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Mekou Youssoufa Bele Olufunso Somorin Denis Jean Sonwa Johnson Ndi Nkem Bruno Locatelli Politiques sur les forêts et l’adaptation aux changements climatiques au Cameroun

Politiques sur les forêts et l’adaptation aux changements climatiques au Cameroun

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forest management, climatic change, adaptation, policy , Cameroon

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  • Mekou Youssoufa BeleOlufunso SomorinDenis Jean SonwaJohnson Ndi NkemBruno Locatelli

    Politiques sur les forts et ladaptation aux changements climatiques au Cameroun

  • Mekou Youssoufa BeleOlufunso SomorinDenis Jean SonwaJohnson Ndi NkemBruno Locatelli

    Politiques sur les forts et ladaptation aux changements climatiques au Cameroun

  • 2011 Center for International Forestry Research Tous droits rservs

    ISBN 978-602-8693-55-4

    Bele, M.Y., Somorin, O., Sonwa, D.J., Nkem, J.N. and Locatelli, B. 2011 Politiques sur les forts et ladaptation aux changements climatiques au Cameroun. CIFOR, Bogor, Indonsie

    Ce document de travail est la traduction aimablement autorise par Springer Science+Business Media B. V. dun article initialement publi en anglais (publication en ligne le 15 septembre 2010 dans la revue Mitigation and Adaptation Strategies for Global Change, DOI 10.1007/s11027-010-9264-8).

    CIFORJl. CIFOR, Situ GedeBogor Barat 16115Indonesia

    T +62 (251) 8622-622F +62 (251) 8622-100E [email protected]

    www.cifor.org

    Les opinions exprimes dans cet article sont uniquement celles des auteurs, et ne refltent pas ncessairement celles du CIFOR, des institutions auxquelles appartiennent les auteurs de larticle, ni celles des organismes ayant financ sa ralisation.

  • Table des matires

    Rsum v

    Remerciements vi

    1 Introduction 1

    2 propos de cet article 5

    3 Risques et vulnrabilit climatiques au Cameroun 6

    4 La ncessit de ladaptation 9

    5 Mthodologie 10

    6 Les processus des politiques internationales visant rpondre aux changements climatiques 11

    7 laboration des politiques et des dispositions juridiques relatives lenvironnement au Cameroun 12

    8 Les efforts dploys par le Cameroun pour mettre en uvre la CCNUCC 14

    9 Place occupe par lvolution du climat dans les documents politiques nationaux du Cameroun 15

    10 Degr dimportance accord aux forts comme moyen dadaptation dans la premire communication nationale 19

    11 Facteurs mettant en vidence lintgration insuffisante des changements climatiques dans les politiques nationales 21

    12 Conclusion 22

    13 Rfrences 23

  • Mekou Youssoufa BeleCIFOR, Yaound, Cameroun e-mail: [email protected]

    Denis Jean SonwaCIFOR, Yaound, Cameroun e-mail: [email protected]

    Olufunso SomorinPolitique forestire et de conservation des ressources naturellesUniversit de Wageningen, P.O. Box 6708 PB, Wageningen, Pays-BasCIFOR, Yaound, Cameroun e-mail: [email protected]

    Johnson Ndi NkemProgramme des Nations Unies pour le dveloppementBureau des Nations Unies Nairobi GigiriBlock U 308, P.O. Box 30552-00100, Nairobi, Kenyae-mail: [email protected]

    Bruno LocatelliCIFOR, Bogor, IndonsieCIRAD UPR Ressources forestires, Montpellier, France e-mail: [email protected]

    Auteurs

  • Dsormais au centre des proccupations de la communaut scientifique et des dcideurs politiques, ladaptation est un grand sujet de dbat dans les processus multilatraux relatifs aux changements climatiques. Daprs les prvisions, les plus dmunis seront les plus affects par les changements climatiques. Il est donc trs important que les pays en dveloppement accordent une attention particulire la gestion de leurs ressources naturelles et de leurs activits agricoles. Dans la plupart de ces pays dont le Cameroun fait partie, les forts peuvent occuper une place centrale dans la ralisation des grands objectifs dadaptation aux changements climatiques. Cependant, les forts sont trs peu prsentes dans les programmes et les stratgies de dveloppement nationaux, comme en tmoignent les dbats sur les politiques lies aux changements climatiques etles stratgies de rduction de la pauvret. Nous nous sommes appuys sur une approche qualitative de collecte de donnes par lanalyse du contenu des politiques camerounaises sur ces thmes pour tudier la prise en compte de ladaptation aux changements climatiques, ainsi que la place qui tait rserve lapproche forts comme moyen dadaptation. Nos conclusions indiquent qu lexception de la premire communication nationale la CCNUCC, qui tait axe principalement sur lattnuation et les questions qui sy rapportent, les documents sur les politiques actuelles au Cameroun ne contiennent aucune rfrence concrte aux changements climatiques, et sabstiennent donc compltement de mettre en avant lintrt des forts pour la protection des populations contre les nombreux impacts climatiques attendus. Les politiques lies aux forts sappuient sur un principe gnral de gestion durable et ne mettent pas en valeur les changements prcis qui devraient tre intgrs dans les stratgies et politiques de gestion pour assurer ladaptation. Les stratgies et recommandations faites dans ces documents permettent seulement de mieux comprendre les ressources naturelles du Cameroun et daccrotre la rsilience des systmes naturels, mieux mme de faire face aux pressions dorigine anthropique. Cet article souligne la ncessit de surmonter les obstacles que reprsentent la mconnaissance des atouts des forts pour ladaptation aux changements climatiques, ainsi que le peu dinformations circulant sur ce sujet. Il dmontre le besoin dintgrer le rle des forts dans ladaptation aux programmes et stratgies de dveloppement au plan national, et recommande ltude des textes de loi existant dans le domaine de lenvironnement et de leurs consquences pour les stratgies de rduction de la pauvret et ladaptation aux changements climatiques.

    Rsum

  • Remerciements

    Nous remercions tous les collaborateurs pour leur apport dinformations et de documents prcieux pour la rdaction de cet article. Nous tenons en particulier remercier Nkakene Njoya Zouliatou pour ses commentaires fort utiles, lors de la rvision des premires versions en anglais de cet article. Nous sommes galement trs reconnaissants aux correcteurs anonymes, dont les commentaires et suggestions ont largement contribu lamlioration du texte. Nos remerciements vont aussi spcialement au Centre de recherches pour le dveloppement international (CRDI), lorganisme finanant le Projet Forts du bassin du Congo et adaptation aux changements climatiques en Afrique centrale (CoFCCA), qui est mis en uvre par le CIFOR.

  • Malgr les imprcisions des projections relatives lampleur, au rythme et la rpartition spatiale des changements climatiques, il est largement admis que lvolution du climat affectera radicalement la vie des nombreuses gnrations venir, et que ses impacts seront particulirement graves pour les plus dmunis, dans les pays en dveloppement en particulier, si des mesures adquates ne sont pas prises (GIEC 2007). Les effets ngatifs des impacts climatiques auxquels ces pays sont soumis se font dj sentir et psent terriblement sur des secteurs importants pour le dveloppement national, tels que lagriculture et lexploitation des ressources naturelles (GIEC 2001, Huq etal. 2003, AIACC 2004, Hassan etal. 2005, Reid etal. 2005, CCNUCC 2007a, b, PNUD 2007, FAO 2008, CCNUCC 2009). Cette situation reprsente une grave menace pour le dveloppement et la rduction de la pauvret dans le pays (Ogunseitan 2003, Banque mondiale 2004, AME 2005, Stern etal. 2006, Nkem etal. 2007). Comme dans toute lAfrique, le climat au Cameroun a enregistr des variations importantes au cours des dernires dcennies, dont certaines ont prsent des amplitudes trs leves (Molua et Lambi 2007, GIEC 2007, IUFRO 2010). Outre les facteurs climatiques qui rduisent dj la disponibilit en eau douce et font baisser les rendements de culture sur de grandes superficies (Hassan 2006, Molua 2008), la situation au Cameroun est aggrave par la dgradation des sols, la croissance dmographique leve, la faible croissance conomique, des problmes sociaux importants, la progression des maladies et une destruction gnrale des cosystmes (Annecke 2002, Dixon etal. 2003; Innes et Hickey 2006; Nkem etal. 2007; Asangwe 2002, 2006). Ces phnomnes, interdpendants dans une grande mesure, sont surtout causs par les changements climatiques. Pour mettre un terme cet engrenage de dlabrement continuel des conditions sociales, conomiques et naturelles, il faut consentir des efforts indits en sappuyant sur les connaissances obtenues dans les domaines des sciences naturelles, sociales, conomiques, politiques et de la sant. Si lon veut surmonter ce problme urgent, il est indispensable de sassurer lappui des circuits dcisionnels qui doivent avoir une parfaite comprhension de tous les phnomnes interconnects en jeu.

    1.1 Pourquoi les forts du Cameroun comptent-elles?1.1.1 tendue de la couverture et des ressources forestires

    Le Cameroun dispose de ressources naturelles abondantes, et en particulier de forts tropicales humides denses qui stendent sur des superficies importantes,

    1. Introduction

  • Politiques sur les forts et ladaptation aux changements climatiques au Cameroun2

    principalement dans le sud du pays. Les forts camerounaises recouvrent environ 23millions dhectares et reprsentent 47% du territoire national (MINFOF et FAO 2005). Le pays compte galement environ 15millions dhectares de terres boises dans les rgions situes au centre et au nord du pays, plus arides. Vers la fin des annes 90, les forts de production couvraient environ 17millions dhectares, soit 78% des surfaces forestires totales, lexclusion des aires de forts protges(figure1).

    Le Cameroun abrite en outre quelque 8260espces vgtales (dont 156 endmiques) et environ 2000espces animales, ce qui le place au 5me rang des pays africains sur le plan de la biodiversit (Essam 2001, NBSAP 2002, GFW 2003).

    1.1.2 Importance sociale et conomique

    Au Cameroun, les biens et services provenant des cosystmes forestiers sont vitaux pour plus de 80% des populations locales, et sont donc dune importance capitale pour la rduction de la pauvret, tout en contribuant galement de manire significative au dveloppement national. Le gibier de brousse constitue une ressource alimentaire importante pour de nombreux habitants en milieu rural, ainsi quune source de revenus pour de nombreux chasseurs; on estime ainsi que 78000tonnes de gibier de brousse sont prleves dans les forts camerounaises chaque anne (Nasi etal. 2008, Wright and Priston 2010). Les forts du Cameroun sont une ressource conomique, assurant la subsistance des populations et gnrant les produits de lexploitation forestire (Hassan etal. 2005, Reid etal. 2005, PFBC 2006, 2008, Hoare 2007). Limportance conomique du secteur bois-forts est reconnue et mise en vidence par le gouvernement camerounais dans un document-cadre de politique gnrale (loi sur les forts de 1994), dans lequel il est clairement nonc que: Les forts au Cameroun reprsentent une des plus grandes richesses du pays et le gouvernement souhaite vivement que ce secteur contribue la croissance et lquilibre macroconomique. En 2005, les recettes fiscales tires du secteur forestier slevaient 79524912dollars US (MINFOF 2008). Le montant total des pnalits recouvres entre 2001 et 2004 tait gal 1788734dollarsUS, des sommes importantes restant cependant encore percevoir. Globalement, le stock national de bois commerciaux se valoriserait 310millions de mtres cubes, soit une valeur sur pied denviron 70milliards de dollars US (Essama-Nssah et Gockowksi 2000). Le Cameroun fait partie des cinqpremiers pays exportateurs de grumes dans le monde (GFW 2003). Sa production de bois slve 4,7millions de mtres cubes, dont 2,5millions dans le secteur informel et 2,2millions dans le secteur commercial (Cerutti et Tacconi 2008). Le secteur forestier constitue actuellement la troisime source de revenus lexport pour lconomie camerounaise, aprs le ptrole Il fournissait 16% des revenus nationaux lexport en 2003 (pour une valeur denviron 380millions de dollars US) et reprsentait environ 6% du PIB (PFBC 2006). Le secteur forestier employait 163000personnes en 2006, dont 13000 dans lexploitation forestire (MINFOF 2008). Mis part les grumes, les autres produits exports sont les sciages, avec une exportation annuelle value 540000mtres cubes.

  • 3Mekou Youssoufa Bele, Olufunso Somorin, Denis Jean Sonwa, Johnson Ndi Nkem et Bruno Locatelli

    Figure 1. Carte du Cameroun montrant la rpartition des forts sur le territoire du pays (Global Forest Watch 2003)

    Lgende

    Capitale politiqueChef-lieu de region

    Route principale

    Rserve de forts

    UFA

    Fort communale

    Aire protge

    Fort communautare

    Vente de coupe

    Zone minire

    Ocan, lac

    Frontire internationale

  • Politiques sur les forts et ladaptation aux changements climatiques au Cameroun4

    Selon la FAO (2003), les combustibles traditionnels, dont le bois de feu et le charbon de bois, fournissent environ 80% de la totalit de lnergie consomme au Cameroun.

    1.1.3 Importance pour lenvironnement

    Les forts camerounaises font partie des forts du bassin du Congo, qui constituent le deuxime massif forestier tropical humide continu du monde, et ce titre, elles contribuent activement la stabilit cologique de la plante. Elles remplissent des fonctions multiples, telles que la prvention de la dgradation et de lrosion des sols, la protection des bassins hydrographiques, et la stabilisation des versants montagneux. En absorbant le CO2 (principal gaz effet de serre), elles rduisent leffet de serre qui aggrave le rchauffement climatique. Elles abritent un grand nombre despces, jouant ainsi un rle de bastion de protection de la biodiversit (PFBC 2006, 2008). Elles servent galement dhabitat pour de nombreuses espces autochtones et non autochtones (PFBC, 2006, 2008). De plus, les possibilits dattnuation des changements climatiques par lentretien et la restauration des rservoirs de carbone forestier, ouvertes par les actions politiques internationales dans le cadre de la Rduction des missions lies la dforestation et la dgradation des forts (REDD), pourraient aussi permettre de contribuer dautres objectifs (Brown etal. 2010). En particulier, la conservation des forts dans le cadre de la REDD pourrait assurer la sauvegarde de la biodiversit, en plus de celle des services cosystmiques dans les rgions boises (Hare et Macey 2008, Streck etal. 2008, Thompson etal. 2009). La conservation des forts pourrait galement limiter la vulnrabilit aux changements climatiques des populations dpendantes des forts, et leur permettre de sadapter (Locatelli etal. 2008). Mme si elle est trs loin de faire lunanimit, une proposition fait de nombreux adeptes, qui consiste prconiser le recours un programme REDD contre la pauvret comme stratgie de dveloppement conomique et de rduction de la pauvret dans les pays en dveloppement (Luttrell etal. 2007, Richards and Jenkins 2007, Bellasse et Gitz 2008, Brown etal. 2008). Malgr les avantages possibles dun tel programme, de nombreux doutes ont t mis au sujet des difficults prsentes par sa mise en uvre, et des rpercussions ventuelles sur les moyens de subsistance des communauts dpendantes des forts (Izac 1997, Pagiola etal. 2004, Angelsen 2008, Fry 2008, Humphreys 2008, RRI 2008, Skutsch et Trines 2008, Somorin 2008, Ajayi etal. 2009, Brown etal. 2010).

    Toujours est-il que le rle des forts nest pas compltement pris en compte par les systmes de planification du dveloppement national, surtout dans les domaines des changements climatiques et de la rduction de la pauvret. Le dfi consiste ds lors renforcer la sensibilisation du public et la prise de conscience politique et laborer des stratgies dadaptation des moyens dexistence des populations, bases sur un ensemble de biens et de services forestiers.

  • Cet article tudie lintgration de ladaptation aux changements climatiques dans les principaux documents politiques du Cameroun: le Programme sectoriel Forts et Environnement (PSFE), les Documents de stratgie de rduction de la pauvret (DSRP) et la premire communication nationale la CCNUCC (CN1). Cette tude passe par lanalyse de lattention dont ont fait lobjet les forts comme moyen dadaptation aux changements climatiques, dans la premire communication nationale la CCNUCC. Dans un premier temps, nous avons men une analyse documentaire des risques et de la vulnrabilit aux fluctuations et changements climatiques au Cameroun, en nous penchant plus particulirement sur les impacts pour les cosystmes forestiers. Puis, en nous appuyant sur les informations tires de nos recherches sur la vulnrabilit des cosystmes forestiers et des usagers de la fort, nous mettons en vidence les possibilits dadaptation existant au Cameroun face aux changements climatiques. La mthodologie de recherche est dcrite plus avant et les rsultats sont discuts en privilgiant les aspects suivants: la stratgie du Cameroun dans le domaine de la protection de lenvironnement, les efforts dploys pour mettre en uvre la CCNUCC, et lanalyse de lattention dont font lobjet les forts pour ladaptation au Cameroun dans la premire communication nationale la CCNUCC. Larticle se conclut par un examen du dfi que reprsente pour le Cameroun la lutte contre les changements climatiques et ladaptation en particulier, et propose dinclure la planification intgre dans les mcanismes dadaptation long terme, en faisant le lien avec les mcanismes de dveloppement nationaux.

    2. propos de cet article

  • Lanalyse des impacts des changements climatiques1 au Cameroun montre que ce pays subit les consquences de lvolution climatique dans presque tous les secteurs concerns par le dveloppement (PNUE 2000 et MINEF 2001). Cause principale de maladie et de dcs au Cameroun, le paludisme serait en hausse, notamment par suite de laugmentation des tempratures. Les prvisions relatives aux changements climatiques au Cameroun montrent galement une baisse du volume et de la prvisibilit des prcipitations. Des donnes statistiques indiquent que la pluviosit a dj diminu de plus de 2% par dcennie depuis 1960 (Molua et Lambi 2007). Les rendements de culture ont t faibles, surtout ceux des cultures commerciales, sensibles lirrgularit des pluies. Les bas reliefs ctiers seront exposs llvation du niveau de la mer (Asangwe 2006).

    La vulnrabilit du Cameroun aux changements climatiques est exacerbe par les faits suivants. (1) la pauvret aggrave les impacts de lvolution de lenvironnement et rciproquement: au Cameroun, la majeure partie des catastrophes naturelles rcentes ont t lies au climat, des facteurs mtorologiques et leau (Ayanji 2004, Molua et Lambi 2007, Molua 2008); (2) les moyens dexistence des populations dpendent fortement de ressources vulnrables aux changements climatiques: lagriculture au Cameroun, non irrigue 90%, reprsente plus de 70% des emplois du pays et constitue la troisime source de devises pour ltat, aprs les exportations de produits ptroliers et de bois, et plus de 40% du produit intrieur brut (Hassan 2006, Molua et Lambi 2007); (3) la capacit dadaptation des populations est faible: les populations les plus pauvres dans les rgions vulnrables aux changements climatiques, telles que la rgion soudano-sahlienne et le littoral ont dj du mal faire face aux vnements mtorologiques extrmes et aux fluctuations climatiques actuelles. La frquence et la gravit accrues des chocs climatiques finissent par porter atteinte aux capacits dajustement des populations dans la plupart de ces rgions. Les domaines camerounais les plus vulnrables sont les secteurs de lnergie, de la sant, de lagriculture et de la scurit alimentaire, et des ressources en eau (PNUE 2000, MINEF 2001).

    1 La dfinition des termes employs dans cet article est conforme au glossaire terminologique utilis par le Groupe de travail II (Changement(s) climatique(s), risques, impacts, adaptation et vulnrabilit), dans le troisime rapport dvaluation du Groupe dexperts intergouvernemental sur lvolution du climat (2001). Rapport disponible sur : http://www.grida.no/climate/ippc_tar/wg2/689.htm.

    3. Risques et vulnrabilit climatiques au Cameroun

  • 7Mekou Youssoufa Bele, Olufunso Somorin, Denis Jean Sonwa, Johnson Ndi Nkem et Bruno Locatelli

    3.1 Impacts sur les fortsLa synthse des tudes de vulnrabilit montre que presque tous les paysages forestiers du Cameroun subissent les effets des fluctuations et des changements climatiques. Les consquences de cette situation sont dautant plus graves quelles concernent des populations qui vivent principalement des ressources naturelles. Par ailleurs, au Cameroun comme dans de nombreux pays de lAfrique subsaharienne, les changements climatiques viennent sajouter toute une srie dautres problmes, pour certains plus urgents. En effet, le morcellement forestier, la disparition dhabitat et leurs consquences pour les espces de flore et de faune sauvages savrent dj suffisamment difficiles matriser. Des pratiques inadaptes dutilisation des terres ont conduit une augmentation du dboisement et de la dgradation des forts, lrosion des sols, linondation des terres basses, ainsi qu la destruction des bassins hydrographiques. Il est trs probable que des pertes supplmentaires en matire de biodiversit, mme faibles, pourraient entraner des modifications considrables des biens et services cosystmiques (Amell 2004, GIEC 2007, Dai etal. 2009). Or, les informations disponibles sont insuffisantes pour servir de base fiable une valuation quantitative des consquences cologiques, sociales et conomiques dcoulant des effets de lvolution climatique sur les forts. Il est galement clair, cependant, que les mesures visant rduire les pressions non climatiques dorigine humaine peuvent permettre de diminuer la vulnrabilit globale des cosystmes forestiers et des populations.

    tant donn laccroissement dmographique rapide qui est anticip dans les dcennies venir, la demande en bois nergie sera leve, surtout dans les zones urbaines. Les consquences qui en rsulteront pour les forts seront dramatiques, car laugmentation des prix de lnergie au plan mondial et la persistance de la pnurie dlectricit accentueront encore plus la dpendance envers le bois de feu, le charbon de bois et les autres nergies drives de la biomasse. Plus loffre en bois et en autres produits de la fort baisse, plus les arbres poussant hors forts sur les proprits rurales et les terres communales prendront de limportance. Cependant, le renforcement des rles jous par les individus et les entreprises dans la culture, la protection et la gestion des arbres repose sur la scurit de la tenure et des droits de proprit (IDR 2008).

    En raison de son appartenance aux forts du bassin du Congo, qui constituentle deuxime massif forestier aprs la fort amazonienne, le Cameroun est trs attach la gestion durable des forts, au titre de laquelle il a bnfici du soutien sans faille et prolong dinstitutions de dveloppement international et de partenaires bilatraux. Cependant, lengagement du gouvernement mettre en uvre les rsolutions et faire appliquer la lgislation en vigueur est en contradiction avec sa trop grande dpendance lgard du bois (Essama-Nssah et Gockowski 2000). Les espoirs dun sauvetage des forts du Cameroun se sont tourns vers les ngociations internationales sur les changements climatiques qui pourraient aboutir des compensations financires en

  • Politiques sur les forts et ladaptation aux changements climatiques au Cameroun8

    change de la REDD. Cependant, quelle que soit lissue des calculs autour de la REDD, la russite de ce programme dpendra de la reconnaissance des besoins des populations vivant dans les forts et de llimination de la culture de la corruption au sein des gouvernements et des intrts commerciaux.

  • 4. La ncessit de ladaptation

    Au Cameroun, les systmes de dveloppement et de subsistance des populations sont encore troitement lis aux services environnementaux, du fait de lextrme lenteur avec laquelle cette conomie fonde sur la terre fait la transition vers une conomie diversifie (Nkem etal. 2010). Ce schma complexe de dpendance lgard des ressources naturelles augmente les risques, limprvisibilit et les incertitudes quant aux moyens de subsistance des populations, en raison de la vulnrabilit des ressources naturelles lvolution climatique (Denton etal. 2000, Beg etal. 2002, Ikeme 2003, Seppl etal. 2009). Ainsi, les ressources des forts constituent un patrimoine indispensable pour la subsistance des millions de Camerounais qui en dpendent, et aussi pour le dveloppement du pays (Nkem etal. 2007, Somorin et Braatz 2007). Cest donc fondamentalement la subsistance des communauts dpendantes des forts (Barbier etal. 2009), le dveloppement national et les activits conomiques lies aux forts qui sont mis en danger par la vulnrabilit des cosystmes forestiers aux impacts climatiques. Ladaptation des aspects cologiques (lcosystme lui-mme) et des aspects sociaux (les populations et leurs moyens dexistence, tributaires des ressources forestires) de ce systme interdpendant simpose donc (Locatelli etal. 2008). Malgr ce contexte difficile, Stern etal. (2006) sont convaincus que les forts peuvent tre un point dentre pour ladaptation. Or, une tude commande par lInstitut des Nations Unies pour la formation et la recherche (UNITAR) rvle que de nombreux pays africains, dont le Cameroun, ne prennent pas les changements climatiques en compte de manire prioritaire dans leurs processus dcisionnels et leurs plans de gestion des forts long terme (Denton etal. 2000). De plus, malgr leur importance, les forts ne sont pas apprhendes pleinement par les systmes nationaux de planification du dveloppement, et en particulier les rles quelles pourraient jouer dans les stratgies de rduction des changements climatiques et de la pauvret. Par consquent, il convient de mettre en place les interventions institutionnelles et politiques ncessaires lintgration des changements climatiques dans lexploitation des forts, en donnant des recommandations pratiques par exemple (Guariguata etal. 2007). Ces interventions institutionnelles et politiques devraient renforcer la place occupe par les forts dans le dveloppement local et national, et contribuer llaboration de stratgies dadaptation des moyens dexistence, bases sur un ensemble dcosystmes forestiers.

  • Pour la rdaction de cet article, nous nous sommes appuys sur trois documents politiques camerounais. Il sagit des Documents de stratgie de rduction de la pauvret (DSRP), du Programme sectoriel Forts et Environnement (PSFE) et de la premire communication nationale sur les changements climatiques (CN1). Notre choix a t guid par le fait quil sagit de documents politiques importants, qui traitent de manire assez approfondie de questions cls relatives la conservation de la biodiversit, la gestion durable des forts et la dgradation des sols dans le cadre du programme de rduction de la pauvret, et qui voquent donc indirectement des changements climatiques. Nous avons analys le contenu de ces documents, la manire dont ladaptation aux changements climatiques y tait intgre, et le degr dimportance accorde aux forts comme moyen dadaptation dans la premire communication nationale la CCNUCC. Les informations pertinentes ont t inscrites dans une base de donnes Excel. Nous avons complt ces informations par ltude de textes politiques, communiqus de presse et dclarations officielles portant galement sur cesthmes.

    5. Mthodologie

  • 6. Les processus des politiques internationales visant rpondre aux changements climatiques

    Un lien a t tabli entre le rchauffement de la plante et les missions massives de gaz effet de serre dorigine anthropique dans latmosphre, qui entrane une rupture de lquilibre climatique de la plante. En 1988, lAssemble gnrale des Nations Unies a admis la ncessit de contrler les activits humaines, qui avaient ou pouvaient avoir des rpercussions sur lvolution du climat. Des ngociations internationales au Sommet de la Terre Rio de Janeiro en 1992 ont abouti la signature de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC), par les gouvernants et dcideurs mondiaux, dans lespoir de lutter contre le phnomne de rchauffement plantaire (NU 1992). Aprs avoir t ratifie par 50 pays, la convention est entre en vigueur en mars 1994 et compte aujourdhui 191 pays Parties, ce qui correspond une adhsion presque plantaire (CCNUCC 2007c). Depuis cette date, elle est au centre des activits de lutte contre les changements climatiques sur la scne internationale. Son objectif principal est de parvenir la stabilisation des concentrations dans latmosphre de gaz effet de serre un niveau empchant toute perturbation anthropique dangereuse pour le climat. Ce niveau doit tre atteint dans un dlai suffisant pour permettre aux cosystmes de sadapter naturellement aux changements climatiques, afin de ne pas menacer la production alimentaire et de permettre au dveloppement conomique de se poursuivre de manire durable. En tant que trait-cadre, la CCNUCC tablit des principes et des engagements gnraux, qui sont ladoption de programmes nationaux dattnuation des changements climatiques, llaboration de stratgies dadaptation et la promotion de la gestion durable et de la conservation de puits de gaz effet de serre (tels que les forts) (CCNUCC 2006a, b). La CCNUCC reconnat en outre lutilit des activits forestires dans les pays en dveloppement en particulier, dans la rduction de la vulnrabilit et de la variabilit des systmes naturels et sociaux (Robledo et Fomer 2005).

  • Jusque dansles annes 80, lenvironnement ntait pas pris en compte de manire uniforme au Cameroun (FEM 2008). Plusieurs ministres taient impliqus dans la gestion de lenvironnement. Les forts taient gres par le ministre de lAgriculture, tandis que la flore et la faune et les aires protges taient du ressort de la Dlgation au tourisme. cette poque, le mot environnement ne figurait dans aucun des noms dorganismes gouvernementaux. Mme si les activits de planification globale intgraient des considrations dordre environnemental, cette approche navait abouti aucune stratgie homogne, ni aucun cadre juridique pour lenvironnement. Au dbut des annes 90, le Cameroun a particip au Plan daction forestier tropical (PAFT), qui soulignait la ncessit dengager des rformes institutionnelles et juridiques radicales pour mettre en place un systme de gestion des ressources forestires, assurant la transparence, lquit et la durabilit (Essama-Nssah et Gockowski 2000).

    Ds sa cration en 1992, le Cameroun a sign la Convention-cadre des Nations Unies, quil a ensuite ratifie en 2004, manifestant ainsi sa volont de participer la rduction des missions de gaz effet de serre (GES). La CCNUCC posait les principes fondamentaux dune action internationale concerte visant attnuer les changements climatiques et sadapter ses impacts. Ses dispositions taient prvoyantes, innovatrices et fermement ancres dans le concept du dveloppement durable (CCNUCC 2006a, b). Peu aprs le Sommet de Rio, en 1996 , le Cameroun a donc labor et adopt une loi-cadre sur lenvironnement. Cette loi-cadre est la cl de vote de toutes les politiques environnementales, y compris des mesures dj prises visant rduire les missions de GES, bien que bon nombre dentre elles aient surtout t adoptes dans loptique damliorer la productivit et la comptitivit des industries concernes (loi N 94/01 du 20 janvier 1994 portant rgime des forts, de la faune et de la pche et ses divers dcrets dapplication). Selon cette loi-cadre, toute personne a le droit un environnement sain. La protection de lenvironnement est le devoir de tout citoyen. Ltat doit assurer la protection et lamlioration de lenvironnement. Toute une srie de rformes ont galement t mises en uvre au cours de cette priode pour remdier divers problmes environnementaux. Les principales ont t la cration du ministre de lEnvironnement et des Forts en 1992, la mise en place dun plan de zonage en 1993, visant dlimiter clairement les zones voues la production et la protection et celles qui ne le sont pas, et llaboration dune nouvelle loi sur les forts (N 94 du 20 janvier 1994), portant rgime des forts, de la faune et de la pche.

    7. laboration des politiques et des dispositions juridiques relatives lenvironnement au Cameroun

  • 13Mekou Youssoufa Bele, Olufunso Somorin, Denis Jean Sonwa, Johnson Ndi Nkem et Bruno Locatelli

    Cependant, au tournant du 21me sicle, sous la double influence des Objectifs du millnaire pour le dveloppement et du Document de stratgie de rduction de la pauvret, le secteur de lenvironnement a incorpor les dimensions sociales et conomiques de la durabilit. Cela a abouti llaboration par le Cameroun du Document de stratgie de dveloppement du secteur rural (DSDSR), qui expose les stratgies permettant dassurer la durabilit dans les domaines de lagriculture et de lenvironnement, comme moyen duvrer pour la scurit alimentaire, laugmentation de la production agricole et la rduction de la pauvret en milieu rural. Le Programme sectoriel Forts et Environnement (PSFE) et le Plan prliminaire de dveloppement national (PPDN), tablis en fonction de lorientation donne dans ces documents de stratgie, traitent de manire assez approfondie de questions cls relatives la conservation de la biodiversit, la gestion durable des forts et la dgradation des sols dans le cadre du programme de rduction de la pauvret, et abordent donc indirectement des changements climatiques (FEM 2008).

    Cependant le Cameroun est aussi fortement concern par les changements climatiques, en raison du caractre plantaire de ce phnomne, qui ncessite une action internationale. Le Cameroun appartenant gographiquement au bassin du Congo, lequel joue un rle dans la squestration du carbone et la rgulation du climat lchelle mondiale, le ralentissement du dboisement dans ce pays revt une importance extrme. Le Cameroun a donc tabli, dans sa communication nationale initiale la CCNUCC, un programme dtaill de renforcement des capacits nationales, de transfert des technologies adaptes et de mise en place des mcanismes de compensation et de substitution, et en 2002, il a adopt le Plan daction national nergie pour la rduction de la pauvret.

  • Au Cameroun, les ressources naturelles, dont les forts, subissent de fortes pressions. Leur surexploitation et des pratiques de gestion non durables ont des effets nfastes sur le tissu socio-conomique du Cameroun et diminuent aussi la rsilience de lenvironnement en augmentant sa vulnrabilit aux consquences de lvolution climatique. Pour remdier cette situation, le gouvernement du Cameroun a mis en place plusieurs politiques de gestion durable, dans la mesure o il a pris conscience quelles constitueront la meilleure stratgie dintervention pour contrer lvolution du climat et les autres problmes cologiques et socio-conomiques qui se posent. Cette stratgie est conforme aux principes dfinis par larticle 3 de la CCNUCC, qui stipule que llaboration de politiques et de mesures relatives au dveloppement durable par les Parties permettra de protger les systmes climatiques contre les perturbations dorigine humaine, et que ces politiques et mesures devront tre intgres dans les programmes nationaux de dveloppement. Les politiques du Cameroun relatives au dveloppement durable sont exposes dans le Document de stratgie de rduction de la pauvret (DSRP 2003) et dans le Document de stratgie de dveloppement du secteur rural (DSDSR). Toutefois, ce jour, le Cameroun na formul prcisment aucun critre de dveloppement durable. Il se fonde sur les Objectifs du millnaire des Nations Unies, les objectifs du NEPAD, le Document de stratgie de rduction de la pauvret et les politiques propres aux principaux secteurs dactivit. Cest pourquoi, une riposte efficace aux changements climatiques au Cameroun exige une rponse sectorielle intgre, qui sappuie sur les fondations jetes par les diverses dispositions lgislatives existantes dans le domaine de lenvironnement.

    8. Les efforts dploys par le Cameroun pour mettre en uvre la CCNUCC

  • 9. Place occupe par lvolution du climat dans les documents politiques nationaux du Cameroun

    Mene dans le cadre de la rdaction de cet article, ltude des troisprincipaux documents politiques du Cameroun, ainsi que dautres textes politiques, communiqus de presse et dclarations officielles dans le mme domaine, rvle que la premire communication nationale, prsente la CCNUCC en 2005, est le seul dossier qui traite directement des questions de lvolution climatique, bien quil soit ax principalement sur lattnuation. Mis part ce document, tous les autres textes tudis sur les politiques camerounaises ne font rfrence aucune action concrte pour faire face aux changementsclimatiques.

    9.1 Programme sectoriel Forts et Environnement (PSFE)Le document du Programme sectoriel Forts et Environnement (PSFE) examine en profondeur le thme de la gestion durable des forts sous tous ses aspects. Il dfinit une srie de rformes politiques et juridiques dans le domaine fiscal et de lenvironnement, en particulier celui des forts, permettant de renforcer le rle jou par ce secteur dans le dveloppement rural et la croissance conomique du Cameroun. Or, ce document ne contient pas les mots changements climatiques. Cette lacune sexplique par labsence de la prise en compte des changements climatiques dans les politiques oprationnelles du Cameroun. Il sensuit que ladaptation aux changements climatiques ne sest pas retrouve au premier plan des priorits du gouvernement en matire de politique forestire. Les dispositions institutionnelles de politique forestire, et en particulier les accords de gestion des forts passs entre le gouvernement et les exploitants forestiers, lesquels dfinissent les principaux rgimes de tenure au Cameroun, ne portent pas sur les impacts climatiques et ladaptation aux changements climatiques. Cependant, les mesures de gestion des forts prconises dans tout le document PSFE incorporent dj bon nombre des activits permettant de sadapter face aux effets des changements climatiques sur les forts (Carret 2000 et Karsenty 2006). En particulier, la loi N 94/01 du 20 janvier 1994 sur les forts et la faune et ses divers dcrets dapplication comportent des stratgies dtailles ayant trait la conservation des ressources naturelles du Cameroun et au dveloppement durable. Ces stratgies comprennent des actions dadaptation dans les domaines suivants: gestion gntique, protection et rgnration des forts, gestion sylvicole, oprations forestires, ressources non ligneuses, gestion des parcs et des rserves de faune (il sagit donc dadaptation des forts, et non de forts comme moyen dadaptation). De plus, la collaboration entre les concessionnaires, la socit civile et le public, et le processus

  • Politiques sur les forts et ladaptation aux changements climatiques au Cameroun16

    daffinement des critres de gestion par ces acteurs, donnent dj des rsultats, dont notamment la dlivrance dattestations FSC. Le Cameroun est dailleurs considr comme le leader des pays de la sous-rgion dAfrique centrale, qui se bousculent pour profiter de son exprience, car ils sont en train de modifier leurs propres textes lgislatifs pour privilgier la gestion participative (Fomt et Vermaat 2001, Oyono 2005, Oyono etal.2007).

    Malgr cela, il reste difficile au Cameroun de faire passer la question des changements climatiques au premier rang des proccupations politiques dans le domaine des forts. Cette situation peut sexpliquer par le commentaire suivant:une question comme celle des changements climatiques ne bnficiera dune grande attention de la part des instances gouvernementales, que sil y a convergence et conjugaison de trois grands axes relativement indpendants les uns des autres (le problme, les mesures politiques prendre, les discours politiques), lesquels devront tre repris leur compte par des entrepreneurs politiques, et cest seulement dans ces conditions que les politiques mener pourront tre dcides lorsque loccasion se prsentera dans le calendrier politique (budgets, lections, accords internationaux etc.) (Kingdon 1995). Il semble que le Cameroun nen soit pas encore arriv l. Le gouvernement a dautres priorits immdiates, telles que la rduction de la pauvret, la cration demplois, etc.

    9.2 Documents de stratgie de rduction de la pauvret (DSRP)Les DSRP fournissent un cadre pour llaboration des politiques et des programmes nationaux, ainsi que pour laide extrieure, lobjectif gnral tant la rduction de la pauvret. Rdigs par les pays, les DSRP sont des documents complets et axs sur les rsultats (Bojo etal. 2004). Au plan national, ils peuvent permettre de relier les priorits de llimination de la pauvret et celles des changements climatiques.

    Au Cameroun, les politiques de stimulation du dveloppement national et de lutte contre la pauvret sont inscrites dans le Document de stratgie de rduction de la pauvret (DSRP) 2003, et appliques avec laide de la Banque mondiale et dautres donateurs internationaux. Ces politiques traduisent lambition du gouvernement datteindre la plupart des Objectifs du millnaire pour le dveloppement, cest- dire dliminer la pauvret absolue, dassurer la durabilit cologique, lquit hommes/femmes et le renforcement de lautonomie. Le DSRP dcrit le visage actuel de la pauvret au Cameroun avec une grande justesse, ainsi que les priorits et la stratgie du gouvernement pour en venir bout. Ladoption du DSRP a constitu une tape cl dans le processus de rforme du pays, enclench par le gouvernement du Cameroun depuis octobre 2000, date laquelle le pays a atteint le point de dcision de linitiative renforce des pays pauvres trs endetts (PPTE). Lobjectif central de ce processus de rforme que le gouvernement poursuit avec dtermination, est de rduire significativement

  • 17Mekou Youssoufa Bele, Olufunso Somorin, Denis Jean Sonwa, Johnson Ndi Nkem et Bruno Locatelli

    la pauvret, par la stimulation dune croissance conomique forte et durable, le renforcement de lefficience des dpenses publiques, le ciblage plus efficace des politiques de rduction de la pauvret et lamlioration de la gouvernance engnral.

    En ce qui concerne les changements climatiques, les informations contenues dans le DSRP 2003 ont t relies au document principal du Cameroun sur les changements climatiques, soit la premire communication nationale (CN1) dans le cadre de la CCNUCC, publie au dbut de 2005. Le DSRP napporte aucune solution relle pour sattaquer de front aux changements climatiques. Cependant, sils se ralisent, les objectifs du DSRP pourraient favoriser indirectement ladaptation aux changements climatiques, et ce de manire non ngligeable, parce quils permettraient de limiter considrablement la vulnrabilit des systmes sociaux et cologiques. Le DSRP reconnat mme que la pauvret est au cur des problmes cologiques du Cameroun et quil faudra renforcer les capacits de gestion dans le secteur de lenvironnement pour tendre vers une gestion plus durable des ressources naturelles. Le renforcement des capacits devrait stimuler la croissance de lexploitation forestire, de lagriculture et du tourisme, ce qui devrait conduire au dveloppement des moyens de subsistance et contribuer la rduction de la pauvret.

    9.3 Premire communication nationale la CCNUCC (CN1)Conformment aux articles 4 et 12 de la Convention-cadre sur les changements climatiques, les Parties sont tenues de prsenter des communications la Confrence des Parties (COP). Ces communications doivent comprendre un inventaire national des gaz effet de serre, un programme national dattnuation des impacts des changements climatiques, et des mesures pour faciliter une adaptation convenable aux changements climatiques, sans occasionner dmissions supplmentaires de gaz effet de serre. La CN1 du Cameroun a t prpare en tenant compte des lignes directrices rendues publiques aprs la deuxime Confrence des Parties au trait. Elle prsente un expos gnral de la situation nationale, en insistant sur les aspects qui se rapportent aux changements climatiques, ainsi quun inventaire des gaz effet de serre. La CN1 prsente galement une analyse des stratgies dattnuation, fait le point sur la vulnrabilit et le bilan des diagnostics et des options dadaptation. Elle donne une synthse des politiques et des programmes relatifs la mise en uvre de la convention, dont des ides de projet destines tre affines et finances. La CN1 du Cameroun traite en profondeur de la vulnrabilit aux changements climatiques de deux grandes rgions: la rgion ctire et la rgion soudano-sahlienne. Ce document souligne que les mesures dattnuation permettront au Cameroun de bnficier de transferts de technologie, surtout dans la mesure o il est raisonnable de sattendre une hausse des missions lavenir.

  • Politiques sur les forts et ladaptation aux changements climatiques au Cameroun18

    Lanne 1994 tant prise comme niveau de rfrence, la CN1 value les missions atmosphriques de GES au Cameroun 43millions de tonnes dquivalent dioxyde de carbone. Les principaux gaz mis sont le CO2 (55,9%), le CH4 (25,3%) et le N2O (18,8%), les activits agricoles et les modifications de lutilisation des terres en tant les principales responsables. Ce document avance que pour faire baisser les rejets nationaux de GES de manire consquente au Cameroun, il faudra que les mesures dattnuation ciblent les rejets de dioxyde de carbone dans ces secteurs. Pour y parvenir, le pays dispose de trois grandes options politiques qui concernent lattnuation des rejets de gaz: (1) la cration de puits, par le boisement et la gestion durable des forts, permettant dabsorber les gaz effet de serre atmosphriques, (2) la rduction de la consommation dnergie, tout en maintenant le niveau de service exig par les usagers, et (3) laugmentation des rendements de la conversion nergtique, ou le remplacement des combustibles fossiles par des nergies renouvelables. Mais lheure actuelle, ces options sont, dans leur ensemble, impossibles mettre en pratique au Cameroun.

    De faon gnrale, il est important de noter labsence ou la quasi absence des notions de changement climatique dans les principaux documents politiques du Cameroun, si lon veut comprendre le manque de prise en compte des implications des changements climatiques dans les stratgies de rduction de la pauvret.

  • 10. Degr dimportance accord aux forts comme moyen dadaptation dans la premire communication nationale

    Au Cameroun, comme dans de nombreux pays en dveloppement, le dbat autour de la question des impacts et de ladaptation aux changements climatiques est centr sur les communications nationales la CCNUCC. Ces communications fournissent un bon exemple de progression systmatique partir des projections dvolution climatique lchelle nationale et de lvaluation des impacts, jusqu la dtermination de rponses dadaptation spcifiques. Lvaluation des impacts concerne tous les secteurs vulnrables au climat, fondamentaux pour lconomie nationale, cest--dire lagriculture, le secteur bois-fort, la gestion de leau et lnergie (MINEF 2001). lheure actuelle, le Cameroun a seulement prpar et prsent sa premire communication nationale la CCNUCC (CN1). Cependant, si lon analyse limportance accorde aux parties consacres aux impacts, lattnuation et ladaptation dans ce document, on saperoit que le Cameroun a ax ses activits dans le cadre de la CCNUCC sur lattnuation et les questions qui sy rapportent. Le peu dattention port aux impacts et ladaptation est en partie la traduction du fait que le centre des proccupations tait dabord lattnuation, que ce soit dans les ngociations internationales sur le climat (Najam etal. 2003) ou dans les bilans scientifiques raliss (Kates 1997; Agrawala 2004; Guariguata 2007). Trs souvent, ladaptation est galement incluse dans une srie de rponses toute une gamme de questions socitales, dont beaucoup sont en dehors du champ de proccupation des seuls changements climatiques, qui caractrise les bilans et les politiques sur le climat (Gagnon-Lebrun et Agrawala 2006).

    Dans la CN1 du Cameroun, les politiques sur les forts sappuient sur le concept gnral de gestion durable des forts et ne mettent pas en vidence les changements spcifiques qui doivent tre intgrs dans les stratgies et les politiques de gestion visant assurer ladaptation. Ce document montre que le gouvernement sest content de formuler et dadopter un cadre juridique et rglementaire moderne pour la gestion des ressources forestires, dont les lments principaux sont consacrs par la loi de 1994 sur les forts, la faune et la pche et ses textes dapplication. Par consquent, il est important que le gouvernement mette sur pied un plan daction pour mieux intgrer ladaptation aux changements climatiques dans les mesures de dveloppement national et les dcisions relatives aux investissementspublics.

  • Politiques sur les forts et ladaptation aux changements climatiques au Cameroun20

    Les stratgies et recommandations formules dans la CN1 sont utiles uniquement dans la mesure o elles permettent de mieux comprendre les ressources naturelles du Cameroun et de donner la rsilience ncessaire aux systmes naturels confronts aux pressions anthropiques. cet gard, la vision des ressources naturelles nourrie par le Cameroun est celle dun pays qui (1) exploite et utilise ses ressources biologiques de manire rationnelle et durable afin de rpondre aux besoins imposs par son dveloppement et le bien-tre de sa population croissante, (2) prserve lquilibre de ses cosystmes, et (3) transmet sa biodiversit trs riche aux gnrations futures (NBSAP2002).

    Dans le secteur forestier, les mesures dadaptation possibles comprennent le reboisement des zones dgrades ou dfriches, le contrle et la surveillance de lexploitation du bois, la rglementation de lextraction de sable, la rduction de la pollution lie lutilisation des terres et le dplacement des camps de pche en arrire des mangroves (NBSAP 2002).

  • 11. Facteurs mettant en vidence lintgration insuffisante des changements climatiques dans les politiques nationales

    Au Cameroun, bien que les changements climatiques soient de plus en plus perus comme un enjeu prioritaire, les questions de la rduction de la pauvret et de la cration demplois restent les priorits les plus urgentes du gouvernement lheure actuelle (Brown etal. 2010). Il nexiste actuellement aucun programme consacr ladaptation aux changements climatiques dans le pays. De plus, malgr la prise de conscience des impacts climatiques qui ne manqueront pas de retomber sur plusieurs secteurs, les changements climatiques et plus prcisment ladaptation ceux-ci, ne figurent pas au premier rang des proccupations de bon nombre de parties prenantes (Brown etal. 2010). De nombreux facteurs le mettent en vidence: linsuffisance des donnes sur les solutions dadaptation, la mconnaissance de ladaptation parmi les parties prenantes et la population, la faiblesse des capacits du personnel dans les domaines de la planification, du suivi et de lvaluation, labsence de mcanismes de communication et de gestion des informations entre secteurs, linadaptation des capacits des institutions, le manque dintrt faire appliquer la loi sur les forts et labsence de mesures incitatives favorisant cette application (Tieguhong et Ndoye 2007, Tieguhong et Betti2008).

    Nous pensons donc que les actions suivantes permettront de faciliter la mise en place de stratgies dadaptation, notamment dans le secteur des forts: effectuer un bilan des risques et de la vulnrabilit, dvelopper la place de la gestion durable des forts dans ladaptation aux changements climatiques, amliorer la gestion des forts et de la biodiversit pour renforcer la rsilience et limiter les risques et la vulnrabilit, intgrer pleinement les changements climatiques dans la gestion des forts, crer un mcanisme de financement plus robuste et plus fiable, agir en faveur du renforcement des capacits et crer des emplois dans les collectivits (Bele etal. 2009).

  • Au Cameroun comme dans de nombreux autres pays en dveloppement, les impacts des fluctuations et changements climatiques se font dj sentir. Si les forts camerounaises constituent des ressources extrmement intressantes pour le bien-tre de sa population et de ltat, mais aussi du reste du globe, grce au rle quelles peuvent jouer dans lattnuation des changements climatiques, il nen demeure pas moins quelles sont vulnrables ceux-ci. Or, le Cameroun na pas encore ragi avec toute la rapidit, la vigueur et la cohrence ncessaires lampleur du phnomne, compte tenu des enjeux et des opportunits quil prsente. tant donn la vitesse de progression des changements climatiques, les dcisions ne peuvent tre reportes en attendant la publication des conclusions futures des chercheurs, le Cameroun doit prendre les dcisions qui simposent dans le domaine de lattnuation et de ladaptation, sans plus attendre, et malgr les incertitudes. Les changements climatiques doivent tre intgrs dans les politiques nationales. Le Cameroun doit galement instituer des cadres institutionnels de rponse aux changements climatiques, lchelle nationale et des collectivits, permettant de renforcer la coordination, le travail en rseau et la circulation des informations entre diffrents niveaux de ladministration et les groupes de la socit civile au plan local, afin dadapter au mieux sa riposte face aux enjeux de llimination de la pauvret et des changements climatiques. Le Cameroun tant particulirement tributaire pour son dveloppement de secteurs vulnrables au climat, tels que lagriculture, lexploitation des forts et du bois, la pche et le pastoralisme par exemple, la capacit dadaptation du pays reste trs incertaine. Il est essentiel de comprendre do viennent ces incertitudes, puis dutiliser les donnes obtenues comme point de dpart pour la prise de dcisions. Dans le secteur forestier en particulier, le Cameroun doit laborer une politique de gestion durable, comprenant un volet changements climatiques qui se proccupe non seulement den contrecarrer les consquences sur les ressources forestires et la conservation de la biodiversit, mais aussi de crer des opportunits renforces et durables de dveloppement rural et de soulagement de la pauvret par la gnration de revenus et la cration demplois.

    12. Conclusion

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    www.cifor.org www.ForestsClimateChange.org

    Politiques sur les forets et ladaptation aux changements climatiques au CamerounTable des matiresRsumRemerciements1.Introduction2. propos de cet article3.Risques et vulnrabilit climatiques au Cameroun4.La ncessit de ladaptation5.Mthodologie6.Les processus des politiques internationales visant rpondre aux changements climatiques7.laboration des politiques et des dispositions juridiques relatives lenvironnement au Cameroun8.Les efforts dploys par le Cameroun pour mettre en uvre la CCNUCC9.Place occupe par lvolution du climat dans les documents politiques nationaux du Cameroun10.Degr dimportance accord aux forts comme moyen dadaptation dans la premire communication nationale11.Facteurs mettant en vidence lintgration insuffisante des changements climatiques dans les politiques nationales12.Conclusion13.Rfrences

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