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Plan de l ’ exposé 1.Aux sources de la jurilinguistique La traduction, un « mal nécessaire » ?

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“Si l‘on se tient au pied de la lettre pour en exprimer l’esprit, les victimes des préjudices seront nécessairement

innombrables.”Liu Yin

Page 3: Plan de l ’ exposé 1.Aux sources de la jurilinguistique La traduction, un « mal nécessaire » ?

Plan de l’exposé

1. Aux sources de la jurilinguistique

2. La traduction, un « mal nécessaire » ?

3. Traduire le langage du droit : enjeux et méthodes

4. L’équivalence et ses mythes : une « tétralogie » ?

5. Corédiger les lois comme méthode de « traduction »

6. Interpréter la loi traduite ou corédigée

7. La traduction ou « l’imparfait du fugitif »

Plan de l’exposé

1. Aux sources de la jurilinguistique

2. La traduction, un « mal nécessaire » ?

3. Traduire le langage du droit : enjeux et méthodes

4. L’équivalence et ses mythes : une « tétralogie » ?

5. Corédiger les lois comme méthode de « traduction »

6. Interpréter la loi traduite ou corédigée

7. La traduction ou « l’imparfait du fugitif »

Page 4: Plan de l ’ exposé 1.Aux sources de la jurilinguistique La traduction, un « mal nécessaire » ?

1.1. Aux sources de la Aux sources de la jurilinguistiquejurilinguistique

Page 5: Plan de l ’ exposé 1.Aux sources de la jurilinguistique La traduction, un « mal nécessaire » ?

Les lois éclairent l’histoire d’un pays (Montesquieu)Les lois éclairent l’histoire d’un pays (Montesquieu)

En trois siècles (de 1763 à nos jours), le Canada est

passé de la traduction servile, lourde et maladroite,

de ses textes de droit, à

« l’équivalence fonctionnelle » (L.-P. Pigeon)

des années 1960-70.

Page 6: Plan de l ’ exposé 1.Aux sources de la jurilinguistique La traduction, un « mal nécessaire » ?

Et, dans le dernier quart de siècle,

à l’étape ultime qu’est

la « corédaction »

des lois de l’État fédéral canadien

qui marque l’avènement de

la « jurilinguistique ».

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Fille du droit et de la linguistique, la jurilinguistique est une tentative de réponse

aux difficultés que pose le traitement des textes juridiques en situation de bilinguisme et,

facteur aggravant s’agissant

“d’un Etat juridiquement, institutionnellement et linguistiquement complexe” (Cadiet),

Page 8: Plan de l ’ exposé 1.Aux sources de la jurilinguistique La traduction, un « mal nécessaire » ?

de bijuridisme bisystémique.

de bijuridisme bisystémique.

Page 9: Plan de l ’ exposé 1.Aux sources de la jurilinguistique La traduction, un « mal nécessaire » ?

Au terme de cette longue épopée,

on est en droit de se poser plusieurs questions:

- La traduction a-t-elle échoué au point de

se voir supplantée par la corédaction ?

- Celle-ci est-elle la panacée que certains

croient y voir ?

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- Laquelle des deux permet-elle le mieux

de réaliser la mythique “équivalence”

- ou plutôt:

LES équivalences ?

- Peut-on dégager une valeur sûre des mots,

une Vérité unique, alors que la sémantique, leur

foisonnement et leur réalité sont multiples?

Page 11: Plan de l ’ exposé 1.Aux sources de la jurilinguistique La traduction, un « mal nécessaire » ?

Finalement, l’interprétation du message

juridique, traduit ou corédigé, en vue d’en

fixer le sens ne serait-elle pas le seul critère

valable du sens objectif à donner

au texte de droit ?

Page 12: Plan de l ’ exposé 1.Aux sources de la jurilinguistique La traduction, un « mal nécessaire » ?

2. La traduction, un “mal nécessaire” 2. La traduction, un “mal nécessaire” ??

““Comment faut-il traduireComment faut-il traduire?”?”

La question reste posée, en dépit des efforts deLa question reste posée, en dépit des efforts de

savants esprits (philosophes, philologues, linguistes,savants esprits (philosophes, philologues, linguistes,

traductologues, …) pour y apporter une réponse.traductologues, …) pour y apporter une réponse.

Page 13: Plan de l ’ exposé 1.Aux sources de la jurilinguistique La traduction, un « mal nécessaire » ?

 Tout traducteur sait bien que la traduction

est

un art d’exécution, et non une science exacte.

On ne traduit pas à coups d’équations, de formules ou de grille qu’il suffirait

d’appliquer pour obtenir automatiquement la

bonne réponse…

Page 14: Plan de l ’ exposé 1.Aux sources de la jurilinguistique La traduction, un « mal nécessaire » ?

 En droit,

les notions et les concepts atteignent parfois un tel degré

d’abstraction que certains juristes – et non des moindres ! – mettent en doute la

possibilité de produire une équivalence lorsqu’on passe d’un système juridique

à un autre.

Page 15: Plan de l ’ exposé 1.Aux sources de la jurilinguistique La traduction, un « mal nécessaire » ?

Le problème que pose le texte juridique au traducteur ne se résume pas au vocabulaire et

aux notions qu’il véhicule.

Le style des textes juridiques varie, parfois considérablement, d’une langue à l’autre.

Mais aussi au sein du droit même: loi, jugement, contrat, traité de droit, etc.

C’est le cas de l’anglais et du français.

Page 16: Plan de l ’ exposé 1.Aux sources de la jurilinguistique La traduction, un « mal nécessaire » ?

L’anglais juxtapose, place souvent les conditions

en tête de phrase, d’article, disposition ou clause.

Alors que le français pose un principe général, qui sous-entend des choses connues.

Pensez à Stendhal:

« A qui sait comprendre, peu de mots suffisent. »

L’anglais juxtapose, place souvent les conditions

en tête de phrase, d’article, disposition ou clause.

Alors que le français pose un principe général, qui sous-entend des choses connues.

Pensez à Stendhal:

« A qui sait comprendre, peu de mots suffisent. »

Page 17: Plan de l ’ exposé 1.Aux sources de la jurilinguistique La traduction, un « mal nécessaire » ?

S’il fallait résumer d’un mot ces deux styles, ces deux « esprits des lois »,

S’il fallait résumer d’un mot ces deux styles, ces deux « esprits des lois »,

Page 18: Plan de l ’ exposé 1.Aux sources de la jurilinguistique La traduction, un « mal nécessaire » ?

3. Traduire le langage du droit: enjeux et méthodes

3. Traduire le langage du droit: enjeux et méthodes

On sait que la traduction juridique, particulièrement entre l’anglais et le français, présente des difficultés singulières: le traducteur doit passer non seulement d’une langue à une autre, d’un système à un autre

(rien de plus banal…),

mais, en plus, il lui faut passerd’une famille juridique à une autre.

On sait que la traduction juridique, particulièrement entre l’anglais et le français, présente des difficultés singulières: le traducteur doit passer non seulement d’une langue à une autre, d’un système à un autre

(rien de plus banal…),

mais, en plus, il lui faut passerd’une famille juridique à une autre.

Page 19: Plan de l ’ exposé 1.Aux sources de la jurilinguistique La traduction, un « mal nécessaire » ?

Common law Common law vs système vs système civiliste: civiliste: deux familles germaines et opposées !deux familles germaines et opposées !

Schémas de pensée etSchémas de pensée et

méthodes opposésméthodes opposés

-InductionInduction

-particulierparticulier

-jurisprudencejurisprudence

-droit non écrit, coutumierdroit non écrit, coutumier

situés aux deux extrémitéssitués aux deux extrémités

du spectre juridiquedu spectre juridique

-- déductiondéduction

-- généralgénéral

-- loiloi

-- droit écrit, codifiédroit écrit, codifié

Page 20: Plan de l ’ exposé 1.Aux sources de la jurilinguistique La traduction, un « mal nécessaire » ?

Aussi, avant de commencer à

traduire et de rechercher des

équivalents, doit-on se demander

comment réaliser

l’équivalence.

Page 21: Plan de l ’ exposé 1.Aux sources de la jurilinguistique La traduction, un « mal nécessaire » ?

Depuis que l’on traduit, on s’interroge sur la façon de produire un texte reflétant au mieux

le message du TD.

Depuis que l’on traduit, on s’interroge sur la façon de produire un texte reflétant au mieux

le message du TD.

Tous les grands traducteurs, puis les

traductologues, y ont réfléchi et apporté des

éléments de réponse

(Horguelin 1981, p. 11)

Tous les grands traducteurs, puis les

traductologues, y ont réfléchi et apporté des

éléments de réponse

(Horguelin 1981, p. 11)

Page 22: Plan de l ’ exposé 1.Aux sources de la jurilinguistique La traduction, un « mal nécessaire » ?

Entre autres:

- la fidélité- la transparence- la modulation- la surtraduction- les variantes stylistiques- la stylistique interne- les lacunes- les niveaux stylistiques - l’adaptation- les limites de la traduction- etc.

Page 23: Plan de l ’ exposé 1.Aux sources de la jurilinguistique La traduction, un « mal nécessaire » ?

Les juristes ne sont pas en reste. Eux aussi y ont réfléchi (Cicéron!) et trouvé des réponses

pour traduire des textes juridiques

Les juristes ne sont pas en reste. Eux aussi y ont réfléchi (Cicéron!) et trouvé des réponses

pour traduire des textes juridiques

et appliquer les

“principes de l’art de traduire”

(Diderot: L’Encyclopédie)

et appliquer les

“principes de l’art de traduire”

(Diderot: L’Encyclopédie)

Page 24: Plan de l ’ exposé 1.Aux sources de la jurilinguistique La traduction, un « mal nécessaire » ?

Le regard averti des juristes sur les difficultés (notionnelles, terminologiques, etc.)

du texte juridique

Le regard averti des juristes sur les difficultés (notionnelles, terminologiques, etc.)

du texte juridique

Page 25: Plan de l ’ exposé 1.Aux sources de la jurilinguistique La traduction, un « mal nécessaire » ?

Or,

juristes et traducteurs (juridiques) ontbeaucoup en commun:

ils “interprètent” des textes

(quoique à des fins et selon desméthodes différentes !).

Page 26: Plan de l ’ exposé 1.Aux sources de la jurilinguistique La traduction, un « mal nécessaire » ?

Alors, l’équivalence, une cause « commune » ?

Le hic: de nombreux juristes et traductologues

doutent de la possibilité de traduire le droit.Il est vain de chercher une équivalence

parfaite entre notions.

Par ex.: le contract de la common law n’est pas

le « contrat » du droit civiliste.

Page 27: Plan de l ’ exposé 1.Aux sources de la jurilinguistique La traduction, un « mal nécessaire » ?

« On voit pourquoi il est tout simplement

impossible de traduire en français avec une

précision parfaite les termes techniques du

vocabulaire de la Common law. »

(Pigeon, 1982)

Page 28: Plan de l ’ exposé 1.Aux sources de la jurilinguistique La traduction, un « mal nécessaire » ?

Mais, nous dit Rodolfo SACCO (2002),

la règle est la même,

ce sont les concepts qui diffèrent.

Mais, nous dit Rodolfo SACCO (2002),

la règle est la même,

ce sont les concepts qui diffèrent.

Page 29: Plan de l ’ exposé 1.Aux sources de la jurilinguistique La traduction, un « mal nécessaire » ?

Les « effets juridiqLes « effets juridiques » de ues » de l’équivalentl’équivalent

Sont-ils les mêmes que ceux du TD ?Sont-ils les mêmes que ceux du TD ?

D’où les enjeux – réels ou supposés –D’où les enjeux – réels ou supposés –

de l’équivalence.de l’équivalence.

Page 30: Plan de l ’ exposé 1.Aux sources de la jurilinguistique La traduction, un « mal nécessaire » ?

Traduire ou rédiger ?

L’idée s’est alors imposée que rédiger, et non plus traduire, la loi en parallèledans chacune des langues officiellesallait permettre de produire un texte

idiomatique et « lisible ».

Page 31: Plan de l ’ exposé 1.Aux sources de la jurilinguistique La traduction, un « mal nécessaire » ?

4. L’équivalence et ses mythes:

une « tétralogie » ?

4. L’équivalence et ses mythes:

une « tétralogie » ?

Page 32: Plan de l ’ exposé 1.Aux sources de la jurilinguistique La traduction, un « mal nécessaire » ?

Dans cette quête de l’équivalence, c’est celle de « l’esprit des lois » plus que de leur lettre que l’on

cherche à rendre.

Au Canada,« la traduction par équivalence est

le procédé dominant ».(Pigeon 1982)

Dans cette quête de l’équivalence, c’est celle de « l’esprit des lois » plus que de leur lettre que l’on

cherche à rendre.

Au Canada,« la traduction par équivalence est

le procédé dominant ».(Pigeon 1982)

Page 33: Plan de l ’ exposé 1.Aux sources de la jurilinguistique La traduction, un « mal nécessaire » ?

Équivalence ?Équivalence ?

Selon le Robert historique, ce n’est qu’au XIXe siècle (1864) que ce mot prend le sens

qu’on lui connaît en linguistique et en traductologie.

« Procédé » (Vinay et Darbelnet) de traduction ,

il est assimilé à une méthode.

Page 34: Plan de l ’ exposé 1.Aux sources de la jurilinguistique La traduction, un « mal nécessaire » ?

Selon les écoles de pensée et les théoriciens, ce terme est généralement assorti d’un qualificatif:

Selon les écoles de pensée et les théoriciens, ce terme est généralement assorti d’un qualificatif:

Équivalence- connotative- dynamique- fonctionnelle- formelle- naturelle- référentielle- sémantique- textuelle- etc.

Page 35: Plan de l ’ exposé 1.Aux sources de la jurilinguistique La traduction, un « mal nécessaire » ?

En droit, le principe de l’équivalence paraît relativementsimple: on assume que, quel que soit le système juridique,

En droit, le principe de l’équivalence paraît relativementsimple: on assume que, quel que soit le système juridique,

des problèmes identiques se présentent partout

qui appellent des solutions identiques.

Ces problèmes sont toutefois résolus par des moyens différents,

dontune procédure judiciaire singulière.

des problèmes identiques se présentent partout

qui appellent des solutions identiques.

Ces problèmes sont toutefois résolus par des moyens différents,

dontune procédure judiciaire singulière.

Page 36: Plan de l ’ exposé 1.Aux sources de la jurilinguistique La traduction, un « mal nécessaire » ?

Et comme on ne trouve pas toujours uneinstitution ou une technique équivalente,

Et comme on ne trouve pas toujours uneinstitution ou une technique équivalente,

l’équivalence « fonctionnelle » passe, en droit comparé, pour la

solution privilégiée en présence de systèmes comparables, tels que la common law et le système romano-

germanique.

l’équivalence « fonctionnelle » passe, en droit comparé, pour la

solution privilégiée en présence de systèmes comparables, tels que la common law et le système romano-

germanique.

Page 37: Plan de l ’ exposé 1.Aux sources de la jurilinguistique La traduction, un « mal nécessaire » ?

Le texte, toujours recommencé, est néanmoins unique.

Le message qu’il porte repose sur le principe, le concept ou la notion

juridique que véhicule le langage du droit, dont le fondement est constitué des termes du vocabulaire juridique.

Page 38: Plan de l ’ exposé 1.Aux sources de la jurilinguistique La traduction, un « mal nécessaire » ?

Réalisation du sens en langue de spécialité

Page 39: Plan de l ’ exposé 1.Aux sources de la jurilinguistique La traduction, un « mal nécessaire » ?

Selon le regard que l’on portera sur ce vocabulaire

(par ex., celui d’un historien, d’un comparatiste, d’un philologue, d’un philosophe, d’un juriste, d’un

traductologue, d’un sociologue, etc.),sa typologie variera.

Selon les buts visés (par ex., élaborer un dictionnaire, un lexique, rédiger une loi)

le classement de ce vocabulaire sera effectué en catégories différentes.

Page 40: Plan de l ’ exposé 1.Aux sources de la jurilinguistique La traduction, un « mal nécessaire » ?

Aux fins de la Aux fins de la traductiontraduction, ces , ces termes peuvent être classéstermes peuvent être classés

en en troistrois catégories principales catégories principales

(Kerby 1979):(Kerby 1979):

-ceux qui ont un ceux qui ont un équivalent sémantiqueéquivalent sémantique

-ceux qui n’ont ceux qui n’ont pas d’équivalent exactpas d’équivalent exact

-ceux qui sont ceux qui sont carrément intraduisiblescarrément intraduisibles

Page 41: Plan de l ’ exposé 1.Aux sources de la jurilinguistique La traduction, un « mal nécessaire » ?

Je reprends cette classification tripartite classique en la précisant et

la développant.

Je lui ajoute une introduction (ou « ouverture »), « acte » préalable qui, suivi des trois autres, en fait une

« tétralogie de l’équivalence ».

Page 42: Plan de l ’ exposé 1.Aux sources de la jurilinguistique La traduction, un « mal nécessaire » ?

4.1

La mise en scène de l’équivalence

4.1

La mise en scène de l’équivalence

Page 43: Plan de l ’ exposé 1.Aux sources de la jurilinguistique La traduction, un « mal nécessaire » ?

Avant de se lancer dans l’opération traduisante, il importe que le traducteur effectue un parcours

qui s’apparente à la visite des tableaux d’une exposition.

Chaque terme, comme chaque tableau, est un

concentré d’histoire, celle d’une notion, d’une

institution ou d’un concept juridiques, que le

traducteur doit retracer et parcourir,

en diachronie,

Page 44: Plan de l ’ exposé 1.Aux sources de la jurilinguistique La traduction, un « mal nécessaire » ?

afin d’en saisir le sens dans toutes ses nuances et d’en comprendre la portée

avant de les reproduire, en synchronie, dans son texte d’arrivée.

Muni de cette information, on passera plus aisément à l’étape suivante de la

comparaison de ces données avec celles du terme

potentiellement équivalent dans l’autre langue et dans l’autre système.

Page 45: Plan de l ’ exposé 1.Aux sources de la jurilinguistique La traduction, un « mal nécessaire » ?

La principale difficulté réside dans la notion que porte le terme.

Pour expliquer ce que je veux dire par là, je prends l’exemple du terme

anglais property

Comparons-le avec son prétendu équivalent « bien » (ou « propriété »), clairement défini en droit civiliste.

Page 46: Plan de l ’ exposé 1.Aux sources de la jurilinguistique La traduction, un « mal nécessaire » ?

En common law, contrairement au droit civiliste, la notion de « bien » (ou de « propriété ») n’a pas de définition

précise.

Nous avons, d’un côté (la common law, droit « non-écrit »), un droit féodal marqué par ses origines coutumières; de l’autre, un « droit savant » (écrit).

La comparaison s’en ressent.

Page 47: Plan de l ’ exposé 1.Aux sources de la jurilinguistique La traduction, un « mal nécessaire » ?

Mais que dire de la comparaison des notions de trust et de « fiducie »

(son équivalent au Canada) ?

L’idée que la propriété puisse être multiple et divisible est, pour un juriste français, inconcevable au regard du caractère unique et

indivisible de la propriété.

Page 48: Plan de l ’ exposé 1.Aux sources de la jurilinguistique La traduction, un « mal nécessaire » ?

Ces quelques exemples montrent l’importance de l’analyse comparative minimale

à laquelle devrait procéder toute

personne désirant traduire un

texte juridique, quels que soient

les systèmes de droit et

les langues en cause.

Page 49: Plan de l ’ exposé 1.Aux sources de la jurilinguistique La traduction, un « mal nécessaire » ?

Ces termes peuvent être classés en trois groupes principaux -- au moins

Ces termes peuvent être classés en trois groupes principaux -- au moins

1. Termes dont l’équivalence est évidente, établie ou reconnue;

2. termes pour lesquels l’équivalence n’est que (plus ou moins) partielle;

3. termes dont la traduction est ‘impossible’, pour diverses raisons (nom propre; pas de correspondance de la notion/institution

dans l’autre système; etc.).

1. Termes dont l’équivalence est évidente, établie ou reconnue;

2. termes pour lesquels l’équivalence n’est que (plus ou moins) partielle;

3. termes dont la traduction est ‘impossible’, pour diverses raisons (nom propre; pas de correspondance de la notion/institution

dans l’autre système; etc.).

Page 50: Plan de l ’ exposé 1.Aux sources de la jurilinguistique La traduction, un « mal nécessaire » ?

Les deux premiers groupes entrent dans la définition de ce qu’il est convenu d’appeler

« l’équivalence fonctionnelle ».

Les deux premiers groupes entrent dans la définition de ce qu’il est convenu d’appeler

« l’équivalence fonctionnelle ».

Le troisième correspond dans la plupart des cas à ce

que l’on qualifie d’ « emprunt » ou de« calque »,

ce qui équivaut à un renoncement de la

part du traducteur, incapable de trouver un terme

équivalent dans sa langue.

La langue prime alors le langage et nous rappelle

la malédiction de Babel !

Le troisième correspond dans la plupart des cas à ce

que l’on qualifie d’ « emprunt » ou de« calque »,

ce qui équivaut à un renoncement de la

part du traducteur, incapable de trouver un terme

équivalent dans sa langue.

La langue prime alors le langage et nous rappelle

la malédiction de Babel !

Page 51: Plan de l ’ exposé 1.Aux sources de la jurilinguistique La traduction, un « mal nécessaire » ?

L’équivalence : une concordance par défaut ? L’équivalence : une concordance par défaut ?

Lorsque le langage singulier du droit est transposé dans une autre langue,

la difficulté linguistique

vient s’ajouter à

la complexité juridique.

Lorsque le langage singulier du droit est transposé dans une autre langue,

la difficulté linguistique

vient s’ajouter à

la complexité juridique.

Page 52: Plan de l ’ exposé 1.Aux sources de la jurilinguistique La traduction, un « mal nécessaire » ?

Les linguistes (Jakobson, Mounin, V & D, Hagège…) martèlent ce principe incontournable:

la notion et l’image mentale associées à un signe linguistique sont propres à une langue et au

terme qui les véhiculent;

elles passent mal d’un système de signes à l’autre.

Page 53: Plan de l ’ exposé 1.Aux sources de la jurilinguistique La traduction, un « mal nécessaire » ?

En traduction spécialisée, contrairement à la traduction En traduction spécialisée, contrairement à la traduction littéraire (où c’est le style -- l’agencement des mots par littéraire (où c’est le style -- l’agencement des mots par

l’auteur-- qui fait l’œuvre),l’auteur-- qui fait l’œuvre),

ce sont les termes, auxquels il faut ce sont les termes, auxquels il faut trouver un équivalent, parce qu’ilstrouver un équivalent, parce qu’ils portent la portent la notionnotion et le et le messagemessage

techniquestechniques..

Je m’explique.Je m’explique.

Page 54: Plan de l ’ exposé 1.Aux sources de la jurilinguistique La traduction, un « mal nécessaire » ?

Un exemple, que j’ai souvent utilisé, suffira à illustrer le principe de l’équivalence,

Un exemple, que j’ai souvent utilisé, suffira à illustrer le principe de l’équivalence,

celui de rule of law et de ce que l’on tient pour son « équivalent »

français: État de droit(aussi: primauté du droit)

Page 55: Plan de l ’ exposé 1.Aux sources de la jurilinguistique La traduction, un « mal nécessaire » ?

Une analyse socio-politique minimale fait ressortir les grandes différences existant entre les deux langues et

leurs systèmes:

Une analyse socio-politique minimale fait ressortir les grandes différences existant entre les deux langues et

leurs systèmes:

la partie vs le tout,le particulier vs le général

Page 56: Plan de l ’ exposé 1.Aux sources de la jurilinguistique La traduction, un « mal nécessaire » ?

On pourrait en déduire que la traduction terme

à terme se révèle, ici, impossible sans recourir

à une longue paraphrase expliquant le

fondement de chacun des termes et ainsi le

faire comprendre à l’autre

communauté linguistique.

On pourrait en déduire que la traduction terme

à terme se révèle, ici, impossible sans recourir

à une longue paraphrase expliquant le

fondement de chacun des termes et ainsi le

faire comprendre à l’autre

communauté linguistique.

Page 57: Plan de l ’ exposé 1.Aux sources de la jurilinguistique La traduction, un « mal nécessaire » ?

Or, il se trouve que chaque grande démocratie évoluée(R.-U., Canada, France, RFA, Pays-Bas, É.-U., etc.)

présente (plus ou moins) les mêmes caractéristiques quand il s’agit de

désigner un concept (p. ex.: la démocratie), une institution (p. ex.: le

contrat) ou un principe (p. ex.: la présomption d’innocence),

soit des situation communes que chacun partage avec les autres.

Ce qui est le cas de

la « primauté du droit ».

Page 58: Plan de l ’ exposé 1.Aux sources de la jurilinguistique La traduction, un « mal nécessaire » ?

Il suffit alors de prendre le terme qui, dans

chaque État, désigne ce concept commun:

Il suffit alors de prendre le terme qui, dans

chaque État, désigne ce concept commun:

la primauté du droit

- Rechtsstaat (allemand)

- estado de derecho (espagnol)

- statto di diritto (italien)

- État de droit (français)

- etc.

Page 59: Plan de l ’ exposé 1.Aux sources de la jurilinguistique La traduction, un « mal nécessaire » ?

L’équivalence « fonctionnelle », dans un tel cas, n’est rien d’autre qu’une

concordance – toute relative – des fondements d’une notion, d’une

institution ou d’un principe que tous partagent.

Les modalités d’application, elles,

diffèrent dans chaque cas, chacun des États en cause

possédant ses propres règles et procédure.

Page 60: Plan de l ’ exposé 1.Aux sources de la jurilinguistique La traduction, un « mal nécessaire » ?

À lui seul, le terme « constitution » résume les difficultés du genre:

celle du R.-U., qui est de tradition « non-écrite »,

a peu à voir avec celles de la France, de

l’Allemagne, de l’Espagne ou des États-Unis, qui sont « écrites ».

Dans un tel cas, l’équivalent (allemand, français, espagnol, etc.) ne peut être que

« fonctionnel ».

Page 61: Plan de l ’ exposé 1.Aux sources de la jurilinguistique La traduction, un « mal nécessaire » ?

L’équivalence partielle : le plus et le moins-disant

Sans doute le cas le plus fréquent: Sans doute le cas le plus fréquent: les notions ne concordent pas les notions ne concordent pas

exactement.exactement.Par ex.: Par ex.: contract contract et contratet contrat

trusttrust et « fiducie » et « fiducie »burglary et « vol avec

effraction » 

Page 62: Plan de l ’ exposé 1.Aux sources de la jurilinguistique La traduction, un « mal nécessaire » ?

On pourrait reprendre ici l’idéeOn pourrait reprendre ici l’idée

du plus grand et du plus petit commun

dénominateur, notionnel ou sémantique,

que j’ai présentée ailleurs.

Et pousser la réflexion jusqu’à envisager des

niveaux de concordance

Page 63: Plan de l ’ exposé 1.Aux sources de la jurilinguistique La traduction, un « mal nécessaire » ?

et des degrés (+ ou -) d’équivalence, et des degrés (+ ou -) d’équivalence,

dans une grille, ou selon un procédé visant à mesurer l’écart notionnel séparant les termes en deux catégories, soit

entre ceux qui « disent le moins » et

ceux qui « disent le plus »,

par rapport à la notion et au terme d’arrivée.

Page 64: Plan de l ’ exposé 1.Aux sources de la jurilinguistique La traduction, un « mal nécessaire » ?

Troisième éventualité: traduire ou ne pas traduire

le terme ?

Voilà la question…

Page 65: Plan de l ’ exposé 1.Aux sources de la jurilinguistique La traduction, un « mal nécessaire » ?

Dans toutes les langues, il existe des mots ou termes, en nombre variable selon les familles de langues, désignant une réalité propre à un

groupe linguistique, une culture,

et qui n’ont pas d’équivalent(s) dans les autres langues. On connaît le cas de

l’inuktitut et de ses nombreux vocables pour qualifier la neige sous tous ses

aspects ; de même que celui de l’espagnol des « gauchos » argentins pour qualifier la

couleur de la robe de leurs chevaux.

Page 66: Plan de l ’ exposé 1.Aux sources de la jurilinguistique La traduction, un « mal nécessaire » ?

Dans ces cas-là, par exemple ceux de termes ou noms propres invariants tels que « Common law », « Equity », il n’existe pas d’équivalent,

naturel ou autre, dans les autres langues.

La traduction est ici véritablement impossible et conduirait, sinon, à des solutions absurdes.

Par ex., « droit commun » comme traduction de Common law et « équité » pour rendre

l’anglais Equity, seraient des faux sens graves qui dénatureraient le sens

du concept originel.

Page 67: Plan de l ’ exposé 1.Aux sources de la jurilinguistique La traduction, un « mal nécessaire » ?

C’est le « crépuscule » du terme,

la conclusion de la saga de

la « tétralogie de l’équivalence »

Page 68: Plan de l ’ exposé 1.Aux sources de la jurilinguistique La traduction, un « mal nécessaire » ?

Cette « tétralogie » n’épuise cependant pas le

sujet de l’équivalence, car elle ne porte que

sur des mots, termes et expressions,

même s’ils constituent le fondement du

langage du droit.

Page 69: Plan de l ’ exposé 1.Aux sources de la jurilinguistique La traduction, un « mal nécessaire » ?

Pour ma part, l’équivalence passe aussi par

le discours, l’agencement des mots, soit le style de rédaction propre à chaque tradition juridique et, en son sein, à chaque genre de

texte porteur de règles de droit.

Je pose que ce style est porteur de sens en ce qu’il

correspond à une culture juridique propre.

Page 70: Plan de l ’ exposé 1.Aux sources de la jurilinguistique La traduction, un « mal nécessaire » ?

Chaque État bilingue ou multilingue, chaque

organisation internationale a forgé sa

propre méthode de production de ses

textes juridiques dans d’autres langues,

notamment de ses textes législatifs.

Certains, la majorité, les traduisent;

d’autres, minoritaires encore, préfèrent les

(co)rédiger.

Page 71: Plan de l ’ exposé 1.Aux sources de la jurilinguistique La traduction, un « mal nécessaire » ?

On peut s’interroger sur les mérites de la On peut s’interroger sur les mérites de la traductiontraduction par par rapport à la rapport à la corédaction corédaction comme modes d’expression comme modes d’expression

des lois bilingues.des lois bilingues.

Page 72: Plan de l ’ exposé 1.Aux sources de la jurilinguistique La traduction, un « mal nécessaire » ?

Alors, existe-t-il une méthode de traduction garantissant l’équivalence totale à

recommander?

Alors, existe-t-il une méthode de traduction garantissant l’équivalence totale à

recommander?

Page 73: Plan de l ’ exposé 1.Aux sources de la jurilinguistique La traduction, un « mal nécessaire » ?

La meilleure théorie de la traduction n’a jamais aidé un traducteur à produire un

meilleur texte,

La meilleure théorie de la traduction n’a jamais aidé un traducteur à produire un

meilleur texte,

car on ne traduit pas à coups de théories.

Les principes théoriques avancés par les traductologues ne viennent qu’en appoint,

parallèlement à une pratique

qui a fait ses preuves.

Page 74: Plan de l ’ exposé 1.Aux sources de la jurilinguistique La traduction, un « mal nécessaire » ?

Il reste que la recherche d’un langage univoque, dénué d’ambiguïtés, est une préoccupation commune à tous les champs de l’activité humaine.

Il reste que la recherche d’un langage univoque, dénué d’ambiguïtés, est une préoccupation commune à tous les champs de l’activité humaine.

Les juristes n’y échappent pas, pour lesquels le

principe « in claris cessat interpretatio » peut laisser

croire au mythe de la transparence et de l’univocité

du langage.

Les juristes n’y échappent pas, pour lesquels le

principe « in claris cessat interpretatio » peut laisser

croire au mythe de la transparence et de l’univocité

du langage.

Page 75: Plan de l ’ exposé 1.Aux sources de la jurilinguistique La traduction, un « mal nécessaire » ?

7. La traduction: l’imparfait du fugitif ?7. La traduction: l’imparfait du fugitif ?

L’essence d’un système juridique est peut-être irréductible à toute

transposition, donc à la traduction. Or, celle-ci existe, elle prospère et se

répand urbi et orbi. Dans le « village global » qu’est devenu le monde, la communication passe de plus

en plus par elle, moyen incontournable de faire dialoguer l’humanité.

L’essence d’un système juridique est peut-être irréductible à toute

transposition, donc à la traduction. Or, celle-ci existe, elle prospère et se

répand urbi et orbi. Dans le « village global » qu’est devenu le monde, la communication passe de plus

en plus par elle, moyen incontournable de faire dialoguer l’humanité.

Page 76: Plan de l ’ exposé 1.Aux sources de la jurilinguistique La traduction, un « mal nécessaire » ?

Pour que les traducteurs arrivent à produire la

« traduzione giuridica ‘alta‘ » qu’entrevoit R. Sacco,

Pour que les traducteurs arrivent à produire la

« traduzione giuridica ‘alta‘ » qu’entrevoit R. Sacco,

Page 77: Plan de l ’ exposé 1.Aux sources de la jurilinguistique La traduction, un « mal nécessaire » ?

Je vous remercie

de votre attention

et… de votre patience!

Je vous remercie

de votre attention

et… de votre patience!