducci, Catalogus manuscriptorum in Bibliotheca Angelica, Roma 1892, p. 586. 46 On trouvera le Calendier pp. 65-66.

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34 LES SOURCES DOCUMENTAIRES

EVANGÉLIAIRE - SACRAMENTAIRE

Evangéliaire-Sacramentaire du Vatican (Archivio San Pietro F 12)

Le manuscrit F 12 du Chapitre de Saint-Pierre, écrit sur parchemin, comporte 209 fol. (mm. 295 X 172). La reliure est ancienne: la couverture de bois peut remonter au 11e siècle, mais le dos de cuir a été refait au 16e siècle. Le titre Orationale, qui a été inscrit au dos, est faux, car il s'agit d'un évangéliaire et d'un sacramentaire des dimanches et fêtes. L'encre noire est décolorée, mais les lettrines en bleu, rouge, vert et jaune ont conservé toute leur fraîcheur. D'après Ebner, dont les paléographes confirment l'assertion, l'écriture, une minuscule du début du 11e siècle, permet d'en localiser l'origine avec certitude: elle appartient à une école qui se trouve représentée au Chapitre de Saint-Pierre47. Son usage monastique est également hors de doute48. Il semble donc que le copiste: Ioh(ann)es, qui d(icitur) CORB(US) et indignus diaconus et monachus (fol. 209v) ait travaillé pour le service d'un monastère basilical du Vatican, peut-être le monastère Saint-Martin. En effet, non seulement on célèbre, le 4 juillet, son ordination et sa translation, mais la lettrine de la collecte du 1 1 novembre est enluminée avec un soin particulier.

Relevons encore d'autres indices de l'appartenance de cet evangeliaire-sacramentaire à l'usage de la basilique Saint-Pierre. Comment expliquer, par exemple, qu'on y trouve toujours les formulaires des samedis des quatre temps, alors que ceux des mercredis et vendredis sont omis, sinon par le fait que la station du samedi aux douze lectures a lieu à Saint-Pierre? Le dessin hors-texte, destiné à séparer le lectionnaire du sacramentaire, semble orienter dans la même direction. Ce dessin à la plume en bleu, ocre et jaune, comporte deux étages: en-haut, le Christ en gloire tenant l'évangile d'une main et bénissant de l'autre; en bas, trois personnages le regardent. Parmi eux on identifie sans peine Pierre et Paul. Le troisième ne serait-il pas André, dont on sait qu'il était honoré d'un culte spécial au Vatican dans la rotonde jouxtant le mur méridional de la basilique?

L' évangéliaire (fol. 4-86) et le sacramentaire (fol. 87-209), dont les premières pages font défaut (il commence à la secrète du samedi des quatre temps d'avent), ont été conçus pour être utilisés ensemble, comme l'indiquent à plusieurs reprises les renvois du sacramentaire à l'évangéliaire (voir fol. 187v). Le sanctoral du sacramentaire diffère pourtant notablement de celui du lectionnaire.

Le calendrier que suit l'évangéliaire ne pose pas de problème. Aux anciennes fêtes romaines se sont ajoutées quelques fêtes des Apôtres et Evangélistes (Jacques, Barthé-

47 A. Ebner, Quellen und Forschungen zur Geschichte und Kunstgeschichte des Missale romanum in Mittelalter. Iter italicum, Freiburg im Breisgau 1896, p. 185.

48 P. Salmon, Les manuscrits liturgiques, Le, tome 2 n° 4, p. 4-5.

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PRÉSENTATION DES SOURCES 35

lemy, Matthieu, Luc, Simon et Jude), ainsi que les fêtes de saint Benoît (11 juillet), de saint Augustin et de Tous les Saints. L'Ypapanti romaine a reçu le nom nordique de Purification.

Le sanctoral du sacramentaire est beaucoup plus fourni. La plus grande partie du sanctoral des sacramentaires francs y est passée, avec les fêtes de saint Prix de Clermont et de saint Genès d'Arles. On y trouve toutes les fêtes d'Apôtres, ainsi que les deux fêtes de saint Benoît (21 mars et 11 juillet), mais saint Augustin est le seul représentant des docteurs (saint Grégoire présent dans le lectionnaire est absent du sacramentaire). La difficulté majeure que présente le sanctoral de ce sacramentaire consiste dans la liste impressionnante de saints appartenant à divers régions d'Italie, de Bologne à Capoue. La voici.

25 mai S. Zénobe de Florence 1 juin S. Proculus de Bologne 6 juillet S. Romulus de Fiesole

28 août S. Ruf de Capoue 1 septembre S. Prisque de Capoue

14 octobre S. Gaudence de Rimini 1 novembre S. Miniatus de Florence

26 novembre S. Gaudence de Fiesole

Dans les Litanies des Saints du Samedi Saint on lit également les noms de S. Anto- nin (Capoue) et de S. Séverin (San Severino), ainsi d'ailleurs que ceux d'Anne et d'Elisabeth (fol. 125V-128).

Ajoutons qu'on trouve au 22 juin la fête de Jacques, fils d'Alphée, attestée à plusieurs reprises en Italie centrale49. Mis à part les noms des saints capouans Ruf et Prisque, qui peuvent provenir des sacramentaires francs, héritiers eux-mêmes du Gélasien50, il reste difficile d'expliquer le culte de ces saints au Vatican. La plupart d'entre eux n'est l'objet d'aucune mention chez les autres témoins51.

LES SACRAMENTAIRES

Le sacramentaire de Saint-Laurent in Damaso (Bibl. Vallicelliana E 15)

Le manuscrit latin E 15 de la Bibliothèque Vallicelliana est un volume de 203 fol. (mm. 28 x 21), écrit sur parchemin dans la seconde moitié du 11e siècle avec des lettrines alternées noires et rouges. Parfois la première lettre du premier mot est d'une cou-

49 Voir A. Ebner, Missale romanum in Mittelalter, I.e., références p. 474. 50 L. Mohlberg, Liber sacramentorum romanae ecclesiae, Roma 1960, nos 1003 et 1013. 51 On trouvera le sanctoral du sacramentaire pp. 54-57.

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36 LES SOURCES DOCUMENTAIRES

leur et la dernière lettre de ce mot d'une autre couleur. On lit au début les indications suivantes: Missale et Poenitentiale antiquum a viro clarissimo Ioanne Mabillon osb lauda- tum et potissime commentatum. Codex X saeculi, puis: Codex sacramentorum S R E ex Gelasiano et Gregoriano conflatus, qui usu fuit Eccles. titulari S. Lamenti in Damaso de Urbe ut constat ex ipsius S. Damasii missa. Penitentiale antiquum orientalis eccles. Benedic- tionale. Alterius Codicis sacramentorum Rom. Eccle. Fragmentum. En réalité le pénitentiel fait corps avec le sacramentaire (fol. 1-197) et le bénédictional consiste dans un fragment de deux pages d'une écriture plus récente (fol. 198rv). Quant aux fragments d'un autre sacramentaire, ils sont au nombre de trois et ils ont été reliés d'une manière erronée. Pour les utiliser il faut rétablir l'ordre suivant: fol. 202, 201, 199, 203, 20052.

Le sacramentaire principal appartient à la basilique de Saint-Laurent in Damaso, ainsi que l'indique la collecte pour laDepositio sanctissimi Damasi papae, dont elle dit: qui in presenti requiescet ecclesia (fol. 7v). De même a-t-on noté avec soin au 30 septembre la Depositio beati Hieronimi presbyteri (fol. 103).

Le manuscrit commence avec le VD de la préface et la suite de XOrdo Missae. Temporal et sanctoral sont mélangés. Après les Communs on trouve les messes votives per hebdomadam du sacramentaire d'Alcuin, des messes pour diverses circonstances, des bénédictions, les oraisons quotidiennes pour l'Office, un Ordo de la pénitence et les messes des défunts. Les derniers feuillets manquent.

Le sanctoral présente le plus haut intérêt. Il est très fourni pour l'époque. On y trouve en particulier les fêtes de la Transfiguration et de la Dédicace du Saint-Sauveur. Toutes les fêtes des sacramentaires francs y ont pris place, ainsi qu'un certain nombre de fêtes orientales: les saints Saba, monachi et eremite, Basile (1er janvier), Chrysostome (à la date byzantine du 13 novembre), Nicolas et sainte Barbara. A côté de ces fêtes orientales relevons le bi-linguisme du titre du 2 février: Ypopanti id est Obviatio, ainsi que les deux fêtes de saint Mathias: l'une le 24 février et l'autre au temps pascal (30 avril)53.

Le sacramentaire de Saint-Tryphon (Archivio San Pietro F 14)

Le manuscrit de 136 fol. (fol. non paginé entre les fol. 92 et 93), de format mm. 250 X 165, est écrit sur parchemin d'une écriture du 12e siècle, qu'Ebner juge sévèrement en

52 Les répertoires liturgiques ont accordé peu d'intérêt à ce sacramentaire. A. Ebner en dit quelques mots dans une note (I.e., p. 205), K. Gamber lui consacre une phrase: K. Gamber, Codices liturgici latini antiquiores, Coll. Spicilegii Friburgensis subsidia 1, Freiburg/Schweiz 1968, n° 792, p. 365. Bourque n'en souffle mot. Sur la datation de ce sacramentaire voir P. M. Gy, Collectaire, rituel, processionnal, dans la Revue des Sciences Philosophiques et Théologiques, 44 (1960), p. 442. Le pénitentiel du sacramentaire de Saint-Laurent in Damaso a des sources franques.

53 On trouvera ce sanctoral pp. 61-65.

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PRÉSENTATION DES SOURCES 37

la trouvant peu appliquée54. Elle comporte des lettrines en vert, rouge et bleu, qui sont dessinées avec soin pour les fêtes majeures. La couverture de bois peut être originale. Au dos on lit Orationale.

Le sanctoral est nettement plus ample que dans les autres sacramentaires de l'époque. C'est donc de la seconde moitié du siècle qu'il faut dater le manuscrit. On y relèvera, en plus des noms d'anciens martyrs romains qui proviennent du martyrologe et non des sacramentaires, ceux de saint Basile (1er janvier) et de saint Jean Chrysostome (13 novembre), comme dans le sacramentaire de Saint-Laurent-in-Damaso, de saint Hilaire de Poitiers, du pape saint Martin 1er, et de sainte Marie Madeleine, qui est ajouté en marge de la même main. Mais, parmi tous les saints dont on célèbre la fête, il faut faire une place à part à sainte Eugénie, ainsi qu'aux saints Tryphon, Respice et Nympha.

En ce qui concerne sainte Eugénie, elle est mentionnée le 20 décembre (les martyrologes donnent son nom au 25 décembre), et la station est indiquée près de sa tombe pour le IVe Dimanche de l'Avent. Quant aux saints Tryphon, Respice et Nympha, non seulement ils ont leur fête le 10 novembre, mais ils sont nommés dans YOrdo Missae au Libera nos. Or il existe une église romaine qui honore à la fois sainte Eugénie et saint Tryphon: c'est la basilique du Saint-Sauveur-in-Primicerio55, appelée aussi San Trifone a Piazza Fiammetta. Lorsque cette église fut consacrée, en 1113, on déposa les pignora sacra d'Eugénie, de Nympha et des autres, comme l'atteste une inscription contemporaine56. On peut tenir ainsi pour assuré que le sacramentaire fut copié pour l'usage de cette église57. Mais son entrée à Saint-Pierre est ancienne, car on lit au bas du folio 75: est Basilicae S. Pétri.

Le sacramentaire du fonds de Sainte-Marie Majeure (Vat. Santa Maria Maggiore 40, olim BB1 3)

Le sacramentaire du fonds de Sainte-Marie Majeure, conservé à la Bibliothèque vaticane, est un manuscrit de 177 fol. (mm. 285 X 177) écrit sur parchemin au 13e siècle. Une note manuscrite moderne précise au début: Iste liber scriptus est anno 1252. La beauté des lettrines aux couleurs vives, la finesse des titres, font de ce sacramentaire une véritable œuvre d'art. Mais son intérêt liturgique n'est pas moindre.

Si la copie est indiscutablement du 13e siècle, les textes témoignent d'une période beaucoup plus ancienne. Sans doute y lisons-nous les fêtes du 12e siècle, y compris celle

54 A. Ebner, Missale romanum in Mittelalter, I.e., p. 187-188. Voir aussi P. Salmon, I.e., n° 6, p. 6.

55 C. Huelsen, Le Chiese di Roma nel medio evo, Firenze 1927, p. 451. 56 V. Forcella, Iscrizioni delle chiese e d'altri ediflcii di Roma dal secolo XI fino ai giorni nostri,

Roma 1869-1884, tome 11, p. 321. 57 On trouvera le sanctoral pp. 70-74.

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de saint Thomas de Cantorbéry insérée maladroitement entre le 26 et le 27 décembre, mais pour le reste on se trouve en présence d'un état de la liturgie romaine antérieur à Grégoire VII, puisqu'on y distingue encore le cas où les quatre-temps d'été tombent dans la semaine de la Pentecôte et celui où ils sont célébrés après. C'est en effet le pape Grégoire VII qui fixa d'une manière stable les quatre-temps de juin à la semaine de la Pentecôte58. De plus, alors qu'on ne copiait p.lus guère de sacramentaires au 13e siècle, celui-ci a conservé une structure assez archaïque. Il reproduit intégralement les anciennes listes d'oraisons59 et les offices de la semaine sainte y sont donnés sous forme d'Ordines: Incipit ordo qualiter agendum sit feria V in cena domini (fol. 48). Mais la marque d'archaïsme la plus indiscutable consiste dans les variantes du Canon. On y trouve au Communicantes l'addition et quos hodie introduite au 8e siècle par Grégoire III et surtout la forme Unde et memores sumus (fol. 4v).

Pour quelle église ce sacramentaire a-t-il été copié? - Ce ne peut être pour Sainte- Marie Majeure. En effet le calendrier indique au 5 août une vigile de la Transfiguration. Or c'est, depuis le 5e siècle, l'anniversaire de la Dedicatio sanctae Mariae, la fête principale de la basilique dite libérienne. De plus, une rubrique énigmatique écarte, elle aussi, cette hypothèse. Elle indique, au mercredi des quatre-temps d'été, une inventio (?) cano- nicorum ad sanctam mariam majorem (fol. 87). Un livre écrit pour la basilique n'userait pas de l'adverbe ad, mais il dirait: in nostra sacrosancta basilica. P. Salmon s'appuie sur quelques indices pour émettre l'hypothèse d'un sacramentaire du Latran60. Pour notre part nous hésitons entre le Latran et le Vatican. Le fait que le nom de saint Barthélémy ait été ajouté à celui de saint André dans le Libera nos inviterait à rattacher le manuscrit au monastère des Saints-André-et-Barthélemy iuxta Lateranum. Mais son calendrier a certains points communs avec celui de Saint-Pierre: Transfiguration, saints Sabin et Grégoire de Spolète, saint Eustrate de Sebaste (Arménie).

Pour le reste il s'harmonise assez bien avec les autres calendriers du 12e siècle, encore que la présence de tel ou tel nom demeure inexplicable, comme ceux de saint Emilien de Dorostore et de sainte Euphrasie de Meaux61.

DEUX SACRAMENTAIRES DE LA CHAPELLE PAPALE

A la suite de ces trois sacramentaires romains on ne saurait passer sous silence deux autres sacramentaires qui, si l'on s'en rapporte à leurs rubriques, furent écrits à l'usage de la Chapelle papale, le Vat. lat. 12.989 et le Ms. lat. 730 de la Bibliothèque Nationale de

58 Bernold De Constance, Micrologus, c. 24, P.L. 151, col. 997. 59 P. Salmon, Les manuscrits liturgiques, I.e., tome 1er, n° 472, p. 211. 60 P. Salmon, Ibid., tome 2, n° 36, pp. 23-24. 61 On trouvera le sanctoral pp. 77-80.

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Madrid. Si nous ne pensons pas devoir les retenir comme témoins du sanctoral du Latran à la fin du 12e siècle, bien qu'on les donne comme contemporains d'Innocent III, il convient de dire pourquoi.

Le Vaticanus latin 12.989

Dans ses Analecta liturgica (Rome 1974, p. 254) P. Salmon attire l'attention sur un sacramentaire du Latran entré à la Bibliothèque vaticane au début du pontificat de Pie XI (Vat. lat. 12.989). Alors que précédemment il avait daté ce manuscrit du 14e-15e siècle, il estime désormais que de sérieuses raisons d'ordre paléographique imposent son attribution aux toutes dernières années du 12e ou au début du 13e siècle.

Si les rubriques du sacramentaire présentent un réel intérêt pour la connaissance de l'élaboration de la liturgie de la Chapelle papale, son sanctoral apporte peu à l'étude du calendrier du Latran. En effet le manuscrit comporte plusieurs lacunes particulièrement fâcheuses. Non seulement tout ce qui précède la postcommunion de l'Epiphanie fait défaut, mais surtout on passe dans le sanctoral du folio du 14 août à celui du 24 novembre (fol. 117V-118). On ignore donc, entre autres, si le sacramentaire contenait la messe de saint Thomas Becket et celle de la dédicace du Saint-Sauveur, ces deux points de repère assez marquants de l'évolution du calendrier dans le dernier quart du 12e siècle. C'est peu probable d'ailleurs, car son sanctoral est pratiquement celui des sacramentaires du 10e siècle sans aucune particularité locale. Les seules mentions postérieures qu'on y trouve sont celles de sainte Marie Madeleine (fol. 111), de saint Nicolas et de saint Damase(fol. 119v).

Quand on compare le Vat. lat. 12.989 avec les autres témoins de la liturgie du Latran, on remarque qu'il contient en plus les formulaires des saintes Perpétue et Félicité (fol. 89v) et de la Dédicace de Sainte-Marie ad Martyres (fol. 102v), ainsi que la mention de saint Juvénal au 3 mai et de saint Erasme au 2 juin (fol. 101). Mais on n'y trouve pas plusieurs fêtes dont l'absence étonne. Notons parmi elles celle des saintes Rufine et Seconde, qui étaient pourtant fêtées avec un certain éclat au Latran le 10 juillet depuis la translation de leurs reliques dans l'atrium du baptistère en 1153-1154.

Pour ces raisons il n'a pas semblé utile de faire état de ce manuscrit dans l'établissement du calendrier du Latran.

Le manuscrit latin 730 de Madrid

La Bibliothèque Nationale de Madrid possède un sacramentaire du premier quart du 13e siècle, qui fut en usage à Saint-Laurent-hors-les-Murs mais sans avoir été copié pour le service de cette basilique. J. Janini le présente comme «le sacramentaire papal du

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début du 13e siècle»62. Sans doute son sanctoral manifeste-t-il une parenté évidente avec les calendriers romains de la fin du 12e siècle (dédicace du Saint-Sauveur et des basiliques Saint-Pierre et Saint-Paul, fête de saint Thomas Becket), mais il passe sous silence plusieurs saints célébrés à Rome depuis le temps de saint Grégoire le Grand, tandis qu'il fait mention de saint Marc, évêque martyr d'Atina (Campanie), et de saint Ambroise, martyr de Ferentino (Latium), qui n'ont jamais été fêtés à Rome. On ne saurait donc voir dans ce manuscrit un témoin du culte des saints au Latran.

ANTIPHONAIRE DE LA MESSE

Antiphonaire de la Messe (Vat. lat. 5319)

Le manuscrit Vat. lat. 5319, qui comporte 157 fol. (mm. 303 X 200), est un antiphonaire de la Messe auquel on a ajouté les chants et les oraisons des vêpres du dimanche de Pâques et de son octave au Latran. L'antiphonaire est entièrement noté, à l'exception des oraisons pascales, à raison de treize portées par page en notation de chant «vieux- romain». Il remonte à la fin du 11e ou au début du 12e siècle63.

Bien que cet antiphonaire ait été édité dans les Monumenta Monodica Medii Aevi, nous le présentons ici parmi les manuscrit, parce que l'éditeur s'est surtout attaché à la reproduction du texte musical et n'a pas accordé le même intérêt à toutes les variantes de dates et de titres du sanctoral.

P. Salmon estime que le manuscrit «provient probablement de Saint-Pierre»64. Un certain nombre d'indices nous invite à le rattacher plutôt au Latran, comme le fait l'éditeur. Il faut souligner d'abord l'importance accordée aux vêpres de l'octave pascale telles qu'elles étaient célébrées au Latran, puisqu'on a ajouté aux chants le texte des oraisons dites dans la basilique, ad fontes, et dans l'oratoire de la sainte Croix. De plus, pour la Dedicatio Salvatoris, l'antiphonaire propose un ensemble de chants propres célébrant non la dédicace d'une église mais la personne du Christ Sauveur (fol. 129v). On constate enfin une absence fort curieuse, qui se retrouve dans le Passionnaire de l'Archivio Late- ranense (infra p. 75): après avoir donné au 14 août une messe In vigilia s. Marie (fol. 123), le manuscrit ignore la fête de l'Assomption. Ne serait-ce pas en raison de la procession qui se rendait, dans la nuit du 15 août, du Latran à Sainte-Marie Majeure en passant par

62 J. Janini y J. Serrano, Manuscrites liturgicos de la Biblioteca Nacional, Direccion generai de Archivos y Bibliotecas, Madrid 1969, n° 35, pp. 43-47. Il s'agit du ms. lat. 730.

63 Présenté par M. Huglo, Le Chant «vieux- romain», dans Sacris erudiri, 6 (1964), p. 99; édité par B. Stablein dans les Monumenta Monodica Medii Aevi, vol. 2, Kassel-Basel, Tours-London 1970.

64 P. Salmon, Les manuscrits liturgiques, Le, tome 2, n° 196, p. 88.

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le Forum et s'achevait, le matin, par la messe que le pape célébrait dans la basilique de PEsquilin? On peut supposer qu'au début du 12e siècle les clercs du Latran participaient à la procession et à la messe papale, sans célébrer l'office nocturne et la messe dans leur basilique propre? Il en ira autrement, dans la seconde moitié du siècle, avec la liturgie des chanoines de Saint-Frigdien.

Le sanctoral de l'antiphonaire présente une double caractéristique. Il est d'abord très archaïque, n'ajoutant que peu de mentions à celles de YHadrianum en dehors de la Dedi- catio Salvatoris. C'est ainsi qu'il ne connaît pas encore les fêtes des Apôtres si répandues depuis le 9e et le 10e siècle. Mais il faut surtout relever le caractère fantaisiste des dates du calendrier. Il est difficile d'expliquer comment un manuscrit aussi soigné peut placer la Litanie majeure le 23 avril, la vigile de saint Pierre le 25 juin (on lit même MM, c'est- à-dire mense maioì), la fête des saints Félix, Faustin et Béatrice le 23 juillet, celles de l'Exaltation de la Croix, des saints Corneille et Cyprien et de saint Nicomède le 12 septembre, YApparitio Michaelis le 24 septembre. Et on pourrait prolonger la liste65.

MISSEL

Le Missel du Latran du 12e siècle (Archivio di Stato italiano ms. 997)

Ce Missel appartient au fonds de l'Archifraternité du Très Saint Sauveur conservé à l'Archivio di Stato italiano. Il n'a été répertorié ni par Ebner, ni par Gamber. Seules quelques lignes de F. Cabrai citant Bannister nous ont mis sur sa trace, dans les années cinquante66. S. J. P. van Dijk en a fait état depuis lors, mais il l'estime postérieur à Hono- rius III (1216-1227), alors qu'il s'agit d'un document exactement contemporain de YOrdo ecclesiae lateranensis, comme on peut le montrer67.

65 On utilisera le témoignage de ce manuscrit p. 147, mais sans faire état des dates aberrantes. Comme il n'ajoute aucune fete spécifique au fond de YHadrianum, à l'exception de la Dedicatio Salvatoris le 9 novembre, on n'en a pas reproduit le calendrier.

66 Dans l'article Missel romain du D.A.C.L. (tome 11, col. 1493), F. Cabrol renvoie à une courte description de deux Missels du Latran faite par H. M. Bannister dans Rassegna gregoriana, tome 7 (1908), pp. 157-160. Ces deux missels se trouvent à l'Archivio di Stato italiano, où furent transférés en 1892 tous les documents d'archives des hôpitaux romains. Ils y sont inscrits sous la cote 997 et 1001. Le second est du 13e siècle.

67 S. J. P. van Dijk, The origins of the Modem Roman Liturgy, London 1960. L'auteur s'est intéressé aussi à un autre missel, édité à Rome en 1752 sous le titre Vêtus Missale romanum monasticum lateranense par E. De Azevedo. Dans un article sur The Lateran Missal, paru dans la revue Sacris erudiri (tome 6,1954, p. 125-179), van Dijk a établi que ce missel provenait du diocèse de Città di Castello et ne pouvait être de beaucoup antérieur à 1250. Il ne faut évidemment pas confondre ce missel, conservé à l'Archivio Lateranense (Cod. 65), avec celui de l'Archivio di Stato n° 997.

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LOCALISATION ET DATATION

Iste missalis est ecclesiae sancii andree seu hospitalis sancii angeli ad Lateranum. On n'a aucune raison de mettre en doute cette localisation, qui est indiquée d'une main ancienne au fol. 429 du manuscrit. Il est évident que celui-ci appartient à une église dépendant de la basilique du Latran. En effet le calendrier du début correspond tout-à- fait avec celui de YOrdo du chanoine Bernard, comme on l'a établi supra p. 29; de plus la fête de la dédicace de la basilique du Sauveur y est dotée d'une octave. Enfin les offices du jeudi, du vendredi et du samedi saints sont conçus à l'usage d'une église dépendant de PEglise-mère. Nous ne connaissons pas d'autre exemple d'un sacramentaire romain donnant seulement la messe du samedi saint, à l'exclusion de la veillée pascale. C'est que l'office se déroule in sacrosancta basilica Salvatoris (fol. 172v-173).

En ce qui concerne la date, la paléographie est formelle: il s'agit indiscutablement d'une écriture du 12e siècle. Un détail du sanctoral corrobore cette datation. Tandis que le calendrier qui ouvre le volume est postérieur à la canonisation de saint Thomas Becket (1173), le Missel a été copié antérieurement à l'introduction de la fête de l'archevêque de Cantorbéry dans la liturgie du Latran. En effet, il a fallu déchirer un folio, qui commençait dans le cours de l'évangile de la fête des saints Innocents et s'achevait au milieu de la collecte de la Circoncision, pour insérer à sa place deux folios, écrits en lettres plus petites, afin d'ajouter la messe propre de saint Thomas entre celles des Innocents et de saint Silvestre (fol. 32-33). C'est là, semble-t-il, un élément déterminant pour dater la manuscrit.

Le seul argument qu'avance S. J. P. van Dijk pour reporter le manuscrit au 13e siècle tient dans le fait qu'à ses yeux les rubriques de la bénédiction des rameaux reproduisent celles du Missel d'Honorius III68. Mais pourquoi le Missel d'Honorius III n'aurait-il pas reproduit lui-même un texte antérieur? Si l'on étudie de près les rubriques de la bénédiction des rameaux dans le ms. 997, on est frappé par leur brièveté. La première phrase, la plus caractéristique, reproduit mot-à-mot le texte du deuxième ordo in die pal- marum du Pontifical romano-germanique:

Secunda hora diei mediante, sacerdos et omnis clerus conveniant in ecclesiam, missalibus vestimentis induti, et expositis in medio palmarum vel olivae seu alia- rum arborum ramis69.

Le Pontifical et le Missel divergent ensuite quelque peu. Le Pontifical prévoit l'ordre suivant: bénédiction de l'eau, puis oraison Deus quem diligere, lecture de l'Exode, antienne

68 S. J. P. van Dijk, Le, p. 169, note 1: «In the Lateran missal, Rome, archivio di stato 997, the blessing of the palms is taken from the missal of Honorius III and adapted to the Lateran liturgy ».

69 C. Vogel-R. Elze, Le Pontifical romano-germanique du dixième siècle, I.e., tome 2, p. 53.

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Collegerunt, évangile et bénédiction des rameaux. Selon le Missel on procède ainsi: chant de tierce, puis antienne Collegerunt, lecture de l'Exode, répons Christus factus est, évangile et bénédiction des rameaux (fol. 134-137). Or c'est là très exactement l'ordre décrit par le chanoine Bernhard70. Il n'y a donc aucune raison de reporter cet Ordo au 13e siècle.

Description

Le Missel du Latran est un volume de 429 fol. (mm. 315 X 205) écrit sur parchemin. Les incipit de chaque formulaire sont décorés de lettrines dessinées en rouge, vert ou bleu. Au fol. 178v, les lettres initiales de la préface VD occupent une demi-page; elles sont enluminées d'entrelacs en trois couleurs avec des chimères et un ange. Au fol. suivant (fol. 179v), le Τ du Te igitur est traité en hors-texte: au centre de la barre verticale un médaillon représente l'Agneau tenant la croix; aux trois extrémités de la lettre Τ et au sommet on voit en médaillon les quatre animaux évangéliques; de part et d'autre de la verticale, trois gracieuses volutes rappellent celles des mosaïques de l'atrium du baptistère voisin. L'ouvrage, qui était détérioré, a été réparé avec soin vers 1950. Relié en parchemin, il porte au dos la mention: MISSALE ROMANUM SCRIPT. SAEC. XII.

Le manuscrit commence par un calendrier qui a perdu son premier folio (voir ci-dessus p. 29) et qui est suivi de quelques additions. Le Missel proprement dit commence avec le fol. 8 et va jusqu'à la fin du volume. Il est réparti selon le même plan que le Missel romain moderne: temporal allant de l'Avent à la fin des dimanches après la Pentecôte, avec Y Ordo Missae inséré avant le dimanche de Pâques; sanctorai commençant au 29 novembre; commun des saints, messes votives, oraisons diverses, messes des défunts.

L'analyse du temporal et de l'Ordinaire dépasserait les limites de la présente étude. Signalons toutefois que Y Ordo Missae, établi secundum romanam consuetudinem (fol. 174), comprend déjà tous les formulaires du Missel de saint Pie V, à l'exception du Lavabo et du dernier Evangile.

SANCTORAL

Comme l'Antiphonaire de Saint-Pierre (supra p. 23), qui date de la même époque, le Missel du Latran présente un sanctorai beaucoup moins développé que le Calendrier qui fait corps avec lui (supra, p. 22). Ce sanctorai ne connaît pas encore la Dédicace du Saint- Sauveur, et il ne comportait pas initialement la fête de saint Thomas de Cantorbéry. N'étaient les fêtes de saint Nicolas et de sainte Marie Madeleine qui ne peuvent remon-

70 L. Fischer, Bernhardt Ordo ecclesiae lateranensis, Le, p. 42.

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ter au-delà du 11e siècle, on pourrait y voir le sanctoral romain typique de la fin du 10e siècle. Il n'a accepté qu'avec discernement les fêtes venant d'Outre-Alpes, gardant par exemple au 28 juin l'unique fête de saint Léon le Grand. Au fonds romain du sacramen- taire grégorien et du capitulare evangeliorum du milieu du 8e siècle, il s'est contenté d'ajouter la Conversio pauli, la Cathedra Pétri, Vlnventio Crucis, les fêtes d'Apôtres, celles de saint Benoît (au 21 mars), de saint Augustin et de saint Jérôme. Aucune tradition particulière n'y a laissé de trace, comme dans la plupart des autres manuscrits.

Soulignons enfin que toutes les fêtes mentionnées dans le Missel du Latran du 12e siècle devaient se maintenir dans le Calendrier romain, et à la même date, jusqu'à la réforme de 196971.

LES COLLECTAIRES

Le rituel-collectaire de Saint-Pierre (Archivio San Pietro F 11)

Le manuscrit F 11 de l'Archivio San Pietro est un volume de 166 fol. (mm. 230 X 140) sans titre, dont le début (fol. 4-28) et la fin (fol. 160-166) sont très détériorés. Le corps du volume est, lui, en excellent état. Le manuscrit est écrit sur parchemin en noir et rouge d'une écriture simple mais soignée. Il peut être daté de la fin du 11e ou du début du 12e siècle72. La première partie du volume (fol. 3-101) contient des éléments de rituel, dont l'office des défunts intégral avec les antiennes notées en chant «vieux-romain» (huit portées par page), ainsi que le Canon de la Messe73 et la procession des Litanies majeures. La seconde partie consiste dans l'Orational ou collectaire (fol. 101v-166), qui commence en pleine page: In nomine Domini nostri Iesu Xti. Incipit Orationales totius anni circulum exposito a s. Gregorio papa urbis Romae. Le temporal et le sanctoral sont mêlés du début de décembre à la fin de novembre.

Le sanctoral, qui est très fourni, est assez caractéristique de la tradition vaticane (saints Savin et Eustrate, saints Cyr et Jean), mais on n'y trouve encore ni la Transfiguration, ni la dédicace de Saint-Pierre. Les fêtes de saint Maur et de sainte Scholastique, s' ajoutant à celle de saint Benoît, laissent deviner que le manuscrit a été copié à l'usage de l'un des monastères basilicaux74.

71 On trouvera le sanctoral p. 81-84. 72 P. Salmon, Les manuscrits liturgiques, I.e., tome 1er, n° 144, p. 75; A. Ebner, Missale romanum

in Mittelalter, I.e., p. 182-184. 73 Ebner a reproduit dans son livre l'enluminure de la lettre Τ du Te igitur au début du Canon,

I.e., p. 184. 74 On trouvera ce sanctoral pp. 67-70.

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Le lectionnaire-collectaire de Saint-Anastase (Bibl. Vallicelliana C 62)

Le manuscrit latin C 62 de la Bibliothèque Vallicelliana porte à sa première page en écriture moderne la mention suivant: Lectionarium et orationarium divinorum officiorum, quod olim usui fuerat Venerabilis Ecclesiae S. Anastasii Marty ris romanae urbis ordinis S. Benedica. Codex XI seculi. L'identification est exacte. Il s'agit, en effet, d'un volume de 135 fol. (mm. 220 X 150), écrit sur parchemin, qui contient les capitules pour les heures du jour et les oraisons de l'office. La localisation ne souffre pas difficulté: la fête de saint Anastase a la priorité dans l'Orational sur celle de saint Vincent, et les lettrines rouges des deux oraisons sont plus grandes que celles des autres fêtes; de plus les deux fêtes de saint Benoît ont les oraisons propres aux livres monastiques et on trouve la fête de sainte Scholastique. En ce qui concerne la date, on peut retenir le milieu du 11e siècle. L'écriture et les lettrines sont celles que l'on trouve dans les manuscrits de cette époque. La fête la plus récente qui soit mentionnée est celle de saint Adalbert (t 997), qui fut à Rome l'objet d'un culte fervent mais éphémère au 11e siècle. Si nous proposons le milieu du siècle, c'est que le monastère de Saint-Anastase ad Aquas Salvias fut abandonné au temps de Grégoire VII en raison de l'insalubrité des lieux75, avant d'être restauré en 1140 par les fils de saint Bernard.

Le texte commence au milieu d'une oraison que suit une antienne en l'honneur de saint Paul et une série d'oraisons diverses. Puis viennent le Lectionnaire (fol. 5v-35v) et l'Orational (fol. 36-135). Le lectionnaire donne les capitules de Laudes à Vêpres du 1er dimanche de Γ Avent au dimanche de sca Trinitate, puis pour les jours de la semaine (lec- tiones privatis diebus), pour le sanctoral et le commun des saints. Son sanctoral est très restreint, il ne comporte que vingt-quatre fêtes. L'orational donne les oraisons de l'office. Il n'offre d'ordinaire qu'une oraison pour chaque saint, mais certains en ont plusieurs, les fêtes majeures allant jusqu'à huit.

Le sanctoral de l'orational est abondant. En plus des saints habituellement fêtés à Rome au 12e siècle, on trouve non seulement le martyr saint Adalbert de Prague, qui avait été moine sur l'Aventin, mais un certain nombre de noms étrangers à la tradition romaine, tels sainte Colombe de Sens, saint Léger d'Autun, saint Maio (Mach Low, Machutus) d'Aleth, saint Paternien de Bologne ou de Fano. La mention des saints Sidrac, Misac et Abdenago au 24 avril (fol. 106), s'ajoutant à celle de saint Maio, laisse deviner une influence bretonne sur ce livre romain. En effet, on ne trouve leur fête en ce jour que dans un sacramentaire breton du début du 11e siècle, tandis qu'un autre sacra- mentaire breton de la même époque l'indique au 22 avril76. Le martyrologe hiéronymien

75 G. Ferrari, Early roman monasteries, Coll. Studi di antichità cristiana 23, Città del Vaticano 1957, p. 44.

76 V. Leroquais, Les Sacramentaires et les Missels manuscrits des Bibliothèques publiques de France, Paris 1924, tome 1er, pp. 108 et 112. On trouvera le sanctoral de Saint-Anastase pp. 57-61.

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fait pareillement mémoire de Sidrac, Misac et Abdenago au 24 avril (MH 206), tandis qu'à la suite de Florus de Lyon les martyrologes du 9e siècle les commémorent le 16 décembre sous les noms d'Ananias, Azarias et Misael (M FI 349, MU 360). Il faut noter toutefois que le culte de Sidrac, Misac et Abdenago n'était pas totalement étranger à Rome, car on vénérait encore leurs reliques dans la basilique Saint-Adrien au Forum au dernier siècle, mais nous ne saurions dire à quand remontait cette tradition.

LES LECTIONNAIRES DE L'OFFICE

Le Lectionnaire de Saint-Grégoire au Clivus Scauri (Vat. lat. 1189)

Ce lectionnaire est un manuscrit de 203 fol. (mm. 325 X 230), écrit sur parchemin en pages de deux colonnes (de 28 à 32 lignes). Son écriture est du 10e-l Ie siècle77. Les titres sont en capitales rouges; il y a de rares lettrines décorées. Ici et là on trouve des dessins faits à la mains dans la marge. Au fol. 2 une main plus tardive (peut-être du 14e siècle) a écrit: Iste liber est monasterii sancii Gregorii in clivo scauri. La solennité du titre donné à la lecture du 12 mars laisse présumer que le manuscrit a été copié spécialement pour le monastère du Clivo Scauro: Incipit vita beatissimi gregorii pape urbis rome mens(e) martio die XII (fol. 90).

Le livre est un lectionnaire de l'office. Il est fragmentaire, puisque le sanctoral s'arrête avec la fête de saint Grégoire, mais il présente malgré cela un intérêt réel, car il nous montre qu'on célébrait dès cette époque des fêtes de saints qui n'apparurent que plus tardivement dans les sacramentaires ou les missels. On y trouve, entre autres, les mentions des saints Papias et Maurus, Antoine et Paul ermites, Biaise, Cyr et Jean (dont les noms sont écrits en capitales).

Du point de vue du choix des homélies dominicales, il faut relever que pour chaque dimanche on propose une homélie sur l'épître et une autre sur l'évangile. Sur trente-neuf homélies, vingt-sept sont de Bède le Vénérable78.

Le Passionnaire des Saints-Jean- et-Paul (Vat. lat. 1195)

Le Passionnaire des Saints-Jean-et-Paul au Clivo Scauro est un imposant volume de 313 fol. (mm. 520 X 350), écrit sur parchemin en deux colonnes par page (42 lignes par

77 H. M. Laurent, Bybliothecae apostolicae vaticanae codices manuscripti. Codices vaticani latini 1135-1266, Bibliotheca vaticana 1958, pp. 144-147. Il existe un lectionnaire de Saint-Grégoire plus ancien (10e siècle), le Vat. lat. 1274, mais il est très fragmentaire et ne peut rien nous apporter d'utile.

78 On se référera à son sanctoral p. 129.

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page). Son écriture est du lle-12e siècle. On remarque la finesse des titres peints au minium d'une écriture ronde et la magnificence des grandes lettrines décorées d'entrelacs, où se jouent le rouge, le jaune et le violet. Le volume a une couverture en parchemin aux armes de Pie VI et du cardinal F.X. Zelada79.

Il s'agit d'un passionnaire-homéliaire, dans lequel les Passiones sont nettement plus nombreuses que les homélies. Malheureusement le livre ne couvre que la première partie de l'année: il va du 1er janvier au 29 juin inclus. Les premières pages manquent et, dans son état actuel, le manuscrit commence dans le cours de la vie de Saint Basile (1er janvier), mais une fête permet de le localiser avec précision, celle de la dédicace de la basilique des Saints-Jean-et-Paul, qui diffère de la fête des deux saints. La première est célébrée le 24 mai (fol. 253v) et la seconde le 26 juin. Au 26 juin, la Passio des deux martyrs a été traitée avec un soin tout spécial par le copiste (lettrines à entrelacs rouges, oranges, verts et jaunes). Après la Passio on trouve deux colonnes de Versi in nativitate eorum (fol. 297-303V).

Le sanctoral est fort intéressant80. Son apport le plus neuf consiste dans la richesse de sa tradition monastique orientale: saint Antoine et saint Paul ermite, saint Basile et saint Grégoire de Nazianze, saint Siméon le Stylite, sainte Marie l'Egyptienne et une autre pénitente, Theodora d'Alexandrie. Il faut relever aussi les noms de saint Hilaire et de saint Ambroise.

Le Passionnaire du Latran (Archiv. Lateranense A 80)

Le Passionnaire A 80 de l'Archivio Lateranense est un manuscrit de 344 fol. (mm. 425 X 344), écrit sur parchemin en deux colonnes de 40 lignes par page. Les titres sont en rouge et la lettrine initiale de chaque lecture est décorées d'entrelacs rouges, jaunes et verts. La reliure en cuir marron porte au dos la tiare et les clefs, tandis que les deux faces sont semées de fleurs de lys et d'étoiles gravées dans le cuir.

Il s'agit du second tome d'un passionnaire-sermonaire, qui couvre les cinq derniers mois de l'année. Le volume est doté d'une double numérotation, l'une moderne à laquelle on se référera, et l'autre ancienne qui commence avec le folio 9. Cette dernière doit être d'origine, car le lectionnaire commence avec trois sermons du Commun avant d'aborder la passion de saint Pantaléon (27 juillet). Au folio 342v une inscription de 13 lignes révèle que le manuscrit fut copié par le moine Bibianus sur l'ordre d'Anastase, cardinal-prêtre du titre de Saint-Clément81. La lettrine initiale de la passion de saint Clé-

79 H. M. Laurent, I.e., pp. 112-119. 80 On se référera à ce sanctoral p. 135. 81 E. De Azevedo a reproduit cette inscription dans la préface qui accompagne son édition du

Cod. 65 de l'Archivio Lateranense, Vêtus Missale romanum monasticum Lateranense, Roma 1752, pp.

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48 LES SOURCES DOCUMENTAIRES

ment confirme par son ampleur (mm. 110 X 100) l'attribution au cardinal-prêtre Anas- tase, dont le souvenir est resté attaché à la restauration du vieux titre au début du 12e siècle. Il semble que le copiste soit mort avant d'avoir achevé son œuvre, car l'inscription fait son éloge (moribus ornatus) et les lectures des derniers folios ne comportent ni titres, ni enluminures. Le manuscrit doit donc remonter aux premières années du siècle.

Bien que le passionnaire ait été copié à l'usage du cardinal titulaire de Saint-Clément, il a été composé selon le calendrier du Latran, comme le laissent deviner les lectures de la Dedicatio basilice Salvatoris et plusieurs mentions de saints qu'on retrouvera dans YOrdo du cardinal Bernard et dans le Calendrier de la fin du 12e siècle. Il semble qu'il faille trouver un indice supplémentaire de l'appartenance du livre au Latran dans l'absence de toute lecture pour l'office de l'Assomption, comme on l'a déjà suggéré en présentant l'antiphonaire de la Bibliothèque Vaticane ms. lat. 5319 (supra p. 40). Trois mentions toutefois sont étrangères à la tradition du Latran et peuvent se rattacher à Saint-Clément. Ce sont celles des Sept Dormants d'Ephèse (date effacée, sans doute le 9 août), de saint Démétrius de Thessalonique (26 octobre) et du martyr perse saint Jacques l'Intercis (27 novembre)82.

XI-XII. Il identifie le destinataire du Passionnaire avec le cardinal Anastase l'Ancien, qui mourut peu après 1125, et dont le nom est inscrit sur la cathedra de la basilique Saint-Clément: Anastasius presbyter cardinalis huius tituli hoc opus cepit et perfecit. Cf. O. Marucchi, Eléments d'Archéologie chrétienne, III Basiliques et églises de Rome, 2e édit. Bruges-Paris 1909, p. 300.

82 On trouvera ce sanctoral pp. 74-77. En ce qui concerne le lien éventuel des trois dernières mentions avec Saint-Clément, on peut faire les remarques suivantes. Les Sept Dormants d'Ephèse étaient vénérés, selon une tradition locale, dans l'église S. Angeli in via Appia, dédiée à saint Gabriel, près de Saint-Sixte-le-Vieux au pied du Coelius. Or cette église contenait des fresques du lle-12e siècle exécutées par ordre d'un certain Beno. C'était peut-être le même personnage que Beno de Rapiza, qui fit peindre la légende de Sisinnius à Saint-Clément (Cf. C. Huelsen, Le Chiese di Roma, I.e., p. 198). Le texte de la légende des Sept Dormants localise la caverne où ils se seraient réfugiés sur un mont Keileton ou Keilaion, traduit en latin par Chilleus ou Celius (P. Peeters, Le texte original de la Passion des Sept Dormants, dans Analecta Bollandiana, 41, 1923, p. 374). C'est ainsi qu'un calendrier de Bologne de 1180 annonce, sans date, Passio VII fratrum in monte celio dormientium (L. Gherardi, // Codice Angelica 123 monumento della Chiesa Bolognese nel sec. XI, Bologna 1960, p. 95). On comprend dès lors comment, à Rome, la colline du Coelius a pu attirer momentanément le culte des Sept Dormants. Une autre tradition rattache le souvenir romain des Sept Dormants à la basilique Saint-Sébastien (L. Duchesne, Scripta minora, p. [388]). Quant à celui de saint Démétrius de Thessalonique, il a dû se greffer à Saint-Clément sur le culte de saint Cyrille le Philosophe, qui était originaire de Thessalonique et dont le corps avait été déposé en cette basilique. En ce qui concerne saint Jacques l'Intercis, on peut se demander s'il ne convient pas de mettre sa mention en relation avec la petite église S. Iacobi de Coliseo, proche de Saint-Clément et dépendant du Latran (C. Huelsen, Le Chiese di Roma, I.e., p. 265). On devait raconter plus tard que le corps du martyr perse avait été apporté en Italie et que sa tête était conservée à Saint-Pierre depuis le temps d'Eugène IV (1431- 1447).

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PRÉSENTATION DES SOURCES 49

MARTYROLOGES

Le Martyrologe de Saint-Cyriaque (Bibl. Vallicelliana F 85)

Le martyrologe du monastère des religieuses de Saint-Cyriaque in via lata*3 est un volume de 81 fol. (mm. 205 χ 140) écrit sur parchemin entre 1024 et 1043. Les dates sont tracées au minium. Les nombreux obits de la communauté et le mauvais état du dernier folio attestent que le livre a été longtemps en usage. D'après B. de Gaiffier, «c'est à la fois un abrégé de l'Hiéronymien et une recension incomplète de Bède»84. Sauf entre mars et juin, le libellé des éloges est très voisin de celui du martyrologe de Saint-Pierre présenté ci-dessus (p. 24).

On ne saurait établir un calendrier à partir d'un martyrologe. Toutefois le martyrologe est utile pour expliquer le choix d'une date au calendrier. En effet, on fixe d'ordinaire une fête nouvelle au jour indiqué dans le martyrologe. Mais le martyrologe peut aussi conserver, à rencontre de la tradition liturgique, une date historiquemente exacte. C'est ainsi qu'on trouve au martyrologe de Saint-Cyriaque la mention au 10 novembre de la depositio S. Leonis pape, alors que les calendriers donnent celle-ci au 11 avril. Parfois aussi le martyrologe peut conserver certaines expressions apparemment bizarres, qui mettent sur une piste féconde pour expliquer l'origine d'une fête. Lorsque nous essaierons de trouver la provenance de la dedicatio Salvatoris, devenue la fête de la Dédicace de la basilique du Latran (9 novembre), nous devrons nous rappeler que le martyrologe de Saint-Cyriaque fait mention ce jour-là des miracula domini Salvatoris.

Les Martyrologes de Sainte-Marie du Transtévère et de Sainte-Marie in Pallara

Deux autres martyrologes romains du 1 Ie siècle sont parvenus jusqu'à nous, celui de Sainte-Marie du Transtévère {Londres, British Museum, Ms. Add. 14801) et celui de Sainte-Marie ou Saint-Sébastien in Pallara sur le Palatin (Vat. lat. 378). Le premier, qui est de facture composite avec influence prédominante de Bède, a dû être copié entre 1061 et 1091. Il a été étudié par H. Quentin85. Le second est un dérivé d'Usuard, dont la seule

83 H. Quentin, Les Martyrologes historiques, I.e., p. 38-39. 84 B. G. (Baudoin De Gaiffier) Le Martyrologe de Saint-Cyriaque. Son influence sur le Martyrol

oge romain, dans Analecta Bollandiana, 61 (1943), pp. 72-90. 85 H. Quentin, Les Martyrologes historiques, I.e., pp. 42-44. Sainte-Marie du Transtévère possé

dait aussi un Légendier en quatre volumes (Vat. lat. 1191, 1193, 1194, 10999) sur lequel une étude récente vient d'attirer l'attention. Voir F. Dolbeau, Notes sur deux collections hagiographiques conservées à la Bibliothèque vaticane, MEFRM 87 (1975), pp. 397-407.

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50 LES SOURCES DOCUMENTAIRES

originalité consiste dans l'insertion des saints de Bénévent et de la région adjacente. Même dans ses mentions relatives aux saints Papes, il est strictement dépendant de sa source86. Nous n'aurons guère à nous référer à ces deux manuscrits.

III - CLASSIFICATION CHRONOLOGIQUE DES SOURCES IMPRIMÉES ET MANUSCRITES

Si la manière la plus logique de présenter les sources d'une étude est de distinguer entre les textes imprimés et les manuscrits, et de les classer selon la nature des documents, c'est avant tout leur localisation dans le temps et, autant que possible, dans l'espace qui importe à l'historien. Voici donc la classification chronologique des vingt- huit témoins que nous avons retenus pour tenter d'éclairer le développement du culte des saints à Rome du 9e au 12e siècle et de faire le point sur l'état de ce culte dans les basiliques du Latran et du Vatican à la fin du 12e.

9e siècle

1 Rome: Evangéliaire et capitulaire (Vat. lat. 5465).

10e siècle

2 Rome (?): Evangéliaire et capitulaire (Vat. Barberini lat. 637).

11e siècle première moitié du siècle

3 Saint-Grégoire in Clivo Scarni: Lectionnaire {Vat. lat. 1189). 4 Saints- Jean-et-Paul: Passionnaire (Vat. lat. 1195). 5 Vatican: Martyrologe de Saint-Pierre (éd. par les Bollandistes). 6 Vatican: Evangéliaire-sacramentaire (Arch. San Pietro F 12). 7 Saint-Anastase ad Aquas Salvias: Lectionnaire-collectaire (Bibl. Vallicelliana C 62). 8 Saint-Cyriaque in Via lata: Martyrologe (Bibl. Vallicel. F 85).

seconde moitié du siècle

9 Saint-Laurent in Damaso: Sacramentaire (Bibl. Vallicel. E 15). 10 Sainte-Marie de l'Aventin: Calendrier mural (éd. par L. Guérard).

86 Ibid., p. 6918.

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PRÉSENTATION DES SOURCES 51

1 1 Saint-Saba: Epistolier (Bibl. Angelica ms. lat. 1383). 12 Sainte-Cécile'. Antiphonaire de la Messe (édité par D. Giorgi). 13 Micrologus: Traité de Bernold de Constance édité par Pamélius.

fin du 11e - début du 12e siècle

14 Latran: Antiphonaire de la Messe {Vat. lat. 5319). 15 Vatican: Rituel-collectaire de Saint-Pierre {Archivio S. Pietro F 11).

12e siècle

16 Rome (?): Evangéliaire-capitulaire {Vat. lat. 44). 17 Saint-Tryphon: Sacramentaire {Archivio San Pietro F 14). 18 Latran: Passionnaire {Archivio Lateranense A 80). 19 Latran ou Vatican: Sacramentaire {Vat. S. Maria Maggiore 40), (la copie est du 13e

siècle).

milieu du siècle

20 Vatican: Liber politicus du chanoine Benoît (édité par Mabillon).

seconde moitié du siècle

21 Latran: Calendrier du Saint-Sauveur {Arch, di Stato 997). 22 Latran: Missel du Saint-Sauveur {Archivio di Stato 997). 23 Latran: Lectionnaire du Latran (reconstitué d'après Tommasi). 24 Latran: Ordo ecclesiae lateranensis de Bernhard (édit. Fischer). 25 Latran: Description de la basilique (éditée par Mabillon). 26 Vatican: Antiphonaire de Saint-Pierre (édité par Tommasi). 27 Vatican: Calendrier de Saint-Pierre (édité par Tommasi). 28 Vatican: Description de la basilique (éditée par Janningo).

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CHAPITRE III

DOUZE CALENDRIERS ROMAINS INÉDITS

Le calendrier copié en tête du missel du Latran de la fin du 12e siècle constitue, avec celui de l'antiphonaire de Saint-Pierre édité par Tommasi, le document majeur sur lequel repose la présente étude. Aussi convient-il d'en donner le texte intégral. Mais il a semblé utile de reproduire au préalable le sanctoral des principaux livres liturgiques manuscrits qui viennent d'être décrits et qui serviront à faire l'histoire du développement du culte des saints à Rome entre le 9e et le 12e siècle.

Les deux manuscrits les plus anciens auxquels on s'est référé, le Vaticanus îat. 5465 et le Vaticanus Barberini Iat. 637 constituent chacun respectivement l'unique témoin du sanctoral romain pour le 9e et le 10e siècle. On en donnera donc le texte au livre II pp. 124-127 et 129-132). Pour le 11e et le 12e siècle, les documents inédits les plus importants sont les dix calendriers suivants. Ils se présentent dans l'ordre chronologique.

1 - Sanctoral du sacramentaire de Saint-Pierre (Archivio San Pietro F 12). 2 - Sanctoral du collectaire de Saint-Anastase ad Aquas Salvias (Biblioteca Vallicelliana

C62). 3 - Sanctoral du sacramentaire de Saint-Laurent in Damaso (Biblioteca Vallicelliana E

15). 4 - Sanctoral de l'épistolier de Saint-Saba (Biblioteca Angelica ms. lat. 1383). 5 - Sanctoral du collectaire de Saint-Pierre (Archivio San Pietro F 11). 6 - Sanctoral du sacramentaire de Saint-Tryphon (Archivio San Pietro F 14). 7 - Sanctoral du passionnaire du Latran (Archivio Lateranense A 80). 8 - Sanctoral du sacramentaire du fonds de Sainte-Marie Majeure (Vat. Santa Maria

Maggiore 40). 9 - Sanctoral du missel du Latran (Archivio di Stato italiano 997).

10 - Calendrier du Latran (Archivio di Stato italiano 997).

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54 LES SOURCES DOCUMENTAIRES

1 - SANCTORAL DU SACRAMENTAIRE DE SAINT-PIERRE

(Archivio San Pietro F 12)

L'évangéliaire-sacramentaire de Saint-Pierre a été présenté supra, p. 34. Le sanctoral du sacramentaire, dont on trouvera ici le texte, est beaucoup plus abondant que celui de l'évangéliaire.

fol. 88 XII kl. ian. nat. sei thome ap[osto]li

VIIII kl. ian. vigilia natalis d[omi]ni 89 In vigilia d[omi]ni in nocte 89v Missa in mane p[ri]ma sive S. Anastasie 90 IN DIE NATtALIS] D[0MI]NI VIII KL. IAN. 91 VII kl. ian. natale sci Stephani 92 VI kl. ian. nat. sci Ioh[ann]is ev[an]g[e]l[iste] 93 V kl. ian. nat. Innocentium 93v Pridie kl. ian. nat. sci Silvestri pape 94 Kl. ian. oct[ava] d[omi]ni 95v VIII id. ian. In epiphania d[omi]ni 96v id. ian. octabas epyphanie 97v XVII kl. febr. nat. S. Marcelli pp. 98v XV kl. febr. nat. see Prisce

XIII kl. febr. scor. Fabia[ni] et Sebastiani 99 ν XII kl. febr. see Agnetis

100 XI kl. febr. nat. sci Vincentii lOOv Eode[m] die sci Valerli et Anastasii 101 VIII kl. febr. conversio sei Pauli

Eodem die sci P[ro]iecti lOlv V kl. febr. nat. see Agne[tis] s[e]c[un]do 102 In Purificatio[ne] see marie 103 IIII non. febr. Ypapanti d[omi]ni 103v nonas febr. nat. see Agathe 106 XVI kl. mar. nat. scor. Valentini Vitalis Felicule et Zenonis et ali[oru]m

VIII kl. mar. Cathedra sci Pétri 107 IIII idus mar. nat. S. Gregorii 107v XII kl. apr. nat. sci Benedicti abbatis 108v VIII kl. apr. Annuntiatio see Marie 136 XVIII kl. mai. nat. sci Tiburtii Valeriani et Maximi

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DOUZE CALENDRIERS ROMAINS INÉDITS 55

138 VIII kl. mai. nat. S. Georgii Quarto kl. mai. nat. sci Vitalis

138v Kl. mai. nat. scor. Philippi et iacobi 139 Quinto nonas mai. nat. scor. Alexandri Eventii et Theoduli 139v Eodem die inventio see crucis 140 III non. mad. sci Ioh[ann]is ap[osto]li 140v VII kl. mai. Letania maiore ad sem Laurentium 141v Eodem die sci Marci ev[an]g[e]l[iste]

VII idus mai. nat. scor. Gordiani et Epimachi 142v Eodem die see Christine

III id. mad. nat. scor. Nerei Achilei et Pancratii 143 Missa in dedicatione ecclesie]1 147v VIII kl. maii nat. sci Urbani pape2

Eodem die S. Zenobii co[n]ff. 155 Kl. iun. sci Proculi et Nicomedis 155v IIH non. iun. nat. S. Marcellini et Pétri 156v V id. iun. scor. Primi et Feliciani

III id. iun. nat. sci Barnabe ap[osto]li 157 Pridie id. iun. nat. scor. Basilidis Quirini Naboris et Nazarii 157v XVII kl. iul. nat. S. Viti martyris

XIIII kl. iul. nat. Scor. Marci et Marcelliani 158 XIII kl. iul. nat. scor. Gervasii et Protasii 158v X kl. iul. in P[er]sida Iacobi Alphei ap[osto]li

VIII kl. iul. Nat. sci Ioh[ann]is Baptiste 159v VI kl. iul. nat. scor. Ioh[ann]is et Pauli 160 IIH kl. iul. nat. sci Leonis pape 160v III kl. iul. nat. sci Pétri ap[osto]li 161v Prid. kl. iul. nat. sei Pauli ap[osto]li 162 VI non. iul. nat. scor. P[ro]cessi et Martiniani

Octava ap[osto]lorum 162v Eodem die nat. sei Romuli conff. 163 UH non. iul. ordinatio sci Martini episcopi] translatio

VI id. iul. nat. scor. VII Fratrum 163v V id. iul. nat. sci Benedicti abbatis 164 Idus iul. nat. scor. Cyrici et Iulitte

1 Cette messe est celle que donne le sacramentaire grégorien à la date du 13 mai pour le Natale sanctae Mariae ad Martyres.

2 II faut lire évidemment: Vili kal. iunii.

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56 LES SOURCES DOCUMENTAIRES

164v X kl. aug. nat. sci Apollenaris 165v VIII kl. aug. nat. sci Iacobi ap[osto]li 166 IIII kl. aug. nat. scor. Felicis Simplicii Faustini et Beatricis

Eo[de]m die nat. sci Felicis 166v III kl. aug. nat. scor. Abdon et Sennen 167 Kl. aug. ad s[an]c[tu]m Petrum ad vincula

Eodem die VII Fi{atru]m Machabeor[um] et see Felicitatis 167v IIII non. aug. nat. sci Stephani pontific[is] 168 Non. aug. nat. sei Sixti 168v Eode[m] die nat. S. Felicissimi et Agapiti 169 VII id. aug. nat. sci Donati epi. 169v VI id. aug. nat. sci Cyriaci

Quarto id. aug. nat. sci Laurentii 170v III id. aug. nat. S. Tyburtii 171 Id[ib]us aug. nat. S. Ypolyti 171 ν XVIIII kl. sept. nat. sci Eusebii conf.

Eodem die vigfilia] As[s]u[m]ptio[nis] see Marie 172 XVIII kl. septembris Assumptio see Marie 173v XVI kl. sep[tem]b. oct[ava] sci Laur[entii] 174 XV kl. September nat. sci Agapiti martiris 174v X kl. sep[tem]b. nat. scor. Timotei et Simphoriani 175 VIIII kl. sept[e]mb. nat. sci Bartholomei 175v VIII kl. sept[em]b. nat. sci Genesii

V kl. sept[em]b. nat. sci Rufi 176 V kl. sept[em]b. nat. sei Hermetis 176v IIII kl. sept[em]b. nat. see Sabine

Eodem die passio Ioh[ann]is Baptiste 177 V kl. sep[em]b. nat. sei Augustini epi. 177v III kl. sep[em]b. nat. scor. Felicis et Adaucti 178 Kl. sept[em]b. nat. sci Prisci

VI id. septemb. Nativitate see Marie 179 Eodem die sci Adriani 179v III id. sept[em]b. nat. scor. P[ro]ti et Iacincti

XVIII kl. oct. nat. scor. Cornelii et Cypriani 180 Eodem die Exaltatio see Crucis 181 XVII kl. oct. nat. sci Nicomedis

XVI kl. oct. nat. see Eufemie 181v Eodem die Lucie et Geminiani 182 XI kl. oct. nat. sci Mathei ap[osto]li et evangeliste

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DOUZE CALENDRIERS ROMAINS INÉDITS 57

182v V kl. oct. nat. scor. Cosme et Damiani III kl. oct. dedicatio basilice archangeli

183v VII id. oct. nat. scor. Dionisii Rustici et Eleutherii 184 Pridie id. oct. nat. sci Calisti pp. et sci Gaudentii

XV kl. november nat. sci Luce evang[e]liste 185 V kl. november nat. ap[osto]lorum Symonis et Iude 185v Kl. novemb. nat. sci Miniati cum sociis s[ui]s 186 Kl. november Om[n]iu[m] S[an]c[t]or[um]

(Eodem die sancti Cesarii) 187 VI id. novemb. nat. scor. IIII Coronatorfum]

V id. novemb. nat. sci Theodori 187v III id. novemb. nat. sci Martini epi. 188v Eodem die S. Menne

Id. novemb. nat. sci Bricii conff. 189 X kl. decemb. nat. see Cecilie 189v VIIII kl. decemb. nat. sci Clem[en]tis 190 Eodem die see Felicitatis 190v VIII kl. decemb. nat. sci Grisogoni 191 VI kl. decemb. nat. sci Gaudentii conff.

III kl. decemb. nat. sci Saturnini 191v Pridie kl. decemb. nat. sci Andrée ap[osto]li

2 - SANCTORAL DU COLLECTAIRE DE SAINT- ANASTASE AD AQUAS SALVIAS

(Biblioteca Vallicelliana C 62)

Le lectionnaire-collectaire de Saint- Anastase ad Aquas Salvias a été présenté supra p. 45. Le sanctoral du collectaire, dont on trouvera ici le texte, est beaucoup plus abondant que celui du lectionnaire.

fol. 97v

98

99 99v

In S. nicolai In S. ambrosii In see Lucie In S. thome In S. Stephani In S. Ioh[ann]is Innocentor[um]

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58 LES SOURCES DOCUMENTAIRES

100 In Sci Silv[est]ri In see colu[m]be

lOOv In sci felicis In sci marcelli In see prisce In sci Sebastiani eodem die sci fabiani

101 In see agnetis In sci anastasii mar.

lOlv S. vincentii c[on]v[er]sio S. pauli S. pr[oi]ecti S. Agnetis vir. Purificatio see marie

103 In see Agathe In sci Sotheris

103v eodem die [In scor. Zotici, Irenei et Iacinthi]3 In see Scolastice S. Dorothée In sci Valentini In Cathedra sci petri

104 s[an]c[tu]s Mathias ap[osto]l[u]s S. Gregorii

104v In sci benedicti 105v Annuntiatio S. marfie]

In S. leonis ep[is]c[op]i 106 In S. euphemie

In S. tiburtii et valeriani In S. georgii et a[da]lberti In S. Sidrac misac et abdenago

106v In nat. S. marci ev[an]g[e]l[is]te In S. vital[is] Scor. Philippe et Iacobi

107 Inventio see crucis eodem die alexandri [eventii et theoduli]4

3 On trouve une oraison de plusieurs Martyrs sans titre. Il s'agit de celle que donnent les Géla- siens du 8e siècle pour la fête des saints Zotique, Irénée et Hyacinthe le 10 février, au jour de sainte Sotère.

4 L'oraison mentionne les trois noms.

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DOUZE CALENDRIERS ROMAINS INÉDITS 59

107v sci Iuvenali[s] sci ang[e]li

108 In sci Ioh[ann]is ap[osto]li in porta latina Scor. gordiani et epimachi Scor. pancratii nerei et achilei See potentiane Sci urbani Sci nicomedis

108v scor. marcelli[ni] et pétri Primi et feliciani Basilidis cirini naboris et nazarii Sci viti

109 Scor. cirici et Iulitte Scor. marci et marcelliani Scor. p[ro]tasii et gervasii sci Iacobi ap[osto]li

109v eod[em] die scor. dccclxxxviiii In vig[ilia] sci Ioh[ann]is [In natali eiusdem]5

111 Scor. Ioh[ann]is et pauli Sci leonis pp. In vigil[ia] pétri et pauli [In natali eorumdem]

lllv [In commemoratione sci pauli] 112 P[ro]cessi et martiniani

oct[ava] ap[osto]lor[um] Scor. VII Fr[atru]m

112v In sci paterniani V id. lui. S. benedicti S. ermagora[e] [et fortunati]6

113 S. Iusti amici atque Focati S. q[ui]rici et Iulitte7 S. Praxedis

113v Nat. S. Marie Madelene In nat. S. apolenaris

5 Quand une fête est indiquée entre crochets, c'est que le manuscrit donne l'oraison en omettant le titre.

6 L'oraison ajoute le nom de Fortunatus. 7 L'oraison donnée ici diffère de celle qui est proposée au fol. 109 pour les mêmes saints.

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60 LES SOURCES DOCUMENTAIRES

114 In nat. S. Iacobi Nat. scor. nazari et celsi Scor. simplicii faustifni] et be[atricis]

114v S. felicis Scor. abdon et sennen Pétri ad vinculas [Scor. machabeorum] S. eusebii

115 S. Stephani Sci Sixti episcopi] Scor. felicissimi et agapiti

115v Sci Donati In sci cyriaci [In vigilia] In sci Lauifentii]

116 In sci Tiburtii 116v Ypoliti et Cassiani

In sci eusebii [In vigilia] In see Marie

117 octava Sci Laur[entii] In sci agapiti Sci timothei

117v S. bartholomei S. genesii S. augustini S. hermetis

118 Decollatio sci Ioh[ann]is baptiste eodem die S. Sabine Scor. felicis et audacti Sci prisci

118v In nativitate S. Marie Sci adriani Sci gorgoni[i]

119 P[ro]ti et Iacinti exaltatio see crucis corneli[i] et cipriani

119v sci nicomedis Nat. see euphemi[e] luci[e] et geminiani In sci mathei

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DOUZE CALENDRIERS ROMAINS INÉDITS 61

120 Nat. sci cipriani Nat. see lustine virg.8 Nat. S. Michaelis archangeli

121 In S. hieronimi S. Leodegari Nat. S. Marco

121v S. Pélagie et S. lustine S. dionisii rustici Sci calisti et gaudentii See luce

122 Scor. cosme et damiani vigilia Simonis et lüde [Natale eorumdem]

122v In vig(ilia) omnium s(an)c(t)or(um) Cesarii Ilarii

123 In 0[mn]ium s[an]c[t]or[um] [sci martini] S. Machutis

123v See cecilie Sci dementis S. felicitatis S. grisogoni S. saturnini

124 Scr. crisanti mauri et darie [In vigilia] S. andree ap[osto]li

124v In oct[ava] S. andree

3 - SANCTORAL DU SACRAMENTAIRE DE SAINT-LAURENT IN DAMASO

(Biblioteca Vallicelliana E 15)

Le sacramentaire de Saint-Laurent in Damaso a été présenté supra, p. 35.

fol. 6v MEN. DECEMBER DIE UH NAT. SCE BARBARE 7 MEN. DECEMBER DIE V SCI SABE MONACHI ET HEREMITE

MEN. DECEMBER DIE VI SCI NICOLAI EPI.

8 Cyprien et Justine sont dotés chacun d'une oraison propre.

Page 61: Pierre Jounel, Le Culte des saints dans les basiliques du Latran et du Vatican au douzième siècle

62 ' LES SOURCES DOCUMENTAIRES

7v MEN. DECEMBER DIE XI DEPOSITO S(AN]C[T]ISSIMI DAMASI PAPAE 8 MEN. DECEMBER DIE XIII NAT. SCE LUCIE VIRG. 8v MEN. DECEMBER DIE XXI SCI THOME AP[OSTO]LI

lOv MEN. DECEMBER DIE XXIIII VIGILIAS NATALIS D[OMI]NI 1 1 IN PRIMO GALLOR. CANTU AD SCAM MARIAM llv MISSA MANE PRIMA AD SCAM ANASTASIAM 12 DIE NATALIS D[OMI]NI AD S[AN]C[T]UM PETRUM 13v MEN. DECEIM]B[E]R DIE XXVI SCI STEPHANI P[RO]TOMAR. 14 MEN. DEC[EM]B[E]R DIE XXVII S. IOH[ANN]IS EV[AN]G. 15 MEN. DECE(M]B[ER] DIE XXVIII NAT. INNOCENTIUM

PRID. KL. ΙΑΝ. S. SILV[EST]RI PP. KL. ΙΑΝ. OCTABAS D[OMI]NI ET SCI BASILII ET SCE MARTINE MAR.

17 IN VIGILIA EPYPHANIE 17v MEN. IAN. DIE VI EPYPHANIE D[OMI]NI AD S. PETRU[M] 21 ΜΕΝ. ΙΑΝ. DIE XIIII NAT. SCI FELICIS IN PINCE

MEN. IAN. DIE XVI SCI MARCELLI PP. 21 ν MEN. IAN. DIE XVIII NAT. SCE PRISCE

MEN. IAN. DIE XX SCOR. FABIANI ET SEBASTIANI] 22 MEN. IAN. DIE XXI SCE AGNES 22v MEN. IAN. DIE XXII SCORU[M] VINCENTII ET ANASTASII

MEN. IAN. DIE XXV CONVERSIO SCI PAULI AP[OSTO]LI 23 MEN. IAN. DIE XXVIII SCE AGNES SECUNDE

MEN. FEBR. DIE II YPOPANTI ID EST OBVIATIO 24 M[EN]. FEBR. DIE V SCE AGATHE 24v M[EN]. FEBR. DIE X SCE SCOLASTICE VIRG. 25 M[EN]. FEBR. DIE XIIII NAT. SCI VALENTINI P[RES]B[YTE]RI

M[EN]. FEBR. DIE XXII CATHEDRA SCI PETRI AP[OSTO]LI 25v M[EN]. FEBR. DIE XXIIII SCI MATHIE AP[OSTO]LI

MEN. MAR. DIE VII SCARUM PERPETUE ET FELICITATA 26 MEN. MAR. DIE VIIII NAT. SCORU[M] XL MARTYRIUM]

MEN. MAR. DIE XII SCI GREGORII PAPAE 27 MEN. MAR. DIE XX VIG[ILIA] SCI BENEDICTI 27v MEN. MAR. DIE XXI NAT. SCI BENEDICTI 60 MENSE. APRELIS DIE XIIII SCORU[M] TIBURTII ET VALERIANI ET

MAXI[MI] MENSE. APRELIS DIE XXIII SCI GEORGII

61 MENSE. APRELIS DIE XXV LETANIA MAIORE 62 MENSE. APRELIS DIE XXVIII S. VITALIS 62v MENSE. APRELIS DIE XXX SCI MATHIE AP[OSTO]LI 63 KL MAIAS AP[OSTO]LORU[M] PHILYPPI ET IACOBI

Page 62: Pierre Jounel, Le Culte des saints dans les basiliques du Latran et du Vatican au douzième siècle

DOUZE CALENDRIERS ROMAINS INÉDITS 63

63v MEN. MAI. DIE III INVENTIO SCE CRUCIS EODEÎM] DIE SCORUM ALEXANDRI EVENTUI] ET TH[EODULI]

64 MEN. MAL DIE VI SCI IOH[ANN]IS AP[OSTO]LI ANTE PORTA[M] LATIN A[M]

64v MEN. MAI. DIE VIII APPARITIO SCI MICHAELIS ARCHANGELI MEN. MAI. DIE X SCORUIM] GORDIANI ET EPIMACHI

65 MEN. MAI. DIE XII NAT. SCORU[M] PANCRATTI ET NEREI ET ACHILLEI MEN. MAI. DIE XIII DEDIQATIO] SCA[E] MARIA[E] AD MARfTYRES]

65v XV KL IUN. NAT. SCE PODENTIANE M[EN]. MAI. DIE XXV S. URBANI PP.

74 KAL. IUN. NAT. SCI NICOMEDIS 74v DIE II SCORUIM] MARCELLIANI ET PETRI

MIEN]. IUN. D[IE] VIIII SCOR. PRIMI ET FELICIANI 75 MEN. IUN. DIE XI NAT. SCI BARNABE AP[OSTO]LI

MEN. IUN. DIE XII SCI BASILIDIS CYRINI NABORIS ET NAZARUI] 75v MEN. IUN. DIE XIII SCI BARTHOLOMEI AP[OSTO]LI

MEN. IUN. DIE XV SCOR. VITI MODESTI ET CRESCENTIANA[E] 76 MEN. IUN. DIE XVIII SCOR. MARCI ET MARCELLIANI

MEN. IUN. DIE XVIIII SCORUIM] PROTASII ET GERBASII MARTYRIS 76v MEN. IUN. DIE XXII Natale SCOR. MAR[TYRUM] mille CCCCLXXX

quorum vigilia cum silentio ieiunium est celebranda et confessionem eis pro ilio uno die anno uno dimittere in penitentia9. EODEIM] DIE SCI IACOBI ALPHEI

77 MEN. IUN. DIE XXIII VIG[ILIA] SCI IOHANNIS BAPTISTE 77v MEN. IUN. DIE XXIIII NASALE] SCI IOH[ANN]IS BAPTISTE

MEN. IUN. DIE XXVI SCORUIM] IOH[ANNIS] ET PAULI 79 MEN. IUN. DIE XXVIII SCI LEONIS PAPE

EODEÌM] DIE VIGILIAS SCI PETRI 80 III KAL. IUL. NAT[ALE] AP[OSTO]LORU[M] PETRI PAULIOJUE]

9 Cette phrase inintelligible se lit exactement dans les mêmes termes dans le calendrier du missel monastique des Abbruzzes dont il sera fait mention p. 348 (Cf. A. Ebner Missale romanum in Mittelalter I.e., p. 220). Elle annonce la concession d'une indulgence d'un an pour qui célèbre dans le jeûne et le silence l'anniversaire du massacre de mille quatre cent quatre-vingts chrétiens par les Perses en Samarie (vers 625), comme le dit plus clairement la rubrique du missel de l'Archivio Late- ranense Cod. 65: Natale SS. Martyrum mille CCCCLXXX. Quorum vigilia cum silentio et ieiunio est celebranda, et concessum est pro ilio uno die annum dimittere in poenitentia (E. de Azevedo, Vetus Missale romanum monastkum lateranense. I.e., p. 219). On trouve la même rubrique dans le Passion- naire des Saints-Jean-et-Paul (fol. 282).

Page 63: Pierre Jounel, Le Culte des saints dans les basiliques du Latran et du Vatican au douzième siècle

64 LES SOURCES DOCUMENTAIRES

80v MEN. IUN. DIE XXX SCI PAULI 81 MEN. IUL. DIE II SCORU[M] PROCESSI ET MARTINIANI 81v IN OCTABAS AP[OSTO]LORUM 82 M[EN]. IUL. DIE X SCORUIM] VII FRATRUM

EODE[M] DIE S. RUFINE ET S[E]C[UN]DE 82v M[EN]. IUL. DIE XXIII SCI APOLLENARIS

M[EN]. IUL. DIE XXVIIII SCI FELICIS PP EODEIM] DIE SCORU[M] SIMPLICII FAUSTINI ET BEATRICIS

83 M[EN]. IUL. DIE XXX SCORUM ABDON ET SENNES 84v KAL. AUG. AD SCUM PETRU[M] AD VINCULA 85 MEN. AUG. DIE II NAT. SCI STEPHANI 85v MEN. AUG. DIE VI TRANSFIGURATIO D[OMI]NI N[OSTR]I IH[ES]U

XRIIST]I EODEM DIE SCORU[M] XYSTI PAPE ET FELICISSIMI ET AGAPITI MARTYRIS

86v MEN. AUG. DIE VII NAT. SCI DONATI EPI. MEN. AUG. DIE Vili SCI CYRIACI MAR. MEN. AUG. DIE VIIII VIG[ILIA] SCI LAURENTII

87 MEN. AUG. DIE X SCI LAURENTII 87v MEN. AUG. DIE XI SCI TYBURTII ET SUSANNE 88v MEN. AUG. DIE XII SCI EUPLI LEVITE ET LEUCII MAR.

MEN. AUG. DIE XIII NAT. SCI YPPOLITI 89 MEN. AUG. DIE XIIII NAT. SCORUM EUSEBII ET PARMENI PRESBY-

TERII] EODEM DIE VIQILIA] SCE MARIE

89v MEN. AUG. DIE XV ASSUMPTIO SCE MARIE 90v IN OCTABAS SCI LAURENTII 91 MEN. AUG. DIE XVIII NAT. SCI AGAPITI

MEN. AUG. DIE XXII SCORU[M] TIMOTHEI ET YPPOLITI SIMPHO- RIANI ET AUGUST A[E] MAR.

92 MEN. AUG. DIE XXIV SCI BARTHOLOMEI AP[OSTO]LI 92v MEN. AUG. DIE XXVIII SCI HERMETIS

EODE[M] DIE SCI AUGUSTINI EPI. 93 MEN. AUG. DIE XXVIIII DECOLL[ATIO] SCI IOH[ANN]IS BAP[TISTE] 93v EODE(M]DIE SCE SA VINE 94 MEN. AUG. DIE XXX SCORU[M] FELICIS ET ADAUCTI 95 KAL. SEPT. SCI PRISCI ET SCORU[M] MAR. XII FR[ATRU]M 96v M[EN]. SEP. DIE VIII NAT[ALE] SCE MARIE 97 MEN. SEP. DIE XI SCORU[M] PROTI ET IACYNTHI 97v MEN. SEP. DIE XIIII EXALTATIO SCE CRUCIS

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DOUZE CALENDRIERS ROMAINS INÉDITS 65

98 EODEJM] DIE SCORU[M] CORNELII ET CYPRIANI MIEN]. SEP. DIE XVI SCE EUPHEMIE ET LUCIE ET GEMUNIANI]

100 MEN. SEP. DIE XXVII SCORU[M] COSME ET DAMIANIU lOOv MEN. SEP. DIE XXVIIII DEDIQATIO] SCI ANGELI 103 MEN. SEP. DIE XXX DEPOSITO BEATI HIERONIMI P[RES]B[YTE]RI

EODE[M] DIE SCARU[M] VIRGINUM SUPHIE PISTIS ELPIS AGAPIS 103v M[EN]. OCT. DIE VII SCORUIM] MARCI PP. ET SERGII ET BACHI 104 M[EN]. OCT. DIE VIIII SCORUIM] DIONISII EPI. ET ELEUTHERII

P[RES]B[YTE]RI ET RUSTICI DIACONI 104v M[EN]. OCT. DIE XIIII SCI CALIXTI PAPE

MIEN]. OCT. DIE XVIII SCI LUCE EVANGELKSTE] 105 MIEN], OCT. DIE XXVII VIGILIA] AP[OSTO]LOR[UM] SYMONIS CHA-

NANEI ET IUDAS ZELOTES 105v M[EN]. OCT. DIE XXVIII AP[OSTO]LOR[UM] SYMONIS ET IUDA

PRIDIAS KAL. NOV. VIGILIA OMNIUM S[AN]C[T]ORUM 106 KAL. NOV. FESTIVITAS OMNIUM] S[AN]C[T]ORUM 106v EODE[M] DIE SCI CESARII DIACONI 107 MEN. NOV. DIE Vili SCOR. UH CORONATORU[M] 107v M[EN]. NOV. DIE VIIII DEDIC[ATIO] BASILICE SALVATORIS

EODE(M] DIE SCI THEODORI 108 MIEN]. NOV. DIE XI SCI MARTINI ET SCE MENNE 109 MIEN]. NOV. DIE XIII NAT. SCORUM IOHIANN]IS CHRISOSTOMI ET

BRICH 109v M[EN]. NOV. DIE XXII NAT. SCE CECILIE 110 MIEN]. NOV. XXIII SCI CLEMENTIS ET SCE FELICITATA CUM VII

FILIIS SUIS llOv MIEN]. NOV. XXIIII SCI CHRISOGONI

M[EN]. NOV. DIE XXVIIII VIGILIA SCI ANDREE AP[OSTO]LI EODEIM]DIE SCI SATURNINI

111 IN DIE

4 - SANCTORAL DE L'ÉPISTOLIER DE SAINT-SABA

(Biblioteca Angelica ms. lai. 1383)

L'épistolier de Saint-Saba a été présenté pp. 33.

fol. 138v VII KL. ΙΑΝ. NAT. SCI STEPH[A]NII] 139v VI KL. ΙΑΝ. SCI IO[HANNIS] AP[OSTO]LI ET EVtAN]G[E]L{ISTAE]

Page 65: Pierre Jounel, Le Culte des saints dans les basiliques du Latran et du Vatican au douzième siècle

66 LES SOURCES DOCUMENTAIRES

140 V KL. IAN. SCOR. INNO[CENTIUM] 140v PRID. KL. ΙΑΝ. S. SILVESTRI PP. 141v XVIIII KL. FEB. N[AT]. S. FELICIS IN PINCIS 142 XVII KL. FEB. NAT. SCI MARCELLI PAPE 142v XV KL. FEB. S. PRISCE 143 XII KL. FEB. S[AN]C[TORU]M FABIANI ET SEBASTIANI 143v XII KL. FEB. S. AGNE[TIS] MA[RTYRIS] 144v VIII KL. FEB. CONVERSIO S. PAULI 146v IIII NON. FEB. YPOPANTI D[OMI]NI 147v NON. FEB. SCE AGATHE VIRGINIS 148 OCTAVA KAL. MAR. CATHEDRA S. PETRI 148v IIII ID. MAR. S. GREGORII PP. 149 XII KAL. APRIL NAT. SCI BENEDICTI 149v VIII KL. APR[I]L. ANN[UNTIATIO] S. MARIE

VII KL. MAI. LETA[NIE] MAIO[RES] S. MARCI 152v KL. MAI. NAT. S[AN]C[TORU]M AP[OST]L[ORU]M PHILIPPI ET IACOBI 153 VIIII NON. MAI. INVENTIO S[ANCT]AE CRUCIS 153v VIIII KL. IUL. VIGILIA SCI IOH[ANN]IS BAPTISTE 154v VIII KL. IUL. S. IOH[ANN]IS BAPTISTE 155 IIII KL. IUL. VIQILIA] AP[OSTO]L[ORU]M PETRI ET PAULI 156 IN NATALE SCI PETRI 157 II KL. IUL. NAT. SCI PAULI AP[OSTO]LI 158 IN OC[TAVA] AP[OSTO]LOR[UM] 158v VI ID. IUL. N[AT]. S. FELICITATA ET FILIORUM EHUS] 159 VIII ID. AUG. TRANSFIG[URATIO] DN IH XRI 160 IIII ID. AUG. SCI LAURENTII 160v XVIIII KL. SEP. VIG[ILIA] ASSUMPTIONS] S. MARIE 161 XVIII KL. SEP. ASSUMPTIO S. MARIE 161 ν IIII KL. SEP. DECOLLATIO SCI IOHANNIS BAPTISTE 162 ID. SEP. NATIV[ITAS] SCE MARIE 163 XVIII KL. OCT. EXALTATIO SCE + 163v XI KL. OCT[O]B. S. MATHEI AP. ET EV[AN]G 164 III KL. OCT[O]B. DEDIQATIO] S. MICHAEL 165 XV KL. NOV. S. LUCE EVANG[E]L 166 PRIDIE KL. NOV. VIQILIA] OMNIU[M] S[AN]C[T]ORUM 167 KL. NOV. FESTIVITAS OMNIU[M] S[AN]C[T]ORUM 168 III KL. DEC. VIG[ILIA] SCI ANDREE 168v PRIDIE KL. DEC. S. ANDREE 169v PRIDIE NON. DEC. VIQILIA] SCI SABE

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DOUZE CALENDRIERS ROMAINS INÉDITS 67

5 - SANCTORAL DU COLLECT AIRE DE SAINT-PIERRE

(Archivio San Pietro F 11)

Le rituel-collectaire de Saint-Pierre a été présenté supra, p. 44. On trouvera ici le sanctoral du collectaire.

fol. 102v Nat. sci nicolay archiepy[scopi]

Nat. S. a[m]brosii epi. 103 Eode[m] die S. Savini epi. et mar.

In nat. see Lucie 103v Eode[m] die sci eustratii

In nat. sci damasi pp. c[on]ff. 104v Nat. sci thome ap[osto]li

In vig[i]lia N[atalis] d[omi]ni See anastasie In die Nat[alis] D[omi]ni

106v Nat. sci Stephani p[ro]toma[rtyris] 107 In S. Ioh[anni]s eva[n]g[eliste]

Nat. Innocentorfum] 107v In Nat. S. Sil[vest]ri

In oct[ava] D[omi]ni Eode[m] die S. basila Eode[m] die see Martine

108v In vig[ilia] Epyph[anie] In epyph[ania] d[omi]ni

110 In sci felicis p[res]b[yte]ri In sci Mauri In sci Marcelli In Nat. S. prisée

111 In Natale sci fabiani pp. et mar. lllv Eode[m] die sci Sebastiani mar.

In festivit[ate] S. Agnes In nat. sci vincentii

112 Eodem die sci Anastasii Conversio S. Pauli NAT. SCOR. CYRI ET IOH[ANN]IS

Page 67: Pierre Jounel, Le Culte des saints dans les basiliques du Latran et du Vatican au douzième siècle

68 LES SOURCES DOCUMENTAIRES

112v In purific[atione] S. Marie 113 Nat. see agathe

Nat. S. Scolastice 114 In nat. sci valentini

In cathedra S. Pet[r]i Nat. S. Mathie ap[osto]li

114v In scor. martyru[m] XL Nat. sci Gregorii pp.

115 In sci Benedicti 115v Vili kl. ap[ri]lis ANNUNTIATIO GLqRJO]SE D[E]I GENITRICIS ET VIR-

GINIS MARIE 132v XVIII kl. mai. nat. sci Tiburtii et Valeriani et maximi

Georgius hinc evectus felix ad astra volavit. 133 Septenis maior mundo letania claret. 133v S. marci 133 bis M[ense] april[i] die XXVIII Nfetale] S. vitalis 133v bis V N[o]n[as] magi inventio S. +

Eode[m] die natalicia scor. martirufm] alexandri eventii et theodoli et iuve- nalfis]

134 M[ense] madio die VI sci Ioh[ann]is ante porta[m] latinaim] 134v M[ense] madio die X S. gordiani et epimachi

M[en]se mad. die XII scor. pancratii nerei et achilei 135 Un] S. Pudentiane 137 Nat. S. Vrbani 137v Scor. Petri et Marcellini 139 Scor. P[ri]mi et feliciani 139v In sci barnabe

In scor. basilidis cirini naboris [et nazarii] 140 Nat. sci viti 140v Nat. scor. ma[r]ci et ma[r]celliani

Nat. scor. gervasii et protasii 141 In sci multi 141v In vigiilia] S. Ioh[ann]is baptiste

In nat. eiusdem 142v Nat. scor. Ioh[ann]is et pauli

Vigilia ap[osto]lor[um] petfri] et p[auli] Nat. ap[osto]lor[um]

143v In S. Pauli apostoli 144 Nat. scor. processi et martiniani

Page 68: Pierre Jounel, Le Culte des saints dans les basiliques du Latran et du Vatican au douzième siècle

DOUZE CALENDRIERS ROMAINS INÉDITS 69

144v Octava apostoloru[m] VII fra[tru]m Eode[m] die rufine et secunde

145v In scor. quinci et iulitte In sci alexii confessori[s] See marine

146 In S. Praxedis In S. Apollinaris

146v In S. [Ia]cobi ap[osto]li 147 In S. Nazarii et Celsi

In sci feli[ci]s martiris Eode[m] die scor. simplicii faustini et beatricis

147v In S. abdon et Sennen 148 beati pétri ad vincula

Eode[m] die scor. machabeoru[m] 148v In S. stephani pp.

Inventio sci Stefani 149 In sci Xisti mar.

Eode[m] die scor. felicissimi et agapiti 149v In nat. sci donati epi.

In nat. sci ciriaci 150 Vig[ilia] S. Laurentii

In nat. sci laurentii 151 In S. tiburtii

In vigilia see Dei genitricis marie Eode[m] die sci eusebii

151 ν Assu[m]ptio see marie 153 In sci agapiti ma[r]tiris

In S. bartholomei 153v In sci ermetis 154 Eode[m] die S. augustini

Revelatio capiti[s] Ioannis baptiste 154v Nat. scor. felicis et audacti,

In S. egidii confessori[s] 155 Eodelm] die XII fr[atru]m

In sci antonini 155v In nativitate see marie 156v In S. euphemie lucie et geminiani

In exaltatione see crucis Eodefm] die cornelii et cipriani

Page 69: Pierre Jounel, Le Culte des saints dans les basiliques du Latran et du Vatican au douzième siècle

70 LES SOURCES DOCUMENTAIRES

158v

159 160 160v 161

161v

162

162v 163

163v

164

In S. mathei Nat. scor. cosme et damiani In dedicatione sci michaelis archangeli In sci Ieronimi p[res]b[yte]ri In sci marci pape Eo[dem] d[ie] scor. sergi et b[a]ch[i] In nat. sci dionisii In nat. sci calisti pape In sci luce evangeliste (des folios manquent) In scor. MI coronatorum Sci theodori In sci martini epi. In sci martini pape In see cecilie In sci Clem[en]t[is] Eodem die S. felicitatis I[n] S. chrisogoni Vig[ilia] S. andree In Dfie] Efiusdem]

6 - SANCTORAL DU SACRAMENTAIRE DE SAINT-TRYPHON

(Archivio San Pietro F 14)

Le sacramentaire de Saint-Tryphon a été présenté supra, p. 36.

fol. 9v Nat. S. Sabe c[on]flessori]s non. Dec.

Nat. Sci Nycolai archiepi. et c[on]flessori]s VIII id. Dec. 10 Nat. sci Savini VII id. dec.

de sco Ambrosio VII id. Dec. lOv Nat. S. Damasi pp. Ill id. Dec. 11 Nat. S. Lucie idib. Dec.

Nat. sci Eustratii auxentii et soci[oru]m eodelm] die llv Nat. see Eugenie 12 XII kl. dec. sci Thome ap[osto]li

Page 70: Pierre Jounel, Le Culte des saints dans les basiliques du Latran et du Vatican au douzième siècle

DOUZE CALENDRIERS ROMAINS INÉDITS 71

13v VIII kl. dee. vigilia nat[a]l[is] D[omi]ni In primo gall[oru]m cantu mis[sa] ad p[re]sepe De sca Anastasia

15v Nat. sci Stephani VII k[al]. ian. 16 Nat. S. Ioh[ann]is ap[osto]li VI kl. ian. 16v V kl. ian. Nat. Innocent[iu]m

Nat. S. Silv[est]ri pp. II kl. ian. 17 Kl. ian. in oct[ava] D[omi]ni 18 Non. ian. vig[ilia] Epyph[ani]e 18v VIII id. ian. Epiphanie D[omi]ni 19 Octava epyphanie 74v Kl. ian. nat. sci Basilii et see martine virg. 75v Nat. scor. Iuliani et Celsi

In nat[a]l. sci hylarii 76 Nat[a]l. sci felicis In Pincis XVIIII kl. febr. 76v Nat. sci Marcelli pp. XVII kl. febr. 77 Nat. sci Antonii monach[i] XVI kl. febr. 77v Nat. s. Prisce XV kl. febr.

Nat. scor. Fabiani pape Sebastiani marii et marthe audifax et abbacum XIII kl. febr.

78v Nat. see Agnes virg. XII kl. febr. 79 Nat. scor. Vincentii et Anastasii XI kl. febr. 79v Nat. scor. Emerentiane et macharii X kl. febr.

Conversio Sei Pauli VIII kl. febr. 80 Nat. see agnetis sec[un]do V kl. febr.

II kl. febr. Nat. sci Cyri et Ioh[ann]is 80v IIII Non. febr. Purificatio S. marie 81v Nat. sci Blasii epi. III Non. febr. 82 Nat. S. Agathe Non. febr.

IIII id. februarii Nat. see scolastice virg. 82v Nat. S. valentini XVI kl. mar. 83 Nat. faustini et Iovitte 83v In nat. S. Iulianes

VIII kl. martii Cathedra S. Pétri 84 VI kl. mar. Nat. S. Matthie ap[osto]li 84v Nat. scor. XLta martyru[m] VII idus mar.

IIII idus martii Nat. S. G[re]g[orii] PP. 85v XII kl. apr. Nat. sci Benedicti abb. 86 VIII K[al]. apr[i]l. Annuntiatio see marie 86v III id. apr. S. Leonis PP.

Page 71: Pierre Jounel, Le Culte des saints dans les basiliques du Latran et du Vatican au douzième siècle

72 LES SOURCES DOCUMENTAIRES

87 Nat. scor. Tyburtii et valeriani et maximi XVIII kl. maii Nat. S. Georgii mart. VIIII kl. maii

87v VII kl. mad. Nat. S. Ma[r]ci 88 Nat. sci Vital[is] mar. Uli kl. maii

Kl. mai. Ap[osto]loi{um] Philippi et Iacobi 88v Inventio See + alexandri eventii et theodoli et iuvenal[is]

V id. maii 89v II Non. mai. Nat. S. Ioh[ann]is ap[osto]li ante porta[m] latina[m]

en marge: VIII id. maii Apparitio S. Michaelis10 VII id. mai. Nat. scor. Gordiani et epymach[i]

90 V id. mai. Nat. S. Antimi IIII id. mai. Nat. Pancratii nerei et achillei

90v Dedicatio S. Marie ad martyres III id. maii 91 Nat. S. Pudentiane virg. XIIII kl. iunii

Nat. S. Vrbani PP. VIII kl. iunii Kl. iunii sci nicomedis mar.

92 IIII Non. iunii nat. scor. marcellini et P[etri] Nat. scor. Primi et feliciani V id. iunii

92v Nat. scor. basilidis et sociorum eius II id. iunii 92 bis Nat. sci Barnabe ap[osto]li III id. iunii

Nat. sci Viti et socior. eius XVII kl. iulii 92v bis Nat. scor. marci et marcelliani XIIII kl. iulii 93 Nat. S. P[ro]tasii et Gervasii XIII kl. iulii

Nat. scor. multor[um] X kl. iulii 93v Vig[i]l[ia] sci Ioh[ann]is Baptiste VIIII kl. iulii 94 In die 94v Nat. scor. Ioh[ann]is et Pauli VI kl. iulii

IIII kl. iulii Nat. S. Leonis pp. 95 Vig[ilia] ap[osto]loi{um] Pétri et Pauli 95v In die 96v II kl. iul. Sei Pauli ap[osto]li

VI Non. iulii Nat. S. P[ro]cessi et martiniani 97 In octava ap[osto]loi{um] 97v In Nat. VII fr[atru]m et S. Rufine et sec(un]de VI id. iulii 98 Id. iulii Nat. martyr[um] Q[ui]rici et Iulitte

en marge: IIII id. iulii Nat. S. Naboris et felicis

10 Les mentions ajoutées en marge sont de la même main que le reste du sanctoral.

Page 72: Pierre Jounel, Le Culte des saints dans les basiliques du Latran et du Vatican au douzième siècle

DOUZE CALENDRIERS ROMAINS INÉDITS 73

98v [In Nat. S. Alex]ii conf. XVI kl. aug. Nat. S. Praxedis virg. XII kl. aug. en marge: in see m[arie] magdalene

99 X kl. aug. Nat. sci Apollenaris Nat. Sci Iacobi Apostoli] VIII kl. aug.

99v V kl. aug. Nat. scor. nazarii et celsii 100 [Nat. sci Felicis] pp. Simplicii faustini beatricis et serafie IIII kl. aug.

Nat. S. abdon et Sennes III kl. aug. lOOv Kl. aug. vincula S. Petri et scor. machabeorum 101 Nat. sci Stephani pape et martyris IIII non. aug. lOlv Nat. sci xysti felicissimi et agapiti Vili id. aug. 102v VII id. aug. Nat. sci Donati epi.

Nat. S. cyriaci VI id. aug. 103 Vig. Sci Laurentii V id. aug.

en marge: Eode[m] die Romani m[a]r. 103v ad missas [sci Laurentii] 104 Nat. scor. tyburtii et Suzanne III id. aug. 104v Nat. sci Eupli et leucii II id. aug. 105 Nat. scor. yppoliti et socior[um] eius idib. aug.

Nat. S. eusebii conf. XVIIII kl. sept. 105v Eodem die vig[i]l[ia] see marie 106v In die ad missa[m] 107v Octava sci laur[entii] martyris XVI kl. sept. 108 Nat. S. Agapiti martyris XV kl. sept.

Nat. sci magni mar. 108v Nat. scor. Tymothei et yppoliti XI kl. sept. 109 Nat. S. bartholomei ap[osto]li Vili kl. sept.

Nat. S. Augustini et sci hermetis et Balbine V kl. sept. 109v Decollatio Sci Ioh[ann]is IIII kl. sept. 110 Nat. see Savine eode[m] die HOv Nat. scor. felicis et adaueti III kl. sept. 111 Kl. sept. Nat. scor. Duodecim fr[atru]m Prisci mr. egidii abb[at]is

Nat. sci Zenonis et antonini mar. IIII non. sept. lllv In nativitate S. Marie VI id. sept.

[Eodem die sci Adriani] 112v Nat. martyru[m] P[ro]ti et Iacinthi III id. sept.

Exaltatio see + et scor. Cornelii et cypriani XVIII kl. oct. 113v Nat. S. Nicomedis mar. XVII kl. oct.

Nat. lucie et Geminiani et euphemie XVI kl. oct.

Page 73: Pierre Jounel, Le Culte des saints dans les basiliques du Latran et du Vatican au douzième siècle

74 LES SOURCES DOCUMENTAIRES

1 14 Nat. scor. mauricii et socior[um] X kl. oct. en marge: XII kl. oct. vig[i]l[i]a S. Mathei ap[osto]l[i]

114v Nat. sci Mathei ap[osto]l[i] XI kl. oct. Nat. S. eustachii et socior. eius XII kl. oct.

115 Nat. scor. cosme et Damiani V kl. oct. 115v Dedicatio sci michahel arch[an]g[eli] III k. oct. 116 II kl. octubris S. Hieronimi 116v Nat. scor. Sergii et Bachi et sci Marci PP. Non. oct. 117 Nat. scor. dionisii et socior[um] eius VII id. oct. 117v Nat. S. Calixti pp. II id. oct. 118 Nat. S. luce evangeliste XV kl. nov.

VIII kl. nov. Nat. scor. mart. Gris[an]ci et Darie virg. 118v Vig[ilia] Ap[osto]lor[um] Symonis et Iude VI kl. nov. 119 In die V kl. nov.

II kl. nov. vig[i]l[ia] Om[nium] S[an]c[t]or[um] 119v In die ad missam Sci cesarii 120v Nat. scor. quattuor coronatorum VI id. nov.

Nat. S. theodori mar. V id. nov. 121 Nat. S. martyrum Triph[on]i[s] et Respitii III id. nov. 121v III id. nov. Nat. sci martini ep. et S. m[en]ne 122 In sci martini pp. II id. nov. 122v [Nat. scor. Iohannis] crisostomi et bricii idib. nov.

Nat. see cecilie X kl. dec. 123 Nat. s. clem[en]tis VIIII kl. dec.

de sea felicitate et filiis ei[us] 123v VIII kl. dee. Nat. sci Grisogoni 124 Nat. S. Saturnini et Sisinii III kl. dec.

Eode[m] die vig[i]l[ia] sci andree ap[osto]li 124v In die II kl. dec.

7 - SANCTORAL DU PASSIONNAIRE DU LATRAN

{Archivio Later anense A 80)

Le passionnaire du Latran à l'usage de Saint-Clément a été présenté supra p. 47. Le sanctoral commence avec la fête de saint Pantaléon (27 juillet).

fol. 3v m. iul. D. XXVII passio Sancii pantaleonis martir. 9 mens. iul. die XXVII pass[io] nazarii et celsi

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DOUZE CALENDRIERS ROMAINS INÉDITS 75

14v m. iul. D. XXVIIII passio sci Felicis pp. 15 m. iul. die XXVIII pass[io] S. mr. Simplic[ii] faustini et beatricis 15v eodem die pass[io] see Seraphie virg. 17v Kl. aug. S. pétri ad vincula 20 VII fr[atru]m machabeorum 21v m. aug. D. II sci Stephani pp. et mr. 25 Die III mensis augusti Translatio Sci Stephani p[rp]tom[a]r. -26v mensis aug. Die VII S. Donati et hylariani 31v m. iulii die XXVIIII pass[io] scor. mr. abdon et Sennes

Xisti pp. Laurentii Yppoliti et aliorum scor. supradictorum 34 De S. Xisto 34v Beatus Laurentius archidiaconus 38 De Yppolito D. XIII 41 (date effacée) nat[a]le VII fr[atru]m dorm[ientium] 47 m. aug. die XI pass[io] S. Susanne virg. et mr. 52 m. aug. die XI passio scor. eupli et leucii ma[r]t[y]ru[m] 53 Idus aug. pass[io] S. cassiani 53v m. aug. D. XIIII pass[io] S. eusebii pr[es]b[yter]i 54 m. aug. D. XVIII pass[io] sci Agapiti martir. 56 m. aug. D. XXV pass[io] sci Bartholomei ap[osto]li 59 Eodem die sci genesii mart. 60 m. aug. die XXIIII passio see auree virg. cyriaci maximi archelai theodori et

alioru[m] Sanctorum 64 m. aug. die XXVIII S. augustin[i] 76v m. a. D. XXVIIII S. Ioh[ann]is b[aptiste] 81v Eodem die see Savine 82 m. aug. D. XXX pass[io] Scor. mr. felicis et audacti 85v m. sept. D. II passio sci antonini martins 90 (date effacée) see Seraphie virginis11 92 m. Sept[em]b[ris] D. VIII Nativitas S. marie 99 Eodem die passio sancti adriani martiris

106 m. Septemb. D. XI pass[io] S. eugenie et S. p[ro]ti et Iacinthi mr. 114 m. Sept. D. XIIII passio sancti cornel[ii] et Cipriani mr. 116v eode[m] die exaltatio see crucis 118 eodem die pass[io] scor. mr. Lucie et geminiani 122v m. septembr. D. XVI pass[io] see eufemie virg. et mr. 127 m. sept. D. XX. passfio] S. eustachii mr. et socior. ei[us]

11 Reproduction du texte de la Passio déjà donné le 29 juillet.

Page 75: Pierre Jounel, Le Culte des saints dans les basiliques du Latran et du Vatican au douzième siècle

76 LES SOURCES DOCUMENTAIRES

133 m. sept. D. XXI sci mathei ap[osto]li 137 m. sept. D. XXIII pass[io] S. tecle virg. 141 ν (date effacée) passio sanctor. cipriani et iustine m[a]rtyru[m] 145v m. sept. D. XXVII pass[io] scor. cosme et damiani 149 m. sept. D. XXVIIII S. michael 151 m. sept. d. XXX S. hieronimi pr[es]b. 155v m. octob. pass[io] S. mr. Sergii et bachi 161 m. octob. D. VIIII pass[io] Scor. Dionisii rustici et eleutherii mr. 174 m. oct. D. XIIII pass[io] calixti pape et martiris 176v m. oct[o]b. D. XVIII S. Luce evangelisti]

Beati hylarionis monach[i] 188v m. octob. D. XXV pass[io] S. grisanti et darie martiru[m] 194v passio S. Demetrii mr. 195v D. XXVIII m. octob. pass[io] S. ap[osto]lor[um] Simon[is] et iud[e] 200 Kl. nove[m]b. festivitas om[n]iu[m] S[an]c[t]or[um] 205 Eodem die pass[io] S. cesarii mr. 207v, m. nove[m]b. D. VI S. Leonardi confessons 211 m. nove[m]b. pass[io] S. IIII Coronator[um] Simp[licii] Claud[ii] nicostr[ati] cas-

torii et simplic[ii] mr. 215 m. nov[em]b. D. VIIII Dedicatio basilice Salvator[is] 218v Pass[io] sci theodori mar. 220v Vita Beatissimi martini Turonensis epi. 231 m. nov[em]b. D. X pass[io] S. triphonis mr. 237v m. nov[em]b. D. XII natal[e] sancii martini pp. 246v m. nov[em]b. D. XIII S. bricii ep. et confess. 247v m. nov[em]b. D. XV pass[io] S. machuti ep. 250v m. nov[em]b. D. XXII pass[io] b[e]a[t]e cecilie virg. et mr. 257v m. nov[em]b. D. XXIII NAT. S. Clement[is] pp. et mar. 261 m. novembr. D. XXIIII in passione sancii crisogoni martiris 269 m. nov[em]b. D. XXV passfio] see Katerine virg. et mr. 274v m. nove[m]b. D. XXVII S. Iacobi intercisi 278 m. nov[em]b. D. XXX sci andree ap[osto]li 281 Mensis decemb. Die II passio see Viviane virginis et mr. 283 mense dece[m]br. Die III passio see barbarie] virginis et martiris 285 m. Dec. D. V beati sabe abbatis 289v m. Dec. D. VI S. nicolai 297v m. Decembris D. VII pass[io] S. Sabini epi. et martiris 300 Eodem die sancti ambr[osii] archiepiscopi 308v m. Dece[m]br. D. XI natalis S. Damasi pape 311 m. Dec. D. XIII pass[io] S. Lucie virg. et mr.

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DOUZE CALENDRIERS ROMAINS INÉDITS 77

313 (date effacée) pass[io] S. eustratii mr. 326v (sans titre ni date) S. Thome 332v (sans date) sci g[re]g[orii] Spol[etani] 334 (sans titre ni date) S. Iohannis 432 (addition) S. Egidii

8 - SANCTORAL DU SACRAMENTAIRE DU FONDS DE SAINTE-MARIE-MAJEURE

{y at. Santa Maria Maggiore 40)

Le sacramentaire du fonds de Sainte-Marie-Majeure, conservé à la Bibliothèque vaticane, a été présenté supra, pp. 37.

fol. 15 Statio ad scam eugenia[m] 16 In Nat. scar. virginu[m] bibiane dafrose et demetrie 16v In Nat. see Ba[r]bare virg. et m[a]r[tyr]is

In Nat. S. Sabe c[on]fess[oris]. 17 In Nat. S. Nycolai epi. et c[on]fessoris 17v In Nat. S. Ambrosii epi. et co[n]fessoris 18 In Nat. S. Savini epi. et mar[tyr]is

In Nat. S. Damasi cfs 18v In Nat. see Lucie vi[r]g[in]is

In Nat. scor. m[aMtyru]m Eustratii et I12 19 In Nat. S. Thome ap[osto]li 19v In Nat. S. Gregorii epi. et m[arty]ris 23 VII kl. ian. Nat. S. Stephani mr. 23v In S. Thom[e]13 24 VI kl. ian. Nat. S. Ioh[ann]is ap[osto]li et ev[an]g.

V kl. ian. Nat. i[n]fa[n]t[i]u[ni] in[n]oce[n]t[i]um 96 Incipiunt missarum solemnia in festivitatibus sanctorum per circulum anni

In Nat. sci Silvesti pape In Nat. S. Felicis i[n] pincis

97 In Nat. S. marcelli pape et ma[r]tyris

12 Le nom d'aucun des compagnons d'Eustrate ne commence par la lettre I. 13 II s'agit de S. Thomas de Cantorbéry, dont le nom a été introduit par erreur entre le 26 et le

27 décembre au lieu du 29.

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78 LES SOURCES DOCUMENTAIRES

97v In Nat. S. prisce mr. In Nat. S. Fabiani pp. et m[arty]ris alia de sco Sebastiano

98 In Nat. see Agnetis virginis et mr. 98v In Nat. S. Vi[n]ce[n]tii atq[ue] anastasii 99 VI kl. febr. Co[n]v[er]sio S. Pauli ap[osto]li

V kl. febr. Nat. S. Agne secundo In Agonem 99v IIII non. febr. Ypopanti

lOOv Non. febr. Nat. see Agathe 101 IIII idus febr. Nat. S. Scolastice lOlv XVI kl. mar. Nat. S. Valentini mr. 102 VIII kl. mar. Cathedra sci Pétri 102v VIII kl. mar. Nat. S. Mathie ap[osto]li 103 VII id. mar. Nat. scar. P[er]petue et felicitatis

VI id. mar. Nat. scor. XL m[a]r[tyru]m 103v III id. mar. S. Gregorii pape 104v XII klas aprelis sci B[e]n[e]dicti abbatis 105 Vili klas ap[re]lis Annun[ti]atio see marie 105v In Nat. sci leonis pape 106 In nat. scor. tyburtii et valeriani et maximi

In nat. sci georgii m[arty]ris 106v In nat. sci ma[r]ci evang[e]liste 107 In nat. sci Vitalis m[arty]ris

In nat. scor. ap[osto]lor[um] phylippi et Iacobi 107v In inventione see crucis 108 eodem die scor. alexandri eventii atque theodoli

In nat. sci Ioh[ann]is ap[osto]li et eva[n]g[e]liste ante portam latinam 108v Vili idus mai. revelatio b[e]ati michael archang[e]li

In nat. scor. m[a]r[tyru]m Gordiani et epimachi 109 In nat. scor. m[a]r[tyru]m nerei et achillei atque pancratii 109v In dedicatio[n]e see marie ad m[arty]res

In nat. sci urbani pape In nat. sci nicomedis m[arty]ris

HOv In nat. scor. ma[r]cellini et petri In nat. scor. p[ri]mi et feliciani

111 In nat. sci Barnabe ap[osto]li In nat. scor. martyrum Basilidis Cirini Naboris et Nazarii

112 In nat. scor. m[a]r[tyru]m viti et modesti In nat. scor. m[a]r[tyru]m ma[r]ci et ma[r]celliani

112v In nat. scor. mart. ge[r]vasii et p[ro]tasii

Page 78: Pierre Jounel, Le Culte des saints dans les basiliques du Latran et du Vatican au douzième siècle

DOUZE CALENDRIERS ROMAINS INÉDITS 79

113 In vigilia sci Ioh[ann]is baptiste 113v mense iunio die XXIIII natale sci Ioh[ann]is baptiste

mense iunio die XXVI Nat. scor. Ioh[ann]is et pauli In nat. sci Leo[n]is p[a]pe

114 eodem die vig[ilia] sci pétri 115 In Nat. scor. ap[osto]lor[um] pétri et pauli

In nat. sci pauli ap[osto]li 115v In nat. scor. p[r]ocessi et martiniani 116 In octava ap[osto]lor[um] pétri et pauli

In nat. scor. VII fr[atru]m m[a]r[tyru]m 116v eodem die Nat. scar, rufine et secunde 117 V id. iulii Inve[n]tio co[r]pori[s] sci B[e]n[e]d[i]c[t]i

In nat. scor. m[a]r[tyru]m Naboris et felicis 117v In nat. see marie magdalene 118 In nat. see praxedis virginis

XI kl. aug. Nat. scor. Emiliani m[arty]ris eodem die see symphorose et VII filiis ei[us]

118v In nat. sci Apollinaris m[arty]ris 119 mense iulii die XXV Nat. sci Iacobi ap[osto]li et see Euphrasie 119v In nat. scor. Nazarii et celsi 120 In nat. scor. ma[r]tyrum felicis simplicii Faustini et beatricis 120v Nat. scor. abdon et sennen m[a]r[tyru]m

Absolutio b[e]ati pétri ap[osto]li a vi[n]culis 121 eodem die scor. machabeor[um] 121v In Nat. sci Steph[an]i pape

mense augusti die V vig[ilia] t[ra]nsfiguratio[n]is d[omi]ni 122 In die transfigurationis d[omi]ni 123 eodem die sci Syxti pape 123v eode[m]die scor. felicissimi et agapiti

In nat. sci Donati epi. et martyris 124 In nat. scor. m[a]r[tyru]m largi cyriaci et smaragdi 124v In vig[ilia] sci Laurentii mr. 125 In die ad missas 125v In nat. S. Tyburtii mr. 126 In nat. scor. m[a]r[tyru]m Ypoliti et cassiani

In nat. sci eusebii confle]ssoris 126v In viglilia] Assumptio[n]is see marie

In Assu[m]ptio[n]e S. m[arie] 127 octa[va] sci Laurentii m[arty]ris 127v In nat. S. Agapiti m[arty]ris

Page 79: Pierre Jounel, Le Culte des saints dans les basiliques du Latran et du Vatican au douzième siècle

80 LES SOURCES DOCUMENTAIRES

128 Nat. scor. Tymothei et Sy[m]phoriani In nat. S. Ba[r]tholom[e]i ap[osto]li

128v In nat. S. hermetis ma[r]tyris 129 eodem die S. Augustini epi. et cf.

In Decollatane sci Ioh[ann]is baptiste 129v eode[m]die see Sabine ma[r]tyris 130 III kl. sept. nat. scor. felicis et audac[ti]

Die VIII m[en]se sept. Nat. S. marie et Nat. S. Adriani 131 In nat. S. Gorgonii mr.

In nat. S. proti et Iacinthi 131 ν In exaltatio[n]e S. Crucis 132 eode[m] die scor. m[a]r[tyru]m Cornelii et Cyp[r]iani

In Nat. S. Nicomedis m[arty]ris 132v In Nat. S. euphemie virg. et mr.

Eode[m] die S. Luce et Geminiani 133 In vigilia S. mathei ap[osto]li et ev[an]g[e]liste 133v In Nat. S. math[e]i ap[osto]li et ev[an]g[e]liste 134 Nat. scor. m[aMtyru]m Cosme et Damiani 134v In Dedicatio[n]e Basilice sci michael archa[n]geli 135 In Nat. sci marci pape 135 ν eodem die scor. marcelli et Apulei

In nat. S. calixti pp. et m[arty]ris 136 In Nat. sci luce evangeliste

In nat. scor. m[a]r[tyru]m Grisa[n]ti et Darie 136v In vigilia ap[osto]lor[um] Symo[n]is et Iude 137 In Nat. Ap[osto]lor[um] Sumo[n]is et Iude

In vigilia o[mn]iu[m] s[an]c[t]or[um] 137v In festivitate om[n]iu[m] s[an]c[t]oitum] 138 eodem die nat. sci Cesarli m[arty]ris 138v In Nat. scor. IIII coronator[um]

In Nat. sci Theodori 139 In Nat. sci martini epi. c[on]fess. 139v Eodem die S. mene mr.

In mat. see Cecilie vi[r]gi[ni]s et m[arty]ris 140 In nat. S. clem[en]tis pp. et m[arty]ris

eodem die S. felicitatis m[arty]ris 140v In S. Grisogoni m[arty]ris

Nat. S. Saturnini ma[r]ty[r]is 141 eode[m] die vigilia S. Andrée ap[osto]li 14 lv In sci Andrée

In festo S. Nicolay

Page 80: Pierre Jounel, Le Culte des saints dans les basiliques du Latran et du Vatican au douzième siècle

DOUZE CALENDRIERS ROMAINS INÉDITS 81

9 - SANCTORAL DU MISSEL DU LATRAN

(Archivio di Stato italiano ms. 997)

Le missel du Latran a été présenté supra, p. 41.

fol 270

271v 273 273v

274 275 275v 277 277v 278

280 281v 282 284 285 288 289 289v 291 292v 294 294v 295v 296 297 298 299v 301 3O2v 3O3v

S. saturnini m. vig[ilia] s. andree ap[osto]li In die ei[us] In s. nycolai S. damasi confess. In s. Lucie vir. In s. thome ap[osto]li In s. silv[estr]i In s. felicis in pincis s. marcelli pp. et mar. In s. p[ri]sce virg. Scor. marii et marthe a[udifax] et a[bacuc] Scoru[m] fabiani pp. et Sebastiani In s. agnetis In s. vincentii mar. In conversicene] s. pauli In oct[ava] s. agnetis In purificatione s. marie In see agathe In s. valentini m. In cathedra s. pétri In s. mathie ap[osto]li Sci gregorii pp. In s. b[e]n[e]dicti abb[a]tis In annuntiatio[ne] s. ma[rie] Scor. Tyburtii et valeriani In s. Georgii S. marci eva[n]g[e]liste In s. vital[is] mar. Scor. phylippi et iacobi In inventione s. crucis S. Alexandri et eventi[i] et Theodoli s. ioh[annis] an[te] po[r]ta[m] latina[m]

Page 81: Pierre Jounel, Le Culte des saints dans les basiliques du Latran et du Vatican au douzième siècle

82 LES SOURCES DOCUMENTAIRES

305 305v 306v 307v 308v 309 310 310v 311 312 314 317 318v 319v 320 321v 323v 325 326 327v 328v 329 329v 330v 331v

332v 333v 334

335v 337 338

338v 339 340 341v 342 342v

Scor. gordiani et epimachi Scor. pancratii nerei et achilei In s. urbani pp. et mar. Nat. scor. marcellini et pétri Scor. p[ri]mi et feliciani sci barnabe ap[osto]li Scor. basilidis cirini naboris et naçarii Scor. viti et modesti et crescentie Scor. marci et marcelliani Scor. gervasii et p[ro]tasii vigfilia] s. ioh[ann]is bap[tiste] ad missa[m] maiore[m] Scor. ioh[ann]is et pauli Sci leonis pp. vig[ilia] ap[osto]lor[um] pet[ri] et pauli In die eor[um] In commemoratio[n]e s. pauli Scor. p[ro]cessi et martiniani Oc[tava] ap[osto]lorum Scor. VII frlatru]m Scor. naboris et felicis s. marie magdalene S. apollenaris S. iacobi ap[osto]li s. nazarii et celsi s. felicis si[m]plicii faustini et beat[ri]cis Scor. abdon et Senen Vincula s. pétri Scoru[m] machabe[orum] s. stephani pp. In i[n]ventio[n]e s. stephani p[ro] tomlartyris] et gamalienis S. systi pp. et m. Scor. felicissimi et agapiti S. donati epi. et m. Scor. ciriaci largì et smaragdi vigfilia] s. Laurentii In festo s. Laurentii S. tyburtii martiris Scoru[m] ypoliti et cassiani S. eusebii

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DOUZE CALENDRIERS ROMAINS INÉDITS 83

343 344 346 346v 347 347v 348v

349v 351 351v 352 354v

355 356v 357v 359 359v

360 361 362 362v 363v 365v 366

367 367v 368

369 370 372 373v 374 375

375v

vigtilia] assu[m]ptionis s. marie In assu[m]ptione ocltava] s. Laurentii s. agabiti m. s. timothei et si[m]phoriani s. bartholomei s. ermetis m. s. augustini Decollatio s. ioh[ann]is bapt[iste] In nat. S. Sabine v. Scor. Felicis et Adaucti In natlivitate] s. marie vir. s. adriani mar. s. gorgonii m. scor. proti et iacinti Exaltatio s. crucis Scor. cornelii et cip[ri]ani s. nicomedis m. In festo eufemie virg. scor. lucie et geminiani vig[ilia] s. math[ie] ap[osto]li et evang. In nat. eiusdem Scor. mauritii et socioifum] ei[us] Scor. cosme et damiani dedicatio s. michael archa[n]g[eli] s. ieifonimi] p[res]b[yte]ri s. marci pp. scor. sergii et bachi s. calixte pp. et mar. s. luce evang. Scor. c[ri]santi et darie vig[ilia] ap[osto]lor[um] symonis et iude In die ap[osto]lor[um] symonis et iude vig[ilia] o[mn]iu[m] s[an]c[t]or[um] In festivitate om[n]iu[m] s[an]c[to]rum Eodem die nat. s. cesarii In nat. scor. IIII coronatorlum] s. theodori m. s. martini epi. et. cf. Eode[m] die s. menne m.

Page 83: Pierre Jounel, Le Culte des saints dans les basiliques du Latran et du Vatican au douzième siècle

84 LES SOURCES DOCUMENTAIRES

376 In s. cecilie 376v s. clem[en]tis m. 377v see felicitatis 378 In s. Grisogoni m.

Dans le temporal on trouve mentionnés les saints suivants:

23v s. Anastasie martiris 27 In natale s. stephani 28v In nat. s. ioh[ann]is 30v In natale innocentium 32 {addition) In sci thome archiepi. et m.

10 - CALENDRIER DU LATRAN

(Archivio di Stato italiano ms. 997)

Le calendrier du Latran a été présenté p. 29. La première page du manuscrit, qui contenait les mois de janvier et de février du calendrier, fait défaut.

Page 84: Pierre Jounel, Le Culte des saints dans les basiliques du Latran et du Vatican au douzième siècle

DOUZE CALENDRIERS ROMAINS INÉDITS 85

KL Martius habet dies xxxi. luna xxx. Martius in prima cum quarta dividit adima. Prima nocet multum nullum dabit altera cultum.

iii

xi

xviiii viii

xvi V

xiii ii

X

xviii vii

XV iiii

xii i

xvii vi

xiii iii

d e f g a b e d e f g a b e d e f g a b e d e f g a b e d e f

Mar. vi V iiii iii ii nonis viii vii vi V iiii iii ii idibus xvii xvi XV xiiii xiii xii xi X viiii viii vii vi V iiii iii ii

η η η η η

id id Quadraginta mT. id id id Gregorii pp~. et cf. id id

k ap(ri)l(is) k depositio s Fridiani k k k k Benedicti abbatis. k k k k Annuntiatio beate l· k k k k k k

Sol in Arietem

Page 85: Pierre Jounel, Le Culte des saints dans les basiliques du Latran et du Vatican au douzième siècle

86 LES SOURCES DOCUMENTAIRES

KL Aprilis habet dies xxx. luna xxix. Cui decimus cedit undenus aprilis obedit. Prima petit telis quem nona requirit aprilis.

xi

xix viii xvi V

xiii ii

X

xviii vii

XV iiii

xii i

ix

xvii vi

xiiii iii -

g a b c d e f g a b c d e f ero a b c d e f g a b c d e f g a

Aprihs iiii iii ii nonis viii vii vi ν iiii iii ii Idibus xviii xvii xvi XV xiiii xiii xii xi X viiii viii vii vi ν iiii iii ii

η η η

id id id id id id id

k mad. k k k k k k k k k k k k k k

k

Sixti pp. et m

Celestini pp~.

Leonis pp~.

Tiburtii et Valeriani

Aniceti ppT et m.

Sotheris pp. et m. Gagi pp. et m. Georgii m.

Marci eväg Letanie maion Cleti pp et m. Marcellini pp e

Vitalis m.

Sol in Taurum

Page 86: Pierre Jounel, Le Culte des saints dans les basiliques du Latran et du Vatican au douzième siècle

DOUZE CALENDRIERS ROMAINS INÉDITS 87

KL Madius habet dies xxxi. luna xxx. Tertius hoc captât madii quod septimus aptat. Sexta minus sordet cum vulnera dena remordet.

χι

XIX viii

XVI V

Xlll ii

XV111 vii

XV iiii

Xll i

IX

XV11 vi

Xlll iii

XI

b Madii e vi d ν e iiii f iii g υ a nonis b viii e vii d vi e ν f iiii g iii a ii b idibus e xvii d xvi e xv f xiiii g xiii a xii b xi e χ d viiii e viii f vii g vi a ν b iiii e iii d ii

η η η η η

id id id id id id id

k k k k k k k k k k k k k k k k

ìun.

Philippi et Iacobi.

Inventio s + . Alexandri pp et in et socior. eius

Iohannis ante portam latinam.

Apparitio beati Michael archang.

Gordiani et Epimachi.

Nerei et Achillei et Pancratii m.

Bonifatii m.

Venantii m. et socior. ei. Pudentiane virg.

Sol in Geminos

Urbani pp. et m. Eleutherii pp. et m. Iohannis pp. et m.

Felicis pp. et m. Petronille virg.

Page 87: Pierre Jounel, Le Culte des saints dans les basiliques du Latran et du Vatican au douzième siècle

LES SOURCES DOCUMENTAIRES

KL Iunius habet dies xxx. luna xxix. Cui nil dena dabit iunii quindena negabit. Ledit quinta cutem nullam dat quarta salute.

xix viii xvi V

xiii ii

X

xviii vii

XV iiii

xii i

ix

xvii vi

xiiii iii

xi

e f era a b c d e f g a b c d e f era a b c d e f era a b c d e f

lumi iiii iii ii nonis viii vii vi ν iiii iii ii Idibus xviii xvii xvi XV xiiii xiii xii xi X ix viii vii vi ν iiii iii ii

η η η

id id id id id id id

k iul. k k k k k k k k k k k k k k k k

Marcellini et Pétri.

Venantii epi. et cf.

Primi et Feliciani.

Barnabe apli. Basilidis Cirini Naboris et Nazari

Cantianorum m. Viti Modesti et Crescentie

Marci et Marcelliani. Gervasii et Protasii. Silverii pp et m.

Paulini epi. et co. Vigilia Nativitas beati Iohannis baptiste

Iohannis et Pauli

Leonis pp~. et e. Vigilia Apostolorum Petri et Pauli. Commemoratio s. Pauli

Sol in Cancrum

Page 88: Pierre Jounel, Le Culte des saints dans les basiliques du Latran et du Vatican au douzième siècle

DOUZE CALENDRIERS ROMAINS INÉDITS 89

KL Iulius habet dies xxxi. luna xxx. Tredecimus fortis iulii decim via mortis. Est lupus undena pariter quoque nona leena.

xix viii

xvi V

xiii ii

X

xviii vii

XV iiii

xii i

ix

xvii vi

xiiii iii

xi xix

g a b c d e f g a b c d e f era a b c d e f g a b c d e f g a b

Iulii vi V iiii iii ii nonis viii vii vi ν iiii iii ii idibus xvii xvi XV xiiii xiii xii xi X viiii viii vii vi ν iiii iii ii

η η η η η

id id id id id id id

k âïïg. k k k k k k k k k k k k k k k

Octava s. Iohannis baptiste. Processi et Martiniani.

Octava apostolorum

scar. v. Rufine et Secunde. Septem fratrum. Pii pp et fri. Naboris et Felicis. Anacleti pp et m.

Quirici et Iulitte.

Alexii cf. Simphorose et filiorum ei.

Praxedis virg. Marie magdalene. Apolenaris epi et m. Vigilia Iacobi apli. Euticiani pp et m Christofori in. Pastoris pbri et c. Pantaleonis m. Nazarii et Celsi. Victoris pp et m. Felicis pp et m. Simplicii Faustini et Beatricis Abdon et Sennes.

Page 89: Pierre Jounel, Le Culte des saints dans les basiliques du Latran et du Vatican au douzième siècle

90 LES SOURCES DOCUMENTAIRES

KL Augustus habet dies xxxi. luna xxx. Sexti prima furit a fine secunda perurit. Cuspide prima ferit quam septima perdere querit.

vni xvi ν

xiii ii

XVlll vii

xv iiii

Xll i

Vllll

XV11 vi

Xllll iii

XI xviiii

Vili

c Aug. d iiii e iii f ii g nonis a viii b vii e vi d ν e iiii f iii g υ a idibus b xviiii c xviii d xvii e xvi f xv g xiiii a xiii b xii c xi d χ e viiii f viii g vii a vi b v c iiii d iii e ii

η η η

id id id id id id id

k k k k k k k k k k k k k k k k k k

sept

s. Petri ad vincula. Machabeorum. Stephani pp et m Inventio Stephani ptomar. Iustini pbri et m.

Sixti pp et m. Felicissimi et Agapiti. Donati pbri et m Ciriaci Largì et Smaragdi Romani in. Vigilia Laurentii archidiaconi et m. Tiburtii m. Susanne virg.

Ypoliti et Cassiani Eusebii pbri. Assumptio beate Marie virginis

Octava s. Laurentii Agapiti m. Sol in Virginem

Octava s. Marie. Timothei et Simphoriani

Auree virg. Vigilia Bartholomei apli. Lucii pp. et m. Zepherini pp. et rn.

Augustini epi et e. Hermetis m. Balbine v. Decollatio s Iohannis baptiste. Sabine v. Felicis et Audacti in.

Page 90: Pierre Jounel, Le Culte des saints dans les basiliques du Latran et du Vatican au douzième siècle

DOUZE CALENDRIERS ROMAINS INÉDITS 91

KL September habet dies xxx. luna xix. Tertia turbatur septembris dena minatur. Tertia septembris et quarta dabunt mala membris.

XVI V

xiii ii

X

xviii vii

XV iiii

xii i

viii

xvii vi

xiiii iii

xi xviiii

viii

f g a b c d e f g a b c d e f g a b c d e f g a b c d e f g

Sept. iiii iii ii nonis viii vii vi ν iiii iii ii idibus xviii xvii xvi XV xiiii xiii xii xi X viiii viii vii vi ν iiii iii ii

η η η

id id id id id id id

k oct. k k k k k k k k k k k k k k k k

Egidn abbatis. Duodecim fratrum Antonini m.

Nativitas beate Marie. Adriani m. Gorgoni m. Ylari pp et c". Proti et Iacinti

Exaltatio s + . Cornelii et Cipriani. Nicomedis mar. Euphemie. Lucie et Geminiani

Mathei apli et eväg. Mauricii et socior. eius Lini pp et m. Tede v. et m.

Fauste virg. et m. Cipriani epi et m. et Iustine virg. m Cosme et Damiani

Dedicatio basilice s Michael arcang. Ieronimi pbri et e.

Sol in Libram

Page 91: Pierre Jounel, Le Culte des saints dans les basiliques du Latran et du Vatican au douzième siècle

92 LES SOURCES DOCUMENTAIRES

KL October habet dies xxxi. luna xxx. Tertius octubris nulli decimusque salubris. Quinta dat octubris cui nona venena colubris.

xvi V xiii ii

X

xviii vii

XV iiii

xii i

ix

xvii vi

xiiii iii

xi

xviiii viii

xvi V

a b c d e f g a b c d e f g a b c d e f g a b c d e f g a b c

Oct. vi V iiii iii ii nonis viii vii vi ν iiii iii ii idibus xvii xvi XV xiiii xiii xii xi X viiii viii vii vi ν iiii iii ii

η η η η η

id id id id id id id

k nov. k k k k k k k k k k k k k k k

Remigli epi et con. Eusebii pp et in.

Sergii et Bachi m. Marci pp c

Dionisii Rustici et Eleutherii Cerbonii epi et con.

Cassii epi et c. Calixti pp et m.

Luce evag

Hilarionis abbatis

Grisanti et Darie

Evaristi (pp) et m. Vigilia Aplor. Symonis et Iude

Germani epi capuani Vigilia

Page 92: Pierre Jounel, Le Culte des saints dans les basiliques du Latran et du Vatican au douzième siècle

DOUZE CALENDRIERS ROMAINS INÉDITS 93

KL November habet dies xxx. luna xxix. Quinta novembris obest nulli lux tertia prodest. Est octava canis forte quarta videtur in anis.

xni ii

XVlll vii

xv iiii

xn i

IX

XV11 vi

1111 iii

XI xviiii

Vili

XVI V

d Novembris e iiii f iii g υ a nonis b viii e vii d vi e v f iiii g iii a ii b idibus c xviii d xvii e xvi f xv g xiiii a xiii b xii c xi d χ e viiii f viii g vii a vi b ν c iiii d iii e ii

η η η

id id id id id id id

k dec. k k k k k k k k k k k k k k k k

Omnium sanctorum. Cesarii mar.

Hilarii epi et con.

Leonardi conf.

Quattuor coronatorum. dedicatio basilice Salvatoris. Theodori m. Triphonis et Respicii mar. et Nimphe virg. Martini epi et c. menne mar. Martini pp et m. Britii epi et con.

Octava dedicationis basilice Salvatoris Rufi epi et con. dedicatio ecclesiarum Petri et Pauli. Pontiani pp~. et m.

Gelasii pp et conf. Cecilie virg et m. Clementis pp et m. Grisogoni m. Prosperi epi et con. Petri epi alexandrini.

Vigilia Andrée apli.

Sol in Sagittarium

Page 93: Pierre Jounel, Le Culte des saints dans les basiliques du Latran et du Vatican au douzième siècle

94 LES SOURCES DOCUMENTAIRES

KL December habet dies xxxi. luna xxx. Hoc dat bissena decimi quod septima dena. Prima parit luctum nullum dat septima fructum.

f Dec. ii g iiii ? Viviane v. et mar.

a iii ? ? b ii ? Nemesii et sociorum ei. Barbare vir.

c nonis Sabe conf. xviii d viii id Nicolai epi et c. vii e vii id Ambrosii epi et c. Savini m

f vi id Zenonis epi et c. XV g ? id Siri epi et conf. iiii a iiii id Meltiadis pp et m.

b iii id Damasi pp et conf. s Danielis xii c

d ii idibus

id Lucie virg.

e xviiii k Ian. viiii f xviii k

g xvii k xvii a xvi k vi b XV k Sol

c xiiii k xiiii d xiii k Vigilia iii e xii k Thome apli.

f xi k xi g X k xviiii a

b viiii viii

k k

Vigilia Nati vitas dni nri Ihesu X. Anastasie ?

viii c vii k Stephani protomartyris. d vi k Iohannis apli et evag.

xvi e ? k scörum Innocentium. ? f

g a

iiii iii ii

k k k

Thome ëpT et mir.

xiii Silvestri pp et conf.

Sol in Capricornum

Solstitium

Page 94: Pierre Jounel, Le Culte des saints dans les basiliques du Latran et du Vatican au douzième siècle

LIVRE DEUXIÈME

LE DÉVELOPPEMENT DU CULTE DES SAINTS

À ROME DU IXe AU XIIe SIÈCLE

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Page 96: Pierre Jounel, Le Culte des saints dans les basiliques du Latran et du Vatican au douzième siècle

CHAPITRE I

LE CULTE DES SAINTS DANS L'HISTOIRE DE LA CITÉ PAPALE

C'est au cours du 10e siècle que la liturgie romano-franque s'est frayé la route de Rome. On pourrait donc estimer qu'il convient de rechercher dans les cinquante années qui ont précédé l'an mille les premières manifestations des formes que le culte des saints a pu y revêtir au 12e siècle. Il ne faut pourtant pas oublier que nombre des formes nouvelles dont le 10e siècle fournit les premiers témoins dans le domaine artistique ont vu le jour en réalité au siècle précédent. Qu'il s'agisse des «majestés d'or» d'Auvergne, qui donneront naissance à la statuaire romane en ronde bosse, des créations les plus achevées du plain-chant monastique ou encore des mises en scène de la Visite des femmes au sépulcre du Christ le matin de Pâques, d'où procède pour l'essentiel le théâtre occidental, chacune de ces formes d'expression prend racine, d'une manière ou d'une autre, dans la Renaissance carolingienne. Il faudrait en dire autant de l'architecture, de l'enluminure et de l'orfèvrerie de l'art ottonien1. A Rome, le 10e siècle n'a pratiquement laissé aucun vestige en tous ces domaines où, malgré la dureté des temps, maintes églises de France, d'Alémanie, d'Angleterre ou d'Italie du nord n'ont pas manqué de briller d'un certain éclat. Tout ce qui renaîtra au 11e et au 12e siècle dans les arts et la pensée renouera avec l'époque carolingienne, par de là ce qu'on peut appeler avec Baronius «le siècle obscur». Sans accorder trop de crédit aux pamphlets de Luitprand de Crémone et des chroniqueurs impériaux, on doit constater, en effet, que le 10e siècle est à Rome un temps de décadence profonde et même d'opprobre2.

1 Dans le livre de L. Grodecki, F. Nütherich, J. Taralon, F. Wormald, Le siècle de l'An Mil, Coll. L'Univers des Formes, Paris 1973, on trouvera une synthèse de l'apport des années 950-1050 à l'art occidental. Les premières mises en scène de la Visite du Sépulcre sont analysées par Blandine Berger dans Le Drame liturgique de Pâques du Xe au XIIIe siècle, Liturgie et théâtre, Coll. Théologie historique, Paris 1976. En ce qui concerne le plain-chant, on peut constater que, dès le 10e siècle, le Kyriale romain connaît ses réussites les plus achevées, comme les Kyrie fans bonitatis, cunctipotens, rex splendens, orbis factor (forme brève), et toute la Messe Lux et origo du Temps pascal. Cf. Graduale sacrosanctae Romanae Ecclesiae de tempore et de sanctis, primum sancii Pii X iussu restitutum et editum, Pauli VI Pontifias Maximi cura nunc recognitum, Abbatia Sancii Pétri de Solesmis 1974, pp. 709-797; on y indique la plus ancienne attestation de chaque pièce.

2 M. Andrieu, Les Ordines romani du haut moyen âge, Coll. Spicilegium lovaniense, n° 11, tome 1er, Louvain 1931, pp. 511-518.

Page 97: Pierre Jounel, Le Culte des saints dans les basiliques du Latran et du Vatican au douzième siècle

98 LE DÉVELOPPEMENT DU CULTE DES SAINTS À ROME

La pauvreté des sources liturgiques locales, permettant de faire l'histoire du culte des saints à cette époque, atteint l'indigence, puisqu'on ne dispose ni d'un sacramentaire, ni d'un antiphonaire remontant au 10e siècle, que pourrait revendiquer une église de Rome. Tout au plus peut-on affirmer que rien ne s'oppose à ce que le Capitolare exange· liorum Barberini 637 y ait été en usage.

Il n'y a pourtant pas plus de génération spontanée dans le culte que dans les autres domaines. Les témoignages relatifs au culte des saints, qui se multiplient à partir du 11e siècle, s'appuient donc sur un passé plus lointain et, pour étudier les développements de ce culte, il est indispensable de remonter jusqu'au siècle précédent, où Rome reçut quelques reflets de l'éphémère Renaissance carolingienne. Sans doute ne sommes-nous pas plus riches de livres liturgiques spécifiquement romains datant du 9e siècle que nous ne le sommes de manuscrits du 10e. Ici encore nous ne disposons que d'un capitulare des péricopes évangéliques, mais la Chronique des papes3, l'épigraphie, l'histoire de l'art, attestent que le culte des saints dans la Rome médiévale est en grande partie tributaire des pontifes qui se sont succédés de Léon III (795-816) à Nicolas Ier (858-867).

En essayant de présenter les diverses manifestations du culte des saints dans l'histoire de la Cité papale en dehors de la célébration de leurs anniversaires respectifs, notre propos n'est pas d'apporter de nouvelles lumières en ce domaine, mais d'évoquer les formes de piété populaire dans lesquelles s'insérait le culte liturgique, dont le calendrier règle le déroulement en chaque église au long de l'année.

I - LE CULTE DES MARTYRS

Au 9e siècle, la forme prédominante du culte des saints demeure, comme par le passé, le culte des martyrs. Mais, tandis qu'au temps de saint Grégoire le Grand (î 604) on allait toujours célébrer leurs anniversaires dans les cimetières suburbains, à partir du 9e siècle on n'aura plus besoin de sortir de la Ville pour prier près de leurs reliques. Les fidèles iront les vénérer dans les églises urbaines où elles auront été transférées. Peu à peu les cimetières romaines tomberont dans l'oubli, à l'exception du cimetière ad Cata- cumbas sur la via Appia.

Les translations des martyrs intra muros est, au 9e siècle, l'événement marquant relatif au culte des saints. A la même époque se développe aussi un usage venu d'Orient, auquel la mentalité romaine avait longtemps résisté, à savoir le partage des restes des saints et la constitution de collections de reliques. On sait quelle place le culte des reliques devait recevoir au moyen âge dans le peuple chrétien.

3 L. Duchesne, Le Liber Pontificalis, Coll. Bibliothèque des Ecoles Françaises d'Athènes et de Rome, 2 vol. Paris 1886 et 1892. Additions et corrections de Mgr L. Duchesne publiées par C. Vogel, Paris 1957.

Page 98: Pierre Jounel, Le Culte des saints dans les basiliques du Latran et du Vatican au douzième siècle

LE CULTE DES SAINTS DANS L'HISTOIRE DE LA CITÉ PAPALE 99

Les translations des martyrs

Les translations de martyrs n'ont pas commencé avec le 9e siècle, mais c'est à la fin du 8e et dans la première moitié du 9e siècle qu'elles ont pris une ampleur telle que les cimetières ont été presque vidés de leurs sacra pignora.

Dès le 5e siècle, des chrétiens de la côte dalmate, fuyant les Barbares, avaient apporté à Rome les reliques de saint Quirin évêque de Siscia (Sisseck) et on les avait déposées au cimetière ad Catacumbas, près de la memoria Apostolorum. C'est également au 5e ou au 6e siècle qu'on attribue la translation des cinq sculpteurs pannoniens martyrisés à Sirmium (Mitrovic), les «Quatre Couronnés», qui furent inhumés au cimetière ad duos Lauros sur la via Labicana. Au 7e siècle, le pape Jean IV (640-642) avait encore envoyé chercher en Dalmatie, d'où il était originaire, les corps des saints Venantius et Domnio, évêques de Salone, de saint Maur, évêque de Parenzo, et de sept autres martyrs, qu'il avait déposés dans un oratoire près du baptistère du Latran. Son successeur, le pape Théodore (642-649) avait transféré de la via Nomentana à Saint-Etienne-le-Rond les corps des martyrs Prime et Félicien. Mais c'est dans la seconde moitié du 8e siècle, avec le pape Paul Ier (757-767), que commencent les translations collectives. En effet, non seulement il fit transférer le corps de sainte Pétronille du cimetière de Domitille au Vatican4, mais il déposa les restes de nombreux martyrs dans la basilique qu'il avait aménagée dans sa demeure familiale, ainsi que dans plusieurs autres églises. Avec les corps des martyrs il transféra aussi ceux des papes saint Etienne Ier et saint Sylvestre5. Une sorte de calendrier épigraphique du 9e- 10e siècle énumère en deux listes distinctes les saints et saintes dont l'église Saint-Sylvestre in capite possède les reliques6. Cette double Notitia nataliciorum est fort intéressante, car on y trouve des dates ignorées des anciens martyrologes, telle celle de saint Tarsicius (26 juillet).

Le 9e siècle s'ouvre sous le pontificat de Léon III (795-816), auquel il faut vraisemblablement rattacher la translation des saints Nérée et Achille de leur basilique cimété- riale à leur nouvelle basilique de la via Appia intra muros. Le second successeur de Léon III, le pape Pascal Ier (817-824), mérite plus que tout autre, avec le pape Damase, le titre de cultor martyrum. C'est lui qui transféra le plus grand nombre de martyrs dans les basi-

4 Ibid. tome 1er, p. 464. Paul Ier en a fait lui-même le récit dans une lettre: Quos et cum hymnis et canticis spiritualibus in hanc Romanam introduximus urbetn, et in ecclesiam, quant noviter afunda- mentis in eorum honorem constnixi, intra moenia scilicet in domo quae mihi parentali successione obve- nit, in qua me natum constat atque nutritum, eorum sanctissima collocans condidi corpora. Ubi congre- gationem constitui monachorum (PAULI I, Epistola XII, P. L. 89, col. 1191).

5 L. Duchesne, Le Liber Pontificalis, I.e., tome 1er, p. 464. 6 Les deux inscriptions sont reproduites dans O. Marucchi, Basiliques et églises de Rome I.e., pp.

398-399.

Page 99: Pierre Jounel, Le Culte des saints dans les basiliques du Latran et du Vatican au douzième siècle

100 LE DÉVELOPPEMENT DU CULTE DES SAINTS À ROME

liques urbaines, aménagées avec splendeur pour recevoir leurs restes. Le Liber Pontificalis rapporte avec quel soin il s'acquitta de cette tâche:

Hic beatissimus praesul multa corpora sanctorum requirens invenit, quos et dili- gentius intro civitatem ad honorem et gloriam Dei honeste recondit7.

La même source décrit ensuite la translation faite à Sainte-Praxède, le 20 juillet 817 (Pascal était pape depuis le 25 janvier):

Multa corpora sanctorum dirutis in cimiteriis iacentia, pia sollicitudine, ne rema- nerent neglecte, querens atque inventa colligens, magno venerationis affectu in iamdictae sanctae Christi martyris Praxedis ecclesia, quam mirabiliter renovans construxerat, cum omnium advocatione Romanorum, episcopis, presbiteris, dia- conibus et clericis laudem Deo psallentibus, deportane recondit8.

A Sainte-Praxède, comme à Saint-Sylvestre, une inscription a conservé la liste des saints déposés dans l'église9. La légende en a amplifié le nombre, quand elle rapporte que la crypte de Sainte-Praxède contenait 2300 corps!

On rattache à Pascal Ier la translation des saints Processus et Martinien de la via Aurelia à la basilique vaticane. Il y fit transférer aussi près de la Confession de saint Pierre les restes des papes martyrs Fabien et Xyste II, qui reposaient au cimetière de Cal- lixte sur la via Appia. Mais la plus célèbre des découvertes et des translations que fit ce pape est celle du corps de sainte Cécile. Le Liber Pontificalis en fait un récit détaillé: apparition de la sainte au pape devant la confession de saint Pierre, recherches au cimetière de Prétextât, découverte du corps de la vierge martyre avec ceux des saints Valerien, Tiburce et Maxime, puis translation solennelle dans la basilique portant son nom au Transtévère, rien ne manque pour constituer une page hagiographique exemplaire:

Quae cuncta suis pertractans manibus collegit et cum magno honore infra muros huius Romanae urbis nomine ipsius sanctae martyris dedicata, ad laudem et gloriam omnipotentis Dei, eiusdem virginis corpus. . . sub sacrosancto altare colloca- vit10.

Les récits du Liber Pontificalis s'imposent à l'attention à plus d'un titre. Ils nous disent d'abord la raison des translations opérées par Paul Ier et Pascal Ier: les cimetières étaient à l'abandon. Il ne s'agissait donc pas de soustraire les corps des martyrs aux déprédations des barbares, car ceux-ci étaient déjà passés au cours des siècles précédents. On avait fait les réparations les plus urgentes, puis on avait laissé le temps accomplir son œuvre. Il ne faut pas oublier que la guerre gothique et la reconquête byzantine, au 6e siècle, ont porté à la population romaine un coup dont elle ne devait pas se relever avant un

7 L. Duchesne, Le Liber Pontificalis, I.e., tome 2, p. 52. 8 Ibid., p. 54. 9 Ibid., p. 63-64. L'inscription actuelle est une copie du 18e siècle (Cf. tome 3, p. 121). 10 Ibid., p. 56.

Page 100: Pierre Jounel, Le Culte des saints dans les basiliques du Latran et du Vatican au douzième siècle

LE CULTE DES SAINTS DANS L'HISTOIRE DE LA CITÉ PAPALE 101

millénaire. «La densité du peuplement de Rome s'était alors affaissée au point qu'on avait pu mettre en culture de larges espaces urbains»11. Il n'est pas sûr que Rome ait eu vingt mille habitants au 9e siècle. Peu à peu ses habitants avaient déserté les collines, que les aqueducs endommagés n'alimentaient plus en eau, pour s'établir dans la boucle du Tibre. Si les collines, plantées de vignes, deviennent à peu près désertes, la banlieue avec ses cimetières ne peut que connaître l'abandon. Les translations des corps des saints sont donc le fait des conditions de vie plus que d'un courant spirituel.

Mais le Liber Pontificalis atteste qu'elles se sont opérées dans un contexte spirituel, dont la pureté contraste avec la rudesse de l'époque. C'est «à la gloire de Dieu» que les papes recueillent de leurs mains les restes saints des martyrs pour les ensevelir avec honneur, et une procession solennelle, à laquelle tout le clergé et le peuple est convoqué, accompagne les saints dans leur nouvelle demeure terrestre. De plus les papes fondent presque toujours un monastère près de la basilique, où vont reposer les martyrs, pour assurer la louange perpétuelle de Dieu et des saints12.

Telles furent les translations massives du 9e siècle. Elles devaient permettre de constituer des dépôts de reliques, dont il nous faut parler, non sans avoir évoqué toutefois une réception qui devait laisser un grand souvenir, celle du corps du pape saint Clément, apporté de Chersonese par les deux frères Constantin et Méthode, les apôtres des peuples slaves: le pape Adrien II, qui venait de succéder à Nicolas Ier (t 867), sortit à leur rencontre, «accompagné de tous les citoyens portant des cierges», et des miracles ne manquèrent pas de se produire par l'intercession de saint Clément13.

LES DÉPÔTS DE RELIQUES

Les translations de corps étaient contraires au droit romain, pour lequel une tombe est inviolable. Saint Grégoire le Grand le rappelait encore avec fermeté à une impératrice de Byzance: Romanis consuetudo non est, quando sanctorum reliquias dant, ut quicquam tangere praesumant de corpore1*. C'est pourquoi on usait de reliques symboliques ou brandea. Or, au temps de saint Grégoire, on n'hésitait pas, hors de Rome, à partager les

11 M. Andrieux, Rome, Coll. Villes et pays, Paris 1960, p. 218. 12 C'est ainsi que Paul Ier fonda un monastère à Saint-Sylvestre (Liber Pontificalis, tome 1er, p.

464) et que Pascal Ier en fonda un à Sainte-Praxède (ibid., tome 2, p. 54) et un autre à Sainte-Cécile (p. 57).

13 Vie de Constantin, 17. Cité dans P. Duthilleul, V evangelisation des Slaves, Coll. Bibliothèque de théologie IV, 5, Paris 1963, p. 117. Il faut situer l'événement entre le 14 décembre 867 (avènement d'Adrien II) et la fin de février 868.

14 Grégoire Le Grand, Registrum epistularum, IV, 30; édit. Ewald-Hartmann dans les Monumenta Germaniae Historica, Epistolae, tome 1er, p. 264.

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102 LE DÉVELOPPEMENT DU CULTE DES SAINTS À ROME

reliques des saints, pour en faire présent aux églises qui désiraient les vénérer. Dès le début du 5e siècle, saint Augustin accueillait ainsi à Hippone quelques fragments de reliques de saint Etienne, dont on avait découvert le corps à Caphargamala en 415.

A Rome-même, les exhumations des corps des saints furent, à partir de la fin du 8e siècle, l'occasion de leur partage. Tandis que la partie principale d'un corps était déposée dans une église, de nombreuses parcelles allaient enrichir les dépôts d'autres sanctuaires ou étaient placées dans des autels lors de leur consécration. Un certain nombre d'inscriptions murales ont conservé le souvenir de ces dépôts, qui furent constitués en partie au 9e siècle, mais se poursuivirent beaucoup plus avant dans le moyen âge.

Le dépôt de Saint-Ange in Pescheria date du pontificat d'Etienne III (768-772). Il est donc de peu postérieur à celui de Saint-Sylvestre in capite. On y trouve des reliques de saints qui devaient attendre encore longtemps avant d'entrer dans le calendrier des églises de Rome, tels saints Christophe, saint Pantaléon, saint Nicolas. Notons la mention de sainte Anne et de sainte Elisabeth, qui sont représentées à la même époque dans les fresques de Sainte-Marie- Antique15.

Après le dépôt majeur de Sainte-Praxède, dû au pape Pascal Ier en 817, voici celui de Saint-Martin-aux-Monts, qui remonte à Serge II (844-847). On y trouve, entre autres, avec les noms de saint Sylvestre et de saint Martin, ceux des saints Papias et Maur, que nous lisons dans certains calendriers16.

C'est à la même époque que fut constitué le dépôt de reliques de l'oratoire Saint- Laurent dans le palais du Latran. Comme la piété romaine y vénérait non seulement les têtes des saints Pierre et Paul, de sainte Agnès et de sainte Praxède, ainsi que des reliques de saint Laurent et d'autres martyrs, mais encore des «reliques» du Christ et de sa Mère, ce lieu reçut le nom de Sancta Sanctorum. Le coffre de cyprès, encastré dans l'autel, où H. Grisar découvrit ces dernières en 1905, remonte au pape Léon III, comme l'atteste l'inscription gravée sur la frise: Leo indignus Dei famulus tertius episcopus fecit11 . Mais il est possible que le transfert au Latran d'une partie des reliques sur lesquelles avaient été bâties les grandes basiliques cimétériales soit postérieur au pillage de Saint- Pierre et de Saint-Paul par les Sarrasins en août 846. On sait que l'événement produisit une profonde impression. C'est pour prévenir le retour de semblable malheur que le pape Léon IV demanda à l'empereur Lothaire de construire une enceinte fortifiée autour de Saint-Pierre et une autre pour protéger Saint-Paul.

Le même Léon IV (847-855) rénova la basilique des Quatre-Couronnés. Il y déposa non seulement les reliques des martyrs titulaires, mais aussi celles d'un groupe de martyrs d'Albano et de nombreux autres martyrs dont il fit graver la liste près de la confes-

15 O. Marruchi, Basiliques et églises de Rome, I.e., p. 424. i6Ibid.,p. 321. 17 H. Grisar, // Sancta Sanctorum ed il suo tesoro sacro, Roma 1907, p. 70.

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LE CULTE DES SAINTS DANS L'HISTOIRE DE LA CITÉ PAPALE 103

sion18. La tête de saint Sébastien avait été apportée dans cette église une vingtaine d'années plus tôt par le pape Grégoire IV (827-843).

Lorsqu'il eut restauré la basilique des Saints-Apôtres, appelée depuis le 14e siècle basilique des XII-Apôtres, le pape Etienne V (885-891) y déposa un grand nombre de reliques, entre autres celles des saints Chrysanthe et Darie19. On ignore si c'est à cette occasion qu'y fut transférée sainte Eugénie, dont le corps reposait au cimetière d'Apro- nien sur la via Latina.

Quant aux autres martyrs du cimetière d'Apronien, saint Némésius et sainte Lucilia, saint Symphronius et ses compagnons, ils furent transférés dans la basilique Sainte- Marie-la-Neuve à la fin du 10e siècle par Grégoire V (996-999)20.

Les translations de reliques, avec constitution de dépôts plus ou moins importants dans les églises, devaient se poursuivre durant les deux siècles suivants. En 1112, au temps du .pape Pascal II, le cardinal-évêque d'Ostie plaça de nombreuses reliques dans l'autel de Saint-Laurent in Lucina, dont celles de plusieurs papes et des martyrs Gordien, Pierre et Marcellin, Marc et Marcellien. De nouveaux dépôts furent faits dans la même église en 1130 et 1196. Trois inscriptions en font foi sous le portique de l'église21.

LA FÊTE DE TOUS LES SAINTS

A plusieurs reprises dans les inscriptions relatives aux dépôts de reliques on fait mention des saints martyrs quorum nomina Dem seit. Or c'est précisément au 9e siècle que Rome devait accueillir la fête du 1er novembre en l'honneur de Tous les Saints, déjà célébrée en Angleterre, dans les Pays francs et en Germanie.

Rome n'avait pourtant pas attendu le 9e siècle pour honorer collectivement les martyrs du Christ. Au début du 7e siècle, le pape Boniface IV (608-615) demanda à l'empereur Phocas (602-610) «le temple qu'on appelle Panthéon, dans lequel il fit l'église de la bienheureuse Marie toujours vierge et de tous les martyrs»22. L'anniversaire de cette dédicace était inscrite dans les sacramentaires au 13 mai, mais le lectionnaire précise que semper in die dominico celebratur ipsa sollemnitas23. N'est-ce pas là une preuve de l'impor-

18 Vies des Saints et des Bienheureux par les RR.PP. Bénédictins de Paris, tome 11 Novembre, Paris 1954, p. 267.

19 O. Marruchi, Basiliques et églises de Rome, Le, p. 391. 20 L'aménagement de Sainte-Marie-la-Neuve dans le temple de Vénus n'est pas antérieur au

milieu du 9e siècle. Il convient donc d'attribuer la double translation à Grégoire V et non à Grégoire IV comme le voudrait le martyrologe romain dans sa notice de Némésius (25 août). Les plus anciennes éditions de ce dernier donnaient d'ailleurs le nom de Grégoire V au 31 octobre (infra p. 318).

21 O. Marruchi, Basiliques et églises de Rome, I.e., p. 409-411. 22 L. Duchesne, Le Liber Pontificalis, I.e., tome 1er, p. 317. 23 Th. Klauser, Das römische Capitulare Evangeliorum, Le, n° 132, p. 73.

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104 LE DÉVELOPPEMENT DU CULTE DES SAINTS À ROME

tance que l'on attribuait à cette célébration? Elle devait d'ailleurs se perpétuer concurremment avec celle du 1er novembre jusqu'au début du 12e siècle.

La date du 13 mai n'avait pas été choisie au hasard. En effet, au témoignage de saint Ephrem, on célébrait ce jour-là en Syrie, au 4e siècle, une mémoire de tous les Martyrs de l'univers24. Les solennités pascales semblent avoir appelé un peu partout une commémoration des martyrs. Le martyrologe de Nicomédie des années 365 annonce le vendredi de Pâques une «mémoire de tous les confesseurs»25, mémoire qui est toujours inscrite à pareil jour dans le calendrier syrien26. On doit en rapprocher la station du vendredi de Pâques ad sanctam Mariant ad Martyres du Missel romain, qui était déjà établie en 645, une trentaine d'années après la dédicace du Panthéon27. Dans l'Eglise byzantine le dimanche qui suit la Pentecôte est le Dimanche de Toussaint. La fête remonte au moins au début du 5e siècle, car saint Jean Chrysostome prononça à pareil jour un sermon en l'honneur de «tous les saints martyrs du monde»28. Au 7e siècle, certaines Eglises d'Occident, et sans doute l'Eglise romaine elle-même pendant une courte période, avaient fait du même jour le Dominica in natali sanctorum. On y lisait le passage de l'Apocalypse Vidi turbam magnam, ainsi que l'évangile des Béatitudes29.

En plus de la célébration annuelle de tous les martyrs, le pape Grégoire III (731-741) voulut instituer une commémoration quotidienne des saints dans la basilique vaticane. Il y érigea un oratoire en l'honneur du Christ et de sa sainte Mère, ainsi que des saints apôtres et omnium sanctorum martyrum ac confessorum, perfectorum iustorum, toto orbe terra- rum requiescentium, ordonnant aux moines des trois monastères desservants de la basilique de s'y rendre chaque soir après Vêpres pour célébrer un court office votif en leur honneur30.

Alors que Rome célébrait depuis longtemps une fête collective des martyrs au temps pascal en accord avec nombre d'Eglises, de la Syrie à l'Irlande, voici qu'aux alentours de l'an 800 une fête nouvelle de Tous les Saints commence à se répandre en Angleterre et

24 D. Bickell, Sancii Ephraemi Syri carmina Nisibena, 6, Leipzig 1866, p. 23. 25 B. Mariani, Breviarium syriacum, Coll. Rerum ecclesiasticarum documenta, Series minor 3,

Roma 1956, p. 34. 26 V. Grumel, La Chronologie, I.e., p. 338. 27 Th. Klauser, Das römische Capitulare Evangeliorum, I.e., n° 97, p. 24. 28 Jean Chrysostome, Homélie sur tous les saints martyrs dans le monde, P. G. 50, p. 705-712. 29 Pour Rome on a le témoignage de Pépistolier de Würzburg, dans G. Morin, Le plus ancien

Cornes ou lectionnaire de l'Eglise romaine, Revue bénédictine, 27 (1910), p. 58. G. Morin pense que cette fete aurait pu avoir été introduite à Rome dans le cours du 6e siècle et abolie par saint Grégoire le Grand avec un certain nombre d'autres usages grecs. La fixation des quatre temps de juin à la semaine de la Pentecôte faisait normalement du dimanche suivant un Ùominica vacat. En ce qui concerne la Gaule, voir le Missel de Bobbio (8e siècle), P. L. 72, col. 524.

30 L. Duchesne, Le Liber Pontificalis, I.e., tome 1er, p. 421. Voir ci-après p. 388.

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LE CULTE DES SAINTS DANS L'HISTOIRE DE LA CITÉ PAPALE 105

dans l'Empire carolingien31. Tandis qu'un concile de Riesbach la range parmi les fêtes chômées (798), Alcuin la qualifie de sollemnitas sanctissima, précisant qu'elle doit être précédée d'un jeûne de trois jours. Il est indéniable que le conseiller très écouté de Charlemagne prit à coeur sa diffusion. Si l'on en croit Adon de Vienne, l'empereur Louis le Pieux (814-840) aurait fixé la célébration de la Toussaint pour l'ensemble de ses Etats au 1er novembre sur la demande du pape Grégoire IV (827-844) et avec l'assentiment des évêques. Evidemment Adon a pour lui d'être un contemporain de la décision qu'il rapporte, mais son esprit fabulateur doit nous maintenir sur la réserve, d'autant qu'aucun document de l'époque ne fait allusion à un tel décret. De toute façon il est certain que la nouvelle solennité se répandit assez rapidement au cours du 9e siècle. Il est donc vraisemblable qu'elle atteignit l'une ou l'autre des églises de Rome, sinon leur totalité, à cette époque. Le Codex Barberini 637 atteste sa célébration au 10e siècle dans la Ville ou ses environs. Elle se présente d'emblée comme une fête solennelle, car elle est dotée d'une vigile (fol. 136).

C'est avec un sens théologique très sûr que l'antiquité chrétienne avait inséré une commémoration des Martyrs et de tous les Saints dans le temps pascal. Mais qu'est-ce qui a pu amener à faire choix du 1er novembre pour cette fête? On ne saurait que formuler des hypothèses en guise de réponse. Il est certain que le 1er novembre marquait, aussi bien à Rome que dans les Pays francs ou anglo-saxons, le commencement de l'hiver: Hiemis tempore, id est a kalendis novembris usque ad Pascha, dit la Règle de saint Benoît (chap. 8) et, chez les Celtes, c'était un jour de fête. «Faut-il en conclure que la Toussaint a été instituée pour christianiser des cérémonies chères aux Anglo-Saxons ou aux Francs? Bien que cette idée ne répugne pas, il faudrait un commencement de preuve pour l'étayer»32.

Il nous suffit d'avoir perçu dans la solennité de Tous les Saints l'expression la plus achevée du culte collectif des martyrs, que les translations de reliques avaient mis en honneur aux 8e et 9e siècles. Alors que le culte des reliques pourrait susciter des formes aberrantes de la religion et entretenir la superstition, les papes ont constamment souligné à Rome les exigences spirituelles de ce culte et son orientation essentiellement christolo-

31 On trouvera toutes les références que comporte l'étude des origines de la fête du 1er novembre dans le commentaire historique du Martyrologium romanum rédigé par H. Delehaye et publié comme Propylaeum ad Acta Sanctorum decembris, Bruxelles 1940, pp. 488-489.

32 Vies des Saints et des Bienheureux, I.e., tome 11, Paris 1954, p. 21. L'auteur de cette remarque, J. Dubois, ajoute: «II est curieux de remarquer qu'en Gaule on avait, du VIe au VIIIe siècle, essayé de mettre une fete de saints au 1er novembre en lui assignant des personnages dont l'anniversaire était inconnu: saint Bénigne de Dijon, saint Ludre de Déols, saint Mathurin de Larchant, saint Austremoine d'Auvergne, saint Vigor de Bayeux, etc.». Sur les traditions religieuses de la Gaule relatives au 1er novembre, voir E. Renardet, Vie et croyances des Gaulois avant la conquête romaine, Paris 1975, pp. 186-187.

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106 LE DÉVELOPPEMENT DU CULTE DES SAINTS À ROME

gique. Le Christ n'est-il pas le martyrum maximus praesul, selon la magnifique expression d'une inscription de Saint-Laurent in Lucina contemporaine d'Adrien Ier33? L'Eglise célèbre les anniversaires des martyrs en offrant le sacrifice eucharistique, de quo martyrium sumpsit omne principiumM. L'office qu'elle chante près de leurs reliques glorifie le Père pour les merveilles qu'il a accomplies en eux par le Fils dans l'Esprit. Lors de la célébration annuelle de Tous les Saints, elle invite les chrétiens à fixer les yeux, par-delà leurs humbles restes, sur le monde invisible où ils sont entrés, et à les suivre sur la route que tracent les Béatitudes.

II - LES CONSTRUCTIONS D'ÉGLISES

Une forme populaire de la dévotion envers les saints consiste dans l'érection d'églises ou d'oratoires en leur honneur. L'ampleur du mouvement de construction permet de juger de l'intensité du culte des saints en un temps où les besoins de la démographie sont largement satisfaits, compte tenu des conditions de vie, car il est évident qu'une époque d'instabilité sociale ou de pénurie restreint les initiatives. De plus, le choix des titulaires, comme celui des noms individuels, n'est pas sans exprimer des popularités plus ou moins éphémères. Nul n'ignore, par exemple, l'importance numérique des églises dédiées à saint Georges en Orient et à saint Martin en Occident, spécialement en France. Evidemment ces noms expriment la dévotion du particulier, clerc ou laïc, ou du groupe qui a fait construire l'édifice, avant de manifester l'attachement d'une partie notable de la population à ce saint, mais la piété individuelle nait, elle-même, dans un milieu donné, qu'elle révèle à sa manière.

Or il est actuellement possible de faire le décompte des églises bâties, d'un siècle à l'autre, à partir de l'an 800 dans la Rome médiévale, et de relever les titulaires de ces églises. La voie a été ouverte par Ch. Huelsen dans son livre magistral sur les églises de Rome au moyen âge35 et par M. Andrieu dans l'importante chronique qu'il a consacrée à cet ouvrage36. C'est en prenant appui sur ces deux études que nous allons tâcher de dénombrer les sanctuaires romains érigés du 9e au 12e siècle, ainsi que leurs saints patrons.

33 O. Marruchi, Basiliques et églises de Rome, I.e., tome 3, p. 408. 34 J. Deshusses, Le Sacramentaire grégorien, Coll. Spicilegium Friburgense 16, Fribourg/Suisse

1971, n° 245, p. 151. Le formulaire date du 8e siècle. 35 Ch. Huelsen, Le Chiese di Roma nel medio evo. Cataloghi ed appunti, Firenze 1927, 640 pp., 2

plans annexes. 36 M. Andrieu, Les églises de Rome au moyen-âge, Chronique d'archéologie chrétienne, dans la

Revue des sciences religieuses, 9 (1929), pp. 540-574. Voir aussi D.A.C.L. art. Rome, tome 14, col. 2882-2994.

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LE CULTE DES SAINTS DANS L'HISTOIRE DE LA CITÉ PAPALE 107

LES CONSTRUCTIONS D'ÉGLISES

La notice consacrée au pape Léon III par le Liber Pontiflcalis énumère les églises auxquelles le pontife voulut faire des largesses ob veniam facinorum suorum en l'année 806 37. Cette enumeration nous vaut une liste de 117 églises38. A la fin du 12e siècle, en 1192, dans le Liber censuum le camérier Cencius énumère pareillement les églises dont le prêtre desservant doit recevoir une rétribution pour l'entretien des encensoirs. Il donne ainsi une liste de 315 noms39. On a donc construit à Rome, en moins de quatre siècles, près de deux cents églises ou oratoires de monastères. Sans doute certains édifices ont-ils pu tomber en ruines entre temps et beaucoup étaient-ils de proportions modestes. Il reste que l'effort a été considérable, surtout si l'on tient compte de l'époque tourmentée où il fut consenti, de la déchéance où était tombée la papauté au temps de Sergius III, de Jean XII et de Benoît IX. Rappelons que le 10e siècle a vu se succéder 26 papes et que 9 pontifes sont morts assassinés entre 882 et 985 40.

Au 9e siècle

Sur les 117 noms contenus dans la liste de Léon III, 30 apparaissent pour la première fois. On peut donc penser qu'au siècle précédent Rome comptait plus de 80 églises intra muros. Il est évident que la plupart des édifices attestés pour la première fois en 806 remontent à la seconde moitié du 8e siècle, mais nous devons les compter au nombre des églises du 9e, car le seul instrument de datation consiste à retenir la plus ancienne attestation.

Entre 806 et la fin du siècle, on peut relever 11 nouveaux noms. L'apport du 9e siècle est donc d'une quarantaine d'églises, parmi lesquelles on peut citer Sainte-Marie in Domnica, Sainte-Marie in Via lata, Sainte-Marie-la-Neuve (vers 850), Saint-Michel-des- Frisons au Borgo.

Au 10e siècle

Le 10e siècle commence par un événement qui n'entre pas dans les statistiques, la reconstruction de la basilique constantinienne du Latran. Alors que les basiliques de saint Pierre et de saint Paul avaient été pillées en 846, celle du Latran fut à peu près complètement détruite par un tremblement de terre en 897, peu de temps après le scan-

37 L. Duchesne, Le Liber Pontificalis, I.e., tome 2, p. 18. 38 Ch. Huelsen, Le Chiese di Roma, I.e., pp. 6-10. 39 Ibid., pp. 10-16. 40 Ce sont les papes Jean VIII, Etienne VI, Léon V, Jean X, Etienne VII (?), Jean XI, Jean XII,

Benoît VI, Jean XIV.

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108 LE DÉVELOPPEMENT DU CULTE DES SAINTS À ROME

daleux procès du cadavre du pape Formose qui s'y était tenu. On y vit le jugement de Dieu. C'est le pape Sergius III qui en mena à bien la reconstruction de 905 à 907. Il fit poser à l'entrée cette inscription:

Sergius ipse pius papa hanc qui coepit ab imis, Tertius explevit istam quam conspicis aulam41.

En plus de cette reconstruction du Latran, il faut porter à l'actif du 10e siècle, l'édification de 33 nouvelles églises, dont Sainte-Marie-de-l'Aventin, Sainte-Marie in Pallara, Saint-Anastase de Trivio et, sans doute, Saint-Nicolas in carcere.

Au 11e siècle

On peut rattacher au 11e siècle 39 nouvelles églises, parmi lesquelles Sainte-Marie in Via, Sainte-Marie de porticu, les Saints-Adalbert-et-Paulin, devenus au siècle suivant Saint-Barthélemy-en-l'île.

Au 12e siècle

Avec le 12e siècle, c'est à Rome comme dans tout l'Occident une floraison d'églises. Pour s'en tenir à la liste de Cencius en 1192, elle fournit 109 noms nouveaux. Mais cette liste n'est pas exhaustive, l'épigraphie pourrait certainement l'étoffer. Beaucoup d'églises portant le nom du Saint-Sauveur datent de ce temps. Notons aussi, parmi les églises toujours existantes, celles de Sainte-Marie in Campitela, Sainte-Marie in Vallicella, Saint- Laurent in Miranda, Saint-Thomas de formis. Le 12e siècle est surtout marqué par d'importantes reconstructions: Sainte-Marie-in-Cosmedin, Sainte-Marie-au-Transtévère, Saint-Chrysogone, Saint-Clément, Quatre-Couronnés, Saint- Jean-et-Paul, Sainte-Marie- la-Neuve, Saint-Laurent-hors-les-murs, pour nous en tenir aux plus marquantes42.

LES SAINTS TITULAIRES

Les premières églises à être placées sous le patronage d'un saint furent celles qu'on érigea sur les tombeaux des martyrs: Saint-Pierre au Vatican, Saint-Paul sur la via Ostiense, Saint-Laurent sur la via Tiburtina, Sainte-Agnès sur la via Nomentana. Les églises urbaines, héritières des lieux de culte pré-constantiniens, portaient seulement le nom de leurs fondateurs: titulus Sabinae, titulus Praxedis, titulus Clementis, ecclesia pudentiana. Dès la seconde moitié du 4e siècle, on voit cependant le pape Damase inno-

41 Ph. Lauer, Le palais de Latran, Le, pp. 136-138. 42 On trouvera un relevé à peu près complet des aménagements architecturaux des églises

romaines à cette époque dans L. Homo, Rome médiévale (476-1420). Coll. Bibliothèque historique, Paris 1934, pp. 306-307.

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LE CULTE DES SAINTS DANS L'HISTOIRE DE LA CITÉ PAPALE 109

ver: il transforme sa maison familiale en église, qu'il dédie au Christ en témoignage de reconnaissance à saint Laurent:

Haec Damasus tibi, Christe Deus, nova tecta dicavi Laurenti saeptus martyris auxilio43.

La basilique Saint-Laurent in Damaso est ainsi la première des églises romaines qui ait reçu un saint titulaire. Cinquante ans plus tard, au lendemain du concile d'Ephèse, le pape Xyste III (432-440) éleva sur l'Esquilin une église en l'honneur de la sainte Mère de Dieu, la basilique Sainte-Marie-Majeure, dont il fit hommage à la communauté chrétienne: Xystus episcopus plebi Dei. Dans le cours du 6e siècle, les légendes de fondations aidant, on qualifia de saints les titulaires des anciennes églises: le titulus Sabinae devint le titulus sanctae Sabinae**. Désormais on ne ferait plus de dédicace d'église sans la mettre sous le patronage d'un saint.

La statistique des saints choisis comme titulaires des églises n'exprime pas nécessairement le degré de la piété populaire envers ses intercesseurs. Si la Vierge Marie se vit confier un nombre de sanctuaires qui lui conferì le premier rang parmi les titulaires (78 églises ou oratoires lui étaient dédiés au 12e siècle), on n'osa pas donner aux églises de Rome les noms de Pierre et de Paul. L'attachement du peuple envers les deux basiliques du Vatican et de la route d'Ostie était tel qu'il eut semblé inconvenant d'ériger d'autres églises Saint-Pierre ou Saint-Paul à l'intérieur de la Ville. Aucun pape n'a encore osé s'appeler Pierre! Tout au plus un titulus Apostolorum, vraisemblablement dédié aux apôtres Pierre et Paul, apparait-il sur l'Esquilin dans le cours du 5e siècle. Il deviendra un jour la basilique Saint-Pierre-aux-liens.

Il en alla de même, dans une moindre mesure, pour saint Jean Baptiste et saint Jean l'Evangéliste. Leur culte s'était fixé dès le 5e siècle dans les deux oratoires que le pape Hilaire (461-468) leur avait consacrés au baptistère du Latran; puis, vers le 7e siècle, la basilique constantinienne était passée elle-même sous leur vocable: Basilica constanti- niana quae et Salvatoris ipsa quoque et sancii Iohannis dicitur4S. C'est pourquoi la Rome médiévale dédia peu de sanctuaires à ces deux saints, qu'elle avait pourtant en grande vénération. Un seul de ces sanctuaires retient l'attention, celui de Saint-Jean-Porte- Latine, là où la légende a localisé le supplice de l'huile bouillante que l'Apôtre aurait surmonté au dire de Tertullien46.

En dehors de la Vierge Marie, des saints Pierre et Paul et des deux saints Jean, la piété du peuple romain s'est portée durant tout le moyen âge vers saint Laurent (31 égli-

43 A. Ferma, Epigrammata Damasiana n° 58, Coll. Sussidi allo studio delle antichità Christiane //, Città del Vaticano 1942, p. 212.

44 Les signataires du synode romain de 499 font suivre leurs noms de celui du titulaire de leurs églises sans le qualifier de saint. Ce qualificatif apparaît dans les signatures du synode de 595. Voir Ch. Huelsen, Le Chiese di Roma nel medio evo, I.e., p. LXXI.

45 Catalogue de Salzbourg, publié par Ch. Huelsen, ibid., p. 3. 46 Tertullien, De praescriptione, 36; P. L. 2, col. 49.

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110 LE DÉVELOPPEMENT DU CULTE DES SAINTS À ROME

ses au 12e siècle), saint Etienne (23) et saint André (13) plus que vers tout autre saint. Le triple choix s'explique aisément. Laurent, l'archidiacre qui avait subi ayec humour le supplice du gril incandescent après avoir distribué aux pauvres les biens de l'Eglise, a toujours joui d'un culte privilégié à Rome, comme en témoigne saint Léon le Grand47. Le culte de saint Etienne s'est, lui, répandu à travers tout le monde après la découverte de son corps en 415. Quant à saint André, le frère de Pierre, il a reçu très tôt une part de l'attachement que les Romains manifestaient envers le Prince des Apôtres.

Au 10e, puis au 11e et surtout au 12e siècle, un autre patronage devient prépondérant, celui du Christ lui-même sous le titre du Saint-Sauveur. Dès le 7e siècle, la basilique du Latran était appelée basilica Salvatoris, comme en témoignent le Catalogue de Salzbourg et le Liber Pontificalis48. Il faut attendre le 10e siècle pour voir mentionner deux nouvelles églises du Saint-Sauveur, mais en voici cinq au 11e et vingt-neuf au 12e. «Le fait n'est pas sans relations avec le grand effort de restauration religieuse auquel sont restés liés les noms de Léon IX et de Grégoire VII. Après les désordres du 10e siècle et du début du 11e, le clergé reprit des habitudes de discipline et de régularité. Il est naturel qu'une piété ramenée à ses sources ait provoqué dans les âmes un élan particulier vers la personne du Sauveur»49.

Au 6e siècle, trois Apôtres furent choisis comme titulaires d'églises: saint Philippe et saint Jacques, dont on déposa les reliques dans la basilique érigée au pied du Quirinal après la reconquête de Rome par les Byzantins (vers 565), et saint Matthieu, dont la basilique était située sur la via Merulana. Il faudra attendre le 12e siècle pour voir le culte des Apôtres se manifester plus amplement dans les patronages d'églises. Entre temps la basilique Saints-Philippe-et-Jacques sera devenue la basilique des Saints-Apôtres (10e siècle).

A partir du 10e siècle, deux saints d'importance beaucoup moindre devinrent extrêmement populaires en raison de leur réputation de thaumaturges: saint Nicolas, dont les marins de Bari dérobèrent les reliques à Myre pour les apporter chez eux (1087), et saint Biaise, un évêque arménien confesseur de la foi. Au 12e siècle, le premier était titulaire de vingt églises et le second de onze.

Le nombre des autres saints, qui avaient à cette époque le patronage de plus d'une église, est assez restreint. En voici la liste: Cécile (8 églises), Corne et Damien (8), Lucie (8), Michel (8), Martin (7), Agathe (6), Benoît (6), Césaire (6), Grégoire (6), Thomas (6), Abbacyre (5), Anastase (5), Quarante Martyrs (5), Barthélémy (4), Serge et Bacchus (4), Sylvestre (4), Vite (4), Apollinaire (3), Barbara (3), Pantaléon (3), Donat (2), Jacques (2), Théodore (2), la Sainte Trinité (2).

47 Léon Le Grand, Sermon 72 In natali sancii Lamentii martyris, 4, Sermons, tome 4, Coll. Sources chrétiennes 200, Paris 1973, p. 76.

48 L. Duchesne, Le Liber Pontiflcalis, I.e., tome 1er, p. 336. Pour le Catalogue de Salzbourg, supra note 45. C'est l'époque où apparaît également en Gaule le vocable du Sauveur.

49 M. Andrieu, Les églises de Rome au moyen âge, I.e., p. 554.

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LE CULTE DES SAINTS DANS L'HISTOIRE DE LA CITÉ PAPALE 111

On ne s'étonnera pas de trouver la Sainte Trinité en fin de liste (2 églises au 12e siècle) car, si le mystère du Dieu Vivant est au cœur du culte chrétien, Rome s'opposa longtemps à sa célébration sous une forme conceptuelle. Le reste de la liste est assez hétéroclite. On y trouve, à côté des vieux saints romains, des saints d'autres régions d'Italie entrés assez tôt dans le calendrier papal, et des saints orientaux dont le succès était dû au caractère merveilleux de leurs légendes. v

Pour situer dans le temps la naissance et le développement du culte de chacun des saints titulaires qui viennent d'être mentionnés, il a semblé utile d'établir le tableau suivant:

Titulaires

Sainte Marie Christ-Sauveur S. Laurent S. Etienne S. Nicolas S. André S. Biaise Ste Cécile SS. Còme et Damien Ste Lucie S. Michel S. Martin Ste Agathe S. Benoît S. Césaire S. Grégoire S. Thomas S. Abbacy re S. Anastase XL Martyrs S. Barthélémy SS. Serge et Bacchus S. Sylvestre S. Vite S. Apollinaire Ste Barbara S. Pantaléon S. Donat S. Jacques S. Théodore Sainte Trinité

Avant le 9e siècle

13 1

10 5

4

1 2 3 3 2 1

2

2 1 1

4 4

2 2

1

9e siècle

9

3

3

1 1 1 2

4

2

2

2

1

10e siècle

6 2 2 3 1 2 1

3

1

1

1

1

1

1

11e siècle

9 5 3 1 4 4 2

1

1

1 2

1

12e siècle

41 29 16 11 15

8 6 2 . 3 2 4 1 4

5 6 1 3 4 4

1 1

3 1 2

2

Nombre d'églises

78 37 31 23 20 13 11 8 8 8 8 7 6 6 6 6 6 5 5 5 4 4 4 4 3 3 3 2 2 2 2

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112 LE DÉVELOPPEMENT DU CULTE DES SAINTS À ROME

Parmi les églises qui ne partageaient avec aucune autre le patronage de leur saint titulaire, il faut citer en premier lieu dix-neuf des vingt-cinq anciens tituli, dont on sait qu'ils constituaient, au 5e siècle, l'armature paroissiale de la Cité: Sainte-Anastasie, Sainte-Balbine, Saint-Chrysogone, Saint-Clément, Quatre-Couronnés, Saint-Cyriaque, Saint-Eusèbe, Saints-Jean-et-Paul, Saint-Marc, Saint-Marcel, Saints-Marcellin-et-Pierre, Saint-Nérée-et-Achille, Sainte-Praxède, Sainte-Prisque, Sainte-Pudentienne, Sainte- Sabine, Sainte-Suzanne, Saint-Vital, Saint-Xyste. On ne doit pas s'étonner de ce que ces saints n'aient pas attiré davantage la piété romaine. A part quelques martyrs de renom et trois papes sans relief particulier, il s'agit de personnages dont on sait seulement qu'ils ont contribué à la fondation de l'église placée sous leur vocable.

On ne saurait citer tous les saints qui ont été choisis comme titulaires d'une seule église du 7e au 12e siècle. Voici ceux que nous trouverons dans l'un ou l'autre des calendriers retenus pour notre étude: SS. Abdon et Sennen, SS. Adalbert et Paulin, S. Agapit, S. Alexandre, S. Alexis, Ste Anne, S. Basile, S. Boniface, S. Calliste, S. Celse, S. Denis, S. Erasme, Ste Euphémie, S. Euplus, S. Eustache, S. Géminien, S. Genès, S. Georges, S. Grégoire de Nazianze, S. Hadrien, Ste Hélène, S. Isidore, S. Justin, S. Léon, S. Léonard, S. Maio, Ste Marine, Ste Martine, S. Pèlerin, Ste Pétronille, Ste Rufine, S. Saba, Ste Scho- lastique, S. Siméon, Ste Thècle, S. Tryphon, S. Vincent, S. Zenon. Parmi tous ces saints les martyrs romains et orientaux sont les plus nombreux. Mais il faut noter aussi l'influence monastique: S. Basile et S. Grégoire de Nazianze, S. Saba, S. Siméon le Sty- lite, Ste Scholastique. Il convient enfin de relever la présence d'un saint contemporain, Adalbert de Prague, qui était titulaire de l'église située dans l'île du Tibre. S. Adalbert avait séjourné deux fois au monastère Saint-Boniface sur l'Aventin (en 988-992 et 993- 996) avant de partir en mission chez les Prussiens, qui le massacrèrent le 23 avril 997. Son ami l'empereur Othon III fit aussitôt ériger une église en son honneur, mais,'comme on y déposa des reliques de S. Paulin, il en partagea le patronage avec le saint évêque de Noie. Le culte de S. Adalbert ne devait pourtant pas s'enraciner profondément à Rome, ni dans les régions occidentales de l'Europe.

Les constructions d'églises en l'honneur des saints témoignent de la confiance du peuple dans la puissance de leur intercession. Mais la place qu'ils occupent dans la piété chrétienne apparaît peut-être encore mieux à travers le culte rendu à leurs images.

III - LES IMAGES DES SAINTS

Avec les reliques des saints les chrétiens vénèrent aussi leurs images. Dès le 4e siècle, on voit apparaître celles-ci dans les peintures des cimetières, ainsi que dans les mosaïques qui ornent la conque absidiale, l'arc triomphal et les murs latéraux des basiliques. La double procession des saints et des saintes de la basilique Saint-Apollinaire-le- Neuf à Ravenne en fournira le modèle inégalé au 6e siècle. La procession des martyrs et

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LE CULTE DES SAINTS DANS L'HISTOIRE DE LA CITÉ PAPALE 113

des vierges, il convient de le souligner, se dirige vers le Christ: c'est le Croix glorieuse ou le Pantocrator qui brille dans l'abside ou au centre de l'arc et donne tout son sens à la composition.

Les images des saints appartiennent donc initialement à des ensembles décoratifs. On ne devait pourtant pas tarder à connaître les premières icônes. Au 5e siècle, en Orient, sous l'influence de l'art du portrait, les saints se détachent en quelque sorte de l'ensemble décoratif: l'artiste, souvent un moine, peint sur bois un ou plusieurs personnages, ou encore quelque scène de l'Ancien ou du Nouveau Testament, pour les proposer à la vénération du peuple. Quant aux premières statues, elles se manifesteront seulement au 10e siècle dans le centre et le midi de la France, où elles ne manqueront pas de choquer certains esprits qui y verront un danger d'idolâtrie. L'Orient leur refusera toujours l'accès des églises.

Mais la vénération des saintes images ne devait pas s'imposer à la tradition chrétienne sans avoir surmonté en Orient une vive oppositibrfdu pouvoir impérial. Au 9e siècle, à l'époque où l'art des mosaïstes romains brillait d'un dernier éclat avant d'entrer dans une nuit de deux siècles, l'Eglise byzantine subissait précisément la dernière offensive du pouvoir contre les icônes. C'est pourquoi on ne saurait traiter du culte des images à Rome sans rappeler ces luttes, car elles ne furent pas sans influer sur lui.

LE COMBAT POUR LES SAINTES ICÔNES

Le combat chrétien pour défendre les images commence au début du 8e siècle. Le culte des icônes était alors en pleine floraison. On entourait spécialement d'une grande vénération certaines d'entre elles qui passaient pour n'avoir pas été faites de main d'homme (achéropoètes), comme l'image du Christ d'Edesse, ou pour jouir de pouvoirs miraculeux, comme la Mère de Dieu des Blachernes, protectrice de Constantinople50. C'est un calife musulman, nommé Yézid, qui, au nom de l'Islam, prescrivit le premier de détruire toutes les images «soit dans les temples, soit dans les églises, soit dans les maisons», en 72351. Certains évêques étaient eux-mêmes hostiles au culte des images,

50 L. Bréhier, Icônes non faites de main d'homme, dans la Revue archéologique 1930, pp. 68-77. 51 Pour la Querelle des images au 8e et au 9e siècle, voir A. Grabar, L'iconoclasme byzantin, Doss

ier archéologique, Paris 1957. Dossier historique dans L. Bréhier et R. Aigrain, Grégoire le Grand, les Etats barbares et la conquête arabe, Paris 1938, pp. 446-470, et A. Amann, L'époque carolingienne, Paris 1941, pp. 107-129 et 229-247, tomes 5 et 6 de VHistoire de l'Eglise de A. Fliehe et V. Martin. Il n'est pas sans intérêt de connaître le point de vue de ceux qui admettent le bien-fondé de la politique iconoclaste de la dynastie isaurienne, tel A. Bailly, Byzance, Paris 1939, pp. 166-208.

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114 LE DÉVELOPPEMENT DU CULTE DES SAINTS À ROME

dont ils dénonçaient maintes déviations. Mais l'offensive générale fut menée par l'empereur Léon III l'Isaurien. En 727, il ordonna de détruire toutes les images, à l'exception de la croix (sans figuration du Crucifié) pour laquelle les adversaires des images manifestèrent toujours le plus grand respect. Son fils Constantin V Copronyme (740-775), soutenu par le concile iconoclaste de Hiéria (753), continua la lutte contre les saints images, usant d'une véritable terreur pour faire triompher ses vues. Dès le début, les papes Grégoire II, Grégoire III et Zacharie soutinrent les défenseurs du culte des images, auquel saint Jean Damascène (t 749) apporta, du fond du désert de Juda, l'appui de sa réflexion théologique et du prestige de sa sainteté. C'est seulement après la mort de Léon IV le Khazar (780) que l'impératrice Irène put réunir le second concile de Nicée (787). Faisant leur la doctrine exposée dans une lettre par le pape Adrien Ier, les Pères proclamèrent solennellement la légitimité du culte des saintes images:

Quanto enim frequentius per imaginalem formationem videntur, tanto qui has contemplantur, alacrius eriguntur ad primitivorum earum memoriam et deside- rium . . . Imaginis enim honor ad primitivum transit; et qui adorât imaginem, adorât in ea depicti subsistentiam52.

Vingt-cinq ans plus tard, la lutte contre les images allait reprendre sur l'ordre des empereurs Léon V l'Arménien (813-820) et Théophile (829-842), avec une certaine détente sous le règne intermédiaire de Michel II. La persécution s'exerça spécialement contre les moines, qui eurent des martyrs53. L'un de ces moines s'avéra comme le digne successeur du Damascène, saint Théodore le Studite (t 826). Sa pensée allait ouvrir des perspectives nouvelles à la théologie de l'icône. La seconde phase de Piconoclasme devait s'achever comme la première par la mort de l'empereur persécuteur et la régence d'une basilissa favorable aux images. L'impératrice Theodora fit réunir à Constantinople, sous la présidence du patriarche Méthode, un concile qui proclama à nouveau la foi définie à Nicée en 787. On célébra, le premier dimanche du Carême, le triomphe de l'orthodoxie (11 mars 843). L'Eglise orthodoxe continue, chaque année, à célébrer cette fête.

Les conséquences de ce qu'on a appelé la Querelle des images furent multiples. Elles marquèrent profondément les relations de l'Orient et de l'Occident sur le plan artistique comme sur celui de la piété. La dévotion envers les images des saints s'intensifia en réaction contre ceux qui voulaient les détruire. De plus les moines persécutés prirent en nombre le chemin de l'Italie et plusieurs se réfugièrent à Rome, où ils apportèrent leurs précieuses icônes. Mais le combat amena surtout les défenseurs des images à approfondir

52 Concilium Nicaenum II, dans Conciliorum Oecumenicorum Decreta, Freiburg im Breisgau 1962, p. 112.

53 Sur les martyrs de la persécution iconoclaste, voir H. Leclercq, art. Images du D.A.C.L. tome 7 (1926), col. 259-261 et 278-284.

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LE CULTE DES SAINTS DANS L'HISTOIRE DE LA CITÉ PAPALE 115

la théologie du culte des saintes icônes pour le justifier. Un saint Grégoire le Grand n'y voyait encore que le livre de l'illettré:

Quod legentibus scriptura, hoc idiotis praestat pictura cernentibus: quia in ipsa etiam ignorantes vident quod sequi debeant, in ipsa legunt qui litteras nesciunt54.

Pour saint Jean Damascène, l'image ouvre un chemin vers Dieu: Quand je n'ai pas de livres, ou que mes pensées me torturant comme des épines, m'empêchent de goûter la lecture, je me rends à l'église, qui est l'asile ouvert à toutes les maladies de l'âme. La fraîcheur des peintures attire mes regard, captive ma vue ainsi qu'une riante prairie et, insensiblement, porte mon âme à louer Dieu. Je considère la vaillance du martyr, la couronne dont il est récompensé; son ardeur enflamme mon émulation, je tombe à terre pour adorer et prier Dieu par l'intercession du martyr et j'obtiens mon salut55.

Telle est la théologie que devait ratifier le IIe Concile de Nicée, en proclamant la légitimité du culte des images, et que le Concile de Trente reprendrait à son compte face au Protestantisme56. Mais il faut reconnaître que, si le VIIe Concile a établi le culte de l'icône, il n'en a pas encore proposé une doctrine élaborée57.

Avec saint Théodore le Studite un pas allait être fait vers l'élaboration de cette doctrine. Pour lui dans les icônes se trouve quelque chose de la force intime, de Y énergie de leurs prototypes; par elles s'ouvrent les portes du monde invisible et intelligible; par l'intermédiaire de ces signes sensibles nous sommes ravis en esprit jusqu'à leurs causes:

L'image que tu vois là est celle du Christ; elle est le Christ lui-même, du moins par le nom. Ceux qui se prosternent devant elles honorent le Christ, ceux qui lui refusent cet honneur sont ses ennemis58.

«Ainsi s'est précisée, au 9e siècle, la conception théologique qui domine toute l'histoire de l'iconographie byzantine. L'image est un mystère qui possède en lui l'énergie et la grâce divine. Il en résulte que son exécution ne peut dépendre du caprice d'un peintre. Rien ne peut être indifférent: le type, le costume, l'attitude des personnages, la composition des scènes, tout doit être conforme à la tradition de l'Eglise»59. Comme le dit Paul Evdokimov, «les icônes des saints, au-delà de l'apparence terrestre, font voir à travers leur humanité déifiée des personnes illuminées par la lumière du Huitième jour»60. La

54 Grégoire Le Grand, Registrum epistularum XI, 10; édit. Ewald-Hartman t. 1, p. 270. 55 Jean Damascène, Trois discours apologétiques contre ceux qui rejettent les saintes images, P. G.

94, col. 1268. Cité dans D.A.C.L. tome 7, col. 219. 56 Concilium Tridentinum, Sessio XXV, dans Conciliorum Oecumenicorum Decreta, I.e., p. 751. 57 P. Evdokimov, L'art de l'icône, théologie de la beauté, Paris 1972, p. 170. 58 Théodore Le Studite, Carmen 30, P. G. 99, col. 760. Cité dans D.A.C.L. tome 7, col. 273. 59 L. Bréhier, L'art chrétien, son développement iconographique, Paris 1918, p. 125. 60 P. Evdokimov, L'art de l'icône, I.e., p. 171.

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116 LE DÉVELOPPEMENT DU CULTE DES SAINTS À ROME

théologie de l'icône se rattache au fond à la théologie de l'Incarnation: à travers la beauté de l'icône c'est un rayon de la lumière inaccessible qui atteint l'homme pour l'ouvrir dans l'Esprit à la grâce de la transfiguration. Sans avoir à se mettre inconditionnellement à l'école du Studite, l'Occident a beaucoup à apprendre des théologiens de l'Orient sur les icônes, et plus encore de l'humble femme qui allume sa lampe devant elles.

PEINTURES ET MOSAÏQUES ROMAINES

Panorama

Les murs de Sainte-Marie-Antique, entièrement recouverts de peintures représentant les saints, constituent la première réponse de Rome à la fureur iconoclaste du basileus byzantin. Si la couche la plus ancienne de ces peintures peut remonter au 6e siècle, c'est entre les pontificats de Jean VII (705-707) et d'Adrien Ier (772-795) que s'échelonne la série iconographique la plus riche61. Voici le Christ triomphant entre les Séraphins, et le Crucifié plein de sérénité, Marie dans la candeur de la Vierge recevant l'annonce de l'Ange et dans sa majesté de Mère de Dieu. Voici, en plus des scènes habituelles de l'Ancien et du Nouveau Testament, les Apôtres, Anne et Elisabeth, puis la foule des saints d'Orient et d'Occident, dont on peut identifier un certain nombre: les martyrs Démétrius, Abbacyre, Corne et Damien, Cyr et Julitte, Christophore, Biaise, les Quarante soldats de Sebaste, Laurent de Rome; les trois Hiérarques Basile, Grégoire de Nazianze et Chrysostome, peut-être Augustin et Léon le Grand; les pères du mona- chisme Antoine et Benoît.

Aux peintures de Sainte-Marie-Antique, contemporaines de la première phase de l'iconoclasme, succèdent les mosaïques de la première moitié du 9e siècle, qui correspondent chronologiquement à la seconde phase de la lutte contre les saintes images. Ces mosaïques se rattachent aux trois pontificats de Léon III (795-816), Pascal Ier (817-824) et Grégoire IV (827-844)62.

Dans le triclinium du Palais du Latran Léon III fit exécuter une mosaïque absidiale, que le pape Benoît XIV devait reconstituer sur la place Saint-Jean. On y voit, au centre,

61 L'ouvrage fondamental de W. de Grüneisen, Sainte-Marie-Antique, Rome 1911, est abondamment utilisé (texte et illustrations) dans le D.A.C. L., art. Forum chrétien, tome 5, col. 2006-2053. L. Homo, Rome médiévale, I.e., pp. 300-302, donne une description détaillée de toutes les peintures de Sainte-Marie- Antique. On trouve ensuite le répertoire des peintures et des mosaïques romaines entre le 9e et le 12e siècle.

62 M. van Berchem et E. Clouzot, Mosaïques chrétiennes du IVe au Xe siècle, Genève 1924, pp. 218-253.

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LE CULTE DES SAINTS DANS L'HISTOIRE DE LA CITÉ PAPALE 117

le Christ ressuscité apparaissant à ses Apôtres pour les envoyer en mission et, de part et d'autre, deux scènes symétriques: le Christ remet à saint Sylvestre les clefs et à Constantin le labarum, tandis que saint Pierre remet à Léon III le pallium et à Charlemagne l'étendard.

Léon III reconstruisit la basilique des saints Nérée et Achille, dont l'arc triomphal représente, en sa partie centrale, la Transfiguration, qu'encadrent une Annonciation et une Vierge à l'Enfant accompagnée d'un ange.

Pascal Ier, le pape qui transféra les corps des martyrs à l'intérieur de la Ville, voulut aménager somptueusement les basiliques appelées à les accueillir. Il fit exécuter les mosaïques qu'on peut toujours admirer à Sainte-Praxède, Sainte-Marie in Domnica et Sainte-Cécile.

Il est impossible d'évoquer en quelques lignes la splendeur de Sainte-Praxède. Il faudrait décrire successivement la conque absidiale et son arc, l'arc triomphal et la chapelle de saint Zenon. En voici l'essentiel. La conque absidiale représente au centre le Christ glorieux, surmonté de la main du Père qui le désigne; à gauche Pierre présente au Christ Praxède et le martyr Zenon; à droite Paul présente pareillement Pudentienne et le pape Pascal. L'arc de l'abside illustre les visions apocalyptiques de Γ« Agneau comme égorgé» et des vingt-quatre Vieillards (Apoc. 4 et 5). L'arc triomphal est empli par la représentation de la Jérusalem céleste {Apoc. 21): au centre de la Cité se tient le Christ glorieux, entouré des saints et des saintes; d'autres saints s'acheminent vers les portes de Jérusalem sous la conduite des anges, ainsi que de Pierre et de Paul. L'oratoire de saint Zenon, un martyr de la via Flaminia, fut érigé en annexe de Sainte-Praxède, par Pascal Ier pour servir de chapelle funéraire à sa mère, Vepiscopa Theodora. Il est entièrement recouvert de mosaïques. La façade est percée d'une fenêtre qu'entourent deux rangées de médaillons superposés, l'une représentant le Christ et les douze Apôtres, l'autre la Vierge et l'Enfant, les martyrs Valentin et Zenon, et huit saintes femmes. Sur les parois intérieures on reconnaît la Vierge et saint Jean-Baptiste, puis à nouveau la Vierge Marie entourée de Praxède, Pudentienne et Theodora, les Apôtres Jean, André et Jacques, les martyres Praxède, Pudentienne et Agnès, enfin Pierre et Paul montrant l'étimasie; au centre de la voûte, resplendissant de ses ors, le buste du Christ en gloire est soutenu par quatre anges d'une grande beauté.

L'iconographie de Sainte-Praxède est exemplaire. Il faut pourtant étudier aussi celle de Sainte-Marie in Domnica et celle de Sainte-Cécile pour saisir l'ampleur de l'apport de Pascal Ier à la théologie du culte des saints.

A Sainte-Marie in Domnica, sur l'arc triomphal, le Christ trône entre deux anges et les Apôtres, qui s'avancent vers lui sur un tapis d'herbe et de fleurs. Au bas de l'arc, deux prophètes montrent de la main la Théotokos et l'Enfant, qui occupent le centre de la conque absidiale. De part et d'autre du siège royal de Marie, on voit une foule d'anges nimbés, à laquelle un jeu de perspective, très novateur pour l'époque, donne de l'ampleur. Le pape Pascal s'est fait représenter aux pieds de la Vierge Mère.

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118 LE DÉVELOPPEMENT DU CULTE DES SAINTS À ROME

A Sainte-Cécile, on retrouve le même type de conque absidiale qu'à Sainte-Praxède: le Christ s'avance sur un chemin triomphal; il est entouré à sa droite de Paul et de Cécile, qui pose la main droite sur l'épaule du pape Pascal, à sa gauche de Pierre, de Valerien et d'Agathe.

La dernière mosaïque romaine de l'époque carolingienne est celle de saint Marc, que fit exécuter Grégoire IV. Les personnages sont beaucoup plus hiératiques que dans les œuvres précédentes. J. B. de Rossi y voyait «la plus barbare des mosaïques romaines». On peut y reconnaître, à plus juste titre, celle qui a subi le plus fortement l'influence des peintres d'icônes. Dans la conque absidiale, le Christ debout est entouré à sa droite du martyr Felicissime, de l'Evangéliste Marc et du pape Grégoire IV, à sa gauche du pape Marc, titulaire de la basilique, du martyr Agapit, compagnon de Felicissime, et de la vierge Agnès. L'arc présente en son centre un médaillon du Christ au milieu des quatre symboles évangéliques; sur les retombées de l'arc Pierre et Paul tendent la main droite vers le Seigneur.

Il faudra attendre plus de deux siècles pour voir s'exprimer à nouveau le culte des saints dans les mosaïques des églises de Rome. Le 12e siècle marquera un éclatant réveil de l'art de la mosaïque à Saint-Clément, Sainte-Marie-du-Transtévère et Sainte-Marie-la- Neuve. Mais, si importantes que soient ces œuvres en histoire de l'art, elles n'apportent rien de spécifiquement inédit pour notre étude. On y voit seulement le culte de la Vierge Marie prendre une ampleur qu'annonçait déjà la représentation de la Théotokos en majesté à Sainte-Marie in Domnica.

Entre le milieu du 9e siècle et le début du 12e, la peinture devait assurer, autant que le permettait la misère des temps, une certaine continuité dans la glorification des saints. Mais on ne rencontre aucune œuvre majeure. Signalons seulement les fresques de l'église inférieure à Saint-Clément: les unes remontent à la seconde moitié du 9e siècle (Ascension, Christ debout entre saint Michel, saint Gabriel et saint André qui lui présente les saints Cyrille et Méthode agenouillés); les autres datent du 11e (histoire de saint Clément, funérailles de saint Cyrille, scènes de la vie de saint Alexis). Le 10e siècle n'est guère représenté que par les fresques de Sainte-Marie in Pallara sur le Palatin.

Une théologie

Si nous avons accordé une place importante à la description des mosaïques romaines du 9e siècle, c'est qu'elles expriment une théologie du culte des saints, que nous avions déjà pressentie en étudiant les translations de martyrs. Cette théologie n'est pas particulière à une époque. Les mosaïstes carolingiens l'ont héritée de leurs maîtres byzantins, qui l'avaient apprise eux-mêmes à l'école des Pères. L'oratoire de saint Zenon à Sainte- Praxède illustre d'une manière parfaite l'enseignement du IIe Concile de Nicée; mais il illustre avec la même perfection celui du IIe Concile du Vatican, lorsque celui-ci déclare

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LE CULTE DES SAINTS DANS L'HISTOIRE DE LA CITÉ PAPALE 119

que «dans les anniversaires des saints, l'Eglise proclame le mystère pascal en ces saints»63.

Que nous enseigne donc l'iconographie des basiliques romaines? D'abord ceci: les saints ne se séparent pas du Christ dans le culte chrétien. Au centre de la composition, c'est toujours le Christ en gloire qui apparaît. Debout sur un chemin de nuages aux couleurs diaprées, désigné par le doigt du Père ou la présence de la colombe qui plane sur lui, ou encore assis sur les genoux de la Théotokos, Jésus constitue en son humanité la théophanie par excellence. Sur son visage brille la lumière du Verbe incréé, et les saints ne sont eux-mêmes lumineux que dans la mesure où ils reçoivent quelque reflet de sa lumière. Apôtres, martyrs, vierges, pontifes, baptisés appartenant à la turba magna des sauvés, tous sont en marche vers le Christ, qui les attend dans la Jérusalem nouvelle, entouré des Anges et des Vivants, à moins qu'ils ne soient déjà associés à son triomphe et jouissent de son intimité. Parfois le rendez-vous du Christ et des siens s'opère non dans la Cité sainte, mais dans un jardin plein de fleurs, le Paradis originel, dont le Crucifié a rendu possible l'accès au Larron repentant. Au centre du culte des saints il y a le seul Saint, Jésus-Christ.

On aperçoit souvent, au milieu de l'arc triomphal, l'étimasie, le trône vide préparé pour recevoir le Souverain Juge lors de son Retour. Le culte des saints révèle ainsi le caractère eschatologique du christianisme. Les saints sont entrés dans la vie éternelle, dans l'au-delà du temps, mais cependant ils attendent avec toute l'Eglise la consommation des temps, qui annoncera la résurrection de leurs corps, puis la fin, quand le Christ présentera son Royaume au Père et que Dieu sera tout en tous.

Il convient de souligner aussi le caractère hiératique des personnages de nos mosaïques. On n'a pas tenté de leur donner des traits individualisants. Si l'on respecte la présentation traditionnelle de certains saints, comme Pierre et Paul, on se contente pour les autres d'indiquer leur rôle dans l'Eglise: martyrs tenant leurs couronnes, évêques revêtus de la pianeta, diacres en dalmatique. Peu importe le reste. Il suffit de montrer que les saints appartiennent au monde de la victoire pascale du Christ, où toutes les particularités disparaissent dans la sérénité, la joie intérieure et la paix, qui procèdent de l'Esprit. Comme ceux des icônes byzantines, les saints des mosaïques romaines sont des hommes du Huitième Jour.

Mais ces hommes du Huitième Jour ne sont pas étrangers aux soucis des hommes et des femmes de ce monde. Ils sont pour eux des intercesseurs: entre le Christ Seigneur et l'assemblée des pécheurs, ils assurent une médiation. Ils transmettent, en la faisant leur, la prière de leurs frères et ils font descendre sur eux la bénédiction divine. Parfois le fondateur s'est fait représenter dans la mosaïque comme un personnage de petite dimension blotti aux pieds du Christ ou de sa Mère, de manière à s'assurer davantage une protec-

63 Concile Vatican II, Constitution De sacra liturgia, 104.

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120 LE DÉVELOPPEMENT DU CULTE DES SAINTS À ROME

tion dont il connaît la toute-puissance. Humilité et confiance assurent la rectitude de la prière chrétienne.

Icônes romaines

Rome n'est pas l'Orient. On ne saurait donc chercher dans ses basiliques la profusion d'icônes des églises byzantines, du Sinaï à Moscou, en passant par la Terre Sainte, Constantinople, le Mont Athos et Kiev. La ville des Papes vénère surtout des icônes de la Vierge Marie, dont la plupart proviennent d'Orient, même s'il ne s'agit plus aujourd'hui que de copies du 13e ou du 14e siècle du modèle venu de Byzance. Si la plus ancienne icône romaine de la Mère de Dieu est probablement celle de Sainte-Marie-la- Neuve64, la plus célèbre est celle de Sainte-Marie-Majeure appelée Salus populi Romani. Elle fait, en quelque sorte, le pendant de la Blakernitissa de Constantinople.

, Mais la sainte Icône par excellence est celle du Christ Sauveur, qui est conservée dans la chapelle du Sancta Sanctorum au Latran. Selon la légende, à laquelle une Chronique du 9e siècle fait déjà allusion et que rapporte le diacre Jean dans sa Description du Latran65, il s'agirait d'une image achéropoète, non faite de main d'homme. Commencée par saint Luc, achevée par un ange, elle aurait été miraculeusement transportée par mer de Constantinople à Rome lors de la persécution iconoclaste. Légende mise à part, nous savons qu'en 753 le pape Etienne II fit une procession de pénitence, du Latran à Sainte- Marie-Majeure, cum sacratissima imagine domini Dei et Salvatoris nostri Iesu Christi quae acheropsita nuncupatur66. L'icône est aujourd'hui revêtue d'une gaine d'argent de lm. 50 sur 0 m. 70. L'image primitive est en assez mauvais état. Wilpert, qui obtint d'en faire une étude, déclare qu'elle représente le Christ assis sur un trône, la main droite levée et la main gauche tenant un volume. Selon lui, l'œuvre aurait été faite à Rome entre 450 et la fin du 6e siècle; mais nombre de spécialistes pensent avec Lauer qu'il ne peut s'agit d'une peinture romaine: «Tout tend à prouver l'origine byzantine ou orientale de cette image»67.

Chaque année les deux icônes du Christ et de sa Mère étaient l'objet d'un hommage commun du peuple romain pour la fête de l'Assomption. La nuit du 15 août, l'icône du Christ était transportée du Latran à la basilique Sainte-Marie-la-Neuve au Forum, parmi les flambeaux et dans une liesse populaire. Toutes les maisons étaient illuminées sur le parcours, comme en témoigne un Ordo du 11e siècle: mundatis per viam plateis et suspen-

64 R. Krautheimer, Corpus basilicarum christianarum Romae, tome 1er, Città del Vaticano 1936, p. 226.

65 Descriptio Lateranensis ecclesiae du diacre Jean, édit. Valentino-Zucchetti, I.e., p. 357. 66 L. Duchesne, Le Liber Pontificalis, I.e., tome 1er p. 443. 67 Ph. Lauer, Le Palais de Latran, I.e., p. 94. On trouvera le point de vue de G. Wilpert dans

D.A.C.L. tome 7, col. 226.

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LE CULTE DES SAINTS DANS L'HISTOIRE DE LA CITÉ PAPALE 121

s/5 per domos lucernis6*. On déposait l'icône sur un trône devant l'entrée de la basilique. Des clercs versaient alors des parfums sur les pieds du Christ, tandis que le peuple implorait le Seigneur en se frappant la poitrine et en disant cent fois Kyrie eleison, cent fois Christe eleison et à nouveau cent fois Kyrie eleison. Après le chant de la vigile à Sainte-Marie-la-Neuve, la procession se mettait derechef en marche vers l'Esquilin et l'on portait triomphalement l'icône du Sauveur à Sainte-Marie-Majeure, où elle était proposée à la vénération de la foule près de celle de la Mère de Dieu. Le Pape célébrait ensuite la messe de l'Assomption.

Certains détails que nous venons de donner proviennent non de VOrdo lui-même, mais d'un poème qui lui est joint. C'est une pièce fort curieuse, contemporaine de l'empereur Otton III (996-1002). Elle est intitulée: Incipit carmen in Assumptione sanctae Mariae, in nocte, quando tabula portatur69. On y trouve, sous forme poétique, la description de la procession du Latran au Forum au cours de la nuit.

Voici, précédée des étendards, la foule tenant des flambeaux en mains:

Unde /remit populus, vel cur vexilla coruscant? Quare volant faculae, lucent per strata coronae?

Voici les maisons illuminées:

rutilant et tecta laternis, cuncta rubent flammis.

Puis c'est l'icône du Christ qui s'avance:

Vultus adest domini, cui totus sternitur orbis.

Le Christ va saluer sa Mère:

En ubi vultus adest quaerens oracula matris.

On place côte à côte les deux icônes:

Sistitur in solio domini spectabile signum Theotocosque suo.

Les clercs parfument et encensent les saintes images:

Hinc thimiama dabunt, hinc balsamo prima reponunt, Thus myrramque ferunt.

68 M. Andrieu, Les Ordines romani du haut moyen âge, Ordo 50, c. 49, tome 5, Louvain 1961, p. 358. Pour la présentation de ce texte voir le même ouvrage p. 68-71.

69 M. Andrieu, Les Ordines romani, ibid. On trouvera aussi le texte de ce carmen dans C. Vogel - R. Elze, Le Pontifical romano -germanique du dixième siècle, 99, 457, I.e., tome 2, p. 138-140.

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122 LE DÉVELOPPEMENT DU CULTE DES SAINTS À ROME

Puis on entend les chants en grec et en latin (ce qui fait remonter cette procession à l'époque de la domination byzantine à Rome):

Dat scola greca melos, et plebs romana susurros Et variis modulis.

On termine par les trois cents Kyrie attestés par VOrdo:

Kyriae centumplicant et pugnis pectora puisant, «Christe faveto» tonant.

Kyriae centumplicant.

C'est ainsi que s'exprimait la foi exubérante du peuple romain envers le Christ et sa Mère aux alentours de l'an mille. Si la procession révèle par maints détails son origine orientale, Rome l'a pleinement intégrée à sa tradition70. On se plaît à recueillir ce témoignage populaire de l'osmose qui a toujours existé entre l'Orient et l'Occident chrétiens.

70 Ce poème présente d'autres aspects qui intéressent l'histoire et la littérature médiévales. Il commence par une adresse à Rome, où sont évoquées ses gloires chrétiennes passées. Rome répond en rappelant les malheurs du présent, puis elle dit sa confiance dans le Christ et en Marie, que glorifie la procession dans laquelle on vénère leurs icônes. Le poème s'achève sur une invitation à la prière, afin que se réalisent les espoirs de renaissance que Rome croit pouvoir mettre dans le règne d'Otton III: Gaudeat omnis homo quia régnât tertius Otto. Voir BI. Berger, Le Drame liturgique de Pâques, I.e., pp. 62-65.

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CHAPITRE II

L'ÉVOLUTION DU SANCTORAL DES ÉGLISES DE ROME

La construction des églises sous le vocable des saints, la vénération de leurs reliques et de leurs images fournissent le cadre de la célébration de leurs anniversaires au long de l'année. Il nous faut rechercher maintenant quels saints ont été retenus, dans la foule de ceux dont on gardait la mémoire, pour être l'objet de cette célébration annuelle. Mais on ne saurait établir, une fois pour toutes, le sanctoral romain du moyen âge. D'une part, en dehors de quelques saints, comme Laurent ou Agnès, qui étaient à Rome l'objet d'un culte universel, il y a toujours eu de notables différences entre les églises. De l'autre, ce sanctoral n'a cessé d'évoluer et de s'amplifier avec le temps, pour atteindre, à la fin du 12e siècle, des dimensions assez considérables dans les calendriers du Latran et du Vatican, d'où procède le sanctoral romain moderne.

L'idéal eût été de mener l'étude de cette évolution sur le double plan chronologique et topographique, mais nous avons dû nous en tenir à l'étude chronologique. En effet, si les sources que nous avons inventoriées nous permettent de suivre le développement du sanctoral dans le temps sans difficultés majeures, ces sources sont trop peu nombreuses pour le faire à travers les diverses régions de la Ville. Plusieurs d'entre elles ne peuvent d'ailleurs pas être rattachées avec une probabilité suffisante à telle ou telle église pour que nous puissions en tirer un témoignage d'ordre topographique.

I - LE SANCTORAL DU 9e SIÈCLE

Le sanctoral romain de la seconde moitié du 8e siècle nous est connu par le sacra- mentaire grégorien du pape Adrien Ier vers 780 * et par les deux rédactions de Pévangé- liaire remontant, selon Th. Klauser, aux années 740 (type Λ) et 755 (type Σ)2. L'influence des Pays francs ne s'est pas fait sentir d'une manière notable avant la seconde moitié du 10e siècle. Le sanctoral des églises de Rome au 9e siècle ne devait donc pas différer notablement de celui du siècle précédent.

1 La copie du sacramentaire papal fut remise au roi Charles, qui en avait fait la demande, entre 784 et 791. Voir J. Deshusses, Le Sacramentaire grégorien, I.e., p. 61.

2 Th. Klauser, Das römische Capitolare evangeliorum, I.e., p. 47 et 93.

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124 LE DÉVELOPPEMENT DU CULTE DES SAINTS À ROME

Le seul document dont nous disposions pour établir ce sanctoral nous en fournit la preuve. Il s'agit du Vaticanus latinus 5465 (supra pp. 30-31), un capitulare evangeliorum, qui a pu être à l'usage de la basilique Saint-Matthieu de la via Merulana. S'il était besoin d'établir d'une manière indiscutable son caractère romain, on pourrait signaler qu'il est sans doute le seul capitulare à proposer une péricope évangélique {loan. 15,5-11) pour la vigile de saint Paul (fol. 174v), ce en quoi il complète le Cornes de Würzburg et le Lec- tionnaire d'Alcuin3, qui indiquent l'épître de cette messe. Or on ne voit pas où la vigile de saint Paul aurait pu être célébrée le 29 juin ailleurs qu'à Rome dans la basilique de la via Ostiense. C'est vraisemblablement en raison de son caractère strictement local que les livres liturgiques ont cessé de la mentionner4.

Le sanctoral du Vatic, lai. 5465 est tributaire pour l'essentiel du Capitulare evangeliorum des années 750, mais il possède cependant des traits spécifiques. Ceux-ci seront faciles à relever dans le texte qui suit car, chaque fois que le manuscrit a une mention qui lui est commune avec les séries Λ et Σ de Klauser, la correspondance est indiquée. On analysera ensuite brièvement les notices qui lui sont propres5.

Janvier

1 S. Martinae Λ 14 S. Felicis, confessons, in Pincis Λ 16 S. Marcelli, martyris et pontifias Λ 18 S. Priscae Λ 20 S. Sebastiani Λ

S. Fabiani, martyris et pontificis Λ 21 S. Agnetis primum Λ 22 S. Vincentii. Statio in basilica S. Eusebii iuxta Merulana Λ

S. Anastasii, monachi Λ 28 S. Agnetis de nativitate Λ

3 G. Morin, Le plus ancien Cornes ou lecîionnaire de l'Eglise romaine, Le, p. 60; A. Wilmart, Le Lectionnaire d'Alcuin, dans Ephemerides liturgicae 51 (1937), p. 159.

4 Th. Klauser a publié d'après deux manuscrits de Paris (B.N. ms. lat. 93 et 13.171) un capitulare evangeliorum qui semble un bon témoin de la liturgie locale de Rome dans la première moitié du 9e siècle (Th. Klauser, Das römische Capitulare evangeliorum, Le, pp. 173-183). Plusieurs dédicaces de basiliques romaines célébrées au 7e et au 8e siècle y sont mentionnées, entre autres la dedica- tio ecclesiae scae Petronellae dans la rotonde théodosienne voisine de Saint-Pierre (757). Mais on y trouve aussi une dedicatio sci Grateraei, qui nous conduirait peut-être du côté de Corbie (Saint-Gra- tien). C'est la raison pour laquelle nous n'avons cru devoir utiliser qu'occasionnellement ce calendrier (v. gr. pp. 242, note 97 et 281).

5 Les textes en italique constituent une variante ou une addition du Vat. Lat. 5465 par rapport aux séries Λ et Σ de Klauser.

Page 124: Pierre Jounel, Le Culte des saints dans les basiliques du Latran et du Vatican au douzième siècle

L'ÉVOLUTION DU SANCTORAL DES ÉGLISES DE ROME 125

Février

2 Ypapanti Λ 5 S. Agathae Λ

14 S. Valentini Λ

Mars

12 S. Gregorii, papae et confessons Λ 25 Adnuntiatio sanctae Mariae A

Avril

14 Ss. Tiburtii, Valeriani et Maximiani Λ 23 S. Georgii Λ 25 In laetania maiore Λ 28 S. Vitalis Λ

M ai

1 3

10 12

13 19 25

Ss. Phihppi et Iacobi Ss. Alexandri, Eventii et Theoduli Inventio sanctae Crucis S. Gordiani Ss. Nerei et Achillei S. Pancratii Dedicatio ecclesiae S. Mariae ad Martyres S. Potentianae S. Urbani, confessons atque pontificis in via Appia

Juin

Λ Λ

Λ Λ Λ Λ Λ Λ

2 Ss. Marcellini et Pétri via Lavicana Λ 9 Ss. Primi et Feliciani in basilica S. Stephani Λ

12 S. Basilidis Λ 15 S. Viti 18 Ss. Marci et Marcelliani via Ardeatina Λ 19 Ss. Protasi et Gervasi ad S. Vitalem Λ 23 Vigilia S. Iohannis Baptistae Λ 24 Natale S. Iohannis Baptistae Λ 26 Ss. Iohannis et Pauli Λ

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126 LE DÉVELOPPEMENT DU CULTE DES SAINTS À ROME

28

29

30

Juillet 2 6

10 15 21 23 29 30

Août 1

2 6 8 9

10 11

12 13 14 15 18 22 25 28 29

30

Translatio corporis beati Leonis, pontifïcis atque confessoris Vigilia S. Pétri Natale S. Pétri Vigilia S. Pauli Natale S. Pauli

Ss. Processi et Martiniani In octava apostolorum Ss. VII Fratrum via Appia6 S. Cyrici S. Praxedis S. Apollinaris Ss. Felicis, papae, Simplicii, Faustini et Beatricis Ss. Abdon et Sennes

Ad vincula Macchabeorum S. Stephani, pontificis, via Latina Ss. Xysti, Felicissimi et Agapiti S. Cyriaci Vigilia S. Laurentii S. Laurentii S. Tiburtii S. Susannae S. Eupli S. Yppoliti S. Eusebii, sacerdotis Sollemnia de pausatione S. Mariae S. Agapiti S. Timothei S. Genesi S. Hermetis S. Sabinae Depositio Helisei, prophetae, et decollatio S. Iohannis Baptistae Ss. Felicis et Adaucti

Λ Λ Λ

Λ

Λ Λ Λ Λ Λ Λ Λ Λ

Λ

Λ Λ Λ Λ Λ Λ Σ Σ Λ Λ Λ Λ Λ Σ Λ Λ Λ Λ

6 Contrairement à Λ le capitulare ne mentionne pas la via Salaria, alors qu'il omet la station à la crypte de S. Janvier sur la via Appia et mentionne seulement les trois stations de la Salaria.

Page 126: Pierre Jounel, Le Culte des saints dans les basiliques du Latran et du Vatican au douzième siècle

L'ÉVOLUTION DU SANCTORAL DES ÉGLISES DE ROME 127

Septembre

Nativitas S. Mariae Λ S. Adriani Λ

Λ Λ Λ Λ Λ Σ

Λ Λ Λ

Λ Λ Λ Λ Λ Λ Λ Λ Λ Λ Λ Λ

Λ Λ Λ Λ Λ

11 14

15 16 20 21 27 29

Ss. Proti et Iacinti Ss. Cornelii et Cypriani Exaltatio S. Crucis S. Nicomedis Ss. Luciae et Euphemiae S. Eustochii S. Matthaei apostoli Ss. Cosmae et Damiani Dedicatio S. Angeli

Octobre

7 14 25

No verr

1 8 9

10 12 22 23

24 29

30

S. Marci, papae S. Callisti, pontificis Ss. Chrysanti et Dariae

ibre

S. Caesarii Ss. Coronatorum S. Theodori S. Mennae S. Martini S. Caeciliae S. Clementis S. Felicitatis S. Chrysogoni S. Saturnini Vigilia S. Andreae S. Andreae

Décembre

13 26 27 28 31

S. Luciae S. Stephani S. Iohannis evangelistae S. Innocentorum S. Silvestri

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128 LE DÉVELOPPEMENT DU CULTE DES SAINTS À ROME

On ne recherchera pas, pour le moment, les origines de chacune des 96 fêtes mentionnées dans le calendrier qui vient d'être présenté. Toutes ces fêtes se retrouvent dans les calendriers du Latran et du Vatican de la fin du 12e siècle, dont on donnera plus loin le commentaire analytique. Mais il importe de relever les variantes que présente le calendrier du début du 9e siècle par rapport à celui du milieu du 8e.

Comme on peut le constater, les additions sont peu nombreuses. Le fonds du sanc- toral est constitué par le culte des anciens martyrs romains vénérés depuis la Paix. Le Vat. lat. 5465 reproduit massivement les capitularia du siècle précédent. Quand il s'en sépare sur le plan rédactionnel, c'est d'ordinaire pour se rapprocher du sacramentaire papal.

On a déjà montré dans la vigilia S. Pauli un trait d'authenticité romaine du manuscrit. Mais il faut noter aussi qu'il distingue nettement le Natale S. Pétri et le Natale S. Pauli, alors que les autres témoins du capitulare annoncent au 29 juin le Natale apostolo- rum Pétri et Pauli. Ce faisant, il se trouve en accord avec le sacramentaire grégorien7: le pape célébrait le 29 juin la messe de saint Pierre au Vatican et, le lendemain, celle de saint Paul dans la basilique de la via Ostiense. De même, tandis que les capitularia du 8e siècle mentionnent, au 25 mars, Adnuntiatio Domini*, notre manuscrit annonce YAdnun- tiatio sanctae Mariae, comme le sacramentaire grégorien9. Il en va encore de même pour la mention de S. Eusèbe {presbyteri, dit le sacramentaire) et de saint Marc (papae).

Le calendrier contient seulement quatre fêtes nouvelles par rapport à ses sources immédiates: VInventio sanctae Crucis (3 mai), les fêtes de S. Vite (15 juin), des Maccabés (1er août) et de S. Matthieu (21 septembre).

Les trois premières se trouvent dans le sacramentaire gélasien ancien10. En ce qui concerne VInventio sanctae Crucis, attestée en Gaule au 8e siècle, il semble bien qu'on se trouve en présence d'une ancienne fête romaine, connue du rédacteur du Liber Pontifica- lis (6e siècle) mais jamais reçue dans la liturgie papale11. Le capitulare doit avoir trouvé cette fête dans une église de Rome plutôt que de l'avoir reçue d'au delà des Alpes.

Quant à la mention de la fête de saint Matthieu, elle s'expliquerait fort bien par l'appartenance du manuscrit à la basilique érigée en son honneur sur la via Merulana, comme nous l'avons suggéré (supra p. 31).

7 J. Deshusses, Le Sacramentaire grégorien, Le, pp. 243-245. 8 Th. Klauser, Das römische Capitulare evangeliorum, I.e., n° 57, p. 64. C'est d'ailleurs sous le

titre dy Adnuntiatio Domini qu'on trouve la plus ancienne mention romaine de la fete du 25 mars dans le Liber Pontificalis, édit. L. Duchesne, tome 1er, p. 376.

9 J. Deshusses, Le Sacramentaire grégorien, Le, p. 128. 10 Liber sacramentorum romanae aeclesiae ordinis anni circuii (Vat. Reg. lat. 316), édit. C. Mohl-

berg, Rome 1960: Inventio sanctae Crucis p. 138; 5. Viti p. 140; In natale Machabeorum p. 149. 11 A. Chavasse, Le sacramentaire gélasien, Paris 1958, pp. 353-357.

Page 128: Pierre Jounel, Le Culte des saints dans les basiliques du Latran et du Vatican au douzième siècle

L'ÉVOLUTION DU SANCTORAL DES ÉGLISES DE ROME 129

II faut enfin relever le fait que le calendrier de la première moitié du 9e siècle ne connaît pas encore la fête anglo-franque de Toussaint le 1er novembre, mais qu'il mentionne celle de Sainte-Marie ad Martyres le 13 mai. Le sanctoral contemporain des translations de martyrs et des aménagements de basiliques de Pascal Ier demeure donc spécifiquement romain.

II - LE SANCTORAL DU 10e SIÈCLE

Le 10e siècle ne nous a transmis aucun manuscrit liturgique romain, à l'exception peut-être d'un Capitulare evangeliorum (Vat. Barberini laî. 637). On ne saurait s'en étonner, car le clergé de Rome était tombé dans un état de décadence extrême, aussi bien sur le plan intellectuel que sur le plan moral. Les offices n'étaient plus assurés dans les basiliques et nul ne prenait soin des livres. A la fin du siècle, le pape allemand Grégoire V devra imposer à l'abbaye de Reichenau un tribut consistant dans la copie d'un sacramen- taire, d'un épistolier et d'un lectionnaire12. Durant une partie du siècle la vieille Chronique papale, le Liber Pontificate, fut interrompue, faute de rédacteurs. C'est à la faveur de l'effondrement de la liturgie locale de Rome que les usages importés d'Allemagne par les empereurs et les papes choisis dans leur entourage s'imposèrent en quelques décennies dans la Cité apostolique. En 991, au concile de Saint-Basle près de Reims, l'évêque Arnoul d'Orléans déplorait en ces termes l'effondrement de l'Eglise romaine:

Ο lugenda Roma, quae nostris maioribus clara patrum lumina protulisti, nostris temporibus monstrosas tenebras futuro saeculo famosas offudisti13.

Le sanctoral de cette époque ne se ressent pas encore d'une manière notable des influences franco-germaniques. Au témoignage du Barberini 637, qui a été décrit supra pp. 31-32, il ne comporte comme innovation majeure que la solennité de Tous les Saints, le 1er novembre. Celle-ci avait dû pénétrer à Rome dans la seconde moitié du 9e siècle, mais son institution n'y a laissé aucune trace.

Voici le texte du calendrier de ce capitulare evangeliorum14.

Jan ν îe

14 16

r

S. S.

Felicis in Marcelli,

Pincis papae

12 A. Brackmann, Germania pontificia, Coll. Regesta Pontiflcum Romanorum de P. Fr. Kehr, vol. 2, pars 1, Berlin 1923, p. 152.

13 Cité dans M. Andrieu, Les Ordines romani du haut moyen âge, I.e., tome 1er, p. 515. On trouvera la traduction intégrale de ce discours fameux dans Ch. Hefele - H. Leclercq, Histoire des Conciles, tome 4, Paris 1911, pp. 856-862.

14 On a imprimé en italique les fêtes qui ne se trouvent pas dans le sanctoral du 9e siècle.

Page 129: Pierre Jounel, Le Culte des saints dans les basiliques du Latran et du Vatican au douzième siècle

130 LE DÉVELOPPEMENT DU CULTE DES SAINTS À ROME

18 20 21 22 28

Fé ν r i

2 5

14 17

S. Priscae Ss. Fabiani et Sebastiani S. Agnetis S. Vincentii, martyris Octava S. Agnetis

er

Ypapanti Domini S. Agathae S. Vitalis, martyris S. Felicis

Mars

25 Adnuntiatio S. Mariae

Avril

14 Ss. Tiburtii et Valeriani 23 S. Georgii, martyris 28 S. Vitalis

M ai

1 3

6 10 12 13 19 25

Ss. Phihppi et Iacobi Ss. Alexandri, Eventii et Theodori Inventio sanctae Crucis S. Iohannis apostoli S. Gordiani Ss. Pancratii, Nerei et Achillei Natale S. Mariae ad Martyres S. Potentianae S. Urbani

Juin

1 S. Nicomedis 2 Ss. Marcellini et Pétri 9 Ss. Primi et Feliciani

12 Ss. Basilidis, Cyrini, Naboris et Nazarii 18 Ss. Marci et Marcelliani

Page 130: Pierre Jounel, Le Culte des saints dans les basiliques du Latran et du Vatican au douzième siècle

L'ÉVOLUTION DU SANCTORAL DES ÉGLISES DE ROME 131

19 Ss. Gervasii et Protasii 23 Vigilia S. Iohannis Baptistae 14 Natalis S. Iohannis Baptistae 26 Ss. Iohannis et Pauli 28 Vigilia S. Pétri apostoli 29 S. Pétri apostoli 30 S. Pauli

Juillet

2 Ss. Processi et Martiniani 10 Ss. VII Fratrum 21 S. Praxedis 23 S. Apollinaris 29 Ss. Felicis, Faustini et Beatricis 30 Ss. Abdon et Senen

Août

6

7 8 9

10 11 13 14 15 17 18 22 28 29

30

Septem

8

S. Sixti Ss. Felicissimi et Agapiti S. Donati S. Cyriaci Vigilia S. Laurentii S. Laurentii S. Tiburtii S. Ypoliti S. Eusebii, sacerdotis Assumptio S. Mariae Octava S. Laurentii S. Agapiti S. Timothei et Symphoriani S. Hermetis Decollatio S. Iohannis Baptistae S. Sabinae Ss. Felicissimi et Adaucti

b re

Nativitas S. Mariae S. Adriani

Page 131: Pierre Jounel, Le Culte des saints dans les basiliques du Latran et du Vatican au douzième siècle

132 LE DÉVELOPPEMENT DU CULTE DES SAINTS À ROME

9 11 14

15 16 21 27 29

S. Gorgonii, martyris Ss. Proti et Iacinti Exaltatio sanctae Crucis Ss. Cornelii et Cypriani S. Nicomedis Ss. Euphemiae, Luciae et Geminiani S. Matthaei apostoli Ss. Cosmae et Damiani Dedicatio basilicae S. archangeli Michaelis

Octobre

7 27 28 31

S. Marci Vigilia Ss. Simonis et Iudae Ss. Simonis et Iudae Vigilia omnium Sanctorum

Novembre

1

8 9

11 22 23 29 30

Natale omnium Sanctorum S. Cesarli, martyris Ss. IV Coronatorum S. Theodori Natale S. Mennae et depositio S. Martini, episcopi S. Caeciliae S. démentis Vigilia S. Andreae S. Andreae

Décembre

26 27 28 31

S. Stephani, martyris S. Iohannis, evangelistae Ss. Infantium et lactentium S. Silvestri. Dapae

Le calendrier du Capitulare Barberini lat. 637 ajoute peu de noms au sanctoral du 9e siècle. Vingt-deux mentions de ce dernier n'y ont pas trouvé place. Ce sont Martina, Anastasius, Valentinus, Gregorius, Vitus, translatio Leonis, vigilia S. Pauli, octava Apostolorum, Cyricus, Simplicius, Ad vincula, Macchabei, Susanna, Euplus, Genesius,

Page 132: Pierre Jounel, Le Culte des saints dans les basiliques du Latran et du Vatican au douzième siècle

L'ÉVOLUTION DU SANCTORAL DES ÉGLISES DE ROME 133

depositio Helisaei prophetae, Eustochius, Callistus, Chrysanthus et Daria, Félicitas, Chrysogonus, Lucia.

Trois fêtes constituent un apport extérieur à la tradition locale de Rome, à savoir celles des apôtres Simon et Jude et de Tous les Saints avec leurs vigiles respectives, ainsi que la fête de saint Symphorien d'Autun, que nous trouverons bien implantées à Rome au siècle suivant. Ces fêtes mises à part, la comparaison entre les calendriers du 9e et du 10e siècle permet de saisir l'unité substantielle de la liturgie célébrée dans les diverses églises de la Ville, mais aussi sa diversité dans les détails. Seule une certaine diversité entre les usages locaux explique le fait que ce calendrier du 10e siècle passe sous silence l'octave des Apôtres, ainsi que les noms de martyrs aussi universellement honorés que Calliste, Félicité et Lucie.

Quant aux fêtes qu'ignorait le calendrier du 9e siècle et que nous trouvons dans celui du 10e, elles appartiennent toutes, d'une manière ou d'une autre, à la tradition romaine.

La seconde fête de sainte Agnès appelée S. Agnetis secundo dans le sacramentaire papal15 et S. Agnetis de nativitate dans le sacramentaire gélasien16 est qualifiée ici d'Octava S. Agnetis, ce qui a toute chance de correspondre à la réalité.

S. Vital (14 février) est un compagnon de S. Valentin. Le Gélasien annonce: in natale Valentini, Vitalis et Feliculae11.

S. Félix (17 février) est ignoré de la tradition liturgique, mais attesté par le martyrologe hiéronymien18.

La fête de S. Jean (6 mai) est celle de la dédicace de sa basilique à la Porta Latina, comme en témoigne le sacramentaire papal 19. Le même sacramentaire atteste la dédicace de la basilique Saint-Nicomède le 1er juin20.

L'addition des noms de Cyrin, l'évêque martyr de Sisseck, et des deux martyrs milanais Nabor et Nazaire à celui du martyr Basilide n'est pas attestée par les livres romains antérieurs, mais seulement par le sacramentaire de Saint-Gall de la fin du 8e siècle21. La conjonction des quatre noms, qui devait donner naissance à une légende hagiographique, a dû prendre naissance à Rome, où elle trouve appui dans la topographie22. Nous ver-

15 J. Deshusses, Le Sacramentaire grégorien, I.e., p. 122. Le capitulare du 9e siècle intitule la fête du 21 janvier S. Agnetis primum (supra, p. 124).

16 Liber sacramentorum, édit. C. Mohberg, I.e., p. 132. llIbid.,p. 134. 18 H. Delehaye, Commentarius perpetuus in Martyrologium hieronymianum, dans Acta Sanctorum

Novembris, tome 2, pars posterior, Bruxelles 1931, p. 102. On ne donne aucune précision sur ce nom. 19 J. Deshusses, Le Sacramentaire grégorien, i.e., p. 216. 20 Ibid., p. 234. 21 K. Mohlberg, Das fränkische Sacramentarium Gelasianum in alamannischer Überlieferung,

Coll. Liturgiegeschichtliche Quellen 1/2, Münster in Westf. 1939, p. 133. 22 I. Schuster, Liber sacramentorum, Notes historiques et liturgiques sur le Missel romain, édit.

française, Bruxelles 1931, tome 7, p. 281-286. Voir ci-après p. 245.

Page 133: Pierre Jounel, Le Culte des saints dans les basiliques du Latran et du Vatican au douzième siècle

134 LE DÉVELOPPEMENT DU CULTE DES SAINTS À ROME

rions plus volontiers dans la mention du capitulare un témoin de cette tradition romaine qu'une influence alémanique.

S. Donat (7 août), ainsi que l'octave de S. Laurent (17 août) et S. Gorgon (9 septembre), sont attestés par le Gélasien23.

Notons la fidélité à la terminologie du sacramentaire papal dans l'annonce du Natale S. Pétri et du Natale S. Pauli (29 et 30 juin). C'est aussi en accord avec le sacramentaire papal qu'on a substitué l'appellation adsumptio sanctae Mariae à l'expression pausatio ou dormitio, que le Liber Pontificalis et les lectionnaires antérieurs avaient héritée de la tradition byzantine (η κοίμησις).

Ill - LE SANCTORAL DU 11e SIÈCLE

Le début du 11e siècle est aussi sombre à Rome que le 10e. La remontée de l'abîme ne commence guère qu'avec l'avènement de saint Léon IX en 1049. Les documents permettant de faire l'histoire du sanctoral romain à cette époque sont pourtant relativement nombreux. Nous en avons identifié dix (supra p. 50, nos 3 à 13). Six d'entre eux permettront d'établir un texte de base; les quatre autres corroboreront leur témoignage24.

Les six manuscrits de base sont les suivants:

A Sacramentaire de Saint-Laurent in Damaso (Bibl. Vallicel. E 15), décrit supra pp. 35- 36. Texte pp. 61-65.

Β Evangéliaire-Sacramentaire du Vatican (Archivio San Pietro F 12), décrit supra pp. 34- 35. Texte pp. 54-57.

C Lectionnaire-Collectaire de Saint-Anastase (Bibl. Vallicel. C 62), décrit supra p. 45. Texte pp. 57-61.

D Calendrier de Sainte-Marie de l'Aventin (édition L. Guérard), décrit supra p. 21. Texte pp. 413-416.

E Epistolier de Saint-Saba (Bibl. Angelica ms. lat. 1383), décrit supra p. 33. Texte pp. 65- 66.

F Antiphonaire de Sainte-Cécile (édition D. Giorgi), décrit supra p. 23.

23 Liber sacramentorum, édit. C. Mohlberg, I.e., pp. 150 et 153. 24 L'Antiphonaire de Sainte-Cécile (F) ne va pas au-delà de la vigile des saints Apôtres. Le Pas-

sionnaire des Saint- Jean-et-Paul (b) s'arrête, lui aussi, à la fin de juin et le Calendrier de Sainte- Marie de l'Aventin (D) s'interrompt au milieu de l'inscription du 12 juillet: Narbor(is et Felicis).

Page 134: Pierre Jounel, Le Culte des saints dans les basiliques du Latran et du Vatican au douzième siècle

L'ÉVOLUTION DU SANCTORAL DES ÉGLISES DE ROME 135

Les quatre manuscrits auquel on fera éventuellement appel pour corroborer l'attestation des témoins de base sont les suivants:

a Lectionnaire de Saint-Grégoire (Vat. lat. 1189), décrit supra p. 46. b Passionnaire des Saints-Jean-et-Paul (Vat. lat. 1195), décrit supra p. 46. c Martyrologe de Saint-Pierre (édition des Bollandistes), décrit supra p. 24. d Martyrologe de Saint-Cyriaque (Bibl. Vallicel. F 85), décrit supra p. 49.

Les manuscrits de cette seconde catégorie seront appelés principalement à confirmer une date, lorsqu'il y aura divergence entre les manuscrits de base, et à appuyer le témoignage qui ne serait fourni que par un seul manuscrit.

Janvier

1

3 7 8

10 11 12 13 14 15

16 17 18 20

21 22

23

S. Basilii, episcopi S. Martinae, martyris S. Anteros, papae et martyris S. Ysidori, episcopi S. Timothei, martyris S. Severini, episcopi S. Pauli, primi eremitae S. Hygini, papae S. Ioannis, papae Ss. Iuliani et Basilissae, martyrum S. Felicis in Pincis S. Mauri, abbatis S. Secundinae, virginis S. Marcelli, papae (et martyris) S. Antonii, abbatis S. Priscae, virginis et martyris Ss. Fabiani et Sebastiani S. Fabiani, papae et martyris S. Sebastiani, martyris S. Agnetis, virginis et martyris S. Vincentii, martyris S. Anastasii, monachi et martyris Ss. Vincentii et Anastasii Ss. Valerli et Anastasii S. Emerentianae, virginis et martyris

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d

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Page 135: Pierre Jounel, Le Culte des saints dans les basiliques du Latran et du Vatican au douzième siècle

136 LE DÉVELOPPEMENT DU CULTE DES SAINTS À ROME

25 Conversio S. Pauli A Β C D E S. Proiecti, martyris Β C

26 27 28 31

Fé ν rie

2

3 5 7

8 9

10

12 14

15 16 21 22 23 24

S. Paulae S. Vitaliani, papae S. Agnetis secundo Ss. Cyri et Iohannis, martyris

r

Ypapanti (A id est Obviatio) Purificatio S. Mariae S. Blasii, episcopi et martyris S. Agathae, virginis et martyris S. Pelagli, papae S. Theodori, martyris S. Paulini, papae S. Savini Carnotini, episcopi S. Scholasticae, virginis S. Soteris, martyris Ss. Zotici, Irenaei et Iacinthi, martyrum S. Dorotheae, virginis et martyris S. Valentini, martyris Ss. Valentini, Vitalis, Feliculae et Zenonis et aliorum · Ss. Faustini et Iovitae, martyrum S. Iuliani, martyris S. Siricii, papae et martyris Cathedra S. Pétri Vigilia S. Matthiae S. Matthiae, apostoli

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A

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A

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Β Β

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Β

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Mars

7 Ss. Perpetuae et Felicitatis, martyrum A D 9 Ss. Quadraginta Martyrum A D

12 S. Gregorii, papae A Β C D E F 15 S. Zachariae, papae D 21 S. Benedicti, abbatis A Β C D E 25 Annuntiatio S. Mariae Β C D E F

Page 136: Pierre Jounel, Le Culte des saints dans les basiliques du Latran et du Vatican au douzième siècle

L'ÉVOLUTION DU SANCTORAL DES ÉGLISES DE ROME 137

Avril

D D D

C D C c

A Β C D F D D D D

AB F C D C

D Β C D E F

D cd A Β C D F A

A Β C D E F A Β C D E F A Β C D F

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Β D

A Β C D F A Β

D b c D F

A C A Β C D F

Β D c

2 7

10 11 13 14 16 19 20 22 23

24

25 26 28 30

S. Xysti, papae S. Caelestini, papae S. Doni, papae S. Leonis, papae S. Euphemiae, martyris Ss. Tiburtii, Valeriani et Maximi S. Aniceti, papae et martyris S. Leonis IX, papae S. Victoris, papae et martyris S. Agapiti, papae S. Georgii, martyris Ss. Georgii et Adalberti Ss. Sidrac, Misac et Abdenago Ss. Liberii et Benedicti, pp. S. Marci, evangelistae Ss. Anacleti et Marcellini, pp. S. Vitalis, martyris S. Matthiae, apostoli

1 3

6 8

10

11 12 13 14 19

25

28

Ss. Philippi et Iacobi, apostolorum Inventio S. Crucis Ss. Alexandri, Eventii et Theoduli S. Iuvenalis, episcopi S. Iohannis ante Portam latinam Apparitio S. Michaelis Ss. Gordiani et Epimachi, martyrum S. Christinae, martyris S. Antimi, papae et martyris Ss. Pancratii, Nerei et Achillei martyrum Dedicatio S. Mariae ad Martyres S. Bonifatii, martyris S. Pudentianae, virginis S. Potentianae S. Urbani, papae S. Zenobii, confessons S. Iohannis, papae et martyris

Page 137: Pierre Jounel, Le Culte des saints dans les basiliques du Latran et du Vatican au douzième siècle

138 LE DÉVELOPPEMENT DU CULTE DES SAINTS À ROME

30 S. Felicis, papae et martyris D 31 S. Petronillae, martyris D cd

Juin

1 S. Nicomedis, martyris Ss. Proculi et Nicomedis

2 Ss. Marcellini et Pétri, martyrum S. Erasmi, martyris

9 Ss. Primi et Feliciani, martyrum 11 S. Barnabae, apostoli 12 S. Basilidis, martyris

Ss. Basilidis, Cyrini, Naboris et Nazarii, martyrum Ss. Basilidis et Tripotis

13 S. Bartholomaei, apostoli 15 S. Viti, martyris

Ss. Viti, Modesti et Crescentiae 16 Ss. Cyrici et Iulittae, martyrum

S. Donati, martyris 17 Ss. Nicandri et Marciani, martyrum 18 Ss. Marci et Marcelliani, martyrum 19 Ss. Gervasii et Protasii, martyrum 20 S. Silverii, papae et martyris 22 S. Iacobi Alphaei, apostoli

Ss. MCCCCLXXX Martyrum 23 Vigilia S. Iohannis Baptistae 24 Natale S. Iohannis Baptistae 26 Ss. Iohannis et Pauli, martyrum 28 S. Leonis, papae

Vigilia apostolorum Petri et Pauli Vigilia S. Petri

29 Ss. Petri et Pauli, apostolorum S. Petri, apostoli

30 S. Pauli, apostoli

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Β Β

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Juillet

1 Octava S. Iohannis Baptistae D 2 Ss. Processi et Martiniani, martyrum ABC 4 Ordinatio et Translatio S. Martini Β cd

Page 138: Pierre Jounel, Le Culte des saints dans les basiliques du Latran et du Vatican au douzième siècle

L'ÉVOLUTION DU SANCTORAL DES ÉGLISES DE ROME 139

6

10

11

12

14 15 19 22 23 25 28 29

30

Octava apostolorum S. Romuli, confessons Ss. Septem Fratrum, martyrum S. Felicitatis et filiorum eius Ss. Rufinae et Secundae, martyrum S. Pii, papae S. Benedicti, abbatis Ss. Naboris (et Felicis), martyrum S. Paterniani, episcopi Ss. Hermagorae et Fortunati, martyrum Ss. Iusti Amici et Phocati Ss. Cyrici et Iulittae, martyrum S. Praxedis, virginis S. Mariae Magdalenae S. Apollinaris, martyris S. Iacobi, apostoli Ss. Nazarii et Celsi, martyrum S. Felicis, papae Ss. Simplicii, Fausti et Beatricis, martyrum Ss. Abdon et Sennen, martyrum

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A

A

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A A A

Β Β Β

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Β Β

Β Β Β

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d

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Août

1 S. Pétri ad vincula S. Eusebii, episcopi Ss. Fratrum Macchabaeorum et Felicitatis

2 S. Stephani, papae 6 Transfiguratio DNIC

S. Xysti, papae et martyris Ss. Felicissimi et Agapiti Ss. Xysti, Felicissimi et Agapiti

7 S. Donati, martyris 8 S. Cyriaci, martyris 9 Vigilia S. Laurentii

10 S. Laurentii, martyris 11 S. Tyburtii, martyris

Ss. Tyburtii et Suzannae, martyrum 12 Ss. Eupli et Leucii, martyrum 13 S. Yppolyti, martyris

Ss. Yppolyti et Cassiani

A

A A

A A A A A

A A A

Β

Β Β

Β Β

Β Β

Β Β

Β

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C C C C C

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Page 139: Pierre Jounel, Le Culte des saints dans les basiliques du Latran et du Vatican au douzième siècle

140 LE DÉVELOPPEMENT DU CULTE DES SAINTS À ROME

14

15 17 18 22

24 25 28

29

30

S. Eusebii, presbyten Ss. Eusebii et Parmenii Vigilia Assumptionis Assumptionis beatae Mariae Octava S. Laurentii S. Agapiti, martyris S. Timothei, martyris Ss. Timothei et Symphoriani Ss. Timothei et Yppoliti, Symphoriani et Augustae, martyrum S. Bartholomei, apostoli S. Genesii, martyris S. Hermetis, martyris S. Augustini, episcopi S. Rufi, martyris Passio S. Iohannis Baptistae Decollatio S. Iohannis Baptistae S. Sabinae, martyris Ss. Felicis et Adaucti

Β C A ABC ABC ABC ABC

C A Β

A ABC

Β C ABC ABC

Β Β

A C ABC ABC

E E

E

Septembre

1

8

9 11 14

15 16

21 26 27 29 30

S. Prisci, martyris Ss. Prisci et XII Fratrum Nativitas beatae Mariae S. Adriani, martyris S. Gorgonii, martyris Ss. Proti et Iacinthi, martyrum Exaltatio S. Crucis Ss. Cornelii et Cypriani, martyrum S. Nicomedis, martyris S. Euphemiae, martyris Ss. Luciae et Geminiani, martyrum Ss. Euphemiae, Luciae et Geminiani S. Matthaei, apostoli Ss. Cypriani et Iustinae, martyrum Ss. Cosmae et Damiani, martyrum Dedicatio S. Michaelis S. Hieronymi, presbyteri Ss. Sophiae, Pistis, Elpis, Agapis, martyrum

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A A A A

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Page 140: Pierre Jounel, Le Culte des saints dans les basiliques du Latran et du Vatican au douzième siècle

L'ÉVOLUTION DU SANCTORAL DES ÉGLISES DE ROME 141

C d

Octobre

2 7

8 9

14

18 27 28 31

S. Leogardi, martyris S. Marci, papae Ss. Sergii et Bacchi, martyrum Ss. Pelagiae et Iustinae, martyrum Ss. Dionysii, Rustici et Eleutherii S. Callixti, papae et martyris Ss. Callixti et Gaudentii S. Lucae, evangelistae Vigilia Ss. Simonis et Iudae Ss. Simonis et Iudae, apostolorum Vigilia Omnium Sanctorum

Novembre

1

8 9

11

13

15 22 23

24 26 29

30

Omnium Sanctorum S. Cesarli, martyris S. Miniati, martyris S. Hilarii, episcopi Ss. IV Coronatorum Dedicatio basilicae Salvatoris S. Theodori, martyris S. Martini, episcopi S. Mennae, martyris Ss. Martini et Mennae Ss. Iohannis Chrysostomi et Britii S. Britii, episcopi S. Machuti, episcopi S. Ceciliae, martyris S. démentis, papae et martyris S. Felicitatis, martyris Ss. Clementis, Felicitatis cum VII filiis S. Chrysogoni, martyris S. Gaudentii, episcopi S. Saturnini, martyris Ss. Chrysanti, Mauri et Dariae, martyrum Vigilia S. Andreae S. Andreae, apostoli

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Page 141: Pierre Jounel, Le Culte des saints dans les basiliques du Latran et du Vatican au douzième siècle

142 LE DÉVELOPPEMENT DU CULTE DES SAINTS À ROME

Décembre

4

5 6 7

11 13 21 25 26 27 28 31

S. Barbarae, martyns Vigilia S. Sabae S. Sabae, monachi et eremitae S. Nicolai, episcopi S. Ambrosii, episcopi Octava S. Andreae S. Damasi, papae S. Luciae, martyris S. Thomae, apostoli S. Anastasiae, martyris S. Stephani, martyris S. Iohannis, apostoli et evangelistae Ss. Innocentium S. Silvestri, papae S. Columbae, martyris

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En parcourant le calendrier du 11e siècle, on constate une différence entre les deux semestres de l'année. Le premier est beaucoup plus abondamment pourvu en fêtes de saints que le second. Il le doit essentiellement au Calendrier de Sainte-Marie de l'Aven- tin (D), qui s'arrête au 12 juillet. Il ne convenait pourtant pas d'omettre ce témoignage, car il est important. On y trouve pour la première fois nombre de saints qui prendront place dans les calendriers du siècle suivant. Ce document marque donc un tournant dans le développement du sanctoral romain.

Pour découvrir les orientations nouvelles que reçoit le calendrier au 11e siècle, le mieux est de relever, mois après mois, les noms qui apparaissent pour la première fois, en les classant par catégories. On fera une analyse plus détaillée de chacune de ces catégories dans le prochain chapitre, où l'on étudiera les lignes de développement du sanctoral du 9e au 12e siècle.

Janvier

On trouve vingt-huit fêtes dans le calendrier du 1 Ie siècle contre dix dans celui du 9e et huit dans le calendrier du 10e siècle. Les dix-huit fêtes nouvelles se répartissent ainsi:

1 fête d'apôtre: la Conversion de saint Paul. 6 fêtes de martyrs: S. Timothée, Ss. Julien et Basilissa (Antinoé), S. Secundina (Ana-

gni), S. Emérentienne (Rome), S. Prix (Clermont), Ss. Cyr et Jean (Canope, Egypte).

Page 142: Pierre Jounel, Le Culte des saints dans les basiliques du Latran et du Vatican au douzième siècle

L'ÉVOLUTION DU SANCTORAL DES ÉGLISES DE ROME 143

4 ßtes de papes: S. Antéros, S. Hygin, S. Jean (Jean VI), S. Vitalien. 3 ßtes d'évêques: S. Basile de Cesaree, S. Isidore dont fait mention le martyrologe

hiéronymien25 S. Séverin (Sanseverino, Marches d'Ancóne). 4 ßtes de moines: S. Paul de Thèbes, S. Antoine, S. Maur et sainte Paule.

Février

On trouve quinze nouvelles fêtes par rapport au 9e siècle.

3 ßtes d'apôtres: la Chaire de saint Pierre, la vigile et la fête de S. Matthias. 7 ßtes de martyrs: S. Biaise (Sebaste), S. Théodore (Héraclée de Thrace), S. Dorothée

(Alexandrie), S. Sotère (Rome), Ss. Zotique, Irénée et Hyacinthe (Rome), Ss. Faustin et Jovite (Brescia), S. Julien (Cesaree).

2 ßtes de papes: S. Pelage II, S. Sirice (désigné à tort comme martyr). 2 ßtes d'évêques: S. Savin de Canossa, (et non de Chartres, comme le porte D), S.

Paul, évêque d'une ville inconnue dont fait mention le martyrologe de Saint-Pierre, à la suite du Hiéronymien, et non S. Paulin pape, comme l'annonce D, aucun pape n'ayant porté ce nom.

1 ßte de moniale: sainte Scholastique.

Mars

Le 1 Ie siècle ajoute seulement quatre fêtes à celles du 9e: les martyres Ss. Perpétue et Félicité de Carthage, les Quarante Martyrs de Sebaste, le pape S. Zacharie et le Père des Moines d'Occident S. Benoît.

Avril

Le calendrier du 1 Ie siècle contient quatorze nouvelles fêtes:

1 ßte d'évangéliste: S. Marc (la fête de l'apôtre S. Matthias, mentionnée en A, est inscrite au 24 février en A C D).

4 ßtes de martyrs: S. Euphémie de Chalcédoine (date du Gélasien), S. Victor de Nicomédie (et non le pape homonyme, comme le voudrait D), S. Adalbert de Prague (t 997), les trois compagnons de Daniel, Sidrac, Misac et Abdenago26.

25 H. Delehaye, Commentarius perpetuus in Martyrologium hieronymianum, I.e., p. 31. 26 Au 19e siècle, la tradition voulait encore que les reliques des saints Sidrac, Misac et Abdé-

nago soient conservées à Rome sous l'autel qui leur était dédié dans l'église Saint-Adrien au Forum. Cf. X. Barbier De Montault, L'Année liturgique à Rome, Rome 1870, p. 130. On a pu souhaiter les commémorer au lendemain des fêtes pascales, où le récit des trois Enfants dans la fournaise constituait la 12e lecture de l'Office du samedi saint.

Page 143: Pierre Jounel, Le Culte des saints dans les basiliques du Latran et du Vatican au douzième siècle

144 LE DÉVELOPPEMENT DU CULTE DES SAINTS À ROME

9 ßtes de papes: S. Xyste Ier, S. Célestin, S. Donus, S. Léon le Grand, S. Anicet, S. Léon IX (f 1054), S. Agapit, S. Libère et S. Benoît II, S. Anaclet et S. Marcellin.

Mai

Le mois de mai présente dix fêtes nouvelles par rapport au 10e siècle:

1 fête d'ange: l'Apparition de S. Michel au Mont Gargan. 7 ßtes de martyrs: S. Juvénal (Narni), S. Epimaque (Alexandrie, compagnon de S.

Gordien), S. Christine (de Bolsena?), S. Antime (martyr romain pris pour un pape par D), S. Boniface (personnage légendaire titulaire d'un célèbre monastère de l'Aventin), S. Félix (martyr romain confondu avec un pape homonyme), S. Pétronille.

lßte de pape: S. Jean Ier. D annonce S. Jean Ier le 27 mai et, le lendemain, la Repor- tatio Iohannis papae. En fait, le pape Jean Ier mourut prisonnier de Théodoric à Ravenne le 18 mai 526, et son corps fut transféré dans la basilique vaticane le 27 mai 530.

1 ßte d'évêque: S. Zénobius (Florence).

Juin

Le calendrier de juin ajoute dix fêtes à celui du 10e siècle.

3 ßtes d'apôtres: S. Barnabe, S. Barthélémy (13 juin), S. Jacques fils d'Alphée (22 juin).

6 ßtes de martyrs: S. Proculus (Bologne), S. Erasme (Formia, Campanie), Ss. Modeste et Crescence, compagnons de Vite (Lucanie), S. Donat (Arezzo), Ss. Nicandre et Marcien, martyrs de Silistra (Bulgarie) vénérés à Atina (Campanie), les Mille quatre cent quatre-vingt Martyrs de Samarie (vers 625). Le nom de S. Tripotis (12 juin) n'est qu'une déformation de celui de la ville de Tripoli27. On retrouvera au 15 juillet la fête de Cyr et Julitte mentionnée en C au 16 juin.

1 ßte de pape: S. Silvère, mort en déportation.

Juillet

Le calendrier du 11e siècle offre seize fêtes nouvelles:

L'octave de saint Jean-Baptiste. La fête de sainte Marie Madeleine. 1 ßte d'apôtre: S. Jacques, frère de Jean.

27 H. Delehaye, Commentarius perpetuus in Martyrologium hieronymianum, Le, p. 316.

Page 144: Pierre Jounel, Le Culte des saints dans les basiliques du Latran et du Vatican au douzième siècle

L'ÉVOLUTION DU SANCTORAL DES ÉGLISES DE ROME 145

6 fêtes de martyrs: Ss. Rufine et Seconde (Rome), Ss. Nabor et Félix (Milan), Ss. Her- magoras et Fortunat (Aquilée), S. Phocas (Sinope, Turquie), Ss. Cyr et Julitte (Tarse), Ss. Nazaire et Celse (Milan).

1 fête de pape: S. Pie Ier. 5 ßtes d'évêques: Ordination et translation de S. Martin (Tours), S. Paternien (Bolo

gne ou Fano), S. Romulus (Fiesole), S. Just (Lyon), et S. Ami, évéque de Gaule dont le nom est joint à celui de Just (MH 374).

l ßte de moine: seconde fête de S. Benoît.

Août

Le mois d'août apporte dix fêtes nouvelles: La Transfiguration du Seigneur. 1 fête d'apôtre: S. Barthélémy. 5 ßtes de martyrs: S. Félicité jointe aux Frères Macchabées, S. Cassien (Imola), S.

Yppolyte (Porto), S. Ruf (Capoue), S. Augusta (Serravalle). 3 fêtes d'évêques: S. Eusèbe (Verceil), S. Leucius (Brindisi), S. Augustin. 1 ßte de prêtre: S. Parmenius (?). Peut-être s'agit-il du prêtre martyr perse, dont

le martyrologe de Saint-Pierre cite le nom le 22 avril.

Septembre Au mois de septembre on ne trouve que cinq fêtes nouvelles. Quatre sont des fêtes

de martyrs: S. Prisque (Capoue), Ss. XII Frères (Bénévent), Ss. Cyprien et Justine (personnages légendaires), S. Sophie et ses trois filles (Rome?). A ces fêtes s'ajoute celle de S. Jérôme.

Octobre

Le calendrier du 11e siècle propose sept fêtes nouvelles:

1 ßte d'évangéliste: S. Luc. 4 ßtes de martyrs: S. Léger (Autun), Ss. Serge et Bacchus (Rosafa, Syrie), S. Justine

(Padoue), Ss. Denys, Rustique et Eleuthère (Paris). 1 ßte d'évêque: S. Gaudentius (Rimini). 1 ßte de pénitente: S. Pélagie (Jérusalem).

Novembre Pour le mois de novembre, voici huit fêtes nouvelles:

La Dédicace de la basilique du Saint-Sauveur. 2 ßtes de martyrs: S. Miniato (Florence), Ss. Chrysanthe, Maur et Darie (Rome).

Page 145: Pierre Jounel, Le Culte des saints dans les basiliques du Latran et du Vatican au douzième siècle

146 LE DÉVELOPPEMENT DU CULTE DES SAINTS À ROME

4 fêtes d'évêques: S. Hilaire (Poitiers), S. Jean Chrysostome (à la date byzantine du 13 novembre), S. Brice (Tours), S. Maio (Bretagne).

1 fête d'ermite: S. Gaudentius (ermite en Toscane). Mais il se peut que le personnage soit légendaire et que le patron de San Godenzo soit en réalité S. Gaudentius, évêque de Rimini, déjà fêté le 14 octobre.

Décembre

Le calendrier du 1 Ie siècle présente huit fêtes nouvelles:

2 fêtes d'apôtres: l'octave de S. André, S. Thomas. 2 fêtes de martyres: S. Barbara (Nicomédie?), S. Colombe (Sens). 1 fête de pape: S. Damase. 2 fêtes d'évêques: S. Nicolas (Myre), S. Ambroise. 1 fête de moine: S. Saba (Judée) avec sa vigile.

Au terme de ce relevé on constate que le 1 Ie siècle ajoute cent-vingt-six fêtes aux quatre-vingt-seize saints dont faisait mention le calendrier du 9e siècle. L'antique calendrier romain est submergé sous les noms venant de toutes parts, de Rome même, mais surtout de l'extérieur: moins des Pays nordiques que des diverses régions d'Italie et de l'Orient. Au milieu des martyrs, des évêques et des moines, émergent les fêtes des Apôtres (dont la Conversion de S. Paul et la Chaire de S. Pierre), tandis qu'apparaissent pour la première fois les fêtes de la Transfiguration du Seigneur et de la Dédicace du Saint- Sauveur.

IV - LE SANCTORAL DU 12e SIÈCLE

Durant tout le 12e siècle la vie de l'Eglise romaine connaît bien des soubresauts (voir pp. 189-190). Si le 1er Concile du Latran consacre la victoire de la Réforme grégorienne au lendemain du Concordat de Worms, qui met fin à la Querelle des Investitures (1122), le schisme d'Anaclet, puis la révolution communale et la renaissance du conflit entre le Pape et l'Empereur germanique n'offrent guère un cadre propice à l'épanouissement des formes liturgiques. Et pourtant on doit constater cet épanouissement. En ce qui concerne le culte des saints, si le sanctoral ne poursuit pas son développement sur la lancée du siècle précédent, il assimile le meilleur de ses acquisitions.

Avant d'aborder l'étude du calendrier du Latran et de celui du Vatican durant la seconde moitié du 12e siècle, il ne sera pas inutile de recueillir le témoignage d'un certain nombre de manuscrits romains datant de la fin du 11e siècle ou du cours du 12e. Ils sont au nombre de six.

Page 146: Pierre Jounel, Le Culte des saints dans les basiliques du Latran et du Vatican au douzième siècle

L'ÉVOLUTION DU SANCTORAL DES ÉGLISES DE ROME 147

G Antiphonaire du Latran (Vat. lat. 5319), décrit supra pp. 40-41. H Rituel-collectaire de Saint-Pierre (Archivio San Pietro F 11), décrit supra p. 44, texte pp.

67-70. I Evangéliaire-capitulaire romain (y at. lat. 44), décrit supra p. 32. J Sacramentaire de Saint-Tryphon (Archivio San Pietro F 14), décrit supra pp. 36-37, texte

pp. 70-74. Κ Passionnaire du Latran (Archivio Lateranense A 80), décrit supra pp. 47-48, texte pp.

74-77. L Sacramentaire du Latran ou du Vatican (Vat. S. Maria Maggiore 40), décrit supra pp.

37-38, texte pp. 77-80.

1 S. Basilii, episcopi S. Martinae, virginis

6 Ss. Iuliani et Celsi, martyrum 13 S. Hylarii, episcopi 14 S. Felicis in Pincis 15 S. Mauri, abbatis 16 S. Marcelli, papae 17 S. Antonii, monachi 18 S. Priscae, virginis 20 S. Sebastiani, martyris

S. Fabiani, papae et martyris Ss. Fabiani et Sebastiani, Marii, Marthae et Abacuc

21 S. Agnetis, martyris 22 S. Vincentii, martyris

S. Anastasii, martyris Ss. Vincentii et Anastasii

23 Ss. Emerentianae et Macharii, martyrum 25 Conversio S. Pauli 28 S. Agnetis secundo 31 Ss. Cyri et Iohannis, martyrum

Février

2 Ypapanti"

G L Purificatio beatae Mariae H I J

3 S. Blasii, episcopi J 5 S. Agathae, martyris G H I J L

10 S. Scholasticae, virginis H J L

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148 LE DÉVELOPPEMENT DU CULTE DES SAINTS À ROME

14 S. Valentini, martyris 15 Ss. Faustini et Iovitae, martyrum 17 S. Iulianae, martyris 22 Cathedra S. Pétri 24 S. Matthiae, apostoli

Mars

Avril

Mai

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7 Ss. Perpetuae et Felicitatis, martyrum L 9 Ss. XL Martyrum H J L

12 S. Gregorii, papae G H J L 21 S. Benedicti, abbatis H J L 25 Annuntiatio beatae Mariae G H J L

1 1 S. Leonis, papae J L 14 Ss. Tyburtii, Valeriani et Maximi, martyrum G H I J L 23 S. Georgii, martyris G H J L 25 S. Marci, evangelistae H J L 28 S. Vitalis, martyris G H I J L

1 Ss. Philippi et Iacobi, apostolorum G H I J L 3 Inventio S. Crucis G H J L

Ss. Alexandri, Eventii et Theoduli martyrum G I L Ss. Alexandri, Eventii, Theoduli et Iuvenalis H J

6 S. Iohannis ante Portam latinam H J L 8 Apparitio (Revelatio) S. Michaelis J L

10 S. Gordiani, martyris I Ss. Gordiani et Epimachi G H J L

11 S. Antimi, martyris J 12 S. Pancratii, martyris I

Ss. Nerei et Achillei, martyrum I Ss. Pancratii, Nerei et Achillei G H J L

13 Dedicatio S. Mariae ad Martyres I J L 19 S. Pudentianae, martyris G H I J 20 S. Basilissae, martyris I 25 S. Urbani, papae et martyris G H I J L

Page 148: Pierre Jounel, Le Culte des saints dans les basiliques du Latran et du Vatican au douzième siècle

L'ÉVOLUTION DU SANCTORAL DES ÉGLISES DE ROME 149

Juin

1 S. Nicomedis, martyris 2 Ss. Marcellini et Pétri, martyrum 9 Ss. Primi et Feliciani, martyrum

11 S. Barnabae, apostoli 12 S. Basilidis, martyris

Ss. Basilidis, Cyrini, Naboris et Nazarii 15 S. Viti, martyris

Ss. Viti, Modesti et Crescentiae 18 Ss. Marci et Marcelliani, martyrum 19 Ss. Gervasii et Protasiì, martyrum 22 Ss. Multorum Martyrum 23 Vigilia S. Iohannis Baptistae 24 Natale S. Iohannis Baptistae 26 Ss. Iohannis et Pauli, martyrum 28 S. Leonis, papae

Vigilia Ss. Petri et Pauli Vigilia S. Petri

29 Ss. Petri et Pauli S. Petri, apostoli

30 S. Pauli, apostoli

Juillet

2 Ss. Processi et Martiniani, martyrum 6 Octava apostolorum

10 Ss. VII Fratrum, martyrum Ss. Rufinae et Secundae, martyrum

1 1 Inventio corporis S. Benedicti 12 Ss. Naboris et Felicis, martyrum 15 Ss. Quirici et Iulittae, martyrum 17 S. Alexii, confessoris

S. Marinae, martyris 18 S. Emiliani, martyris

Ss. Ss. Symphorosae et VII fìliorum 21 S. Praxedis, martyris

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28 Dans le sacramentaire de Saint-Tryphon (J), les fêtes des Ss. Nabor et Félix et de sainte Marie Madeleine sont inscrites en marge, mais de la même main.

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150 LE DÉVELOPPEMENT DU CULTE DES SAINTS À ROME

22 23 25

27 28 29

30

S. Mariae Magdalenae S. Apollinaris, martyris S. Iacobi, apostoli S. Euphrasiae, martyris S. Pantaleonis, martyris Ss. Nazarii et Celsi, martyrum S. Felicis, papae Ss. Simplicii, Faustini et Beatricis S. Seraphiae, virginis Ss. Felicis, Simplicii, Faustini et Beatricis Ss. Fei., Simpl., Faust., Beat, et Seraphiae Ss. Abdon et Sennen, martyrum

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Août

1 S. Pétri ad vincula Ss. Macchabeorum

2 S. Stephani, papae 3 Inventio (Translatio) S. Stephani 5 Vigilia Transfigurationis Domini 6 Transfiguratio Domini

S. Xysti, papae et martyris Ss. Felicissimi et Agapiti Ss. Xysti, Felicis. et Agapiti

7 S. Donati, martyris Ss. Donati et Hylariani

8 S. Cyriaci, martyris Ss. Largì, Cyriaci et Smaragdi

9 S. Romani, martyris Vigilia S. Laurentii

9 (?) Ss. VII Dormientium 10 S. Laurentii, martyris 11 S. Tyburtii, martyris

S. Susanne martyris Ss. Tyburtii et Susanne

12 Ss. Eupli et Leucii, martyrum 13 S. Yppoliti, martyris

S. Cassiani, martyris Ss. Yppoliti et sociorum, martyrum Ss. Yppoliti et Cassiani, martyrum

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L'ÉVOLUTION DU SANCTORAL DES ÉGLISES DE ROME 151

14 S. Eusebii, confessons G H I J Κ L Vigilia Assumptionis G H J L

15 Assumptio beatae Mariae H I J L 17 Octava S. Laurentii J L 18 S. Agapiti, martyris G H I J Κ L 19 S. Magni, martyris J 22 S. Timothei, martyris I

Ss. Timothei et Symphoriani, martyrum L Ss. Timothei et Yppoliti, martyrum G J

24 S. Bartholomaei, apostoli H I J L Ss. Aureae et sociorum martyrum Κ

25 S. Bartholomaei, apostoli K S. Genesii, martyris G Κ

28 S. Hermetis, martyris G H I L Ss. Hermetis et Balbinae J S. Augustini, episcopi H J Κ L

29 Decollatio S. Iohannis Baptistae G I J Κ L Revelatio capitis S. Iohannis Baptistae H S. Sabinae, martyris G I J Κ L

30 Ss. Felicis et Adaucti, martyrum G H J Κ L

Septembre

1 S. Egidii, monachi H J Κ Ss. XII Fratrum martyrum H J S. Prisci, martyris J

3 S. Antonini, martyris H Κ Ss. Zenonis et Antonini J

8 Nativitas beatae Mariae G H I J Κ L S. Adriani, martyris G I J Κ L

9 S. Gorgonii martyris L 11 Ss. Proti et Iacinthi, martyrum G IJ L

Ss. Eugeniae, Proti et Iacinthi Κ 14 Exaltatio S. Crucis G H I J Κ L

Ss. Comelii et Cypriani, martyrum G H I J Κ L 15 S. Nicomedis, martyris G I J K. L 16 S. Euphemiae, martyris Κ L

Ss. Luciae et Geminiani, martyrum G KL Ss. Euphemiae, Luciae et Geminiani H I J

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152 LE DÉVELOPPEMENT DU CULTE DES SAINTS À ROME

20

21 22 23 26 27 28 29

30

Octobre

Ss. Eustachii et sociorum, martyrum Vigilia S. Matthaei S. Matthaei, apostoli et evangelistae Ss. Mauritii et sociorum martyrum S. Teclae, virginis et martyris Ss. Cypriani et Iustinae, martyrum Ss. Cosmae et Damiani, martyrum Vigilia S. Michaelis Dedicatio S. Michaelis Memoria (Apparitio) S. Michaelis S. Hieronymi, presbyteri

7 S. Marci, papae Ss. Sergii et Bacchi, martyrum Ss. Marcelli et Apulei, martyrum

9 Ss. Dionysii et sociorum, martyrum 14 S. Callixti, papae et martyris 18 S. Lucae, evangelistae 21 S. Hylarionis, monachi 25 Ss. Chrysanthi et Dariae, martyrum 26 S. Demetrii, martyris 27 Vigilia Ss. Simonis et Iudae 28 Ss. Simonis et Iudae, apostolorum 31 Vigilia Omnium Sanctorum

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Novembre

1

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Omnium Sanctorum S. Cesarii, martyris S. Leonardi, confessons Ss. IV Coronatorum Dedicatio basilicae Salvatoris S. Theodori, martyris S. Tryphonis, martyris Ss. Tryphonis et Respicii

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29 Des folios manquent au Rituel-collectaire de Saint-Pierre entre le 18 octobre et le 8 bre.

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11

12 13

15 22 23

24 25 27 29

30

S. Martini, episcopi S. Mennae, martyris S. Martini, papae et martyris S. Britii, episcopi Ss. Chrysostomi et Britii, episcoporum S. Machuti, episcopi S. Ceciliae, martyris S. Clementis, papae et martyris S. Felicitatis, martyris Ss. Felicitatis et fìliorum S. Chrysogoni, martyris S. Katharinae, martyris S. Iacobi Intercisi, martyris Vigilia S. Andreae S. Saturnini, martyris Ss. Saturnini et Sisinii S. Andreae, apostoli

L'ÉVOLUTION DU SANCTORAL DES ÉGLISES DE ROME 153

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11 13

20 21 24 25 26 27 28

S. Bibianae, martyris Ss. Bibianae, Dafrosae, Demetriae S. Barbarae, martyris S. Sabae, monachi S. Nicolai, episcopi S. Ambrosii, episcopi S. Savini, episcopi S. Damasi, papae S. Luciae, martyris S. Eustratii, martyris Ss. Eustratii, Auxentii et socioram S. Eugeniae, martyris S. Thomae, apostoli S. Gregorii, martyris S. Anastasiae, martyris S. Stephani, protomartyris S. Iohannis, apostoli et evangelitae Ss. Innocentium

Page 153: Pierre Jounel, Le Culte des saints dans les basiliques du Latran et du Vatican au douzième siècle

154 LE DÉVELOPPEMENT DU CULTE DES SAINTS λ ROME

29 S. Thomae, episcopi et martyris L30 31 S. Silvestri, papae G H I J L

Le sanctoral du 11e siècle avait ajouté cent-vingt-trois fêtes à celles des siècles précédents. Celui du 12e siècle offre seulement trente-sept fêtes nouvelles, et encore onze d'entre elles ne sont-elles attestées que par le passionnaire du Latran. De plus, tandis que le sanctoral du 11e siècle comporte près de deux-cent-vingt noms, celui du 12e n'en présente guère plus de cent-quatre-vingt-dix. Si l'on a conservé l'apport le plus marquant du siècle précédent, à savoir les fêtes des Apôtres et des Evangélistes, des grands docteurs de l'Eglise et des pères du monachisme, on a laissé de côté nombre de mentions secondaires, en particulier la plupart des papes inscrits au calendrier de l'Aventin et que nous retrouverons dans les calendriers du Latran et du Vatican à la fin du siècle.

Les fêtes nouvelles témoignent du succès des Passions des martyrs au moyen âge. En effet, en dehors de celles de saint Hilarion et de quatre saints transalpins (S. Hilaire, S. Léonard, S. Gilles et S. Maio), ce sont toutes des fêtes de martyrs. En voici la liste.

Janvier

6 Ss. Julien et Celse (Antinoé, Egypte)31. 20 Ss. Marius, Marthe et Abacuc (Rome).

Février

17 S. Julienne (Cumes).

Mai

20 S. Basilissa (= Basilla, Rome).

Juillet

18 S. Emilien (Silistra, Bulgarie). Ss. Symphorose et ses sept fils (Tivoli).

20 S. Marina (Antioche de Syrie).

30 En fait, dans le sacramentaire de l'Archivio di S. Maria Maggiore (Κ) la mention de saint Thomas de Cantorbéry n'est pas insérée au 29 décembre, mais entre les fêtes de S. Etienne et de S. Jean, ce qui prouve qu'il s'agit d'une addition faite avec quelque maladresse dans la reproduction d'un manuscrit antérieur.

31 S. Julien se trouve déjà au calendrier du 11e siècle avec S. Basilissa (13 janvier), et S. Celse appartient au même groupe. Aussi ne le faisons-nous pas entrer dans le compte des fêtes nouvelles.

Page 154: Pierre Jounel, Le Culte des saints dans les basiliques du Latran et du Vatican au douzième siècle

L'ÉVOLUTION DU SANCTORAL DES ÉGLISES DE ROME 155

25 S. Euphrasie (Meaux, France)32. 27 S. Pantaléon (Nicomédie).

Août

7 S. Hilarian (Ostie). 8 Ss. Large et Smaragde (Rome). 9 S. Romain (Rome).

Ss. Sept Dormants (Ephèse). 19 S. Magne (Anagni). 22 S. Hippolyte (Porto). 24 Ss. Aurea et ses compagnons (Ostie). 28 S. Balbine (Rome).

Septembre

3 S. Antonin (Apamée, Syrie). S. Zenon (Nicée).

20 Ss. Eustache et ses compagnons (?). 23 S. Thècle (?). 26 Ss. Cyprien et Justine (?).

Octobre

26 S. Démétrius (honoré à Thessalonique).

Nove

10 12 25 27 29

mbre

Ss. Tryphon (Phrygie) et Respice (?). S. Martin Ier, pape. S. Catherine (?). S. Jacques l'Intercis (Perse). S. Sisinius (Rome)33.

32 Nous n'avons trouvé le nom d'Euphrasie que dans les Auctaria ajoutées par Du Sollier à son édition du Martyrologe d'Usuard. Voir J. B. Sollerii, Martyrologium Usardi monachi, editio novissima, Paris et Rome 1866, p. 385.

33 Le Martyrologe de Bède fait de Sisinius un compagnon de Saturnin de Rome d'après les Gesta S. Marcelli. Cf. H. Quentin, Les Martyrologes historiques du moyen âge, I.e., p. 83. Il fut suivi par Adon, mais non par Usuard. Conformément à la tradition dont témoigne le sacramentaire géla- sien (I.e., p. 164), le sanctoral du 11e siècle rattache à S. Saturnin les martyrs Chrysanthe et Darie, que celui du 12e honore séparément le 25 octobre.

Page 155: Pierre Jounel, Le Culte des saints dans les basiliques du Latran et du Vatican au douzième siècle

156 LE DÉVELOPPEMENT DU CULTE DES SAINTS À ROME

Décembre

2 Ss. Bibiane, Dafrosa et Demetria (Rome). 7 S. Savin (Spolète).

13 Ss. Eustrate et ses compagnons (martyrs arméniens vénérés à Rome). 20 S. Eugénie (Rome). 24 S. Grégoire (Spolète). 29 S. Thomas de Cantorbéry (Angleterre).

Le 12e siècle met ainsi en relief l'importance des martyrs dans le culte des saints, ce en quoi il s'accorde tout-à-fait avec la tradition chrétienne la plus ancienne. Il nous reste à esquisser une synthèse des lignes selon lesquelles s'est développé le sanctoral romain durant les quatre siècles qui séparent l'avènement de Léon III (795) de la mort d'Alexandre III (1181).

Page 156: Pierre Jounel, Le Culte des saints dans les basiliques du Latran et du Vatican au douzième siècle

CHAPITRE III

LES LIGNES DE DÉVELOPPEMENT DU SANCTORAL ROMAIN

Si l'on compare le calendrier du 9e siècle et ceux des 11e et 12e siècles, on constate un développement considérable du sanctoral. Ce développement s'est poursuivi selon quatre lignes: le culte des douze Apôtres s'est introduit dans la liturgie romaine, alors qu'il était déjà florissant dans les autres contrées d'Occident; le culte des martyrs s'est étendu à de nombreux saints d'Italie et d'Orient, perdant ainsi son caractère strictement local; le culte des papes a reçu une impulsion décisive dans la seconde moitié du 1 Ie siècle; enfin les églises de Rome se sont ouvertes, assez timidement il est vrai, au culte des grands docteurs et des pères du monachisme. Essayons d'illustrer chacun de ces points.

I - LE CULTE DES APÔTRES

Le culte des apôtres Pierre et Paul a constitué, après la paix constantinienne, le noeud originel du sanctoral romain. A ce culte devait s'ajouter, dans la seconde moitié du 5e siècle, celui de saint Jean et de saint André puis, un siècle plus tard, celui des saints Philippe et Jacques. C'est ainsi qu'au temps de saint Grégoire le Grand six Apôtres étaient inscrits au calendrier de Rome et leur culte solidement implanté, du Vatican au Latran, dans la topographie de la Ville. Mais il faudrait attendre un demi-millénaire pour trouver le Collège apostolique au complet dans le calendrier des basiliques papales.

LE CULTE DES APÔTRES AU SEUIL DU 9e SIÈCLE

Saint Pierre et saint Paul

Selon le Chronographe de 354, Rome célébrait, le 22 février, le Natale Pétri de Cathedra et, le 29 juin, la solennité de Pierre et de Paul. Mais, au début du 9e siècle, la fête du 22 février était tombée en désuétude depuis plusieurs siècles. Quant à celle du 29 juin, elle s'étalait désormais sur deux jours: le 29 juin, on fêtait saint Pierre dans la basilique vaticane et, le lendemain, on célébrait saint Paul dans celle de la via Ostiense.

Au milieu du 5e siècle était apparue une fête secondaire des deux Apôtres avec la dédicace de la basilique érigée en leur honneur sur l'Esquilin au lendemain du Concile

Page 157: Pierre Jounel, Le Culte des saints dans les basiliques du Latran et du Vatican au douzième siècle

158 LE DÉVELOPPEMENT DU CULTE DES SAINTS À ROME

d'Ephèse (1er août). Mais, au 9e siècle, on n'y vénérait plus que saint Pierre «aux liens», car entre-temps cette église avait reçu en dépôt les chaînes de l'Apôtre.

Saint Jean

Lors du «brigandage» d'Ephèse (449), le diacre Hilaire, légat du pape saint Léon le Grand, s'était réfugié près du tombeau de saint Jean le Théologien pour échapper à l'émeute. Devenu le pape Hilaire Ier (461-468), il introduisit le culte de son protecteur au Latran, en lui érigeant un oratoire dans le baptistère. Il y avait déjà un siècle qu'on célébrait en Orient la fete de saint Jean dans les jours qui suivent Noël. Peut-être cette fete avait-elle été reçue à Rome entre temps, mais on n'en a aucune preuve.

Le sacramentaire grégorien fait mention au 6 mai de la dédicace de la basilique érigée près de la porta Latina en mémoire du supplice de l'huile bouillante que saint Jean aurait subi en ce lieu. Mais, si la basilique remonte au 6e siècle, la fête avait encore conservé un caractère local à Rome au 9e siècle. Son inscription au sacramentaire papal peut s'expliquer par la proximité de la porta Latina par rapport au Latran.

Saint André

C'est le pape Simplicius (468-483) qui introduisit le culte de saint André à Rome, en lui dédiant une basilique sur l'Esquilin. Peu après le pape Symmaque (498-514) instaurait au Vatican le culte du frère de Pierre: il lui consacra l'un des deux mausolés construits au sud de la basilique. A la fin du 6e siècle, le pape saint Grégoire le Grand devait, à son tour, ériger un nouveau centre de culte en l'honneur de celui que la liturgie appelle ger- manus Pétri et in passione socius: il lui dédia la basilique qu'il aménagea dans sa maison paternelle sur le Coelius. Quant à la date du 30 novembre pour la fête de Saint André, elle est commune à Rome, à Byzance, à Antioche et à Alexandrie.

Saint Philippe et saint Jacques

Le pape Jean III (561-574) dédia aux saints Philippe et Jacques la basilique dont son prédécesseur Pelage Ier avait entrepris la construction au pied du Quirinal en ex-voto pour la libération de Rome de la domination gothique:

Pelagius coepit, complevit Iohannes. . . Quisquis lector adest Iacobi pariterque Philippi cernât apostolicum inesse locis1 .

La dédicace eut lieu un 1er mai par la déposition des reliques des deux saints titulaires. C'est, depuis le 14e siècle, la basilique des Douze-Apôtres.

Les deux inscriptions sont citées par L. Duchesne, Le Liber Pontiflcalis, tome Ier, p. 206.

Page 158: Pierre Jounel, Le Culte des saints dans les basiliques du Latran et du Vatican au douzième siècle

LES LIGNES DE DÉVELOPPEMENT DU SANCTORAL ROMAIN 159

Saint Thomas

Le culte de saint Thomas est attesté par le Gélasien ancien, où la collecte de la messe fait allusion à un patronage2. Peut-être faut-il mettre ce formulaire en relation avec l'oratoire que le pape Symmaque avait dédié à saint Thomas dans la rotonde de saint André au Vatican3, mais on ne trouve aucune autre trace d'un culte de cet Apôtre à Rome dans le haut moyen âge.

Tous les saints Apôtres

Après la reconquête de Rome par Narsès au milieu du 6e siècle, l'influence byzantine ne manqua pas de s'exercer en tous les domaines. Saint Grégoire le Grand devra se défendre, un jour, d'avoir introduit des usages grecs dans la liturgie. De même qu'on célébra pendant quelques temps à Rome la fête byzantine de Toussaint le dimanche qui suit la Pentecôte4, ainsi la fête que l'Orient célèbre le 30 juin en l'honneur des Douze Apôtres fut-elle reçue à Rome au moins en quelques églises. Le sacramentaire de Vérone contient parmi les messes des saints Pierre et Paul un formulaire en l'honneur omnium Apostolorum avec une préface évoquant la Jérusalem céleste, quae duodecim solidata lapi- dibus apostolorum chorus aeclesiae spiritali constructione déclarât*. Au début du 7e siècle, le sacramentaire gélasien donne des textes pour le Natale omnium Apostolorum et sa vigile6. On peut regretter que cette fête du Collège apostolique, commune à la quasi totalité des rites orientaux, ne se soit pas enracinée dans la tradition romaine.

LE CULTE DES APÔTRES DU 9e AU 12« SIÈCLE

Au seuil du 9e siècle, Rome restait encore fidèle à une conception du culte des saints héritée de la tradition antique, selon laquelle ce culte suppose un point d'appui matériel, le tombeau d'un martyr, d'un évêque ou d'un ascète, ou une basilique érigée en son honneur. De ce lieu saint le culte se diffuse avec plus ou moins d'ampleur dans les autres églises de la Ville. C'est ce qui explique qu'à la suite de saint Pierre et de saint Paul, seuls les apôtres Jean, André, Philippe et Jacques, Matthieu7, Thomas, avaient reçu droit de cité dans la liturgie-romaine.

2 Liber sacramentorum romanae Aecclesiae, édit. C. Mohlberg, I.e., n° 1088. 3 L. Duchesne, Le Liber Pontificate, tome 1er, p. 261. 4 Voir supra, p. 104. 5 Sacramentarium Veronense, édit. C. Mohlberg, Coll. Rerum ecclesiasticarum documenta, Rome

1956, n° 354. 6 Liber sacramentorum romanae< Aecclesiae, édit. C. Mohlberg, I.e., n° 939-945. 7 Une basilique en l'honneur de saint Matthieu existait dès le 5e siècle sur la via Merulana,

mais aucun document liturgique n'y fait allusion avant le Capitulare evangeliorum du Vat. lat. 5465 {supra, p. 31).

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160 LE DÉVELOPPEMENT DU CULTE DES SAINTS À ROME

Mais, à cette époque, en Pays francs aussi bien qu'en Italie du nord et du sud, une autre conception du culte des Apôtres s'était répandue: on honorait en eux les disciples privilégiés de Jésus, les colonnes de l'Eglise, et chacun d'eux avait pris place au calendrier de la plupart des églises cathédrales ou monastiques. C'est ainsi que, dès le 8e siècle, on trouve leurs fêtes dans les sacramentaires dits Gélasiens du 8e siècle8 et dans le Capitulare evangeliorum du type Δ de Klauser9. En remontant plus haut, on relève plusieurs fêtes d'Apôtres dans les sacramentaires gallicans de la fin du 7e siècle10 et la date de chacune d'elles est mentionnée dans le Martyrologe hiéronymien, comme on le verra plus loin.

Dans le cours du 9e et du 10e siècle, la situation n'évolue guère à Rome en ce domaine. C'est seulement au 11e siècle, à l'époque où l'influence germanique devient prépondérante, que le culte des Apôtres a reçu dans la liturgie papale la place qu'il devait y tenir jusqu'à nos jours, comme le montre le tableau suivant.

9e siècle

21 septembre S. Matthieu

10e siècle

6 mai 27 octobre 28 octobre

S. Jean à la Porte Latine Vigile des Ss. Simon et Jude Ss. Simon et Jude

1 Ie siècle

25 janvier 22 février 23 février 24 février

Conversion de S. Paul Chaire de S. Pierre Vigile de S. Matthias S. Matthias

A Β C D E A Β C D E

D A CD

8 Comme témoin de cette famille de sacramentaires, on peut prendre celui de Saint-Gall {Cod. Sangall. 348) édité par C. Mohlberg, Das frankische Sacramentarium Gelasianum in alamannischer Überlieferung, I.e.: Conversion de S. Paul (n° 31), Chaire, de S. Pierre (42), Saint-Jean Porte Latine (127), S. Jacques frère de S. Jean (179), Saint-Pierre-aux-liens (184), S. Barthélémy (205), S. Matthieu (225), S. Luc (239), Ss. Simon et Jude (241 et 242), S. Thomas (276).

9 Th. Klauser, Das Romische Capitulare evangeliorum, I.e., p. 131-172. 10 On y trouve, en particulier la Conversion de S. Paul, la Chaire de S. Pierre, la fête de S. Jean

au 6 mai et, au 27 décembre, celle de S. Jacques jointe à celle de son frère. Pour une étude plus détaillée on pourra se référer au tableau comparatif des divers lectionnaires de type gallican établi par P. Salmon, Le Lectionnaire de Luxeuil, Coll. Collectanea biblica latina vol. VII, Roma 1944, pp. CI - CXXIII.

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25 30 11 13 22 25

1 24 18 21

avril avril juin juin juin juillet août août octobre décembre

S. Marc S. Matthias S. Barnabe S. Barthélémy S. Jacques fils d'Alphée S. Jacques S. Pierre-aux-liens S. Barthélémy S. Luc S. Thomas

LES LIGNES DE DÉVELOPPEMENT DU SANCTORAL ROMAIN 161

Β C D E F A AB D A b ABC

Β C ABC ABC ABC E ABC

En recevant des Pays francs les fêtes des Apôtres, le sanctoral romain des 9e-10e siècles en a reçu en même temps les dates de leur célébration. Dans l'étude analytique des calendriers du Latran et du Vatican on indiquera le fondement de chacune d'elles. Mais il convient de signaler dès maintenant la source de laquelle dépendent tous les calendriers, à savoir le martyrologe hiéronymien dans sa rédaction de la fin du 6e siècle. Le martyrologe insère les noms des Apôtres au jour d'incidence de leur commémoration, mais, à la fin de la lettre pseudo-hiéronymienne qui lui sert de prologue, il contient un catalogue de leurs fêtes, ut dies varii non vìdeantur dividere quos una dignitas apostolatus in caelesti gloria fecit esse sublimes11. Le catalogue, dont le titre varie quelque peu selon les manuscrits12, contient les jours festifs de tous les membres du Collège des Douze. Dans le cours du martyrologe S. Matthias est omis, mais on trouve l'Evangéliste S. Luc. Quant aux dates de S. Marc et de S. Barnabe, que la tradition liturgique assimile aux Apôtres, elles sont fournies par le martyrologe de Bède (t 735).

Dans la liste relevée ci-dessus trois dates peuvent sembler aberrantes, celles de S. Matthias au 30 avril, de S. Barthélémy au 13 juin et de S. Jacques fils d'Alphée au 22 juin. Si la première n'a aucun autre témoin dans la tradition (peut-être a-t-on voulu transférer S. Matthias au temps pascal, comme on devait le faire en 1969), les deux autres ne manquent pas de parallèles. En effet, aux calendriers byzantin et syrien, S. Barthélémy est fêté le 1 1 juin conjointement avec S. Barnabe, ce qui a entraîné sa mention au martyrologe hiéronymien le 13 juin13. Quant à S. Jacques, fils d'Alphée, il en est également fait mention dans le Hiéronymien ainsi que dans le plus ancien manuscrit du martyrologe de Bède à la date du 22 juin14. Cette fête du 22 juin devait passer dans le

11 H. Delehaye, Commentarius perpetuus in Martyrologium hieronymianum, Le, p. 2. 12 Ibid., p. 2-3: Notitia de locis sanctorum Apostolorum, Incipiunt festa (omnium) Apostolorum,

Incipit breviarium Apostolorum ex nomine vel locis ubi praedicaverunt, orti vel obiti sunt. nIbid., /.c.,p. 316. 14 Ibid., p. 330 et, pour Bède, Saint-Gall, Stifsbibliothek, Cod. 451, reproduit dans H. Quentin,

Les Martyrologes historiques, Le, p. 52.

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162 LE DÉVELOPPEMENT DU CULTE DES SAINTS À ROME

calendrier de plusieurs églises d'Italie centrale, comme en témoignent le Vat. lat. 4770 (missel des 10e-l Ie s. provenant d'un monastère des Abruzzes) et le Vat. lat. 4772 (sacra- mentaire d' Arezzo du début du 1 Ie s.).

II - LE CULTE DES MARTYRS

Le culte des martyrs constitue la base du culte des saints. Il devait le demeurer dans le sanctoral romain du 9e au 12e siècle. Non seulement celui-ci reste fidèle au souvenir des martyrs vénérés aux siècles précédents et dont les corps reposent désormais dans les diverses églises de la Ville, mais des noms nouveaux apparaissent dans les calendriers. A côté des noms empruntés aux Gesta des martyrs romains on voit pénétrer d'autres noms venant des régions les plus diverses. Il convient d'en faire le relevé géographique avant de rechercher les raisons de leurs culte.

LE RELEVÉ GÉOGRAPHIQUE

Rome

Dans le relevé des martyrs romains on a omis les papes, dont il va être question au paragraphe βμΐνΒηί. Voici les autres martyrs: S. Vital (compagnon de S. Valentin), S. Félix, Ss. Marius, Marthe, Audifax et Abacuc, S. Emérentienne, S. Sotère, S. Antime, S. Boniface (?), S. Basilla, S. Félix, S. Pétronille, S. Nicomède, Ss. Rufine et Seconde, S. Suzanne, Ss. Large et Smaragde, S. Romain, S. Balbine, S. Sophie et ses trois filles (?), S. Gorgon, S. Sisinius (compagnon de S. Saturnin), Ss. Chrysanthe, Maur et Darie, S. Bibiane et ses compagnes, S. Eugénie.

Occident

Gaule

Autun: S. Symphorien, S. Léger. Clermont: S. Prix. Meaux: S. Euphrasie. Paris: Ss. Denys, Rustique et Eleuthère. Sens: S. Colombe.

Grande-Bretagne

Cantorbéry: S. Thomas.

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LES LIGNES DE DÉVELOPPEMENT DU SANCTORAL ROMAIN 163

Grèce

Thessalonique: S. Démétrius.

Illy rie (Yougoslavie)

Sisseck: S. Quirin.

Italie

Anagni: S. Secundina, S. Magne. Aquilée: Ss. Hermagoras et Fortunat. Arezzo: S. Donat. Bénévent: Ss. XII Frères. Bologne: S. Proculus. Bolsène(?): S. Christine. Brescia: Ss. Faustin et Jovite. Capoue: S. Ruf, S. Prisque. Catane: S. Euplus. Cumes: S. Julienne. Florence: S. Miniato. Formia: S. Erasme. Imola: S. Cassien. Lucanie: Ss. Vite, Modeste et Crescence. Milan: Ss. Nabor et Félix, Ss. Nazaire et Celse. Narni: S. Juvénal. Ostie: S. Hilarian, Ss. Aurea et ses compagnons. Padoue: S. Justine. Porto: S. Hippolyte. Serravalle: S. Augusta. Spolète: S. Savin, S. Grégoire. Tivoli: Ss. Symphorose et ses fils.

Mésie (Bulgarie)

Silistra: Ss. Nicandre et Marcien, S. Emilien.

Prusse

Tenkitten: S. Adalbert de Prague.

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164 LE DÉVELOPPEMENT DU CULTE DES SAINTS À ROME

Suisse

Agaune en Valais: Ss. Maurice et ses compagnons.

Afrique

Afrique du Nord

Carthage: Ss. Perpétue et Félicité. Lieu indéterminé: S. Timothée.

Egypte

Antinoé: Ss. Julien, Celse et Basilissa. Alexandrie: S. Dorothée, S. Epimaque, S. Catherine (?). Canope: Ss. Cyr et Jean.

Orient

Asie mineure (Turquie)

Chalcédoine: S. Euphémie, Ss. Nicandre et Victor. Héraclée (Thrace) : S. Théodore. Nicée: S. Zenon. Nicomédie: S. Victor, S. Pantaléon, S. Barbara (?). Phrygie: S. Tryphon. Sebaste (Arménie): S. Biaise, Ss. Quarante Martyrs, Ss. Eustate, Auxence et leurs compag

nons. Séleucie: S. Thècle. Sinope (Pont): S. Phocas. Tarse: S. Boniface (?), Ss. Cyr et Julitte.

Palestine

Cesaree: S. Julien. Samarie: Ss. Mille quatre cent quatre-vingt Martyrs des Perses.

Perse

Beit Lapât: S. Jacques l'Intercis.

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LES LIGNES DE DÉVELOPPEMENT DU SANCTORAL ROMAIN 165

Syrie

Antioche: Ss. Frères Maccabées, S. Marina. Apamée: S. Antonin. Rosafa: Ss. Serge et Bacchus.

On a écarté de ce classement géographique les noms de personnages aussi sûrement légendaire que les Sept Dormants d'Ephèse, S. Eustache, Ss. Cyprien et Justine, ainsi que le pseudo S. Tripotis.

LES INFLUENCES PRÉPONDÉRANTES

II est fort difficile de déterminer sous quelles influences le sanctoral romain s'est ouvert à tous les martyrs dont on vient de relever les noms. Pour y arriver il faudrait pouvoir faire l'histoire de chacun des manuscrits dont on a retenu le témoignage. Qu'un clerc de Florence ait été attaché à une église de Rome peut expliquer l'introduction du nom de San Miniato dans le calendrier de cette église. On peut cependant dégager certains facteurs dont le rôle n'a pas manqué d'être important dans le développement du culte des martyrs à Rome du 9e au 12e siècle.

La tradition gélasienne

La liturgie romaine qui, dans le cours du 8e siècle, avait pénétré en Pays francs n'était pas une liturgie parfaitement unifiée. Si le sacramentaire papal avait eu du succès, d'autres livres avaient été apportés de Rome par les moines et les pèlerins transalpins. Ces livres, authentiquement romains, appartenaient à ce qu'on appelle la tradition gélasienne. Vers la fin du 8e siècle, une synthèse des traditions romaines et des traditions franques s'opéra dans une compilation qui eut un grand succès, le sacramentaire de Gel- lone15. Or cette synthèse constitue la base des livres liturgiques franco-germaniques qui devaient s'introduire à Rome dans le cours du 11e siècle et y supplanter l'ancienne liturgie locale.

Il est donc important de relever les noms des martyrs que le sacramentaire gélasien du 7e siècle et les sacramentaires francs du type Gellone ont pu ajouter au sanctoral romain du début du 9e siècle.

Le sacramentaire gélasien (Vat. Regin 316) donne les noms suivants: Ss. Marius, Marthe, Audifax et Abacuc, S. Sotère, S. Vital (Valentin, Vital, Félicula), S. Julienne, Ss. Perpétue et Félicité, S. Euphémie (13 avril), S. Juvénal, Ss. Cyrin, Nabor et Nazaire, S.

15 A. Dumas, Sacramentarium Gellonense, Coll. Corpus Christianorum, Turnhout, à paraître.

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166 LE DÉVELOPPEMENT DU CULTE DES SAINTS À ROME

Vite, Ss. Frères Maccabées, S. Donat, S. Magne, S. Ruf, S. Gorgon, Ss. Chrysante, Maur et Darie16.

Les sacramentaires du type Gellone, dont l'apport est si important en ce qui concerne le culte des Apôtres, n'ajoutent que peu de martyrs à la liste gélasienne. Les seuls noms que lui emprunte le Sanctoral romain du 12e siècle sont ceux de S. Eméren- tienne et de S. Prix de Clermont. La fusion des deux traditions grégorienne (Basilide) et gélasienne (Cyrin, Nabor et Nazaire) donne les quatre martyrs du 12 juin, qui seront à l'origine d'une nouvelle légende. Certains sacramentaires de ce type font aussi mention des martyrs d'Agaune, S. Maurice et ses compagnons17.

Les translations de reliques et les dédicaces d'églises

Les translations des reliques des martyrs des cimetières suburbains de Rome à l'intérieur de la Ville à partir du 8e siècle n'ont pas manqué de susciter un renouveau de leur culte et de l'étendre à de nombreuses églises. Il en a certainement été ainsi pour S. Eugénie, dont la fête était déjà insérée dans le sacramentaire Veronensen, pour S. Pétro- nille, transférée au Vatican près de Saint-Pierre, et pour les Ss. Rufine et Seconde, transférées au baptistère du Latran.

Mais il en va souvent de même pour les martyrs orientaux vénérés à Rome: le culte de leurs reliques donne naissance à la célébration de leur natale directement ou indirectement. En voici trois exemples. Si les martyrs arméniens Eustrate, Auxence et leurs compagnons sont fêtés à Rome au 12e siècle (13 décembre), c'est qu'une partie de leurs reliques avait été apportée par des moines grecs dans l'église Saint-Apollinaire19. De même les saints Nicandre et Marcien, martyrs de Silistra (Bulgarie), sont-ils entrés au calendrier de certaines églises de Rome parce que leurs reliques étaient gardées à Atina en Campanie20. C'est à titre de voisins qu'ils ont été reçus a Rome. Le cas de S. Phocas de Sinope, dans le Pont (Turquie), est un peu plus complexe. Ses reliques furent transférées à Vienne, en Gaule, et le 14 juillet peut garder le souvenir de leur susceptio. Comment a-t-

16 Le sanctoral gélasien a été étudié par A. Chavasse, Le Sacramentaire Gélasien, Paris 1958, pp. 273-402. L'auteur présente avec soin les fêtes des saints étrangers à Rome, qui sont propres au sanctoral gélasien, et il a dressé une carte de leurs lieux d'origine (p. 285).

17 Sacramentaire gélasien d'Angoulême, édit. P. Cagin, Angoulême 1919, p. 94; Sacramentarium triplex, édit. O. Heiming, Coll. Liturgiewissenschaftliche Quellen und Forschungen, heft 49, Münster West. 1968, p. 236.

18 Sacramentarium Veronense, edit. C. Mohlberg, I.e., p. 157. Le fait que le natale de S. Eugénie tombe le 25 décembre a certainement contribué à rejeter sa fete dans l'ombre.

19 Vies des Saints et des Bienheureux, I.e., tome 12 Décembre, Paris 1956, p. 398. 20 L'invention de leurs reliques à Atina vers la fin du 11e siècle donna un éclat passager à leur

culte. Cf. L. Guérard, Un fragment de calendrier romain au moyen âge, I.e., p. 167, note 1.

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LES LIGNES DE DÉVELOPPEMENT DU SANCTORAL ROMAIN 167

il entrepris ensuite le voyage de Rome en compagnie de S. Just, évêque de Lyon, et d'un évêque Amicus au siège indéterminé? Nous ne saurions le dire21.

Avec les translations de reliques les dédicaces d'églises ont exercé un rôle indéniable dans le développement du sanctoral romain, en donnant de la notoriété à leurs titulaires. Ici encore une enquête exhaustive s'avère impossible. Relevons toutefois ceux des martyrs énumérés ci-dessus qui étaient titulaires d'une église au 12e siècle: S. Balbine, S. Barbara, S. Bibiane, S. Biaise, S. Celse, Ss. Cyr et Jean, Ss. Cyr et Julitte, S. Donat, S. Erasme, S. Euphémie, S. Euplus, S. Eustache, S. Gilles, S. Pétronille, S. Phocas, Ss. Serge et Bacchus, S. Vite22.

Les Passions des Martyrs

Le culte romain des martyrs n'est pas né des Gesta Martyrum pour la raison très simple qu'il leur est antérieur. Alors que des témoins du martyre de Polycarpe de Smyrne, de Blandine de Lyon, de Perpétue et de Félicité de Carthage, en ont consigné le souvenir et l'ont transmis, la tradition n'a rien recueilli de semblable sur les martyrs de Rome, à l'exception de Justin le Philosophe et du sénateur Apollonius. Lorsqu'au 4e siècle le culte des martyrs prit son essor à Rome, on se contenta, pour en régler la célébration, des listes qui donnaient leurs noms avec la localisation de leurs tombes et leurs anniversaires. Nomen, locus, dies, c'est encore tout ce à quoi saint Grégoire le Grand reconnaîtra valeur officielle à la fin du 6e siècle23. Il suffit que la gloire du martyre enveloppe chacun des témoins du Christ, tous les détails individualisants semblent superflus. Les anciens formulaires liturgiques sont unanimes à exprimer cette conception, qui ne manque pas de grandeur.

Pourtant, à l'époque de saint Grégoire, la littérature hagiographique était déjà abondante à Rome. Les Gesta Martyrum apparaissent, en effet dès la fin du 5e siècle, et ils ont eu aussitôt un grand succès, comme en témoigne la diffusion de la Passio Caeciliae2A. Les détails circonstanciés qu'ils apportent avaient pour but de répondre aux questions que se posaient les pèlerins en cheminant d'un cimetière à l'autre le long des voies romaines, et d'expliquer l'origine des églises titulaires à l'intérieur de la Ville25. C'est pour cela que la topographie constitue souvent l'une des clefs de leur interprétation. Si

21 H. Delehaye, Commentarius perpetuus in Martyrologium hieronymianum, I.e., p. 375. 22 Voir Ch. Huelsen, Le Chiese di Roma nel medio evo, I.e. 23 Grégoire Le Grand, Registrum epistularum, Vili, 28; édit. Ewald-Hartmann I.e., tome 2, p. 29. 24 Texte latin dans H. Delehaye, Etude sur le Légendier romain, Coll. Subsidia hagiographica 23,

Bruxelles 1936, pp. 194-220. 25 P. Franchi De' Cavalieri a étudié les Actes des Martyrs en de nombreux volumes de la Coll.

Studi e testi intitulés Note agiografiche, Cité du Vatican 1902-1953. On trouvera une étude de synthèse sur la méthode des hagiographes et les genres littéraires de leurs productions dans H. Delehaye, Les légendes hagiographiques, Coll. Subsidia hagiographica 18, Bruxelles 1927.

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168 LE DÉVELOPPEMENT DU CULTE DES SAINTS À ROME

les martyrs Valerien, Tiburce et Maxime interviennent dans l'histoire de Cécile, ils le doivent au fait de reposer au cimetière de Prétextât, voisin de celui de Callixte, où se trouvait la tombe de Cécile. De même fait-on entrer comme protagonistes d'une même geste divers martyrs de la via Salaria ou de la via Portuense. Au 19e siècle et au début du 20e, on a voulu parfois rendre crédit à ces légendes en relevant qu'elles concordaient parfaitement avec les découvertes archéologiques. Mais c'était s'enfermer dans un cercle, puisque les vieux récits avaient précisément pour but d'expliquer la configuration des lieux. Le fait est clair en ce qui concerne, par exemple, la correspondance entre la Passio sanctorum Ioannis et Pauli et le complexe d'habition mis à jour sous leur basilique du Coelius.

Si les origines du culte des martyrs ne dépendent pas des Gesta Martyrum, il est certain que ceux-ci ont influé ultérieurement sur le développement de ce culte. Certains .personnages, même fictifs, sont devenus populaires, au même titre que les héros de romans, en raison des hauts-faits que leur ont prêtés les hagiographes, et ils ont reçu les honneurs du culte liturgique, tels saint Boniface (14 mai) et sainte Dorothée (6 février). Pour d'autres, un détail de leur légende a frappé l'attention et leur a valu d'être invoqués dans une circonstance déterminée. Ce fut le cas de saint Biaise, invoqué contre les maux de gorge parce qu'il aurait guéri un enfant qui avait une arête de poisson dans la gorge. Parfois encore le lien établi par la légende entre un martyr inconnu et un saint fort honoré a entraîné le premier dans le sillage du second. La martyre Pétronille, du cimetière de Domitille, est devenue célèbre parce que la légende en a fait la fille de saint Pierre (PETRws, PETRo/j/7/α), et Emérentienne a bénéficié de la popularité de sainte Agnès, que la légende présente comme sa sœur de lait.

Les légendes des martyrs devaient inspirer toute une littérature, qui n'a pas manqué d'avoir à son tour une influence sur leur culte. Traduits en langue vivante, mimés par les jongleurs à partir du 11e siècle, les Gesta seront de plus en plus chargés de merveilleux, sans que jamais la crédulité populaire leur impose quelque limite. C'est ainsi qu'on acceptera sans sourciller la légende grecque de saint Christophe, géant anthropophage à tête de chien, que représentent certains vitraux de cathédrales. Les légendes devaient fournir, en particulier, des thèmes de choix au théâtre naissant. Dès le 10e siècle, Hrots- witha, l'abbesse de Gundersheim, non contente d'avoir mis en vers la passion de sainte Agnès, empruntait aux Gesta Martyrum le thème de deux de ses compositions scéniques, Sapientia et Gaîlicanus. Sapientia est la dramatisation des actes de Sophie et ses trois filles, Foi, Espérance et Charité. Gaîlicanus, qui l'emporte sur Sapientia du point de vue de l'action, est tiré d'un épisode de la Passion des saints Jean et Paul26. Les compositions de

26 Sur Hrotswitha, voir K. Young, The Drama of the medieval Church, Oxford 1933, tome Ier, pp. 2-5 et 543. On peut se demander si l'influence des Gesta martyrum sur Hrotswitha a été purement littéraire ou si elle s'est exercée par l'intermédiaire du culte. Chaque année on lisait à Gun-

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LES LIGNES DE DÉVELOPPEMENT DU SANCTORAL ROMAIN 169

Hrotswitha n'ont pas dû franchir les murs de l'abbaye de Gundersheim, mais les Gesta, traduits et mimés, devaient inspirer nombre de mystères de France et d'Allemagne et fournir, au 15e siècle, le sujet des rappresentationi italiennes, tels les Gesta d'Agnès, de Nérée et d'Achille, de Chrysanthe et Darie, de Jean et Paul27.

Tous ces développements sont moins étrangers à la liturgie qu'il ne pourrait sembler. En effet le culte des saints a toujours reposé sur une assise populaire. Au moyen âge, c'est souvent la dévotion du peuple envers ses protecteurs célestes qui a suscité leur inscription au calendrier d'une église, ne serait-ce qu'à la faveur de l'érection d'une chapelle de confrérie ou d'un autel votif.

III - LE CULTE DES PAPES

L'importance que reçoit le culte des Papes au 11e siècle est l'une des caractéristiques du développement du culte des saints à cette époque. Sans doute le témoignage du Calendrier de l'Aventin semble-t-il isolé parmi les sources du sanctoral romain du 11e28, mais il est corroboré par d'autres documents contemporains, comme le Micrologue, et par des calendriers étrangers à la tradition locale de Rome, tel le sacramentaire de Ratis- bonne Vat. lau 3806 des environs de l'an mille. De plus, le Calendrier de l'Aventin fait moins figure de témoins isolé que de précurseur, car on retrouve dans le sanctoral du Latran et du Vatican du 12e siècle la plupart des papes qu'il mentionne. Il s'agit donc de l'apparition d'une note spécifique du calendrier romain qui se maintiendra jusqu'à nos jours.

Pour en faire l'étude il convient de relever les noms des papes qui étaient honorés d'un culte avant le 11e siècle, puis d'analyser l'apport du sanctoral des 11e et 12e siècles en ce domaine, et de rechercher les causes de l'innovation.

LE CULTE DES PAPES AVANT LE 11e SIÈCLE

Le sacramentaire papal de la fin du 8e siècle contient les formulaires pour douze fêtes de Papes. Huit d'entre eux ont vécu antérieurement à la paix constantinienne et sont honorés comme martyrs. Ce sont les saints Marcel, Fabien, Urbain, Etienne, Xyste II, Corneille, Callixte et Clément. Les quatre autres, honorés comme pontifes, sont S.

dersheim, comme partout en Occident, la passion des saints Jean et Paul le 26 juin. Quant à sainte Sophie et ses trois filles, elle étaient vénérées, entre autres, à Eschau en Alsace.

27 A. Dufourq, Etude sur les Gesta Martyrum romains, Paris 1900, p. 400. 28 Texte pp. 413-416.

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170 LE DÉVELOPPEMENT DU CULTE DES SAINTS À ROME

Sylvestre et son successeur immédiat S. Marc, S. Léon le Grand et S. Grégoire le Grand. S. Urbain n'a pris rang parmi les papes martyrs qu'à la faveur de l'homonymie, car le saint de ce nom inscrit au 25 mai est, en fait, un évêque martyr de la campagne romaine.

Les calendriers du 9e et du 10e siècle n'ont rien ajouté aux douze noms du sacra- mentaire Hadrianum. Notons toutefois que l'homonymie entraîna assez tôt la confusion entre le pape S. Alexandre et le martyr Alexandre vénéré le 3 mai avec Eventius et Théodule, ainsi qu'entre l'antipape Félix II et le martyr S. Félix inscrit au 29 juillet29.

L'ESSOR DU CULTE DES PAPES AU 11e SIÈCLE

C'est avec le Calendrier de l'Aventin qu'on voit le culte des Papes prendre à Rome un essor considérable. Bien qu'il ne couvre que le premier semestre de l'année, le Calendrier ajoute vingt-cinq noms de papes aux douze qu'avait retenus la tradition antérieure. Sur les vingt-cinq, deux constituent une erreur manifeste (ceux des saints Paulin et Antime). Il en reste donc vingt-trois, qui se répartissent au long des mois de la manière suivante.

Janvier

Février

Mars Avril

3 11

• 12 27

7 21 15 2 7

10 11 16 19 20 22 24

26

S. Anthéros S. Hygin S. Jean VI S. Vitalien S. Pelage II S. Sirice S. Zacharie S. Xyste Ier S. Célestin S. Donus S. Léon le Grand (fête franque) S. Anicet S. Léon IX S. Victor S. Agapit S. Libère S. Benoît II S. Anaclet S. Marcellin

29 Le Liber Pontiflcalis confond, pour sa part, Alexandre Ier et le martyr du 3 mai, ainsi que Félix Ier et un martyr homonyme du 30 mai (édit. L. Duchesne, I.e., tome 1er, pp. 127 et 158).

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LES LIGNES DE DÉVELOPPEMENT DU SANCTORAL ROMAIN 171

Mai

Juin Juillet

27 28 30 20 11

S. Jean Ier Translation (Reportatio) de S. Jean Ier S. Félix Ier

S. Silvère S. Pie Ier

De ces papes cinq sont postérieurs à saint Grégoire le Grand. Ce sont Vitalien (t 672), Donus (î 678), Benoît II (t 685), Jean VI (t 705) et Léon IX (t 1054). La mort de S. Léon IX précéda de peu la composition du Calendrier de l'Aventin, qui témoigne ainsi du prestige que sa sainteté valut au grand pape lotharingien. A l'exception de Jean VI, de Donus et de Libère, l'Eglise romaine retiendra ultérieurement tous les noms inscrits à ce calendrier, au moins dans sa liturgie locale.

Mais, dès le début du 11e siècle, d'autre listes de saints Papes devaient circuler. On retrouve l'une d'elles dans le calendrier du sacramentaire de Ratisbonne, Vat. lat. 3806. Il n'est pas sans intérêt de la reproduire, car elle complète celle de l'Aventin du fait qu'elle porte sur l'ensemble de l'année, et elle a fortement influencé le calendrier romain des siècles suivants. Voici les noms qui ont été ajoutés à la liste du 8e siècle.

Janvier 2 S. Télesphore 3 S. Anthéros

Février 11 S. Grégoire II Mars 2 S. Simplicius

4 S. Lucius Avril 5 S. Célestin

11 S. Léon le Grand 12 S. Jules 20 S. Victor 22 S. Soter et S. Caius

Mai 3 S. Alexandre 14 S. Théodore 30 S. Félix Ier

Juillet 1 S. Gaius (doublet du 22 avril) 25 S. Eutychien 28 S. Innocent

Septembre 24 S. Lin Novembre 28 S. Grégoire III Décembre 10 S. Melchiade

11 S. Damase

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172 LE DÉVELOPPEMENT DU CULTE DES SAINTS À ROME

Pour compléter ces documents ajoutons qu'au 11e siècle on achève d'identifier le martyr S. Félix du 29 juillet et l'antipape Félix II, qualifié de saint. C'est également au 11e siècle qu'est mentionné le pape S. Damase au 1 1 décembre. En dehors du Latran, le sanctoral du 12e siècle n'offre qu'un nom nouveau, celui du dernier pape martyr, S. Martin Ier, qui est inscrit au lendemain de la fête de S. Martin de Tours (12 novembre). Mais le calendrier du Latran ajoute sept noms nouveaux à la liste: S. Eleuthère (26 mai), S. Zéphyrin (26 août), S. Hilaire (10 septembre), S. Eusèbe (2 octobre), S. Evariste (26 octobre), S. Pontien (19 novembre), S. Gélase (21 novembre). Chose curieuse, on ne trouve nulle

' mention de S. Denys, dont le natale était pourtant commémoré le 27 décembre, dès le 9e- 10e siècle, à Saint-Sylvestre in capite (infra p. 297).

Faisons l'addition de tous les noms recueillis:

Sacramentaire papal du 8e s. 12 Calendrier de l'Aventin 23 Calendrier de Ratisbonne 15 Calendriers divers (lle-12e) 3 Calendrier du Latran du 12e 7

Total 60

II est donc clair qu'à la fin du 12e siècle environ soixante pontifes romains sont inscrits à l'un ou l'autre des calendriers liturgiques de Rome ou même d'au-delà des Alpes. Pour sa part la basilique du Latran célèbre quarante fêtes de papes au cours de l'année. On est loin des douze fêtes qu'elle célébrait encore au 10e siècle. Dès lors deux questions se posent: d'où proviennent ces listes de papes dont les noms ont été insérés dans les calendriers du 11e et du 12e siècle? comment expliquer une telle promotion du culte des saints papes?

D'OÙ PROVIENNENT LES LISTES DES PAPES INSCRITS DANS LES CALENDRIERS?

Une première source éventuelle est facile à identifier. Il s'agit du .martyrologe d'Adon. Mais il n'est pas impossible que les auteurs des divers calendriers aient eu connaissance d'une source plus ancienne.

Les deux listes d'Adon

H. Quentin a relevé que les plus anciens manuscrits du martyrologe d'Adon, en particulier le Sangallensis 454 (9e-10e s.), présentent «outre le texte du martyrologe proprement dit, une série de notes sur les Papes, visant en particulier les constitutions qui leur sont attribuées par le Liber Pontiflcalis. Dans un certain nombre de cas, ces notes ne font qu'augmenter une notice de pape déjà existante; dans d'autres, elles introduisent au mar-

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LES LIGNES DE DÉVELOPPEMENT DU SANCTORAL ROMAIN 173

tyrologe, avec les constitutions qui lui appartiennent, un pape qui n'y figurait pas encore»30. Il n'est pas sans intérêt de relever la double liste, en signalant ses correspondances avec le sacramentaire grégorien d'Hadrien (H) et les calendriers de Ratisbonne (R), de Γ Aventin (A) et du Latran (L).

Voici d'abord les papes qui sont inscrits dans le martyrologe proprement dit: saints Antéros (RA), Télesphore (R), Marcel (H), Fabien (H), Lucius (R), Grégoire Ier (H), Innocent (R), Xyste Ier (A), Jules (R), Victor (RA), Gaius (R), Anaclet (A), Marcellin (A), Anastase, Alexandre (RA), Urbain (H), Jean Ier (A), Félix (RA), Léon Ier (H), Etienne Ier (H), Xyste II (H), Zéphyrin (L), Corneille (H), Marc (H), Callixte (H), Martin Ier (L), Pon- tien (L), Clément (H), Lin, Eutychien (R), Damase (R), Sylvestre (H). En tout 32 noms.

La seconde liste est celle des papes qui ne sont pas explicitement présentés comme saints, mais dont les noms ont été retenus en raison de leur législation canonique. Les auteurs de calendriers ne se sont pas fait faute d'y puiser. Ce sont les papes Hygin (A), Grégoire II (R), Simplicius (R), Zacharie (A), Xyste III, Célestin (R), Anicet (A), Soter (R), Agapit (A), Benoît II (A), Eleuthère (L), Silvère (A), Léon II, Pie (A), Clet, Hormis- das, Serge Ier, Eusèbe, Boniface II, Evariste (L), Gélase (L), Grégoire III (R), Melchiade (R), Zozime, Denys. Cette liste ajoute 25 noms à la première.

Peut-on remonter plus haut pour identifier la source éventuelle d'où proviendraient les noms des papes inscrits dans nos trois calendriers-témoins des 11e et 12e siècles? Les cinquante-sept noms contenus dans les deux listes d'Adon ne recouvrent pas totalement les séries des calendriers. En dehors du nom du pape saint Léon IX (t 1054), le calendrier de l'Aventin donne en plus ceux de Jean VI, Vitalien, Pelage II, Sirice, Donus et Libère. Le calendrier de Ratisbonne a celui de Théodore, et le calendrier du Latran le nom d'Hilaire. D'où peuvent-ils provenir?

DEUX LISTES DE SAINTS PAPES DE LA PREMIÈRE MOITIÉ DU 8e SIÈCLE

Un calendrier monastique de Mantoue

F. A. Zaccaria a publié en 1755 un calendrier provenant de l'abbaye bénédictine des saints Sept Frères de Mantoue, que son ami Trombelli lui avait communiqué quelques années plus tôt31. Or ce calendrier fait mention de 75 saints 'papes. Sans doute n'est-il pas

30 H. Qusntin, Les Martyrologes historiques, I.e., pp. 470-473. 31 F. A. Zaccaria, Anecdotorum medii aevi maximam partem ex archivis pistoriensibus Collectio,

Torino 1755, pp. 181-186. Ce calendrier est reproduit dans la P.L. 138, col. 1257-1266. Malgré la mention dedicatio S. Benedicti in Leon, au 28 septembre, qui inviterait à rattacher ce calendrier à l'abbaye Saint-Benoît de Leno de Brescia, Trombelli avait vu juste en l'attribuant au monastère bénédictin des saints Sept Frères, qui dépendait de la basilique Saint-André de Mantoue. En effet, la fête des Sept Frères y est dotée d'une octave, ainsi que celle de saint André, et on y commémore, le

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174 LE DÉVELOPPEMENT DU CULTE DES SAINTS À ROME

antérieur au 14e siècle dans sa rédaction ultime, car il contient les fêtes des saints franciscains et dominicains du siècle précédent, dont celle de saint Thomas d'Aquin qui fut canonisé en 1323. Mais les fêtes des papes sont incontestablement tributaires d'une liste établie après la mort de Grégoire II (t 731) et complétée après celle de Grégoire VII (f 1085).

Dans cette liste, qu'on lira ci-après, on relève 6 papes du 4e siècle postérieurs à la Paix (seul Libère est omis), 9 papes du 5e siècle sur 12,7 papes du 6e siècle sur 13, et 14 papes du 7e siècle sur 20. Pour le 8e siècle on trouve seulement le nom de Grégoire II. Puis viennent ceux d'Adrien III (t 885), dont le corps repose à l'abbaye de Nonantola proche de Mantoue, et de trois papes du 11e siècle: Grégoire VI, Léon IX et Grégoire VII. Il est donc clair que la liste a été établie peu après 731 et complétée après la mort de Grégoire VII.

Les additions du 11e siècle ne manquent pas de retenir l'attention car, si le nom de Léon IX (t 1054) apparaît de temps à autres dans les calendriers de la fin du 11e siècle et du 12e, on n'y voit jamais celui de Grégoire VII. Les martyrologes médiévaux ignorent le pape de Canossa, dont la mention n'est pas attestée avant le martyrologe romain de 1584, où il fut inscrit par les soins de Baronius. Quant à la commémoration liturgique de Grégoire VI; elle est encore plus inattendue. En effet, si la bonne foi de ce pape fut indiscutable, les circonstances dans lesquelles il avait accédé à la Chaire pontificale ne furent pas jugées hors de tout soupçon par le synode de Sutri, qui prononça sa destitution (1046). En ajoutant son nom à la liste des saints pontifes du passé, le copiste a voulu réhabiliter la mémoire d'un pape que le futur Grégoire VII avait accompagné en exil et dont Pierre Damien avait secondé l'action réformatrice.

La liste des saints Papes du calendrier de Mantoue est importante non seulement en raison des noms qu'elle contient mais encore des' dates qu'elle propose pour leur mémoire. Ce sont, le plus souvent, ces dates qui seront retenues par les calendriers de Rome aux 11e et 12e siècles. Toutefois nous ne ferons pas appel à ce calendrier pour savoir si un pape a été honoré comme martyr antérieurement au 11e siècle, car le calen-

9 mai, la translation de saint André à Constantinople insérée par Usuard dans son martyrologe (MU 227). De plus, il convient de relever deux mentions mantouanes: celles de Yinventio Sanguinis Domini, le 12 mars, et le natale d'Anselme de Lucques, le 18 mars. Uinventio Sanguinis Domini perpétue le souvenir de la découverte, en 1048, de la célèbre relique des «gouttes du sang du Christ», qui avait été authentifiée en 804 par le pape Léon III, mais dont le reliquaire avait été égaré. Depuis 1048, elle était vénérée, à Saint- André. (P. Boussel, Des reliques et de leur bon usage, Paris 1971, pp. 125-126. L'auteur se réfère à J. Collin De Plancy, Dictionnaire critique des reliques et des images miraculeuses, 3 vol., Paris 1821). Quant à Anselme de Lucques, qui était né à Mantoue, il fut l'un des évêques en qui Grégoire VII trouva le meilleur appui dans son œuvre de réforme. Il mourut à Mantoue en 1086 et fut canonisé l'année suivante par Victor III. Le calendrier des Sept Frères dût être composé peu après.

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LES LIGNES DE DÉVELOPPEMENT DU SANCTORAL ROMAIN 175

dariste du 14e siècle a pu tenir compte dans sa rédaction de la mention en usage de son temps. A cette époque tous les papes antérieurs à saint Sylvestre étaient considérés comme des martyrs.

Un martyrologe d'origine romaine

On peut rapprocher de la liste des papes du calendrier de Mantoue celle d'un martyrologe d'origine romaine qui fut composée, elle aussi, après la mort de Grégoire II32. Le document est connu par deux manuscrits du premier quart du 9e siècle, dont l'un est conservé à Vienne (Vindobonensis lat. 387) et l'autre à Munich (Monacensis lat. 210). Cette liste avait été relevée par le P. Maurice Coens, qui préparait son édition quand il mourut. Le P. Baudoin de Gaiffier a eu l'extrême obligeance de nous en communiquer la photocopie. Elle comporte 87 mentions de papes, mais seulement 71 noms, car certains d'entre eux sont inscrits deux ou même trois fois.

La liste du martyrologe et celle du calendrier ont la même ampleur, mais elles ne sont pas réductibles l'une à l'autre. Dans celle du martyrologe on relève les noms de 5 papes du 4e siècle à compter de saint Sylvestre, de 7 papes du 5e siècle, 9 papes du 6e et 12 papes du 7e siècle. Au 8e siècle, on trouve deux mentions avant celle de Grégoire II.

Voici le tableau des deux listes pontificales. On a indiqué les doublets en italique, sauf en ce qui concerne la triple mention de saint Léon le Grand au 1 1 avril (depositio selon le Liber Pontificalis), au 28 juin (translatio) et au 10 novembre (natale).

Calendrier de Mantoue Martyrologe de Vienne

Janvier

1 Boniface (?) 2 Télesphore Télesphore 3 Anthéros Anthéros

Ygin 10 Agathon Agathon

Miltiade

Marcel Fabien

32 J. Noret, La dédicace des SS. Apôtres Philippe et Jacques, dans Analecta Bollandiana, 91 (1973), p. 378.

11 16 20 27

Ygin Marcel Fabien Vitalien

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176 LE DÉVELOPPEMENT DU CULTE DES SAINTS À ROME

Février

6 7

10

Pelage II

12 20 21 23

Grégoire II

Sirice Sabinien

Pelage II

Jules Grégoire II Soter

Gaius

Mars

1 2 3

12 14

Simplicius

Grégoire Ier Zacharie

Jules Pelage Ier Grégoire Ier

Avril

2 3 6 7

10 11 12 16 17 19 22

23 26 27

Sixte Ier

Célestin Donus Léon Ier Jules Ier Anicet

Léon IX Soter Gaius Benoît II

Anastase I ou II

Sixte Ier Constantin Célestin Donus Léon Ier Jules Ier

Anicet

Soter Gaius

Clet Anastase I ou II Innocent Marcel

Page 176: Pierre Jounel, Le Culte des saints dans les basiliques du Latran et du Vatican au douzième siècle

LES LIGNES DE DÉVELOPPEMENT DU SANCTORAL ROMAIN 177

Mai

3 Q Ö

14 19 25

26 27

28 30

Alexandre Ier

Théodore

Urbain Ier Grégoire VII Eleuthère Jean Ier

Félix Ier

Alexandre Ier Benoît II Théodore Urbain Ier

Eleuthère Jean Ier Boniface IV Félix Ier

Juin

2 16 20 28

Juillet

1

3 5 6 7 8

11 13 19 25 26 27 28

29 31

Eugène Ier Adéodat II Silvère Léon Ier

Adrien III Pie Ier Anaclet Symmaque Eutychien

Victor Innocent Ier Félix II Benoît Ier

Eugène Ier

Silvère

Gaius Miltiade Léon II Pie Ier Anaclet Jean III

Eutychien Innocent Ier

Félix II Benoît Ier

Page 177: Pierre Jounel, Le Culte des saints dans les basiliques du Latran et du Vatican au douzième siècle

178 LE DÉVELOPPEMENT DU CULTE DES SAINTS À ROME

Août

1 2 6

7 ο ο 9

14 24 26

Septem

4 6

8 9

10 14 15 16 17 19 21 23

Jean V Etienne Ier Sixte II Hormisdas

Lucius Ier Zéphyrin

bre

Boniface Ier

Sergius Ier Hilaire Corneille

Conon Lin

Etienne Ier Sixte II

Hormisdas Sixte II Denys Eusèbe

26

Boniface Ier Eleuthère Eugène Sergius Ier

Hilaire Corneille Denys Martin Ier Agapit Ier Théodore Conon Lin Libère Eusèbe

Octobre

4 7

12

14 17 26 27

Marc Félix IV Honorius Ier Callixte Ier

Boniface V Evariste

Marcel Marc Félix IV Jean IV Callixte Ier Jean VII

Page 178: Pierre Jounel, Le Culte des saints dans les basiliques du Latran et du Vatican au douzième siècle

LES LIGNES DE DÉVELOPPEMENT DU SANCTORAL ROMAIN 179

Novembre

6 7

10 12 13 19 20 21 23 27

Décembre

8 10 11 19 20 21 22 26 27 31

Deusdedit Léon Ier Martin Ier

Pontien Gélase Ier Clément Ier Grégoire III

Melchiade Damase Ier Grégoire VI

Félix (?) Zozime Denys Sylvestre Ier

Deusdedit

Léon Ier

Félix Anastase II

Gélase Ier Clément Ier

Eutychien Miltiade Damase Ier

Zéphyrin Innocent Félix (?)

Sylvestre Ier

Quelle que soit l'origine des deux listes de saints papes insérées dans le calendrier de Mantoue et le martyrologe de Vienne, leur ancienneté les impose à notre attention. On y trouve tous les noms inscrits dans les calendriers des 11e et 12e siècles, à l'exception de celui de Jean VI qui se lit au calendrier de l'Aventin.

On peut donc constater qu'au moment où les calendriers commencent à doubler et tripler la série des saints papes qu'ils avaient reçue des sacramentaires du 8e siècle, leurs auteurs ne se sont pas livrés à une inspiration personnelle ou à un choix arbitraire parmi les notices du Liber Pontificalis, mais que leur choix était guidé par des listes fort anciennes. Si le martyrologe d'Adon a connu un grand succès, le calendrier de Mantoue et le martyrologe de Vienne nous révèlent qu'Adon avait eu lui-même des précurseurs dans son souci d'inscrire de nombreux papes parmi les saints proposés à la vénération du peuple chrétien.

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180 LE DÉVELOPPEMENT DU CULTE DES SAINTS À ROME

LES INFLUENCES SOUS LESQUELLES S'EST DÉVELOPPÉ LE CULTE DES PAPES

Lorsqu'on mesure l'ampleur qu'a pris le culte des papes au 11e siècle, on pense aussitôt à mettre cet essor en relation avec la Réforme grégorienne, dont le pontificat de Léon IX a constitué le prélude. Dès la mort de celui-ci on voit apparaître son nom aussi bien dans les calendriers de Mantoue, de Bologne et du Mont-Cassin que dans celui de Rome33. Le souvenir encore vivant d'un pape saint ne pouvait qu'illustrer l'enseignement de Grégoire VII sur la sainteté inhérente à la fonction papale et le témoignage de haute vertu donné au long des siècles par les successeurs de Pierre.

Le vingt-troisième des célèbres Dictatus papae a cette phrase étonnante, que les successeurs de Grégoire VII n'ont jamais ratifiée:

Le pontife romain, s'il a été ordonné canoniquement, devient indubitablement saint par les mérites de saint Pierre, sur la foi de saint Ennodius, évêque de Pavie, d'accord en cela avec de nombreux Pères, comme on peut le voir dans le décret du bienheureux pape Symmaque34.

Grégoire VII érige donc en principe doctrinal la tendance que L. Guérard caractérise avec humour: «En somme, l'autorité ecclésiastique paraît avoir favorisé avec discrétion les désirs des personnes pieuses pour lesquelles tout pape défunt était probablement saint, au moins jusqu'à preuve du contraire»35. En tout cas Grégoire est conscient d'être le détenteur d'une charge apostolique qu'une centaine de saints ont exercée avant lui: Depuis les origines, écrit-il à l'évêque Herman de Metz, il y a eu beaucoup de rois, mais très peu ont été saints, tandis que sur le seul siège episcopal de Rome on peut compter depuis saint Pierre environ cent pontifes qui ont été très saints, a tempore beati Petri apostoli ferme centum inter sanctissimos computentur26. Parmi ces pontifes beaucoup ont versé leur sang pour le Christ. C'est pourquoi Grégoire VII veut que les papes martyrs soient honorés solennellement dans toute l'Eglise au même titre que le patron de chaque église locale. C'est du moins ce qu'affirme le Micrologus:

Gregorius, huis nominis papa septimus apostolicae sedi praesidens, constituit ut sanctorum omnium Romanorum pontificum et martyrum festivitates sollemniter

33 Pour Rome on a, au 1 Ie siècle, non seulement le témoignage du calendrier de l'Aventin, mais encore celui du martyrologe de Sainte-Marie du Transtévère (Londres, British Museum, Add. ms. lat. 14801). Pour Bologne et le Mont-Cassin, voir A. Ebner, Missale romanum in Mitteiter, I.e., pp. 19 et 179. Les témoignages de culte à Toul sont nettement plus récents.

34 A. Fliehe, La Réforme grégorienne et la Reconquête chrétienne (1057-1123), tome 6 de l'Histoire de l'Eglise, I.e., Paris 1946, p. 80.

35 L. Guérard, Un fragment de calendrier romain au moyen âge, I.e., 168. 36 Grégoire VII, Registrum epistularum, VIII, 21; P. L. 151, col. 600. Références aux éditions

plus récentes dans Joffe, Regesta Pontificum romanorum, I.e., tome 1er n° 5201.

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LES LIGNES DE DÉVELOPPEMENT DU SANCTORAL ROMAIN 181

ubique cum pieno officio celebrentur. Nam cum quaelibet ecclesia sui patroni, etiamsi confessor fuerit, festum sollemniter observet, quanto magis eorum qui totius Ecclesiae non tam patroni quam Patres existerunt, quam etiam usque ad martyrium verbis et exemplis instituere non destiterunt37?

En lisant ces textes on constate que Grégoire VII n'a pas été l'initiateur du culte des saints papes, mais son propagateur. Il constate le fait qu'environ cent d'entre les successeurs de Pierre sont considérés comme des saints, et il veut que les papes martyrs soient fêtés dans toute l'Eglise cum pieno officio, c'est-à-dire avec l'office intégral des Pontifes, ainsi que le précise l'auteur du Micrologue dans un long développement d'ordre rubrical. On peut donc reconnaître la main de Grégoire VII dans l'addition des vingt-cinq nouveaux papes que contient le calendrier du Latran du 12e siècle. Il faut remarquer toutefois que YOrdo ojfîciorum du Latran, qui se réfère six fois à des décrets liturgiques de Grégoire VII, ne fait aucune allusion à celui que rapporte Bernold.

Si le culte des papes a pris une telle ampleur avant Grégoire VII, sous quelle influence s'est-il développé? - Nous n'avons pu en trouver de témoin plus ancien que le calendrier du sacramentaire de Ratisbonne, copié entre 999 et 1003. La liste des papes qu'il donne diffère notablement de celle du calendrier de l'Aventin, comme on a pu le constater (ci-dessus p. 171). Il semble donc que plusieurs listes, inspirées de celles de Mantoue et de Vienne, aient circulé vers la fin du 10e et le début du 11e siècle. Le bref pontificat de Sylvestre II n'avait constitué qu'un entre-acte dans une longue période de déchéance de la Papauté. Ne faut-il pas voir dans l'apparition du culte des papes, et spécialement des papes martyrs, comme une réaction des foyers de réforme exprimant leur foi envers l'Eglise romaine dépositaire des promesses de pérennité faites par le Christ à l'apôtre Pierre? Cluny, qui a brillé d'un tel éclat, n'a pas monopolisé l'esprit de réforme au 10e siècle. La Lorraine notamment connut tout un renouveau monastique, qui donna l'exemple à certaines églises de Germanie, dont celle de Ratisbonne, patrie du Vat. lat. 38063*. D'une Chaire de Pierre humiliée dans le présent les yeux des meilleurs parmi les chrétiens se tournaient vers ceux qui l'avaient honorée dans le passé par leur sainteté personnelle et qui demeuraient pour elle des intercesseurs.

37 Micrologus, Le, cap. 45; P. L. 151, col. 1010. 38 Sur la réforme monastique en Pays germaniques et précisément à Ratisbonne, voir E. Amann

et A. Dumas, L'Eglise au pouvoir des laïques (800-1057), tome 7 de Y Histoire de l'Eglise, I.e., Paris 1948, p. 335. Le sacramentaire de Ratisbonne (Vat. lat. 3806) peut être daté du pontificat de Sylvestre II, parce qu'il contient l'oraison pour le pape avec la mention famulum tuum Silvestrum. Cf. édition A. Rocca du sacramentaire, mais non du calendrier, dans Sanai Gregorii Magni opera, Paris 1605, tome 5, col. 259.

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182 LE DÉVELOPPEMENT DU CULTE DES SAINTS À ROME

IV - LE CULTE DES PÈRES ET DES MOINES

Les fêtes des Pères de l'Eglise et des Pères du monachisme n'ont fait qu'une entrée discrète dans le sanctoral romain du moyen âge. Si l'on rapproche ces deux catégories de saints, c'est que certains Pères de l'Eglise, comme saint Basile et saint Augustin, sont aussi des Pères de la vie monastique. De plus leur culte a suivi à peu près le même processus dans sa diffusion.

Voici la liste de ces saints, telle que nous la trouvons au 11e siècle. Le 12e ne leur ajouta aucun nom, mais il vit le culte de certains d'entre eux se développer, tandis que tel autre disparaissait momentanément.

Janvier

Février Mars

Avril Juin Juillet Août Septembre Novembre

Décembre

1 10 15 17 10 12 21 11 28 11 28 30

1 13 5 7

S. Basile S. Paul Ermite S. Maur S. Antoine S. Scholastique S. Grégoire le Grand S. Benoît (Transi tus) S. Léon le Grand S. Léon le Grand (Translatio) S. Benoît (Natale ou Translatio) S. Augustin S. Jérôme S. Hilaire S. Jean Chrysostome S. Saba S. Ambroise

A

A A A

A

A A

A A

Β Β

Β Β Β

C C C C C C C C C

C

D D D D D E F D E D D

E

H

H

H G H

H

H H

H

J

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I J J J J

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J J J

Κ Κ

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L L L L L L L

L L

De toutes ces fêtes le sacramentaire papal de la fin du 8e siècle ne connaît encore que celles de saint Grégoire (12 mars) et de saint Léon (28 juin). Les sacramentaires francs des environ de l'an 800 y ajoutent une nouvelle fête de S. Léon (1 1 avril) et celles de S. Benoît (11 juillet) et de S. Augustin. L'Occident s'en tiendra là jusqu'au 11e siècle.

' D'autres noms viennent toutefois s'ajouter à ceux de S. Grégoire, S. Augustin et S. Benoît dans les amplifications de la liste des saints du Communicantes, qui sont assez fréquentes en dehors de Rome. Dès le 8e siècle, le manuscrit Reginensis 316 du sacramentaire gélasien ajoutait aux noms des Ss. Denys, Rustique et Eleuthère (il s'agit d'un

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LES LIGNES DE DÉVELOPPEMENT DU SANCTORAL ROMAIN 183

manuscrit de la région parisienne) ceux d'Hilaire, Martin, Augustin, Grégoire, Jérôme et Benoît39. En Italie, on trouve souvent au 10e et au 11e siècle les quatre derniers noms, avec parfois en plus celui d'Ambroise. Mais, au 11e siècle, Rome célèbre aussi leurs fêtes, du moins en un certain nombre de ses églises.

Pour juger de l'importance du culte de ces saints dans la Cité des Papes, il est indispensable non seulement d'additionner, mais de peser le témoignage des manuscrits. On constate ainsi qu'au 11e siècle S. Basile et S. Jean Chrysostome ne sont inscrits que dans le sacramentaire de Saint-Laurent in Damaso (A). De même S. Saba n'est-il attesté que dans ce même sacramentaire (A) et dans celui de la basilique de l'Aventin dont il est le titulaire (E). S. Paul Ermite, S. Maur et S. Antoine apparaissent seulement dans le calendrier de Sainte-Marie de l'Aventin (D), c'est-à-dire dans l'un des centres les plus florissants de la vie monastique romaine. On ne saurait donc affirmer que le culte des Pères orientaux et du disciple de S. Benoît ait eu une grande diffusion dans la Rome de Léon IX et de Grégoire VIL II en va de même pour le culte de S. Jérôme et de S. Ambroise. L'un et l'autre ont leurs oraisons dans le collectaire de Saint-Anastase (C) et S. Jérôme est fêté en plus dans la basilique Saint-Laurent in Damaso en raison de ses liens avec le pape Damase (A). S. Hilaire est mentionné uniquement au monastère de saint Anastase (C). Seuls ont une assise plus large S. Benoît (ABCDE, BC) et sa sœur S. Scholastique (ACD), ainsi que S. Augustin (ABC). On notera qu'à partir du 11e siècle la fête du Tran- situs de S. Benoît l'emporte en importance sur celle du 11 juillet, que connaissaient les sacramentaires francs de la fin du 8e siècle. Il faut assurément y voir la marque d'une prépondérance de la tradition cassinienne sur celle de Fleury40.

Au 12e siècle, le nom de S. Paul Ermite disparait, mais il reparaîtra dans les calendriers du Latran et du Vatican de la fin du siècle. Le culte de S. Maur (H), de S. Antoine (J), de S. Hilaire et S. Jean Chrysostome (J) ne connaît pas de progrès notable. Au contraire on voit se développer celui de S. Augustin (HJKL), de S. Saba (JKL) et de S. Ambroise (HJKL).

V - LES FÊTES DU CHRIST SAUVEUR ET DE LA TRANSFIGURATION

On ne saurait clore l'étude des développements du sanctoral romain du 9e au 12e siècle sans évoquer l'apparition de deux fêtes qui éclairent le cheminement spirituel du chrétien en ces temps obscurs, celles de la Transfiguration et du Christ Sauveur. Comme

39 Liber sacramentorum romanae aeclesiae, édit. L. C. Mohlberg, I.e., n° 1246. 40 Les anciens calendriers du Mont-Cassin ignorent la fête du 11 juillet, appelée ailleurs transla-

tio, depositio, ou natale sancii Benedicti. Voir E. A. Loew, Die ältesten Kalendarien aus Monte Cassino, I.e., pp. 24-25.

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1 84 LE DÉVELOPPEMENT DU CULTE DES SAINTS À ROME

l'arc triomphal et l'abside des basiliques, le sanctoral dirige les regards du fidèle vers le Christ en gloire, qu'entoure la couronne des Apôtres, des Martyrs, des Pères de l'Eglises, des Pontifes romains et des Moines: le Christ Transfiguré de l'Evangile, le Christ Sauveur de l'Apocalypse.

LE CHRIST SAUVEUR

Liée de bonne heure à la Dédicace de la basilique du Latran (9 novembre), comme on le verra plus loin, la fête du Saint Sauveur (AG) n'a jamais connu une extension aussi large que celle de la Transfiguration, mais elle révèle l'importance que prit, du 10e au 12e siècle, la contemplation du Mystère Rédempteur, tant au sein des communautés ferventes que dans le peuple. Le relevé des titulaires d'églises ne nous a-t-il pas appris qu'à Rome 36 églises furent dédiées au Saint Sauveur durant cette époque, tandis qu'aux jours de calamités comme de fêtes le peuple romain se pressait devant l'icône du Christ Sauveur41?

LA TRANSFIGURATION

C'est l'Orient qui a transmis à l'Occident la fête de la Transfiguration (6 août). Dès le milieu du 9e siècle, elle était célébrée en Germanie aussi bien qu'en Espagne42 et, tout au long des 10e et 11e siècles, on peut en découvrir de multiples témoins à travers les Pays francs et l'Italie. Un fragment de sacramentaire monastique de Bari, daté du 10e siècle, a conservé le plus ancien formulaire de la messe in Festo Transfìgurationis Domini*3. Il semble que l'influence bénédictine ait été prépondérante dans la diffusion de cette fête, à laquelle Cluny devait donner un grand éclat après l'avoir adoptée en 113244.

Au 1 Ie siècle, la Transfiguration était célébrée à Rome dans les basiliques Saint-Saba (E) et Saint-Laurent in Damaso (A), où nous avons relevé d'indéniables influences orien-

41 Supra, pp. 110 et 120; infra pp. 305-307. 42 Pour la Germanie, on a le témoignage de Wandelbert de Prüm, dont le martyrologe date de

848 (P. L. 121, col. 607), et pour l'Espagne celui de l'évêque Eldefonse, dont VOpusculum de Pane eucharistico remonte à 845 (P. L. 106, col. 886 et 888). Infra pp. 268-269.

43 A. Dold, Die Zürcher und Peterlinger Messbuch-Fragmente, Coll. Texte und Arbeiten 25, Beu- ron 1934, pp. 25-26. Le Missel bénéventain du 10e-l Ie siècle (Archives de l'archevêché de Bénévent Cod. VI 33) donnera peu après pour la messe de la Transfiguration un texte identique à celui d'un missel en provenance d'une abbaye bénédictine des Abbruzzes, le Vat. lat. 4770, dont il sera question plus loin, pp. 348 (Sacris erudiri XXI, 1972-1973, pp. 375-376).

44 Bibliotheca Cluniacensis, Paris 1614, col. 1356.

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LES LIGNES DE DÉVELOPPEMENT DU SANCTORAL ROMAIN 185

taies. Il est donc vraisemblable que la fête a pénétré dans la Ville non sous l'influence franco-germanique, mais par la route du sud, celle qui vient d'Orient à travers l'Italie de tradition latino-byzantine. Dans la seconde moitié du 12e siècle, elle se trouvera implantée dans la basilique vaticane, mais elle ne pénétrera pas au Latran. C'est la raison pour laquelle elle demeurera inconnue de la liturgie de la Curie jusqu'au 15e siècle.

En vénérant ici le Christ Sauveur et là le Christ Transfiguré, l'Eglise romaine célébrait en fait le même mystère, car le salut en Jésus Christ et l'illumination divine ne font qu'un. L'Orient byzantin, qui a multiplié les églises de la Transfiguration et du Christ- Sauveur, a su exprimer avec profondeur l'unité du Mystère quand, de Constantinople à Jérusalem et à Thessalonique, de Kiev à Novgorod, il a dédié ses basiliques à la Sainte- Sophie, la Sagesse incarnée qui nous révèle la splendeur du Dieu Vivant à travers l'humiliation de la Croix.

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LIVRE TROISIÈME

LES CALENDRIERS DU LATRAN ET DU VATICAN

À LA FIN DU XIIe SIÈCLE

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L'ÉGLISE DE ROME AU 12e SIÈCLE

Le 12e siècle constitue une période exceptionnellement troublée pour l'Eglise de Rome. Des dix-sept papes qui la gouvernèrent, plusieurs durent s'enfuir de la Ville et gouverner la Chrétienté de quelque autre cité d'Italie ou de France; certains même ne résidèrent jamais au Latran. C'est déjà, plus de deux siècles avant le Grand Schisme, le temps des antipapes. On n'en compte pas moins de douze1. L'un d'entre eux, Anaclet II, issu de la puissante famille des Pierleone, imposa si fermement son autorité dans Rome que le pape Innocent II (1130-1143) ne réussit à faire reconnaître sa légitimité qu'avec l'appui de saint Bernard. En 1143, sous l'impulsion du mouvement communal très intense dans l'Italie du nord, la révolution éclata, le peuple romain pilla palais et églises, sans même respecter la basilique Saint-Pierre, et le Sénat se constitua en autorité souveraine au Capitole. Soutenu par le chanoine lombard Arnaud de Brescia, le Senatus Popu- lusque Romanus allait gouverner la Ville, érigée en véritable république, pendant une quarantaine d'années.

Aux prises avec la turbulence des barons et de la plèbe, les papes devaient encore tenir tête aux prétentions des empereurs germaniques. Si la Querelle des Investitures s'achève en 1123, celle du Sacerdoce et de l'Empire en prend le relai en 1157, et elle se poursuivra jusqu'au temps d'Innocent III (1198-1216), l'autorité pontificale trouvant un adversaire redoutable dans la personne de Frédéric Barberousse. Au milieu de toutes ces difficultés, le pontife romain devra aussi soutenir l'archevêque de Cantorbéry Thomas Becket, appelé à mener un combat identique pour la liberté de l'Eglise2.

Malgré la difficulté des temps, la Rome du 12e siècle ne manque pourtant pas de briller d'un certain éclat. Sans doute la création artistique dont elle peut témoigner ne souffre-t-elle pas la comparaison avec l'apogée de l'art roman et le printemps de Vars francigena que connaissent la plupart des pays d'Occident et l'Orient des Croisés (le Saint-Sépulcre est dédié en 1149, Notre-Dame de Chartres bâtie entre 1134 et 1175, Notre-Dame de Paris commencée en 1163). Mais il convient de rappeler que Saint-Chry- sogone est reconstruit en 1129, que les mosaïques de Sainte-Marie du Transtévère

1 H. Kühner, Dictionnaire des Papes, traduit de l'allemand, Paris 1958, pp. 76-83. 2 A. Fliehe, R. Foreviile, J. Rousset, Du premier Concile du Latran à l'avènement d'Innocent III

(1123-1198), tome 9 de VHistoire de l'Eglise, I.e., Paris, 1ère partie 1946, 2e partie 1953.

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190 LES CALENDRIERS DU LATRAN ET DU VATICAN À LA FIN DU XIIe SIÈCLE

remontent aux années 1130-1143 et celles de Sainte-Marie-la-Neuve aux environs de 1160, tandis que la fin du siècle verra apparaître les fresques de Saint- Jean-Porte-Latine3.

Plus que par son réveil artistique, encore bien modeste, Rome brille qu 12e siècle de l'éclat des trois premiers Conciles généraux d'Occident, auxquels on peut joindre le quatrième, qui empiète de peu sur le siècle suivant. Quatre fois en moins d'un siècle, des centaines d'évêques se sont réunis en Concilium generale au Latran pour délibérer et légiférer sous l'autorité du Pape. Le Ier Concile du Latran (1123), qui rassembla autour de Callixte II environ trois cents évêques, «fut à un haut degré le rendez-vous et le forum de la Chrétienté»4, mais la liste des participants fait défaut. Pour le IIe Concile du Latran (1139), plus de cinq cents évêques répondirent à la convocation d'Innocent II, venant de toutes les régions, aussi bien de Lincoln en Angleterre, de Huesca en Espagne et de Jérusalem que d'Italie, de France et d'Allemagne. Au IIIe Concile du Latran (1179), que présida Alexandre III, on compta à nouveau plus de trois cents membres: dix-neuf évêques venaient d'Espagne, huit des Etats latins d'Orient; l'Angleterre, l'Ecosse et l'Irlande étaient représentées aux côtés de la France, de l'Allemagne et de l'Italie, qui avait envoyé 124 Pères. Quant au IVe Concile du Latran, ce fut le plus marquant. Innocent III l'ouvrit le 11 novembre 1215. Parmi les 404 évêques nommément connus «on pouvait voir cette fois les évêques de pays de l'est de l'Europe, tels que la Bohème, la Hongrie, la Pologne, la Livonie, l'Estonie, qui n'avaient jusqu'alors jamais été représentés»5. Une telle assemblée marquait le couronnement de l'œuvre entreprise, un siècle et demi plus tôt, par le pape Grégoire VII.

LES BASILIQUES DU LATRAN ET DU VATICAN AU 12e SIÈCLE

Les basiliques du Latran et du Vatican ont participé au cours des temps aux heurs et malheurs de l'Eglise romaine. Au 12e siècle, passant de l'autorité d'un pape à celle d'un antipape, elles ont connu tour à tour les déprédations des factions rivales et le faste des célébrations solennelles, tandis que leur clergé tâchait entre temps d'y assurer avec dignité le culte divin. Il ne s'agit pas de faire ici l'histoire des deux basiliques au siècle de saint Bernard, mais de signaler les événements majeurs dont elles ont été le théâtre.

La basilique du Sauveur au Latran

La basilique du Latran a d'abord fourni sa vaste nef aux sessions des quatre Conciles généraux. En effet, ceux-ci ne se tinrent pas, comme on pourrait le croire, dans le tricli-

3 L. Homo, Rome médiévale, I.e., pp. 310-313. 4 H. Jedin, Brève histoire del Conciles, traduit de l'allemand, Paris 1960, p. 65. 5 Ibid., p. 72.

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LES CALENDRIERS DU LATRAN ET DU VATICAN À LA FIN DU XIIe SIÈCLE 191

nium de Léon III, appelé ultérieurement Y aula concilii, mais bien in ecclesia sancii Salva- toris quae Constantiniana vocatur, comme le précisent les actes du Concile de 12156. Lors de l'ouverture de celui-ci la basilique se trouva même trop petite pour contenir la foule et on s'y bouscula tellement que l'évêque d'Amalfi fut renversé, foulé aux pieds et étouffé7.

En plus des célébrations conciliaires, la basilique constantinienne fournit son cadre à un couronnement impérial. Depuis Charlemagne, c'est à Saint-Pierre que les empereurs d'Occident étaient couronnés par le pape. Mais, en 1133, la basilique vaticane était aux mains de l'antipape Anaclet II et le pape Innocent II décida de couronner empereur Lothaire III au Latran. Il est vrai que l'événement avait eu un précédent: en 1084, l'antipape Clément III avait déjà couronné au Latran l'empereur Henri IV, car le pape Grégoire VII tenait la Cité léonine avec le Château Saint-Ange8.

En dehors de ces jours exceptionnels, l'Office divin était célébré dans la basilique par les Chanoines réguliers de Saint-Frigdien de Lucques depuis le siècle précédent. C'est à l'un d'eux, le prieur Bernhard, que l'on doit YOrdo Officiorum ecclesiae lateranen- sis, rédigé dans les années 1140-1145 (supra p. 26). Un autre chanoine, le diacre Jean, rédigea entre 1160 et 1180 la description de la basilique que nous avons déjà présentée (p. 28). Mais, à côté des chanoines, des clercs romains assuraient l'administration des sacrements9 et, aux jours où la station liturgique était convoquée au Latran, les chanoines laissaient la place aux clercs de la Maison pontificale qui assistaient le Seigneur apostolique dans la célébration de l'Office et de la Messe.

La basilique de saint Pierre au Vatican

La basilique vaticane souffrit durement des violences du temps. Elle fut pillée une première fois, en 1111, par la soldatesque allemande, lors de la dramatique interruption du couronnement de l'empereur Henri V, qui se termina par l'arrestation du pape Pascal II10. Elle fut dépouillée à nouveau, en 1130, par l'antipape Anaclet II, qui s'empara de nombreux objets précieux, croix d'or, couronnes d'or et d'argent, joyaux, pour acheter des partisans11. Enfin, lors de la révolution romaine de 1143, Saint-Pierre subit de nouvelles déprédations et le peuple s'y livra à toutes sortes de violences contre les personnes12.

6 Pour les trois premiers conciles voir Ph. Jaffé, Regesta Pontifìcum romanorum, I.e.: Latran I, tome 1er p. 809; Latran II, tome 1er p. 885; Latran III, tome 2 p. 340.

7 A. Luchaire, Innocent III. Le Concile de Latran et la Réforme de l'Eglise, Paris 1908, pp. 7-8. 8 Ph. Lauer, Le Palas de Latran, I.e., p. 174 et p. 155. 9 E. De Azevedo, Vêtus Missale romanum monasticum lateranense I.e., Préface p. XVII. 10 C.J. Hefele - H. Leclercq, Histoire des Conciles, tome 5, Paris 1912, p. 520. 11 L. Duchesne, Le Liber Pontificalis, I.e., tome 2, p. 380. nIbid.,<p. 387.

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192 LES CALENDRIERS DU LATRAN ET DU VATICAN À LA FIN DU XIIe SIÈCLE

La basilique avait pourtant eu sa part des fêtes du Ier Concile du Latran. Le 25 mars 1123, le pape Callixte II avait consacré en présence des Pères du Concile l'autel qu'il avait construit au-dessus de la tombe de saint Pierre13. Cet autel, qui enveloppait celui de saint Grégoire le Grand, devait demeurer en usage jusqu'à l'érection de celui de Clément VIII (1594). On édifia ce dernier, l'actuel autel de la Confession, à un niveau supérieur, ce qui permit de ne pas détruire l'autel de Callixte IL C'est ainsi que les archéologues chargés des fouilles sous la Confession apostolique ont pu le mettre à jour dans les années 1940 14.

Comme au Latran, la célébration quotidienne de l'Office était assurée à Saint-Pierre par un Chapitre. Celui-ci nous a laissé trois documents importants, qui ont déjà été présentés: un Ordinaire pour les grandes fêtes de l'année, rédigé peu après 1140 par le chanoine-chantre Bento {supra p. 25); une description de la basilique vaticane par le chanoine Pierre di Mallio, qui est de peu postérieure à VOrdo précédent (supra p. 28); enfin un antiphonaire noté de l'Office avec son calendrier, datant de la fin du siècle (supra pp. 22 et 23).

Tels sont les principaux événements qui ont marqué au 12e siècle la vie de l'Eglise romaine et celle des basiliques du Latran et du Vatican. Il n'est pas inutile de les avoir évoqués pour mieux situer dans son développement le calendrier respectif de chacune des deux basiliques, qui ont toujours constitué les deux pôles de la vie liturgique et sociale de la Cité des Papes.

13 Le Liber Anniversariorum Basilicae Vaticanae mentionne au 25 mars: Consecratio altaris maio- ris basilicae beati Pétri facta a Callisto pp. II cum universo concilio anno eius V ind. I. Cité dans T. Alpharani, De basilicae vaticanae antiquissimi et nova structura, edit. M. Cerrati, Coll. Studi e Testi 26, Roma 1914, p. 28.

14 On trouvera le plan de l'ensemble dans E. Kirschbaum, Les Fouilles de Saint-Pierre de Rome, traduit de l'allemand, Paris 1961, p. 43.

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CHAPITRE I

LE TEXTE DES DEUX CALENDRIERS

Le texte des deux Calendriers du Latran et du Vatican à la fin du 12e siècle peut être établi à partir des sources suivantes.

Laîran (La)

M Lectionnaire du Latran reconstitué d'après le Lectionarius de Tommasi, présenté supra pp. 22-23.

Ν Missel du Latran (Archivio di Stato italiano ms. 997), décrit supra pp. 41-44, texte pp. 81-84.

Ο Calendrier du Latran (Archivio di Stato italiano ms. 997), décrit supra pp. 29-30, texte pp. 84-94.

Ρ Ordo Officiorum ecclesiae lateranensis du prieur Bernhard, édité par L. Fischer, décrit supra pp. 26-27.

Vatican (Va)

Q Antiphonaire de Saint-Pierre, édité par Tommasi, décrit supra pp. 23-24, texte pp. 422-424.

R Calendrier de l' Antiphonaire de Saint-Pierre, édité par Tommasi, décrit supra p. 22, texte pp. 416-421.

Janvier

1 La Octava (Natalis) Domini M Ν Ρ S. Basilii, episcopi M

Va Octava Nativitatis Q Circumcisio Domini R S. Basilii Q R S. Martinae, virginis R

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194 LES CALENDRIERS DU LATRAN ET DU VATICAN À LA FIN DU XIIe SIÈCLE

Octava S. Stephani Ρ Octava S. Stephani (Q) R S. Telesphori, papae et martyris R Octava S. Iohannis Ρ Octava S. Iohannis (Q) R Octava Ss. Innocentium Ρ Octava Ss. Innocentium Q R Vigilia Epiphaniae Ρ Vigilia Epiphaniae Q Epiphania Domini M Ν Ρ Epiphania Domini Q R

S. Pauli, eremitae P S. Hygini, papae et martyris Ρ Octava Epiphaniae M Ν Ρ Octava Epiphaniae Q R Ss. Iuliani et Celsi, martyrum Q Ss. Iuliani, Celsi et Margaritae R S. Felicis, presbyteri M Ν Ρ S. Felicis, presbyteri R S. Mauri, abbatis Ρ S. Mauri, abbatis R S. Marcelli, papae et martyris M Ν Ρ S. Marcelli, papae et martyris Q R S. Antonii, eremitae Ρ S. Antonii, abbatis R

S. Priscae, virginis et martyris M Ν Ρ Ss. Aquilae et Priscae Q R Ss. Marii, Marthae, Audifax et Abacuc Ν Ρ Ss. Marii et Marthae Q R Ss. Fabiani et Sebastiani, martyrum Μ Ν Ρ Ss. Fabiani pp. et Sebastiani, martyrum R Ss. Sebastiani et Fabiani, martyrum Q S. Agnetis, virginis Μ Ν Ρ S. Agnetis, virginis et martyris Q R S. Vincentii, martyris Ν Ρ S. Anastasii, martyris Ρ Ss. Vincentii et Anastasii, martyrum M

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Mars

LE TEXTE DES DEUX CALENDRIERS 195

Ss. Vincentii et Anastasii, martyrum Q R S. Emerentianae, virginis et martyris Ρ S. Emerentianae, virginis R Conversio S. Pauli, apostoli M Ν Ρ Conversio S. Pauli R S. Paulae Ρ Octava S. Agnetis Ν Ρ S. Agnetis secundo R Ss. Papiae et Mauri R Ss. Cyri et Iohannis, martyrum Ρ Ss. Cyri et Iohannis, martyrum Q R

S. Ignatii, episcopi et martyris Ρ Purificatio S. Mariae M Ν Ρ Purifìcatio S. Mariae Q R et S. Simeonis R S. Blasii Ρ S. Blasii, episcopi et martyris Q R S. Agathae, virginis M Ν Ρ S. Agathae, virginis et martyris Q R S. Scholasticae, virginis M Ρ S. Scholasticae, virginis R S. Valentini, martyris M Ν Ρ S. Valentini, presbyteri et martyris Q R Cathedra S. Pétri M Ν Ρ Cathedra beati Pétri, apostoli Q R Vigilia S. Matthiae Ρ Vigilia S. Matthiae, apostoli R S. Matthiae, apostoli M Ν Ρ S. Matthiae, apostoli R

La Ss. Quadraginta Martyrum M Ο Ρ Va Ss. Quadraginta Martyrum Q R

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196 LES CALENDRIERS DU LATRAN ET DU VATICAN À LA FIN DU XII* SIÈCLE

M Ν Ο Ρ 12

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S. Gregorii, papae et confessons S. Gregorii, papae S. Fridiani S. Benedicti, abbatis S. Benedicti, abbatis Annuntiatio beatae Mariae Annuntiatio beatae Mariae Co'nsecratio altaris S. Pétri

Avril

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Mai

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3

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La Va La

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M Ν Ο Ρ QR

Μ Ν Ο Ρ Q R Q R

S. Sixti, papae et martyris S. Xisti, papae et martyris S. Caelestini, papae S. Leonis, papae Ss. Tiburtii et Valeriani Ss. Tiburtii et Valeriani S. Aniceti, papae et martyris S. Sotheris, papae et martyris; S. Gaii, papae et martyris S. Georgii, martyris S. Georgii, martyris S. Marci, evangelistae Letaniae maiores S. Marci Letaniae maiores S. Cleti, papae et martyris; S. Marcellini, papae et martyris S. Cleti, papae et martyris S. Vitalis, martyris S. Vitalis, martyris

Ss. Philippi et Iacobi, apostolorum M Ν Ο Ρ Ss. Philippi et Iacobi, apostolorum Q R Inventio S. Crucis Μ Ν Ο Ρ Ss. Alexandria Eventii et Theoduli Μ Ν Ο Ρ

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Juin

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La Va La La Va La Va

La Va La Va La La Va

La Va La Va La La La

Va Inventio (Annuntiatio) S. Crucis Ss. Alexandri, Eventii et Theoduli, et Iuvenalis Ss. Alexandri, sociorumque eius Translatio corporis S. Stephani S. Iohannis ante Portam Latinam S. Johannis ante Portam Latinam Apparitio (Inventio) S. Michaelis S. Michaelis, archangeli Ss. Gordiani et Epimachi, martyrum Ss. Gordiani et Epimachi, martyrum Ss. Nerei et Achillei et Pancratii S. Pancratii, martyris Ss. Pancratii, Nerei et Achillei S. Bonifatii, martyris S. Bonifacii, martyris Ss. Venantii et sociorum eius S. Pudentianae, virginis S. Potentianae, virginis S. Urbani, papae et martyris S. Urbani, papae et martyris; et dedicatio S. Peregrini S. Eleutherii, papae et martyris S. Eleutherii, papae et martyris S. Iohannis, papae et martyris S. Iohannis, papae et martyris S. Felicis, papae et martyris S. Petronillae, virginis S. Petronillae, virginis

S. Nicomedis S. Nicomedis, martyris Ss. Marcellini et Pétri Ss. Marcellini et Pétri et Erasmi S. Venantii, episcopi Ss. Primi et Feliciani S. Barnabae, apostoli

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198 LES CALENDRIERS DU LATRAN ET DU VATICAN À LA FIN DU XIIe SIÈCLE

Ss. Basilidis, Cyrini, Naboris et Nazarii M Ν Ο Ρ Ss. Cantianorum, martyrum Ο Ρ Ss. Viti, Modesti et Crescentiae Μ Ν Ο Ρ Ss. Viti, Modesti et Crescentiae R Ss. Marci et Marcelliani Μ Ν Ο Ρ Ss. Marci et Marcelliani, martyrum R Ss. Gervasii et Protasii Μ Ν Ο Ρ Ss. Gervasii et Protasii, martyrum R S. Silverii, papae et martyris Ο Ρ S. Paulini, episcopi Ο Ρ Vigilia S. Iohannis M Ν Ο Ρ Nativitas beati Iohannis Baptistae Μ Ν Ο Ρ Nativitas S. Iohannis Baptistae Q R Ss. Iohannis et Pauli M Ν Ο Ρ Ss. Iohannis et Pauli, marryrum Q R S. Leonis, papae et confessons Ν Ο Vigilia Ss. Petri et Pauli Μ Ν Ο Ρ

Va S. Leonis, papae Q R Vigilia beati Petri Q S. Petri M Ss. Apostolorum Petri et Pauli Ν Ο Ρ S. Petri, Apostolorum principis R Beatissimorum Apostolorum Petri et Pauli Q Commemoratio S. Pauli M Ν Ο Ρ S. Pauli, vas electionis Q R

Octava S. Iohannis Baptistae Ο Ρ Octava S. Iohannis Baptistae R Ss. Processi et Martiniani M Ν Ο Ρ Ss. Processi et Martiniani, martyrum Q R Octava Apostolorum Μ Ν Ο Ρ Octava beati Petri R Octava beati Pauli R Ss. Septem Fratrum, martyrum Μ Ν Ο Ρ Ss. Rufinae et Secundae M OP

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LE TEXTE DES DEUX CALENDRIERS 199

Va Ss. Septem Fratrum, martyrum R Ss. Rufinae et Secundae, martyrum Q R S. Pii, papae et martyris Ο Ρ

Ss. Naboris et Felicis Ν Ο Ρ Ss. Naboris et Felicis, et Pii, papae et martyris R

S. Anacleti, papae et martyris Ο Ρ S. Anacleti, papae et martyris R

Ss. Quinci et Iulittae M OP Ss. Quinci et Iulittae R

S. Alexii, confessons M OP S. Alexii et S. Marinae, virginis R

Ss. Simphorosae et filiorum eius Ο Ρ S. Simphorosae cum septem filiis R

S. Praxedis, virginis M Ο Ρ S. Praxedis, virginis Q R

S. Mariae Magdalenae M Ν Ο Ρ S. Mariae Magdalenae Q R

S. Apollinaris, episcopi et martyris M Ν Ο Ρ S. Apollinaris, martyris Q R Vigilia S. Iacobi Ο S. Christinae, virginis R S. Iacobi, apostoli M Ν Ο Ρ S. Eutychiani, papae et martyris Ο Ρ S. Christophori, martyris Ο Ρ

Va S. Iacobi, apostoli R S. Christophori R

26 La S. Pastoris, presbyteri et confessons Ο Ρ Va S. Pastoris, presbyteri R

27 La S. Pantaleonis, martyris Ο Va S. Pantaleonis, martyris R

28 La Ss. Nazarii et Celsi S. Victoris, papae et martyris

Va Ss. Nazarii et Celsi; et S. Victoris, papae et martyris R

29 La S. Felicis, papae et martyris Ss. Simplicii, Faustini et Beatricis

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200 LES CALENDRIERS DU LATRAN ET DU VATICAN À LA FIN DU XIIe SIÈCLE

Va S. Felicis R Ss. Simplicii, Faustini et Beatricis R

30 La Ss. Abdon et Sennen M Ν Ο Ρ Va Ss. Abdon et Sennen Q R

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S. Pétri ad vincula Ss. Machabaeorum S. Pétri ad vincula, et Ss. Machabaeorum S. Stephani, papae et martyris S. Stephani, papae et martyris Inventio S. Stephani, protomartyris Inventio S. Stephani, protomartyris S. Iustini, presbyteri et martyris S. Iustini, presbyteri et martyris S. Sixti, papae et martyris Ss. Felicissimi et Agapiti Transfigurationis Domini Ss. Sixti, papae, Felicissimi et Agapiti S. Donati, episcopi et martyris S. Donati, episcopi Ss. Cyriaci, Largì et Smaragdi S. Cyriaci Ss. Cyriaci, Largì et Smaragdi S. Romani, martyris Vigilia S. Laurentii S. Romani, militis Vigilia S. Laurentii S. Laurentii, archidiaconi et martyris S. Laurentii, martyris S. Tiburtii, martyris S. Susannae, virginis et martyris Ss. Tiburtii et Susannae Ss. Eupli et Leucii Ss. Yppoliti et sociorum Ss. Yppoliti et Cassiani S. Eupli, martyris

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Ss. Hyppohti et sociorum Ss. Hyppoliti et Concordiae S. Eusebii, presbyteri Vigilia Assumptionis S. Eusebii Vigilia Assumptionis

Assumptio beatae Mariae virginis Assumptio beatae Mariae virginis

Octava S. Laurentii Octava S. Laurentii

S. Agapiti, martyris S. Agapiti, martyris

Octava S. Mariae Ss. Timothei et Symphoriani Octava beatae Mariae virginis S. Symphoriani

S. Aureae, virginis Vigilia S. Bartholomaei S. Aureae, virginis S. Bartholomaei, apostoli S. Lucii, papae et martyris S. Bartholomaei, sociorumque eius S. Zepherini, papae et martyris S. Peregrini et sociorum eius S. Augustini, episcopi et confessons S. Hermetis, martyris S. Balbinae, virginis S. Hermetis S. Balbinae S. Augustini, episcopi Decollatio S. Iohannis Baptistae S. Sabinae, virginis Decollatio S. Iohannis Baptistae S. Savinae Ss. Felicis et Adaucti, martyrum Ss. Felicis et Adaucti S. Paulini, episcopi

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202 LES CALENDRIERS DU LATRAN ET DU VATICAN À LA FIN DU XIIe SIÈCLE

Septembre

1 La S. Egidii, abbatis Ο Ρ Ss. Duodecim Fratrum Ο

Va S. Egidii, abbatis R 2 La S. Antonini, martyris Ο Ρ 8 La Nativitas beatae Mariae M Ν Ο Ρ

S. Adriani, martyris Ν Ο Va Nativitas S. Mariae Q R

S. Adriani Q R 9 La S. Gorgonii, martyris Ν Ο Ρ

Va S. Gorgonii R 10 La S. Hilari, papae et confessons Ο Ρ 11 La Ss. Proti et Yacinthi M Ν Ο Ρ

Va Ss. Proti et Yacinthi R 14 La Exaltatio S. Crucis Μ Ν Ο Ρ

Ss. Cornelii et Cypriani Μ Ν Ο Ρ Va Exaltatio S. Crucis Q R

Ss. Cornelii et Cypriani Q R 15 La S. Nicomedis, martyris Ν Ο Ρ

Va S. Nicomedis, martyris R 16 La S. Euphemiae Ν Ο Ρ

Ss. Luciae et Geminiani Ν Ο Ρ Va S. Euphemiae, virginis R

Ss. Luciae et Geminiani R 20 La Vigilia S. Mathaei M Ν 21 La S. Mathaei, apostoli et evangelistae M Ν Ο Ρ

Va S. Mathaei, apostoli R 22 La Ss. Mauritii et sociorum eius M Ν Ο Ρ

Va Ss. Mauritii, sociorumque eius R 23 La S. Lini, papae et martyris Ο Ρ

S. Theclae, virginis Ο Va S. Lini, papae et martyris R

S. Theclae, virginis R 25 La S. Faustae, virginis et martyris Ο Ρ

Va Ss. Eustachii, martyris, cum uxore et duobus filiis R

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LE TEXTE DES DEUX CALENDRIERS 203

26 La Ss. Cypriani, episcopi et martyris, et Iustinae, virginis et martyris Ο Ρ Ss. Cosmae et Damiani Μ Ν Ο Ρ Ss. Cosmae et Damiani, martyrum Q R Dedicatio S. Michaelis M Ν Ο Ρ Dedicatio S. Michaelis Q Memoria S. Michaelis R S. Ieronimi, presbyteri et confessons M Ν Ο Ρ S. Hieronymi, presbyteri R

S. Remiga, episcopi et confessons S. Eusebii, papae et martyris S. Marci, papae et confessons Ss. Sergii et Bachi

Va Ss. Sergii et Bachi S. Marci, papae

La Ss. Dionysii, Rustici et Eleutherii S. Donnini, martyris Ss. Dionysii, Rustici et Eleutherii S. Cerbonii, episcopi et confessons S. Cassii, episcopi et confessons S. Callixti, papae et martyris S. Calixti, papae et martyris S. Lucae, evangelistae S. Lucae, evangelistae S. Hilarionis, abbatis Ss. Chrisanti et Dariae Ss. Chrysanthi et Dariae S. Evaristi, papae et martyris S. Evaristi, papae et martyris Vigilia Ss. Simonis et Iudae Ss. Simonis et Iudae, apostolorum Ss. Simonis et Iudae, apostolorum S. Germani, episcopi S. Germani capuani

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204 LES CALENDRIERS DU LATRAN ET DU VATICAN À LA FIN DU XIIe SIÈCLE

31 La Vigilia Omnium Sanctorum M Ν Ο Ρ Va Vigilia omnium Sanctorum R

S. Quintini, martyris R

Novembre

1 La Omnium Sanctorum S. Cesarii, martyris

Va Festivitas omnium Sanctorum S. Cesarii, martyris

2 Va Commemoratio omnium Defunctorum in vigi- liis S. Hilarii, episcopi et confessons S. Leonardi, confessons Consecratio Altaris S. Mariae de Cancellis Ss. Quatuor Coronatorum Ss. IV Coronatorum Dedicatio basilicae Salvatoris S. Theodori, martyris

Va Dedicatio sancti Salvatoris S. Theodori

10 La Ss. Triphonis et Respicii, martyrum, et Nymphae, virginis Ss. Triphonis, Respicii et Nymphae S. Martini, episcopi et confessons S. Mennae, martyris S. Martini, episcopi et confessons S. Martini, papae et martyris S. Martini, papae et martyris S. Britii, episcopi et confessons S. Iohannis Chrysostomi, et S. Britii, confessons Octava dedicationis basilicae Salvatoris S. Rufï, episcopi et confessons Dedicatio ecclesiarum SS. Petri et Pauli Dedicatio basilicae S. Petri, principis Apostolo- rum Q Dedicatio basilicarum Apostolorum Petri et Pauli R

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LE TEXTE DES DEUX CALENDRIERS 205

S. Pontiani, papae et martyris Ο Ρ S. Gelasii, papae et confessons Ο Ρ S. Caeciliae, virginis et martyris M Ν Ο Ρ S. Caeciliae, virginis et martyris Q R S. Clementis, papae et martyris M Ν Ο Ρ S. Felicitatis Ν S. Clementis, papae et martyris Q R S. Chrisogoni, martyris M Ν Ο Ρ S. Chrysogoni, martyris Q R S. Prosperi, episcopi et confessons Ο Ρ Octava dedicationis S. Pétri Q S. Catherinae, virginis et martyris R S. Pétri, episcopi alexandrini Ο Ρ S. Saturnini, martyris Ν Vigilia S. Andreae M Ν Ο Ρ

Va S. Saturnini, martyris Q R Vigilia S. Andreae Q S. Andreae, apostoli Μ Ν Ο Ρ S. Andreae, apostoli Q R

S. Vivianae, virginis et martyris Ο Ρ S. Bibianae, virginis et martyris R Ss. Nemesii et sociorum eius Ο Ρ S. Barbarae, virginis Ο Ρ S. Barbarae, virginis, et S. Iulianae R S. Sabae, confessons M Ο Ρ S. Sabae, monachi R S. Nicolai, episcopi et confessons M Ν Ο Ρ S. Nicolai, episcopi et confessons Q R S. Ambrosii, episcopi et confessons M Ο Ρ S. Savini, episcopi et martyris Ο Ρ

Va S. Ambrosii, episcopi et confessons R S. Savini, episcopi et martyris * R

La S. Zenonis, episcopi et confessons Ο Ρ La S. Siri, episcopi et confessons Ο Ρ

Page 205: Pierre Jounel, Le Culte des saints dans les basiliques du Latran et du Vatican au douzième siècle

206 LES CALENDRIERS DU LATRAN ET DU VATICAN À LA FIN DU XIIe SIÈCLE

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S. Miltiadis, papae et martyris S. Damasi, papae et confessons S. Danielis S. Luciae, virginis S. Luciae, virginis Ss. Eustratii, sociorumque eius Vigilia S. Thomae S. Thomae, apostoli S. Thomae, apostoli S. Gregorii Spoletani Vigilia Nativitatis Vigilia Domini nostri Iesu Xti Nativitas Domini nostri Iesu Xti S. Anastasiae, virginis Nativitas Domini S. Anastasiae S. Eugeniae S. Stephani, protomartyris S. Stephani, protomartyris S. Iohannis, apostoli et evangelistae S. Iohannis, apostoli et evangelistae Ss. Innocentium Ss. Innocentium S. Thomae, episcopi et martyris S. Thomae, archiepiscopi et martyris S. Silvestri, papae et confessons S. Silvestri, papae et confessons

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CHAPITRE II

LE COMMENTAIRE HISTORIQUE ET LITURGIQUE

Après avoir établi le texte des calendriers du Latran et du Vatican au 12e siècle, on doit tenter d'éclairer les conditions dans lesquelles chacune des fêtes postérieures au 8e siècle est venue s'insérer dans le sanctoral local de Rome. Tel sera l'objet de notre commentaire historique. Dès l'abord il faut reconnaître qu'il laissera maintes questions sans réponse, car la documentation sur ces temps lointains est souvent déficiente. On peut suivre, à travers les vallées alpines et l'Italie septentrionale, les courants liturgiques provenant de France et d'Allemagne, sous l'influence des évêques promus par les empereurs ottoniens ou dans le rayonnement de Cluny, mais il est le plus souvent malaisé d'affirmer leur influence en telle innovation précise. De plus, on oublie parfois que Rome était proche de la principauté de Bénévent et des régions de l'Italie méridionale où l'influence de Byzance demeura longtemps prépondérante. C'est ainsi, à notre avis, que la fête de la Transfiguration a plus de chance d'être parvenue à Rome par la via Appia que par l'Aurelia.

Au commentaire historique on joindra un bref commentaire liturgique, quand il semblera utile de montrer, par exemple, comment deux fêtes peuvent être célébrées simultanément dans un Office mixte. La liturgie du moyen âge usait dans l'aménagement des rites d'une souplesse inconnue de la liturgie post-tridentine.

Afin d'alléger la documentation de base, on utilisera les sigles suivants.

Sigles

1 - Calendriers du Latran et du Vatican dans la seconde moitié du 12e siècle (supra, p. 193)

M Lectionnaire du Latran. Ν Missel du Latran. Ο Calendrier du Latran Ρ Ordo Officiorum du Latran. Q Antiphonaire de Saint-Pierre. R Calendrier de PAntiphonaire de Saint-Pierre.

Page 207: Pierre Jounel, Le Culte des saints dans les basiliques du Latran et du Vatican au douzième siècle

208 LES CALENDRIERS DU LATRAN ET DU VATICAN À LA FIN DU XIIe SIÈCLE

2 - Calendriers

CA Calendrier africain de Carthage: J. B. De Rossi - L. Duchesne, Martyrolo- gium hieronymianum, Bruxelles 1894, pp. lxx - lxxi.

CB Calendrier byzantin: J. Mateos, Le Typicon de la Grande Eglise, Rome 1962.

CC Calendrier copte: M. de Fenoyl, Le Sanctoral copte, Beyrouth 1960. CH Calendrier hispanique mozarabe: M. Férotin, Le Liber Ordinum, Paris 1904. CM Calendrier de Mantoue: F. A. Zaccaria, Kalendarium mantuanum, dans P.

L. 138, col. 1257-1266. CN Calendrier de Naples: D. Maliardo, // Calendario marmoreo di Napoli,

Rome 1944-1946. CO Calendriers orientaux: V. Grumel, Traité d'études byzantines, I La

logie, Paris 1958; N. Nilles, Kalendarium manuale utriusque Ecclesiae, Innsbruck 1896-1897.

CR Calendriers romains CR 4e s. Chronographe de 354: L. Duchesne, Le Liber Pontificalis, Paris 1886-1892, tome 1er pp. 10-12. CR 9e s., supra pp. 123-127. CR 10e s., supra pp. 129-132. CR 11e s., supra pp. 134-142. CR 12e s., supra pp. 146-154.

CSG Calendriers de Saint-Gall: E. Munding, Die Kaiendarien von St. Gallen, 2 vol. Beuron 1948 et 1951. Sauf indication contraire on renverra au tome 2.

3 - Lectionnaires

LA Lectionnaire d'Alcuin: A. Wilmart, Le Lectionnaire d'Alcuin, dans Epheme- rides liturgicae 51 (1937), pp. 136-197.

LJ Lectionnaire de Jérusalem du 5e s. : A. Renoux, Le codex arménien lem 121, dans Patrologia Orientalis, 36 (1971), pp. 141-388.

LK Evangéliaire romain des 7e -8e s.: Th. Klauser, Das römische Capitulare evangeliorum, Münster in W. 1935.

LW Epistolier romain du 7e s. : G. Morin, Le plus ancien Cornes ou Lectionnaire de l'Eglise romaine, dans Revue bénédictine 27 (1910), pp. 41-74.

Page 208: Pierre Jounel, Le Culte des saints dans les basiliques du Latran et du Vatican au douzième siècle

LE COMMENTAIRE HISTORIQUE ET LITURGIQUE 209

4 - Martyrologes

MA Martyrologe d'Adon: H. Quentin, Les Martyrologes historiques du moyen âge, Paris 1908, pp. 409-681.

MB Martyrologe de Bède: H. Quentin, ibid., pp. 17-119.

MF Martyrologe de Florus: H. Quentin, ibid., pp. 222-408. MH Martyrologe hiéronymien: H. Delehaye, Commentarius perpetuus in Marty-

rologium hieronymianum, Bruxelles 1931. MN Martyrologe de Nicomédie (4e s.): B. Mariani, Breviarium syriacum, Rome

1956. MU Martyrologe d'Usuard: J. Dubois, Le Martyrologe d'Usuard, Paris 1965. MUA Auctaria d'Usuard (Additions au Martyrologe d'Usuard) éd. J. B. du Sol-

lier, Martyrologium Usuardi, dans Acta Sanctorum iunii, tome 7, Anvers 1714.

MV Martyrologe romain de Vienne (Vindob. 387): Wien, Osterreichische nalbibliothek, Cod. lai. 387; texte inédit, extrait supra pp. 175-179.

5 - Sacramentaires et Missels

Pour les sacramentaires on s'en est tenu à la sélection suivante:

SGé Sacramentaire gélasien Reginensis 316: C. Mohlberg, Liber sacramento- rum romanae aeclesiae, Rome 1960.

SGr Sacramentaire grégorien: J. Deshusses, Le sacramentaire grégorien, Fri- bourg/Suisse 1971.

SV Sacramentaire de Vérone: C. Mohlberg, Sacramentarium Veronese, Rome 1956.

S 8e Sacramentaires dits Gélasiens du 8e siècle: C. Mohlberg, Das fränkische Sacramentarium Gelasianum in alamannischer Überlieferung (Cod. Sangall. 348), Münster in W 1939.

EBNER A. Ebner, Quellen und Forschungen zur Geschichte und Kunstchichte des Missale Romanum in Mittelalter, Iter italicum, Freiburg im Breisgau 1896.

LEROQUAIS V. Leroquais, Les Sacramentaires et les Missels manuscrits des Bibliothèques publiques de France, Paris 1924.

Page 209: Pierre Jounel, Le Culte des saints dans les basiliques du Latran et du Vatican au douzième siècle

210 LES CALENDRIERS DU LATRAN ET DU VATICAN À LA FIN DU XIIe SIÈCLE

6 - Itinéraires romains

I Notifia ecclesiarum urbis Romae: Itineraria et alia geographica dans Corpus Christianorum 175, Turnhout 1965, pp. 303-311. De locis sanctis martyrum quae suntforis civitatis Romae: ibid. pp. 313-322. Itinerarium Malmesburiense: ibid. pp. 323-328.

Janvier

La In octava natalis Domini (M N), In octava Domini (P) Va In octava nativitatis Domini (Q), Circumcisio Domini (R)

Au 12e siècle, l'ancien titre romain d' Octava Domini prévaut encore au Latran pour désigner le 1er janvier, et l'antiphonaire de Saint-Pierre y demeure fidèle. La fête de la Circoncision n'était pourtant pas une nouveauté. Célébrée à Jérusalem au début du 5e siècle (LJ 222), puis chez les Byzantins et les Coptes (CB 170, CC 110), elle est attestée en Occident dès le 6e siècle, aussi bien en Italie méridionale avec le lectionnaire de Victor de Capoue (t 554) qu'en Gaule par le Concile de Tours de 567 et le martyrologe hiérony- mien (MH 19). On la trouve ensuite au 9e siècle en tête du calendrier lapidaire de Naples (CN 132), puis elle apparaît à Rome au 11e dans le calendrier de l'Aventin. La In natali sancii Basila, episcopi (M) Va Sancii Basila (Q R).

Les calendriers byzantin, syrien et copte, suivis par celui de Naples, annoncent la fête de saint Basile au 1er janvier avec celle de la Circoncision (CB 170, CO 337, CC 110, CN 132). C'est le natale de Basile (t 1er janvier 379). Celui-ci était représenté dès le 7e siècle dans les fresques de Sainte-Marie-Antique au Forum1, mais il faut attendre le 11e siècle pour voir apparaître sa mémoire liturgique à Rome sous la double influence de l'Orient et des moines. On sait, en effet, que saint Basile est considéré comme le père du monachisme aussi bien occidental qu'oriental, ainsi qu'en témoigne la Règle de saint Benoît2. Il convient de relever que, dans leur diversité, les sources romaines du 11e et du 12e siècle (CR 11e, 135; CR 12e, 147) sont unanimes à retenir pour sa fête la date orientale

1 Voir le hors-texte en couleur dans D.A.C.L. tome 5, col. 2064.S. Basile est le septième personnage à partir de la droite. S. Basile est représenté à nouveau à droite de la conque absidiale en compagnie de S. Grégoire de Nazianze (ibid., col. 2034).

2 S. Benedict!, Regula monachorum, 73; édit. Ph. Schmitz, Gembloux 1946, p. 100. S. Benoît se réfère à la régula sancii Patris nostri Basila, qui est le seul parmi les Pères à être cité dans la Règle bénédictine.

Page 210: Pierre Jounel, Le Culte des saints dans les basiliques du Latran et du Vatican au douzième siècle

LE COMMENTAIRE HISTORIQUE ET LITURGIQUE : JANVIER 21 1

du 1er janvier et non celle du 14 juin que donnent les martyrologes d'Adon (MA 456) et d'Usuard (MU 246).

A Saint-Pierre, les deux répons du troisième nocturne de Matines étaient de saint Basile (Q), ce qui laisse deviner qu'on lisait la Vie du saint, peut-être la Vita sancii Basila episcopi dont le passionnaire des Saints- Jean-et-Paul donne le texte (fol. 1-6). Va Sanctae Mariinae, virginis (R)

La mémoire de sainte Martine, que le calendrier de Saint-Pierre est seul à mentionner, est attestée à Rome aux 11e et 12e siècles par les mêmes documents que celle de saint Basile (CR 11e, 135; CR 12e, 147). Elle n'était pas une inconnue pour la tradition locale. Si les sacra mentaires n'en font pas mention, elle est inscrite dans l'évangéliaire de 740 (LK 59), d'où elle est passée dans celui du 9e siècle (CR 9e, 124). C'est au 7e siècle que le pape Donus (676-678) avait introduit à Rome le culte de sainte Martine, en lui dédiant au Forum le secrétarium du Sénat (LK 184). La salle des séances du Sénat ayant été placée sous le patronage de saint Adrien cinquante ans plus tôt, une légende allait naître de la proximité des deux basiliques: on fit de Martine l'épouse d'Adrien.

Les martyrologes (MH 19, MA 414) accueillirent la mention de cette sainte, que ne connaissent pas les anciens itinéraires des cimetières romains, et son culte se développa en Italie centrale du 10e au 12e siècle. C'est à la faveur de ce modeste développement que la fête de sainte Martine gagna quelques églises de Rome et pénétra même vers la fin du 11e siècle dans la basilique vaticane, où le collectaire de Saint-Pierre (fol. 108) lui attribue l'oraison de sainte Prisca (SGr 118).

2 Va Sancii Telesphori, papae et martyris (R)

Le Liber Pontificalis donne le 2 janvier pour la depositio du pape Télesphore, dont saint Irénée atteste qu'«il rendit un glorieux témoignage»3. C'est la date à laquelle le nom de Télesphore est inscrit dans le calendrier de Mantoue (CM 1257) et le martyrologe de Vienne (MV supra, p. 175), puis à Saint-Gall (CSG 5), à Ratisbonne et enfin au calendrier de Saint-Pierre du 12e siècle. Florus introduisit au 5 janvier la notice du pape Télesphore (MF 293), là où le Hiéronymien donnait le nom d'un martyr homonyme (MH 26). La tradition liturgique semble donc indépendante des martyrologes historiques du 9e siècle4. La Va Octava sancii Stephani (P R)

3 La Va Octava sancii Iohannis (P R)

4 La Va Octava sanctorum Innocentium (P Q R)

3 L. Duchesne, Le Liber Pontificalis, I.e., tome 1er, p. 129. Référence à saint Irénée ibid., p. 130. * Ibid., p. 129.

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212 LES CALENDRIERS DU LATRAN ET DU VATICAN À LA FIN DU XIIe SIÈCLE

L'Ordo du Latran et le calendrier du Vatican mentionnent les trois octaves. En se référant indirectement à l'octave des Innocents (Q 49), l'antiphonaire de Saint-Pierre témoigne lui aussi, en fait, de la célébration des trois. L'octave de saint Etienne est la plus ancienne; on la trouve déjà mentionnée au Hiéronymien (MH 22), mais les trois étaient célébrées à Saint-Gall dès la fin du 9e siècle (CSG 5).

5 La Va Vigilia Epiphaniae (P Q)

6 La Va Epiphania Domini (M Ν Ρ Q R)

L'antiphonaire de Saint-Pierre annonce pour l'Epiphanie: Statio est in Basilica S. Pétri, Principis Apostolorum (Q 51), conformément au sacramentaire Grégorien (SGr 113). L'évangéliaire de 645 indique la station pour la vigile (LK 14). Saint Léon le Grand a dû prêcher dans la basilique vaticane ses huit sermons in Epiphaniae solemnitate, qui constituent le premier témoin explicite de la célébration de l'Epiphanie à Rome.

10 La Sancii Pauli, primi eremitae (Ρ)

La fête de saint Paul Ermite, inserite à YOrdo du Latran, apparaît à Rome au 11e siècle avec le calendrier de l'Aventin, le lectionnaire de Saint-Grégoire, le passionnaire des Saints Jean-et-Paul, les martyrologes de Saint-Pierre et de Saint-Cyriaque. On trouve le nom du saint dans la litanie pascale de Saint-Saba {supra, p. 33). Les Coptes fêtent saint Paul de Thèbes le 27 janvier (CC 120) et les Byzantins le 15 du même mois (CB 198), tandis que le calendrier de Naples l'inscrit au 19 (CN 132). Bède introduisit sa mention au 10 janvier dans son martyrologe (MB 99). La fête était célébrée à Saint-Gall dès le milieu du 9e siècle (CSG 5) mais, au 12e siècle, elle était encore peu répandue en France et en Italie5.

11 La Sancii Hygini, papae et martyris (P)

Le nom de saint Hygin apparaît au 1 1 janvier dans le calendrier de Mantoue (CM 1257), puis dans celui de l'Aventin (CR 11e, 135). C'est le jour de sa déposition selon le Liber Pontificalis6. Adon lui fit place dans l'appendice de son martyrologe à la date du 10 janvier (MA 472). On le trouve également au 10 dans un calendrier de Saint-Gall de la première moitié du 1 Ie siècle, où il est qualifié de martyr (CSG 5).

5 G. de Valous, Le Monachisme clunisien des origines au XVe siècle, Coll. Archives de la France monastique, tome 39, Paris 1935, p. 399.

6 L. Duchesne, Le Liber Pontificalis, I.e., tome 1er, p. 1311.

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LE COMMENTAIRE HISTORIQUE ET LITURGIQUE : JANVIER 213

13 La Va Octava Epiphaniae (M Ν Ρ Q R) Le sacramentaire de Saint-Pierre du 11e siècle indique les oraisons pour l'octave de

l'Epiphanie (fol. 96v), mais le collectaire de la même basilique n'en fait pas mention au siècle suivant. On peut donc reconnaître dans cette octave un apport franco-germanique, car elle était célébrée en Pays francs dès la fin du 8e siècle (S 8e 17). En tout cas, elle est bien attestée au Latran et au Vatican dans la seconde moitié du 12e siècle.

Va Sanctorum Iuliani et Celsi, martyrum (Q) Sanctorum Iuliani, Celsi et Margaritae (R)

Le martyrologe lyonnais, intermédiaire entre Bède et Floras, annonce le 6 janvier: Antiochiae natale S. Iuliani, martyris, et Celsi, pueri, et Marcianillae, matris eiusdem (MF 204). Les deux premiers noms appartiennent à un groupe de martyrs d'Antinoé (Egypte) mentionnés ce jour-là par le Hiéronymien (MH 28). Celui-ci présente Basilissa comme l'épouse de Julien, mais il n'indique pas le nom de la mère de Celse. Le culte de Julien et Basilissa ou Julien et Celse connut une certaine diffusion dans l'Orient byzantin, en Espagne et en Gaule7. On trouve Julien et Basilissa à Rome au 11e siècle à la date du 13 janvier (CR 11e, 135), puis au 12e Julien et Celse au 6 janvier, leur natale (CR 12e, 147). Le calendrier de Saint-Pierre a joint aux noms de Julien et Celse celui de Margarita, qui est une déformation de Marcianella, nom de la mère de Celse, et il a transféré la fête du jour de l'Epiphanie à son octave.

L'église des Saints-Celse-et-Julien, proche du pont Saint-Ange, remonte au 1 Ie siècle, et peut-être plus haut8. On y entretint longtemps une légende locale selon laquelle elle aurait été bâtie sur l'emplacement de la maison de saint Julien9. Le culte des saints titulaires n'eut qu'à franchir le pont pour atteindre le Vatican.

14 La Sancii Felicis in Pincis (M Ν Ρ) Va Sancii Felicis, presbyteri (R)

Le culte de saint Félix, prêtre de Noie (Campanie) dont le natale est annoncé au martyrologe hiéronymien (MH 40), avait gagné Rome au 7e siècle grâce à la basilique dont il était titulaire ad Portam Pincianam. Les sources liturgiques sont unanimes à ce sujet10. On sait que saint Paulin de Noie avait beaucoup contribué à la diffusion de ce culte.

7 MH 28. Voir aussi P. Salmon, Le Lectionnaire de Luxeuil, I.e., pp. XCV et 27-57. L'auteur signale l'existence aux Archives de Saint- Pierre d'une Passio des Martyrs dans un manuscrit des 10Mle s. (p. 28).

8 C. Huelsen, Le Chiese di Roma, I.e., p. 237. 9 X. Barbier de Montault, L'année liturgique à Rome, Rome 1870, p. 14. 10 A. Chavasse, Le sacramentaire gélasien, I.e., pp. 274-275 et 286.

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214 LES CALENDRIERS DU LATRAN ET DU VATICAN À LA FIN DU XIIe SIÈCLE

15 La Va Sancii Mauri, abbatis (Ρ R)

Usuard introduisit dans son martyrologe le nom de saint Maur, abbé de Glanfeuil en Anjou, (MU 161) peu d'années avant que les moines de Glanfeuil ne viennent se réfugier avec les reliques du saint près de Paris, au lieu qui allait devenir Saint-Maur-des-Fossés (869). Pour donner plus de relief au saint protecteur de son monastère, l'abbé Odon de Glanfeuil avait composé une vie romancée de saint Maur dont, à la faveur de l'homonymie, il faisait le disciple de saint Benoît (863). Ce fut l'origine du culte du saipt, qu'on trouve à Saint-Gall (CSG 5) et à Cluny11 au 10e siècle. Il se développa rapidement en France (Leroquais 3, 388), en Angleterre12 et en Italie (Ebner 478) au cours du 11e siècle.

Le culte de saint Maur atteignit Rome à la même époque. On trouve son nom dans la litanie pascale de Pépistolier de Saint-Saba (supra, p. 33) et dans le calendrier de Sainte- Marie de l'Aventin (CR 11e, 135). Au 12e siècle, le collectaire de Saint-Pierre lui attribue un formulaire (fol. 110), puis l'Ordo du Latran l'accueille à son tour.

16 La Va Sancii Marcelli, papae et martyris (M Ν Ρ Q R)

La Depositio Episcoporum du Chronographe de 354 annonce au 15 janvier: Marcellini in Priscillae (CR 4e, 10). Elle veut certainement indiquer la depositio Marcelli, inhumé le 16 au cimetière de Priscille, comme le précise le martyrologe hiéronymien (MH 142). La fête de Saint Marcel est connue de l'ensemble des témoins liturgiques romains du 7e siècle, les uns le donnant comme confesseur (SGé 130), les autres comme martyr (SGr 117). A partir du 8e siècle, saint Marcel sera unanimement honoré comme martyr.

17 La Sancii Antonii, eremitae (P) Va Sancii Antonii, abbatis (R)

La fête de «saint Antoine le Grand, astre du désert et père de tous les moines» est inscrite en ce jour au calendrier copte (CC 117). C'est également en ce jour qu'elle est célébrée aux rites syrien occidental, syrien oriental et byzantin, comme elle l'était déjà à Jérusalem au 5e siècle (LJ 226). Sa mention apparaît en Occident avec le martyrologe de Bède (MB 48). Le culte de saint Antoine est attesté à Saint-Gall (CSG 5) et en Angleterre dès le 9e siècle. Il se développe modestement au 10e siècle avant de recevoir un grand essor en France et en Angleterre au 11e, bien que Cluny ne l'ait jamais reçu. En Italie la diffusion n'atteint pas autant d'ampleur. Le nom de saint Antoine apparaît à Rome au 11e siècle dans la litanie pascale de Saint-Saba (supra, p. 33), le calendrier de l'Aventin, le passionnaire des Saints-Jean-et-Paul, les martyrologes du Vatican (qui est dépendant de

11 G. de Valous, Le Monachisme clunisien, I.e., p. 399. 12 F. Wormald, English Kaiendars before A.D. 1100, I.e., Sur 13 calendriers du 11e siècle que

publie l'auteur, 9 contiennent le nom de saint Maur.

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LE COMMENTAIRE HISTORIQUE ET LITURGIQUE : JANVIER 215

Bède) et de Saint-Cyriaque (CR 11e, 135). Toutes ces sources sont, il convient de le souligner, d'origine monastique. Au 12e siècle, la fete de S. Antoine se trouve dans le sacramentaire de Saint-Tryphon (CR 12e, 147) avant d'apparaître dans l'Ordo du Latran et le calendrier de Saint-Pierre. Comme on le voit, la pénétration et la diffusion du culte de saint Antoine à Rome ont suivi le même processus que la réception du culte de saint Paul Ermite et de saint Maur.

18 La Sanctae Priscae, virginis et martyris (M Ν Ρ) Va Sanctorum Aquilae et Priscae (Q R)

Le sacramentaire grégorien (SGr 615) et l'évangéliaire de 645 (LK 15) mentionnent sainte Prisca, titulaire de l'antique basilique de )'Aventin. Le sacramentaire lui donne le titre de martyre. Mais assez tôt la légende vit dans Prisca l'épouse d'Aquila, dont fait mémoire saint Paul (Rom. 16,3; 2 Tim. 4,19). Au début du 9e siècle, l'église était appelée titulus beatis(simorum) Aquilae et Priscae13. Les titres attribués à la fête par les livres du Latran et du Vatican témoignent de la double tradition.

19 La Sanctorum Marii et Marthae, Audifax et Abachum, martyrum (N P) Va Sanctorum Marii et Marthae (Q R)

Le martyrologe hiéronymien annonce au 19 janvier: Hierosolyma Marthae et Mariae sororum Lazari (MH 48) et le lendemain les quatre martyrs romains (MH 50). Le sacramentaire gélasien donne au 20 janvier les noms des quatre martyrs de la via Cornelia, en déformant le premier: Mariae et Marthae (SGé 131). Les quatre noms correctement orthographiés apparaissent souvent dans les sacramentaires francs à partir du 9e siècle à la date du 19 janvier, tandis que les calendriers anglais et ceux de Cluny les ignorent et qu'ils sont presque absents des livres italiens. A Rome, le sacramentaire de Saint-Tryphon, au 12e siècle, les inscrits au 20 avec Fabien et Sébastien, (CR 12e, 147). Il semble donc qu'on assiste d'abord à l'extension d'un ancien culte local, peut-être à la faveur d'une translation de reliques, puis à un alignement de la date sur la tradition franque, d'autant que le 20 janvier est déjà occupé par deux fêtes de saints romains. C'est ainsi que la mémoire des quatre martyrs est reçue au Latran et au Vatican.

20 La Sanctorum Fabiani et Sebastiani, martyrum (M Ν Ρ) Va Sanctorum Sebastiani et Fabiani, martyrum (Q)

Sanctorum Fabiani, papae et martyris, et Sebastiani (R)

La Depositio Martyrum de 354 annonce: XIII kal. feb. Fabiani in Calisti et Sebastiani in Catacumbas (CR 4e, 11). Une cinquantaine d'années sépare le martyre du pape Fabien

13 L. Duchesne, Le Liber Pontiflcalis, i.e., tome 2, p. 20.

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216 LES CALENDRIERS DU LATRAN ET DU VATICAN À LA FIN DU XIIe SIÈCLE

(250) et celui de Sébastien. Le 20 janvier comporta donc initialement deux assemblées distinctes et, quand les fêtes des martyrs entrèrent dans les basiliques urbaines, les livres liturgiques continuèrent à proposer deux formulaires propres, à l'exception de l'épistolier qui ne connaît que la fête de saint Sébastien (LW 48). Tantôt saint Fabien était placé en premier lieu, en sa qualité de pape (SGr 119), tantôt on donnait la priorité à saint Sébastien, très populaire comme protecteur contre la peste (LK 15).

Il en fut ainsi à Rome jusqu'au milieu du 12e siècle. Des cinq documents retenus pour établir le calendrier du 12e s., trois donnent le pas à saint Fabien (H J L) et deux à saint Sébastien (G I). Or, dans la seconde moitié du siècle, aussi bien au Latran qu'au Vatican on réunit les deux célébrations en une seule. En parcourant les livres on assiste à cette fusion. Le missel du Latran contient la messe Intret de plusieurs Martyrs, mais avec les deux oraisons (fol. 278), qui sont dites sub una clausula, précise YOrdo (P 125). Ce dernier expose le changement en s'appuyant sur un manuscrit qu'il prend à tort pour un témoin authentique du sacramentaire grégorien, imitantes videlicet beatum Gregorium, qui in sacramentario officium missae huius diei utrisque commune instituit. En ce qui concerne l'office, il déplore que celui-ci soit encore tout entier de saint Sébastien: quia iam multum praevaluit, ideo consuetudini ratio cedit. Au Vatican, l'office est également de saint Sébastien, mais totum tertium Noctumum facimus de sancto Fabiano, dont on fait également mémoire à Laudes (Q 71).

Ce fait n'est pas sans intérêt, il permet de percevoir les premiers indices d'une mutation de la liturgie romaine, qui sera de moins en moins liée aux conditions locales de la Cité apostolique. On passe de la liturgie cimétériale et basilicale de Rome à la liturgie de la Curie romaine.

21 La Va Sanctae Agnetis, virginis et martyris (M Ν Ρ Q R)

Le culte de la vierge martyre sainte Agnès remonte au 4e siècle, où il est attesté par la Depositio Martyrum de 354 (CR 4e, 1 1), le pape Damase et saint Ambroise (MH 53). A partir du 7e siècle, lectionnaires (LW 49, LK 16) et sacramentaires (SGé 132, SGr 615) donnent les formulaires de sa messe. Au 12e siècle, tant au Latran qu'au Vatican, dans l'Office omnia habentur propria (P 125). La fête de sainte Agnès est inscrite également au calendrier byzantin (CB 206).

22 La Sancii Vincentii, martyris (Ν Ρ) Sancii Anastasii, martyris (P) Sanctorum Vincentii et Anastasii, martyrum (M)

Va Sanctorum Vincentii et Anastasii, martyrum (Q R)

Le 22 janvier 304 ou 305, l'évêque de Saragosse Valére et son diacre Vincent furent mis à mort à Valence (Espagne). Un siècle plus tard, saint Augustin déclare que l'anniversaire de saint Vincent est célébré quousque vel Romanum Imperium vel christianum

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LE COMMENTAIRE HISTORIQUE ET LITURGIQUE : JANVIER 217

notnen extendituru. Le calendrier de Polémius Silvius, en 448, note cet anniversaire (MUA 835), suivi par le martyrologe hiéronymien (MH 55). Le sacramentaire grégorien en donne le formulaire (SGr 122). L'évangéliaire du 8e siècle précise que la station se tenait in basilica sancii Eusebii iuxta Merulana (LK 62).

Le moine perse Anastase («le ressuscité») fut mis à mort par Chosroès en 628 à Bethsaloë (Irak), et on transporta peu après sa tête à Rome, où elle était vénérée dès les années 650 au monastère ad Aquas Salviasi5. Bède y fait écho dans sa Chronique, et le nom d'Anastase est inscrit dans son martyrologe à la date du 22 janvier (MB 106), ainsi que dans le Hiéronymien (MH, addit. 57). Au 8e siècle, la basilique et le monastère ad Aquas Salvias furent placés sous le vocable d'Anastase. Celui de Vincent ne lui fut joint qu'en 1221 après réception de reliques apportées d'Espagne16. Le culte de saint Anastase devait pénétrer à l'intérieur de la Ville. La basilique Saint-Anastase in Trivio existait au milieu du 10e siècle17 et la fête apparaît au siècle suivant (CR 11e, 135).

Les deux fêtes de saint Vincent et de saint Anastase sont nettement indépendantes dans leur objet et leur origine. Entre le 11e et le 12e siècle, elles devaient pourtant se fondre en une célébration commune, comme celles de saint Fabien et de saint Sébastien. En confrontant les divers témoins du 11e s. (ABCDF), du 12e s. (GHIJL), du Latran et du Vatican (M Ν Ρ Q R), on peut établir ainsi le mode de célébration:

Saint Vincent seul Ι Ν Saint Anastase seul F Les deux séparés: S. Vincent en premier Β Η Ρ

S. Anastase en premier C G Les deux réunis en une seule fête A D J L M Q R

Le sacramentaire de Saint-Pierre du 11e siècle (B) présente une particularité curieuse: il donne d'abord le formulaire de saint Vincent, puis il ajoute: eodem die sanctorum Valerii et Anastasii (fol. lOOv). Or Valére est l'évêque qui mourut martyr avec Vincent.

23 La Va Sanctae Emerentianae, virginis et martyris (P R)

Le martyrologe hiéronymien mentionne sainte Emérentienne le 16 septembre dans un groupe de martyrs de la via Nomentana (MH 511), et le 23 janvier, il donne le nom de saint Machaire, prêtre martyr d'Antioche (MH 58). Bède déplaça la mention d'Eméren- tienne au 23 janvier (MB 57), sans doute pour rapprocher de la fête de sainte Agnès la

14 Saint Augustin, Infesto martyris Vincentii, III, Sermon 276, 14; P.L. 38. col. 1257. 15 G. Ferrari, Early roman monasteries, I.e., p. 33. 16 Ibid.. p. 45. 17 C. Huelsen, Le Chiese di Roma, I.e., p. 175.

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218 LES CALENDRIERS DU LATRAN ET DU VATICAN À LA FIN DU XIIe SIÈCLE

mémoire de sa sœur de lait. C'est ainsi qu'on voit apparaître dans les Gélasiens de la fin du 8e siècle la fete des saints martyrs Emérentienne et Machaire (S 8e 24). La mémoire des deux martyrs eut une grande extension en France (Leroquais 361), tandis que l'Angleterre les ignora et que l'Italie en fait peu mention. A Saint-Gall, à partir de la seconde moitié du 9e siècle, on voit mentionner Emérentienne dans les calendriers indépendamment de Machaire (CSG 5).

A Rome le nom de sainte Emérentienne apparaît au 11e siècle dans le calendrier de l'Aventin (CR 11e, 135) et, au 12e, le sacramentaire de Saint-Tryphon donne la messe des saints Emérentienne et Machaire (fol. 79v). Le culte de la sainte a dû pénétrer au Latran et au Vatican peu de temps avant la rédaction des documents qui en témoignent. Au 9e siècle, les reliques d'Emérentienne avaient été transférées dans la basilique cimétériale de sainte Agnès et, en 1123, un autel fut érigé sous son nom dans la basilique Sainte- Agnès à la place Navone. Ces événements ont pu contribuer à donner quelque relief à sa mémoire.

25 La Va Conversio sancii Pauli (M Ν Ρ R)

Le martyrologe de Saint-Pierre du 11e siècle annonce au 25 janvier le natale de saint Grégoire le Théologien et celui de saint Prix, puis il ajoute: eodem die conversio sancii Pauli. Celui de Saint-Cyriaque a un texte identique. La fête était alors bien établie à Rome (CR 11e, ABCDE), mais le fait que les martyrologes locaux l'annoncent en troisième position et qu'elle soit absente de l'antiphonaire de Sainte-Cécile (F) montre bien qu'elle ne s'enracine pas dans la tradition romaine.

La fête de la Conversion de saint Paul est, en effet, d'origine gallicane. Les manuscrits du martyrologe hiéronymien annoncent soit Romae, translatio Pauli apostoli, soit Conversio Pauli apostoli in Damasco (ΜΗ 61). Le Missale gothicum, qui date des environs de l'an 700, contient une messe de la Conversion de saint Paul18. La fête passa dans les Gélasiens du 8e siècle (S 8e 25), mais elle disparut de la liturgie franque avec l'adoption de YHadrianum vers l'an 800. Toutefois le supplément de VHadrianum, composé peu après, devait conserver la préface de la Conversion de saint Paul (SGr 503), ce qui contribua à la restauration rapide de la fête en Pays francs. Dès la seconde moitié du 9e siècle et durant le 10e, elle devait gagner les Pays germaniques, l'Angleterre, l'Espagne19, l'Italie, mais elle ne pénétra à Rome qu'à la fin du 10e ou au 1 Ie siècle, sous l'influence des livres litur-

18 Missale Gothicum, édit. L.C. Mohlberg, Roma 1961, p. 42. Le Calendrier de saint Willibrord, qui date des mêmes années, témoigne de l'existence de la fete en Angleterre (édit. H.A. Wilson, I.e., p. 3).

19 Le calendrier de Cordoue de 961 l'annonce ainsi: Dies apparitionis Christi in via Damasci Paulo apostolo (CM 453).

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LE COMMENTAIRE HISTORIQUE ET LITURGIQUE : JANVIER 219

giques que les papes réclamaient avec insistance aux scriptoria monastiques d'Outre- Alpes.

On ignore l'origine de la fete et de sa fixation au 25 janvier. La commémoration d'une translation romaine du corps de l'Apôtre est généralement écartée, la translation mentionnée par certains calendriers devant s'interpréter de la conversion elle-même: In vas electionis de persecutore translatus est, disait saint Jérôme (MH 62). Etant donné que la fête est née en Gaule, ne pourrait-on expliquer le choix de sa date en mettant la Conversion de saint Paul en corrélation avec la Chaire de saint Pierre, que certaines Eglises de Gaule célébraient le 18 janvier (MH 45-46)? «Les deux fêtes vont de pair: la signification de l'une éclaire la signification de l'autre»20. L'hypothèse est recevable, si elle est loin de résoudre tous les problèmes.

26 La Sanctae Paulae (P)

Sainte Paule mourut le 26 janvier 404, au témoignage de saint Jérôme, pauperiem Christi et Beethlemetica rura secuta21. Le manuscrit de Berne du Hiéronymien en fait mémoire (MH 64), suivi par Florus (MF 304). On voit ici ou là le nom de sainte Paule dans les calendriers du 11e et du 12e siècle, par exemple à Silos (CM 452). Il apparaît à Rome, sa cité natale, au 11e avec le martyrologe de Saint-Cyriaque et le calendrier de l'Aventin (CR 11e, 136), mais YOrdo du Latran est seul à la mentionner au 12e. Le calendrier de la Chapelle papale du milieu du 13e siècle n'en fera plus état. La mémoire éphémère de sainte Paule fut peut-être introduite au Latran par un pèlerin de Terre Sainte, ému d'avoir vénéré les tombes de Paula et d'Eustochium dans l'une des grottes qui avoi- sinent à Bethléem celle de la Nativité de Jésus.

28 La Octava sanctae Agnetis (N P) Va Sanctae Agnetis secundo (R)

II s'agit là d'une très ancienne fête romaine. Le sacramentaire Grégorien l'intitule Sanctae Agnae secundo (SGr 616), suivi par la plupart des témoins romains (ABF,GIJL) et le calendrier de Saint-Pierre. Le sacramentaire gélasien l'appelle In natale eiusdem de nati- vitate, après avoir intitulé la fête du 21 janvier: In natale sanctae Agnetis virginis de passione sua (SGé 132). Le capitulare du 9e siècle a retenu cette appellation (supra, p. 124). Le capitular e du 10e donne pour titre: Octava sanctae Agnetis (supra, p. 130). Le Latran a choisi le mot octave et le Vatican l'adverbe secundo. Cette mémoire doit célébrer l'octave de la fête. Les formulaires du Gélasien y voient pourtant l'anniversaire de la naissance d'Agnès: sic enim ab exordio sui usque infinem beati certaminis extetit gloriosa, ut eius nec initium debeamus praeterire necfinem (SGé 132).

20 P. Batiffol, Cathedra Pétri, Paris 1938, p. 129. 21 Saint Jérôme, Epistula 108, P.L. 22, co. 906.

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220 LES CALENDRIERS DU LATRAN ET DU VATICAN À LA FIN DU XIIe SIÈCLE

29 Va Sanctorum Papiae et Mauri (R)

Les saint Papias et Maur, inscrits au calendrier de Saint-Pierre, sont des martyrs de la via Nomentana, que leur légende rattache à la Geste du pape Marcel (MH 67). Ce récit n'a aucune valeur historique, mais une découverte archéologique faite au Cimetière majeur est venue authentifier leur noms22. Au 11e siècle, la Passio Papiae et Mauri se lisait dans le lectionnaire de Saint-Grégoire au Clivus Scauri (fol. 2v-7), tandis qu'à la suite de Bède (MB 83) les martyrologes de Saint-Pierre et de Saint-Cyriaque leur accordent une longue notice.

31 La Va Sanctorum Cyri et Iohannis, martyrum (P Q R)

Les saints Cyr et Jean sont des martyrs alexandrins de la persécution de Dioclétien. Pour détruire à Ménouthi le culte d'/s/s medica Cyrille d'Alexandrie y fit transporter les reliques des deux saints. La renommée de leur basilique, qui attira les foules jusqu'à l'invasion arabe, fut telle que le lieu prit le nom d'Aboukir (Abba Cyr). A une date qu'on ne peut déterminer (6e ou 7e siècle), la colonie alexandrine de Rome édifia une petite basilique en leur honneur via Portuense, sur la rive droite du Tibre, non loin de Saint- Paul, à peu près en face de la basilique de saint Menas, un autre alexandrin, qui se trouvait sur la rive gauche. Puis le culte des deux thaumaturges pénétra au Transtévère et dans la cité. Saint Cyr fut adopté par les Romains, qui en firent saint Abbacyr, et même sainte Passera. Au 12e siècle, quatre églises étaient placées sous son patronage intra muros, mais dès le 8e siècle il figurait à Sainte-Marie-Antique sous les traits d'un majeus- tueux vieillard23.

Les saints Cyr et Jean sont inscrits au 31 janvier dans le martyrologe de Saint-Pierre, comme au calendrier copte (CC 121) et au typicon byzantin (CB 217), ainsi que dans le calendrier de Naples (CN 133), mais ils sont ignorés du Hiéronymien et des autres martyrologes occidentaux. Au 1 Ie siècle, on les trouve également au calendrier de Γ Aventin et dans les lectionnaires des Saints-Jean-et-Paul et de Saint-Grégoire (CR 11e, 136). Dans ce dernier les noms des saints Abbacyre et Jean sont inscrits en lettres capitales (fol. 58). Au 12e siècle, le sacramentaire de Saint-Tryphon donne leur messe (fol. 80) et, comme le le

ctionnaire de Saint-Grégoire, le sacramentaire de Saint-Pierre annonce leur fête en lettres capitales: IN NAT. SCOR. CYRI ET IOHIS (fol. 112). En les mentionnant dans leur sanctoral respectif, les basiliques du Latran et du Vatican accueillaient donc une tradition orientale déjà profondément romanisée.

22 A. Amore, Papia e Mauro, dans Bibliotheca Sanctorum, tome 10, Roma 1968, col. 317-319. 23 C. Huelsen, Le Chiese di Roma, I.e., pp. 159-163 et 246-247. Sur le pèlerinage au sanctuaire

des saints Cyr et Jean à Aboukir, voir l'article Alexandrie (archéologie) dans le D.A.C.L. tome 1, col. 1113-1114.

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LE COMMENTAIRE HISTORIQUE ET LITURGIQUE : FÉVRIER 221

Février

La Sancii Ignatii, episcopi et martyris (P)

Bien que saint Ignace d'Antioche ait été jeté aux bêtes à Rome, l'Eglise romaine n'a pas retenu la date de son natale, car en Occident le culte des martyrs ne commence guère qu'au début du 3e siècle. Elle devait toutefois inscrire son nom au Canon de la Messe, dès le 6e siècle.

En Orient, dans la seconde moitié du 4e siècle, le martyrologe de Nicomédie rattache le martyre d'Ignace au 17 octobre (CN 48) et c'est le jour où il est commémoré par l'Eglise de Syrie (CO 339). La date est fort plausible, car Ignace se trouvait à Smyrne le 24 août, alors qu'on le conduisait à Rome pour y mourir24. Les Coptes et les Byzantins fêtent saint Ignace le 20 décembre, anniversaire d'une translation de ses restes à Antio- che (CC 102, CB 141). C'est aussi le jour où le calendrier de Naples mentionne la P(assio) S. Ignati de Syria (CN 137). Le calendrier de saint Willibrord (entre 701 et 705), suivi du Hiéronymien, retient la même date pour introduire le souvenir d'Ignace en Occident (MH 656). On ignore pourquoi Bède anticipa cette mémoire au 17 décembre (MB 100). Adon conserva la date du 17 décembre pour la translation, mais il fixa le natale du martyr au 1er février, se fiant à une traduction latine erronée des Actes grecs de saint Ignace (MA 547-552).

Introduite en Angleterre à la date du 20 décembre au début du 8e siècle25, la fête de saint Ignace s'y répandit entre le 9e et le 11e siècle, les calendriers choisissant le 20 décembre ou le 17, retenu par Bède. Sur le continent, c'est le 1er février qui devait prévaloir. La mémoire de saint Ignace se répandit peu en Pays alémaniques et en Italie, mais Cluny l'accueillit vers la fin du 11e siècle, et elle connut une assez large diffusion en France dans la seconde moitié du 12e (Leroquais 3,375). C'est à cette époque qu'elle apparaît dans VOrdo du Latran. Le 12e siècle est le siècle de la Principauté latine d'Antioche (1098-1268). Il n'est pas impossible que les allées et venues entre l'Occident et la Syrie aient ravivé le souvenir du vieil évêque martyr.

La Va Purificatio sanctae Mariae (M Ν Ρ Q R) et sancii Simeonis (R)

Le Quarantième jour après la Noël-Epiphanie {Quadragesima de Epiphania) était célébré à Jérusalem vers 38626 et la procession avec les cierges y fut ajoutée vers 45027. Au 6e

24 Ignace d'Antioche, Epître aux Romains, 10,3: «Je vous écris le neuvième jour avant les calendes de septembre»; édit. H. Hemmer et P. Lejay, Les Pères apostoliques, tome 3, Paris 1927, p. 69.

25 The Calendar of St. Willibrord, edited by H.A. Wilson, London 1918, p. 14. 26 Éthérie, Journal de voyage, édit. H. Pétré, Paris 1964, p. 206. 27 Cyrille de Scythopolis, Vie de saint Théodose, édit. A.J. Festugière, Les Moines d'Orient, III /3

Les Moines de Palestine, Paris 1963, p. 58.

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222 LES CALENDRIERS DU LATRAN ET DU VATICAN À LA FIN DU XIIe SIÈCLE

siècle, la fête se répandit en Syrie et elle fut reçue à Constantinople sous le nom de υπαπαντή ou Rencontre. C'est «la Rencontre de notre grand Dieu et Sauveur Jésus- Christ, lorsque le juste Syméon le reçut dans ses bras» (CB 221). Rome accueillit cette solennité dans la seconde moitié du 7e siècle. Le sacramentaire grégorien lui donne le titre a" Ypapanti (SGr 123) et les Gélasiens du 8e annoncent Sancii Simeonis (S 8e 27). Ces deux vocables correspondent à la mention du Liber Pontiflcalis, parlant dans la notice du pape Sergius (687-701) du dies S. Simeonis, quod Ypapanti Graeci appelant2*. Mais, au milieu du 8e siècle, une nouvelle appellation se fit jour en Pays francs, celle de Puriflcatio sanctae Mariae (SGé 133). Durant les 9e et 10e siècles, les deux titres a" Ypapanti et de Purification se concurrencèrent, souvent dans les mêmes régions29, puis le second prévalut.

On peut suivre cette évolution à travers les documents romains que nous avons recueillis:

9e siècle Ypapanti 10e siècle Ypapanti Domini 11e siècle

A Ypapanti, id est Obviatio Β Puriflcatio (procession) et Ypapanti (messe) E Ypapanti Domini CDF Puriflcatio sanctae Mariae

Le martyrologe de Saint-Pierre annonce: Ypapanti Domini, id est obviatio seu appre- sentatio Domini nostri Iesu Christi secundum carnem.

12e siècle

Ypapanti J Puriflcatio sanctae Mariae Ρ Purificatio sanctae Mariae R Puriflcatio sanctae Mariae virginis, R et sancii Simeonis.

Ce tableau révèle clairement la progression continue du titre gallican de Purification de sainte Marie sur le titre grec, malgré les efforts tentés pour rendre celui-ci compréhensible en latin (Obviatio). On remarquera que le document le plus récent, le calendrier de Saint-Pierre, fait curieusement écho au dies S. Simeonis du 8e siècle, tandis que le martyrologe de Saint-Pierre est seul à évoquer la Praesentatio Domini.

Latran Vatican

G H M

L I Ν Q

28 L. Duchesne, Le Liber Pontiflcalis, I.e., tome 1er, p. 376. 29 On peut s'en rendre compte en parcourant les calendriers anglais édités par Fr. Wormald, English Kaiendars before A.D. 1100, I.e.

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LE COMMENTAIRE HISTORIQUE ET LITURGIQUE : FÉVRIER 223

La Va Sancii Blasii, episcopi et martyris (P Q R)

La Passion latine de saint Biaise donne le 3 février pour le jour de sa mort30. C'est la date à laquelle son nom apparaît au 9e siècle dans le calendrier de Naples (CN 133), tandis qu'Adon et Usuard le mentionnent au 15 février (MA 495, MU 180) et que les Byzantins le fêtent le 11 du même mois (CB 231). L'Eglise arménienne le célèbre avec Oné- sime, le disciple de saint Paul, le dixième jour libre après l'octave de l'Epiphanie (CO 328)31. A partir du 10e et du 11e siècle, le culte de saint Biaise connut à travers tout l'Occident une exceptionnelle diffusion, due à un trait de sa légende. Celle-ci racontait comment il avait sauvé un enfant qu'étranglait une arête de poisson et elle ajoutait: Ipse oravit ad Dominum, ut quicumque per infirmitatem gutturis eius patrocinia postularet, exau- diretur32.

La plus ancienne mention du culte de saint Biaise à Rome est fournie par une bulle d'Agapit II en 955 33. C'est alors qu'une première église y est érigée en son honneur. Deux autres viendront au 11e siècle et huit au 12e (supra, p. 111). On doit attribuer aussi au 11e siècle la fresque qui le représente à Saint-Clément. L'introduction de sa fête date de la même époque, mais elle se produit avec une certaine lenteur. Si le nom de saint Biaise est inscrit, au 11e siècle, dans le calendrier de l'Aventin, s'il entre dans les martyrologes de Saint-Pierre et de Saint-Cyriaque, si sa Passio est lue aux Saint-Jean-et-Paul (CR 11e, 136), le sacramentaire de Saint-Tryphon est seul à le mentionner au siècle suivant avec les livres du Latran et du Vatican (CR 12e, 147). En ce qui concerne le culte de saint Biaise au Vatican, il convient de relever que, dès le 12e siècle quelque lien a pu exister entre le Chapitre de Saint-Pierre et Saint-Biaise de captu secuta, l'actuelle église Saint-Blaise-des-Arméniens. En effet, lorsque l'abbaye attachée à cette église disparut (peut-être au 14e siècle), celle-ci fut confiée au Chapitre Vatican34.

La Va Sanctae Agathae, virginis et martyris (M Ν Ρ Q R)

Sainte Agathe fut martyre à Catane (ΜΗ 78), mais le culte de la vierge sicilienne connut vite un grand essor. A Rome, le pape Symmaque (498 - 514) lui érigea une basili-

30 Bibliographia Hagiographica Latina 1370. H. Quentin relève toutefois que «cette date parait avoir été sujette à des variations» (MA 495).

31 Au rite arménien on ne célèbre pas de fetes de saints le dimanche, le mercredi et le vendredi, ainsi que durant tout le temps pascal. C'est pourquoi elles ne peuvent pas être rattachées à un calendrier fixe.

32 Voir. A. Pazzini, / Santi nella storia della medicina, Roma 1937, pp. 208-214. 33 C. Huelsen, Le Chiese di Roma, I.e., p. 221 (S. Blasii de Penna). Il s'agit de la bulle Conventi

apostolico du 25 mars 955, Cf Ph. Jaffé, Regesta Pontificum romanorum, I.e.. tome Ier, p. 463. 34 H. Marucchi, Basiliques et églises de Rome, I.e., p. 506.

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224 LES CALENDRIERS DU LATRAN ET DU VATICAN À LA FIN DU XIIe SIÈCLE

que sur la via Aurelia35 et saint Grégoire le Grand lui dédia, en 593, l'église des Ariens, appelée à l'époque moderne Sainte- Agathe-des-Goths36. Depuis lors le nom d'Agathe appartient à la tradition liturgique de Rome, où l'on trouve sa fete aussi bien dans les lec- tionnaires (LW 49, LK 17) que dans les sacramentaires (SGé 133, SGr 617). Elle est célébrée aussi par les Byzantins (CB 226).

10 La Va Sanctae Scholasticae, virginis (M Ρ R)

C'est, comme il convient, un calendrier du Mont-Cassin qui fournit, à la fin du 8e siècle, la première attestation de la fête de sainte Scholastique37. Au milieu du 9e siècle, le nom de Scholastique apparaît à peu près simultanément dans le calendrier de Naples (CN 133) et dans celui de Wandelbert de Priim, d'où il devait passer dans la deuxième recension d'Usuard (MU 178). Les uns et les autres sont d'accord sur le 10 février comme date de son natale. Dans la seconde moitié du 9e siècle, plusieurs abbayes de France commencèrent à célébrer sainte Scholastique (Leroquais 3,412) et son culte se diffusa au siècle suivant en Angleterre, en Pays alémaniques et en Italie, pour atteindre une large extension au 11e siècle38. C'est alors qu'on le trouve à Rome (CR 11e, 136). Il y jouit d'une bonne assise (CR 12e, 147) au moment où VOrdo du Latran et le calendrier de Saint-Pierre en témoignent. L'influence monastique a évidemment été capitale dans la diffusion du nom de Scholastique, que les Dialogues de saint Grégoire ont seuls sauvé de l'oubli39.

14 La Va Sancii Valentini, presbyteri et martyris (M Ν Ρ Q R)

Le natale de saint Valentin (ΜΗ 92), en l'honneur de qui le pape Jules (337-352) érigea une basilique au sortir de Rome sur la via Flaminia40, est inscrit tant dans les sacramentaires grégorien et gélasien (SGr 126, SGé 134) que dans Pévangéliaire de 645 (LK 18). Il a toujours été célébré depuis lors.

35 L. Duchesne, Le Liber Pontificalis, I.e., tome 1er p. 262. 36 Saint Grégoire le Grand, Dialogues, II, 30; P.L. 77, col. 288. 37 E.A. Loew, Die ältesten Kaiendarien aus Monte Cassino, Le, p. 14. 38 Tous les calendriers anglais édités par F. Wormald, Englis Kalendars before A.D. 1100 Le, en

font mention à partir du début du 11e siècle. 39 La diffusion du culte de sainte Scholastique à partir de la France dans la seconde moitié du 9e

siècle n'est pas sans relation avec la tradition relative à la translation des corps de saint Benoît et de sainte Scholastique à Fleury et au Mans. En 865, on dut mettre les reliques de la sainte à l'abri des Normands; en 874, on en transféra une partie à Juvigny-les-Dames (Meuse). Voir Vies des Saints, Le, tome 2, Paris 1936, p. 228.

40 L. Duchesne, Le Liber Pontificalis, Le, tome 1er, p. 9.

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LE COMMENTAIRE HISTORIQUE ET LITURGIQUE : FÉVRIER 225

22 La Cathedra sancii Pétri (M Ν Ρ) Va Cathedra beati Pétri, apostoli (Q R)

L'histoire de la fete de la Chaire de saint Pierre commence au milieu du 4e siècle41. La Depositio Martyrum de 354 annonce au 22 février: Natale Pétri de cathedra CR 4e, 11). Au milieu du 5e siècle, la fête était célébrée à Saint-Pierre avec veillée nocturne par le pape entouré d'évêques ex diversis provinciis congregatisi, comme en témoigne l'empereur Valentinien III, qui fut accueilli en 450 par le pape saint Léon le Grand post venerabilem noctem diei apostoli**. A la même époque, la solennité avait gagné vraisemblablement l'Afrique44 et, à coup sûr, la Gaule, où elle est attestée d'une manière continue à partir du 6e siècle45. Elle fut pareillement reçue en Espagne, où les 9 calendriers édités par Férotin sont unanimes à l'attester (CH 456-457). Tandis que la fête se maintient sans éclipse hors de Rome, on n'en trouve aucune mention dans les livres liturgiques romains du 7e et du 8e siècle. On attribue cette disparition à l'instauration des stations quadragési- males au 6e siècle, mais ce n'est là qu'une hypothèse46.

Les formulaires romains de la messe in Cathedra sancii Pétri apparaissent pour la première fois dans les sacramentaires gélasiano-francs de la fin du 8e siècle47. Si la fête est absente de YHadrianum, sa préface réapparaît dans le Supplément d'Aniane48 et, à partir

41 La fête du Natale Pétri de Cathedra, fixée au jour où le monde romain célébrait le repas familial de la Cara cognatio, possède une préhistoire, mais celle-ci n'est pas de notre domaine. Voir. D. Balboni, La Cattedra di san Pietro, Città del Vaticano 1967.

42 Lettre de Valentinien III, publiée parmi les lettres de saint Léon (P.L. 54, col. 857). Cette présence des évêques autour du pape pour la fête du natale episcopal de saint Pierre doit être mise en parallèle avec le rassemblement identique qui s'opérait autour du même pontife pour la célébration annuelle de son propre natale. Le pape envoyait une invitation personnelle à chaque évêque de la province comme en témoigne le Liber diurnus (édit. H. Foerster, Bern 1958, p. 100).

43 Lettre de Valentinien III, ibid. La note qui accompagne l'édition de cette lettre dans la Patrologie latine montre bien qu'il ne peut s'agir que du 22 févirer.

44 Le sermon pseudo-augustinien (P.L. 39,col. 2100-2101), qui était lu au Bréviaire romain le 22 février, est tenu généralement pour un texte africain du 5e siècle. C'est notre unique témoin pour l'Afrique.

45 Le concile de Tours de 567 condamne les repas funéraires liés à la festivitas cathedrae domni Pétri (can. 23). Cf. C. de Clercq, Concilia Galliae (511-695), Turnhoult 1963, p. 191.

46 P. Batiffol, Cathedra Pétri, Le, p. 130. 47 S 8e 32. Les trois oraisons du 22 février proviennent du Gélasien ancien, dans la messe In

natale sancti Pétri propriae que ce sacramentaire insère en surnombre le 29 juin, entre la messe de la vigile des Apôtres et celle de leur fête (SGé 144). La première oraison, Deus, qui beato apostolo tuo Petro, est donnée dans le sacramentaire grégorien en tête des oraisons pour les vêpres du 29 juin, mais avec la suppression du mot animas dans l'expression animas ligandi atque solvendi du Gélasien (SGr 246). La messe en surnombre du Gélasien ne serait-elle pas l'ancienne messe romaine de la Cathedra sancti Pétri, que les Gélasiens du 8e auraient restaurée à sa place d'origine?

48 SGr 505. Cette préface n'est évidemment pas d'origine romaine. Elle appartient à l'apport original des Gélasiens du 8e siècle (S 8e 33).

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226 LES CALENDRIERS DU LATRAN ET DU VATICAN À LA FIN DU XIIe SIÈCLE

du milieu du 9e siècle, la Chaire de saint Pierre connaîtra une diffusion parallèle à la Conversion de saint Paul. On trouve l'une et l'autre dans les mêmes manuscrits. C'est ainsi qu'aux 10e-l Ie siècles les deux fêtes seront reçues à Rome. Mais, tandis que la Conversion de saint Paul y sera célébrée pour la première fois, la Chaire de saint Pierre retrouvera sa place après quatre ou cinq siècles d'absence (Cr 11e, 136).

On présentera au livre suivant la manière dont la Cathedra sancii Pétri était célébrée à Saint-Pierre à la fin du 12e siècle (p. 400). Signalons ici que l'Office empruntait une partie de ses textes au Commun des Pontifes et l'autre à la fête du 29 juin (Q 78-79). Au Latran on puisait dans le Commun d'un Pontife et dans celui des Apôtres (P 130).

23 La Va Vigilia sancii Matthiae, apostoli (Ρ R) La Va Sancii Matthiae, apostoli (Μ Ν Ρ R)

La fête de saint Matthias est marquée au 24 février dans la liste des Festa Apostolo- rum insérée en tête du martyrologe hiéronymien (MH 3). C'est à cette date qu'elle apparaît à Rome au 11e siècle (CR 11e, 136), tandis que les Coptes commémorent saint Matthias le 4 mars (CC 130), les Byzantins et les Syriens le 9 août (CB 364, Nilles 1,480). La vigile de la fête est inscrite au calendrier de l'Aventin. Elle se trouve aussi dans le calendrier de Saint-Pierre, bien que celui-ci omette toutes les autres vigiles d'Apôtres, y compris celle de saint Pierre. On notera que le sacramentaire de Saint-Laurent in Damaso indique deux fois la fête de saint Matthias, au 24 février (fol. 25v) et au 30 avril (fol. 62v), sans doute pour offrir la possibilité de célébrer l'Apôtre au temps pascal lorsque le 24 février tombe en Carême. Si l'antiphonaire de Saint-Pierre ne connaît pas la fête de saint Matthias, c'est parce que l'office était pris au commun des Apôtres. L'oraison propre, que donne le missel du Latran (fol. 291), est celle du sacramentaire de Saint- Vaast d'Arras (SGr 691), dans la seconde moitié du 9e siècle, et des sacramentaires franco-germaniques du 10e49.

Mars

9 La Va Sanctorum Quadraginta Martyrum (M Ο Ρ Q R)

Le renom des Quarante Martyrs de Sebaste était déjà grand en Cappadoce et en Syrie à la fin du 4e siècle, et il ne tarda pas à atteindre l'Occident: Basile et Grégoire de Nysse, Ephrem, Gaudentius de Brescia ont prononcé des homélies en leur honneur. Aussi en

49 Parmi les imprimés on la trouve dans les sacramentaires de Corbie, P.L. 78, col. 50, et de Fulda, édit. G. Richter et A. Schöfelder, Sacramentarium Fuldense saeculi X, Fulda 1912, η. 268. A Rome on la lit au 11e siècle dans le collectaire de Saint- Anastase (fol. 104).

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LE COMMENTAIRE HISTORIQUE ET LITURGIQUE : MARS 227

est-il fait mention dans le lectionnaire de Jérusalem de 415-417 (LJ 230), puis au Hiéro- nymien (MH 134).

L'Eglise d'Arménie célèbre leur fête le samedi de la quatrième semaine de Carême (CO 329), le rite syrien le samedi entre le 7 et le 14 mars (CO 329), le rite byzantin le 9 mars, qui est le jour donné par leur Passio (MB 90). A Rome un oratoire avait été aménagé en leur honneur au Forum près de Sainte-Marie- Antique. Ses fresques remontent au milieu du 8e siècle50. Le culte des Martyrs apparaît à Rome au 11e: sacramentaire de Saint-Laurent in Damaso et calendrier de l'Aventin (CR 11e, 136), mais aussi martyrologes de Saint-Pierre et de Saint-Cyriaque, lectionnaire de Saint-Grégoire (fol. 75v - 90) et passionnaire des Saints- Jean-et-Paul (fol. 162-167). Ce culte s'est maintenu depuis lors. Il ne semble pas qu'il ait été introduit dans la liturgie romaine sous influence alémanique car, en dehors de l'Angleterre, les calendriers nordiques n'accordent pas grand intérêt aux Martyrs arméniens. Comme ils sont inscrits au calendrier de Naples (CN 133), il faudrait penser plutôt à une influence orientale. En tout cas, le culte romain des Quarante de Martyrs devait prendre une forme populaire: alors que leur oratoire du 8e siècle était enfoui depuis longtemps pour ne reparaître à la lumière qu'en 1900, quatre autres églises furent érigées sous leur vocable au moyen âge. Deux d'entre elles, attestées au 12e siècle, peuvent remonter au 11e51. Un autel leur était dédié dans la basilique du Latran (infra, p. 374).

12 La Va Sancii Gregorii, papae (M Ν Ο Ρ R)

A sa mort, le 12 mars 604, saint Grégoire le Grand fut inhumé dans l'atrium de Saint-Pierre, près du secrétarium. On plaça sur sa tombe l'épitaphe qui résume admirablement la vie de celui qu'elle appelle le Consul de Dieu:

Esuriem dapibus superavit, frigora veste Atque animas monitis texit ab hoste sacris.

Implebatque actu quicquid sermone docebat, Esset ut exemplum mistica verba loquens52.

L'anniversaire de Grégoire n'a jamais cessé depuis lors d'être célébré au Vatican. On ne saurait dire au juste quand l'anniversaire funéraire se transforma en célébration du natale d'un saint. Au milieu du 8e siècle on trouve le nom de saint Grégoire dans l'évangéliaire romain (LK 64), puis dans YHadrianum (SGr 127). Mais il est curieux de noter dans YHadrianum que, si la collecte déclare:

Deus qui animae famuli tui Gregorii aeternae beatitudinis praemia contulisti,

50 Description de l'oratoire des Quarante Martyrs dans D.A.CL. art. Forum chrétien, tome 5, col. 2045-2047.

51 C. Huelsen, Le Chiese di Roma, I.e., pp. 425-427. 52 Pierre di Mallio, Descriptio basilicae vaticanae.l.c, p. 402. Infra p. 394.

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228 LES CALENDRIERS DU LATRAN ET DU VATICAN À LA FIN DU XIIe SIÈCLE

l'oraison sur les offrandes est encore une prière pour un défunt: Annue nobis, Domine, ut animae famuli tui Gregorii prosit oblatio, quam immolando. . .

Dans les Gélasiens du 8e on a pris un autre formulaire (S 8e 34), mais le Missel du Latran du 12e siècle reste fidèle au texte primitif, en y introduisant une variante:

Annue nobis, Domine, ut meritis beati Gregorii nobis famulis tuis haec prosit oblatio (fol. 292v).

C'est ce texte du missel du Latran, à peine retouché {intercessione pour meritis), qui devait passer dans le missel de saint Pie V.

Après Saint-Pierre, où il repose, aucune basilique romaine n'est liée plus intimement au souvenir de saint Grégoire que celle qu'il dédia à saint André dans sa maison familiale au Cœlius et qui porte son nom depuis le début du 11e siècle53. Aussi le lectionnaire de Saint-Grégoire au Clivus Scauri annonce-t-il avec quelque solennité Incipit vita beatissimi Gregorii, papae urbis Romae, mens(e) martio die XII (fol. 90).

En dehors de Rome, la fête de saint Grégoire apparaît d'abord, comme il se doit, en Angleterre avec le Calendrier de saint Willibrord et le martyrologe de Bède, où on lit: Depositio sancii Gregorii papae, beatae memoriae (MB 50). On retrouve l'expression à peu près textuellement dans le manuscrit de Berne du Hiéronymien (MH 138). Au 9e siècle, le culte de saint Grégoire est à peu près universellement reçu dans les territoires de l'Empire carolingien, y compris le nord de l'Italie de rite ambrosien54. En Espagne, il ne devait apparaître qu'au 1 Ie siècle (CH 457). Le calendrier byzantin ne mentionne pas le papae Grégoire, qui résida pourtant à Constantinople comme apocrisiaire de son prédécesseur.

18 La Depositio sancii Fridiani (O P)

Saint Frigdien, moine irlandais devenu évêque de Lucques, dont saint Grégoire le Grand fait mention dans ses Dialogues (III, 9), était le titulaire de la Congrégation des Chanoines Réguliers qui desservaient la basilique du Latran au 12e siècle. C'est pourquoi ceux-ci ont inscrit sa déposition à leur calendrier.

21 La Va Sancii Benedicti, abbatis (M Ν Ο Ρ Q R)

Au temps de saint Grégoire le Grand, le monastère du Latran était gouverné depuis de nombreuse années par un disciple de saint Benoît, et c'est là que s'étaient réfugiés les moines du Mont-Cassin lorsque leur abbaye avait été ravagée par les Lombards en 58055.

53 C. Huelsen, Le Chiese di Roma, I.e., p. 256. 54 Marcora, // Santorale ambrosiano, coll. Archivio ambrosiano 5, Milano 1953, pp. 35-36. 55 G. Ferrari, Early roman monasteries, i.e., p. 242-243.

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LE COMMENTAIRE HISTORIQUE ET LITURGIQUE : MARS 229

Le Latran peut donc être considéré comme le berceau du culte de saint Benoît à Rome, à moins que cet honneur ne revienne au monastère que Grégoire avait fondé dans sa propre demeure du Ccelius sous le vocable de saint André. Durant tout le haut moyen âge, Rome fut une vaste cité monastique: entre le 5e et le 10e siècle on n'y recense pas moins de 157 monastères56. Si, au 10e siècle, plus d'une cinquantaine d'entre eux furent transformées en communautés canoniales, un certain nombre retrouvèrent alors un souffle nouveau avec la réforme clunisienne, que saint Odon vint instaurer lui-même à Rome vers 936 57.

Dans ce contexte on ne s'étonnera pas de ce que la fête de saint Benoît soit attestée par la quasi totalité des témoins du 1 Ie (A Β C D E) et du 12e siècle (H J L). Le sacramen- taire monastique de Saint-Pierre donne, en plus des trois oraisons de la messe, deux aliae, parmi lesquelles la collecte OSD, qui carnis eductum ergastulo de l'ancien Propre monastique (fol. 108). On trouve aussi trois oraisons dans Porational de Saint- Anastase (fol. 104v). Au 12e siècle, le collectaire de Saint-Pierre propose à nouveau deux oraisons, dont celle que nous avons déjà relevée au siècle précédent (fol. 115). Dans l'antiphonaire de Saint-Pierre (Q 203-206), l'office de saint Benoît se trouve en appendice. Il est ordonné selon le cursus basilical, mais emprunte ses textes à la liturgie monastique: Fuit vir vitae venerabilis. Si le missel du Latran donne la messe habituelle aux abbés (fol. 294), on ne doit pas oublier que les trois oraisons sont celles qu'indiquent les Gélasiens du 8e pour la fête de saint Benoît du 11 juillet (S 8e 153).

25 La Va Annuntiatio beatae (sanctae) Mariae (M Ν Ο Ρ Q R)

En accord avec tous les documents recensés depuis le 9e siècle, les livres du Latran et du Vatican intitulent la fête du 25 mars: Annuntiatio Mariae. C'est le titre que lui donne le sacramentaire romain du 8e siècle (SGr 128). Mais, lorsque l'Eglise romaine avait commencé à la célébrer, elle l'avait appelée Annuntiatio Domini, comme en témoignent l'évangéliaire de 640 (LK 64) et la notice du pape Sergius au Liber Pontificalis5* . Les martyrologes restèrent fidèles à l'ancienne appellation: Annuntiatio Domini (MB 50) ou Annuntiatio dominica (MA 422, MU 200). On trouve encore cette dernière formule dans le Missel monastique du 13e siècle conservé au Latran59.

56 C'est le chiffre de la liste chronologique établie par Ferrari Le. Voir aussi I. Schuster, Liber sacramentorum, I.e. tome 5, pp. 19-90: L'œuvre du monachisme dans la vie liturgique à Rome.

57 Le patrice Albéric «établit Odon archiabbé de tous les monastères sis dans le voisinage de Rome. Le saint se chargea de Saint-Paul-hors-les-Murs, Sainte-Marie de l'Aventin, Saint-Laurent, Sainte-Agnès sur la voie Nomentane, Saint-André au Coelius» (Vies des saints, I.e. tome 11, p. 624).

58 L. Duchesne, Le Liber Pontificalis, Le. tome 1er p. 376. 59 E. de Azevedo, Vêtus missale romanum monasticum lateranense, I.e., p. 193.

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230 LES CALENDRIERS DU LATRAN ET DU VATICAN À LA FIN DU XIIe SIÈCLE

Va Consecratio altaris sancii Pétri (Q R)

Le 25 mars 1123, le pape Callixte II consacra l'autel de la Confession de saint Pierre en présence des trois cents évêques réunis pour le Ier Concile général du Latran (supra, p. 192). La mention de cet anniversaire dans le calendrier de Saint-Pierre n'est pas purement commemorative. Pierre di Mallio compte cette fête parmi les principales de l'année dans sa Descriptio basilicae vaticanae (p. 432). L'office de la dédicace avait la préséance sur celui de l'Annonciation. L'antiphonaire donne, en effet, les précisions suivantes: In Annuntiatione beatae Mariae est Consecratio maioris Altaris beati Pétri, de qua Consecra- tione Vesperas et Matutinum facimus. Tertium vero Nocturnum de beata Maria facimus (Q 79). Les Laudes sont pareillement de la Dédicace.

Avril

3 La Va Sancii Sixti, papae et martyris (Ο Ρ R)

Le nom du pape Xyste Ier apparaît au 2 avril dans le calendrier de Mantoue (CM 1260) et dans celui de l'Aventin, au 3 dans le martyrologe de Vienne (MV supra, p. 176), au 6 dans le martyrologe lyonnais dont s'est inspiré Florus (MF 209). Les calendriers du Latran et du Vatican l'inscrivent au 3, date retenue pour sa déposition par le Liber Ponti- flcalis60. Celui-ci lui donne le titre de martyr sans qu'on puisse contrôler le bien-fondé de son affirmation61.

7 La Sancii Caelestini, papae (Ο Ρ)

Le pape Célestin Ier mourut le 27 juillet 432, mais le Liber Pontificalis indique sa déposition au 6 avril. Il est inscrit au 7 avril tant dans le calendrier de Mantoue (CM 1260) et le martyrologe de Vienne (MV 176) que dans la liste additionnelle d'Adon (MA 472) et le calendrier de l'Aventin (CR 11e, 137). Le calendrier de Naples en fait mention le 8 de ce mois (CN 134). Le culte de saint Célestin à Naples et à Rome ne peut que se rattacher au grand souvenir laissé par le pape qui condamna Nestorius dès l'année 430 et imposa l'autorité du Siège Apostolique aussi bien en Afrique et en Illyrie qu'en Gaule et en Angleterre.

11 La Sanai Leonis (O P)

Saint Léon le Grand mourut le 10 novembre 461. C'est à cette date que le Hiérony- mien annonce: Romae depositio sancii Leonis episcopi (ΜΗ 593). Il en va de même du

60 L. Duchesne, Le Liber Pontificalis, I.e., Tome 1er, p. 128. 61 Ibid. pp. 230 (6 avril) et CCLI-CCLII (27 juillet).

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LE COMMENTAIRE HISTORIQUE ET LITURGIQUE : AVRIL 231

calendrier de saint Willibrord62. Mais le Liber Pontificalis date sa depositio du 11 avril63. Le calendrier de Mantoue et le martyrologe de Vienne retiennent à la fois le 10 novembre et le 11 avril.

Le corps de saint Léon fut déposé dans l'atrium de Saint-Pierre, ce qui constituait une innovation, car aucun de ses prédécesseurs ne reposait au Vatican. L'usage ayant prévalu par la suite d'inhumer les papes non seulement dans l'atrium, mais à l'intérieur de la basilique vaticane, Sergius Ier décida de transférer le corps de saint Léon in arce sancii Petri, non loin de la Confession de l'Apôtre. Cette translation eut lieu le 28 juin 688, en la vigile de saint Pierre, et Rome célébra désormais ce jour-là la fête du grand pontife (infra p. 249).

Bède inséra la mémoire de saint Léon au 11 avril dans son martyrologe (MB 50). Celle-ci allait passer dans les sacramentaires francs de la fin du 8e siècle (S 8e 106) puis, à partir du 9e siècle, se diffuser à travers la France, l'Angleterre, les Pays germaniques et l'Italie. Dès cette époque on la trouve au Mont-Cassin64. Elle devait être reçue en certaines églises de Rome au 11e siècle, comme en témoignent le calendrier de l'Aventin et le collectaire de Saint- Anastase (CR 11e, 137). Au 12e, on la trouve dans le sacramentaire de Saint-Tryphon et celui qui est conservé à l'Archivio de Sainte-Marie Majeure (Cr 12e, 148). Mais, il s'agit chaque fois d'un doublet de la fête principale, qui demeure celle du 28 juin. L'Eglise byzantine joint la mémoire de Léon le Grand à celle de Flavien de Constantinople le 17 février (CB 234).

Au Vatican, le martyrologe du 11e siècle substitue la notice du 11e avril à celle du 28 juin, mais il n'est pas suivi par le calendrier de l'antiphonaire de la fin du 12e. A cette époque, le calendrier et VOrdo du Latran accueillent la fête du 11 avril, tandis que le missel reste fidèle à l'unique mémoire du 28 juin.

14 La Va Sanctorum Tiburtii et Valeriani, martyrum (M Ν Ο Ρ R)

La déposition des martyrs Tiburce, Valerien et Maxime est indiquée à ce jour dans le Hiéronymien (MH 189) et on trouve leur fête au 6e siècle dans le sacramentaire de Vérone (SV 4). Au siècle suivant, elle a place dans le Grégorien (SGr 637) et l'évangé- liaire de 645 (LK 25). Depuis lors elle a toujours été célébrée à Rome.

16 La S aneti Anice ti, papae et martyris (O P)

Le Liber Pontificalis indique le 20 avril pour la déposition de saint Anicet, en qualifiant celui-ci de martyr, alors que l'Abrégé félicien ne le fait pas65. Les calendriers de

62 H.A. Wilson, The calendar of St Willibrord, I.e., p. 13. 63 L. Duchesne, Le Liber Pontificalis, I.e., tome 1er, p. 239. 64 E.A. Loew, Die ältesten Kaiendarien aus Monte Cassino, I.e., p. 19. 65 L. Duchesne, Le Liber Pontificalis, I.e., tome 1er, p. 134.

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232 LES CALENDRIERS DU LATRAN ET DU VATICAN À LA FIN DU XIIe SIÈCLE

Mantoue (CM 1260) et de l'Aventin (CR 11e, 137), ainsi que la liste additionnelle d'Adon (MA 472) en font mention au 16 avril, tandis que le martyrologe de Vienne commémore Anicet le lendemain 17. Les calendriers des 11e et 12e siècles ignorent généralement son nom.

22 La Sancii Sotheris, papae et martyris; sancii Gaii, papae et martyris (O P)

Selon le Liber Pontificalis le pape Soter mourut le 22 avril, mais sans avoir subi le martyre. C'est le jour où en font mémoire le calendrier de Mantoue (CM 1260) et le martyrologe de Vienne (MV 176), ainsi que le calendrier de Ratisbonne. Le catalogue des reliques transférées par Sergius II (844-847) à Saint-Martin-aux-Monts donne à Soter le titre de martyr66. Sa fête n'est pas autrement attestée avant le calendrier du Latran.

L'épitaphe du pape Gaius au cimetière de Callixte indique sa katathesis (déposition) au 22 avril67. La Depositio Episcoporum de 354 et le martyrologe hiéronymien donnent la même date (CR 4e, 10; MH 202). Ils sont suivis par le calendrier de Mantoue (CM 1260) et le martyrologe de Vienne (MV 176). Sur la foi de certaines interpolations du Liber Pontificalis, le calendrier de Naples annonce sa p(assio) (CN 134). Bien que le martyrologe de Saint-Pierre consacre une notice à saint Gaius, sa fête n'apparaît à Rome qu'avec le calendrier du Latran.

23 La Va Sancii Georgii, martyris (M Ν Ο Ρ Q R)

Le Hiéronymien annonce la passion de saint Georges le 25 avril (MH 209) et les Coptes célèbrent sa fête le 18 (CC 141). Mais le synaxaire et le typicon byzantins le commémorent le 23 (CB 271). C'est ce jour là que saint Georges est fêté à Rome depuis que le pape Léon II (682-683) lui dédia une basilique au Vélabre68. On trouve son formulaire dans le sacramentaire du 8e siècle (SGr 210) et l'évangéliaire de 740 (LK 71).

25 La Va Sanai Marci, evangelistae (M Ν Ο Ρ Q R)

L'Eglise d'Egypte célèbre le 25 avril «saint Marc, le contemplateur de Dieu» (CC 143). Byzantins (CB 273), Syriens (CO 340) et Latins le font le même jour. Inscrit à cette date dans le martyrologe de Bède (MB 85), le nom de saint Marc apparaît à la fin du 8e siècle au calendrier du Mont-Cassin et, au 9e, dans celui de Naples. Dès 853, le sacra-

66 H. Marucchi, Basiliques et églises de Rome, I.e., p. 321. 67 L. Duchesne, Le Liber Pontificalis, I.e., tome 1er, p. 161. Reproduction graphique dans le

D.A.C.L. tome 2, col. 1739-1740. 68 Ibid. p. 360.

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LE COMMENTAIRE HISTORIQUE ET LITURGIQUE : AVRIL 233

mentaire de Rodrade de Corbie (SGr 695) puis, vers 870, celui de Saint-Amand69 donnent les oraisons de la fete. Mais, à cette époque, le culte de saint Marc est déjà attesté à Venise (829). Il devait connaître une diffusion quasi universelle à travers les 10e et 11e siècles.

A Rome, au 11e siècle, tandis que le martyrologe du Vatican, le calendrier de l'Aventin et l'épistolier de Saint-Saba annoncent la fête de saint Marc, le sacramentaire de Saint-Pierre donne les trois oraisons de la messe (fol. 141v) et l'antiphonaire de Sainte- Cécile en indique les chants. L'orational de Saint-Anastase reprend pour l'office la collecte du sacramentaire (fol. 106v). Au 12e siècle, l'antiphonaire de Saint-Pierre contient sept pièces propres, qui sont empruntées aux Actes de saint Marc (Q 129-130).

La Va Litaniae maiores M Ν Ο Ρ Q R)

Quoi qu'il en soit des origines de la Litanie majeure, celle-ci était célébrée à Rome le 25 avril au milieu du 7e siècle (LK 25). Le sacramentaire grégorien fournit l'itinéraire de la procession, en donnant les oraisons qui sont dites chaque fois qu'on marque un arrêt: on partait de Saint-Laurent in Lucina en direction du nord; au sortir de la Ville, on prenait la via Flaminia, sur le bord de laquelle on faisait une station à Saint- Valentin, puis on poursuivait jusqu'au Tibre, qu'on franchissait au Ponte Milvio; on suivait ensuite la rive droite du fleuve pour gagner le Vatican, où la messe était célébrée (SGr 211-213). Aussi l'antiphonaire de Saint-Pierre annonce-t-il: Statio in Basilica beati Pétri (Q 130). VOrdo du Latran expose l'origine grégorienne de la Litanie et, pour souligner son caractère pénitentiel, il rappelle que ce jour-là on s'abstient de manger de la viande (P 133). Il expose aussi comment s'organise la double célébration du jour: la messe du matin est celle de saint Marc et la messe principale, dans la matinée, de la Litanie majeure.

26 La Sancii Cleti, papae et martyris (Ο Ρ) Sancii Marcellini, papae et martyris (Ο Ρ)

Va Sancii Cleti, papae et martyris (R)

Le manuscrit de Berne du Hiéronymien (MH 210) et les manuscrits de Bède du 9e siècle (MB 50), ainsi que le martyrologe de Vienne (MV 176) mentionnent saint Clet le 26 avril, jour indiqué au Liber Pontificalis pour son martyre70. Malgré l'inscription du nom de Clet au Canon de la Messe, sa fête n'eut pas une grande diffusion. On la trouve toutefois à Saint-Gall au 9e siècle (CSG 9). A Rome, il est fait mention de saint Clet dans les

69 K. Gamber, Codices liturgici latini antiquiores, Le, tome 2, p. 356 n. 763. Ce sacramentaire était passé, dès le début du 10e siècle, à l'usage de Sens. Cf. E. Bourque, Etude sur les Sacramentai- res romains, seconde partie, tome second, Roma 1958, p. 52.

70 L. Duchesne, Le Liber Pontificalis, Le, tome 1er, p. 122.

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234 LES CALENDRIERS DU LATRAN ET DU VATICAN À LA FIN DU XIIe SIÈCLE

martyrologes de Saint-Pierre et de Saint-Cyriaque et, sous le nom d'Anaclet, dans le calendrier de l'Aventin (CR 11e, 137). Au 12e siècle, sa fête est célébrée tant au Latran qu'au Vatican.

Au Latran on célèbre aussi, le même jour, la mémoire de saint Marcellin. Le Liber Pontificalis donnant le 26 avril pour la déposition de ce pontife71, Bède (MB 103) et ses successeurs annoncent à ce jour la fête de Marcellin. On notera que le calendrier de Man- toue s'accorde avec le martyrologe de Vienne pour omettre d'en faire mention. N'y a-t-il pas là le souvenir d'une certain réticence envers la mémoire du pape Marcellin72? On trouve pourtant sa fête à Saint-Gall au 9e siècle (CSG 9) et elle apparaît à Rome au 1 Ie siècle dans les mêmes conditions que celle de saint Clet. A la fin du 12e, le calendrier de Saint-Pierre n'en fait pas encore mention.

28 La Va Sancii Vitalis, martyris (M Ν Ο Ρ R)

Saint Vital est un martyr de Bologne, en l'honneur de qui fut érigée à Ravenne la basilique qui porte son nom (milieu du 6e siècle). A la même époque, son culte s'implanta à Rome dans le titre de Vestina, qui devint le titre de Saint-Vital, comme en témoigne la liste de 595 73. Au 7e siècle, on trouve sa fête dans le sacramentaire grégorien (SGr 638) et l'évangéliaire de 645 (LK 25). Depuis lors elle a toujours été célébrée dans la Cité apostolique.

Mai

1 La Va Sanctorum Philippi et Iacobi, apostolorum (M Ν Ο Ρ Q R)

Pour célébrer la dédicace de la basilique des saints Philippe et Jacques au pied du Quirinal, le pape Jean III (561-574) choisit le 1er mai, qui était déjà consacré à la mémoire de saint Philippe74. Tandis que Rome a joint au nom de Philippe celui de Jacques, fils d'Alphée, on fête, le 30 avril, aux rites byzantin et syrien Jacques le frère de Jean (CB 277, Nilles I, 475). La fête des saints Philippe et Jacques est attestée au 7e siècle (LW 61, LK 26, SGé 137, SGr 638). Elle a toujours été célébrée à Rome depuis lors.

71 Ibid., p. 162. 12 Ibid., p. XCIX. 73 C. Huelsen, Le Chiese di Roma, I.e., p. 125. 74 J. Noret, La Dédicace des SS. Apôtres Philippe et Jacques, dans Analecta Bollandiana, 91

(1973), p. 378.

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LE COMMENTAIRE HISTORIQUE ET LITURGIQUE : MAI 235

3 La Va Inventio (R Annuntiatio) sanctae Crucis (M Ν Ο Ρ Q R)

Le Liber Pontificalis est le plus ancien document romain à rattacher la découverte de la sainte Croix au 3 mai, en dépendance du texte latin de la légende de Judas Cyriaque75. A. Chavasse a montré comment la fête de YInventio Crucis, d'origine orientale, s'est introduite dès le premier quart du 6e siècle dans divers titilli romains, sans réussir à pénétrer dans la liturgie papale76. On la trouve au 7e siècle dans les sacramentaires gélasien (SGé 138) et grégorien (SGr 639). Sa célébration est attestée d'une manière constante à Rome entre le 9e et le 12e siècle.

L'antiphonaire de Saint-Pierre corrobore les vues de A. Chavasse sur la dépendance de la fete de YInventio S. Crucis par rapport à la légende de Judas Cyriaque, car deux antiennes en sont tirées: Orabat Iudas et Cum orasset Iudas (Q 132)77. Tant au Vatican qu'au Latran on célébrait à Matines les deux premiers nocturnes des saints martyrs Alexandre, Eventius et Théodule et le troisième de la sainte Croix (Q 131, Ρ 135). La Sanctorum Alexandri, Eventii et Theoduli, martyrum (M Ν Ο Ρ) Va Sanctorum Alexandri, Eventii, Theoduli et Iuvenalis (Q)

Sanctorum Alexandri, sociorumque eius (R)

Le natale des martyrs Eventius, Alexandre et Théodule est annoncé au martyrologe hiéronymien (MH 227). Le sacramentaire grégorien et l'évangéliaire de 645 font passer en tête le nom d'Alexandre (SGr 638, LK 72). C'est que, se fondant sur la Passio de ce groupe de martyrs de la via Nomentana, le Liber Pontificalis avait identifié Alexandre avec le pape du même nom78. Bède devait reprendre cette identification (MB 58) et, après lui, tous les martyrologes. Au 1 Ie siècle, le passionnaire des Saints-Jean-et-Paul annonce: Incipit Passio sanctorum martyrum Alexandri papae et Eventii et Theoduli et aliorum sanctorum (fol. 220v). L'antiphonaire de Saint-Pierre, au 12e, emprunte deux répons à cette Passio: Quinto loco a beato Petro Apostolo Cathedram sedit Alexander, et Domine lesu Christe, qui me in Cathedra Apostoli tui Pétri sedere iussisti (Q 131).

Le calendrier de Saint-Pierre ajoute aux trois martyrs romains saint Juvénal, évêque de Narni. Saint Juvénal était déjà honoré à Rome en quelques églises au 7e siècle, car il est mentionné dans le sacramentaire gélasien (SGé 137). Au 11e siècle, on trouve son

75 L. Duchesne, Le Liber Pontificalis, I.e., tome 1er, p. 167. 76 A. Chavasse, Le sacramentaire gélasien, I.e., pp. 350-364. 77 Ces deux antiennes ne sont pas propres à l'antiphonaire du Vatican. On les trouve dans de

nombreaux manuscrits. Voir R.J. Hesbert, Corpus Antiphonalium Offlcii, tome 3, Roma 1968, nos 2020 et 4172. Sur l'histoire du culte de la Sainte Croix voir A. Frolow, La relique de la Vraie Croix, recherches sur le développement d'un culte, Paris 1961, et, du même auteur, Les reliquaires de la Vraie Croix, Paris 1965.

78 L. Duchesne, Le Liber Pontificalis, I.e., tome 1er, p. 127.

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236 LES CALENDRIERS DU LATRAN ET DU VATICAN À LA FIN DU XIIe SIÈCLE

nom dans le collectaire de Saint- Anastase (fol. 107v) et, au 12e dans le collectaire de Saint-Pierre (fol. 133blsv) ainsi que dans le sacramentaire de Saint-Tryphon (fol. 88v). En consacrant à nouveau la basilique Saint-Juvénal de Narni, le pape Eugène III (1145-1153) avait peut-être contribué à rendre plus actuel le culte de son titulaire79.

5 Va Translatio corporis beati Stephani, protomartyris (Q R)

Le calendrier et l'antiphonaire de Saint-Pierre doivent constituer les plus anciens témoins liturgiques d'une prétendue translation des reliques de saint Etienne à Rome au temps de Pelage Ier (556-561). Elle est annoncée ainsi parmi les Auctaria d'Usuard au 6 mai: Romae, translatio corporis sancii Stephani Protomartyris, tempore Pelagli Papae primi et Theodosii principis, et sepultus est in ecclesia sancii Lamentii extra muros et in eius sepul- cro (MUA 229). Baronius devait insérer cette translation dans le martyrologe romain au 7 mai80. Au 14e siècle, elle était célébrée à Toulouse (Leroquais 3,416).

6 La Va Sancii Iohannis ante Portam Latinam (M Ν Ο Ρ Q R)

La basilique de saint Jean devant la porte Latine remonte au début du 6e siècle et l'anniversaire de sa dédicace est attestée par le sacramentaire grégorien (SGr 640). La date fut peut-être choisie en relation avec une fête orientale préexistante. En effet le rite syrien célèbre saint Jean le 7 mai (CO 339) et le rite byzantin le 8 (CB 283). A Rome, la fête, demeura localisée dans la basilique de la porta Latina, qui passa ultérieurement sous l'autorité des Chanoines du Latran. En Pays francs, la fête connue par le sacramentaire papal devait évoquer non plus un simple anniversaire de dédicace, mais le supplice de l'huile bouillante qu'au dire de Tertullien saint Jean aurait subi à Rome81. C'est pourquoi aux alentours de 700, le Missale Gothicum donne une messe de saint Jean entre Vlnventio sanctae Crucis et les Rogations82 et, à la fin du 8e siècle, on trouve la fête de saint Jean ante Portam Latinam dans les sacramentaires gélasiano-francs (S 8e 116). Sa mention passa au 9e siècle dans le martyrologe de Florus (MF 350) et de ses successeurs. La fête ne tarda pas à gagner tous les Pays francs et le nord de l'Italie. C'est sans doute au cours du 10e siècle qu'elle pénétra à Rome, où elle est attestée par l'ensemble des documents du 11e et du 12e siècle (CR 11e, 137; CR 12e, 148).

79 I. Schuster, Liber sacramentorum, I.e., tome 7, p. 171. 80 Dans ses annotations au martyrologe romain Baronius justifie cette insertion par le témoi

gnage d'un manuscrit de Sainte-Cécile, d'un livre de Pierre diacre au Mont-Cassin et d'un sermon de Bruno de Segni. Cf. Martyrologium romanum. . . Accesserunt notationes. . . auctore Caesare Baro- nio, édit. Rome 1630, p. 228.

81 Tertullien, De praescriptione haereticorum, c. 36; P.L. 2, col. 59. 82 Missale Gothicum, I.e., p. 81.

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LE COMMENTAIRE HISTORIQUE ET LITURGIQUE : MAI 237

8 La Va Sancii Michaelis, archangeli (M Ο Ρ Q R)

C'est au 1 Ie siècle que certaines églises de Rome ont commencé à fêter saint Michel le 8 mai (CR 11e, 137). Au 12e la fete se propagea quelque peu (CR 12e, 148) et pénétra dans les basiliques du Latran et du Vatican. Elle se présente sous des titres divers selon les manuscrits. En voici le relevé:

Sancti Michaelis archangeli C D Ρ Q R Apparitio sancti Michaelis A J Ο c Dedicatio sancti Michaelis d Inventio sancti Michaelis M Revelatio sancti Michaelis L

Comme le précise le martyrologe de Saint-Pierre, il s'agit de la fete de saint Michel au Monte Gargano dans les Pouilles. On célèbre, en effet, ce jour-là l'apparition dont saint Michel aurait honoré le Gargano à la fin du 5e siècle et la dédicace de la basilique érigée en ce lieu.

Mais le 8 mai est aussi l'anniversaire de la dédicace d'une autre église, érigée au 7e siècle en l'honneur de saint Michel sur le Monte Tancia en Sabine83. Cette église dépendait au 11e siècle de la puissante abbaye de Farfa. Aussi son diesfestus ne manqua pas d'être populaire dans toute la Sabine et la région romaine. Nous ne pensons pourtant pas qu'il faille chercher dans cette direction l'origine de la fête célébrée à Rome, car Farfa était une abbaye impériale et la Cité des Papes ne devait pas s'ouvrir volontiers à son influence.

La fête n'a pu venir non plus du nord, elle est ignorée de tous les calendriers de France et d'Alémanie. Les martyrologes issus de Bède n'en font pas mention, ils rattachent le culte du Monte Gargano au 29 septembre (MA 560-561). C'est donc de l'Italie méridionale que se diffusa la fête du 8 mai84. Des le 9e siècle, Y apparitio S. Michaelis est gravée dans le calendrier de marbre de Naples (CN 134). Elle appartient aussi au calendrier de Bénévent85.

10 La Va Sanctorum Gordiani et Epimachi, martyrum (M Ν Ο Ρ R)

Les saints Gordien et Epimaque sont des martyrs vénérés sur la via Latina dans le cimetière qui portait leur nom. Le Hiéronymien en fait mention (MH 243). Tandis que

83 M. G. Mara, Michele, arcangelo, dans Bibliotheca Sanctorum, I.e., tome 9, col. 421. 84 «Quand on étudie les traces, en Occident, du culte de saint Michel, on le voit débuter au

Mont-Gargan, dans un milieu fortement hellénisé, et c'est du sud de l'Italie qu'il rayonne vers le Nord et spécialement vers la Lombardie, par l'influence de Ravenne», écrit H. Leclercq dans le D.A.C.L. tome 11, col. 905, résumant le livre d'O. Rodjestinsky, Le culte de saint Michel et le Moyen Age latin, Paris 1912.

85 Paléographie musicale, tome XIV, pp. 450-451

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238 LES CALENDRIERS DU LATRAN ET DU VATICAN À LA FIN DU XIIe SIÈCLE

les évangéliaires de 645 et de 740 (LK 26, 72), ainsi que le sacramentaire grégorien Paduense (SGr 640), ne connaissent que saint Gordien, YHadrianum donne les deux noms (SGr 217). Depuis lors on les rencontre à peu près constamment dans les livres liturgiques romains.

12 La Sanctorum Nerei et Achillei et Pancratii, martyrum (M Ν Ο Ρ) Va Sancii Pancratii, martyris (Q)

Sanctorum Pancratii, Nerei et Achillei (R)

Le martyrologe hiéronymien annonce le natale des saints Nérée et Achille et celui de saint Pancrace (MH 249). Nérée et Achille étaient fêtés en leur basilique du cimetière de Priscille sur la via Ardeatina, Pancrace en sa basilique cimétériale de la via Aurelia. Saint Grégoire le Grand a prêché pour les deux fêtes.

La commémoration des trois martyrs ne se présente pas d'une manière uniforme dans les sources anciennes. C'est ce qui explique la double tradition dont témoignent l'antiphonaire et le calendrier de Saint-Pierre. On trouve en effet.

S. Pancrace seul dans le sacramentaire grégorien (SGr 218, 640) et le lectionnaire d'Alcuin (LA 157), SS. Nérée et Achille et S. Pancrace en deux synaxes distinctes dans les évangéliaires de 645 et de 740 (LK 26,72), SS. Nérée et Achille et S. Pancrace en une seule commémoration dans le libellé du titre au sacramentaire gélasien (SGé 138), mais les oraisons ne nomment pas S. Pancrace. Le nom de S. Pancrace est ajouté dans les Gélasiens du 8e s. (S 8e 117).

Tout en célébrant les trois martyrs, le missel du Latran a conservé le souvenir de la double synaxe; il leur consacre deux collectes, deux secrètes et deux postcommunions (fol. 305 ν - 306 v).

14 La Va Sancii Bonifatii, martyris (Ο Ρ R)

Le culte de saint Boniface est tributaire d'une Passio légendaire, écrite en grec et traduite en latin vers le 7e siècle. Il est attesté à cette époque sur l'Aventin par l'itinéraire De locis sanctis martyrum (I 322) et l'Itinéraire de Malmesbury (I 328). Le calendrier de Naples fait mention de saint Boniface le 14 mai (CN 134), tandis que le typicon byzantin le commémore le 19 décembre (CB 140). En 977, un monastère fut érigé près de la basilique des saints Boniface et Alexis. L'archevêque Adalbert de Prague y trouva refuge à deux reprises entre 989 et 996. C'est là que vécut aussi son disciple Boniface ou Bruno de Querfurt (f 1009). Au 11e siècle, le monastère, qui groupait des moines grecs et latins, était l'un des principaux, sinon le principal, de la Ville86, une sorte de «séminaire des

86 G. Ferrari, Early Roman Monasteries, I.e., pp. 78-87.

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LE COMMENTAIRE HISTORIQUE ET LITURGIQUE : MAI 239

missions en pays slave»87. Il était donc normal que le culte de son principal titulaire, saint Boniface, se développât dans Rome. On le trouve inscrit au calendrier mural de l'abbaye voisine Sainte-Marie de l'Aventin et au martyrologe de Saint-Pierre, où on lit: Sancii Bonifatii in Aventino, tandis que le passionnaire des Saints-Jean-et-Paul donne sa passion (fol. 234v - 237). Au 12e siècle, il est célébré au Latran et au Vatican.

15 La Sanctorum Venantii et sociorum eius (O P)

Au Latran on célèbre en ce jour les saints Martyrs dalmates, dont les reliques étaient vénérées dans l'oratoire Saint- Venant au baptistère. Lors de Γ invasions des Avars en Istrie et en Dalmatie, le pape Jean IV (640-642), qui était d'origine dalmate, envoya chercher les reliques des saints martyrs de Salone et de Parenzo et il les déposa au baptistère du Latran dans l'oratoire que le pape Hilaire avait érigé en l'honneur de saint Etienne {infra, p. 373). La mosaïque de Jean IV a conservé les noms des dix martyrs et leurs vêtements permettent de les identifier. Il y a trois évêques Venantius et Domnio de Salone, et Maurus de Parenzo, un prêtre Asterius, et un diacre Septimus. Parmi les cinq laïcs Anastasius, qui exerçait la profession de foulon, et quatre soldats Paulinianus, Telius, Antiochianus et Gaianus88. On ignore la raison qui a fait choisir le 15 mai pour cette fête. Il n'est pas impossible que le souvenir du jour de la translation des martyrs ou de la dédicace de l'oratoire se soit conservé au patriarchium.

19 La Sanctae Pudentianae, virginis (M Ο Ρ) Va Sanctae Potentianae, virginis (R)

Une épitaphe datant de 384 nous fait connaître un certain Leopardus lector de puden- tiana. C'est la plus ancienne attestation du mot Pudentiana. On le trouvera peu après dans la conque absidiale de Sainte-Pudentienne (MH 263). La proximité de cette basilique et de Sainte-Praxède devait donner naissance à la Geste de Pudentienne et de Praxède (6e-7e s.). Au 7e siècle, les Itinéraires indiquent les tombes de Potentienne et de Praxède au cimetière de Priscille (I 320), tandis que la fête de sainte Potentienne apparaît dans l'évangéliaire de 645 au 19 mai (LK 27), qui est la date indiquée par ses Acta pour sa déposition. Mais les sacramentaires grégorien et gélasien ignorent cette fête, qui est également absente des sacramentaires francs des 9e et 10e siècles89. Le nom de Pudentienne

87 N. Maurice-Denis et R. Boulet, Romée, Paris 1963, p. 545. 88 Ph. Lauer, Le palais de Latran, Le, pp. 81-87. 89 Absente des sacramentaires, la fete de sainte Potentienne est présente non seulement dans

les évangéliaires francs mais aussi dans les antiphonqires des 8e et 9e siècles. Ci Antiphonale Missa-

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240 LES CALENDRIERS DU LATRAN ET DU VATICAN À LA FIN DU XIIe SIÈCLE

est pourtant inscrit dans les manuscrits du 9e siècle du martyrologe de Bède (MB 51) et, à la même époque, dans les martyrologes de Florus (MF 426), d'Adon (MA 566) et d'Usuard (MU 232), ainsi que dans les calendriers de Saint-Gall (CSG 10). Brusquement, avec le 1 Ie siècle, le culte de sainte Pudentienne connaît en France une rapide extension (Leroquais 3,403). C'est l'époque où il s'implante aussi à Rome. Si les deux capitulare evangeliorum du 9e et du 10e siècle {supra, pp. 125 et 130) mentionnent sainte Potentienne à 'la suite de l'évangéliaire du 7e et du 8e siècle, le sacramentaire de Saint-Laurent in Damaso est le premier sacramentaire romain à fournir les oraisons de sa fête (fol. 65v). Au 12e siècle, on peut constater la diffusion du culte de Pudentienne dans la Ville (CR 12e, 148). Mais, s'il est reçu au Latran et au Vatican, le fait est récent car le missel du Latran et l'antiphonaire de Saint-Pierre l'ignorent encore. Relevons aussi que les deux basiliques se partagent entre les appellations traditionnelles de Pudentienne et de Potentienne.

25 La Va Sancii Urbani, papae et martyris (M Ν Ο Ρ R)

Saint Urbain est un évêque inconnu, inhumé au cimetière de Prétextât (MH 273). Dès la fin du 5e siècle, la Passion de sainte Cécile l'identifie avec le pape Urbain Ier, qui mourut le 19 mai 230 et fut déposé dans la crypte des papes au cimetière de Callixte (MH 262). Au 7e siècle, le sacramentaire grégorien entérine l'identification, à la suite du Liber Pontificalis90, et il annonce le natalis sancii Urbani papae, donnant dans le corps de l'oraison le titre de martyr au pape saint Urbain (SGr 641). Bien qu'il désigne saint Urbain comme confesseur et pontife, l'évangéliaire de 740 maintient l'identification en situant la station via Appia (LK 73). La fête du pape saint Urbain devait se perpétuer à cette date dans la liturgie romaine. Va Dedicatio sancii Peregrini (R)

Vers l'an 800, le pape Léon III obtint des moines de Saint-Denys quelques reliques de saint Pèlerin, évêque d'Auxerre, dont la légende voulait qu'il ait été envoyé évangéli- ser l'Auxerrois par le pape Xyste IL Léon III fit alors rebâtir une petite église qui était en ruines au nord de la basilique vaticane et il y déposa les reliques de saint Pèlerin, qui en devint le titulaire. Près de l'église il construisit aussi un hôpital pour les pèlerins malades. Un demi-siècle plus tard, le pape Léon IV confia l'église Saint-Pélerin au chapitre de Saint-Pierre. C'est pourquoi celui-ci en commémorait chaque année la dédicace91.

rum sextuplex, édit. R.J. Hesbert, Bruxelles 1935 pp. XCIV et 120-121. C'est ce qui explique sa présence dans l'antiphonaire de Sainte-Cécile, dont le sanctoral est pourtant assez archaïque (édit. Giorgi, I.e., p. 505).

90 L. Duchesne, Le Liber Pontificalis, Le. tome 1er, p. 143. 91 G. Vannereau, Saint Pèlerin d'Auxerre, Cosne-sur-Loire 1958. Voir aussi L. Duchesne,

Scripta minora, I.e., p. [337].

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LE COMMENTAIRE HISTORIQUE ET LITURGIQUE : MAI 241

26 La Va Sancii Eleutherii, papae et martyris (Ο Ρ R)

Le Liber Pontificalis donne le 25 mai pour la déposition du pape Eleuthère, sans qualifier celui-ci de martyr92. C'est la date que reproduit Adon dans sa seconde liste (MA 472). Mais le calendrier de Mantoue le mentionne au 26 (CM 1261) et le martyrologe de Vienne au 27 (MV 177). Les calendriers du Latran et du Vatican sont les premiers à l'honorer comme martyr, en inscrivant sa fete au 26 mai. Saint Eleuthère est inconnu des calendriers de France, d'Angleterre, d'Allemagne et d'Italie au moyen âge. Son inscription dans ceux du Latran et du Vatican révèle l'intention de doter d'un culte public les papes des premiers siècles en raison de la charge apostolique qu'ils ont assumée.

27 La Va Sancii Iohannis, papae et martyris (Ο Ρ R)

Le pape Jean Ier mourut de faim à Ravenne dans les prisons de Théodoric le 18 mai 526. Son corps fut transféré triomphalement à Rome le 27 mai93. Le calendrier de Mantoue (CMB 1261) et le martyrologe de Vienne (MV 177) en font mémoire à cette date. Pour sa part, le calendrier de l'Aventin donne le nom de Jean Ier, pape et martyr, au même jour et il ajoute, le 28: Reportatio Iohannis papae. Peut-être la translation se déroula-t-elle sur deux jours, comportant d'abord la réception des reliques du martyr à Rome, puis la veillée nocturne et, le lendemain, le transfert solennel à Saint-Pierre: Sic cum summo gaudio deductus est corpus eiusforis civitatem94. C'est au 28 que Bède annonce la translation de Jean Ier dans la basilique vaticane (MB 104). Florus (MF 428), Adon (MA 471) et Usuard (MU 236) font de même. Il ne semble pas que le pape martyr ait été l'objet d'un culte liturgique avant le 11e siècle. Encore son nom n'apparait-il alors qu'au calendrier de l'Aventin et dans le martyrologe de Saint-Pierre, héritier de Bède (CR 11e, 137). Il faut attendre la seconde moitié du 12e siècle pour voir célébrer sa mémoire au Latran, où il vécut, et au Vatican, où il reposait.

30 La Sancii Felicis, papae et martyris (0 P)

D'après la Depositio Episcoporum de 354, le pape Félix Ier fut inhumé le 30 décembre 274 dans la crypte des papes au cimetière de Callixte. Le Liber Pontificalis devait le confondre avec un martyr homonyme de la via Aurélia et donner le 30 mai pour le jour de sa mort95. A la suite de la Chronique papale, le calendrier de Mantoue (CM 1261) et le

92 L. Duchesne, Le Liber Pontificalis, I.e., tome 1er, p. 136 93 Ibid., 275. 94 Anonyme de Valois (Maximien, évêque de Ravenne), cité ibid., p. 277. 95 L. Duchesne, Le Liber Pontificalis, I.e., tome 1er, p. 158. Selon l'itinéraire De locis sanctis le

martyr Félix était vénéré sur la via Aurelia juste avant d'arriver au cimetière de Calépode, c'est-à- dire au cimetière des Deux-Félix (R. Valentini e G. Zucchetti, Codice Topografico della Città di Roma, I.e., tome 2, p. 107).

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242 LES CALENDRIERS DU LATRAN ET DU VATICAN À LA FIN DU XIIe SIÈCLE

martyrologe de Vienne (MV 177) inscrivirent à ce jour la mémoire de saint Félix, pape et martyr. Florus en fit autant (MF 320), ainsi que Adon (MA 471) et Usuard (MU 237). A Rome le nom de saint Félix apparait au 1 Ie siècle dans le calendrier de Γ Aventin (CR 11e, 138) et au 12e dans celui du Latran.

31 La Va Sanctae Petronillae, virginis (Ο Ρ Q R)

Les Itinéraires du 7e siècle signalent au cimetière de Domitille la tombe de sainte Pétronille (I 316, MH 285). Celle-ci était ornée d'une fresque du milieu du 4e siècle qui subsiste toujours. On y lit PETRONELLA MART. Le corps était contenu dans un sarcophage qui portait AURELIAE PETRONILLAE FIL(IAE) DULCISSIMAE. Il s'agit donc d'une martyre appartenant à la gens Aurelia, apparentée aux Flaviens, dont l'ancêtre était Titus Flavius Petro.

Au 8e siècle, le pape Grégoire III (731-741) ordonna de faire chaque année la station en la fête de sainte Pétronille, mais il n'en indique pas la date96. Celle du 31 mai provient de la Passion des saintes Pétronille et Félicula. On sait que la légende fit de Pétronille la fille de saint Pierre en raison de la ressemblance de leurs noms. C'est à ce titre qu'elle fut l'objet d'un culte spécial de la part de Pépin le Bref. Pour être agréable au roi franc le pape Paul Ier transféra en 757 le corps de sa protectrice (auxiliatricis vestraé) au Vatican, dans le mausolée funéraire de la famille de Théodose, près du transept sud de Saint- Pierre97.

Le nom de sainte Pétronille apparait dans Bède (MB 51) et il est inscrit dans tous les martyrologes. On le trouve également dans les calendriers anglais et ceux de Saint-Gall à partir du 9e siècle, mais sa fête se diffuse en France à partir du 11e siècle seulement (Leroquais, 3,400). A Rome, le culte de sainte Pétronille demeura longtemps localisé dans sa rotonde du Vatican. Au 11e siècle, la sainte est mentionnée seulement dans le calendrier de l'Aventin et les deux martyrologes de Saint-Pierre et de Saint-Cyriaque (CR 11e 138). Au début du 12e siècle, le sacramentaire de Saint-Pierre la passe encore sous silence. A la fin du siècle, l'antiphonaire et le calendrier de Saint-Pierre témoignent de son culte. L'antiphonaire lui consacre un répons et une antienne fondés sur la légende: Surge, Petronilla (Q 134). A la même époque on célèbre aussi Pétronille au Latran, mais sa fête doit y être d'introduction récente, car le missel n'en fait pas mention.

96 L. Duchesne, Le Liber Pontiflcalis, I.e., tome 1er, pp. 420 et 424. 97 Ibid., pp. 464 et 466. Plusieurs documents liturgiques font état de cette translation au 8 octo

bre. Un capitulare evangeliorum de Lucques (Bibl. Cap. ms. 8) annonce à ce jour: Translatio corporis sanctae Petronillae (F. A. Zaccaria, Bibliotheca ritualis, vol. 1, p. 211). Dans deux capitulaires conservés à Paris (B.N. ms. lat. 93 et 13.171) o, lit: Dedicatio ecclesiae scae Petronellae. (Th. Klauser, Das Römische Capitulare evangeliorum, p. 181).

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LE COMMENTAIRE HISTORIQUE ET LITURGIQUE : JUIN 243

Juin

1 La Va Sancii Nicomedis, martyris (M R)

Saint Nicomède est un martyr de la via Nomentana, dont on célèbre l'anniversaire le . 15 septembre. Le pape Boniface V (619-625) érigea une petite basilique sur sa tombe, qui se trouvait près de la porta Nomentana98. La Dedicatio sancii Nicomedis est marquée au 1er juin dans le sacramentaire grégorien (SGr 645). De là elle devait passer dans les Géla- siens du 8e siècle (S 8e 131) et les martyrologes du 9e à partir de Florus (MF 350). A Rome on trouve cette fete, sans mention de la dédicace, dans le capitulare du 10e siècle (CR 10e, 130) et plusieurs de nos témoins des 11e et 12e siècles (CR 11e, 138, CR 12e, 149), mais au Latran et au Vatican elle n'est que faiblement attestée. Il s'agit donc d'un anniversaire en voie de disparition. On ne le retrouve plus au siècle suivant.

22 La Sanctorum Marcellini et Pétri, many mm (M Ν Ο Ρ) Va Sanctorum Marcellini et Petri et Erasmi (R)

Marcellin et Pierre sont parmi les plus célèbres des martyrs de Rome. Constantin fit ériger une vaste basilique sur leurs tombes de la via Labicana, au cimetière ad Duas Lau- ros, et sainte Hélène devait se faire enterrer près de cette basilique. Le pape Damase consacra aux deux martyrs une épitaphe où il dit tenir du bourreau lui-même que ceux-ci avaient creusé avec joie leurs propres tombes avant de mourir (MH 293). Aussi la fete des saints Marcellin et Pierre est-elle attestée par toutes les sources liturgiques du 7e siècle (SGr 645, LK 29). Elle appartient depuis lors au sanctoral romain. Selon le martyrologe hiéronymien, Marcellin était prêtre et Pierre exorciste (M H 292).

Le calendrier de Saint-Pierre ajoute à leurs noms celui de saint Erasme, martyr à Formia en Campanie. Au 7e siècle, saint Erasme était titulaire d'un monastère de moines grecs sur le Cœlius". On trouve son nom dans le Hiéronymien (MH 293), puis dans Florus (MF 334) et les autres martyrologes du 9e siècle. Il est inscrit aussi au calendrier de Naples (C Ν 134), ainsi que dans les calendriers de Saint-Gall du 10e et surtout du 11e siècle (CSG 10). On ne le trouve que rarement en France, où il est mentionné toutefois dans un sacramentaire d'Amiens dès le 9e siècle (Leroquais 1,42). A Rome, au 11e siècle, on lit la passion de saint Erasme aux Saints- Jean-et-Paul, basilique du Cœlius, tandis que sa mémoire est annoncée dans le martyrologe de Saint-Pierre et le calendrier de l'Aven- tin (CR 11e, 138). Cette inscription dans le cloître de Sainte-Marie peut s'expliquer par des relations entre le monastère de l'Aventin et celui du Cœlius, qui était passé alors sous l'autorité de Subiaco. Au 12e siècle, le calendrier de Saint-Pierre est seul à mentionner saint Erasme.

98 L. Duchesne, Le Liber Pontiflcalis, I.e., tome 1er, pp. 321-322. 99 G. Ferrari, Early roman monasteries, I.e., pp. 119-131.

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244 LES CALENDRIERS DU LATRAN ET DU VATICAN À LA FIN DU XIIe SIÈCLE

7 La Sancii Venantii, episcopi (Ο Ρ)

Saint Venant, qui est mentionné en ce jour dans les Auctaria d'Usuard (MUA 290), est un évêque de Luni, en Toscane. C'était un ami et correspondant de saint Grégoire le Grand100. Le 26 décembre 1100, on procéda à la reconnaissance de son corps. Sa fête appartenait vraisemblablement au calendrier des chanoines de Lucques.

9 La Sanctorum Primi et Feliciani, martyrum (M Ν Ο Ρ)

Le martyrologe hiéronymien annonce le natale des saints Prime et Félicien, dont les tombes étaient vénérées au 15e mille de la via Nomentana, c'est-à-dire près de Nomen- tum, aujourd'hui Mentana (MH 311). Les corps des martyrs furent transférés sous le pape Théodore (642-649) dans la basilique Saint-Etienne-le-Rond au Cœlius. Cette translation contribua à leur renom sans toutefois amener les églises de Rome à célébrer leur fête. C'est dans les Gélasiens du 8e siècle qu'on trouve celle-ci (S 8e 133). Elle passera de là dans les sacramentaires franco-germaniques du 9e et du 10e siècle. C'est ainsi qu'on la trouve aussi bien à Corbie qu'à Fulda au 10e siècle101. A Rome, tous les témoins du 11e (A Β C D F) et du 12e siècle (G H I J L) en font mention. On explique donc difficilement l'absence de la fête des saints Prime et Félicien au Vatican. Quant au clergé du Latran, les martyrs de Saint-Etienne-le-Rond étaient, pour lui, des voisins.

11 La Sancii Barnabae, apostoli (M Ν Ο Ρ)

Au rite byzantin on célèbre le 11 juin les saints Barthélémy et Barnabe (CB 311). Ce serait l'anniversaire de la découverte du corps de Barnabe dans l'île de Chypre en 458 102. Bède a choisi cette date pour faire mention de l'apôtre qui tint une si grande place auprès des Douze dans l'Eglise primitive (MB 51). Le nom de saint Barnabe apparaît dès le 9e siècle dans les calendriers anglais et dans ceux de Saint-Gall (CSG 11). A la fin du siècle le sacramentaire de Modène donne les oraisons de sa messe (SGr 698). Elles reprennent celles de saint Nicomède au 1er juin dans le Grégorien. Mais c'est surtout au tournant du 10e et du 11e siècle que la fête de l'apôtre se propage (Leroquais 3,343, Ebner 220, 226). Cependant, au 11e siècle, de nombreuses églises, celle de Vich par exemple, l'ignorent encore.

A Rome la fête de saint Barnabe est célébrée au 11e siècle (CR 11e, 138) et elle se développe au 12e (CR 12e, 148). Dans le missel du Latran on trouve les mêmes oraisons que dans le sacramentaire de Modène trois siècles plus tôt. Elles demeureront telles jusqu'en 1970. Pour le reste, le missel attribue à saint Barnabe les textes propres aux

100 F. Caraffa, Venanzio, dans Bibliotheca Sanctorum, I.e., tome 12, col. 980-981. 101 Pour Corbie, P.L. 78, col. 118; pour Fulda, G. Richter, Sacramentarium Fuldense saeculi X,

I.e., p. 121. 102 Martyrologium romanum, I.e., p. 233.

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LE COMMENTAIRE HISTORIQUE ET LITURGIQUE : JUIN 245

Apôtres, faisant lire comme épître Actes 5,40-42. Alors que le culte de Barnabe était bien attesté au Vatican dès le 11e siècle, on ne saurait dire pourquoi le calendrier et l'antipho- naire de Saint-Pierre le passent sous silence. Il est vrai que Tantiphonaire présent un vide inexplicable dans le sanctoral de juin. On n'y trouve aucun nom de saint entre le 31 mai et le 24 juin.

12 La Sanctorum Basilidis, Cyrini, Naboris et Nazarii, martyrum (M Ν Ο Ρ)

La Passion des saints Basilide, Quirin, Nabor et Nazaire est un parfait exemple des légendes romaines qui jonglent avec la chronologie et la géographie pour bâtir un roman d'édification. Des quatre personnages dont elle dit qu'ils étaient soldats et qu'ils subirent le martyre ensemble, le premier, Basilide, est un martyr de la via Aurelia connu du Hié- ronymien (MH 312 et 315), le second, Quirin, est l'évêque de Sisseck (Yougoslavie) dont les reliques avaient été apportées dans la basilique des Apôtres ad Catacumbas {supra, p. 99), les deux autres, Nabor et Nazaire, sont les célèbres martyrs milanais, titulaires sur la via Aurelia d'une basilique dont on a identifié quelques restes {supra, p. 133).

Au 7e siècle, le sacramentaire gélasien omet, d'une manière curieuse, Basilide, le seul martyr romain, pour célébrer les trois autres (SGé 139). Au siècle suivant, l'évangé- liaire romain de 740 ne connaît que le natale sci Basilidis (LK 75). Bède est, lui, tributaire de la légende (MB 51). Il en va de même pour les Gélasiens du 8e siècle, qui donnent les quatre noms (S 8e 133). La présence de leur fête dans ces derniers aura une influence déterminante pour le développement de leur culte. Elle passera de là dans certains sacra- mentaires de la seconde moitié du 9e siècle (SGr 698), puis se répandra aux siècles suivants. On la trouve donc tout normalement à Rome au 11e (CR 11e, 138) et au 12e siècle (CR 12e, 149). On remarquera que certains témoins (les antiphonaires F et G), plus proches de la tradition romaine du 8e siècle, ne connaissent que saint Basilide. A la fin du 12e, les quatre documents du Latran sont unanimes pour fêter les saints Basilide, Quirin, Nabor et Nazaire.

14 La Sanctorum Cantinorum, martyrum (0 P)

Les saints Cantius, Cantianus et Cantianilla sont trois martyrs d'Aquilée. Ils seraient morts le 31 mai, mais ils sont inscrits au martyrologe hiéronymien les 14 et 15 juin, car le 14 juin est le natale de saint Prote, dont la légende a fait leur pédagogue (MH 318, 319). Un sermon faussement attribué à saint Ambroise, et qui peut être de Maxime de Turin, rapporte les circonstances de leur martyre 103.

Le calendrier et YOrdo du Latran sont les seuls témoins de leur fête à Rome. Peut- être est-elle propre au chapitre des Chanoines de Saint-Frigdien desservant de la basilique.

103 Appendice aux œuvres de saint Ambroise, P.L. 17, col. 728.

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246 LES CALENDRIERS DU LATRAN ET DU VATICAN À LA FIN DU XIIe SIÈCLE

15 La Va Sanctorum Viti, Modesti et Crescentiae (M Ν Ο Ρ R)

Saint Vite est un martyr de Lucanie, dont le culte se propagea de bonne heure dans l'Italie méridionale et spécialement en Sicile. C'est là que la légende lui adjoignit deux compagnons, Modeste et Crescent (ΜΗ 319, 320). Le culte de saint Vite est attesté à Rome au 7e siècle par le sacramentaire gélasien (SGé 140). Il avait pour centre PEsquilin, où une diaconie et un monastère avaient saint Vite pour titulaire104.

Le Hiéronymien annonce successivement: in Lucania Viti; in Sicilia Viti, Modesti et Crescentiae. Bède adopte la première mention (MB 52). Les Gélasiens du 8e (S 8e 140) et l'évangéliaire romano-franc de 750 (LK 155) font de même. Florus (MF 287), suivi par Adon et Usuard, opte pour la légende sicilienne. A Rome on trouve saint Vite seul dans l'évangéliaire du 9e siècle (CR 9e, 125) et, au 11e siècle, dans les témoins Β C F c, tandis que A D b d donnent les trois noms (CR 11e, 138). A la fin du 12e siècle, c'est la légende sicilienne qui prévaut au Latran et au Vatican.

18 La Va Sanctorum Marci et Marcelliani, martyrum (M Ν Ο Ρ R)

Les sacramentaires grégorien (SGr 646) et gélasien (SGé 140), ainsi que l'évangéliaire de 645 (LK 29), attestent le culte au 7e siècle des martyrs Marc et Marcellien, dont les Itinéraires indiquent les tombes sur la via Ardeatina (MH 324). Depuis lors leur natale a toujours été célébré à Rome.

19 La Va Sanctorum Gervasii et Protasii, martyrum (M Ν Ο Ρ R)

Le récit de Yinventio des corps des martyrs Gervais et Protais à Milan par saint Ambroise le 17 juin 386 et de leur depositio le surlendemain sous l'autel de la basilique ambrosienne constitue l'une des pages les plus célèbres de la littérature hagiographique (MH 325). Après la mise à jour de leur tombeau en 1865, l'ouverture en 1871 de la cuve de porphyre qui contenait leurs restes et ceux de saint Ambroise confirma l'assertion de ce dernier sur la taille athlétique des deux martyrs 105. Leur culte se répandit très tôt. Dès le début du 5e siècle, ils étaient honorés à Rome dans le titulus Vestinae, le dernier en date des tituli romains, qui fut érigé par le pape Innocent Ier (401-417). La basilique doit être antérieure à 410, date de la prise de Rome par Alaric106. Les sources liturgiques du 7e siècle annoncent saints Protais et Gervais (SGr 646, LK 30) ou Gervais et Protais (SGé 141), Leur culte est constamment attesté à Rome depuis lors, bien que la basilique soit passée sous le vocable de saint Vital, dont la légende a fait leur père. C'est pourquoi le

104 G. Ferrari, Early roman monasteries, I.e., pp. 345-352. 105 D.A.C.L. tome 1er, col. 1462. Selon le procès-verbal, les deux martyrs faisaient l'un 1 m 80

et l'autre 1 m 85 de hauteur, tandis que saint Ambroise ne mesurait que 1 m 62. 106 L. Duchesne, Le Liber Pontiflcalis, Le. tome 1er p. 220.

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LE COMMENTAIRE HISTORIQUE ET LITURGIQUE : JUIN 247

capitulare du 9e siècle précise qu'on célèbre les saints Gervais et Protais ad sanctum Vitalem (supra, p. 125).

20 La Sancii Silverii, papae et martyris (O P)

Le pape Silvère, fils du pape Hormisdas, fut accusé de compromission avec les Goths par le général byzantin Bélisaire et déporté dans l'île de Palmaria, au large de Gaëte, où il mourut au bout de peu de mois (537). Le calendrier de Mantoue (CM 1261) et le martyrologe de Vienne (MV 177) en font mémoire au 20 juin. Adon, qui a retenu la même date pour l'inscrire dans sa seconde liste, déclare: confessor moritur (MA 472). Usuard ne le mentionne pas, mais on le trouve plus tard dans ses Auctaria (MUA 315). Le calendrier de l'Aventin est le premier calendrier romain à mentionner: Silveri, papae et martyris (CR 11e, 138), en attendant que la fête soit reçue au Latran.

21 La Sancii Paulini, episcopi 0 Ρ)

Saint Paulin, évêque de Noie, mourut le 22 juin 431, au témoignage de son disciple le prêtre Uranius et du martyrologe hiéronymien (MH 331). Vers l'an mille, l'empereur Otton III bâtit dans l'île du Tibre une église qu'il dédia simultanément à saint Adalbert de Prague récemment martyrisé (997), à l'apôtre saint Barthélémy et à saint Paulin, pour y recevoir les reliques de ces trois saints. Celles de saint Paulin y demeurèrent jusqu'en 1909, date où le pape Pie X les rendit à l'Eglise de Noie. Malgré la présence de ses reliques il ne semble pas que Rome ait manifesté un culte spécial envers saint Paulin avant que sa fête n'apparaisse au Latran à la fin du 12e siècle. Il était pourtant honoré aussi bien à Naples (CN 134) qu'à Saint-Gall (CSG 11) et on le trouve mentionné dans quelques sacramentaires de France et d'Italie. Au 13e siècle, la fête de saint Paulin passera du calendrier du Latran à celui de la Curie et elle se maintiendra ainsi dans le sanctoral romain.

23 La Vigilia sancii Iohannis (M Ν Ο Ρ)

La journée de jeûne préparatoire à la fête de saint Jean Baptiste est attestée dès la seconde moitié du 6e siècle à Rome: exhibentes solemne ieiunium, quo beati Iohannis Bap- tistae natalicia praevenimus, dit le sacramentaire de Vérone (SV 30). Au 9e siècle, on observait en de nombreuses régions plusieurs semaines de jeûne préparatoire à la fête. Un concile de Selingenstadt (1023) rappelle que «tous les fidèles jeûneront et s'abstiendront de viande quatorze jours avant la Nativité de saint Jean Baptiste et que, durant cette période, on ne célébrera pas de mariage»107. A la fin du 13e siècle, Guillaume

107 J. Hefele-H. Leclercq, Histoire des Conciles, tome 4, Paris 1911, p. 922

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248 LES CALENDRIERS DU LATRAN ET DU VATICAN À LA FIN DU XIIe SIÈCLE

Durand déclare que jadis les chrétiens observaient trois carêmes et que c'est propter fragi- litatem hominum que celui de la Nativité de saint Jean Baptiste a été ramené à trois semaines108. Il ajoute que le jeûne du 23 juin permet de communier à la vie austère du Précurseur dans le désert: In vigilia beati Iohannis Baptistae ieiunamus, quasi compatientes ei qui in deserto ieiunavit et asperam vitam duxit109.

24 La Va Nativitas sancii Iohannis Baptistae (M Ν Ο Ρ Q R)

Les Eglises d'Orient célèbrent toutes le Précurseur aux alentours de l'Epiphanie, qui est la solennité du Baptême du Christ110, même celles qui ont inscrit à leur calendrier la fete du 24 juin111. Celle-ci est incontestablement d'origine romaine, comme l'atteste sa dépendance par rapport à Noël (VIII kal. iul. - VIII kal. ian.), en accord avec l'évangile de saint Luc (Le 1,26). Nous n'avons pourtant pas de document romain relatif à la Nativité de saint Jean avant le sacramentaire de Vérone (seconde moitié du 6e s.), alors qu'au début du 5e siècle saint Augustin lui consacre huit sermons, révélant l'importance de la fete à Hippone112. Aux yeux d'Augustin il s'agit d'ailleurs d'une fête observée depuis longtemps par toute l'Eglise: Nativitatem Iohannis quodammodo consecratam observât Ecclesia (Serm. 293,1).

C'est au 7e siècle que remonte le plus ancien document attribuant à la basilique constantinienne le double titre de basilique du Sauveur et de saint Jean (supra, p. 109). Mais, dès le 5e siècle, le pape Hilaire avait introduit au Latran le culte de Jean le Théologien et de Jean le Précurseur, en dotant le baptistère de deux oratoires érigés en leur honneur113.

Dès l'origine, les livres de la liturgie papale, qui est celle du Latran, donnent trois messes pour la fête du Baptiste: la messe qui rompt le jeûne, au soir du 23 juin, la messe ad fontes, c'est-à-dire au baptistère, dite à l'aurore du 24 juin, et la messe du jour (SV 30- 33, SGr 467). Seul le Missel de Braga a conservé ces trois messes jusqu'à ce jour114. Au Latran, on célébrait les Vêpres de la fête le soir du 24 avec procession au baptistère (SGr 647), comme pour Pâques et son octave. On verra au livre suivant les festivités qui marquaient la Nativité de saint Jean Baptiste au Latran au 12e siècle (pp. 373-379).

108 G. Durand, Rationale divinorum Offlciorum, VII, 14, édit. Lyon 1672, p. 442. 109 Ibid. 110 Calendriers Orientaux (CO) I.e. Calendriers byzantin p. 324, arménien p. 328, copte p. 335,

syrien d'Antioche p. 340, syrien oriental p. 343. 111 La fête du 24 juin est célébrée par les Byzantins, les Syriens d'Antioche et les Coptes. 112 Saint Augustin, Sermons 287-293, P.L. 38, col. 1301 sq. Un Huitième sermon a été publié

par G. Morin, P.L. Supplementum, 2, col. 593 sq. 113 L. Duchesne, Le Liber Pontificalis, I.e., tome 1er, p. 242. 114 Missale Bracarense, Roma 1925, pp. 637-642.

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LE COMMENTAIRE HISTORIQUE ET LITURGIQUE : JUIN 249

26 La Va Sanctorum lohannis et Pauli, martyrum (M Ν Ο Ρ Q R)

La Passion des saints Jean et Paul est un récit qui a pour but d'expliquer les origines de la basilique du Cœlius dont ils sont titulaires (MH 336). L'un des formulaires de leur messe, compilés dans le sacramentaire de Vérone (seconde moitié du 6e s.), s'y réfère explicitement (SV 35, n. 271). Depuis lors leur fête a toujours été célébrée à Rome le 26 juin, à mi-chemin entre celles de saint Jean Baptiste et de l'Apôtre saint Paul.

28 La Va Sancii Leonis, papae (Ν Ο Q R)

Comme on l'a vu à propos de la fête de saint Léon du 11 avril, l'Eglise de Rome célèbre le 28 juin la translation du corps de saint Léon le Grand dans la basilique vaticane, non loin de la Confession de saint Pierre, par les soins du pape Sergius Ier en 688 (Cf. infra, p. 393). Le choix du jour est significatif. On a voulu ouvrir en quelque sorte la solennité des saints Apôtres en fêtant le Pape qui a célébré avec le plus de magnificence et de force la primauté de Pierre et le service apostolique de l'Eglise romaine dans les homélies qu'il adressa au peuple le 29 juin, ou lors de l'anniversaire de son propre natale episcopal, près du tombeau du Prince des Apôtre. La liturgie elle-même en a recueilli l'écho, comme l'atteste le sacramentaire de Vérone:

Sacram. de Vérone n. 292

OSD qui ineffabili sacramento ius apostolici principatus in Romani nominis arce posuisti unde se evangelica veritas per tota mundi regna diffunderet.

Sermon de S. Léon n. 69

Beatissimus Petrus, princeps apostolici ordinis, ad arcem Romani destinatur imperii, ut lux veritatis per totum mundi corpus effunderet.

Le thème de l'égalité entre les deux Apôtres qu'expose le même sermon 69: De quorum mentis. . . nihil diversum, nihil debemus sentire discretum: quia illos et electio pares, et labor similes, et finis fecit aequales est développé en termes très proches dans une préface du Sacramentaire: Par mundo venerabile, apostolatus ordine primus et minimus, sed gratia et passione participes. . . Sic dispensatione diversa unam Christi familiam congregantes. . . una corona sociavit (SV 374). La Vigilia sanctorum Pétri et Pauli (M Ν Ο Ρ) Va Vigilia beati Pétri (Q)

29 La Sancii Pétri (M) Sanctorum Apostolorum Petri et Pauli (Ν Ο Ρ)

Va Sancii Petri, Apostolorum Principis (R) Beatissimorum Apostolorum Petri et Pauli (Q)

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250 LES CALENDRIERS DU LATRAN ET DU VATICAN À LA FIN DU XIIe SIÈCLE

30 La Commemoratio sancii Pauli (M Ν Ο Ρ) Va Sancii Pauli, vas electionis (Q R)

La solennité des saints Apôtres Pierre et Paul constitue, avec la Chaire de saint Pierre le 22 février, le nucleus du sanctoral romain. La Depositio Martyrum de 354 annonce au 29 juin: Pétri in Catacumbas et Pauli Ostense, Tusco et Basso consulibus (CR 4e, 1 1). Aucune explication pleinement satisfaisante n'a encore été donnée du choix du 29 juin pour commémorer les deux Apôtres, ni de la mention des consuls, qui correspond à l'année 258. Il ressort de ce texte qu'en 353 la fête de saint Paul était célébrée en sa basilique de la via Ostiense et celle de saint Pierre à la basilique des Apôtres de la via Appia, sans doute parce que la basilique du Vatican, beaucoup plus vaste que la première basilique de saint Paul, n'était pas encore achevée115. Une trentaine d'années plus tard, une hymne, qui doit avoir saint Ambroise pour auteur, dira:

Trinis celebratur vus Festum sanctorum martyrum116.

Le manuscrit de Berne du martyrologe hiéronymien précise quelles sont ces trois routes: Pétri in Vaticano, non loin de la via Aurelia, Pauli vero in via Ostiensi, utrumque in Catacumbas, sur la via Appia (MH 342). La fête comportait donc alors une triple célébration, une à chacune des tombes apostoliques et la troisième au lieu de leur commune memoria. Il semble que, dès le début du 5e siècle, la memoria apostolorum de la via Appia n'attirait plus la foule, car le poète Prudence, décrivant avec admiration le flot des pèlerins, constate qu'au matin du 29 juin il se divise en deux courants pour se diriger vers le Vatican et la via Ostiense:

Aspice per bifidas plebs Romula funditur plateas, Lux in duobus fervet una festis117.

Tandis que, dans la seconde moitié du 6e siècle, le Veronense ne connaît toujours que la solennité du 29 juin In natale Apostolorum Pétri et Pauli (SV 37), comme le fera encore le Gélasien (SGé 144-147), l'évangéliaire de 645 et le sacramentaire Paduense étalent sur le 29 et le 30 juin la solennité des deux Apôtres (SGr 648, LK 31). Après avoir mentionné, le 28, la vigile des Apôtres Pierre et Paul, le sacramentaire annonce, le 29, le natalis sancii Pétri et, le 30, le natalis sancii Pauli. L'épistolier distingue même les deux vigiles, celle de Pierre, le 28, et celle de Paul, le 29 (LW 60, LA 159), comme le capitulare evangeliorum du 9e siècle (supra, p. 126). Pour sa part, l'évangéliaire du 7e annonce, le 28, la vigile et, le 29, la fête des deux Apôtres, et il indique simplement, pour le 30, ad sane-

115 J. Ruysschaert, Les documents littéraires de la double tradition romaine des tombes apostoliques, dans Revue d'Histoire Ecclésiastique, 52 (1957), pp. 800-808.

116 Saint Ambroise, Hymnes LXXI, P.l. 17, col. 1215. Sur l'authenticité ambrosienne quasi certaine de cette hymne, voir P. Borella, // rito ambrosiano, Brescia 1964, p. 56.

117 Prudence, Peristephanon XII, P.L. 60, col. 569.

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LE COMMENTAIRE HISTORIQUE ET LITURGIQUE : JUIN 251

turn Paulum. C'est la manière de parler qui devait prévaloir en dehors de la basilique vaticane. Mais, au 12e siècle, celle-ci continue à être fidèle à sa tradition locale: le 28 et le 29, il n'est question que de saint Pierre, le «prince des Apôtres»; elle célèbre le lendemain seulement saint Paul, le «vase d'élection» (Q R). Le calendrier va même jusqu'à répartir sur le 6 et le 7 juillet le dies octava de chacun des deux Apôtres.

L'Eglise de Rome n'était pas seule à célébrer les saints Apôtres. Ceux-ci appartiennent à tous les chrétiens. Aussi, dès le début du 5e siècle leur fête est-elle partout reçue. Saint Augustin consacre cinq sermons à la solennité du 29 juin, qu'il considère comme le jour du martyre de Pierre et de Paul: Istum nobis diem beatissimorum Apostolorum Pétri et Pauli passio consecravitm. Une année, il se plaint de ce que les Fidèles ne soient pas venus assez nombreux: Non video tantum populum congregatum, quantus congregari debuit in natali passionis Apostolorum. Et, s' adressant aux absents par delà l'assemblée, il ajoute: Non amatis Petrum et Paulum? Et po test animus cuiusque Christiani non amare Petrum et Paulum119! Au fil des sermons d'Augustin on peut retrouver les lectures qui étaient faites à Hippone ce jour-là: les péricopes fondamentales de Matthieu, Luc et Jean sur le Tu es Petrus, le Confirma fratres tuos, le Pasce oves meas, mais aussi le Psaume 18,5 In omnem terram exivit sonus eorum et les adieux de Paul à Timothée: Ego enim iam deli- bor™.

L'Orient célébra aussi de bonne heure la fête des saints Apôtres. Mais, comme le 29 juin doit être une date liée à un souvenir local de l'Eglise de Rome, en Orient on célébra d'abord Pierre et Paul dans les jours qui suivent la Nativité du Seigneur, avec Jacques et Jean et le protomartyr Etienne. On lit dans le martyrologe de Nicomédie du 4e siècle: Et in xigesima octava, in urbe Roma, Paulus Aposto lus et Simeon Cephas, caput Apostolorum Domini nostri (MN 27). C'est aussi ce jour-là que le lectionnaire hiérosolymitain du début du 5e siècle annonce la «commémoration de Paul et de Pierre» (LJ 370), pour laquelle il propose comme lectures 2 Pi. 1,12-19, 2 Tim. 4,1-8 et Jn 21,15-19. Aujourd'hui encore les Eglises de rite syrien oriental ont conservé une mémoire de Pierre et de Paul au temps de l'Epiphanie (CO 343), bien qu'avec les autres Eglises d'Orient elles aient adopté depuis longtemps la solennité romaine du 29 juin. Constantinople fut la première à inscrire cette date à son synaxaire dans les dernières années du 5e siècle121.

On verra au livre suivant comme la fête des saints Pierre et Paul était célébrée dans la basilique vaticane au 12e siècle (pp. 401-403).

118 Saint Augustin, Sermon 295, 1; P.L. 38, col. 1348. 119 Saint Augustin, Sermon 298,2; P.L. 38, col. 1366. 120 Pour la lecture paulinienne voir Sermons 298,3 et 299,3; P.L. 38, col. 1366 et 1369. 121 C'est en 496 que l'Eglise de Constantinople reçut la fete du 29 juin (cf. K. Holi, Gesammelte

Aufsätze zur Kirchengeschichte, vol. 2, Der Osten, Tübingen 1928, pp. 160-161). Le calendrier arménien fixe la fête des deux Apôtres au samedi qui suit le 7e dimanche de la Pentecôte (CO 330). Pour les calendriers syrien d'Antioche et copte voir CO 340 et CC 168.

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252 LES CALENDRIERS DU LATRAN ET DU VATICAN À LA FIN DU XIIe SIÈCLE

Juillet

1 La Va Octava sancii Iohannis Baptistae (Ο Ρ R)

Selon la Loi de Moïse l'enfant de Zacharie et d'Elisabeth fut circoncis le huitième jour après sa naissance, et c'est ce jour-là qu'il reçut le nom de Jean {Le 1,59). Bien que l'octave de saint Jean Baptiste ait un fondement biblique, elle n'a guère été célébrée avant le 11e siècle, où on la trouve à Saint-Gall (CSG 12,167) et à Cluny. Les Consuetudi- nes Cluniacenses Uldarici précisent que Voctavus dies pleniter celebratur avec les douze antiennes, lectures et répons aux nocturnes122. A Rome l'octave de saint Jean apparaît dans le calendrier de l'Aventin (CR 11e, 138). Sainte-Marie de l'Aventin étant d'obédience clunisienne, faut-il y voir une influence de Cluny? - On ne saurait l'affirmer.

Au milieu du 12e siècle, on célèbre au Latran et au Vatican non seulement Voctavus dies de saint Jean, mais chacun des jours dans l'octave. Le Liber politicus du chanoine Bento en témoigne pour Saint-Pierre123 et le prieur Bernhard pour le Latran. A Saint-Jean de Latran, on chantait chaque matin la messe ad fontes dans l'oratoire du Baptiste et on s'y rendait chaque soir en procession après vêpres (P 142, 144).

2 La Va Sanctorum Processi et Martiniani, martyrum (M Ν Ο Ρ Q R)

Les deux martyrs Processus et Martinien reposèrent jusqu'au 9e siècle au 2e mille de la via Aurelia. Au 4e siècle, une basilique fut érigée sur leurs tombes124. Saint Grégoire le Grand y prononça une de ses plus belles homélies125. Le culte des deux martyrs est attesté par le martyrologe hiéronymien (MH 347), ainsi que par les Itinéraires et les livres liturgiques romains du 7e siècle (SGr 649, LK 31). Il s'est maintenu par la suite.

Depuis le 9e siècle, les saints martyrs sont vénérés dans la basilique vaticane, où le pape Pascal Ier transféra leurs corps. Il les déposa dans le transept gauche, entre la Confession de l'Apôtre et la porte d'accès à la rotonde de sainte Pétronille, non loin du lieu où saint Pierre serait mort en croix. C'est que, selon leur Passio qui peut remonter au 6e siècle, Processus et Martinien auraient été les geôliers des saints Pierre et Paul. Ils auraient été convertis et baptisés par Pierre dans la prison Mamertine. Depuis Adon (MA 432), tous les martyrologes font état de la légende.

122 Consuetudines Cluniacensis Monasterii collectae Uldarico monache, P.L. 149, col. 680. 123 Benedicti Liber politicus, 68, dans P. Fabre et L. Duchesne, Le liber censuum de l'Eglise

romaine, I.e., p. 168. 124 P. Testini, Archeologia Cristiana, I.e., pp. 187-188. 125 Saint Grégoire le Grand, Homiliae in Evangelio, Horn. 32, P.L. 76, col 1237.

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LE COMMENTAIRE HISTORIQUE ET LITURGIQUE : JUILLET 253

6 La Octava Apostolorum (M Ν Ο Ρ) Va Octava beati Pétri (R)

7 Va Octava beati Pauli (R)

L'octave des saints Apôtres Pierre et Paul était célébrée dans la seconde moitié du 6e siècle, comme il ressort du dernier formulaire du sacramentaire de Vérone in natale Apostolorum Pétri et Pauli: Solemnitatis apostolicae multiplicatione gaudentes (SV 51). On la trouve, au siècle suivant, aussi bien dans les sacramentaires gélasien (SGé 148) et grégorien (SGr 649) que dans Févangéliaire de 645 (LK 31). Le Grégorien précise que la station se tenait à Saint-Pierre ad vincula. Peut-on invoquer le témoignage de saint Léon le Grand en faveur de l'existence de cette octave dès le 5e siècle? Parmi les sermons de saint Léon il s'en trouve un qui est intitulé: In octavis apostolorum Pétri et Pauli, de neglecta solemnitate. Le pape se plaint de ce que les Romains aient négligé de venir célébrer l'anniversaire de la libération de leur Ville. D'après A. Chavasse, il faudrait dater ce sermon du 30 août ou du 6 septembre 442, pour l'anniversaire du départ d'Alaric (27 août 410). Il ne saurait donc s'agir de la libération de Rome par le départ de Genserie sur l'intervention de saint Léon (29 juin 455) 126.

Le calendrier de Saint-Pierre est le seul document qui reporte au 7 juillet l'octave de saint Paul. Son témoignage doit donc être reçu avec une certaine réserve.

10 La Va Sanctorum Septem Fratrum, martyrum (M Ν Ο Ρ R)

La Depositio Martyrum de 354 annonce quatre lieux d'assemblée liturgique pour célébrer le natale de sept martyrs, les trois premières se tenaient sur la via Salaria nova: au cimetière de Priscille pour les saints Félix et Philippe; au cimetière des Giordani pour les saints Martial, Vital et Alexandre; au cimetière de Maxime pour saint Silain. La quatrième devait avoir lieu sur la via Appia, au cimetière de Prétextât, pour saint Janvier (CR 4e, 11). Deux siècles plus tard, le sacramentaire de Vérone donne les mêmes noms dans le même cadre topographique (SV 52). Mais, en 645, l'évangéliaire annonce le natale Septem Fratrum (via) Appia (et) Salaria (LK 32). Dès lors sacramentaires et lectionnaires ne connaissent plus que les Sept Frères (SGr 649, S 8e 151), acceptant la légende qui fait des sept martyrs les fils de sainte Félicité. Cette légende, qui était déjà connue de saint Pierre Chrysologue au 5e siècle, a été pareillement entérinée par le martyrologe hiérony- mien (MH 362), d'où elle est passée dans tous les autres martyrologes. La fête des Sept Frères a toujours appartenu depuis lors au sanctoral romain.

126 Voir la note de R. Dolle, dans son édition des Sermons de saint Léon le Grand, tome 4 (SC 200), Paris 1973, pp. 66-69.

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254 LES CALENDRIERS DU LATRAN ET DU VATICAN À LA FIN DU XIIe SIÈCLE

La Va Sanctantm Rufinae et Secundae, many rum (M Ο Ρ Q R)

Selon leur Passio les saintes Rufine et Seconde furent inhumées le 10 (ou le 9) juillet au 10e mille de la via Cornelia au lieu-dit Silva Candida (I 315). On y érigea une basilique, qui était visitée par les pèlerins du 7e siècle. La contrée était alors confiée à un évê- que appelé l'évêque de Sainte-Rufine. Les noms des deux martyres sont inscrits au Hié- ronymien (MH 362, 364), d'où ils passèrent dans le martyrologe de Florus (MF 336). On les trouve aussi au 9e siècle dans le calendrier de Naples (CN 135), mais ils n'apparaissent à Rome qu'au 11e. Ils sont mentionnés alors non seulement dans les martyrologes de Saint-Pierre et de Saint-Cyriaque et au calendrier de l'Aventin, mais dans le sacramen- taire de Saint-Laurent in Damaso (CR 11e, 139). Au 12e siècle, on les trouve entre autres dans le collectaire de Saint-Pierre (CR 12e, 149). En 1153 ou 1154, le pape Anastase IV transféra les restes des saintes Rufine et Seconde sous le portique du baptistère du Latran, où il construisit un autel en leur honneur127. La longue description que YOrdo ecclesiae lateranensis donne de leur office ne peut donc pas appartenir à la première rédaction du document par le prieur Bernhard (P 144-145).

11 La Sancii Pii, papae et martyris (O P)

12 Va Sancii Pii, pape et martyris (R) Selon le Liber Pontifìcalis saint Pie Ier fut inhumé le 1 1 juillet, mais la Chronique

papale ne le donne pas comme martyr128. Le calendrier de Mantoue (CM 1261) et celui de l'Aventin (CR IIe, 139) retiennent la même date, tandis que le martyrologe de Vienne en fait mention le 5 juillet (MV 177) et qu'Adon l'inscrit dans sa liste additionnelle au 11 ou au 12 juillet, selon les manuscrits (MA 472). Les calendriers du Latran et du Vatican du 12e siècle sont les premiers à attribuer au pape Pie Ier le titre de martyr. Chacun d'eux a suivi un manuscrit différent d'Adon pour fixer le jour de sa fête.

12 La Va Sanctorum Naboris et Felicis, mar ty rum (Ν Ο Ρ R)

Le natale des saints Nabor et Félix est inscrit à ce jour dans le martyrologe hiérony- mien (MH 371). C'est le jour qui est donné par leur Passio. Mais il semble que celle-ci soit elle-même dépendante du culte liturgique, qui lui est antérieur129. Les deux martyrs étaient déjà vénérés à Milan avant l'épiscopat de saint Ambroise. A Rome une basilique fut érigée, sans doute au 5e siècle, en l'honneur de saint Nabor et de saint Nazaire. A ce titre, saint Nabor est entré dans le calendrier avec les saints Basilide, Quirin et Nazaire, dont on a parlé au 12 juin. La fête des saints Nabor et Félix est mentionnée dans le mar-

127 Jean Diacre, Descriptio lateranensis ecclesiae, I.e., p. 353. 128 L. Duchesne, Le Liber Pontifìcalis, Le, tome 1er, p. 132. 129 C. Marcora, // Santorale ambrosiano, Le, p. 86.

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tyrologe lyonnais du 9e siècle (MF 213), puis dans Florus qui la présente comme une translatio (MF 345) et dans Adon (MA 482). Elle est solidement attestée à Saint-Gall, mais à peu près inconnue en France, en Angleterre et en Allemagne avant le 12e siècle. Il en va ainsi même en Italie, en dehors de la zone d'influence milanaise130. A Rome, les deux martyrs sont mentionnés au 11e siècle dans le martyrologe de Saint-Pierre et le calendrier de l'Aventin, qui est brusquement interrompu après le nom de Nabor. Au 12e siècle, leur culte est attesté à Saint-Tryphon (inscription additionnelle, mais apparemment de la même main, fol. 98) et par le sacramentaire de l'Archivio de S. Marie Majeure (fol. 117). On les trouve enfin, dans la seconde moitié du siècle, au Latran et au Vatican.

13 La Va Sancii Anacleti, papae et martyris (Ο Ρ R)

Le Catalogue libérien, contenu dans le Chronographe de 354, est le seul document antique à admettre le dédoublement entre Clet et Anaclet, que saint Irénée ignorait à la fin du 2e siècle131. Il est suivi par le martyrologe de Vienne, qui inscrit Clet au 26 avril et Anaclet au 6 juillet, chacun comme pape et martyr (MV 009, tandis que le calendrier de Mantoue ne connaît qu' Anaclet, qu'il commémore le 13 juillet (CM 1261). Adon insère Anaclet dans sa première liste au 26 avril et Clet dans la seconde au 12 ou au 13 juillet (MA 471, 472). Un martyrologe de Saint-Gall, datant de 1031-1034, mentionne Clet au 26 avril et Anaclet au 13 juillet, en les présentant comme martyrs (CSG 9, 12). C'est l'usage qui devait prévaloir, un siècle et demi plus tard, au Latran et au Vatican.

15 La Va Sanctorum Quinci et lulittae, martyrum (M Ο Ρ R)

Sainte Julitte et son enfant saint Cyr, qui aurait été âgé de trois ans, sont des martyrs d'Antioche. Le calendrier syrien annonce leur fête le 15 juillet (CO 339) et le martyrologe hiéronymien mentionne leur passion le 16 juin (MH 321). Le culte des deux martyrs ou du seul saint Cyr se répandit en Orient, puis il passa de bonne heure en Occident. Il aurait été introduit en Gaule par saint Amateur d'Auxerre (t 418), qui aurait apporté de leurs reliques en rentrant d'un pèlerinage en Orient. La fête des saints Cyr et Julitte se diffusa en France surtout à partir du 11e siècle. Elle y était célébrée le 16 juin (Leroquais 3,356).

En Italie, c'est la date syrienne du 15 juillet qui fut retenue, de Milan132 à Naples (CN 135), en passant par Rome133. A Rome, on trouve le natale de saint Cyr dans l'évan-

130 C'est comme témoin de l'usage ambrosien qu'on trouve le formulaire des saints Nabor et Félix dans le Sacramentarium triplex, édit. O. Heiming, Münster W. 1968, p. 196.

131 Sur cette question voir L. Duchesne, Le Liber Pontificalis, I.e., tome 1er, pp. LXIX-LXX. 132 Sacramentarium triplex, I.e., p. 198 (Natale sancti Quinci). Cf. C. Marcora, // Santorale

ambrosiano, Le, pp. 86-89. 133 On doit noter toutefois que leur fête n'est inscrite ni au calendrier byzantin, au calendrier

copte.

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256 LES CALENDRIERS DU LATRAN ET DU VATICAN À LA FIN DU XIIe SIÈCLE

géliaire de 740 (LK 78). C'est précisément l'époque où Théodote, oncle du futur pape Adrien, faisait décorer un oratoire à l'intérieur de Sainte-Marie- Antique en l'honneur des saints Cyr et Julitte. Dans la conque l'image de Marie avec l'Enfant Jésus est encadrée à droite de saint Pierre et de Julitte, à gauche de saint Paul et de Cyr, tandis que sur les murs sont représentées dix scènes de la passion des deux martyrs134. L'église des saints Cyr et Julitte, près des Forums impériaux, n'est pas aussi ancienne, mais elle recèle en ses fondations des peintures des 9e - 10e siècles135. Si le capitulare evangeliorum du 9e siècle a retenu de celui du 8e la mention de saint Cyr (CR 9e, 126), c'est au 11e siècle qu'apparaissent Cyr et Julitte dans le sacramentaire de Saint-Pierre (fol. 164) et l'orational de Saint Anastase (fol. 113). Le dernier les mentionne deux fois, au 16 juin et au 15 juillet. Au 12e siècle, on trouve les deux noms dans le collectaire de Saint-Pierre (fol. 145v) et dans le sacramentaire de Saint-Tryphon (fol. 98). On ne saurait donc s'étonner de les lire dans les calendriers du Latran et du Vatican.

17 La Sancii Alexii, confessons (M Ο Ρ) Va Sancii Alexii et sanctae Marinae, virginis (R)

Au 11e siècle, le martyrologe de Saint-Pierre, qui porte au 14 mai: Sancii Bonifati in Appentino, annonce au 17 juillet: Sancii Alexii in ap. et Marinae. Il se réfère donc, en ce qui concerne saint Alexis, à l'église de l'Aventin Saint-Boniface, qui avait reçu au 10e siècle saint Alexis comme second titulaire136. Le monastère adjacent avait pris, lui aussi, la double dénomination, comme l'atteste un document de 987 137. Selon ce document, les corps de Boniface, martyr du Christ, et d'Alexis, confesseur du Christ, reposaient l'un et l'autre dans le monastère. Mais, en dehors du martyrologe de Saint-Pierre, le 11e siècle nous a laissé un vestige pictural du culte de saint Alexis à Rome. Dans les toutes dernières années du siècle, on a représenté à Saint-Clément l'épisode final de la légende d'Alexis: le retour du pauvre errant à la maison paternelle, sa mort dans l'anonymat, puis son exaltation. Au 12e siècle, le collectaire de Saint-Pierre (fol. 145v) et le sacramentaire de Saint-Tryphon (fol. 98v) témoignent de la célébration de la fête de saint Alexis, qui pénètre dans le cours du siècle au Latran.

Le martyrologe et le collectaire de Saint-Pierre sont d'accord avec le calendrier pour joindre au nom de saint Alexis celui de sainte Marina. Le 17 juillet est d'ailleurs le jour où Marina est fêtée au rite byzantin (CB 345). Cette martyre antiochienne devait devenir

134 D.A.C.L. tome 5, col. 2038-2043. 135 C. Huelsen, le Chiese di Roma, I.e., pp. 428-429. Ν. Maurice- Denis et R. Boulet, Romêe,

I.e., p. 596. La datation des peintures par ces derniers semble meilleure. 136 Ibid., pp. 171-172. 137 G. Ferrari, Early roman monasteries, I.e., p. 79.

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LE COMMENTAIRE HISTORIQUE ET LITURGIQUE : JUILLET 257

très populaire en Occident à la fin du moyen âge en raison de sa légende, aussi extraordinaire que celle d'Alexis, mais les époques carolingienne et ottonienne l'ignorent encore. En dehors de Raban Maur, aucun auteur de martyrologe ne cite son nom. Au contraire tous les Auctaria d'Usuard donnent au 20 juillet la notice de sainte Marguerite, qui est la forme occidentale de Marina (MUA 375). En 908, des reliques de la sainte avaient été apportées d'Orient à San Pietro della Valle138. C'est peut-être des bords du lac de Bolsena que son culte a gagné Rome.

18 La Va Sanctae Symphorosae cum septem filiis (Ο Ρ R)

La fête de sainte Symphorose et de ses sept fils tombant huit jours après celle des Sept Frères, fils de sainte Félicité, certains ont mis en doute l'existence du groupe des martyrs de la via Tiburtina. On doit reconnaître pourtant que le nom de Symphorose, matris septem germanorum, quae cum ipsis est posita, est inscrit au 18 juillet dans le martyrologe hiéronymien (MH 382). De plus une double basilique fut érigée à Tivoli, dès le 4e ou le 5e siècle, sur le lieu où l'on vénérait leurs reliques (I 319). Celles-ci furent transférées à Rome dans la diaconie de Saint-Ange in Pescheria vraisemblablement par le pape Etienne III vers 756.

Bède inscrit Symphorose et ses fils au 21 juillet (MB 92), Florus au 18 (MF 433), Adon et Usuard au 27 juin (MA 578, MU 255). Les martyrologes romains du 11e siècle, ceux de Saint-Pierre et de Saint-Cyriaque, sont d'accord pour le 18 juillet, qui est le jour indiqué dans leur Passio (ΜΗ 382). Il semble donc qu'ils soient les témoins d'une tradition liturgique locale. Il est vrai toutefois qu'à la même époque le passionnaire des Saints- Jean-et-Paul rapporte le martyre de Symphorose et de ses fils entre le 12 et le 13 juin (fol. 267v).

Au 12e siècle, le sacramentaire de l'Archivio de Sainte-Marie Majeure est seul à donner le formulaire de la fête de sainte Symphorose et de ses sept fils (fol. 118) avant que celle-ci apparaisse dans le calendrier du Latran et de Saint-Pierre.

21 La Va Sanctae Praxedis, virginis (M Ο Ρ Q R)

II est possible que le titre de Praxède sur PEsquilin ait existé dès avant Constantin139, mais la plus ancienne mention épigraphique qui en soit resté remonte seulement à 491 ho £n 499^ je prêtre chargé de ce titre signe en tête de tous les autres le décret du

138 Vies des Saints, I.e., tome VII, p. 495. 139 R. Vielliard, Recherches sur les origines de la Rome chrétienne, Mâcon 1941, pp. 34-37. 140 C. Huelsen, Le Chiese di Roma, I.e., p. 423.

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synode romain tenu par le pape Symmaque141. Un siècle plus tard, en 595, le desservant se désigne comme prêtre du titulus S. Praxedis142. Entre temps la fondatrice du titre a pris rang parmi les saints. Bientôt les Itinéraires indiqueront sa tombe au cimetière de Pris- cille, près de celle de Potentienne, car la légende a fait deux sœurs des titulaires des basiliques voisines Sainte-Praxède et Sainte-Pudentienne (I 320).

Plusieurs manuscrits anciens de l'évangéliaire de 645 (dont le capitulare de Würzburg) annoncent la fête de sainte Praxède au 21 juillet, qui est le jour de sa mort selon ses Actes (LK 32). C'est à ce jour que son natale est également inscrit dans le Hiéronymien (MH 388, 389).

Restaurée par le pape Adrien (772-795), la basilique Sainte-Praxède fut choisie par Pascal Ier pour recevoir de nombreuses reliques de martyrs retirées des cimetières suburbains {supra, p. 100). Le pape décora l'abside de mosaïques et, le jour-même de la translation solennelle des saintes reliques, le 20 juillet 817, veille de sainte Praxède, il consacra l'autel de la basilique rénovée. Depuis lors cette fête a toujours appartenu au sanctoral romain.

22 La Va Sanctae Mariae Magdalenae (M Ν Ο Ρ Q R)

De son étude sur le culte de Marie Madeleine en Occident V. Saxer conclut qu'aux 11e et 12e siècles «la célébration liturgique de sainte Marie-Madeleine semble de date récente» et que c'est alors que «furent diffusés, sinon toujours composés, les textes liturgiques» en son honneur143. Or c'est précisément au 11e siècle que le culte de Marie Madeleine apparaît à Rome. Il y est attesté non seulement par les martyrologes de Saint- Pierre et de Saint-Cyriaque, mais aussi par le collectaire de Saint-Anastase, datant du milieu du siècle (fol. 98 v). Au 12e siècle, la messe de sainte Marie Madeleine est ajoutée en marge, mais de la même main que le reste, dans le sacramentaire de Saint-Tryphon (fol. 98v), puis on trouve la fête dans tous les témoins du Latran et du Vatican, ce qui est assez rare pour une fête récente.

Les formulaires ne présentent pas un portrait identique de la sainte qu'ils veulent honorer. L'oraison du collectaire de Saint-Anastase Deus, qui per os beatae Mariae Magdalenae se réfère à l'apparition du Christ à Marie le matin de Pâques. C'est le fait qui, à la même époque, retient de manière exclusive l'attention des sacramentaires de Vich et de Ripoll, pour qui Marie Madeleine est d'abord praeco resurrectionis144. On retrouve le

141 Ibid, p. 124. 142 Ibid., p. 125. 143 V. Saxer, Le culte de Marie-Madeleine en Occident des origines à la fin du Moyen Age,

Auxerre 1959, p. 180. 144 A. Olivar, El sacramentario de Vich, Madrid-Barcellona 1953, p. 64; A. Olivar, Sacramenta-

rium Rivipullense, Madrid-Barcelona 1964, p. 156. Les deux sacramentaires développent les mêmes idées, mais en des formes différentes.

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LE COMMENTAIRE HISTORIQUE ET LITURGIQUE : JUILLET 259

même thème dans l'antiphonaire de Saint-Pierre: Venit Maria, nuntians discipulis quia vidi Dominum (Q 156, antienne au Benedictus); les répons du premier nocturne sont empruntés à l'octave pascale. Le missel du Latran passe, lui, le fait de Pâques sous silence. Il présente Madeleine comme la sœur de Lazare (collecte), la pécheresse anonyme évoquée par saint Luc (évangile) et l'une des femmes qui assistaient Jésus dans son ministère (secrète). C'est la messe qui devait passer dans le missel de saint Pie V, à l'exception de la première lecture, qui est haïe 35,1-7 (fol. 329). On notera que l'épître et l'évangile sont copiés dans la marge (fol. 329). La fusion de trois personnes en une seule appartient en quelque sorte à la tradition romaine, puisqu'elle remonte à saint Grégoire le Grand. Si le missel du Latran n'innove pas dans sa présentation de Marie Madeleine, il n'innove pas non plus sur le plan littéraire: ses trois oraisons se trouvent déjà au siècle précédent en un certain nombre de sacramentaires145.

23 La Va Sancii Apollinaris, episcopi et martyris (M Ν Ο Ρ Q R)

Selon la légende, dont s'inspirent les répons de Matines de l'antiphonaire de Saint- Pierre, saint Apollinaire aurait été envoyé par l'Apôtre Pierre en personne pour évangéli- ser le peuple de Ravenne (Q 156). C'était une manière de souligner le lien de dépendance de la capitale de l'Exarchat par rapport à la Cité apostolique. Mais, en même temps, plusieurs églises attestaient le culte des Romains envers saint Apollinaire. L'une d'elles fut érigée par le pape Honorius Ier (625-638) près de l'escalier d'accès à la basilique vaticane. Une autre est mentionnée, dès le 8e siècle, près des thermes d'Alexandre146. C'est en cette dernière que fut fixée la station du jeudi de la cinquième semaine de carême. Il est donc normal qu'on trouve la fête du 23 juillet dans le capitulare evangeliorum de 645 (LK 39). On s'explique plus difficilement son absence dans les sacramentaires. En effet, attestée sans discontinuité par l'évangéliaire, la fête de saint Apollinaire n'apparait dans les sacramentaires romains qu'au 11e siècle. Mais elle se fait remarquer dès lors par l'abondance et la variété de ses témoins (A Β C, G H I J L), tandis que le Micrologue indique les formulaires que propose l'antiphonaire147. C'est ainsi qu'au 11e siècle le sacramentaire de Saint-Pierre lui consacre 5 oraisons propres (fol. 164v - 165) et le collectaire de Saint- Anastase lui en attribue 3 autres (fol. 113v). Au 12e siècle, l'orational de Saint-Pierre donne encore une nouvelle oraison (fol. 146), puis nous trouvons dans le missel du

145 Parmi les sacramentaires imprimés, voir Sacramentarium Rossianum, édit. J. Brinktrine, Le, p. 150. L'histoire du développement du culte de sainte Marie Madeleine déborderait le cadre de la présente notice. Révélons seulement que la date du 22 juillet est celle de la fete de « Marie Madeleine la Myrophore» aux rites byzantin (CB 347) et copte (CC 174).

146 C. Huelsen, Le Chiese di Roma, Le, pp. 200-201. 147 Micrologus, Le, P.L. 151, col. 1010.

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Latran la collecte Deus fideliwn remunerator (fol. 330v), qui devait passer dans le missel de la Curie.

Quant à la date du 23 juillet, elle est fournie aussi bien par le martyrologe hiérony- mien (MH 391-392) que par le calendrier byzantin (CB 349), en plein accord avec la tradition ravennate.

24 Va Sanctae Christinae, virginis (R)

Le martyrologe hiéronymien annonce aujourd'hui à Tyr le natale de la vierge sainte Christine (MH 393), mais on vénère le même jour à Bolsena, près d'Orvieto, en Ombrie, une martyre du même nom. S'agit-il de deux saintes homonymes ou le culte de la vierge syrienne s'est-il implanté en Italie? - On ne saurait en discuter ici, encore que l'hypothèse des deux Christine semble la plus vraisemblable. En effet, si la Passion grecque de Christine de Tyr est attestée au 5e siècle, la tombe de Bolsena était visitée dès le 4e et, en 1880, on y a découvert des débris du squelette d'une jeune fille148.

La fête de sainte Christine, absente du calendrier syrien, est célébrée en ce jour au rite byzantin (CB 351). Attestée tant au Mont-Cassin qu'à Saint-Gall à partir du 9e siècle (CSG 13), elle apparaît assez sporadiquement en Pays alémaniques au 11e siècle, puis elle se développe quelque peu en Occident au 12e (Leroquais 3,351). C'est au 11e siècle qu'on la trouve à Rome, où le sacramentaire de Saint-Pierre lui consacre 3 oraisons le 10 mai (fol. 142v). D'où provient cette fête du 10 mai, qui est corroborée par le missel de l'Archivio Lateranense datant du 13e siècle149 et par une édition d'Usuard de 1498? - II s'agirait, au dire de Molanus, d'une sainte Christine, cuius corpus Panormi in Sicilia magna veneratione atque concursu in maiori tempio condito visitatur (MUA 237). Comme l'hagiographie ignore tout d'une Christine palermitaine, on pense spontanément à quelque translation de reliques venues d'Orient. En tout cas, au 12e siècle, le calendrier de Saint-Pierre a renoncé à cette commémoration secondaire pour adopter la date reçue du 24 juillet. La Vigilia sancii lacobi (Ο)

25 La Va Sancii lacobi, apostoli (M Ν Ο Ρ R)

La fete de saint Jacques, fils de Zébédée, apparaît d'abord au 27 décembre où, dès la seconde moitié du 4e siècle, elle était célébrée conjointement avec celle de son frère Jean, selon le martyrologe de Nicomédie (MN 27). A Jérusalem, au 5e siècle, Jacques et Jean étaient commémorés le 29 décembre (LJ 373). On trouve à nouveau leur fête au 27

148 Vies des Saints, Le, VII, pp. 589-590 et D.A.C.L. tome 2, col. 984-988. 149 E. de Azevedo Vêtus Missale romanum monasticum lateranense, I.e., p. 206.

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LE COMMENTAIRE HISTORIQUE ET LITURGIQUE : JUILLET 261

décembre dans les livres gallicans du 7e siècle150. C'est dans les mêmes jours qu'elle continue à être célébrée par l'Eglise arménienne (CO 332). Comme les Actes des Apôtres rapportent que Jacques fut décapité à la veille de la Pâque (Act. 12,2-3), l'Eglise copte célèbre son martyre le 12 avril (CC 140), tandis que les Eglises de rite byzantin le font le 30 avril151 et l'Eglise syrienne d'Antioche le 7 mai (CO 339).

En Occident, dès le 8e siècle, la fête de saint Jacques est fixée au 25 juillet, aussi bien dans les calendriers que dans les sacramentaires gélasiano-francs (S 8e 155). C'est la date qui est donnée dans la liste des fêtes des Apôtres qui se trouve en tête du martyrologe hiéronymien (MH 2-4, 395). On remarquera donc que la fête du 25 juillet est antérieure à l'instauration du culte de saint Jacques à Compostene, la découverte du tombeau qui lui est attribué ne remontant pas au-delà de 830. Comme les autres fêtes d'Apôtres, celle de saint Jacques a dû pénétrer à Rome dans le cours du 10e siècle. Au 11e siècle, le sacramentaire de Saint-Pierre reproduit le formulaire des Gélasiens du 8e siècle, largement diffusé par les sacramentaires des 9e et 10e siècles (fol. 165V). Au 12e siècle, la fête est attestée à Rome par la quasi totalité des documents (CR 12e, 150). Son absence ne peut s'expliquer dans l'antiphonaire de Saint-Pierre que par le fait que toutes les pièces chantées sont prises au Commun des Apôtres.

La Va Sancii Christophori, martyris (Ο Ρ R)

Barbare anthropophage à tête de chien selon la légende orientale, géant passeur de fleuve selon la légende occidentale, saint Christophore ou Christophe pourrait être tenu pour un héros de conte. Or l'ancienneté de son culte ne permet pas de mettre en doute l'existence d'un martyr de ce nom. Il serait originaire de Samon en Lycie. Au milieu du 5e siècle, une église était érigée sous son vocable en Bithynie (450) et, à la fin du 6e siècle, il était également titulaire d'un monastère en Sicile. Le martyrologe hiéronymien annonce son natale au 25 juillet (MH 395) et le calendrier de Naples au 24 (CN 135), tandis que les Byzantins et les Syriens d'Antioche célèbrent sa fête le 9 mai (CB 285, Nilles I, 475), les Coptes le 28 mars (CC 137) et les Arméniens le 4e jeudi de la Transfiguration (CO 330).

Le culte de saint Christophe apparaît en Angleterre dès le 10e siècle et il s'y développe au 11e. En France, il doit être assez répandu en ce même 11e siècle, puisqu'on le trouve aussi bien en Bretagne qu'en Limousin, à Angers qu'à Reims et à Figeac (Lero- quais 3,351). En Italie, il semble un peu moins populaire (Ebner 469). Si la liste des reliques déposées au 8e siècle dans l'église Saint-Ange in Pescheria mentionne celles de saint

150 Voir Missale Gothicum, edit. L.C. Mohlberg, I.e., p. 12, et The Calendar of. St. Willibrord, I.e., p. 14 avec tous les textes parallèles cité dans le même ouvrage p. 45.

151 Tandis que YHorologion nomme bien au 30 avril saint Jacques, frère de Jean le Théologien (édit. de Venise 1870, p. 304), le Typicon annonce Jacques, frère du Seigneur (CB 277).

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262 LES CALENDRIERS DU LATRAN ET DU VATICAN À LA FIN DU XIIe SIÈCLE

Christophe (supra, p. 102), sa fête n'apparait à Rome que dans la seconde moitié du 12e siècle avec les calendriers du Latran et du Vatican. La Sancii Eutychiani, papae et martyris (O P)

La Depositio Episcoporum de 354 note l'inhumation du pape Eutychien au 8 décembre (CR 4e, 10) et certains manuscrits du Hiéronymien font de même (MH 639), suivis par Florus, Adon et Usuard (MF 320, MA 471, MU 355). Mais le Liber Pontificalis donne le 25 juillet pour le jour de sa mort152. C'est à cette date qu'on trouve le nom de saint Eutychien dans les calendriers de Mantoue (CM 1262) et de Ratisbonne, ainsi que dans celui du Latran, tandis que le martyrologe de Vienne opte pour le 26 (MV 177). Le calendrier et YOrdo du Latran sont les premiers à l'honorer comme martyr, en accord avec l'addition qui avait été apportée au texte primitif du Liber Pontificalis.

26 La Va Sancii Pastoris, presbyteri et confessons (Ο Ρ R)

Lorsque la basilique pudentienne fut aménagée à la fin du 4e siècle dans un ancien établissement thermal au Viminal, on érigea à gauche de Yaula un oratoire dont l'abside fut ornée d'une mosaïque comportant deux plans: au plan inférieur le Christ en médaillon était entouré de deux personnages; au-dessus saint Pierre, assis sur une chaire, appelait à lui deux brebis. Il s'agissait évidemment de montrer dans l'Apôtre le détenteur de la fonction pastorale du Christ et nul ne s'y trompa: ce fut l'oratoire du Pasteur. A partir du 6e siècle, l'appellation passa souvent à l'ensemble de l'édifice et on commença à parler tantôt du titulus Pudentis, tantôt du titulus Pastoris. Puis les Actes de Praxède et de Pudentienne, suivis par d'autres récits hagiographiques, firent intervenir dans leur narration un prêtre du nom de Pasteur. H. Delehaye a publié una Vita sancii Pastoris presbyteri et une Passio sancii Pastoris martyris d'après un manuscrit de l'Archivio de Sainte-Marie Majeure. Or la Passio donne la date du 26 juillet pour le natale du saint153, qui est évidemment différent de celui dont le nom apparaît au 25 décembre avec ceux de six autres martyrs dans le sacramentaire de Vérone (SV 157). Le nom de Saint-Pasteur était attaché, au début du 11e siècle, à un lieu-dit proche de Saint-Clément154. On trouve à la même époque la mention de ce personnage fictif dans les martyrologes de Saint-Pierre et de Saint-Cyriaque au 26 juillet. C'est ce jour-là qu'au temps de Grégoire VII l'antique oratoire de Sainte-Pudentienne fut dédié nomine Pastoris Ρ raecurso risque Johannis après avoir été rénové155.

152 L. Duchesne, Le Liber Pontificalis, I.e., tome 1er, p. 159. 153 H. Delehaye, Etude sur le Légendier romain, Subsidia Hagiographica 23, Bruxelles 1933.

Texte pp. 264-268, commentaire pp. 137-140. 154 C. Huelsen, Le Chiese di Roma, I.e., p. 413. 155 L'inscription est reproduite dans R. Montini, Santa Pudenziana, Col. Le Chiese di Roma

illustrate, 50, Roma (sans date), p. 19. On trouve dans le même volume une reproduction de la mosaïque du Pasteur avant sa destruction à la fin du 16e siècle p. 19.

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LE COMMENTAIRE HISTORIQUE ET LITURGIQUE : JUILLET 263

27 La Va Sancti Pantaleonis, manyris (0 R)

Saint Pantaleimon ou Pantaléon, martyr de Nicomédie que sa Passion présente comme un médecin, est Tun des martyrs orientaux les plus célèbres. Il est fêté le 27 juillet aux rites byzantin et syrien (CB 351, Nilles 2,479) et le 13 juillet au rite copte, qui l'honore sous le nom de Batlan (CC 172). Le martyrologe hiéronymien en fait mention le 28 (MH 399), en accord avec certains anciens synaxaires orientaux. A Rome, dès le 8e siècle, l'église Saint- Ange in Pescheria conservait quelque relique de saint Pantaléon156, mais il faut attendre le début du 12e siècle pour voir son nom apparaître dans le martyrologe de Saint-Pierre et le passionnaire du Latran (fol. 3v). Les deux documents l'inscrivent au 27 juillet, comme l'avait fait le calendrier de Naples (CN 137). Au cours du même siècle, quatre églises lui furent dédiées157.

28 La Va Sanctorum Nazarii et Celsi, martyrum (M Ν Ο Ρ R)

Les saints Nazaire et Celse sont deux martyrs milanais, dont le culte fut mis en honneur par saint Ambroise, mais il n'est pas certain que quelque lien ait existé entre eux leur vivant. Le martyrologe hiéronymien les mentionne au 28 juillet (MH 399,401), qui est le jour de leur fête à Milan. Dès le 5e siècle, les reliques de saint Nazaire furent partagées entre de nombreuses églises. On en trouve à Brescia, à Ravenne, à Rome où une basilique avait été érigée sous le titre des saint Nabor et Nazaire (supra, p. 245), mais aussi à Noie, en Sardaigne, à Constantinople, en Afrique et même in vico quodam du territoire de Nantes, qui ne saurait être que l'actuel port de Saint-Nazaire158. Bien que le nom de Nazaire soit inscrit au 9e siècle dans le calendrier de Naples (CN 135) et les noms de Nazaire et de Celse dans tous les martyrologes francs à partir de Florus (MF 252), il faut attendre le 11e siècle pour voir la fête des deux martyrs milanais connaître une certaine extension. Celle-ci atteint surtout la France (Leroquais 3,393) et l'Italie du nord (Ebner 479), elle touche moins les Pays germaniques et n'atteint guère l'Angleterre. C'est précisément au 11e siècle que sa célébration est attestée à Rome (CR 11e, 139). Elle s'y développe au 12e (CR 12e, 150), époque où elle est reçue au Latran et au Vatican. La Va Sancti Victoris, papae et martyris (Ο Ρ R)

Certains manuscrits du Hiéronymien, à la suite du Liber Pontißcalis159, inscrivent le natale du pape Victor Ier au 28 juillet. Le calendrier de Mantoue fait de même (CM 1262).

156 H. Mantechi, Basiliques et églises de Rome, I.e., p. 424. 157 C. Huelsen, Le Chiese di Roma, I.e., pp. 410-412. 158 Grégoire de Tours, In gloria martyrum, 60. Voir M. Vieillard-Troiekouroff, Les monuments

religieux de la Gaule d'après les œuvres de Grégoire de Tours, Paris 1976, pp. 269-270. 159 L. Duchesne, Le Liber Pontiflcalis, I.e., tome 1er, p. 137.

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264 LES CALENDRIERS DU LATRAN ET DU VATICAN À LA FIN DU XIIe SIÈCLE

C'est la date que devaient choisir les calendriers du Latran et du Vatican pour fêter ce pontife, mais ils ont eu tort de suivre le Liber Pontiflcalis pour lui conférer le titre de martyr, car il est peu probable que Victor Ier ait péri de mort violente. A côté de cette tradition au sujet du jour de la depositio du pape Victor, il en est une autre, qui provient de Florus. Celui-ci a confondu le pape avec un martyr homonyme de la via Nomentana (MH 199) et il en fait mention le 20 avril (MF 308). Les autres martyrologes du 9e siècle et, au 11e, celui de Saint-Pierre ont commis la même erreur. Ils ont été suivis par le calendrier de Ratisbonne et celui de l'Aventin (CR 11e, 137).

29 La Sancii Felicis, papae et martyris (M Ν Ο Ρ) Sanctorum Simplicii, Faustini et Beatricis (Μ Ν Ο Ρ)

Va Sancii Felicis; sanctorum Simplicii, Faustini et Beatricis (R)

Le sacramentaire grégorien et I'évangéliaire de 645 annoncent le natale des saints Félix, Simplicius, Faustin et Béatrice (SGr 650, LK 33), mais l'un et l'autre donnent le formulaire du seul Félix. Il s'agit, en effet, de deux célébrations distinctes.

Saint Félix est inscrit au martyrologe hiéronymien (MH 403) et les Itinéraires mentionnent sa basilique cimétériale au 3e mille de la via Portuense. Malheureusement, dès le 7e siècle, on avait commencé à le confondre avec l'antipape Félix II. Le sacramentaire grégorien lui donne dans la collecte le titre de martyr et pontife (SGr 251). L'erreur devait être reproduite par le calendrier de Mantoue (CM 1262), le martyrologe de Vienne (MV 177) et les martyrologes historiques à partir d'Adon (MA 517). Le passionnaire et VOrdo du Latran sont donc les victimes d'une confusion vieille de cinq siècles, lorsqu'ils annoncent: sancii Felicis, papae et martyris (P 147).

Les saints Simplicius et Faustin et Sainte Béatrice sont des martyrs du cimetière de Generosa (MH 402,403). Si leurs noms sont joints à celui de Félix dans les titres du sacramentaire grégorien et de I'évangéliaire, on trouve le formulaire de leur messe dans le sacramentaire gélasien (SGé 148). Celui-ci devait passer dans les Gélasiens du 8e siècle (S 8e 156). Au 11e siècle, tandis que de nombreux sacramentaires continuent à distinguer le formulaire grégorien de saint Félix et le formulaire gélasien des trois autres, tel le sacramentaire de Saint-Pierre (fol. 166), certains attribuent aux quatre martyrs les orations de Simplicius et de ses compagnons160. Il en sera ainsi, au 12e, dans le missel du Latran (fol. 332). Au début du siècle, le passionnaire faisait encore lire deux passions distinctes (fol. 14v - 15v).

30 La Va Sanctorum Abdon et Sennen (M Ν Ο Ρ Q R)

La Depositio martyrum et le Hiéronymien de 354 annoncent aujourd'hui les martyrs Abdon et Sennen au cimetière de Pontien, au lieu-dit ad Ursum pileatum sur la via Por-

160 Voir A. Olivar, El sacramentario de Vich, I.e., p. 68.

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LE COMMENTAIRE HISTORIQUE ET LITURGIQUE : AOÛT 265

tuense (CR 4e, 11; MH 404). Les sources liturgiques du 7e siècle sont unanimes à fournir les textes de leur messe (SGr 650, SGé 149, LK 33). Depuis lors, les saints Abdon et Sen- nen ont toujours appartenu au sanctoral romain.

Août

1 La Va Sancii Pétri ad vincula (M Ν Ο Ρ Q R) Sanctorum Machabaeorum (Ν Ο Ρ Q R)

Au temps de saint Léon le Grand on célébrait aujourd'hui sur l'Esquilin un double anniversaire, celui de la basilique des Apôtres, dédiée par le pape Xyste III (432-440) aux saints Pierre et Paul, et celui du martyre des sept Frères juifs mis à mort sous Antiochus Epiphane selon le 2e livre des Maccabées (2 Mac. 7,1-41): Duplex enim causa laetitiae est: in qua et natalem ecclesiae colimus, et martyrum passione gaudemus, dit le pape au début de son homélie, mais il consacre toute celle-ci à traiter des Maccabées. D'ailleurs, selon lui, la fête des Maccabées était antérieure à la dédicace de la basilique. Il évoque, en effet, le souvenir de son prédécesseur, qui hoc die antiquam festivitatem huius loci consecratione geminavit161 . Il est donc certain que, dès le début du 5e siècle, on fêtait les sept Martyrs juifs à Rome, comme on le faisait à Jérusalem (LJ 230) et dans tout le monde chrétien (MH 409). Quant à la date du 1er août, elle est attestée au 4e siècle par le martyrologe de Nicomédie, qui annonce leur déposition à Antioche (MN 43). Le Hiéronymien donne la même date (MH 408), ainsi que le calendrier de Carthage (CA 71) et divers calendriers orientaux (CB 356, CC 178, CO 340).

La basiliques des Apôtres devait recevoir le nom de Saint-Pierre-aux-liens moins d'un siècle après sa dédicace. Bien qu'en 595 elle porte encore le vocable de Titulus Apos- tolorum162, au temps du pape Symmaque (498-514) il est question des prêtres a vincula sancii Pétri163. C'est qu'on y vénérait déjà les chaînes de saint Pierre.

Les témoins liturgiques de la commémoration des Maccabées et de Saint-Pierre-aux- liens ont deux siècles de retard sur les documents qu'on vient de citer. La fête des Maccabées apparaît dans le sacramentaire gélasien (SGé 149), celle de Saint-Pierre-aux-liens dans l'évangéliaire du milieu du 8e siècle (LK 79) et YHadrianum (SGr 253). Les sacra- mentaires gélasiano-francs du 8e siècle semblent avoir conservé une rubrique ancienne dans leur intitulé de la double fête: Statio ad sanctum Petrum ad vincula, quando catenae

161 Léon Le Grand, Sermons, 97, edit. R. Dolle, tome 4, Paris 1973, pp. 288 et 292. 162 C. Huelsen, Le Chiese di Roma, I.e., p. 125. 163 L. Duchesne, Le Liber Pontificalis, I.e., tome Ier, p. 261.

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266 LES CALENDRIERS DU LATRAN ET DU VATICAN À LA FIN DU XIIe SIÈCLE

eius osculantur. Ipso die natale Machabaeorum (S 8e 158). L'évangéliaire romain du 9e siècle annonce plus succinctement: Ad vincula. Machabaeorum. La fete de saint Pierre et celle des sept Martyrs, auxquels on ajoute parfois la mention de leur mère (CR 11e, 139), étaient donc depuis longtemps traditionnelles au 12e siècle.

2 La Va Sancii Stephani, papae et martyris (M Ν Ο Ρ R)

La Depositio Episcoporum de 354 annonce l'anniversaire du pape Etienne Ier (CR 4e, 10) et le Hiéronymien fait de même (MH 412). Il en est également fait mention dans le sacramentaire de Vérone (SV 85), puis dans l'évangéliaire de 645 (LK 79) et le sacramen- taire grégorien (SGr 651). En accord avec le Liber Pontiflcalis et les Itinéraires, qui font écho à la Passio Stephani, le Grégorien donne à Etienne le titre de martyr. Ce titre, fondé sur une confusion 164, s'est perpétué dans la tradition liturgique.

3 La Va Inventio sancii Stephani, protomartyris (M Ν Ο Ρ Q R)

Un prêtre de Jérusalem du nom de Lucien déclara avoir découvert les restes de saint Etienne à Caphargamala le 18 décembre 415. On en fit la translation solennelle à Jérusalem dans la Sainte-Sion le 26 décembre suivant165. Les reliques du Protomartyr se répandirent aussitôt à travers tout le monde. Au temps de saint Augustin, qui en avait reçu à Hippone, on les vénérait spécialement à Ancóne (Italie), où la basilique Saint-Etienne attirait les foules.

Le martyrologe hiéronymien mentionne Vinventio corporis beatissimi Stephani le 3 août (MH 414). Le martyrologe lyonnais du 9e siècle reproduit cette notice (MF 214), suivi par Florus et les autres martyrologes. Ceux-ci suscitèrent le culte liturgique. Dès le 9e et le 10e siècle, puis surtout au 11e, il se répandit en France et en Angleterre. On le trouve à Cluny et à Saint-Gall au 10e siècle. Au 11e, le sacramentaire de Vich ainsi que le Rossianum donnent des formulaires pour la messe de la fête166. A Rome, si le martyrologe de Saint-Cyriaque en fait état, on n'en trouve pas d'autre mention parmi nos témoins du 11e siècle. Au 12e, où l'on érigea onze églises sous le vocable de saint Etienne, le collectaire de Saint-Pierre lui attribue une oraison: Deus qui nos hodierna die concedis reliquiarum (fol. 148v), tandis que le passionnaire du Latran donne pour titre à sa lecture: Translatio sci Stephani protomartyris (fol. 25). Le missel du Latran, qui mentionne

164 Ibid., p. 154. 165 Epistola Luciani ad omnem Ecclesiam de revelatione corporis Stephani martyris primi et alio-

rum, P.L. 41, col. 807-818. On trouvera une étude sur les diverses versions de cette lettre dans D.A.C.L. tome 5, col. 632-649.

166 A. Olivar, El sacramentario de Vich, I.e., p. 78; J. Brinktrine, Sacramentarium Rossianum, le, p. 160.

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LE COMMENTAIRE HISTORIQUE ET LITURGIQUE : AOÛT 267

dans son intitulé Vinventio de Gamaliel avec celle d'Etienne, contient le formulaire appelé à passer ensuite dans le missel de la Curie (fol. 335v - 336v).

La découverte de Caphargamala ayant eu lieu le 18 décembre, d'où vient la fête du 3 août connue du Hiéronymien? - H. Delehaye y voit l'anniversaire de la dédicace de la basilique d'Ancóne (MH 415). Nous pensons plutôt qu'il s'agit d'une dédicace romaine. En effet, au temps de saint Léon le Grand, une femme du nom d'Anicia Démétria érigea une basilique sous le vocable de saint Etienne sur la via Latina167. Or, par une confusion des noms, Pévangéliaire de 645 indique la via Latina comme lieu de la station pour la fête du pape saint Etienne le 2 août, alors que celui-ci reposait dans la crypte des Papes au cimetière de Callixte sur la via Appia (LK 79). Le sacramentaire'fie Vérone révèle, en faisant une autre confusion, une tradition romaine du 6e siècle: le 2 août, après avoir indiqué la station du cimetière de Callixte pour le natale du pape Etienne, il donne neuf messes en l'honneur du Protomartyr (SV 85-89). Il devait s'agir d'une fête locale, appelée à disparaître en raison de l'éloignement de la basilique puis de sa destruction, la fête principale de saint Etienne étant célébrée depuis longtemps le 26 décembre.

4 La Va Sancii Iustini, presbyteri et martyris (Ο Ρ R)

Saint Justin est un martyr dont le Hiéronymien annonce la déposition au cimetière de saint Laurent sur la via Tiburtina (MH 417). Sa Passio en fait le prêtre qui aurait enseveli Laurent. Du martyrologe hiéronymien la notice de Justin est passée dans celui de Florus (MF 338), puis Adon et Usuard l'inscrivirent au 17 septembre (MA 554, MU 304). Le martyrologe de Saint-Pierre, qui le mentionne au 4 août, est le seul témoin romain à en faire état avant les calendriers du Latran et du Vatican. Des travaux importants ayant été accomplis dans la basilique Saint-Laurent entre les années 1148 et 1191, il se peut que la Geste de Laurent en ait reçu un surcroît de popularité, ce qui expliquerait l'intérêt apporté à ses compagnons168.

6 La Sancii Sixti, papae et martyris (M Ν Ο Ρ) Sanctorum Felicissimi et Agapiti (Μ Ν Ο Ρ)

Va Sanctorum Sixti, papae, Felicissimi et Agapiti (Q R)

Dans une lettre datant de la fin août ou du début de septembre 258 saint Cyprien, qui allait être décapité le 14 septembre, écrit: Xystum autem in coemeterio animadversum

167 L. Duchesne, Le Liber Pontiflcalis, I.e., tome 1er, p. 238. Les ruines de la basilique Saint- Etienne de la via Latina furent mises à jour en 1858. Elles sont toujours visibles.

168 Le ciborium fut placé là où il se trouve en 1148, le clocher et le cloître datent du pontificat de Clément 111(1187-1191).

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sciatis octavo iclibus augusti die et cum eo diacones quattuor169. La déposition de Xyste II au cimetière de Callixte et celle de Felicissime et d'Agapit dans celui de Prétextât sont inscrites dans la Depositio Martyrum de 354 (CR 4e, 11). Le martyrologe de Nicomédie en fait mention quelques années plus tard (MN 43), puis le calendrier de Carthage (CA 71) et le Hiéronymien (MH 419). La fête du pape Xyste II appartient au noyau primitif du sanctoral romain. Le sacramentaire Veronense contient sept messes pour le natale de saint Xyste (SV 90-93) et une autre pour celui des saints Felicissime et Agapit (SV 93). Au 7e siècle, l'évangéliaire a une seule péricope pour Xyste et ses compagnons (LK 34), tandis que l'épistolier (LW 61) et le Gélasien (SGé 150) ne connaissent que Xyste et que le Grégorien distingue les deux synaxes (SGr 651). Les Gélasiens du 8e siècle font, eux aussi, la distinction. Les documents des 11e et 12e siècles attestent le double usage à Rome. Pour la distinction on trouve Β C H L et le Latran; pour la réunion on a A G I J et le Vatican. C'est ainsi que le missel du Latran donne d'abord le texte intégral de la messe de saint Xyste, puis il ajoute les oraisons des saints Felicissime et Agapit (fol. 337-338).

Va Transfìgurationis Domini (R)

La Transfiguration du Seigneur est célébrée par toutes les Eglises d'Orient comme l'une des fêtes majeures de l'année. Elle remonte au 5e siècle, car elle était reçue dès les environs de l'année 500 par l'Eglise nestorienne et au 7e siècle par l'Eglise syrienne d'Antioche, mais le lectionnaire de Jérusalem ne la connaît pas encore170. Certains la mettent en relation avec la dédicace des basiliques du Thabor. Il semble que sa date a été choisie en fonction de l'Exaltation de la sainte Croix: le 6 août précède de quarante jours le 14 septembre. Or, selon certains apocryphes, la Transfiguration aurait eu lieu 40 jours avant la Crucifixion171. En tout cas, il est indéniable que la liturgie byzantine rattache la Transfiguration à l'Exaltation de la Croix en commençant à dire à partir du 6 août les catavasia de la Croix172.

La Transfiguration apparaît en Occident au milieu du 9e siècle. Non seulement elle est inscrite au calendrier de Naples (CN 135), mais le martyrologe métrique de Wandelbert de Priim en fait foi pour les Pays germaniques (848) et un évêque espagnol du nom d'Eldefonse estime, en 845, que tous les fidèles doivent communier ce jour-là comme

169 Saint Cyprien, Correspondance, Lettre 80; edit. Bayard, Paris 1925, p. 320. C'est l'avant- dernière lettre du corpus de Cyprien.

170 F. Mercenier, La Prière des Eglises de rite byzantin, Le, tome 2, 1er partie, p. 259. Elle est attestée à Jérusalem au 7e siècle par le lectionnaire géorgien de Jérusalem (M. Tarchnischvili, Le grand Lectionnaire de l'Eglise de Jérusalem, 5e -8e siècle, Coll. Corpus scriptorum christianorum orien- talium, vol. 189, tome 2, Louvain 1960, p. 25).

171 J. Van Goudoever, Fêtes et calendriers bibliques, Coll. Théologie historique, 7, Paris 1967, p. 277.

172 F. Mercenier, La Prière des Eglises de rite byzantin, Le, tome 2, lère partie, p. 272.

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LE COMMENTAIRE HISTORIQUE ET LITURGIQUE : AOÛT 269

pour Noël et l'Ascension173. Au 10e siècle, on trouve la Transfiguration aussi bien à Tours (Leroquais 1,51) et à Bari174 qu'en Espagne175. Le 11e et le 12e siècles voient sa diffusion s'accentuer. En Espagne, les sacramentaires de Vich et de Ripoll contiennent la messe du 6 août et celui de Vich y ajoute la messe de la vigile176. Pour la France, V. Leroquais a répertorié onze témoins de la fête au 11e siècle et quinze au 12e (Leroquais 3,419). Au début du 12e siècle, Pierre le Vénérable, abbé de Cluny, se fait le propagandiste fervent de la fete. Non content de l'inscrire au calendrier clunisien en 1132, il compose un office de la Transfiguration177. Sa lettre aux moines latins du Mont-Thabor et le sermon qu'il a laissé sur ce mystère révèlent quelle place le Christ rayonnant de gloire tenait dans sa contemplation178. Cluny devait être, durant tout le 12e siècle, un artisan efficace de la propagation de la fête du 6 août. Si celle-ci touche peu les Pays alémaniques (Fulda, Reichenau, Saint-Gall l'ignorent), elle connaît une solite implantation en Italie dès le 11e siècle, de Bologne au Mont-Cassin. Il convient de relever que la fête est surtout célébrée dans les milieux monastiques. Les moines d'Occident rejoignent ceux d'Orient pour faire du Christ en gloire l'Icône de leur propre vie, qui doit consister à se laisser transfigurer par la lumière du Ressuscité.

Transflguratio domini nostri Iesu Christi. Le martyrologe de Saint-Pierre annonce la fête du 6 août en première position, avant celle de saint Xyste II et de ses compagnons. Mais les deux autres témoins du 11e siècle, l'épistolier de Saint-Saba (fol. 159) et le sacramentaire de Saint-Laurent in Damaso (fol. 85v), portent des traces d'influences monastiques et orientales. C'est pourquoi il semble que la fête a pu venir des monastères du sud, du Mont-Cassin et de Bari. Au 12e siècle, le sacramentaire de l'Archivio de Sainte-Marie Majeure, qui révèle peut-être ici son appartenance au Vatican, connaît à la fois la fete et sa vigile, comme le sacramentaire de Vich et certains sacramentaires français et italiens du siècle précédent (fol. 121 ν - 122). Le calendrier de Saint-Pierre ne fait donc pas figure de novateur à Rome en mentionnant la Transfiguration. Ceux qui l'y ont inscrite n'ont pas seulement ratifié una tradition séculaire, ils sont surtout entrés dans un courant spirituel qui était intense en leur temps.

173 Supra, p. 184, note 42. 174 Ibid, note 43. 175 J.B. Ferrères, La transfiguration de Notre Seigneur. Histoire de sa fête et de sa messe, dans

Ephemerides theologicae Lovanienses, 5 (1928), pp. 632 sq. L'auteur renvoie à un calendrier de Vich du 10e siècle.

176 A. Olivar, El sacramentario de Vich, I.e., pp. 74-76. 177 J. Leclercq, Pierre te Vénérable, Paris 1946, pp. 382-390. 178 Lettre aux moines du Mont-Thabor dans P.L. 169, col. 266-268; sermon sur la Transfigurat

ion, ibid. col. 953-972.

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270 LES CALENDRIERS DU LATRAN ET DU VATICAN À LA FIN DU XIIe SIÈCLE

7 La Va Sancii Donati, episcopi et martyris (Ν Ο Ρ R)

La fete de saint Donat, évêque d'Arezzo, était célébrée au 7e siècle dans quelques églises de Rome, comme en témoigne le sacramentaire gélasien (SGé 150), et au début du 9e siècle on trouve sur l'Aventin un monastère qui est placé sous son vocable179. Du sacramentaire romain du 7e siècle, la mention de saint Donat passa dans les Gélasiano- francs du 8e (S 8e 160). De son côté le martyrologe hiéronymien annonce le natale de Donat «évêque et confesseur» (MH 422). Mais la Passio, qui fait de Donat un martyr, devait exercer son influence sur les martyrologes et les calendriers: les martyrologes de Bède (MB 102), d'Adon (MA 514) et d'Usuard (MU 279), ainsi que le calendrier de Naples (CN 135), le présentent comme martyr. Il en va de même dans les calendriers de Saint-Gall du 9e au 11e siècle (CSG 14). Grâce aux sacramentaires héritiers de la tradition des Gélasiens du 8e, la fete de saint Donat devait connaître une grande diffusion dès les 9e et 10e siècles (Leroquais 3,359, Ebner 471). Il est donc normal qu'on la trouve à Rome au 10e siècle (CR 10e, 131) et au cours des siècles suivants (CR 11e, 139; CR 12e, 150).

8 La Sanctorum Cyriaci, Largi et Smaragdi (M Ν Ο Ρ) Va Sancii Cyriaci (Q)

Sanctorum Cyriaci, Largì et Smaragdi (R)

La Depositio Martyrum de 354 (CR 4e, 11) et le martyrologe hiéronymien annoncent au 7e mille de la via Ostiense un groupe de six martyrs parmi lequels Cyriaque, Large et Smaragde. Or l'évangéliaire de 645 (LK 34), le sacramentaire grégorien (SGr 652), les Gélasiens du 8e (S 8e 162), ainsi que tous les témoins de la liturgie locale de Rome jusqu'à la fin du 12e, ne mentionnent que saint Cyriaque (CR 12e, 150; seul L nomme les trois). Le fait trouve peut-être son explication dans une précision que donne le Liber Pon- tificalis. Celui-ci note que le pape Honorius (625-638) érigea au lieu même de leur martyre une église beato Cyriaco a solom. Or les premiers témoins de la fête de ce jour dans la liturgie papale sont à peu près contemporains de la dédicace de Saint-Cyriaque.

Selon la Passio du pape Marcel, saint Cyriaque aurait été enseveli sur la via Salaria le 16 mars et transféré ensuite sur la via Ostiense le 8 août avec les martyrs Large et Smaragde (ΜΗ 148). Or Bède et tous ses successeurs inversent les dates: ils font mention des trois martyrs le 16 mars et du seul Cyriaque le 8 août. Le martyrologe de Saint-Pierre mentionne les six martyrs de la Depositio Martyrum à la fois le 16 mars et le 8 août. Le double tradition se retrouve dans les livres liturgiques du Latran et du Vatican à la fin du 12e siècle: tandis que l'antiphonaire de Saint-Pierre ne connaît que saint Cyriaque, pour lequel il a deux antiennes propres tirées de sa Passio (Q 161), les documents du Latran et le calendrier du Vatican lui-même célèbrent Cyriaque, Large et Smaragde.

179 L. Duchesne, Le Liber Pontificalis, I.e., tome 2, p. 24. 180 Ibid.. tome 1er p. 324.

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LE COMMENTAIRE HISTORIQUE ET LITURGIQUE : AOÛT 271

La Sancii Romani, martyris (0 P) Va Sancii Romani, militis (Q R)

Saint Romain est un martyr de la via Tiburtina (MH 427), dont les Itinéraires indiquent la tombe près de Saint-Laurent (I 319). Selon sa Passion, qui en fait un soldat converti par saint Laurent (MH 428), il fut mis à mort le 9 août. Pour le Liber Pontificalis, le portier Romain mourut en compagnie de l'archidiacre Laurent avec un prêtre, un sous- diacre et un lecteur181. Le martyrologe de Bède (MB 79) et les martyrologes du 9e siècle, ainsi que celui de Saint-Pierre, se conforment à la version donnée par la Passio et ils annoncent: sancii Romani, militis. Le culte de saint Romain est abondamment attesté à Saint-Gall dès le 10e siècle, tandis qu'il n'apparait en France qu'au 12e siècle et qu'il se développe très peu en Italie. A Rome, avant d'entrer dans le sanctoral du Latran et dans celui du Vatican, la fête de saint Romain n'est attestée que par le sacramentaire de Saint- Tryphon, et encore son formulaire y est-il copié en marge (fol. 103). Peut-être faut-il attribuer aux travaux accomplis à cette époque dans la basilique du Campo Verano l'intérêt porté alors aux personnages qui interviennent dans la Passion de saint Laurent, saint Justin le 4 août (supra, p. 267) et saint Romain le 9. La Va Vigilia sancii Laurentii (M Ν Ο Ρ Q)

La veillée nocturne près de la tombe d'un martyr faisait partie de la célébration de son natale. Pour celle de saint Laurent, il convient d'évoquer le souvenir de Melanie la Jeune qui, sur le point d'accoucher, «passa toute la nuit à veiller et à faire des génuflexions dans son oratoire», puis partit «le lendemain matin de bonne heure avec sa mère et se rendit au martyrium», afin d'invoquer le Seigneur par l'intercession du saint martyr182. C'était en 402. Tout les livres liturgiques romains donnent, au 7e siècle, les formulaires de la messe pour la vigile de saint Laurent (SGé 153, SGr 652, LW 61, LK 34).

10 La Sanai Laurentii, archidiaconi et martyris (M Ν Ο P) Va Sanai Laurentii, martyris (Q R)

Laurent, diacre du pape Xyste II, fut mis à mort quatre jours après son évêque, le 10 août 258. Sa déposition sur la via Tiburtina est attestée par le Depositio Martyrum de 354 (CR 4e, 11) et son natale annoncé au martyrologe hiéronymien (MH 431). La fête de saint Laurent appartient depuis les origines au sanctoral romain. Le sacramentaire de Vérone lui consacre 14 formulaires de messe (SV 94-99).

La popularité du diacre qui, selon sa Passio, fut brûlé vif sur le gril après avoir distribué aux pauvres les biens de l'Eglise, l'emporta rapidement sur celle du pape Xyste II

181 Ibid.. tome 1er, p. 155. 182 yie fe sainte Melanie, édit. D. Gorce, Paris 1962, p. 135.

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272 LES CALENDRIERS DU LATRAN ET DU VATICAN À LA FIN DU XIIe SIÈCLE

lui-même. Au 9e siècle, 10 églises portaient son nom à Rome et il en avait 31 au 12e {supra, p. 109). Il est le premier saint dont le nom ait été donné à une église intra muros. Mais son culte avait largement dépassé les limites de la Ville. Selon saint Léon le Grand Rome est devenue «aussi célèbre grâce à Laurent, que Jérusalem avait été glorifiée par Etienne»183. Augustin se plaint toutefois du petit nombre des fidèles venus pour célébrer sa fête: Beati Lamentii illustre martyrium est, sed Romae, non hic; tantam enim video ves- tram paucitatem. Il est vrai qu'il avoue ensuite sa fatigue, tant la chaleur est grande184. Dans la procession des martyrs représentée à Saint- Apollinaire-le-Neuf de Ravenne saint Laurent est le seul à être vêtu de pourpre, les autres étant en blanc, ce qui «témoigne de la gloire et de la précellence du martyr romain»185. Au rite byzantin on célèbre, le 10 août, Laurent et Xyste en même temps. A Constantinople la synaxe avait lieu «à leur martyrion», c'est-à-dire dans la basilique Saint-Laurent (CB 367).

11 La Sancii Tiburtii, martyris (Ν Ο Ρ) Sanctae Suzannae, virginis et martyris (Ο)

Va Sanctorum Tiburtii et Suzannae (Q R)

Le martyr saint Tiburce fut inhumé au cimetière inter duas lauros sur la via Labi- cana. Le pape Damase orna sa tombe d'une inscription métrique (MH 434). Le martyrologe hiéronymien fait mention de Tiburce, mais il annonce avec lui Valerien et Cécile, le confondant avec le martyr homonyme qui est commémoré le 14 avril. Les sacramentaires gélasien et grégorien, ainsi que l'évangéliaire de 645, connaissent sa fête (SGé 153, SGr 653, LK 35). On l'a toujours célébrée à Rome depuis lors.

Pour fixer l'anniversaire de sainte Suzanne le Hiéronymien n'indique pas un cimetière, mais une église de la Ville, située sur l'Alta Semita, près des thermes de Dioclétien (MH 434). Cette église, appelée en 499 titre de Gaius, était devenue en 595 le titre de sainte Suzanne186. Le samedi de la troisième semaine de Carême, on y célébrait la messe stationnale, dans laquelle on lisait le récit de la délivrance de Suzanne au livre de Daniel (Dan. 13,1, 63).

La notice de sainte Suzanne se trouve dans Bède (MB 53) et ses héritiers, mais sa fête est à peu près inconnue en France, en Angleterre et en Italie. Elle est mentionnée, au contraire, en Pays alémaniques, à Spire, à Rheinau, à Saint-Gall surtout, où plusieurs calendriers en font mention dès le 9e siècle (CSG 14). Au 11e siècle, les martyrologes

183 Léon le Grand, Sermons, Sermon 72 In natali S. Laurentii martyyris, 4, édit. R. Dolle, tome 4, Paris 1973, p. 77.

184 Saint Augustin, Sermon 203, Sermon 2 In natali martyris Laurentii, 1, P.L. 38, col. 185 P. Perdrizet, Le Calendrier parisien à la fin du moyen âge, Paris 1933, p. 198. 186 C. Huelsen, Le Chiese di Roma, I.e., pp. 124 et 125.

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LE COMMENTAIRE HISTORIQUE ET LITURGIQUE : AOÛT 273

romains de Saint-Cyriaque et de Saint-Pierre annoncent Natale Tyburtii et Susannae à la suite de Bède, ce qui incitera les calendriers à réunir leurs noms. Dans les documents liturgiques du 11e et du 12e siècle on trouve tantôt Tiburce seul, selon la tradition (B C, H I L), tantôt Tiburce et Suzanne (A, G J), parfois Suzanne seule, comme dans le pas- sionnaire du Latran (fol. 47-52). A la fin du 12e, au Vatican on célèbre les deux saints ensemble, tandis qu'au Latran le missel et YOrdo ne connaissent que Tiburce, le calendrier y ajoutant la mention de Suzanne.

12 Va Sanctorum Eupli et Leucii (Q R)

Le sacramentaire de Saint-Laurent in Damaso annonce le natale sancti Eupli levitae et Leucii martyris (fol. 88v), tandis que le martyrologe de Saint-Pierre ne connaît que saint Euplus. Au siècle suivant, le sacramentaire de Saint-Tryphon donne, à son tour, une formulaire pour les deux saints (fol. 104v). Le sanctoral de Saint-Pierre ne fait donc que consacrer une tradition romaine en adoptant la double mention. On notera toutefois que Pantiphonaire ne donne qu'une antienne propre, qui concerne le seul saint Euplus (Q 164).

Saint Euplus est, après sainte Agathe, le plus célèbre martyr de Catane. Inscrit à ce jour dans le Hiéronymien (MH 436), et au calendrier de Naples (CN 135), il est fêté le 11 au rite byzantin (CB 367). Le pape Théodore (642-649) lui dédia une église sur la via Ostiense, hors de la porte de saint Paul187. Aussi voit-on apparaître son natale dans certains manuscrits de Pévangéliaire du 7e siècle et dans le capitulare du 8e (LK 35, note 175, 120), mais les sacramentaires le passent sous silence jusqu'au 11e siècle.

Saint Leucius, évêque de Brindisi, mourut le 11 janvier, comme l'attestent ses Actes et le martyrologe hiéronymien (MH 35). Au temps de saint Grégoire le Grand, un monastère était placé sous son vocable. Il se trouvait environ au 6e mille de la via Flami- nia. La correspondance de saint Grégoire révèle qu'on vénérait déjà saint Leucius comme martyr, contrairement à ses Actes188. Son culte s'est surtout répandu en Italie méridionale (Trani, Bénévent, Caserte, Capoue). Nulle part on ne célèbre sa fête le 12 août en dehors de Rome. Cette date constitue peut-être l'anniversaire de la dédicace de son église ou d'une réception de reliques.

13 La Sancti Eupli, martyris (P)

En célébrant saint Euplus seul, YOrdo du Latran (P 149) s'accorde avec le capitulare du 9e siècle (CR 9e, 126), mais il reporte sa fête d'un jour. Au début du 12e, le passion- naire du Latran donnait au 11 août la passion des saints Euplus et Leucius (fol. 52).

187 L. Duchesne, Le Liber Pontiflcalis, I.e., tome 1er, p. 333. 188 Grégoire le Grand, Registrunt epistolarum XI, 57; édit. Ewald-Hartmann, I.e., tome 2, p. 344.

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274 LES CALENDRIERS DU LATRAN ET DU VATICAN À LA FIN DU XIIe SIÈCLE

13 La Va Sanctorum Yppoliti et socio rum (M Q) Sanctorum Yppoliti et Cassiani (N 0 P) Sanctorum Yppoliti et Concordiae (R)

La Depositio Martyrum de 354 annonce Ypoliti in Tiburtina et Pontiani in Calisti (CR 4e, 12) et le Hiéronymien fait de même (MH 439). Le pape Pontien et le prêtre Hippolyte avaient été déportés en Sardaigne lors de la persécution de Maximin (235) et ils y moururent en confesseurs de la foi. Plus tard on ramena leurs corps à Rome, celui de Pontien dans la crypte des Papes au cimetière de Callixte, et celui d'Hippolyte sur la via Tiburtina, non loin du Campo Verano où fut inhumé saint Laurent. Le 13 août est la date de cette translation.

La proximité des tombes d'Hippolyte et de Laurent fit entrer Hippolyte dans la Geste de Laurent en compagnie de plusieurs autres martyrs de la via Tiburtina, comme Justin (4 août), Romain (9 août) et Concordia (R), martyre inscrite au Hiéronymien le 22 février (MH 108). La légende a fait d'Hippolyte, comme de Romain, un soldat chargé de garder Laurent et converti par lui. Quant à Concordia, elle devint la nourrice d'Hippolyte. Au 6e siècle, le sacramentaire Veronense annonce le natale d'Hippolyte et de Pontien, mais la préface ne traite que d'Hippolyte (SV 99). On notera d'ailleurs que tous les documents nomment le prêtre martyr avant le pape. Le prestige d'Hippolyte devait s'affirmer définitivement au 7e siècle. Les sacramentaires grégorien et gélasien (SGr 653, SGé 153), ainsi que l'évangéliaire (KL 35), omettent le nom de Pontien et ne connaissent plus que le natale sancii Ypoliti. On devait dès lors célébrer celui-ci d'une manière constante dans l'Eglise romaine. La mention de Concordia (R) et des compagnons d'Hippolyte (M Q) dans certains témoins de la liturgie du Latran et du Vatican manifeste le renouveau d'intérêt qu'on accorda dans la seconde moitié du 12e siècle aux récits légendaires relatifs à saint Laurent.

En ajoutant le nom de Cassien à celui d'Hippolyte, le passionnaire, le missel, le calendrier et VOrdo du Latran ne nous éloignent pas de Saint-Laurent. En effet, le monastère desservant la basilique portait le nom de saint Cassien189. Cette dénomination est attestée au début du 8e siècle, le monastère lui-même remontant au pape Hilaire (461- 468). Le Liber Pontificalis relève de son côté que le pape Symmaque (498-5 14) fecit confes- sionem sancii Cassiani dans la rotonde de saint André près de Saint-Pierre190. Saint Cas- sien est un martyr d'Imola, dont le martyrologe hiéronymien annonce la passion en ce jour (MH 439). Au 5e siècle, Prudence le célèbre dans son Peristephanon. Le culte du martyr se répandit largement en Italie, mais il n'apparait dans les calendriers romains qu'au 11e siècle, où le nom de saint Cassien est joint à celui de saint Hippolyte (CR 11e,

189 G. Ferrari, Early roman monasteries, I.e., pp. 182-189. 190 L. Duchesne, Le Liber Pontificalis, I.e., tome 1er, p. 261.

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LE COMMENTAIRE HISTORIQUE ET LITURGIQUE : AOÛT 275

139). Il est encore peu attesté au siècle suivant (CR 12e, 150), mais par l'entremise du missel du Latran il allait entrer d'une manière durable dans le sanctoral romain.

14 La Va Sancii Eusebii, presbyteri (Ν Ο Ρ Q R)

Le martyrologe hiéronymien annonce: Romae Eusebii tituli sui conditoris (MH 443). Le titre d'Eusèbe, qui existe toujours sur l'Esquilin, est attesté en 474. La fête de son fondateur se trouve dans l'évangéliaire de 645 (LK 35) et dans le sacramentaire grégorien, qui mentionne son natale non à la basilique de l'Esquilin mais sur la via Appia (SGr 654). Le sacramentaire manifeste ainsi sa dépendance par rapport aux Gesta Eusebii, qui font de leur héros un confesseur de la foi et localisent sa déposition au cimetière de Callixte sur la via Appia près du corps du pape martyr saint Xyste II (MH 443). La diffusion du culte d'Eusèbe a été liée à celle du sacramentaire papal à travers tout l'Occident. LA Va Vigilia Assumptionis (M Ν Ρ Q)

15 La Va Assumptio beatae Mariae Virginis (M Ν Ο Ρ Q R)

La fête mariale du 15 août a pris naissance à Jérusalem, où le lectionnaire de 415-417 déclare: «Le 15 août, de Marie, la Théotokos, au deuxième mille de Bethléem» (LJ 355). On y lit la prophétie de l'Emmanuel (Is. 7,10-16a), le texte de saint Paul sur le Christ «né de la femme» (Gai. 3,29 - 4,7) et le récit de la naissance de Jésus à Bethléem (Le 2,1- 7). Il ne s'agit donc pas encore de célébrer la Dormition de Marie, mais sa maternité divine. De Jérusalem la fête devait se répandre à travers l'Orient, puis atteindre la Gaule et Rome. L'évangéliaire romain de 645 ne connaît pas encore la fête du 15 août, mais celui de 740 annonce Sollemnia de pausatione sanctae Mariae (LK 81) et celui du 9e siècle fera de même (CR 9e, 126). C'est sous ce titre, reçu de l'Orient, que la fête avait pénétré à Rome et qu'elle est mentionnée dans le Liber Pontiflcalis, qui énumère les quatre processions décrétée par le pape Sergius Ier (687-701) diebus Adnuntiationis Domini, Dormitio- nis et Nativitatis sanctae Dei genetricis semperque virginis Mariae ac sancii Symeonis, quod Ypappanti Graeci appellant191 . Cependant, dans les mêmes années, si l'on s'en rapporte à l'analyse d'A. Chavasse192, le sacramentaire grégorien intitulait la fête du 15 août Adsumptio sanctae Mariae (SGr 654), comme on le faisait en Gaule, où l'Assomption était célébrée le 18 janvier (MH 28). Le vocabulaire des martyrologes devait rester plus longtemps fidèle au modèle oriental. Mais la déclaration d'Usuard contre les apocryphes du type Transitus Mariae, le 15 août, ne l'empêche pas de noter, au 14, la vigilia Assumptionis

191 Ibid. 376. Un siècle plus tard, le pape Adrien 1er fit exécuter un parement d'autel habentem adsumptionem sanctae Dei genetricis pour Sainte-Marie-Majeure (ibid., p. 500).

192 A. Chavasse, Le sacramentaire gélasien, Le, pp. 390-397.

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(MU 283-284). Au 11e siècle, le martyrologe de Saint-Pierre continue à tenir le langage de ses congénères, quand il annonce Sanctae Mariae dormitio.

Dans la seconde moitié du 12e siècle, l'Assomption était célébrée au Latran avec la même solennité que Noël, au dire de VOrdo, qui lui consacre une ample description (P 149-151). Il évoque, en particulier, la procession nocturne dont on a déjà parlé (supra, pp. 120-122). Mais, bien qu'on célèbre l'Assomption avec ferveur au Latran, on y lit durant les vigiles et pendant toute l'octave l'opuscule pseudo-hiéronymien Cogitis me, ο Paula dans lequel Paschase Radbert, sans nier explicitement l'assomption de Marie, met en doute sa résurrection corporelle et veut qu'on ne présente le fait que sous la forme d'une simple opinion193. Quant au missel du Latran, il reproduit les oraisons de YHadria- num, indiquant pour la station ad sanctum Adrianum l'oraison Veneranda, qui affirme explicitement la résurrection de la sainte Mère de Dieu:

Veneranda nobis domine huius est diei festivitas in qua sancta Dei genetrix mortem subiit temporalem, nee tarnen mortis nexibus deprimi potuit, qui Filium tuum dominum nostrum de se genuit incarnatum (SGr 262).

En décrivant les manuscrits du passionnaire du Latran et de l'antiphonaire Vat. lat. 5319, on a relevé une anomalie: le premier ne contient aucune lecture pour le 15 août; le second a une messe, le 14, in vigilia S. Marie (fol. 123), mais non le lendemain pour la fête. Sans doute faut-il expliquer cette absence par le fait qu'au début du 12e siècle le clergé du Latran participait à la procession, qui comportait la célébration de l'office nocturne à Sainte-Marie-la-Neuve et s'achevait par la messe à Sainte-Marie-Majeure.

17 La Va Octava sancii Lamentii (M Ν Ο Ρ Q R)

Dans la liturgie romaine du 7e siècle les dimanches qui tombent entre le 11 août et les quatre temps de septembre sont comptés post natalem sancii Lamentii (Gr 653, LK 36). Il n'est donc pas étonnant de trouver l'octave de sa fête dès le 6e siècle dans le sacramen- taire de Vérone (SV 99 ad octabas), puis dans le Gélasien ancien (SGé 153), d'où elle est passée dans les Gélasiano-francs de la fin du 8e (S 8e 169). C'est au contraire son absence dans le sacramentaire papal qui peut étonner. A Rome, au 11e siècle, elle est attestée évidemment par le sacramentaire de Saint-Laurent in Damaso, mais aussi à Saint-Pierre et à Saint-Anastase (CR 1 Ie, 140). Au siècle suivant, seuls en témoignent le sacramentaire de Saint-Tryphon et celui de l'Archivio de Sainte-Marie-Majeure (CR 12e, 151), avant qu'on ne la trouve dans la totalité des témoins du Latran et du Vatican.

193 Pour le texte P.L. 30, col. 122-142. Pour son étude on trouvera une bibliographie dans la Clavis Patrum latinorum, editio altera 1961, Coll. Sacris erudiri, p. 144, n° 633, epistola 9. La pensée de Paschase Radbert est identique à celle d'Usuard, mais Usuard lui-même n'a fait que reproduire, en l'abrégeant, un long développement qu' Adon a inséré au 8 septembre (MA 594).

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LE COMMENTAIRE HISTORIQUE ET LITURGIQUE : AOÛT 277

18 La Va Sanai Agapiti, martyris (M Ν Ο Ρ Q R)

Avec la fête de saint Agapit, martyr de Préneste à une trentaine de kilomètres de Rome (MH 448), nous demeurons encore dans la mouvance des fêtes de saint Laurent. En effet le pape Félix III (483-492) érigea une basilique en son honneur iuxta basilicam sancii Laurentii194. Au 6e siècle, on trouve une oraison de la fête de saint Agapit dans le sacramentaire de Vérone (SV 100, n° 798). Sa célébration est attestée ensuite tant par Tévangéliaire de 645 (LK 35) que par les sacramentaires grégorien (SGr 655) et gélasien (SGé 155). Elle devait se perpétuer jusqu'à nos jours.

22 La Va Octava sanctae Mariae (Ο Ρ R)

L'octave de l'Assomption de sainte Marie fut instituée par le pape Léon IV (847- 855), qui la fit célébrer par une solennelle veillée nocturne dans une basilique dédiée à Marie iuxta basilicam sancii Laurentii. A cette vigile magna populi multitudo convenerat, novae festivitatis cupiens celebrare sollemnitatem195. Mais à Rome cette octave dût rester longtemps localisée sur la via Tiburtina, car elle n'est attestée par aucun document liturgique avant les calendriers du Latran et du Vatican et VOrdo lateranensis de la seconde moitié du 12e siècle. En France, sa diffusion a commencé un siècle plus tôt (Leroquais, 3,341). Il semble donc qu'il faille rattacher la présence de l'octave mariale dans les calendriers du Latran et du Vatican non à son institution par Léon IV, mais à l'influence grandissante du culte de Marie au 12e siècle. La Sanctorum Timothei et Symphoriani, martyrum (Ν Ο Ρ) Va Sancii Symphoriani, martyris (R)

La Depositio Martyrum de 354 annonce le martyr Timothée sur la via Ostiense (CR 4e, 11). Son corps reposait dans un petit cimetière proche de Saint-Paul. Aussi le martyrologe hiéronymien, induit en erreur par l'homonymie, qualifie-t-il Timothée de «disciple de saint Paul» (MH 456). La fête de saint Timothée se trouve, au 7e siècle, tant dans l'évangéliaire (LK 36) que dans le sacramentaire grégorien (SGr 655) on la trouve même au Calendrier de Carthage du 6e siècle (CA 71). Elle est attestée d'une manière permanente entre le 9e et le 12e siècle. Son absence étonne au calendrier de Saint-Pierre.

Saint Symphorien est un martyr d'Autun, en Gaule, dont les Actes remontent au 5e siècle. A cette époque on célébrait déjà sa fête à Tours dans la basilique Saint-Martin (MH 458) et, au siècle suivant Grégoire de Tours atteste la diffusion de son culte. Dans la seconde moitié du 9e siècle, favorisé sans doute par le caractère de sa Passion, où l'on voit la mère du martyr l'exhorter à être fidèle au Christ, car par la mort vita non tollitur,

194 L. Duchesne, Le Liber Pontiflcalis, I.e., tome 1er, p. 252. 195 Ibid., tome 2, p. 112.

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sed mutaturm, le culte de Symphorien commença à connaître une large diffusion, qu'attestent aussi bien les calendriers anglais et alémaniques que les sacramentai res francs (Leroquais 3,417). A Rome, on trouve sa fête dès le 10e siècle (CR 10e, 131), mais elle ne s'y perpétue, au 11e et au 12e siècle, qu'en quelques églises (BC, (B C, K), jusqu'à ce qu'on la trouve dans les calendriers du Latran et du Vatican.

24 La Va Sanctae Aureae, virginis (Ο Ρ R)

Le martyrologe hiéronymien annonce la passion de sainte Aurea à Ostie le 20 mai, puis il en fait mention à nouveau le 22 août avec celle d'Hyppolyte de Porto, tandis que la Passio de la martyre donne le 23, le 24 'ou le 29 août pour sa déposition, selon les manuscrits (MH 264, 456). On érigea sur la tombe une basilique, que le pape Sergius Ier dût restaurer à la fin du 7e siècle et qui eut à souffrir de l'état précaire de la cité aux siècles suivants. C'est près de cette église que saint Augustin avait inhumé sa mère sainte Monique. En 1945, des enfants ont retrouvé en jouant un tiers de l'inscription qu'un ami d'Augustin y avait fait graver au début du 5e siècle197.

Le passionnaire du Latran donne au 24 août la Passio see Auree virg., cyriaci, maximi, archelai, theodori et aliorum sanctorum (fol. 60). C'est la première attestation de la fête de sainte Aurea. On devait la trouver également vers 1180 dans le calendrier du Vatican, mais elle ne se maintint pas d'une manière durable au sanctoral romain.

La Vigilia sancii Bartholomaei (Ο)

25 La Sancii Bartholomaei, apostoli (M Ν Ο Ρ) Va Sancii Bartholomaei, sociorumque eius (R)

Les documents relatifs aux fêtes des Apôtres, qui sont publiés en tête du martyrologe hiéronymien, se partagent entre le 24 et le 25 août pour annoncer le natale de saint Barthélémy (MH 2-4). Il en va de même, selon les manuscrits, dans le corps du martyrologe (MH 466), ainsi que dans les calendriers. La plupart des documents liturgiques du

196 Cette phrase devait passer dans la liturgie. On la trouve d'abord dans le Missale gothicum pour la fête de saint Symphorien: Martyribus vita non tollitur, sed muîatur (n° 418). Le Liber ordinum hispanique dit: misericordiae tuae munere fldelibus vita mutatur, non tollitur (Férotin p. 421). Le sacramentaire gélasien y fait allusion (SGé 238, n° 1627), puis on retrouve le texte dans une préface des défunts du Supplément d'Aniane (SGr 573). C'est là que devait le trouver le compositeur du missel parisien de 1738, d'où provient la Préface des défunts insérée en 1919 dans le missel romain.

197 On lit cette épitaphe dans F. Buecheler et A. Riese, Anthologia latina, 1, 2, Leipzig 1906, n° 670, p. 140. Sur la découverte de 1945 voir N. Maurice-Denis et R. Boulet, Romée, I.e., pp. 773- 774.

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LE COMMENTAIRE HISTORIQUE ET LITURGIQUE : AOÛT Tl9

11e et du 12e siècle, qui nous font connaître l'usage romain, optent pour le 24 (A Β C, H I J L), tandis ques le martyrologe de Saint-Pierre et le passionnaire du Latran choisissent le 25. A la fin du 12e siècle, les calendriers du Latran et du Vatican s'accordent sur cette dernière date. Les Byzantins, qui fêtent saint Barthélémy avec saint Barnabe le 1 1 juin, comme le font aussi les Syriens, célèbrent en ce jour une translation de ses reliques, mais, au début du 10e siècle, le manuscrit H du typicon originaire de la laure de saint Saba, est encore le seul à mentionner cette fête secondaire de l'Apôtre (CB 382).

A Rome, le pape Honorius Ier (625-628) transforma sa propre maison, près du Latran, en monastère des saints Apôtres André et Barthélémy (212). Il faut attendre ensuite l'époque d'Otton III (983-1002) pour trouver une nouvelle attestation du culte romain de saint Barthélémy, avec la translation de ses reliques de Bénévent dans la basilique de l'Ile du Tibre, qui devait ensuite recevoir son nom. Les oraisons que consacrent à la fête de l'apôtre le sacramentaire de Saint-Pierre du 11e siècle (fol. 175) et le missel du Latran du 12e (fol. 348-349) sont celles des Gélasiens du 8e (S 8e 172). La collecte, qui fait allusion à la veneranda sanctaque laetitia qu'apporte cette fête, provient du Veronense, qui l'attribue à la fête de saint Jean l'Evangéliste (SV 163). Le calendrier du Vatican est seul à donner des compagnons à saint Barthélémy. La Sancii Ludi, papae et martyris (Ο Ρ)

On lit le nom du pape Lucius dans la Depositio Episcoporum de 354 au 5 mars (CR 4e, 11) et on le trouve au 4 dans le Hiéronymien (MH 125). Mais le Liber Pontificalis déclare que, si Lucius fut décapité le 5 mars, il fut inhumé au cimetière de Callixte le 25 août198. Alors que les martyrologes du 9e siècle mentionnent le natale de Lucius au début de mars, le calendrier de Mantoue se rattache à la tradition du Liber Pontificalis en insérant sa mémoire au 24 août (CM 1262). Le calendrier du Latran l'inscrit au 25. C'est la première attestation d'une fête romaine d'un pape dont saint Cyprien déclare qu'il mérite d'être honoré comme martyr au même titre que Corneille (MH 126).

26 La Sancii Zepherini, papae et martyris (O P)

Le martyrologe hiéronymien (MH 655) et celui de Vienne (MV 179) annoncent le natale du pape Zéphyrin au 20 décembre, mais le Liber Pontificalis le fixe au 25 août199. Le calendrier de Mantoue (CM 1262) et les martyrologes de Florus, Adon et Usuard (MF 346, MA 471, MU 290) l'inscrivent au lendemain 26. C'est la date à laquelle la fête de saint Zéphyrin apparaît dans le calendrier du Latran. Ni les martyrologes, ni le Liber Pontificalis ne lui donnaient le titre de martyr. Il était vénéré au cimetière de Callixte dans un

198 L. Duchesne, Le Liber Pontificalis, Le, tome 1er, p. 153. 199 Ibid., p. 139.

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mausolée à triple abside érigé en surface, qui existe encore de nos jours. La tradition voulait au 7e siècle qu'il reposât dans le même tombeau que le martyr saint Tharsicius (MH 656). Va Sancii Peregrini et sociorum eius (R)

Le calendrier de Saint-Pierre porte en ce jour une mention inhabituelle: Hic celebra- tur Festum sancii Peregrini et sociorum eius {infra p. 419). Il s'agit d'un groupe de quatre martyrs insérés par Adon dans son martyrologe au 25 août: Romae, natale sanctorum quatuor martyrum Eusebii, Pontiani, Peregrini atque Vincentii (MA 518). Cette notice, passée ensuite dans Usuard (MU 290), est fondée uniquement sur la Passio SS. Eusebii et Pontiani (MA 517), qui n'a aucune valeur historique. Aussi bien les Itinéraires que les sources liturgiques ignorent ces quatre personnages. C'est à coup sûr l'homonymie qui a attiré leur culte au Vatican, où se trouvait la petite église de saint Pèlerin d'Auxerre, dont on a commémoré la dédicace le 25 mai {supra, p. 240). Autrement on n'aurait pas nommé en tête du groupe celui qui tient dans les martyrologes la troisième ou la quatrième place.

28 La Va Sancii Augustini, episcopi et confessons (M Ν Ο Ρ Q R)

On ne s'étonnera pas de ce que VOrdo du Latran annonce: Sancii patris nostri Augustini festivitas sollemniter et devotissime condigno celebretur honore (P. 151), car l'Ordre canonial suivait la Règle de saint Augustin. Mais avant les chanoines, ce sont les papes eux-mêmes qui ont implanté le souvenir de saint Augustin dans leur résidence du Latran. En 1900, on a découvert sous la basilique du Sancta Sanctorum une salle de la bibliothèque, le scrinium sanctum contemporain de saint Grégoire le Grand, avec une fresque de 2m 50 de hauteur qui représente Augustin, identifié par l'inscription suivante:

Diversi diversa patres, hic omnia dixit, romano eloquio mystica verba sonans200.

Mais ce n'est pas là évidemment le gage d'un culte. Les témoins de la liturgie locale de Rome ignorent la fête d'Augustin jusqu'au 11e siècle. Celle-ci apparaît dans les sacra- mentaires gélasiano-francs du 8e siècle: Gellone, Angoulême, Rheinau ont au 28 août le

200 On trouvera une belle reproduction de cette fresque en couleurs dans le D.A.C.L. à l'article Bibliothèques, tome 2, col. 868-869 (hors-texte). La fresque, qui remonte au 6e siècle, représente «un personnage chauve et imberbe, vêtu de la toge avec le clavus sur l'épaule, les pieds nus. Il est assis sur un siège de forme rare, sorte de fauteuil à dossier arrondi; devant lui un livre ouvert sur un pupitre. Le bras droit est étendu en direction du pupitre, la main gauche tient un rouleau. Point de nimbe autour de la tête» (Ph. Lauer, cité ibid. col. 869). La lecture du stique, qui est un peu effacé, comporte quelques variantes selon qu'on adopte la version Grisar ou la version Lauer. On a retenu ici celle de Grisar.

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LE COMMENTAIRE HISTORIQUE ET LITURGIQUE : AOÛT 28 1

natale sancti Augustini, tandis que Saint-Gall annonce au 15 septembre une translatio sancii Augustini qu'il est seul à connaître (S 8e 204). Tous ont un formulaire identique, dans lequel les trois oraisons sont des réemplois de textes du Grégorien (SGr 622, 698, 827); seule la préface est propre. Ce sont les mêmes oraisons qu'on trouve dans les livres romains du 11e et du 12e siècle (A Β C, H J L), ainsi que dans le missel du Latran (fol. 349v).

Bien que le calendrier de Carthage donne le 29 août pour la depositio d'Augustin (CA 71), la date du 28 est attestée par Prosper d'Aquitaine et Victor de Vite. C'est le jour où la mémoire d'Augustin est inscrite au martyrologe hiéronymien201 et, à sa suite, dans presque tous les calendriers et martyrologes, de Naples et du Mont-Cassin en Espagne, d'Italie en Allemagne, de France en Angleterre. Mais le culte du grand docteur d'Occident ne dépasse pas les frontières du romanum eloquium, il est inconnu de toutes les liturgies orientales.

La Va Sancti Hermetis, martyris (Ν Ο Ρ Q R)

Saint Hermès appartient, lui, à la couche primitive du sanctoral romain. Sa déposition au cimetière de Basilla sur la via Salaria ancienne est inscrite dans la Depositio Mar- tyrum de 354 (CR 4e, 1 1) et dans le Hiéronymien (MH 472). L'évangéliaire de 645 (LK 36) s'accorde avec les sacramentaires grégorien (SGr 656) et gélasien (SGé 156) pour donner le formulaire de sa fête, qui a toujours été célébrée depuis.

La Va Sanctae Balbinae, virginis (Ο Ρ Q R)

La mention de sainte Balbine apparaît pour la première fois en ce jour dans un capi- tuîare evangeliorum du 9e siècle, qui est vraisemblablement romain (supra, p. 124, note 4), puis on la trouve dans le sacramentaire de Saint-Tryphon, qui annonce: Sanctorum Hermetis et Balbinae (fol. 109). C'est la légende de saint Hermès qui attira le nom de Balbine au 28 août. Selon les Gesta S. Alexandri, le préfet Hermès, converti à la foi chrétienne, aurait été confié à la garde du tribun Quirinus mais, selon un procédé bien connu de l'hagiographie, il aurait converti Quirinus et sa fille Balbine. Le martyrologe de Florus nomme deux fois sainte Balbine: au 18 juin, jour de la déposition des martyrs Marc et Marceli ien dans le cimetière de Balbine, et au 28 août (MF 335, 346). Adon et Usuard ont transféré sa mention au 31 mars (MA 490, MU 201). On notera que les martyrologes ne font pas de Balbine une martyre. L'antiphonaire de Saint-Pierre se réfère dans les répons et les antiennes à la légende d'Hermès (Q 168). En fait, le nom de Balbine se rattache

201 Dans son commentaire du martyrologe hiéronymien H. Delehaye commet pour une fois une erreur. Il renvoie au sacramentaire grégorien comme témoin de la fete de saint Augustin (MH 473). Mais il s'agit en fait du supplément du 9e siècle, qui donne le texte de la préface des sacramentaires de la fin du 8e (SGr 546).

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d'abord à un cimetière situé entre la via Appia et la via Ardeatina où, selon la Depositio Episcoporum de 354, le pape Marc fut inhumé (CR 4e, 11). Plus tard le nom de Balbine fut donné à une basilique de l'Aventin, qui est mentionnée en 595 comme titulus sanctae Balbinae202. On ne peut rien dire de plus sur l'éponyme du cimetière et de la basilique. Au moyen âge le chapitre de Saint-Pierre reçut le patronage de cette basilique. C'est sans doute la raison qui fit inscrire le nom de Balbine au calendrier du Vatican. Comme on ne le trouve ni dans le passionnaire, ni dans le missel du Latran, il a peut-être été reçu dans le calendrier et VOrdo sous l'influence de Saint-Pierre.

29 La Va Decollatio sancii Iohannis Baptistae (M Ν Ο Ρ Q R)

L'évangéliaire romain de 645 annonce au 30 août, après le natale des saints Félix et Adauctus, Et depositio Helisaei et decollatio sancii Iohannis Baptistae (LK 36). La double mention d'Elisée et de Jean Baptiste révèle clairement l'origine de la fête du Précurseur. A Samarie on vénère, en effet, au témoignage de saint Jérôme, les tombeaux des prophètes Abdias et Elisée avec celui de Jean-Baptiste203. Sous la basilique, qui fut érigée en l'honneur de Jean-Baptiste, les reliques d'Elisée et de Jean étaient conservées dans «deux châsses recouvertes d'or et d'argent, devant lesquelles brûlaient perpétuellement des lampes», comme le rapporte un document du début du 6e siècle204. Aujourd'hui encore on peut voir le lieu qu'elles occupaient dans la crypte de l'église du 12e siècle, bâtie sur l'emplacement de la basilique byzantine, tandis que le souvenir de la découverte de la tête du Précurseur est rattaché à une autre église, de moindre dimension, qui se trouve à quelque distance, près du Forum. En 1931, on a mis à jour dans cette dernière des fresques très abîmées représentant la décapitation de Jean et la découverte de sa tête205. La fête de la Décollation de saint Jean Baptiste est incontestablement liée à ces sanctuaires. Le lectionnaire de Jérusalem du début du 5e siècle en fait déjà mention (LJ 358). Byzantins et Syriens d'Antioche la célèbrent le 29 août (CB 387, CO 340), les Coptes le font le 30, parce que le 29 est le jour du Nouvel An (CC 60), et les Arméniens le samedi de la 3e semaine après la Dormition de la Théotokos (CO 331). En Occident, le martyrologe hié- ronymien annonce la fête à la même date, en faisant mention de Sebaste: In Provincia Palestina cixitate Sebastea natale sancii Iohannis Baptistae, qui passus est sub Herode rege (ΜΗ 474). Elle dût être instaurée à Rome sous le pape Théodore (642-649), qui était d'origine palestinienne206. On la trouve dans le sacramentaire Paduense (SGr 656) et le Géla- sien (SGé 156) mais, au siècle suivant, VHadrianum l'ignore encore.

202 C. Huelsen, Le Chiese di Roma, I.e., p. 125. 203 D. Baldi, Enchiridion locorum sanctorum, Jérusalem 1955, p. 231. Voir Jérôme Epist. 46, P.L.

22, col. 491, Comment, in Abdias, P.L. 25, col. 1099. 204 Ibid., p. 232. Cf. P.O. 8, p. 70. 205 F. Zayadine, Samarie, dans Bible et Terre Sainte, n° 121 (1970), pp. 13-14. 206 A. Chavasse, Le sacramentaire gélasien, I.e., pp. 369-375.

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Aux 11e et 12e siècles, le titre de Decollano à prévalu à Rome sur celui de Passio que donnaient les sacramentaires du 7e. Le sacramentaire de Saint-Tryphon dit Revelatio capitis, insistant sur l'invention de la relique (fol. 209v). Il a en commun avec le collée - taire de Saint-Pierre (fol. 154) à la fois le titre de la fête et une oraison dans laquelle on demande à Dieux ex eius imitatione veritatis fortes testes existere. L'antiphonaire de Saint- Pierre renvoie au commun d'un Martyr, à l'exception des deux antiennes du cantique (Q 168-169).

La S. Sabinae, virginis (M Ν Ο Ρ) Va S. Savinae (Q R)

Sabine est la fondatrice d'un titre sur l'Aventin, auquel Pierre d'Illyrie substitua une basilique au temps du pape Célestin (422-432). Elle devait devenir sainte Sabine dans le cours du 6e siècle, comme les autres fondateurs et fondatrices des tituli romani. Une Passio sanctarum Serapiae et Sabinae en fait une martyre et donne le 29 août pour son natale. C'est ce jour-là que le Hiéronymien en fait mention (MH»474) et que saint Grégoire le Grand célébrait sa fête207. On en trouve le formulaire, au milieu du 7e siècle, tant dans l'évangéliaire (LK 36) que dans le sacramentaire grégorien (SGr 656). Sainte Sabine a toujours été célébrée à Rome "depuis lors.

30 La Va Sanctorum Felicis et Adaucti, martyrum (M Ν Ο Ρ R )

Les saints Félix et Adauctus sont des martyrs du cimetière de Commodille, sur la via Ostiense, dont le martyrologe hiéronymien fait mention en ce jour (MH 476). Dans leur petite basilique cimétériale, plusieurs peintures votives les représentent. Ces peintures remontent au 6e siècle. Dans l'une d'elles on voit la Vierge Marie assise avec l'Enfant sur ses genoux, Félix est à sa gauche, Adauctus à sa droite. Celui-ci présente à Marie une défunte du nom de Turtura208. Le sacramentaire de Vérone donne 7 formulaires de messes pour le natale des saints Adauctus et Félix (SV 100-103). L'évangéliaire de 645 (LK 36) et le sacramentaire grégorien (SGr 657) connaissent aussi cette fête, qui appartient depuis lors au sanctoral romain.

31 Va Sancii Paulini, episcopi (R)

Saint Paulin, évêque de Trêves, mourut exilé en Phrygie, lors de la crise arienne (+ 358). Son nom est inscrit dans les calendriers de Saint Gall (CSG 15), mais sa fête ne

207 Grégoire Le Grand, Registrum epistolarum, XIII, 2; édit. Ewald- Hartmann, I.e., tome 2, p. 367.

208 Reproduction (en noir) de cette fresque dans D.A.C.L., article Commodille (Catacombe de), tome 3, col. 2415-2416.

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semble pas avoir été célébrée en dehors des Pays alémaniques. On sait que l'époque carolingienne vit naître autour de Saint-Pierre, dans le Borgo, plusieurs établissements d'origine germanique, scholae des Saxons, des Frisons, des Francs, auxquelles succédèrent des hospices pour l'accueil des pèlerins. Le Campo santo teutonico en demeure le témoin. Il est possible que l'inscription éphémère de l'émule de saint Hilaire et de saint Eusèbe de Verceil au calendrier du Vatican, à fin du 12e siècle, soit due à cette influence.

Septembre

1 La Va Sancii Egidii, abbatis (Ο Ρ R)

Le nom de saint Gilles apparaît seulement dans la seconde recension du martyrologe d'Usuard (MU 295) vers 875. On le trouve ensuite dans les Addimenta du Hiéronymien (MH 483), car le culte du fondateur de l'abbaye Saint-Gilles, en Languedoc, devait se répandre à partir du 10e siècle et surtout aux 11e et 12e. L'importance de l'abbaye, qui constituait une étape pour les pèlerins de Rome et de Compostene, y contribua autant que la légende du saint, si haute en couleurs qu'elle se présente. Ce culte se développa largement en Italie, où de nombreuses églises lui furent dédiées.

A Rome, l'église Saint-Gilles, proche du Vatican, n'est attestée littérairement qu'au 13e siècle, mais elle est certainement antérieure. En tout cas, c'est au 12e que le nom du saint apparaît dans le collectaire de Saint-Pierre (fol. 154v) et le sacramentaire de Saint- Tryphon (fol. 111), avant d'être inscrit aux calendriers du Latran et du Vatican. Dans le passionnaire du Latran sa légende constitue une addition (fol. 343). La Sanctorum Duodecim Fratrum (O)

La légende a fait des frères selon le sang de douze martyrs, dont les corps sont vénérés depuis 760 dans l'église Sainte-Sophie de Bénévent. Leur fête constitue l'une des caractéristiques du calendrier bénéventin, mais elle est restée assez localisée dans le sud de l'Italie jusqu'au jour où son inscription au calendrier du Latran devait servir de tremplin à sa diffusion. C'est alors que les martyrologes commenceront à la mentionner. Certains penseront même pouvoir donner les noms des douze martyrs, à la suite de la Passio qui avait été composée pour justifier leur groupement (MUA 462).

A Rome, la fête des Douze Frères apparaît au 12e siècle dans le collectaire de Saint- Pierre (fol. 155) et le sacramentaire de Saint-Tryphon (fol. 111) comme celle de saint Gilles. Dans le martyrologe de Saint-Pierre la mention du natale duodecim fratrum constitue une addition ultérieure.

2 La Sancii Antonini, martyris (Ο Ρ)

Les synaxaires byzantin et arménien évoquent le 9 novembre le martyre à Apamée (Syrie) d'un jeune homme de vingt ans nommé Antonin (MH 485). Le martyrologe hiéro-

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LE COMMENTAIRE HISTORIQUE ET LITURGIQUE : SEPTEMBRE 285

nymien en fait mention le 3 ou le 4 septembre, selon les manuscrits (MH 484), suivi par les martyrologes du 9e siècle, qui optent pour le 3 (MF 215, MA 438, MU 296). Mais, certains manuscrits du Hiéronymien ayant transcrit Campania au lieu de Apamia, Usuard s'en est autorisé pour faire d'Antonin un enfant martyr de Capoue.

Il semble que des reliques de saint Antonin aient été apportées au 6e ou au 7e siècle dans la Gaule méridionale. Au 10e siècle, on les vénérait à l'abbaye de Fredelas, qui devait plus tard prendre le nom & Apamia (Pamiers) en l'honneur de son saint titulaire. Saint Antonin était vénéré des deux côtés des Pyrénées. Il est inscrit dans l'ensemble des calendriers hispaniques édités par Férotin (CM 476-477) et sa fête connut une certaine diffusion en France aux 11e et 12e siècles (Leroquais 3,339). Elle est inscrite aussi dans les calendriers de Saint-Gall de cette époque. A Rome, elle apparaît au 12e siècle dans le col- lectaire de Saint-Pierre (fol. 155), le passionnaire du Latran (fol. 85v-90) et le sacramen- taire de Saint-Tryphon (fol. 1 1 1), qui joint le nom d'Antonin à celui de Zenon, martyr de Nicée (MH 484). Cette dernière mention peut nous aider à éclairer les origines de la fête romaine de saint Antonin. En effet, certaines traditions, auxquelles Baronius fait écho209, mettent le martyr Zenon en relation avec Capoue, comme Usuard l'avait fait pour Antonin. C'est donc plus vraisemblablement de Capoue que des pays transalpins que la fête de saint Antonin est parvenue à Rome, où le nom du martyr syrien fut inscrit au calendrier du Latran et ajouté au martyrologe de Saint-Pierre. Saint Antonin avait son autel au Latran près de l'entrée de la basilique {infra, p. 374).

8 La Va Nativitas beatae Mariae (M Ν Ο Ρ Q R) Sancii Adriani, martyris (Ο Ρ Q R)

Comme l'Assomption, la Nativité de Marie est une fête d'origine hiérosolymitaine. Elle se rattache à la dédicace de la basilique élevée dans le premier quart du 5e siècle210 sur l'emplacement de la Piscine probatique, là où l'on croyait pouvoir localiser la naissance de Marie211. Cette fête fut reçue à Byzance au 6e siècle et elle se répandit dans tout l'Orient. Elle dût pénétrer à Rome dans la seconde moitié du 7e siècle212.

En ce qui concerne le formulaire de la fête de la Nativité de la Vierge Marie à Rome au 12e siècle, relevons qu'au Latran on continue à lire l'épître Ego quasi vitis fructificavi, comme en témoigne le missel (fol. 353) aussi bien que le lectionnaire. Mais celui-ci porte une note marginale: Ista epistola legitur in vigilia Assumptionis B. Mariae. Libri Sapientiae.

209 Martyrologium romanum . . . Accesserunt notationes auctore Caesare Baronio, I.e., pp. 435. 210 En 427, un édit de Théodose II défendit de mettre des croix dans les décorations des sols par

respect pour le signe de la rédemption. Or, la croix est le motif principal de la mosaïque du marty- rion de la Probatique.

211 D. Baldi, Enchiridion locorum sanctorum, I.e., pp. 720-736. 212 A. Chavasse, Le sacramentaire gelösten, I.e., pp. 375-402.

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Dominus possedit me. Au siècle précédent, l'épistolier de Saint-Saba avait déjà accueilli la lecture Dominus possedit me (fol. 162), dont l'appropriation à la Vierge Marie ne semble pas antérieure au 10e siècle213. Comme évangile, le missel du Latran adopte la Genealogia selon saint Matthieu, qu'avait choisie le lectionnaire romano-franc de Murbach (fin du 8e siècle), alors que la lecture romaine primitive était celle de la Visitation {Le 1,39- 47).

L'évangéliaire de 645, qui ne connaît pas encore la fete de la Nativité de Marie, annonce au 8 septembre le natale de saint Adrien (LK 37). C'est que le pape Honorius (625-638) venait de dédier l'antique salle des délibérations du Sénat au culte chrétien sous le vocable de saint Adrien214. On ignore ce qui motiva le choix de ce martyr comme titulaire. Il s'agit vraisemblablement de celui dont le calendrier byzantin fait mention le 26 août avec son épouse Nathalie et plusieurs compagnons (CB 385) et dont le martyrologe hiéronymien annonce la passion à Nicomédie le 4 mars avec vingt-trois compagnons (MH 125). Lorsque le pape Sergius Ier (687-701) décréta qu'une procession litanique solen- niserait les quatre fêtes du 2 février, du 25 mars, du 15 août et du 8 septembre, il fixa la basilique du Forum comme point de départ de cette procession: Letania exeat a sancto Hadriano et ad sanctam Mariam populus occurrat215. Au 12e siècle, elle se déroulait tou- jurs, au témoignage du chanoine Benoît, mais les chanoines du Latran n'y participaient pas. Ils se contentaient de la faire dans leur cloître (P 153). Le missel donne les trois oraisons de saint Adrien après le texte de la messe de la Nativité de Marie (fol. 355v).

9 La Va Sancii Gorgonii, martyris (Ν Ο Ρ R)

Saint Gorgon est un martyr dont la Depositio Martyrum de 354 annonce aujourd'hui le natale sur la via Labicana (CR 4e, 12). Les Itinéraires du 7e siècle indiquent sa tombe dans le cimetière inter Duas Lauros (MH 497-498). Le sacramentaire gélasien est le seul document romain des 7e-8e siècles à donner le formulaire de sa fête (SGé 158). Mais on la trouve dans les sacramentaires gélasiano-francs et les manuscrits francs de l'antiphonaire à la fin du 8e siècle et au 9e (S 8e 179; antiph. Hesbert p. 155). Le nom de Gorgon apparaît à nouveau à Rome dans l'évangéliaire du 10e siècle (CR 10e, 132) et, au 11e siècle, dans le collectaire de Saint-Anastase avec l'oraison gélasienne du 7e siècle (fol. 118v). Au 12e siècle, il est attesté par le passionnaire du Latran (fol. 99) et le sacramentaire de l'Archivio de Sainte-Marie-Majeure (fol. 131), puis par les calendriers du Latran et du Vatican. A partir de l'époque carolingienne, le culte de saint Gorgon s'était répandu à travers tout l'Occident. On en trouve mention aussi bien dans les calendriers anglais et alémaniques que dans les sacramentaires des Pays francs. La région lotharingienne le vénérait spécia-

213 B. Capelle, Travaux liturgiques, tome 3, Louvain 1967, p. 320. 214 L. Duchesne, Le Liber Pontificalis, le, tome 1er, p. 324. 215 Ibid., p'. 376.

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LE COMMENTAIRE HISTORIQUE ET LITURGIQUE : SEPTEMBRE 287

lement à l'abbaye de Gorze, où saint Chrodegang avait apporté ses reliques, qu'il avait obtenues du pape Paul Ier (vers 760).

10 La Sancii H ilari, papae et confessons (0 P)

Alors que le Liber Pontificalis ne donne pas le jour de la mort du pape Hilaire, le martyrologie hiéronymien l'annonce au 10 septembre (MH 499). C'est le même jour qu'il en est fait mention dans le calendrier de Mantoue (CM 1263) et le martyrologe de Vienne (MV 178), ainsi que chez Usuard (MU 301), tandis que les autres martyrologes de l'époque carolingienne passent sous silence le nom d'Hilaire. L. Duchesne pense que le successeur de saint Léon le Grand mourut le 29 février 468.

11 La Va Sanctorum Proti et Yacinthi, many rum (M Ν Ο Ρ R)

En 1845, on découvrit au cimetière de Basilla, sur la via Salaria ancienne, une tombe intacte avec l'inscription d(E)P(OSITUS) m idvs sept(M)br(es) yacintus martyr216. C'est la date à laquelle le Hiéronymien annonce la déposition des martyrs Prote et Yacinthe (MH 501) et le lieu où les Itinéraires indiquent leur sépulture. Au 6e siècle, les deux saints étaient représentés dans la procession des martyrs à Saint-Apollinaire-le-Neuf de Ravenne et, au 7e siècle, aussi bien l'évangéliaire (LK 37) que le sacramentaire grégorien (SGr 658) donnent le formulaire de leur fête. Elle a toujours été célébrée à Rome depuis lors.

14 La Va Exaltatio sanctae Crucis (M Ν Ο Ρ Q R) Sanctorum Cornelii et Cypriani, martyrum (M Ν Ο Ρ Q R)

L'Exaltation de la sainte Croix se rattache à la fête de la Dédicace (Encénies) des édifices constantiniens du Golgotha, PAnastasis et le Martyrium, qui eut lieu le 13 septembre 335. Cinquante ans plus tard, la fête était célébrée pendant huit jours par plus de cinquante évêques et une foule de pèlerins. On rattachait à cette date la découverte de la Croix217. C'est pouquoi, le 14 septembre, on proposait le bois de la Croix à la vénération du peuple (LJ 362). La fête ne tarda pas à se répandre dans tout l'Orient, où elle devait constituer une des articulations de l'année liturgique.

216 P. Testini, Archeologia cristiana, I.e., p. 262. 217 Ethérie, Journal de voyage, edit. H. Pétré, I.e., p. 265. Il ne semble pas que le choix du 13

septembre pour faire la dédicace des édifices chrétiens du Golgotha ait été fortuit. C'est en effet au septième mois, lors de la fête des Tentes, que Salomon avait célébré la dédicace du Temple (/ Rois 8,2 et 65). Pour les Chrétiens YAnastasis et le Martyrium étaient vraiment le nouveau Temple de Jérusalem. Alors qu'ils multiplièrent les basiliques sur les lieux théophaniques de l'Ancien et du Nouveau Testament, ils laissèrent à l'abandon l'enceinte du Temple sur laquelle planait pourtant le souvenir de Jésus et des Apôtres.

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288 LES CALENDRIERS DU LATRAN ET DU VATICAN À LA FIN DU XIIe SIÈCLE

A Rome, le pape Symmaque (498-514) avait aménagé dans la basilique vaticane un oratoire, où l'on conservait un fragment de la sainte Croix. C'est là qu'apparaît, au 7e siècle, la vénération de la Croix le 14 septembre. Le sacramentaire grégorien Paduense contient une oraison ad crucem salutandam in sancto Petro (SGr 659). A la fin de ce siècle, le pape Sergius découvrit dans la sacristie de Saint-Pierre un reliquaire dans lequel se trouvait un fragment mirae magnitudinis de la croix du Seigneur. Il le transporta au Latran, où depuis lors, dit le rédacteur du Liber Pontiflcalis, ab omni populo christiano, die Exaltationis sanctae Crucis, osculatur ac adoraturm. C'est ainsi que les basiliques du Vatican et du Latran sont liées aux origines romaines de la fête de la sainte Croix.

Mais, dès le 4e siècle, on fêtait, ce jour-là, les saints Corneille et Cyprien. La Deposi- tio Martyrum de 354 annonce: Cypriani Africae. Romae celebratur in Callisti (CR 4e, 12). L'évêque Cyprien avait été décapité à Carthage le 14 septembre 258. A Rome, on célébrait son natale dans la crypte de son ami le pape Corneille, qui était mort exilé à Cen- tumcellae (Civita- Vecchia) en juin 253. Le martyrologe hiéronymien cite leurs deux noms (MH 505) et le sacramentaire de Vérone fournit deux formulaires pour la messe de leur fête (SV 103-105). Elle a toujours été célébrée à Rome depuis lors.

Au 12e siècle, les chanoines du Latran et du Vatican avaient un officium mixtum: les deux premières nocturnes étaient des saints Corneille et Cyprien; le troisième nocturne, les laudes matutinales et les vêpres de la sainte Croix (Q 173, Ρ 153). Le missel du Latran donne le texte intégral de la messe des Martyrs après celui de l'Exaltation de la Croix (fol. 357v). Au début du siècle, le passionnaire faisait encore passer la Passio des Martyrs (fol. 114-116v) avant la lecture relative à l'Exaltation de la Croix (fol. 116v-118).

15 La Va Sancii Nicomedis, martyris (Ν Ο Ρ R)

Le lectionnaire du Latran et le calendrier du Vatican ont déjà donné le nom de saint Nicomède de 1er juin pour l'anniversaire de la dédicace de sa basilique cimétériale au début de la via Nomentana. C'est aujourd'hui le natale du martyr. Si tous les manuscrits du Hiéronymien n'en font pas mention (MH 510), l'évangéliaire de 645 (LK. 38) et le sacramentaire grégorien (SGr 659) témoignent de la célébration de sa fête à Rome depuis le 7e siècle.

16 La Va Sanctae Euphemiae, virginis (Ν Ο Ρ R) Sanctorum Luciae et Geminiani, martyrum (Ν Ο Ρ R)

Sainte Euphémie de Chalcédoine subit le martyre le 16 septembre 303, comme l'attestant les Fastes consulaire dits de Vienne (MH 511). C'est ce jour-là qu'elle est fêtée aux rites byzantin (CB 37), syrien (CO 339) et copte (CO 335). Le concile de Chalcédoine

218 L. Duchesne, Le Liber Pontiflcalis, Le. tome 1er p. 102.

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LE COMMENTAIRE HISTORIQUE ET LITURGIQUE : SEPTEMBRE 289

se tint dans sa basilique, ce qui contribua beaucoup à la diffusion de son culte. Il est attesté à Rome au 6e siècle par le sacramentaire de Vérone, qui lui consacre 4 formulaires (SV 105 et 103 n° 826). On trouve sa messe dans le sacramentaire grégorien (SGr 659), tandis que l'évangéliaire de 645 unit les noms de Lucie et d'Euphémie (LK 38). Quant au sacramentaire gélasien, il annonce le natale de sainte Euphémie le 13 avril (SGé 136), date qui est en relation avec la basilique Sainte-Euphémie du vicus Patricius219 .

La plus ancienne attestation d'une fête romaine de sainte Lucie au 16 septembre remonte à l'évangéliaire de 645 qui annonce Luciae et Euphemiae, comme on vient de le dire. Cette fête commémore la dédicace par le pape Honorius (625-638) de la diaconie in Silice placée sous son vocable. Un récit fabuleux devait bientôt faire de Lucie une martyre romaine et lui adjoindre un compagnon du nom de Géminien. La fête de Lucie et Géminien apparaît dans les sacramentaires gélasiano-francs du 8e siècle (S 8e 184) et YHadrianum (SGr 273). Le capitulare devait continuer à associer Euphémie et Lucie jusqu'au 10e siècle, où apparaissent les trois noms d'Euphemiae, Luciae et Geminiani (CR 10e, 132). Parmi les documents du 11e siècle, Β a 2 formulaires pour Euphémie et pour Lucie-Géminien, tandis que A et C les réunissent (CR 11e, 140). Au 12e, L célèbre Euphémie seule, G Lucie et Géminien seuls, H I J les réunissent (CR 12e, 151). Alors que l'antiphonaire du Vatican ne mentionne aucun des trois martyrs, le missel du Latran distingue les deux formulaires conformément à la tradition (fol. 359v). C'est par erreur que le passionnaire du début du siècle insère la passion de Lucie et Géminien entre l'Exaltation de la Croix et sainte Euphémie avec la mention eodem die (fol. 118).

20 La Vigilia sancii Matthei (M Ν)

21 La Va Sancii Matthei, apostoli et evangelistae (M Ν Ο Ρ R)

La fête de saint Matthieu apparaît à Rome avec le capitulare evangeliorum du 9e siècle (CR 9e 127), qui peut provenir de la basilique érigée sur la via Merulana dès le 5e siècle en l'honneur de l'Apôtre et Evangéliste. Fixée au 21 septembre en accord avec le martyrologe hiéronymien (MH 2-4.520), elle ne dût guère se répandre en dehors de l'église titulaire avent les 10e-l Ie siècles, comme les autres fêtes d'Apôtres (CR 11e, 140). Dès le 8e siècle, la fête de saint Matthieu était dotée d'une vigile en Pays francs (S 8e 185). On trouve les deux formulaires in vigilia et infesto dans nombre de sacramentaires grégoriens de la seconde moitié du 9e siècle (SGr 702). Ils devaient passer dans les livres liturgiques romains du 11e et du 12e siècle sans subir de modification. Dans le missel du Latran, si les lectures de la fête sont Ez. 1,10-14 et Mt 9,9-13, qui devaient demeurer celles du missel romain, on trouve pour la vigile Prov. 3,13-20 (en accord avec l'épistolier M)et Marc 2,14-17 (fol 360).

219 A. Chavasse, Le Sacramentaire gélasien, Le, pp. 368-369.

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290 LES CALENDRIERS DU LATRAN ET DU VATICAN À LA FIN DU XIIe SIÈCLE

Les Eglises d'Occident sont seules à commémorer saint Matthieu le 21 septembre. Les Byzantins et les Syriens le font le 16 novembre (CB 104, Nilles I, 463), les Coptes le 9 octobre (CC 75).

22 La Va Sanctorum Mauritii et sociorum eius (M Ν Ο Ρ R)

La Passio des Martyrs d'Agaune, en Valais, qui est attribuée à saint Eucher, évêque de Lyon, date du milieu du 5e siècle. C'est d'elle qu'est tributaire le martyrologe hiérony- mien quand il annonce le natale sanctorum Mauricii, Exsuperii, Candidi, Victoris, Innocenta, Vitalis cum sociis eorum sex millibus sexcentis sexaginta sex martyribus (MH 521). A sa suite tous les martyrologes ultérieurs devaient faire écho à ce récit. On trouve la messe des Martyrs d'Agaune en Bourgogne vers l'an 700 et, un siècle plus tard, à Angou- lême220. Dans la seconde moitié du 9e siècle, elle apparaît assez fréquemment dans les sacramentaires francs (SGr 702). A partir de cette époque, la fête se répand non seulement en France (Leroquais 3,388) et en Pays alémaniques (SSG 16). mais aussi en Angleterre, en Espagne221 et en Italie (Ebner 478). Rome se laisse moins vite gagner au culte de saint Maurice et de ses compagnons, puisqu'il n'y apparaît qu'au 12e siècle avec le sacra- mentaire de Saint-Tryphon. Celui-ci reprend les oraison du sacramentaire d'Angoulême (fol. 114). Le missel du Latran ne donne que les oraisons, et encore les emprunte-t-il au Commun (fol. 362). Dans la basilique vaticane, où l'on célébrait également sa fête, il y avait un autel de saint Maurice devant lequel l'empereur était oint lors de son couronnement. Au 12e siècle, le chanoine Pierre di Mallio voyait déjà dans cet usage une antiqua consuetudo222 .

li La Va Sancii Lini, papae et martyris (Ο Ρ R)

A la suite du Liber Pontificalis223, le calendrier de Mantoue (CM 1263) et le martyrologe de Vienne (MV 178) ont inséré la mémoire de saint Lin au 23 septembre. Mais Bède mentionne Lin dans son martyrologe le 7 octobre (MB 55), tandis que Florus, Adon et Usuard le font au 26 novembre (MF 318, MA 471, MU 349). Dans les deux cas il s'agit, selon H. Quentin, d'une mauvaise lecture du Hiéronymien, qui inscrit à ces jours-là un Marcellinus (MH 543, 621). Plusieurs calendriers et certains manuscrits hiéronymiens du 11e siècle optent pour la date du Liber Pontificalis224. C'est elle qu'adoptent, au 12e, les calendriers du Latran et du Vatican.

220 Le sacramentaire gélasien d'Angoulême, édit. P. Cagin, Angoulême 1919, p. 94. 221 Sacramentarium Rivipullense, édit. A. Olivar, I.e., p. 175. 222 P. di Mallio, Descriptio basilicae vaticanae, 10; édit. R. Valentini G. Zucchetti I.e., p. 390.

Voir ci-après pp. 391-392. 223 L. Duchesne, Le Liber Pontificalis, I.e., tome 1er, p. 121.

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LE COMMENTAIRE HISTORIQUE ET LITURGIQUE : SEPTEMBRE 291

Si l'Eglise de Rome n'a pas fêté avant cette époque le successeur immédiat de saint Pierre, il ne faut pas oublier qu'elle en fait mention chaque jour dans le Canon de la Messe depuis le temps de saint Grégoire le Grand.

La Va Sanctae Theclae, virginis (0 R)

Bien que le prêtre qui avait écrit les Acta Pauli et Theclae ait été dégradé, au dire de Tertullien, pour avoir fait ce roman, la basilique de sainte Thècle près de Séleucie n'en attirait pas moins les foules aux 4e et 5e siècles, et le culte de «la première femme martyre» se répandit dans tout l'Orient. L'Eglise byzantine célèbre sa fête le 24 septembre, les Syriens d'Antioche le 23 ou le 24, les Coptes le 4 décembre et le 19 juillet (CB 44, CO 340, CC 97 et CO 336). Elle est inscrite au 16 septembre dans le calendrier de Carthage (CA 71). Le martyrologe hiéronymien en fait mention le 23 septembre (MH 523), suivi par Bède (MB 93) et les martyrologes du 9e siècle. Le culte de Thècle connut une certaine diffusion en Occident, en commençant par les Pays alémaniques (CSG 16). La France s'y ouvrit surtout au bas moyen âge (Leroquais 3,417). Si le nom de Thècle n'apparait dans le sanctoral romain qu'au 12e siècle avec le passionnaire du Latran (fol. 137), on trouve au Vatican un monastère érigé sous son vocable au début du 11e225. A la fin du 12e, sainte Thècle est fêtée à la fois au Latran et au Vatican. Les Itinéraires du 7e siècle conduisaient les pèlerins à une basilique de sainte Thècle sur la via Ostiense, non loin de Saint-Paul (I 316). Mais il s'agit d'une martyre romaine homonyme. Le petit cimetière qui contient la crypte de Thècle remonte à la fin du 3e siècle226.

25 La Sanctae Faustae, virginis et martyris (O P)

La fête de sainte Fausta a dû être introduite au Latran par les chanoines de Saint- Frigdien, bien que son nom soit absent des calendriers de Lucques que l'on connaît. Fausta était la femme de l'évêque de Narni saint Cassius (+ 558). Fausta, consors dulcis- sima vitae, comme l'appelle Cassius dans son épitaphe227, avait précédé son époux près du Seigneur. Lors d'un sac de Narni, les restes de Cassius et de Fausta furent transférés à Lucques (antérieurement au 9e siècle). Une querelle devait s'en suivre entre les deux villes au sujet de leur restitution. Si la légende a fait de Fausta une vierge martyre, c'est en partie en raison d'une confusion entre l'épouse de l'évêque de Narni et une martyre homonyme de Cyzique (près du Pont-Euxin), honorée par les Byzantins le 6 février (CB

224 C'cbt le cas du calendrier du sacramentaire de Ratisbonne (supra, p. 171) et, parmi les exemplaires du Hiéronymien du 11e siècle, du Monacensis lat. 15818 (MH 524). Pour sa part, le martyrologe de Saint-Pierre, héritier de Bède, conserve la date du 7 octobre.

225 C. Huelsen, Le Chiese di Roma nel medio evo, I.e., p. 488. 226 U.M. Fasola, Teda, dans Bibliotheca Sanctorum, I.e., tome 12, col. 181. 227 On en trouve la reproduction dans D.A.CL. art. Narni, tome 12, col. 879-880.

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292 LES CALENDRIERS DU LATRAN ET DU VATICAN À LA FIN DU XIIe SIÈCLE

229) et inscrite par Bède dans son martyrologe au 20 septembre (MB 72). Certains héritiers d'Usuard mentionnent successivement Fausta de Cyzique le 20 septembre et Fausta de Narni le 25 (MUA 502). Ils qualifient la seconde de vierge, car la légende attribuait à saint Cassius le cliché hagiographique bien connu: sponsam intactam reliquit. Saint Cas- sius est fêté le 13 octobre.

Va Sancii Eustachii, martyris, cum uxore et duobusfiliis (R)

Le natale de saint Eustache était célébré à Rome le 20 septembre au milieu du 8e siècle dans quelques églises, ainsi qu'en témoigne l'évangéliaire de 755 (LK 124). Le saint était titulaire de la diaconie dite in Platano, proche du Panthéon, qui existait déjà au temps du pape Grégoire II (715-731). Aucun autre document romain ne devait y faire allusion jusqu'à ce qu'on rencontre, au même jour, la mention de saint Eustache, «avec sa femme et ses fils», dans le martyrologe de Saint-Pierre du 11e siècle puis, au 12e, dans le calendrier de la même basilique. Au Latran, on ne trouve qu'un seul témoin du culte de saint Eustache et de ses compagnons, le passionnaire du début du 12e siècle qui consacre six pages à leur Passio le 20 septembre (fol. 127-133). C'est le même jour qu'à Byzance on célébrait, depuis au moins le 10e siècle, «les saints martyrs Eustathe, sa femme, et leurs enfants Théopiste et Agapios» (CB 41). Tant à Byzance qu'à Rome, la fête était tributaire d'une Passion aux épisodes invraisemblables, qui devait avoir une ample diffusion dans les derniers siècles du moyen âge. Le texte, traduit en de nombreuses langues, avait été rédigé initialement en grec, mais il est impossible d'identifier le personnage qui a pu servir de support à l'affabulation. Etait-il romain ou oriental? A-t-il jamais existé?. Nul ne saurait répondre à ces questions. Nous ne saurions dire non plus pourquoi le calendrier de Saint-Pierre a transféré la fête du 20 septembre au 25.

26 La Sanctorum Cypriani, episcopi et martyris, et sanctae Iustinae, virginis et martynis (OP)

Dès la fin du 4e siècle, la légende avait fait un magicien de saint Cyprien, l'évêque martyr de Carthage. Le roman de Cyprien et de Justine, dans lequel le mage devient évê- que d'Antioche, constitue l'un des récits fabuleux imaginés autour de son nom. Il eut le plus grand succès en Orient, tandis qu'il devait se répandre en Occident surtout durant les 14e et 15e siècles. Le rite byzantin célèbre saint Cyprien et sainte Justine le 2 octobre (CB 59). Bède les inscrivit dans son martyrologe au 26 septembre (MB 71), suivi par Flo- rus (MF 441), Adon (MA 485) et Usuard (MU 309). A Rome, au 11e siècle, le collectaire de Saint-Anastase distingue le natale de saint Cyprien de celui de sainte Justine et attribue une oraison propre à chacun d'eux (fol. 120). Au siècle suivant, on lit leurs Actes dans le passionnaire du Latran (fol. 141v - 145v) et leurs noms apparaissent au calendrier de la basilique. Un événement dût contribuer à y enraciner leur culte. Lorsque le pape Anastase IV (1153-1154) transforma le portique du baptistère pour ériger dans son abside

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LE COMMENTAIRE HISTORIQUE ET LITURGIQUE : SEPTEMBRE 293

gauche un autel en l'honneur des saintes Rufine et Seconde, on découvrit en cet endroit (?) les reliques de Cyprien et de Justine. Le pape décida de les déposer sous l'autel de l'abside de droite, qui a conservé ses mosaïques antiques. Il dédia l'autel à saint André et sainte Lucie, mais voulut célébrer cette dédicace le 26 septembre228.

27 La Va Sanctorum Cosmae et Damiani, martyrum (M Ν Ο Ρ Q R)

Les saints Corne et Damien sont des martyrs de Cyr, près d'Alep en Syrie. La légende a fait d'eux des frères médecins, qui soignaient sans argent, des anargyres, sans doute en référence aux miracles qui foisonnaient autour de leurs reliques. Aussi vit-on surgir un peu partout des basiliques en leur honneur au cours des 5e et 6e siècles: à Cos- tantinople, à Jérusalem, à Edesse, en Cappadoce, en Egypte, en Sardaigne229. Les Eglises d'Orient célèbrent leur fête aux dates les plus diverses: le 6 avril, le 16 juin, le 14 août et le 12 octobre chez les Syriens (CO 339), le 1er juillet chez les Byzantins (CB 329), le 18 novembre chez les Coptes (CC 91). Les calendriers hispaniques la mentionnent le 22 octobre (CM 482-483).

Le martyrologe hiéronymien annonce au 27 septembre: Romae natale sanctorum Cosmae et Damiani (MH 529). Il s'agit du natale de leur basilique du Forum sur le bord de la via Sacra. Le pape Félix IV (526-530) plaça en effet sous leur vocable un édifice antique qu'il voulait dédier au culte chrétien230. La mosaïque absidiale du 6e siècle s'est conservée jusqu'à nos jours; elle exprime la confiance du Peuple romain: Martyribus medicis populo spes certa salutis fecit. Mais, avant même le pape Félix IV, Symmaque (498-514) avait érigé un oratoire en l'honneur des Anargyres sur l'Esquilin231. Le culte des saints Corne et Damien est attesté au 7e siècle tant par les sacramentaires grégorien (SGr 661) et gélasien (SGé 159) que par l'évangéliaire de 645 (LK 39). Il s'est toujours perpétué à Rome depuis lors.

29 La Dedicatio sancii Michaelis, archangeli (M Ν Ο Ρ) Va Dedicatio sancii Michaelis, archangeli (Q)

Memoria sancii Michaelis, archangeli (R)

On célèbre aujourd'hui la dédicace de la basilique élevée en l'honneur de l'Archange saint Michel au 7e mille de la via Salaria, près de l'actuelle agglomération de Fidene, sur la colline de Castel Giubileo, appelée jusqu'au 14e siècle mons sancii Angeli. Bâtie vrai-

228 Jean Diacre, Descriptio lateranensis ecclesiae, 11; édit. R. Valentini-G. Zucchetti, I.e., p. 353. 229 Vies des Saints et des Bienheureux, I.e., tome 9, p. 552. 230 L. Duchesne, Le Liber Pontificate, I.e., tome 1er, p. 279. 231 Ibid., p. 262.

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294 LES CALENDRIERS DU LATRAN ET DU VATICAN À LA FIN DU XIIe SIÈCLE

semblablement au 5e siècle, visitée par les pèlerins du 7e siècle, cette basilique a disparu à une époque inconnue et sans laisser de trace. Mais c'est autour de sa dédicace, attestée par le martyrologe hiéronymien (MH 532), qu'a pris corps le culte liturgique de l'Eglise romaine envers saint Michel et tous les saints Anges. Au 6e siècle, le sacramentaire de Vérone consacre 5 formulaires de messe à cette fête (SV 106). Au 7e, l'épistolier annonce le natale sancii Angeli (LW 62) et l'évangéliaire la dedicatio ecclesiae sancii Angeli (LK 39), tandis que les sacramentaires en donnent les oraisons (SGr 661, SGé 159). La date semble alors si marquante, que tous les dimanches qui viennent après, jusqu'à l'Avent, sont appelés dans le sacramentaire de Padoue dominicae post sancii Angeli (Sgr 662-667).

Dans la Rome du 12e siècle saint Michel était titulaire de huit lieu de culte. Près du Vatican on trouvait l'église Saint-Michel in Sassia ainsi que l'oratoire du Château Saint- Ange et, au patriarchium du Latran, l'oratoire du bienheureux Archange érigé avec magnificence par le pape Léon III232.

30 La Va Sancii Hieronymi, presbyteri et confessons (M Ν Ο Ρ R)

Saint Jérôme mourut à Bethléem le 30 septembre (419 ou 420), comme l'atteste le Chronicon de Prosper d'Aquitaine (MH 534) et il fut inhumé dans une grotte proche de celle de la Nativité de Jésus. C'est à partir du 8e siècle qu'on peut assister au développement de sa fête. Le sacramentaire de Gellone est le premier à la pourvoir d'un formulaire liturgique. De Naples et du Mont-Cassin à la France et l'Angleterre, des Pays alémaniques à l'Espagne, la plupart des calendrier des 9e et 10e siècles annoncent son natale. A Rome, la fete de saint Jérôme apparaît au 1 Ie siècle avec le sacramentaire de Saint-Laurent in Damaso, qui annonce la depositio beati Hieronymi presbyteri (fol. 103), soulignant discrètement, dans la solennité du titre, les liens de Jérôme et du pape Damase. Le col- lectaire de Saint-Anastase lui consacre aussi une oraison (fol. 121). Dans le cours du 12e siècle le collectaire de Saint-Pierre (fol. 160) et le sacramentaire de Saint-Tryphon (fol. 116) ont également des formulaires propres pour la fete de saint Jérôme et le passionnaire du Latran donne sa Vie (fol. 151-155v). Le missel du Latran présente, lui, une anomalie. Il contient seulement le texte des deux lectures: Sg 7,1-14 (Optavi, et datus est mihi sen- sus) pour la première, Matth 5,13-19 (Vos estis sal terme) comme évangile (fol. 365v). La première lecture concorde avec celle du lectionnaire M, qui porte en marge le renvoi à l'épître Testificor, selon l'usage postérieur de la Curie.

232 C. Huelsen, Le Chiese di Roma Le, pp. 388, 58 et 202. L'oratorie du Latran se trouvait près du triclinium de Léon III. L'inscription dédicatoire qui disait: Ad honorem Archangelorum Leo Ter- tius papa fieri iussit a été copiée par Rasponi dans son livre De Basilica et Patriarchio Lateranensi, Roma 1657, p. 10.

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LE COMMENTAIRE HISTORIQUE ET LITURGIQUE : OCTOBRE 295

Octobre

La Sancii Remigli, episcopi et confessons (Ο Ρ)

Le martyrologe hiéronymien annonce la déposition de saint Remi le 15 janvier (vers 530) et plusieurs de ses manuscrits mentionnent le 1er octobre la translation de son corps (MH 42, 535). Bède connaît seulement la. festivitas sancii Remedii, le Ier octobre (MB 55). Florus et Adon font de même, tandis qu'Usuard fixe la déposition de saint Remi au 13 janvier et sa translation au 1er octobre (MU 159, 312). Le calendrier de saint Willibrord (vers 715) et les calendriers de Saint-Gall du 9e siècle (CSG 17) optent pour le 1er octobre, à l'exclusion du 13 ou du 15 janvier. C'est aussi la date à laquelle la fête de saint Remi est mentionnée dans les sacramentaires, le plus ancien étant celui de Drogon de Metz (t 855), célèbre pour ses enluminures. De la seconde moitié du 9e siècle au 12e on peut suivre le développement géographique de la fête à partir de la région champenoise (Lero- quais 1,81) vers l'Allemagne (Fulda, Neider-Altaich) et l'Angleterre (Winchcombe), l'Espagne (Ripoll) et l'Italie (Arezzo), tout en s'implantant profondément en France (Leroquais 3,405; Ebner 483). Souvent au nom de saint Remi sont joints ceux de saint Germain d'Auxerre et de saint Vaast, dont on commémore pareillement la translation (Leroquais 3,369, 421).

Le 1er octobre 1049, le pape saint Léon IX renouvela la dédicace de la basilique Saint-Remi, mais il ne semble pas que la dévotion du pontife envers l'Apôtre des Francs ait contribué à introduire son culte à Rome, car on ne trouve pas mention de sa fête avant son inscription au calendrier du Latran.

La Sancii Eusebii, papae et martyris (O P)

Selon la Depositio Episcoporum de 354, le pape Eusèbe fut inhumé au cimetière de Callixte le 26 septembre (CR 4e, 10). C'est la date où sa mémoire est inscrite au martyrologe de Vienne (Mv 00) et dans la liste additionnelle d'Adon (MA 471). De son côté, le Liber Pontificalis indique la déposition d'Eusèbe au 2 octobre233. Le Hiéronymien lui accorde une double mention, en retenant les deux dates (MH 527, 537), tandis qu'à l'exception d'Adon l'ensemble des martyrologes de l'époque carolingienne passent son nom sous silence. En ce cas, comme en beaucoup d'autres, le Latran se réfère au Liber Pontificalis pour fixer le natale d'un pape. En honorant saint Eusèbe comme martyr, le calendrier et YOrdo s'accordent avec une tradition très ancienne, car le pape Damase dédiait déjà son épitaphe du cimetière de Callixte Eusebio episcopo et martyri (MH 527).

233 L. Duchesne, Le Liber Pontificalis, I.e., tome 1er, p. 167. Il s'agit peut-être d'une simple erreur de transcription: VI non. octob. au lieu de VI kal. octob.

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296 LES CALENDRIERS DU LATRAN ET DU VATICAN À LA FIN DU XIIe SIÈCLE

La Va Sancii Marci, papae et confessons (M Ν Ο Ρ R)

L'épiscopat de Marc, le successeur de Sylvestre, ne dura que quelques mois (18 janvier - 7 octobre 336). Sa déposition au cimetière de Balbine, sur la via Ardeatina, est inscrite dans la Depositio Episcoporum de 354 (CR 4e, 10) et le martyrologe hiéronymien (MH 545). Sa fête était célébrée au 7e siècle, comme l'attestent Pévangéliaire de 645 (LK 40) et le sacramentaire grégorien (SGr 662). Depuis lors elle a toujours appartenu au sanctoral romain.

La Va Sanctorum Sergii et Bachi, martyrum (Ν Ο Ρ R)

Saint Serge, le célèbre martyr de Rosapha (devenue Sergiopolis) en Syrie, et saint Bacchus, le compagnon que lui attribue sa Passion, sont inscrits au martyrologe hiéronymien (MH 541) en ce jour où les Syriens (Nilles 1,460), les Byzantins (CB 63) et les Coptes (CC 75) célèbrent leur natale. Le calendrier de Naples se singularise en inscrivant Serge au 7 octobre et Bacchus au 8 (CN 136). A Rome, ils apparaissent dès le 7e siècle parmi les saints représentés sur les murs de Sainte-Marie-Antique234. Aux 8e et 9e siècles, deux diaconies et deux monastères étaient placés sous leur patronage. L'une des diaco- nies, proche de Saint-Pierre, fut rénovée par Grégoire III (731-741) pour le service des pauvres235; l'autre, située au Forum entre l'arc de Septime Sévère et le temple de Saturne, fut pareillement rénovée par Adrien Ier (772-795) ob eorum martyrum amorem236. Quant aux deux monastères, attestés dans les premières années du 9e siècle, l'un se trouvait près du Latran et l'autre dans le quartier de Subure237. Toutefois les noms des saints Serge et Bacchus n'apparaissent dans les livres liturgiques de la Ville qu'aux 11e et 12e siècles (CR 11e, 141; CR 12e 152). Ils sont mentionnés avant saint Marc dans le calendrier de Saint-Pierre, sans doute en raison des liens qui rattachaient leur diaconie du Vatican à la basilique. Pour sa part, le passionnaire du Latran passe Marc sous silence, il donne seulement la passion des saints Serge et Bacchus (fol. 155v-161).

La Va Sanctorum Dionysii, Rustici et Eleutherii, martyrum (M Ο Ρ R)

Sainte Geneviève fit ériger vers 475 une basilique sur la tombe de saint Denis au vicus Catulliacus, près de Paris. C'est la plus ancienne mention du nom du premier évê- que de Paris. Ce nom apparaît au 9 octobre dans le martyrologe hiéronymien, qui y joint ceux de Rusticus et d'Eleuthère (MH 547). Le prestige de l'abbaye de Saint-Denis, dont

234 D.A.C.L. art. Forum chrétien, tome 5, col. 2022-2023. 235 L. Duchesne, Le Liber Pontiflcalis, I.e., tome 1er, p. 420. 236 Ibid. p. 512. 237 G. Ferrari, Early roman monasteries, I.e., pp. 294-298.

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LE COMMENTAIRE HISTORIQUE ET LITURGIQUE : OCTOBRE 297

le renom fut grand aux 11e et 12e siècles, contribua à la diffusion du culte de son titulaire à travers tout l'Occident. A Rome, sa fête est bien attestée au 1 Ie siècle (A Β C). Elle le demeure au siècle suivant (H J Κ L), ce qui lui permettra de trouver place tout naturellement dans les calendriers du Latran et du Vatican.

Longtemps on crut, sur l'affirmation d'Hilduin, que le culte de saint Denys avait été introduit à Rome dès le 8e siècle par le pape Paul Ier (757-767): celui-ci aurait dédié à l'évêque de Paris Vecclesia maior du monastère qu'il avait érigé en l'honneur des papes Etienne et Sylvestre sur l'emplacement de sa propre maison. Or le pontife honoré avec les papes Etienne et Sylvestre à Saint-Sylvestre in capite est le pape Denys (260-267), dont les reliques furent transférées en ce lieu en même temps que les leurs et dont la fête est annoncée par la Notitia nataliciorum de la basilique: mense decembri die xxvii natale sancii dionysii papaem. La Sancii Donnini, martyris (Ρ)

VOrdo lateranensis est seul à commémorer saint Domninus, dont la fête devait être inscrite au calendrier des chanoines de Saint-Frigdien (P 155). Le centre du culte de ce saint est une localité nommée Borgo San Donnino, entre Parme et Plaisance. Ce culte fut assez populaire en Italie centrale, mais ne se diffusa guère au-delà. Le martyrologe métrique de Wandelbert en fait pourtant mention le 9 octobre et, à sa suite, Usuard l'a inscrit à son martyrologe (MU 317-318). La légende de saint Domninus a un trait commun avec celle de saint Denys: de l'un comme de l'autre on affirme qu'il transporta sa tête dans ses mains après avoir été décapité.

10 La Sancii Cerbonii, episcopi et confessons (O P)

La fête de saint Cerbonius, évêque de Populanium (Massa Marittima), peut provenir, comme celle de saint Domninus, du calendrier des chanoines de Saint-Frigdien, car il était spécialement honoré à Lucques. Saint Cerbonius, que saint Grégoire le Grand cite en exemple dans ses Dialogues™, mourut entre 573 et 575. Son nom est inscrit dans certains manuscrits tardifs du martyrologe hiéronymien (MH 549), ainsi que parmi les Auc- taria d'Usuard (MUA 533), mais il est ignoré des martyrologes du 9e siècle. Son culte connut quelque diffusion en Italie, spécialement en Toscane et en Emilie (Ebner 469).

238 R.J. Loenertz, Un prétendu sanctuaire romain de saint Denys de Paris, dans Analecta Bollan- diana, 66 (1948), pp. 118-133. C. Huelsen, qui ne met pas en douie ie patronage de saint Denys de Taris sui id basilique de ia via Laia, lange parmi \cz apocryphes les églises que certains catalogues attribuent à saint Denys au Vatican et au Forum. Cf. C. Huelsen, Le Chiese di Roma, I.e., p. 509.

239 Saint Grégoire le Grand, Dialogi, III, 11; P.L. 77, col. 237-240. Voir Β. de Gaiffier, Les héros des dialogues de saint Grégoire le Grand, dans Analecta Bollandiana 83 (1965), p. 58.

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298 LES CALENDRIERS DU LATRAN ET DU VATICAN À LA FIN DU XIIe SIÈCLE

13 La Sancii Cassii, episcopi et confessons (O P)

Saint Cassius est l'évêque de Narni dont l'épouse sainte Fausta a été commémorée le 25 septembre. Selon son épitaphe, il mourut le 29 juin 558 et fut inhumé le lendemain240. Saint Grégoire le Grand fait mémoire de Cassius de Narni comme de Cerbonius de Popu- lanium241. Selon YOrdo latemnensis, sa fête était célébrée le 13 octobre avec une certaine solennité, puisqu'on y faisait à l'office 9 lectures tirées de sa Vie (P 156). Il s'agit encore d'une fête propre aux chanoines de Lucques. La date ne correspond ni à la depositio du saint évêque (30 juin), ni à son ordinatio (9 octobre 336). Peut-être est-ce l'anniversaire de la translation de' son corps à Lucques avec ceux de Fausta et de Juvénal, encore qu'il n'en soit pas fait mention dans les calendriers de cette ville.

14 La Va Sancii Callixti, papae et many ris (M Ν Ο P Q R)

La Depositio Martyrum de 354 annonce l'inhumation du pape saint Callixte sur la via Aurelia au 3e mille (CR 4e, 12). Le martyrologe hiéronymien précise que ce fut au cimetière de Capélode (MH 555). C'est là que sa tombe a été retrouvée en 1960. Au 7e siècle, la fête de saint Callixte est inscrite dans l'évangéliaire de 645 (LK 40), ainsi que dans le sacramentaire grégorien, qui annonce par erreur la statio liturgique sur la via Appia (SGr 663). Elle a toujours été célébrée à Rome depuis lors.

18 La Va Sancii Lucae, evangelistae (M Ν Ο Ρ R)

Le martyrologe hiéronymien s'accorde avec les calendriers byzantin (CB 71) et syrien (Nilles 1,462) pour annoncer en ce jour le natale de saint Luc (MH 560). Les Coptes le célèbrent le lendemain (CC 79). Le formulaire de la messe apparaît dans les sacramentai- res gélasiano-francs de la fin du 8e siècle (S 8e 195), d'où il est passé dans les Grégoriens de la seconde moitié du 9e siècle et dans ceux du 10e (SGr 704). La fête de l'évangéliste saint Luc se répandait alors dans tout l'Occident en même temps que les fêtes des Apôtres. On la trouve à Rome au 1 Ie siècle (ABC E), où le sacramentaire de Saint-Pierre reproduit intégralement le texte des Gélasiens du 8e (fol. 184). Le 12e siècle n'y apporte pas de modification (CR 12e, 152). Le lectionnaire et le missel du Latran (fol. 364) donnent comme première lecture Ez 1,10-14 (Similitude vultus), qui est commune à Marc, Matthieu et Luc. L'évangile est Le 10,1-9 (Designavit).

240 D.A.C.L., art. Narni, tome 12, col. 881. 241 Saint Grégoire le Grand, Dialogi, III, 6 et IV, 56; P.L. 77, col. 228 et 421; Homiliae in Evang

elio, II, 37; P.L. 76, col. 1279-1281.

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LE COMMENTAIRE HISTORIQUE ET LITURGIQUE : OCTOBRE 299

21 La Sancii Hilarionis, abbatis (0 P)

Saint Hilarion, qui mena la vie érémitique en Palestine, dans la région de Gaza, dût mourir en 371. Il est inscrit au 21 octobre dans les calendriers palestino-géorgien242, byzantin (CB 73), syrien (Nilles 1,462) et copte (CC 80). C'est à la même date qu'on le trouve chez Bède (MB 99) et dans les martyrologes du 9e siècle (MU 326). Bien que saint Jérôme ait rendu Hilarion populaire en lui composant une Vita romancée, son culte n'a jamais connu une grande extension en Occident. Son nom se lit au calendrier de Naples (CN 136), mais il n'apparaît que sporadiquement dans les calendriers et les sacramentai- res des 10e et 11e siècles. Le passionnaire du Latran donne la vie beati hylarionis monachi sans date après la lecture de saint Luc (fol. 179v - 188v), puis on trouve sa fête mentionnée dans VOrdo et le calendrier de la basilique.

25 La Va Sanctorum Chrysanti et Darie, martyrum (Ν Ο Ρ R)

Le maryrologe hiéronymien se réfère à plusieurs reprises à la Passion des saints Chrysante et Daria (12 août, 25 octobre, 29 novembre et 20 décembre). Cette Passion réunit dans un récit romancé plusieurs martyrs du cimetière de Thrason, sur la via Salaria ancienne. Des quatre dates du Hiéronymien, deux intéressent la liturgie: le 25 octobre et le 29 novembre. Au 29 novembre, le sacramentaire gélasien annonce le natale sanctorum martyrum Saturnini, C risanti, Mauri, Dariae et aliorum (SGé 164), reproduisant les termes du Hiéronymien, qui ajoute: aliorum LXXII quorum nomina habentur in libro vitae (MH 626). Les Gélasiano-francs du 8e siècle donnent le même texte (S 8e 210). L'évangéliaire romain de 740 mentionne au 25 octobre le natale sanctorum Chrysanti et Dariae (LK 86). Aux siècles suivants, le 25 octobre devait prévaloir à Rome: si le collectaire de Saint- Anastase demeure dans la tradition gélasienne, tout en dissociant Saturnin de Chrysante, Maur et Daria (fol. 124), le capitulare du 9e siècle (CR 9e, 127), le martyrologe de Saint- Pierre et les divers témoins du 12e optent pour le 25 octobre (CR 12e, 152). Il n'en alla pas de même en dehors de la zone d'influence de la liturgie romaine: le calendrier byzantin, suivi par celui de Naples, a inscrit les deux martyrs au 19 mars (CB 251) et on les trouve à la date hiéronymienne du 12 août, tributaire de la Passio (MH 436), dans les calendriers hispaniques (CM 474-475). On ignore la raison d'une extension aussi exceptionnelle du culte de Chrysante et Daria.

26 Va Sancii Evaristi, papae et martyris (R)

242 G. Garitte, Le Calendrier palestino-géorgien du Sinaïticus 34 (Xe siècle), I.e., p. 363.

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300 LES CALENDRIERS DU LATRAN ET DU VATICAN À LA FIN DU XIIe SIÈCLE

27 La Sancii Evaristi, papae et martyris (O P)

Le Liber Pontificalis annonce la déposition dû pape Evariste le 27 octobre243. Le calendrier de Mantoue a fixé sa mémoire à la même date (CM 1263), tandis que le martyrologe de Vienne n'en fait pas mention. En dehors de la liste additionnelle d'Adon, le nom de saint Evariste est absent de tous les témoins de l'époque carolingienne (MA 472). Les calendriers du Latran et du Vatican sont donc les premiers à le tirer de l'oubli. Ils sont les premiers aussi à lui donner le titre de martyr. La Vigilia sanctorum Simonis et Iudae, apostolorum (N O)

28 La Va Sanctorum Simonis et Iudae, apostolorum (M Ν Ο Ρ R)

Les Eglises d'Orient fêtent séparément les apôtres Simon et Jude: elles commémorent Simon le Zélote le 10 mai et Jude le 19 juin244. Le martyrologe hiéronymien annonce leur commun natale le 28 octobre, en s'appuyant sur leur Passio selon laquelle ils subirent ensemble le martyre en Perse (MH 2,375). Ce jour est devenu celui de leur fête en Occident. Les sacramentaires gélasiano-francs du 8e siècle lui consacrent deux formulaires, l'un pour la vigile et l'autre pour le jour (S 8e 197, 198). Par l'intermédiaire du Supplément d'Aniane, qui en a recueilli la préface (SGr 555), la fête ne tarda pas à passer dans les sacramentaire du 9e puis du 10e siècle. On la trouve à Rome au 10e siècle, où le capitulare donne les deux évangiles de la vigile et du jour (CR 10e, 132), puis au 11e (CR 11e, 141) et au 12e siècle (CR 12e, 152). Si, à cette époque, saint Simon et saint Jude sont fêtés dans toutes les églises de la Ville, la basilique vaticane y apporte un soin particulier, car un autel leur est dédié où, selon Pierre di Mallio, ut a nostris maioribus accepi- mus, eorum corpora pretiosa requiescunt2 ♦245

30 La Va Sancii Germani, episcopi capuani (Ο Ρ R)

La fête de saint Germain est attestée au 30 octobre dès la fin du 8e siècle au Mont- Cassin246, ce qui n'étonnera pas puisque Grégoire le Grand rapporte dans ses Dialogues que saint Benoît vit l'âme de l'évêque de Capoue monter au ciel dans un globe de feu porté par les anges247. Saint Germain est mentionné dans le manuscrit de Bède qui pro-

243 L. Duchesne, Le Liber Pontificalis, I.e., tome 1er, p. 126. 244 Pour saint Simon: CB 287, Nilles 1,475, CC 151; pour saint Jude: CB 317, Nilles 1,477, CC

164. 245 Pierre Di Mallio, Descriptio basilicae vaticanae, 24; édit. R. Valentini-G. Zucchetti, I.e.,

p. 413. 246 E. A. Loew, Die ältesten Kaiendarien aus Monte Cassino, Le, pp. 30-31. 247 Saint Grégoire le Grand, Dialogi, II, 35; P.L. 66, col. 198.

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LE COMMENTAIRE HISTORIQUE ET LITURGIQUE : NOVEMBRE 301

vient de l'abbaye de Lorsch (MB 22) et dans la seconde recension d'Usuard (MU 331). Mais sa fête ne dépassa guère les limites de la Campanie. Si on la trouve au Latran et au Vatican à la fin du 12e siècle, elle ne devait pas s'y maintenir.

31 Va Sancii Quintini, many ris (R)

Saint Quentin, le martyr vermandois, est inscrit dans certains manuscrits du martyrologe hiéronymien (MH 579). Il apparaît en même temps chez Bède (MB 89), puis on le trouve dans tous les martyrologes du moyen âge. Son nom est mentionné aussi dans diverses litanies, de la fin du 8e siècle au 12e248. Sa fête, qui entre dans le calendrier de Cluny au 11e siècle, connaît à partir de cette époque une certaine extension en France (Leroquais 3,404) et même au-delà, spécialement dans la zone d'influence clunisienne249. On ne saurait dire comment elle est parvenue au 12e siècle jusqu'à la basilique vaticane. La Va Vigilia Omnium Sanctorum (M Ν Ο Ρ R)

La vigile de Toussaint apparaît dans les livres liturgiques en même temps que la fête. Elle est attestée à Rome au 10e siècle (CR 10e, 132).

Novembre

La Va Omnium Sanctorum (M Ν Ο Ρ Q R)

L'origine de la fête de Tous les Saints et son adoption par Rome ont été présentées au livre précédent {supra, pp. 103-106). Le double formulaire de la vigile et du jour apparaît en appendice dans le sacramentaire de Saint-Gall (S 8e 253). Il est passé de là dans les sacramentaires francs du 9e siècle (SGr 705-706). Ces textes sont d'ailleurs des réemplois. La collecte, parfaitement appropriée, provient du Gélasien ancien où elle est proposée en vue d'une fête de tous les Apôtres (SGé 146, n° 935). On trouve ces oraisons dans le sacramentaire de Saint-Pierre du 11e siècle (fol. 186) et dans le missel du Latran au 12e (fol. 370-372). Les lectures du 31 octobre et du 1er novembre étaient alors celles qui se sont perpétuées jusqu'à nos jours. L'antiphonaire de Saint-Pierre propose ad Laudes et ad Vesperas les antiennes Vidi turbam magnam, déjà attestées au siècle précédent par les antiphonaires d'Ivrée et de Vérone250.

248 Vies des saints et des bienheureux, I.e., tome 10, p. 1008, après la bibliographie on donne une note sur le culte.

249 Sacramentarium Rivipullense, édit. A. Olivar, I.e., p. 183. 250 Corpus Antiphonalium Offlcii, edit. R. - J. Hesbert, Le, tome 1er, p. 325.

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302 LES CALENDRIERS DU LATRAN ET DU VATICAN À LA FIN DU XIIe SIÈCLE

La Va Sancii Cesarli, mar ty ris (Ν Ο Q R)

Bien avant que ne fut instituée la fête de Toussaint, on célébrait à Rome, le 1er novembre, celle de saint Césaire, martyr de Terracine, dont le martyrologe hiéronymien annonce le natale en ce jour (MH 581). En raison de son nom de Césaire {Caesar, Caesa- rius), un oratoire lui était dédié au Palatin dans les palais impériaux. C'est là qu'au témoignage du sacramentaire grégorien on célébrait sa fête. Celle-ci comportait une procession: le clergé et le peuple se rassemblaient au Forum, près de la basilique des saints Corne et Damien, et on montait de là au Palatin pour célébrer la messe à Saint-Césaire (SGr 664). L'évangéliaire de 645 indique la péricope qui était lue pour le natale Caesaris (LK 40). Au moyen âge, le martyr de Terracine était encore titulaire d'un oratoire dans le palais du Latran251 et de quatre autres églises, dont la basilique Saint-Césaire de Appia. Les travaux qui s'y sont déroulés entre 1936 et 1955 ont révélé que cette dernière remontait au 8e siècle252. La mémoire de saint Césaire devait se maintenir le jour de Toussaint jusqu'au 16e siècle253. Le missel du Latran propose non seulement ses oraisons, mais les antiennes et le graduel (fol. 373v). Il s'accorde ainsi avec le passionnaire du début du 12e siècle, qui donne la passion de saint Césaire (fol. 205-207v), tandis que YOrdo du prieur Bernhard n'admet pas à la vigile de lectures autres que celles qui ont trait à la fête de Tous les Saints (P 157). L'antiphonaire de Saint-Pierre consacre, lui, à saint Césaire le 8e répons de la vigile et il en fait mémoire à Laudes (Q 179).

Va Commemoratio omnium Defunctorum in Vigiliis (R)

La commémoration collective des Défunts d'une communauté à un jour ou plusieurs jours déterminés dans l'année apparaît dès le 9e siècle et elle se développe au 10e254. Dans les premières années du 11e siècle, saint Odilon devait la fixer au 1er novembre pour les monastères clunisiens et l'étendre à tous les Défunts:

Tune venerabilis Pater Odilo per omnia sua monasteria constituit decretum generale ut sicut primo die novembris iuxta universalis Ecclesiae regulam, omnium sanctorum solemnitas agitur, ita sequenti die in psalmis et eleemosynis et praeci- pue missarum solemniis omnium in Christo quiescentium memoria celebretur255.

251 C. Huelsen, Le Chiese di Roma, I.e., p. 234. Dans l'une de ses lettres saint Grégoire le Grand fait allusion à un oratoire de saint Césaire in palatio (Epist. XIII, I). Selon L. Duchesne il s'agit de l'oratoire du Palatin et selon C. Huelsen de celui du Latran {ibidem).

252 G. Matthiae, San Cesano « De Appia», Roma 1955, pp. 19-21. 253 Le premier missel romain imprimé (1474) contient encore les oraisons de saint Césaire. Cf.

Missale romanum, Mediolani 1474, édit. R. Lipper, London 1899, p. 396. 254 H.R. Philippeau, Contribution à l'étude du culte collectif des trépassés, dans Revue d'Histoire

ecclésiastique suisse, 51 (1957), pp. 45-57. 255 Relation de Raoul Glaber dans P.L. 142, col. 692. Le texte est reproduit intégralement dans

D.A.CL. art. Mort, tome 12, col. 36-37.

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LE COMMENTAIRE HISTORIQUE ET LITURGIQUE : NOVEMBRE 303

II semble que cette commémoration fut célébrée en premier lieu à l'abbaye de Farfa. Elle s'étendit durant le 11e et le 12e siècle à de nombreuses églises, aussi bien épiscopales que monastiques. Mais, jusqu'en 1912, il s'est toujours agi d'un office votif ajouté à celui du jour: les Vêpres des Défunts étaient dites après celles de Toussaint, Matines et Laudes après celles du 2 novembre, et la messe pro defunctis s'ajoutait à celle du jour. Aussi la Commemoraîio omnium Defunctorum est-elle le plus souvent omise dans les calendriers. C'est ainsi que le calendrier de Cluny lui-même l'ignore. Son insertion dans le calendrier de Saint-Pierre en est d'autant plus précieuse. Elle constitue la première attestation de la Commémoration des Défunts à Rome. Pour sa part, VOrdo lateranensis n'en fait aucune mention. On la trouvera au siècle suivant dans l'Ordinaire d'Innocent III256.

3 La Sancii Hilarii, episcopi et confessons (O P)

Saint Hilaire de Poitiers mourut le 13 janvier 367, comme l'atteste le martyrologe hiéronymien. Mais celui-ci annonce en plus au 1er novembre la dédicace à Poitiers de la basilique élevée sur son tombeau (MH 581) et le martyrologe de Saint-Pierre reproduit cette mention. Elle n'aurait sans doute pas suffit à attirer la célébration de saint Hilaire en ce jour si, une fois de plus, l'homonymie n'avait joué. En effet, on honore à Viterbe, le 3 novembre, les martyrs Valentin et Hilaire, dont les corps reposèrent à l'abbaye de Farfa du 9e au 15e siècle. Leurs noms sont inscrits dans les Auctaria d'Usuard (MUA 587- 589) et on trouve même leur fête à l'abbaye de Saint-Bertin, dans le nord de la France, au 12e siècle (Leroquais 1,277). Mais c'est bien de l'évêque de Poitiers qu'il s'agit ici. On retrouve sa mention, au 3 novembre, dans des manuscrits florentins du martyrologe d'Usuard au 15e siècle (MUA 588) et, au 1er novembre dans le collectaire de Saint-Anas- tase (fol. 122v) ainsi que dans le missel de Città di Castello conservé à l'Archivio Latera- nense {Cod. 65). Celui-ci annonce aux calendes de novembre: Omnium Sanctorum et Cae- sarii et Hilarii. Dans la collecte et la secrète de saint Hilaire il évoque sa depositio251 .

6 La Sancii Leonardi, confessons (Ο Ρ)

Le nom de saint Léonard n'apparait qu'en 1028 dans la Chronique d'Adhémar de Chabannes, mais sa mention témoigne d'un culte déjà populaire à Noblat en Limousin. C'est au 1 Ie siècle que furent écrits sa Vie et le premier livre de ses Miracles, qui firent la célébrité de saint Léonard non seulement à travers toute la France, mais aussi en Angleterre, en Italie et surtout dans les Pays alémaniques. Les Croisés avaient une grande vénération envers un saint particulièrement invoqué pour la libération des prisonniers. Il

2:10 S.J.P. van Dijk, The Ordinal of the Papal Court from Innocent III to Boniface VIII and related documents, Coll. Spicilegium Friburgense 22, Fribourg/Suisse 1975, p. 449.

257 E. de Azevedo Vetus Missale romanum monasticum lateranense, I.e., pp. 285-287.

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304 LES CALENDRIERS DU LATRAN ET DU VATICAN À LA FIN DU XIIe SIÈCLE

n'est don pas étonnant voir le passionnaire du Latran faire mention de sa fête dès le début du 12e siècle (fol. 207v-211). Mais on l'aurait plutôt cherchée au calendrier de Saint-Pierre, car l'église Saint-Léonard de la Lungara relevait au spirituel du chapitre du Vatican comme en témoigne une bulle d'Innocent III de 1198258. Va Consecratio Altaris S. Mariae de Cancellis (R)

L'oratoire de la Vierge Marie se trouvait à l'angle sud-ouest du transept sud de la basilique vaticane. Il avait été érigé par le pape Paul Ier (757-767). Selon Pierre di Mallio, il était orné de mosaïques et on vénérait au centre une image de Marie représentée debout. De nombreux corps de martyrs y avaient été déposés, dont ceux des saintes Digna et Merita. Aussi, en raison de la sainteté du lieu, l'avait-on entouré par des grilles de bronze, qui lui valurent le nom de S. Maria de Cancellis259. Si le calendrier de Saint- Pierre a noté avec soin l'anniversaire de la consécration de cet autel, c'est vraisemblablement que celui-ci avait été rénové depuis peu, comme l'autel de la Confession {supra, p. 230), mais le fait n'est mentionné nulle part. Faudrait-il voir la mention de la première dédicace de l'oratoire au 8e siècle dans les deux capitulaires édités par Klauser, qui portent au 23 septembre la dedicatio scae Dignae et Meritae (Kl 181)? Il est tentant de le faire.

8 La Va Sanctorum Quatuor Coronatorum (M Ν Ο Ρ R)

Le sacramentaire de Vérone donne en novembre deux formulaires de la messe pour le natale sanctorum quatuor coronatorum (SV 147). Leurs noms sont inscrits au 9 novembre dans la Depositio Marty rum 354 (CR 4e, 12), et le Hiéronymien précise le 8 que leur natale est célébré sur le Cœlius (MH 590). C'est là que se trouve, en effet, leur basilique. Au 7e siècle le sacramentaire gélasien reproduit les noms des quatre Couronnés (SGé 162), tandis que l'évangéliaire de 645 (LK 40) et le sacramentaire grégorien (SGr 664) usent de l'appellation collective, qui se perpétuera dans le sanctoral romain. Mais le passionnaire du Latran énumère dans son titre les quatre sculpteurs pannoniens Simpronia- nus, Claudius, Castorius, Nicostratus, et leur compagnon Simplicius (fol. 21 1)260.

258 L. Duchesne, Scripta minora, I.e. p. [297]. 259 Pierre Di Mallio, Descriptio basilicae vaticanae, 14; édit. R. Valentini-G. Zucchetti, I.e.,

p. 394. 260 La Passio des Quatre Couronnés, telle qu'elle a été publiée par H. Delehaye dans les Acta

Sanctorum novembres, tome 3, pp. 765-779, a une valeur historique très supérieure aux Légendes romaines. A la suite d'H. Delehaye et de P. Franchi de' Cavalieri, J. Dubois l'a établi clairement dans les Vies des Saints et des Bienheureux, I.e., tome 11, pp. 248-249. Voir aussi L. Duchesne, Scripta minora, I.e. pp. [345H360].

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LE COMMENTAIRE HISTORIQUE ET LITURGIQUE : NOVEMBRE 305

9 La Va Dedicatio basilicae Salvatoris (M Ο Ρ Q R)

La plus ancienne attestation de la Dédicace du Saint-Sauveur apparait dans un manuscrit de Bède de la région de Gaète, qu'H. Quentin date de la fin du 10e ou du début du 11e siècle: V Id. nov. dedicatio basilicae Salvatoris domini nostri Ihesu Christi (MB 34). Dans le cours du 11e siècle, elle est annoncée par le martyrologe de Saint-Pierre et le sacramentaire de Saint-Laurent in Damaso (fol. 107); peut-être aussi par le martyrologe de Sainte-Marie du Transtévère, qui mentionne au 10 novembre la dedicatio sancii lohannis adfontem (MB 43). Aux alentours de l'an 1100, l'antiphonaire de la messe Vat. lat. 5319, que nous pensons pouvoir attribuer au Latran (supra, pp. 40-41), indique les textes à chanter pour la dedicatio Salvatoris et le passionnaire du Latran fournit les lectures de l'office. Dans la seconde moitié du 12e siècle, la célébration de la dédicace est attestée à Saint-Pierre (QR) et elle se déroule au Latran avec un grand éclat, comme on le verra au livre suivant. C'est alors la celeberrima festivitas in Urbe dont parle le diacre Jean dans sa Descriptio lateranensis ecclesiae261 .

L'ensemble des documents permet de faire l'histoire de la fête et de percevoir la manière dont elle a évolué entre le début et la seconde moitié du 12e siècle. Si l'on s'en rapporte au diacre Jean, il s'agirait de l'anniversaire de la dédicace de la basilique cons- tantinienne par le pape saint Sylvestre. Alors, dit-il, imago Salvatoris infixa parietibus pri- mum visibilis omni populo Romano apparuit262. Le chanoine du Latran est le premier à dater l'événement du 9 novembre. Il est difficile d'admettre que le souvenir ait pu s'en conserver durant plus de huit siècles sans qu'aucun document littéraire ou épigraphique en ait gardé la trace.

Mais il se trouve qu'au 1 Ie siècle apparait en certaines régions une fête intitulée Passio ymaginis Domini, qui est précisément fixée au 9 novembre263. Au 12e siècle, la fête est célébrée des deux côtés des Pyrénées (Leroquais 1, 328, 333) et en Italie, où le titre est complété: Passio ymaginis Domini Salvatoris (Ebner 207) et même Salvatoris mundi (Ebner 40). Parmi les martyrologes, celui de Saint-Cyriaque est sans doute le premier à mentionner la fête sous le titre de Miracula domini Salvatoris, attestant ainsi qu'elle était connue à Rome entre 1024 et 1043. Cette notice apparait ensuite dans les manuscrits tardifs d'Usuard (MUA 601), d'où elle est passée dans le Martyrologe romain264. Il s'agit de la commémoration d'un miracle rapporté dans une lettre attribuée à saint Athanase: des

261 Jean Diacre, Descriptio lateranensis ecclesiae, 1; édit. R. Valentini - G. Zucchetti, I.e., p. 332. 262 Ibid., p. 333. 263 Sacramentarium Rivipullense, édit. A. Olivar, I.e., p. 185. La collecte dit: OSD qui hune diem

nobis celeberrimum contulisti. 264 Baronius a une longue note sur la Commemoratici imaginis Salvatoris, II sait fort bien que la

lettre lue à Nicée n'est pas de saint Athanase d'Alexandrie; il l'attribue à un évêque syrien du même nom. Cf. Martyrologium romanum... Accesserunt Notationes. . . auctore Caesare Baronie, I.e., pp. 552-553.

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306 LES CALENDRIERS DU LATRAN ET DU VATICAN À LA FIN DU XIIe SIÈCLE

Juifs auraient frappé d'un coup de lance une image du Christ à Beyrouth et de cette image auraient jailli du sang et de l'eau. A la suite de ce miracle, l'évêque de la ville aurait transformé la synagogue des Juifs en église, la dédiant au Christ Sauveur265. Or, du 10e au 12e siècle, de nombreuses églises furent érigées sous le vocable du Saint-Sauveur, comme on l'a vu. On comprend que plusieurs aient choisi la solennité du Domini Salvatoris, le 9 novembre, pour fête titulaire et qu'on ait même retenu ce jour pour faire la dédicace de certaines d'entre elles. C'est ainsi qu'au début du 11e siècle le calendrier d'une abbaye du Saint-Sauveur, probablement celle du Monte Amiate au sud de Sienne, annonce à ce jour: S. Salvatoris (Ebner 164).266.

Il en fut ainsi au Latran, où l'on vénérait au centre de la conque absidiale la célèbre imago Salvatoris. Conformément à l'usage romain primitif, selon lequel l'anniversaire de la dédicace d'une église est une fête du titulaire267, on commença par célébrer, le 9 novembre, une fête du Christ Sauveur en relation avec le souvenir de la Passio ymaginis Domini, comme en témoigne le passionnaire de YArchivio Lateranense (fol. 251-218v). Sous le titre Dedicatio basilice Salvatoris cinq lectures se succèdent. On trouve d'abord une courte homélie, qui propose le thème de la célébration: le natale de la basilique est une fête du Sauveur, une solennité totius Redemptionis, dans laquelle il convient d'entrer avec joie: Plane cum suis sanctis festivitatem celebramus, praecipue eiusdem nostri Salvatoris omni nisu festivitatem venerari et custodire debemus. Cette fête est nôtre, elle est pour nous-mêmes un natale car, en nous libérant, le Sauveur nous a fait renaître268. Viennent

265 La lettre fut lue à la quatrième session du IIe Concile de Nicée (1er octobre 787) parmi les témoignages apportés en faveur du culte des saintes Icônes (Mansi XIII, 23 sq.)· Dans la recension longue de cette lettre apocryphe il est dit que l'évêque de Beyrouth prescrivit de célébrer le 9 novembre une fête qui devrait être observée non minore reverentia quam natalis Domini vel Paschalis. Cf. H. Delehaye, Martyrologium romanum scholis historicis instructum, I.e., p. 507. A rencontre de la prétendue ordonnance il faut relever qu'on ne trouve aucune mention d'une telle fête dans les calendriers orientaux.

266 Au 12e siècle, on voit apparaître en France, spécialement en Normandie et dans le Nord, des messes in memoriam Salvatoris DNIC (Leroquais 1,192), de Salvatore (L 1,238), in commemorationem Salvatoris (L 1,301), in veneratione Domini ac Salvatoris nostri (L 1,350). Mais ces messes ne sont jamais rattachées à un jour fixe (sinon entre le samedi saint et Pâques). Il semble qu'on peut les mettre en relation avec les représentations du Saint-Sépulcre qui se multiplient à l'époque des Croisades.

267 II suffit d'évoquer les fêtes des saints Philippe et Jacques, de Saint-Jean-Porte-Latine, Saint- Pierre-aux-liens, la Dédicace de Sainte-Marie-Majeure, celle de Saint-Michel. La messe de la Dédicace fut composée pour la dédicace du Panthéon, qui fit du temple des faux dieux la maison de Dieu (Antiphonale Missarum, I.e., pp. 118-119). La circonstance donne tout son poids au choix de textes comme l'introït Terribilis est locus iste et de l'évangile de la venue de Jésus dans la maison du pécheur Zachée pour y apporter le salut.

268 Le texte de cette homélie a été publié intégralement par E. de Azevedo dans son édition du Vêtus Missale romanum monasticum lateranense, I.e., pp. 288-289.

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LE COMMENTAIRE HISTORIQUE ET LITURGIQUE : NOVEMBRE 307

ensuite divers récits de miracles accomplis par Dieu en faveur de plusieurs saintes icônes. Ce sont les miracula domini Salvatoris mentionnés par le martyrologe de Saint-Cyriaque. Le premier concerne une image du Christ volée par un Juif à Constantinople. En la frappant, il en fit jaillir du sang. On plaça cette image dans la basilique Sainte-Sophie, où elle fut honorée jusqu'au temps de l'empereur iconoclaste Léon l'Isaurien. C'est pourquoi il convient de célébrer hune diem nostri redemptoris (fol. 216). Le second récit a trait à deux miracles de imago S. Marie, le premier en Libye près de Diospolis (il s'agit encore d'une affaire de Juif), le second à Gethsémani, au tombeau de la Mère de Dieu (fol. 216-216v). On donne ensuite le texte bien connu relatif à Vimago Salvatoris d'Edesse (fol. 216v). La relation pseudo-athanasienne de la passio ymaginis de Beyrouth ne vient qu'en dernier lieu. Notons qu'on n'y trouve pas, comme en certaines versions, la mention de l'institution d'une fête commemorative fixés au 9 novembre. L'auteur se contente d'indiquer que l'évêque transforma la synagogue en église du Christ Sauveur: synagoga(m) quidem Iudeo- rum in nomine Salvatoris nri Ihn Xri consecravit (fol. 218v). C'est là évidemment le substrat de la fête de ce jour. L'antiphonaire G propose, de son côté, un ensemble de chants qui glorifient le Christ Sauveur: introït In excelso throno, graduel Misit Dominus, alléluia Ado- rabo, offertoire Deus enimjirmavit, communion Mirabantur269. Sous l'image du Christ en gloire, qui apparaît au milieu des nuages multicolores parmi les séraphins, le chant de l'introît prenait tout son sens dans la basilique du Latran: In excelso throno vidi sedere vi ru m quem adorât multitudo Angelorum psallentes in unum: ecce cuius imperii nomen est in aetertnim.

Dans la seconde moitié du 12e siècle, la commémoration de la dédicace de la mater ecclesiarum l'emporta sur l'hommage rendu au Christ Sauveur, et le chapitre du Latran adopta l'office commun de la Dédicace, comme en témoigne VOrdo officiorum du chanoine Bernhard. Peut-on, en fait, concevoir une véritable fête du Christ Sauveur distincte des solennités pascales? De plus, la célébration du mystère de l'Eglise convient tout particulièrement dans la basilique du Latran, qui abrite dans ses murs, pour les fêtes majeures de l'année, le rassemblement du peuple romain autour de son évêque. La Va Sancii Theodori, martyris (M Ν Ο Q R)

Saint Théodore, le soldat martyr d'Amasée (Pont), est commémoré par les Byzantins le 17 février (CB 234). Le 9 novembre peut être l'anniversaire de la dédicace de l'église qui porte son nom à Rome, au pied du Palatin. La mosaïque qui l'orne date de la fin du 6e siècle ou du début du 7e270. La petite église ronde de saint Théodore est proche de

269 Toutes ces pièces appartiennent au répertoire ancien de l'Antiphonaire romain. En voici les sources: introït = 1er dimanche après l'Epiphanie; graduel = 2e dimanche après l'Epiphanie; offertoire = messe de l'aurore de Noël; communion = 3e dimanche après l'Epiphanie. Seul l'Alléluia est donné pour la messe de la dédicace, mais dans cette messe il constituait déjà un réemploi.

270 M. van Berchem et E. Clouzot, Mosaïques chrétiennes du IVe au Xe siècle, Genève 1924, p. 194.

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308 LES CALENDRIERS DU LATRAN ET DU VATICAN À LA FIN DU XIIe SIÈCLE

Saint-Georges au Vélabre. Rome a rapproché ainsi dans son culte les deux saints soldats qui étaient patrons des milices impériales. La fete de saint Théodore est attestée par Pévangéliaire de 645 (LK 40) et le sacramentaire grégorien (SGr 664). Elle s'est toujours maintenue depuis lors, même quand elle a été concurrencée par la Dédicace du Latran. L'antiphonaire de Saint-Pierre lui attribue le 7e et le 8e répons de Matines et une antienne commemorative à Laudes (Q 182).

10 La Va Sanctorum Triphonis, Respicii et Nymphae, martyrum (O R)

Le nom de saint Tryphon est inscrit au martyrologe hiéronymien le 3 juillet avec ceux de plusieurs saints du 10 novembre: de la vigile de la saint Martin d'automne, ils sont passés à celle de la saint Martin d'été, selon la remarque ingénieuse d'H. Delehaye (MH 349). Tryphon est mentionné avec Respicius et Nympha dans un manuscrit de Bède du début du 1 Ie siècle (MB 34) et leurs trois noms sont ajoutés dans le martyrologe de Saint-Pierre, où on lit: In Portu sanctae Nimphae, Respicii et Triphonis. Leur fete est probablement liée à la reconstruction de la basilique Saint-Tryphon, qui eut lieu en 1006271. Cette église, qui était proche de l'actuelle église Saint-Augustin, fut détruite vers 1750. La Passio qui fait des trois saints des compagnons de martyre (11e - 12e siècle) n'a aucune valeur historique. Tryphon est un martyr oriental, probablement phrygien, qui est commémoré le 1er février au rite byzantin (CB 221). Respicius est tout-à-fait inconnu. Quant à Nympha, elle avait une basilique à Porto au 9e siècle et, en ce qui la concerne, la notice du martyrologe du Vatican est exacte. Il peut donc s'agir d'une martyre de Porto, à moins qu'on n'ait confondu un lieu-dit ad Nymphas et une martyre272. Au début du 12e siècle, on lisait au Latran la passion de saint Tryphon (fol. 231-237v); un peu plus tard le sacramentaire de Saint-Tryphon mentionne Tryphon et Respicius (fol. 121). Les trois noms apparaissent vers 1180 avec les calendriers du Latran et du Vatican.

11 La Va Sancii Martini, episcopi et confessons (M Ν Ο Ρ Q R)

On sait quelle popularité connut le culte de saint Martin en Occident dès le haut moyen âge. Il pénétra à Roma au début du 6e siècle. Le pape Symmaque (498-514) lui dédia alors une basilique qu'il érigea près de celle de saint Sylvestre273. Celle-ci avait remplacé sur l'Esquilin l'antique titre d'Equitius, sans qu'on ait détruit ce dernier. La fête de saint Martin est attestée au 7e siècle par l'évangéliaire de 645 (LK 41) et le sacra-

271 C. Huelsen, Le Chiese di Roma, I.e., p. 494. 272 Vies des Saints et des Bienheureux, I.e., tome 11, pp. 302-304. L'hypothèse de la transforma

tion d'un nom de lieu en nom de personne est de Lanzoni, Le diocesi d'Italia, Le. pp. 645-649. 273 C. Huelsen, Le Chiese di Roma, I.e. p. 382.

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LE COMMENTAIRE HISTORIQUE ET LITURGIQUE : NOVEMBRE 309

mentaire grégorien (SGr 665). Peu après apparaît pour la première fois la mention du monastère de saint Martin près de Saint-Pierre (680). Ce monastère desservant de la basilique vaticane devait tenir une grande place jusqu'au 11e siècle dans la vie liturgique de la basilique274. C'est dans l'oratoire de saint Martin, auquel on accédait directement de l'abside de Saint-Pierre, que le pape ordonnait les évêques. Seul le pontife romain recevait le sacerdoce à la Confession de l'Apôtre275. Ajoutons qu'au 8e siècle un autel était dédié à saint Martin dans le passage qui faisait communiquer la rotonde de sainte Pétro- nille et celle de saint André, au sud de la basilique vaticane, et qu'au 12e siècle Martin était titulaire à Rome de cinq autres églises. En raison de l'importance de la fête de saint Menas, l'Eglise byzantine reporte au 12 novembre celle de «saint Martin, évêque du pays des Francs» (CB 99) et les Coptes l'anticipent au 10 (CC 88). La Sancii Mennae, martyris (N 0)

Saint Menas est un martyr lybien, dont le corps reposait à 15 kilomètres au sud d'Alexandrie aux confins du désert. Son culte fut si populaire dès le 4e siècle qu'une véritable ville naquit autour de la basilique érigée sur sa tombe par l'empereur Arcadius (395- 408), Karm abu Mina, dont les ruines imposantes ont été mises à jour à partir de 1905. Sa fête est attestée au 11 novembre par les Coptes (CC 88), les Syriens (Nilles 1, 463), les Byzantins (CB 97) et le martyrologe hiéronymien (MH 596). A Rome, les Alexandrins lui avaient bâti une basilique sur la rive gauche du Tibre entre Saint-Paul et l'entrée de la Ville. Saint Grégoire le Grand y prononça sa 35e Homélie sur les Evangiles276. Le culte de saint Menas, qui se répandit largement en Occident, est attesté à Rome par l'évangé- liaire de 645 (LK 40) et le sacramentaire grégorien (SGr 665). Dans les deux documents la fête de saint Menas est mentionnée avant celle de saint Martin, ce qui permet de présumer qu'elle lui est antérieure. Elle devait se maintenir par la suite à cette date277.

12 La Va Sancii Martini, papae et martyris (Ο Ρ R)

Selon la Vita graeca de saint Martin, écrite entre 730 et 740, celui-ci mourut à Cher- son le 13 avril, sans doute en 656278. C'est le jour où les Byzantins célèbrent sa fête (Nilles 1, 136). Le Liber Pontificali^ date sa depositio du 17 septembre279. Le martyrologe de

274 G. Ferrari, Early roman monasteries, I.e., pp. 230-240. 275 M. Andrieu, Les Ordines romani, I.e., tome 4, pp. 147- 148. Ordo 36,30, p. 200. 276 Saint Grégoire Le Grand, Homiliae in Evangelio, II, 35; P.L. 76, col. 1259. 277 Sur l'iconographie de saint Menas, qui est habituellement représenté entre deux chameaux

car il est le patron des chameliers, et sur les ruines de Karm abu Mina, voir D.A.C.L. art. Menas (saint), tome 11, col. 336-398.

278 P. Peeters, Une vie grecque du pape S. Martin I, dans Analecta Bollandiana 51 (1933), pp. 225-262.

279 L. Duchesne, Le Liber Pontificalis, I.e., tome 1er, p. 338.

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310 LES CALENDRIERS DU LATRAN ET DU VATICAN À LA FIN DU XIIe SIÈCLE

Vienne (MV 178) et Florus (MF 323) l'annoncent au 16 septembre, car une source ancienne atteste qu'elle eut lieu le jour de sainte Euphémie280. Mais la fête de saint Martin de Tours devait exercer une curieuse attraction sur celle du pape homonyme: Adon (MA 446) et Usuard (MU 339) l'inscrivirent au 10 novembre, tandis que le calendrier de Mantoue (CM 1264) et le martyrologe de Saint-Pierre, l'ont fixée au 12. C'est le jour où la fête du dernier des papes martyrs est célébrée à Rome depuis le 12e siècle (CR 12e, 153), mais celui-ci était l'objet d'un culte local en Crimée depuis sa mort. Une lettre du pape Grégoire II à l'empereur Léon Ier l'Isaurien y fait allusion au siècle suivant281.

13 La Sane ti Β ri tii, episcopi et confessons (Ο Ρ) Va Sancii lohannis Chrisostomi et sancii Britii, confessons (R)

Saint Brice, disciple de saint Martin et son successeur comme évêque de Tours, eut part à la popularité de son maître, bien que celui-ci ait dû témoigner de beaucoup de patience pour supporter ses défauts. Brice est inscrit au martyrologe hiéronymien (MH 598) et, après lui, dans Bède (MB 55) et l'ensemble des martyrologes du 9e siècle. Sa fête connut une large diffusion au moyen âge (CSG 19, Leroquais 1, 347, Ebner 468). A Rome, elle apparaît au 12e siècle avec le passionnaire du Latran (fol. 246v) et le sacra- mentaire de Saint-Tryphon (fol. 122v), avant de prendre place dans les calendriers du Latran et du Vatican.

Saint Jean Chrysostome, archevêque de Constantinople, mourut en exil à Cornane (Pont-Euxin) le 14 septembre 407. Comme c'est le jour de l'Exaltation de la Croix, les Byzantins (CB 99) et les Coptes (CC 89) célèbrent sa fête le 13 novembre, anniversaire de son retour triomphal à Constantinople après son premier exil (403), tandis que les Syriens anticipent son natale au 13 septembre (CO 340). En Occident, le calendrier de Naples, où se mêlent les traditions latines et byzantines, annonce la déposition de saint Jean Chrysostome le 13 novembre (CN 137), mais Florus en fait mémoire le 27 janvier (MF 349), qui est le jour du transfert de son corps à Constantinople en 438. Adon et Usuard ont conservé la même date (MA 481, MU 169). La mémoire de saint Jean Chrysostome pénétra à Rome au 1 Ie siècle, en même temps que celle de saint Basile, grâce au sacramen- taire de Saint-Laurent in Damaso (fol. 109) dans lequel on peut déceler de nombreuses traces d'influence orientale. Au siècle suivant, c'est toujours à la date byzantine qu'elle est inscrite dans le sacramentaire de Saint-Tryphon (fol. 122v), puis au calendrier de Saint-Pierre. Au 12e siècle, on ne fait pas encore état d'une tradition selon laquelle le corps de saint Jean Chrysostome aurait été transféré à Saint-Pierre.

280 Sainte Euphémie est célébrée à deux dates différentes, le 13 avril et le 16 septembre. Voir supra pp. 288-289.

281 L. Duchesne, Le Liber Pontiflcalis, I.e., tome 1er, p. 340.

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LE COMMENTAIRE HISTORIQUE ET LITURGIQUE : NOVEMBRE 311

16 La Octaxa dedicationis basilicae Salvatoris (O P)

L'octave de la dédicace de la basilique du Saint-Sauveur au Latran ne consistait pas seulement dans une mémoire au 8e jour, mais elle était célébrée, dans la seconde moitié du 12e siècle, pendant les huit jours continus (P 159). L'octave de la dédicace ne tend pas seulement à solenniser la fête, elle comporte une réminiscence biblique. En effet, Salomon avait célébré pendant huit jours la dédicace du premier Temple (2 Chr. 7, 8-9) et, après avoir pareillement célébré pendant huit jours la dédicace de l'autel lors de la purification du Temple, Judas Maccabée avait décidé «avec ses frères et toute l'assemblée d'Israël, que les jours de la dédicace de l'autel seraient célébrés en leur temps chaque année pendant huit jours avec joie et gaîté» (i Mac 4, 56 et 59).

17 La Sancii Ruft, episcopi et confessons (Ο)

En présentant VOrdo officio rum ecclesiae lateranensis, on a souligné sa dépendance en certains points par rapport au coutumier de Saint-Ruf (supra, p. 27). C'est la raison pour laquelle les chanoines de Saint-Frigdien ont inscrit à leur calendrier saint Ruf, dont la légende a fait le premier évêque d'Avignon. En réalité le martyrologe d'Avignon, qui procède d'Adon et dont la transcription remonte vraisemblablement au milieu du 11e siècle, mentionne au 14 novembre l'anniversaire de Ruf sans le qualifier d'évêque282. Au Latran on retarda sa fête de trois jours en raison de l'octave de la dédicace.

18 La Dedicatio ecclesiarum sanctorum Pétri et Pauli (Ο Ρ) Va Dedicatio basilicae sancii Pétri, principis Apostolorum (Q)

Dedicatio basilicarum Apostolorum Pétri et Pauli (R)

Le martyrologe de Saint-Pierre est le premier témoin de la dedicatio beati Petri apostoli (début du 11e siècle). Un siècle et demi plus tard, alors que l'antiphonaire de Saint- Pierre annonce la fête du 18 novembre dans les mêmes termes (Q 184), les calendriers du Latran et du Vatican y ajoutent le nom de saint Paul. A la fin du 12e, l'Ordinaire du camérier Cencio Savelli indique quid dominus papa facere debeat in Dedicatione ecclesiarum Petri et Pauli mais, selon sa description, le pape n'intervient qu'à Saint-Pierre283. Pour l'office, VOrdo du Latran renvoie au Commun de la Dédicace, mais l'antiphonaire du Vatican insère dans les Matines de la Dédicace quelques textes empruntés à celles du 29 juin (invitatoire Regem apostolorum, répons Tu es Petrus).

282 L. Duchesne, Fastes épiscopaux de l'ancienne Gaule, tome 1er, p. 266. 283 Cencio Savelli, De consuetudinibus, 76, dans Fabre-Duchesne, Le Liber censuum, I.e., tome

1er, p. 311.

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312 LES CALENDRIERS DU LATRAN ET DU VATICAN À LA FIN DU XIIe SIÈCLE

La paix constantienne vit surgir partout de nombreuses églises, et Eusèbe rapporte avec quel éclat on en faisait la dédicace284. Malheureusement les dates de ces dédicaces n'ont été consignées nulle part, à l'exception de celle de l'Anastasis et du Martyrium à Jérusalem, qui fut célébrée le 13 septembre 335. On ignore donc le jour, et même l'année, de la dédicace de Saint-Pierre, qui dût être achevé vers 350. La basilique Saint-Paul, dont l'empereur Valentinien. Il prescrivit la reconstruction en 386, fut dédiée par le pape Sirice en 390, sans qu'on puisse en préciser le jour285. Le 18 novembre a donc peu de chances de constituer un anniversaire au sens strict. Le natale des deux basiliques semble se situer dans le prolongement de la dédicace de la basilique du Latran, célébrée neuf jours auparavant. Il est possible que la dédicace de Saint-Pierre ait été commémorée pendant un certain temps avant qu'on y joignit celle de Saint-Paul. Dans ce cas le pape Grégoire VII pourrait être l'auteur de l'addition. Non seulement Grégoire VII unissait dans un même culte le Prince des Apôtres et celui qu'il appellali «son frère parmi tous les saints»286, mais il ne pouvait que rester attaché à la basilique de la via Ostiense, dont le gouvernement lui avait été confié par Léon IX. Celui qui était alors le moine Hildebrand a laissé un monument de son attachement à Saint-Paul dans la porte byzantine qu'il fit placer à l'entrée principale de la basilique et qui, gravement endommagée par l'incendie de 1823, a été restaurée en 1966287.

Bien qu'on ne puisse guère invoquer d'éventuelles influences extérieures dans le choix du 18 novembre pour la fête de la dédicace des basiliques apostoliques, rappelons que plusieurs familles liturgiques ont une solennité de la Dédicace en cette période de l'année. Au cours du mois de novembre les Syriens connaissent une série de dimanches de la Dédicace288 et, à Milan, on célèbre à la mi-octobre la dédicace de Y ecclesia maior, qui est suive de trois dimanches post Dedicationem.

284 Eusèbe de Cesaree, Histoire ecclésiastique, X, III, 3; Édit. G. Bardy, tome 3, Paris 1958, pp. 80-81.

285 M. F. Martinez-Fazio, La segunda basilica de San Pablo extramuros. Estudios su fundacion, Coll. Miscellane historiae pontificiae, n° 32, Roma 1972.

286 Grégoire VII, Registrum epistolarum, III, 10a. Cette lettre a été insérée dans les Actes du concile romain de 1076. Cf. A. Fliehe, La Réforme grégorienne et la Reconquête chrétienne (1057- 1123), Le. p. 136.

287 La Porta bizantina di San Paolo, a cura della Direzione generale dei Monumenti, Musei e Gallerie Pontificie, Roma 1967.

288 B. Botte, Les Dimanches de la dédicace dans les Eglises syriennes, dans L'Orient syrien, 2 (1957), pp. 65-70. L'auteur voit dans cette fête de la Dédicace une fête d'origine hiésolymitaine, intitulée «dédicace de tous les autels» (LJ 366). Elle avait pour but de christinaniser la fête juive de la dédicace du Temple, qui tombait la plupart du temps à la mi-décembre (25 du mois de Kisleu). Cette christianisation ne consistait pas à continuer la fête juive, mais à lui opposer une fête chrétienne.

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LE COMMENTAIRE HISTORIQUE ET LITURGIQUE : NOVEMBRE 313

19 La Sancti Pontiani, papae et martyris (0 P)

La Depositio Martyrum de 354, suivie par le martyrologe hiéronymien, mentionne au 13 août la déposition d'Hippolyte sur la via Tiburtina et celle de Pontien au cimetière de Callixte (CR 4e, 12, MH 439). C'est l'anniversaire du transfert à Rome des corps des deux confesseurs de la foi, morts en Sardaigne où ils avaient été déportés en 235. Au 6e siècle, le sacramentaire de Vérone a deux formulaires pour le natale sanctorum Yppoliti et Pontiani (SV 99). Dans ces documents on cite invariablement Hippolyte, l'écrivain de renom, avant le pape Pontien. Au 7e siècle, il n'est plus question que d'Hippolyte, mais le nom de Pontien reparait, au siècle suivant, dans la liste des saints Papes qu'utilisera le calendrier de Mantoue. Il y est inséré à la date du 19 novembre (CM 1264), veille du jour où la notice de Pontien a trouvé place dans les martyrologes de Florus (MF 319), d'Adon (MA 626) et d'Usuard (MU 344). Le calendrier du Latran révèle une fois de plus sa fidélité à l'ancienne liste en optant pour le 19 novembre.

21 La Sancti Gelasii, papae et confessons (0 P)

Le pape Gélase 1er mourut le 21 novembre 496, comme l'atteste le Liber Pontifica- lism. Il est inscrit à ce jour dans le calendrier de Mantoue (CM 1264) et le martyrologe de Vienne (MV 179). Adon en fait mention au 19 novembre dans sa liste additionnelle (MA 472), mais Usuard l'ignore. Le calendrier et YOrdo du Latran constituent donc, de fait, les premiers témoins de son culte liturgique.

22 La Va Sanctae Caeciliae, virginis et martyris (M Ν Ο P Q R)

Le 22 novembre 545, le pape Vigile célébrait la messe au Transtévère dans l'église de sainte Cécile: erat enim die(s) natalis eius, quand il fut arrêté par ordre impérial290. C'est là le plus ancien témoignage du culte de sainte Cécile à Rome. Dix ans plus tard, Cécile figurera dans la procession des vierges à Saint- Apollinaire-le-Neuf de Ravenne et, peu après, le sacramentaire de Vérone fournira pour sa fête cinq formulaires, dont les préfaces sont toutes tributaires de la Passio qui fit la popularité de la sainte (SV 147). Au 7e siècle, le nom de Cécile est inscrit au Canon de la Messe et tous les témoins de la liturgie romaine mentionnent son natale (LK 41, SGr 666, SGé 162). Au 12e siècle, l'antiphonaire de Saint-Pierre reproduit les antiennes et les répons tirés de la Passio, qui sont communs à toutes les églises (P 184 - 186), et YOrdo du Latran déclare: in natali sanctae Ceciliae cantatur et legitur proprietas eius (0 160). Cécile est commémorée par les Byzantins.

289 L. Duchesne, Le Liber Pontificalis, Le. tome 1er, p. 255. 290 Ibid, p. 297.

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314 LES CALENDRIERS DU LATRAN ET DU VATICAN À LA FIN DU XIIe SIÈCLE

23 La Va Sancii démentis, papae et martyris (M Ν Ο Ρ Q R)

A la fin du 4e siècle on vénérait la mémoire de saint Clément dans le titulus dementis, au pied de PEsquilin, comme en témoigne saint Jérôme et, au début du 5e siècle, il y était honoré comme martyr (MH 615). Si la Depositio Marty rum donne le nom de Clément en tête des Quatre Couronnés dans une notice qui est altérée (CR 4e, 12), le martyrologe hiéronymien annonce son natale au 23 novembre. Le sacramentaire de Vérone propose ce jour-là quatre formulaires pour la messe de saint Clément sacerdos et martyr (SV 150). C'est aussi le jour où celui-ci est commémoré en Afrique (CA 72) et par les liturgies gallicane291 et hispanique (CM 488), tandis qu'il est fêté avec saint Pierre d'Alexandrie au rite byzantin (CB 113). Au 7e siècle, le nom de saint Clément est inscrit au Canon romain et son natale est attesté aussi bien par Pévangéliaire de 645 (LK. 41) que par les sacramentaires grégorien (SGr 666) et gélasien (SGé 163).

La Sanctae Felicitatis (N)

Le missel du Latran est seul à faire mention de sainte Félicité, dont il donne les trois oraisons (fol. 377v). On doit s'en étonner à un double titre: d'une part, la fête de cette martyre appartient à la tradition romaine la plus assurée et, de l'autre, elle est solidement attestée dans les documents du 11e et du 12e siècle, soit qu'ils nomment Félicité seule (BC, HL), soit qu'ils lui adjoignent ses fils selon la légende (A, J).

La depositio de Félicité au cimetière de Maxime sur la via Salaria est annoncée par le martyrologe hiéronymien (MH 615). Si le sacramentaire de Vérone fournit des formulaires distincts pour la messe de saint Clément et celle de sainte Félicité, il réunit leurs noms dans son titre et il leur consacre une collecte commune (SV 150, 154/n° 1209). C'est sans doute parce que les deux martyrs ont le même dies natalis, mais aussi peut- être parce qu'un oratoire en l'honneur de sainte Félicité avait été érigé non loin du titulus démentis292. Le centre du culte de la sainte demeura toutefois longtemps sa basilique cimétériale, où saint Grégoire le Grand prononça une homélie le jour de sa fête293. Le natale de Félicité est attesté par les diverses sources liturgiques du 7e siècle (LK 41, SGr 667, SGé 163). Il est vraisemblable que le nom de Félicité, qui précède celui de Perpétue dans le Canon romain, désigne la martyre de la via Salaria et non celle de Carthage.

291 Missale gothicum, édit. L.C. Mohlberg, I.e., p. 34. 292 C. Huelsen, Le Chiese di Roma, Le, p. 252. Dans cet oratoire, qui fut découvert en 1812

entre les thermes de Trajan et le Colisée, une peinture datant du 6e siècle représentait la sainte au milieu de ses fils. Voir dessins dans D.A.C.L. tome 5, col. 1283-1286.

293 Saint Grégoire le Grand, Homiliae in Evangelio, I, 3; P.L. 76, col. 1087.

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LE COMMENTAIRE HISTORIQUE ET LITURGIQUE : NOVEMBRE 315

24 La Va Sancii Chrysogoni, martyris (M Ν Ο Ρ Q R)

Le martyrologe hiéronymien annonce à Rome le natale Chrysogoni (MH 618). Il s'agit du fondateur du titre de Chrysogone au Transtévère, dont l'existence est attestée au 5e siècle, mais qui peut remonter notablement plus haut294. Au 6e, siècle, le sacramen- taire de Vérone donne un formulaire pour la messe des saints Chrysogone et Grégoire (SV 154). Le nom de Grégoire, impossible à identifier avec certitude, n'est pas cité dans les documents ultérieurs, qui perpétuent le culte de Chrysogone (LK 41, SGr 667). Dès le 6e siècle, on trouve Chrysogone parmi les saints représentés à Ravenne dans la basilique Saint-Apollinaire-le-Neuf, mais il s'agit d'un martyr homonyme d'Aquilée, qui est inscrit dans le Hiéronymien au 17 février (MH 103) et à d'autres dates. On ne tarda pas à fondre les deux personnages en un seul. Honoré à Rome, inscrit au Canon romain comme à celui de Milan, saint Chrysogone devait voir son culte se répandre dans tout l'Occident avec celui des saint locaux de la Cité apostolique.

25 La Sancii Prosperi, episcopi et confessons (Ο Ρ)

Saint Prosper est un évêque de Reggio d'Emilie, qui vécut au 5e ou au 6e siècle. A Reggio on célèbre son natale le 25 juin et on commémore le 24 novembre la translation de ses reliques du lieu de leur inhumation primitive à l'église érigée en son honneur. Cette translation était célébrée le 25 en Toscane295. Cette dernière précision permet d'attribuer à coup sûr aux chanoines de Saint-Frigdien l'introduction de la mention de saint Prosper dans le calendrier du Latran. Va Octave dedicationis sancii Pétri (Q)

L'octave de la Dédicace était célébrée avec solennité par le clergé de la basilique vaticane au 12e siècle. On en faisait l'office chaque jour. En occurrence avec la fête d'un saint, on réservait à la Dédicace le troisième nocturne de Matines et les Vêpres (Q 185- 187). Va Sanctae Catharinae, virginis et martyris (R)

Au jour-octave de la Dédicace, sainte Catherine ne pouvait être l'objet que d'une commémoraison à Saint-Pierre. La présence de son nom au calendrier du Vatican et de sa Passio dans le passionnaire du Latran (fol. 269 - 274) témoigne de l'implantation du culte de sainte Catherine à Rome au 12e siècle. Sa légende y était déjà connue depuis un certain temps, puisqu'en 1948 on a découvert à Saint-Laurent-hors-les-murs une fresque représentant la vierge d'Alexandrie qui remonterait au 8e-9e siècle. Mais l'existence d'une

294 C. Huelsen, Le Chiese di Roma, Le, p. 238. 295 P. Simonelli, Prospero, vescovo di Reggio Emilia, dans Bibliotheca Sanctorum, tome 10, col.

1028.

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316 LES CALENDRIERS DU LATRAN ET DU VATICAN À LA FIN DU XIIe SIÈCLE

fresque ne saurait entrer que dans la préhistoire d'un culte. Ce culte prend naissance précisément au 9e siècle au Sinaï, où l'on commence à vénérer le tombeau de sainte Catherine dans le monastère élevé par l'empereur Justinien (527-565) au lieu de la théophanie du Buisson ardent. Deux siècles plus tard, l'abbaye de la Trinité-au-Mont à Rouen prétendra posséder, elle aussi, quelques reliques de la sainte, et la vénération pour son nom se répandra en France. Il faut pourtant attendre le 12e siècle pour voir apparaître la fête du 25 novembre dans les sacramentaires de France et d'Italie (Leroquais 3,349; Ebner 469) et dans les synaxaires byzantins (Nilles 1,335), tandis que le calendrier copte, héritier de la tradition alexandrine, devait toujours l'ignorer. On a relevé l'importance des Croisades dans l'essor que prit alors le culte de sainte Catherine, appelée à devenir, du 13e au 15e siècle, de plus en plus populaire, mais cet essor fut avant tout tributaire de la diffusion de sa Passion, qui connut de multiples développements296.

26 La Sancii Pétri, episcopi alexandrini (0 P)

Saint Pierre, évêque d'Alexandrie, fut décapité le 25 novembre 312. Les Coptes l'appellent «le sceau des martyrs», car il fut une des dernières victimes de la grande persécution en Egypte (CC 94). On commémora son anniversaire avec éclat à Alexandrie dès les années qui suivirent sa mort. Si le martyrologe de Nicomédie annonce sa fête au 24 novembre (MN 51), tous les autres documents la fixent au 25, à l'exception du calendrier du Latran, qui la reporte au 26297. En Orient, la fête de saint Pierre est célébrée aussi bien par les Syriens et les Byzantins que par les Coptes (CO 340, CB 113, CC 94). En Occident, elle est mentionnée par le Hiéronymien (MH 621), puis par Bède et les autres martyrologes du moyen âge (MB 99, MA 564, MU 348). Au 9e siècle, le calendrier de Naples, donne à Pierre le titre officiel attribué à l'évêque d'Alexandrie: P(assio) S. Pétri Pap(ae) de Alexandria) (CN 137). Le culte du Pape martyr d'Alexandrie ne connut qu'une diffusion modeste en France, en Allemagne et en Italie (Leroquais 3,400), à partir du 12e siècle. Il semble donc que le calendrier du Latran soit tributaire de l'Italie méridionale plutôt que

296 Sura la Passion de sainte Catherine et le développement de son culte voir Vies des Saints et des Bienheureux, I.e., tome 11, pp. 854-872. Mais cette étude ne fait pas état de la fresque découverte en 1948 à Saint-Laurent. Celle-ci se trouve dans une chapelle décorée de fresques qui représentent, sur un mur, la Vierge Marie assise avec l'Enfant-Dieu et entourée d'anges ailés et, sur un autre mur, les saints Laurent, André, Jean l'Evangéliste et sainte Catherine. En raison de leur technique, de leur style et de la paléographie des inscriptions qui accompagnent chaque saint, ces fresques ne peuvent être postérieures au 9e siècle. On en trouvera une reproduction dans R. Krauthei- mer, Coi pus basilicarum christianarum Romae, tome 2, Città del Vaticano 1962, p. 88.

297 Le manuscrit de YOrdo ecclesiae lateranensis a perdu ses dernières pages. Il s'arrête avec la mention de S. Pierre d'Alexandrie (P 160), mais on trouve les fêtes de décembre au début du Sanc- toral, qui commence avec celle de saint André.

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LE COMMENTAIRE HISTORIQUE ET LITURGIQUE : NOVEMBRE 317

des Pays transalpins. Si la fete de saint Pierre est attestée a Naples au 9e siècle, on la rencontre peu après au Mont-Cassin298.

29 La Va Sancii Saturnini, martyris (Ν Q R)

La Depositio Marty rum de 354 et le martyrologe hiéronymien annoncent l'inhumation de Saturnin au cimetière de Thrason sur la via Salaria (CR 4e, 12; MH 626). On éleva sur sa tombe une église que le pape Félix IV (526-530) dût recontruire après un incendie. Au 7e siècle, la fête de saint Saturnin est attestée aussi bien par l'évangéliaire de 645 (LK 42) que par les sacramentaires grégorien (SGr 668) et gélasien (SGé 164). Ce dernier y ajoute les noms de Chrysante, Maur, Daria et des autres martyrs du cimetière de Thrason. Depuis lors l'Eglise romaine n'a jamais cessé de célébrer le natale de Saturnin.

La Va Vigilia sancii Andreae (M Ν Ο Ρ Q)

30 La Va Sancii Andreae, apostoli (M Ν Ο Ρ Q R)

Toutes les Eglises qui suivent un calendrier fixe célèbrent aujourd'hui la fête de saint André, qui est déjà inscrite à cette date dans le calendrier de Jérusalem du début du 5e siècle (LJ 364). Depuis la seconde moitié du 5e siècle, Rome a toujours entouré d'un culte spécial le frère de Pierre, celui qui amena Pierre à Jésus {Io 1,42). Le sacramentaire de Vérone lui consacre quatre formulaires (SV 155). Au 7e siècle, aussi bien Pépistolier (LW 63) et l'évangéliaire (LK 42) que les sacramentaires (SGr 668, Sgé 164) donnent des textes pour la vigile et le natale de l'Apôtre. A Rome, saint André était honoré non seulement dans les basiliques qui portaient son nom sur PEsquilin et au Coelius, ainsi que dans l'une des deux rotondes proches de Saint-Pierre, mais aussi au baptistère du Latran, tant à l'oratoire de la sainte Croix, érigé par le pape Hilaire (461 - 468), que sous le portique d'entrée, où Anastase IV dédia un autel à saint André et sainte Lucie (1154). En raison de la proximité du monastère de saint André, l'oratoire de la sainte Croix, où l'on se rendait en procession le soir de Pâques, porte souvent le nom de l'apôtre dans les documents anciens: Ad sanctum Andream ad crucem299 ou simplement: Ad sanctum Andream (SGr 632). Mais, au 12e siècle, c'est l'oratoire du portique qui constitue au Latran Γ ecclesia sancii Andreae (Ρ 122).

29g E.A. Loew, Die ältesten Kaiendarien aus Monte Cassino, I.e., p. 33, Casanatensis Additiones. 299 Ordo 27,77, dans M. Andrieu, Les Ordines romani, I.e., tome 3, louvain 1951, p. 365.

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318 LES CALENDRIERS DU LATRAN ET DU VATICAN À LA FIN DU XIIe SIÈCLE

Décembre

2 La Va Sanctae Bibianae, virginis et martyris (Ο Ρ R)

Le pape Simplicius (468-83) dédia une basilique à sainte Bibiane à l'intérieur de la Ville, près de la porta Tiburtina ou porte de saint Laurent300. La Passio Bibianae, Dafro- sae et Demetriaem, qui fait périr ces martyres sous l'empereur Julien, ne mérite aucun crédit. Adon (MA 494), suivi par Usuard (MU 352), inscrit Bibiane au 2 décembre, qui est le jour indiqué pour sa mort dans certaines recensions de la Passion. Au 11e siècle, le nom de Bibiane est mentionné dans les martyrologes de Saint-Pierre et de Saint-Cyria- que, ce dernier lui ajoutant celui de Dafrosa. Au début du 12e siècle, le passionnaire du Latran donne sa Passio (fol. 281-283), puis on trouve sa fete dans les calendriers du Latran et du Vatican, ainsi que dans le sacramentaire de l'Archivio de Sainte-Marie Majeure.

4 La Sanctorum Nemesii et sociorum eius (O P)

VOrdo du Latran indique qu'on prend les lectures pour la fête de Némésius et de ses compagnons in passione beati Stephani papae (Ρ 123). Il s'agit donc des martyrs Némésius et Lucilia, Olympius, Symphronius, Théodule et Exupéria, que la Passion d'Etienne fait intervenir dans l'histoire de ce pontife302. Les noms de Némésius et de Lucilia furent introduits par Adon dans son martyrologe au 31 octobre (MA655). Usuard les mentionne deux fois: le 25 août, pour leur mort (MU290), et le 31 octobre, pour leur inhumation par le pape Xyste II au cimetière d'Apronien sur la via Latina, où les Itinéraires signalent leurs tombes (MU 331). A la fin du 10e siècle, le pape Grégoire V (996-999) transféra les restes des six martyrs dans la basilique Sainte-Marie-la Neuve au Forum303. Le 4 décembre peut rappeler cette translation. Les précisions que donne VOrdo lateranensis sur la manière dont il faut répartir les neuf lectures de l'office laissent deviner qu'il s'agit là d'une addition au texte initial du prieur Bernhard. L'introduction de la fête des martyrs de la via Latina dans le calendrier du Latran pourrait donc remonter au pontificat

300 L. Duchesne, Le Liber Pontificalis, I.e., tome 1er, p. 249. 301 Le sacramentaire de l'Archivio de Sainte-Marie Majeure (K) annonce le natale sanctarum vir-

ginum Bibianae, Dafrosae et Demetriae (fol. 16), ce qui laisse deviner de sa part une dépendance de la Passion en ce qui concerne les noms, mais une certaine liberté par rapport au récit: Dafrosa ne saurait être vénérée comme vierge, puisqu'elle est la mère de Bibiane et de Démétria.

302 Martyrologium romanum scholiis historicis instructum, i.e., p. 359 pour Némésius et Lucilia, et p. 307 pour les quatre autres martyrs.

303 R. Krautheimer, Corpus basilicarum, i.e., tome 1er, p. 222.

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LE COMMENTAIRE HISTORIQUE ET LITURGIQUE : DÉCEMBRE 319

d'Alexandre III (1159-1181), qui fit d'importants travaux à Sainte-Marie-la-Neuve et en réitéra la dédicace304. La Sanctae Barbarae, virginis (0 P) Va Sanctae Barbarae, virginis, et sanctae Iulianae (R)

Sainte Barbe, dont la fete est commune aux calendriers du Latran et du Vatican, est très vraisemblablement une martyre orientale. Elle est fêtée le 4 décembre chez les Syriens (CO 339), les Byzantins (CB 121) et les Coptes (CC 97), aussi bien qu'en Occident, où le premier témoin de cette date liturgique est Rhaban Maur (vers 849). On la trouve mentionée ensuite chez Adon qui, avec certaines versions de sa Passio, place son martyre en Toscane (MA 493). Usuard indique Barbe le 16 décembre in Tuscia (MU 360). On relève enfin à la même époque le nom de Barbara dans le calendrier de Naples à la date du 4 décembre (CN 137). Si l'on en croit Jean Diacre, le biographe de saint Grégoire le Grand, celui-ci aimait à chanter les louanges de Dieu in oratorio sanctae Barbarae dans son monastère du Coelius avant de devenir pape305. Le culte de sainte Barbe à Rome remonterait ainsi au 6e siècle. En tout cas la sainte est représentée au 8e siècle sur un pilier de Sainte-Marie-Antique et, au 9e siècle, deux oratoires au moins lui étaient dédiés, l'un in Subura, attesté en 816, et l'autre à l'intérieur de la basilique des Quatre-Couron- nés, attesté vers 85O306. Au 11e siècle, on signale l'existance d'une église de sainte Barbe, bâtie sur les ruines du théâtre de Pompée. Cette église dépendait de la basilique Saint- Laurent in Damaso*01. C'est pour cela qu'on trouve la fête de sainte Barbe dans le sacra- mentaire de cette église (fol. 6v). Au 11e siècle, elle est aussi inscrite dans les martyrologes de Saint- Pierre et de Saint-Cyriaque. Elle a place, au 12e, dans le passionnaire du Latran (fol. 283-285) et le sacramentaire de l'Archivio de Sainte-Marie Majeure (fol. 16v), puis enfin dans les calendriers du Latran et du Vatican.

Le calendrier de Saint-Pierre ajoute au nom de Barbe celui de Julienne. Il s'agit d'une femme qui intervient dans la Passion de Barbe et subit le martyre avec elle308. Les Coptes catholiques célèbrent actuellement sainte Barbe et sainte Julienne, comme le faisaient les chanoines de Saint-Pierre au 12e siècle (Nilles, 2, p. 699).

5 La Va Sancii Sabae, monachi (M Ο Ρ R)

Saint Saba mourut à la Grande Laure, qu'il avait fondée dans le désert de Juda en surplomb du torrent du Cédron et qui est devenue le monastère de Mar-Saba (532). Le

304 Cette dédicace, célébrée par Alexandre III le 6 juin 1161, est mentionnée à la fois dans le Liber Pontificalis (tome 2, p. 403) et dans les Regesta Pontificum romanorum de Jaffé (tome 2, n° 10666, p. 153, et n° 10679, p. 154).

305 Saint Grégoire le Grand, Vita, IV, 89; P.L. 75, col. 234. 306 C. Huelsen, Le Chiese di Roma, I.e., p. 205. 307 Ibid., p. 204. 308 Vies des Saints et des Bienheureux, I.e., tome 12, pp. 119-120 et Bibliographie, pp. 124-125.

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320 LES CALENDRIERS DU LATRAN ET DU VATICAN À LA FIN DU XIIe SIÈCLE

calendrier palestinien annonce au 5 décembre: Sancii theophori patris nostri Sabae ascetae et inter patres gloriosi309. A la suite du calendrier byzantin (CB 123), le calendrier de Naples l'a inscrit à la même date (CN 137), mais il est ignoré des martyrologes et des calendriers des Pays francs. Le culte de saint Saba fut introduit à Rome par les moines palestiniens qui s'y réfugièrent après l'invasion arabe à la fin du 7e siècle. Ils s'établirent sur Γ Aventin, où ils fondèrent la Nouvelle Laure (Cella nova), dont ils dédièrent l'église à saint Saba. Au 11e siècle, on trouve son nom dans le martyrologe de Saint-Pierre, le sacramentaire de Saint-Laurent in Damaso (fol. 7) et, comme il convient, dans l'épistolier de Saint-Saba, qui donne l'épître de la vigile du saint titulaire (fol. 169v). Au 12e siècle, le passionnaire du Latran (fol. 285-289v), le sacramentaire de Saint-Tryphon (fol. 9v) et celui de l'Archivio de Sainte-Marie-Majeure (fol. 16v) connaissent à leur tour le natale de saint Saba, avant qu'il prenne place dans les calendriers du Latran et du Vatican.

6 La Va Sancii Nicolai, episcopi et confessons (M Ν Ο Ρ Q R)

Saint Nicolas, évêque de Myre en Lycie (4e siècle), est fêté le 6 décembre par toutes les Eglises d'Orient (CB 125; Nilles 1,465; CC 98). Il est inscrit au même jour au calendrier de Naples (CN 137) et dans les martyrologes occidentaux à partir de Florus (MF 347, MA 483, MU 354). Le culte de saint Nicolas en Occident est donc antérieur au vol de ses reliques par les marins d'Amalfi, qui les apportèrent dans leur ville en 1087. Il est indéniable cependant que cette «translation» contribua à son essor. C'est ainsi qu'à Rome, si la plus ancienne église placée sous le patronage de l'évêque de Myre, Saint- Nicolas in carcere, remonte vraisemblablement au 10e siècle, on lui dédia quatre autres sanctuaires au 11e siècle et quinze au 12e. Avant le 10e siècle saint Nicolas n'était pas inconnu à Rome. Il est représenté dans une fresque du 8e siècle, à Sainte-Marie-Antique, à la suite des saints Jean Chrysostome, Grégoire de Nazianze, Basile, Pierre et Cyrille d'Alexandrie, Epiphane et Athanase. On ne pouvait lui rendre un plus bel hommage que de l'associer ainsi aux Pères de l'Orient chrétien310. Mais sa fête n'apparaît qu'avec le 11e siècle. Le martyrologe ainsi que le sacramentaire de Saint-Pierre et, au siècle suivant, celui de Saint-Tryphon lui donnent le titre d'archevêque, sans qu'on puisse deviner le motif de cette promotion. Attestée au 11e siècle (AC) et au 12e (H J Κ L), la fête de saint

■ Nicolas est mentionnée par toutes les sources liturgiques du Latran et du Vatican, ce qui est assez rare pour les fêtes qui n'appartiennent pas au fonds romain primitif. Le missel du Latran propose le formulaire qui devait passer ensuite dans le missel romain (fol. 271).

309 G. Garitte, Le Calendrier palestino-géorgien, Le, p. 403. 310 Voir la reproduction hors-texte en couleur des peintures de la nef de gauche de Sainte-

Marie-Antique dans D.A.C.L. tome 5, col. 2064: Ο agios Nikolaos (barbe courte et chasuble rouge) est le deuxième personnage à partir de la droite. Pour une description du détail de la fresque cf. col. 2020-2025.

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LE COMMENTAIRE HISTORIQUE ET LITURGIQUE : DÉCEMBRE 32 1

L'antiphonaire de Saint-Pierre déclare: In festo sancii Nicolai, propriam Historiam non consuevimus cantare, sed de Communi Sacerdotum cantamus (P 26), ce qui laisse deviner qu'en d'autres églises on chantait l'office prope du saint. De fait, dès le 11e siècle, l'antiphonaire d'Ivrée propose un office complet de saint Nicolas311. Au Latran, saint Nicolas était titulaire au 12e siècle d'un autel dans la basilique et surtout d'un important oratoire construit dans le patriarchium sous Callixte II (infra, p. 375).

7 La Va Sancii Ambrosii, episcopi et confesso ria (M Ο Ρ R)

Le martyrologe hiéronymien ne mentionne ni le natale de saint Ambroise (4 avril 397), ni son ordination (7 décembre 374), mais son baptême (30 novembre): In Mediolano sancii Ambrosii episcopi de perceptione baptismi (MH 629). A Milan, les trois dates sont l'objet d'une célébration312. Les martyrologes du 9e siècle ont tous opté, à la suite de Bède, pour le 4 avril (MB 50, MF 322, MA 481, MU 206). Si quelques calendriers, dont ceux du Mont-Cassin, font mémoire d'Ambroise dès le 9e siècle, c'est surtout à partir du 11e qu'on assiste au développement de son culte. Les églises, épiscopales ou monastiques, se partagent entre le 4 avril et le 7 décembre, avec prédominence du 4 avril en régions transalpines (Leroquais 3,338) et du 7 décembre en Italie (Ebner 466). Bien que saint Ambroise soit né à Rome, sa fête n'y est pas attestée avant le 11e siècle (CR 11e, 142), où elle est célébrée le 7 décembre. Elle devait prendre de l'extension dans la Ville au 12e (CR 12e, 153). Mais le souvenir d'Ambroise était conservé depuis plus longtemps dans le monastère Sainte-Marie de Maxima, quae appelatur Ambrosii, selon la notice de Léon III au Liber Pontificalis313. On estimait qu'il était bâti sur l'emplacement de la maison natale d'Ambroise314. Au 12e siècle, saint Ambroise était aussi honoré à Saint-Pierre dans une chapelle ornée de très belles colonnes et de mosaïques. La Va Sancii Sabini, episcopi et martyris (Ο Ρ R)

Saint Sabin ou Savin est un martyr de Spolète, en Ombrie, dont le culte est attesté dès le 6e siècle: il est représenté parmi les martyrs à Saint-Apollinaire-le-Neuf de Ravenne, et saint Grégoire le Grand en traite dans l'une de ses lettres. La Passion de Savin et de ses compagnons, qui fait indûment de son héros principal un évêque d'Assise, donne le 7 décembre pour son natale. C'est donc à tort qu'Adon et Usuard en font mention le 30 décembre (MA 567, MU 150). Le culte de saint Savin était fort popu-

311 R.J. Hesbert, Corpus Antiphonalium Offlcii, I.e., tome 1er, Roma 1963, pp. 27-29. 312 C. Marcora, // Santorale ambrosiano, I.e. pp. 39, 145, 147. A Milan le 7 décembre constitue la

fete principale de saint Ambroise, le 4 avril tombant toujours en carême ou dans les fetes pascales. Saint Ambroise était mort le samedi saint.

313 L. Duchesne, Le Liber Pontificalis, I.e., tome 2, p. 23. Sur ce monastère voir G. Ferrari, Early roman monasteries, I.e., pp. 199-200.

314 C. Huelsen, Le Chiese di Roma, I.e., p. 172.

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322 LES CALENDRIERS DU LATRAN ET DU VATICAN À LA FIN DU XIIe SIÈCLE

laire à travers l'Italie centrale. Telle est la raison pour laquelle, au 12e siècle, on trouve sa fête dans plusieurs églises de Rome, dont les basiliques du Latran et du Vatican (CR 12e, 153). Le passionnaire du Latran donne la Passio Sancii Sabini (fol. 297v - 300) avant la Vie de saint Ambroise (fol. 300 - 3O8v).

8 La Sancii Zenonis, episcopi et confessons (0 P)

Saint Zenon, évêque de Vérone, mourut le 12 avril (vers 372). Le 8 décembre est l'anniversaire de la dédicace de la basilique où fut transféré son corps en 810, comme l'atteste le manuscrit de Bède de la Bibliotèque capitulaire de Vérone (MB 23). Usuard a inscrit son nom au 12 avril (MU 211). Le culte de saint Zenon, attesté à Vérone dès le 5e siècle, connut une assez large diffusion en Italie septentrionale: une église lui était dédiée à Ravenne au 6e siècle. Aux 11e et 12e siècles, on trouve sa fête au 12 avril, au 8 ou au 9 décembre, et même au 21 mai pour une translation (Ebner 487). Il est vraisemblable qu'elle a été introduite au Latran par les chanoines de Lucques.

9 La Sancii Siri, episcopi et confessons (Ο Ρ)

On est encore tenté d'attribuer aux chanoines de Lucques l'introduction de la fete de saint Syrus au calendrier du Latran. Il faut relever pourtant que le martyrologe de Saint- Pierre annonce son natale en ce jour. Syrus fut le premier évêque de Pavie (4e siècle). On ne sait rien de plus sur sa vie. Il fut inhumé dans la basilique des saints Gervais et Portais, d'où on transféra son corps au 9e siècle dans la cathédrale. Le martyrologe de Florus fait mention de Syrus à deux reprises: le 17 mai et le 12 septembre, où il joint son nom à celui d'un autre évêque de Pavie saint Juventius (MF 234, 278). Adon et Usuard reprennent la notice du 12 septembre (MA 483, MU 301). La fête de saint Syrus était célébrée dès le 10e siècle entre Pavie et Florence, Bobbio et Padoue, mais Milan ne l'accueillit pas. La date la plus répandue pour cette fête est le 9 décembre, qui est le jour de la mort de Syrus: Natale Syri confessons de Transmigration, dit le martyrologe de Saint-Pierre, en usant d'une expression qui ne lui est pas habituelle. Le 17 mai est intitulé dans un sacra- mentaire: Inventio S. Syri (Ebner 80). Aucun calendrier ne se réfère au 12 septembre315.

10 La Sancii Miltiadis, papae et martyris (O P)

Saint Miltiade fut déposé au cimetière de Callixte le 10 janvier 314, comme en font foi la Depositio Episcoporum de 354 (CR 4e, 10) et le Hiéronymien (MH 34). C'est à ce jour qu'il est inscrit au martyrologe de Bède (MB 48). Mais le Liber Pontificalis annonce sa

315 Saint Syrus fut inscrit au calendrier de Cluny au 12e siècle (G. de Valous, Le Monachisme clunisien, I.e., p. 410). C'est la raison pour laquelle sa fete connut dès lors une certaine diffusion. On la trouve dans le sacramentaire de Ripoll, /.c, p. 192.

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LE COMMENTAIRE HISTORIQUE ET LITURGIQUE : DÉCEMBRE 323

mort au 10 décembre316. Le calendrier de Mantoue (CM 1264) et la liste additionnelle d'Adon (MA 472) en font mention ce jour-là sous le nom de Melchiade. Quant au martyrologe de Vienne, il commémore Miltiade aux deux dates (MV 175, 179), tandis qu'Usuard le passe sous silence. Le culte liturgique de saint Miltiade ou Melchiade apparaît avec le calendrier du sacramentaire de Ratisbonne {supra p. 171). Le calendrier du Latran est le premier à l'introduire à Rome. Il lui confère même le titre de martyr, qui ne saurait convenir au pape de la paix.

11 La Sancti Damasi, pape et confessons (M Ν Ο Ρ)

Le pape Damase mourut le 11 décembre 384 et il fut inhumé dans son cimetière familial près de sa mère et de sa soeur sur la via Ardeatina. Les manuscrits du Hiérony- mien se partagent entre le 10 et le 11 pour faire mention de son natale (MH 641, 643), mais le Liber Pontiflcalis est formel sur le 11. Bède (MB 55) et tous les autres martyrologes sont d'accord avec lui. Le culte de saint Damase fut lié d'abord à sa basilique cimété- riale, que signalent les Itinéraires, et à la basilique qu'il avait érigée lui-même dans sa maison paternelle sous le vocable de saint Laurent. Le sacramentaire de Saint-Laurent in Damaso est, au 11e siècle, le premier témoin de sa fête. Il propose une oraison propre pour la depositio sanctissimi Damasi papae:

Propitiare, quaesumus Domine, nobis famulis tuis per huius s(an)c(t)i Damasi Confessons tui atque pontifìcis, qui in presenti requiescet aeclesia, merita gloriosa, ut eius pia intercessione ab omnibus protegamur adversis (fol. 7v).

Mais, à cette époque, la fête de saint Damase était célébrée depuis longtemps à travers tout l'Occident grâce aux sacramentaires gélasiano-francs de la fin du 8e siècle (S 8e 217). Damase doit certainement sa popularité aux pèlerins des cimetières romains, qui recopiaient avec ferveur les inscriptions rédigées par le pape cultor martyrum pour sauver de l'oubli les tombes saintes. Au 12e siècle, le missel du Latran reproduit encore fidèlement les trois oraisons des sacramentaires du 8e (fol. 273v). Le missel de la Curie, puis celui de saint Pie V, les abandonneront pour y substituer le formulaire du pape saint Marc (SGr 662). La Sancti Danielis (0)

Le calendrier du Latran ajoute au nom de saint Damase celui de saint Daniel. De qui s'agit-il ? - Les calendriers byzantin (CB 129) et syrien (Nilles 1,465) commémorent aujourd'hui saint Daniel le Stylite, qui mourut le 11 décembre 493 après avoir passé plus de trente ans sur une colonne à Anaple, près de Constantinople. Le calendrier de Naples en fait mention le lendemain (CN 137). Mais Florus, induit en erreur par l'homonymie, a inscrit à la place du Stylite Daniel le Prophète (MF 349), alors que Bède mentionnait celui-ci le 21 juillet (MB 53). Adon, pour sa part, nomme le Prophète aux deux dates

316 L. Duchesne, Le Liber Pontificalis, I.e., tome 1er p. 168.

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324 LES CALENDRIERS DU LATRAN ET DU VATICAN À LA FIN DU XIIe SIÈCLE

(MA 482). Il ne semble pas que la confusion de Florus et d'Adon ait pu influencer le rédacteur du calendrier du Latran. Sans doute Daniel le Prophète est-il célébré dans quelques églises du nord de l'Italie, mais jamais le 11 décembre (Ebner 470). Comment le culte du saint Styl ite a-t-il pu entrer dans la liturgie du Latran? - Peut-être provenait-il d'Italie méridionale ou a-t-il été apporté par quelque clerc rentrant d'un voyage à Constantinople. Toujours est-il qu'on ne se contenta pas d'inscrire le nom de saint Daniel au calendrier, mais qu'on lui dédia une petite église, qui était située entre le patriarchium et l'acqueduc de Néron317.

13 La Va Sanctae Luciae, virginis (M Ν Ο Ρ Q R)

La vierge sainte Lucie subit le martyre à Syracuse, où la célébration de son natale est attestée aux alentours de Tannée 400 318. Elle est inscrite au 13 décembre dans le martyrologe hiéronymien (MH 640). A Rome, elle était titulaire d'un monastère au temps de saint Grégoire le Grand319. Le pape Honorius (625-638) lui dédia une église près de Saint- Sylvestre320. Au 12e siècle, huit sanctuaires portaient son nom. L'évangélaire de 654 (LK 42) et le sacramentaire grégorien (SGr 669) attestent l'existence de sa fête à Rome au 7e siècle. Son nom était inscrit au Canon romain, mais aussi au Canon ambrosien, car le culte de la vierge martyre de Syracuse se répandit de bonne heure. On le trouve aussi bien à Milan qu'en Espagne, où sa fête est indiquée au 12 décembre (CM 490-491), et à Byzance (CB 130). Lucie a pris place dans la procession des martyres de Ravenne. Va Sanctorum Eustratii, sociorumque eius (Q R)

La mémoire de saint Eustrate et de ses compagnons figure au 12e siècle dans le pas- sionnaire du Latran (fol. 313-326v), ainsi que dans les sacramentaires de Saint-Tryphon (fol. 11) et de l'Archivio de Sainte-Marie Majeure (fol. 18v). Leur mention a été ajoutée dans le martyrologe de Saint-Pierre. Ce sont des martyrs arméniens, qui étaient vénérés à Constantinople et dans tout le monde byzantin, où leur fête est célébrée en ce jour (CB 129). Leurs reliques auraient été apportées à Rome par des moines grecs et déposées dans l'église Saint-Apollinaire au temps du pape Adrien (772-795). Le calendrier de Naples annonce au 13 décembre la Passio S. Eustrati et Lucia (CN 137).

20 La Vigilia sancii Thomae (Ο)

317 C. Huelsen, Le chiese di Roma, I.e., p. 248. 318 II s'agit d'une inscription funéraire dans laquelle un mari rend hommage à sa jeune épouse,

morte à quinze ans «en la fête de Madame sainte Lucie, qu'on ne peut louer comme il convient». Elle est reproduite dans le D.A.C.L. art. Lucie (sainte), tome 9, col. 2616-2617.

319 Saint Grégoire le Grand, Registrum epistolarum XI, 15; édit. Ewald Hartmann, I.e., tome 2, p. 275.

320 L. Duchesne, Le Liber Pontiflcalis, Le, tome 1er, p. 324.

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LE COMMENTAIRE HISTORIQUE ET LITURGIQUE : DÉCEMBRE 325

21 La Va Sancii Thomae, apostoli (M Ν Ο Ρ Q R)

Le martyrologe hiéronymien fait mention de saint Thomas deux fois, le 3 juillet en mémoire d'une translation des reliques de l'Apôtre à Edesse, et le 22 décembre. Ce jour- là les manuscrits diffèrent dans leur justification d'une fête de S. Thomas: celui d'Echter- nach annonce sa passion en Inde, les autres sa translation à Edesse (ΜΗ 658). Aucune de ces affirmations n'est verifiable. Ce qui est certain, c'est que le corps de saint Thomas était vénéré à Edesse au temps de saint Ephrem. Les chrétiens du Malabar, en Inde, célèbrent trois fêtes en l'honneur de Mar Toma: le 3 juillet, le 18 et le 21 décembre, mais celle du 3 juillet est la principale (Nilles 2,663 et 673). Le 3 juillet est le jour de sa fête chez les Syriens (CO 340). Aussi H. Delehaye peut-il affirmer que la fête du 3 juillet, quod Orientalibus sollemne est, omnibus S. Thomae festis praevisse (M H 349). Cependant les Byzantins célèbrent l'Apôtre le 6 octobre (CB 61) et les Coptes le 21 mai (CC 155).

Le pape Symmaque (498-514) dédia un oratoire à saint Thomas dans la rotonde de saint André au Vatican. Au 7e siècle, on trouve une messe en son honneur au 21 décembre dans le sacramentaire gélasien (SGé 166), mais ce témoignage est isolé. Le culte de saint Thomas ne prit consistance à Rome qu'avec celui des autres Apôtres dans le cours du 10e siècle. Il y est attesté au 11e (CR 11e, 142) et il devient populaire au 12e, où six églises sont placées sous son vocable. Quant à la date du 21 décembre, elle était admise en Occident depuis le 8e siècle, où l'on trouve le formulaire de la messe dans les sacra- mentaires gélasiano-francs (S 8e 224).

23 Va Sancii Gregorii Spoletani (Q R)

Grégoire est le héros d'une Passio selon laquelle il subit le martyre à Spolète au temps de Dioclétien, un 23 décembre321. Il est permis de douter de l'existence de ce martyr, dont la passion n'est qu'un démarquage de celle de saint Georges. Adon et Usuard font mention de Grégoire le 24 décembre (MA 544, MU 147). Il était fêté au Vatican le 23, comme l'attestent le martyrologe du 11e siècle et, au 12e, l'antiphonaire (Q 32) et le calendrier. Le sacramentaire de l'Archivio de Sainte-Marie Majeure donne sa messe au 24 (fol. 19v), comme le font plusieurs sacramentaires ou missels d'Italie centrale (Ebner 474). On lit sa passion dans le passionnaire du Latran (fol. 332v - 334), mais la date et le titre font défaut, car le manuscrit est inachevé.

24 La Vigilia nativitatis (M Ν Ο Ρ) Va Vigilia Domini nostri Iesu Christi (Q R)

Au 6e siècle, le sacramentaire de Vérone contient une messe pour la vigile de la Nativité (SV 160, n° 1253-1254) et, au 7e siècle, tant l'évangéliaire de 645 (LK 13) que les

321 F. Caraffa, Gregorio di Spoleto, dans Bibliotheca Sanctorum, I.e., tome 7, col. 212.

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326 LES CALENDRIERS DU LATRAN ET DU VATICAN À LA FIN DU XIIe SIÈCLE

sacramentaires grégorien et gélasien (SGé 7) donnent les formulaires pour la messe célébrée à Sainte-Marie Majeure in vigilia natalis Domini hora nona (SGr 609).

25 La Va Nativitas Domini nostri Iesu Christi (M Ν Ο Ρ Q R)

La Depositio Martyrum de 354 inscrit en tête des anniversaires des martyrs de Rome le natale du Prince des martyrs: VIII kal. ianu. natus Christus in Betleem (CR 4e, 1 1). C'est la plus ancienne attestation de la fête de la Nativité du Seigneur et la preuve de son origine romaine322. Celle-ci dût être instituée vers 330, au lendemain du Concile de Nicée, comme profession de foi au Christ consubstantiel au Père. On fixa au 25 décembre, jour du Natalis invicti, la solennité du Soleil de Justice qui s'est levé pour éclairer les peuples. Elle était célébrée dans la basilique Saint-Pierre, que Constantin avait voulu dédier au Christ Vainqueur:

Quod duce te mundus surrexit astra triumphans Hanc Constantinus victor tibi condidit aulam,

disait l'inscription de l'arc triomphal323. Saint Léon le Grand est, au milieu du 5e siècle, le témoin de ce double aspect de la fête de la Nativité dans ses sermons in Nativitate Domini qui nous sont parvenus. Il expose sans se lasser le mystère de l'Incarnation et la dignité incomparable qu'elle apporte à la nature humaine, mais il rappelle aussi à son peuple que le culte du Christ, lumière du monde, est incompatible avec celui du soleil. Certains fidèles n'hésitaient pas, en effet, à se tourner vers l'est avant de pénétrer dans la basilique vaticane, le matin du 25 décembre, pour saluer le soleil:

NonnulH etiam Christiani adeo se religiose facere putant, ut priusquam ad B. Pétri apostoli basilicam, quae uni Deo vivo et vero est dedicata, perveniant, superatis gradibus quibus ad suggestum areae superioris ascenditur, converso corpore ad nascentem se solem reflectant, et curvatis cervicibus, in honorem se splendidi orbis inclinent324.

Au milieu du 12e siècle, le chanoine Benoît décrit encore la procession qui conduit le pape de Sainte-Anastasie à Saint-Pierre, mais il reconnaît que sa description se réfère au passé, car il ajoute: Sed propter parvitatem diei et diffìcultatem viae, facit statìonem ad

322 B. Botte, Les origines de la Noël et de l'Epiphanie, Louvain 1932, pp. 32-33. 323 T. Alpharani, De Basilicae vaticanae antiquissima et nova structura; édit. M. Cerrati, Roma

1914, p. 29. L'inscription se trouvait sous une mosaïque, qui représentait Constantin offrant son église au Christ près de qui se trouvait saint Pierre. La dédicace s'adressait donc au Christ et non à l'Apôtre, comme on l'a dit quelquefois.

324 Léon le Grand, Sermons, In nativitate Domini sermo VII, 4; édit. R. Dolle, tome 1er, Paris 1949, p. 142. Le Calendrier philocalien de 354 annonce au 25 décembre le Natale Inviai. On le trouve en appendice de l'édition du Martyrologe d'Usuard édité par J.B. Du Sollier: Martyrologium Usuardi monachi, Paris-Rome 1866, p. 842.

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LE COMMENTAIRE HISTORIQUE ET LITURGIQUE : DÉCEMBRE 327

sanctam Mariam Maiorem325. L'antiphonaire fait peu après la même remarque: Statio in Basilica beati Pétri Principis Apostolorum, sed propter brevitatem d'iei celebratur apud sanctam Mariam Maiorem (Q 41). En fait, c'est au temps de Grégoire VII qu'on avait du renoncer à célébrer la messe stationnale à Saint-Pierre, non seulement en raison de la brièveté du jour, mais aussi propter difficultatem viae, les adversaires du pape étant en partie maîtres de la Ville. La Va Sanctae Anastasiae (Ν Ο Ρ R)

Le jour de Noël, les calendriers du Latran et du Vatican font mémoire de sainte Anastasie. Le titre d'Anastasie, au pied du Palatin, existait dès la première moitié du 4e siècle326. L'homonymie ne manqua pas d'y attirer le culte d'une martyre de Sirmium, dont la légende n'eut aucun mal à faire une Romaine de naissance. Son natale est inscrit au 25 décembre dans le martyrologe hiéronymien (MH 7). La solennité de la Nativité ne supprima pas totalement la mémoire de sainte Anastasie, car, le pape célébrait la messe du matin du 25 décembre dans sa basilique avant de se rendre à Saint-Pierre. On a un sermon de saint Léon le Grand contre l'hérésie d'Eutychès, habitus Romae in basilica sanctae Anastasiae, qui a toute chance d'avoir été prononcé le jour de Noël327. Le sacra- mentaire grégorien a conservé pour cette messe matinale ad sanctam Anastasiam un sou- ble formulaire complet (avec deux préfaces); l'un célèbre la Nativité et l'autre la sainte martyre (SGr 609). On assiste là au passage de la fête de sainte Anastasie à un second stade, où l'on se contentera d'en faire mémoire dans la messe de l'aurore de Noël. Va Sanctae Eugeniae (R)

Sainte Eugénie est une martyre du cimetière d'Apronien. Le Hiéronymien mentionne son natale le 25 décembre (MH 7) et les Itinéraires signalent sa basilique sur la via Latina (I 318). Au 6e siècle, le sacramentaire de Vérone donne son nom le jour du natale Domini, mais il ne lui consacre pas de formulaire (SV 157). La fête de sainte Eugénie ne disparut pas cependant. Tandis que le passionnaire du Latran se contente de la nommer, le 1 1 septembre, avec les saints Prote et Hyacinte, dont la légende a fait ses eunuques: Passio S. Eugenie et S. proti et Iacinthi (fol. 106-1 14), le sacramentaire de Saint-Tryphon la mentionne au 20 décembre et celui de l'Archivio de Sainte-Marie Majeure ouvre son sanctoral par une Statio ad sanctam Eugeniam (fol. 15). Selon l'antiphonaire de Saint- Pierre (Q 29) il s'agit de la station du IVe Dimanche de l'Avent, qui était alors célébrée dans la basilique des Saints-Apôtres, où le corps de la vierge martyre avait été transféré

325 Benedetti Le Liber politicus, 17, dans Fabre-Duchesne, Le Liber censuum, I.e., tome 2, p. 145.

326 C. Huelsen, Le Chiese di Roma, I.e., p. 172. 327 Léon le Grand, Sermons, Sermo sive Tractatus contra haeresim Eutychis; edit. R. Dolle, I.e.,

tome Ier, p. 182.

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328 LES CALENDRIERS DU LATRAN ET DU VATICAN À LA FIN DU XIF SIÈCLE

lors des grandes translations de reliques. Un sacramentaire d'Italie centrale, datant du 11e siècle, a cette rubrique: S. Eugeniae festivitas apud Romanos omni anno in die dominico proxime festivi ta tis natalis Domini an tea celebratur, quia in natalis Domini die legitur in passione eius ad caelum migrasse (Ebner 47). Le culte de sainte Eugénie bénéficia pour sa propagation du succès de sa Passio, qui fut traduite en grec, en syriaque, en arménien et en éthiopien. Dès le 5e siècle, saint Avit de Vienne déclare Eugénie toto celeberrima mundo. Bientôt elle sera représentée dans les mosaïques de Ravenne, où elle termine la procession des vierges, puis dans celles de Parenzo et de Naples328. Sa fête fut inscrite au 27 décembre dans le calendrier hispanique (CM 492-493). Elle est célébrée le 24 par les Byzantins (CB 145) et les Syriens (Nilles 1,466). Certains sacramentai res des 10e - 11e siècles insèrent son nom au Canon de la Messe dans la liste du Nobis quoque (Leroquais 1,98, Ebner 424). La mention du calendrier de Saint-Pierre fait donc écho à toute une tradition.

26 La Va Sancii Stephani, protomartyris (M Ν Ο Ρ Q R)

Aucun document ne mentionne le jour de la mort des martyrs antérieurement à la passion de saint Polycarpe de Smyrne (23 février 155 ou 156). Lorsque le culte chrétien s'organisa dans le cours du 4e siècle et qu'on voulut commémorer les saints les plus importants de l'âge apostolique, on les fêta dans les jours qui suivent le natale du Christ. C'est ainsi que le martyrologe de Nicomédie évoque saint Etienne, le confessor primus, caput confessorum le 26 décembre, les Apôtres saint Jean et saint Jacques le 27, Paul l'Apôtre et Simon Cephas, caput Apostolorum Domini nostri, le 28 (MN 27). Saint Grégoire de Nysse témoigne du même usage329. Pour sa part le lectionnaire de Jérusalem de 415- 417 annonce Etienne au 26 (Ms. E) ou au 27 (Ms. J), Pierre et Paul au 28 et Jacques et Jean au 29 (LJ 368-372).

La fête de saint Etienne (MH 10) connut une grande diffusion, surtout après la découverte de son corps près de Jérusalem en 415. Saint Augustin et saint Pierre Chryso- logue lui consacrent plusieurs sermons. A Rome, les lieux de culte placés sous son vocable se multiplièrent à partir du 5e siècle pour atteindre le chiffre de 23 églises au 12e.

La première fut la basilique fondée par Démétria sur la via Latina au temps de saint Léon le Grand. Le pape Hilaire dédia ensuite dans le baptistère du Latran un oratoire à saint Etienne330, mais cet oratoire devait passer sous le patronage de saint Venant et des Martyrs dalmates. Enfin le successeur d'Hilaire, le pape Simplicius (468-483), fit construire au Coelius sur le plan de l'Anastasis_de Jérusalem l'église Saint-Etienne-le-Rond.

328 G.D. Gordini, Eugenia, dans Bibliotheca Sanctorum, I.e., tome 5, col. 183. 329 Grégoire de Nysse, In laudem fratris Basila, P.G. 46, col. 790. 330 L. Duchesne, Le Liber Pontificalis, Le, tome Ier, p. 245. Variantes des manuscrits 2.

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LE COMMENTAIRE HISTORIQUE ET LITURGIQUE : DÉCEMBRE 329

Les documents du 8e et du 9e siècle mentionnent l'existence de deux importants monastères dont saint Etienne est le titulaire,l'un au Latran et l'autre au Vatican331. L'église de ce dernier, appelé monasterium S. Stephani Maioris, subsiste sous le vocable de Saint- Etienne-des-Abyssins. Comme on l'a noté en son lieu, les 9 formulaires du sacramen- taire de Vérone pour la fete de saint Etienne sont rattachés à la mention du natale du pape Etienne le 2 août (SV 85). Quant aux sources liturgiques du 7e siècle, elles connaissent toutes la fête de ce jour.

Toutes les Eglises orientales célèbrent la fête de saint Etienne après la Nativité du seigneur, mais elles la retardent d'un jour, car le 26 décembre est consacré à la mémoire de la sainte Mère de Dieu. D'une manière assez curieuse les Arméniens, qui n'ont jamais adopté la fête de Noël, commémorent eux aussi saint Etienne le 27 ou le 28 décembre selon les années.

27 La Va Sancii Johannis, apostoli et evangelistae (M Ν Ο Ρ Q R)

Comme l'indique le martyrologe de Nicomédie, on commença par fêter ensemble les deux frères Jean et Jacques le 27 décembre (MN 27). Les Arméniens continuent à les honorer ainsi le 28 ou le 29 décembre (CO 3332). Il en était de même à Carthage au 6e siècle (CA 71) et en Gaule au 7e332, tandis qu'en Espagne on fêtait le 28 Jacques le frère du Seigneur, le 29 F« Assomption de Jean l'Evangéliste» et le 30 Jacques le frère de Jean (CM 492-495). Le martyrologe hiéronymien annonce pareillement au 27 décembre: Adsumptio sancii Iohannis evangelistae apud Ephesum et ordinatio episcopatus sancii Iacobi fratris Domini (ΜΗ 11). Les Byzantins ont, eux, deux fêtes de l'Apôtre saint Jean le 26 septembre (CB 49) et le 8 mai (CB 283). Les Coptes font mémoire de Jean le 30 décembre (CC 109) et les Syriens le 7 mai (CO 337). A Rome, dès le 6e siècle, on fêtait le 27 décembre le natale sancii Iohannis Evangelistae, auquel le sacramentaire de Vérone consacre deux formulaires (SV 163). Au siècle suivant, l'évangéliaire de 645 (LK 13) et les sacramentaire (SGr 611, SGè 11) corroborent son témoignage.

Le culte de saint Jean, qu'en Orient on appelle le Théologien et en Occident l'Evangéliste, fut introduit à Rome par le pape Hilaire (461 - 468), qui s'était réfugié près de sa tombe lors du brigandage d'Ephèse en 449333. Hilaire construisit, de part et d'autre du

331 G. Ferrari, Early roman monasteries, I.e., pp. 315-318 et 319-327. Un second monastère Saint-Etienne existait au Vatican dès le 8e siècle, le monastère S. Stephani M inoris (ibid., pp. 328- 330). Saint-Etienne Majeur se trouvait à quelque distance de l'abside de la basilique vaticane vers l'ouest, près de l'actuelle église éthiopienne, et Saint-Etienne Mineur au sud du transept, non loin des deux rotondes de saint André et de sainte Pétronille.

332 P. Salmon, Le Lectionnaire de Luxeuil, I.e., p. 15, note 1. Cette note fait le point sur la lete de saint Jean en Gaule au 7e siècle.

333 La basilique élevée par Justinien sur le tombeau de saint Jean a été mise à jour après la première Guerre mondiale et on a entrepris en 1956 sa réédification partielle. Cf J.G.A. Clarke, Ephèse, la Basilique Saint-Jean l'Evangéliste, dans Bible et Terre Sainte, 50 (1962), pp. 6-10 (illustration p. 1).

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330 LES CALENDRIERS DU LATRAN ET DU VATICAN À LA FIN DU XIIe SIÈCLE

baptistère du Latran, un oratoire en l'honneur de Jean l'Evangéliste et un autre en l'honneur de Jean le Baptiste. Au-dessus de la porte d'entrée du premier il fit graver: Liberatori suo beato Iohanni Evangelistae Hilarius episcopus famulus Xti334. Bientôt le patronage des deux saints Jean devait s'étendre avec celui du Sauveur à la basilique constanti- nienne elle-même, Saint-Jean du Latran335. Au début du 6e siècle, un second centre du culte de saint Jean apparut à Rome avec la basilique de la porta Latina, dont on célèbre la dédicace le 6 mai.

28 La Va. Sanctorum Innocentium (M Ν Ο Ρ Q R)

Les plus anciens témoins de la fête des saints Innocents en Occident sont les sermons que saint Pierre Chrysologue (t avant 451) et saint Césaire d'Arles (t 543) lui ont consacrés, ainsi que le calendrier de Carthage, qui l'annonce au 28 décembre (CA 71). A Rome, vers 560-570, le sacramentaire de Vérone fournit deux formulaires pour la messe du natale Innocentum, qui vient après celui de saint Jean (SV 164). On trouve aussi cette fête au Hiéronymien (MH 13), puis dans tous les documents du 7e s.

Les Byzantins (CB 167) et les Coptes (CC 108) célèbrent le 29 décembre la mémoire des Enfants massacrés par Hérode; les Syriens le font le 27 (Nilles 1,467). Les uns et les autres l'ont fixée quelques jours après la Nativité de Jésus, où ils ont commémoré avec la naissance du Christ la venue des Mages à Bethléem, en lisant au cours de la liturgie le chapitre 2 de Matthieu, y compris chez certains le récit du massacre des enfants. Ils tiennent compte ainsi de la chronologie des événements. La liturgie hispanique faisait de même, en commémorant le 8 janvier Yallisio Infantum (CM 450). On peut donc penser qu'à Rome la fête des Innocentes336 a été reçue de l'Orient, à moins qu'elle ne remonte à une période antérieure à l'adoption de l'Epiphanie, où l'on aurait commémoré le 25 décembre tous les événements qui entourent le natale Domini.

29 La Va Sancii Thomae, episcopi et martyris (Ο Ρ R)

L'archevêque de Cantorbéry Thomas Becket fut assassiné dans sa cathédrale le 29 décembre 1170 et vénéré aussitôt comme martyr. Le pape Alexandre III le canonisa le 21

" février 1173 et, dans une lettre du 12 mars suivant, il annonça au clergé et au peuple de

334 L'inscription originale est toujours en place. 335 Parmi les reliques qui étaient conservées dans la Confession sous l'autel majeur du Latran

Jean Diacre signale la tunique de saint Jean (Descriptio lateranensis ecclesiae 4, I.e., p. 338). Cette relique était déjà vénérée au Latran du temps de saint Grégoire le Grand. Cf Ph. Lauer, Le Palais de Latran, p. 77. C'est à tort que Lauer pense pouvoir localiser dans la chapelle du baptistère le lieu où était déposée la relique.

336 En Orient, à Aquilée, en Gaule et en Espagne, on parle des Infantes; en Afrique et à Rome, ainsi qu'à Ravenne, des Innocentes. En ce qui concerne Ravenne, voir F. Sottocornola, L'anno liturgico nei sermoni di Pietro Crisologo, Ravenna 1974, p. 234.

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LE COMMENTAIRE HISTORIQUE ET LITURGIQUE : DÉCEMBRE 331

toute l'Angleterre cette canonisation de Thomas, dont il ordonnait natalem diem passionis solemniter annis singulis celebrari331 . La fete se répandit aussitôt338. A Rome, elle est inscrite aux calendriers du Latran et du Vatican. Elle est ajoutée dans VOrdo lateranensis339 et dans le sacramentaire de l'Archivio de Sainte-Marie Majeure, où elle fut insérée sans date entre les messes de saint Etienne et de saint Jean (fol. 23v). Dans le missel du Latran on a enlevé deux feuilles, afin de pouvoir introduire la messe propre Gaudeamus de l'archevêque martyr: sancii Thomae archiepiscopi et martyris (fol. 32-33), mais on ne saurait affirmer à coup sûr que cette addition soit antérieure aux dernières années du 12e siècle.

31 La Va Sancii Silvestri, papae et confessons (M Ν Ο Ρ Q R)

La déposition du pape saint Sylvestre au cimetière de Priscille sur la Via Salaria nova est inscrite dans la Depositio Episcoporum de 354 (CR 4e, 10) et au martyrologe hiérony- mien (MH 16). Mais, si sa basilique cimetériale attirait les pèlerins (I 320), Sylvestre était vénéré aussi, dès la fin du 4e siècle et le début du 5e, sur l'Esquilin dans le titre d'Equi- tius, au clergé duquel on pense qu'il était attaché avant de devenir évêque. Le pape Sym- maque (498-514) restaura l'antique titulus et le dédia à saint Sylvestre. En même temps il érigea auprès une basilique qu'il dédia à saint Martin. Les saints Sylvestre et Martin sont ainsi les premiers évêques non martyrs à qui on ait dédié une église à l'intérieur de la Ville340. Mais, depuis le 8e siècle, le centre du culte de saint Sylvestre est la basilique que le pape Paul Ier (758-762) lui dédia dans sa maison familiale, Saint-Sylvestre in capite. Ajoutons enfin que le pape Théodore (642-649) lui érigea un oratoire dans le patriarchium du Latran et qu'Adrien Ier (772-795) lui dédia une diaconie au Vatican341.

Le sacramentaire de Vérone donne la messe de saint Sylvestre à la fin d'octobre après les messes pour les défunts. Dans les oraisons on prie le Seigneur de lui accorder le bonheur éternel parmi les saints pasteurs (SV 146). Au 7e siècle, l'évangéliaire de 645 (LK 14) et le sacramentaire grégorien (SGr 612) contiennent le formulaire de sa fête au 31 décembre. Marqué par l'essor de l'Eglise au lendemain de la paix constantinienne, contemporain du Concile de Nicée, le long épiscopat de Sylvestre (314-335) a laissé un souvenir profond en Orient. Aussi Byzantins (CB 173), Syriens (Nilles 1,467) et Coptes (CC 110), célèbrent-ils le 2 janvier saint Sylvestre, pape de Rome.

337 Ph. Jaffé, Regesta Pontificum romanorum, 12203, I.e., tome 2e, p. 264. 338 II est frappant de constater que Leroquais dans la table de ses Sacramentaires (3,418) enregist

re 31 mentions de cette fête au 12e siècle. 339 II y a en effet contradiction entre les deux paragraphes relatifs à la célébration du 29 décemb

re. Le premier expose qu'on dit la messe de l'octave de la Nativité et le second prescrit de célébrer celle de saint Thomas.

340 C. Huelsen, Le Chiese di Roma, i.e., p. 382. 341 Ibid, pp. 465-468.

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CHAPITRE III

BILAN D'UNE ANALYSE

Le bilan que suggère l'étude analytique des calendriers du Latran et du Vatican ne peut être qu'assez modeste, car cette étude révèle un grand éclectisme dans le choix des saints et, la plupart du temps, on ne saurait dire à coup sûr les raisons qui ont amené leur insertion au sanctoral de l'une ou de l'autre des deux basiliques papales. Il est pourtant une caractéristique du sanctoral qui s'impose au 12e siècle aussi bien qu'au 9e, à savoir son enracinement local. On a essayé de le montrer dans le commentaire des fêtes. Il convient peut-être d'en donner une vue plus globale, en établissant le lien de la plupart des saints honorés au long de l'année avec la topographie romaine. On pourra souligner ensuite quelques-unes des influences subies dans l'établissement des deux calendriers, puis montrer l'influence déterminante que le calendrier du Latran a exercée dans la genèse de la liturgie romaine moderne.

I - TOPOGRAPHIE ET GÉOGRAPHIE DU SANCTORAL

Le plus grand nombre des saints inscrits au sanctoral du Latran et du Vatican présente quelques liens avec la topographie romaine, qu'il s'agisse de leurs tombes vénérées au haut moyen âge dans les cimetières suburbains ou des églises élevées ultérieurement sous leur vocable.

Sans doute, comme nous l'avons montré, les corps des martyrs ont-ils été transférés à l'intérieur de la Ville entre le 8e et le 10e siècle, et, pour certains d'entre eux, tels les saints Processus et Martinien et sainte Pétronille au Vatican ou saint Callixte au Transté- vère, un véritable culte populaire s'est développé autour de leurs reliques. Mais le souvenir du plus grand nombre reste attaché aux anciens cimetières où les martyrologes indiquent leurs natalicia et où les Itinéraires, recopiés avec fidélité durant tout le moyen âge, conduisaient les pèlerins du 7e siècle. Le martyrologe romain de 1584 s'est conformé à la tradition. Sans se référer au lieu où peut être conservé le corps de chaque martyr au 16e siècle, il donne celui de sa depositio primitive, alors qu'on avait oublié depuis longtemps jusqu'à l'emplacement des cimetières suburbains. C'est pourquoi l'évocation de ces

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334 LES CALENDRIERS DU LATRAN ET DU VATICAN À LA FIN DU XIIe SIÈCLE

cimetières est demeurée liée aux anniversaires des martyrs, même durant les siècles où nul n'y avait plus accès, à la manière dont le souvenir des stations de la liturgie papale s'est perpétué dans le Missel jusqu'en 1970. On trouvera donc ici la liste des cimetières romains où avaient reposé les saints célébrés au 12e siècle.

En ce qui concerne les basiliques urbaines, on donnera le nom de la plus ancienne église érigée en l'honneur d'un saint inscrit aux calendriers du Latran et du Vatican, de manière à ce qu'on puisse identifier les origines romaines du culte d'un saint étranger à la Ville. Souvent l'érection d'une église ou d'un oratoire a précédé de plusieurs siècles l'inscription du saint titulaire au calendrier d'une autre église. Le fait peut éclairer quelque peu l'apparition et l'extension d'une fête nouvelle.

On fera ensuite le relevé géographique des saints qui sont fêtés au Latran et au Vatican sans être titulaires d'un lieu de culte à Rome dans la seconde moitié du 12e siècle.

1 - Les saints honorés au 7e siècle dans les cimetières suburbains

Pour établir cette liste on a utilisé la Depositio Episcoporum (DE) et la Depositio Mar- tyrum (DM) du Chronographe de 354, le Martyrologe hiéronymien (MH), les Itinéraires de pèlerins (I) et le Liber Pontificalis (LP). Les trois premiers documents sont des témoins solides de la tradition. Le Liber Pontificalis est aussi un témoin sérieux à partir du 6e siècle, c'est-à-dire de la date de sa première rédaction; pour la période antérieure son information n'a pas d'autre valeur que celle des sources utilisées par l'auteur. Les Itinéraires témoignent de l'état du culte ad tumbam au 7e siècle. Leur témoignage doit être pris en considération, encore qu'il leur arrive d'entériner certaines localisations qui ont toute chance d'être légendaires, comme par exemple celle d'une tombe de sainte Potentienne. Voir ci-après Plan I.

au Vatican

Saint Pierre, le Prince des Apôtres (MH). près de la Confession de saint Pierre1:

les papes S. Lin, S. Clet ou Anaclet, S. Evariste, S. Xyste Ier, S. Télesphore, S. Hygin, S. Pie Ier, S. Anicet, S. Soter, S. Eleuthère, S. Victor (LP).

1 Dans le Liber Pontificalis toutes les notices des papes antérieurs à saint Zéphyrin, élu dans les dernières années 2e siècle, se terminent par l'affirmation: Qui etiam sepultus est iuxta corpus beati Pétri in Vaticano. Mais les fouilles archéologiques des années 1940-1950 n'ont relevé aucune trace des tombes des premiers papes à proximité de la Confession de saint Pierre. Il semble qu'on se trouve en présence d'«une légende créée pour suppléer à l'absence de toute tradition antérieure au IIIe siècle», comme le note Jean-Charles Picard dans Etude sur l'emplacement des tombes des Papes du IIIe au Xe siècle, dans MEFR, 81 (1969) pp. 728.

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BILAN D'UNE ANALYSE 335

dans la basilique apostolique:

les papes S. Léon le Grand, S. Gélase Ier, S. Jean Ier, S. Grégoire le Grand (LP).

Via Ostiense

Saint Paul, l'Apôtre des Nations (DM), près de la basilique apostolique, en son hypogée:

S. Timothée (DM). au cimetière de Commodille:

Ss. Félix et Adauctus (MH). au cimetière de saint Cyriaque:

Ss. Cyriaque, Large et Smaragde (DM).

Via Laurentina

au monastère Ad Aquas Salvias:

S. Anastase (I).

Via Ardeatina:

au cimetière de Balbine:

Ss. Marc et Marcellien (MH), le pape S. Marc (DE). en sa crypte familiale:

le pape S. Damase (LP). au cimetière de Domitille

Ss. Nérée et Achille (MH), Ste Pétronille (I).

Via Appia

au cimetière de Callixte

en son mausolée: le pape S. Zéphyrin (MH); dans la crypte des papes: S. Pontien (DM), S. Fabien (DM), S. Lucius (DE), S. Etienne (DE), S. Xyste II (DM), S. Eutychien (DE); près de la crypte des papes: Ste Cécile (I); en d'autres cryptes: les papes S. Corneille (MH), S. Caius (DE), S. Eusèbe (DE), S. Miltiade (DE).

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336 LES CALENDRIERS DU LATRAN ET DU VATICAN À LA FIN DU XIIe SIÈCLE

au cimetière de Prétextât:

Ss. Tiburce, Valerien et Maxime (MH), S. Urbain (MH), S. Janvier (DM), Ss. Felicissime et Agapit (DM).

au cimetière Ad Catacumbas:

Memoria des saints Apôtres Pierre (DM) et Paul (MH), S. Sébastien (DM), S. Quirin (I).

Via Latina

en leur cimetière:

Ss. Gordien et Epimaque (MH). au cimetière d'Apronien:

Ste Eugénie (MH), Ss. Némésius et Lucilia, Ss. Olympius et ses compagnons (I).

Via Labicana

au cimetière Ad duas Lauros:

Ss. Marcellin et Pierre (MH), S. Tiburce (MH), S. Gorgon (DM), Ss. Claude, Nicostrate, Simpronien, Castor et Simplice, dits les «Quatre Couronnés» (I).

Via Tiburtina

au cimetière de saint Laurent:

S. Laurent (DM), Ste Concordia (MH), S. Justin (MH), S. Romain (I); dans la basilique de saint Laurent: le pape S. Hilaire (LP); en son cimetière:

S. Hippolyte (DM). au 9e mille:

Ss. Symphorose et ses VII fils (MH).

Via Nomentana

en son cimetière:

S. Nicomède (MH); en son cimetière:

Ste Agnès (DM).

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BILAN D'UNE ANALYSE 337

au cimetière Majeur.

Ste Emérentienne (MH), Ss. Papias et Maur (MH); au cimetière de saint Alexandre:

Ss. Eventius, Alexandre et Théodule (MH); au 15e mille:

Ss. Prime et Félicien (M H).

Via Salaria nova

au cimetière de Maxime:

S. Silvain (DM), Ste Félicité (MH); au cimetière de Thrason:

S. Saturnin (DM); au cimetière des Iordani:

Ss. Vital, Martial et Alexandre (DM), Ss. Chrysanthe et Daria (MH); au cimetière de Priscille:

Ss. Félix et Philippe (DM); les papes S. Marcellin (LP), S. Marcel (DE), S. Sylvestre (DE), S. Célestin (LP); Ste Prisca (I), Ste Praxède (I), Ste Poten- tienne (I).

Via Salaria vêtus

au cimetière de Basilla:

S. Hermès (DM), Ss. Prote et Hycinthe (DM).

Via Flamin ia:

en son cimetière:

S. Valentin (MH).

Via Cornelia

au 10e mille:

Stes Rufine et Seconde (MH); au 12e mille:

Ss. Marius, Marthe, Audifax et Abacuc (MH).

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338 LES CALENDRIERS DU LATRAN ET DU VATICAN À LA FIN DU XIIe SIÈCLE

Via Aurelia

en son cimetière:

S. Pancrace (MH); en leur cimetière:

Ss. Processus et Martinien (MH); au cimetière des Deux-Félix:

S. Félix (I); au cimetière de Calépode:

le pape S. Callixte (DM). au 9e mille:

S. Basilide (MH).

Via Portuense

au cimetière de Pontien:

Ss. Abdon et Sennen (DM), le pape S. Innocent Ier (LP); en son cimetière:

S. Félix (MH). au cimetière de Generosa:

Ss. Simplice, Faustin et Béatrice (MH).

En plus de ces basiliques ou cryptes cimétériales, il faut citer trois basiliques suburbaines qui intéressent le sanctoral:

sur la via Latina: Saint-Etienne (5e siècle); sur la via Salaria nova: Saint-Michel (5e siècle); sur la via Portuense: Saints-Cyr-et-Jean (6e ou 7e siècle).

2 - Les saints honorés dans les basiliques de la Ville

Au 12e siècle, de nombreuses églises témoignaient de la dévotion du peuple romain envers les saints, comme on l'a établi au livre II (supra, pp. 106-112). La liste de ces églises a été dressée par Huelsen. On se contentera ici de mentionner l'église la plus anciennement attestée sous le vocable d'un saint. Il arrive souvent que cette attestation est fournie à l'occasion d'une restauration ou d'un aménagement intérieur. L'édifice peut donc être notablement plus ancien, mais sa datation relève alors d'une étude archéologique qui n'est pas de notre domaine. C'est le cas, en particulier, des vingt-cinq tituli men-

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BILAN D'UNE ANALYSE 339

tionnés en 499 grâce aux signatures de leurs prêtres desservants dans les actes d'un synode du clergé romain. Or la plupart d'entre eux remonte au siècle précédent et plusieurs peuvent être antérieurs à la paix constantinienne.

Voici donc la liste des saints inscrits aux calendriers du Latran ou du Vatican, qui sont titulaires d'une église intra muros.

Basilique constantinienne du Saint-Sauveur au Latran, construite vers 325. Basilique Sainte-Marie-Majeure, construite sous Xyste III (432-440). Saint- Abbacyre de Militiis (1130). Saints- Abdon-et-Sennen (1127). Saint- Adrien, érigé par Honorius Ier (625-638). Saint-Agapit ad vincula (795-816). Sainte- Agathe de Subura, appelée Sainte- Agathe des Goths (vers 470). Sainte- Agnès de Agone (fin du 8e siècle). Saint- Alexis (et Boniface) 10e siècle). Saint- Ambroise in Vaticano (12e siècle). Sainte- Anastasie (4e siècle). Saint-Anastase de Trivio (962). Saint-André cata Barbara Patricia, érigé sous Simplicius (468-483). Saint- Ange in Foro piscium (in Pescheria) (755 ou 770). Saint-Apollinaire, érigé par Honorius Ier (625-638). Saints-Apôtres (XII), primitivement Saints-Philippe-et- Jacques, basilique dédiée par

Jean III (561-574). Sainte-Balbine (595). Sainte-Barbe (816-817). Saint-Barthélémy de Insula (1113). Saint-Basile (955). Saint-Basilide in Merulana (795-816). Saint-Benoît de Thermis (998). Sainte-Bibiane, dédiée par Simplicius (468-483). Saint-Biaise de Penna (955). Saint-Boniface (et Alexis) (10e siècle). Saint-Callixte (4e siècle). Sainte-Cécile trans Tiberini (4e siècle). Saint-Césaire de Palatio (7e siècle). Saint-Celse (1008). Saint-Chrysogone (499). Saint-Clément (4e siècle). Saints-Côme-et-Damien in via Sacra, sous Félix IV (526-530). Sainte-Croix in Hierusalem, fondée par sainte Hélène (4e siècle). Saints-Cyr-et-Julitte (9e- 10e siècle).

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340 LES CALENDRIERS DU LATRAN ET DU VATICAN À LA FIN DU XIIe SIÈCLE

Saint-Cyriaque in Thermis (499). Saint-Daniel de Forma (1105). Saint-Donat in Aventino (795-816). Saint-Erasme (672-676). Saint-Etienne-le-Rond, fondé par Simplicius (468-483). Sainte-Euphémie (687-701). Saint-Euplus, fondé par Théodore (642-649). Saint-Eusèbe (474). Saint-Eustache (8e siècle). Saint-Félix in Pincis (6e siècle). Sainte-Félicité in Thermis Traiani (6e siècle). Saint-Georges au Vélabre, édifié par Léon II (682-683). Saints-Gervais-et-Protais (et Vital) (début du 5e siècle). Saint-Grégoire in Clivo Scauri (10e siècle). Saint-Hippolyte (962). Saint- Jacques in Septimiano (1185). Saint-Jean in Luterano: oratoires érigés en l'honneur de S. Jean Baptiste et de S. Jean

l'Evangéliste par le pape Hilaire (461-468). Le double patronage est passé à la basilique du Saint-Sauveur dans le cours du 6e siècle.

Saint- Jean ante Portant Latinam (7e siècle). Saints-Jean-et-Paul in Caelio (5e siècle). Saint-Laurent in Damaso (4e siècle). Saint-Léon de septem Soliis (1073-1085). Sainte-Lucie in Silice, fondée par Honorius Ier (625-638). Saint-Marc (336). Saint-Marcel (4e siècle). Sainte-Marina de Posterula (1026). Saint-Martin-aux-Monts, fondé par Symmaque (498-514). Sainte-Martine, fondée par le pape Donus (676-678). Saint-Matthieu in Merulana (499). Saint-Mennas (589). Saint-Michel- Archange (498-514). Saints-Nabor-et-Nazaire (5e siècle). Saints-Nérée-et-Achille (595). Saint-Nicolas in Carcere (1088). Saint-Pancrace in Luterano (590-604). Saint-Pantaléon trium Clibanorum (1113). Saint-Pasteur (1011). Saint-Paul iuxta S. Bibianam, dédié par Léon II (682-684). Saint-Pélerin (8e siècle).

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BILAN D'UNE ANALYSE 341

Saint-Pierre-aux-liens, reconstruit sous Xyste III (432-440). Saints-Pierre-et-Marcellin (595). Sainte-Praxède (491). - Sainte-Prisca (5e siècle). Sainte-Pudentienne (384). Saints-Quarante-Martyrs propre S. Mariam Antiquam (7e ou 8e s.) Saints-Quatre-Couronnés (595). Saintes-Rufine-et-Seconde (1 123). Saint-Saba (649). Sainte-Sabine, fondée sous Célestin Ier (422-432). Saint-Saturnin de Trivio (1160). Sainte-Scholastique in Massa iuliana (977). Saint-Sébastien in Fallar a (10e siècle). Saints-Serge-et-Bacchus sub Capitolio (772-795). Sainte-Sylvestre de Capite, fondé par Paul Ier (758-762). Saint-Sixte-le-Vieux (595). Sainte-Suzanne (499). Sainte-Thècle (1026). Saint-Théodore (7e siècle). Saint-Thomas de Parione, dédié par Innocent II le 21 décembre 1139. Saint-Tryphon (1006). Saint- Valentin de Piscina (1186). Saint- Venant, oratoire érigé au Latran par Jean IV (640-642). Saint- Vincent (1151). Saint- Vital (Gervais-et-Protais), fondé sous Innocent Ier (401-417). Saint-Vite in Macello (795-816).

Les papes Silvère et Martin Ier, honorés comme martyrs au 12e siècle, doivent être rangés parmi les saints Romains, bien que leurs corps n'aient pas été inhumés à Rome, car ils sont morts en déportation.

3 - Les saints honorés seulement par la célébration de leur fête

En plus des saints qui avaient reposé dans les cimetières de la banlieue romaine et de ceux qui étaient titulaires d'une basilique ou d'un oratoire intra muros, les calendriers du Latran et du Vatican comportent d'autres noms de saints dont le culte n'avait aucun enracinement topographique dans Rome. Ils n'étaient honorés que par la célébration

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342 LES CALENDRIERS DU LATRAN ET DU VATICAN À LA FIN DU XIF SIÈCLE

annuelle de leur fête. Pour éclairer les sources des deux calendriers il n'est pas inutile de faire le relevé des lieux que le martyrologe indique pour leur déposition. On omettra toutefois dans ce relevé les noms des saints bibliques, des Frères Macchabées aux Apôtres, car leur culte était répandu dans tout l'Occident bien avant le 12e siècle, ainsi que dix noms inscrits seulement dans le calendrier du Latran. Ces noms proviennent en effet, selon toute vraisemblance, du calendrier des Chanoines de Saint-Frigdien de Lucques, desservants de la basilique, et ils ne sont fêtés dans aucune autre église de Rome. On peut donc les considérer comme étrangers à la tradition du Latran. En voici la liste: S. Cantius et ses compagnons, martyrs d'Aquilée; S. Cassius, évêque de Narni; S. Cerbo- nius, évêque de Populanium; S. Domninus, martyr à Borgo San Donnino (entre Plaisance et Parme); Ste Fausta, femme de S. Cassius de Narni; S. Frigdien, évêque de Lucques; S. Prosper, évêque de Reggio d'Emilie; S. Ruf, évêque (?) d'Avignon; S. Venant, évêque de Luni; S. Zenon, évêque de Vérone.

Voici la répartition géographique des saints honorés à Rome seulement par la célébration annuelle de leur fête.

Orient

Palestine: Syrie:

Constantinople: Lycie:

Arménie:

Chypre:

à Bethléem, S. Jérôme et sainte Paule, à Antioche, S. Ignace, Ss. Cyprien et Justine (?); à Apamée, S. Antonin; à Tyr, sainte Christine (s'il faut la distinguer de la sainte vénérée à Bolsène). S. Jean Chrysostome. à Samon (?), S. Christophore ou Christophe. à Sebaste, S. Eustrate et ses compagnons (dont les reliques étaient vénérées à Rome dans la basilique Saint-Apollinaire). S. Hilarion.

A f r ique

Egypte:

Afrique du Nord:

à Alexandrie, S. Pierre d'A., sainte Catherine (?); en Thébaïde, S. Paul Ermite, S. Antoine le Grand, à Carthage, S. Cyprien; à Hippone, S. Augustin.

Page 342: Pierre Jounel, Le Culte des saints dans les basiliques du Latran et du Vatican au douzième siècle

BILAN D'UNE ANALYSE 343

Occident

Italie

Latium:

Campanie:

Ombrie:

Toscane: Emilie: Lombardie:

France:

Suisse: Allemagne: Angleterre:

à Ostie, sainte Aurea; au Mont-Cassin, S. Maur. à Capoue, S. Germain; à Bénévent, les Douze Frères; à Noie, S. Paulin. à Narni, S. Juvénal; à Bolsène, Ste Christine; à Spolète, S. Savin, S. Grégoire. à Arezzo, S. Donat. à Imola, S. Cassien. à Milan, S. Félix, S. Celse; à Pavie, S. Syrus. en Languedoc, S. Gilles; en Limousin, S. Léonard; à Poitiers, S. Hilaire; à Tours, S. Brice; à Autun, S. Symphorien; à Reims, S. Remi; en Picardie, S. Quentin. en Valais, S. Maurice. à Trêves, S. Paulin. à Cantorbéry, S. Thomas Becket.

Si l'on compare dans cette liste l'apport des saints orientaux et africains d'une part et celui des saints d'Occident de l'autre, on perçoit tout de suite une différence fondamentale. Les saints de la première série ont inscrit leurs noms, pour la plupart, dans l'histoire de l'Eglise. Ce sont les martyrs Ignace d'Antioche, Pierre d'Alexandrie, Cyprien de Carthage, les docteurs Jean Chrysostome, Jérôme et Augustin, les pères du monachisme Antoine, Paul et Hilarion. Quant à Christophe et Catherine ou même Cyprien et Justine, leurs vies romancées ont déjà répandu leur culte en toute région. Parmi les saints d'Occident, au contraire, seuls émergent les noms d'Hilaire de Poitiers, de Paulin de Noie et de l'archevêque martyr Thomas Becket. Les autres n'ont pas laissé de trace dans la vie de l'Eglise en dehors de la région où ils ont vécu. Et pourtant sur les 24 noms de saints

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344 LES CALENDRIERS DU LATRAN ET DU VATICAN À LA FIN DU XIIe SIÈCLE

occidentaux, 12 sont inscrits à la fois au calendrier du Latran et à celui du Vatican. Ce sont les saints et saintes Aurea, Brice, Celse, Donat, Félix, Germain, Gilles, Maur, Maurice, Savin, Symphorien et Thomas Becket. Les 12 autres noms se répartissent ainsi: 7 au calendrier du Latran, les saints Cassien, Douze Frères, Hilaire, Léonard, Paulin de Noie, Remi et Syrus; 5 au calendrier du Vatican, sainte Christine, les saints Grégoire de Spo- lète, Juvénal, Paulin de Trêves et Quentin.

II - LES INFLUENCES SUBIES DANS L'ÉLABORATION DES DEUX CALENDRIERS

L'étude de la topographie et de la géographie du sanctoral du Latran et du Vatican a déjà éclairé la genèse des calendriers des deux basiliques. Parmi les quelques 280 notices que comporte notre commentaire historique, on ne trouve qu'une vingtaine de noms qui n'ont pas d'insertion dans la tradition générale de l'Eglise ou dans la tradition locale de Rome. C'est donc que le culte des saints dont témoignent les calendriers est essentiellement romain. Sous quelles influences ce culte a-t-il pris la forme d'une fête liturgique au cours des 11e et 12e siècles? - II n'est pas facile de fournir une réponse exhaustive à cette question. Du moins convient-il de ne pas s'engager pour la trouver dans des pistes de recherche sans issue.

1 - Pistes de recherche sans issue

Les calendriers du Latran et du Vatican sont, à la fin du 12e siècle, les témoins d'un culte solidement implanté dans la Ville. Plus encore que les Itinéraires du haut moyen âge, les églises placées sous le vocable d'un saint sont les témoins d'une dévotion populaire. Celle-ci peut être limitée à un quartier de la Ville, à une corporation, à une famille religieuse ou encore à une entitée urbaine, tels les gens originaires de Ravenne, de Bari ou de Catane qui voulaient se retouver dans l'église de leur patron. Les influences qu'ont subies les calendriers de Rome sont donc multiples, et elles ne sauraient se ramener au démarquage de tel ou tel calendrier venant de l'extérieur. Les recherches poursuivies dans cette direction se sont d'ailleurs révélées infructueuses.

Après les études classiques de Michel Andrieu sur la pénétration du Pontifical romano-germanique en Italie et à Rome au cours des 10e et 11e siècles, on pourrait croire qu'il en a été de même pour les autres livres liturgiques et, en particulier, pour le missel. Or on n'a pas encore identifié de missel correspondant à la compilation de Saint-Alban de Mayence2. En ce qui concerne le calendrier, on ne trouve dans le sanctoral romain du

2 On ne saurait nier pour autant que YOrdo missae carolingien ait pu pénétrer en Italie et à Rome dans le cours du 10e et du 11e siècle, comme le suggère J.A. Jungmann dans son livre Missa-

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BILAN D'UNE ANALYSE 345

12e siècle qu'un seul nom de saint ayant vécu en Germanie, celui de S. Paulin de Trêves (inscrit seulement au calendrier du Vatican); et encore s'agit-il d'un saint dont le souvenir est lié aux luttes doctrinales de la crise arienne. Dans la nomenclature des saints on aurait pu le ranger parmi les saints orientaux, puisqu'il mourut en Phrygie (supra, p. 283). Pour voir cependant en quelle mesure une influence germanique ou franque aurait pu s'exercer à Rome, on a consulté les calendriers de cinq centres importants d'Outre-Alpes, ceux de Fulda, de Reichenau, de Ratisbonne, de Saint-Gall et de Cluny. Voici le résultat de cette enquête.

FULDA

Le sacramentaire de Fulda est un parfait exemplaire des sacramentaires du 10e siècle, c'est-à-dire de VHadrianum complété par les Gélasiens francs de la fin du 8e et quelques adjonctions du même type3. Son sanctoral est abondant et il possède évidemment le même tronc commun que les calendriers du Latran et du Vatican. Mais on ne saurait établir une paternité du premier par rapport aux autres pour deux raisons. Il est d'abord plus «gélasianisé» qu'eux et, de ce fait, il peut même paraître plus romain, car il contient des fêtes romaines que n'ont pas retenues les calendriers du Latran et du Vatican, comme celles des saints Zotique, Irénée et Yacinthe et de sainte Sotère. De plus, il a des fêtes propres, telles la vigile, la Passio et l'octave de saint Boniface, le natale de sainte Geneviève et celui de saint Cuthbert. Si les livres romains avaient copié le sacramentaire de Fulda, ils auraient donc fait un choix, contrairement aux premières copies du Pontifical romano-germanique, qui respectent l'original jusqu'à nommer l'archevêque de Mayence comme métropolitain du lieu et invoquer saint Alban comme un père: sancte Albane pater4.

rum sollemnia, édition française, tome 1er, Paris 1951, pp. 130-131. Le Micrologue de la fin du 11e siècle témoigne à la fois de cette pénétration et de la défiance des tenants de la tradition romaine contre les usages venant d'au-delà des Alpes. Voir Micrologus, ch. 23, P.L. 151, col. 992-995. Mais, avant de donner le texte du nouvel Ordo, l'auteur déclare: Romanus tarnen Ordo nullam orationem instituit post offerendam ante secretairi (ibid., col. 984). En ce qui concerne les livres liturgiques romains, le premier témoin du nouvel Ordo est le collectaire de Saint-Pierre de la fin du 11e ou du début du 12e siècle (supra, p. 44), dont on trouvera VOrdo Missae dans Ebner, I.e., pp. 332-334. Dans la seconde moitié du 12e, le missel du Latran donne à peu près intégralemnt VOrdo qui sera celui du missel de saint Pie V (fol. 174-184).

3 Sacramentarium Fuldense saeculi X, édit. G. Richter, I.e. Le sanctoral de cette édition est reproduit (en ce qui concerne les titres) dans D.A.C.L. art. Fulda, tome 5, col. 2685-2688.

4 C. Vogel - R. Elze, Le Pontifical romano-germanique du dixième siècle, I.e., tome 2, p. 125.

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346 LES CALENDRIERS DU LATRAN ET DU VATICAN À LA FIN DU XIIe SIÈCLE

REICHENAU

II en va de même du calendrier de Reichenau tel qu'on peut l'établir à partir du sacramentaire du début du 11e siècle conservé à la Bibliothèque nationale de Paris5 et d'une litanie de la même époque6. Reichenau présente un intérêt particulier. En effet, à la fin du 10e siècle, Grégoire V avait imposé comme tribut à la célèbre abbaye de fournir au Pape un sacramentaire, un épistolier et un évangéliaire7. Il est donc à peu près certain que le scrinium du Latran a possédé des manuscrits liturgiques copiés à Reichenau au début du 11e siècle. Or, mis à part le tronc commun déjà évoqué, le calendrier de Reichenau contient un certain nombre de fêtes spécifiques, dont celle de saint Priminius, fondateur de l'abbaye, qu'on ne trouve dans aucun des calendriers de Rome du 1 Ie ou du 12e siècle.

RATISBONNE

Ratisbonne fournit pour les alentours de l'an mille un sacramentaire précédé d'un calendrier, le Vat. lat. 3806 {supra, pp. 171-172). Le calendrier a l'avantage de mentionner 30 fêtes de papes, dont 10 proviennent de YHadrianum et les 20 autres constituent la première attestation du culte liturgique de ces pontifes. Mais il contient aussi bon nombre de fêtes des Pays alémaniques et francs, qui n'ont jamais trouvé place dans le sanctoral romain. Quant au sacramentaire, il a été édité par Rocca8. D'une manière curieuse, si l'on y trouve en appendice les fêtes de saint Boniface et de saint Gali (col. 255-257), celle de saint Emmeran en est absente.

SAINT-GALL

En ce qui concerne Saint-Gall, la situation est différente du point de vue de l'abondance des sources. E. Munding a publié 21 calendriers manuscrits de cette abbaye, échelonnés entre le début du 9e siècle et la fin du 1 Ie {supra, p. 208). Dans le commentaire

5 Pans, B.N., ms. lat. 18005, analysé par V. Leroquais, Les sacramentaires er les missels manuscrits, Le. tome 1er, pp. 113-116.

6 D.A.C.L. art. Reichenau, tome 14, col. 2209 dernières lignes. 7 A. Brackmann, Germania pontificia, Berlin 1923, vol. 2, pars 2, p. 152. 8 A. Rocca, Opera sancii Gregorii Magni, Rome 1593. Edition reproduite par P. Coussainville,

Paris 1605. On trouve le sacramentaire dans l'édition parisienne au tome 5, col. 63-279. Le manuscrit donne en finale les trois oraisons pro Papa où il mentionne le pape Sylvestre II (999-1003).

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BILAN D'UNE ANALYSE 347

historique des calendriers du Latran et du Vatican on a souvent cité ces documents. A la fin de son étude, l'éditeur présente l'évolution du sanctoral de Saint-Gall durant la période dont témoignent les 21 calendriers (tome 2, pp. 162-167). Evidemment on trouve beaucoup de fêtes communes à Saint-Gall et à Rome, mais en même temps un nombre considérable de fêtes propres à Saint-Gall. Voici, comme exemple, les fêtes propres pour le mois de novembre au 9e siècle: 1 S. Bénigne (Dijon), 3 S. Pirminius (Reichenau), 4 octave des Ss. Simon et Jude, 5 vigile de S. Melaine, 6 translation de S. Melaine (Rennes), 6/7 S. Willibrord (Echternach), 8 octave de S. Bénigne, 10 vigile de S. Martin, 13 S. Brice et octave de S. Melaine, 14 commémoration des Frères défunts, 17 S. Augustin (Cantorbéry, cf. MUA 618), 18 octave de S. Martin, 23 S. Colomban (CSG 164). A la simple lecture de cette liste on perçoit que la liturgie de Saint-Gall appartient à un autre monde culturel que celle de Rome.

CLUNY

Comme l'a montré A. Wilmart, Cluny, qui avait été fondé en 910, a commencé par adopter le sacramentaire-type du 10e siècle, en y ajoutant tout juste quelques fêtes françaises, comme celles de l'ordination de S. Martin, de S. Julien de Brioude, de S. Brice et de l'octave de S. Martin. Le fait n'est pas sans importance pour éclairer les relations entre Cluny et Rome sur le plan liturgique. C'est en 936 que S. Odon vint à Rome pour tenter d'y rénover le monachisme. Or, même s'il y introduisit quelques usages clunisiens, il ne pouvait apporter dans la Cité papale des nouveautés bien marquantes en ce qui concerne le culte des saints, car son sacramentaire n'avait rien d'original par rapport à ceux qui commençaient à se répandre dans tout l'Occident. Le calendrier de Cluny devait recevoir un caractère plus particulier aux 11e et 12e siècles, mais il diffère alors notablement de ceux de Rome. Parmi les fêtes qu'on considère comme les plus caractéristiques de Cluny, celle de la Transfiguration ne devait être instituée qu'en 1132 par Pierre le Vénérable (supra, p. 269). Or elle était célébrée au Vatican dès le siècle précédent et elle ne fut jamais reçue au Latran. Notons aussi que Cluny n'a pas inscrit à son calendrier les fêtes des Papes, qui se multipliaient à cette époque dans les deux basiliques9.

9 Pour les fêtes de Cluny, voir A. Wilmart, Cluny (Manuscrits liturgiques de) dans D.A.C.L. tome 3, col. 2084-2087; G. Beauchesne, Tableau chronologique des fêtes clunisiennes dans V. Lero- quais, Les Bréviaires manuscrits des bibliothèques pubiques de France I.e., tome 1er, pp. CIV-CVI; G. de Valous, Le Monachisme clunisien des origines au XV e siècle, Le, tome 1er, pp. 397-410.

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348 LES CALENDRIERS DU LATRAN ET DU VATICAN À LA FIN DU XIIe SIÈCLE

2 - La genèse du sanctoral du Latrati et du Vatican

Les calendriers du Latran et du Vatican sont d'abord les héritiers des calendriers romains dont on a suivi l'élaboration entre le 9e et le 12e siècle dans le livre II de cette étude. Ils sont en parfaite continuité avec eux et ne font qu'expliciter les tendances qui s'étaient manifestées dans le cours du 12e siècle. On en a déjà souligné les lignes maîtresses (supra, pp. 157-185). Si l'on veut jeter un regard synthétique sur les forces qui ont guidé cette lente genèse, on constatera d'abord l'influence prépondérance du sacramen- taire grégorien du 10e siècle. On devra ensuite prêter attention à tout ce que Rome a pu recevoir de l'Orient par l'intermédiaire des cités hellénisées du sud de l'Italie. Il faudra enfin souligner l'importance du courant ecclésiologique, issu de la réforme grégorienne, qui a propagé le culte des saints papes.

L'INFLUENCE DU SACRAMENTAIRE DU 10e SIÈCLE

Le sanctoral du Latran et du Vatican est issu de celui du sacramentaire du 10e siècle, dans lequel le sacramentaire papal du 8e siècle s'est enrichi de l'apport des sacramentaires gélasiano-francs, dont celui de Gellone est la souche. Au fond les deux auteurs du sanctoral romain postérieur à l'an mille sont saint Grégoire le Grand et le moine anonyme qui a compilé le sacramentaire de Gellone. Dans la mesure où la fusion des deux éléments a été réalisée en Pays franco-germaniques, on peut dire que l'influence des grandes abbayes franques et lotharingiennes a été déterminante pour l'avenir du sanctoral romain.

Dès le 10e et le 11e siècle, ce type de sacramentaire, dont on possède plusieurs imprimés (Fulda, Rossianum, Nevers, Vieh, Ripoll) et de nombreux manuscrits, était bien implanté en Italie. Ses représentants ne manquent pas en Italie centrale et les sacramentaires de Saint-Laurent in Damaso et de Saint-Pierre en sont à Rome les témoins pour le 1 Ie siècle (supra, pp. 33 et 36). Pour la région qui va de Rome à Sienne on peut citer trois manuscrits dont l'intérêt ne saurait être sous-estimé, à savoir le Vallicelliana Β 8, le Casanatense 1907 et le Vaticanus lat. 4770. Le premier est un missel plénier de Norcia datant de la fin du 10e siècle, le deuxième un curieux missel-bréviaire du Monte- Amiante, près de Sienne, qui date du 11e siècle, et le troisième un missel bénédictin des Abbruzzes, qui remonte à la fin du 10e ou au début du 11e siècle10. Or les calendriers de ces trois documents ont pour fond le sanctoral du Grégorien du 10e siècle et ils révèlent

10 On trouvera la description du Vat. lat. 4770 dans Ebner p. 218, celle du Casantense 1907 dans Ebner p. 162 et celle du Vallicelliana Β 8 dans K. Gamber, Codices liturgici latini antiquiores, I.e., p. 523 (n° 1415). Ebner y fait tout juste allusion p. 205 en note.

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BILAN D'UNE ANALYSE 349

une parenté évidente avec les calendriers romains de la même époque. Certaines particularités de ceux-ci s'estompent quand on peut les replacer dans leur environnement. Un exemple vaudra mieux que des affirmations. Voici donc le calendrier du mois d'août selon les trois manuscrits11.

Norcia

1 S. Pétri ad vincula Ss. Macchabaeorum

2 S. Stephani, pontif. 3 5 Vigil. Transfigur. 6 Transfiguratio DN

S. Syxti, episcopi Ss. Felicis. et Ag.

7 S. Donati, episcopi 8 S. Cyriaci

9 Vig. S. Laurentii 10 S. Laurentii

S. Tiburtii S. Suzannae

12 13 S. Yppoliti 14 S. Eusebii

Vig. Assumptionis 15 Assumptio S. Mariae

17 Octava S. Laurentii 18 19 S. Magni 22 S. Timothei 24 S. Bartholomaei 25 S. Genesii 28 S. Augustini

S. Hermetis

29 S. Savinae I. B. de martyrio

30 Ss. Felicis et Ad.

Monte-Amiante

S. Pétri ad vincula S. Macchabaeorum S. Stephani, papae Transi. S. Stephani

S. Sixti, episcopi Ss. Felis. et Agap. S. Donati, episcopi Ss. Cyriaci, L. et Sm. S. Secund. et Marcel. Vig. S. Laurentii S. Laurentii S. Tiburtii, mart.

Ss. Eupli et Leucii Ss. Yppoliti et Cas. S. Eusebii Vigilia S. Mariae Assumptio S. Mariae

Octava S. Laurentii

S. Symphoriani S. Bartholomaei S. Genesii S. Augustini Ss. Herrn, et Iuliani

S. Savinae Decollatio Iohan. B. Ss. Felicis et Ad.

Abruzzes

S. Pétri ad vincula S. Felicitatis et aliorum S. Stephani, papae

Vigilia Transfigurationis Transformavit se Dominus S. Sixti Ss. Felicissimi et Agapiti

S. Cyriaci

Vigil. S. Laurentii S. Laurentii Ss. Tiburtii et Suzannae

S. Yppoliti S. Eusebii Vigilia S. Mariae Assumptio Dei Genetricis S. Mammetis Octava S. Laurentii S. Agapiti

Ss. Timothei et Symph.

S. Bartholomaei S. Augustini S. Hermetis S. Danielis S. Savinae Decollatio Iohannis B. Ss. Felicis et Adaucti

11 Ebner donne le texte intégral du calendrier du Vat. lat. 4770 pp. 218-222. On notera qu'il y est question de la dédicace de la basilique du Sauveur le 9 novembre. Cette fete est annoncée aussi dans le Casanatense 1907.

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350 LES CALENDRIERS DU LATRAN ET DU VATICAN À LA FIN DU XIIe SIÈCLE

Le sanctoral de ce trois calendriers est évidemment très proche de celui des calendriers romains du 11e et du 12e siècle. Il n'est pas difficile d'en dégager les composantes. On trouve d'abord 15 notices de base qui proviennent de YHadrianum: Saint-Pierre-aux- liens, S. Etienne Ier, S. Xyste II, Ss. Felicissime et Agapit, S. Cyriaque, S. Laurent avec sa vigile, S. Tiburce, S. Hippolyte, S. Eusèbe, l'Assomption de Marie avec sa vigile, S. Agapit, S. Timothée, S. Hermès, Ste Sabine, Ss. Félix et Adauctus. L'évangéliaire romain du milieu du 8e y ajoute les noms de S. Euplus et de S. Genès. Puis le sacramentaire de Gel- lone et les Gélasiano- francs qui en procèdent viennent compléter YHadrianum avec 7 mentions, dont 5 proviennent du Gélasien ancien (Ss. Macchabées, S. Donat, octave de S. Laurent, S. Magne, Passion de saint Jean-Baptiste) et 2 sont des innovations (S. Barthélémy et S. Augustin). C'est là, pour le mois d'août, le sacramentaire de base du 10e siècle, qui devait se répandre dans tout l'Occident. Les trois calendriers d'Italie centrale présentent d'autres fêtes, dont la diffusion ira grandissante de la fin du 10e siècle à la seconde moitié du 12e. Elles sont pour la plupart bien représentées dans les divers calendriers de Rome 12: Translation (ou Invention) de S. Etienne (H Κ, Μ Ν Ο Ρ Q R), vigile de la Transfiguration (L), Transfiguration du Seigneur (A E, L R), Ss. Large et Smaragde (L, M Ν Ο Ρ R), S. Suzanne (A, G J Κ, Ο Q R), S. Symphorien (A B, L, Ν Ο Ρ R). Le missel de Norcia n'ajoute aucun nom à cette liste; celui du Monte-Amiante nomme Secundinus et Marcel, qui sont des martyrs romains (MH 424 et 456); le sacramentaire des Abruzzes deux saints orientaux, S. Mammès, martyr de Cesaree, et S. Daniel.

Cet exemple un peu développé permet de découvrir que le sanctoral du Latran et du Vatican est le fruit d'un milieu, où il a lentement pris forme. Il appartient à une cité dont l'histoire et l'importance ecclesiale sont exceptionnelles, mais aussi à une aire géographique plus vaste, comme il appartient à une époque déterminée. Il convenait de le situer dans ce milieu pour en saisir la genèse.

L'APPORT DE L'ORIENT

Si l'influence des Pays francs, où s'est élaboré le Grégorien du 10e siècle, et celle de l'Italie centrale se sont exercées dans l'élaboration du sanctoral romain du 12e siècle, il faut souligner aussi l'importance des courants venus d'Orient. La Rome du haut moyen âge avait été une ville semi-orientale. Elle avait eu ses papes grecs et syriens. De nombreux moines de Constantinople et de Palestine y avaient trouvé refuge lors de la persécution iconoclaste des Empereurs isauriens. Au 12e siècle, c'est le mouvement inverse

12 Références des sigles: pour le 11e s. pp. 134-135, pour le 12e pp. 146-147, pour le Latran er le Vatican p. 193.

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BILAN D'UNE ANALYSE 3 5 1

qui se produit: l'Orient est envahi par les Latins. Mais, entre temps, une influence plus discrète n'a jamais cessé de s'exercer, celle des cités de l'Italie méridionale. De Bénévent à Otrante et de Syracuse à Palerme, Byzance avait pris la relève de la Grande Grèce. L'esprit hellénique avait continué à inspirer les mentalités et les mœurs. Bénévent avait sa basilique Sainte-Sophie, comme Constantinople, Thessalonique et Kiev et, au 12e siècle, les rois normands de Sicile trouvaient tout-à-fait normal de faire appel à des mosaïstes byzantins pour décorer les églises de Cefalù, Palerme et Monreale.

Dans le commentaire du sanctoral on a fait appel de nombreuses fois au témoignage du calendrier de marbre de Naples du 9e siècle pour justifier le bien-fondé du choix d'une date ou expliquer la provenance d'une fête. Lorsqu'ils inscrivaient au calendrier de leur église les noms de Chrysostome ou de Cyr et Julitte en adoptant la date du Typicon byzantin plutôt que celle des martyrologes occidentaux, les clercs de Saint-Pierre ou de Saint-Tryphon ignoraient de toute évidence l'existence du calendrier épigraphique, que l'on découvrit en 1742 dans l'église San Giovanni Maggiore de Naples, mais ils avaient connaissance de la tradition dont celui-ci est le témoin13.

L'apport de l'Orient explique l'introduction des fêtes de S. Basile et de S. Jean Chrysostome et leur célébration au même jour que dans l'Eglise byzantine. On peut lui attribuer aussi les fêtes de S. Pierre, «pape d'Alexandrie» selon le titre que lui attribue le calendrier de Naples, de S. Nicolas, de S. Christophore et de S. Pantaléon, ainsi que la solennité de la Transfiguration du Seigneur. En ce qui concerne le culte des pères de la vie érémitique, S. Antoine le Grand, S. Paul, S. Hilarion, l'influence de l'Orient a dû se joindre à celle des moines latins, encore que le calendrier de Cluny semble avoir toujours ignoré ces trois noms.

UNE THÉOLOGIE DE L'ÉGLISE

L'Eglise romaine a toujours eu conscience de l'importance du dépôt que le Christ lui avait confié dans la personne de Pierre et de sa mission de mater et magistra au milieu des autres Eglises14. Aussi s'est-elle attachée au souvenir de ses évêques, en qui s'est perpétuée la primauté de la charge apostolique. Même si le culte des saints papes a pu naître hors de Rome, comme le laisserait supposer le calendrier du sacramentaire de Ratisbonne (supra, p. 171), c'est à Rome qu'il devait connaître son plus grand développe-

13 D. Maliardo, // Calendario marmoreo di Napoli, I.e., p. 116. 14 L'expression mater et magistra se trouve dans la lettre que le pape Grégoire VII adressa à tous

les fidèles de l'Eglise catholique avant de mourir: Epistula 64 extra Registrum, P.L. 148, col. 710.

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352 LES CALENDRIERS DU LATRAN ET DU VATICAN À LA FIN DU XIIe SIÈCLE

ment, à Saint-Pierre où de nombreux papes ont été inhumés et, plus encore, au Latran où se dresse la cathedra sur laquelle on lisait jadis:

Haec est papalis sedes et pontificalis, Praesidet et Christi de iure vicarius isti15.

Le calendrier du Latran contient les noms de 41 papes et celui du Vatican en présente 25 16. Sans doute faut-il attribuer à ce fait une signification. En célébrant les anniversaires des saints papes non seulement près de leurs tombes, mais encore dans la basilique où leur successeur préside l'assemblée des fidèles, on a voulu souligner la grandeur du ministère papal en même temps que la sainteté d'un certains nombre de ceux qui l'ont assumé au cours des siècles.

Le livre II a présenté l'histoire de l'instauration du culte des saints papes au cours du 11e et du 12e siècle (supra, pp. 169-181). Avec les calendriers du Latran et du Vatican, ce culte atteint le maximum de son développement. Il n'est donc pas sans intérêt de s'arrêter à la double liste des noms.

Latran Vatican

Télesphore

Marcel Fabien

Grégoire le Grand

Janvier

2 11 16 20

Mars

12

Hygin Marcel Fabien

Gréeoi

Avril

3 Xyste Ier Xyste Ier 7 Célestin Ier

1 1 Léon le Grand 16 Anicet

15 L'inscription est antérieure au 13e siècle, comme l'a montré De Rossi, Voir Ph. Lauer, Le Palais de Latran, I.e., p. 226. 4i

16 En réalité il faudrait dire 39 et 23 papes, car les deux calendriers distinguent Clet et Anaclet et honorent comme pape martyr l'antipape Félix II.

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BILAN D'UNE ANALYSE 353

22

26

Soter Caius Clet Marcellin

Clet

Mai

3 25 26 27 30

Alexandre Ier Urbain Ier Eleuthère Jean Ier Félix Ier

Alexandre Ier Urbain Ier Eleuthère Jean Ier

Juin

20 28

Juillet

11 12 13 25 28 29

Silvère Léon le Gd (translation)

Pie Ier

Anaclet Eutychien Victor Félix II

Léon le Grand

Pie Ier Anaclet

Victor Félix II

Août

2 6

25 26

Septembre

10 14 23

Etienne Ier Xyste II Lucius Ier Zéphyrin

Hilaire Corneille Lin

Etienne Ier Xyste II

Corneille Lin

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354 LES CALENDRIERS DU LATRAN ET DU VATICAN À LA FIN DU XIIe SIÈCLE

Octobre

2 Eusèbe 7 Marc Marc

14 Callixte Ier Callixte Ier 26 Evariste 27 Evariste

Novembre

Martin Ier

Clément

12 19 21 23

Décembre

10 11 31

Martin Ier Pontien Gélase Ier Clément

Miltiade Damase Sylvestre Ier Sylvestre Ier

En parcourant cette double liste, on constate que le calendrier du Vatican n'a qu'une seule memoria qui lui soit propre, celle du pape martyr S. Télesphore, et que, en fait, la liste du Latran était appelée à passer à peu près intégralement dans le calendrier romain jusqu'à nos jours. On devait tout juste supprimer les noms de Xyste Ier, de Célestin Ie, d'Eutychien, d'Hilaire, d'Eusèbe et de Gélase Ier, et ajouter ceux de Télesphore, et d'Innocent Ier.

La recherche des influences qui ont pu s'exercer dans l'élaboration des calendriers du Latran et du Vatican n'a pas résolu tous les cas particuliers. Elle n'a pas expliqué, par exemple, pourquoi on célébrait à Rome la fête de saint Gilles ou de saint Léonard (supra, pp. 284, 303). C'est que d'ordinaire les cas individuels relèvent davantage de l'histoire du culte de chaque saint que de celle du calendrier d'une église. La situation de la ville de Saint-Gilles, port de mer, étape sur la route de Compostene et de Rome, contribua pour beaucoup au renom du saint de qui elle portait le nom. De nombreux privilèges lui furent attribués par les papes de la fin du 11e et dans le cours du 12e siècle17. Au 13e siècle, une église Saint-Gilles est attestée non loin du Vatican. Quant à saint Léonard, son culte connut une grande extension à la même époque, spécialement en Italie. Des 35

17 Vies des Saints et des Bienheureux, Le, tome 9, p. 28.

Page 354: Pierre Jounel, Le Culte des saints dans les basiliques du Latran et du Vatican au douzième siècle

BILAN D'UNE ANALYSE 355

manuscrits de sa Vie, dont les Acta Sanctorum donnent la liste au 6 novembre, tous ceux qu'on attribue au 11e siècle sont italiens18. A partir du 13e siècle, trois églises devaient lui être dédiées19. Ces deux exemples suffiront sans doute à faire comprendre comment les cas particuliers ne sont pas toujours susceptibles d'être éclairés par les règles générales qu'on a essayé de mettre en lumière.

III - L'INFLUENCE EXERCÉE PAR LE CALENDRIER DU LATRAN

Si les calendriers du Latran et du Vatican se sont élaborés sous des influences multiples, le calendrier du Latran devait exercer ensuite une influence durable, car il est à l'origine du calendrier de la liturgie romaine moderne. En effet, au 13e siècle, les Frères Mineurs ont choisi l'Office du Latran pour la célébration liturgique dans leur Ordre, comme en témoignent VOrdo Breviarii et YOrdo Missalis Fratrum Minorum secundum consuetudinem Romane Curie, codifiés en 1242-1243 par Haymon de Faversham20. Peu après, c'est la Curie romaine elle-même qui allait adopter tels quels les livres franciscains. Revisés au lendemain du Concile de Trente, ils seront promulgués par saint Pie V en 1568 et 1570 comme Breviarium et M issale romanum. Or chacun des deux livres s'ouvre sur un Calendarium romanum, dont la dépendance par rapport au calendrier de la Cour papale de 1260 est évidente. Et ce dernier dépend lui-même étroitement du calendrier du Latran du 12e siècle. On s'en rendra compte aisément en comparant les deux documents. Nous allons donc reproduire le texte du calendrier de 1260 conforme à l'usage de la Cour papale, tel que S.J.P. van Dijk l'a établi à partir de 22 manuscrits21. Nous mettrons en face de chaque notice la référence au calendrier du Latran, mais aussi à celui du Vatican, car le calendrier du 13e siècle contient quelques rares mentions qui ne se trouvent que dans ce dernier.

La Va La Va

Va La Va La Va

18 Ibid., tome 11, p. 197 dans la Bibliographie. 19 C. Huelsen, Le Chiese di Roma, I.e., pp. 298-299. 20 Ordines ofHaymo of Faversham, H.B.S., Maidstone 1953. 21 S.J.P. Van Dijk, Sources of the Modern Roman Liturgy, Leiden 1963, tome 2, pp. 364-384.

J an ν ι

1

2 3

er

Circoncision du Seigneur S. Basile, évêque et confesseur Ste Martine, Octave de S. Octave de S.

vierge Etienne Jean

Page 355: Pierre Jounel, Le Culte des saints dans les basiliques du Latran et du Vatican au douzième siècle

356 LES CALENDRIERS DU LATRAN ET DU VATICAN À LA FIN DU XIIe SIÈCLE

4 Octave des Ss. Innocents La Va 5 Vigile La Va 6 Epiphanie du Seigneur La Va

10 S. Paul, premier ermite La 11 S. Hygin, pape et martyr La 13 Octave de l'Epiphanie La Va 14 S. Félix au Pincio, prêtre et martyr La Va 15 S. Maur, abbé La Va 16 S. Marcel, pape et martyr La Va 17 S. Antoine, abbé La Va 18 Ste Prisque, vierge et martyre La Va 19 Ss. Marius, Marthe, Audifax et Abacuc La Va 20 S. Fabien, pape et m., et S. Sébastien La Va 21 Ste. Agnès, vierge et martyre La Va 22 Ss. Vincent et Anastase, martyrs La Va 23 Ste Emérentienne, vierge et martyre La Va 25 Conversion de S. Paul La Va 28 Ste Agnès secundo La Va 31 Ss. Cyr et Jean, martyrs La Va

Le calendrier de 1260 ajoute à celui du Latran le nom de Ste Martine, qui se trouve dans le calendrier du Vatican.

Février

1 2 3 4 5

10 14 22 23 24

S. Ignace, évêque et martyr Purification de sainte Marie S. Biaise, évêque et martyr S. Gilbert, confesseur Ste Agathe, vierge et martyre Ste Scholastique, vierge S. Valentin, prêtre et martyr Chaire de saint Pierre Vigile S. Matthias, apôtre

La La La

La La La La La La

Va Va

Va Va Va Va Va Va

Le calendrier de 1260 ajoute le nom de S. Gilbert de Sempringham, mort en 1190 et canonisé en 1202.

Page 356: Pierre Jounel, Le Culte des saints dans les basiliques du Latran et du Vatican au douzième siècle

BILAN D'UNE ANALYSE 357

Mars

7 Stes Perpétue et Félicité, martyres 9 Saints Quarante Martyrs La Va

12 S. Grégoire, pape et confesseur La Va 21 S. Benoît, abbé La Va 25 Annonciation de la B.V.M. La Va

Le calendrier de 1260 ajoute la mention des saintes Perpétue et Félicité, attestée à Rome au 11e et au 12e siècles (supra pp. 136 et 148).

Avril

14 Ss. Tiburce, Valerien et Maxime 17 S. Anicet, pape et martyr 22 S. Soter, pape et martyr, et S. Caius, pape et mart

yr 23 S. Georges, martyr 25 " S. Marc, évangéliste, et Litanies majeures 26 S. Clet, pape et martyr,

et S. Marcellin, pape et martyr 28 S. Vital, martyr.

Pour le mois d'avril, tous les saints inscrits au calendrier de la Cour papale le sont aussi à celui du Latran. On notera l'absence de la fête de saint Léon le Grand (1 1 avril) dans le calendrier de la Curie, comme d'ailleurs dans les Ordines de Haymon de Favers- ham.

La La

La La La La La La

Va

Va Va Va

Va

Mai

1 Ss. Philippe et Jacques, apôtres La Va 3 Découverte de la sainte Croix, La Va

et Ss. Alexandre, Eventius et Théodule, La Va et S. Juvénal Va

6 Saint-Jean-Porte-Latine La Va 8 Apparition de S. Michel La Va

10 Ss. Gordien et Epimaque, martyrs La Va 12 Ss. Nérée, Achille et Pancrace La Va

Page 357: Pierre Jounel, Le Culte des saints dans les basiliques du Latran et du Vatican au douzième siècle

358 LES CALENDRIERS DU LATRAN ET DU VATICAN À LA FIN DU XIIe SIÈCLE

14 S. Boniface, martyr 19 Ste Potentienne, vierge 25 S. Urbain, pape et martyr

Translation de S. François 26 S. Eleuthère, pape et martyr 27 S. Jean Ier, pape et martyr 30 S. Félix, pape et martyr 31 Ste Pétronille, vierge

Le calendrier de 1260 ajoute à celui du Latran le nom de S. Juvénal, qui se trouve dans celui du Vatican, et la mention de la translation de S. François d'Assise (1230).

La La La

La La La La

Va Va Va

Va Va

Va

Juin

2 Ss. Marcellin et Pierre, martyrs, et S. Erasme

9 Ss. Prime et Félicien, martyrs 11 S. Barnabe, apôtre 12 Ss. Basilide, Cyrin, Nabor et Nazaire 13 S. Antoine, confesseur, de l'ordre des Frères

Mineurs 15 Ss. Vite, Modeste et Crescence 18 Ss. Marc et Marcellien 19 Ss. Gervais et Protais, martyrs •20 S. Silvère, pape et martyr

Octave de S. Antoine 22 S. Paulin évêque et confesseur 23 Vigile 24 Nativité de S. Jean Baptiste 26 Ss. Jean et Paul, martyrs 28 S. Léon, pape et confesseur

Vigile 29 Ss. Pierre et Paul, apôtres 30 Commémoration de S. Paul

Le calendrier de 1260 ajoute à celui du Latran le nom de S. Erasme, qui se trouve dans celui du Vatican, ainsi que la fête et l'octave de S. Antoine de Padoue, mort en 1231 et canonisé en 1232.

La

La La La

La La La La

La La La La La La La La

Va Va

Va Va Va

Va Va Va Va Va Va

Page 358: Pierre Jounel, Le Culte des saints dans les basiliques du Latran et du Vatican au douzième siècle

BILAN D'UNE ANALYSE 359

Juillet

1 2 6

10

11 12 13 15 17 18 20 21 22 23 24

25 26 27 28

29

30

Octave de S. Jean Baptiste Ss. Processus et Martinien Octave des Ss. Pierre et Paul Ss. Sept Frères, martyrs, Ss. Rufine et Seconde, vierges S. Pie Ier, pape et martyr Ss. Nabor et Félix, martyrs S. Anaclet, pape et martyr Ss. Cyr et Julitte, martyrs S. Alexis, confesseur Ss. Symphorose et ses fils Ste Marguerite, vierge et martyre Ste Praxède, vierge Ste Marie Madeleine S. Apollinaire, évêque et martyr Ste Christine, vierge et martyre Vigile S. Jacques, apôtre, et S. Christophore, martyr S. Pastor, prêtre et confesseur S. Pantaléon, martyr Ss. Nazaire et Celse, S. Victor et S. Innocent Ier Ss. Simplicius, Faustin et Béatrice, et S. Félix, pape et martyr Ss. Abdon et Sennen, martyrs

La La La

La La La La La La La

La La La

La La La La La

La La

Va Va Va

Va Va (12/7) Va Va Va Va Va Va (Marina 17/7) Va Va Va Va

Va

Va Va

Va Va

Le calendrier de 1260 ajoute le nom de sainte Marguerite, mentionnée sous le vocable de Marina dans le calendrier du Vatican, et celui de S. Innocent Ier. Ce dernier se trouve déjà au 27 juillet dans le martyrologe de Vienne (MV 177) et au 28 dans le calendrier Mantoue (CM 1262), ainsi que dans celui de Ratisbonne des alentours de l'an mille (supra, p. 172).

août

1 Saint-Pierre-aux-liens et Ss. Frères Macchabées, martyrs

2 S. Etienne Ier, pape et martyr 3 Découverte du corps de S. Etienne 4 S. Justin, prêtre et martyr 5 S. Dominique, confesseur

La La La La

Va Va Va Va

Page 359: Pierre Jounel, Le Culte des saints dans les basiliques du Latran et du Vatican au douzième siècle

360 LES CALENDRIERS DU LATRAN ET DU VATICAN À LA FIN DU XIIe SIÈCLE

6

7 8 9

10 11 12 13 14 15 17 18 20 22

23 24 26 28

29

30

S. Xyste, pape et martyr, et Ss. Felicissime et Agapit, martyrs S. Donat, évêque et martyr Ss. Cyryaque, Large et Smaragde S. Romain, martyr. Vigile S. Laurent, martyr Ss. Tiburce et Suzanne, martyrs Ste Claire, vierge Ss. Hippolyte et compagnons, martyrs S. Eusèbe, prêtre. Vigile Assomption de la B.V.M. Octave de S. Laurent S. Agapit, martyr S. Bernard, abbé S. Timothée, S. Hippolyte et S. Symphorien Octave de sainte Marie Vigile S. Barthélémy, apôtre S. Zéphyrin, pape et martyr S. Augustin, évêque et confesseur, et S. Hermès, martyr Décollation de S. Jean Baptiste, et Ste Sabine, vierge Ss. Félix et Adauctus

La La La La La La

La La La La La

La

La La La La La

La

La La

Va Va Va Va Va Va

Va Va Va Va Va

Va Va

Va

Va

Va Va

Le calendrier de 1260 ajoute un nom ancien, celui de S. Hippolyte de Porto (22 août) mentionné par plusieurs calendriers du 11e et du 12e siècles {supra, pp. 140 et 151), ainsi que les noms de S. Dominique (mort en 1221, canonisé en 1234), de Ste Claire (morte en 1253, canonisée en 1255) et de S. Bernard (mort en 1153, canonisé en 1174).

Septembre

1 Ss. Douze Frères, martyrs, La et S. Gilles, abbé La Va

2 S. Antonin, martyr La 8 Nativité de la B.V.M., et S. Adrien, martyr La Va 9 S. Gorgon, martyr La Va

1 1 Ss. Prote et Hyacinthe La Va

Page 360: Pierre Jounel, Le Culte des saints dans les basiliques du Latran et du Vatican au douzième siècle

BILAN D'UNE ANALYSE 361

14 Exaltation de la sainte Croix, et Ss. Corneille et Cyprien, martyrs

15 S. Nicomède, martyr Octave de sainte marie Octave de sainte Marie

16 Ss. Euphémie, Lucie et Géminien 20 Ss. Eustache et ses compagnons

Vigile 21 S. Matthieu, apôtre et évangéliste 22 Ss. Maurice et ses compagnons 23 S. Lin, pape et martyr 26 Ss. Cyprien et Justine, martyrs 27 Ss. Còme et Damien, martyrs 29 Dédicace de la basilique de saint Michel archange 30 S. Jérôme, prêtre et confesseur

Le calendrier de 1260 ajoute une seule mention, celle de S. Eustache, qui est inscrit au 25 de ce mois dans le calendrier du Vatican.

La

LaWa

La La

La

La La La La La La La La

Va Va

Va Va (25/9)

Va Va

Va Va Va

Octob

1 4 7

9 10 11 14 18 21 25 26 27 28 31

re

S. Remi, évêque et confesseur S. François, confesseur S. Marc, pape, Ss. Serge et Bacchus Ss. Marcel et Apulée Ss. Denys, Rustique et Eleuthère S. Cerbonius, évêque et confesseur Octave de S. François S. Callixte, pape et martyr S. Luc S. Hilarion, abbé Ss. Chrysante et Daria, martyrs S. Evariste, pape et martyr Vigile Ss. Simon et Jude, apôtres Vigile de tous les Saints

La La

La La La La La La La La

Va

Va Va

Va Va

Va Va

Le calendrier de 1260 ajoute une mention ancienne, celle des saints Marcel et Apulée attestée au 12e s (supra, p. 152). Il y joint évidemment la fête et l'octave de saint François d'Assise (mort en 1226, canonisé en 1228).

Page 361: Pierre Jounel, Le Culte des saints dans les basiliques du Latran et du Vatican au douzième siècle

362 LES CALENDRIERS DU LATRAN ET DU VATICAN À LA FIN DU XIIe SIÈCLE

Novembre

1 Fête de tous les Saints, et S. Césaire, martyr La Va 4 Ss. Vital et Agricola, martyrs 6 S. Léonard, confesseur La 8 Quatre Saints Couronnés La Va 9 S. Théodore, martyr La Va

10 Ss. Tryphon, Respice et Nympha La Va 11 S. Martin, évêque et confesseur, La Va

et S. Mennas, martyr La 12 S. Martin, pape et martyr La Va 13 S. Brice, évêque et confesseur La Va 19 S. Pontien, pape et martyr, et Ste Elisabeth La 22 Ste Cécile, vierge et martyre La Va 23 S. Clément, pape et martyr La Va

et Ste Félicité La 24 S. Chrysogone, martyr La Va 25 Ste Catherine, vierge et martyre Va 26 S. Pierre d'Alexandrie, évêque et martyr La 29 S. Saturnin, martyr La Va

Vigile La 30 S. André, apôtre La Va

Le calendrier de 1260 annonce la fête de Ste Elisabeth de Hongrie (morte en 1231, canonisée en 1235) et celle de Ste Catherine, déjà attestée à Sainte-Pierre. Mais il mentionne aussi, le 4 novembre, les Ss. Vital et Agricola, dont la fête est inconnue à Rome à cette date. Celle-ci est attestée à Bologne et à Milan au 9e siècle. Pour S. Vital il s'agit d'un doublet, car il est déjà inscrit au 28 avril22.

Décembre

2 Ste Bibiane, vierge - La Va 4 Ste Barbe, vierge et martyre La Va 5 S. Sabba, abbé La Va 6 S. Nicolas, évêque et confesseur La Va

22 C. Marcora, // Santorale ambrosiano, I.e., pp. 134-135. Ajoutons que la fête des deux saints bolognais est mentionnée dans YOrdo Breviarii d'Haymon de Faversham (Le, p. 146), mais non dans son Ordo Missalis.

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BILAN D'UNE ANALYSE 363

7 10 11 13 20 21 24 25 26 27 28 29 31

S. Ambroise, évêque et confesseur S. Melchiade, pape et martyr S. Damase, pape et confesseur Ste Lucie, vierge et martyre Vigile S. Thomas Vigile de la Nativité Nativité du Seigneur et Ste Anastasie, vierge S. Etienne, protomartyr S. Jean, apôtre et évangéliste Ss. Innocents S. Thomas, archevêque et martyr S. Sylvestre, pape et confesseur

La La La La La La La La La La La La La

Va

Va

Va Va. Va Va Va Va Va Va

Pour le mois de décembre, tous les saints inscrits au calendrier de la Cour papale le sont aussi à celui du Latran.

Au terme de cette comparaison entre le calendrier papal de la seconde moitié du 13e siècle et le calendrier qui était suivi au Latran quatre-vingts ans plus tôt, on ne peut que constater la dépendance du premier par rapport au second. Sans doute le calendrier de 1260 a-t-il abandonné un certain nombre des mentions du Latran, en particulier la plupart de celles que nous avons attribuées au calendrier des Chanoines de Saint-Frigdien de Lucques, mais les fêtes qui sont communes au Latran et à la Cour papale, à l'exclusion de Saint-Pierre, sont caractéristiques. On y trouve d'abord 12 fêtes de papes (Ss. Hygin, Anicet, Soter, Caius, Marcellin, Félix Ier, Silvère, Zéphyrin, Lin, Pontien, Mil- tiade, Damase), puis 5 fêtes orientales (Ss. Ignace d'Antioche, Antonin, Cyprien et Justine, Hilarion, Pierre d'Alexandrie), 2 fêtes italiennes (Ss. Paulin de Noie et Cerbonius de Populania), 1 fête française (S. Léonard). Toutes sont caractéristiques du calendrier du Latran dans l'ensemble des calendriers romains de l'époque. On ne saurait trouver meilleure preuve de la continuité entre le calendrier d'Alexandre III (1159-1181) et celui d'Alexandre IV (1254-1261)23.

23 A la fin du 13e siècle le calendrier de la Chapelle papale devait recevoir de nombreuses additions, comme en témoignent le Vaticanus Ottobonianus 356 et le Co. 100 de la Bibliothèque municipale d'Avignon. On en restituera facilement le texte à partir du calendrier édité par S.J.P. van Dijk dans The Ordinal of the Papal Court from Innocent III to Boniface VIII and related documents, I.e., pp. 59-85.

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LIVRE QUATRIÈME

LE CULTE DES SAINTS

DANS LES DEUX BASILIQUES PAPALES

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Page 366: Pierre Jounel, Le Culte des saints dans les basiliques du Latran et du Vatican au douzième siècle

LES SAINTS LES PLUS VÉNÉRÉS AU LATRAN ET AU VATICAN

Parmi les fêtes des saints qui se déroulaient au long de l'année dans les basiliques du Latran et du Vatican selon l'ordre du calendrier, certaines revêtaient un éclat particulier dans l'oratoire ou autour de l'autel dont on célébrait le titulaire. Souvent les chanoines s'y rendaient, ce jour-là, en procession après le chant des Vêpres. Parfois ils y chantaient la Vigile et la Messe. C'est ainsi que plusieurs saints étaient l'objet d'un véritable culte local dans l'une ou l'autre des deux basiliques papales. Sans rien enlever à l'honneur dû à saint Pierre ou aux deux saints Jean, ce culte d'un certain nombre d'autres saints introduisait une note festive et populaire dans la célébration quotidienne de la liturgie au fil des semaines et des mois.

Pour connaître la manière dont on célébrait le culte des saints au Latran et au Vatican à la fin du 12e siècle, il ne suffit donc pas d'avoir établi le calendrier de chacune des deux basiliques; il faut encore dresser la liste des saints qui y étaient l'objet d'une vénération particulière. Dans ce but nous devons inventorier les oratoires et les autels qui avaient été construits à l'intérieur ou à proximité des basiliques. Nous pourrons ensuite consulter les Ordines pour relever les rites propres à la fête de chacun de leurs titulaires.

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CHAPITRE I

LE CULTE DES SAINTS AU LATRAN

L'étude du culte des saints au Latran au 12e siècle peut s'appuyer sur deux documents de l'époque, VOrdo Officiorum ecclesiae lateranensis du prieur Bernhard, qui a déjà servi à établir le calendrier (supra, pp. 26-27), et la Descriptio lateranensis ecclesiae du diacre Jean, chanoine de la basilique {supra, p. 28). Mais on se référera aussi à une autre description du Latran, celle de Panvinio1. Bien qu'elle date de 1562, elle est souvent fort utile pour localiser les monuments des siècles antérieurs. On citera ces trois sources de sous les sigles suivante:

D = Descriptio lateranensis ecclesiae du diacre Jean. Ο = Ordo ecclesiae lateranensis du prieur Bernhard. Ρ = De sacrosancta basilica lateranensi de Panvinio.

Voir ci-après Plan III.

I - LES LIEUX DU CULTE

II semble que, jusqu'au 11e siècle, il n'y ait eu dans la basilique du Latran qu'un seul autel, sur lequel l'Eucharistie était offerte par le Pape ou l'un des sept cardinaux-évêques chargés de célébrer chaque jour la Messe en son nom (D 339, 344). Les sept autels, dont parle au 6e siècle un diacre romain du nom de Jean dans sa lettre à Sénarius de Ravenne2, étaient des tables destinées à recevoir les oblations des fidèles. Les autels dédiés en l'honneur des saints se trouvaient dans des oratoires extérieurs à Yaula de la basilique.

1 O. Panvinio, De sacrosancta Basilica, Baptisterio et Patriarchio Lateranensi libri quatuor, édit. Ph. Lauer, Le Palais de Latran, Le, pp. 410-490.

2 Epistola lohannis Diaconi ad Senarium, 11; édit. A. Wilmart, Analecta Reginensia, Coll. Studi e testi 59, Città del Vaticano 1933, p. 177.

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370 LE CULTE DES SAINTS DANS LES DEUX BASILIQUES PAPALES

La mosaïque de la conque absidiale suffisait alors pour faire connaître aux fidèles qui ils venaient vénérer en priorité dans la basilique constantinienne, qu'on appelait la basilica aurea en raison de la couleur des colonnes de la nef centrale (D 334). Bien que Torriti ait refait cette mosaique au 13e siècle, il ne semble pas qu'il ait innové dans l'essentiel du dessin. L' imago Salvatoris infixa parietibus (D 333), entourée de neuf anges au milieu de nuages multicolores, s'imposait aux regards de tous. Au dessous de l'image du Christ les yeux découvraient la Croix glorieuse plantée sur la montagne sainte, d'où jaillissaient les quatre fleuves du Paradis: l'Esprit planait sur la croix, tandis que les cerfs venaient s'abreuver aux eaux de la vie. C'est bien là l'église dans laquelle le Sauveur veille sur tous ceux qu'il a lavés dans son sang: ipse Salvator exorat (D 335). Et voici, entourant la croix, les chefs de file des rachetés et les grands intercesseurs: d'un côté la sainte Mère de Dieu avec Pierre et Paul; de l'autre Jean Baptiste, Jean l'Evangéliste et André le Premier Appelé. Tandis que leurs images se dessinent sur fond d'or, leurs pieds foulent le sol du Paradis, le jardin originel devenu le jardin eschatologique, rempli de verdure et de fleurs. C'est là l'essentiel du message du Latran. Mais, après lui avoir fait accueil, le pèlerin du 12e siècle a encore beaucoup à apprendre, en faisant l'inventaire de tous les ex-votos dont les siècles passés ont enrichi la basilique et ses abords immédiats3.

LE CHRIST SAUVEUR, LA SAINTE CROIX

Le visage du Sauveur, qui s'impose aux regards au centre de la mosaïque absidale de la basilique, se retrouve au baptistère dans l'oratoire de saint Venant, mais on vénère surtout le Sauveur au patriarchium dans la basilique Saint-Laurent appelée Sancta Sanctorum: c'est l'icône «non faite de main d'homme», que le Pape vient saluer au matin de Pâques et qui est portée en procession à Sainte-Marie-Majeure dans la nuit de l'Assomption {supra, pp. 120-122).

Avec l'icône du Sauveur on rend aussi honneur à la sainte Croix. Si une relique importante du bois de la Croix est conservée au Sancta Sanctorum, on en vénère une autre dans l'oratoire de la Croix que le pape Hilaire construisit près du baptistère. Tous ceux qui ont connu cet oratoire avant sa destruction par Sixte-Quint ont dit sa beauté:

3 G. Matthiae, dans Mosaici medioevali delle chiese di Roma, Roma 1967, tome Ier, p. 349, estime que le groupe croix-buste du Christ provient de la mosaïque paléochrétienne, mais que les figures de la Mère de Dieu et de Jean-Baptiste ont été introduites par Torriti sous l'influence de la culture byzantine, dont on peut déceler de nombreuses traces dans l'ensemble de son oeuvre. Il est certain que la Deesis et le Prodromos sont des figures-types de l'iconographie byzantine, mais on ne saurait oublier que la Vierge-Orante apparaît au Latran dès le 7e siècle dans la mosaïque de Saint- Venant au baptistère et que les deux saints Jean étaient honorés comme les titulaires de la basilique constantinienne à la même époque.

Page 370: Pierre Jounel, Le Culte des saints dans les basiliques du Latran et du Vatican au douzième siècle

LE CULTE DES SAINTS AU LATRAN 371

Hoc oratorium multum est pulcherrimum, in modum crucis factum, de musivo decoratum (D 355); ecclesiam pulchre decoratam ex lapidibus et musivo (Ο 122), ecclesiam miro opere constructam (Ο 134). L'oratoire de saint Zenon, à Sainte-Praxède, peut seul donner aujourd'hui une faible idée de la beauté de cet édifice4, dont Panvinio a laissé une description minutieuse (P 467-468).

LA SAINTE MÈRE DE DIEU

Le Latran ne possédait, au 12e siècle, qu'une église dédiée à la sainte Vierge Marie, et encore celle-ci devait-elle en partager le patronage avec saint Pancrace (D 347). Cette église se trouvait au sud de l'abside de la basilique (P 438). On pourrait s'étonner d'une telle discrétion dans le culte de la Mère de Dieu, si l'on n'observait que le Latran avait des liens étroits avec Sainte-Marie-Majeure: en dehors de la procession populaire de la nuit de l'Assomption, le clergé du Saint-Sauveur se rendait encore en procession le 23 juin et le '14 septembre à la basilique manale, dont le diacre Jean joint la description à celle du Latran, en y mentionnant même l'anniversaire du 5 août (D 359). De plus deux images de Marie pouvaient susciter la prière du peuple chrétien: celles de l'abside de la basilique et de l'oratoire de Saint- Venant. Dans les deux cas Marie apparaît entourée des deux saints Jean et des apôtres Pierre et Paul au-dessous du Christ glorifié. A saint- Vènant, la Vierge se tient au milieu du groupe, les mains étendues dans l'attitude de l'orante. On ne saurait imaginer meilleure représentation de Marie Mater Ecclesiae.

SAINT JEAN BAPTISTE, SAINT JEAN L'EVANGELISTE

Les deux saints Jean étaient honorés principalement dans les oratoires que le pape Hilaire (461-468) avait dédiés à chacun d'eux, de part et d'autre du baptistère, en action de grâce d'être sorti sain et sauf du brigandage d'Ephèse: Liberatori suo Beato Iohanni Evangelistae, In honorem beati Iohanni Baptistae, disent les deux inscriptions d'Hilaire. Au-dessous de la seconde Hilaire ajouta: Hilarius episcopus sanctae Plebi Dei (P 467). Mais la basilique elle-même était, au 12e siècle, un centre du culte des deux saints. Leurs images se trouvaient dans la conque absidiale, et l'oratoire souterrain aménagé sous l'autel majeur (P 435) contenait aussi bien des reliques que de précieuses icônes des saints titulaires: on y conservait, entre autres, le cilice de Jean Baptiste, fabriqué en poils de chameau, et la tunique de Jean l'Evangéliste (D 337-338); quant aux images de electro

4 On trouvera plusieurs plans et dessins de l'oratoire de la sainte Croix dans Ph. Lauer, Le Palais de Latran, I.e., pp. 57-62.

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372 LE CULTE DES SAINTS DANS LES DEUX BASILIQUES PAPALES

aureae et argenîeae (D 338), qui représentaient non seulement le Baptiste et PEvangéliste mais encore le Christ, la Vierge Marie, les Apôtres Pierre et Paul, on les considérait comme un don de Constantin (D 338, Ρ 435).

LES APÔTRES SAINT ANDRÉ, SAINT BARTHÉLÉMY ET SAINT THOMAS

Avec saint Jean on vénérait spécialement au Latran les apôtres saint André, saint Thomas et, à un moindre degré, saint Barthélémy. On peut s'étonner de ne pas trouver d'oratoire des apôtres Pierre et Paul. C'est qu'à Rome leur culte se concentrait autour des deux tombes sacrées du Vatican et de la via Ostiense. Sans doute Pierre et Paul sont-ils souvent représentés dans les mosaïques de la basilique ou des divers oratoires, mais les restes de leurs «chefs», conservés au Sancta Sanctorum, n'y sont pas l'objet d'une vénération particulière. Ce n'est qu'en 1368 que le pape Urbain V les présentera à l'hommage du peuple romain et les fera placer dans le ciborium de la basilique, au-dessus de l'autel papal5.

Le pape Honorius 1er (625-638) érigea dans sa prope maison, voisine du baptistère, un monastère en l'honneur des saints Apôtres André et Barthélémy6. En raison de la proximité de l'oratoire de la sainte Croix, le nom de saint André fut attribué à celui-ci, comme en témoigne le sacramentaire grégorien7. Au 12e siècle, saint André devint titulaire d'un nouvel oratoire, dont YOrdo lateranensis évoque la beauté: ecclesiam pulchfe decoratam ex lapidibus et musivo eins nomine consecratam (Ο 122). En effet, le 26 septembre 1154, le pape Anastase IV dédia un autel à saint André et à sainte Lucie dans l'abside qui fermait à l'est le portique du baptistère (D 353, Ρ 466). La conque de cette abside est ornée d'une mosaïque datant du 4e ou du 5e siècle.

Dans le vaste secrétarium, qui était situé dans l'atrium de la basilique, près de la porte d'entrée, le pape Jean XII (955-963) avait érigé un autel dédié à saint Thomas (D 350, Ρ 437). C'est là que le Pape revêtait les vêtements liturgiques avant d'entrer en procession dans l'église pour la messe. Une fresque du 10e siècle, représentant la vêture du pontife, continua à évoquer la destination initiale de ce lieu longtemps après qu'un nouveau secrétarium eut été aménagé dans l'oratoire de la Vierge Marie et de saint Pancrace8.

5Ph. Lauer, I.e., pp. 262-266. 6 C. Huelsen, Le Chiese di Roma, I.e., p. 195. 7 Le souvenir de saint André se perpétue aujourd'hui au Latran dans la chapelle de l'hôpital,

qui lui est dédiée. Elle occupe à peu près l'emplacement du monastère d'Honorius 1er. C'est là qu'on voit l'icône de sainte Marie Impératrice, mais elle n'est pas antérieure au 13e siècle (Cf. Ph. Lauer, I.e., pp. 78-79).

8 Reproductions de cette fresque dans Lauer, I.e., pp. 141 et 143.

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LE CULTE DES SAINTS AU LATRAN 373

LES MARTYRS

Saint Etienne et saint Laurent

Etienne et Laurent ont été, dès l'antiquité, les deux martyrs les plus honorés en Occident. Au Latran, le pape Hilaire érigea un oratoire Saint-Etienne au baptistère, près de celui de saint Jean l'Evangéliste9 mais, deux siècles plus tard, Jean IV devait en déposséder le Protomartyr pour y instaurer le culte de saint Venant et des martyrs Dal- mates. Le nom de saint Etienne s'est perpétué cependant avec le monastère voisin, qui s'est toujours appelé monasterium sancii Stephani (D 354). Panvinio localise assez exactement l'emplacement de l'oratoire d'Hilaire (P 468).

Au 12e siècle, saint Laurent était titulaire d'un autel in porticu maioris ecclesiae (0 148), mais il était surtout honoré dans sa basilique du patriarchium, où se trouvait l'arche du Sancta Sanctorum (D 356), Ρ 486-490). L'oratoire ou la basilique de saint Laurent remonte pour le moins au pape Pelage II (579-590). le prédécesseur immédiat de saint Grégoire le Grand 10.

Sain Pancrace, saints Chrysante et Daria

L'oratoire du monastère de saint Pancrace, qui était dédié aussi à la Vierge Marie, se trouvait au sud-ouest iuxta maiorem basilicam (O 136). Il est attesté au 8e siècle, mais le monastère existait déjà au temps de saint Grégoire11. Dans cet oratoire le pape Innocent II (1130-1143) dédia un autel aux saints Chrysante et Daria, en y déposant un grand nombre de reliques (D 347, Ρ 438). Au temps de Panvinio, cet oratoire était devenu le secrétarium à la place de la basilique Saint-Thomas.

Saint Venant et les martyrs Dalmates

Iohannes natione Dalmata, ex pâtre Venantio12. Les origines du pape Jean IV (640- 632) expliquent la raison pour laquelle il eut à coeur de transférer au Latran les reliques des martyrs de Salone et de Parenzo et choisit saint Venant comme tête du groupe. Il transforma l'ancien oratoire Saint-Etienne iuxta fontes pour ériger en leur honneur une

9 L. Duchesne, Le Liber Pontiflcalis, I.e., tome 1er, p. 245. 10 Ph. Lauer, I.e., p. 70. 11 G. Ferrari, Early roman monasteries, I.e., pp. 242-253. L'auteur donne en appendice un plan

du groupe des monastères du Latran, qui aide à situer un certain nombre des oratoires dont il est question ici.

12 L. Duchesne, Le Liber Pontiflcalis, I.e., tome 1er, p. 330.

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374 LE CULTE DES SAINTS DANS LES DEUX BASILIQUES PAPALES

église miro opere constructam (Ο 136). La mosaïque du 7e siècle s'est conservée jusqu'à ce jour. Primitivement l'oratoire n'était pas clos, ainsi que l'a noté Panvinio (P 468) et que l'ont révélé les travaux récents de restauration.

Saintes Rufine et Seconde, sainte Lucie, saints Cyprien et Justine

Lorsqu'il transforma en oratoire le portique du baptistère, le pape Anastase IV (1153- 1154) érigea un autel dans chacune des absides qui le fermaient aux deux extrémités. Il dédia l'autel de l'abside-est à saint André et à sainte Lucie. Dans cet autel il déposa aussi des restes humains qu'on avait trouvés en creusant le sol de l'abside de gauche et qu'on attribua aux protagonistes de la Passio de Cyprien et de Justine. L'autel de l'abside-ouest fut consacré sous le vocable des saintes Rufine et Seconde, dont Anastase avait relevé les reliques de leur cimetière de la via Cornelia avant son accession au pontificat (D 353, Ρ 466). La translation avait été faite avec grand concours de peuple (D 353).

Saints Quarante Martyrs, saint Antonin

Les Quarante soldats de Sebaste (Arménie) et saint Antonin d'Apamée représentent les martyrs d'Orient au Latran. L'autel des Quarante Martyrs était voisin du tombeau de Sylvestre II (D 348), non loin de l'entrée dans la nef méridionale (P 436). L'autel de saint Antonin se trouvait à l'opposé de celui des Quarante Martyrs, dans la partie septentrionale (D 351), que VOrdo lateranensis appelle in porticu maioris ecclesiae (0 153), bien qu'on soit déjà à l'intérieur de l'édifice.

LES CONFESSEURS

Saint Sylvestre, saint Grégoire le Grand

Le pape Théodore (642-649) avait dédié un oratoire à saint Sylvestre à l'intérieur du patriarchium du Latran13. L'édifice était assez vaste pour qu'on puisse y tenir des assemblées synodales (en 1024 et 1026). Immédiatement après son élection, le Pape y était conduit pour prendre place sur le siège de porphyre et y recevoir les clefs du palais (P 460).

L'oratoire de saint Grégoire le Grand se trouvait à proximité de celui de la sainte Croix, non loin du baptistère (P 468). On y conservait le lit in quo ipse sanctus solebat quiescere (D 355).

13 Ibid, pp. 333 et 432.

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LE CULTE DES SAINTS AU LATRAN 375

Saint Nicolas

Saint Nicolas était titulaire d'un autel situé in porticu maioris ecclesiae (O 123), mais ni le diacre Jean, ni Panvinio ne le mentionnent. Beaucoup plus notable était l'oratoire Saint-Nicolas de capella papae, construit sous Callixte II (1119-1124), peut-être sur l'emplacement d'une basilica nicolaitana remontant au pape Nicolas 1er (858-867) 14. L'oratoire de Callixte II était célèbre en raison de la fresque qui y symbolisait le triomphe de la Papauté sur l'Empire lors du concordat de Worms (1122). La fresque comportait deux registres: en haut la Vierge Mère couronnée avec l'Enfant sur les genoux et, de 'part et d'autre, deux papes debout (saint Sylvestre et saint Anaclet) et deux autres prosternés (Calliste II et l'antipape Anaclet II); en bas saint Nicolas se tenait au milieu, entouré des saints Léon le Grand et Grégoire le Grand, puis, répartis en deux groupes, les papes Urbain II, Pascal II, Gélase II, Alexandre II, Grégoire VII et Victor III15.

De la représentation du Christ-Sauveur dans l'abside de la basilique constanti nienne à la fresque de Callixte II, c'est toute l'histoire du vieux Latran qu'on peut évoquer. Elle résume en partie l'histoire de l'Eglise romaine pendant huit siècles. Après avoir bénéficié des libéralités de Constantin, celle-ci a dû surmonter bien des drames pour s'arracher à la dominations du pouvoir temporel.

II - LES FÊTES DES SAINTS AU LONG DE L'ANNÉE

Pour apprendre comment on célébrait au Latran les fêtes des saints au long de l'année, nous disposons d'un guide exceptionnel en la personne du prieur Bernhard. Son Or do Officio rum ecclesiae later anensis appartient à la génération des Ordinaires du 12e siècle, qui sont des témoins fidèles de la célébration liturgique dans les cathédrales et les abbayes d'Occident au moment où les traditions reçues du haut moyen âge n'ont pas encore été submergées par d'autres usages. Cet Ordo de VEcclesia mater s'impose non seulement en raison de l'importance de l'église dont il décrit les rites, mais aussi par la qualité de sa rédaction.

LES FÊTES MAJEURES

Parmi les fêtes du sanctoral, neuf sont célébrées d'une manière solennelle. Ce sont le natale de saint Jean l'Evangéliste, l'Annonciation de sainte Marie, la Découverte de la

14 C. Huelsen, Le Chiese di Roma, I.e., p. 391. 15 Ph. Lauer, Le Palais de Latran, I.e., pp. 163-168. On trouve dans ces pages une reproduction

détaillée de la fresque.

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376 LE CULTE DES SAINTS DANS LES DEUX BASILIQUES PAPALES

sainte Croix, la Nativité de saint Jean Baptiste, le natale des saints Apôtres Pierre et Paul, l'Assomption de sainte Marie, l'Exaltation de la sainte Croix, la solennité de Tous les Saints et la Dédicace de la basilique du Saint-Sauveur.

Saint Jean Γ Evangél iste

Depuis au moins le 7e siècle, saint Jean PEvangéliste est titulaire de la basilique du Latran avec le Christ-Sauveur et saint Jean-Baptiste. Aussi le clergé du Latran célèbre-t- il, deux jours après Noël, l'une de ses fêtes patronales. Le prieur Bernhard aime joindre à la description des rites quelques remarques d'ordre théologique, historique ou disciplinaire. Comme le Seigneur Pape (domnus papa, apostolicus) doit célébrer la messe de ce jour, le prieur invite ses frères les chanoines à donner au peuple chrétien l'exemple du recueillement, ce qu'ils doivent pratiquer à toutes les célébrations stationales de cette église, ad quas tant istius civitatis populi concursus quant ex diversis mundi partibus instantis- sime advenire solet (O 14).

Le soir du 26 décembre, à la fin des Vêpres de saint Etienne, les chanoines se rendent en procession ad ecclesiam sancii Iohannis evangeliste, que est ad fontes, en chantant un répons en l'honneur de saint Jean (O 13). Après la collation, on sonne les cloches festive pour annoncer la première vigile, qui est célébrée ad fontes. Le matin du 27, c'est dans la basilique que sont chantées Matines et Laudes. On constate ici qu'au 12e siècle, les chanoines du Latran, ainsi d'ailleurs que ceux de la basilique vaticane, respectaient encore l'ancien usage romain, selon lequel les fêtes majeures étaient dotées de deux vigiles: la première comportait un nocturne (3 psaumes, 3 lectures, 2 répons et le Te Deum, suivi de l'oraison ou du Pater noster); la seconde, appelée Matines, commençait par l'invitatoire, puis elle comportait 3 nocturnes. Dans les deux vigiles la lecture de la vie du saint tenait une place importante: on y consacrait les trois lectures de la vigile du soir et les six premières lectures de Matines.

Dans la matinée du 27, le pape descendait du patriarchium pour célébrer la messe, entouré du clergé de sa chapelle. Les chanoines se contentaient d'y assister honeste après avoir accueilli le pontife decenter ob reverentiam tanti patris. Le soir, après la célébration de Vêpres, le chapitre se rendait à nouveau en procession ad fontes, en chantant un répons en l'honneur de saint Jean.

Annonciation de sainte Marie

Annuntiatio dominica (On notera l'ancienne appellation) inter precellentissimas anni sollemnitates computando est (O 131). Bernhard en donne la raison: Tune enim non ingrati redemptioni nostre esse videbimur, si exordium eius debita cum reverentia excipimus. Son attention est surtout retenue par les problèmes que pose la célébration de cette solennité lorsqu'elle tombe dans les fêtes pascales. Il propose la règle suivante. Si le 25 mars tombe le dimanche des rameaux, on célèbre l'Annonciation le lundi saint. Si le 25 mars tombe

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LE CULTE DES SAINTS AU LATRAN 377

le lundi, le mardi ou le mercredi saint, on célèbre la fête le jour même. Si le 25 mars tombe entre le jeudi saint et l'octave de Pâques, on se trouve en présence de deux pratiques: des gens nombreux et magne auctoritatis proposent d'anticiper l'Annonciation au samedi avant les rameaux, mais le pape et les cardinaux ont l'habitude de reporter la fete au lundi après l'octave de Pâques. Le prieur juge convenable de suivre l'usage de la curie, quia nimis superfluum videretur, si nos in celebratione tante sollemnitatis discordes esse vellemus (0 132). Relevons qu'après Tierce une procession se déroule dans le cloître.

Découverte de la sainte Croix

Au Latran on célèbre les deux fêtes de la Croix, car on en possède deux fragments importants, l'un dans l'oratoire d'Hilaire, proche du baptistère, l'autre au Sancta Sanctorum. Bien que le pape n'intervienne que le 14 septembre, la fete du 3 mai est déjà célébrée avec solennité dans l'oratoire de la Sainte-Croix. Festivitas in honore sancte Crucis solemniter celebratur. Et quamvis cunctis christianis Celebris sit hec festivitas, nobis tarnen celebrior esse débet, quia propitiante deo ecclesiam miro opere constructam in eius honore consecratam habere meruimus et .r. non modica pars eiusdem pretiosissimi Ugni ibi recondita est (Ο 134). Comme pour la fête de saint Jean l'Evangéliste, il y a procession à l'oratoire voisin du baptistère à la fin de Vêpres et office de vigile après la collation. Mais, le 3 mai, on célèbre aussi les martyrs Alexandre, Eventius et Théodule. Aussi l'auteur explique-t-il avec précision comment il faut organiser Yofflcium mixtum.

Nativité de saint Jean Baptiste

De toutes les fêtes du Latran, la Saint- Jean d'été de beaucoup la plus populaire. C'est aussi la plus solennelle, ut quidquid laudis, quidquid honoris, quidquid etiam sollem- nis apparatus tarn in ornamentis quam in luminaribus ecclesie possumus, sicut in solle mnita- tibus domini reverenter exhibeamus (O 138). Après cette affirmation, le prieur Bernhard rappelle que non seulement saint Jean est le titulaire d'une église miro opere constructam au baptistère, mais que, parmi les reliques insignes conservées dans l'autel de la basilique, on possède une partie de son corps brûlé et son vêtement en poils de chameau. En ce jour, le pape ne se contente pas de célébrer la messe, mais il participe avec toute la curie aux Vêpres, à la Vigile et aux Matines.

Pour que la célébration se déroule au mieux, il convient non seulement que les chanoines se comportent dignement, car les yeux de la curie et de tout le peuple Romain seront fixés sur eux (0 138), mais encore qu'on choisisse parmi eux cinq ou s[x chantres à la voix forte et bien exercée, car la plupart d'entre eux, venant de diverses régions, Romanorum more cantare nesciunt (0 140). C'est là un témoignage fort clair sur le fait qu'à la fin du 12e siècle on continuait à exécuter dans les basiliques de la Cité papale l'antique cantilena romana. L'Ordo ajoute qu'au Latran les Vigile et les Matines de la

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378 LE CULTE DES SAINTS DANS LES DEUX BASILIQUES PAPALES

Nativité de saint Jean Baptiste sont célébrées en grec et en latin. Il s'agissait d'un office simultané. Le soir du 23, Grecs et Latins se réunissaient dans l'ancien chapitre et on servait à boire à tout le monde. Puis cardinaux, évêques, chanoines et clercs latins se rendaient en procession ad fontes pour célébrer la vigile, tandis que les Grecs prenaient place dans la basilique pour y commencer leur office. A la fin de la vigile, les Latins se ren- dient à leur tour processionnellement à la basilique, tandis que toutes les cloches sonnaient, et les Grecs descendaient ad fontes pour y célébrer l'office du matin (0 140-141).

Toutes ces particularités étant exposées, il faut maintenant suivre le déroulement des deux journées.

La fête commençait 23 par une procession à Sainte-Marie-Majeure, qui était identique à celle du lundi des Rogations: à l'aller on gagnait directement Sainte-Marie par la via Merulana, mais au retour on passait par Saint-Pierre-aux-liens et Saint-Clément (O 99). La messe de la Vigile était chantée après None (Ο 138).

Appropinquante vero hora vespertina, le pape descendait du palais avec les évêques, les cardinaux et toute la curie pour célébrer l'office du soir. A la fin de Vêpres, le pape disait l'oraison et il bénissait le peuple, puis il regagnait le patriarchium. Les chanoines, eux, se rendaient en procession ad fontes et y chantaient à nouveau breviter les Vêpres, avant de rentrer dans leur cloître. Ils se retrouvaient un peu plus tard à Saint-Thomas, l'ancien secrétarium, pour participer à la réfection commune avec les membres de la curie, les clercs de la basilique et le clergé grec. Ils avaient besoin de prendre des forces, car l'office nocturne allait être très lourd.

La double vigile du clergé latin était célébrée par la curie et le chapitre de la manière suivante. On gagnait d'abord le baptistère, acolitis precedentibus cum candelabris etfaculis ardentibus (O 141), pour y chanter le premier office, qui comprenait exceptionnellement trois nocturnes. A chaque lecture un évêque ou un cardinal encensait l'autel de saint Jean. Après la 9e lecture, orf chantait le Te Deum et un cardinal-évêque bénissait le peuple. Tous retournaient immédiatement à la basilique, tandis que les Grecs venaient au baptistère. Lorsque chacun avait pris place, on commençait les Matines de la fête avec l'invitatoire Regem Praecursoris. Aux trois nocturnes succédaient les Laudes matutinales. Le repos que prenait ensuite les chanoines ne pouvait être qu'assez bref, car ils devaient chanter tôt le matin, au baptistère, la messe dont les sacramentaires donnent le formulaires sous le titre de Prima Missa (SGr 647). Puis ils se retrouvaient à la basilique dans leur choeur pour assister à la messe que le pape célébrait à l'autel majeur avec les évêques, les cardinaux, la schola et toute la curie. Les chanoines, semble-t-il, n'y avaient aucune part active: ils en attendaient sagement la fin, en récitant entre eux Tierce et Sexte. C'est du moins ce qui ressort de la rubrique: ibi honeste usque ad fine m misse morantes privatim inter nos tertiam et sex t am dicimus (O 142).

L'après-midi, les Vêpres étaient chantées au choeur de la basilique, puis les chanoines se rendaient en procession au baptistère et là, comme la veille, ils disaient à nouveau l'office de Vêpres.

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LE CULTE DES SAINTS AU LATRAN 379

L'Ordo précise enfin qu'on procédait ainsi durant toute l'octave. Lorsqu'il se trouvait une fête, on n'omettait jamais de dire la messe matinale au baptistère et d'y faire la procession après Vêpres.

Saint Pierre et saint Paul

Bien que la fête des saints Pierre et Paul soit reçue au Latran comme une sollemnitas Celebris, elle ne saurait y revêtir le même éclat que celle de saint Jean Baptiste. Tout le peuple Romain se porte, ce jour-là, au Vatican et dans la basilique de la via Ostiense.

Après avoir chanté les premières Vêpres et pris la collation, les chanoines célèbrent, selon l'usage, une première vigile in communi choro et ils y font trois lectures prises dans les Actes apocryphes de Pierre (0 143). Les Matines sont célébrées comme aux plus grandes fêtes de l'année. L'Ordo précise qu'en dehors de l'oraison il n'est pas question de saint Paul dans l'office, car on en fait la Commémoration le lendemain. Il annonce toutefois pour le Magnificat des secondes Vêpres l'antienne Hodie Simon Petrus. Cette antienne, qui fait mention des deux Apôtres, ne se trouve pas dans l'antiphonaire du Vatican. Celui-ci propose une autre antienne, commune également aux deux, Petrus aposto- lus, qui est chantée au Latran le 30 juin à Vêpres.

Assomption de sainte Marie

Selon la prieur Bernhard la solennité de l'Assomption de Marie surpasse toutes les fêtes des saints et il convient de la célébrer à l'égale de la Nativité du Seigneur, dont elle' ne se sépare pas: Ibi predicas divinitatis in Christo humiliationem, hic humanitatis nostre in Maria exaltationem (O 150). C'est pourquoi quidquid potest, quidquid habet in maioribus sollemnitatibus consuetudinis ecclesiarum usus, totum devotissime exhibeat beate dei genitrici pie devotionis affectus.

Après avoir chanté les premières Vêpres au chœur, les chanoines se rendaient en procession à l'oratoire de saint Pancrace, qui était également dédié à la Vierge Marie, et on y disait l'oraison de l'Assomption. C'est là qu'après la collation ils revenaient dire Complies.

Comme pour la solennité de saint Jean, la vigile comportait neuf lectures. On la célébrait non à l'oratoire, mais dans la basilique envahie par la foule, qui y venait cum accensis faculis pour participer à la procession de l'icône du Sauveur. Lorsqu'à la fin de la vigile le peuple s'était retiré, on sonnait à nouveau toutes les cloches et on commençait les Matines. Au cours des deux premiers nocturnes de la vigile et des Matines on lisait la pseudo-lettre de saint Jérôme Cogitis me. La lecture de cette lettre se poursuivait durant toute l'octave. Le reste de la fête était célébré sans particularité notable. Comme on l'a déjà noté, le passionnaire de l'office et l'antiphonaire de la messe en usage au Latran au début du 12e siècle ne contenaient ni lectures pour la vigile ni chant pour la messe de l'Assomption (supra, p. 40).

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380 LE CULTE DES SAINTS DANS LES DEUX BASILIQUES PAPALES

Exaltation de la sainte Croix

La fete de l'Exaltation de la sainte Croix coïncidait avec celle des saints Corneille et Cyprien. On devait donc célébrer un office mixte. A la fin des premières Vêpres, qui étaient des saints Martyrs, les chanoines se rendaient en procession à l'oratoire de la sainte Croix, près du baptistère. Après l'encensement de l'autel, on disait l'oraison de la fête. C'est dans cet oratoire qu'après la collation on chantait la vigile de la Croix avec trois lectures. Le 14 septembre au matin, les deux premiers nocturnes de Matines étaient des Martyrs. A partir du troisième nocturne tout l'office de la journée était de l'Exaltation de la sainte Croix.

Tôt dans la matinée les chanoines se rendaient en procession à Sainte-Marie- Majeure et ils revenaient avec les clercs de cette basilique jusqu'au campo Laterano, où ils attendaient que le pape descende du palais portant le reliquaire de la sainte Croix et les autres reliques du Christ conservées dans l'arche du Sancta Sanctorum (O 154). A l'arrivée du pontife, ils entonnaient le répons Ο crux benedicta, puis ils chantaient le Te Deum. S'il faisait mauvais temps, ils montaient au devant du pape jusqu'à l'intérieur du palais. Ils gagnaient ensuite l'autel majeur de la basilique en chantant, et là ils vénéraient les reliques. Puis le pape commençait la messe.

Tous les Saints

La fête de Tous les Saints comportait une vigile avec trois lectures (0 156). Celle-ci était célébrée au chœur. Les chants étaient exécutés ut consuetude est in precipuis festivi- tatibus. L'Ordo ne fait aucune allusion à un office des Défunts pour le soir de ce jour ou le 2 novembre.

Dédicace de la basilique du Saint-Sauveur

La dédicace de la basilique du Saint-Sauveur, que le diacre Jean appelle simplement sollemnitas Salvatoris (D 373), était célébrée chaque année avec beaucoup d'éclat au 12e siècle: est ilia usque hodie celeberrima festivitas in Urbe, dit le même témoin (D 332). Selon le prieur Bernhard, elle attirait un grand concours de peuple venant non seulement de la Ville, mais de diverses parties du monde (O 119). On la célébrait à l'égal des fêtes du Seigneur. Selon son habitude, Bernhard ne manque pas de faire ses recommandations: Omnis nobilior apparatus tarn in ecclesie ornamentis quant in officii célébrions cultu et, quod magis curandum est, in maioris erga deum devotionis affectu sollemniter exhibeatur (O 157).

Le pape, accompagné des évêques et des cardinaux, vient célébrer les Vêpres avec le chapitre. Antiennes et psaumes de Vêpres, comme d'ailleurs de tout l'office, sont ceux du commun de la Dédicace. Il y a double vigile, la première comportant trois nocturnes, comme les Matines. On a même l'impression que les Matines sont, avec l'invitatoire en plus, une répétition pure et simple de la vigile: Lectiones, responsoria, versus, antiphone,

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LE CULTE DES SAINTS AU LATRAN 38 1

sicut supra denotavimus ad vigilias, ita dicantur omnia ad matutinas (0 159). On peut y voir un indice du changement survenu dans l'objet de la fete: en passant d'une fête du Christ Sauveur à celle de la dédicace, on n'aurait pas trouvé au commun le formulaire d'une vigile distinct des Matines et on se serait contenté de répéter celles-ci. En tout cas, on a abandonné l'ancienne homélie contenue dans le passionnaire du début du 12e siècle: Hodie, fratres carissimi, sollemnitatem et Salvatoris templi dedicationem gaudenter celebra- mus (supra, p. 306).

La Messe est célébrée avec la participation de la curie. On ne précise pas qu'elle est présidée par le pape, mais la chose va de soi. Le pape n'aurait pas pris part aux Vêpres, s'il n'avait dû célébrer l'Eucharistie le lendemain. Les secondes Vêpres étaient chantées sous la présidence d'un évêque. La solennité se prolongeait dans une octave, au cours de laquelle on faisait chaque jour les neuf lectures de la Dédicace, lectures choisies in sermo- nibus ad eundem diem pertinentibus.

LES FÊTES MINEURES

Au Latran on veillait à donner la priorité à l'office du dimanche: Non enim facile dominicale offlcium pretermittendum est (0 119). Cependant le principe admettait beaucoup d'exceptions, en particulier in natalitiis apostolorum vel eorum sanctorum, quorum vel reliquias habemus aut quorum nomine consecratas ecclesias incolimus {ibid.). Ce sont là les fêtes mineures qu'il nous reste à présenter.

Saint André

Le prieur Bernhard déclare que la fête de saint André est célébrée au Latran avec grande dévotion, tant pro magnitudine tanti apostoli qu'en raison de la beauté de l'église qui lui est consacrée (0 122). Il ne peut s'agir que de l'oratoire aménagé par le pape Alexandre IV dans le portique du baptistère, Y ecclesia sancii Andrée, dont il sera question pour la fête de sainte Lucie (O 124), car les documents du 12e siècle ne donnent plus le nom de saint André à l'oratoire de la Croix. Les chanoines s'y rendent en procession après les premières vêpres, puis ils y font la vigile après la collation16. La vigile comporte trois lectures tirées de la passion de l'Apôtre.

16 Selon P. Salmon (Analecta liturgica, I.e., p. 241) la station se serait tenue dans l'église du monastère des saints André et Barthélémy. Cette opinion nous semble peu vraisemblable. Pourquoi les chanoines ne s'y seraient-ils pas rendus également pour la fête de saint Barthélémy? Or YOrdo n'en fait pas mention.

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382 LE CULTE DES SAINTS DANS LES DEUX BASILIQUES PAPALES

Saint Nicolas

Pour la fête de saint Nicolas, on se rend en procession après Vêpres à l'autel dont il est le titulaire in porticu maioris ecclesiae. On y fait aussi la vigile, en lisant sa Vie (C 123).

Saint Damase

Saint Damase n'est pas l'objet d'un culte particulier au Latran, mais c'est à l'occasion de sa fête que Bernhard donne une précision intéressante: Semper autem sanctorum Romanorum pontifìcum passiones vel vite eorum leguntur, si veraces habentur, sin autem, leguntur decreta eorum premissis epitaphiis eorum, que collecta sunt ex libro pontificali (O 124). Il convient de relever ce souci d'authenticité historique, ainsi que l'importance accordée au Liber Pontificalis. Nous avons déjà constaté que le calendrier du Latran donne toujours la préférence au Liber Pontificalis dans le choix de la date de la fête d'un saint pape.

Sainte Lucie

En la fête de sainte Lucie le chapitre va en procession après Vêpres ad ecclesiam sancii Andrée (O 124), et c'est là qu'il fait la vigile de la vierge martyre. En effet l'autel est dédié à la fois à saint André et à sainte Lucie.

Saint Thomas

In nativitate sancii Thomae les chanoines vont en procession après Vêpres à l'église dont l'apôtre est le titulaire in atrio maioris ecclesiae et ils y font la vigile (O 124). Durant cette vigile pro antiquo usu on lit au peuple le récit de la passion du saint, bien qu'il soit rangé parmi les apocryphes.

Purification de sainte Marie

Alors que les chanoines du Latran se rendent en procession à Sainte-Marie-Majeure le 23 juin et le 14 septembre, ils se contentent, au jour de la Chandeleur, de faire la procession dans le cloître de la basilique. L'Ordo a pourtant soin de rappeler l'ordonnance du pape Sergius Ier instituant la procession ad sanctam Mariam (O 127).

Quarante Martyrs

La fête des Quarante Martyrs de Sebaste est dotée d'une procession à leur autel, que Bernhard appelle une cappella, et d'une vigile durant laquelle on lit leur Passio (O 131).

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LE CULTE DES SAINTS AU LATRAN 383

Saint Jean ante portant Latinam

Après les premières Vêpres, les chanoines vont en procession à l'oratoire de saint Jean l'Evangéliste iuxta fontes (O 135). Ils y font aussi la vigile, où ils lisent le récit du martyre de saint Jean à Rome. On ne fait pas allusion à l'usage ultérieur selon lequel, le 6 mai, le chapitre du Latran célèbre la messe dans la basilique de la porta Latina, dont le pape Lucius II (1144-1145) lui avait conféré la propriété (D 348).

Saint Pancrace

La fête de saint Pancrace est célébrée avec une dévotion particulière, car on possède au Latran un église consacrée en son nom iuxta maiorem basilicam et que, dans l'autel de cette église, on conserve de ses reliques (O 136). On se rend donc en procession, le soir, dans cette église et on y fait la vigile.

Saint Venant et les martyrs Dalmates

Pour la fête de saint Venant et des autres martyrs de Dalmatie, on se rendait secun- dum consuetudinem dans leur église miro opere constructam iuxta fontes après Vêpres et on y faisait la vigile (O 136).

Saintes Rufine et Seconde

Notons d'abord que l'Ordo ne dit rien de spécial au sujet de la fête des saints Mar- cellin et Pierre. Aucun lien n'existait donc encore entre leur basilique de la via Merulana et celle du Latran. Plus tard, le chapitre devait se rendre, le 2 juin, en cette basilique pour y célébrer la messe, selon un usage qui s'est perpétué jusqu'à ce jour.

La fête des saintes Rufine et Seconde était célébrée avec une certaine solennité. Elle comportait non seulement la procession habituelle à leur église, que sita est iuxta fontes (O 145), ainsi que la vigile à trois lectures, mais on y chantait doubles Vêpres, tant le soir du 9 juillet que le lendemain. Bernhard entre dans les plus grands détails sur les antiennes et les répons de l'office, ce qui laisse deviner que celui-ci devait être assez récent lorsque fut rédigé l'Ordo. Peut-être même s'agit-il d'une addition contemporaine de celle qui introduisit dans les dernières années du siècle la mention de saint Thomas de Can- torbéry.

Sainte Marie Madeleine

Sainte Marie Madeleine est fêtée avec une dévotion toute spéciale ob singulare exem- plum penitentie (O 146). On lui consacre une vigile in choro. Au temps d'Honorius III (1216-1227), un autel devait être érigé en son honneur dans ce choeur des chanoines (D 346).

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384 LE CULTE DES SAINTS DANS LES DEUX BASILIQUES PAPALES

Décollation de saint Jean Baptiste

La Décollation de saint Jean Baptiste n'est pas célébrée avec un éclat particulier. A la fin des premières Vêpres, on se rend en procession ad sanctum Iohannem ad fontes (O 152) où, après la collation, on fait la vigile à trois lectures. Seule marque d'une festivité quelque peu accrue: une procession se déroule dans le cloître après Tierce, comme le dimanche.

Saint Antonin

Saint Antonin est doté d'une chapelle, que sistit in porticu maioris ecclesie (O 153). Aussi sa fête comporte-t-elle la procession vespérale et la vigile.

Nativité de sainte Marie

La fête de la Nativité de Marie a une vigile de trois lectures après la collation, mais cette vigile est célébrée in choro (O 153) et non dans l'église Saint-Pancrace, comme celle de l'Assomption. Après le chant de Tierce, on fait la procession dans le cloître. Sans participer à la procession stationnale, les chanoines restent ainsi fidèles à la prescription du page Sergius Ier relative aux quatre fêtes mariales.

Saint Chrysante et Daria

C'est dans l'église Saint-Pancrace que le pape Innocent II avait érigé un autel en l'honneur des saints "Chrysante et Daria. Aussi, pour leur fête, les chanoines se rendent- ils en procession dans cette église (O 156). Il y font aussi la vigile.

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CHAPITRE II

LE CULTE DES SAINTS AU VATICAN

Pour étudier le culte des saints au 12e siècle nous disposons, au Vatican comme au Latran, de deux documents de l'époque, le Liber politicus du chanoine Benoît, qui a été rédigé avant 1143 {supra, p. 25), et la Descriptio basilicae vaticanae du chanoine Pierre di Mallio, qui est dédiée au pape Alexandre III (supra, p. 28).

La description du 12e siècle sera corroborée par le célèbre plan de l'ancien Saint- Pierre que Tiberio Alfarano, bénéficier de la basilique vaticane, établit en 1571 et dont il fit le commentaire. Le plan d'Alfarano a été reproduit à plusieurs reprises. De Rossi l'a publié et commenté dans ses Inscriptiones christianae, et L. Duchesne a donné ce plan avec les annotations de De Rossi dans le Liber Pontificalis, tome 1er, pp. 192 (plan) et 525- 529 (annotations). Depuis lors, M. Cenati a édité non seulement le plan d'Alfarano, mais la description que celui-ci a faite de la basilique vaticane1. Voir ci-après Plan IV.

On se reportera aussi à la Notitia ecclesiarum urbis Romae publiée parmi les Itinéraires romains2. Mais, contrairement à ce qu'affirme l'éditeur, le document ne peut remonter aux années 625-649, car il y est fait mention du culte de sainte Pétronille. Or la translation de Pétronille à Saint-Pierre remonte à 757. Il s'agit donc d'un guide de la seconde moitié du 8e siècle.

Les quatre documents seront cités sous le sigles suivants:

A = De basilicae vaticanae antiquissima et nova structura de T. Alfarano. Β = Liber politicus de Benoît. I = Notitia ecclesiarum urbis Romae du 8e siècle. M = Descriptio basilicae vaticanae de Pierre di Mallio.

Une différence assez notable ne manquera pas d'apparaître entre l'étude du culte des saints au Vatican et celle qui vient d'être faite pour le Latran. Au Vatican la description

1 T. Alpharani, De basilicae vaticanae antiquissima et nova structura, pubblicato per la prima volta con introduzione e note dal Dott. D. Michele Cerrati, Coli. Studi e testi, 26, Roma 1914. H. Leclercq a reproduit le plan et s'est inspiré des annotations de De Rossi - Duchesne dans le D.A.CL. art. Rome, tome 14, col. 2858-2864.

2 Notitia ecclesiarum urbis Romae, dans Itineraria et alia geographica, I.e., pp. 303-311.

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386 LE CULTE DES SAINTS DANS LES DEUX BASILIQUES PAPALES

des lieux retiendra davantage l'attention, car les oratoires et les autels des saints y sont beaucoup plus nombreux qu'au Latran. Mais la présentation de l'année liturgique sera moins développée, l'Ordo du chanoine Benoît ne traitant que des fêtes principales l'année.

I - LES LIEUX DU CULTE

A Saint-Pierre, comme au Latran, le Christ en gloire accueillait jadis le pèlerin. Derrière l'autel, qui surmontait la tombe de l'Apôtre, on voyait dans la conque absidiale le Christ assis sur un trône avec saint Pierre à sa gauche et saint Paul à sa droite3. La composition était illustrée par l'inscription Quo duce te mundus surrexit, dans laquelle Constantin faisait hommage au Christ de la basilique qu'il avait élevée sur le trophée de Pierre (supra, p. 326). C'est vers le Christ in astra triumphans que montait le premier hommage du fidèle venu vénérer la tombe apostolique. Si le pèlerin du moyen âge avait pu descendre dans le cimetière sur lequel était construite la basilique, il n'aurait donc pas été étonné de voir, dans un mausolée proche de la tombe de saint Pierre, une mosaïque représentant le Christ-Soleil sous les traits d'Hélios. N'est-ce pas dans la basilique vaticane que, jusqu'au temps de Grégoire VII, l'Eglise de Rome célébrait autour du pape la messe du jour de Noël?

LA CONFESSION DE SAINT PIERRE

La Confession ou le martyrium de saint Pierre se présentait au 12e siècle dans l'aménagement qu'avait réalisé saint Grégoire le Grand4. Surmontée de l'autel papal (M 387, A 1), que Callixte II avait rénové en 1123, elle était fermée par deux grilles (A 2). Mais on pouvait en faire le tour par un couloir semi-circulaire et, juste derrière la tombe, un

3 L'abside de l'ancienne basilique vaticane est reproduite dans le D.A.C.L. art. Mosaïque, tome 12, col. 267-268. Selon G. Matthiae dans son livre Mosaici medioevali delle chiese di Roma, I.e. , tome Ier, p. 330. Le mosaïste qui a refait la conque absidale de Saint-Pierre au temps d'Innocent III a conservé au moins le schéma de la composition primitive avec le Christ entre Pierre et Paul.

4 Dans la description qui suit la référence à la Descriptio de Mallio indiquera la page de l'édition Valentini-Zucchetti, et la référence à l'ouvrage d'Alfarano donnera le numéro du plan (identique dans les éditions Duchesne, Cerrati et le D.A.C.L.). Dans la description d'Alfarano, éditée par Cer- rati, on trouve les mêmes numéros en cours d'exposé. Lorsqu'on voudra renvoyer éventuellement à une note de M. Cerrati, on précisera qu'il s'agit de la page en mentionnant par exemple A, p. 10. Voir le plan et une reproduction de l'aménagement de Grégoire le Grand dans E. Kirschbaum, Les fouilles de Saint-Pierre de Rome, Le, pp. 161 et 190, et la planche ci-après (Planche V).

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LE CULTE DES SAINTS AU VATICAN 387

second autel permettait de célébrer la messe ad caput beati Pétri (I 310). Devant la Confession se dressaient douze colonnes torses, disposées sur deux rangées de six, qui constituaient comme un vestibule au lieu saint (A 5). Près de l'entrée du couloir qui donnait accès à la Confession, se trouvait un autel dédié aux deux apôtres Pierre et Paul (M 421, A 9), consacrant la légende selon laquelle saint Sylvestre aurait partagé les ossements de Pierre et de Paul avant de déposer des reliques de chacun d'eux dans leurs basiliques respectives (A p. 35).

Après avoir situé la Confession du Prince des Apôtres, nous allons entreprendre le relevé des saints honorés dans la basilique vaticane. A la suite de Pierre di Mallio, on s'en tiendra d'abord strictement aux oratoires qui étaient situés à l'intérieur de la basilique et des deux rotondes de saint André et de sainte Pétronille. On pourra inventorier ensuite les églises adjacentes à l'aide du Liber Pontificalis et de la description d'Alfarano.

LA SAINTE MÈRE DE DIEU

A Saint-Pierre les oratoires dédiés à la sainte Mère de Dieu se sont multipliés entre le 8e et le 15e siècle. Au 12e on en comptait trois.

Sainte-Marie ad Praesepe

L'oratoire de sainte Marie ad Praesepe (I 311, M 410, A 114) était adossé au mur est de la basilique, près de la porte située le plus au nord. Il avait été érigé par le pape Jean VII (705-707), qui l'avait décoré de très belles mosaïques dont l'une représentait la Nativité de Jésus5. C'est elle qui a valu son nom à l'oratoire. La basilique vaticane n'avait ainsi rien à envier à Sainte-Marie-Majeure pour célébrer Noël.

L'importance de cet oratoire était telle que tout le début de la nef septentrionale était considéré comme son prolongement: immo magna pars huius minoris navis vocatur Oratorium prae magnitudine (A 114). Telle est la raison pour laquelle l'autel de Véronique, situé à peu de distance de l'oratoire de Jean VII le long du mur nord de la basilique, est souvent présenté dans les anciennes descriptions comme s'il en faisait partie. Pierre di Mallio, qui a d'abord décrit l'oratoire de sainte Marie ad Praesepe, écrit: est Oratorium sanctae Dei genitricis virginis Mariae, quod vocatur Veronica (M 420), et Grimaldi note que l'autel du Sudarium situm est in oratorio Ioannis septimi pape. C'est aussi l'explication de la rubrique de l'antiphonaire de Saint-Pierre qui veut que, la nuit de la Nativité su Seigneur, le clergé de la basilique se rende en procession ad sudarium Christi à la fin de la vigile et qu'on y célèbre la messe nocturne avant de revenir au chœur pour chanter Lau-

5 Grimaldi G., Descrizione della Basilica antica di S. Pietro in Vaticano, Codice Barberini Latino 2733, edizione e note a cura di Reto Niggl, Bibliotheca Apostolica Vaticana 1972, p. 105.

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des (P 40). Il ne s'agissait en aucune manière de chanter la messe de la nuit de Noël devant une relique de la Passion mais bien ad Praesepe, comme on le faisait à la même heure dans l'oratoire de l'Esquilin6.

Si l'oratoire de Sainte-Marie avait donné son nom à la partie de ia basilique qui l'entourait, au 12e siède c'était surtout l'autel de Véronique qui y attirait la dévotion des foules (A 115). Bien qu'aucun document n'atteste la présente du Volto Santo à Rome avant le 10e siècle (A p. 107), nul ne mettait en doute son authenticité: a nostris maioribus accepimus, déclare Pierre di Mallio (M 420).

Sainte-Marie et Tous-les-Saints

Le pape Grégoire III, élu pape le 18 mars 731, érigea dès les mois suivants sous l'arc triomphal de la basilique, dans la partie sud de la nef, un oratoire en l'honneur du Sauveur, de la sainte Mère de Dieu, la Vierge Marie, de tous les saints apôtres, martyrs, confesseurs du Christ, et des justes (M 387, A 38)7. Le 1er novembre suivant, il tint à Saint-Pierre un concile où furent condamnées les doctrines iconoclastes. On y décida aussi que les moines desservants de la basilique devraient faire dans le nouvel oratoire les vigiles des saints et que les prêtres célébreraient la messe en ce lieu pour leurs natali- eia. L'office comporterait trois psaumes et l'évangile. Pour la messe on composa des oraisons et une addition au Communicantes9. C'est donc avec raison qu'on voit dans la liturgie quotidienne de l'oratoire Sainte-Marie le prélude à la solennité romaine de Tous les Saints.

Sainte-Marie de Cancellis

L'oratoire Sainte-Marie de Cancellis (M 394, A 17), qui fut érigé par le pape Paul Ier (757-767), a été décrit à l'occasion de la fête de sa dédicace (supra, p. 304). Remarquons

6 On trouvera une étude sur les mosaïques de l'oratoire de Jean VII dans M. Van Berchem, Mosaïques chrétiennes du IVe au Xe siècles, 1. c. pp. 209-217 (Adoration des mages en couleurs pp. II) et des reproductions partielles dans W. Oakeshott, / Mosaici di Roma, Milano 1967, pp. 120-122 (Vierge de la Nativité en couleurs) et pi. 106-110. Voir aussi le D.A.C.L. tome 5, col. 1774 (Marie en impératrice byzantine), tome 7, col. 36 (façade), tome 13, col. 1243-1244 (Jean VII). L'une des mosaïques était accompagnée de la date de la dédicace de l'oratoire: 21 mars 706.

7 L. Duchesne, Le Liber Pontiflcalis, tome 1er, p. 422. 8 Ibid, p. 422. Le texte de la décision synodale (prise le 1er novembre 731), fut gravé sur marbre,

ainsi que celui des oraisons, et les deux tables furent fixées à l'intérieur de l'oratoire. On aperçoit celui-ci distinctement dans la miniature de Fouquet représentant le couronnement de Charlemagne dans Les Grandes Chroniques de France (15e siècle). La miniature, qui constitue un précieux document pour la connaissance de l'ancienne basilique vaticane, est reproduite en hors-texte dans G. de Plinval et R. Pittet, Histoire illustrée de l'Eglise, Genève-Paris 1946, tome 1er, p. 328. Commentaire dans D.A.C.L. art. Rome, tome 14, col. 2869.

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LE CULTE DES SAINTS AU VATICAN 389

que les trois oratoires, qui constituaient les centres principaux du culte de la sainte Vierge Marie dans la basilique vaticane, ont été élevés en moins de soixante années. Ornés tous les trois de mosaïques qui représentaient Marie dans sa dignité de Mère de Dieu et de Souveraine, ils formulaient la réponse de la foi romaine aux négations des iconoclastes.

LES ORATOIRES DU BAPTISTÈRE

Alors qu'un antipape occupait le Latran, le pape Damase (366-384) dût prendre résidence près de Saint-Pierre pendant un certain nombre d'années. C'est pourquoi il érigea un baptistère dans le transept nord de la basilique. Les circonstances donnaient toute sa signification à l'inscription qu'il y grava:

Una Pétri sedes, unum verumque lavacrum9.

Au début du 6e siècle, le pape Symmaque (498-514) fut contraint à son tour, et pour la même raison que Damase, de s'établir au Vatican. Il voulut que le baptistère de Saint- Pierre ne le cédât en rien à celui du Latran. Il décida d'y ériger trois oratoires^ qu'il dédia à la sainte Croix, à saint Jean Baptiste et à saint Jean l'Evangéliste.

Sainte-Croix

L'oratoire de la sainte Croix (I 311), magnum quidem ac venerabile antiquitate et dignitate (A 35), était orné de quatre colonnes de porphyre et de mosaïques (M 422). Symmaque y déposa un fragment de la croix du Seigneur et une antique icône des Apôtres Pierre et Paul (M 398).

Saint Jean-Baptiste et saint Jean l'Evangéliste

L'autel de saint Jean Baptiste (I 311) était l'autel principal du baptistère. On l'appelait Saint-Jean ad fontes (M 422, A 30). Près de lui se trouvait celui de saint Jean l'Evangéliste (I 311), elegantissime exornatum (A 32).

En dehors des oratoires de la sainte Vierge Marie et du baptistère, on peut classer les multiples centres du culte des saints de la basilique vaticane selon les catégories traditionnelles de saints: les Apôtres, les Martyrs, les Papes, les Confesseurs.

9 A. Ferma, Epigrammata Damasiana, n°4, I.e., pp. 93-94.

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390 LE CULTE DES SAINTS DANS LES DEUX BASILIQUES PAPALES

LES SAINTS APÔTRES

Saint André

Le pape Symmaque dédia à saint André, le frère de Pierre, l'une des deux rotondes qui se trouvaient au sud de la basilique vaticane, la plus proche du secrétarium (M 396, 398, A 153). Il y érigea cinq autels dédiés respectivement à S. André, S. Thomas, aux saints Cassien, Prote et Yacinthe, à S. Apollinaire et au diacre de Misène S. Sossus, compagnon de S. Janvier10. Au 8e siècle, s'y étaient ajoutés les autels de S. Laurent et de S. Vite (I 310).

Saint Simon et saint Jude

L'autel des saints Simon et Jude se trouvait dans la nef principale (côté Sud) non loin de l'entrée (A 44). Selon la tradition on y conservait les reliques des deux Apôtres (M 413).

Saint Philippe et saint Jacques

L'autel des saints Philippe et Jacques faisait le pendant de celui des saints Simon et Jude (M 420, A 45). Il était orné d'une grande croix en or (voir hors-texte A p. 64).

Saint Barthélémy

Dans le transept nord, près de l'arc triomphal, se trouvait l'autel de saint Barthélémy (M 421), dont Alfarano dit qu'il était jadis magnae habitum devotioni (A 24).

Saint Pasteur

Adossé à l'oratoire de saint Barthélémy et tourné vers la nef, un autel était dédié à saint Pasteur. Au 8e siècle, il était déjà mentionné sous ce titre: sancii apostoli altare, quod nomine pastoris nominatur (I 311). Plutôt que du saint Pasteur des Actes de Praxède, il s'agit vraisemblablement de saint Pierre, dont la Confession n'est pas éloignée. Dans cet autel (A 40) reposerait, dit Mallio sans vouloir être trop affirmatif, le corps de saint Matthias (M 421).

C'est ainsi qu'en plus de Pierre huit Apôtres étaient l'objet d'un culte particulier dans la basilique vaticane ou en son voisinage immédiat.

10 L. Duchesne, Le Liber Pontifwalis, I.e., tome 1er, p. 261. Duchesne fait une étude minutieuse de la rotonde de saint André dans son commentaire p. 265. En ce qui concerne l'inscription que fit placer le pape Symmaque dans la chapelle de saint Sossus, qui devait contenir aussi des reliques de saint Janvier, voir H. Delehaye, Commentarius perpetuus in Martyrologium hieronymianum, I.e., p. 524.

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LE CULTE DES SAINTS AU VATICAN 391

LES SAINTS MARTYRS

Parmi les martyrs vénérés à Saint-Pierre sainte Pétronille, que l'on tenait pour la fille de l'Apôtre, venait au premier rang. Elle était suivie des saints Processus et Marti- nien, les prétendus geôliers de Pierre qui auraient été convertis par sa prédication. Les autres étaient de moindre importance.

Sainte Pétronille

L'église Sainte-Pétronille occupait la rotonde qui se trouvait à l'ouest de celle de saint André et communiquait directement avec le transept sud de la basilique (M 396). L'édifice remontait à la fin du 4e ou au début du 5e siècle. C'est en 757 que le pape Paul Ier, réalisant le projet de son frère Etienne II, avait transféré en ce lieu les restes d'Aure- lia Petronilla, qui reposaient jusqu'alors au cimetière de Domitille {supra, p. 242). L'oratoire de Pétronille occupa l'une des alvéoles du mausolée. Dans les autres on érigea deux autels au Christ-Sauveur et quatre autres autels dédiés respectivement à la sainte Mère de Dieu, à saint Anastasie, à S. Théodore et à S. Martin (I 310).

Saints Processus et Martinien

L'oratoire des saints Processus et Martinien se trouvait situé à l'angle sud-est du transept de la basilique, près de la porte conduisant aux rotondes de sainte Pétronille et de saint André (M 395, A 44). Cet oratoire summae magnitudinis atque pulchritudinis, selon le Liber Pontificalis11 , avait été érigé par le pape Pascal Ier (817-824). Une procession solennelle avait accompagné le transfert des corps des deux martyrs de leur cimetière de la via Aurelia à Saint-Pierre (A 20).

Saint Maurice

L'oratoire de saint Maurice était proche de celui des saints Processus et Martinien (M 390, A 22). Il était orienté est-ouest. Pierre di Mallio rapporte que de antiqua consue- tudine l'empereur romain recevait l'onction d'huile des catéchumènes devant l'autel de saint Maurice avant d'être couronné par le pape. Il semble pourtant qu'au 12e siècle l'usage ne remontait pas à une haute antiquité. Il est mentionné pour la première fois dans VOrdo qualiter rex Teutonicus Romam ad suscipiendam coronam imperii venire debeat ibique per manum romani pontifias imperatorem coronaria inséré par M. Andrieu dans son édition du Pontifical romain du 12e siècle12. Dans les Ordines antérieurs on voit l'empe-

11 Ibid., tome 2, p.53. 12 M. Andrieu, Le Pontifical romain du moyen âge, tome 1er Le Pontifical romain du XIIe siècle,

I.e., p. 252.

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392 LE CULTE DES SAINTS DANS LES DEUX BASILIQUES PAPALES

reur recevoir l'onction devant la Confession de saint Pierre13. L'Ordo du 12e siècle est rédigé en ces termes: Deinde deducitur ante confessionem beati Pétri, ibique prosternit se. . . Qua finita, episcopus Hostiensis vel in eodem loco vel ante altare sancii Mauri til, sicut aliquando a multis factum esse dicitur débet ei inungere brachium dextrum. . . u. L'usage a du être introduit par les empereurs germaniques dans le cours du 1 Ie siècle.

Sainte Lucie, saint Gabin, saint Antonin, saint Tridentius Saint Sébastien, saint Gorgon et saint Tiburce

L'autel de sainte Lucie se trouvait dans le transept nord, entre l'autel de saint Barthélémy et le baptistère (M 421, A 27). Il pouvait remonter au 8e ou au 9e siècle.

L'autel de saint Gabin, dont la Passio de sainte Suzanne fait le père de la martyre, était à l'intérieur de l'oratoire dédié à la Vierge Marie par Grégoire III (M 388, A 38).

Les autels de saint Antonin (Ò 420, A 92) et de saint Tridentius (M 420, A 91) encadraient la porte des Guides, à l'entrée de Saint-Pierre.

Les autels des saints Sébastien, Gorgon et Tiburce se trouvaient à l'intérieur de l'oratoire de saint Grégoire le Grand (M 413).

A ces martyrs il faut joindre les saints Laurent, Cassien, Prote et Yacinthe, Apollinaire et Sossus, dont les autels ont été signalés dans la rotonde de saint André, ainsi que sainte Anastasie et S. Théodore vénérés dans celle de sainte Pétronille.

LES SAINTS PAPES

Pierre di Mallio fait écho au Liber Pontiflcalis pour affirmer que les successeurs immédiats de saint Pierre et tous les papes du deuxième siècle ont été inhumés au Vatican (M 398). Quoiqu'il en soit de cette tradition, que l'archéologie n'a pas confirmée jusqu'à ce jour {supra, p. 334), il est certain qu'à partir de saint Léon le Grand la basilique Saint-Pierre est devenue au cours des temps la grande nécropole papale. Pour le demi- millénaire qui sépare la mort de saint Léon et celle de Grégoire V (de 461 à 999), Mallio dénombre 59 papes inhumés au Vatican. Parmi eux plusieurs furent inscrits au calendrier de la basilique, mais peu d'autels ont été dédiés à leurs noms. Bien qu'on relève, par exemple, que Jean Ier est mort martyr à Ravenne (M 399) et que de nombreux miracles sont obtenus par l'intercession de Léon IX, de quo sunt apud nos multa et magna

13 M. Andrieu, Les Ordines romani du haut moyen âge, I.e. Voir les Ordines 45, 46 et 47, tome 4, pp. 461,484, 503.

14 M. Andrieu, Le Pontifical romain du XIIe siècle, I.e., p. 253.

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LE CULTE DES SAINTS AU VATICAN 393

miracula (M 414), il ne semble pas que leurs tombes soient l'objet d'un culte spécial. Seuls quatre papes ont leur autel, mais ce sont les plus marquants: Xyste II, qui fut décapité avec ses diacres au cimetière de Callixte (6 août 258), Sylvestre Ier, Léon le Grand et Grégoire le Grand.

Saint Xyste II

Le pape Pascal Ier transféra à Saint-Pierre les corps de Xyste II et de Fabien dans un autel surmonté d'un arc orné de mosaïques qu'il avait érigé in introitu Basilicae beati Petri (M 414), ce qui ne veut pas dire à l'entrée de la basilique vaticane, mais de Yaula regia, l'aire qui entourait la Confession apostolique. Sur la plan d'Alfarano (A 8) cet autel est indiqué à proximité des portes de la Confession. Mallio et Alfarano ont quelques difficultés avec les chiffres. L'un et l'autre parlent de Xyste Ier, alors qu'il ne peut s'agir que de Xyste IL Alfarano attribue la translation à Pascal II au lieu de Pascal Ier.

Saint Sylvestre Ier

L'autel de saint Sylvestre se trouvait dans le transept sud (M 390, A 23), près de l'ambon. Il faisait le pendant de celui de l'apôtre saint Barthélémy.

Saint Léon le Grand

Saint Léon est le premier pape dont on peut affirmer avec certitude qu'il ait été inhumé à Saint-Pierre (461). Toutefois sa tombe ne fut pas aménagée à l'intérieur de la basilique, mais dans l'atrium. Le pape Sergius Ier voulut lui donner une place plus honorable et, le 28 juin 688, il le transféra dans le transept sud. Le fait est rapporté par le Liber Pontiflcalis15, mais surtout Sergius s'en explique longuement dans l'épitaphe qu'il plaça sur la nouvelle tombe de son prédécesseur: Jusqu'à présent, dit-il, le corps de ce Pape n'était pas enseveli dans la basilique de Pierre en un tombeau digne de lui,

Huius apostolici primum est hic corpus humatum quod eo decet tumulo dignus in arce Petri.

Reposant dans Patriym, ce pasteur servait de portier à la basilique: Sed dudum ut pastorum magnus leo septa gregemque christicolam servans ianitor arcis erat.

15 L. Duchesne, Le Liber Pontificalis, Le, tome 1er, p. 375.

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394 LE CULTE DES SAINTS DANS LES DEUX BASILIQUES PAPALES

Aussi Sergius a-t-il voulu le transférer dans le transept de la sainte demeure et orner sa tombe d'un marbre précieux:

Sergius antistes divino impulsus amore nunc in fronte sacrae transtulit inde domus, exornans rutilum praetioso marmore tymbum16.

L'oratoire de saint Léon le Grand était appuyé au mur ouest du transept sud (M 390, A 14). Il se trouvait ainsi proche de la Confession de l'Apôtre (I 310). Le pape Léon IV embellit l'oratoire de Sergius, mais on ne pense pas qu'il le reconstruisit entièrement, comme voudrait le laisser entendre le Liber Pontificalis:

Ipse quidem a Deo protectus ac venerabilis praesul, intra basilica beati Petri apostoli oraculum mirae pulchritudinis summique decoris construxit, quod pulchris marmoribus circumdans splendide compsit; absidamque eius ex musibo aureo superinducto colore glorifiée decoravit. In quo etiam venerabile corpus beati Leo- nis confessons atque pontifias recondens, sacrum desuper construxit altare et ciburio cum cruces exauratas ad laudem et gloriam Christi nominis hoc fretus amore perfecit, ut sibi dignum in aethera conquireret locum17.

Pascal II (1099-1118) joignit aux restes de Léon le Grand ceux de Léon II, Léon III et Léon IV (M 390).

Saint Grégoire le Grand

Saint Grégoire le Grand (f 604) fut inhumé dans l'atrium de Saint-Pierre devant le secrétarium18. On plaça sur sa tombe la célèbre épitaphe dont Mallio reproduit le texte:

Suscipe terra tuo corpus de corpore sumptum, Reddere quod valeas vivificante Deo. . .

Esuriem dapibus superavit, frigora veste, Atque animas monitis texit ab hoste sacris.

Implebatque actu quicquid sermone docebat, Esset ut exemplum mistica verba loquens. . .

Hisque Dei consul factus laetare triumphis, Nam mercedem operum iam sine fine tenes (M 402).

Le pape Grégoire IV (827-840) fit aménager un oratoire à l'intérieur de la basilique, à l'entrée de la nef sud appelée le portique des Pontifes, et il y transféra le corps de Grégoire Ier, qu'il déposa in concha aegyptiaca (M 413, A 85).

16 L. Duchesne, Le Liber Pontificalis I.e., tome 1er, p. 379. 17 Ibid., I.e.. tome 2, p. 113. 18 Ibid. tome 1er, p. 312. Voir M. Andrieu, La chapelle de Saint-Grégoire dans l'ancienne basil

ique vaticane, dans Rivista di Archeologia cristiana, 13 (1936), pp. 61-99.

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LE CULTE DES SAINTS AU VATICAN 395

Dans cet oratoire on trouvait aussi les autels des saints Sébastien, Gorgon et Tiburce, qui contenaient de leurs reliques (M 413, A 85).

LES SAINTS CONFESSEURS

Saint Ambroise et saint Martial

En plus de saint Martin, honoré dans la rotonde de Pétronille, deux saints évêques avaient leurs autels à Saint-Pierre. Celui de saint Ambroise se trouvait vers le milieu de la nef septentrionale (M 421, A 100) et celui de saint Martial en haut de la nef sud la plus proche de la nef centrale, près de l'oratoire de Grégoire III (M 396, A 51). C'est le pape Jean XIX qui avait dédié un autel à saint Martial en 1031, car la légende avait fait de l'apôtre du Limousin un disciple de saint Pierre19.

Saint Gilles et saint Abundius

L'autel de saint Gilles se trouvait dans l'atrium de la basilique, à l'endroit de la sépulture primitive de saint Grégoire le Grand (M 407, A 136). Au 13e siècle, le culte de saint Gilles fut transféré dans un oratoire situé à l'extérieur du mur nord ( A 96).

Abundius est un saint qui passa sa vie dans la basilique vaticane, dont il était man- sionnaire. Il n'est connu que par un chapitre des Dialogues de saint Grégoire. Celui-ci rapporte une guérison que saint Pierre voulut opérer par l'intermédiaire de l'humble gardien de sa tombe. L'autel de saint Abundius se trouvait le long du mur septentrional de la basilique, à peu près à la hauteur de l'oratoire des saints Philippe et Jacques (M 420, A 107). Saint Abundius n'était pas inscrit au calendrier du Vatican au 12e siècle. Sa fête y a été insérée aux 15e- 16e siècles à la date du 14 avril20.

Ainsi prend fin l'inventaire que l'on peut faire des oratoires et des autels de la basilique vaticane à la suite de Pierre di Mallio. Il convient d'ajouter à cette liste quelques

19 Lettre à Jourdain, évêque de Limoges, et à tous les évêques de France, dans laquelle Jean XIX déclare que S. Martial mérite d'être mis au nombre des Apôtres. Le pape leur annonce qu'il a dédié lui-même un autel à S. Martial dans la basilique Saint-Pierre le 13 mai 1031. Cf. Ph. Jaffé, Regesta Pontifìcum Romanorum, I.e., tome 1er, p. 518. Texte de cette lettre dans P.L. 141, col. 1150.

20 Saint Grégoire le Grand, Dialogi, III, 25; P.L. 77, col. 279-280. En 1372, Pierre de' Natali inscrivit Abundius au chapitre de son Catalogue des Saints consacré aux saints aémères, ceux dont on ignore le natale (Catal. XI, 103) et il n'en est pas fait mention dans le calendrier du Bréviaire de Saint-Pierre du 14e-15e siècle {Archivio San Pietro F 27). Mais, en 1584, le nom d'Abundius apparaît dans le Martyrologe romain comme dernière notice du 14 avril, sans que Baronius présente ce fait comme une nouveauté. C'est donc à la fin du 15e siècle ou au 16e que la basilique vaticane a dû commencer à en célébrer la fête.

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396 LE CULTE DES SAINTS DANS LES DEUX BASILIQUES PAPALES

autres sanctuaires annexes, ainsi que les oratoires des anciens monastères basilicaux, qui sont mentionnés, les une et les autres, par Alfarano.

Parmi les églises annexes, il faut citer en premier lieu l'église Saint-Apollinaire, qui se trouvait sur la partie gauche de la façade de l'atrium, en haut des marches donnant accès à Saint-Pierre (A hh). Cette église remontait au pape Honorius Ier (625-638). Sur le côté nord de la basilique se succédaient plusieurs locaux à usages divers, dont certains constituaient des oratoires assez vastes, mais leur identification est difficile. Si Alfarano croit pouvoir -localiser d'est en ouest Saint-Grégoire de Palatio (A ce), Saint-Vincent, vaste église à trois nefs (A a) et Saint-Ambroise (x), les historien hésitent à le suivre. C'est ainsi qu'il leur semble que Saint-Grégoire de Palatio doit être recherché au sud de la basilique21.

Des quatre monastères basilicaux deux étaient dédiés à saint Etienne, un à saint Martin et un autre aux saints Jean et Paul.

Le monastère des saints Jean et Paul, situé au nord de l'abside de la basilique, remontait au pape saint Léon le Grand (440-461), mais le nom des martyrs titulaires n'apparait qu'en 732 22.

Le monastère Saint-Etienne-Majeur, situé à l'ouest à quelque distance de la basilique, est attesté au temps de saint Grégoire le Grand (590-604), mais le nom de saint Etienne n'apparait qu'en 732 23.

Le monastère Saint-Martin, attesté en 680, était tout proche de l'abside de la basilique (partie sud), il communiquait avec elle par une porte, qui s'ouvrait près de l'oratoire de saint Léon le Grand24.

Enfin le monastère Saint-Etienne Mineur avait été fondé par le pape Etienne II (752- 757), qui lui avait donné son nom. Il se trouvait au sud des rotondes de saint André et de sainte Pétronille25.

II - LES FÊTES DES SAINTS AU LONG DE L'ANNÉE

Le Liber politicus du chanoine Benoît contient beaucoup moins de renseignements sur les fêtes des saints au Vatican que YOrdo Officiorum du prieur Bernhard sur celles du Latran. Non seulement l'Ordinaire de Benoît est notablement moins développé, mais le

21 L. Duchesne, Scripta minora, I.e. pp. [215]-[220] et [234]-[236]. 22 G. Ferrari, Early roman monasteries, I.e., p. 166. Pour localiser les quatre monastères, voir

planche III. Cette localisation ne diffère pas de celle du plan d'Alfarano pour lequel Saint-Martin = û, Saint-Etienne Majeur = b, Saint-Etienne Mineur = /, Saints-Jean-et-Paul = h.

23 Ibid, p. 319. 24 Ibid., p. 230. 25 Ibid., p. 328.

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LE CULTE DES SAINTS AU VATICAN 397

chanoine de Saint-Pierre s'intéresse à l'ensemble des stations célébrées par le pape dans le cours de l'année plutôt qu'à la liturgie locale du Vatican. On peut toutefois compléter les informations reçues de Benoît sur cette liturgie du Vatican par quelques autres témoignages.

LES FORMES ORIGINALES DU CULTE DES SAINTS AU VATICAN

On doit relever trois formes originales du culte des saints dans la basilique vaticane: l'office institué par Grégoire III, la lecture des Passions des martyrs et l'encensement des autels lors des vigiles nocturnes. Sans doute s'agit-il là d'usages largement répandus au 12e siècle, au moins en ce qui concerne le deuxième et le troisième, mais chacun d'eux se rattache d'une manière spéciale à la liturgie de Saint-Pierre.

La première vigile des fêtes des saints

Comme on l'a déjà vu (supra, pp. 104, 388), le pape Grégoire III prescrivit aux moines des trois monastères basilicaux de Saint-Pierre de se rendre après Vêpres, les veilles de fêtes des saints, à l'oratoire de la Vierge Marie et de tous les Saints, afin d'y chanter très psalmos et evangelia matutina26. Aucun document ultérieur ne fait allusion à cette procession suivie d'un office votif. Mais nous savons qu'au Latran, à la veille des fêtes des saints titulaires d'un oratoire ou d'un autel, les chanoines se rendaient en ce lieu au chant d'un répons et qu'avant de dire Complies ils revenaient dans la chapelle du saint pour y célébrer une première vigile, qui consistait en trois psaumes et trois lectures.

Un court Or do De festis sanctorum, qualiter apud romanos celebrentur, dont M. Andrieu fixe la composition entre le dernier quart du 8e siècle et le milieu du 9e, décrit cette double vigile:

In primis congregant se ad ecclesiam sero ad vigilias peragendas illius sancti cuius natalis fuerit. Ingredientesque ad vigilias Domine labià mea aperies et invitatorium non dicunt: statimque incipiunt antiphonam. . . Item in nocte festivitatis ipso- rum, ad nocturnas, in Venite, antiphonam de sanctorum minorem27.

Amalaire voyait dans la double vigile une caractéristique de la liturgie locale de Rome: In praeclarissimis festivitatibus sanctorum consuetudo est sanctae matris nostrae

v Romanae ecclesiae duo officia peragere in nocte, quorum officia praetitulantur de vigilis28.

26 L. Duchesne, Le Liber Pontificalis, I.e., tome 1er, p. 422. 27 Ordo XII, 23-24, dans M. Andrieu, Les Ordines romani, I.e., tome 2, pp. 465-466. 28 Amalaire, Liber de ordine antiphonarii, 59; édit. I.M. Hanssens, Amalarii episcopi opera litur

gica omnia, I.e., tome 3, p. 96.

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398 LE CULTE DES SAINTS DANS LES DEUX BASILIQUES PAPALES

II note l'existence des deux vigiles aux fêtes de la Nativité du Seigneur, de S. Etienne, S. Jean PEvangéliste, les SS. Innocents, la Nativité de S. Jean Baptiste, les SS. Pierre et Paul, l'Assomption de Marie et S. André.

P. Salmon estime que «ce curieux mélange ne peut être que le résidu d'un usage plus ancien, selon lequel, aux fêtes de saints, on chantait un office votif en plus de celui du jour»29. Cet office votif ne serait-il pas l'héritier de celui dont Grégoire III avait ordonné la célébration en 731? Au 8e siècle, la manière dont les moines de Saint-Pierre accomplissaientieur office liturgique, aussi bien pour les chants que pour les rites, était considérée comme le modèle à imiter, tant dans les autres basiliques de la Ville qu'au- delà des Alpes et jusqu'en Angleterre. Sur ce point comme sur les autres les basiliques romaines auraient tenu à s'aligner iuxta instar offtciorum ecclesiae beati Pétri30.

La lecture des Passions des martyrs

L'hypothèse relative à l'origine vaticane de la double vigile des fêtes des saints peut encore s'appuyer sur le fait que la basilique Saint-Pierre a fourni le modèle pour la lecture des Passions des martyrs à l'office de vigile dans l'ensemble des basiliques de Rome.

VOrdo Defestis sanctorum, qui vient d'être cité, s'achève sur la remarque suivante:

Passiones sanctorum vel gesta ipsorum usque Adriani tempora tantummodo lege- bantur ubi ecclesia ipsius sancti vel titulus erat. Ipse vero tempore suo renovere iussit et in ecclesia sancti Pétri legendas esse instituit31.

A la lumière de ce texte on perçoit l'importance de la basilique Saint-Pierre dans la diffusion du culte des saints. Initialement les natalicia des saints étaient commémorés près de leurs tombes ou dans les églises dont ils étaient titulaires. Avec l'ordonnance de Grégoire III les moines du Vatican reçoivent mission de célébrer tous les natalicia des saints32. Saint-Pierre devient ainsi en quelque sorte le lieu où s'élabore un véritable sanc- toral. Une cinquantaine d'années plus tard, le pape Adrien Ier (772-795) complétera l'œuvre de son prédécesseur en décrétant qu'on lirait désormais à Saint-Pierre les Passions des martyrs, dont la lecture était liée jusque là au lieu où l'on célébrait leurs fêtes.

'29 P. Salmon, L'Office divin, Paris 1959, p. 157. 30 L. Duchesne, Le Liber Pontificalis, I.e., tome 2, p. 419. 31 Ordo XII, 25; édit. Andrieu, Les Ordines romani, Le, tome 2, p. 466. 32 Si l'on s'en rapporte au texte de l'ordonnance de Grégoire III, il s'agit d'une commémoration

quotidienne de tous les saints dont on fait mémoire ce jour-là. L'addition au Communicantes, qui est jointe au decretum, précise: sed et diem natalicium célébrantes sanctorum tuorum martyrum ac confes- sorum, perfectorum iustorum, quorum solemnitas hodie in conspectu gloriae tuae celebratur (L. Duchesne), Le Liber Pontificalis, tome 1er, p. 422).

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LE CULTE DES SAINTS AU VATICAN 399

II y a un lien évident entre le décret de Grégoire III et celui d'Adrien Ier. Ils ont pour but, l'un et l'autre, de faire de la basilique vaticane le centre romain du culte des saints33.

L'encensement des autels des saints

Dans la description qu'il donne de la liturgie stationale du dimanche Gaudete à Saint-Pierre, le chanoine Benoît relève qu'au milieu de la nuit le pape, entouré de tout le clergé,.pénètre dans la basilique et se rend d'abord ad sanctum Leonem (Β 143)34. Il reçoit aussitôt l'encensoir et il encense l'autel de saint Léon (A 14). Puis, précédé par quatre porte-flambeaux et entouré des clercs, le pape descend en procession toute la nef méridionale de la basilique pour gagner l'oratoire de saint Grégoire le Grand (A 85). Là il encense l'autel de saint Grégoire et ceux des martyrs Sébastien et Tiburce qui se trouvent dans le même oratoire. La procession se dirige ensuite par la nef centrale vers l'autel des saints Apôtres Simon et Jude (A 44), que le pape encense pareillement. On va ensuite jusqu'à l'oratoire de la Vierge Marie, dans la nef septentrionale, où le pape encense successivement le sudarium Christi, quod vocatur Veronica (A 115) et l'autel de la Mère de Dieu. La procession remonte alors la nef principale et s'arrête près de l'arc triomphal pour l'encensement de l'autel du saint Pasteur (A 40). De là le pape descend à la Confession de l'Apôtre et il encense l'autel ad caput: Deinde descendens ad corpus incensai altare super sepulchrum sancii Pétri (B 143). Le pontife"

célèbre la vigile dans l'oratoire ad corpus, puis il monte au presbyterium et encense l'autel majeur avant d'entonner Domine labia mea aperies pour ouvrir les Matines.

Cette ample procession nocturne à travers la basilique pour encenser les autels se renouvelait chaque fois que le pape venait célébrer l'office à Saint-Pierre. Le chanoine Benoît le rappelle expressément lorsqu'il traite de l'Epiphanie (B 147) et de l'Ascension (B 156).

L'usage d'encenser les autels au cours des vigiles était répandu qu 12e siècle et il est attesté à plusieurs reprises au Latran: Ad singulas lectiones altare incensatur ab episcopis et cardinalibus et incensum clericis datur, dit le prieur Bernhard au sujet des Matines de saint Jean Baptiste (0 141). Mais nulle part ailleurs qu'à Saint-Pierre l'encensement ne suscite une procession aussi solennelle. Cet encensement des autels érigés sous le vocable des saints est mis en liaison par les auteurs médiévaux avec le passage de l'Apocalypse où il

33 A partir du décret d'Adrien 1er les Passiones martyrum prennent place dans le vieil Ordo lec- tionum in ecclesia sancii Pétri, comme en témoignent les variantes des manuscrits de Y Ordo XIV, 10; édit. M. Andrieu, Les Ordines romani, I.e., tome 3, p. 41. Voir B. de Gaiffier, La lecture des Actes des martyrs dans la prière liturgique en Occident, dans Analecta Bollandiana, 72 (1954), p. 140.

34 Le Liber politicus de Benoît est cité d'après l'édition Fabre-Duchesne du Liber censuum de l'Eglise romaine, i.e., tome 2, pp. 139-177.

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400 LE CULTE DES SAINTS DANS LES DEUX BASILIQUES PAPALES

est dit que l'encens représente les prières des saints35. Il convient de relever surtout le fait que l'encensement a lieu non au cours de la vigile, mais au début. Or, selon le rite byzantin, le prêtre encense l'autel et le sanctuaire au début des Vêpres lorsque celles-ci commencent la vigile36. Pour expliquer le rite d'ouverture de la vigile à Saint-Pierre on ne saurait donc écarter la possibilité d'une influence orientale.

LES FÊTES MAJEURES DU SANCTORAL

Benoît et Pierre di Mallio donnent la liste des stations nocturnes et diurnes qui sont célébrées à Saint-Pierre sous la présidence du pape ou, à son défaut, d'un cardinal. Les premières comportent les Vêpres, la double vigile et les Laudes matutinales, tandis que les secondes consistent seulement dans la Messe. Pour les solennités des saints on compte trois stations nocturnes, celles de la fête de saint Pierre et de son octave, et la station de la fête de saint André. Evidemment, ces trois jours-là, le pape célébrait aussi la messe au Vatican. Les stations diurnes sont celles de la Chaire de saint Pierre et de la Dédicace (B 90, M 434-435). Pierre di Mallio range aussi parmi les fêtes importantes du Vatican la Dédicace de l'autel majeur de la basilique (D 432). Ce sont là les fêtes principales du calendrier de Saint-Pierre.

Chaire de saint Pierre

Selon Benoît, in cathedra sancii Pétri legitur sicut in die natalis eius, tarnen ad vespe- rum et ad matutinas laudes canitur. Ecce sacerdos magnus, ce qui correspond à peu près aux indications qui sont données par l'antiphonaire (Q 79). Puis il ajoute: Domnus papa débet sedere in kathedra ad missam (B 149). Benoît fait très vraisemblablement allusion à la chaire carolingienne, qui devait être considérée ultérieurement comme ayant été celle de l'Apôtre. Aucune de nos deux sources ne compte la Chaire de saint Pierre parmi les fêtes in quibus papa débet coronari.

Dédicace de l'autel majeur

La Dédicace de l'autel de la Confession, qui avait été consacré en 1123 par le pape Callixte II, était célébrée le 25 mars, comme en témoignent Pierre di Mallio (M 432), le calendrier et l'antiphonaire de Saint-Pierre, mais Benoît ignore cette fête. Peut-être la passe-t-il sous silence parce qu'il s'agit d'une solennité propre à la basilique et qu'elle se

35 Ascendi t fumus incensorum de orationibus sanctorum (Αρ. 8,4). 36 La Prière des Eglises de rite byzantin, tome 1er La Prière des Heures (Horologion), Chevetogne

1975, p. 378.

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LE CULTE DES SAINTS AU VATICAN 401

célébrait sans l'assistance du pape. En effet, le jour de l'Annonciation, celui-ci participait encore au 12e siècle à la procession prescrite par le pape Sergius Ier pour les quatre fêtes de Marie: il se rendait à Saint-Adrien et, de là, prenait part, nus-pieds, à la procession qui montait vers Sainte-Marie-Majeure (B 149). A Saint-Pierre l'anniversaire de la dédicace de l'autel majeur avait la préséance sur l'Annonciation, comme l'indique explicitement l'antiphonaire (supra, p. 230).

Saint Pierre

Depuis le 4e siècle, le natale Pétri a toujours été célébré à Rome, le 29 juin, par tout un peuple en fête rassemblé autour de son évêque. Au 12e siècle, le pape arrivait au Vatican dès le début de la soirée cum cardinalibus et schola et aliis pro celebrandis ibidem Ves- peris (B 157, Q 147)37. Puis, in initio noctis, commençait la double vigile38.

L'Office de la nuit

Comme pour les autres stations nocturnes, le pape se rendait d'abord à l'oratoire de saint Léon le Grand. C'est de là que partait la procession d'encensement des autels. Or le 28 juin était le jour où Sergius avait transféré le corps de saint Léon près de la Confession de Pierre et c'était le jour où l'on célébrait la fête du grand docteur. L'encensement de l'autel de saint Léon recevait ainsi un relief particulier en ouverture de la solennité de saint Pierre.

La procession s'achevait à l'autel de la crypte de la Confession. La première vigile, qui comportait neuf psaumes et neuf lectures, comme la seconde, se déroulait dans cette crypte car, note Amalaire, ea hora non invitatur populus ad vigilias*9. Le pape faisait la dernière lecture puis, après le Te Deum, il disait l'oraison et donnait la bénédiction. Il gagnait ̂ nsuite le presbyterium et encensait l'autel majeur.

La seconde vigile commençait aussitôt par l'invitatoire: ea hora ingreditur clerus et populus ad secundam vigiliam. L'oraison du sacramentaire grégorien ad vigilias nocte fait

37 Cencio Savelli, De consuetudinibus et observantis, presbytero vel scholar/, et aliis Ecclesiae romanae in praecipuis solemnitatibus, 43. Cet Ordo, rédigé vers 1188-1197, a été inséré dans le Liber censuum par son compilateur, le futur pape Honorius III. Cf. l'édition Fabre-Duchesne, Le Liber censuum, I.e., tome 1er, p. 310.

38 L'antiphonaire de Saint-Pierre, qui est postérieur de plus de trente ans au Liber pohticus, semble témoigner de l'abandon de la première vigile, qui est anticipée au matin du 28 juin et même au 27, quand le 28 tombe un dimanche (Q 147). La vigile de saint André est également anticipée, mais on lit ensuite cette rubrique: Sero ad Vigiliam cantamus, sicut cantavimus ad Matutinum (Q 187).

39 Amalaire Liber de ordine antiphonarii, 60; édit. I.M. Hanssens, I.e., p. 97.

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402 LE CULTE DES SAINTS DANS LES DEUX BASILIQUES PAPALES

allusion à la participation du peuple à la vigile: ut omnes qui ad apostolorum tuorum sol- lemnia convenerunt spiritali remuneratione ditentur40.

A la quatrième lecture, le pape descendait jusqu'à la niche de la Confession, dont les grilles avaient été ouvertes41. Là il retirait l'encensoir qui avait été descendu l'année précédente par un orifice pratiqué dans la dalle recouvrant la tombe de saint Pierre. On vidait l'encensoir, dont l'assistance se partageait les charbons éteints. Puis le pontife garnissait à nouveau l'encensoir et y versait de l'encens. Il le descendait ensuite à nouveau sur la tombe et le fixait à un crochet (B 158). C'était le rite appelé Diligentia. Il est décrit dans un Ordo de la fin du 8e siècle42. A cette époque le renouvellement de l'encens sur la tombe de l'Apôtre était pratiqué par les gardiens de la basilique et il devait être assez fréquent. Ce n'était d'ailleurs pas un rite propre au Vatican. Le pape l'accomplissait à nouveau le lendemain sur la tombe de saint Paul lors de la vigile dans la basilique de la via Ostiense. Au 8e siècle, la diligence était pratiquée aussi au Mont-Cassin le samedi, avant Complies, à la confession de saint Benoît.

La Messe

Au sujet de la Messe, le chanoine Benoît se contente de dire qu'elle était célébrée tôt le matin, ce qui était de règle chaque fois que le pape participait à l'office de la nuit. Il précise: Mane ad missam domni pape debent esse laudes et comnari in tanta festivitate cuius vicarius est (B 158).

Les Laudes ou acclamations étaient chantées après la collecte, comme l'indique Benoît au dimanche de Pâques. Debout iuxta altare, l'archidiacre, qui est entouré des diacres et des sous-diacres, lance l'acclamation Exaudi Christe et les notaires répondent: Domino nostro papae (Innocentio) a Deo decreto summo pontiflci et universali pape vita (B 153). Le texte de ces Laudes est donné dans Y Ordo d'Albinus, qui est postérieur d'une quarantaine d'années à celui de Benoît43. Les Laudes appartiennent à un type d'acclamations qui saluèrent les empereurs avant d'être adressées au pape. Benoît est le premier témoin de leur introduction dans la liturgie de la messe44.

Au jour de la fête de saint Pierre le pape, vicarius Pétri, rentre au Latran après la messe avec le regnum en tête. Il est «couronné». Benoît énumère plus loin les jours de

40 J. Deshusses, Le sacramentaire grégorien, I.e., p. 244. 41 Le pape ne descend donc pas dans la crypte, mais il vient devant l'entrée de la Confession

qui est visible de la nef de la basilique. Voir plan V. 42 Ordo 44, Ordo qualiter diligentia agitur Romae, ecclesia sanai Pétri, dans M. Andrieu, Les

Ordines romani, I.e., tome 4, pp. 431-433. M. Andrieu donne un commentaire exhaustif de cet Ordo pp. 417-428.

43 VOrdo d'Albinus a été publié par Fabre-Duchesne, Le Liber censuum, I.e., tome 2, pp. 85- 137.

44 M. Andrieu, Les Ordines romani, I.e., tome 4, pp. 162-166.

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LE CULTE DES SAINTS AU VATICAN 403

l'année in quibus papa débet coronari (B 490). Albinus, qui reproduit la liste de Benoît, met un lien entre le chant des acclamations et le fait que le pape est couronné: Incipiunt laudes festis diebus quando domnus papa coronatur45. C'est au 10e siècle que les termes regnum ou corona apparaissent pour désigner la coiffure d'honneur portée par le pape à certains jours solennels, mais toujours en dehors de la basilique où il célèbre: Finita missa coronatur et cum processione redit ad palatium, dit Benoît dans sa description du déroulement de la journée de Pâques (B 153). Le premier pape qui apparaisse ainsi «couronné» dans une procession d'apparat est Grégoire VII46.

Alors qu'au soir du 29 juin le pape se rendait à la basilique de la via Ostiense pour y célébrer la fête de saint Paul selon les mêmes rites que celle de saint Pierre, on chantait au Vatican les secondes Vêpres de la fête du Prince des Apôtres (Q 152).

Octave de saint Pierre

Le chanoine Benoît mentionne, avec Pierre di Mallio, le jour octave de la fête de saint Pierre parmi les stationes nocturnales (B 165), mais il ne donne pas d'autre précision à son sujet. Cencio Savelli, cinquante ans plus tard, déclare explicitement: Sciendum est quod in octava sancii Pétri omniafiunt sicut infesto eiusdem sancii Pétri, hoc excepto quod dictum est de turribulo41 . Le pape vient donc célébrer les Vêpres, la double vigile, les Laudes et la Messe, mais il ne renouvelle pas le rite de la diligentia.

Dédicace de la basilique La fête de la Dédicace de Saint-Pierre, qui apparaît au 1 Ie siècle, prit une importance

grandissante dans le cours du 12e siècle. Pierre di Mallio range la fête parmi les principales de l'année (D 432) et, au temps de Benoît, on y faisait une station diurne: le pape venait, ce jour-là, célébrer la Messe dans la basilique vaticane (B 165). Il en était encore ainsi dans les années 1185 où Àlbinus recopiait la liste des stations établie par Benoît sans y rien modifier48. Mais, dix ans plus tard, la fête était honorée d'une statio nocturna- lis. En effet Cencio Savelli rapporte que le pape se rendait alors à Saint-Pierre avec les cardinaux pour les Vêpres. Il restait ensuite au Vatican et y prenait quelque repos avant l'office nocturne auquel il devait participer en personne: in propria persona débet in nocte cantandis vigiliis interesse49. En un mot, déclare Cencio, la fête doit être célébrée par le pontife avec le même éclat que l'Assomption. Elle se prolongeait dans une octave.

4? Fabre-Duchesne, Le Liber censuum, I.e., tome 2, p. 91. 46 M. Andrieu, Les Ordines romani, i.e., tome 4, pp. 181-184. 47 Cencio Savelli, De consuetudinibus, dans Fabre-Duchesne, Le Liber censuum, I.e., tome 1er, p.

310. 48 Fabre-Duchesne, Le Liber censuum, I.e., tome 2, p. 90. 49 Cencio Savelli, De consuetudinibus, dans Fabre-Duchesne, Le Liber censuum, I.e., tome 1er, p.

311.

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404 LE CULTE DES SAINTS DANS LES DEUX BASILIQUES PAPALES

Saint André

La fête de saint André se déroule selon le même cérémonial que celle de saint Pierre. Il s'agit donc d'une station nocturne avec participation du pape et de la curie des premières Vêpres à la messe matinale. Il y a toutefois quelques modifications dans les lieux. Les Vêpres et la veillée du début de la nuit sont chantées ad sanctum Andream, tandis que la seconde vigile et les Laudes sont célébrée adfratrem eius, id est ad altare sancii Pétri. On se retrouve tôt le matin dans la rotonde de saint André pour la Messe que chante le pape. Le peuple joyeux reçoit ensuite la bénédiction du pontife et se retire. Benoît note enfin que le préfet illumine l'église ce jour-là et qu'il offre un repas à toute la curie. C'est sur cette précision que s'achève VOrdo du chanoine de Saint-Pierre (B 159).

Le Bon Pasteur

En plus des fêtes fixes, relevant du sanctoral, il ne faut pas manquer d'évoquer une solennité du Seigneur, qui était propre à la basilique vaticane et qui donne sa signification ultime au culte rendu à saint Pierre près de sa tombe. Le deuxième dimanche après Pâques constituait à Saint-Pierre une véritable fête du Christ Bon Pasteur. Si l'Apôtre est le pasteur du troupeau, il l'est par la volonté du Christ et en tant que Vicaire du Christ, l'Unique Pasteur.

Le chanoine Benoît et Pierre di Mallio rangent parmi les stations diurnes le dominica in qua cantatur Ego sum pastor bonus. C'est là une fête dans laquelle papa débet coronari (B 165, M 434). De son côté l'antiphonaire de Saint-Pierre annonce pour ce dimanche: Statio est in Basilica S. Pétri et, la veille au soir, qu'il appelle le samedi de Pastor bonus, il fait chanter à Vêpres le psaume Laudate Dominum omnes gentes (Q 125).

La basilique vaticane n'a pas eu, comme celle du Latran, son prieur Bernhard pour exposer dans le détail la manière dont on célébrait toutes les fêtes des saints per circulum anni. L'antiphonaire de Saint-Pierre ne comporte pratiquement pas de rubriques à ce sujet. Mais nous savons que, depuis l'époque de Grégoire III et d'Adrien Ier, martyrs et confesseurs étaient honorés à Saint-Pierre plus qu'en toute autre église de Rome.

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CONCLUSION

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En étudiant le culte des saints au Latran et au Vatican dans la seconde moitié du 12e siècle, on a pu constater la convergence des calendriers des deux basiliques et des formes que revêtait ce culte dans chacune d'elles.

Les deux basiliques constantiniennes différaient pourtant profondément par leur nature et leur destination initiale.

Il y avait, au delà du Tibre, à quelque distance de la Ville, la basilique cimétériale bâtie sur le tombeau de Pierre. Au début le pape n'y tenait que rarement l'assemblée liturgique au cours de l'année: pour le natale du Christ, la cathedra Pétri et le natale de l'Apôtre, ainsi que pour l'anniversaire de sa propre ordination. On ne saurait affirmer qu'un autel s'y dressait en permanence.

La basilique du Latran, bâtie à la périphérie de la Ville mais à l'abri de ses murs, était l'église qui faisait corps avec la résidence du pape et près de laquelle avait été érigé le baptistère. C'est là que se dressait la chaire episcopale du pontife romain, que le pape ouvrait le carême et la semaine sainte, là qu'il célébrait les nuits baptismales de Pâques et de Pentecôte.

Tout en conservant la marque de leurs origines, les basiliques du Latran et du Vatican devaient finir au cours des siècles par se ressembler, tant chacune d'elles était soucieuse d'affirmer sa prééminence sur l'autre. A l'inscription du Latran:

Haec est papalis sedes et pontificalis

correspondait celle du Vatican: Summa Pétri sedes est haec sacra principis aedes, Mater cunctarum decor et decus ecclesiarum1.

T. Alfarano, De basilicae vaticanae antiquissima et'nova structura, édit. M. Cerrati, Le, p. 30.

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408 CONCLUSION

Dès le temps de Damase, le Vatican avait eu, comme le Latran, son baptistère, auquel Symmaque avait ajouté les oratoires de saint Jean Baptiste, de saint Jean l'Evan- géliste et de la sainte Croix. Prudence a célébré la beauté du baptistère de Damase, où les mosaïques se miraient dans l'eau limpide:

Omnicolor vitreas pictura superne tingit undas2.

Si le Vatican avait son baptistère, le Latran voulut posséder ses reliques. A défaut de la Confession de Pierre il eut, lui aussi, sa crypte sous l'autel, avec le manteau que Jean Baptiste portait au désert et la tunique de l'apôtre Jean, sans parler des prestigieuses dépouilles du temple de Jérusalem et de la table de la Cène, qu'on proposait à la vénération des pèlerins. Devant cette abondance le Vatican ne se tint pas pour battu. Il reçut les restes de Pétronille, la fille de saint Pierre, et les corps des apôtres Simon et Jude. A partir du 10e siècle, l'Icône du Sauveur, conservée au patriarchium du Latran, eut sa réplique dans la Véronique, le Volto Santo, de Saint-Pierre. Enfin chacune des deux basiliques pouvait offrir à l'adoration du peuple chrétien un fragment du bois de la croix de Jésus.

A partir de sain{ Léon le Grand (f 461), le Vatican était devenu la principale nécropole des papes. Le Latran dut attendre que l'interdiction d'inhumer intra muros fut tombée en désuétude pour accueillir sous son portique, puis à l'intérieur de ses nefs, les tombes des papes. La plus ancienne est celle de Léon V (f 903). Mais ensuite, du début du 10e siècle à la fin du 12e, quinze autres pontifes y reçurent leur sépulture.

II

Les basiliques du Latran et du Vatican devaient exercer tout à tour une influence capitale dans la diffusion de la liturgie romaine. C'est la liturgie de Saint-Pierre qui pénétra en Gaule au 7e siècle et ce sont les chantres de Saint-Pierre qui diffusèrent jusqu'en Angleterre la cantilena romana. Au début du 8e siècle, Grégoire III voulait que la manière dont les moines basilicaux du Vatican célébraient l'office servit de modèle aux autres basiliques, y compris au Latran. Mais, à la fin du même siècle, Adrien Ier envoyait le sacramentaire papal, celui du Latran, au roi des Francs désireux d'assurer l'unité du culte en son pays et, au 13e siècle, c'est la liturgie du Latran qu'adopteront les Frères mineurs. Elle deviendra ainsi la liturgie romaine moderne, celle que les missionnaires du 16e siècle diffuseront jusqu'en Amérique et en Extrême-Orient.

On peut dire qu'au 12e siècle les deux églises rivalisent de ferveur dans le culte du Seigneur et des saints. Tandis qu'au Vatican la fête de la Transfiguration s'enracine dans

Prudence, Peristephanon, Hymnus XII; P.L. 60, col. 563.

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CONCLUSION 409

le sol romaine, le Latran donne au culte des saints papes la forme qu'il devait conserver jusqu'à nos jours.

Dans leur liturgie les deux basiliques sont animées d'une foi identique, la foi de l'Eglise romaine, qui a tenu ferme, aux 8e et 9e siècles, lors de la Querelle iconoclaste, pour défendre la légitimité et proclamer l'efficacité du culte des saints et de leurs images. Sans doute le peuple qui vient vénérer à Saint-Pierre le Voile de la Véronique et qui est ému au Latran devant la table de la Cène est-il, comme ses pasteurs, un peuple dont la crédulité nous étonne. Le culte des reliques avait, à cette époque, une place démesurée dans la piété chrétienne et il devait entraîner des abus dont l'importance éclatera lors de la Réforme, mais là n'est pas l'essentiel. Si l'on parcourt les livres liturgiques du Latran et du Vatican, si l'on chemine par la pensée d'un autel à l'autre dans chacune des basiliques et de ses multiples annexes, si l'on s'arrête à contempler leurs mosaïques, on est frappé de l'authenticité et de la profondeur de la foi qui s'y exprime. Au Latran et au Vatican, le Christ Seigneur trône en majesté dans la conque absidiale. Ce sont la Vierge Mère de Dieu, le Précurseur, Pierre et Paul, Romae parentes, Jean le Théologien et André, les martyrs Etienne et Laurent, qui sont invoqués comme intercesseurs auprès de l'unique Médiateur. La foi qui s'exprime à Rome dans le culte du Christ et des saints est la foi des Conciles, la foi de Nicée et de Chalcédoine en Jésus Christ vrai Dieu et vrai homme, la foi d'Ephèse en Marie Mère de Dieu toujours Vierge, la foi du IIe concile de Nicée concernant la vénération des saintes images.

L'Eglise des Martyrs est constamment présente à la pensée des moines et des clercs qui célèbrent l'office au Latran et au Vatican. Parmi les personnalités postérieures à la Paix, le calendrier des basiliques n'a fait place qu'à un petit nombre de saints: Léon le Grand et Grégoire le Grand, les deux maîtres de vie de la Rome médiévale, Ambroise, Jérôme et Augustin, dont on lit les homélies au long de l'année, Basile et Chrysostome, les deux grandes voix de l'Orient. Tous ont été des hommes qui ont lutté pour la vérité et la liberté. Or voici qu'en cette seconde moitié du 12e siècle la liberté de l'Eglise a son martyr. Thomas Becket, archevêque de Cantorbéry, ressemblait à beaucoup d'évêques de son temps. Il menait grand équipage et aimait chasser faucon au poing, mais il est mort dans sa cathédrale pour que l'Eglise demeure libre face au pouvoir temporel. Au calendrier du Vatican, comme à celui du Latran, il est devenu le premier des saints modernes.

III

Le Latran et le Vatican, si proches au 12e siècle dans leur liturgie et spécialement dans le culte des saints, allaient connaître un destin différent au cours des siècles ultérieurs. Pendant longtemps les papes seront absents de Rome. Les divisions de la Cité les obligeront à séjourner en d'autres villes d'Italie, puis à se fixer sur les bord du Rhône. Ce

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410 CONCLUSION

sera ensuite le Grand Schisme d'Occident. Avec cette situation nouvelle commence le déclin du Latran. Si les foules continuent à venir prier ad limina Apostolorum, le patriar- chium est vide, et les vignes de l'Esquilin et du Caelius séparent la basilique de l'activité urbaine, qui s'est concentrée depuis plus de cinq siècles dans la boucle du Tibre.

A leur retour à Rome, les papes consacreront un état de fait en fixant leur résidence près de Saint-Pierre. Un jour, Sixte-Quint fera même tomber sous le pic des démolisseurs l'antique résidence papale, ainsi que le merveilleux oratoire Sainte-Croix ad fontes. Désormais les évêques de Rome ne se rendront plus dans la basilique que pour en prendre possession à leur avènement et célébrer quelques-unes des stations liturgiques qui y sont traditionnellement fixées. Seule, chaque année, la liesse populaire de la saint Jean d'été tirera le campus lateranum de sa léthargie. A la fin du 19e siècle, la vie urbaine regagnera l'Esquilin et atteindra partiellement le quartier du Latran, mais la basilique restera soixante années sans revoir son évêque. Entre 1870 et 1930, pas un pape ne siégera sur sa chaire episcopale et ne montera à l'autel majeur.

L'historien qui, ces dernières années, faisait le pèlerinage de la basilique, de son cloître ou du baptistère, ne pouvait que se laisser gagner par la mélancolie d'un passé à jamais révolu.

IV

Et voici qu'au moment où le IIe Concile du Vatican donnait un nouvel éclat à la basilique Saint-Pierre, en rassemblant dans son aula plus de deux mille évêques, le pape Jean XXIII décidait d'établir au Latran le centre de la vie diocésaine de Rome. Paul VI consacrait cette décision en unissant les charges de cardinal-vicaire et d'archiprêtre du Latran. On peut donc parler désormais des deux cathédrales du Pape: au Latran, le successeur de Pierre préside à la vie de l'Eglise locale dont il est l'évêque; au Vatican, près de la tombe de l'Apôtre, il accueille ses frères dans l'épiscopat et ses fils venant du monde entier.

Le Latran de Grégoire VII et d'Innocent III est aujourd'hui le point de rassemblement d'une communauté chrétienne, héritière de celle que Pierre et Paul ont fondée dans leur sang, jeune de ses trois millions de baptisés, et consciente de la mission que lui assigne le Christ, celle d'assumer avec son évêque, comme au temps d'Ignace d'An- tioche, la charge de «présider à la charité».

Dans leurs compétences respectives, le Latran et le Vatican deviennent à nouveau ce qu'ils étaient il y a huit cents ans, les deux pôles de la vie quotidienne de l'Eglise romaine.

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APPENDICE

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Parmi les sources imprimées dont l'importance a été grande dans l'établissement des calendriers du Latran et du Vatican au 12e siècle, il en est trois qui sont d'un accès peu facile,

le calendrier de l'Aventin du 11e siècle, édité par L. Guérard sous le titre: Un fragment de calendrier romain au moyen âge dans les Mélanges d'Archéologie et d'Histoire de l'Ecole Française de Rome, tome 13 (1893), pp. 153-175;

le calendrier de l'Antiphonaire de Saint-Pierre du 12e siècle, ainsi que le sanctoral de cet Antiphonaire, édités par J. M. Tommasi dans Responsoria et antiphonalia Romanae Ecclesiae, Rome 1686, texte reproduit par A.F. Vezzosi dans les Opera omnia de Tommasi, Rome 1748-1754, tome IV, pp. 1-169.

C'est pourquoi il a semblé utile de donner en appendice le contenu de ces trois documents.

1 - LE CALENDRIER DE L'AVENTIN

Janvier

1 3 6 7 8

10 11 12 13 14 15 16 17 18

Circumcisio Antheros PP.MR Epiphania Domini s. Ysidori episcopi s. Timothei Mr. Severini episcopi s. Pauli 1 eremitae s. Hygini P.P. s. Ioannis P.P. Octava Epiphaniae. Iuliani et Basilissae VIR s. Felicis presbyteri s. Mauri abb. S. Secundine virg. s. Marcelli P.P. et mart. s. Antonii abbatis ... et Priscae

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414 APPENDICE

20 21 22 23 25 26 27 31

Février

2 3 5 7 8 9

10 14 15 16 21 22 23 24

s. Fabiani et Sebast(iani) Mart. s. Agnetis virg. et mart. s. Vincent(ii) et Anastasii mart. s. Emerentianae virg. et mart. Conversio s. Pauli s. Paule s. Vitaliani P.P. Cyri et Iohannis mart.

Purificatio Marie s. Blasii epi et mart. s. Agathae virg. et mart. s. Pelagli P.P. et s. Theodori mart s. Paulini P.P. s. Savini Carnotini epi. s. Scholastice virg: s. Valentini mart. s. Faustini et Iovite mart. s. Iuliani mart. s. Siricii P.P. et mart. Cathedra s. Pétri vigilia s. Mathie s. Mathie

Mars

7 9

12 15 21 25 27

Perpetuae et Felicitatis S.S. XL mart. s. Gregorii P.P. Zacharie PP s. Benedicti abbatis Annunciatio s. Marie Resurrectio Dni

Avril

2 Xisti P.P. 7 Celestini PP.

10 Doni PP

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APPENDICE 415

1 1 Leonis PP 14 Tiburti et Valeriani 16 Aniceti PP mart 19 Leonis PP. VIIII 20 Victoris P.P. et mart. 22 Agapiti P.P. 23 Georgii et A(da)lberti 24 Liberi P.P. et Benedicti P.P. 25 Marci Evangel, et Let(anie) maior(es) 26 Anacleti P.P. et mart. Marcellini P.P. 28 Vitalis mart.

Mai

1 Philippi et Iacobi 3 Inventio s. Crucis. Alexandri, Eventii et Theoduli 6 Iohannis ante Port(am) Latin(am) 8 s. Michaelis Archangeli

10 Gordiani et Epimachi mart. 11 s. Antimi P.P. et mart. 13 Pancratii Nerei et Achillei mart.1 14 Bonifacii mart. 19 s. Pudentiane 25 S. Urbani P.P. et mart. 27 Iohannis P.P. et mart. 28 Reportatio Iohanni P.P. 30 Felicis P.P. et mart. 31 Petronille virg.

Juin

1 1 9

11 12 15

Nicomedis mart. Marcellini et Petri et Erasmi mart. P(rimi) et Feliciani Barnabe ap(osto)li. Basilidis et Tripotis Viti et Modesti mart.

1 Les noms de Pancrace, Nérée et Achille manquent dans l'édition de L. Guérard, mais ils se lisent à la date du 13 mai dans le Vai. lai. 9135 fol. 361.

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416 APPENDICE

16 17 18 19 20 22 23 24 26 28 29 30

Juillet

1 2 6

10 11 12

Donati epi. et mart. Ν icandri et Marciani Marcelliani et Marci2 Gervasi et Protasi Silveri P.P. et mart. mille CCCLXXX mart. V(igilia) s. Iohannis Baptiste N(atale). s. Iohannis Baptiste sanctorum Iohannis et Pauli Leonis P.P. et v(igilia) s. Pétri s. Pétri s. Pauli

Octava s. Iohannis R.G.R.3 Octava ap(osto)lorum Rufine et Se(cunde) Pii P.P. Nabor. . .

2 - LE CALENDRIER DE SAINT-PIERRE

Janvier

1

2

3 4 6

13

14

CircumcisiqJDomini Blasii4; et Martinae Virg. Oct. Sancii Stephani Telesphori Papae et Mart. Oct. Sancti Iohannis Oct. Sanctorum Innocentiüm Epiphania D(omi)ni Oct. Epiphaniae Iuliani, Celsii et Margaritae Felicis Presbyteri

2 L. Guérard a lu Marcellini et Mauri 3 On ne voit pas à quoi correspondent ces sigles. 4 II faut lire: Basila

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APPENDICE 417

15 Mauri Abbatis 16 Marcelli Papae et Mart. 17 Antonii Abbatis 18 Aquilae et Priscae 19 Marii et Marthae 20 Fabiani Pape et Mart, et Sebastiani Mart. 21 Agnetis Virg. et Mart. 22 Vincentii et Anastasii Mart. 23 Emerenti(an)ae Virg. 25 Conversio Sancti Pauli 28 Agnetis secundo 29 Papiae et Mauri 31 Cyri et Iohannis

Février

2 Purificatio Sanctae Mariae Virg. et Sancti Simeonis 3 Blasii Episcopi et Mart. 5 Agathae Virg. et Mart.

10 Scholasticae Virg. 14 Valentini Presbyteri et Mart. 22 Cathedra Beati Petri Apostoli 24 Vigilia Sancti Matthie Apostoli 25 Matthiae Apostoli

Mars

9 Quadraginta Mart. 12 Gregorii Papae 21 ■ Benedicti Abbatis 25 Annuntiatio Beatae Mariae; et Consecratio Altaris Sancti Petri

Avril

3 14 23 25

26 28

Xisti Papae et Mart. Tiburtii et Valeriani Georgii Mart. Marci Evangelistae Let(aniae) Maiores Cleti Papae et Mart. Vitalis Mart.

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418 APPENDICE

M ai

1 3

5 6 8

10 12 14 19 25

26 27 31

Apostolorum Philippi et Iacobi Annu(n)t(i)at(i)o Sanctae Crucis Alexandri Sociorumque eius Translatio Corporis Beati Stephani Protomartyris Iohannis ante Portam Latinam Michaelis Archangeli Gordiani et Epimachi Pancratii, Nerei et Achillei Bonifacii Mart. Potentianae Urbani Papae et Martyris et Dedicatio Sancti Pelegrini Eleutherii Papae et Mart. Iohannis Papae et Mart. Petronillae Virg.

Juin

1 Nicomedis Mart. 2 Marcellini Petri et Erasmi Mart.

15 Viti, Modesti et Crescentiae 18 Marci et Marcelliani Mart. 19 Gervasii et Protasii Mart. 24 Nati(vitas) Sancti Iohannis Baptistae 26 Iohannis et Pauli Mart. 28 Leonis Papae 29 Petri Apostolorum Principis 30 Pauli Vas electionis

Juillet

1 Oct. Sancti Iohannis Baptistae 2 Processi et Martiniani Mart. 6 Oct. Beati Petri 7 Oct. Beati Pauli

10 Ss. vii Fratrum, Rufìnae et Secunde 12 Naboris Felicis; et Pii Papae et Mart. 13 Anacleti Papae et Mart.

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APPENDICE 419

15 17 18 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30

Août 1 2 3 4 6

7 8 9

10 11 12 13 14 15 17 18 22 24 25 26 28 29 30

'31

Quinci et Iulittae Alexii et Marinae Virg. Simphorosae cum septem fìliis Pras(s)edis Virg. Mariae Magdalenae Apolinaris Mart. Christine Virg. Iacobi Apostoli; et Christophori Pastoris Presbyteri Pantaleonis Mart. Nazarii, Celsi; et Victoris Papae et Mart. Felicis; Simplicii, Faustini et Beatricis Abdon et Senes

Petri ad Vincula; et Machabaeorum Stephani Papae et Mart. Inventio corporis Sancii Stephani Protomart. Iustini Presbyteri et Mart. Transfiguratio Domini Sixti Pape, Felicissimi et Agapiti Donati Episcopi Cyrici, Largì et Smaragdi Romani militis Beati Laurentii Mart. Tiburcii et Susannae Eupli et Leucii Hippolyti et Concordiae Eusebii Assumptio Beatae Mariae Virg. Oct. Beati Laurentii Agapiti Mart. Oct. Beatae Mariae Virg.; et Symphoriani Aureae Virg. Bartholomaei Apostoli Sociorumque eius Hie celebratur Festum Sancii Peregrini et Sociorum eius Hermetis, Balbinae; et Sancii Augustini Episcopi Decollatio Sancti Iohannis Baptistae; et Sanctae Savinae Felicis et Adaucti Paulini Episcopi

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420 APPENDICE

Septembre

1 Aegidii Abbatis 8 Nat. Sanctae Mariae; et Sancti Adriani 9 Iordani (= Gorgonii)

1 1 Proti et Iacincti 14 Exaltatio Sanctae Crucis

Cornelii et Cypriani 15 Nicomedis Mart. 16 Euphemiae Virg.

Luciae et Geminiani Mart. 21 Matthaei Apostoli 22 Mauritii Sociorumque eius 23 Lini Papae et Martyr.

Theclae Virg. 25 Eustachii Mart, cum uxore et duobus filiis 27 Cosmae et Damiani Mart. 29 Memoria Sancti Michaelis Archangeli 30 Hieronymi Presbyteri

Octobre

7 Sergii, Bacci; et Marci Pape 9 Dionisii, Rustici et Eleutherii

14 Calixti Papae et Mart. 18 Lucae Evangelistae 25 Chrysanthi et Dariae 26 Evaristi Papae et Mart. 28 Apostolorum Simonis et Iudae 30 Germani Capuani 31 Vigilia omnium Sanctorum

Quintini Mart.

Novembre

1 Festivitatis omnium Sanctorum; et Caesarii 2 Commemoratio omnium Defunctorum in Vigiliis 6 Consécration Altaris Sanctae Mariae de Ca(n)cell(is). 8 Sanctorum iiii Coronatorum 9 Dedicatio Sancti Salvatoris; et Theodori

10 Triph(on)i(s), Respici et Sanctae Nimphae Virg.

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APPENDICE 421

1 1 Martini Episcopi et Confessons 12 Martini Papae et Mart. 13 Iohannis Chrysostomi; et Britii Conf. 18 Dedicatio Basilicarum Apostolorum Petri er Pauli 22 Caeciliae Virg. et Mart. 23 Clementis Papae et Mart. 24 Chrysogoni Mart. 25 Catherinae Virg. et Mart. 29 Saturnini Mart. 30 Beati Andreae Apostoli

Décembre

2 Bibianae Virg. 4 Barbarae Virg. et Iulianae 5 Sabae Monachi 6 Nicolai Episcopi et Confessons 7 Ambrosii Episcopi et Confessons

Savini Episcopi et Mart. 13 Lucie Virg.

Eustratii Sociorumque eius 21 Beati Thomae Apostoli 23 Gregorii Spoletani 24 Vigilia Domini nostri Iesu Christi 25 Nat(ivitas) Domini

S. Anastasiae; et Sanctae Eugeniae 26 Stephani Protomartyris 27 Iohannis Apostoli et Evangelistae 28 Sanctorum Innocentium 29 Sancti Thomae Archiepiscopi et Mart. 31 Silvestri Pape et Confessons

3 - LE SANCTORAL DE L'ANTIPHONAIRE DE SAINT-PIERRE

Les références sont données aux pages de l'édition princeps de 1686.

pages

26 In Festo sancti Nicolai 27 In Nat. sanctae Luciae

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422 APPENDICE

29 Commemoratio de sancto Eustratio cum Sociis suis Dominica IIII de Adventu Statio ad S. Eugeniam

32 In Festo sancii Thomae 32 In Festo sancii Georgii Spoletani5 36 In Vigilia Natalis Domini 38 IN NATIVITATE DOMINI 44 In Natali sancii Stephani Protomartyris 46 In Natale sancti Ioannis Evangelistae 48 In Festo sanctorum Innocentu(m) 51 In Festo S. Silvestri 50 In Octava Nativitatis Domini de sancto Basilio 51 In Vigilia Epiphaniae6

IN EPIPHANIA DOMINI 55 In Octava Epiphaniae

Commemoratio sanctorum Celsii et Iuliani 69 In Festo sancti Marcelli Papae et Martyris

In Festo sanctarum Aquilae et Priscae In Festo sanctorum Martyrum Marii et Marthae

70 In Festo sanctorum Sebastiani et Fabiani Martyru(m) 72 (In Festo sanctae Agnetis Virginis et Martyris)7 74 (In Festo sanctorum Vincentii et Anastasii Martyrum)

In Festo sanctorum Cyri et Iohannis 75 In Purificatione sanctae Mariae 76 In Festo sanctae Agathae Virginis et Martyris 78 In Cathedra beati Petri 79 In Festo sanctorum XL Martyrum

In Annunciatione beatae Mariae Consecratio maioris Altaris beati Petri

127 InfFesto] S. Georgii 129 In Festo S. Marci 130 In Letan(ia) Maior(e)

In Festivitate Apostolorum Philippi et Iacobi In Festo SS. Alexandri, Eventii et Theodoli et Iuvenalis Eodem die Inventio S. Crucis

5 II faut lire: sancti Gregorii. 6 A la page 49 il est fait allusion à l'octave des saints Innocents, ce qui laisse supposer qu'exis

taient aussi les octaves de saint Etienne et de saint Jean. 7 Lorsque le titre est indiqué entre parenthèses, il fait défaut dans le manuscrit, mais celui-ci

donne le formulaire de l'office.

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APPENDICE 423

132 In Tra(n)slatione S. Stephani In Festo S. Iohannis ante Portam Latinam

133 (In Festo S. Michaelis Archangeli) 134 In Festo S. Pancratii

(In Festo S. Petronillae) 143 (In Nati vitate S. Iohannis Baptistae) 146 (In festo SS. Iohannis et Pauli Martyrum) 147 Vigilia Beati Petri 148 IN FESTIVITATE BEATISSIMORUM APOSTOLORUM PETRI ET PAULI 152 In Commemoratione B. Pauli Apostoli 154 In Festo sanctorum Processi et Martiniani

In Festo sanctarum Rufinae et Secundae 155 In Festo S. Pra(s)sedis Virg.

In Festo S. Mariae Magdalenae 156 In Festo S. Apolenaris Martyris 157 In Festo SS. Abdon et Sennen

Festum beati Petri in Vincula Item de Machabaeis

160 (In) Inventione B. Stephani In Festo sancti Sixti

161 In Festo sancti Cyriaci In Vigilia beati Laurentii Item de sancto Romano In Festivitate beati Laurentii

164 In Festo sanctorum Tiburtii et Susannae In Festo sanctorum Eupli et Eleuci In Festo sanctorum Hyppoliti et sociorum eius (In) Vigilia Beatae Mariae Item de sancto Eusebio

165 IN ASSVMPTIONE BEATAE DEI GENITRICIS MARIAE 167 In Festo sancti Agapiti Martyris

In Festo sancti Augustini 168 Eodem die Festum sancti Hermetis

De sancta Balbina In Decollatione Beati Iohannis Baptistae eodem die Festum sanctae Savinae

171 In Navitate Dei Genitricis Mariae Item de S. Adriano

173 In Festo Exaltationis sanctae Crucis et SS. Cornelii et Cypriani 175 In Festo sanctorum Martyrum Cosmae et Damiani

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424 APPENDICE

176 In Festo Dedicationis sancti Michaelis Archangeli 178 In Festo sancti Calixti Papae et Martyris 179 In Festo Omnium Sanctorum

De S. Caesario 182 In Dedicatione Salvatoris

Eodem die Festum sancti Theodori In Festo S. Martini Episcopi et Confessons

184 In Dedicatione Basilicae beati Petri Principis Apostolorum In Festo S. Ceciliae Virginis Virginis et Martyris

186 In Festo sancti Clementis Papae et Martyris 187 In Festo S. Grisogoni

(In Octava Dedicationis Basilicae Beati Petri) (In) Vigilia beati Andreae De Sancto Saturnino In Festo sancti Andreae

201-207 Texte propres pour les fêtes de S. Nicolas, S. Biaise, S. Benoît, S. Valentin, S. Georges, S. Hermès et S. Césaire.

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4ZT

BIBLIOGRAPHIE

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I - SOURCES

1 - Sources manuscrites

Toutes les sources manuscrites proviennent de divers fonds romains.

Archivio Lateranense Archivio Capitolare A 80

Archivio di Stato italiano Fonds de l'Archiconfraternité du Saint-Sauveur 997

Bibliotheca Apostolica Vaticana Archivio San Pietro F 11, F 12, F 14 Barberini latini 637 Santa Maria Maggiore 40 Vaticani latini 44, 1189, 1195, 5319, 5465

Biblioteca Angelica Cod. lai. 1383

Biblioteca Vallicelliana Cod. lat. C 62, E 15, F 85

2 - Sources imprimées

Pour les sources imprimées on renvoie à l'auteur qui en a publié l'édition la plus récente. Le nom de l'éditeur et le titre de l'ouvrage se trouvent à nouveau dans la section consacrée aux Textes.

Antiphonarius liber S. Gregorii (Antiphonaire de Sainte-Cécile), édité par Giorgi (Georgius).

Calendrier de l'Aventin, édité par L. Guérard. Descriptio basilicae vaticanae de Pierre di Mallio, éditée par R. Valentini et G. Zucc

hetti.

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428 BIBLIOGRAPHIE

Descriptio lateranensis ecclesiae du diacre Jean, éditée par R. Valentini et G. Zucchetti.

Lectionarius lateranensis, reconstitué d'après Tommasi (Thomasius). Liber politicus du chanoine Benoît, édité par Fabre-Duchesne. Martyrologium e codice basiliçae vaticanae nunc primum editum, édité par les Bollan-

distes. Micrologus de ecclesiasticis observationibus, édité par Pamelius. Notifia ecclesiarum urbis Romae, édité dans Itineraria et alia Geographica (CCSL 175). Ordo Officiorum ecclesiae lateranensis, édité par L. Fischer. Responsoriale et antiphonarium romanae ecclesiae de circulo anni iuxta veterem usum

canonicorum basiliçae vaticanae sci Pétri, édité par Tommasi (Thomasius).

II - COLLECTIONS, DICTIONNAIRES, RÉPERTOIRES

Analecta Bollandiana, revue critique d'hagiographie publiée par la Société des Bollandis- tes depuis 1882, Bruxelles.

Bibliotheca Hagiographica Latina antiquae et mediae aetatis, 2 vol. Bruxelles 1898-1901; supplément 2e édit. 1911.

Bibliotheca Sanctorum, Istituto Giovanni XXIII della Pontificia Università Lateranense, 13 vol., Roma 1961-1970.

Dictionnaire d'Archéologie Chrétienne et de Liturgie, dirigé par F. Cabrol et H. Leclercq, 15 vol., Paris 1907-1953. : ,

Patrologia Latina, édit. J.P. Migne, 217 vol. et 4 vol. d'Indices, Paris 1844-1864. Supple- mentum établi par A. Hamman, 4 vol., Paris 1958-1971.

Baudot et Chaussin, Vies des Saints et des Bienheureux selon l'ordre du calendrier avec l'historique des fêtes par les RR. PP. Bénédictins de Paris, 13 vol., Paris 1935-1959.

Bourque E., Etude sur les sacramentaires romains, 3 vol., Roma 1949, Québec 1952, Roma 1958.

Delisle L., Mémoire sur d'anciens sacramentaires, dans les Mémoires de l'Académie des Inscriptions et Belles Lettres 32, Paris 1886.

Ebner Α., Quellen unds Forschungen zur Geschichte une Kungstgeschichte des Missale Romanum im Mittelalter, her italicum, Freiburg im Breisgau 1896.

Gamber K., Codices liturgici latini antiquiores, Coll. Spicilegii Friburgensis Subsidia, Frei- burg/Schweitz, 2e édit. 1968.

Jaffé Ph., Regesta Pontifìcum romanorum, 2e édit. augmentée par G. Wattenbach, Leipzig, 2 vol. 1885-1888.

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Publiés sans nom d'éditeur

Itineraria et alia Geographica, Coll. Corpus Christianorum, Series Latina, tomes 175 et 176, Turnhout 1965. Chaque document a son éditeur propre.

Martyrologium e codice basilicae vaticanae nunc primum editum, dans Analecta Bollan- diana, tome 49 (1931), pp. 51-97.

Ordines of H ay mo of Faversham, Coll. Henry Bradshaw Society 85, London 1953.

IV - ÉTUDES

On n'a pas retenu dans la bibliographie générale les études relatives à l'histoire du culte de chaque saint, qui a été faite au Livre III.

Amann Α., L'époque carolingienne, tome 6 de Y Histoire de l'Eglise publiée sous la direction de A. Fliehe et V. Martin, Paris 1941.

Amann A. et Dumas Α., L'Eglise au pouvoir des laïques (800-1057), tome 7 de YHistoire de l'Eglise publiée sous la direction de A. Fliehe et V. Martin, Paris 1948.

Andrieu M., Les églises de Rome au moyen âge, dans Revue des Sciences religieuses, tome 9 (1929), pp. 540-574.

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Page 434: Pierre Jounel, Le Culte des saints dans les basiliques du Latran et du Vatican au douzième siècle

INDEX

Page 435: Pierre Jounel, Le Culte des saints dans les basiliques du Latran et du Vatican au douzième siècle
Page 436: Pierre Jounel, Le Culte des saints dans les basiliques du Latran et du Vatican au douzième siècle

On trouvera ci-après la liste des fêtes du Seigneur, les noms des saints inscrits dans les calendriers des églises de Rome du 9e au 12e siè

cle, la nomenclature des saints titulaires d'oratoires dans les basiliques du Latran et du

Vatican au 12e siècle. La réjérence au commentaire des calendriers du Latran et du Vatican est indiquée en italique.

I - FÊTES DU SEIGNEUR

Circumcisio Domini, 1er janv., 193, 210.

Dedicatio basilicae Salvatoris, dies, 9 nov., 141, 152, 204, 305. octava, 16 nov., 204, 311.

Epiphania Domini, vigilia, 5 janv., 194, 212. dies, 6 janv., 194, 212. octava, 13 janv., 194,275.

Exaltatio sanctaê Crucis, 14 sept., 127, 132, 140, 151,202,2^7.

Inventio sanctae Crucis, 3 mai, 125, 130, 137, 148, 196, 235.

Nativitas Domini, vigilia, 24 dec, 206, 325. dies, 25 dec, 206, 326. octava, 1er janv., 193,210.

Transfiguratio Domini, vigilia, 5 août, 150. dies, 6 août, 139, 150, 200, 268.

Ypapanti (seu Obviatio), 2 févr., 125, 130, 136, 147.

II - INDEX DES SAINTS

Abachum (Maris et), martyr à Rome, 19 (20) janv., 147, 194,275.

Abdenago (Sidrac et), Ancien Testament, 24 avr., 137.

Abdon, martyr à Rome, 30 juil., 126, 131, 139, 150, 200, 264.

Achilleus (Nereus et), martyr à Rome, 12 mai, 125, 130, 137, 148, 196, 238.

Adalbertus, évêque de Prague martyr, 23 avr., 137.

Adauctus (Felix et), martyr à Rome, 30 août, 126, 131, 140, 151,201,2«.

Adrianus, martyr à Nicomédie, 8 sept., 127, 131, 140, 151,202,2*5.

Aegidius, ermite en Languedoc, 1er sept., 151,202,2«.

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438 INDEX

Agape (Sophia et), martyre à Rome (?), 30 sept., 140.

Agapitus I, pape, 22 avr., 137. Agapitus (Felicissimus et), martyr à

Rome, 6 août, 126, 131, 139, 150, 200, 267.

Agapitus, martyr à Palestrina, 18 août, 126, 131, 140, 151,201,277.

Agatha, martyre à Catane, 5 févr., 125, 130, 136, 147, 195, 223.

Agnes, martyre à Rome, natalis (passio, primum), 21 janv.,

124, 130, 135, 147, 194, 216. octava (de nativitate, secundo), 28

janv., 124, 130, 135, 147, 194,279. Alexander (Eventius et), martyr à Rome, 3

mai, 125, 130, 137, 148, 196, 235. Alexius, confesseur à Rome (?), 17 juil.,

149, 199, 256. Ambrosius, évêque de Milan, 142, 153,

205, 321. Amicus (Iustus et), martyr (?), 14 juil.,

139. Anacletus, pape, 26 avr., 137, 199, 255. Anastasia, martyre à Sirmium, 25 déc,

142, 153, 206, 327. Anastasius, martyr à Bethsaloë, 22 janv.,

124, 135, 147, 194,216. Andreas, apôtre,

vigilia, 29 nov., 127, 132, 141, 153, 205, 31 7.

dies, 30 nov., 127, 132, 141, 153, 205, 317.

octava, 7 déc, 142. Angelus (voir Michael). Anicetus, pape, 16 avr., 137, 196, 231. Anteros, pape, 3 janv., 135. Antimus, martyr à Rome, 11 mai, 137,

148. Antoninus, martyr à Apamée, 3 sept.,

151,202, 284. Antonius, moine en Thébaïde, 17 janv.,

135, 147, 194, 214.

Apollinaris, évêque de Ravenne martyr, 23 juil., 126, 131, 139, 150, 199,259.

Apuleus (Marcellus et), 7 oct., 152. Aquila (Prisca et), compagnon de S. Paul,

18 janv., 194,275. Audifax (Maris et), martyr à Rome, 19 (20)

janv., 194, 275. Augusta, martyre à Serravalle, 22 août,

140. Augustinus, évêque d'Hippone, 28 août,

140, 151,201,250. Aurea, martyre à Ostie, 24 août, 151, 201,

278. Auxentius (Eustratius et), martyr à

Sebaste, 13 déc, 153.

Bacchus (Sergius et), martyr à Rosafa, 7 oct., 141, 152,203,296.

Balbina, titulaire d'église à Rome, 28 août, 201,257.

Barbara, martyre à Nicomédie (?), 4 déc, 142, 153, 205, 579.

Barnabas, apôtre, 11 juin, 138, 149, 196, 244.

Bartholomeus, apôtre, vigilia, 23 (24) août, 201,275. dies, 13 juin, 138; 24 (25) août, 140,

151,201,275. Basilides, martyr à Rome, 12 juin, 125,

130, 138, 149, 198,245. Basilissa (Iulianus et), martyre à Antinoé,

13 janv., 135.

Basilius, évêque de Cesaree de Cappadoce, 1er janv., 135, 147, 193,270.

Basilla, martyre à Rome, 20 mai, 148. Beatrix (Simplicius et), martyre à Rome,

29 juil., 126, 131, 139, 150, 199,264. Benedictus, abbé du Mont-Cassin,

transitus, 21 mars, 136, 148, 196, 228. translatio (inventio), 11 juil., 139, 149.

Benedictus II, pape, 24 avr., 137. Bibiana, martyre à Rome, 2 déc, 153, 205,

318.

Page 438: Pierre Jounel, Le Culte des saints dans les basiliques du Latran et du Vatican au douzième siècle

INDEX 439

Blasius, évêque de Sebaste, 3 févr., 136, 147, 195, 223.

Bqnifacius, martyr à Tarse (?), 14 mai, 137, 196, 238.

Britius, évêque de Tours, 13 nov., 141, 153, 204, 310.

Caecilia, martyre à Rome, 22 nov., 127, 132, 141, 153, 205, 313.

Caelestinus I, pape, 7 avr., 137, 196, 230. Caesarius, martyr à Terracine, 1er nov.,

127, 132, 141, 152,204,502. Callixtus I, pape martyr, 14 oct., 127, 141,

152, 203, 298. Cantiani, martyrs à Aquilée, 14 mai, 198,

245. Cassianus, martyr à Imola, 13 août, 139,

150, 200, 274. Cassius, évêque de Narni, 13 oct., 203,

298. Catharina, martyre à Alexandrie (?), 25

nov., 153, 205, 315. Celsus (Iulianus et), martyr à Antinoé, 6

(13)janv., 147, 194, 213. Celsus (Nazarius et), martyr à Milan, 28

juil., 139, 150, 199, 263. Cerbonius, évêque de Populonia, 10 oct.,

203, 297. Christina, martyre à Bolsena, 10 mai, 137;

24 juil., 199,260. Christophorus, martyr en Lycie, 25 juil.,

199, 261. Chrysanthus, martyr à Rome, 25 oct., 127,

152, 203, 299; 29 nov., 141. Chrysogonus, titulaire d'église à Rome, 24

nov., 127, 141, 153,205,575. Chrysostomus (voir Ioannes Chrysosto-

mus). Clemens I, pape martyr, 23 nov., 127,

132, 141, 153,205,574. Cletus, pape, 26 avr., 196, 233. Columba, martyre à Sens, 31 déc, 142.

Concordia (Yppolitus et), martyre à Rome (?), 13 août, 201,274.

Cornelius, pape martyr, 14 sept., 127, 132, 140, 151,202,2^7.

Coronati (Quattuor), martyrs à Sirmium, 8 nov., 127, 132, 141, 152, 204, 304.

Cosmas, martyr à Cyr, 27 sept., 127, 132, 140, 152,203,295.

Crescentia (Vitus et), martyre en Sicile (?), 15 juin, 138, 149, 198,246.

Cyprianus, évêque de Carthage martyr, 14 sept., 127, 132, 140, 151, 202, 287.

Cyprianus, martyr à Antioche (?), 26 sept., 140, 152, 203, 292.

Cyriacus, martyr à Rome, 8 août, 126, 131, 139, 150,200,270.

Cyricus (voir Quiricus). Cyrinus (voir Quirinus). Cyrus, martyr à Canope, 31 janv., 136,

147, 195, 220.

Dafrosa (Bibiana et), martyre à Rome (?), 2 déc, 153.

Damasus I, pape, 11 déc, 142, 153, 206, 323.

Damianus (Cosmas et), martyr à Cyr, 27 sept., 127, 132, 140, 152, 203, 293.

Daniel, moine stylite à Anaple, 11 déc, 206, 323.

Daria (Chrysanthus et), martyre à Rome, 25 oct., 127, 152, 203, 299; 29 nov., 141.

Defunctorum Commemoratio, 2 nov., 204, 302.

Demetria (Bibiana et), martyre à Rome (?), 2 déc, 153.

Demetrius, martyr honoré à Thessaloni- que, 26 oct., 152.

Dionysius, évêque de Paris martyr, 9 oct., 141, 152,203,296.

Donatus, évêque d'Arezzo, 16 juin, 138; 7 août, 131, 139, 150,200,270.

Donninus, martyr près de Parme, 9 oct., 203, 297.

Page 439: Pierre Jounel, Le Culte des saints dans les basiliques du Latran et du Vatican au douzième siècle

440 INDEX

Donus, pape, 10 avr., 137. Dormientes (Septem), martyrs à Ephèse

(?), 9 août, 150. Dorothea, martyre à Alexandrie, 12 févr.,

136.

Egidius (voir Aegidius). Eleutherius, pape, 26 mai, 196, 241. Eleutherius (Dionysius et), martyr à Paris,

9oct., 141,203,-296. Elpis (Sophia et), martyre à Rome (?), 30

sept., 140. Emerentiana, martyre à Rome, 23 janv.,

135, 147, 195,277. Emilianus, martyr à Silistra, 18 juil., 149. Epimachus (Gordianus et), martyr à

Alexandrie, 10 mai, 137, 148, 196, 237. Erasmus, évêque de Formia, 2 juin, 138,

197, 243. Eugenia, martyre à Rome, 11 sept., 151;

20(25)déc, 153,206,527. Euphemia, martyre à Chalcédoine, 13

avr., 137; 16 sept. 127, 132, 140, 151, 202, 288.

Euphrasia, vierge à Meaux, 25 juil., 150. Euplus, martyr à Catane, 12 août, 126,

139, 150, 200, 273. Eusebius, évêque de Verceil, 1er août, 139. Eusebius, prêtre à Rome, 14 août, 126,

131, 140, 151,201,275. Eusebius, pape, 2 oct., 203. 295. Eustachius (Eustathus, Eustochius), mart

yr (?), 20 sept., 127, 152, 202, 292. Eustratius, martyr en Arménie, 13 déc,

153,206,524. Eutychianus, pape, 25 juil., 199, 262. Evaristus, pape, 26 oct., 203, 299. Eventius (Alexander et), martyr à Rome, 3

mai, 125, 130, 137, 148, 196,255.

Fabianus, pape martyr, 20 janv., 124, 130, 135, 147, 194, 215.

Fausta, épouse de Cassius de Narni, 25 sept., 202, 291.

Faustinus, martyr à Brescia, 15 févr., 136, 148.

Faustinus (Simplicius et), martyr à Rome, 29 juil., 126, 131, 139, 150, 199,264.

Felicianus (Primus et), martyr à Mentana, 9 juin, 125, 130, 138, 149, 196,244.

Felicissimus, martyr à Rome, 6 août, 126, 131, 139, 150,200,267.

Félicitas (Perpetua et), martyre à Carthage, 7 mars, 136, 148.

Félicitas, martyre à Rome, 10 juil., 139; 1er août, 139; 23 nov., 127, 141, 153, 205, 314.

Felicula (Valentinus et), martyre à Rome, 14 févr., 136.

Felix, prêtre de Noie martyr, 14 janv., 124, 129, 135, 147, 194,2/5.

Felix, martyr, 17 févr., 130. Felix I, pape, 30 mai, 138, 196, 241. Felix II, (ami) pape, 29 juil., 126, 131, 139,

150, 199, 264. Felix (Nabor et), martyr à Milan, 12 juil.,

139, 149, 199, 254. Felix, martyr à Rome, 30 août, 126, 131,

140, 151, 201, 283. Focatus (voir Phocas). Fortunatus, martyr à Aquilée, 12 juil.,

139. Fratres (Duodecim), martyrs vénérés à

Bénévent, 1er sept., 140, 151, 202, 284. Fratres (Septem), martyrs à Rome, 10 juil.,

126, 131, 139, 149, 198,255. Fridianus, évêque de Lucques, 18 mars,

196, 228.

Gaius, pape, 22 avr., 196, 232. Gaudentius, évêque de Rimini, 14 oct.,

141. Gaudentius, ermite en Toscane, 26 nov.,

141. Gelasius I, pape, 21 nov., 205, 575.

Page 440: Pierre Jounel, Le Culte des saints dans les basiliques du Latran et du Vatican au douzième siècle

INDEX 441

Geminianus (Lucia et), martyr à Syracuse (?), 16 sept., 132, 140, 151, 202, 288.

Genesius, martyr à Arles, 25 août, 126, 140, 151.

Georgius, martyr à Lydda, 23 avr., 125, 130, 137, 148, 196, 232.

Germanus, évêque de Capoue, 30 oct., 203, 300.

Gervasius, martyr à Milan, 19 juin, 125, 131, 138, 149, 198,246.

Gordianus, martyr à Rome, 10 mai, 125, 130, 137, 148, 196, 237.

Gorgonius, martyr à Rome, 9 sept., 132, 140, 151,202,256.

Gregorius I Magnus, pape, 12 mars, 125, 136, 148, 196, 227.

Gregorius, martyr à Spolète, 24 déc, 153, 206, 325.

Hadrianus (voir Adrianus). Helisaeus, prophète, 29 août, 126. Hermagoras (Fortunatus et), martyr à

Aquilée, 12 juil., 139. Hermes, martyr à Rome, 28 août, 126,

131, 140, 151,201,257. Hieronymus, prêtre à Bethléem, 30 sept.,

140, 152, 203, 294. Hilario, abbé en Palestine, 21 oct., 152,

203, 299. Hilarius, évêque de Poitiers, 13 janv., 147;

ler(3)nov., 141,204,505. Hilarus, pape, 10 sept., 202, 287. Hippolytus, martyr romain en Sardaigne,

13 août, 126, 131, 139, 150, 200,274. Hippolytus, martyr à Porto, 22 août, 140,

151. Hyginus, pape, 11 janv., 135, 194, 212. Hylarianus, martyr à Ostie, 7 août, 150.

Iacinthus (Zoticus et), martyr à Rome, 10 févr., 136.

Iacinthus (Protus et), martyr à Rome, 11 sept., 127, 132, 140, 151, 202,287.

Iacobus, apôtre, Iacobus et Philippus, 1er mai, 125,

130, 137, 148, 196, 234. Iacobus Alphaei, 22 juin, 138.

Iacobus, apôtre, vigilia, 24 juil., 199,260. dies, 25 juil., 139, 150, 199, 260.

Iacobus Intercisus, martyr en Perse, 27 nov., 153.

Ignatius, évêque d'Antioche martyr, 1er févr., 195, 227.

Innocentes (Infantes), martyrs à Bethléem, dies, 28 dec, 127, 132, 142, 153, 206, 330.

octava, 4 janv., 194, 277. Iohannes Baptista, le Précurseur,

vigilia, 23 juin, 125, 131, 138, 149, 198, 247.

natalis, 24 juin, 125, 131, 138, 149, 198, 248.

octava, 1er juil., 138, 198,252. decollatio (passio), 29 août, 126, 131,

140, 151,201,252. Iohannes, apôtre et évangéliste

dies, 27 déc, 127, 132, 142, 153, 206, 329.

octava, 3 janv., 194, 277. ante portam Latinam, 6 mai, 130,

137, 148, 196, 236. Iohannes I, pape martyr, 27 (28) mai, 137,

196, 247. Iohannes VI, pape, 12 janv., 135. Iohannes (Cyrus et), martyr à Canope, 31

janv., 136, 147, 195, 220. Iohannes, martyr à Rome (?), 26 juin, 125,

131, 138, 149, 198,249. Iohannes Chrysostomus, évêque de Const

antinople, 13 nov., 141, 153, 204, 570. Iovita (Faustinus et), martyre à Brescia, 15

févr., 136, 148. Irenaeus (Zoticus et), martyr à Rome, 10

févr., 136.

Page 441: Pierre Jounel, Le Culte des saints dans les basiliques du Latran et du Vatican au douzième siècle

442 INDEX

Iudas (Simon et), apôtre, vigilia, 27 oct., 132, 141, 152, 203,

300. dies, 28 oct., 132, 141, 152, 203, 300.

Iuliana, martyre à Nicomédie, 17 févr., 148.

Iuliana (Barbara et), martyre à Nicomédie (?), 4 déc, 205, 319.

Iulianus, martyr à Antinoé, 6 (13) janv., 135, 147, 194, 213.

Iulianus, martyr à Cesaree de Palestine, 16 févr., 136.

Iulitta (Quiricus et), martyre à Tarse, 16 juin, 138; 15 juil., 139, 149, 199,255.

Iustina (Cyprianus et), martyre à Antioche (?), 26 sept., 140, 152,203,292.

Iustina, martyre à Padoue, 8 oct., 141. Iustinus, martyr à Rome (?), 4 août, 200,

267. Iustus, évêque de Lyon, 14 juil., 139. Iuvenalis, évêque de Narni, 3 mai, 137,

148, 196, 235.

Katharina (voir Catharina).

Largus (Cyriacus et), martyr à Rome, 8 août, 150, 200, 270.

Laurentius, martyr à Rome, vigilia, 9 août, 126, 131, 139, 150,

200,277. dies, 10 août, 126, 131, 139, 150, 200,

271. octava, 17 août, 131, 140, 151, 201,

276. Leo I Magnus, pape,

natalis, 11 avr., 137, 148, 196, 2 30. translatio, 28 juin, 126, 138, 149,

198, 249. Leo IX, pape, 19 avr., 137. Leogardus, évêque d'Autun martyr, 2

oct., 141. Leonardus, ermite en Limousin, 6 nov.,

152, 204, 303.

Leucius, évêque de Brindisi, 12 (13) août, 139, 150, 200, 273.

Liberius, pape, 24 avr., 137. Linus, pape, 23 sept., 202, 290. Lucas, évangéliste, 18 oct., 141, 152, 203,

298. Lucia, martyre à Syracuse,

natalis, 13 déc, 127, 142, 153, 206, 324.

dedicatio (Rome), 16 sept., 127, 132, 140, 151, 202, 288.

Lucius I, pape, 25 août, 201, 279.

Maccabaei, martyrs (Ancien Testament), 1er août, 126, 139, 150,200,265.

Macharius, martyr à Antioche, 23 janv., 147.

Machutus, évêque d'Aleth, 15 nov., 141, 153.

Magnus, évêque d'Anagni martyr, 19 août, 151.

Marcellianus (Marcus et), martyr à Rome, 18 juin, 125, 130, 138, 149, 198, 246.

Marcellinus, pape, 26 avr., 137, 196, 233. Marcellinus, martyr à Rome, 2 juin, 125,

130, 138, 149, 196,245. Marcellus I, pape, 16 janv., 124, 129, 135,

147, 194, 214. Marcellus, martyr à Capoue, 7 oct., 152. Marcianus (Nicander et), martyr à Silistra,

17 juin, 138. Marcus, évangéliste, 25 avr., 137, 148,

196, 232. Marcus, martyr à Rome, 18 juin, 125, 130,

138, 149, 198, 246. Marcus, pape, 7 oct., 127, 132, 141, 152,

203, 296. Margarita (pour Marcianella), martyre à

Antinoé, 6 (13) janv., 194, 213. MARIA DEI GENITRIX

Annuntiatio, 25 mars, 125, 130, 136, 148, 196, 229.

Page 442: Pierre Jounel, Le Culte des saints dans les basiliques du Latran et du Vatican au douzième siècle

INDEX 443

Assumptio (Pausatio), Mauritius, martyr à Agaune, 22 sept., 152, vigilia, 14 août, 140, 151, 201, 275. 202, 290. dies, 15 août, 126, 131, 140, 151, Maurus, moine au Mont-Cassin, 15 janv.,

201,275. 135,147,194,2/^. octava, 22 août, 201, 277. Maurus (Papias et), martyr à Rome, 29

Consecratio altaris, 6 nov., 204, 304. janv., 195, 220. Dedicatio BMV ad Martyres, 13 mai, Maurus (Chrysanthus et), martyr à Rome,

125, 130, 137, 148. 29 nov., 141. Nativitas, 8 sept., 127, 131, 140, 151, Maximus (Tiburtius et), martyr à Rome,

202, 285. 14 avr., 125, 137, 148. Purificatio (voir Ypapanti), 2 févr., Melchiades (voir Miltiades).

136,147,195,22/. Mennas, martyr à Karm abu Mina, 11 nov., 127, 132, 141, 153, 204, 309.

Michael archange, apparitio (inventio), 8 mai, 137, 148,

196, 237. dedicatio (memoria),

vigilia, 28 sept., 152. dies, 29 sept., 127, 132, 140, 152,

203, 293. Martina, martyre à Rome (?), 1er janv., Miltiades, pape, 10 déc, 206, 322.

124, 135, 147, 193, 277. Miniatus, martyr à Florence, 1er nov., 141. Martinianus (Processus et), martyr à Misac (Sidrac et), Ancien Testament, 24

Rome, 2 juil., 126, 131, 138, 141, 198, avr., 137. 252.

Martinus, évêque de Tours, ordinatio (translatio), 4 juil., 138, 153. deposito, 11 nov., 127, 132, 141, 153,

204, 308. Martinus I, pape martyr, 12 nov., 153,

204, 309. Martyres Multi (MCCCCLXXX) en Γ irna-

Maria Magdalena, 22 juil., 139, 150, 199, 258.

Marina, martyre à Antioche, 17 juil., 149, 199, 256.

Maris, martyr à Rome, 19 (20) janv., 147, 194, 275.

Martha (Maris et), martyre à Rome, 19 (20) janv., 147, 194,275.

Modestus (Vitus et), martyr en Sicile (?), 15 juin, 138, 149, 198,246.

Nabor, martyr à Milan, Nabor et Nazarius, 12 juin, 130, 138,

149, 198, 245. Nabor et Felix, 12 juil., 139, 149, 199,

254. rie, 22 juin, 138, 149. Martyres Quadraginta à Sebaste, 9 mars, Nazarius, martyr à Milan,

136, 148, 195, 226. Nazarius (Nabor et), 12 juin, 130, Matthaeus, apôtre et évangéliste,

vigilia, 20 sept., 152, 202, 289. dies, 21 sept., 127, 132, 140, 152, 202,

289. Matthias, apôtre,

vigilia, 24 févr., 136, 195, 226. dies, 25 févr., 136, 148, 195, 226; 30

avr., 137.

138, 149, 198, 245. Nazarius et Celsus, 28 juil., 139, 150,

199, 263. Nemesius, martyr à Rome, 4 déc, 205,

318. Nereus, martyr à Rome, 12 mai, 125, 130,

137, 148, 196, 238. Nicander, martyr à Silistra, 17 juin, 138.

Page 443: Pierre Jounel, Le Culte des saints dans les basiliques du Latran et du Vatican au douzième siècle

444 INDEX

Nicolaus, évêque de Myre, 6 déc, 142, rum), 126, 139, 149, 198, 253; 153, 205, 320. 7 juil., (Pauli), 198, 253.

Nicomedes, martyr à Rome, Paulus, ermite en Egypte, 10 janv., 135, dedicatio, 1er juin, 130, 138, 149, 196, 194,272.

■^"* Paulus (Iohannes et), martyr à Rome (?), natalis, 15 sept., 127, 132, 140, 151, 26 jui 125 131 138 149 m 249.

202 288 \ ' ,„. ... . _ 1Λ Pelagia, pénitente à Jérusalem, 8 oct., 141. Nympha, martyre (?) veneree a Rome, 10

nov., 204, 308. Pelagius II, pape, 7 févr., 136. Peregrinus, évêque d'Auxerre, 25 mai,

196, 240. Pancratius, martyr à Rome, 12 mai, 125, „ . , „ ,„, „ .

130 137 148 196 238 Peregrinus, martyr a Rome (?), 26 août, Pantaleon, martyr à Nicomédie, 27 juil, '

150, 199, 263. Perpetua, martyre à Carthage, 7 mars, Papias, martyr à Rome, 29 janv., 195, 220. 136' 148· Parmenius, martyr en Perse (?), 14 août, Petronilla, martyre à Rome, 31 mai, 138,

140. 196, 242. Pastor, prêtre à Rome (?), 26 juil., 199, Petrus, le prince des Apôtres,

262. cathedra, 22 févr., 136, 148, 195, 225. Paternianus, évêque de Bologne ou de consecratio altaris, 25 mars, 196, 230.

Fano, 12 juil., 139. dedicatio basilicae, Paula, veuve à Bethléem, 26 janv., 136, dies, 18 nov., 204, 311.

195, 219. octava, 25 nov., 205, 315. Paulinus (pour Paulus), martyr à Rome, 8 natalis,

févr., 136. vigilia, 28 juin, 126, 131, 138, 149, Paulinus, évêque de Noie, 22 juin, 198, 198, 249.

247. dies, 29 juin, 126, 131, 138, 149, Paulinus, évêque de Trêves, 31 août, 201, 198, 249.

283. octava, 6 juil., 126, 139, 149, 198, Paulus, l'Apôtre des nations, 253.

conversio, 25 janv., 136, 147, 195, ad Vincula, l«août, 126, 139, 150, 218. 200, 265.

dedicatio basilicae, 18 nov., 204, 311. Petrus (Marcellinus et), martyr à Rome, 2 natalis, juin, 125, 130, 138, 149, 196, 243.

vigilia, 28 juin (Pétri et Pauli), 138, Petrus, évêque d'Alexandrie martyr, 26 149, 198, 249; nov., 205, 316.

29 juin (Pauli), 126; Philippus, apôtre, 1er mai, 125, 130, 137, dies, 29 juin (Pétri et Pauli), 138, 148, 196, 234.

149, 198, 249; Phocas, évêque de Sinope, 14 juil., 139. 30 juin (commemoratio), 126, Pistis (Sophia et), martyre à Rome (?), 30

131, 138, 149, 198, 250; sept., 140. octava, 6 juil. (octava Apostolo- Pius I, pape, 11 juil., 139, 199, 254.

Page 444: Pierre Jounel, Le Culte des saints dans les basiliques du Latran et du Vatican au douzième siècle

INDEX 445

Pontianus, pape martyr, 19 nov., 205, 313. Potentiana (voir Pudentiana). Praxedes, titulaire d'une église à Rome, 21

juil., 126, 131, 139, 149, 199,257. Primus, martyr à Mentana, 9 juin, 125,

130, 138, 149, 196, 2^. Prisca, titulaire d'une église à Rome, 18

janv., 124, 130, 135, 147, 194,275. Priscus, martyr à Capoue, 1er sept., 140,

151. Processus, martyr à Rome, 2 juil., 126,

131, 138, 149, 198,252. Proculus, martyr à Bologne, 1er juin, 137. Proiectus, évêque de Clermont martyr, 25

janv., 135. Prosperus, évêque de Reggio d'Emilie, 25

nov., 205, 315. Protasius (Gervasius et), martyr à Milan,

19 juin, 125, 131, 138, 149, 198,246. Protus, martyr à Rome, 11 sept., 127, 132,

140, 151,202,2^7. Pudentiana, titulaire d'une église à Rome,

19 mai, 125, 130, 137, 148, 196, 239.

Quintinus, martyr en Vermandois, 31 oct., 204, 301.

Quiricus, martyr à Tarse, 16 juin, 138; 15 juil., 126, 139, 149, 199, 255.

Quirinus, évêque de Sisseck martyr, 12 juin, 130, 138, 149, 198, 245.

Remigius, évêque de Reims, 1er oct., 203, 295.

Respicius (Trypho et), martyr en Phrygie (?), 10 nov., 152, 204, 308.

Romanus, martyr à Rome, 9 août, 150, 200, 271.

Romulus, évêque de Fiesole, 6 juil., 139. Rufina, martyre à Rome, 10 juil., 139,

149, 198, 254. Rufus, évêque de Capoue, 28 août, 140. Rufus, évêque (?) d'Avignon, 17 nov.,

204, 311.

Rusticus (Dionysius et), martyr à Paris, 9 oct., 141,203,296.

Sabas, abbé en Palestine, vigilia, 4 déc, 142. dies, 5 déc, 142, 153, 205, 319.

Sabina, titulaire d'une église à Rome, 29 août, 126, 131, 140, 151, 201, 283.

Sabinus, martyr à Spolète, 7 déc, 153, 205, 321.

Sancti Omnes, vigilia, 31 oct., 132, 141, 152, 204,

301. dies, 1er nov., 132, 141, 152, 204, 301.

Saturninus, martyr à Rome, 29 nov., 127, 141, 153, 205, J77.

Savinus, évêque de Canossa, 9 févr., 136. Savinus (voir Sabinus). Scholastica, moniale au Mont-Cassin, 10

févr., 136, 147, 195,224. Sebastianus, martyr à Rome, 20 janv.,

124, 130, 135, 147, 194, 275. Secunda (Rufina et), martyre à Rome, 10

juil., 139, 149, 198, 254. Secundina, martyre à Anagni, 15 janv.,

135. Sennen (Abdon et), martyr à Rome, 30

juil., 126, 131, 139, 150, 200, 264. Seraphia, martyre à Rome (?), 29 juil.,

150. Sergius, martyr à Rosafa, 7 oct., 141, 152,

203, 296. Severinus, évêque de Septempeda, 8 janv.,

135. Sidrac, Ancien Testament, 24 avr., 137. Silverius, pape martyr, 20 juin, 138, 198,

247. Silvester I, pape, 31 déc, 127, 132, 142,

154, 206, 331. Simeon (Senex), 2 févr., 195, 227. Simplicius, martyr à Rome, 29 juil., 126,

139, 150, 199, 264.

Page 445: Pierre Jounel, Le Culte des saints dans les basiliques du Latran et du Vatican au douzième siècle

446 INDEX

Simon, apôtre, vigilia, 27 oct., 132, 141, 152, 203,

300. dies, 28 oct., 132, 141, 152, 203, 300.

Siricius, pape, 21 févr., 136. Sirus, évêque de Pavie, 9 dec, 205, 322. Sisinius (Saturninus et), martyr à Rome,

29 nov., 153. Sixtus I, pape, 2 avr., 137, 196, 230. Sixtus II, pape martyr, 6 août, 126, 131,

139, 150, 200, 267. Smaragdus (Cyriacus et), martyr à Rome 8

août, 150, 200, 270. Sophia, martyre à Rome (?), 30 sept., 140. Soter, pape, 22 avr., 196, 232. Soteris, martyre à Rome, 10 févr., 136. Stephanus, protomartyr,

natal is, dies, 26 dec, 127, 132, 142, 153,

206, 328. octava, 2 janv., 194, 211.

inventio, 3 août, 150, 200, 266. translatio, 5 mai, 196, 236.

Stephanus I, pape, 2 août, 126, 139, 150, 200, 266.

Suzanna, martyre à Rome (?), 11 août, 126, 139, 150,200,272.

Symphorianus, martyr à Autun, 22 août, 131, 140, 151,201,277.

Symphorosa, martyre à Tivoli, 18 juil., 149, 199,257.

Telesphorus, pape martyr, 2 janv., 194, 211.

Thecla, martyre à Séleucie (?), 23 sept., 152,202,297.

Theodorus, martyr à Héraclée, 7 févr., 136.

Theodorus, martyr à Amasée, 9 nov., 127, 132, 141, 152, 204, 307.

Theodulus (Alexander et), martyr à Rome, 3 mai, 125, 130, 137, 148, 196, 235.

Thomas, apôtre, vigilia, 20 déc, 206, 324. dies, 21 déc, 142, 153, 206, 325.

Thomas, archevêque de Cantorbéry martyr, 29 déc, 154, 206, 330.

Tiburtius, martyr à Rome, 14 avr., 125, 130, 137, 148, 196, 231.

Tiburtius, martyr à Rome, 11 août, 126, 131, 139, 150,200,272.

Timotheus, martyr en Afrique, 8 janv., 135.

Timotheus, martyr à Rome, 22 août, 126, 131, 140, 151,201,277.

Tripotis (Basilides et), 12 juin, 138. Trypho, martyr en Phrygie (?), 10 nov.,

152, 204, 308.

Urbanus I, pape, 25 mai, 125, 130, 137, 148, 196,240.

Valentinus, martyr à Rome, 14 févr., 125, 136, 148, 195, 224.

Valerius, évêque de Saragosse martyr, 22 janv., 135.

Valerianus (Tiburtius et), martyr à Rome, 14 avr., 125, 130, 137, 148, 196, 231.

Venantius, évêque de Salone martyr, 15 mai, 196, 239.

Venantius, évêque de Luni, 7 juin, 196, 244.

Victor I, pape, 20 avr., 137; 28 juil., 199, 263.

Vincentius, martyr à Valence, 22 janv., 124, 130, 135, 147, 194, 216.

Vincula (ad) (voir Petrus). Vitalianus, pape, 27 janv., 136. Vitalis (Valentinus et), martyr à Rome, 14

févr., 130, 136. Vitalis, martyr à Bologne, 28 avr., 125,

130, 137, 148, 196, 234. Vitus, martyr en Lucanie, 15 juin, 125,

138, 149, 198,246. Viviana (voir Bibiana).

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INDEX 447

Xystus (voir Sixtus).

Yacinthus (voir Iacinthus). Yginus (voir Hyginus). Yppolitus (voir Hippolytus). Ysidorus, évêque en Egypte (?), 7 janv.,

135.

Zacharias, pape, 15 mars, 136.

Zeno (Valentinus et), martyr à Rome, 14 févr., 136.

Zeno, martyr à Nicée, 3 sept., 151. Zeno, évêque de Vérone, 8 déc, 205, 322. Zenobius, évêque de Florence, 25 mai,

137. Zepherinus, pape, 26 août, 201, 279. Zoticus, martyr à Rome, 10 févr., 136.

III - TITULAIRES D'AUTELS

Christus Salvator Sancta Crux, La 370; Va 389. SS.mus Salvator, La 370; Va 391. Sancta Sanctorum, La 370. SS.mus Vultus, Va 388.

Sancta Maria, Dei Genitrix S. Maria, La 371; Va 391. S. Maria de Cancellis, Va 388. S. Maria et Omnes Sancii, Va 388. S. Maria ad Praesepe, Va 387.

Sancii Abundius, Va 395. Aegidius, Va 395. Ambrosius, Va 395, 396. Anastasia, Va 391. Andreas, La 372; Va 390. Antoninus, La 374; Va 392. Apollinaris, Va 390, 396. Bartholomaeus, La 372; Va 390. Cassianus, Va 390. Chrysanthus et Daria, La 373. Cyprianus et Iustina, La 374. Gabinus, Va 392. Gorgonius, Va 392. Gregorius Magnus, La 374; Va 394,

396. Iohannes Baptista, La 371; Va 389. Iohannes Evangelista, La 371; Va 389. Iohannes et Paulus, Va 396.

Laurentius, La 373; Va 390. Leo Magnus, Va 393. Lucia, La 374; Va 392. Martialis, Va 395. Martinus, Va 391, 396. Mauritius, Va 391. Nicolaus, La 375. Pancratius, La 373. Pastor, Va 390. Petronilla, Va 391. Philippus et Iacobus, Va 390. Petrus (Confessio apostolica), Va 386. Petrus et Paulus, Va 387. Processus et Martinianus, Va 391. Protus et Iacintha, Va 390. Quadraginta Martyres, La 374. Rufina et Secunda, La 374. Sebastianus, Va 392. Silvester, La 374; Va 393. Simon et Iuda, Va 390. Sixtus, Va 393. Sossus, Va 390. Stephanus, La 373; Va 396. Theodorus, Va 391. Thomas, La 372; Va 390. Tiburtius, Va 392. Tridentius, Va 392. Venantius, La 373. Vincentius, Va 396. Vitus, Va 390.

Page 447: Pierre Jounel, Le Culte des saints dans les basiliques du Latran et du Vatican au douzième siècle
Page 448: Pierre Jounel, Le Culte des saints dans les basiliques du Latran et du Vatican au douzième siècle

*■'■;

PLANS

Page 449: Pierre Jounel, Le Culte des saints dans les basiliques du Latran et du Vatican au douzième siècle

I - LES CIMETIÈRES SUBURBAINS DE ROME

S. Alexandre^ C7Pmïllex *"

d.Clivum Cucu

£ Bastila o I Pamphile

Saint- Pierre

Calépode θ Deux Félix

ViaAurelia Ss.Procès et Martinien Ο

S.Pancrace SS.Prerre et ree II in

Ponti e π

S.Félix Θ

ommodille SS.MarcetMa

S.Timothée Domitille

la SIThècle

9 Prétextât allixte.

C.Anonyme ( Nunziatella)

Plan des cimetières suburbains de Rome publié par P. Maranget dans Les Catacombes de Rome, Paris 1925.

Le cimetière identifié sur ce plan avec celui des Jordani est, en fait un hypogée anonyme. Le cimetière des Jordani se trouve à quelque distance en direction de celui de Priscille.

Page 450: Pierre Jounel, Le Culte des saints dans les basiliques du Latran et du Vatican au douzième siècle

451

II - ROME AU MOYEN AGE

1 - Le Latran. 2 - Le Vatican.

Plan de Rome réalisé par A. Beekman, dans De Oud-Christelijke Basiliek, Louvain 1930.

Page 451: Pierre Jounel, Le Culte des saints dans les basiliques du Latran et du Vatican au douzième siècle

452

III - PLAN DE LA BASILIQUE ET DU BAPTISTÈRE DU LATRAN

Plan partiel du patriarchium et du monastère

1 - Cathedra du Pape. I 2 - Autel majeur. 3 - Chœur des chanoines. | 4 - Autel des Quarante Martyrs. I 5 - Autel de saint Antonin. 6 - Oratoire de saint Thomas. 7 - Eglise de la Vierge Marie et de saint Pancrace.

Autel des saints Chrysante et Daria. 8 - Baptistère. 9 - Oratoire de saint Jean l'Evangéliste.

10 - Oratoire de saint Jean Baptiste. j 1 1 - Oratoire de la sainte Croix. 12 - Oratoire de saint Venant. i 13 - Portique dit de Saint- Venant. 14 - Oratoire des saintes Rufïne et Seconde. I I 15 - Oratoire de saint André et de sainte Lucie. 16 - Oratoire de saint Grégoire le Grand (direction indiquée). 17 - Eglise de saint Laurent, Sancta Sanctorum. 18 - Oratoire de saint Sylvestre. j 19 - Oratoire de saint Nicolas.

Ce plan de la basilique et du baptistère, ainsi que d'une partie du patriarchium et du monastère, a été réalisé par G. Rohault De Fleury et publié dans le volume de planches qui illustre son livre sur Le Latran au Moyen Age, Paris 1877.

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IV - PLAN DE LA BASILIQUE SAINT-PIERRE AU VATICAN

Sur le plan d'Alf arano, dont on a retenu la numérotation, on a indiqué seulement les oratoires et les autels qui sont mentionnés au 12e siècle.

1 - Autel de la Confession. 2 - Confession de saint Pierre. 8 - Autel de saint Xyste II. 9 - Autel des saints Pierre et Paul.

14 - Oratoire de saint Léon le Grand. 17 - Oratoire de Sainte-Marie de Cancellis. 20 - Oratoire des saints Processus et Martinien. 22 - Autel de saint Maurice. 23 - Autel de saint Sylvestre. 24 - Autel de saint Barthélémy. 27 - Autel de sainte Lucie. 30 - Autel de saint Jean Baptiste. 31 - Baptistère. 32 - Autel de saint Jean l'Evangéliste. 35 - Autel de la sainte Croix. 38 - Oratoire de sainte Marie et de tous les Saints.

Autel de saint Gabin. 39 - Chœur des chanoines. 40 - Autel de saint Pasteur. 44 - Oratoire des saints Simon et Jude. 45 - Oratoire des saints Philippe et Jacques. 51 - Autel de saint Martial. 85 - Oratoire de saint Grégoire le Grand.

Autels des saints Sébastien, Gorgon et Tiburce. 91 - Autel de saint Tridentius. 92 - Autel de saint Antonin.

100 - Autel de saint Ambroise. 107 - Autel de saint Abundius. 114 - Oratoire de Sainte-Marie ad Praesepe. 115 - Autel de la Sainte Face, dit de Véronique. 136 - Autel de saint Gilles. 142 - Secrétarium. 160 - Rotonde de sainte Pétronille:

autels de sainte Pétronille (a), de la Sainte Mère de Dieu (b), de sainte Anastasie (c), du Saint-Sauveur (d), de saint Théodore (e), de saint Martin (0 et du Saint-Sauveur (g).

170 - Rotonde de saint André: autels de saint André (a) et des saints Thomas (b), Apollinaire (c), Sossus (d), Laurent (e), Vite (0, Cassien (g),

aa - Eglise Saint-Vincent. ce - Eglise Saint-Grégoire de Palatio (localisation douteuse), hh - Eglise Saint-Apollinaire.

χ - Eglise Saint-Ambroise.

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V - LA CONFESSION DE SAINT PIERRE ET LE PRESBYTERIUM AU XIIe SIÈCLE

Ο Ο Ο Ο Ο Ο

Plan de la Confession et du presbyterium.

L'ensemble en élévation vu de la basilique: 1 - Grilles fermant l'entrée de la Confession.

2 - L'autel majeur au niveau du presbyterium.

Ce plan de la Confession de saint Pierre après son aménagement par S. Grégoire le Grand provient du volume Esplorazioni sotto la Confessione di San Pietro in Vaticano eseguite negli anni 1940-1949. Relazione a cura di Β. Μ. Apollonj Ghetti, A. Ferma S. J., E. Josi, E. Kirschbaum, S. J. Appendice

numismatica di C. Serafini, Città del Vaticano 1951 (fig. 136 e).

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CORRIGENDA

Pages 10, note 3, ligne 1, lire : Ordo romanus antiquus. note 6, ligne 1, lire : tome 3.

18, ligne 17, lire : Lectionnaire. 20, note 19, ligne 2, lire : und Quellen. 28, ligne 14, lire : Mabillon.

ligne 16, lire : avait pu. 40, ligne 16, lire : manuscrits. 46, ligne 12, lire : à la main. 47, ligne 23, lire : décorée. 75, ligne 7, lire : p[ro] tom[a]r. 99, ligne 10, lire : duas Lauros.

note 4 : Le texte du pape Paul Ier doit illustrer la note 5. 115, ligne 8, lire : regards. 128, ligne 21, lire : Maccabées. 160, note 8, ligne 3 : supprimer la virgule après Chaire. 162, ligne 11, lire : leur culte. 169, ligne 17, lire : témoin. 173, ligne 10, lire : Lin (R) 182, ligne 9, lire : disparaissait. 192, note 13, ligne 3, lire : antiquissima. 193, ligne 16, lire : pp. 421-424. 198, ligne 15, lire : martyrum. 214, ligne 18, lire : saint Marcel. 220, ligne 20, lire : majestueux. 225, ligne 4, lire : (CR 4e, 11). 227, ligne 14, lire : des Quarante Martyrs. 231, ligne 17, lire : CR 12<>.

ligne 21, lire : 11 avril. 239, note 89, ligne 2, lire : antiphonaires.

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Pages 242, 245, 255,

263,

264,

278, 283, 286,

287, 288,

289,

294, 299, 300, 304,

note 97, ligne 4, lire : on lit. ligne 27, lire : Cantianorum. ligne 14, lire : MV 177. note 133, ligne 1, lire : ni au calendrier copte. ligne 14, lire : entre eux de leur vivant. ligne 18, lire : saints Nabor et Nazaire. avant-dernière ligne, lire : La Depositio Martyrum de 354 et le Hiéronymien

annoncent aujourd'hui, ligne 8, lire : Hippolyte. ligne 5, lire : à Dieu, ligne 4, lire : la Généalogie, ligne 18, lire : toujours, ligne 24, lire : pourquoi, ligne 18, lire : premiers, ligne 25, lire : le 1er juin, ligne 33, lire : l'attestent, ligne 8, lire : Pévangéliaire. ligne 28, lire : avant, note 232, ligne 1, lire : l'oratoire. ligne 13, lire ligne 17, lire ligne 1, lire ligne 21, lire

307, dernière ligne 308, 312,

ligne 27, lire ligne 6, lire dernière ligne

martyrologe. sacramentaires. donc. la Depositio Martyrum de 354. lire : 6e siècle. Rome. l'empereur Valentinien II prescrivit. lire : suivie.

note 288, ligne 3, lire : christianiser. 317, ligne 14, lire : déjà. 319, ligne 18, lire : l'existence. 327, ligne 17, lire : un double formulaire.

note 325, ligne 1, lire : Benedicti. 329. ligne 9, lire : Seigneur. 341, ligne 6, lire : propre S. Mariam Antiquam. 346, ligne 9, lire : saint Pirminius. 347, note 9, ligne 3, lire : publiques. 360, ligne 4, lire : Ss. Cyriaque, Large et Smaragde. 361, ligne 3, supprimer : Octave de sainte Marie. 370, note 3, ligne 6, lire : mosaïque. 371, ligne 17, lire : A Saint- Venant.

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Pages 375, ligne 17, lire : domination. 377, dernière ligne, lire : les Vigiles. 378, lignes 5-6, lire : se rendaient.

ligne 10, lire : la fête commençait le 23. 379, ligne 18, lire : le prieur. 381, ligne 6, lire : sollemnitatem Salvatorìs et templi dedicationem. 386, note 3, ligne 3, lire : p. 330, le mosaïste. 387, ligne 30, lire : Nativité du Seigneur. 390, ligne 10, lire : (côté sud). 396, ligne 9, lire : les historiens. 397, dernière ligne, lire : vigiliis. 399, ligne 25, lire : répandu au 12e siècle. 400, ligne 19, lire : canitur Ecce sacerdos magnus. 401, note 37, ligne 1, lire : observantiis, presbyterio. 409, ligne 1, lire : le sol romain. 423, ligne 37, lire : In Nativitate. 428, ligne 29, lire : Quellen und Forschungen zur Geschichte und . . . 430, ligne 30, lire : Freiburg. 433, ligne 31, lire : Les Homéliaires.

ligne 35, lire : Miitherich F. 438, ligne 20, lire : Milan, 7 déc, 142.

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TABLE DES MATIÈRES

Pag. Préface 5 Introduction 9

LIVRE I LES SOURCES DOCUMENTAIRES

Chapitre I - Les divers types de sources 15

Les Calendriers 16 Les Livres liturgiques 18

Chapitre II - Présentation des sources 21

Les sources imprimées 21 Les sources manuscrites 29 Classification chronologique des sources imprimées et manuscrites 50

Chapitre III - Douze calendriers romains inédits 53

Sanctoral du Vatican lat. 5465 et du Vat. Barberini lat. 637 53 Sanctoral du sacramentaire de Saint-Pierre 54 Sanctoral du collectaire de Saint-Anastase ad aquas salvias 57 Sanctoral du sacramentaire de Saint-Laurent in Damaso 61 Sanctoral de Pépistolier de Saint-Saba 65 Sanctoral du collectaire de Saint-Pierre 67 Sanctoral du sacramentaire de Saint-Tryphon 70 Sanctoral du passionnaire du Latran 74 Sanctoral du fonds de Sainte-Marie Majeure 77 Sanctoral du Missel du Latran 81 Calendrier du Latran 84

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458 TABLE DES MATIÈRES

LIVRE II LE DÉVELOPPEMENT DU CULTE DES SAINTS

À ROME DU IXe AU XIIe SIÈCLE

Chapitre I - Le culte des saints dans l'histoire de la cité papale 97

Le culte des martyrs 98 Les constructions d'églises 106 Les images des saints 112

Chapitre II - L'évolution du sanctoral des églises de Rome 123

Le sanctoral du 9e siècle 123 Le sanctoral du 10e siècle 129 Le sanctoral du 1 Ie siècle 134 Le sanctoral du 12e siècle 146

Chapitre III - Les lignes du développement 157

Le culte des Apôtres 157 Le culte des Martyrs 162 Le culte des Papes 169 Le culte des Pères et des Moines ., 182 Les fêtes du Christ Sauveur et de la Transfiguration 183

LIVRE III LES CALENDRIERS DU LATRAN ET DU VATICAN

À LA FIN DU XIIe SIÈCLE

L'Eglise de Rome au 12e siècle 189

Chapitre I - Le texte des deux calendriers 193

Chapitre II - Le commentaire historique et liturgique 207

Janvier 210 Février 221

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TABLE DES MATIÈRES 459

Mars 226 Avril 230 Mai 234 Juin 243 Juillet 252 Août 265 Septembre 284 Octobre 295 Novembre 301 Décembre 318

Chapitre III - Bilan d'une analyse 333

Topographie et géographie du sanctoral 333 Les influences subies dans l'élaboration des deux calendriers 344 L'influence exercée par le calendrier du Latran 355

LIVRE IV LE CULTE DES SAINTS DANS LES DEUX BASILIQUES PAPALES

Les saints les plus vénérés au Latran et au Vatican 367

Chapitre I - Le culte des saints au Latran 369

Les lieux du culte 369 Les fêtes des saints au long de l'année 375

Chapitre II - Le culte des saints au Vatican 385

Les lieux du culte 386 Les fêtes des saints au long de l'année 396

CONCLUSION 405

APPENDICE 411

Le Calendrier de l'Aventin 413 Le Calendrier de Saint-Pierre 416 Le Sanctoral de l'antiphonaire de Saint-Pierre 421

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460 TABLE DES MATIÈRES

BIBLIOGRAPHIE 425

INDEX 435

Index des saints mentionnés dans les divers calendriers ou titulaires de lieux de culte au Latran et au Vatican 437

PLANS I - Les cimetières suburbains de Rome 450 II - Rome au moyen âge 451 III - La basilique et le baptistère du Latran 452 IV - La basilique Saint-Pierre au Vatican 454 V - La Confession de saint Pierre et le presbyterium au 12e siècle 456

TABLE DES MATIÈRES 457