21

Pinocchio

Embed Size (px)

DESCRIPTION

Adaptation du chef d’œuvre universel de CARLO COLLODI par JACOVITTI, paru en 1946 dans la presse italienne – le magazine de bandes dessinées Il Vittorioso - Le Pinocchio de JACOVITTI surprend par la qualité du dessin, des trouvailles et de l’audace pour une adaptation dessinée en 1943 mais publiée seulement trois ans plus tard ! C’est la première fois que ce livre est édité en France, et le choix du grand format nous a paru nécessaire pour mettre en lumière le travail admirable de cet auteur.

Citation preview

Page 1: Pinocchio
Page 2: Pinocchio
Page 3: Pinocchio
Page 4: Pinocchio
Page 5: Pinocchio
Page 6: Pinocchio
Page 7: Pinocchio

À l’époque, quelqu’un a affirmé : “Les artistesqui ont le mieux décrit l’Italie du XXe siècle sonttrois : Fellini, Sordi et Jacovitti”. Cette appré-ciation flattait énormément le grand dessinateurde bandes dessinées Franco Benito Jacovitti,observateur goguenard de l’histoire dela Botte, qu’il croqua admirablementdu fascisme au boom économique, enpassant par la guerre, la reconstructionet les années 60. Ce dessinateur trèsoriginal et productif s’avèrera rapide-ment une force de la nature, déployantses talents dans la bande dessinée, l’il-lustration, la publicité ou les dessinsanimés, et associant aussi son nom àdes cartes animées ou au légendaire“DiarioVitt”, le cahier de texte desjeunes italiens. Né à Termoli le 9 mars1923, le petit Benito, à l’âge de cinq ans,dessine au charbon dans la rue, utili-sant les pavés comme des vignettes.Ce n’est qu’en 1930, lorsqu’il déménageà Macerata, qu’il découvre les journauxillustrés. Il y débutera plus tard àFlorence, avec un panoramique sur laligne Maginot publié dans le numéro du3 mars 1940 du Brivido.Sa première véri-table opportunité de travail – et commetel, rétribué – vient de l’hebdomadairecatholique Il Vittorioso, où le futurinterprète de quatre Pinocchio, encorelycéen, réalise à partir du 5 octobre 1940le feuilleton de propagande va-t-en-guerre “Pippo et les Anglais”. Son héros,le premier personnage important deJacovitti, est Pippo, un gamin dégourdiqui, avec le gros Palla et le fluet Pertica,forme le groupe dit des “3P”, auquelJacovitti va rester fidèle pendant desdécennies. En 1943, après avoir terminéses études secondaires, Jacovitti s’inscrità la faculté d’Architecture et trois ansplus tard, il s’installe à Rome, où naîtrabien plus tard sa fille Silvia et où, entretemps, il rencontre des humoristes connus auxquels il se frotte, comme Marcello Marchesi, VittorioMetz ou Federico Fellini pour ne citer qu’eux.

7

Par Luca Boschi

Page 8: Pinocchio

8

C’est durant cettepériode que Jacovitti seconsacre pour lapremière fois à“Pinocchio”, inspirépeut-être par l’am-biance toscane qui l’environne et qu’il arespirée pendant sesétudes universitaires.C’est d’ailleurs là-bas,lorsqu’il allait au LycéeArtistique de Florence,qu’il comptera parmises camarades le futurarchitecte Nino Jodice,dont il épousera la sœurFloriana en 1949.Pendant ce temps, entravaillant souvent lanuit quand sa journéeest prise par les cours,Jacovitti créée dans leVittorioso et les albumsédités par la A.V.E. unkaléidoscope d’aven-tures comiques quirenouvellent le pano-rama des “séquencesillustrées” italiennes,ancré dans les pagessans phylactères duCorriere dei Piccoli.C’est ainsi que viennentgambader sur sesplanches débordantesde vignettes les inou-bliables Cip l’archipoli-cier et Oreste le rabat-joie, madameCarlomagno la reine dela baston et le gangsternul Jak Mandolino. Venant d’autres lieux etd’autres époques, arrivent aussi “Giacintocorsario dipinto” (Giacinto le corsaire peint)(1947), répondant aux romans de piraterie deSalgari, un très personnel “Don Chisciotte”(1950) riche de trouvailles graphiques surréa-listes, “Romero el torero” (1943), “L’HonorableTarzan” (1948), le petit indien “Œil de poulet”(1957) et la parodie politico-sociale “Mandrago”(1946), inspirée du Mandrake de Lee Falk et PhilDavis. Jacovitti réalise aussi pour le journal catho-lique la totalité des planches d’un mémorable“Pinocchio” : c’est donc la deuxième des quatrefois où le pantin de Collodi inscrit ses épisodesdans l’activité créative de Jac.Le pantin de bois, qui est en réalité une marion-nette – mais puisque, se contentant de cet à-peu-près, Collodi l’appelle ainsi, nous le suivrons nous

aussi, à l’instar depresque tous lesexégètes de Pinocchio –entre dans l’univers deJacovitti en 1943, lorsquecelui-ci a tout juste vingtans et qu’il illustre, pourl’éditeur La Scuola deBrescia, une adaptationdu chef-d’œuvre deCollodi. Jacovitti n’estabsolument pas bloquépar une crainte révéren-cieuse face à la tâche dese mesurer à une œuvreaussi importante. PourLa Scuola, il travaille demanière à rester fidèle autexte à la lettre, même si,comme le remarqueFranco Bellacci, il nerenonce pas à intro-duire quelques touches d’humour,  absent dans le texte original de Collodi. “CarPinocchio, écrit Bellacci,est en réalité un texte plutôt sombre,imprégné d’un caractèresérieux qui ne laisse pasplace au sourire – on yrit parfois, mais ce sontdes rires moqueurs oudes rires lugubres d’ani-maux insidieux ou degens méchants – où l’onvoit rarement le soleil etoù sont privilégiés desintérieurs claustropho-biques (l’atelier deGeppetto, le Théâtre

des Marionnettes, l’auberge, la pièce quasimortuaire de la Fée, la grotte du Pêcheur, le ventrede la Baleine). C’est suivant cette optique desérieux qu’avaient évolué, dans des styles diffé-rents, les précédents Pinocchio ; même plusserein et jovial que les autres, le “Pinocchio” deManca (1941) ne fait pas exception, puisque cetterelecture est tout au plus du domaine d’uneexubérance caricaturale du pantin. « Pour cette“opération sourire”, Jacovitti procède avecprécaution, alternant des moments de tensionillustrative avec des passages plus calmes et paisi-bles – pour employer un terme musical, onpourrait définir cette interprétation d’”allegrettoma non troppo”. Et même s’il s’en abstientrespectueusement devant des personnages sacrésde l’histoire, il ne renonce pas à leur conférerune sorte d’humanité (…). »

LES PERSONNAGES DE JACOVITTI

Ils ont en commun deux qualités caractéristiques : cesont des personnages comiques et absurdes, voireabsurdes par leur comique, ou comiques car en-dehors et souvent opposés à toute réalité. Il suffit depenser à ce pauvre Raimondo, le vagabond, pourlequel tout finit par aller bien, alors qu’au cours dedix, vingt, cent vignettes, nous avons souffert et notrecœur s’est attendri pour lui ; il suffit de penser àmadame Carlomagno, la redoutable vieille harpie pourlaquelle Jacovitti passe un sale quart d’heure lorsqu’ilest accusé de caricaturer Mussolini pendant la périodefasciste ; il suffit de penser à Battista, le fasciste, à Zagarle gredin ; au tristement célèbre Flitt, parodie de Hitleret probablement l’une de ses plus graves accusationscontre le nazisme et ses idéologies…Les personnages de Jac sont tous ainsi : comiques etabsurdes, comme l’arête de poisson qui, dans tous lescoins de vignette, vient colorer un “point mort”,comme le saucisson en tranches qui vient éclater uncadrage, comme certains “culs de lampe” qui devien-nent humoristiques car nés d’une plume comiquetrempée dans l’absurdité de l’horreur.Parmi tant de personnages créés par son imagination,Jacovitti a aussi illustré un personnage cher à tous lesenfants : Pinocchio. Et c’est probablement le chef-d’œuvre de ce grand gamin, qui, dans sa jeunesse, alu ce récit immortel de Collodi et l’a revécu à traversles couleurs magiques de sa palette et la marque subtilede son crayon.

La description rapide du “parc de personnages” de Jacovitti, rédigéeprobablement par Domenico Volpi, telle qu’elle paraît dans l’album“Festival de Jacovitti”. La présentation se termine, comme il se doit,en citant Pinocchio, présent dans la première édition du livre.

Page 9: Pinocchio

15

Page 10: Pinocchio

16

Page 11: Pinocchio

17

Page 12: Pinocchio

18

Page 13: Pinocchio

19

Page 14: Pinocchio

20

Page 15: Pinocchio

21

Page 16: Pinocchio

22

Page 17: Pinocchio

23

Page 18: Pinocchio

24

Page 19: Pinocchio
Page 20: Pinocchio
Page 21: Pinocchio