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© Pharma-News page 1 Numéro 58, octobre 2008 Pharma-News Le journal de l'équipe officinale Sommaire Editorial : Le vol ne paie pas ! Nouveautés : ASPIRINE° granulés Faire du neuf avec du vieux Génériques de l’AGOPTON° Comment fonctionnent les pompes à protons Génériques du CASODEX° La différence entre 50 et 150 mg… Pour en savoir plus : Le SIDA : 2 ème partie Les traitements Le magnésium A quoi ça sert ? Comment l’utiliser Le cancer de la prostate Mieux comprendre les traitements En bref : Pilules contraceptives et génériques – LYSOPAÏNE° DOL Tests : Lauréates et nouveau défi ! L’image du mois : Octobre 2008 Numéro 58 L'ASPIRINE° granulés: fond sur toutes les langues!

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© Pharma-News page 1 Numéro 58, octobre 2008

P h a r m a - N e w s

Le journal de l'équipe officinale

Sommaire Editorial : Le vol ne paie pas !

Nouveautés : ASPIRINE° granulés Faire du neuf avec du vieux Génériques de l’AGOPTON° Comment fonctionnent les pompes à protons Génériques du CASODEX° La différence entre 50 et 150 mg…

Pour en savoir plus : Le SIDA : 2ème partie Les traitements

Le magnésium A quoi ça sert ? Comment l’utiliser Le cancer de la prostate Mieux comprendre les traitements

En bref : Pilules contraceptives et génériques – LYSOPAÏNE° DOL

Tests : Lauréates et nouveau défi ! L’image du mois :

Octobre 2008

Numéro 58

L'ASPIRINE° granulés: fond sur toutes les langues!

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© Pharma-News page 2 Numéro 58, octobre 2008

Editorial Le prix de la fraude La différence entre le Pharma-News et un journal standard réside notamment dans le fait que le but de son éditeur n’est pas de faire de l’argent avec. C’est d’ailleurs pour cela que vous ne voyez pas de publicité dans ses pages, ce qui garantit également sa totale indépendance vis-à-vis des firmes pharmaceutiques, donc un avis critique neutre. Vous qui lisez régulièrement notre revue, savez-vous combien coûte un abonnement annuel ? Savez-vous que ce prix ne tient pas compte du nombre d’assistantes qui le lisent dans votre pharmacie ? Pour Frs 190.- (à 250.- selon les critères), votre employeur paie une formation continue à toute votre équipe, 10 fois dans l’année ! Comparez ça à un simple cours d’une trentaine de francs, payé 10 fois pour chaque assistant(e) de votre officine et vous vous rendrez compte que ce prix est plus que raisonnable. Malgré cela, certaines pharmacies fraudent et se partagent des abonnements. Certaines chaînes n’hésitent pas à annuler leurs licences PN et à ne garder que quelques pharmacies abonnées pour le distribuer au reste de la chaîne. Nous regrettons que ces pharmaciens sans scrupules n’aient pas compris l’idée de base du PN qui était de rendre service à la Pharmacie à un moindre coût. Depuis cinq ans, nous n’avons pas eu besoin d’adapter nos tarifs. Dès l’année prochaine, nous prendrons des mesures contre la fraude en espérant pouvoir rétablir une situation honnête sans avoir besoin de réadapter nos prix. Le PN a un coût et en diminuant le nombre d’abonnés, les fraudeurs mettent en péril son fonctionnement. Pierre Bossert Caroline Menétrey Caroline Mir Christophe Rossier

Marie-Thérèse Guanter Germanier Martine Ruggli Marie-Laure Savoia Bossert

Nouveautés ASPIRINE° granulés (acide acétylsalicylique)

ASPIRINE° arrive sur le marché sous une nouvelle forme galénique : ASPIRINE° granulés dont un sachet contient 500 mg d’acide acétylsalicylique à prendre sans eau (goût cola) 1. L’indication de l’aspirine à ce dosage de 500 mg est bien connue et reste bien sûr la même pour cette forme galénique : traitement des douleurs légères à modérément fortes et aiguës (céphalées, douleurs dentaires, douleurs articulaires et tendineuses, dorsalgies), traitement symptomatique de la fièvre et/ou des douleurs lors de refroidissements 1. Quelle place pour l’aspirine en général comme antidouleur et quelle place pour cette nouvelle forme galénique ?

1 Compendium suisse des médicaments, 2008

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L’ASPIRINE° est un ancien médicament mais il reste très efficace. Sa place en thérapie est indiscutable dans le domaine cardiovasculaire à un dosage faible (en général 100 mg/jour). Par contre, la gamme des anti-douleurs s’est fortement élargie avec les années et nous avons maintenant à disposition des médicaments au moins aussi efficaces, mais avec moins d’effets secondaires et de contre-indications. Dans ce domaine, on peut donc considérer que l'ASPIRINE° (et ASPEGIC, ALCACYL°, etc) est devenue un peu obsolète, malgré son indéniable succès commercial. Elle ne devrait en tout cas jamais être proposée en premier choix, selon nous.

Ce médicament est contre-indiqué chez les enfants de moins de 12 ans. Pour les adolescents, il ne devrait être donné que sur prescription médicale, en deuxième intention après le paracétamol, en raison du risque de survenue du syndrome de Reye (encéphalopathie potentiellement mortelle dont les principaux symptômes sont de forts vomissements ainsi que des troubles de la conscience et de la fonction hépatique). Ceci est encore plus vrai s’ils souffrent d’une infection virale concomitante (varicelle, grippe, …) 2 .

L’aspirine est aussi contre-indiquée chez les patients sous anticoagulants oraux (SINTROM°, MARCOURMAR°) (interaction grave). Elle peut provoquer des lésions au niveau gastro-intestinal et péjorer un ulcère, par exemple 3. Ces lésions surviennent plus fréquemment chez des personnes à risque, telles que les personnes âgées ou les patients sous AINS ou corticostéroïdes oraux, mais le risque augmente aussi avec la dose d’acide acétylsalicylique 3. De plus, chez certaines personnes, l’aspirine provoque une allergie qui peut se manifester par des démangeaisons, mais aussi, dans les cas les plus graves, par une enflure de la face, de l’asthme et même un choc anaphylactique 4.

Quant à la forme galénique de granulés à prendre sans eau, elle peut être un avantage lorsqu’on est en déplacement, sans différence par rapport aux comprimés à mâcher déjà dans le commerce. Il faut savoir que cette forme galénique modifie peu le début de l’efficacité : 20-25 minutes pour les granulés et les comprimés à mâcher contre 30 minutes pour les comprimés à avaler 1.

Le dosage recommandé pour les adultes est de 1-2 sachets en doses unitaires qui peuvent être pris toutes les 4 à 8 heures sans dépasser un maximum de 6 sachets par jour . Verser le contenu d'un sachet de granulés directement dans la bouche, laisser fondre les granulés sur la langue et avaler. Si besoin, prendre un peu de liquide par la suite. Il est préférable de ne pas prendre les granulés à jeun 1. ASPIRINE° granulés – A retenir pour le conseil :

� acide acétylsalicylique à 500 mg � anti-douleur, anti-inflammatoire, antipyrétique � prise d’un à deux sachets trois fois par jour, en laissant fondre les granulés dans la

bouche � pas recommandé chez les jeunes; 2e ou 3e choix chez les adultes � nombreux effets secondaires et contre-indications

2 Rev Prescrire 2007; 27 (290; suppl. Interactions): 85 3 Pharmacist’s letter 2008 ; # 240808 4 Base de la thérapeutique médicamenteuse 2005: éd. Documed 152-166

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GENERIQUES DE L‘AGOPTON° (lansoprazole)

Après les génériques de l’ANTRA° disponibles depuis quelques années sur le marché, voici ceux d’un deuxième inhibiteur de la pompe à protons (IPP) dont le brevet tombe : AGOPTON°. Ils portent tous le nom de la substance active LANSOPRAZOLE°, suivi du nom de marque de la firme (MEPHA, SANDOZ, ACTAVIS, HELVEPHARM), et sont tous commercialisés aux dosages de 15 et 30 mg.

Les indications sont les mêmes que celles de l’original : • ulcère gastro-duodénal et sa prévention • oesophagite de reflux ainsi que sa prophylaxie • syndrome de Zollinger-Ellison (maladie du système gastro-intestinal provoquée par

une tumeur bénigne ou maligne et caractérisée par des douleurs abdominales et des diarrhées. Les IPP sont le traitement symptomatique 5)

• traitement symptomatique de courte durée des troubles épigastriques • éradication d'Helicobacter pylori en association avec deux antibiotiques dans les cas

d'ulcère gastro-duodénal et de gastrite • traitement de l’oesophagite de reflux chez l’enfant > 12 mois 6.

Une différence entre les génériques : seul le LANSOPRAZOLE° MEPHA n’a pas l’indication officielle de l’éradication d’Helicobacter ni celle de l’oesophagite de reflux chez l’enfant (cette firme n’a sûrement pas fait la demande de cette indication auprès de Swissmedic).

Tous les inhibiteurs de la pompe à protons sont équivalents du point de vue efficacité et sécurité, mais l’oméprazole reste la molécule la mieux évaluée 7. Il est aussi important de comparer l’efficacité des molécules à dose équivalente : une dose de 15 mg de lansoprazole correspond à 10 mg d’oméprazole et une dose de 30 mg de lansoprazole correspond à 20 mg d’oméprazole 8,9. La posologie habituelle est de un comprimé par jour, de préférence le matin. En cas de troubles sérieux, cette dose peut être augmentée à un comprimé matin et soir, jusqu'à atteindre des doses de 90 mg par dose (donc 180 mg par jour !) 6. Les IPP inhibent de manière irréversible les pompes à protons ACTIVES (stimulées par le repas). Les nouvelles pompes étant activées pendant la nuit, il est conseillé de prendre l’IPP avant le repas du matin (de préférence 30 minutes avant le repas). Pour les

symptômes nocturnes, il est préférable de prendre l’IPP avant le repas du soir (et non au coucher comme on le voit fréquemment). Dans les cas où les symptômes sont présents jour et nuit, répartir la dose en deux fois 8.

5 Pschyrembel, klinisches Wörterbuch, 261. Auflage, 2007 6 Compendium suisse des médicaments, 2008 7 Rev Prescrire; Idées-Forces 06/2007: «Reflux gastro-oesophagien… » 8 Afssaps 2007: “Recommandations… anti-secrétoires gastriques chez l’adulte” 9 New Zealand Guidelines Group 2004; « guidelines dyspepsia »

Les pompes à proton 5

Dans la muqueuse de l’estomac se trouvent des enzymes appelés pompes à protons ou enzymes H+/K+/ATPases. Lors de la digestion, la muqueuse de l’estomac se déplie et les pompes sont actives : elles permettent d’amener des ions H+ (protons) dans l’estomac ce qui va permettre de baisser le pH ambiant et de favoriser la production des sucs gastriques. Les IPP bloquent ces pompes d’une manière irréversible. Comme les pompes se régénèrent principalement durant la nuit, un IPP doit être pris de préférence le matin car il permet de bloquer un maximum de pompes actives. Mais si les symptômes sont nocturnes, il faut donner l’IPP le soir pour qu’il bloque les pompes actives qui ont été formées durant la journée.

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Les effets secondaires sont similaires pour tous les IPP et peu fréquents : maux de tête, diarrhées, rash cutané. Des effets secondaires plus préoccupants à long terme sont aussi décrits : augmentation des cas de pneumonies chez les patients à risque (personnes âgées, asthmatiques, immunodéprimés) 10 et augmentation des fractures de la hanche. Cet effet semble devenir plus important lors de traitement de longue durée 11. Attention donc à ne pas banaliser l’usage de tous les IPP à long terme. GENERIQUES DE L‘AGOPTON° - A retenir pour le conseil :

� le dosage de 15 mg de lansoprazole correspond à 10 mg d’oméprazole � posologie habituelle : 1 comprimé le matin. Peut être augmentée selon les besoins � idéalement, prise 30 minutes avant le repas � peu d’effets secondaires à court terme, mais quelques effets préoccupants à long

terme, comme pour tous les inhibiteurs de la pompe à protons GENERIQUES DU CASODEX° (bicalutamide)

BICALUTAMIDE-MEPHA° et BICALUTAMIDE SANDOZ° sont les premiers génériques du CASODEX°, un antiandrogène non stéroïdien indiqué dans le traitement du cancer de la prostate. Dans la même famille on trouve le flutamide (FLUCINOME°).

Le bicalutamide se fixe aux récepteurs androgéniques de la tumeur et bloque les effets des androgènes. Il entraîne ainsi une régression du cancer de la prostate qui est stimulé par ces hormones 12.

Les traitements les plus fréquents du cancer de la prostate localement avancé sont 13,14: - la radiothérapie - la radiothérapie + hormonothérapie (plus efficace que la radiothérapie seule) - l’hormonothérapie avec un antiandrogène non stéroïdien comme

BICALUTAMIDE° 150 mg - l’attente avec surveillance lorsqu’il n’y a pas de symptômes

Le bicalutamide augmente légèrement la survie sans aggravation de la maladie, mais pas la durée de survie elle-même 13. Lors de cancer de la prostate localement avancé, il est utilisé en monothérapie à 150 mg lorsque les traitements standards (principalement la radiothérapie avec ou sans hormonothérapie) ne conviennent pas 12. La posologie est de un comprimé à 150 mg une fois par jour, indépendamment des repas.

Lors de cancer de la prostate métastasé, le traitement de choix repose sur la castration, soit chirurgicale avec ablation des testicules, soit médicamenteuse avec des analogues de la LH-RH comme le ZOLADEX°. Ces deux traitements ont la même efficacité 14,15,16.

10 Pharmacist’s Letter 2007;23(230202) 11 Revue Médicale Suisse 2007; 3: 1934-8 12 Compendium Suisse des Médicaments 2008, Documed SA 13 La Revue Prescrire, Octobre 2006 ;26(276) : p.651-654 14 Martindale, The Complete Drug Reference, 34th edition 15 La Revue Prescrire, Janvier 1999 ;19(191) : p.18-19 16 La Revue Prescrire, Idées-Forces « traitement des cancers de la prostate avec envahissement local ou métastasés », Janvier 2008 : p.1-5

Voir la rubrique « Pour en savoir plus » sur le cancer de la prostate dans ce même numéro.

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Les antiandrogènes peuvent être utilisés en association à la castration mais ils n’augmentent le taux de survie à cinq ans que de 3% 16. Le bicalutamide 50 mg est aussi efficace que le flutamide dans cette indication 15. La posologie est de un comprimé à 50 mg une fois par jour indépendamment des repas. Le traitement doit débuter en même temps que les analogues de la LH-RH (lors de castration chimique) 12.

Les effets secondaires du bicalutamide sont dose-dépendants et principalement liés à l'activité anti-androgène du médicament, qui permet ainsi aux oestrogènes de prédominer. Les principaux sont les bouffées de chaleur (dans 50% des cas lors d’association aux analogues de la LH-RH), une gynécomastie, une sensibilité des seins au toucher dans plus de 40% des cas avec le bicalutamide à 150 mg 12 (jusqu’à 60-70% selon Prescrire 13) et des douleurs, principalement du dos et du bassin 12.

Le bicalutamide est métabolisé par le foie; il faut donc être prudent lors d’insuffisance hépatique et arrêter le traitement lors de symptômes indiquant un trouble du foie (prurit, urines foncées, ictère, perte d’appétit) 12. Au début du traitement avec le bicalutamide, les patients sous anticoagulant SINTROM° devront contrôler plus souvent leur temps de coagulation 12. CASODEX° étant un médicament cher, l’arrivée sur le marché de ses génériques permet quelques économies puisque à ce jour le BICALUTAMIDE-SANDOZ° est 10% meilleur marché que l’original et le BICALUTAMIDE-MEPHA° jusqu’à 20% moins cher. BICALUTAMIDE-MEPHA° et BICALUTAMIDE-SANDOZ° - A retenir pour le conseil :

� génériques de l’antiandrogène non stéroïdien CASODEX° � bicalutamide 50 mg utilisé en association à la castration lors de cancer de la prostate

métastasé � bicalutamide 150 mg utilisé en monothérapie lors de cancer de la prostate

localement avancé � un comprimé une fois par jour, à poursuivre tant qu’il y a une réponse au traitement � effets secondaires dose-dépendants : bouffées de chaleur, gynécomastie, sensibilité

des seins au toucher, douleurs générales � traitement cher : les génériques offrent une économie de 10 à 20% par rapport à

l’original

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Pour en savoir plus… LE SIDA EN 2008 (2e partie : les traitements)

Dans la première décennie après la découverte de cette maladie (1981-1991), on ne connaissait pas de traitements pour combattre le SIDA et les maladies opportunistes qui l’accompagnent. Depuis, la recherche a considérablement avancé 17: des traitements sont maintenant disponibles et permettent de lutter contre la multiplication du virus, de soutenir le système immunitaire et de soigner les infections opportunistes et les cancers liés au sida. La recherche s'est également lancée dans des études très poussées sur l'élaboration de vaccins pour prévenir le SIDA. Des progrès restent à faire dans ce domaine car à ce jour, aucun traitement ou projet de vaccin n'a atteint le but final d'éradiquer le VIH et de permettre une guérison complète de l'infection. De plus, les effets secondaires de ces traitements restent difficiles à gérer 17.

Le VIH est un virus de la famille des rétrovirus : on utilise donc le mot "antirétroviral" pour désigner les médicaments qui l'empêchent de se multiplier dans l'organisme. Ces médicaments agissent sur le virus à différentes étapes de son occupation des cellules immunitaires. Les deux enzymes ciblées par ces médicaments sont la transcriptase inverse et la protéase. L'efficacité de tous ces médicaments est limitée lorsqu'ils sont utilisés seuls, notamment parce que le VIH peut facilement développer des résistances à chaque

traitement 17. C'est pourquoi les médecins doivent associer plusieurs médicaments en une thérapie pour contrôler efficacement le virus. La plupart du temps, on combine trois médicaments et c'est ce qu’on appelle alors une "trithérapie". Celles-ci réduisent souvent le taux sanguin de virus à un niveau presque indétectable, ce qui permet aux malades de jouir d’une meilleure santé et de prolonger leur vie . Mais le VIH reste présent, même chez les patients sous traitement, dans les ganglions lymphatiques, les testicules et le sperme, le cerveau, la rétine de l'œil, etc 17. La maladie en sommeil peut donc se réactiver à tout moment.

Les inhibiteurs de la transcriptase inverse interrompent la première étape où le matériel génétique du VIH réalise des copies de lui-même en fusionnant avec l'ADN des cellules immunitaires. On trouve dans cette classe de médicaments le RETROVIR°, le VIDEX°, le 3TC°, le ZERIT°, le ZIAGEN°, l’EMTRIVA° ou des combinaisons de plusieurs de ces molécules : COMBIVIR°, TRIZIVIR°, KIVEXA°. Ces médicaments ont été les premiers utilisés contre le VIH. Ils ont une efficacité limitée lorsqu’ils sont utilisés seuls. Ils ralentissent néanmoins la multiplication du VIH dans le corps et retardent l'évolution vers la phase dite SIDA. Il existe aussi un sous-groupe d'inhibiteurs de la transcriptase inverse (inhibiteurs non-nucléotidiques) parmi lesquels VIRAMUNE° et STOCRIN° 18.

17 La Revue Prescrire, Avril 2004, 249, pp.280-289 18 www.aids.ch

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© Pharma-News page 8 Numéro 58, octobre 2008

Des traitements réellement efficaces ont été possibles quand une deuxième classe de médicaments, les inhibiteurs de protéase, est devenue disponible vers 1996. La protéase est une enzyme du VIH qui lui permet de construire, dans une deuxième phase de son occupation des cellules, des copies de lui-même dans la cellule infectée. Parmi les antiprotéases, on trouve CRIXIVAN°, NORVIR°, INVIRASE°, VIRACEPT°, TELZIR° KALETRA, REYATAZ°, APTIVUS° et PREZISTA° 18.

D’autres traitements médicamenteux existent, avec des cibles différentes. Ils sont cependant beaucoup moins prescrits que les deux classes ci-dessous et ne seront pas traités dans le détail ici.

Tous les traitements antirétroviraux ont des effets secondaires indésirables qui peuvent parfois être dangereux. Certains inhibiteurs de la transcriptase inverse peuvent causer des déficiences en globules rouges ou blancs dans le sang. D'autres peuvent endommager le pancréas ou les terminaisons nerveuses de façon très douloureuse ou encore causer des troubles du sommeil ou du psychisme. C'est pourquoi les personnes séropositives qui suivent un traitement antirétroviral doivent régulièrement voir leur médecin et effectuer des contrôles très précis de l'évolution de leur traitement. Les inhibiteurs de la protéase peuvent causer de sérieux problèmes de nausées, de diarrhée et d'autres complications digestives. Ils sont aussi à l'origine de troubles du métabolisme des graisses dans l'organisme, ce qui a pour résultat des redistributions disgracieuses des graisses du corps 17. Enfin, les antiprotéases ont des interactions possibles avec d'autres médicaments qui peuvent causer des surdoses très dangereuses (risque d’hépatotoxicité avec la rifampicine, de myopathie avec ZOCOR°)19.

Les effets secondaires et leur intensité restent le principal motif d’interruption de traitement. De plus, les trithérapies sont des traitements incluant un grand nombre de comprimés à prendre, avec un nombre élevé de prises par jour et à des heures très régulières : ceci est lourd pour les patients et les expose au risque d’oublier un des comprimés 17. Le rôle du médecin et du pharmacien est de rappeler au patient l’importance d’une parfaite compliance.

La panoplie des traitements pour lutter contre les maladies opportunistes s’est, elle aussi, largement étoffée ces dix dernières années 17.

Au cours d’une infection à VIH non traitée, les affections les plus nombreuses et fréquentes sont dues à l’immunodéficience. Il s’agit, pour certaines, d’infections nouvelles qui prennent des proportions différentes et plus graves que chez les personnes au système immunitaire intact. Néanmoins, la majorité de ces maladies constituent des infections latentes contractées pendant l’enfance et qui resurgissent à des stades déterminés de l’infection à VIH 18.

Ainsi, en Suisse, une complication possible du sida est la toxoplasmose. La primo-infection survient fréquemment pendant l’enfance ou l’adolescence et n’a d’ordinaire aucune conséquence. Les toxoplasmes s’installent dans le cerveau et sont tenus en échec par le système immunitaire des personnes en bonne santé. Par contre, dans le cas d’une 19 Compendium Suisse des Médicaments 2008

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© Pharma-News page 9 Numéro 58, octobre 2008

infection à VIH, la maladie, latente pendant de nombreuses années, peut se réactiver et provoquer des abcès dans le cerveau. Des troubles du fonctionnement cérébral, tels que des céphalées, des paralysies, une logopathie (troubles de la parole ou du langage), des troubles psychiques, des crises d’épilepsie et de la fièvre constituent les signes d’une infection aiguë. Les signes se développent vite, en l’espace de quelques jours ou semaines 17. Si la toxoplasmose est prouvée, on peut obtenir une nette amélioration avec un traitement par DARAPRIM° en combinaison avec la sulfadiazine ou avec DALACIN C° (toujours accompagné d’acide folinique (LEUCOVORINE°)) 17. Pour prévenir les récidives, le traitement à faible dose au sens d’une prophylaxie secondaire se poursuit à vie.

La Pneumonie à Pneumocystis carinii (PcP) 18 constitue sans doute la pneumonie la plus répandue chez les personnes souffrant du sida. Cependant, depuis le début des années 80, le traitement s’est considérablement amélioré. Les premiers symptômes à se développer sont une toux sèche, une dyspnée d’effort ainsi que de la fièvre. Le traitement de la PcP est basé sur la prise de hautes doses d’antibiotiques, notamment BACTRIM°. La thérapie dure en règle générale trois semaines. Les fortes doses ingérées peuvent provoquer des nausées ou des vomissements ainsi que des érythèmes. Cependant, à un traitement réussi succèdent bien souvent des récidives: en l’espace d’un an, la moitié des patients ont souffert une nouvelle fois d’une PcP.

Lorsqu’un patient a un taux de CD4 tellement bas que l’on peut craindre qu’il développe une PcP, il peut arriver que le médecin spécialiste lui prescrive un traitement préventif à base d'antibiotiques : l’ordonnance indiquera alors de prendre un comprimé de BACTRIM° FORTE trois fois par semaine. Cette prévention est généralement interrompue quand le taux de CD4 a repris des valeurs plus élevées. Pour les spécialistes, la tuberculose 18 représente dans le monde entier l’un des problèmes majeurs liés au sida. Alors que les personnes au système de défense immunitaire suffisant développent exceptionnellement la maladie, le risque augmente fortement en

présence d’une infection à VIH. Chez les personnes séropositives, la maladie suit parfois un cours inhabituel et frappe, en plus des poumons, d’autres organes, par exemple les ganglions lymphatiques. Si la tuberculose est diagnostiquée et traitée suffisamment tôt, les chances de guérison sont grandes. Le traitement appliqué associe toujours plusieurs antibiotiques et dure environ neuf mois. Une prophylaxie primaire sera recommandée aux personnes séropositives et séronégatives lorsqu’elles présentent les symptômes d’une infection qui n’a pas encore entraîné une maladie. Ces personnes recevront durant six à neuf mois du RIMIFON° ou, dans des cas précis, de la pyrazinamide et de la rifampicine pendant deux mois. Attention : Les personnes qui soignent un tuberculeux doivent observer la plus grande prudence pendant la première semaine de traitement, car cette maladie est transmissible par les gouttelettes expectorées. Il faut donc porter un masque protecteur.

La candidose buccale et oesophagienne 18 se caractérise par des dépôts blanchâtres décollables dans la bouche et le pharynx. Elle complique souvent l’absorption de boissons ou de nourriture. Si l’oesophage est aussi touché, la déglutition peut devenir douloureuse.

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Dans les cas les moins graves, la candidose peut se traiter localement, avec des antifongiques comme MYCOSTATINE°, DAKTARIN°. Ces médicaments ne sont pas absorbés dans le sang et n’entraînent presque pas d’effets secondaires. Si le traitement local n’aboutit pas, d’autres médicaments comme le DIFLUCAN° ou SPORANOX° sont administrés. Ces derniers ne sont généralement accompagnés que d’effets secondaires rares et légers. LE SIDA (les traitements) - A retenir pour le conseil :

� trithérapie : association de trois anti-rétroviraux pour combiner leur action, rendre le traitement plus efficace et éviter les résistances

� panoplie des traitements contre les maladies opportunistes faite de traitements spécifiques (principalement des antibiotiques prescrits sur des durées inhabituellement longues)

� le nombre d’effets secondaires et leur intensité reste le principal motif d’interruption de traitement

� le rôle du médecin et du pharmacien est de rappeler au patient l’importance d’une parfaite compliance

LE MAGNÉSIUM (Mg)

Le magnésium est le quatrième cation le plus abondant de l’organisme après le calcium, le potassium et le sodium. Un adulte de 70 kg en contient approximativement 25 mg (1000 mmol) 20. Environ 65% du magnésium total de l’organisme est fixé dans les os, 34% se trouve à l’intérieur des cellules et 1% est en solution dans le liquide extracellulaire . La concentration plasmatique de magnésium est fonction de l’apport alimentaire et de l’efficacité de la réabsorption rénale et intestinale. Le magnésium est éliminé par les reins 21.

C’est un minéral essentiel au bon fonctionnement de l’organisme. Il participe à plus de 300 réactions enzymatiques et joue également un rôle important dans la synthèse de l’ADN 21. Il est lié de manière intime, mais encore peu comprise, au métabolisme du calcium et du potassium 20. Physiologiquement, le magnésium contribue à la transmission nerveuse et à la relaxation musculaire après contraction, ce qui est vital pour la fonction cardiaque. Il est essentiel au maintien d’un rythme cardiaque régulier, au métabolisme des lipides, ainsi qu’à la régulation du taux de sucre sanguin et de la tension artérielle 24.

20 Le manuel Merck, d’Après, 4ème éd. Française, 2006 21 Vademecum clinique, V. Fattorusso/O. Ritter, Masson, 17ème éd., 2004

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Il est très difficile de déterminer la réserve totale de magnésium dans l’organisme, car son taux sanguin ne reflète pas l’état des réserves accumulées dans les tissus. En effet, une hypomagnésiémie ne signifie pas forcément une déficience en magnésium et un taux plasmatique de magnésium normal n’exclut pas un déficit (la concentration en Mg peut être inférieure à la normale à l’intérieur des cellules) 23. 2223

Pour aller plus loin …

Des données nutritionnelles européennes et nord-américaines indiquent qu’une partie de la population des pays industrialisés a des apports en magnésium inférieurs aux apports nutritionnels conseillés 29 :

Apports conseillés en magnésium (en milligrammes) 22

Sources alimentaires de magnésium 23

Enfants de 1 à 3 ans 80 100 g graines de tournesol 300 mg

Enfants de 4 à 6 ans 130 100 g amandes 240 mg

Enfants de 6 à 9 ans 200 100 g cacahuètes 150 mg

Enfants de 10 à 12 ans 280 100 g noix 140 mg

Adolescents de 13 à 19 ans 410 100 g son de blé 400 mg

Adolescentes de 13 à 19 ans 370 100 g pain complet 100 mg

Hommes adultes 420 ½ tasse tofu 95 mg

Femmes adultes 360 ½ tasse haricots 70 mg

Femmes enceintes (3e trim.) 400 ½ tasse lentilles cuites 45 mg

Femmes allaitantes 390 ½ tasse épinards cuits 80 mg

Personne de plus de 75 ans 400 1 avocat 70 mg

1 banane 35 mg

100 g crevettes cuites 45 mg

100 g saumon 30 mg

Eau minérale Badoit 85 mg/l

Eau minérale Contrex 82 mg/l

Eau minérale Valser 54 mg/l

Eau minérale Henniez 20 mg/l

Eau minérale San Pellegrino 8 mg/l

100 g chocolat noir 110 mg

Le manque de magnésium est généralement dû au changement des habitudes alimentaires; la tendance actuelle écarte les aliments riches en énergie, souvent riches en magnésium 29.

En plus d’un apport alimentaire insuffisant, d’autres causes peuvent entraîner une carence en magnésium 24 :

- certains médicaments pris à long terme : LASIX°, ESIDREX°, HYGROTON°, SANDIMMUN°, etc,

22 www.doctissimo.fr (Apports nutritionnels conseillés pour la population Française, Agence Française de Sécurité Sanitaire des Aliments, 3e édition, Ed. Tec & Doc.) 23 La revue médicale suisse, no 74, 26.7.2006

La maladie de Crohn 21

Il s'agit d'une maladie inflammatoire chronique, d'origine inconnue, touchant essentiellement la partie terminale de l'iléon (intestin grêle) et assez souvent le côlon. La maladie évolue par poussées d'intensité variable et régresse souvent spontanément. Elle est caractérisée par la présence d'ulcérations, qui peuvent traverser toute la paroi. En principe, le début de la maladie est long et insidieux. Il se résume surtout en diarrhées épisodiques et vagues douleurs abdominales. Le traitement est similaire à celui de la rectocolite hémorragique. la maladie cœliaque consiste en une malabsorption associée a une inflammation de l'intestin grêle provoquée par une intolérance au gluten chez des sujets génétiquement prédisposés.

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- une absorption intestinale insuffisante (diarrhée, abus de laxatifs, maladie de Crohn, maladie coeliaque , chirurgie intestinale, etc),

- l’alcoolisme, - un allaitement prolongé, etc.

Les premiers symptômes d’un déficit en magnésium sont une perte d’appétit, des nausées, des vomissements, de la fatigue et de la faiblesse 24. Cliniquement, la carence en magnésium se manifeste surtout au niveau cardiovasculaire : hypertension artérielle, coronaropathie et troubles du rythme cardiaque 29. A l’heure actuelle, le magnésium est utilisé dans de nombreuses indications thérapeutiques plus ou moins reconnues. Si son efficacité ne fait aucun doute pour prévenir certains troubles cardiovasculaires et dans la prévention et le traitement de l’éclampsie, elle reste à démontrer en ce qui concerne le soulagement des symptômes de migraine, l’amélioration des performances sportives (cf. PN n° 38, octobre 2006), la prévention de l’ostéoporose, le traitement des troubles du déficit d’attention avec hyperactivité (TDHA) et un effet bénéfique sur la dysménorrhée 24,25,26. Partant des données ci-dessus, il apparaît que l’administration de magnésium ne se justifie qu’en présence d’une carence avérée (bien que difficile à déterminer) ou pour couvrir des besoins accrus (grossesse, sport intensif). Ainsi, l'administration de magnésium en cas de

crampes musculaires, par exemple, n’aurait de sens qu’en cas de carence, alors qu'il est largement utilisé dans cette indication 27. Le magnésium est également parfois utilisé comme laxatif (SIESTA 1°) et peut apparaître comme ingrédient de certains médicaments antiacides (RENNIE°, ALUCOL°, MAGNESIA SAN PELLEGRINO°). Lorsqu’une supplémentation en magnésium est indiquée, celui-ci pouvant

avoir un effet laxatif, il est conseillé de recourir à une posologie progressive et de fragmenter la prise en plusieurs doses. Il est également conseillé de prendre le magnésium avec un repas afin de réduire les risques de diarrhée 24,28. Notons que le calcium, sauf pour des apports importants supérieurs à deux grammes, ne diminue pas l’absorption du magnésium 29. La prise de suppléments de magnésium peut réduire l’absorption de certains médicaments tels que : tétracyclines (VIBRAMYCINE°, etc.), nitrofurantoïne (UVAMIN°, FURADANTINE RETARD°) ou biphosphonates (FOSAMAX°, ACTONEL°, etc.). Il est conseillé de prendre ces médicaments à deux heures d’intervalle. De même, la prise concomitante d’amiloride (MODURETIC°) peut provoquer un taux trop élevé de

24 www.passeportsante.net 25 www.cbip.be, folia, mars 2006, traitement médicamenteux de la dysménorrhée 26 www.cbip.be, folia, février 2003, le sulfate de Mg dans la prévention de l’éclampsie 27 www.cbip.be, juillet 2008, répertoire des médicaments 28 Pharmadigest, 2004, no 3843 29 forum Med Suisse, no 27, 2 juillet 2003

Pré-éclampsie et éclampsie 21

La pré-éclampsie est définie par une pression artérielle supérieure à 140/90 mmHg après vingt semaines de grossesse, associée à une protéinurie élevée. L’éclampsie est la forme avancée de la pré-éclampsie non maîtrisée. Il y a alors apparition de crises convulsives lors d’une poussée hypertensive. Les convulsions peuvent apparaître après la vingtième semaine de gestation, au cours du travail ou dans la première semaine du post-partum. Non traitée, l’éclampsie peut être fatale tant pour la mère que pour le fœtus. Le sulfate de magnésium en i.v. est un premier choix dans le traitement. Dans le monde, la pré-éclampsie et l’éclampsie causent la mort d’environ 10'000 femmes chaque année.

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magnésium dans l’organisme 24. Les conséquences d'une hypermagnésie sont: faiblesse musculaire, nausées, vomissements, hypotension, etc 21. Une supplémentation en magnésium est contre-indiquée en cas de maladie rénale grave. Par contre, aux dosages recommandés, ses effets indésirables se limitent généralement à de la diarrhée ou à une irritation intestinale. Le magnésium est commercialisé sous forme de différents sels dont la teneur en magnésium ionisé varie considérablement. Le magnésium que renferment ces sels est plus ou moins assimilable par l’organisme. Plus le magnésium d’un sel est assimilable, plus il sera utilisé par l’organisme et moins il sera laxatif 24. Les produits présentés ci-dessous sont généralement bien absorbés, ce qui n’est pas le cas de l’oxyde de magnésium par exemple (MAGNESIA SAN PELLEGRINO°), qui est justement utilisé, entre autres, comme laxatif 30. Tableau comparatif de quelques spécialités du marché (permet de déterminer les équivalences) : sel de Mg mg Mg ionisé / unité mmol Mg / unité Prix / unité* MAG 2 sachet L-pidolate 122 5 0.58 MAG 2 FORTE L-pidolate 184 7.5 0.68 MAG 2 amp. L-pidolate 122 5 0.59 MAGNEGON Lactate,

citrate 120 5 0.26

MAGNESIOCARD 5 gran

Aspartate 121.5 5 0.77

MAGNESIOCARD 10 gran

Aspartate 243 10 1.00

MAGNESIOCARD 2.5 cpr

Aspartate 60.8 2.5 0.54

MAGNESIUM BIOMED gran

Aspartate 121 5 0.79

MAGNESIUM COMPLEXE

Chlorure, glutamate, glycéro-phosphate, orotate, aspartate

30.55 1.25 0.33

MAGNESIUM DIASPORAL gran

Citrate 301 12 0.95

MAGNESIUM Sandoz Aspartate, citrate

243 10 0.98

MAGNESIUM VITAL gran

Aspartate 292 12 1.46

MAGNESIUM VITAL compr. effervescents

Aspartate 182 7.5 0.94

MG 5 GRANORAL Aspartate 292 12 0.88 * prix calculé sur le plus petit emballage

30 Pharmadigest, 2006, 4228

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LE MAGNÉSIUM – A retenir pour le conseil :

� le magnésium est un minéral essentiel au bon fonctionnement de l’organisme � la magnésémie ne représente que très imparfaitement les stocks de magnésium de

l’organisme � une carence en magnésium se manifeste cliniquement surtout au niveau cardio-

vasculaire � une supplémentation en magnésium ne se justifie qu’en cas de carence avérée

LE CANCER DE LA PROSTATE

• Généralités : Le cancer de la prostate se développe le plus souvent chez l’homme âgé de plus de 65 ans, le risque grandissant avec l’âge 31,32. Son incidence augmente, notamment grâce aux diagnostics plus précoces 32. C’est la seconde cause de mortalité par cancer chez les hommes 32,33. Au moment du diagnostic, 50 à 70% des malades ont un cancer avancé ou avec des métastases. Le pronostic est mauvais avec un taux de survie médian de trois ans 31,32.

• Les trois classifications du cancer de la prostate :

Selon le stade et la localisation de la tumeur, le cancer de la prostate est classé en trois catégories qui impliquent chacune une prise en charge différente de la maladie 32,34: 1) Cancer localisé : Il ne touche que la capsule prostatique. Les choix de traitement sont

l’ablation de la prostate ou la radiothérapie lorsque l’espérance de vie est de plus de 10 ans, ou alors l’attente avec surveillance lorsque la chance de survie est inférieure à 10 ans 33,35. Le cancer de la prostate localisé n’est pas une indication à un traitement médicamenteux.

2) Cancer localement avancé : La tumeur s’étend au-delà de la capsule prostatique, mais sans métastases. Les traitements possibles sont la radiothérapie avec hormonothérapie (avec des agonistes de la LH-RH),

31 La Revue Prescrire, Janvier 1999 ; 19(191) : p.18-19 32 La Revue Prescrire, Idées-Forces « traitement des cancers de la prostate avec envahissement local ou métastasés », Mars 2008 : p.1-5 33 Martindale, The Complete Drug Reference, 34th edition 34 La Revue Prescrire, Octobre 2006 ; 26(276) : p.651-654 35 La Revue Prescrire, Décembre 2007 ; 27(290) : p.27-29

La LH (= hormone lutéinisante) est une hormone de l’hypophyse qui stimule les glandes génitales. Chez l’homme, elle se fixe sur le testicule, qui sécrète alors de la testostérone. La présence de LH dans le sang est sous le contrôle de la LH-RH, hormone sécrétée par l’hypothalamus 36.

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plus efficace que la radiothérapie seule, l’hormonothérapie seule (avec l’antiandrogène bicalutamide à 150 mg) ou l’attente avec surveillance (si patient asymptomatique) 33,35. Encadré : 36

3) Cancer métastasé : Le cancer de la prostate s’étend au-delà de la capsule prostatique, avec des métastases ganglionnaires, viscérales ou osseuses 37. Le traitement est palliatif avec en premier choix la castration, soit chirurgicale (ablation des testicules), soit médicamenteuse avec des agonistes de la LH-RH, avec une même efficacité pour les deux 32,33,35,37,38. Les antiandrogènes non-stéroïdiens sont une alternative possible quoique moins efficace 32,33,35,37,38.

• Traitements médicamenteux : 1) Agonistes de la LH-RH :

ZOLADEX°, LUCRIN° DEPOT, DECAPEPTYL°. Ils bloquent la production d’androgènes en supprimant la sécrétion testiculaire de testostérone 35. Lors de cancer de la prostate localement avancé, les agonistes de la LH-RH ajoutés à une radiothérapie augmentent le taux de survie à cinq ans, sans aggravation de la maladie 35. Lors de cancer de la prostate métastasé, c’est le traitement de premier choix, en alternative à une castration chirurgicale. Au début, 80% des malades répondent au traitement, puis le cancer reprend son développement après 18 mois environ. Un malade sur quatre survit jusqu’à cinq ans 32,33,35,37. A signaler qu’en début de traitement, il peut y avoir une activation initiale de la tumeur avec une augmentation des douleurs 32. Effets secondaires principaux : troubles digestifs, bouffées de chaleur, troubles sexuels, gynécomastie (= augmentation du volume des seins), œdèmes des jambes 32,35.

2) Antiandrogènes non stéroïdiens : CASODEX° et génériques (bicalutamide), FLUCINOME° (flutamide). Ils se fixent aux récepteurs androgéniques et bloquent les effets des androgènes 39. Il n’y a que le bicalutamide à 150 mg qui soit indiqué en monothérapie lors de cancer de la prostate localement avancé. Bien qu’il diminue l’aggravation de la maladie, il n’augmente pas la durée de survie 34. Lors de cancer de la prostate métastasé, ils sont utilisés en association avec la castration (chirurgicale ou médicamenteuse) de façon à avoir un blocage androgénique maximum 32. Cette association n’augmente le taux de survie à cinq ans que de 3% par rapport à la castration seule 32,33, avec des effets secondaires fréquents : troubles digestifs, gynécomastie, bouffées de chaleur, troubles sexuels, douleurs mammaires et dorsales, hépatites 32,39.

36 Larousse médical, 1995 : p.606 37 La Revue Prescrire, Janvier 2001 ; 21 (213) : p.16-17 38 www.guideline.gov 39 Compendium Suisse des Médicaments 2008, Documed SA

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3) Antiandrogène stéroïdien : ANDROCUR° (acétate de cyprotérone). Il est utilisé en traitement palliatif du cancer de la prostate après échec des autres traitements hormonaux 32.

4) Cytostatiques : Lors de cancer de la prostate métastasé et résistant aux hormones, une chimiothérapie est parfois utilisée bien qu’elle n’ait pas démontré de bénéfice clinique 33,35. Parmi ces cytostatiques on trouve l’ESTRACYT° et le TAXOTERE°.

5) Antalgiques : Les métastases osseuses sont très fréquentes au cours de l’évolution du cancer de la prostate et elles sont douloureuses 37. Le traitement de la douleur se fait selon les trois paliers de l’OMS : 1. antalgiques non morphiniques par voie orale (paracétamol, AINS). 2. codéine par voie orale (associée au paracétamol dans CO-DAFALGAN°) ou tramadol (TRAMAL°), associé au paracétamol dans ZALDIAR°. 3. morphine par voie orale (MST-CONTINUS°) et dérivés (OXYCONTIN°). La radiothérapie permet un soulagement des douleurs dans 80% des cas 37.

•••• Prophylaxie : Un traitement avec du finastéride (PROSCAR°) diminue de 25% le risque de cancer de la prostate mais avec un risque augmenté d’autres tumeurs ! Le sélénium et la vitamine E pourraient également diminuer ce risque, mais des études supplémentaires sont nécessaires pour évaluer réellement leur efficacité 33. On ne peut donc pas recommander ces traitements à la pharmacie pour l'instant.

LE CANCER DE LA PROSTATE - A retenir pour le conseil :

� seconde cause de mortalité par cancer chez les hommes de plus de 65 ans � cancer localisé à la prostate : ablation de la prostate, radiothérapie � cancer localement avancé : la tumeur s’étend au-delà de la prostate mais sans

métastases : radiothérapie + agonistes de la LH-RH (ZOLADEX°) � cancer métastasé : traitement palliatif par castration chirurgicale ou médicamenteuse

(agonistes de la LH-RH); les antiandrogènes non stéroïdiens (CASODEX°) sont une alternative

� contre les douleurs, utilisation des antalgiques selon les trois paliers de l’OMS

En bref Pilules contraceptives et leurs génériques

Pour vous aider suite à la sortie de nombreuses copies de pilules contraceptives, nous vous proposons le tableau ci-dessous, qui montre quelles pilules ont des copies. Comme nous l'avons déjà écrit, et parce qu'il est parfois difficile de s'y retrouver parmi tous ces noms qui se ressemblent, nous vous conseillons d'utiliser les possibilités d'avertissement de vos systèmes informatiques pour éviter toute erreur lors de substitutions.

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© Pharma-News page 17 Numéro 58, octobre 2008

"originaux" copies

MERCILON° DESOREN° 20 MARVELON° DESOREN° 30 HARMONET° FEMADIOL° MEPHA 20 MELODEN° 21 GYSELLE° 20 MELIANE° 21 GYNERA° FEMADIOL° MEPHA 30 MINULET° GYSELLE° 30 MYVLAR° DIANE° 35 CYPESTRA° MINERVA° CYPROTERONEACETATE SANDOZ° ELLEACNELLE° FEMINAC°35

Pilules "originales" et leurs copies (état au 30 sept. 2008)

LYSOPAÏNE° DOL

La maison Boehringer a décidé de remplacer son MUCOANGIN° (voir notre article dans le PN n°, 18, octobre 2004, pp.4-5) par le LYSOPAÏNE° DOL, qui a la même composition (ambroxol 20 mg). Pour mémoire, ce principe actif est surtout connu pour son effet mucolytique, p.ex. dans MUCOSOLVON°. Mais il est aussi utilisé comme anesthésiant de surface lors de maux de gorge, bien que son efficacité dans cette indication ne soit pas bien connue.

Le fabricant propose d'utiliser ce nouveau produit pour les "grands maux de gorge" (?) et de garder le LYSOPAÏNE classique "pour les petits". Cela est tout à fait abusif, selon nous, puisque l'ambroxol n'a semble-t-il jamais été comparé aux anesthésiants classiques dans une étude clinique. Rien ne permet donc d'affirmer qu'il serait plus efficace sur la douleur que le LYSOPAÏNE classique ! Ce que l'on sait par contre, c'est qu'il présente un risque d'interactions avec des antitussifs et des antibiotiques, ce qui est un comble puisqu'il s'agit là de médicaments fort susceptibles d'être utilisés par les patients souffrant de maux de gorge…

Par ailleurs, nous nous sommes plusieurs fois élevés dans notre revue contre la multiplication des gammes "parapluies" (le même nom de base pour des spécialités de compositions différentes). Ce genre de procédé est peut-être efficace sur le plan marketing, mais il peut provoquer des malentendus susceptibles de mettre en danger le patient, ce qui n'est pas acceptable.

Note de l'éditeur

Les avis exprimés dans le Pharma-News reflètent l'opinion de leurs auteurs en fonction des données disponibles au moment de la rédaction et n'engagent en aucune manière le CAP.

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© Pharma-News page 18 Numéro 58, octobre 2008

Résultats du test de lecture du PN 54 – Lauréates : Tout juste ! Fournier Nathalie Pharmacie de Nendaz Haute-Nendaz Lambert Maryline Pharmacie Amavita Domdidier Leuenberger Annick Pharmacie St-Hubert Le Noirmont Patthey Sabrina Pharmacie de la Batelière Lausanne Une erreur pardonnée ! Arnaud Nathalie Pharmacie D’Herborence Boudry Bentaïba Monique Pharmacie de Richemont Genève Billeter Antoinette Pharmacie Amavita Gottaz Morges Fatio Marie-Jeanne Pharmacie de Chardonne Chardonne Gnazzo Eva Pharmacieplus de Grange Canal Chêne-Bougeries Gonseth Agnès Pharmacie du 1er mars Les Geneveys/Coffrane Guinand Marie-Claire Pharmacie du Sentier Le Sentier Madolo Sonia Pharmacieplus Centrale Fleurier Marinkovic Natasa Pharmacieplus du Bourg Romanel/Lausanne Megroz Maria Pharmacieplus du Bourg Romanel/Lausanne Peguiron Nicole Pharmacie de la Vallombreuse Prilly Perez Stéfanie Pharmacieplus du Bourg Romanel/Lausanne Seydoux Bénédicte Pharmacie Amavita Domdidier Von Sisbenthal Dominique Pharmacie D’Herborence Boudry

La gagnante d’un bon de Frs 100.- (Ochsner Sport, Ikea, FNAC ou Manor) de notre tirage au sort est Sabrina Patthey que nous félicitons chaleureusement, ainsi que toutes les participantes au questionnaire !!!

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© Pharma-News page 19 Numéro 58, octobre 2008

TEST DE LECTURE Pharma-News N° 57 Répondez à la question, soulignez la ou les réponses correctes, respectivement entourez VRAI ou FAUX. 1) Que signifient les abréviations suivantes :

− SIDA ?

− HIV ?

Les personnes séropositives sont-elles forcément atteintes du SIDA ?

2) Quelle est la particularité de la colchicine qui fait que son utilisation peut être dangereuse ?

Quelle dose peut être mortelle si elle est avalée en une prise ?

3) Quels sont les deux médicaments qu’on retrouve dans JANUMET° (noms commerciaux ou principes

actifs) ?

Quelle est l’indication de cette nouvelle association ?

4) A quoi est due la goutte (l’origine et non les causes) ?

5) DIANATAL° : Vrai ou faux ? a) C’est un gel lubrifiant censé faciliter l’accouchement VRAI FAUX b) L’emballage de trois doses coûte 180.- et n’est pas remboursé VRAI FAUX c) La diminution de fréquence de déchirement du périnée qu’il entraîne est largement démontrée et reconnue par tous VRAI FAUX d) Chacun des trois flacons doseurs doit être appliqué à la fin de chaque trimestre

de la grossesse VRAI FAUX e) Ce gel ne présente aucun risque pour l’enfant ou la mère ni aucun effet indésirable VRAI FAUX

6) Citez le traitement de première intention de la crise de goutte ?

Et le traitement de premier choix de la goutte chronique ?

− 7) Vrai ou faux sur l’hypotension

− L’hypotension orthostatique apparaît lorsque le patient passe en position debout VRAI FAUX − L’hypotension postprandiale ne touche que les diabétiques et les parkinsoniens VRAI FAUX − La syncope est synonyme d’ hypotension orthostatique VRAI FAUX − Les médicaments tels que les antihypertenseurs peuvent entraîner une hypotension VRAI FAUX − Une des mesures de prévention de l’hypotension est de manger moins salé VRAI FAUX − Les médicaments traitent les symptômes et préviennent les effets indésirables mais ne normalisent pas la tension artérielle VRAI FAUX − Les symptômes d’hypotension apparaissent dès que la pression diastolique

descend en-dessous de 100 mmHg VRAI FAUX

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© Pharma-News page 20 Numéro 58, octobre 2008

8) Quel est le délai officiel pour obtenir un résultat sûr au test de dépistage du SIDA ?

Peut-on passer le test de façon anonyme ?

Soulignez la réponse correcte

Le test est réalisé avec un échantillon de sang ou d’urine ?

Le test est pratiqué en laboratoire, chez le médecin ou à la pharmacie ?

9) Parmi ces médicaments soulignez ceux qui provoquent des interactions avec la colchicine?

Antibiotiques macrolides ROVAMYCINE°

Hypolipémiants Ciclosporine

Allopurinol Aspirine

AINS Paracétamol

ISOPTIN° Antidiabétiques oraux

10) Pour ne pas tout mélanger, attribuez les traitements et mesures de prévention suivants à la

goutte ou à l’hypotension, en indiquant G ou H respectivement dans chaque case (2 cases sont correctes pour les deux maladies) :

Augmenter la consommation de produits laitiers EFFORTIL°

Porter des bas de soutien AINS

Pratiquer une activité physique régulière allopurinol

Éviter les efforts physiques en cas de fortes chaleurs Boire suffisamment d’eau

Limiter la consommation d’alcool Surélever la tête du lit

Augmenter la consommation de sel colchicine

Eviter les poissons gras, les fruits de mer et les épinards GUTRON°

Ce test est à renvoyer une fois par assistant(e) en pharmacie par fax au N° 022/363.00.85 avant le 25 octobre 2008. Nom : Prénom : Signature :

Timbre de la pharmacie : N° de tél. professionnel :