Politique Marche Travail Chomage Maroc

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Politiques du march du travail et chmage au Maroc : Une analyse quantitativePierre Richard Agnor* et Karim El Aynaoui Banque Mondiale, Washington DC 20433 Version actuelle : 26 octobre 2003 Traduction franaise de Labor Market Policies and Unemployment in Morocco: A Quantitative Analysis, publi comme document de travail No. 3091 de la Banque Mondiale.

Abstract Ce papier tudie limpact des politiques concernant le march du travail sur le chmage au Maroc. Il dbute par un aperu des principales caractristiques du march de travail. Il prsente ensuite un cadre quantitatif qui capte plusieurs de ses caractristiques, comme un secteur public trs large, des paiements redondants, des syndicats puissants et la migration internationale du travail. La troisime partie simule limpact dune diminution du salaire minimum et de la taxe sur le revenu. Les rsultats indiquent que ces politiques auraient des rpercussions non ngligeables court terme au niveau du chmage des non qualis. Toutefois, les rsultats montrent aussi que les rformes, pour tre ecaces long terme, doivent tre accompagnes par des mesures budgtaires compensatoires an dviter les eets dviction de linvestissement priv.

Classication JEL : C68, D58, O11

Nous remercions les participants des prsentations au Ministre des Finances au Maroc et lUniversit du Caire pour des commentaires utiles sur une version antrieure, et Abdelkhalek Touhami qui a construit la matrice de comptabilit sociale sous-jacente au modle. Dominique van der Mensbrugghe, Henning Jensen, et Nihal Bayraktar nous ont fourni une assistance technique de grande qualit. Les vues exprimes dans cet articule ne reprsentent pas ncessairement ceux de la Banque Mondiale.

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Contents1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4 6 6 7 7 8 9 10 11 11 12 13 13 14 14 15 15 15 16 18 18 18 19 20 20 21 21 23 25 27 28 29 31 31 34 36 37 39 2 Le march du travail Marocain 2.1 La structure de base . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2.2 Emploi, chmage et rendement de lducation . . . . . . . . . 2.2.1 La rpartition sectorielle de la force de travail . . . . . 2.2.2 Les emplois du secteur public . . . . . . . . . . . . . . 2.2.3 Le chmage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2.2.4 Le rendement de lducation . . . . . . . . . . . . . . . 2.3 Caractristiques rglementaires et institutionnelles . . . . . . 2.3.1 La rglementation du salaire minimum . . . . . . . . . 2.3.2 Les rglementations de lembauche et du licenciement 2.3.3 Les processus institutionnels dappariement . . . . . . 2.3.4 Les cots non salariaux du travail . . . . . . . . . . . 2.3.5 Les Syndicats . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2.4 La exibilit des salaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2.5 Migration interne et internationale du travail . . . . . . . . . 2.5.1 La migration rurale-urbaine . . . . . . . . . . . . . . . 2.5.2 La migration internationale . . . . . . . . . . . . . . . 2.6 Les contraintes et les ds . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3 Un cadre quantitatif 3.1 La production . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3.1.1 La production rurale . . . . . . . . . . . . . . . . 3.1.2 La production urbaine informelle . . . . . . . . . 3.1.3 La production de biens et services publics . . . . 3.1.4 La production du secteur urbain formel . . . . . 3.2 Salaires, Emploi, Migration et formation . . . . . . . . . 3.2.1 Salaires ruraux, emploi et migration intrieure . 3.2.2 Salaires urbains non qualis, emploi et chmage 3.2.3 Salaires urbains qualis, emploi et chmage . . 3.2.4 Lacquisition des qualications . . . . . . . . . . 3.2.5 La migration internationale du travail . . . . . . 3.3 Lore et la demande . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3.4 Le commerce extrieur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3.5 Les Prix . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3.6 Les Prots et le revenu . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3.7 La consommation, lpargne et linvestissement . . . . . 3.8 Le gouvernement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3.9 La balance des paiements . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

4 Expriences de rformes du march du travail 40 4.1 Rduction du salaire minimum . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41 4.2 Rduction des taxes salariales sur la main doeuvre non qualie 43

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5 Conclusion Annexe A : Liste des quations Annexe B : Notations et dnitions des variables Annexe C : Calibrage et valeurs des paramtres Rfrences

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Introduction

Durant la priode 1983-92, lconomie marocaine a connu un taux de croissance annuel moyen de lordre de 3,5 pour cent. Ce taux sest lev 3,1 pour cent durant la priode 1993-2000, ceci malgr une volatilit assez leve (gnre principalement par le secteur agricole) du niveau de production. Toutefois, la croissance rapide de la population a limit la croissance du revenu par habitant aux alentours de 1,4 pour cent durant les annes 80 et un taux ngligeable durant les annes 90. De plus, limportante augmentation de lore de travail (environ 2,5 pour cent cours des deux dernires dcennies) induite par des taux de participation croissants, conjugue avec une croissance conomique relativement faible a conduit une acclration du chmage dans les zones urbaines et du sous emploi dans le secteur rural (voir Figure1). Linquitude souleve par le faible rythme de cration demplois a conduit de nombreuses rexion sur les rformes structurelles destines acclrer le taux de croissance conomique. Dans ce contexte, un intrt particulier a t port aux direntes rformes du march du travail et leurs ventuelles rpercussions sur le chmage et lallocation des ressources. Lobjectif de cet article est dtablir un cadre macroconomique quantiable que nous pourrons utiliser pour valuer limpact de dirents types de rformes du march du travail sur le taux de chmage, les salaires et la croissance conomique au Maroc. Le point dpart de lanalyse est quune bonne connaissance du march du travail, particulirement dans les zones urbaines, est une condition essentielle pour la mise en place de rformes favorisant la croissance. En eet, dirents travaux empiriques ont montr que le march du travail est un facteur dterminant du bien tre individuel dans les conomies en voie de dveloppement. Il a une incidence directe sur le revenu des mnages car les pauvres gnrent lessentiel de leurs ressources en orant leur force de travail. De plus, le march du travail est un canal de transmission important des dirents chocs exognes et des politiques dajustement ( la fois macroconomique et structurelles) sur lactivit conomique, lemploi, les prix relatifs et lallocation des ressources. Par exemple, la segmentation du march du travail a un eet dterminant sur la nature de limpact des rformes du march du travail sur lallocation des ressources. En eet, en prsence dune faible mobilit des travailleurs, un march de travail segment contribue perptuer les carts de niveaux de salaire, ce qui pourrait retarder la rallocation des ressources ncessaires pour amortir les chocs externes ou induits par des politiques. En plus de la segmentation du march du travail et de limparfaite mobilit du facteur travail, il est aussi important de prendre en compte lhtrognit de la force de travail et les spcicits de chaque secteur dans la formation des salaires. Ces considrations sont au coeur du fonctionnement du march du travail dans les zones urbaines. En revanche, le fonctionnement du march du travail dans les zones rurales dans les pays en voie de dveloppement est plutt concurrentiel. Le reste de cet article est organis comme suit. La section 2 prsente un aperu du march du travail marocain. Elle explique aussi les principales contraintes aectant le march du travail et identie quelques uns des ds majeurs 4

que le Maroc continuera aronter dans les prochaines annes. La section 3 prsente un modle permettant lestimation de limpact quauraient diverses rformes du march du travail sur la croissance, le chmage et les salaires. Le modle dvelopp dans cet article est bas sur le modle IMMPA dvelopp par Agnor, Izquirdo et Fofack (2003) et Agnor, Fernandez, Haddad et Van der Menbrugghe (2003)1 . Toutefois, la version dveloppe dans ce qui suit dire dune faon importante de celle dveloppe dans les autres articles, an de reter les spcicits institutionnelles du pays tudi et les types de politiques que nous avons voulu tudier. Premirement, nous prenons en compte lexistence de chmage dclar pour le travail non qualie en zone urbaine, par lintroduction dun mcanisme du type Harris-Todaro pour dterminer lore de main doeuvre non qualie dans le secteur formel. Cette extension est trs importante pour le Maroc o le chmage des non qualis reprsente une fraction trs importante du chmage dclar. Deuximement, nous utilisons une approche de monopole syndical pour dterminer le salaire des travailleurs qualis dans le secteur priv formel qui prend en compte les cots de licenciement, le chmage dclar et le rle de signalisation des salaires du secteur public sur le salaire cible des syndicats. Cette condition a conduit une quation de salaire dans laquelle il y a un eet du niveau du chmage sur les salaires, comme prvu par plusieurs formes de la thorie des salaires decience (comme ceux prconisant le lien productivit salaire ou les cots de rotation, un cadre de ngociation entre les entreprises et un syndicat central ou un eet ngatif du chmage sur le salaire de rserve des travailleurs). Troisimement, par hypothse, nous estimons que les salaires nominaux sont totalement exibles pour les travailleurs syndiqus et non syndiqus du secteur agricole des biens changeables et non changeables et quils sajustent continuellement pour quilibrer lore et la demande de travail sur le march du travail rural. Quatrimement, les salaires du secteur public sont traits comme exognes. Par hypothse, nous considrons aussi quil existe des avantages non pcuniaires (en termes de scurit du travail par exemple) qui induisent une absence de rotation pour cette catgorie de travailleurs, mme en prsence de salaires plus importants pour la mme catgorie de travailleurs dans le secteur priv. Cinquimement, en vue danalyser limpact des changements dans la taxation des salaires sur lemploi, nous introduisons un impt sur le revenu pour la main doeuvre qualie et non qualie dans le secteur priv formel urbain. Limpact de limpt sur le revenu sur la demande de travail (particulirement pour la main doeuvre non qualie) est une question de politique conomique majeure au Maroc. Notre modle nous permet de considrer les implications gnrales dues au changement du niveau de ces taxes et les divers canaux de transmission travers lesquels elles aectent le niveau du chmage, en plus des complmentarits possibles entre les politiques du march de travail et la rforme de ces impts. Finalement, nous prenons en considration les effets de congestion associe lutilisation des ressources publiques dans les zones urbaines.1 Divers modles dquilibre gnral ont t rcemment labors pour le Maroc. Ils incluent Cogneau et Tapinos (1995), Lofgren (1999) et Rutherford, Rustrom, et Tarr (1994).Toutefois, aucun de ces modles ne traite les problmatiques discutes dans ce papier.

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La section 4 simule une diminution du salaire minimum et une rduction du niveau de taxation du travail non quali. Dans les deux cas, nous portons notre attention sur le comportement des salaires travers tous les secteurs, sur la demande du travail et le chmage. La section 5 rsume les principaux rsultats de lanalyse. Nous soulignons, en particulier, limportance dtendre le champs des simulations an de considrer limpact de diverses rgles de fermeture pour le budget ( savoir, des changements compensatoires dans les impts), des rductions des cots de licenciement, des licenciements dans le secteur public (qui peuvent tre combins avec une augmentation des subventions lemploi en faveur des entreprises du secteur priv formel), des changements dans le pouvoir de ngociation entre les syndicats et les employeurs, et les eets du changement de la composition des dpenses publiques (comme lallocation entre linvestissement dans linfrastructure, lducation et la sant) sur la croissance et le chmage.

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Le march du travail Marocain

Cette section prsente une revue du march de travail marocain. Premirement, nous prsentons ses caractristiques structurelles de base et son degr de segmentation en mettant particulirement laccent sur le rle du secteur informel. Deuximement, nous examinons lensemble de la composition de la force de travail (incluant lemploi public), la structure du chmage et les rendements privs des investissements en ducation. Troisimement, nous prsentons les caractristiques rglementaires et institutionnelles du march du travail. Nous tenons galement compte de la lgislation sur le salaire minimum, les restrictions lembauche et au licenciement, les cots non salariaux du travail et le rle des syndicats. Quatrimement, nous examinons le degr de exibilit des salaires. Cinquimement, nous discutons les facteurs aectant la migration interne et internationale du travail. Finalement, nous mettons laccent sur certaines des contraintes et ds que le march du travail posent aux dcideurs.

2.1

La structure de base

Le march du travail urbain dans les conomies en voie de dveloppement est gnralement reprsent par une structure duale compose de deux marchs, formel et informel, avec deux modes de fonctionnement distincts. Cette hypothse de segmentation a dimportantes implications sur le fonctionnement du march du travail. Par exemple, les emplois salaire lev du secteur formel sont souvent rationns alors que, malgr un excs de lore de travail du secteur informel bas salaires; les salaires ne sajustent pas. Notons que de nombreuses tudes ont montr le caractre htrogne des deux marchs en terme de nature des occupations, de mode de production, de revenus, etc. Les tudes empiriques ne conrment pas expressment le fonctionnement concurrentiel du secteur informel. En fait, dans certains pays, plusieurs activits classes dans le secteur informel ont des barrires lentre. Par exemple, laccs peut tre conditionn

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par des pratiques traditionnelles et des rgles non crites mais trs strictes. Cela semble tre le cas dans plusieurs activits du secteur informel, tel que lartisanat, marocain. Malgr le manque de donnes exhaustives lchelle micro-conomique sur les entreprises, le point de vue partag et que le march du travail urbain du Maroc est segment en deux marchs. A travers notre modle, nous avons essay de mesurer la taille relative de chacun des deux segments. Par exemple, les fonctionnaires (gouvernement central et gouvernement local), les travailleurs dans les entreprises publiques et ceux couvert par la scurit sociale (CNSS) constituent le secteur formel. Le secteur informel correspond alors au rsidu2 . Dautres tudes ont montr que le march du travail marocain urbain est fortement segment et que son fonctionnement est loin dtre comptitif3 . Dimportants direntiels de salaires non compensatoires sont prsents entre des travailleurs dotations productives similaires : des gains suprieurs sont frquemment observs quand des travailleurs (mme non qualis) se trouvent dans des segments particuliers du march du travail. En eet, malgr lexistence dun excs dore de travail, les salaires dans le secteur formel ne sajustent pas. Et le secteur informel nabsorbe pas tous les demandeurs demplois. Dans ce contexte de mobilit restreinte du travail et de modalits particulires de participation au march du travail, le secteur demploi est un facteur dterminant de la rmunration individuelle et du niveau de vie. De plus, des enqutes montrent que les entreprises prives sont disposes payer une prime (comme suggr par les thories du salaire decience) pour garantir lengagement des travailleurs.

2.2

Emploi, chmage et rendement de lducation

La premire partie de notre revue des principales caractristiques du march du travail marocain est centre sur la rpartition sectorielle de la force de travail, la structure de lemploi public, la composition du chmage, et le rendement de lducation. 2.2.1 La rpartition sectorielle de la force de travail

Au Maroc, une part importante de la force de travail (autour de 55 pour cent en 2000) est employe dans le secteur agricole. Cette proportion est relativement leve puisque dans les pays revenu moyen, elle est denviron 35 pour cent. En mme temps, les femmes continuent ne reprsenter que 22 pour cent de la force de travail urbaine. Les donnes sur la distribution par occupation de la force de travail dans les zones urbaines montre que lemploi salari domine, suivi par les travailleurs indpendants. Le schma 6 (Figure 3) montre la distribution de la force de travail par statut en 2000. Il montre que les salaris constituent 61 pour cent de lemploi total alors que les travailleurs indpendants ne reprsentent que 24 pour cent. La majorit des salaris travaille dans le secteur urbain priv, lespar exemple, Belghazi (1998) et Touhami (2003). tests eectus par El Aynaoui (1998) conrment la prvalence de lhypothse de segmentation.3 Les 2 Voir,

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emplois du secteur public (gouvernement central, autorits locales, entreprises publiques) reprsentent, eux aussi, une proportion assez importante de la force de travail occupe (environ 19,5 pour cent). Le reste des travailleurs sont des aides familiaux non rmunrs, des apprentis, des employeurs ou des travailleurs domicile. Le niveau dducation moyen de la force de travail est assez bas puisque 55 pour cent des travailleurs ne possdent, en 2000, aucun diplme. Les tudes pour les pays en dveloppement suggrent, en gnral, que la diminution du nombre dopportunits pour devenir salari conduit les travailleurs sinstaller leur propre compte. Au Maroc, les donnes semblent indiquer que la proportion de travailleurs indpendants dans lensemble des emplois urbains augmente quand il y a une diminution du travail salari. Cependant, durant les annes 90 (une dcennie marque par des performances de croissance assez faible comme indiqu prcdemment ), la proportion de travailleurs indpendants na pas sensiblement augment restant aux environs de 24 pour cent de lemploi total. Bien que certains travaux tendent indiquer que le march du travail urbain sinformaliserait, cet argument demeure discutable. Si nous dnissons le processus dinformalisation simplement comme la diminution de la proportion des salaris dans lemploi total, il nest pas vident quil y a eu informalisation sur le march du travail urbain. En eet, mme sil y a eu des uctuations annuelles marques sur le march du travail, les emplois salaris reprsentent de loin le principal type demplois au Maroc. Sa proportion na pas beaucoup diminu durant les annes 90. Le minimum a t de 59,3 pour cent du total de la force de travail enregistre en 1993 (voir Schma 5, Figure 3). 2.2.2 Les emplois du secteur public

Le secteur public (gouvernement central, municipalits, entreprises publiques) joue un rle trs important au Maroc. Il reprsente en 2000 environ 18 pour cent du PIB du Maroc, soit environ 635 000 employs (non compris les militaires et le personnel des municipalits), ce qui quivaut 15 pour cent du total de la force de travail ou 19,5 pour cent si nous incluons les entreprises publiques. En consquence, la politique salariale dans le secteur public a des consquences trs importantes sur le fonctionnement du march du travail. Une tude rcente de la Banque Mondiale (2002) indique que les compensations montaires dans le secteur public sont de 8 pour cent suprieure celles du secteur priv. Si nous incluons les compensations non pcuniaires, comme la scurit de lemploi, un fonds de pension gnreux, un rendement moins lev au travail, alors la divergence entre le secteur public et le secteur priv est encore plus importante. Lenqute sur les niveaux de vie ralise en 1998-99 pour valuer la valeur de ces compensations non pcuniaires suggre quen moyenne, elles sont quivalentes 60-100 pour cent de la rmunration nominal. Ceci implique quun fonctionnaire obtiendra un salaire de 1,5 deux fois suprieur celui quobtiendrait un travailleur du secteur priv. Ceci pourrait expliquer la trs forte demande demploi adresse au secteur public, surtout de la part des travailleurs qualis.

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2.2.3

Le chmage

Comme dans de nombreux pays en dveloppement le chmage dclar au Maroc est essentiellement un phnomne urbain (voir panels 4 et 5, Figure2). En 2000, le taux de chmage urbain a t de 21,4 pour cent contre 15,9 pour cent en 1990. En 2000, ceci quivaut une population de 1,1 million de chmeurs par rapport une population active de 5,4 millions. Plusieurs faits rvlent des tensions au niveau du march du travail domestique. Les jeunes (15-24 ans) sont particulirement exposs au chmage dans les zones urbaines, avec un taux largement suprieur 30 pour cent ds le dbut des annes 90 (voir panel 5, Figure3). Tandis que le taux de chmage des individus sans instruction est relativement faible (12,2 pour cent en 2000) et uctue de faon signicative avec lactivit conomique, le taux de chmage est dune faon persistante assez lev pour des individus ayant un niveau dducation avanc. En 2000, le taux de chmage de cette dernire catgorie atteint 30,7 pour cent. Les dirences entre les hommes et les femmes sont-elles aussi trs importantes : en 2000, 26,7 pour cent des femmes actives urbaines ont t au chmage contre seulement 19,9 pour cent des hommes. Portons maintenant notre attention sur la composition du chmage. Les donnes rvlent que le groupe des 15-24 ans et ceux ayant eu un niveau dducation lev reprsentent respectivement 37 pour cent et 18 pour cent des chercheurs demploi en 2000. Les individus sans ducation ne reprsentent que 8 pour cent de la population non employ durant la mme anne. Le sous emploi est un phnomne plus important que ne le suggrent les donnes du chmage : en 1991, il a aect 20 pour cent de la force de travail urbaine, et pour les moins de 25 ans, le taux de sous emploi t de 34,5 pour cent. En 1995, ce taux t respectivement de 24,2 pour cent et 23,3 pour cent pour le groupe des 15-25 ans et celui des 25-34 ans. En gnral, les mouvements du taux de chmage sont fortement corrls aux uctuations du PIB. Par exemple, en 1995, une anne marque par une scheresse svre, le chmage urbain a atteint 22,9 pour cent; et la forte reprise ralise en 1996 avec une augmentation du PIB denviron 12 pour cent a induit une diminution du taux de chmage de 5 points en pourcentage. Des lments additionnels rvlent plusieurs caractristiques du chmage urbain au Maroc. Comme dans de nombreux pays en dveloppement, la majorit des chmeurs (environ 54,5 pour cent) sont la recherche de leur premier emploi. Parmi les chmeurs, limpact du chmage de long terme est trs important : en 2000, environ 75 pour cent des chercheurs demploi ont t la recherche dun emploi pour plus de 12 mois. De plus, le niveau dducation ne rduit pas dune manire signicative la probabilit de rester au chmage. En eet, si nous considrons seulement les individus ayant reu un niveaun dducation suprieure, nous trouvons que 85 pour cent ont t la recherche dun emploi pour plus dan. Plus gnralement, en 2000 la dure moyenne de chmage tait de 41 mois. Une analyse des modes de recherche demploi, suggre des caractristiques spciques. Une grande majorit des chmeurs (2/3 environ) cherche travers des contacts personnels. Une tude portant sur des cohortes dtudiants

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des instituts de formation professionnelle indique que les relations personnelles jouent un rle crucial dans lobtention dun emploi dans le secteur priv (voir Montmarquette et al. (1996)). Seul 9 pour cent des chercheurs demploi utilise des stratgies formelles (demandes crites, rponse des ores demploi, etc.). Ainsi, les relations personnelles semblent tre la meilleure faon dobtenir un emploi au Maroc. Dans un contexte de rglementation trs stricte sur lembauche et le licenciement, limportance accorde aux relations personnelles peut aussi tre une faon par laquelle les employeurs minimisent, travers le maximum dinformation sur le candidat, les risques associs lembauche. Quels types demploi sont prfrs par les chmeurs? Daprs les tudes disponibles, plus de 80 pour cent des chmeurs sont la recherche dun emploi salari. En eet, seulement une faible part est dispose dmarrer une activit indpendante. Les travailleurs qualis prfrent souvent rester au chmage plutt que daccepter des emplois dans le secteur informel (ceci est gnralement d limpact de lenvironnement familial sur le chmage de luxe) ou commencer une activit indpendante. Ainsi, le fait quenviron 36 pour cent des chercheurs demploi pauvres urbain sont prts accepter nimporte quel emploi, contre seulement 15 pour cent de ceux qui ne sont pas pauvres est un signe clair de leur vulnrabilit. Dans les zones urbaines, le taux de chmage pour les pauvres est environ 50 pour cent plus lev que le taux de chmage gnral. Dans lensemble, linsertion sur le march du travail est un facteur dterminant du niveau de vie. Le ratio de dpendance calcul comme tant le rapport entre le nombre de chmeurs sur le nombre des employs au sein dun mme mnage est de 50 pour cent plus lev pour les familles pauvres. De mme, les indicateurs conomtriques estims indiquent, toute chose tant gale par ailleurs, que le chmage augmente dune manire signicative la probabilit dtre pauvre (voir El Aynaoui (1998)). Le lien entre la pauvret et le fonctionnement du march du travail est un lment dcisif en faveur dune acclration des rformes du march du travail pour rsoudre les problmes de segmentation et de chmage. 2.2.4 Le rendement de lducation

Globalement, le peu dtudes disponibles valuant limpact du niveau dducation sur les revenus montrent linuence positive habituelle. Lexprience professionnelle dtermine galement le rendement de lducation il y a un eet quadratique. Les estimations de fonction de gains pour les salaris aux niveaux national et rgional indiquent que la rentabilit marginale dun investissement priv en ducation est de lordre de 10 pour cent pour chaque anne dtude additionnelle (voir Touhami (2003) et Cherkaoui et al (2002)). Les rendements de lducation sont plus levs pour les femmes et dans les zones urbaines. Toutefois, les rendements de lducation sont un peu dirents quand on prend en considration lhypothse de segmentation (voir El Aynaoui (1998)). En fait, un eect est observ seulement dans le secteur formel alors que les rendements privs de lducation ne sont pas signicatifs dans le secteur informel. Ce rsultat peut limiter les incitations investir dans le capital humain, surtout dans les cat10

gories dindividus qui, comme voqu plus haut, ne peuvent pas avoir accs au secteur formel.

2.3

Caractristiques rglementaires et institutionnelles

Les caractristiques rglementaires et institutionnelles du march du travail marocain qui sont importantes pour comprendre la formation des salaires et la cration demplois comprennent le salaire minimum, les rglementations dembauche et de licenciement, le institutions dintermdiation entre lore et le demande de travail, la structure des cots non salariaux et le rle des syndicats. 2.3.1 La rglementation du salaire minimum

Le Maroc a adopt ds 1936 une lgislation sur le salaire minimum qui dtermine dirents niveaux de salaire pour les marchs du travail urbain et rural, et pour direntes catgories dge. Les salaires minimums sont rviss selon un mcanisme formel dindexation aux prix, principalement quand lindice des prix la consommation augmente de 5 pour cent. Dans la pratique, les rvisions sont cependant irrgulires et plutt indpendantes de cette rgle dindexation. En eet, elles sont gnralement le rsultat de dcisions politiques et discrtionnaires la suite de pressions syndicales importantes. Les quelques tudes disponibles suggrent que la rglementation du salaire minimum urbain (qui concerne principalement les travailleurs non qualis) est gnralement respecte dans le secteur priv formel grce un rle actif de ladministration et des syndicats. Daprs Benhayoun et al. (2001), seulement 13 pour cent des salaries dans le secteur priv formel peroit un salaire infrieur au minimum requis. Durant la priode 1970-2000, le salaire minimum nominal urbain a augment en moyenne de 6 pour cent par an (voir panels 1 et 4, Figure 2). En termes rels, le salaire minimum urbain uctue, mme si ce nest que lgrement, cause de son processus de rvision ad hoc. Durant la priode 1970-2000, le salaire minimum rel urbain a augment dune moyenne de 1,1 pour cent chaque anne. Seulement durant les annes 90, il a augment denviron 1,3 pour cent, soit un taux plus lev que le taux de croissance de la productivit du travail dans le secteur industriel priv formel. Ces augmentations gnrent un eet ngatif sur la demande de travail non qualie et contribuent laugmentation du cot unitaire du travail au Maroc, aectant par consquent la comptitivit extrieure du Maroc. Le salaire minimum urbain reprsente 50 pour cent du salaire moyen dans le secteur priv formel et 178 pour cent du PIB par tte en 2000 un niveau assez lev relativement dautres pays en voie de dveloppement. Benhayoun et al. (2001) ont trouv que la lgislation du salaire minimum inuence, mme si faiblement, la structure gnrale des salaires dans le secteur priv formel. Leur tude a aussi montr quune augmentation du salaire minimum tend rduire les ingalits salariales dans le court terme, mais cet eet est plutt limit sur le long terme cause de leet de diusion toute la structure salariale. Dautres estimations ralises au niveau des entreprises du secteur priv formel (Mouime

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(2001)) indiquent quune augmentation du salaire minimum induit aussi une augmentation du salaire moyen travers le temps. Plus spciquement, les lasticits court et long terme sont respectivement infrieure et suprieure lunit. Azam (1995) ne trouve pas de relation signicative entre le salaire minimum urbain et le niveau de lemploi, mais conclut quil aecte le niveau de lemploi travers lcart entre le salaire minimum et le salaire moyen pay dans le secteur priv formel. Benhayoun et al. (2001) indiquent galement que le salaire minimum urbain a tendance dcourager la cration demplois dans le secteur formel. Ici, une proccupation majeure pour la politique conomique, est dvaluer si le salaire minimum dcourage la cration demploi formel - particulirement pour les travailleurs faible qualication - par lintroduction dune rigidit la baisse des salaires rels. Comme discut au pralable, cest un outil important dans lvaluation de limpact des rformes du march du travail au Maroc. 2.3.2 Les rglementations de lembauche et du licenciement

Le Maroc dispose dune rglementation du march du travail plutt restrictive, particulirement lgard des procdures de licenciement dans le secteur priv. Ces rglementations sont bien excutes, travers le rle actif de ladministration et des syndicats. Par exemple, les licenciements des individus pour motif conomique sont prohibs. De plus, la diminution de leectif global en raison dobjectifs conomiques est pralablement soumise a lapprobation des autorits locales. Un employeur ne peut licencier un employ que pour des raisons disciplinaires. Mme dans ce cas, la loi octroie au licenci un droit dappel devant un tribunal qui examinera les conditions de son licenciement. La longueur et la complexit de la procdure font que les entreprises prfrent des arrangements coteux avec le licenci. En fait, plus que dans sa rigidit, le principal dfaut du cadre actuel rside dans le caractre imprvisible et incohrent de la jurisprudence dans le temps et lespace dcoule de limportante libert daction garantie par la loi aux tribunaux. Ce cadre trs contraignant du march du travail entrave la demande du travail. La pratique judiciaire accrot de plus la scurit de lemploi pour les travailleurs permanents, donnant ainsi ceux qui se trouvent lintrieur dune entreprise un fort pouvoir de ngociation, dsavantageant les outsiders. Aussi, les dicults engendres par le licenciement des travailleurs, et le cot nancier potentiel que le licenciement peut causer, expliquent, en partie, pourquoi les employeurs sont souvent hsitants quand il sagit dembaucher de nouveaux travailleurs et pourquoi ils comptent souvent sur les relations personnelles quand ils dcident dembaucher, comme dj mentionn, dans certaines tudes (CNJA (1995)), Montmarquette et al. (1996)). A travers les contacts personnels, les employeurs minimisent le risque li lembauche car ils recueillent le maximum dinformations sur le travailleur. Le candidat lui aussi se voit soumis une plus forte pression sociale et dispose dun pouvoir de ngociation rduit dans le cas dun licenciement. Globalement, nanmoins ce cadre lgal handicape les entreprises dans leur adaptation au cycle de lactivit conomique et dans 12

leurs rponses aux changements dans les prix relatifs, et encourage les contrats temporaires. La nature mme de ces contrats empche la ralisation de gains de productivit important, parce quils dissuadent les entreprises dinvestir dans le capital humain de leur force de travail. 2.3.3 Les processus institutionnels dappariement

Formellement, le processus dappariement est un monopole public. Le pays a rcemment adopt un ensemble de politiques actives du march du travail appeles amliorer le processus dappariement pour les jeunes qualis. Cette politique est principalement base sur des institutions publiques rgionales charges damliorer le processus dappariement entre lore et la demande de travail des jeunes qualis, et des dductions scales spciques favorisant leur appariement. Une tude ralise par Ibourk et Perelman (1999) montre que ces institutions ont tendance amliorer lecacit du processus dappariement, mais quelles sont limites dans leurs actions par lcart qui existe entre lore et la demande du travail. 2.3.4 Les cots non salariaux du travail

En plus de la rglementation sur le salaire minimum et de la lgislation sur le licenciement, de nombreuses contributions sociales obligatoires existent et aectent la fonction de demande de travail du secteur priv. Dans le secteur industriel formel priv, mis part limpt sur le revenu4 , les cots non salariaux du travail reprsentent environ 24 pour cent du cot total de la force de travail. Donc, pour un travailleur dans le secteur priv formel, il y a un cart important entre le salaire brut et le revenu net. Daprs le cadre rglementaire actuel, les employeurs paient environ 18,6 pour cent du salaire brut la scurit sociale (CNSS) pour les contributions la retraite et dautres couvertures sociales. Il y aussi une taxe obligatoire de 1,6 pour cent sur la masse salariale dune entreprise pour contribuer au nancement du systme public de formation professionnelle. Lemployeur est aussi responsable de la scurit de ses employs accident du travail et maladie professionnelle et il doit souscrire une assurance spcique pour couvrir ces risques. Le cot varie entre 1 pour cent et 3 pour cent du montant total des salaires. De plus, le secteur priv formel souscrit souvent une assurance maladie ses employs car elle nest pas incluse dans le systme de scurit sociale actuelle. Le cot de ces assurances maladie prive varie entre 2 pour cent et 4 pour cent du montant total des salaires. Enn, le plan de retraite obligatoire oert par la Scurit Sociale a conduit plusieurs entreprises souscrire des plans dpargne additionnelle. En gnral, le cot de ces plans complmentaires reprsente 12 pour cent du montant total des salaires. Souvent, le cot des couvertures-sant et des plans de retraite est partag dune faon galitaire entre lemployeur et lemploy.4 Les taux de taxation sont compris entre 13% 44%. Les cotisations sociales sont dductibles de la base imposable.

13

Il est utile de noter que la CNSS ne fournit aucune indemnit de chmage. Comme dans la plupart des pays en voie de dveloppement, aucun plan dindemnit de chmage nexiste au Maroc. Le remplacement des rglementations de licenciement coercitif et les onreuses indemnits de licenciement par un schma dindemnit de chmage pourrait amliorer le fonctionnement du march du travail urbain. 2.3.5 Les Syndicats

Le Maroc a trois syndicats avec des reprsentations lchelle nationale. Ils tirent leur pouvoir de ngotiation de la relation trs troite quils ont avec les partis politiques, un hritage de leur implication dans la lutte pour lindpendance. Les syndicats sont trs actifs et leur pouvoir de ngociation est important aussi bien au niveau du secteur public quau niveau du secteur priv formel. En particulier, ils jouent un rle trs actif dans lexcution des direntes conventions collectives en vigueur dans des secteurs spciques (banques, transport), mais aussi dans la formulation du corpus des rgles du travail dans ladministration et les entreprises publiques. Cette action collective cre une situation duale, savoir que les travailleurs dans nimporte lequel des secteurs syndiqus sont protgs alors que les autres secteurs sont soumis aux forces du march. Les syndicats contribuent au respect de lapplication des rglementations sur le salaire minimum et les modalits de licenciement, comme not au pralable. En 2001, les syndicats on t capable de ngocier une augmentation de 10 pour cent du salaire minimum et accrotre dune faon signicative les rmunrations du secteur public, malgr une faible ination et dimportantes contraintes budgetaires. Ils ont aussi bloqu, depuis de nombreuses annes, ladoption dun nouveau code du travail, cause des divergences de vue quils ont avec les employeurs sur la exibilit des contrats du travail.

2.4

La exibilit des salaires

Plusieurs des facteurs institutionnels dj examins (dont, les plus importants sont le salaire minimum, les rgles de licenciement et des syndicats ayant un pouvoir de ngociation important) peuvent entraver la exibilit du salaire rel au Maroc. Des donnes prcises sur lvolution du salaire rel au Maroc travers les secteurs et les catgories de qualications ne sont pas disponibles. Nanmoins, plusieurs tudes sectorielles indiquent que le salaire rel est relativement exible sur le march du travail urbain. Par exemple, entre 1980 et 1987, des donnes provenant de la Scurit Sociale (CNSS) ont montr que la salaire rel moyen dans le secteur priv formel a diminu de 10 pour cent. En utilisant diverses sources statistiques, Morrison (1991) indique que les salaires rels de lindustrie et du secteur public ont baiss substantiellement entre 1980 et 1986. Sur la priode 1985-89, cause dune croissance rapide du nombre de contrats temporaires faiblement rmunrs, le salaire rel a diminu de 2,5 pour cent par an dans le secteur manufacturier dont le corollaire a t une cration rapide demplois. Durant les annes 90, les salaires rels moyens ont augment dans

14

le secteur public et le secteur industriel formel priv, respectivement denviron 1,2 pour cent et 3,1 pour cent par an, la suite de plusieurs rvisions du salaire minimum et dune importante croissance des salaires des fonctionnaires. Au Maroc, les salaires nominaux tendent tre partiellement indexs aux prix. Selon les calculs conomtriques eectus par Mouime (2001), llasticit court terme du salaire nominal moyen par rapport lindice des prix la consommation est de 0.85 dans le secteur formel.5 Lauteur indique galement que dans le secteur industriel, le lien entre salaire et productivit est expliqu par une relation de salaire decience. Bien que cette analyse ne soit pas direncie par les niveaux de qualications ( cause de la non disponibilit des donnes), on sattend ce que cette relation soit particulirement forte pour les travailleurs qualis, introduisant ainsi un degr signicatif de baisse de rigidit des salaires pour cette catgorie de travailleurs dans le secteur formel priv. Les faits empiriques prsents ici nimpliquent pas quil ny a pas de rigidit relative entre les niveaux de qualication et/ou les secteurs demplois. Ceci est important car comme on va voir dans ce qui suit, en prsence dun march du travail segment une caractristique importante du march du travail marocain la rigidit relative des salaires travers les segments et les catgories de qualication peut expliquer la persistance dun chmage de masse.

2.52.5.1

Migration interne et internationale du travailLa migration rurale-urbaine

Limportance des ux migratoires rural-urbain accroissent les pressions sur le march du travail urbain. Les estimations disponibles indiquent que, chaque anne, environ 200,000 migrants (en termes nets) sinstallent dans les zones urbaines, soit lquivalent de 40 pour cent de laugmentation totale de la population urbaine. Ces mouvements importants vers les villes sont accompagns de ux sortants des villes ainsi que de migrations internationales. Parmi dautres facteurs, un faible niveau de productivit et des performances decevantes de la production agricole durant la dernire dcennie ont ampli cette dynamique. En gnral, la population rurale est assez stable en termes absolus alors que son taux de croissance naturelle est autour de 2,6 pour cent. En eet, la population urbaine, augmentant un rythme de 3 pour cent par an, absorbe lessentiel de cette croissance. 2.5.2 La migration internationale

Les immigrs marocains constituent une part importante des trangers rsidant dans lUnion Europenne. Du fait de performances conomiques dcevantes et de nombreux liens familiaux, les ux dimmigration continuent a tre importants comme lindiquent des donnes rcentes de lOCDE. Les donnes ne sont5 Le centre marocain de conjoncture (2001) obtient des rsultats similaires pour le secteur industriel.

15

disponibles que pour des pays slectionns et pour les ux ociels, soit la Belgique, la France et la Hollande, qui sont des destinations traditionnelles pour les immigrs marocains. Durant la priode 1990-99, environ 222,000 personnes ont migr vers ces pays, ce qui quivaut environ 25,000 personnes par an (voir Figure 4). Ainsi, avec une augmentation de la force de travail comprise entre 6 pour cent et 13 pour cent (voir Figure 5), le ux annuel vers ces pays a en quelque sorte rduit la pression sur le march domestique du travail. En plus, le nombre lev de travailleurs ltranger se traduit par un volume substantiel de transferts qui reprsentent une part importante du PIB et des revenus (voir Figure 6) tout en fournissant une source importante de devises.

2.6

Les contraintes et les ds

Les principales contraintes oprant sur le march du travail au Maroc, et par consquent les ds que la politique aura aronter pour rduire substantiellement le chmage peuvent tre rsums comme suit. Une croissance rapide la population. Entre 1982 et 1994 (ce qui correspond aux dates des recensements disponibles), la population marocaine a augment de 2,03 pour cent en moyenne par an; compar 2,6 pour cent au cours de la priode 1971-82. Cette rduction est essentiellement imputable une diminution du taux de fertilit (3,28 enfants par femme en 1994). Nanmoins, la croissance de la population demeure suprieure (40 pour cent) la moyenne des pays revenu moyen. Ainsi, inuence par le double eet rsultant de laccroissement naturel et de lexode rurale, la population urbaine a augment de 27,7 pour cent entre 1982 et 1994. En 2001, on estime que 56 pour cent de la population vit dans des zones urbaines. En fait, lurbanisation du pays est une tendance de long terme contribuant la croissance de la force de travail. Lore de travail croit un taux soutenu. Dans ce contexte et en considrant la structure dmographique de la population marocaine, lun des principaux ds des prochaines annes sera labsorption par le march du travail urbain dun ux soutenu de travailleurs. La pression est plus intense quand la croissance agricole, fortement correle aux conditions climatiques, se dtriore : acclrant le rythme de lexode rurale, les annes de faibles productions contribuent augmenter la force de travail urbaine. Au cours du sicle dernier, le Maroc , en moyenne, subi une anne de scheresse tous les trois ans. Ceci conrme, si ncessaire, quune sensible rduction des dsquilibres du march du travail ne peut seectuer que dans une perspective macroconomique (et aussi des mesures dmographiques). La taille potentielle de la force de travail est signicative. Les femmes constituent une ore de travail potentielle considrable. En eet, si pour des raisons spciques ducation, statut social, cot dopportunit associ aux activits domestiques, etc. leur ore de travail reste faible, 16

leur participation devrait augmenter dans le futur. De plus, mme dans lhypothse dune croissance conomique soutenue, une amlioration des perceptions individuelles sur les conditions du march du travail pourrait contribuer amplier les entres sur le march du travail, particulirement des femmes . Le capital humain est faible. La qualit moyenne, mesure par le niveau dducation atteint par la population active, reste faible au Maroc si on la compare des pays similaires. Le taux danalphabtisation national stablit 57,7 pour cent (70 pour cent pour les femmes et 44 pour cent pour les hommes), alors que dans les zones urbaines 48,5 pour cent de la population est illettr. En consquence, dans le futur, la population active va crotre plus rapidement que la population totale : durant la priode 1996-2010, les prvisions montrent que la population augmentera en moyenne de 1,6 pour cent par an, contre une estimation assez prudente de 2,4 pour cent pour de la force de travail totale (rurale et urbaine). En plus, durant la dernire dcennie, la cration demplois a concern principalement les contrats temporaires faible productivit et les activits indpendantes. Les tendances de la force de travail urbaine exigent un nombre de cration demplois tellement important, quen labsence dune croissance soutenue, la persistance dun taux de chmage urbain lev dans le futur est plus que probable. Dune manire similaire, les faiblesses des niveaux dducation atteint sont proccupantes tant donn limportance du niveau dducation pour la croissance (comme dans le cas des pays du sud-est asiatique). De nombreuses tudes sur dautres pays ont, elles aussi, montr le rle crucial de laccumulation du capital humain dans la croissance : par exemple, une analyse des eets de diverses rformes structurelles entreprises dans 19 pays de la rgion dAmrique Latine, sur la priode 1985-95, rvle le rle crucial du niveau dducation de la force de travail qui reprsente le principal dterminant de la productivit. Donc, pour acclrer la productivit et raliser des taux de croissance plus levs, le niveau dducation de la force de travail marocaine devrait tre amlior dune faon signicative. Une tude rcente suggre que linuence positive de laccumulation du capital humain sur la croissance semble tre troitement lie au degr douverture sur lextrieure dun pays; une conomie ouverte stimule une allocation plus ecace des facteurs inuenant particulirement les rendements du capital humain. Un eort continu en vue damliorer le dveloppement du capital humain est essentiel pour une croissance tire par le commerce extrieur. En eet, dans un contexte de mobilit du capital et de diusion technologique, la qualit du stock de capital humain est un dterminant crucial de lavantage comparatif. Il devrait acclrer la croissance travers une lvation de la productivit et attirer les investissements directs trangers. Ceci est essentiel car la mise en oeuvre progressive par lunion europenne (UE) des accords de lUruguay round (ce qui implique une rosion de laccs prf rentiel des marchandises marocaines

17

dans lUE), les entreprises nationales aronteront une concurrence accrue de la part des pays bas salaire sur leurs principaux marchs dexportation. De la mme faon, dans la perspective de la zone de libre change avec lUE (en 2010), la concurrence interne va saccentuer. Dans le court terme, les facteurs structurels voqus dans cette section compromettent lamlioration substantielle de la situation. En eet, en considrant les tendances dmographiques dcrites, les ux migratoires rural-urbain et la volatilit de la croissance, il est trs probable que des tensions exacerbes vont persister sur la march du travail urbain. Il est par consquent ncessaire de mettre en oeuvre les politiques conomiques appropries pour amliorer la situation.

3

Un cadre quantitatif

Nous prsentons maintenant un cadre quantitatif pour analyser les eets des diffrentes rformes du march du travail sur la croissance, lemploi et les salaires au Maroc. Comme indiqu prcdemment, ce cadre analytique est en partie bas sur le modle IMMPA dvelopp par Agnor, Izquirdo et Fofack (2003) et Agnor, Fernandez, Haddad et Van der Menbrugghe (2003), adapt pour reproduire les principales caractristiques structurelles du march du travail marocain. Nous revoyons les blocs de base de ce modle dont la structure est rsume dans la gure 7. Nous considrons successivement, la production, lemploi, la demande, le commerce extrieur, les prix sectoriel et agrg, la formation des revenus et le secteur public. A travers toute la discussion, nous utilisons souvent des formes gnrique pour spcier les relations fonctionnelles. Les formes fonctionnelles explicites ainsi que les notations des variables et les dnitions gurent en annexes A et B.

3.1

La production

Nous commenons par distinguer entre la production rurale et la production urbaine. Lconomie rurale est divise en un secteur des biens changeables, qui fournit un produit homogne vendu sur le march domestique et ltranger, et un secteur des biens non-changeables produisant un bien composite destin exclusivement au march domestique. La production urbaine inclut les productions formelle et informelle. De plus lconomie urbaine formelle est spar entre la production de biens privs (changeable et non-changeable) et un bien public. 3.1.1 La production rurale

Le secteur rural produit deux biens : un bien changeable et un autre non changeable. Nous supposons que lore de terres disponibles pour chacune de ces activits est xe et quil nexiste aucun march o il est possible dchanger des droits de proprit sur ces terres. La production brute de biens non changeables, XAN , et la production des biens agricoles exports, XAT , sont gales la 18

somme de la valeur ajoute (respectivement VAN et VAT ) et des consommations intermdiaires : X XAN = VAN + XAN aiAN , pour i = AN, AT, I, P, G (1)i

XAT = VAT + XAT

o les aij sont par convention dnis comme les coecients entres-sorties (les ventes du secteur i au secteur j) et AN , AT , I, P et G sont utiliss pour dsigner respectivement le secteur des biens agricoles non changeables, le secteur des biens agricoles changeables, le secteur informel, le secteur priv urbain et le secteur public. On suppose que la valeur ajoute de chaque secteur est produite avec une fonction de production Cobb-Douglas, fonction de la terre LAN , et dun facteur composite dni comme une fonction lasticit constante de substitution (CES) qui dpend du nombre de travailleurs ruraux non qualis employs (UAN dans le secteur des biens non changeables et UAT dans le secteur des biens changeables) et du stock total de capital physique public (KG , qui est dni ci-dessous) : VAN = CD[LANAN , CES(UAN , KG )], VAT = CD[LANAT , CES(UAT , KG )]. (3) (4)

Xi

aiAT ,

pour i = AN, AT, I, P, G

(2)

Par souci de simplicit, nous normalisons, dans ce qui suit la surface de terre alloue la production, lunit. tant donn la spcication Cobb-Douglas, la production agricole exhibe des rendements dchelle dcroissants par rapport lintrant (composite) restant. Le bien agricole non changeable est exlusivement produit pour le march local, XAN = DAN , (5)

tandis que la production rurale de bien changeable est alloue la consommation domestique et lexportation (voir plus loin). 3.1.2 La production urbaine informelle

La production brute du secteur urbain informel, XI , est donne par la somme de la valeur ajoute VI et de la consommation intermdiaire : X XI = VI + XI aiI , pour i = AN, AT, I, P, G. (6)i

La valeur ajoute est une fonction du nombre de travailleurs non qualis dans lconomie informelle, UI , avec des rendements dchelle dcroissants : VI = XI UI XI ,

XI > 0, 0 < XI < 1.

(7)

19

A partir de (7), on peut dduire la demande de travail du secteur informel (dnie plus loin)d UI = XI (VI /wI ),

(8)

o wI est le salaire donn par wI = WI /P VI , avec P VI : le prix de la valeur ajout dans le secteur informel (dni dans ce qui suit). 3.1.3 La production de biens et services publics

La production brute de biens et services publics (ou bien public pour rsumer), XG , est donne par la somme des valeurs ajoutes, VG , et la consommation intermdiaire : X XG = VG + XG aiG , pour i = AN, AT, I, P, G. (9)i

La valeur ajoute du secteur public est mesure par les salaires pays par le gouvernement : VG = (WU G UG + WSG SG )/P VG . (10)

Les niveaux demploi des deux catgories de travailleurs sont considrs comme exognes. 3.1.4 La production du secteur urbain formel

La production du secteur priv formel utilise comme inputs aussi bien le travail quali que non quali et le capital physique. La main doeuvre qualie et le capital physique priv sont plus complmentaires (faible degr de substituabilit) que le capital physique et la main doeuvre non qualie. An de prendre en compte ces dirences dune manire explicite dans le degr de substituabilit entre les inputs, nous adoptons une structure de production CES embote. Spciquement, la production brute du secteur priv formel urbain, Xp , est prise pour tre donne par la somme des valeurs ajoutes, Vp , et la consommation intermdiaire : X XP = VP + XP aiP , pour i = AN, AT, I, P, G, (11)i

o

VP = CES{CES[CES(SP , KP ), UP ],

KG }, (UU + S)dcoP

(12)

avec dcop 0. Au niveau infrieur de lquation (12), la main doeuvre qualie, Sp , et le capital prive Kp , sont combins pour former linput composite T2 , avec une faible lasticit de substitution entre eux. Au deuxime niveau, linput composite est utilis avec la main doeuvre non qualie, Up , pour former linput composite T1 . 20

Llasticit de substitution entre T2 et la main doeuvre non qualie, est plus leve quentre Sp et Kp . Le niveau nal de lquation combine T1 et KG /(UU + S), le ratio du stock du capital public sur la taille totale de la force de travail du secteur urbain , comme input de production. Quand dcop = 0, il ny a pas deet de congestion. Au contraire, quand dcop > 0, plus la population urbaine slargit, plus le capital public va tre congestionn, et moins importante est sa contribution envers le secteur urbain priv. Les entreprises du secteur urbain priv formel destinent leur output lexportation, Ep, ou au march domestique, Dp , daprs la frontire des possibilits de production, dnie par une lasticit de transformation constante (CET) : XP = CET (EP , DP ). (13)

Comme il sera montr, le ratio Ep /Dp dpend des prix relatifs des biens exports et des biens locaux.

3.2

Salaires, Emploi, Migration et formation

La main doeuvre non qualie dans lconomie peut tre employe soit dans lconomie rurale, UR , soit dans lconomie urbaine, UU , alors que la main doeuvre qualie est employe seulement dans lconomie urbaine. Nous supposons aussi, que la main doeuvre qualie nest pas employe dans le secteur informel, soit probablement comme rsultat des considrations de signal, comme discut par la suite. 3.2.1 Salaires ruraux, emploi et migration intrieure

La demande de travail dans le secteur dexportation correspondant la maxd imisation des prots, UAT , est donne par : 1 XAT 1+ 1 1 XAT XAT 1+XAT XAT VAT XAT , wAT XAT WA , (14) P VAT

d UAT =

o wAT =

o WA reprsente le salaire nominal dans le secteur agricole et P VAT le prix de loutput net dans le secteur agricole changeable (dtermins tous les deux dans ce qui suit). Lquation (14) indique que la demande du travail dans le secteur rural dexportation est positivement lie au niveau de loutput net, VAT , et ngativement lie au salaire eectif du produit dans ce secteur, wAT . La demande du travail dans le secteur agricole non changeable est donne par une quation similaire (14) : 1 XAN 1+ 1 1 XAN XAN 1+XAN VAN XAN XAN , wAN XAN WA , (15) P VAN

d UAN =

o wAN =

avec, encore une fois, wAN reprsente le salaire rel dans ce secteur. 21

Les salaires nominaux dans lagriculture, WA , sajustent pour quilibrer le march du travail. Avec, UR reprsentant lore de travail dans lagriculture, la condition dquilibre est donne par :d UR = UAN (VAN ,

WA WA d ) + UAT (VAT , ). P VAN P VAT

(16)

La taille de la force de travail dans le secteur rural, UR , est dtermine chaque moment. Au l du temps, UR , crot au taux de croissance exogne de la population, gR , net de la migration des travailleurs vers les zones urbaines, M IG : UR = UR,1 (1 + gR ) M IG. (17)

A la suite de Harris et Todaro (1970), les incitations migrer dpendent ngativement du ratio du salaire (de consommation) moyen anticip dans les zones rurales par rapport celui prvalant dans les zones urbaines. Les travailleurs non qualis dans lconomie urbaine peuvent tre employs soit dans le secteur formel, dans lequel ils sont pays au salaire minimum, WM , soit dans lconomie informelle et reoivent le salaire dtermin par les mcanismes de march dans ce secteur, WI . Quand les travailleurs ruraux prennent la dcision de migrer dans les zones urbaines, ils sont incertains lgard du type demploi quils pourront avoir, et donc ils pondrent les salaires dans chaque secteur par la probabilit de trouver un emploi dans ce mme secteur. Ces probabilits sont approches par les ratios demploi existants. Finalement, les migrants potentiels considrent aussi ce que sera leur pouvoir dachat escompt dans les zones rurales et urbaines, selon quils restent dans les zones rurales et consomment le panier de biens type des mnages ruraux ou quils aillent dans les zones urbaines et consomment le panier de biens type urbain. Le salaire rel anticip des urbains non quali, EwU , est alors une moyenne pondre du salaire minimum dans le secteur formel et du salaire en vigueur dans le secteur informel, dat par lindice de prix la consommation urbaine PU U , (dni ci-dessous). Le salaire rel escompt du travailleur urbain non quali la priode courante, EwU , est alors : EwU = U WM,1 + (1 U )WI,1 , PU U,1 (18)

o U est la probabilit de trouver un emploi dans le secteur urbain formel, mesure par la proportion des travailleurs non qualis dans le secteur formel priv, par rapport au nombre total de travailleurs urbains non qualis net de lemploi dans le gouvernement existant la priode prcdente : U =s UF,1

UP,1 . UG,1

(19)

Un raisonnement similaire est utilis pour calculer le salaire rel de consommation escompt, EwA . Ici, la probabilit demploi est gale lunit, car

22

les travailleurs peuvent toujours trouver un emploi au salaire en vigueur. En supposant un dcalage dune priode, nous avons : EwA = WA,1 , PR,1

o PR est lindice composite des prix la consommation rurale (dni plus haut). La fonction de migration peut alors tre spcie comme : EwU UR,1 M IG = UR,1 m M ln M IG1 , (20) + (1 m ) EwA UR,2 o 0 < m < 1 mesure la vitesse dajustement et M > 0 mesure llasticit des ux migratoires par rapport aux salaires anticips. Cette spcication suppose que les cot associs la migration ou dautre frictions peuvent retarder le processus de la migration, introduisant une persistance dans les ux migratoires. 3.2.2 Salaires urbains non qualis, emploi et chmage

Le secteur public emploie un nombre exogne de travailleurs non qualis,U G, au taux du salaire nominal WU G , alors que la demande de travail non qualie par le secteur priv est dtermine par la maximisation du prot par les entreprises tant donn le salaire minimum, WM . Les deux salaires sont partiellement indexs lindice gnral du prix la consommation, P LEV : WU G = U G P LEV indU G , WM = M P LEV indM , (21)

o M et U G mesurent les salaires rels en termes constants, et 0 < indU G , indM < 1. Dans les exercices de simulation rapports par la suite, nous supposons que les deux salaires sont pleinement indexs (indM = indU G = 1). La demande de travail dans le secteur formel priv est dtermine par la maximisation du prot des entreprises. Nous supposons aussi que les entreprises paient une taxe sur les salaires, au taux 0 < ptaxU < 1 pour les travailleurs non qualis, proportionnelle la masse salariale, WM UP . La demande de travail non quali par le secteur priv est ainsi donne par : 1 WM XP 1 XP 1 d UP = T1 , owM = . (22) XP 1 (1 + ptaxU )wM XP 1 P T1 An dviter des solutions de coin, nous supposons que le taux du salaire rel pay au travail non quali dans le secteur urbain formel est systmatiquement suprieur au taux du salaire rel pay dans le secteur informel. Par consquent, les travailleurs urbains non qualis commenceront par chercher un travail dans le secteur priv formel. Le niveau demploi oert dans ce secteur est dtermin daprs lquation (22). Nous supposons aussi, comme consquence des cots de rallocation et de congestion, que la mobilit de la force du travail non qualie entre les secteurs formel et informel est imparfaite. Les ux migratoires sont dtermins par les 23

opportunits de revenu espr, linstar de Harris et Todaro (1970)6 . Spciquement, lore des travailleurs non qualis dans le secteur formel (les travailleurs s du secteur public inclus), UF , est suppose changer graduellement au cours du temps comme fonction du direntiel de salaires travers les secteurs, mesur en termes rels. Le salaire et les perspectives demplois sont dtermins sur la base des conditions prvalant sur le march du travail . Parce quil ny pas de rotation de la main doeuvre dans le secteur public, le salaire nominal espr dans lconomie formelle est gal au salaire minimum pondr par la probabilit dtre embauch dans le secteur priv. En supposant que lembauche dans ce secteur est alatoire, cette probabilit peut tre approxime par le ratio des travailleurs couramment employs au nombre de ceux qui cherchent lemploi durant s d la priode prcdente, UP,1 / UF,1 UG,1 . Le salaire nominal espr dans lconomie informelle, WI , est simplement le salaire courant, parce que il ny pas de barrires lentre dans ce secteur. En supposant un dcalage dune priode, les changements dans lore des travailleurs non qualis dans le secteur formel (mesure en proportion de la force de travail non qualie urbaine totale) volue dans le temps daprs : " !# d s s UP,1 UF WM,1 UF 1 = F F ln , + (1 F ) s UU,1 UF,1 UG,1 WI,1 UU,2

(23)

o F > 0 indique la vitesse dajustement7 . Le taux de chmage des non qualis dans le secteur formel, U N EM PU , est alors donn par : U N EM PU = 1 d (UG + UP ) . s UF

(24)

s Lore de travail dans lconomie informelle, UI , est obtenue en soustrayant, s de la force de travail non qualie urbaine, UU , la quantit UF + UG : s s UI = UU UF .

(25)

s Le march du travail informel squilibre continuellement de sorte que UI = A partir des quations (8) et (25), le salaire nominal dquilibre est alors donn par : d UI .

WI = XI (

P VI VI s ). UI

(26)

6 Il convient de signaler que dans cette synthse, le cadre danalyse de Harris-Todaro est utilis pour expliquer les ux migratoires entre le secteur urbain informel et le secteur urbain formel plutt que la migration entre les secteurs rural et urbain. 7 Comme not par Agnor (1999), labsence dindications sur la recherche de travail dans le secteur informel pourrait se justier ici de plusieurs faons. Une raison importante est lexistence dineciences informationnelles qui peut rsulter de labsence dinstitutions capables de traiter et de fournir temps une information pertinente sur les opportunits de travail aux candidats potentiels. En consquence, la recherche dactivits pour les travailleurs non qualis dans le secteur informel implique, proprement parler, une attente aux portes de lusine.

24

Lore de travail non quali urbain, UU , rsulte de la croissance naturelle de la population urbaine et de la migration de la force de travail non qualie en provenance de lconomie rurale, comme prcdemment discut. De plus, une partie des travailleurs urbains non qualis, SKL, acquirent des qualications et augmentent ainsi lore de travail qualie. Nous retenons lhypothse supplmentaire que les individus sont ns non qualis, et donc la croissance naturelle de la population urbaine non qualie (ne rsultant pas de la migration ou des facteurs dacquisition des qualications) est reprsente par la croissance de la population urbaine non qualie au taux exogne gU . Finalement, on considre les migrations internationales, dont le ux est mesur par IM IG (voir plus loin). Donc la taille de lore de travail non qualie volue selon : UU = UU,1 (1 + gU ) + M IG SKL IM IG. 3.2.3 Salaires urbains qualis, emploi et chmage (27)

Comme not prcdemment, les niveaux de lemploi pour les travailleurs qualis et non qualis du secteur public (urbain) sont pris comme exognes. Le salaire nominal que les travailleurs qualis peroivent, WSG , est index sur lindice des prix la consommation appropri :ind WSG = SG PUS SG ,

(28)

o WSG est le niveau du salaire rel exogne et 0 < indSG 18 . Les entreprises prives urbaines payent une taxe sur les salaires, au taux 0 < ptaxU < 1, proportionnelle la masse salariale de lentreprise, WS Sp . A partir de (12), la demande du travail quali est donne par XP 1 XP2 (1 + ptaxS ) S XP 22 XP 2 WS . P T2

d SP

= T2 S

,

where S =

(29)

Le salaire nominal pour le travail quali dans le secteur priv, WS , est dtermin sur la base dune approche de monopole syndical comme suit9 . Par c , notons le salaire rel de consommation, savoir, le salaire nominal S gagn par les travailleurs qualis dat par lindice du cot de la vie dans le secteur urbain appropri, PU S . c est suppos tre x par les syndicats qui S ont pour objectif de maximiser la fonction dutilit qui dpend des dviations8 Pour viter la solution en coin dans laquelle aucun ouvrier ne veut chercher un emploi dans le secteur public, nous supposons que le travail pour le gouvernement procure un gain non pcuniaire (probablement en termes de scurit de lemploi ou de la rduction de la volatilit des revenus futurs) susamment importants pour assurer que le direntiel entre WSG et WS ne soit pas excessif ( en ce sens que SG reste toujours positif) 9 Voir Agnor (2003) pour une discussion plus dtaille. Alternativement, on peut supposer que les entreprises et les syndicats ngocient les salaires avec des entreprises dterminant lemploi. Comme montr formellement par Creedy et McDonald (1991), du point de vue de la dtermination des alaires, cette approche ne conduit pas une spcication que dire beaucoup de celle qui suit.

25

des niveaux demploi et du salaire de consommation de leurs valeurs cibles, dtermines par la demande planie par les entreprises. Spciquement, la fonction dutilit des syndicats est donne pard T U = ( c cT ) (SP SP )1 , 0 < < 1, S S

(30)

d T avec SP , donn par lquation (29). Les quantits cT et S3 , mesurent le niveau S cible pour les syndicats et les emplois, respectivement, et sont dtermins par rapport c . S Le paramtre rete limportance relative que les syndicats confrent aux dviations du salaire, par opposition aux dviations dans le niveau demploi. Si lon substitue la courbe de demande du travail (29) dans la fonction dutilit le problme du syndicat devient :

max( c cT ) T2 S ( S S cS

P T2 T XP 2 )XP 2 SP PU S (1 + ptaxS ) c XP22 S XP

1

.

La condition de premire ordre est donne par d T SP SP c cT S S

1

(1 )

T ou de faon quivalente en normalisant le niveau de lemploi cible Sp zro : d d (1 ) XP 2 SP SP = 0. c cT S S

d T SP SP c cT S S

XP 2 (

d SP ) = 0, c S

c S

cette expression peut tre rsolue pour trouver le salaire optimal : c = S cT S , 1 /(1 ) XP 2

o nous supposons que 1 / (1 ) XP 2 > 0. Le salaire cible des syndicats, cT , est prsum reli positivement au salaire S de la main doeuvre qualie du secteur public (mesur en termes dindice des prix appropri), G , et ngativement au taux de chmage de la main doeuvre S qualie, U N EM PS , et les cots de licenciement par travailleur quali, fS . La dtermination des salaires dans le secteur public est suppos jouer un rle de signal dans ltablissement du niveau des autres salaires de lconomie. Quand le chmage est lev, la probabilit de trouver un emploi (avec nimporte quel salaire) est faible. Par consquent plus le chmage est lev plus les syndicats sont incits modrer leurs demandes salariales et relancer lemploi. La perte excessive demplois durant les mauvaises priodes est limite par les cots de licenciements (et par consquent ils limitent la perte en termes de capital humain au cas o les mauvaises priodes sont temporaires) mais ils dcouragent aussi des nouvelles embauches. Par exemple si les comptences dun employ ne correspondent pas parfaitement la tache qui lui a t assigne, le processus

26

de son licenciement pour trouver un travailleur avec des aptitudes plus appropries risque dtre coteux. Les syndicats internalisent leet dmotivant des interruptions des paiements sur la demande de travail. Par consquent, plus les cots de licenciement sont levs, plus les syndicats sont incits modrer leurs exigences salariales an dencourager les entreprises embaucher. Lexpression prcdente peut tre rcrite comme suit : WS = PU S3 U N EM PS 1 (fS /PU S )2 SG , 1 /(1 )XP 2

(31)

o U N EM PS , est dni plus bas. Cette quation implique, en particulier, quun niveau plus lev de chmage rduit le niveau des salaires, comme il est dailleurs indiqu dans plusieurs modle de salaire decience. Etant donn que les entreprises xent les salaires nominaux et sont sur leur courbe de demande de travail, du chmage ouvert qualie peut merger. Le taux de chmage de la main doeuvre qualie, U N EM PS , est donn par le ratio des travailleurs qualis qui ne sont employs ni dans le secteur public ni dans le secteur priv divis par la population totale de travailleurs qualis :d S SG SP . (32) S Nous supposons que les travailleurs qualis ne pouvant pas trouver demploi dans le secteur formel dcident de rester au chmage plutt que dintgrer lconomie informelle (contrairement aux travailleurs non qualis). Lvolution de la force de travail qualie dpend du taux auquel la force de travail non qualie acquiert des qualications :

U N EM PS =

o 0 < S < 1 est le taux de dprciation ou de dqualication de la force du travail qualie. 3.2.4 Lacquisition des qualications

S = (1 S )S1 + SKL1 ,

(33)

Lacquisition des qualications par les travailleurs non qualis est suppose dpendre de trois facteurs : a) les salaires relatifs de consommation esprs des travailleurs qualis par rapport ceux des travailleurs urbains non qualis (que lon prendra comme proxy pour dterminer les ux futurs associs des niveaux dducation suprieurs) ; b) le stock de capital public, KE , pour lducation qui limite la capacit dinvestir dans les qualications. Considrons premirement leet des salaires. Dans le cas o ils acquirent des qualications, les travailleurs actuellement non qualis esprent gagner un salaire WS sils sont employs (avec une probabilit S ) et rien sils ne sont pas employs. Le pouvoir dachat (le salaire rel) est obtenu aprs avoir dat WS par un indice des prix la consommation, PU S ,1 (comme dni au dessus) : EwS = S 27 WS,1 , PU S,1

o S est approxim par le ratio initial du nombre de travailleurs qualis employs dans le secteur priv, sur le nombre total de travailleurs non qualis qui ne sont pas employs dans le secteur public : S = SP,1 . S1 SG,1 (34)

Sils restent non qualis, les travailleurs esprent recevoir le salaire moyen des travailleurs non qualis, qui est une moyenne pondre du salaire minimum WM et du taux du salaire informel. En supposant encore quil ny pas de licenciement dans le secteur public, le salaire rel moyen espr est donn par lquation (18) qui est rpte ici pour rfrence : EwU = U WM,1 + (1 U )WI,1 , PU U,1

avec U comme dni prcdemment. Etant donn ces eets, la croissance du ux de dans lore de travail quali peut scrire comme : EwS W SKL = S e (KE,1 )E + (1 S )SKL1 , EwU o 0 < S < 1 et e est un paramtre de dplacement10 . 3.2.5 La migration internationale du travail

Comme not prcdemment, les migrations internationales sont une caractristique importante du march du travail au Maroc. Nous supposons ici que la migration ne concerne que les travailleurs non qualis, et les migrants potentiels se trouvent dans les zones urbaines comme indiqu dans lquation (27). De plus, les ux migratoires internationaux sont dtermins par deux facteurs : le taux de chmage du travail non quali prvalant dans le secteur urbain formel et le salaire rel anticip pour le travail non qualie, EwU , donn par (18) relativement au salaire espr ltranger mesur en termes de lindice des prix urbain domestique, EwF , dni comme EwF = ER WF,1 , PU U,1

avec WF reprsentant le salaire ltranger, mesur en termes de devises, suppos exogne. En adoptant une spcication similaire lquation (20), la fonction de migration est spcie comme : EwF UU,1 IM IG = UU,1 im IM ln + (1 im ) IM IG1 , EwU UU,2

1 0 Notons que nous faisons abstraction du cot dacquisition des qualications (mesur par le nombre dannes dducation multipli par le cot moyen dune anne dducation), qui aecterait aussi la propension investir dans lacquisition des qualications

28

o 0 < im < 1 mesure la vitesse dajustement, et IM > 0 llasticit partielle de la migration par rapport aux salaires esprs. De nouveau, les cots associs la migration (tel que les frais de dmnagement) sont supposs introduire un certain degr de persistance. (voir Lopez et Schi (1998) pour dautres discussions). Comme discut ci-dessous, les transferts associs aux ux de migration internationale du travail non quali sont supposs bncier aux mnages non qualis des secteurs urbain formel et informel.

3.3

Lore et la demande

Les biens des secteurs public et informel sont tous les deux non changeables. Lore totale dans chaque secteur est ainsi gale la production brute savoir : Qs = XI , Qs = XG . I G (37)

Dune manire similaire, il ny pas dimportations de biens agricoles changeables, et une partie est exporte. Lore totale est alors gale la production brute moins les exportations, EAT : Qs = XAT EAT . AT (38)

Les biens agricoles non changeables et les biens du secteur urbain formel priv concurrencent les produits imports. Lore du bien composite de chacun de ces secteurs consiste en une combinaison CES de biens imports et de biens localement produits : Qs = CES(MAN , DAN ), (39) AN Qs = CES(MP , DP ), P (40) o DAN = XAN , comme dj not. La demande agrge pour chacun de ces secteurs est compose des consommations intermdiaire et nale, des dpenses du gouvernement et de la demande dinvestissement. Pour les secteurs agricole changeable et non changeable, la demande agrge (Qd et Qd ) comprend la demande pour consommation AN AT nale par le secteur priv (CAN et CI ) et le gouvernement (GAN et GAT ), et la consommation intermdiaire (IN TAN , IN TAT ) : Qd = CAN + GAN + IN TAN , AN Qd = CAT + GAT + IN TAT , AT (Qd ) I (41) (42)

Pour le secteur informel, la demande agrge est compose de la demande pour consommation nale et intermdiaire seulement : Qd = CI + IN TI . I (43)

La demande agrge pour le bien public et le bien du secteur priv formel, Qd et Qd , est compose des demandes de consommation nale et intermdiaire G P 29

P P par les mnages et le gouvernement, de la demande dinvestissement, ZG et ZP , par le secteur formel priv (comme indiqu plus haut), et ZG , par le secteur public (qui ncessite seulement des biens du secteur priv urbain) : G Qd = CG + GG + ZP + IN TG , G P Qd = CP + GP + (ZP + ZG ) + IN TP . P

(44) (45)

Dans les expressions ci-dessus, IN Tj est dni comme la demande totale (par tous les secteurs de production) de consommation intermdiaire du produit j : X IN Tj = aji Xi pour j = AN, AT, I, P, G. (46)i

Les dpenses publiques pour le produit j , Gj , sont exprimes en termes rels comme : Gj = ggj NG P Qj pour j = AN, AT, G, P, (47)

o Cih est la consommation du bien i par le mnage h, xih est le niveau de subsistance (ou autonome) de la consommation du bien i par le mnage h, CONh la dpense nominale totale de consommation par mnage h, et P Qi le prix composite des ventes du bien i (dni ci-dessous). Les quations (48) sont bases sur le systme de dpense linaire. Les coecients ccih indiquent comment les dpenses totales de consommation en termes nominaux par le mnage h, CONh , sont alloues chaque type de bien et satisfont les contraintes : X 0 < ccih < 1, i, h, ccih = 1.i

o NG reprsente la dpense publique courante totale en biens est services (xe en termes nominaux), P Qh , est le prix du march des biens achets par le P gouvernement, et ggj = 1. Notons que le gouvernement est suppos ne pas dpenser dans le secteur des biens informels. La consommation nale pour chaque secteur de production i,Ci , est la somme travers toutes les catgories des mnages de la consommation nominale du bien i, dat par le prix de demande du bien i : P P X X h ccih (CONh i P Qi xih ) Cih = xih + , (48) Ci = P Qih h

Enn, linvestissement priv total des entreprises urbaines, Zp , consiste en lachat de biens et de services aussi bien du secteur public que du secteur priv G P urbain (respectivement ZP et ZP ) : P K ZP , o zzG + zzP = 1. P Qi Les coecients zzi mesurent lallocation de la demande totale dinvestissement en biens du secteur public et priv urbain.i ZP = zzi

30

3.4

Le commerce extrieur

Les exportations du bien agricole changeable sont dtermines comme un rsidu, une fois la demande domestique satisfaite. A partir de (38) et (42), et en posant Qs = Qd , les exportations sont alors dtermines par : AT AT EAT = XAT (CAT + GAT + IN TAT ). (49)

Comme indiqu au pralable, les entreprises dans le secteur formel priv allouent leur output aux exportations ou au march domestique selon la frontire des possibilits de production (FPP) spcie dans lquation (13). Les conditions decience donnent : P EP 1 T P T P EP = DP , (50) P DP T P o P Ep et le prix des exportations et P Dp le prix des ventes locales(dtermin ci dessous). Nous supposons que les importations sont en concurrence avec les biens locaux dans le secteur agricole non changeable aussi bien que dans le secteur priv formel. En utilisant les fonctions dArmington pour la demande de biens imports relativement la demande des biens domestiques et les prix relatifs, la demande dimportation pour les deux secteurs (MA et MP ) peut tre crite comme : QA QA P DAN , (51) MAN = DAN P MAN 1 QA QP QP P DP . (52) MP = DP P MP 1 QP Ces quations montrent que le ratio des importations dans deux catgories de biens domestiques dpend des prix relatifs de ces biens et de llasticit de substitution, QA et QP , entre ces biens.

3.5

Les Prix

Le prix net ou prix de la valeur ajout de loutput est donn par le prix brut, P Xi , net des taxes indirectes, moins le cot des inputs intermdiaires (achet au prix composite) : X aji P Qj Xi , i, j = AN, AT, I, P, G, P Vi = Vi1 P Xi (1 indtaxi ) j

(53) o indtaxi , est le taux de la taxation indirecte sur loutput dans le secteur i (avec indtaxi = 0 car il ny pas de taxation indirecte sur loutput du secteur informel) . Les prix mondiaux des biens imports et exports sont pris pour tre exognes. le prix en monnaie domestique de ces biens est obtenu en ajustant le 31

prix mondial par le taux de change, avec des prix limportation ajusts aussi par le taux des droits de douane, tm : P Ei = wpei ER, pour i = AT, P, P Mi = wpmi (1 + tmi )ER, pour i = AN, P. (54) (55)

Parceque la fonction de transformation entre les exportations et les ventes domestiques du bien priv urbain est linairement homogne, le prix des ventes, P Xp , est dduit partir lidentit de dpenses : P XP XP = P DP DP + P EP EP , cest dire que P DP DP + P EP EP , (56) XP avec P Dp dtermin partir de lgalit entre lore de biens composites (40) et la demande pour ces biens (45). Pour les secteurs informel et public (tous les deux nexportent pas et ne sont pas en comptitions avec les importations), le prix des ventes est gal au prix du march domestique. Dans le secteur agricole, le prix des ventes du bien agricole changeables, P XAT , est simplement le prix en monnaie domestique des exportations agricoles, P EAT , alors que le prix de vente du bien non changeable, P XAN , est gal au prix domestique des biens agricoles, P DAN . Pour le secteur agricole non changeable et la production urbaine prive, la fonction de substitution entre les importations et les biens domestiques est aussi linairement homogne, et le prix de march (composite) est dtermin partir de la contrainte de dpense : P XP = P Qi Qd = P Di Di + P Mi Mi , pour i = AN, P, i cest dire P Qi = P Di Di + P Mi Mi , pourr i = AN, P, Qd i (57)

avec Qd = Qs . AN AN Pour les secteurs qui ne sont pas en concurrence avec les importations (des biens informels et publics), le prix domestique, P Di , est simplement gal au prix du march, P Xi : P Di = P Xi , pour i = I, G. (58)

La fonction de production CES embote des biens urbains privs formels est aussi linairement homogne; les prix des inputs composites sont donc drivs de la mme faon : T1 P T1 = T2 P T2 + (1 + ptaxU )WM UP . 32 (59)

T2 P T2 = P ROFP + (1 + ptaxS )WS SP ,

(60)

o P ROFp sont les prots des entreprises du secteur priv urbain formel (dnis ci-dessous) Le prix du capital (priv) est construit en utilisant lidentit de la dpense dinvestissement pour les entreprises prives, qui englobe les biens pour lesquels il y a une demande dinvestissement, principalement, le bien public et le bien du secteur priv urbain formel (voir quations (44) et (45)) :G P P QG ZP + P QP ZP . (61) ZP Dans la rsolution du modle, nous utilisons les quations (37) pour dterminer les quantits dquilibre QI et QG , savoir, les quations (6) et (9), respectivement. Nous utilisons les quations de demande (43) et (44) pour trouver rsiduellement CI et CG :

PK =

XI IN TI = CI , XG GG ZG IN TG = CG .

(62) (63)

Lquation (48) pour i = I, G, est alors rsolue pour, respectivement, P QI = P XI et P QG = P XG . Dnissons la dpense de consommation discrtionnairedes mnages h, CON Dh , comme : X CON Dh = CONh P Qi xih , (64)i

alors que les indices des prix la consommation pour les travailleurs du secteur urbain non quali et quali sont donns par X X PU U = wui P Qi , PUS = wsi P Qi , (67)i i

et dnissons la part de consommation autonome du bien i dans la consommation totale du bien i , aci , comme P P xih h P Qi xih aci = = h . (65) P Qi Ci Ci Alors partir de (48) nous avons P h ccih CON Dh P Xi = (1 aci )1 , i = I, G. (66) Ci Lindice des prix la consommation pour le secteur rurale est donn par X PR = wri P Qi ,i

o wri , wui , et wsi sont les pondrations relatives de telle sorte que X X X wri = wui = wsi = 1.i i i

33

3.6

Les Prots et le revenu

Les prots des entreprises sont dnis comme leurs revenus moins le cot total du travail. Dans le cas des entreprises du secteur des biens agricoles non changeables les prots sont donns par : P ROFi = P Vi Vi WA Ui , pour i = AT, AN, alors que dans le cas des rmes du secteur urbain informel, nous avons : P ROFI = P VI VI WI UI . (69) (68)

Les prots des entreprises du secteur priv urbain prennent en considration les salaires pays au deux catgories de travailleurs : P ROFP = P VP VP (1 + ptaxU )UP WM (1 + ptaxS )SP WS F C, o les cots totaux de licenciement sont donns par : F C = fU max(0, UP,1 UP ) + fS max(0, SP,1 SP ), (71) (70)

avec, fS , fU indiquant le cot xe de licenciement par travailleur (respectivement, quali et non quali). Le revenu des entreprises est gal aux prots moins les impts et les intrts sur les crdits trangers. En admettant que seules les entreprises du secteur priv urbain formel accumulent du capital et paient des impts sur le revenu : Y Fi = P ROFi , pour i = AN, AT, I, Y FP = (1 inctaxF )P ROFP IF ER F LP,1 , (72) (73)

o, inctaxF est le taux dimpt sur les bnces. IF cest le taux dintrt ltranger et F LP est le niveau de lemprunt extrieur par les rmes du secteur urbain priv. La trajectoire de F LP est xe dune manire exogne, pour prendre en considration les plafonds que les entreprises auront peut tre respecter dans leur accs aux marchs trangers. Le revenu des mnages est bas sur le rendement du travail (salaire), les prots distribus, et les transferts. Les mnages sont dnis selon les catgories de travail et selon le secteur dans lesquelles ils se trouvent. Il y deux types de mnages ruraux, le premier englobe les travailleurs employs dans le secteur des biens changeables, et lautre les travailleurs employs dans le secteur des biens non changeables. Dans le secteur urbain il a y deux types de mnages non qualie, ceux qui travaillent dans le secteur informel et ceux qui sont employs dans le secteur formel.

34

Le cinquime type de mnages est constitu de travailleurs qualis employs dans lconomie urbaine formelle. (dans les deux secteurs priv et public) Il y a des mnages capitalistes-rentiers dont le revenu provient du produit des entreprises du secteur priv formel, du secteur agricole des biens changeables et des banques commerciales. Nous supposons de plus que les mnages qui sont la fois dans le secteur des biens agricoles non changeables et dans lconomie urbaine informelle possdent les entreprises pour lesquelles ils travaillent une hypothse qui prend en compte le fait que les entreprises dans ces secteurs ont tendance tre petites et familiales). Le revenu des mnages dans le secteur agricole des non changeables est donn par : Y HAN = Y FAN + WA UAN + AN T RH, (74)

o, 0 < AN < 1 est la proportion du total des transferts gouvernementaux (T RH) que reoit le groupe, WA UAN dnote les revenus salariaux, et Y FAN le prot des entreprises dans ces secteurs. Le revenu des mnages dans le secteur urbain informel est donns par Y HI = Y FI + WI UI + I T RH + I ER REM IT, (75)

o, 0 < I < 1, WI UI , et Y FI ont la mme interprtation que prcdemment. REM IT mesure la valeur en devises des transferts provenant des employs (non qualis) ltranger, et, 0 < I < 1 mesure la fraction de ces versements qui est alloue aux mnages se trouvant dans lconomie informelle. Les revenus des mnages du secteur agricole changeable, ainsi que celui des mnages qualis du secteur urbain formel, dpendent des transferts gouvernementaux, des salaires et ventuellement des indemnits de licenciement . Les entreprises ne constituent pas une source de revenu car ces groupes ne possdent pas des units de production dans lesquelles ils sont employs : Y HAT = WA UAT + AT T RH, Y HS = (WS SP + WSG SG ) + fS max(0, SP,1 SP ) + S T RH, (76) (77)

o 0 < AT , S < 1. Dune manire similaire, en labsence de revenu provenant des entreprises, le revenu des mnages urbains non qualis dpend des transferts gouvernementaux, salaires (des deux secteurs priv et public), les transferts provenant de lextrieur, et ventuellement des indemits de licenciement : Y HU F = U F T RH + WM UP + WU G UG + fU max(0, UP,1 UP ) (78) +(1 I )ER REM IT, 35

o, 0 < U F < 1. Comme not prcdemment, les transferts provenant de lextrieur sont allous soit aux mnages du secteur informel soit aux mnages non qualis du secteur urbain. Les revenus des entreprises dans le secteur agricole changeable et dans le secteur urbain priv vont aux mnages capitalistes-rentiers. Parce quil ny pas daccumulation de capital nancer dans le secteur agricole changeable, la totalit des prots des entreprises en provenance de ce secteur sont transfrs aux mnages capitalistes-rentiers. En revanche, les entreprises dans le secteur priv urbain retiennent une proportion des bnces aprs impts, 0 < re < 1, pour le nancement des investissements et transfert le reste au mnage capitalisterentier ayant ainsi le revenu suivant : Y HKAP = Y FAT + (1 re)Y FP + KAP T RH, o 0 < KAP < 1. (79)

3.7

La consommation, lpargne et linvestissement

Chaque catgorie de mnage h pargne une fraction constante, 0 < savrateh < 1, de son revenu disponible : SAVh = savrateh (1 inctaxh )Y Hh , (80)

o 0 < inctaxh < 1 est le taux de taxe applicable au mnage h. La part du revenu disponible qui nest pas pargne est alloue la consommation : CONh = (1 inctaxh )Y Hh SAVh . Laccumulation du capital dpend travers le temps du niveau des ux investissements, Zp , et du taux de dprciation du capital de la priode prcdente, P 11 : KP = KP,1 (1 P ) + ZP,1 , (81)

o, 0 < P < 1 est un taux de dprciation constant. Lidentit agrge entre lpargne et linvestissement implique que linvestissement total, donn par P K ZP + P QP ZG , doit tre gal lpargne totale, gale aux bnces aprs impts des entreprises, lpargne des mnages aprs les taxes, lpargne du gouvernement, et lemprunt extrieur de