2
UTION EXTERIEURE ET INTiRlEURE : ES CAUSES, QUELS EFFETS L’HOMME ? Denise P&pin aa* ien que la Sante de I’homme soit plus btroitement dependante de la qualit de l’air qu’ il respire que de la qualit de l’eau qu’ il consomme, les connaissances en mati&e de pol- lution, et singuli&ement leurs impacts sur la Sante, sont moins avanc& pour I’atmosph&e we pour I’eau. La pollution atmosph&ique est d6finie comme I’ introduction dans I’atmosph&e de composBs chi- miques sous forme de gaz, vapeurs, a&osols et de composants biologiques. Par rapport & la Flollution de I’eau, la pollution de l’air presente un certain nombre de particularit& dont les prin- cipales sont : -. la difficult6 d’bpuration naturelle ti I’exception du CO, ; -I la transformation photochimique des polluants en polluants secondaires sous I’ influence du rayon- r ement solaire. II es%aisbment concevable, en raison de la remanence des polluants, que la dilution et la d&an- Mien constituent le mode principal d’attknuation de ses effets ; c’est pourquoi on distingue trois &helles de pollution en fonction de la distance par rapport g la source d’6mission, & savoir 100 km pour I’6chelle locale, 1 000 km pour 1’6chelle Ggionale et au-de18 de 1 000 km pour la pollution globale. Llimpact de la pollution est plus ou moins important selon le mode d’6mission, kmission massive cu chronique, et selon bien Bvidemment la nature du polluant. Des accidents gravissimes et spec- taculaires, tels que I’6mission d’ isocyanate de methyl g Bhopal (250 000 victimes parmi lesquelles :! 500 d&c& ont Bt6 d&ombr&) ou I’6mission d’&ments radioactifs & Tchernobyl sont le fait d’6missions massives. L.a pollution chronique r&ulte d’activitbs humaines de la vie courante et provient essentiellement de la combustion n6cessaire B la production d’bnergie. tlistoriquement, les premiers constats d’atteinte & la Sante en relation avec la pollution atmo- sph&ique ont 6t6 faits en Angleterre. Caggravation des effets sur la sant6 s’est manifest&e lors du remplacement de I’utilisation du bois par le charbon et & la faveur de ph&nom&nes m&oro- logiques tels que l’ inversion des temperatures. C’est ainsi que la premiere observation 6pid6- rniologique en la mat&e a mis en bvidence le r6le de la conjonction des deux ph6nomenes lors d’une p&iode de (( fog b)intense en 1952. Cet 6pisode est devenu &l&bre par I’ intensit6 du - a Laboratolre d’hydrologie et d’hygikne llxstitut Louise-Blanquet Fac:& de &de&e et de pharmacie 28, place Henri-Dunant - B.P. 38 63001 Clermont-Ferrand cedex Correspondance E-mail : Denise.PEPIN@u-clermontl .fr Q Elsevier, Paris Revue Franr&e des Laboratoires, janvier 2003, N” 349 21

Pollution extéerieure et intérieure: Quelles causes, quels effets sur l'homme ?

Embed Size (px)

Citation preview

UTION EXTERIEURE ET INTiRlEURE : ES CAUSES, QUELS EFFETS

L’HOMME ?

Denise P&pin aa*

ien que la Sante de I’homme soit plus btroitement dependante de la qualit de l’air qu’il

respire que de la qualit de l’eau qu’il consomme, les connaissances en mati&e de pol-

lution, et singuli&ement leurs impacts sur la Sante, sont moins avanc& pour I’atmosph&e

we pour I’eau.

La pollution atmosph&ique est d6finie comme I’introduction dans I’atmosph&e de composBs chi-

miques sous forme de gaz, vapeurs, a&osols et de composants biologiques. Par rapport & la

Flollution de I’eau, la pollution de l’air presente un certain nombre de particularit& dont les prin-

cipales sont :

-. la difficult6 d’bpuration naturelle ti I’exception du CO, ;

-I la transformation photochimique des polluants en polluants secondaires sous I’influence du rayon-

r ement solaire.

II es% aisbment concevable, en raison de la remanence des polluants, que la dilution et la d&an-

Mien constituent le mode principal d’attknuation de ses effets ; c’est pourquoi on distingue trois

&helles de pollution en fonction de la distance par rapport g la source d’6mission, & savoir

100 km pour I’6chelle locale, 1 000 km pour 1’6chelle Ggionale et au-de18 de 1 000 km pour la

pollution globale.

Llimpact de la pollution est plus ou moins important selon le mode d’6mission, kmission massive

cu chronique, et selon bien Bvidemment la nature du polluant. Des accidents gravissimes et spec-

taculaires, tels que I’6mission d’isocyanate de methyl g Bhopal (250 000 victimes parmi lesquelles

:! 500 d&c& ont Bt6 d&ombr&) ou I’6mission d’&ments radioactifs & Tchernobyl sont le fait

d’6missions massives.

L.a pollution chronique r&ulte d’activitbs humaines de la vie courante et provient essentiellement

de la combustion n6cessaire B la production d’bnergie.

tlistoriquement, les premiers constats d’atteinte & la Sante en relation avec la pollution atmo-

sph&ique ont 6t6 faits en Angleterre. Caggravation des effets sur la sant6 s’est manifest&e lors

du remplacement de I’utilisation du bois par le charbon et & la faveur de ph&nom&nes m&oro-

logiques tels que l’inversion des temperatures. C’est ainsi que la premiere observation 6pid6-

rniologique en la mat&e a mis en bvidence le r6le de la conjonction des deux ph6nomenes lors

d’une p&iode de (( fog b) intense en 1952. Cet 6pisode est devenu &l&bre par I’intensit6 du

- a Laboratolre d’hydrologie et d’hygikne llxstitut Louise-Blanquet Fac:& de &de&e et de pharmacie 28, place Henri-Dunant - B.P. 38 63001 Clermont-Ferrand cedex

’ Correspondance

E-mail : Denise.PEPIN@u-clermontl .fr

Q Elsevier, Paris

Revue Franr&e des Laboratoires, janvier 2003, N” 349 21

phenomene (4 000 de&s excedentaires sur la population du grand Londres) et par la possibi-

lite d’etablir une correlation entre le nombre de de&s, la concentration en SO, et le taux de par-

ticules dans I’atmosphere grace a [‘existence d’un reseau de mesure.

Le role de la pollution automobile et la transformation des polluants primaires (oxyde d’azote et

hydrocarbures) en polluants secondaires (ozone, nitrate de peroxyacetyl) a ete clairement demon-

tre a Los Angeles dans la deuxieme moitie du XXe siecle. Enfin, les observations sur la couche

d’ozone et la presence des chlorofluorocarbones (CFC) ont sensibilise le monde scientifique et

le monde politique sur les aspects globaux et planetaires de la pollution atmospherique.

Paolo Laj expose dans ce numero special I’impact des aerosols atmospheriques et la complexite

des mecanismes intervenant dans les interactions entre les polluants et I’environnement. II montre

la necessite de se doter de techniques d’analyse permettant a la fois I’identification d’especes

chimiques tres variees et leur quantification a de tres faibles concentrations pour caracteriser la

pollution et en connaitre les effets directs ou indirects sur la Sante.

II convient de souligner que l’homme inhale un volume d’air de 10 a 15 m3 par jour, et que si les

poumons sont aptes a I’absorption de I’oxygene, il sont de la meme faGon aptes a absorber des

polluants chimiques responsables d’affections dont le siege nest done pas obligatoirement pul-

monaire. Le tissu pulmonaire directement expose aux agressions exterieures est dote d’une grande

reactivite aux allergenes de tous ordres, comme le souligne Claude Molina, I’hyperactivite de la

muqueuse pulmonaire aux concentrations anormales des produits nocifs de I’atmosphere fait done

cc apparaitre Ihllergique comme une v&itable sentinel/e de I’environnement >a. Capport des enquetes

epidemiologiques, notamment des etudes de cohortes chez le nouveau-ne pour une meilleure

connaissance de la part environnementale dans I’asthme, est souligne par Benedicte Clarisse et

lsabelle Momas.

Des exposes de ces differents auteurs, on retiendra la complexite du probleme lie a la multipli-

cite des parametres qui interviennent dans les relations entre la Sante de l’homme et son envi-

ronnement atmospherique. La demarche suivie en mat&e de pollution et de risque profession-

nel telle qu’elle est d&rite par Anne Maitre et Muriel Stoklov respecte plusieurs &apes : detection

du risque, evaluation du risque, metrologie du polluant dans I’atmosphere, surveillance biologique

de la population exposee, dans lesquelles le travail du laboratoire sous assurance qualite est pri-

mordial. Pierre Catilina, pour sa part, fait egalement le point sur le role fondamental du laboratoire

dans le douloureux probleme de l’amiante pour l’evaluation du risque et le suivi des personnes

atteintes.

L’epidemiologie est la discipline la plus largement mise a contribution dans I’etude des effets de

la pollution de l’air sur la Sante, mais I’experimentation animale est aussi mise a contribution pour

Etude et la comprehension des mecanismes. Les travaux de recherche exposes par Pirouz Shirali,

Guillaume Garqon et COIL constituent un exemple d’etude des mecanismes cellulaires dans la can-

cerogenese d’une part, et dans la synergie de polluants associes dans certains types de pollu-

tion d’autre part.

La pollution atmospherique exterieure est I’objet de preoccupation des autorites sanitaires, mais

la qualite de I’air des ambiances interieures ne doit pas pour autant etre negligee si I’on tient compte

du fait que les durkes d’exposition sont supkieures & celles de la pollution exterieure. C’est dans

le but d’identifier les polluants, d’evaluer I’exposition et d’enoncer des recommandations pour les

differents milieux de vie qu’a ete tree I’Observatoire de la qualite interieure des locaux en I 999,

permettant ainsi de completer les connaissances scientifiques sur I’impact sanitaire de la qualite

de I’air,

22 Revue Franpaise des Laboratoires, janvier 2003, N” 349