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Interview par Raoul Binot Conférence et concert dans le cadre du Forum Régional des Musiques Nouvelles mercredi 26 novembre \ 20:30 entrée libre Auditorium du CIM 8 rue de l'Étoile, Bar-le-Duc cimbarleduc.over-blog.com 03 29 79 01 31 / [email protected] Qu'est ce qui t'a amené, au travers de ta formation ou autre, à t'intéresser au paysage et au fait que l'on parle de son écoute, de l'écoute du paysage ? Au départ, j'ai une formation dans le son, dans la musique. À cette époque, je pratiquais aussi beaucoup la marche et je m’intéressais au documentaire. Je voulais donc faire des créations hybrides qui puissent mettre en jeu toutes ces préoccupations. La question du paysage est justement venue avec cette pratique de la marche, une culture rurale, une relation sensible aux environnements dans lesquels j'étais, voire une approche romantique du paysage. J’ai ainsi fait des recherches théoriques et pratiques sur le paysage, sur le son dans le paysage pour arriver à définir le paysage, de façon synthétique, comme un état de conscience d'une relation sensible avec l’environnement. Plus tard, la notion d'écologie humaine a nourri mon travail, et notamment les travaux de collectage de terrain pour les "Marches Sonores". J'avais dissocié l'écologie culturelle, la façon dont les gens conceptualisent la relation qu'ils ont à leur milieu, de l'écologie effective, c'est-à- dire comment les gens vivent dans ce milieu et tout ce que cela générait en termes de relation sensible avec le territoire. Puis en réalisant la "Marche Sonore Vestiges" ou "Les Fondements d’une Cyberécologie", je me suis rendu compte que cette notion d’écologie était fortement ancrée dans une approche systémique. Écologie vient du grec oikos (la maison), et c’est ainsi qu’on va étudier les mécanismes et les interactions que les habitants de cette maison, ou qu’une espèce, vont mettre en jeu pour vivre avec les éléments qui lui procurent ses conditions de survie dans ce milieu. Plus tardivement, m’intéressant à la philosophie d’Arne Næss avec son "Écosophie", la sagesse de la maison, en réalisant des interviews sous hypnose ou des séances de médecine empathique accompagné de la praticienne Aude Forum Régional des Musiques Nouvelles novembre 2014 / gratuit n°5 Pierre Redon : La marche à suivre Accordant une place prépondérante aux notions de paysage, d'écologie et d'environnement dans sa réflexion et ses créations, l'artiste multimédia Pierre Redon élabore depuis 2007 des Marches Sonores. Elles proposent au promeneur/auditeur, muni d'un baladeur et d'une carte, de parcourir un espace géographique donné. L’univers de Pierre Redon est ainsi fait, entre musique des sphères et réalité eth- nosociologique, entre mémoire et présent instantané. Il est invité le mercredi 26 novembre à 20:30 par le CIM de Bar-le-Duc en partenariat avec le Forum Régional des Musiques Nouvelles. Rencontre avec ce musicien/explorateur à la lisière du paysage quotidien.

Pierre Redon : La marche à suivre

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Page 1: Pierre Redon : La marche à suivre

Interview par Raoul Binot

Conférence et concert dans le cadre du

Forum Régional des Musiques Nouvelles

mercredi 26 novembre \ 20:30

entrée libre

Auditorium du CIM

8 rue de l'Étoile, Bar-le-Duc

cimbarleduc.over-blog.com

03 29 79 01 31 / [email protected]

Qu'est ce qui t'a amené, au travers de ta formation ou autre, à t'intéresser au paysage et au fait que l'on parle de son écoute, de l'écoute du paysage ?

Au départ, j'ai une formation dans le son, dans la musique. À cette époque, je pratiquais aussi beaucoup la marche et je m’intéressais au documentaire. Je voulais donc faire des créations hybrides qui puissent mettre en jeu toutes ces préoccupations. La question du paysage est justement venue avec cette pratique de la marche, une culture rurale, une relation sensible aux environnements dans lesquels j'étais, voire une approche romantique du paysage. J’ai ainsi fait des recherches théoriques et pratiques sur le paysage, sur le son dans le paysage pour arriver à définir le paysage, de façon synthétique, comme un état de conscience d'une relation sensible avec l’environnement. Plus tard, la notion d'écologie humaine a nourri mon travail, et notamment les travaux de

collectage de terrain pour les "Marches Sonores". J'avais dissocié l'écologie culturelle, la façon dont les gens conceptualisent la relation qu'ils ont à leur milieu, de l'écologie effective, c'est-à-dire comment les gens vivent dans ce milieu et tout ce que cela générait en termes de relation sensible avec le territoire. Puis en réalisant la "Marche Sonore Vestiges" ou "Les Fondements d’une Cyberécologie", je me suis rendu compte que cette notion d’écologie était fortement ancrée dans une approche systémique. Écologie vient du grec oikos (la maison), et c’est ainsi qu’on va étudier les mécanismes et les interactions que les habitants de cette maison, ou qu’une espèce, vont mettre en jeu pour vivre avec les éléments qui lui procurent ses conditions de survie dans ce milieu. Plus tardivement, m’intéressant à la philosophie d’Arne Næss avec son "Écosophie", la sagesse de la maison, en réalisant des interviews sous hypnose ou des séances de médecine empathique accompagné de la praticienne Aude

Forum Régional des Musiques Nouvelles novembre 2014 / gratuit n°5

Pierre Redon : La marche à suivreAccordant une place prépondérante aux notions de paysage, d'écologie et d'environnement dans sa réflexion et ses créations, l'artiste multimédia Pierre Redon élabore depuis 2007 des Marches Sonores. Elles proposent au promeneur/auditeur, muni d'un baladeur et d'une carte, de parcourir un espace géographique donné. L’univers de Pierre Redon est ainsi fait, entre musique des sphères et réalité eth-nosociologique, entre mémoire et présent instantané. Il est invité le mercredi 26 novembre à 20:30 par le CIM de Bar-le-Duc en partenariat avec le Forum Régional des Musiques Nouvelles. Rencontre avec ce musicien/explorateur à la lisière du paysage quotidien.

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Haussner, mon champ de pratique est revenu à cette perception du sensible et à l’empathie. Le corps, dans un sens très large et holistique, devient un vaste espace pris dans le tissu du monde dont les éléments ne sont pas dissociés mais constamment interpénétrés, contrairement à la systémique.

Je comprends bien cette notion d'empathie, le fait d'être pénétré par tout ce qui environne, mais ton vecteur c’est quand même le microphone  ? Quelle est la position de l'écoutant dans tout cela ?

J’ai fait beaucoup de captations et de pièces sonores de type field recording, mais je pratique moins ce type de représentation du paysage aujourd’hui. L’écoutant est effectivement toujours présent mais dans un sens beaucoup plus large. Je m’intéresse à la façon dont le son travaille avec notre corps, comment chaque fréquence peut mettre en vibration celui-ci. Le son touche ainsi notre sensibilité, nos affects, peut avoir  une qualité de soin, voire de destruction s’il est mal utilisé. J’utilise aussi sa capacité à nous faire entrer dans des états de conscience modifiés, lorsque je réalise des voyages au tambour par exemple. Mais, l’écoute c’est aussi la façon de se rendre disponible pour mener une interview pour les "Marches Sonores". Les gens donnent leurs témoignages en lien avec leurs environnements, les représentations des lieux, les parcours, les archétypes, les croyances. C’est une multitude de faisceaux qu’il faut déchiffrer. Avec l'hypnose, on visite des paysages oniriques, des mondes parallèles, des vies antérieures, où le subconscient agit beaucoup et j’y joue parfois un rôle de guide, un rôle d’écoutant. La parole est donc un axe fort de mes préoccupations, autour de laquelle je tisse un univers sonore en relation avec le récit de chaque personne et les vibrations de chaque voix.

Tu proposes une approche du paysage par le biais de la notion de cartographie. Peux-tu nous préciser cette approche  ? Quelle place prend-elle dans ton travail ?

Il y a tout un courant artistique qui fait de la cartographie sonore. Souvent ces artistes vont de point en point, ils enregistrent des sons, ils les répertorient ou les placent sur la carte. Là où mon travail de cartographie est différent, c'est dans le fait que les espaces que je cartographie ne sont pas uniquement des espaces physiques. J'ai une approche anthropologique de la cartographie sonore et de la cartographie de manière générale. Je travaille beaucoup sur l'humain et la parole à l'intérieur de la « carte ». Dans les premières "Marches Sonores" que j'ai produites, il y a des objets papier qui sont des cartes et sur ces dernières apparaît un travail symboliste de représentation des territoires traversés qui sont traduits par le prisme de mes impressions, des axes thématiques ou des matériaux et des personnes que j’ai pu rencontrer sur le terrain. Par exemple, sur la carte réalisée pour l’Abbaye de Maubuisson et le Musée de l'Éducation du Val d’Oise, j’utilise des fragments de planches didactiques d'école pour recomposer un espace graphique jonché de tuyaux soutenant l’idée de la ville machine, ainsi que des icônes symbolistes qui nous conduisent de lieu en lieu et de plage sonore en plage sonore. Ce travail plastique interagit avec le marcheur et les créations sonores qui émergent comme des branches de cette cartographie. La «  carte  » permet donc de s’orienter dans l’espace physique mais favorise la traversée d’un espace mental et une augmentation du réel. Le marcheur peu utiliser cette carte sur le territoire de la "Marche Sonore" ou chez soi avec les autres éléments de cette cartographie que sont les photographies ou les livres. La « carte » ne se réduit pas à l’espace du papier, c'est une forme multiple qui permet l’expérience de ce qui se matérialise autour de nous pour en tirer sa propre transcription. La "Marche Sonore" se pose elle-même comme un objet cartographique en soi, une carte multidimensionnelle dans laquelle le marcheur, écouteur, lecteur, navigue, plonge dans le papier, passe dans les lieux, rentre dans le son, dans les photos, les sensations… C’est la traversée d’un cosmos, d’un monde !

Il n'empêche que tu donnes un certain nom-bre de pistes concrètes quand tu travailles sur le son, on peut supposer qu'il est en relation directe avec ce que tu as mis sur cette carte. Il y a donc ce CD qui accompagne la carte, il y a éventuellement des documents visuels et quand tu parles d'une perception du sensible, il y a forcément des dimensions du coup qui ne sont pas présentes. Je pense simplement à l'odorat, par exemple.

Si, tout cela est présent mais ce n'est pas fixé… Lorsqu’on va faire la "Marche Sonore", le corps est pris dans le tissu de la proposition, il y a tous les éléments, il y a le son, les vibrations, il y a les pa-

roles, les gens, les voitures, les oiseaux, l'odeur, tout...Par exemple, j'avais volontairement utilisé au début des "Marche Sonores" des baladeurs audio avec des casques un peu ouverts afin qu’il y ait une interpénétration des sons environnemen-taux et des compositions sonores qui entourent les voix. Ainsi, se forme une composition aléatoire résultante du mixage de la proposition sonore et de tout ce qui se passe dans l'environnement du marcheur. La carte est donc une forme mou-vante, c’est-à-dire qu’elle permet de traverser un monde, peut être un monde en soi, mais ne se substitue pas au monde traversé. Elle stimule la représentation qu’a le marcheur de l’espace lors de l'expérience de la "Marche Sonore". Par exemple, lorsqu’on observe certaines cartes très anciennes, on peut voir apparaître de pe-tites montagnes, des dragons, un arbre, une rivière largement déformée, interprétée. Ces «  cartographes  » sont allés sur le territoire, ils l'ont représenté à travers leurs peurs, les prob-lèmes surgissant lors les aventures advenues et en ce sens la carte est comme un récit de voyage dans lequel il y a des apports sensibles.

De toute façon, il y a toujours un parti pris à travers la représentation d'une carte. On con-teste beaucoup la représentation du monde et notamment de la mappemonde la plus largement répandue. Lorsque tu regardes le monde mis à plat, c'est une vision très occiden-tale du monde sur la planète. Les cartes qu'on nous présente sont fausses, la représentation, notamment des continents, n'est pas du tout réelle ; c'est une vision politique du monde fi-nalement…

Oui, ça traduit une certaine croyance, une ten-tative de rationaliser le monde avec une vue centrée sur l’occident. Mais il y a de multiples fa-çons de représenter le monde ou les mondes. Je pense aux cartes aborigènes, qui sont des chants exprimant des durées entre deux repères dans le paysage, une montagne, un arbre, et dont les paroles peuvent donner les indications de direc-tion. Je me rappelle que lorsque j’étais adoles-cent, je me réveillais avec la radio commerciale et, comme toutes ces radios, elle diffusait en une heure, deux, trois ou quatre fois la même chan-son  ; le tube du moment. J’entendais donc la chanson en me levant ainsi que dans la voiture qui me conduisait à l’école. Lorsque je repense à cette chanson, je revois le trajet, du lit à l’école, et me reviens les images, les sensations de mon quotidien de cette époque. Cette répétition con-stituait alors la carte de mon parcours et je savais que si j’entendais la chanson un nombre « anor-mal » de fois, j’étais soit en avance, soit en retard.

Pour terminer et ouvrir sur tes différents travaux d'aujourd'hui ; quand on observe l'ensemble de tes réalisations, elles prennent des formes assez différentes et assez complé-mentaires : les "Marches Sonores", des installa-tions, des compositions sonores, etc. Est-ce que c'est le thème du paysage sonore

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qui relie un petit peu toutes ces réalisations ?

Non, pas du tout et je n’ai jamais vraiment uti-lisé l’expression de « paysage sonore » dans mon travail, je lui ai préféré « le son dans le paysage » qui me semblait plus ouvert. Dire «  le paysage sonore  » reviendrait à dire, lorsqu’on fait de la peinture de paysage, « le paysage visuel ». Alors comme je le disais précédemment le paysage est pour moi un état de conscience d'une relation sensible à l’environnement. Après, il y a com-ment on met en forme, d’un point de vue artis-tique, cet état de conscience sans tomber dans une forme plate, purement littérale qui voudrait se substituer à l'expérience.Ce que je tente à travers les "Marches Sonores" c’est d'augmenter l'expérience du paysage par des formes plus complexes dans lesquelles on peut retrouver, par exemple, un entretien sous hypnose en lien avec un lieu « ordinaire ». Ce tis-sage, entre cette parole, la création sonore qui va l'environner, le corps dans l'espace, produit une sensation qui décale la perception du lieu. Donc, la notion de paysage est complètement explo-sée, elle est prise dans un tout et à partir du mo-ment où tu questionnes l'empathie, il n'y a plus de limites, les choses et les notions s'empilent, deviennent poreuses. Plus j'explore, plus je me rends compte que c'est immense, complexe. J'ai toujours travaillé hors des catégories ; je fais du son, de la sculpture, du dessin, des cartes, du documentaire, de la musique, mon travail est complètement transdisciplinaire et même dans l'approche anthropologique que j'ai, je me refuse à classifier. Pour la création que je mène actuellement sur un grand territoire autour de la Vienne et la Loire "Les Sons des Confins", j'ai défini de grands axes thématiques pour m'aider un peu, mais j'aurais très bien pu ne pas les définir et continuer librement. J’ai ainsi collecté une constellation de témoignages, qui forme les fragments de cette œuvre et qui finalement, pour moi, arrive à constituer un monde basé sur mon expérience des lieux, sur les rencontres, sur

cette errance. Dans cette création, la carte sera un jeu de tarot avec lequel il faut effectuer un tirage pour avoir accès à un lieu, à un son, à une séquence photographique, à un texte en braille, etc. Ces éléments transportent le lecteur ou le marcheur dans un monde qui va lui permettre de faire une expérience du lieu, à se questionner sur ce monde ou alors sur lui-même par rapport à ce monde. C’est le principe du tarot, du Yi-King, et d’autres techniques de divination, pour laisser des choses derrière soi ou retrouver une voie. On se rend alors compte, comme Alejandro Jo-dorowsky l’a fait pour "Le Tarot de Marseille", que malgré leurs autonomies apparentes, les cartes sont prises dans la totalité que forme le jeu. Ici, je rejoins également mes origines "cagiennes", ses apports philosophiques et son rapport au son.

Dans ton projet "Tülü", il y a une part de com-position puisque tu confies à un ensemble instrumental la réalisation d'une pièce, d'une œuvre ; comment t'y es-tu pris dans cette rela-tion à l'instrument, cette relation à l'ensembleinstrumental ? Pourquoi as-tu eu besoin de passer par ce vecteur ?

"Tülü" c'est un projet qui est global et complexe, basé sur la philosophie des tapis nomade turcs dans lesquels il y a un rapport au corps. La chaîne symbolise la lymphe, la trame, le sang, les nœuds, la chair et l’étoffe forme un corps. Lors de mes recherches de terrain, il s’est avéré que ces tapis pouvaient être originellement des capes de bergers sur lesquelles les chamans, dans les rituels animistes, mettaient des poils pour se transformer en animal. Ils sont faits de longues boucles laineuses et ne comportent quasiment pas de motif, ou des motifs très abstraits, des vagues, un damier, des éclairs. J'ai donc fait réaliser sept capes en feutre qui représentent les sept continents. J'invite les gens à venir donner une mèche de cheveux, qu'ils cousent sur la cape de leur continent de naissance, et à réaliser également un dessin sur la thématique de la

naissance. Lorsque les sept capes reviendront d’un voyage sur les sept continents et seront parées de ces cheveux, je décrocherais toutes les mèches pour réaliser un tapis. Ce tapis forme ainsi une cartographie des relations à l’environnement, le cheveu étant l’endroit dans lequel se sédimentent les toxines. Tout d’abord, je ne savais pas très bien pourquoi j’étais attiré par ces tapis, si ce n’est leur style énergique, spontané et instinctif, mais j’ai également eu envie de réaliser une création sonore en lien avec ceux-ci. J’ai donc repris les quatre grands mouvements du tapis pour faire une pièce pour deux contrebasses, une batterie, des instruments indiens (sarangui, vièle dilruba, flûtes), des instruments occidentaux anciens (viole d’amour, vièle de Santiago, chalumeau) et de l’électronique avec traitement en temps réel. Pour la première partie, "La chaîne - la lymphe", nous avons travaillé sur des battements binauraux. Ce sont des phénomènes vibratoires qui sont produits lorsque deux notes sont jouées très proches l'une de l'autre et qui sont également utilisés dans des techniques de relaxation, d’hypnose ou de soin. Nous montons les sons, les uns après les autres, pour monter la chaîne du tapis et arriver à une vibration monochrome semblable à celle que tous ces fils écrus forment sur le métier. C’est une partie en tension et vibration, un rituel nécessaire pour poursuivre le tissage sonore avec les musiciens. La deuxième partie, "La trame - le sang", est une transe hypnotique rappelant les phénomènes d’autohypnose chez les tisseuses. La troisième partie, "Les nœuds - la chair", est une partie un peu plus saccadée où on noue les nœuds du tapis. La quatrième partie finale, "La toison - le corps", c'est une partie très dense faite d’accumulation de matière. Dans cette création repose également la symbolique de l’énergie fondamentale donnée par la navette dans le tissage, comme celle du double serpent cosmique qui apparaît lors des visons de transe sous ayahuasca en Amérique du sud, de la molécule d’ADN, ou du hiéroglyphe « sia » figuré par un tissu qui signifie «  connaissance  ». Nous avons travaillé avec les musiciens de façon orale, à partir d’expérimentation de matériaux sonores sur les instruments, d’improvisations, pour aller chercher les sons les plus archaïques que nous étions à même de produire. J’ai ensuite dessiné une partition graphique qui sert de canevas pour jouer la pièce. Cette partition détermine les matériaux sonores dans une structure dont la temporalité est élastique. Je tiens également à travailler de façon très proche avec les musiciens, être en résidence pour partager des moments de vie. Lors de la période de création, j’ai également fait appel à Aude Haussener pour nous faire des séances d’harmonisation collective par l’écoute empathique. C’est-à-dire travailler l’écoute au sein du groupe pour pouvoir redonner cette attention vers l'extérieur afin de tisser ce tapis pour le public immergé dans l’expérience sonore.

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ACB, SCÈNE NATIONALE BAR-LE-DUC (55)www.acbscene.com

• 21.11 \ 20:30Mayra Andrade (musique du monde).

CCAM, SCÈNE NATIONALE VANDŒUVRE (54)www.centremalraux.com

• 26.11 > 29.11Léa Drouet : Comment dire (composition musicale : Jean-Philippe Gross).

• 28.11 \ 19:00Ensemble Ultim'Asonata : B. Montovani, G. Scelsi, L. Berio.

• 05.12 \ 19:00Ensemble Ultim'Asonata : F. Donatoni, G. Silvestrini, C. Luykenaar.

• 28.01 > 30.01Sébastien Coste : Des plumes dans l'oreille

CÉSARÉ, CENTRE NATIONAL DE CRÉATION MUSICALE (51) www.cesare-cncm.com

• 03.11 > 07.11 (Studio Césaré, Reims)Woudi Tat, Armelle Blary : Mme Rousseaux / Derrière les végétaux (installations).

• 06.12 \ 11:00 (Comédie de Reims)Nicolas Vérin : Ushba et Tetnuld (création).

CIM, BAR-LE-DUC (55)cimbarleduc.over-blog.com

• 12.12 \ 20:30Violons barbares (concert).

FRAGMENT - METZ (57)

• 20.11 \ 12:12 (B.U. du Saulcy)Propan : Ina Kristina Evensen Sagstuen + Natali Abrahamsen Garner (voix, effets).

• 20.11 \ 20:30 (Théâtre du Saulcy)Solos : Louis Michel Marion / Sir Richard Bishop / Bertrand Denzler / Pascal Marzan / Yvan Etienne.

• 03.12 \ 20:00 (La Chaoué)Zoho : Arnaud Paquotte + Aymeric de Tapol + Gregory Duby + Benjamin Chanal.

• 10.12 \ 20:30 (Église Saint Maximin)Charles Curtis solo (violoncelle).Michel Doneda (saxophones) + Lê Quan Ninh (percussion)

SCÈNE2 -SENONES (88)

• 07.11 (Le Dépôt, Senones)Ensemble XXI.n : Chanson d'amour

THÉÂTRE DU SAULCY - METZ (57)www.univ-lorraine.fr/culture/espacebmk

• 19.11 \ 20:00Kristoff K Roll : La bohemia electronica... nunca duerme.

LES ACTUALITÉS DU FORUM

• 12.05 > 25.05 (Musique Action, Vandœuvre)Thème du forum : L'interaction par Mathieu Chamagne (installation sonore, conférence, concert...)

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agenda nov 14 > jan 15

PIERRE REDON, LES PRODUCTIONS SONORES Lichen : Livre interactif (2014, ed MF)Tülü : Cd & Livret (2013, ed Les Sœurs Grées)Marche Sonore #1 & #2 (2012, ed MF)Vestiges ou les fondements d’une cyberécologie : Livre, carte & CD (2009, ed MF)Miage : DVD (2009, ed Les Films du Paradoxe)Marche Sonore au Markstein : CD & carte (2007, ed Les Sœurs Grées)

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