Pol Cant - Vaud · Anecdotes et photos insolites Editeur Association de la Revue de la Police cantonale vaudoise Centre Blécherette 1014 Lausanne Rédacteur responsable Jean-Christophe

Pol Canti n f o r m a t i o n

Spécial Sommet d’Evian

Hors série août 2003

3SPÉCIAL SOMMET D’EVIAN

Hors Série août 2003

Spécial Sommet d’Evian

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Editorial

Planification

Opérationnel

Chronologie

Opérationnel

Désengagement

Partenaires

Remerciements

Anecdotes et photos insolites

EditeurAssociation de la Revue de la Police cantonale vaudoiseCentre Blécherette1014 Lausanne

Rédacteur responsableJean-Christophe Sauterel

Responsable d’éditionGuy-Charles Monney

RédacteursJean-Philippe NarindalMarie ReszlerPierre-Martin Moulin

PhotosMaurice Monney, Pol CantCharles Dagon, Pol CantNicolas Spring, Pol CantJean-Christophe Sauterel, Pol CantFrançois Randin, Pol munLausanneJean-Bernard Sieber, Agence ARCFrédérique Chambettaz, CGNTeam Concept Vidéo Production,Romanel-Lausanne

Conception et réalisationTasmanie SA, Lausanne

Photolithos et impressionImprimerie Corbaz SA, Montreux

Nos remerciements vont à toutesles personnes qui ont collaboré à cenuméro spécial et écrit quelqueslignes sur le sujet

© Police cantonale vaudoise

4 SPÉCIAL SOMMET D’EVIAN

E D I T O

Ainsi donc, et pour moult raisons sou-vent peu innocentes, le sommet d'Evianet son lot d'incertitudes sécuritairesaurait démontré qu'en cette matière onaurait atteint aux limites du fédéralis-me; entendez par là que le modèled'organisation choisi par les consti-tuants de 1848 serait à ce point d'ob-solescence que seul un pouvoir centrali-sé, faisant fi des "particularismes" can-tonaux, pourrait être à même d'assureraux citoyens l'ordre et la sécurité!

L'effet oratoire n'est pas nouveau etsuggère une théorie traversant les siè-cles, de l'Empire romain à l'Amériquedu Président Bush, celle des pouvoirsd'exception réunis en un seul lieu, enun seul cénacle, donnant droit de guer-re, droit de "tout faire", droit debafouer, pour la cause annoncéecomme la plus juste, les règles démo-cratiques sous prétexte de les protéger,elles et les individus pour qui ces dispo-sitions devraient être imprescriptibles.S'agissant d'un débat aussi ancien quela démocratie, je doute pouvoir yapporter une réflexion innovante etc'est donc tout naturellement vers ladéfense d'un système ayant fait très lar-gement ses preuves que s'acheminentmes conclusions.

La plupart de ceux qui réclament à coret à cri ce pouvoir d'exception et soninstitutionnalisation pérenne commet-tent une sottise ou, pire, un péché d'or-gueil. La Confédération helvétique n'estpas un bloc monolithique omnipotent

Les limites du fédéralisme sont bien loin d'être atteintes

centralisé dans une capitale mais bienune réunion d'Etats dotés - en temps depaix - de souveraineté et de pouvoirsétendus, y compris d'exception selon leprincipe "salus populi suprema - et sola- lex esto" (le salut du peuple est loisuprême, et la seule).

Vouloir transférer les pouvoirs de déci-sion des Conseils d'Etat à une instancesupérieure équivaudrait à jeter l'anathè-me sur les exécutifs cantonaux en lesaccusant de faiblesse ou, pire, d'in-compétence. Or, je prétends - témoinprivilégié - que durant le sommetd'Evian les circonstances exceptionnel-les étaient bien réalisées et pourtant, àaucun moment, sur le plan cantonal, legouvernement par les moyens ordinai-res, donc respectant la séparation despouvoirs et les droits fondamentaux,n'a ressenti la nécessité d'en appeler àd'autres moyens, donc de pouvoirsd'exception, donc encore moins lerecours décisionnel à une instancesupérieure.

Certes les cantons confédérés nous ontprêté assistance en mettant à notredisposition des policiers formés aumaintien de l'ordre, certes l'armée s'estplacée en subsidiarité de notre action,mais toujours sous la seule autorité can-tonale ainsi qu'elle est prévue notam-ment en matière de police par lesconcordats intercantonaux signés cestrente dernières années.

Les problèmes étaient pourtant fort

complexes et nécessitaient sans douteune unité de vue.A aucun moment, que ce soit en pério-de de planification ou d'opération nousn'avons ressenti la moindre nécessitéd'un transfert de compétence; tout aété réglé professionnellement et enbonne intelligence.Je concède néanmoins et bien volon-tiers que des réflexions doivent êtremenées entre les Cantons et laConfédération mais, de grâce, que l'onne se trompe pas de priorité. La sociétécivile et son fonctionnement se sonttransformés, parfois désagrégés. Letemps est sans doute venu de s'en pré-occuper.

En conclusion: Que soient remerciés icitous nos partenaires de l'opérationColibri, sur le plan confédéral les poli-ciers d'IKAPOL, le Ministère public de laConfédération, les départements de ladéfense, de justice et police, des affairesétrangères, le CGFr, les CFF, sur le plancantonal les polices municipales, leSSCM, le SISL, Protectas, Securitas,ORCA sanitaire, le SDIS, l'ordre judiciai-re, le service pénitentiaire, la CGN, l'of-fice du tourisme, l'EPFL, l'UNIL, l'IPSC, laMain Tendue, le Centre patronal, les TL,les services de la voirie, le service desroutes et ORCA/DIAM.

Eric Lehmann, Commandant de la Police

cantonale vaudoise

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P L A N I F I C A T I O N


Chefs d'état et délégations arrivent, paravion, à Genève-Cointrin. Plusieurs scéna-rios sont imaginés pour leurs transferts àLausanne puis Evian : voies aérienne, rou-tière, ferroviaire et lacustre à destinationde la zone rouge d'Ouchy, du Beau-Rivage Palace en particulier. De là, ils serendent au débarcadère à pied, en voitu-re ou en car, pour prendre place dans unbateau de la Compagnie Générale deNavigation (CGN). Pour ce faire : "AuPoste de Commandement de la cellulecirculation, trois gendarmes et trois poli-

ciers de la Ville de Lausanne, assurent lapermanence du 28 mai au 3 juin, alorsque quatre autres gèrent la conduite opé-rationnelle. Ce sont quarante-quatre gen-darmes vaudois et schaffousois qui pren-nent en charge le guidage des déléga-tions pour le trajet Genève-Lausanne etretour, ainsi que des déplacements nonplanifiés. En ville de Lausanne, quelquecent policiers, qu'ils soient aspirants, gar-des ou autres, surveillent les différents iti-néraires et tronçons restreints au trafic. "

Adj Gilbert Emonet

Protection des personnalités au cours des transports et transferts

Méthodes de surveillance

Concept transport des délégations officielles

Concept du logement VIP

L'armée reçoit une mission de surveillan-ce et de gestion du trafic de l’itinéraire.Cette dernière est montée en puissancejusqu’à la surveillance 24/24 h durant leSommet. L’observation est opérée depuischacun des 109 ponts de l’autoroute, deGenève aéroport jusqu’à Aigle. Cecontrôle nécessite 120 militaires en per-manence du Bataillon fusiliers 26.

Plusieurs variantes sont envisagées pourle concept du transport des VIP. Le capi-taine Christian Flueli et son staff étu-dient les options de la fermeture partiel-le ou totale d'une chaussée de l'auto-route, du train, des routes cantonales et

du lac. Au fil du temps, les informationsprovenant de Genève et de la Francefont que l'option du déplacement parvoie aérienne se révèle à la fois plusrapide, plus sûre et moins contraignante,raisons pour lesquelles elle est retenue.

Les deux hôtels d'abord prévus quesont le Palace et la Paix, situés au cœurde Lausanne, sont abandonnés au pro-fit du Beau-Rivage. Ce dernier se trouvedans la zone rouge ce qui permet d'unepart de rassembler les délégations dansun seul site et d'autre part d'être à pro-ximité immédiate du débarcadère.Toutes les contraintes du centre ville,comme le problème des transportspublics, sont ainsi résolues.


Au vu de l'ampleur du dispositif et ladiversité des engagements prévus, deuxforces de circonstance sont constituées,les Land Task Force et Air Task Force'COLIBRI' (L TF et A TF). Dès le moisd'octobre 2002, les contacts avecl'Armée de Terre française sont établis. Un accord gouvernemental franco-suis-se réglant les modalités de collaborationdes forces armées ainsi que des forcesde police, de gendarmerie et de douaneest signé le 8 avril 2003. Toutes les phases de l'engagement'COLIBRI', que ce soit la coordinationdes opérations, l'échange permanentd'information et de renseignement avecles forces terrestres et aériennes françai-ses engagées, se déroulent bien. Unevingtaine d'officiers de liaison sont déta-chés des deux côtés.Les 13 bataillons et 4 détachements adhoc de la Land Task Force assurent entout 52 missions opérationnelles.

Les structures sanitaires et psychologiques

Des postes médicaux et de structure desecours mobiles sont créés. Si le servicede garde en ville est renforcé pour éviterque des patients soient désavantagéspar les manifestations, l'activité opéra-toire du CHUV est réduite. Un régimentd'hôpital ad hoc gère 7 postes desecours, composés de 50 médecins,répondant à l'appel des forces de l'ord-

re et des troupes engagées en cas debesoin.Une cellule "accueil familles victimes"est mise en place. Elle se compose depersonnels du Service psychiatrique deliaison (SPL), du Service de la sécuritécivile et militaire (SSCM), de laProtection civile (Pci), de l'Associationcantonale vaudoise des samaritains

Les missions dévolues à l’Armée



Le Régiment transmission 3 met enplace et exploite huit réseaux téléma-tiques dans le but de couvrir la totalitédu secteur et de palier aux manques demoyens des cantons. Ceux qui sontcryptés offrent la sécurité nécessaire auxtransferts des données. Un détache-ment de conduite de la guerre électro-nique surveille en permanence cettetoile au profit de l'Office fédéral de lacommunication. Il est utile pour ladétection et la localisation d'une intru-sion de ‘transmission sur des fréquencesnon-autorisées’... Outre les nombreux travaux de coordi-nation avec les partenaires que sontl'Armée, les Polices cantonales zurichoi-se et des Grisons, ainsi que la Policemunicipale de Lausanne, des moyensextraordinaires de transmission sontdéployés et installés tant dans les véhi-cules que dans les postes de comman-dements. En plus de la couverture nor-male, 470 stations portables et 15 sta-tions relais radio supplémentaires sontinstallés. Un engagement d'une structu-re provisoire POLYCOM permettantd'assurer une bonne couverture sur l'au-toroute entre l'aéroport de Genève etLausanne est testée.

Les moyens de transmissions


Le service de maintien de l'ordre répondà cette doctrine résumée en trois mots,afin de respecter l'expression démocra-tique et assurer l'ordre public.Au préalable, les responsables équipentet forment le personnel tant de la Policecantonale que celui de Lausanne, soit390 policiers. L'Etat-Major répertoriealors les disponibilités et les spécificitésde chaque policier dans un premiertemps, puis intègre dans le dispositif les412 policiers Confédérés et 107 poli-

ciers allemands en charge du matériellourd (canons à eau).L'élément sanitaire du maintien de l'or-dre (ESMO), dont la mission de secouris-me se fait sur le champ de bataille encondition de combat, se met aussi enplace, avec des soins apportés aux collè-gues, aux manifestants et aux badaudsainsi que la mise à l'abri à un point dejonction avec des services de secoursprofessionnels.La longue procédure d'équipement

finie, un planning de formation est missur pied du 1er au 18 mai. Tous les appe-lés se rendent deux jours durant à Bière,afin de parfaire leurs connaissancespour certains et recevoir une formationde base pour d'autres.Dans sa finalité le dispositif comprendtrois escadrons vaudois, trois escadronsConfédérés, ainsi qu'une section"Nestlé", un groupement englobant lesspécialistes, dans lequel sont rattachés lespoliciers allemands.

Service de l’Ordre / Maintien de l’Ordre

Légalité, proportionnalité, opportunité



"Le canton de Vaud dispose de deux struc-tures prêtes à faire face à une menace ter-roriste. Elles sont jumelées dès début mai.Les tactiques et techniques d'interventions'entraînent et s'adaptent aux cas de figu-res identifiés. La capacité d'engagement vade la prise d'otages à l'intervention enmilieu contaminé. De son statut de réservedu Chef d'engagement découle uneentrée en caserne avancée. Disponiblepour les coups durs, elle apporte sa contri-bution dans la mission commune de main-tien de l'ordre.

"Souple, léger et mobile" sont les particu-larités d'un petit oiseau aujourd'hui célè-bre. Paradoxalement c'est aussi une "devi-se" souvent prêtée aux groupes d'inter-vention."

Sgt Marc Bardet

Cellule anti-terroriste



La Caserne de Bière, les quatre abris PCid'Epalinges, de Prilly et de Pully, servent delieu d'hébergement. Pour le seul personneldu Service d'Ordre et Maintien d'Ordre(SO/MO) du Canton de Vaud 1'614 nui-tées sont enregistrées. En ce qui concerneles déplacements, les 215 véhicules utilisésdu 28 mai au 4 juin parcourent quelque121'360 kilomètres. Quant à la subsistan-ce, pour ces mêmes dates, 10'780 déjeu-ners et 9'379 dîners sont servis.Les militaires de la Land Task Force et del'Air Task Force, au nombre total de 5'600,remplissent des missions d’appui, de sur-veillance et de garde au profit des autoritésdes trois cantons. Ils installent 1'500 bar-rières fusiliers territoriaux, déroulentquelque 113 kilomètres de fil barbelé etconstruisent des obstacles et cabanes degarde avec 38 tonnes de bois. Ils sontengagés dans les airs, sur terre et sur le lac.

Logistique

• 13 bataillons et 4 détachements ad hoc, soit 5'600 militaires• 5 postes de secours sanitaire• 4 postes de secours sanitaire mobiles• 590 véhicules de tous types• 6’000 vaubans dont 3'000 venus de Paris • 100 containers• 4 hélicoptères Alouette III• 1 Super Puma médicalisé • 1 Super Puma équipé de moyens d’observation• 10 bateaux P80• 44 bateaux de type "nacelles"

Principaux moyens mis à disposition des autorités civiles


La planification a pour but principal depermettre au chef de se préparer à unesituation et son évolution possible. Elledoit, et cela est essentiel, lui éviter de seretrouver surpris par l’ampleur d’un évé-nement et favoriser une adaptation cons-tante à l’évolution de la situation.

Ainsi, avec la préparation des moyens, elleconstitue les bases fondamentales de toutengagement opérationnel. De la qualitéde traitement de ces éléments dépendra,en grande partie, la pertinence et l’effica-cité des mesures élaborées face à la pro-blématique posée.

Les délais, de même que les investisse-ments sur le plan organisationnel, du per-sonnel et des moyens dépendent, naturel-lement, de la complexité du problème, dutemps à disposition et du nombre de par-tenaires concernés pour sa résolution.

Pour ce qui est de la complexité, le G8, ouSommet d’Evian, présentait des caractéris-tiques que l’on peut sans crainte aucunequalifier de "hors norme" tant, d’unepart, les partenaires impliqués étaientnombreux et variés et, d’autre part, letemps à disposition très limité comptetenu de la dimension de l’opération.

Dès lors, l’appréhension du problème,permettant de dégager:• une description des tâches, et par

conséquent les secteurs d’actions;• une décision dont allait dépendre l’am-

pleur des moyens à mettre en œuvre età coordonner;

• un plan horaire, balisant les étapes prin-cipales de la préparation de ces moyens

constituait une opération essentielle etdéterminante à laquelle il s’est agi d’ac-corder un soin tout particulier.

Cette phase accomplie, pouvait alors s’é-laborer la planification de l’engagementavec:

• un plan d’engagement de base;• une planification prévisionnelle (déci-

sions réservées);• une planification subséquente (évolu-

tion de la situation).

Cette opération nécessitait la disponibilitéde renseignements de qualité sur lesintentions des opposants à la tenue duSommet d’Evian. En effet, il importait depouvoir déterminer avec une grande certi-tude les moments de hautes intensités(manifestations annoncées) et de prévoiravec une faible marge d’erreur l’organisa-tion d’événements contraignants endehors des créneaux annoncés, ceci afin,d’une part, de fixer une période d’enga-gement permettant de faire face auxrisques évalués (en finalité du 28 mai à1200 au 4 juin à 1200) et, d’autre part, deplanifier au mieux, durant cette phase, lespériodes d’engagement, de disponibilitéet de repos des moyens engagés.

C’est pourquoi, l’analyse menée s’est réali-sée le plus tard possible, en parallèle desnégociations conduites avec les "altermon-dialistes", de manière à éviter que le pland’engagement proposé ne se trouve encomplet décalage avec le déroulement pré-visible des événements.

Cette démarche a d’ailleurs fait apparaî-tre que l’articulation des moyens initiale-

ment prévue devait être corrigée etadaptée afin de prendre au mieux encompte l’évaluation des risques poten-tiels identifiés et les caractéristiques desmoyens à disposition, plus particulière-ment des renforts provenant d’IKAPOL etne parlant pas notre langue.

Ces modifications, qui ont requis flexibili-té et confiance de la part des cadres, ontpermis de peaufiner et d’améliorer la pla-nification élaborée favorisant ainsi, pen-dant la phase d’engagement, une condui-te performante et préservant, même sicela fut parfois difficile, des plages derécupération aux moyens engagés.

Ainsi, le Commandement a pu, en toutescirconstances, s’appuyer sur l’articulationet l’organisation préparées, le "fil rouge",tout en disposant du temps nécessairepour analyser les nouvelles situations etdéclencher les mesures appropriées enengageant les moyens disponibles.

L’expérience acquise au cours de cetteimpressionnante opération a incontesta-blement permis de renforcer et d’enrichir,à tous les niveaux, les connaissances pro-fessionnelles et humaines de chacun.

"Savoir, c’est pouvoir". Nous pouvonsdonc désormais attendre de nouveauxdéfis, sans excès de confiance, mais cer-tainement avec sérénité.

Le Commandant de policeLt-col Gérald Hagenlocher

Planification de l’engagement



Les séances agendées à un rythme sou-tenu dès le mois de décembre 2002entre les différentes parties concernéesque sont les départements fédéraux, lespolices cantonales et la police municipa-le de Lausanne, ont mis en contact defortes personnalités d'horizons diffé-rents. Sous la houlette experte de LivioZanolari, du Département fédéral desAffaires étrangères (DFAE), et Jean-Christophe Sauterel, de la Police canto-nale vaudoise, ce défi est un succès. Latransparence, la crédibilité et l'objectivi-té priment et le bien commun passeavant les intérêts personnels. Très vite, la demande, tant des médiasque des privés directement, prouve queles options adoptées sont les bonnes. Lesite Internet déjoue les attaques et enre-

gistre 127'991 visites au 18 juin 2003.Quant à la permanence téléphonique,elle renseigne et rassure la populationcomme les milieux économiques du 12mai au 3 juin. Un journal électroniquenommé G8Actu est diffusé dans lesrangs des polices et de l'armée les joursclés du Sommet d'Evian.Les représentants du DFAE, de l'Armée,des polices cantonales vaudoise et valai-sanne ainsi que la police municipale deLausanne, et la France, se cotoyent àl'Aula des Cèdres, à Lausanne du 28mai au 3 juin; lieu adéquat, à satisfac-tion des journalistes du monde entierqui ne manque une semaine durant,d'utiliser les infrastructures mises à leurdisposition.

Communication

• Nombre d'articles parus dans la presse écrite: 2'445• Journalistes de passage aux Cèdres: 200• Accréditations délivrées aux journalistes

et photographes pour le Beau-Rivage Palace: 100• Trafic global du site Internet, au 18.06.2003: 38'491'260• Attaques contre www.g8info.ch: 366• Appels pour la permanence téléphonique,

du 12.05 au 03.06.2003: 3'705• Lettres reçues: 263


L'opération 'COLIBRI' vécue à l'échelle 1sur 1 par tous les militaires engagés, dusoldat à l'officier supérieur, est à considé-rer comme une expérience unique etexemplaire. Tous peuvent être fier de laprécieuse collaboration qu'ils ont appor-tée à la réussite de ce challenge auda-cieux.

L'Armée a rempli sa mission avec succèsdans un grand esprit de solidarité avec lesforces de police et tous les partenairesimpliqués dans la sécurité du Sommetd'Evian. Le respect et la rigueur appliquéeaux engagements opérationnels furent àtous les échelons d'une grande efficacité.

La modularité des forces engagées, lacoopération (inter forces et interarmées)entre deux pays, trois cantons, l'Air TaskForce, la Land Task Force, le Corps desGardes Frontières et le Corps des GardesFortifications sont les atouts majeurs de laréussite d'une telle opération.

Face au scepticisme et aux mises en doutede notre action qui prévalaient au début,l'Armée a démontré la nécessité absoluede son engagement auprès des autoritésdes cantons de Genève – Vaud – Valais etauprès de la population de notre pays.Notre présence a été rassurante et trèspositivement accueillie.

Div Luc FellayCommandant de la Land Task Force

Modularité et coopération à tous les échelons



La quasi totalité de l'effectif de la Policecantonale valaisanne est placée en alertele temps du Sommet. Sur environ quatrecent vingt personnes, deux cent cinquan-te hommes composent la gendarmerie,parmi lesquels cent cinquante sont for-més au maintien de l'ordre. La Police desûreté compte cent unités, le solde deseffectifs composant les services Etat-Major et Formation.Les dispositifs sont mis en place à St-Gingolph et au Bouveret, dans le Chablaisvalaisan, aux postes-frontières du Grand-St-Bernard, de Brigue/Domodossola et àGondo.L'effort principal des effectifs de maintiende l'ordre privilégie Le Bouveret et St-Gingolph. Les sections Service de l'Ordre /Maintien de l'Ordre, concentrées dans cesecteur, atteignent cent quarante unitésau plus. Elles exercent des surveillancesdes sites susceptibles de présenter undanger particulier. Trente hommes sup-plémentaires en uniforme s'activent dansces mêmes zones 24/24. Cinquante hommes et cent cinquantemilitaires assurent une présence perma-nente dans le cadre de missions d'obser-vation et de guidage dans le Chablaisvalaisan alors que d'autres forces sur-veillent cinq points jugés potentiellementà risque, comme les postes-frontières.

Dispositif valaisan


Les Forces Aériennes (A TF) occupent trois bases opérationnelles: Bière pour les héli-coptères Super Puma et Alouette III, Sion pour les Pilatus PC-7 et Payerne pour les FA-18 et Mirage 2000 français. L'engagement de la flotte d'hélicoptères est attribuée àla Land Task Force de façon à être cohérent et comparable à l'Aviation Légère del'Armée de Terre française (ALAT). Deux officiers de l'A TF commandée par le divi-sionnaire Markus Gygax sont inclus dans l'Etat-Major de la L TF.Les Forces Aériennes assurent la police de l’air, la surveillance de l’espace aérien ainsique les transports des délégations entre Genève et Lausanne en étroite collaborationavec l’Armée de l’Air française.Un radar aérien français est déployé à Corsier-sur-Vevey pour couvrir le contrôle de labulle aéroterrestre de défense et d’interdiction de vol dans un rayon de 10 à 30 kilo-mètres autour d’Evian. La protection de ce radar est assurée par les militaires suisses.Un Super Puma médicalisé, engagé au profit du CHUV à Lausanne, assure lestransports pour une greffe d’organes multiple qui se déroule dans la nuit du 31 maiau 1er juin.Un autre hélicoptère équipé spécialement donne l'occasion aux forces de police d’ob-server les manifestations. Les images filmées sont alors transmises ‘online’ aux postesde commandement des polices cantonales et de la Land Task Force.

Engagement des forces aériennes26 mai

O P É R A T I O N N E L


28 mai

Du 28 au 31 mai, un groupe SO/MO estprésent au tunnel du Grand-St-Bernard,gare Sud, en appui des gardes-frontièreset en collaboration avec la Police italien-ne afin de filtrer, identifier les altermon-dialistes, séquestrer les objets dangereuxet éventuellement refouler des person-nes signalées.Les PC front sont opérationnels auBouveret et au Grand-St-Bernard, un PCarrière d'arrondissement à Martigny et lePC arrière cantonal à Sion, à l'hôtel dePolice.Les mêmes dispositifs de filtrage sontétablis en gare de Domodossola et auposte-frontière de Gondo dans le Haut-Valais. Un groupe SO/MO de douze

hommes stationne à Brigue et intervientsur demande, entre le 28 et le 30 mai,dans les trains en provenance d'Italie età Gondo. Six gardes-frontières et trente-six policiers assurent constamment lescontrôles en gare de Domodossola,aidés par vingt-cinq hommes de la Policeferroviaire pour les contrôles des trainsinternationaux. Un PC front et un PCarrière d'arrondissement fonctionnentrespectivement à Domodossola et àBrigue durant tout l'engagement.Pour toute la durée du G8 cinq agents,avec un bateau, sont détachés et placéssous le commandement de la Police vau-doise, dans le cadre du dispositif mis enplace sur le lac Léman.

Evénements en Valais


Alors que la Land Task Force (L TF) a sonPoste de Commandement (PC) à laBlécherette, l‘Air Task Force dispose dedeux PCs opérationnels à Dübendorf età Payerne. D’autre part, la L TF et ses Etats majorsde Liaison (EM li), avec les autorités can-tonales VD - GE - VS, les Postes deCommandement Etat-Major de liaisonLac et Corps des Gardes Frontière, ainsique ceux des régiments et bataillons destroupes directement subordonnées ontégalement leurs propres postes de com-mandement afin d’analyser et d’appré-cier l’évolution de la situation à leursniveaux de même que leurs propres mis-sions.Milice oblige, la Land Task Force a unrythme de conduite dès le 19 mai, bienplus tôt que les forces de police, ques-tion aussi de peaufiner les dispositifs, derépéter l’instruction en particulier les

‘Rules of engagement’, la nouvelle tech-nique de tir de combat (NTTC), les mani-pulations des nouvelles radios SE135/235, et l’instruction générale debase notamment sanitaire et ABC(Atomique, Biologique, Chimique).Pour l’Etat-Major de la L TF, il faut aussis'imprégner un rythme de travail et deconduite. Le Poste de Commandementest occupé dans un premier temps par-tiellement, puis 24/24h du 26 mai au 6juin 2003. Un rapport de situation sedéroule chaque jour à 11h30 et cinqrapports fronts ont lieu avec les com-mandants de troupes directement sub-ordonnées.

Les PC de la Land et de l’Air Task Force

Le PCO (poste de commandement desopérations) est situé à proximité immédia-te du Centre d'engagement et de trans-missions (CET) renforcé pour l'occasion.Ce service assure les missions ordinaireset, avec la Rédaction Romande de VIA-SUISSE, relayent l'information routière encontinu pour tout le bassin lémanique.

Le PCO réunit, autour d'une table ronde,toutes les instances décisionnelles et a,dans cette optique, la tâche d'obtenir unevision globale de l'événement.

Pour ce faire, ce poste dispose d'outilstechniques tel que le journal des événe-ments majeurs (JEM) relayant les informa-tions en direct entre Genève, Sion, Evian etles différents PCE vaudois au nombre de11. En outre, les 14 personnes œuvrantdans cette enceinte et réceptionnant touteautre information les transmettent immé-diatement aux responsables de la conduite.

Cette manière de procéder autorise lesresponsables de la conduite, en cas d'inci-dents d'importance à modifier rapide-ment et efficacement le dispositif, en

s'appuyant sur les décisions réservées etautres prescriptions planifiées.

Les PCE (poste de commandement à l'en-gagement), dont les plus importants sont,ceux de la sécurité lacustre, de la circula-tion et escorte, judiciaire, ainsi que la zoneportuaire, sont compétents pour gérer lesproblèmes courants.

Ce choix de déléguer le maximum decompétences au divers PCE, déchargeainsi le PCO de problèmes secondairespour pouvoir se concentrer sur les élé-ments d'une certaine gravité et ayant unimpact conséquent, nécessitant des res-sources importantes.

PCO et PCE de la Police cantonale vaudoise



"La Police ferroviaire Romandie observeet renseigne sur les déplacements parchemin de fer et accompagne certainstrains à risque comme c'est le cas cejour-là. Elle compte sur l'appui des collè-gues des régions Mitte et Ost quiannoncent à la Polfer G8 tous les dépla-cements des manifestants depuis lesgares de Zurich, Berne et Bienne. Sur lecoup des 14h00, plusieurs centainesd'altermondialistes débarquent destrains en provenance de la Suisse alle-mande."

Pascal Delessert, Chef de la Police ferroviaire

Suite à cela, "Le travail d'observationdébute l'après-midi avec l'arrivée desmanifestants en gare de Lausanne. Il sepoursuit, de l'intérieur comme de l'exté-rieur, par la prise en charge de la mani-festation, sur laquelle la pluie ne tardepas à s'abattre. La foule est très dispara-te puisqu'elle se compose à la fois defamilles, de mouvements syndicaux, deblack-blocks et d'autres. Les altermon-dialistes de toutes catégories se mélan-gent. Un petit nombre d'entre eux cher-chent la confrontation avec les forces del'ordre entre Chauderon et la Riponne,mais ils sont immédiatement canaliséspar les "poulettes", le service de sécuritédes organisateurs. Sur la place et devantla tournure festive, les black-blocks lais-sent tomber le masque. Dès 20h30, lesgens se dispersent tranquillement."

Insp Eric Schmutz

Parallèlement, "La cellule circulation dela police travaille en étroite collaborationavec le service d'ordre des altermondia-listes afin de créer un climat de confian-ce. Les motards prennent au préalableles dispositions pour évacuer les véhicu-les du parcours, ils téléphonent aux pro-priétaires et les enjoignent à les dépla-cer."

Premier lieutenant Thomas

Quant à l'hébergement des manifes-tants, il se fait en deux lieux puisquequelques dizaines de tentes se dressentau camping de la Bourdonnette et sur leterrain d'Oulala C'Forum à Dorigny.

29 MAI 1ère manifestation à Lausanne


Quelque 250 cyclistes venus de Berne, passés par Fribourg, pédalent dans Vevey.L'humeur est festive devant les palissades qui entourent le bâtiment Nestlé."Vendredi 30 mai, de la Blécherette nous avons fait mouvement sur Vevey. Tempsmagnifique, soleil de plomb sur carrosserie blindée. Des 30° ambiants, nous appro-chons allégrement les 45° dans notre pirhana, une sauna en somme. Un comble,pour notre blindé qui porte un nom de poisson."

Sgt Claude Siegenthaler

Du côté des gardes-frontières, ce sont560 effectifs autorisés qui couvrent les604 kilomètres de frontière avec 20 pos-tes-routes ainsi que plusieurs élémentsmobiles. L'attitude est au filtrage plutôtqu'au barrage. L'opération dans les pos-tes réactivés se fait par paire, un garde-frontière et un militaire côte à côte.Cette réactivation de certains postesfacilite la résorption de files d'attentesmais non l'interpellation de groupes demanifestants, par la dispersion des res-sources. On a découvert, chez troisgroupes distincts de jeunes: armes,cagoules, fusées de détresse et autresobjets de la même veine.

Et arrêt aux frontières

30 MAI Halte de cyclistes devant Nestlé



Les avions des chefs d'Etat des paysémergents et du NEPAD se posent un àun à Cointrin. De fait, les transferts héli-portés de Genève à Lausanne s'échelon-nent sur la journée. A l'Hôtel Beau-Rivage, les rencontres bilatérales et cel-les organisées entre chefs d'Etat et jour-nalistes se succèdent. Ils se retrouventtous en fin d'après-midi pour une séan-ce photo sur le perron de l'hôtel.

"Après une douzaine d'heures de fouillecomplète du Beau-Rivage Palace et de sesabords par le GSD, ce ne sont pas moinsde 168 policiers IKAPOL, une trentained'employés Protectas et une trentained'inspecteurs de la police de sûreté vau-doise qui se relayent pour assurer la sécu-rité du logement des personnes invitées24/24 heures. Parallèlement quelque 80policiers confédérés et vaudois ont assuréles escortes de ces personnalités entre leBeau-Rivage Palace et leur lieu d'arrivée etde départ."

Chef de la brigade financière, Philippe Gitz

Pendant ce temps dans les rues deLausanne, des individus déambulent entenue d'Eve du côté de l'avenue de Couret aboutissent à la Place de Milan où ilss'affalent sur la pelouse du rond-point.Le soir même, ce sont une cinquantainede feux qui s'allument sur les rives du lacLéman.

Nudistes dans les rues et les feux au lac

31 MAI Arrivée des chefs d'Etat et sécurité au Beau-Rivage Palace


C'est aux aurores que le camping de la Bourdonnette s'éveille. Des manifestants se diri-gent sur la ville et saccagent tout sur leur chemin laissant dans leur sillage arbres tron-çonnés, containers en feu, vitrines brisées tandis que des stations services et commercessont en partie vidées de leurs articles.

"Le dimanche 1er juin, la journée débutepar une première intervention à 7h37,suite à la demande du Corps de police,pour un conteneur en feu au giratoirede la Maladière.Un véhicule tonne-pompe avec quatrehommes, accompagné de plusieursmotards de la police, se trouve sur leslieux quand subitement, le véhicule d'in-tervention est "caillassé" par une dizainede manifestants redescendus de l'ave-nue des Figuiers.

Au vu de la tournure des événements, jedécide, dans un premier temps, de reti-rer momentanément l'équipe d'inter-vention de la zone de la Maladière et,ensuite, de renforcer l'effectif du Corpsprofessionnel par le rappel du personneldu Poste-Permanent qui a terminé sonservice à 7h00.

Durant la journée du dimanche 1er juin,dix-neuf interventions du Corps desapeurs-pompiers professionnels sontfaites dans le cadre du G8, tout en assu-mant les autres missions locales, régio-nales et cantonales, soit neuf interven-tions."

Commandant du Corps de sapeurs-pompiers,

Col Jean-François Cachin

A quelques kilomètres de là, sur l'autoroute Genève-Lausanne, deux manifestants sependent de part et d'autre du pont qui surplombe la rivière de l'Aubonne. Sous la pres-sion des automobilistes et dans la confusion générale, un policier coupe malencontreu-sement la corde et l'un d'eux fait une chute d'une vingtaine de mètres dans le lit del'Aubonne. Immédiatement secouru, il est médicalisé sur place puis héliporté par laREGA au CHUV. Grièvement blessé, ses jours ne sont pas en danger.

1er JUIN Dimanche mouvementé en ville




En ce dimanche matin où tout laisse pré-sager que les citoyens de cette régionprofiteront des rives pittoresques duLéman pour se délasser, des informationstroublantes parviennent au poste decommandement des opérations. Lesoccupants du camp de la Bourdonnette,équipés de tenues les plus diverses et debanderoles allant du noir aux teintes lesplus colorées, se rassemblent sur la routede Chavannes et semblent vouloir se diri-ger en direction de la ville…

Comment expliquer le résultat d'unejournée peu ordinaire sans jeter unregard introspectif sur l'immense travaileffectué en amont.

"De toutes les prescriptions, la meilleureà mon avis c'est, quand on a reconnuqu'une chose est bonne, de mettre tousses soins à la faire" (écrit Xénophon dansl'Hipparque).

Prendre les décisions justes en tempsopportun, exige probablement une apti-tude particulière à comprendre celui etceux qui posent un problème, à se mettreà leur place. Il s'agit de "pénétrer l'espritdes autres tout en restant impénétrable".Cette qualité éminente ne peut s'exercerque si elle est servie par un renseignementefficace.

La fonction de commandement concernetous les niveaux de responsabilité, depuisle groupe jusqu'à l'Etat-major. A tous ceséchelons, la relation entre celui quiordonne et celui qui exécute, instaureune relation humaine complexe d'autantplus délicate qu'une tragédie peut sanc-tionner l'erreur.

Revenons à cette matinée du 1er juin quine laisse pourtant pas présager le pire…Le cortège de manifestants se met enplace et décide effectivement d'emprun-ter les routes principales pour se rendreen direction de la zone sécuriséed'Ouchy. Notre doctrine de maintien del'ordre tolère à priori une manifestationspontanée et non-autorisée. L'inter-vention de nos forces ne doit pas générerdes troubles encore plus grands que ceuxconstatés.

Donc, comme pour les journées précé-dentes et afin de ne pas diaboliser lasituation, la décision est prise d'empê-cher toute personne de pénétrer dans lazone sécurisée et d'éviter que des cas-seurs se rendent au centre-ville.

Le chaosBrusquement, la situation dégénère. Les"blocs noirs" totalement imbriqués dansla manifestation (environ 1'500 person-nes) saccagent les commerces, les hôtels,les propriétés privées et la voie publiquesur leur parcours.

En plus des moyens présents pour canali-ser la manifestation sauvage, des esca-drons de maintien de l'ordre sont enga-gés pour interpeller les fauteurs de trou-bles les plus violents et refouler le cortègeincontrôlé. La confrontation va durer plu-sieurs heures dans une intensité jamaiségalée.

Pourquoi tant de violence gratuite?S'agit-il d'une volonté délibérée de créerune diversion pour soustraire des forcesde sécurité aux missions de protection dechefs d'état attendus à Lausanne ce jour-là? Le chaos laissé derrière le passage desmanifestants choque les résidents pré-sents en ville ce matin-là.

De la prévention à la répression Vivre une telle situation ne peut êtreacceptée sans qu'il y ait une conséquen-ce qui, au minimum, se traduise par uncontrôle formel des participants aux évé-nements du matin. Et c'est en connais-sance de cause que le commandement apris la décision d'effectuer un contrôledes personnes retournées au camp de laBourdonnette. Cette action "choc" vise àobtenir la maîtrise de la situation par lesforces de police. Considérée commeétant disproportionnée par une partie del'opinion publique et insuffisante pourd'autres, elle a permis de rétablir l'ordre.

Un état de droit ne saurait tolérer desémeutes sans réagir. Il est important debriser un élan s'inscrivant dans unconcept global certes compréhensible,mais qui, inadmissible sur un plan local, atotalement dégénéré.

Une unité d'action cohérente La conduite d'un effectif policier de plusde 2000 hommes et femmes de diffé-rents horizons, sans compter les nom-breux partenaires et militaires présentspar milliers dans le dispositif vaudois n'estpas une sinécure. Bien évidemment, lesresponsables de la sécurité des cantons etde la Confédération doivent prendre en

Un dimanche sous le soleil



C'est en début d'après-midi que les forces de l'ordre investissent le camping de laBourdonnette où ils interpellent quelque trois cent personnes.

Cette succession d'événements pousse le Conseil d'Etat et la Municipalité deLausanne à annuler la manifestation prévue en fin de journée mais à autoriser unrassemblement qui a lieu dans le calme sur la place de Milan. Il est suivi d'une mini-manifestation sans heurt avec les forces de l'ordre.

1er JUIN Dimanche mouvementé en ville

considération l'expérience vécue afin d'a-méliorer, dans chaque domaine concer-né, ce qui doit l'être.

Je suis tout à fait conscient des correc-tions à entreprendre (certaines sont déjàen cours). Il faudra étudier par exemplenos réseaux et moyens de transmissionqui doivent permettre une conduite pluri-disciplinaire cohérente. La poursuite dessynergies entre les différents corps depolice qu'ils soient issus de laConfédération ou de pays voisins.L'adaptation des outils législatifs autori-sant des actions préventives anticipantl'événement. La mise à disposition de res-sources humaines et financières simulta-nément à la mission reçue, permettantainsi l'accomplissement des objectifs.Enfin, poursuivre les mesures visant à

améliorer la transmission de l'informationentre toutes les parties.

Le résultat final, malgré les problèmesrecensés, doit être considéré commesatisfaisant au vu des nombreux objectifsfixés et des très nombreuses contraintesimposées. Comme je l'ai souvent affirmé,aucun matériel, moyen technique, nevaut et ne vaudra jamais l'homme et lafemme qui s'en servent. L'unité d'actiondes forces de police confirme cet adageet le résultat atteint.

Nous le devons d'abord au personnel quia su répondre présent en toute circons-tance. Merci à eux.

Lt-col Alain Bergonzoli, Commandant de la gendarmerie

et Chef des opérations


Sur la terre ferme, les Commandants et Chefs de police des Villes sont à Lausanne.C'est accompagné d'une importante délégation militaire, avec à sa tête leCommandant de corps Christophe Keckeis, Chef de l'armée, que M. le Conseillerfédéral Samuel Schmid participe à la journée d'information à l'attention desOfficiers généraux et des Commandants des polices cantonales. Après une présen-tation générale des dispositifs Colibri par le Commandant de la Gendarmerie vau-doise Alain Bergonzoli et les Divisionnaires Luc Fellay et Markus Gygax, les invitésvisitent les postes de commandement opérationnels (PCO) de la police et de l'ar-mée. Ils se rendent l'après-midi dans les dispositifs d'Ouchy et du Beau-Rivage ainsiqu'au centre médias de l'Aula des Cèdres.

Les événements débutent sur les eaux du Léman ce lundi 2 juin. "A 10h15, un porte-parole de Greenpeace informe que quatre embarcations légè-res quittent le port de Vevey pour se rendre au large d'Evian. Une vedette militaireP80 et un bateau de la brigade du Lac sont immédiatement dépêchés. Escortés jus-qu'à mi-lac, les manifestants sont pris en charge par le service de sécurité français.Peu après, et selon les témoignages, une des embarcations Greenpeace est épe-ronnée par un Etraco de l'armée française. Ce pneumatique regagne la côte suisseoù ses occupants sont identifiés et dénoncés par la gendarmerie vaudoise."

Adj Philippe Bonzon

2 JUIN Action de Greenpeace sur le Léman

Journée information des Commandants

© Greenpeace / Mentha



Tant la libre circulation des délégations des pays émergents et du NEPAD que leursécurité et celle de la population est assurée du côté suisse durant le Sommet. Lessix Conseillers fédéraux présents à Lausanne ont l'occasion de participer à vingt dis-cussions bilatérales à l'Hôtel Beau-Rivage et le Président de la Confédération,Monsieur Pascal Couchepin, de se déplacer à Evian sans encombre.Des actions d'altermondialistes engendrent il est vrai des perturbations sur l'auto-route et en ville au cours du G8. Des casseurs occasionnent de nombreux dégâtsmême si l'intervention des forces de l'ordre les limite. En terme de chiffres, ondénombre quatre policiers blessés ainsi que quelques manifestants alors que 76plaintes sont déposées pour un total de 315 interpellations, 28 sont dénoncés àl'autorité compétente. Une cellule "Identifications et Transferts judiciaires" est spécialement mise en placeau Mont.

"Abri trop grand ? Effectif trop nombreux ? Situation trop calme ? Telles étaient lesinterrogations d'avant le 1er juin. Mais alors, quelle fourmilière ce fameux diman-che. Prévu pour recevoir 50 personnes au maximum, le Centre d'identifications etde tri situé à l'abri de la PCi de Crétalaison au Mont voit passer plus de 150 per-sonnes, retenues dans 4 box dont la solidité est mise à très rude épreuve. Et lesfourgons de transfert, pleins, qui continuent à arriver sur le parking... En résumé,un bon moment de stress, une activité remarquable des collaborateurs de la cellu-le, une organisation qui fonctionne bien et en définitive, une expérience enrichis-sante à ne pas renouveler, toutefois, toutes les semaines."

Com adjt Bernard Soldini

3 JUIN Bilan et répercussions



Les préparatifs pour la tenue du G8 à Evian ont mis en exergue, s'agissant de lasécurité intérieure, les particularités de la France et de la Suisse.Si en France voisine, rien n'est dit ou presque dans les médias sur les questions desécurité alors que des compagnies de CRS et des groupements de gendarmerieoccupent progressivement Evian et ses alentours, il n'en va pas de même chez nousoù un large débat public s'est instauré.Certains se sont extasiés devant la merveilleuse simplicité de la ligne de comman-dement française. La situation en Suisse est plus complexe, vu son organisationfédérale. En l'occurrence, l'octroi par le Conseil fédéral des contingents policierspour les engagements inter cantonaux est du jamais vu jusqu'ici.Les discussions entre les gouvernements cantonaux concernés et la Délégation duConseil fédéral à la sécurité en vue de la mise en place des dispositifs de maintiende l'ordre dans le cadre des manifestations annoncées n'ont pas manqué d'être cri-tiquées pour leur apparente lenteur, par les partisans d'une centralisation policière.A leurs yeux, la complexité actuelle n'est plus tolérable. Une police fédérale desécurité, dotée de larges compétences, serait mieux à même de maîtriser ce typed'événement, sa ligne de commandement beaucoup plus simple, donc plus effica-ce !Force est de constater que l'uniformisation des lois et la concentration des pouvoirsapparaissent de plus en plus comme un progrès en soi. Voulant expliquer à un hôteétranger certaines subtilités du fonctionnement de nos institutions fédérales, unhelvète lui aurait tenu ce propos :"C'est très simple, il suffit de respecter trois principes qui n'en font qu'un : La Suisseest compliquée.Si on a compris ça, tout s'éclaire !"A tous ceux qui se demandent si notre pays peut encore faire l'économie d'unepolice fédérale de sécurité, il faut résolument répondre par l'affirmative. La riposteaux débordements attendus nous offre l'occasion de démontrer que l'on peut par-faitement concilier complexité réelle ou supposée et efficacité.

Bernard Geiger, Commandant de la Police cantonale valaisanne

La Suisse peut faire l’économie d’unePolice fédérale de sécurité


Le démontage des dispositifs débute le 3 juin à 24h00 et se termine le 6 juin 2003,date correspondant à la fin du cours de répétition des troupes engagées dans l'o-pération.C'est dès le mois de mars que des bataillons du régiment d'infanterie de montagne5 VD sont occupés pour des travaux de renforcement du terrain à l'aéroport deGenève alors que l'opération 'COLIBRI' avec le démontage et le réaménagementpermanent des barbelés se termine le 24 juin, soit vingt jours après la fin duSommet. C'est le régiment d'infanterie de montagne 6 VS qui termine cette mis-sion de désengagement.Aucune perte de matériel relevante n'est à signaler.

Démontage des zones sécurisées

D É S E N G A G E M E N T


"Le matériel de l'armée, les véhicules enprêt et le matériel de la Police cantonalesont les trois principaux axes de la phasede désengagement.Le matériel militaire spécifique obtenuauprès de l'armée est rendu à l'arsenalde Bière avant la fin du mois de juin.Les véhicules prêtés par l'armée et d'au-tres partenaires, environ 215, sont resti-tués dans les 7 jours suivant la fin del'engagement.Quant au matériel de la Police cantonaleattribué aux diverses cellules, sa redditions'effectue dans les jours qui suivent lebouclage de l'opération. Pour ce dernierpoint, le manque de locaux de stockagepose un problème majeur qui est actuelle-ment partiellement résolu par la mise àdisposition de locaux par l'armée."

Lt Dominique Rossi

Reddition et restitution du matériel



L'opération Colibri réunit de nombreux partenaires, qu'ils soient étrangers, fédé-raux ou cantonaux, civils et policiers. Au niveau fédéral l'on note la présence des Départements Militaire, Justice etPolice, Affaires étrangères, Ministère public de la Confédération, ainsi que celle despoliciers confédérés dans le cadre du concordat IKAPOL.Les polices cantonales genevoise, vaudoise et valaisanne, la police de Lausanne etles polices municipales vaudoises collaborent étroitement le temps d'un Sommet…Au niveau cantonal, chacun dans leur domaine, les entreprises de sécurité privée(Protectas et Securitas), le Service de sécurité civile et militaire (SSCM), la protectioncivile (PCi), l'IPSC, l'Ordre judiciaire, le Service pénitentiaire et ORCA/DIAM contri-buent à la sécurité. Tandis que sociétés de transports publics (CGN, CFF, TL, etc.) etGrandes Ecoles (EPFL, l'UNIL) se mobilisent et dispensent leurs services soit auxchefs d'Etat et délégations, soit à la population ou aux manifestants. Les voiriescantonale et communales font en sorte que les axes routiers soient dégagés. LeCGFr, renforcé par des miliciens, filtre l'afflux des personnes aux frontières. La sécu-rité lacustre est renforcée par l'appui de la SISL, relayant l'information et la pré-vention à proximité des ports lémaniques. Sur terre, les Services de Défense contrel'Incendie et de Secours (SDIS) sont prêts à intervenir si nécessaire.Les dispositifs sanitaires civil et policier apportent leur soutien aux blessés suite auxaléas des manifestations. La Main Tendue, associée à la cellule "Téléphone - infor-mation à la population", peut réconforter les citoyens en proie aux soucis décou-lant parfois des inquiétudes ou ravages perpétrés par des casseurs.Dans un esprit de communication, les services de presse des polices cantonales etlausannoise, le DFAE, le DDPS, la déléguée à la communication du DSE, le Centrepatronal, l'Office du tourisme vaudois, Lausanne Tourisme, le Service d'informationde la ville de Lausanne, le BIC et la HEP sont largement associés à la démarche ten-dant à la diffusion de l'information.

La sécurité une affaire d’équipe


Cette année a été marquée par un évène-ment important pour nos deux pays, latenue du Sommet des chefs d'Etat à Evianau bord du Lac Léman.Dès l'annonce de l'événement, la France ademandé l'appui de la Suisse pour sonorganisation. C'est en étroite collabora-tion que nous avons travaillé pour enassurer le bon déroulement et nous ysommes largement parvenu.Les trois cantons (Valais, Vaud et Genève)et la Confédération ont concrétisé etdémontré qu'au delà du cadre juridiquefixé par l'accord signé entre les 2 pays, leshommes et les femmes, tous servicesconfondus, ont su et aimé travaillerensemble.Je tiens personnellement à remercier lesautorités et tous les acteurs suisses qui ontcontribué à ce succès et à souligner quel'excellence de la coopération transfronta-lière en matière judiciaire, douanière etpolicière nous permet d'envisager l'aveniravec sérénité.Qu'il me soit permis de rendre un hom-mage appuyé aux forces de sécurité suis-se et de les assurer de toute mon estimeet celle de nos concitoyens pour leurengagement et leur professionnalisme.

Jean-François CarencoPréfet de la Haute-Savoie

Les remerciements du Préfet de la Haute-Savoie



Un vent de solidarité a soufflé dans les rangs des polices, afin d'assurer la réussite dece Sommet d'Evian dans le respect de la démocratie, tel le pacte de 1291 et dans unesprit d'unité européenne. A vous Chers Collègues des cantons et des villes de:Schwytz, Uri, Obwald, Nidwald, St-Gall, Lucerne ville et canton, Tessin, Zoug, Soleure,Grison, Bâle-Ville, Bâle-Campagne, Berne, Zurich Ville et Canton, Neuchâtel, Jura,Thurgovie, Fribourg, Soleure, Argovie, Valais, Genève et des communes vaudoises,à vous Chers Collègues d'Outre-Rhin, dans des conditions parfois difficiles, votre motivation et votre professionnalisme ontété la clé de notre succès. Nous ne pouvons ici que vous transmettre nos vifs remer-ciements pour votre engagement sans faille.

Remerciements

Lors de la manifestation du 1er juin, au départ de la piscine de Bellerive, il y a eu un grandcoup de tonnerre suivi immédiatement d'une violente pluie. Les manifestants anti-G8 ontalors hurlé: METEO NATIONALE … METEO DU CAPITAL ... METEO NATIONALE ...METEO DU CAPITAL ...

En "queue de peloton" de la manif du 1er juin, habillés en Black block et rattachés augroupe Observation judiciaire, nous avons voulu traverser un cordon de policiers qui ontlancé une grenade lacrymogène à nos pieds. Les badauds n'ont pas du comprendrepourquoi trois manifestants riaient aux éclats après avoir été "gazés". Nous avons ensui-te appris que c'est dans ce même cordon qu'un cocktail Molotov avait été lancé, faisantun blessé. Ceci explique cela.

La délégation chinoise perturbe le canal radio de la Police cantonale pendant deux heu-res en installant des appareils non autorisés.

Coups de poing d'un Black block à la Bourdonnette ou tirs d'œufs d'un manifestantdevant le Royal Savoy. Un policier n'est à l'abri d'aucun type de projectiles, qu'ils soientcomestibles ou non, ce 1er juin.

Après 21 ans d'attente dans un garage, le camion tonne-pompe de la Police lausannoi-se a enfin été mis en action. Il a tenu un carrefour près des Figuiers, presque à lui toutseul, tout au long de la journée. Son moteur n'a pas été arrêté tout ce temps puisqu'iln'aurait pas pu être remis en marche, l'alternateur étant hors d’usage.

Suite à la parution dans 24 Heures du 31 mai 2003 de l'article "On entasse bien les robo-cops" une dame, probablement âgée, nous a informés qu'elle pouvait mettre à dispo-sition, dans son petit appartement d'Ouchy, une chambre avec deux lits et qu'elle étaitprête à partager sa salle de bain!

Un monsieur, également très âgé, habitant dans la zone d'exclusion, nous signalait qu'iln'avait pas vu la personne qui lui livrait ses repas à domicile et qu'il n'avait rien mangédepuis 2 jours. Il ignorait tout du G8 …

"Problème de coordination" à la place d'armes à Bière. Un paysan demande pourquoi ildoit retirer ses vaches de la zone des buts pour les tirs alors que des antennes "ONDI" ysont placées!

Cantine du CB, dimanche soir 1er juin. Alors que l’engagement ce matin pendant la mani-festation a été plutôt chaud … au menu du soir: "poulet froid"!!!

Durant les manifs les policiers ont demandé: "L'eau d'Evian, avec ou sans gaz?"

Un journaliste d'Antenne 2 constate: "Au travers de votre presse, on sent une certai-ne fébrilité des autorités par rapport au G8!" Le chargé de communication suisse luirépond: "En effet, en Suisse, à ce jour, plus de 1000 articles ont traité du sujet alorsqu'en France seuls 10 articles ont parlé du G8!"

Notre service de renseignement nous signale que les ROE, "Rules of engagement", sontpubliées sur un site Internet altermondialiste … Un officier supérieur répond à l'officierde renseignement: "Ben, ils sont bien renseignés!"

Lors d'un contrôle, un officier voit des militaires en pose et sans chaussures, il montre laphoto lors d'un rapport … "Tous les moyens sont bons pour faire fuir l'ennemi!"

6'000 vaubans ont été mis à la disposition des autorités civiles, 3'000 sont venus de Parisoù ils devaient être de retour pour le 14 juillet.

Anecdotes et photos insolites


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Pol Cant - Vaud · Anecdotes et photos insolites Editeur Association de la Revue de la Police cantonale vaudoise Centre Blécherette 1014 Lausanne Rédacteur responsable Jean-Christophe