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11 RUE BERANGER 75154 PARIS 3 - 01 42 76 17 89 23 JUIN 11 Quotidien Paris OJD : 113108 Surface approx. (cm²) : 2683 N° de page : 1-4 Page 1/7 ECOLE5 8599868200506/XNR/ALZ/1 Eléments de recherche : **** PREND LES SIGNATURES D'ARTICLES **** ECOLE D'ECONOMIE DE PARIS ou PARIS SCHOOL OF ECONOMICS : à Paris 14ème, toutes citations -140 EURO. PREMIÈRE ÉDITION N°9365 JEUDI 23 JUIN 2011 WWW.LIBERATION.FR Polémique sur hauts revenus Salaires Maximums Infiniment Croissants En réaction à l'explosion des inégalités de rémunérations, le débat sur la limitation des revenus s'amorce en vue de la presidentielle. PAGES 3-4 IMPRIMÉ CH FRANCE / PRINTED IN FRANCE Allemagne 2,10 C Andorre MO « Autriche 2,BO < Benque 1,50 e Canada 4,50 t Danemark 25 Kr, DOM 3,20 « Espagne 2,10 e, Etats Unis 430 *, Finlande 3,40 « Grande Bretagne 1.6O £, Grece 3.5O e

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Eléments de recherche : **** PREND LES SIGNATURES D'ARTICLES **** ECOLE D'ECONOMIE DE PARIS ou PARIS SCHOOL OFECONOMICS : à Paris 14ème, toutes citations

-140 EURO. PREMIÈRE ÉDITION N°9365 JEUDI 23 JUIN 2011 WWW.LIBERATION.FR

Polémique surhauts revenus

SalairesMaximumsInfinimentCroissants

En réaction à l'explosiondes inégalités de rémunérations,le débat sur la limitation des revenuss'amorce en vue de la presidentielle.PAGES 3-4

IMPRIMÉ CH FRANCE / PRINTED IN FRANCE Allemagne 2,10 C Andorre MO « Autriche 2,BO < Benque 1,50 e Canada 4,50 t Danemark 25 Kr, DOM 3,20 « Espagne 2,10 e, Etats Unis 430 *, Finlande 3,40 « Grande Bretagne 1.6O £, Grece 3.5O e

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L'idée d'une rémunération maximum pourles patrons des grandes entreprises fait débat.

Ces grossalaires qu'onne peut pasencadrer

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ParLUCPEILLON

Lt idée vient d'un Pre-

mier ministre, can-didat à la presiden-tielle : instaurer un

salaire maximum en France,en limitant de un à dixl'éventail des revenus. Il nes'agit pas de Fillon, maisd'une fiction - le film Pater,d'Alain Cavalier, en salle de-puis hier - où Vincent Lin-don surfe à Matignon surl'émotion suscitée par lesfins de mois mirobolantesdes grands patrons. Une fic-tion, certes, mais qui puiseson inspiration dans lemonde bien réel des inégali-tés de revenus, entre la ma-jorité de la population et unepoignée de privilégiés. Unphénomène en plein essordepuis plus de dix ans enFrance, qui suit sur cettequestion la trace des Anglo-saxons.

RECUL. «Choquantes», «ex-travagantes», voire «obscè-nes», suivant les observa-teurs, ces rémunérationstrop visibles, faites de salai-res fixes, de bonus, d'actionsgratuites et autres stock-op-tions, sont aujourd'hui,comme dans Pater, dans lecollimateur des politiques.

L'ESSENTIEL

LE CONTEXTE

À la faveur de Pater,le film d'Alain Cavalier,l'idée d'un salairemaximum ressurgit.

LENJEU

La gauche mais aussi ladroite pourraient s'enemparer pour 2012.

Sauf que le courage (ou la fo-lie, suivant les points de vue)des deux principaux partisreste, sur ce thème, très endeçà de leur indignation. Etbien loin de la piste avancéepar Vincent Lindon dans lefilm. Le Parti socialiste pro-pose ainsi de limiter de I à 20les rémunérations, mais dansles seules entreprises oùl'Etat détient une participa-tion. Dans le secteur privé, lePS confierait au conseild'administration le soin dedéfinir ce ratio, après avisconsultatif du comité d'en-treprise. Un recul par rap-port à sa première proposi-tion, qui voulait rendre cetavis conforme, donnant ainsiun vrai pouvoir aux repré-sentants des salariés sur lesécarts de fiches de

paye. A droite, l'ambi-tion est encore plus modeste.Après avoir roulé des méca-'niques détat 2009, en me-naçant de limiter les rému-nérations des PDG desbanques aidées par l'Etat,Nicolas Sarkozy semble êtrerevenu à de plus sobres ob-jectifs. Son ministre du Tra-vail, Xavier Bertrand, estbien parti en guerre, lundi,contre les rétributions «ex-travagantes», qu'il proposede soumettre à une «taxe».Mais sans préciser le seuil derevenus, et encore moins letaux. Quant au Premier mi-nistre, qui avouait samedi,dans les colonnes de MceMatin, être «choqué parles progressions de salairesde quelques-uns, totalementdéconnectées de la réalité éco-nomique», il a aussitôt ajouténe pas croire «à une régle-mentation des salaires». Bref,les gros revenus ont encorede l'avenir.•Ces inégalités croissantesn'ont pourtant rien d'unmythe. L'économiste CamilleLandais parle même d'une«explosion des très hauts sa-laires», qui «contraste avec lagrande stabilité de la hiérarchiesalariale observée depuistrente ans». Entre 1998 et2005, et alors que les 90%des Français les moins bienpayés voyaient leur salaireprogresser de 3%, les reve-nus du travail des 1% lesmieux lotis bondissaientde 14%, ceux des 0,1% de29%, et ceux des 0,01% ex-plosaient de 51%... En 2007,

selon l'Insee, les 1% dessalariés à temps completles mieux rémunérés percevalent ainsi un revenu moyenannuel de 215000 euros, soitsept fois plus que la moyennedes salariés (32000 euros).

PATRIMOINE. Mais les inéga-lités de salaires ne disent pastout. De nombreux diri-geants sont aussi sous perfu-sion de stock-options ouautres actions gratuites, pourdes montants atteignant par-fois la majorité de leur rému-nération. Or là aussi, l'envo-lée des inégalités - dans lehaut du panier - des revenuspris dans leur ensemble (tra-vail et patrimoine), atteintun niveau inquiétant. SelonCamille Landais, les rentréesdes 90% des foyers les moinsriches ont progressé de 5%entre 1998 et 2005. A côtéd'eux, les 5% les plus richesont augmente leurs ressour-ces de 11% sur la mêmepériode, les 1% de 19%,les 0,1% de 32% et les 0,01%des plus fortunes de 43%...Une hausse qui doit beau-coup à l'envolée des trèshauts salaires, mais égale-ment à l'augmentationdes revenus du patrimoine.Ce sont donc les mêmesqui profitent de ces deuxphénomènes.Les Etats-Unis avaient sulimiter ces très hauts revenuspendant cinquante ans (lirepage 3). Ce qui ne les apas empêchés de rester lapremière économie dumohde... •••

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REPERES L'EVOLUTION DES SALAIRESSalaires moyens(base lao = 1998)

O,O1%les plus-

Evolution, en %(98-2005)

12O

2OO2 2OO3 2OO4 2OO5

19159C'est le salaire net médian annuel en euros, en 2008, dans lesecteur privé. Traduction: la moitié des salariés touchaient moins,et l'autre plus. Le salaire moyen des 1O% les mieux payés était de38555 euros et celui des 1O% les moins payés de 13 595 euros.

REPARTITION DE LÀ POPULATION SELON LES REVENUS« Très aisés »

•*"*• 0,09%9% 0,9%

moyen (2007)

« Hauts revenus »

40 003 € HO 634 €I 269 555 €

335 246 €

Les inégalités se creu-sent par le haut. En2OO7, 90% des gensgagnaient (salaires etrevenus du capital)17OOO euros en moyenne,les 0,O1% des plus richesprofitaient d'un revenu de1300 OOO euros.

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Thomas Piketty, économiste, préfèrela taxation à la régulation des salaires :

«Dissuaderles entreprisespar la fiscalité»Directeur d'études a l'EHESS

et professeur a l'Ecole d'éconorme de Pans, Thomas

Piketty, qui a travaille sur les hautsrevenus, prône un impot confiscatorre pour limiter ces derniersLes tres hautes rémunérations sont-elles justifiées économiquement 'Pendant longtemps, les dirigeantsd'entreprises ont ete payes 5 a10 fois le salaire minimum pratiqueau sem de leur societe Depuis vingtans, on a change d'échelle certainssont passes a SO ou100 fois, voire davantage Lafmanciarisationde l'économie, coupléeaux dispositifs toujoursplus importants de defiscahsation, conduit a loujours plus de rapacité Etceux qui le peuvent se servent desrevenus qui n'ont plus rien a voiravec leurs competences et leur apport a l'entrepriseN'est-ce pas le prix a payer pourdisposer de dirigeants performants7

Laisser penser qu'on ne trouveraitpas de gens compétents parce qu'ilsne seraient payes «que» 10 fois leSmic au heu de 100 est une approchecomplètement folle, purement ideologique, et assez méprisante D'oreset déjà, l'économie tourne avec desmilliers de dirigeants tres dynamiques et de créateurs de PME mnovantes qui ne gagnent «que» 5 000ou 10 DOO euros par moisLa main invisible du marche seraitdonc incapable de fixer une «vraie»rémunération7

J'aime beaucoup l'économie demarche Maîs il y a des chosesqu'elle ne sait pas faire Le marcheest incapable de fixer correctementles hautes rémunérations, car personne ne sait évaluer la contributiond'un dirigeant a la production d'uneentreprise de plusieurs dizaines demilliers de salariés On demande aun cabinet exterieur, qui fait lamoyenne du secteur, puis ajoute20% pour que tout le monde soitcontent D'où une inflation sansfin C'est un systeme qui recompense davantage la capacite a se serVIT dans la caisse que le mente reelOr quand un marche ne parvient pasa fixer un prix, ce qui arrive souvent

dans la sphère financiere ou environnementale, il faut l'encadrer pardes institutions extérieuresEn fixant un maximum par la loi7

L'outil reglementaire peut etre utile,maîs il a ses limites Inscrire dans laloi une échelle de salaires compriseentre I et 20, par exemple, peut êtrecontourne en versant des rémunéralions d'une autre nature (dividendes plus values ) L'avantage del'approche fiscale est qu'elle permetde toucher l'ensemble des revenus

En imposant un tauxmarginal eleve (60%,70%, voire davantage),on dissuaderait, enamont, les entreprises deverser des remuneralionsinconsidérées, et leursbénéficiaires d'imaginer

des slralegies de conlournemenlUn impôta70% ne risquerait-il pasde brider l'économie7

Les Etats Unis ont pratique, enmoyenne, un taux marginal d'impôtsur le revenu de 82 I» entre 1932et 1980 Soit un taux confiscatoirependant pres d'un demi siècle'Avec même des pics, dans les annees 40 60, qui ont dépasse 90°oDe toute évidence, cela n'a pas tuele capitalisme americain Tout simplement parce que ces taux volontairement conftscatoires ne s'appliquaient qu'a une toute petiteminorité de rémunérations vraimenlindécentes (au delà de I milliond'euros annuels d'aujourd'hui)A l'inverse, les hautes rémunéralions peuvent elles être néfastespour l'economie7

La crise financiere l'a montreles bonus el autres gratifications extravagantes ont ete des «pousse aucrime», mcilanl les dirigeants aprendre des risques démesures Parailleurs, a partir d'un certain niveaude rémunération, cela impacle ne^ativement les revenus des autresAux Etats Unis, entre 1976 et 2007,60% de la croissance economique aete accaparée par 1% de la populabon ce qui de toute évidence a dopel'endeltemenl des moins riches Lessocietes françaises et européennesne supporteraienl pas une telle explosion des inégalités

Recueilli par L P

Augustin Landier, professeurd'économie, justifie les hauts revenus :

«Embaucherles meilleurset les payer plus»A

ugustin Landier est professeul d'économie a TSE, la«Toulouse School of econo

mies» Pour lui, les hautes remunerations n'ont rien de «fantaisistes»et peuvent se justifier economiquementV a t U des raisons économiques valabiés a cette envolee des hautes renumérations?Oui et ce n'est d'ailleurs pas unespécificité francaise Dans Peconomie globalisée, la taille des marchéset celle des enjeux financiers ont considérablement augmente et doncune petite difference detalent entre deux patronspeut au final avoir des effets décuples sur le resultat d'une entreprisePour une grosse entreprise, reduire ne serait ce §q u ' u ntout petit peu le risque d'avoir uneerreur de strategie ou de design, justifie de dépenser des millionsQuand un conseil d'administrationmet le paquet pour attirer un manager qu'ils jugent plus approprie,c'est du simple calcul economique,pas forcement de la surenchère absurde de leur partMaîs plus les rémunérations augmeritent, plus la productivité est difficile a estimer''L'évaluation de la performance relalive d'un dirigeant est complexe,«bnntee» disent les économistesMaîs le fait que l'économie soit soumise a un nombre considérabled'aléas n'est pas un argument L'unpact de ces patrons sur l'activitéd'une entreprise peut etre minimeau final comme l'est d'ailleurs leurrémunération au regard de la valeurboursière des sociétes du CAC40maîs cela n'enlève rien au fait qu'ily a une rationalité a vouloir embaucher les meilleurs et les payer pluspour les retenir C'est la logique du«marche du talent» Apres, on peutvouloir taxer au nom dè la décenceet de l'équilibre social Maîs cela releve alors de la redistribution et dela fiscalite, ce qui est différentLa solution passerait donc par Plmpot7

Je suis préoccupe par l'explosion desinégalités et soucieux de tirer vers le

haut ceux qui sont en bas de la pyralmde sociale Maîs il faut faire allenlion, la mobilite du capital humainest plus forte que jamais a l'échellede la planete et il y a donc des limites a la taxalion des plus riches Ondoit par ailleurs etre bien conscientque des impositions confiscatoiresn'aboutiront pas à baisser les rémunerations maîs au developpement del'optimisation fiscale et aune fuitedes talents Notre fiscalite doit tenircompte de ce qui se fait chez nos

voisins maîs égalementdans des pays plus eloignesBref, U n'y a rien à faire 7

Non maîs il ne faut pas sefocaliser sur des microsujets a la portée surtoutsymbolique, sur lesquels

on a peu de marge de manœuvre etqui en termes de ressources pourl'Etat seront tres limitesLes pratiques dans le monde de la fi-nance peuvent donc continuerLa question des rémunérations dansla finance est différente dans la mesure ou leur niveau anormalementeleve peut refléter des rentes de situation illégitimes Je pense ici auxbanques ou les rémunérations tresélevées sont le symptôme de dysfonctionnements de marche qu'ilfaut évidemment corriger en regulani ces activites maîs très en amontCes fameux bonus, c'est comme lethermometre ce n'est pas en lescassant que l'on va agir sur les raisons qui ont amené les profits de cesactivites a ce niveauVous avez vécu aux Etats Unis ou,dites vous, on a une tout autre imagede la richesse qu'en France 7

Les riches en France n'assument pasassez un rôle actif de redistributionsur la societe Ou sont nos Bill Gateset Warren Buffet7 Tant que la philanthropie ne sera pas plus developpee en France, notre malaise face ala richesse perdurera Tres peu degens considèrent ici qu'ils ont areinjecter dans le tissu social unebonne partie de ce qu'ils ont gagne,ils pensent que c'est a l'Etat d'aiderles pauvres C'est dommage La citoyennete active des riches est cruciale pour l'équilibre social

RecueîOi par CHRISTOPHE ALIX

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LES PLUS HAUTS REVENUS DES PATRONS DU CAC 40Revenus annuels 2O10

Salaire fixe

BERNARD ARNAULT

LVMH GILLES PEL.

ACCOR

759 I 6849,77 millions

d'euros par an

SMIC8,81 millions

d'euros par an

Bonus fl Stock-options I Autres(estimations) (jetons et dividendes)

FRANCK RIBOUD

DANONE

554SMIC

7,13 millionsd'euros par an

EDITORIÂLPar NICOLAS DEMORAND

Arme

La hausse vertigineuse,exponentielle, du salairedes plus grands patronsdemeure un mystère. Surquels critères objectifs sefonde-t-elle ? Pour le direbrutalement : aucun.C'est en effet un pifomètremi-économique,mi-symbolique quidétermine le nombre dezéros et de stock-options,l'ampleur du «goldenhello» et du «goldenparachute», le montantdes retraites et desindemnités diverses. Bref:la série d'avantages tailléesur mesure, et dans lesétoffes les plus rares, quel'optimisation fiscale rendencore plus chatoyante.D'autant que les heureuxélus, bénéficiaires deprotections blindées,gagnent à tous les coups,qu'ils réussissent ouéchouent. Leurs salariésaimeraient être traités avecautant d'égards... Il y aévidemment de quoi être

'scandalisé par laconstitution de cette néo-oligarchie, inédite dansl'histoire du capitalisme,rendue possible par laflnanciarisation récente del'économie, et qui faitpasser les patrons àl'ancienne pour de sévèreset tempérantsphilanthropes. Voyantl'effarement général et lesélections arriver, le PS etl'UMP ont mis quèlquesmesures, quèlques mots etgadgets sur la table.Cette prise de consciencediscrète et opportunistefait pourtant l'impassesur le seul moyen efficacede lutter contre lephénomène ; l'impôt,vecteur d'égalisation, deredistribution et de justicesociale. Une arme quela vulgate économiquede l'époque a contribué,à grands coups de nicheet de bouclier, à fragiliser vémousser, marginaliser.Alors qu'elle n'a jamais étéaussi moderne.

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Le plafonnement des salaires séduit certains dirigeants d'entreprises.

Petits patrons contrecadors du CAC

5 est drôle comme les très grandsI patrons avaient des journéesY_^ chargées hier : pas une minutepour donner son avis sur le plafonne-ment des rémunérations. Même lescommunicants étaient aux abonnés ab-sents. «Heu... globalement, ce n'est pasun sujet que je lui conseillerais de com-menter», notait l'un d'eux. Après tout,ceux-là ne sont pas plus de 40. Pour lesautres, les patrons de petites et moyen-nes entreprises, il semble y avoir unani-mité. «On ne peut pas le nier.- i! y a dessalaires indécents dans ce pay s au sommetdes grandes entreprises et ce n'est pas bonpour l'image des patrons. Comment vou-lez-vous ètre audible, donner V exemple,quand vous êtes dans un rapport de là100, voire bienplus avec le salaire mini-mum ?» s'insurge Contran Lejeune quia présidé le Centre des jeunes dirigeants(CDI) de 2008 à 2010 et piloteaujourd'hui un cabinet de consultants.L'organisation patronale, qui joue lesfranc-tireurs à la gauche du Medef, pro-pose carrément de plafonner le salairedes patrons dans un rapport de I à 20«bonus et stock-options comprises», pré-cise son actuel patron, Michel Meunier.Cette proposition qui fait écho à celledes syndicats et du PS reviendrait à ins-taurer un salaire maximum de355 000 euros par an (13e mois inclus)en se basant sur le smic. «A plus de25000 euros par mois, on vit très bien. Le

salaire moyen des patrons de PME enFrance c'est 4400 euros bruts. Autantdire que l'on ne se sent pas concernés parla polémique sur les super salaires», as-sène Meunier qui dirige aussi Vigimark,société spécialisée dans la sécurité aé-roportuaire.Il y a un monde entre ces petits patronset les gros mandataires sociaux quiémargent à plus de 2 millions d'eurospar an, hors attribution d'actions. LesTPE et PME c'est 60% du PIB, 80% dela création d'emploi et 63% de l'emploisalariés en France, rappelle le CFD. «Le

«Si des actionnaires veulent s'offrirune star et la payer comme un joueurde foot, qu'ils le fassent, mais pas surles fonds des grandes entreprises. »Contran Lejeune jeune dirigeant

CAC 40 ce sont surtout des délocalisationset des milliers d'emploi détruits chaqueannée en France», tacle Michel Meunier.Alors «si des œtionnaires financiers veu-lent s'offrir une superstar et la payercomme un joueur de foot, qu'ils le fas-sent..mais sur leurs deniers. Pas sur lesfonds des grandes entreprises», renchéritLejeune. Un discours qui ne déplairaitpas à Mélenchon. «C'est vrai que notreposition est très ambiguë au Medef, ditStephan Brousse, président du Medef enPaca. Pour tes dirigeants d'entreprises

publiques, un plafonnement ne me choquepas. Pour les autres, l'Etat doit être làpour désamorcer les comportements abusi/s et donc encourager les entreprises àadopter des codes de bonne conduite. Maiss'il commence à exiger des conseils d'ad-ministration qu'ils n'augmentent pas lessalaires des patrons, cela va complètementenrayer la machine économique ! Ça peuttuer la prise de risques !»Une menace qui ne fait ni chaud ni froidà Contran Lejeune : «On nous dit.- sz onne paie pas tes grands patrons commeleurs-homologues étrangers, Us vont par-

tir. Mais, après tout, qu'ilspartent! Nous ne man-quons pas de talents pourles remplacer.» Précisé-ment, existe-t il un mar-ché international du pa-tron pour les cadors duCAC ? «Oui, pas énorme

mais ça commence à venir, expliqueAlain Roca, du cabinet de chasseurs detête Transearch International. Le patronde SFR, par exemple, est un allemand. Etl'on a vu récemment un des directeursd'Alstom passer chez le sud-africain DeBeers. C'est sans doute k résultat despre-miers Erasmus, moteur extraordinaire à!'internationalisation. Cela dit, arrive à uncertain niveau de responsabilités, l'argentn'est pas le moteur. » Chiche !

JEAN-CHRISTOPHE FERAUDet ALEXANDRA SCHWARTZBROD