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L’AGRICULTEUR PROVENÇAL - Vendredi 29 janvier 2016 RÉGION 11 D es amandiers, il s'en plante aujourd'hui un peu partout en Europe. Même si les États-Unis et l'Australie assurent toujours une grande majorité des approvisionnements mondiaux d'amandons, l'engouement pour l'amande est bien réel en Espagne, en Italie comme au Portugal. Des vergers vieillissants sont renouvelés et de nouvelles surfaces sont plan- tées pour répondre à une demande en constante progression depuis plusieurs années. Délaissé depuis des décennies en Provence, l'aman- dier fait l'objet depuis plusieurs mois d'un projet de relance porté par des producteurs et transforma- teurs soutenus par une politique agricole volontariste. La Chambre régionale d'agriculture Paca, plusieurs collectivités territo- riales et le secteur de la recherche du développement voient dans la réimplantation des amandiers une opportunité territoriale nouvelle. Le comité de pilotage du plan de re- lance table sur la plantation de 1 000 hectares d'amandiers dans les années à venir. Autrefois favorables à son dévelop- pement, les conditions de terroir et de climat pour cette relance n'ont pas changé dans la région. Le contexte technique, économique ou environnemental a certes évo- lué. Un travail sur le matériel végé- tal et sur les nouvelles orientations pour développer de nouveaux ver- gers est d'ailleurs en cours. Mais aujourd'hui les acteurs et parte- naires du projet estiment que le re- tour de l'amandier en Provence constitue un formidable vecteur d'intégration économique, agricole, touristique, culturel ou encore envi- ronnemental. Logique territoriale La Communauté de communes de la Vallée des Baux-Alpilles (CCVBA) a, par exemple, inscrit l'an dernier dans son schéma de développe- ment économique sa volonté de développer la filière amande. Pour son président Hervé Chérubini, "il s'agit d'une culture alternative et identitaire, que la CCVBA souhaite ac- compagner dans un objectif de diver- sification de l’agriculture". La réim- plantation des amandiers dans les Alpilles suscite beaucoup d'enthou- siasme chez les professionnels de la production, chez les industriels ou du côté de la Chambre de Commer- ce et d'Industrie d'Arles partenaire du projet. Pour la CCBVA, cette re- lance s’inscrit dans une démarche globale au service d’un développe- ment durable de chacune des com- munes. Celle des Baux-de-Provence par exemple, où les premiers chan- tiers de plantations ont démarré la semaine dernière. 250 amandiers ont été plantés sur deux parcelles communales des Baux. Du côté des élus de la commune très touristique, on semble surtout intéressé par les fleurs de l'amandier plus que par ses fruits. "Pour allon- ger la saison touristique, il est impor- tant de pouvoir la commencer dès la fin de l'hiver et l'amandier est un atout formidable pour appuyer notre action", indique Michel Fenard le quée dans la cause écologiste et l'Afac agroforesterie, une associa- tion investie dans la promotion de l'arbre champêtre (ou arbre hors-fo- rêt) auprès des collectivités, institu- tions comme du grand public. Mais cette nouvelle page de l'amandier en Provence commence à peine à s'écrire. Dans le territoire de la Vallée des Baux, des Alpilles, et au-delà dans la région, des projets émergent. Entre Mouriès et Saint-Martin-de-Crau un verger de 9 ha a été planté il y a quelques jours. Sur cette exploita- tion oléicole et de foin de Crau, on envisage déjà pour l'an prochain 9 hectares supplémentaires. À Saint-Rémy-de-Provence, le confi- seur Lilamand devrait prochaine- ment lui aussi planter plusieurs hec- tares pour couvrir ses besoins. D'autres réflexions ici ou là de- vraient aussi aboutir. Toutes ces démarches sont accom- pagnées par les acteurs de la re- cherche expérimentation (Inra, CTI- FL, Cirame, Chambres d'agriculture, GRceta, Grab, etc.) qui oeuvrent pour que le verger provençal re- trouve de la performance. À ce rythme-là, le marché sur le ma- tériel végétal pourrait donc con- naître dans les mois à venir une cer- taine tension. E.D. maire des Baux-de-Provence. C'est d'ailleurs une raison qui a poussé la commune à opter pour certaines variétés à floraison précoce pour ses plantations. Une douzaine de varié- tés (floraison précoce et tardive) lo- cales, traditionnelles et contempo- raines, auto-fertilles et stériles et avec différents profils organolep- tiques a été sélectionnée. Michel Fenard s'en réjouit d'avance, "pourquoi en effet ne pas imaginer aux Baux-de-Provence une fête des amandiers en fleurs comme celle dé- diée au cerisier au Japon ?". Les plantations ont démarré Les 20 et 21 janvier derniers, l'opéra- tion se voulait emblématique, mais elle illustre bien des moyens et de la volonté de tous les partenaires à dé- velopper cette filière. Avec la participation du lycée agri- cole de St Rémy de Provence, les plantations ont été soutenues par la Fondation Yves Rocher très impli- La relance de l’amande se concrétise en Paca Le projet de relance de la culture de l'amandier dans la région connaît ses premières concrétisations. POLITIQUE AGRICOLE RÉGIONALE Parmi les ouvriers du jour, au pied de la citadelle des Baux- de-Provence, Hervé Cherubini, Jacques Rocher président d'honneur de la fondation Yves Rocher, Jean Mangion maire de Saint-Étienne- du-Grès et Paule Pointereau de l'AFAC agroforesterie. E. Delarue L"histoire qui lie la vallée des Baux Alpilles et l'amandier continue de s'écrire. E. Delarue Convergence des énergies Véritable cheville ouvrière du pro- jet régional, Matthieu Bameule, chargé de mission au sein de la Communauté de communes Val- lée des Baux-Alpilles (CCVBA) a ra- tissé large, en amont comme en aval pour faire converger toutes les énergies entre les territoires et les intervenants pour la relance de l'amandier. Mais comme il le résu- me, "il y a surtout à l'origine une volonté politique territoriale forte pour servir la cause de l'amande". E.D. Répondre à d'autres problématiques "La démarche initiée par la commune des Baux-de-Provence répond à cet- te problématique de filière sur la cul- ture de l'amande mais aussi à une problématique foncière en libérant des friches", explique Bruno Dunand. L'oléiculteur bio se lance dans la cul- ture de l'amande grâce à la mise à disposition de terres communales. Il sera chargé de mener cette produc- tion, pour lui de diversification, mais qui dans le même temps servira de parcelle expérimentale au projet ré- gional. E.D. E. Delarue E. Delarue

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L’AGRICULTEUR PROVENÇAL - Vendredi 29 janvier 2016

RÉGION

11

D es amandiers, il s'en planteaujourd'hui un peu partouten Europe. Même si les

États-Unis et l'Australie assurenttoujours une grande majorité desapprovisionnements mondiauxd'amandons, l'engouement pourl'amande est bien réel en Espagne,en Italie comme au Portugal. Desvergers vieillissants sont renouveléset de nouvelles surfaces sont plan-tées pour répondre à une demandeen constante progression depuisplusieurs années. Délaissé depuisdes décennies en Provence, l'aman-dier fait l'objet depuis plusieursmois d'un projet de relance portépar des producteurs et transforma-teurs soutenus par une politiqueagricole volontariste.La Chambre régionale d'agriculturePaca, plusieurs collectivités territo-riales et le secteur de la recherchedu développement voient dans laréimplantation des amandiers uneopportunité territoriale nouvelle. Lecomité de pilotage du plan de re-lance table sur la plantation de 1 000 hectares d'amandiers dans lesannées à venir.Autrefois favorables à son dévelop-pement, les conditions de terroir etde climat pour cette relance n'ontpas changé dans la région. Lecontexte technique, économiqueou environnemental a certes évo-lué. Un travail sur le matériel végé-tal et sur les nouvelles orientationspour développer de nouveaux ver-gers est d'ailleurs en cours. Maisaujourd'hui les acteurs et parte-naires du projet estiment que le re-tour de l'amandier en Provenceconstitue un formidable vecteurd'intégration économique, agricole,touristique, culturel ou encore envi-ronnemental.

Logique territorialeLa Communauté de communes dela Vallée des Baux-Alpilles (CCVBA)a, par exemple, inscrit l'an dernierdans son schéma de développe-ment économique sa volonté dedévelopper la filière amande. Pourson président Hervé Chérubini, "ils'agit d'une culture alternative etidentitaire, que la CCVBA souhaite ac-

compagner dans un objectif de diver-sification de l’agriculture". La réim-plantation des amandiers dans lesAlpilles suscite beaucoup d'enthou-siasme chez les professionnels de laproduction, chez les industriels oudu côté de la Chambre de Commer-ce et d'Industrie d'Arles partenairedu projet. Pour la CCBVA, cette re-lance s’inscrit dans une démarcheglobale au service d’un développe-ment durable de chacune des com-munes. Celle des Baux-de-Provencepar exemple, où les premiers chan-tiers de plantations ont démarré lasemaine dernière. 250 amandiersont été plantés sur deux parcellescommunales des Baux.Du côté des élus de la communetrès touristique, on semble surtoutintéressé par les fleurs de l'amandierplus que par ses fruits. "Pour allon-ger la saison touristique, il est impor-tant de pouvoir la commencer dès lafin de l'hiver et l'amandier est unatout formidable pour appuyer notreaction", indique Michel Fenard le

quée dans la cause écologiste etl'Afac agroforesterie, une associa-tion investie dans la promotion del'arbre champêtre (ou arbre hors-fo-rêt) auprès des collectivités, institu-tions comme du grand public. Maiscette nouvelle page de l'amandieren Provence commence à peine às'écrire.Dans le territoire de la Vallée desBaux, des Alpilles, et au-delà dans larégion, des projets émergent. EntreMouriès et Saint-Martin-de-Crau unverger de 9 ha a été planté il y aquelques jours. Sur cette exploita-tion oléicole et de foin de Crau, onenvisage déjà pour l'an prochain 9 hectares supplémentaires.À Saint-Rémy-de-Provence, le confi-seur Lilamand devrait prochaine-ment lui aussi planter plusieurs hec-tares pour couvrir ses besoins.D'autres réflexions ici ou là de-vraient aussi aboutir.Toutes ces démarches sont accom-pagnées par les acteurs de la re-cherche expérimentation (Inra, CTI-FL, Cirame, Chambres d'agriculture,GRceta, Grab, etc.) qui oeuvrentpour que le verger provençal re-trouve de la performance.À ce rythme-là, le marché sur le ma-tériel végétal pourrait donc con -naître dans les mois à venir une cer-taine tension. ■

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maire des Baux-de-Provence. C'estd'ailleurs une raison qui a poussé lacommune à opter pour certainesvariétés à floraison précoce pour sesplantations. Une douzaine de varié-tés (floraison précoce et tardive) lo-cales, traditionnelles et contempo-raines, auto-fertilles et stériles etavec différents profils organolep-tiques a été sélectionnée.Michel Fenard s'en réjouit d'avance,"pourquoi en effet ne pas imagineraux Baux-de-Provence une fête desamandiers en fleurs comme celle dé-diée au cerisier au Japon ?".

Les plantations ont démarréLes 20 et 21 janvier derniers, l'opéra-tion se voulait emblématique, maiselle illustre bien des moyens et de lavolonté de tous les partenaires à dé-velopper cette filière.Avec la participation du lycée agri-cole de St Rémy de Provence, lesplantations ont été soutenues par laFondation Yves Rocher très impli-

La relance de l’amande se concrétise en PacaLe projet de relance de la culture de l'amandier dans la région connaît ses premièresconcrétisations.

POLITIQUE AGRICOLE RÉGIONALE

Parmi les ouvriers du jour, au pied de la citadelle des Baux-de-Provence, Hervé Cherubini, Jacques Rocher président d'honneurde la fondation Yves Rocher, Jean Mangion maire de Saint-Étienne-du-Grès et Paule Pointereau de l'AFAC agroforesterie.

E. Delarue

L"histoire qui lie la vallée des Baux Alpilles et l'amandier continue de s'écrire.

E. Delarue

Convergence des énergies

Véritable cheville ouvrière du pro-jet régional, Matthieu Bameule,chargé de mission au sein de laCommunauté de communes Val-lée des Baux-Alpilles (CCVBA) a ra-tissé large, en amont comme enaval pour faire converger toutesles énergies entre les territoires etles intervenants pour la relance del'amandier. Mais comme il le résu-me, "il y a surtout à l'origine unevolonté politique territoriale fortepour servir la cause de l'amande".

E.D.

Répondre à d'autres problématiques

"La démarche initiée par la communedes Baux-de-Provence répond à cet-te problématique de filière sur la cul-ture de l'amande mais aussi à uneproblématique foncière en libérantdes friches", explique Bruno Dunand.L'oléiculteur bio se lance dans la cul-ture de l'amande grâce à la mise àdisposition de terres communales. Ilsera chargé de mener cette produc-tion, pour lui de diversification, maisqui dans le même temps servira deparcelle expérimentale au projet ré-gional.

E.D.

E. Delarue

E. Delarue