SommaireSommaire

I/ Les origines de la marqueterie de paille

1) Définition2) Son histoire3)Les adeptes à ce type de réalisation

II/ L’utilisation de la paille

1) Les pailles et le matériel2) Le travail de la marqueterie

I/ Les origines de la marqueterie de paille

1) Définition

2) Son histoire

3)Les adeptes à ce type de réalisation

DDééfinitionfinition

La marqueterie de paille est un procédé de décor qui consiste à assembleret à coller sur un bâti de bois des morceaux de paille de couleurs variées.

On applique ces motifs sur des meubles, des paravents et surtout sur desmenus objets, tels que coffrets à bijoux, des boites en tous genre, écritoire,tabatières, étuis divers etc...

Son histoireSon histoire

Les marchands vénitiens ont pu servir de vecteurs à de nombreux et richeséchanges culturels en même temps que commerciaux. Les Grandes Découvertes d’après 1492 ouvrirent grandes les portes aux importations de bois exotiques, permettant ainsi l’essor de la fabrication, de meubles que l’on n’hésitait pas à recouvrir de marqueteries d’essences rares et précieuses. Nul doute que cette ébénisterie, alliée à la production de coffrets à bijoux et autres tabletteries, fit également appel à un matériau bien moins onéreux, existant en abondance dans nos régions, plus aisé àmettre en œuvre, tout en favorisant la créativité, le sens de l’excellence et l’habilité exceptionnelle de merveilleux artistes, la paille.

Ses originesOn pourrait croire que la marqueterie de paille est née en Asie mineure due aux nombreux échanges commerciaux très actifs au XVème siècle grâce aux marchands vénitiens, portugais, hollandais et français. Le sieur Chervain en 1759 vantait ses « boëtes de paille de la Chine travailléeavec différents desseins qui imitent parfaitement les fleurs et les ornements qu’emploient les Chinois ». Plus tard, au XXème siècle, on a pu en conclure que la paille et la technique venaient réellement de Chine.

Le XVIIème siècle dans les grandes lignesIl est donc possible que la marqueterie de paille ait été une invention orientale, cependant c’est en Europe qu’elle fut surtout pratiquée, dès le XVIIème siècle. Par ailleurs, il est souvent difficile de déterminer àcoup sûr la provenance et l’époque de fabrication des pièces en pailles. En effet, peu d’objets, meubles portent des signatures. Artistes, ébénistes, et artisans de toutes sortes voyageaient beaucoup par nécessité d’apprendre leur métier, ou suite aux commandes de gens de qualité, aux violences et aux guerres. Les persécutions religieuses et celles de la révocation de l’Edit de Nantes ont poussé certains artisans français à fuir en Angleterre et en Hollande.

Le XVIIIème siècle dans les grandes lignesDe nombreux artistes et artisans Français, Italiens et Anglais voyagent en Allemagne peu avant la Révolution française. Elle mit fin à la tranquille existence des artisans en France. Les guerres Napoléoniennes produisirent des bouleversements et mouvements de la population. La France domina l’Europe de par son charisme, alors que, tout au long du XVIIème siècle, elle reçu des influences, à la fois, britanniques, hollandaises, italiennes, espagnoles, portugaises et enfin orientales.Il semblerait en outre que Louis XVI ait commandé un lot important de paille pour décorer une pièce du Trianon à Versailles. Ceci n’a pu jamaisêtre confirmé car il n’y avait aucune trace de ce genre de commande mais que, par contre, on savait l'existence de joncs posés sur le sol en guise d'isolant. L'information, traduite de l'anglais en allemand puis en français a sans doute souffert de la confusion entre les mots anglais to strew qui signifie joncher, et straw, paille.

La FranceCertains objets sont d’origine française comme l’attestent les papiers restés collé à la paille. La France semble s’être spécialisée très vite dans le travail de la marqueterie sur de très nombreux objets, sur lesquels figurent des connotations religieuses ou profanes, réalisés dans les monastères dès le XVIIème siècle.Le Puy-en-Velay, ville de pèlerinage située au cœur d’une région de culture de seigle, a été centre de production de marqueterie de paille. Les artisans étaient des religieux et religieuses dans leurs monastère ainsi que de laïques. Nous retiendrons trois noms d’artisans de cette région au cours du XVIIIème siècle, Georges-Roland Morel, un des grands utilisateurs du « gaufrage », sieur Dulac et Charles-Robert Faure ; leur production s’inspirait le plussouvent de thèmes religieux, ce qui n’a rien de surprenant dans une ville de pèlerinage. L’apogée de la production dans cette région s’est faite plus tardivement qu’à Paris et signera son déclin vers le milieu du XIXème siècle.

« Approchez-vous icy,

Madame ?

Là, voyez donc, venez, venez

Voicy ce qu’il vous faut, tenez !

Dit un marchand qui crie

Du milieu de la Gallerie.

J’ai de beaux masques et de beau

glans

De beaux mouchoirs, de beaux

galans :

Venez icy, Mademoiselle,

J’ay de bellisime dentelle,

Des points coupez qui sont fort

beaux,

De beaux estuis, de beaux

cizeaux,

De la neige des plus nouvelles ;

Un manchon, un bel éventail,

Des pendans d’oreilles d’émail,

Une coëffe de crapaudaille ;

J’ay de beaux ouvrages de

paille. »

Le commerce de meubles et de menus ouvrages en paille a été florissant àParis dans les années 1750 jusqu’à la Révolution. Cette période a étémarquée par une mode frivole, l’amour des décors et des matières insolites, les appartements se sont transformés, les intérieurs devinrent coquets, c’est pourquoi on préféra les objets de marqueterie de paille.La presse de l’époque nous permet d’identifier deux marchands spécialisés, les sieurs Chervain et Delasson, qui sans doute, ont été leur propre fabricants.

Les hommes et les femmes de foi ont joué un rôle important dans la production de la marqueterie de paille. Depuis le Moyen-âge d’innombrables religieux et religieuses, dans leurs monastères, travaillèrent des « ouvrages de mains »,pour la gloire de Dieu, entre autre, et par souci de lutter contre l’oisiveté.

En effet, au XVIIIe, il était dit que « St Jérôme recommandait à une personne solitaire de faire en sorte que le diable la trouvât toujours occupée » et qu’il ne fallait « point donner occasion au Démon de tirer avantage de notre oisiveté ». Cela leur permettait également de lutter contre la misère. Nous savons que la marqueterie de paille était pratiquée par le couvant des Clarisses du Puy-en-Velay, à la fin du XVIIIe et dans les premières décennies du XIXe car les papiers utilisés comme support datent des années 1770 à1800. L’un d’entre eux est un morceau de gazette annonçant pour le 1er

février 1775, la première d’une pièce de théâtre. Plus tard tout ouvrages et archives furent confiés au musée Crozatier du Puy.

Le bagne naquit en 1748 et ses prisonniers travaillaient en parallèle ce type d’ouvrages jusqu’à la fin du XIXe alors que la plupart des ateliers de marqueterie de paille avaient déjà disparus. Il faut dire que leurs conditions de détention étaient des plus précaires, on comprend donc que ces détenus aient cherché à améliorer leur existence par différents travaux dont la marqueterie de paille. Tandis que certains travaux présentaient des ouvrages grossiers voire débutants, d’autres témoignent d’une très grande qualité et porteuses d’une immense charge émotionnelle, car la majorité des bagnards étaient, avant leur détention, des artisans, menuisiers, ébénistes… De plus de très longues peines permettaient d’acquérir un certain savoir faire.Grâce à quelques récits, qui évoquent Marseille et son port, nous avons la certitude que certains galériens pratiquaient et vendaient eux aussi des marqueteries de paille. (Lettres d’Italie de Charles de Brosses 1739).Suite aux guerres qui opposèrent les Français et la Hollande aux Anglais entre 1793 et la bataille de Waterloo en juin 1815, l’Angleterre captura nombre de prisonniers et les dispersait dans différentes prisons : De la Cornouille jusqu’au Huntingdonshire en passant par le Hampshire, le Kent et l’Ecosse. La plupart des détenus firent toutes sortes d’ouvrages et c’est la prison de Norman Cross, dans la ville de Peterborough, qui était spécialisée dans la marqueterie de paille.

La marqueterie de paille a connut son apogée au XVIIIe siècle, et malgrél’activité de certains amateurs, la plupart des ateliers de ce type de marqueterie disparurent au XIXe. Elle connait un renouveau au début du XXe.Grâce à deux grands décorateurs parisiens André Groult et Jean-Michel Frank qui redécouvrirent et employèrent la paille à grande échelle. C’est ainsi que dans les années 20, nous découvrons des murs d’appartements et des salons de luxueux transatlantiques. Il faut attendre les années 50 pour admirer de nouveaux meubles en marqueterie de paille, grâce à Jean Royère. Aujourd’hui, malgré la dure loi du travail en série, la marqueterie de paille réussit à survivre au fond de quelques ateliers de professionnels. Ces passionnés se comptent sur les doigts d’une main et assurent ainsi la pérennité de cet art, comme Lison de Caunes, petite fille de Groult. Rien ne saurait mieux illustrer cette renaissance que l’attribution du titre jamais offert d’un des « Meilleurs Ouvriers de France » décerné à la marqueterie de paille en 2007 à Marine Fouquet (Paris) et Sandrine Viollet (New York).

Les AdeptesLes AdeptesLa Marqueterie de paille a fait émerger quelques artisans dont certains aujourd’hui sont des modèles :

- C.H.H. => Carl Hinrich Hering était reconnut comme « fabricant de babiole en paille » dans la ville de Leyde aux Pays Bas.- Georges-Roland Morel => Il fut fabricant de marqueterie de paille dans la région du Puy-en-Velay. Une ville où la paille fut, dès le XVIIe, utilisée pour divers ouvrages avec certaines techniques, ainsi il fut un des précurseurs de la paille gaufrée.- Sieur Chevain et Delasson => Marchand sur Paris spécialisés dans la marqueterie de paille. La presse de l’époque nous permet de les identifier comme « grands merciers » d’ouvrages en pailles. Il serait probable qu’ils aient fabriqué certaines de leurs œuvres. - Religieux et Religieuses => Au cours du XVIIe et XVIIIè siècle, ils énormément travaillé la paille, que se soit en broderie, mais aussi en marqueterie. La couvant des Clarisses du Puy-en-Velay est un fort témoignage de la production des religieuses.

Elles conservaient des traces de leurs ouvrages ainsi que certaines de leurs techniques comme la teinte de la paille.Il existait d’autres monastères en France qui manipulaient la paille : les Carmélites, les Cisterciennes, les Ursulines, les Visitandines ainsi que les Chartreux.

- Bagnards, galériens, prisonniers de guerre.Alors que les bagnes ont vu le jour en 1748 certaines grandes prisons existaient déjà au XVIIe comme celle de l’Abbaye du Mont St Michel. Certains témoignages, comme celui de Victor Hugo en visite dans l’Abbaye en 1836, décrivent les conditions de détention des prisonniers ainsi que leurs activités qui étaient principalement portées sur la paille qui fut si souvent tressée puis marquetée.Naquit ensuite, au XVIIIè, l’Arsenal de Toulon, de Brest, de Rochefort, de Lorient, du Havre et de Cherbourg. D’autres bagnes ont ouvert dans les D.O.M – T.O.M. dont la Guyane et la Nouvelle Calédonie. C’est là que nous avons découvert une boite en paille où se trouvaient des lettres écrites, en 1866 à Toulon puis en 1871 en Nouvelle Calédonie, par un jeune apprenti marqueteur en paille, le condamné Léonard Fauconnet. Dans ces lettres il invente un astucieux stratagème pour se faire libérer, mais il décrit aussi ses journées, les ateliers, les machines, sans oublier le travail de la paille.Des prisonniers de guerres Français dans les îles Britanniques ont dut fournir un certain travail pour améliorer leur quotidien. C’est dans la prison de Norman Cross qu’on vit se produire beaucoup de pièces en marqueterie de paille. Nombre de ces hommes se sont succédés dans cette enceinte, et parmi ces artisans on a pu identifier un Caporal Français, Jean de la Porte, qui fit des ouvrages de grande qualité.

Quelques amateurs du début XXè ont réalisé de superbes pièces comme Joseph Gardon, François Lauvernier. Mais deux grands décorateurs Parisiens sont à l’origine du renouveau de la paille dans les années 25 :

- André Groult => On vit apparaitre, grâce à lui, les murs des appartements Parisiens entièrement recouverts de paille, ainsi que nombreux paravents. Certains paquebots comme le Normandie ainsi que le France voient leurs intérieurs et notamment leurs salons se transformer grâce à un papier mural qu’il a lui-même conçu.

- Jean Royère => Il est décorateur des années 30, il ouvrit des agences dans plusieurs villes du monde et eut pour clients des personnages de grande importance (Rois). Dans les années 50 il s’essaya à la marqueterie avec des meubles recouverts de paille foncée, blonde ou de couleurs vives, le plus souvent en rayures. Il fut également à l’origine d’une chambre en paille brune que lui avait commandé le chanteur Henry Salvador.

II/ L’utilisation de la paille

1) Les pailles et le matériel

2) Le travail de la marqueterie

La paille et son matLa paille et son matéérielrielLes pailles.La plus utilisée est la paille de seigle, puis d’orge, d’avoine ou bien de blé. La paille est un excellent matériau, outre l’aspect esthétique, elle est imperméable, imputrescible par sa surface extérieure formée d’une couche silicieuse, sa surface intérieure, quant à elle est poreuse, donc facile àencoller. Elle peut être mouillée, chauffée, estampée, gaufrée et gravée.Elle accueillit comme support le bois, le carton, le papier, le tissu, verre

et même le métal.

La teinte naturelle des pailles sont de couleurs variables, allant du blond doré au vert pâle en passant par des jaunes clairs et foncés. Grâce à divers ouvrages des couvants des Clarisses, on a pu retrouver les techniques de teintes de la paille.Elles utilisaient : - Pour le rouge du « bois de Brésil »,- Pour le violet du « bois d’Inde frisé »,- Pour le jaune de le « terramerita » ou encore « l’écorce d’épine-vinette »,- Pour le vert du vert-de-gris,- Pour le noir un mélange de clous rouillés et d’écorce de chêne,- Pour la décoloration, la paille était enfermée dans une boite au contact des vapeurs de souffre.Aujourd’hui nous utilisons des produits chimiques.- Pour la décoloration, on utilise du péroxide d’hydrogène.- Pour les autres teintes, des produits à base d’alcool, d’eau ou en poudre.

L’outillagePour fendre, le meilleur matériel est l’ongle du pouce, on trouve également des fendoirs en os, métal et bois dur.Pour aplatir, on utilise un marteau à plaquer ou bien le fer chaud.Pour la découpe, on peut utiliser un tranchet, une lame de cutter. Elle peut être découpée à l’emporte pièce ou bien à la scie a marqueter.Collage à la colle blanche et à l’aide de plioirs en os. Pour retirer le surplus de colle on utilisera de préférence de la ouate de coton humide et une peau de chamois, ce qui lui donne tout son brillant.La paille est un matériau fini qui nécessite aucun raclage, aucun vernis. La seule finition à apporter à ce type de réalisation est un peu de cire qui lui permet de briller de plus belle.

Le travail de la pailleLe travail de la pailleLa technique d’incrustationCette technique permet de fabriquer une œuvre en plusieurs exemplaires. On peut voir deux façons de confectionner par incrustation :- paquets séparés.Les « feuilles de pailles » sont maintenues entre deux contrepalques. Chaque pièce de dessin est collée sur la contrepalque supérieure selon le sens de la fibre. Le motif est découpé par éléments séparé avec une scie à marqueter. (technique éléments par éléments)- la superposition.Cette technique est souvent appelée « technique boulle ». Le principe étant de maintenir les essences, ici la paille, par paire entre deux contrepalques. Ici le motif et le fond sont découpés en même temps à la scie à marqueter, ce qui laissera automatiquement un joint lors de l’assemblage, celui du passage de la scie.

La technique en appliqueCette technique permet de fabriquer une œuvre en un seul exemplaire à la fois. Les pailles sont ouvertes et plaquées sur un support. Chaque pièce de dessin est collée sur ce support suivant le sens de la fibre désiré. Le motif est découpé séparément au cutter puis réassemblé.C’est la technique éléments par éléments mais faite au cutter.

Filets composésLa création d’un filet composé se fait pas découpes successives de planche de paille. Dans ce cas là, il faut laisser faire l’imagination. Jouer avec les teintes, le sens de la fibre, les largeurs des pailles, la découpe (perpendiculaire ou bien avec des angles à déterminer). La découpe se fait au cutter et à la règle (perroquet pour les courbes).

La technique de gaufrageCe travail consiste à donner du relief à la paille. Le relief est obtenu à l’aide d’un moule négatif en corne, avec lequel on confectionne un contre moule en carton, on introduit entre ses deux moules du papier humide, il demeure ainsi gaufré, puis on colle la paille sur ce support.Technique utilisé par G.R. Morel et très rarement réutilisée car manque d’information de l’époque jusqu’à aujourd’hui.

La Marqueterie de Paille, La Marqueterie de Paille,

Par Lison de CaunnesPar Lison de Caunnes

Serge GoldszalSerge Goldszal

Catherine baumgartner,Catherine baumgartner,

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