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Préambule :
Piloter une irrigation ou un arrosage c’est conduire, mener une irrigation
ou un arrosage en essayant de répondre au mieux à trois interrogations :
1-Quand arroser :
En prenant en considération :
-Les besoins en eau de la plante à arroser (espèce, stade de
croissance,..)
-Des réserves en eau, dont cette plante, peut disposer (réservoir sol,
surtout texture, RU et autres paramètres hydrodynamiques du sol,
densité apparente, vitesses d’infiltration et de desséchement du sol..etc
-Conséquences du déficit en eau.
La réponse à cette question nous aidera à se décider sur la quantité
d’eau à apporter pour chaque arrosage.
2- Combien d’eau apporter :
C'est-à-dire les doses qu’il faut apporter moyennant des méthodes de
calcul de doses en tenant compte de la première réponse. Les modes de
pilotage.
Parties à développer dans ce cours
A- des méthodes empiriques de calcul de l’ETP (Penman, Turc, Blaney-
Criddle…) ainsi que de l’ETM ou ETR via les besoins en eau de la plante
en question (coefficients culturaux et phénologie).
B- Bilan hydrique du sol ; réservoir dont il faut maîtriser les entrées et les
sorties d’eau, avec maîtrise préalable des disponibilités en eau pour
chaque sol en début de campagne d’irrigation (swc).
C- Des méthodes directes basées sur des avertisseurs à l’irrigation :
bacs d’évaporation ; bac class « A », bac « Colorado »..etc.
D- Méthode neutronique : utilisation de l’humidimètre à neutrons
(appareil doit être étalonné), suivi des profils hydriques pour une période
donnée.
E- Méthode tensiomètrique : utilisation des tensiomètres (manuels,
sonde WaterMark, canes tensiomètriques) pour la mesure du potentiel
hydrique du sol et pilotage des irrigations entre une plage de tensions
(en centibars) fixée.
F- Potentiel hydrique foliaire : connaissance du potentiel foliaire de base
moyennant une chambre de pression : Scholander)
G- Contrôle du stress hydrique de la plante : mesure et calcul du stress
hydrique via les indices spectraux de stress hydrique. La mesure des
variations de dimension des organes végétaux comme critère de mesure
du stress hydrique de la plante.
H- Mesure de la température de surface du couvert végétal : utilisation
de la thermométrie infrarouge et mesure de la somme (Ts – Ta) pour
différentes cultures pour le déclenchement des irrigations.
D’autre méthodes sont à considérer telle que : bilan énergétique ; bilan
radiatif (mesure du rayonnement global), voir les conversions Mj/m²,
watt/m², cal/cm²/jour, évaporation équivalente…etc
Enfin, des modèles de simulation et de calcul des besoins en eau des
plantes sont proposés tels que : STICS, CROPWAT...etc.
3- Comment apporter cette eau :
Mode d’irrigation (aspersion, goutte à goutte …. etc selon
l’aménagement de la parcelle, plante à irriguer, disponibilité de la
ressource, quantité ou débit et surtout qualité de la ressource ; eau
salée, eau chargée et conditions pédoclimatiques de la région ; nature
du sol, vent, …etc. Pour la prise de décision sur le mode d’irrigation.
Cette partie a fait l’objet d’un module intitulé : Equipements hydrauliques,
déjà vu au semestre précédent.
Chapitre I- Bilan hydrique.
Le calcul du bilan hydrique estime l'écoulement et l'évaporation sur un
pas de temps décadaire ou mensuel en fonction du sol et des conditions
climatiques.
Le sol (considéré comme un réservoir qui se remplit par les irrigations et
les précipitations et se vide par les prélèvements de la culture ;
consommation, évapotranspiration, drainage en tenant compte de la
variation du stock d’eau) a un impact important sur le bilan car il possède
une capacité de stockage qui peut s'épuiser (selon sa nature et les
conditions climatiques). La plante utilise difficilement l’eau (eau liée) ce
qui conduit au flétrissement. Répercussion sur les rendements de la
culture et ainsi à une baisse de l'évapotranspiration.
La porosité du sol qui conditionne l’état de l’eau dans le sol (20 à 30% en
général) peut être considérée comme une capacité de stockage :
Lors d’une pluie ou d’une irrigation toute la porosité ( macro et
micro) est occupée par l’eau, dans ces conditions le sol est dit
saturé.
Selon la nature du sol (argile, limon ou sable selon les proportions)
cette eau est évacuée par gravité. Le temps d’évacuation ou temps
de ressuyage dépend de la granulométrie du sol ( quelques heures
pour les sables à quelques jours pour les argiles).
Le sol se draine jusqu'à atteindre la « capacité au champ :
Hcc » ou « capacité de rétention : Hcr » W330 qui correspond à
l'eau contenue dans le sol à une tension d'humidité du sol de -330
hPa ou cm de colonne d’eau.
La végétation puise dans cette réserve jusqu'à une tension de -
1500hPa, puis elle flétrit (la valeur de tension de -1500hPa est
nommée W1500 ou point de flétrissement),
La réserve utile est la différence entre l'eau contenue dans le sol à
la capacité au champ et l'eau contenue dans le sol au point de
flétrissement, elle varie d'un sol à l'autre, elle correspond à une
lame d'eau contenue dans une épaisseur unitaire de sol et est
exprimée généralement en mm d’eau par mètre de sol,
La réserve utile totale = réserve utile * épaisseur sol
Estimation de la réserve utile (RU) en mm
point de flétrissement : W1500 sans qu'il y ait de dépérissement
irréversible des végétaux
Capacité au champ : W330 après saturation et ressuyage durant 48h
Schéma des différents états de l’eau (humidités) dans le sol
Il existe de multiples fonctions pour quantifier la RU à partir de données
de texture des sols. Les équations de régression linéaire de Rawls ont
l'avantage d'être simples et ont été testées sur un large échantillon de
sols américains (2 500 horizons prélevés dans 32 États des États-Unis),
leur validation a offert des coefficients de corrélation de 0,80 et de 0,87
pour l'estimation de la teneur en eau à - 15 000 hPa et à - 330 hPa
respectivement.
W330 = 257,6 - (2 x Sa) + (3,6 x Ar) + (29,9 x MO)
W15000 = 26 + (5 x Ar) + (15,8 x MO)
avec :
W330 teneur en eau à -330 hPa (en mm/m)
W15000 teneur en eau à -15 000 hPa (en mm/m)
Ar : teneur en argile (en %)
Sa : teneur en sable (en %)
MO : teneur en matière organique (en %)
La réserve utile (RU) en mm est calculée pour chaque horizon par la
fonction suivante :
RU = (W330 - W15000) x h
h : épaisseur de l'horizon (en m)
Estimation de l'évapotranspiration potentielle (ETP)
Plusieurs méthodes peuvent être utilisées, celle de Thornthwaite a
l'avantage d'être simple et robuste sous différentes latitudes.
Ej : évapotranspiration mensuelle (en mm)
Tj : température (en °C)
a = 6,75.10-7 I3 - 7,71.10-5 I2 + 1,79.10-2 I +0,49
: correction liée à la latitude (durée maxi de l 'ensoleillement) →
cf. abaque de calcul
I : somme des 12 indices thermiques mensuels
Coefficient de correction en fonction de la latitude
Estimation de l'évapotranspiration réelle (ETR)
Cette méthode tient compte de l'impact de l'évolution de la réserve du
sol. La réserve utilisée par les végétaux pour leur développement et
pouvant ainsi être évapotranspirée est nommé Réserve Utile RU.
Méthode:
1. initialiser la réserve R début de mois en janvier sur la valeur de la
RU (ceci suppose un sol saturé au 1er janvier)
2. calculer le rapport R / RU
3. calculer ETR = (R / RU) * ETP
4. calculer réserve R fin de mois = réserve début mois + P – ETR
(plafonner R à RU)
5. calculer le déficit agronomique = ET – ETR
6. calculer l’excédent hydrique = P – ETR – (RU – R début de mois)
L'excédent hydrique représente l'écoulement hors du sol pouvant
alimenter les nappes souterraines ou les cours d'eau.
Mise en application
Question
A l'aide d'un tableur :
Calculer la réserve utile d'un sol formé de 2 horizons :
o Horizon de surface (0-20 cm) : 10% argile, 68% limons, 30%
sable, 2% matière organique
o Horizon profond (20-70 cm) : 15% argile, 65% limons, 20%
sable
Calculez l'ETP, l'ETR et l'excédent hydrique de la station présentée
dans le tableau ci-dessous, située à 46° de latitude nord
Construisez un histogramme de l'évolution de l'excédent, accompagné de
l'ETR
j f m a m j j a s o n d
T 3,4 4,9 7,5 9,5 13,7 17,3 20,2 19,2 16,4 12,5 6,7 4,4
i
ETP non
corrigée
correction
latitude
ETP
corrigée
P 41,8 39,5 41,5 54,8 88,1 74,4 62,9 72,5 69,2 62,7 51,1 47,9
réserve
début mois
réserve/RU
ETR
réserve fin
mois
variation
réserve
variation
cumulée
déficit agro
excédent
TABLE 1. Conversion factors for evapotranspiration
depth volume per unit area energy per unit area *
mm day-1 m3 ha-1 day-1 l s-1 ha-1 MJ m-2 day-1
1 mm day-1 1 10 0.116 2.45
1 m3 ha-1 day-1 0.1 1 0.012 0.245
1 l s-1 ha-1 8.640 86.40 1 21.17
1 MJ m-2 day-1 0.408 4.082 0.047 1
Concepts de l’évapotranspiration ou evapotranspiration concepts :
Cours déjà réalisé en l3.
Le schéma suivant résume la compréhension de la notion
d’évapotranspiration.
Méthode Bacs d’évaporation ou Pan evaporation method :
Coefficient du bac (Kb) ou Pan coefficient (Kp)
Différents types de bacs Pan types and environment
Il existe différents types de bacs (bac class A et bac Colorado. La couleur, la
dimension et la position du bac ont une influence sur les résultats des mesures.
L’emplacement du bac et le milieu environnant comme le montrent les figures
ci-dessous ( cas A) et ( cas B) ont une influences sur les mesures.
Bac class “ A”
Figure : Emplacement du bac et milieu environnant.
Cas A : bac au milieu d’une plante verte entouré d’une surface sèche
à 50 m et plus.
Cas B: Bac au milieu d’une zone sèche entouré d’une zone verte
à 50 m et plus
Two cases of evaporation pan siting and their environment
Coefficients du bac ou Pan coefficients
Tableau 1: Coefficients du bac class « A » pour différents emplacements et environnements et différents niveaux d’humidité et de vent (source : FAO, Irrigation et drainage. Papier n° 24)
Table 1: Pan coefficients (Kp) for Class A pan for different pan siting and
environment and different levels of mean relative humidity and wind speed
(FAO Irrigation and Drainage Paper No. 24)
Bac class A Case A: bac placé dans un espace court cultivé de culture verte
Case B: bac place dans une surface sèche
RH moyenne
(%)
faible < 40
Moyen
40 - 70
elevé > 70
faible < 40
Moyen
40 - 70
élevé > 70
Vitesse du vent (m s-1)
Windward side distance of green
crop (m)
Windward side distance of dry
fallow (m)
faible 1 .55 .65 .75 1 .7 .8 .85
< 2 10 .65 .75 .85 10 .6 .7 .8
100 .7 .8 .85 100 .55 .65 .75
1000 .75 .85 .85 1000 .5 .6 .7
modéré 1 .5 .6 .65 1 .65 .75. .8
2-5 10 .6 .7 .75 10 .55 .65 .7
100 .65 .75 .8 100 .5 .6 .65
1000 .7 .8 .8 1000 .45 .55 .6.
élevé 1 .45 .5 .6 1 .6 .65 .7
5-8 10 .55 .6 .65 10 .5 .55 .65
100 .6 .65 .7 100 .45 .5 .6
1000 .65 .7 .75 1000 .4 .45 .55
Très élevé 1 .4 .45 .5 1 .5 .6 .65
> 8 10 .45 .55 .6 10 .45 .5 .55
100 .5 .6 .65 100 .4 .45 .5
1000 .55 .6 .65 1000 .35 .4 .45
Tableau 2: Coefficients du bac « Colorado » pour différents emplacements et environnements
et différents niveaux d’humidité et de vent (source : FAO, Irrigation et drainage. Papier n°24)
TABLE 2: Pan Coefficients (Kp) for Colorado sunken pan for different pan siting and
environment and different levels of mean relative humidity and wind speed (FAO Irrigation
and Drainage Paper No. 24)
Bac colorado
Case A: bac placé dans un espace court cultivé de culture verte
Case B: bac place dans une surface sèche
RH mean
(%)
faible < 40
Moyen
40 - 70
elevé > 70
faible < 40
Moyen
40 - 70
élevé > 70
Wind speed (m s-
1)
Windward side distance of green
crop (m)
Windward side distance of dry
fallow (m)
faible 1 .75 .75 .8 1 1.1 1.1 1.1
< 2 10 1.0 1.0 1.0 10 .85 .85 .85
100 1.1 1.1 1.1 100 .75 .75 .8
1000 .7 .7 .75
modéré 1 .65 .7 .7 1 .95 .95 .95
2-5 10 .85 .85 .9 10 .75 .75 .75
100 .95 .95 .95 100 .65 .65 .7
1000 .6 .6 .65
élevé 1 .55 .6 .65 1 .8 .8 .8
5-8 10 .75 .75 .75 10 .65 .65 .65
100 .8 .8 .8 100 .55 .6 .65
1000 .5 .55 .6
Très élevé 1 .5 .55 .6 1 .7 .75 .75
> 8 10 .65 .7 .7 10 ,55 .6 .65
100 .7 .75 .75 100 .5 .55 .6
1000 .45 .5 .55
Différents types de tensiomètres :
Il existe deux types de tensiomètre :
Le tensiomètre à eau : Les mesures sont faites entre 0 et 80 centibars (cb). Ce
type d’appareil est utilisable en pratique pour un pilotage des irrigations entre 0
et 60 cb
Le tensiomètre électrique ( watermark) : Il est muni d’une plage de mesure de 0
à 200 cb, utilisable pour piloter les irrigations entre 0 et 140 cb.
La lecture de la sonde tensiométrique permet de mesurer la RFU. Sur la plage de
mesure d’une sonde Watermark, la RFU est pleine à 0 cb et elle est vide à 200
cb.
Il faut préciser que c’est l’évolution des mesures relevées qui aide au pilotage
des irrigations et non la valeur intrinsèque de chaque mesure. Cette méthode de
suivi des irrigations donne des seuils de tension variables par type de sol, par
système d’irrigation et par culture pour maintenir à tout moment un état de
confort hydrique pour la plante.
Emplacement de tensiomètres au milieu d’une parcelle
Tensiomètre classique avec manomètre
Schéma d’un tensiomètre au sol
Unités de pression et potentiel hydrique
Disposition des tensiomètres sur la parcelle :
La tensiométrie n’est représentative que si les sondes sont bien positionnées et
réparties sur la parcelle étudiée. En effet, l’hétérogénéité du sol, de la répartition
de l’irrigation et celle de la culture sur la parcelle, peuvent être sources
d’erreurs. Pour limiter ces erreurs potentielles, on multipliera alors les points de
mesures sur la surface concernée. Deux à trois stations de mesures doivent être
installées sur chaque parcelle de 1 à 5 hectares suivant l’hétérogénéité du sol.
Chacune de ces stations est composée de 2 à 3 sondes mesurant à différentes
profondeurs. Les profondeurs à mesurer dépendent de l’enracinement de la
culture. Toutefois, une sonde plus profonde que l’enracinement de la plante est
également utile pour étudier les mouvements de l’eau dans le sol et les
remontées par capillarité. Les sondes sont positionnées au sein de la culture, à
proximité des plantes et de leurs systèmes racinaires. Pour optimiser
l’emplacement des sondes, il est important d’éviter les zones particulières
(sommet de butte, bas fonds…) et de localiser les zones les plus représentatives
de l’ensemble de la parcelle.
Vulgarisation de la tensiomètrie pour le pilotage des irrigations.
Actuellement, il existe dans le commerce différents types de tensiomètres
facilement utilisables. Pour les agriculteurs « faiblement initiés », il existe des
tensimètres colorés qui indiquent le niveau de rétention de l’eau dans le sol qui
aident à prendre la décision d’irriguer.
Le raisonnement et l’enregistrement des pratiques d’irrigation via la
tensiométrie sont fortement encouragés pour optimiser l’utilisation de la
ressource en eau et améliorer ses résultats de production. Les services du
développement agricole peuvent accompagner techniquement la mise en place
de cet outil de pilotage de l’irrigation pour des exploitations agricoles pilotes en
vue de leur généralisation.
La notion de potentiel hydrique
La tension de succion du sol peut être exprimée en unités de pression ou en
hauteur d'eau. Souvent, on utilise une unité particulière, le pF (à ne pas
confondre avec point de flétrissement !), qui est le logarithme de la pression
négative H exprimée en cm d'eau.
pF = log H
H : charge d’eau exprimée en cm de colonne d’eau
1 pression de 1 atmosphère (1013 hPa) correspond à une pression de 1000 cm de
colonne d’eau et à un pF de 3.
Le potentiel matriciel du sol augmente quand la teneur en eau diminue. Il est de
l'ordre de 330 hPa, soit pF=2,5, pour la capacité au champ d'un sol.
Le point de flétrissement d'une plante varie d'une espèce à l'autre. Le volume
d'eau disponible pour les plantes, appelé "réserve utile RU" comprend la
"réserve facilement utilisable RFU" et la «réserve de survie ou difficilement
utilisable RDU»; elle dépend de la profondeur du sol et de la nature de celui-ci.
Relation humidités des sol et potentiel hydrique :
Ce qu’il faut retenir :
Pour le même potentiel hydrique, l’humidité du sol
diffère d’un sol à un autre.
Voir illustration sur la figure ci-dessous.
Notion de potentiel hydrique foliaire de base
Qu'est-ce que le potentiel hydrique foliaire ?
Elle constitue la mesure de référence pour mesurer l'état hydrique du végétal.
Elle se réalise à l'aide d'une chambre à pression dite de Scholander. Il s'agit
d'estimer, à l'aide de la pression d'un gaz neutre appliqué sur une feuille, la
capacité des cellules à retenir l'eau. Moins il y aura d'eau libre dans la plante,
plus la pression nécessaire pour la faire sortir sera forte. Le résultat, la pression
nécessaire pour extraire la sève de la feuille, est exprimé en Bar ou en Mpa,
toujours en valeur négative.
Ce potentiel représente l'état hydrique de la plante à un instant donné et peut être
mesuré sur toute feuille et à toute heure selon ses objectifs. Il peut permettre
notamment de suivre l'évolution de la contrainte au cours de la journée. Il existe
une forte variabilité entre feuilles et son interprétation peut s'avérer
problématique. On préférera plutôt le potentiel hydrique foliaire de base et de
tige.
Principe: La mesure du potentiel hydrique foliaire de base permet d'estimer l'état hydrique
de la plante.
En fin de nuit, alors que la transpiration est négligeable et que la plante a
reconstitué ses réserves en eau, on considère que la tension de sève dans le
végétal est en équilibre avec le potentiel hydrique du sol dans la zone
d’implantation des racines. La mesure du potentiel foliaire à cet instant, appelé
potentiel hydrique foliaire de base, renseigne par conséquent sur la disponibilité
en eau du sol et fournit une information sur l’état hydrique dans lequel se trouve
le végétal, en raison d’une plus faible variabilité des conditions de milieu.
Mesure du potentiel hydrique foliaire de base :
La mesure se fait en fin de nuit, avant le lever du soleil (à partir de 2h du matin
jusqu’à l’aube). Il n’y a pas eu de précipitations dans les 4 jours précédents la
mesure. Les conditions climatiques au moment de la mesure doivent être
constante d’une fois sur l’autre (vent, humidité).
Quatre points sont nécessaires pour caractériser l’état hydrique de la plante au
cours de la période végétative. Le premier doit être fait avant l’apparition du
stress lorsque la réserve utile du sol n’est pas épuisée. Une mesure à fermeture
de grappe, une à mi-véraison et une avant récolte constituent une trame
convenable.
Le potentiel de base est mesuré avec une chambre à pression (dite de
Scholander) munie d’une source d’azote comprimée, d’un régulateur de débit et,
si possible, d’un manomètre de précision (0.001 Mpa).
La feuille, sèche et entière, est prélevée juste avant la mesure par rupture du
pétiole au niveau de son insertion sur le nœud. Le pétiole est amputé de son
extrémité à l’aide d’un cutter bien aiguisé pour ne pas écraser les tissus. Il est
ensuite introduit dans l’orifice du couvercle. On fait l’étanchéité autour du
pétiole, on place la feuille dans la chambre. Cette dernière est mise sous pression
très progressivement (la précision de la mesure est très dépendante de la vitesse
de montée en pression). Une incrémentation de 0.002 (début de saison, absence
de stress) à 0.004 Mpa (fin de saison, stress avéré) est recommandée.
Le potentiel hydrique est noté lors de l’apparition d’humidité sur la section du
faisceau ligneux du pétiole. Cette valeur correspond à la pression de la chambre
affichée par le manomètre.
La valeur des potentiels de base est la moyenne des mesures effectuées sur la
modalité déterminée.
Ces seuils peuvent varier suivant les plantes.
-0,2MPa<phfb : contrainte hydrique absente
0,3MPa<phfb<-0.2MPa : contrainte hydrique faible
-0,5 MPa < phfb < -0,3 MPa contrainte hydrique faible à
modérée
-0,8 MPa < phfb < -0,5 MPa contrainte hydrique modérée à sévère
phfb < -0,8 MPa contrainte hydrique sévère
Mesure du potentiel hydrique foliaire à l’aide
de la chambre de pression (Scholander)
Ce potentiel (phfb) s'adresse à une plante dont tous les stomates sont
fermés et représente les disponibilités en eau du milieu. La mesure se
réalise en fin de nuit, avant le lever du soleil. Il s'agit d'un indicateur fiable
qui a permis d'obtenir de solides seuils de référence.
Notion de potentiel hydrique foliaire de tige :
Ce potentiel est mesuré sur une feuille préalablement ensachée pendant une
heure au midi solaire (à 14h00). Il représente l'état de tension de l'eau dans
la plante. Cette méthode de mise en oeuvre plus lourde est sensible aux
faibles contraintes.
Ces seuils peuvent varier suivant les plantes.
-0,6 MPa < phfb contrainte hydrique absente
-0,9 MPa < phfb < - 0,6 MPa contrainte hydrique faible
-1,1 MPa < phfb < -0,9 MPa contrainte hydrique faible à modérée
-1,4 MPa < phfb < -1,1 MPa contrainte hydrique modérée à sévère
phfb < -1,4 MPa contrainte hydrique sévère
La notion de température du couvert :
Le point de départ de cette technique est le système de régulation thermique de
la plante lié à la transpiration. Lorsque la plante est en situation où l'eau est un
élément limitant, son activité transpiratoire diminue. De ce fait la plante dépense
moins d'énergie calorifique et ses feuilles se réchauffent. En d’autre termes
l’énergie, initialement utilisée pour accomplir la photosynthèse est emprisonnée
à l’intérieur suite à un stress hydrique, ce qui augmente la température du
couvert végétal.
La notion dite des apex :
Cette méthode est utilisée pour déclencher l’irrigation. Elle demande environ 5
minutes d’observation par parcelle. Le principe de base est que le ralentissement
ou l’arrêt de croissance est la réponse du végétal à une contrainte hydrique. Les
observations doivent être réalisées sur 30 à 50 plants par parcelle. Les apex sont
classés en 3 catégories :
pousse active (stade P)
l’extrémité du rameau est tombée ou sec (stade C)
le rameau est en croissance ralentie (stade R = ni P, ni C)
A partir de ces notations, un indice d’arrêt de croissance IAC=100/3 x (1-%P +
%R +2%C) peut être calculé.
4 à 5 mesures sont nécessaires pour interpréter la dynamique de croissance : la
1ère , 10 jours après floraison puis tous les 10 jours environ.
Stade P Stade R Stade C
Photos montrant les stades (P, R et C) – cas de la vigne
Autres méthodes disponibles :
Plusieurs autres techniques pour l’estimation de l’état hydrique des plantes ont
été proposées pour la vigne. Il peut s’agir de méthodes :
basées sur des mesures au niveau de la plante : conductance stomatique,
transpiration avec des capteurs de flux de sève, dendrométrie pour
mesurer la variation du diamètre des troncs
non basées sur des mesures directes sur la plante : estimation de
l’évapotranspiration à partir des données climatiques, disponibilité en eau
du sol (tensiomètres, résistance électrique, sondes à neutrons...), ou des
calculs d’indice
Humidimètre à neutrons.
La mesure neutronique de la teneur en eau du sol repose sur les propriétés de
réflexion que possèdent les molécules d'eau à l'égard d'un flux de neutrons.
Rappelons que parmi les divers éléments que l'on trouve dans le sol, ce sont les
atomes d'hydrogène qui possèdent le noyau dont la masse est la plus proche de
celle du neutron. Les deux parties essentielles d'une sonde à neutrons, isolées
l'une de l'autre, sont l'émetteur et le détecteur de neutrons. Elles sont fixées à un
câble qui transmet les impulsions électriques émises par le détecteur à un
compteur. Le blindage sert à neutraliser la source radioactive lors de son
transport.
Lorsque la sonde est en place dans le sol, des neutrons rapides sont émis par la
source (mélange de americium et de beryllium) dans toutes les directions. Ils se
heurtent au noyau des divers atomes qui se trouvent sur leur trajectoire et voient
ainsi leur énergie cinétique et leur vitesse diminuer progressivement. Si le sol
présente une concentration d'atomes d'hydrogène suffisante, le ralentissement
des neutrons émis par la source se produit alors qu'ils se trouvent encore à
proximité de celle-ci. Les neutrons ralentis par collisions successives se
propagent dans des directions aléatoires, si bien qu'il se forme un nuage
neutronique dont la densité, est plus ou moins, constante. Une partie de ces
neutrons, qui dépendent de la concentration en atomes d'hydrogènes, sont
renvoyés directement en direction du détecteur en créant des impulsions. Le
nombre d'impulsions pendant un intervalle de temps est enregistré par un
compteur. La conversion de la valeur enregistrée par le compteur en une teneur
en eau se fait par le biais d'une courbe d'étalonnage. (teneur en eau en
abscisse, nombre de neutrons en ordonnées).
Cette technique a l'avantage de permettre des mesures rapides et répétées sur un
site sans perturbation du sol et avec une bonne précision.
Photo : Humidimètre à neutrons.
Evaluation de l’humidité des sols :
Profils d’humidité.
Profils hydrique réalisés sur la période du 30/06 au 25/09.
Le stress hydrique et ses conséquences sur la plante :
Figure 3 : Influence du stress hydrique sur les variables d'état de la plante.
Les outils de détection du stress hydrique :
Les paramètres biophysiques et physiologiques de la plante (photosynthèse,
conductance stomatique, teneur en chlorophylle, potentiel hydrique, etc.), du fait
de leur relation avec le statut hydrique de celle-ci, peuvent être utilisés comme
des indicateurs de son état hydrique. Des appareils existants permettent de
mesurer directement ces paramètres dans la culture, afin d’estimer ses besoins
en eau et d’effectuer des prévisions de rendement. Cependant à l’échelle des
champs, ces mesures sont coûteuses en temps et délicates à mettre en œuvre
Plusieurs des paramètres biophysiques de la végétation sont estimables par
télédétection. La contrainte hydrique va conduire la plante à une adaptation de
sa morphologie, ce qui va affecter plusieurs variables biophysiques. Les déficits
hydriques longs se traduisent par des changements progressifs dans la structure
de la plante, qui visent à réduire sa surface transpirante (surface foliaire ou LAI).
Le LAI (Leaf Area Index) est la variable de structure la plus importante. Elle
caractérise la taille des surfaces d’échange (rayonnement, eau, carbone, etc.)
avec l’atmosphère. C’est la mesure de la surface totale du feuillage par unité de
surface mesurée au sol (Équation 1). Le LAI affecte le spectre de réflectance de
la végétation, c’est aussi un indicateur de croissance végétale.
Les indices de végétation associés au stress hydrique
Les indices de végétation sont des mesures radiométriques de la variabilité
spatiale et temporelle de l’activité photosynthétique de la végétation (Caloz and
Puech, 1996), cette dernière étant en relation avec les variables biophysiques du
couvert telles que l’indice de surface foliaire (LAI), la biomasse totale, la
vigueur de la végétation, etc. Ces variables sont elles-mêmes en relation avec
l’état hydrique de la végétation. Leur calcul est basé sur des combinaisons,
linéaires ou non, de valeur de réflectance ou de luminance acquises dans
plusieurs bandes spectrales. Ces variables s'appuient essentiellement sur les
différences des propriétés optiques de la végétation dans le rouge (R : 600-700
nm) et le proche infrarouge (PIR : 700-1300 nm). Les réflectances dans le PIR
augmentent avec la présence de la végétation, tandis que celles dans le R
diminuent. Plusieurs indices ont été développés pour réduire l’effet de la fraction
de sol visible ( Soil adjusted indices : SAVI, TSAVI, OSAVI). L'indice de
végétation le plus couramment utilisé est le NDVI (Normalized Difference
Vegetation Index). L’indice de condition de la végétation ( VCI , Vegetation
Condition Index, (Kogan, 1995)) conçu pour estimer le stress hydrique est
entièrement basé sur le NDVI (Équation 2).
L’utilisation des indices de végétation pour une estimation de l’état hydrique de
la végétation permettrait difficilement une détection du stress hydrique au bon
moment (détection hâtive avec la fermeture des stomates). La température
foliaire étant d’une part directement associée au bilan hydrique, et d’autres part
mesurable par radiométrie, elle a donné lieu au développement de plusieurs
indices spectraux dans l’infrarouge thermique.
La température du couvert végétal comme indicateur de l’état
hydrique
La télédétection infrarouge thermique est beaucoup utilisée pour caractériser
l’état hydrique d’une parcelle. Elle présente l’avantage de la rapidité et de la
facilité d’acquisition, nécessaire pour un diagnostic hydrique. Lorsque la
température d’un corps augmente, il émet une radiation sous forme de
rayonnement électromagnétique. Les capteurs infrarouges thermiques mesurent
cette radiation émise dans la bande infrarouge (IR, 0.7 à 100μm) du spectre
électromagnétique et la relient à la température du corps par la loi de Stefan-
Boltzmann et la loi de Planck (Gaussorgues, 1999).
Figure : Spectre électromagnétique.
Notion de température de surface et température de couvert
Pour une meilleure compréhension de ce que mesure le radiomètre, il est
nécessaire de clarifier les expressions : température de couvert végétal (Tc),
température de surface (Ts) et température du sol (To). La température du
couvert (Tc, Canopy temperature) a été définie comme la température
radiométrique mesurée dans l’infrarouge thermique (IRT) et pour laquelle la
végétation est dominante dans le champ de vue du capteur, l’effet du sol étant
minime (Moran, 2000). To est la température du sol. Ts est la température de
surface, elle intègre tous les objets présents dans le champ de vue du capteur
(sol, végétation, ou tout autre objet). Kustas et al. (1990) ont défini Ts comme
une fonction de Tc et To (Équation 8).
lorsque le sol est totalement couvert par la végétation, alors Ts = Tc.
La plupart des surfaces naturelles, tout comme les végétaux, ont leur maximum
d’émission dans l’IRT. Étant donné que la température des feuilles est
directement reliée à l’état hydrique de la plante, plusieurs indices spectraux ont
été développés dans l’IRT pour la détection du stress hydrique. Ces indices font
appel à la température radiométrique, qui peut être estimée par les indices
spectraux suivants :
Les indices spectraux IRT de détection du stress hydrique
La température de surface des couverts végétaux a conduit au développement de
plusieurs indicateurs de stress hydrique. Le fondement théorique de ces
indicateurs repose sur la relation existant entre la température des plantes et leur
état hydrique.
1 Canopy Temperature (CT)
L’un des premiers indices spectraux IRT utilisé pour l’évaluation de l’état
hydrique de la plante est la température du couvert (Canopy Temperature
(CT), (Berliner et al., 1984; Moran et al., 2000). Sa détermination nécessite
uniquement la mesure de la température par radiométrie. Cet indice est
fortement corrélé au statut hydrique de la plante. Cependant, faute de valeurs de
référence, et étant fortement influencé par les conditions du milieu (humidité,
vent, température ambiante, etc.), son utilisation pour la détection du stress
hydrique et le pilotage de l’irrigation est problématique.
2 Temperature Stress Day (TSD)
L’absence de valeurs de référence dans l’utilisation de CT comme indicateur de
stress hydrique a amené plusieurs auteurs à développer l’indice TSD (Jackson et
al., 1983) à l’aide de plants de référence à proximité de la culture. Ces plants
évoluant dans les mêmes conditions agrométéorologiques que le champ sont
alors bien irrigués tout au long du cycle cultural. Le TSD (Équation 9) mesure la
différence de température entre le couvert végétal de la culture et le couvert
d’une parcelle témoin bien irriguée.
Lorsque les besoins en eau de la culture sont suffisamment comblés, la valeur de
TSD avoisine 0. Pour des valeurs de TSD supérieures à 0, l’alerte de l’irrigation
est donnée.
3 Stress Degree-Day (SDD)
Le SDD (Idso et al., 1977) repose sur la différence entre la température du
couvert et la température de l’air. Il constitue le premier indicateur tenant
compte de la correspondance entre l’évapotranspiration et la température de
surface (Luquet, 2002). Le SDD mesure la différence cumulative entre la
température du couvert et la température de l’air (Équation 10).
Le SDD permet de suivre l’état hydrique de la culture et d’effectuer des
prévisions de récolte. Selon une étude effectuée sur le blé en Arizona (Kogan,
1995), lorsque la valeur de SDD devient positive, cela entraîne une perte de
rendement.
4 Temperature Condition Index (TCI)
L’indice de condition de température ou TCI (Kogan, 1995) (Équation 11) de
même que le VCI (Vegetation Condition Index, Équation 2) sont des indices de
sécheresse basés sur la radiation émise et réfléchie par la couverture végétale
(Vogt et al., 2000). Ils sont utilisés pour estimer la vigueur de la végétation, et
par conséquent sa condition hydrique. Ces indicateurs ont été conçus pour
utiliser des mesures satellitaires comme celles du capteur AVHRR (Advanced
Very High Resolution Radiometer) du satellite NOAA (National Oceanic and
Atmospheric Administration). Le TCI varie dans l’intervalle [0, 100].
5 Canopy Temperature Variability (CTV)
Étant donné que le sol n’est pas homogène à l’intérieur d’un champ, le manque
d’eau va entraîner une variabilité spatiale de la température du couvert. La
variabilité de la température du couvert végétal à l’intérieur d’une parcelle est
ainsi utilisée comme un indicateur de stress hydrique à l’intérieur de cette
parcelle (Berliner et al., 1984; Bariou et al., 1985a; Penuelas et al., 1992; Moran,
2000). Le CTV est l’écart-type de la température moyenne du couvert (Équation
12).
Lorsque la valeur du CTV excède 0.7, le couvert est considéré en stress
hydrique. L’un des avantages de l’indice CTV est qu’il ne nécessite pas la
mesure de la température de l’air, et peut être calculé avec des valeurs de Tc
acquises à partir de capteurs IRT aéroportés sans correction atmosphérique
(Moran, 2000).
Les facteurs environnementaux constituant un frein à ces premiers indices
précités, des modèles plus complexes, alliant la mesure de la température de
surface par des capteurs IRT et la physique de l’évapotranspiration, ont été
élaborés. Parmi ceux-ci, citons le Crop Water Stress Index (Wiegand et al.,
1983) et le Water Deficit Index (WDI, (Moran et al., 1994)) qui sont bien
connus.
6 Crop Water Stress Index (CWSI)
À partir du bilan d’énergie (Annexe 1), Monteith et Szeicz (1962) ont développé
une expression mettant en relation la différence entre la température du couvert
végétale et celle de l’air (Tc –Ta) et la radiation nette, la vitesse du vent, le
déficit de pression de vapeur de l’air, la résistance aérodynamique et la
résistance du couvert (Équation 13). Cette équation est la base théorique du
développement de l’indice CWSI par Jackson et ses collègues (Idso et al.,
1981a) (Équation 14).
Figure 6 : Relation entre le VPD et (Ts-Ta) permettant le calcul du CWSI.
Figure 6 : Relation entre le VPD et (Ts-Ta) permettant le calcul du CWSI.
Un modèle empirique du CWSI a été développé par Idso (Équation 15). Son
calcul fait appel à deux lignes de base : la ligne de base « non-stressée », qui
représente les plants dont l’apport en eau n’est pas limité, et la ligne de base
« du maximum de stress », qui représente les plants soumis à un déficit hydrique
extrême. Le calcul de la ligne de base fait appel à la relation linéaire qui existe
entre (Tc - Ta) et le VPD dans des conditions d’apports en eau maximales.
Plusieurs études expérimentales (Idso, 1982; Jones, 1999) ont montré que la
ligne de base « non-stressée » peut varier selon le type de culture et les
conditions agroclimatiques dans lesquelles celle-ci évolue.
Figure 6 : Relation entre le VPD et (Ts-Ta) permettant le calcul du CWSI.
Où les indices l, u et r indiquent respectivement le minimum, le maximum et la
valeur mesurée de la différence de température (Tc – Ta).
Pour une végétation entièrement couvrante avec suffisamment d’eau :
Figure 6 : Relation entre le VPD et (Ts-Ta) permettant le calcul du CWSI.
Pour une végétation entièrement couvrante avec une indisponibilité en eau :
L’utilisation du CWSI a obtenu un succès assez considérable aux États-Unis
(Luquet, 2002) et a conduit à la commercialisation d’instruments de mesures du
CWSI au champ. C’est le cas du radiothermomètre Everest Interscience Model
100.3ZL (Everest Interscience Inc., AZ, USA). Un des avantages du CWSI est sa
relation avec le rendement de la culture. En effet, le CWSI est négativement
corrélé au rendement. Son application à l’échelle locale et régionale est
cependant entravée par la difficulté de mesurer la température des couverts
hétérogènes. La plupart des capteurs infrarouges au sol, aéroportés ou
satellitaires mesurent une température composite du sol et de la végétation.
Quand la végétation est clairsemée, la température du sol domine la température
de surface mesurée par le capteur IRT et biaise l’interprétation du CWSI. À cet
effet, Jackson et al. (1983) cités par Moran et al. (1994), ont émis cet
avertissement : « il est important que le sol n’apparaisse pas dans le champ de
vue du thermomètre infrarouge. La température du sol peut être grandement
différente de celle de la végétation et sa présence dans la mesure peut entraîner
des erreurs importantes dans le CWSI ». Selon Moran et al. (1994), une
approche de solution serait de combiner aux mesures de thermographie
infrarouge des indices de végétation pour corriger la fraction de sol visible par le
capteur, ou de circonscrire les mesures IRT à l’échelle de la feuille.
Figure 7 : Mesure de température de surface par thermométrie infrarouge.
7 Water Deficit Index (WDI)
Le concept du trapèze, combinant les indices de végétation spectraux et la
température des couverts hétérogènes, est proposé pour permettre une
application du CWSI à la végétation partiellement couvrante. Suivant cette
approche, un nouvel indice, le WDI, a été développé par Moran et al. (1994),
pour évaluer le taux d’évaporation des végétations entièrement et partiellement
couvrantes. Le calcul du WDI fait appel à la température et à la réflectance
(rouge et proche infrarouge) du couvert, ainsi qu’à un nombre de données
météorologiques du site (la radiation nette, le déficit de pression de vapeur de
l’air, la vitesse du vent et la température de l’air).
Luquet (2002) décrit le calcul du WDI, basé sur la construction, expérimentale
ou théorique, d’un trapèze dont les quatre sommets correspondent aux
conditions extrêmes de la culture en termes de taux de couverture et de
température. La construction de ce trapèze repose sur l’hypothèse de linéarité à
ses bornes. Toutes les combinaisons entre le taux de couverture et (Tc - Ta) sont
supposées contenues dans le trapèze, permettant alors de calculer le WDI
(Équation 22 à Équation 24) de façon similaire au CWSI, mais pour un taux de
couverture donné. Les valeurs des sommets du trapèze sont calculées (Équation
18 à Équation 21) à l’aide de l’équation du bilan d’énergie (Annexe 1).
Figure 8 : Illustration du WDI calculé par la méthode du trapèze.
Figure 8 : Illustration du WDI calculé par la méthode du trapèze.
Figure 8 : Illustration du WDI calculé par la méthode du trapèze.
Graphiquement, la valeur de l’indice WDI est définie par le rapport de distances
AC/AB :
Le rapport de l’évapotranspiration réelle et potentielle équivaut au rapport de
distances CB/AB, d’où :
Le calcul du WDI nécessite de connaître le taux de couverture de la végétation
estimable par télédétection à partir des indices de végétation tels que le NDVI et
le SAVI . La méthode a été développée afin d’utiliser des mesures satellitaires
ou aéroportées. Cependant, la résolution temporelle et spatiale des mesures
satellitaires n’offrent pas actuellement un suivi rigoureux de l’état hydrique de la
culture à l’échelle de la parcelle. Dans les régions arides et semi-arides, la
thermométrie infrarouge est un bon indicateur du stress hydrique des végétaux,
cependant elle est confrontée à une sévère limitation en climat humide et pour
des régions soumises à de fortes variations climatiques (Hipps et al., 1985). En
plus de la dimension temporelle et des contraintes météorologiques, le WDI
présente des faiblesses dans le cas de couverts fortement hétérogènes où les
effets d’ombrage peuvent être déterminant dans la caractérisation de la
température de surface (Luquet et al., 2004).
Les limites constatées avec les indicateurs de stress ont conduit au
développement de méthodes 3D qui offrent la possibilité d’étudier la
représentativité de l’information thermique au niveau de la feuille, de la plante
et du couvert. Ces approches 3D ont été développées afin de mieux considérer la
complexité des échanges thermiques au sein du système SVAT (sol-végétation-
atmosphère), pour une meilleure évaluation de l’intensité du stress subi par la
culture, sa représentativité dans le couvert et sa signification en terme de
réduction de la transpiration (Luquet et al., 2001; Luquet, 2002). Cependant si
cette méthode s’avère réaliste, elle pose le problème de lourdeur des mesures
architecturales couplées à une digitalisation 3D, qui demande un équipement
onéreux et un personnel qualifié (Luquet, 2002).
Une solution pour palier à la faiblesse des capteurs utilisant la
spectroradiométrie infrarouge thermique dans la mesure de la température des
couverts hétérogènes est de faire appel à des capteurs imageurs. Ces capteurs
restituent l’aspect spatial de la mesure, et permettent d’identifier la végétation
sur la scène mesurée. Les caméras de thermographie infrarouge, de plus en plus
utilisées dans l’industrie et le milieu médical, apportent cette solution.
PROJET DE CALCUL DES PARAMETRES DE
L’IRRIGATION
L’irrigation est pratiquée selon un programme prédétermine dans lequel un
certain nombre de paramètres sont estimés telle que la dose et la fréquence des
irrigations, la durée du tour d’eau…etc. Ces paramètres sont calculés comme
suit.
1- Poste d'irrigation
C’est la surface cultivée pouvant être arrosée simultanément. La taille du poste
dépend du débit par hectare et du débit de la source d’eau.
Surface du poste (ha) = Débit de la source d’eau
(m3/h) / Débit par ha (m3/ha)
Taille du poste d’irrigation
Données:
On considère une plantation d’oliviers de 1 ha, plantée selon l’écartement de 6m
x 6m. Les arbres sont équipés chacun de 4 goutteurs débitant 4 l/h. Le réseau
d'irrigation est muni d’une pompe fournissant 3,6 m3 d’eau /h (1 l/s).
La taille du poste d’irrigation se calcule comme suit :
- Débit par arbre = 4 goutteurs x 4 l/h = 16 l/h
- Nombre d'arbres par hectare (1 ha = 10000 m2) = 10 000 m2 / (6m x 6m) =
278 arbres.
- Débit par hectare = 278 arbres x 16 l/h/arbre = 4448 l/h/ha = 4,4 m3/h/ha
- Taille du poste d’irrigation = 3,6 (m3/h) / 4,4 (m3/h/ha) = 0 ha 82 ares.
2-Duree de l’irrigation
C’est la durée nécessaire pour irriguer un ensemble de parcelles avec la même
source d’eau.
Durée de l’irrigation (heure) = Durée de l'irrigation par
poste (h) x Nombre de postes raccordés a la même
source d'eau
Calcul de la durée d’irrigation
La dose journalière à apporter sur une plantation d’oliviers ( par exemple) de 10
ha est de 1 mm.
Les arbres sont espacés de 6m x 6m et équipés chacun de 4 goutteurs de 4
l/heure.
Le réseau d'irrigation est approvisionné par une borne fournissant 6 m3/h.
- Débit par arbre = 4 goutteurs x 4 l/h = 16 l/h
- Surface occupée par un olivier = 6m x 6m = 36 m2
- Nombre d'arbres par ha = 10 000 m2 / (6 m x 6 m) = 278 pieds
- Débit par ha = 278 arbres x 16 l/h/arbre = 4448 l/h/ha = 4,4 m3/h/ha
- Taille du poste = 6 m3/h : 4,4 m3/h/ha = 1 ha 36
- Nombre de postes sur le verger = 10 ha : 1,36 ha = 7,35 soit 7 postes
- Durée de l'irrigation par poste = 1 mm x (6m x 6m) : 16 l/h = 2,25 h ou 2 h et
18 mn
- Durée totale de l’irrigation = 2,25 h x 7 postes = 15 h 45 min.