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Presses Universitaires du Mirail Mythes et légendes de la conquête de l'Amérique. 2 tomes by Jean Pierre SANCHEZ; Bartolomé Bennassar Review by: Pierre VAYSSIERE Caravelle (1988-), No. 69, PORTS D'AMÉRIQUE LATINE (Décembre 1997), pp. 249-252 Published by: Presses Universitaires du Mirail Stable URL: http://www.jstor.org/stable/40853466 . Accessed: 15/06/2014 13:27 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . Presses Universitaires du Mirail is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Caravelle (1988-). http://www.jstor.org This content downloaded from 62.122.77.28 on Sun, 15 Jun 2014 13:27:47 PM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

PORTS D'AMÉRIQUE LATINE || Mythes et légendes de la conquête de l'Amérique. 2 tomesby Jean Pierre SANCHEZ; Bartolomé Bennassar

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Mythes et légendes de la conquête de l'Amérique. 2 tomes by Jean Pierre SANCHEZ; BartoloméBennassarReview by: Pierre VAYSSIERECaravelle (1988-), No. 69, PORTS D'AMÉRIQUE LATINE (Décembre 1997), pp. 249-252Published by: Presses Universitaires du MirailStable URL: http://www.jstor.org/stable/40853466 .

Accessed: 15/06/2014 13:27

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La quatrième partie est consacrée à l'iconographie de l'enfer et des diables. Un grand nombre de représentations diverses sont examinées depuis les tableaux du Greco et autres peintures de l'Escurial (Carlos Serrano, Pierre Civil) jusqu'aux diables syncrétiques du Nouveau-Monde (Jean-Paul Duviols). De ce dernier, on apprendra, au terme d'une présentation exhaustive, qu'en Amérique le diable servit de métaphore pour désigner les Indiens (idolâtres et

anthropophages) aussi bien que les conquérants espagnols (cruels et féroces envers la population autochtone). A noter aussi que le diable est présent dans la

musique, notamment dans le fameux "triton", perturbation de la succession

classique des degrés, que l'on pourchassa longtemps dans les mélodies (Daniele Becker). Chacune de ces contributions pose des questions théoriques diverses, et c'est bien là le principal intérêt de l'ouvrage. Si l'on devait pourtant n'en

poser qu'une, ce serait celle-ci : qu'est-ce qui fait l'originalité des enfers et damnations hispaniques ? Bernard Vincent et Pierre Chaunu apportent leurs

réponses qui coïncident. Finalement, contrairement à ce que l'on pourait croire, le diable du Sud fait moins peur, il est plus apprivoisé que son

homologue du Nord qui rampe et colonise les consciences, tandis que les sorcières sont transformées par milliers en torches vivantes. Une réflexion de

plus dans ce livre qui n'en manque guère.

Daniele DEHOUVE

Jean Pierre SANCHEZ.- Mythes et légendes de la conquête de l'Amérique.- Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 1996, 2 tomes, 953 p., préface de Bartolomé Bennassar.

Peut-on embrasser l'immense domaine des mythes et des légendes qui fondent le "merveilleux" américain, et qui préfigurent peut-être l'alchimie du réalisme magique ? Dans ce gros ouvrage, fruit remanié d'une thèse d'Etat soutenue en 1988, J.P. Sanchez s'attache à faire l'inventaire exhaustif des

expressions de l'imaginaire «américain» au moment de la conquête espagnole, plus précisément entre 1492 et 1542. Si sur un thème aussi vaste les analyses de détail abondent, aucune synthèse moderne n'existait à ce jour, à l'exception des recherches, déjà anciennes, de Ferdinand Denis (1843), de Manuel Ferrandis Torres ou de Federico Fernández de Castillejo (1945). Le parti pris de l'auteur a été d'adopter une démarche chronologique même si, en matière de mythes, c'est la longue durée qui commande. Cela donne un découpage en quatre parties aux intitulés approximatifs, et plutôt déséquilibrées : "Le prélude" (51 p.) ; "Les

premiers accès de l'imagination" (99 p.) ; "Le temps de l'épopée" (145 p.) ; "Recrudescence d'activité des mythes "(328 p.). Le reste de l'ouvrage se compose d'un impressionnant appareil de notes (168 p. au total), d'une chronologie détaillée et d'une bibliographie quasi-exhaustive en langue espagnole, réactualisée depuis la soutenance. Si la documentation dans les autres langues est

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nécessairement plus réduite, elle a été néanmoins traduite en français, au même titre que les innombrables citations dans la langue de Cervantes. L'auteur a volontairement diversifié ses sources, qui vont des récits aux poèmes, en passant par des archives officielles, sans oublier de nombreuses cartes et jusqu'à des globes terrestres ; mais les contraintes editoriales l'ont obligé à renoncer, non sans regrets, à l'essentiel de cette riche cartographie d'époque ainsi qu'aux index qui figuraient dans le mémoire original.

Dès l'introduction, J.P. Sanchez pose un délicat problème de vocabulaire - et donc de conceptualisation. Arguant de l'aporie à définir le mythe, il écarte l'approche ethnographique ou religieuse, en particulier celle d'un Mircea Eliade, pour qui le mythe est «révélation primordiale», et il en propose une vision réductrice : «Posons donc seulement comme principe que mythe est synonyme ¿'illusion ou de produit de l'imaginaire collectif > (p 17). Un autre mot, «légende», traverse l'ouvrage. J.P. Sanchez lui donne un sens plus resserré, dans la mesure où, selon lui, toute «légende» serait un événement lui aussi imaginé, mais mieux localisé dans le temps et dans l'espace, souvent repris par la tradition orale. Entre mythe et légende, pas de solution de continuité, mais des possibilités de transformation d'une légende en mythe. Sur ces concepts décisifs pour la compréhension de ce qui va suivre, le lecteur reste un peu sur sa faim : est-ce que le mythe est toujours illusion ? Un corpus de légendes ne peut-il pas, rétrospectivement, se structurer en mythe fondateur de la conquête ? - et si c'est le cas, ne pouvait-on pas regrouper certaines; de ces «histoires» merveilleuses ? A qui profite le mythe dans l'héritage de la mémoire collective ?

Dans la première partie, J.P. Sanchez s'attache à recenser l'héritage gréco- latin et médiéval : les Iles Fortunées chantées par Hésiode, le mythe de l'Atlantide évoquée par Platon, les voyages légendaires, tels Le Devisement du monde de Marco Polo, «Humboldt du XHIe siècle», ou bien encore la légende de Saint Brandan, moine bénédictin et grand coureur d'aventures au Vie siècle. Transposées aussi en Amérique, les croyances dans le Paradis terrestre ou dans la Fontaine de Jouvence ont nourri les récits des aventuriers tout au long de leurs interminables traversées transatlantiques. Avec la découverte elle-même, voici que s'élargissent considérablement l'espace connu, mais aussi l'espace rêvé : car les découvreurs, à commencer par Colomb lui-même, voient le nouveau monde avec les yeux de l'ancien : ces Indiens nus et innocents ne sont-ils pas la réincarnation de l'Age d'or, et Colomb lui-même n'est-il pas convaincu d'apercevoir, de loin, la porte du Paradis terrestre à l'embouchure de l'Orénoque - mais le Paradis reste inaccessible aux humains... Sur cette terre immense et inquiétante, les animaux deviennent facilement des monstres (on y recense même une licorne américaine), et les hommes revêtent une autre humanité : les géants de Floride ou de Patagonie ou les Amazones inaugurent un succès littéraire qui se prolongera bien au-delà de la période républicaine.

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Après le débarquement, sans espoir de retour, d' Hernán Cortés sur le continent américain, en 1519, l'imagination des Espagnols s'exalte ou s'exaspère : c'est «le temps de l'épopée». Tout paraît étrange, voire mystérieux : les volcans, les fleuves, les indigènes... Le merveilleux chrétien s'immerge dans le règne animal et végétal, et les apparitions de la Vierge Marie et de Santiago se multiplient. Le métal précieux obsède les conquérants, et l'or des Aztèques ou des Incas alimente des rêves de fortune. La lave du volcan de Masaya (au Nicaragua) se fait or en fusion, et l'on «pêche» l'or dans le Río Cenú (Amérique Centrale)... Lorsque les Espagnols commencent à apprivoiser l'espace continental, les mythes «urbains» prennent le relais, dans un mouvement de l'imaginaire qui semble accompagner la mise en valeur économique du territoire. Tout se passe comme si les conquérants partaient à la recherche de villes imaginées ou de royaumes mystérieux chargés de symboles autant que de richesses. C'est ainsi que la quête des sept cités du Cíbola (dans le nord du Mexique) illustre la recherche du détroit qui permettrait d'accéder rapidement à la plantureuse Asie ; cette aventure a été racontée par l'un des soldats de l'expédition, Pedro de Castañeda, dans sa Relation du Voyage de Cíbola. La cité de Manoa représente une autre quête chimérique des conquérants lancés à la découverte des confins des vieux empires américains. Autre fantasme, non moins délirant et attractif : le royaume du grand paititi, où les Incas se seraient établis au moment de la conquête et où ils auraient tranporté leur trésor ; dès 1538, Hernando Pizarro avait organisé une expédition militaire en direction du pays des Mojosy lieu supposé du prétendu royaume. Un autre mythe urbain, qui se prolonge durant une longue période : la Cité des Césars, localisée quelque part à l'Ouest du Río Paraná et qui portait le nom d'un capitaine espagnol, Francesco Cesar.

Après cette longue recension de textes où l'imaginaire et le concret de la conquête s'articulent inextricablement, J.P. Sanchez a jugé utile de proposer au lecteur une ample conclusion qui ferait la synthèse de tous ces fantasmes sous la forme d'un idealtypus des motivations des acteurs. Pourquoi les conquérants et les premiers colons ont-ils tant rêvé ?, s'interroge l'auteur. Il y a les raisons objectives, comme l'immensité de l'espace (mais cela n'est pas moins vrai pour l'Amérique anglo-saxonne...), les mille dangers de l'aventure, le climat paradisiaque des premières îles abordées. Et puis, ces conquérants restaient avant tout des hommes «du Moyen Age», nourris de récits où le surnaturel imprègne les actes de la vie. Sans doute aussi la rencontre avec l'imaginaire des Indiens -

quand ce n'était pas leur ruse - a renforcé le rêve d'hommes qui ne demandaient qu'à croire.

Avec beaucoup de lucidité, l'auteur reconnaît qu'il a embrassé un champ immense et extrêmement diversifié, pour lequel les neuf années de recherche qu'il lui a consacrées ont paru trop brèves. Ce travail considérable a valu à son auteur toute la reconnaissance universitaire qu'un jury de thèse n'attribue

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qu'avec parcimonie. On peut malgré tout rêver d'une autre recherche, qui serait très proche de celle-ci, et qui ne se serait pas contentée de procéder à un inventaire exhaustif des traces écrites portant sur les légendes et mythes du XVIe siècle américain - mais il faut reconnaître que J.P. Sanchez a magnifiquement rempli son contrat lorsqu'il précise (p. 781) : «Nous n'avons cherché ici toutefois qu'à offrir le panorama le plus vaste possible des manifestations de

l'imaginaire (souligné par nous) au cours du premier demi-siècle qui suivit la découverte de l'Amérique». C'est sans doute cette impression d'inventaire ou de

catalogue qui donne quelque regret, y compris à son auteur qui, dans sa conclusion, suggère d'autres pistes, comme l'analyse de la psychologie des acteurs, ou encore, l'étude de la rencontre des deux imaginaires, l'espagnol et l'indien. Une autre suggestion, peut-être : pourquoi l'auteur n'a-t-il pas poussé plus loin l'étude de la transformation des mythes dans le temps et dans l'espace, comme il a su si bien le faire à propos de la Cité des Césars ? Une telle recherche

comparative et évolutive pouvait se concevoir autour des deux grands mythes récurrents que furent X Eldorado ou les Amazones, alors que ces deux thèmes sont

repris dans toutes les parties de l'ouvrage sans que le lecteur puisse en faire une

synthèse qui permettrait de comprendre les régies de transformation des mythes, un peu à la manière d'un Claude Lévi-Strauss.

Mais il s'agit, bien sûr, d'un autre livre imaginé, et peut-être impossible à écrire. Celui de J.P. Sanchez est bien réel, et il deviendra très vite indispensable à tous les chercheurs passionnés d'américanisme.

Pierre VAYSSIERE

Stuart B. SCHWARTZ (Ed.).- Implicit Understandings. Observing, Reporting, and Reflecting on the Encounters Between Europeans and Other Peoples in the Early Modern Era.- Cambridge, Cambridge University Press, 1994.- 637 p.

Une vingtaine de collaborateurs, historiens, anthropologues ou spécialistes de littérature, ont participé à cette somme unique de par son propos. S'il s'agit bel et bien de considérer la nature du contact entre les Européens et les autres

peuples de 1450 à 1800 (à la période dite moderne), en insistant plus particulièrement sur le cas de l'Espagne et des voyages de Colomb, il faut toutefois souligner que la question du contact n'est plus seulement perçue à travers le prisme espagnol ou, dans le meilleur des cas, hispanique. Ce sont en effet aussi bien les Indes "occidentales" que les Indes "orientales" (en fait le but

premier du voyage entrepris par Colomb) qui sont ici considérées, faisant ainsi

justice à une histoire au caractère ethnocentriste marqué. L'Afrique, l'Asie et l'Extrême-Orient sont ainsi présents comme révélateurs des mécanismes à l'oeuvre dans les phénomènes de contact et que seule une perspective comparée -

au moins au niveau de la lecture - permet de percevoir dans toute leur diversité et dans toute leur relativité. Davantage : l'accent est mis, non pas tant sur

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