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abdelmalek-aghzaf
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Poème inédit
Cortège de mots funèbres
J'ai vu s'élever vers le ciel parsemé de millions de perlesL'arbre en squelette et ses branches : membres mutilés,
fantomatiques,D'un certain âge, sans début, sans fin, sans feuilles vertes,
sans fleurs au sillageDe cette terre qui n'a pas de nom, qui n'a pas de frontières,
J'ai vu les dunes d'un désert qui avance, chevauchées, cadences sans relâche
J'ai vu dans la lune si grande, aux cimes qui bougent, une grande menace
D'un déluge sans Noé, vaste comme la pénombre, sombre comme la nuit
De ces yeux des femmes oubliées des lointaines et généreuses oasis
J'ai vu filer des étoiles, aux poussières d'orphelines lumièresPleurant ce qui reste d'un désastre sans nom, d'un ennemi
sans visageJ'ai vu passer les orages de sombres grêles, des pluies en file
indienneDe ces larmes qui oublient de sécher au coin des yeux qui ne
voient plusJ'ai vu l'écho danser dans les profondeurs des puits taris
ressasser ton nomSur les lèvres entre ouvertes des vallées désolées et le
déhanchementDes montagnes, des falaises effrontées et des frêles et
timides collinesEn levant les yeux vers la voie lactée, j'ai vu l'Univers qui
scintilleJ'ai vu et j'ai entendu toutes les couleurs du spectre
J'ai dû être fasciné par toutes les belles lumièresDe l'arc en ciel, entre les gros nuages d'un brusque orageEt la lumière d'un soleil fatigué qui s'efface au sourire du
crépuscule
J'ai levé les bras : criant ton nom, te louant, te suppliant en pleurant
Je me suis prosterné au pied de ta création, regrettant le péché originel
De mon Moyenâgeux passé, étalant ma confession au bord du vieux lac asséché
Aux vastes prairies qui jubilent, qui rient d'un jaune rireReste d'une fameuse contagion d'ictère, d'un indomptable
feu d'incendieDiable, démon, vampire qui dévaste tout sur son chemin
Qui ne se nourrit que de tout ce qui est sec, de tout ce qui est vert
J'ai vu les infortunées créatures voir la mort venir et périr, les yeux grand ouverts
J'ai vu la désolation régner, toute fière d'élire enfin domicileSur toute la planète, envahissant les quatre coins de la terre
Dans l'indifférence des petits et des grands de ce mondeJ'ai vu qu'ils ne pensent qu'aux grandes caisses de billets de
banqueJ'ai vu le film de Tavernier "Home " et je n'ai pu que pleurerNotre sort, du passé, du présent et du futur des femmes et
des hommesDévastation, destruction caractérisée, systématique de la
terreJ'ai vu mourir notre mère L A N A T U R E
Malédiction, péché, mutisme, silence, insouciance et inadvertance
Pour qu'enfin léguer aux générations à venirDes fourrures, de la nourriture en synthétique et en
cybernétiqueHélas, je ne peux de mon regard qui se fatigue, être Vert ou
activisteJ'ai ce mot, un peu funèbre, peut-être triste, mais il fera
affaireDu moins, je l'espère !
Abdelmalek AghzafKsar El-Kébir, le 12/06/2014.