Pratique_des_epreuves_projectives_a_l'adolescence.pdf

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  • Le Monde Des Ph@rmaciens. 2012/2013

    Site : http://www.lemondedespharmaciens.com// Facebook : http://www.facebook.com/Le.Monde.Des.Pharmaciens

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    Le Monde Des Ph@rmaciens

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    LES OUTILS DU PSYCHOLOGUE

    Pour la premire fois, un ouvrage met en videncelutilisation des preuves projectives selon la conceptionpsychanalytique, dans le champ spcifique du fonction -nement adolescent en explorant et illustrant ses variationsdu normal au pathologique.Les auteures se sont appuyes sur ltude de protocoles deRorschach et de TAT dadolescents consultants ou hospita-liss ainsi que sur un large corpus de protocoles de sujets tout venant permettant dillustrer les assertions tho-riques par les exemples cliniques les plus dmonstratifs.La structure de louvrage suit les trois axes organisateurs dufonctionnement psychique ladolescence : le complexeddipe, le narcissisme et llaboration de la perte dobjet.Ce parti pris a lavantage de permettre au clinicien de saisir,grce loutil projectif, le niveau dorganisation du processusadolescent et, ce faisant, de proposer une argumentationfine et nuance pour la comprhension du fonctionnementpsychique de ladolescent et lvaluation diagnostiquediffrentielle.Issu dune longue pratique clinique en psychologie projec-tive avec des adolescents et de lexprience denseigne-ment des deux auteures, cet ouvrage est de stin aux psycho-logues cliniciens ainsi quaux tudiants en psychologie enformation la mthodologie projective et la psychologiede ladolescent.

    Michle EmmanuelliCatherine Azoulay

    Prface de Catherine Chabert

    PRATIQUE DES PREUVES PROJECTIVES LADOLESCENCE Situations Mthodes tudes de cas

    MICHLE EMMANUELLI

    est professeur de psychologie clinique et de psychopathologie,universit Paris Descartes,psychanalyste, membre de la SocitPsychanalytique de Paris.

    CATHERINE AZOULAY

    est psychologue clinicienne,psychothrapeute, matre de confrences en psychologie clinique,universit Paris Descartes.

    Pratique des preuves projectives ladolescence

    Michle EmmanuelliCatherine Azoulay

    Prface de Catherine Chabert

    RORSCHACH

    Thematic Apperception Test (TAT)

    6642060ISBN 978-2-10-051349-9 www.dunod.com

    SITUATIONS MTHODESTUDES DE CAS

  • Pratique des preuves projectives ladolescence

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    Prface de Catherine Chabert

    Michle EmmanuelliCatherine Azoulay

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    ERNIERS

    OUVRAGES

    PARUS

    DANS

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    COLLECTION

    Dana CASTRO,

    Pratique de lexamen psychologique en clinique adulte. Wais III, MMPI-2, Rorschach,TAT,

    2006.

    Silke SCHAUDER et al..,

    Pratiquer la psychologie clinique auprs des enfants et des adolescents,

    2007.

    Silke SCHAUDER et al..,

    Pratiquer la psychologie clinique auprs des adultes et personnes ges,

    2007.

    Claire MELJAC, Gilles LEMMEL,

    Observer et comprendre la pense de l'enfant avec l'UDN-II. Cliniquepiagtienne dans l'examen psychologique. Mthodologie. tudes de cas

    , 2007.

    Bernard JUMEL,

    Guide clinique des tests chez lenfant. WISC-IV, Matrices progressives de Raven,EDEI, Figure complexe de Rey, NEMI-2,

    2008.

    Michle EMMANUELLI, Catherine AZOULAY,

    Pratique des preuves projectives ladolescence. Ob-servation, analyse, mthodologie,

    2008.

    Philippe CHARTIER, Even LOARER,

    valuer lintelligence logique. Thories et mthodologie,

    2008.

    Dunod, Paris, 2009

    Une premire dition de cet ouvrage est parue en 2001 sous le titre Les preuves projectives ladolescence

    dans la collection Psychismes.

    emmanueli_prelims.fm Page II Lundi, 6. octobre 2008 2:45 14

    ISBN 978-2-10-053849-2

  • EmmanuelliAzoulay9782100513499-BAT4 (Col. : Les outils du psychologue) 2008/10/3 14:58 page III #1i

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    Avant propos la deuxime dition

    LA seconde dition de cet ouvrage est argumente par une doubledmarche : le changement de collection et lajout de deux lmentsmajeurs.Il sagit dune part, dinscrire ouvertement lutilisation de lamthodologie projective ladolescence dans la dimension de

    la pratique du bilan psychologique. Au cours de ces dernires annes, deplus en plus dinstitutions de soins pour adolescents voient le jour, de mmeque des spcialistes de ladolescence de plus en plus nombreux, traitenten cabinet des patients adolescents sous langle de la spcificit de leurfonctionnement psychique. Cest ainsi que le recours des psychologuescliniciens susceptibles de manier loutil projectif la lumire du processusadolescent devient de plus en plus frquent. Ds lors, linscription de laseconde dition de cet ouvrage au sein de la collection Les outils dupsychologue simposait delle-mme.

    Dautre part, cette seconde dition se voit augmente dun chapitreconsacr aux troubles de lhumeur ladolescence et de la prsentation enannexe des Normes du Rorschach ladolescence. Les travaux trs rcents surles troubles de lhumeur ladolescence et sur leur indispensable distinctiondavec notamment des troubles psychotiques graves comme la schizophrnie,ont rendu lapport des preuves projectives particulirement ncessaire dansce champ trs particulier de la psychopathologie adolescente.

    Ce nouveau chapitre complte trs utilement la partie concernant laractivation de la perte dobjet et les caractristiques de la dpression ladolescence. Enfin, aprs avoir men une recherche de grande envergure,au sein du Laboratoire de psychologie clinique et de psychopathologie deluniversit Paris Descartes, en collaboration avec lquipe de statisticiensdu Laboratoire de Psychologie Environnementale de cette mme universit,nous avons t en mesure de publier les Normes du Rorschach ladolescence

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    IV Pratiques des preuves projectives ladolescence

    en 2007. Il nous semble trs important de rendre compte de ces donnes enannexe de ce nouvel ouvrage afin que chaque clinicien puisse en disposeraisment dans sa pratique.

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    Prface

    La traverse de ladolescence est, on le sait, une priode dcisivedu dveloppement, dans la mesure o elle se situe dans un entre-deux essentiel pour le devenir de lindividu ; il doit en effetconstruire son pass denfant et y renoncer pour commencer savie dadulte : ladolescence reprsente le moment de laprs-coup,

    une seconde chance en quelque sorte puisque la possibilit de changementreste entirement ouverte.

    Les enjeux de ce passage tmoignent dune dynamique singulire certes,mais qui constitue, en quelque sorte, le paradigme des crises inhrentes certains moments de la vie, dans la mise lpreuve de la continuitet de la discontinuit, dans le bouleversement des repres antrieurs et ladistribution nouvelle des modes dmergence et de traitement des conflitspsychiques. Ceux-ci montrent avec une acuit particulirement vive plus ou moins tolrable laffrontement entre les dsirs et les interdits,dclins notamment dans les variantes du complexe ddipe mais aussilaffrontement entre investissements narcissiques et objectaux : les deuxgrands axes de problmatiques qui organisent la vie psychique sont actualissde manire parfois spectaculaire au cours de ladolescence dans la mise lpreuve de ce que Freud appelle la psychosexualit la fois dans la rfrence ldipe et dans celle de langoisse de perdre lamour de la part de lobjet.Ces deux grands axes structurent de manire plus ou moins effective letravail imparti aux adolescents : ils doivent renoncer leurs objets damouroriginaires, ce qui implique une double perte abandon des dsirs dipiens,abandon de la position infantile , et affronter la sparation inluctable quisy associe.

    Ces deux problmatiques caractristiques des relations lautre ont,bien sr, des effets concomitants ou corollaires sur la relation du sujet lui-mme : en termes dangoisse de castration, dans le cadre duneorganisation dipienne qui inscrit lordre de linterdit et de la culpabilit,avec le risque de limitation dans la ralisation des dsirs, et les effets de

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    VI Pratiques des preuves projectives ladolescence

    ces limites dans la construction de la reprsentation de soi ; en termesdatteinte narcissique, lorsque les capacits de tolrance ces limitationsdbordent la question de lavoir par lmergence dune fragilit de ltrencessitant des amnagements parfois coteux pour lconomie du sujet.Enfin, lorsque les barrires narcissiques sont massivement effractes, lorsqueles investissements objectaux sont abandonns, ladolescence dcouvrelextrme dtresse, labsence de recours lautre mais aussi limpossibilit destayer sur un support narcissique minimal entranant la perte ventuellede la subjectivit.

    La complexit des conflits internes est encore aggrave en quelque sorte parleur mise au jour sur la scne externe, celle des relations interpersonnelles :celles-ci en effet offrent autant de voies dexpression ou dincarnation auxconflits internes, en leur apportant la fois des chances de rsolution et desrisques deffondrement : les chances accompagnent la dramatisation lorsquesa dimension libidinale, vivante est mise au service de linvestissementobjectal, par le maintien de la relation lautre en dpit des scnariosapparents de rupture qui tentent de les conjurer. Les risques se situent duct de la confusion entre la scne externe et la scne interne, lorsque les motssont pris pour les choses, et que ce qui relve dun jeu psychodramatique estdnonc comme une tragdie la fois inluctable et irrversible : tragdiede la sparation qui bascule dans la mort, tragdie dtermine par le refustotalitaire de changement, tragdie enfin lorsque le dplacement et lemouvement quil implique - mcanisme de vie essentiel sil en est - sontdfinitivement radiqus.

    Cest ltude attentive et minutieuse de lensemble de ces mcanismes queCatherine Azoulay et Michle Emmanuelli nous convient dans leur ouvrage.Si le fonctionnement psychique ladolescence requiert une clinique lafois rigoureuse et dlicate, cest bien la dmarche projective qui permettra deremplir ces exigences. Les perspectives dans lesquelles sinscrivent ces auteurssont claires et fcondes : la mthodologie projective dont elles utilisent avecbonheur les potentialits danalyse et de synthse, se rfre au modlepsychodynamique de lappareil psychique et de son fonctionnement. Fidles la formation de lcole de Paris, initie par Didier Anzieu et Nina Rauschde Traubenberg, Catherine Azoulay et Michle Emmanuelli en poursuiventlapprofondissement clinique et psychopathologique dans le domaine deladolescence.

    Elles dveloppent le complexe ddipe et les formes plurielles de saractivation qui orchestrent et inflchissent les mouvements pulsionnelset leurs destins. La part premire accorde lorganisation psychosexuelle

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    Prface VII

    montre bien le parti des auteurs et leur prise en compte de la thoriefreudienne du fonctionnement psychique et notamment de son fondementsexuel.

    La seconde partie sattache aux problmatiques narcissiques dans leursingularit ladolescence : recentrement ncessaire et trophique, passageoblig mais transitoire pour certains, linvestissement narcissique peutprendre le sens dune pathologie plus marque lorsque son excs et/ouses dfaillances se rvlent dsorganisants.

    La troisime partie traite de la problmatique de perte damour de la partde lobjet dans ses ractivations caractristiques : actualisation de la positiondpressive dans la perspective kleinienne, processus analogue au deuilpour certains auteurs contemporains, moment mlancolique pour dautres,autant de formes possibles pour une traverse douloureuse impliquantlloignement des objets damour originaires afin que soient ouverts denouveaux commencements.

    La quatrime partie, enfin propose quatre illustrations cliniques conduitesavec une rigueur et une fcondit remarquables : un fonctionnement nonpathologique, un fonctionnement nvrotique obsessionnel, un fonctionne-ment limite et un fonctionnement psychotique.

    Lensemble de louvrage tmoigne de qualits dlaboration la foisclinique et thorique remarquables et qui prsentent de surcrot unelisibilit exceptionnelle dans la transmission, du fait de lexprience etdes comptences didactiques des deux auteurs.

    La complmentarit du Rorschach et du TAT sert de pivot ltude desdiffrentes problmatiques : du ct des limites entre dedans et dehors etde la reprsentation de soi, des assises narcissiques et des fonctions du moipour le premier, du ct de lorganisation dipienne et dfensive, des assisesobjectales et des mcanismes de dfense pour le second. Cest une approchenuance et synthtique qui nous est propose dans la perspective dunevaluation diagnostique au sens psychodynamique du terme : non pas lesauteurs, cliniciennes exprimentes de ladolescence, sen gardent bien dansltablissement dune tiquette nosographique gnralement insuffisante ouinadquate pour rendre compte des facettes multiples du fonctionnementpsychique, mais une prise en considration fine et pertinente, rflchie, delensemble des problmatiques cest--dire des conflits et de leurs modalitsde traitement.

    Voici un ouvrage riche, srieux et utile dont il faut saluer la publication.Il apporte aux cliniciens, quils soient en formation ou diplms, unemthode exemplaire, rigoureuse, respectueuse de lindividu, sensible la

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    VIII Pratiques des preuves projectives ladolescence

    fois aux signes de souffrance et aux ressources mobilisables ; il apporte aussi,un mode de pense authentiquement psychanalytique, en qute constantedapprofondissement et de questionnement dans la recherche de ce qui, endpit des obstacles internes et externes, demeure vivant dans la psych.

    Catherine CHABERT

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    Table des matires

    AVANT PROPOS LA DEUXIME DITION . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . III

    PRFACE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . V

    TABLE DES MATIRES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . IX

    INTRODUCTION . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1

    Premire partie La problmatique dipienne

    CHAPITRE 1 LE COMPLEXE DDIPE : RAPPELS THORIQUES 7

    1. Le complexe ddipe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92. Moment dapparition de ldipe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 113. Ldipe fminin . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 124. Langoisse de castration fminine : ses enjeux . . . . . . . . . . . . . 155. Aboutissement de ldipe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16

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    X Pratiques des preuves projectives ladolescence

    CHAPITRE 2 LA RACTIVATION PULSIONNELLE LADOLESCENCE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17

    1. Ractivation pulsionnelle et dliaison : apportsdes preuves projectives . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21

    2. Modalits de traitement de la ractivation pulsionnelleet du conflit dans les preuves projectives . . . . . . . . . . . . . . . . 27

    CHAPITRE 3 LANGOISSE DE CASTRATION LADOLESCENCE 41

    1. Angoisse de castration reprsentable au Rorschach . . . . . . . 442. Lvitement de langoisse de castration . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 523. Retentissement massif de langoisse de castration . . . . . . . . 54

    CHAPITRE 4 PROBLMATIQUES DIPIENNES.ILLUSTRATIONS CLINIQUES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57

    1. Aristide, 16 ans : un dipe structurant . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 592. Justine, 18 ans : chec de la structuration dipienne . . . . . 703. ric 19 ans : les dfauts damnagements dipiensdans la psychose . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 82

    Deuxime partie Les problmatiques narcissiques de ladolescence

    CHAPITRE 5 RAPPELS THORIQUES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97

    1. Adolescence et narcissisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1002. Articulation entre narcissisme et dipe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1023. Narcissisme et problmatique de sparation . . . . . . . . . . . . . . 104

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    Table des matires XI

    4. Bipolarit du narcissisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 105

    CHAPITRE 6 APPROCHE DU NARCISSISMEDANS LES PREUVES PROJECTIVES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 113

    1. Linvestissement des limites . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1162. Linvestissement libidinal de la reprsentation de soi . . . . . . 1263. Les effets de linvestissement narcissique sur la relationdobjet . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 135

    4. Lutilisation de dfenses narcissiques et les effetsde ces dfenses . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 140

    CHAPITRE 7 PROBLMATIQUES NARCISSIQUES.ILLUSTRATIONS CLINIQUES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 147

    1. Mariette, 15 ans 2 mois : un exemple dinvestissementpositif du narcissisme dans le contexte du conflit dipien 149

    2. Flix 14 ans 10 mois : fragilit narcissiquedans la pathologie limite . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 161

    3. Annabelle 19 ans : fonctionnement psychotiqueavec amnagements narcissiques positifs . . . . . . . . . . . . . . . . . 175

    Troisime partie La ractivation de la perte dobjet

    CHAPITRE 8 RAPPELS THORIQUES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 189

    1. Perte et travail de deuil : positions freudienne et kleinienne 1912. Spcificit de ladolescence : positions actuelles . . . . . . . . . . . 195

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    XII Pratiques des preuves projectives ladolescence

    CHAPITRE 9 LES MODALITS DVOCATION DE SITUATIONSDPRESSIVES AUX PREUVES PROJECTIVES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 199

    1. Les amnagements positifs de la situation de perte . . . . . . . 2012. Accs lambivalence ; liaison entre affectset reprsentation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 206

    3. Sensibilit la perte objectale et/ou narcissique, tonalitaffective dpressive et/ou vocation dune situationdpressive . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 209

    4. Utilisation de modalits dfensives en tant que ngociationdes mouvements dpressifs, apprciation de la souplessede ces dfenses . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 213

    CHAPITRE 10 LES MANIFESTATIONS DPRESSIVESPATHOLOGIQUES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 223

    1. Rappels thoriques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2252. Manifestations de la pathologie dpressive aux preuvesprojectives ladolescence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 228

    3. Dpressions graves et troubles de lhumeur : rflexionssur le diagnostic diffrentiel entre schizophrnieet maniaco-dpression ladolescence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 241

    CHAPITRE 11 LA RACTIVATION DE LA PERTE DOBJETET LES PROBLMATIQUES DPRESSIVES. ILLUSTRATIONSCLINIQUES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 253

    1. Ronald, 16 ans : la perte reprsentable et amnageableen lien avec la problmatique dipienne . . . . . . . . . . . . . . . . . . 255

    2. Han, 18 ans : la ractivation de la perte chez un sujetlimite dpressif . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 265

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    Table des matires XIII

    3. Adrien, 18 ans 2 mois : La perte dobjet dans la psychosedysthymique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 276

    Quatrime partie Vignettes cliniques

    CHAPITRE 12 REGISTRE DE FONCTIONNEMENTNON PATHOLOGIQUE : SABINE, 17 ANS 8 MOIS . . . . . . . . . . . . . . . 291

    1. Le Rorschach . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2932. Le TAT . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2983. Synthse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3004. Protocoles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 301

    CHAPITRE 13 TROUBLES NVROTIQUES OBSESSIONNELS :ARMAND, 18 ANS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 309

    1. Le Rorschach . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3112. Le TAT . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3153. Synthse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3164. Protocoles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 316

    CHAPITRE 14 FONCTIONNEMENT LIMITE : KAMEL 20 ANS . . 325

    1. Le Rorschach . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3272. Le TAT . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3343. Synthse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3364. Protocoles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 337D

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    XIV Pratiques des preuves projectives ladolescence

    CHAPITRE 15 FONCTIONNEMENT PSYCHOTIQUE DALLUREDISSOCIATIVE : SYLVIE 20 ANS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 343

    1. Le Rorschach . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3452. Le TAT . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3513. Protocoles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 354

    ANNEXES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 361

    BIBLIOGRAPHIE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 365

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    Introduction

    LAPPROCHE projective des adolescents a des particularits ind-niables : cest ce que cet ouvrage se propose de montrer. Saspcificit tient la spcificit mme du processus dadolescencequi, bouleversant et remaniant lorganisation psychique, colore desa marque les productions projectives. Cette approche projective

    sancre sur la connaissance du dveloppement psychique du jeune sujetet des drives qui perturbent ce dveloppement, telles quelles ont tdgages par la psychopathologie psychanalytique. Elle sappuie sur labordpsychanalytique du Rorschach et du TAT chez ladulte, thoris par Anzieu,Rausch de Traubenberg, Shentoub, Debray, Chabert, Brelet. Lapplicationdu corpus thorique de la psychanalyse la psychologie projective proposepar ces travaux repose sur lanalyse du matriel en termes de sollicitationsmanifestes et sollicitations latentes, et sur le dgagement de facteursspcifiques permettant lanalyse du fonctionnement psychique. Ltudedu matriel Rorschach et TAT a mis en vidence la particulire adquationde ces deux tests, compte tenu de leur structure mme, lvaluation duprocessus dadolescence. Les donnes danalyse, indpendantes de lge dusujet, gardent toute leur pertinence dans leur application avec les adolescents.

    Cet ouvrage ne se propose donc pas de reprendre lexpos des caract-ristiques du matriel et de la mthodologie projective telles quelles ontt dgages dans les travaux prcdents : matriel et mthodologie sontconsidrs comme connus, en particulier partir des ouvrages dj publissur le Rorschach et le TAT. La fiche de dpouillement du TAT qui sertde base nos analyses est issue du Nouveau Manuel du TAT paru en 2003(Brelet-Foulard, Chabert, 2003).

    Louvrage actuel sattache prsenter et illustrer les particularits dufonctionnement psychique adolescent, dans ses variations du normal aupathologique, partir de ces deux preuves utilises conjointement.

    Notre travail sappuie non seulement sur ltude de protocoles dadoles-cents consultants ou hospitaliss pour des troubles de registres divers, mais

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    2 Pratiques des preuves projectives ladolescence

    aussi sur un large corpus de protocoles dadolescents tout venant. Cet apportde la clinique du normal a permis de mettre en vidence les traductionsdans les preuves projectives des problmatiques prvalentes cet ge, et desprincipaux conflits et angoisses qui sy associent.

    Ladolescence constitue en effet une tape particulire dans le processus dedveloppement, tape riche en changements, souvent fconde. Aprs avoirt longtemps peu tudie en tant que telle, la spcificit du fonctionnementpsychique du jeune sujet confront aux modifications physiologiques dela pubert et aux alas du processus de sparation fait lobjet depuisune vingtaine dannes de lattention des psychanalystes, psychologueset psychiatres. Les connaissances apportes ce champ par les travauxpsychanalytiques, en particulier, sont considrables. Elles ont contribu approfondir la comprhension du processus dadolescence et dgag lesconsquences de ses checs en termes psychopathologiques ; elles ont permisraffinement des abords thrapeutiques.

    partir de ces travaux, sest trouve confirme limportance de cettepriode pour le devenir psychique de ladulte, importance souligne pour lapremire fois par Rousseau. Celui-ci, sensible limpact des transformationscorporelles et de la ractivation pulsionnelle sur le psychisme des adolescents,anticipant la notion de moratoire dont parlera Erikson, proposait dansmile de prolonger cette tape qui ne dure jamais assez pour lusage quelon veut en faire . Ladolescence peut tre considre en effet commeune priode de crise, un passage au cours duquel lorganisation antrieureest remise enjeu, pour aboutir sa forme dfinitive. Pour reprendre lacomparaison heureuse dEvelyne Kestemberg, cest de ce fait un tempsqui peut dboucher sur une catastrophe au sens du mathmaticienThom, cest--dire ce qui dans un ensemble complexe dlments remeten cause les liaisons pralablement tablies qui permettaient lquilibre deces lments . Sont remises en jeu des problmatiques essentielles, dansun contexte qui confronte les donnes antrieures et les nouvelles, si bienque ladolescence sert de rvlateur la qualit des assises narcissiques, desautorotismes et du systme pare-excitation, lefficacit ou la vulnrabilitdes dfenses, la stabilit de lorganisation des instances psychiques et desidentifications. Certaines pathologies graves de ladulte prennent forme audcours de cette priode, qui joue de ce fait un rle particulier dans le champpsychopathologique.

    Les caractristiques de ladolescence centrent les problmatiques ainsiractives selon trois axes organisateurs du psychisme : complexe ddipe,narcissisme, laboration de la perte dobjet, dont les remaniements et leurs

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    Introduction 3

    vicissitudes servent de support llaboration ou lchec du processusdadolescence. Nous les avons retenus comme organisateurs de cet ouvrage.

    Le Rorschach et le TAT mettent si bien lpreuve ces dimensions, chacun sa manire, que la cration de tests spcialement destins aux adolescentssavre inutile. On peut mme considrer que la mthodologie projectiveconstitue par le matriel et les mthodes psychanalytiques dinterprtationde ces deux tests offre un clairage privilgi du fonctionnement psychique ladolescence. Lintrt de leur utilisation conjointe, propose depuis 1987par Catherine Chabert (1987e), repose sur leurs caractristiques diffrencieset complmentaires : le matriel est non figuratif, articul autour dun axede symtrie au Rorschach, figuratif au TAT. La consigne propose un travailde figuration pour le premier, de mise en rcits, de secondarisation pour lesecond. Le Rorschach met lpreuve les limites dedans/dehors, rvlantles troubles identitaires, sollicitant fortement le narcissisme. Le TAT inscritessentiellement ses sollicitations dans le champ dipien. Mais lune et lautrede ces preuves sont susceptibles dveiller son tour et sa manire lesproblmatiques identitaire, narcissique, dpressive et dipienne : on obtientainsi une confrontation des rsultats obtenus, qui renforce la fiabilit delanalyse finale.

    Ladolescence entrane la remise enjeu des conflits lis ces problmatiques,permettant certains sujets daborder leur remaniement et leur laboration,amorant chez dautres un processus pathologique. Il importe de pouvoirdistinguer dans ces vicissitudes ce qui relve des variations du normal de cequi prsente des risques dvolution pathologique. Les variations du normal,chez les adolescents, sexpriment tout autrement que chez les adultes : laractivit marque, la proximit pulsionnelle, lintensit des problmatiques,les variations de niveau de fonctionnement, la manifestation dun narcissismeexacerb, qui pourraient faire croire lexistence de troubles, sont entendrecomme les signes de la sant psychique lorsquils saccompagnent dunesouplesse psychique traduisant lexistence du refoulement, la richesse, dusystme dfensif, louverture de la scne psychique. Ladolescence sinscritsous le signe du paradoxe, et lon sait que le silence des manifestationsny est pas toujours signe de sant : un processus dadolescence apparatracomme dautant moins problmatique que sy conjuguent fonctionnalitdu prconscient et moments de dysfonctionnalit. La pratique clinique arvl lenjeu des remaniements psychiques qui se jouent au cours de ceprocessus. Les traductions de ces remaniements dans les comportementsou les symptmes ne doivent tre ni pris tort pour des manifestations

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    4 Pratiques des preuves projectives ladolescence

    pathologiques ni sous-estims comme faisant partie de la crise dadoles-cence . La ncessit dintervenir sans tarder avec les adolescents en rellesouffrance a t mise en vidence par les tudes catamnestiques. Encore faut-ilchoisir le mode dintervention pertinent : dans certains cas, lhospitalisation,ventuellement le recours au traitement mdicamenteux savrent ncessairesft-ce ponctuellement ; dans dautres cas, loffre dun cadre ferme mais noncontraignant, dune coute disponible peut suffire dnouer une situationapparemment catastrophique. Dans ce moment de dcision comme dans letemps dvaluation diagnostique diffrentielle, les preuves projectives ontrang doutils privilgis.

    Il importe aussi de rechercher, en cas de fonctionnement pathologiqueavr, les signes prdictifs dune volution : les preuves projectives mettenten vidence des facteurs de changements qui permettent dargumenter lepronostic.

    Cet ouvrage, issu de notre pratique clinique et de notre expriencedenseignantes, concerne les tudiants en psychologie. Ceux-ci y verrontprendre corps, dans les productions projectives des adolescents rencontrs,les concepts thoriques sur ladolescence : ces derniers demeurent abstraitslorsquils ne sincarnent pas dans un discours. Les praticiens confirms,soucieux de formation continue, y trouveront lillustration des particularitsici voques et pourront ainsi confronter la clinique projective de ladolescent la clinique adulte et celle de lenfant. Nous avons eu le souci dillustrerles diffrents chapitres par des tudes de cas dans lesquelles variations dunormal et variantes pathologiques se donnent voir.

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    PREMIRE PARTIE

    La problmatiquedipienne1

    1. Par Michle EMMANUELLI.D

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    CHAPITRE1

    Le complexe ddipe :rappels thoriques

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    Sommaire

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    1. Le complexe ddipe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Page 9

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    2. Moment dapparition de ldipe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Page 11

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    3. Ldipe fminin . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Page 12

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    4. Langoisse de castration fminine : ses enjeux . . . . . . . . . . . . . . . . . Page 15

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    5. Aboutissement de ldipe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Page 16

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    1. Le complexe ddipe

    La spcificit du dveloppement psychosexuel de ltre humain est lie,ainsi que la montr Freud dans les Trois Essais sur la thorie de la sexualit(1905), sa temporalit : son volution se fait en deux phases scandespar la priode de latence. Entre ces deux phases sinscrit le bouleversementpubertaire qui transforme un corps sexuellement immature en un corpssexu. Les consquences de cette dimension diphasique sur la constitutiondes instances psychiques, les modalits de relations dobjet et le narcissismesont essentiels. Le complexe ddipe, qui couronne le premier temps decette volution et connat une ractivation ladolescence, constitue le pivotde cette rvolution.

    Le premier temps de lvolution psychosexuelle voit, au dcours de laphase phallique, le dploiement du complexe ddipe qui, mettant enjeula diffrence des sexes et la diffrence de gnrations, et introduisant linterdiction de linceste, occupe un rle fondamental dans la structurationde la personnalit. Dans sa forme complte telle que la dcrite Freud en1923 dans Le moi et le a ce complexe comporte un aspect positif(attachement pour le parent de sexe oppos et hostilit pour le parent demme sexe) et un aspect ngatif qui rvle lattachement homosexuel et larivalit pour le parent de sexe oppos. Cette configuration suscitant desdsirs et sentiments contradictoires est gnratrice de conflits.

    Dans la thorie freudienne, le complexe ddipe tient son rle structurantde son volution, et en particulier de son dclin qui initie lentre dans lalatence. Cest le lien avec le complexe de castration, fortement articul partir de 1914 aux travaux sur le narcissisme, qui permet dexpliquer ledclin du complexe ddipe chez le garon : sous linfluence de langoisse decastration, que cre la perception de labsence de pnis chez la fille, perceptionactualisant la menace relle ou fantasmatique lie la masturbation, le garonopre un choix narcissique. Il renonce son attachement incestueux quisubit un refoulement. Le moi, partir de lintrojection de lautorit parentaleet de ses interdits, en utilisant les forces du a, forme le noyau du surmoi.Aboutissant lvolution du moi. linstauration du surmoi et de lidal dumoi, le complexe ddipe participe donc du remaniement topique. Unetelle maturation, pour tre russie, repose sur ladhsion au principe deralit qui lemporte sur le principe de plaisir ; elle suppose laboutissementdun processus de diffrenciation qui permet dintgrer, dans cette tape,

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    la triangulation objectale. Elle met en jeu narcissisme et lien objectal. Lenarcissisme de lenfant est impliqu doublement dans ce processus : par lesymbolisme phallique de la castration, qui concerne lintgrit narcissique ;par la confrontation la disparit entre limmaturit fonctionnelle delenfant et les capacits accomplies de ladulte. Dans un registre objectal,le renoncement lamour incestueux permet lenfant de sauvegarder lesliens de tendresse ses objets. Le travail psychique qui aboutit au dclin deldipe repose donc sur une srie de ngociations qui permettent de garder condition de pouvoir renoncer : ce processus qui engage des pertes et desgains ractive llaboration de la position dpressive et remet en jeu les assisesnarcissiques. Les identifications aux parents appartiennent cette transaction,et aboutissent linstauration des instances surmoi/idal du moi, Prenantla suite des identifications secondaires issues des investissements dobjets,le surmoi, selon Freud, peut tre considr comme un cas didentificationrussie linstance parentale.

    Cest sur cette thorisation que sappuient les rflexions psychanalytiquesqui portent sur le dveloppement normal et pathologique de lenfant et sur lesremaniements de ladolescence. Or, tout en apparaissant encore aujourdhuicomme le point fondamental de lorganisation psychique, le complexeddipe dcrit par Freud comporte des lacunes, des points aveugles, quiont suscit discussions, controverses passionnes, et propositions thoriquesqui varient selon les auteurs. De Melanie Klein et Ernest Jones, pour neciter queux parmi les contemporains de Freud, aux psychanalystes actuels,nombreux sont ceux qui sont revenus sur certains aspects de la thoriepropose par Freud. Certains, comme Roiphe et Galenson, sappuient cet effet sur lobservation prolonge de jeunes enfants (1987). Les travauxportant sur ce sujet, tout en discutant les points litigieux, confirmentlimportance de la dcouverte freudienne. Jones va mme jusqu se dire,dans ce dbat, plus royaliste que le roi . Il est vrai que laffirmation deFreud : La relation fatale de la simultanit entre lamour pour un desparents et la haine contre lautre, considr comme rival, ne se produitque pour lenfant masculin branle les tenants de sa thorie. Lenjeu estimportant : rien moins, souligne Jacques Andr, que la remise en questionde luniversalit du complexe ddipe comme noyau des nvroses, tantdonn que celles-ci ne sont pas pargnes la femme (Andr, 1994). Cenest pas ici le lieu de prsenter une synthse des crits de diffrents auteurs,mais il nous semble important de prciser notre position sur quelques pointsthoriques qui font lobjet de dsaccords, ce qui entrane un flottement dusens mme de certains termes.

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    La problmatique dipienne 11

    Les divergences qui nous intressent portent essentiellement sur le momentdapparition du complexe ldipe, sur la vaste question de ldipe fminin,et sur celle de lexistence de langoisse de castration chez la fille. Les troisquestions sont troitement lies. Les thories les plus novatrices sont cellesde Melanie Klein : elles ont permis de reconsidrer ces trois aspects de tellemanire que, par la suite, nombre dauteurs non kleiniens ont intgr sonpoint de vue aux laborations de Freud essentiellement celles qui portentsur langoisse et sur la bisexualit pour dboucher sur une thorisationmieux mme dapprhender les donnes de la clinique et en particulierdes traitements psychanalytiques denfants.

    2. Moment dapparition de ldipe

    partir de lanalyse des jeunes enfants, Melanie Klein a propos une concep-tion du dveloppement prcoce en tenues de positions schizo-paranode etdpressive. La dfinition mme de la position dpressive, qui postule la priseen compte de la mre comme un objet total et la diffrenciation entre mreet objet non-mre, implique la mise en place dune triangulation servant depoint de dpart lorganisation du complexe ddipe. Ce point de vue at corrobor par le travail de psychanalystes denfants, tels que Diatkine etSimon (1972). Ces auteurs ont montr quaussi prcocement que soit misen place un traitement psychanalytique denfant, il existe une organisationdipienne lmentaire ancre sur une triangulation. Ceci permet dattribuer la bisexualit psychique une origine plus prcoce que ne le supposait Freud.

    De son ct, Le Guen (1982, p. 93) propose la thorie dun dipeoriginaire qui permet de se dgager des apories de la thorie freudienne touten maintenant ldipe sa valeur de processus unificateur de la psych.Il considre comme modle originaire du complexe ddipe la situation,voque par Freud dans Inhibition, Symptme, Angoisse (1926), de langoissedu nourrisson confront la vue de ltranger. Le pre, ce non-mre ,vient signifier la perte de la mre et reprsenter celui qui la provoque : ledestructeur, le dvorateur. Le complexe de castration sorganise, dans cetteoptique, partir de la peur de perdre la mre entendue ici comme partiede soi, comme quelque chose que lon peut sparer de son corps , etlangoisse de castration se rattache la menace profre par un tiers. Surcette organisation initiale qui passe par une triangulation lorsque lenfant,

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    12 Le complexe ddipe : rappels thoriques

    dans le jeu de la bobine, sidentifie au pre pour matriser labsence de lamre, sinstaurera ldipe secondaire.

    Ces points de vue permettent de considrer autrement les questions ducomplexe ddipe et de langoisse de castration fminins.

    La description freudienne voque en dbut de chapitre, description quia valeur de gnralisation ds que lon parle ddipe, ne concerne que legaron. La diffrence entre filles et garons sur ce point, explicite partirde 1925 par Freud, repose sur la thorie du monisme sexuel qui modifie,selon lappartenance sexuelle, les implications du complexe de castration etde son impact. Fille et garon, la phase phallique, croiraient tous deux enlexistence dun seul organe sexuel, que lon a - quand on est un garon - ouque lon na pas - quand on est une fille, ce qui fait de celle-ci un garonchtr. La confrontation la diffrence des sexes se lirait donc en termes dephallique/chtr, et non en termes de masculin/fminin. Dans cette optique,Langoisse de castration est le fait des seuls garons qui, ayant cet organe,le pnis, craignent de le perdre : cest le moteur du refoulement qui portesur toutes les composantes du complexe ddipe : motion hostile commemotion tendre envers chacun des parents. Le petit Hans en est lillustrationrussie. Les petits garons peuvent aussi tre pousss par langoisse decastration se dgager dune situation dipienne inverse : cest le cas dufutur Homme aux loups . Les particularits de son attachement uneposition passive expliquent toutefois les dfauts dlaboration du complexeddipe chez lui, dj nots par Freud.

    3. Ldipe fmininLa fille, dans cette optique, na rien, le sait, et veut avoir ce qua le garon. Aulieu de langoisse de castration - non justifie, car elle na rien perdre elleconnat uniquement lenvie du pnis. Sans cette angoisse pour initier, par lerefoulement et le renoncement ses dsirs dipiens, le dclin de ldipe,elle entame un processus qui la lie au pre, dont elle espre un enfant commesubstitut du pnis dsir. moins que lissue du complexe de castration nesoit pour elle trouve dans le dni ou le complexe de masculinit. Quantaux relations la mre, elles sont marques par lhostilit, la dception etla rancur. Le complexe ddipe souvre pour la fille lorsquil se fermepour le garon, et lissue positive qui aboutit la constitution dune instancesurmoque prenant la place des interdits parentaux na pas pour elle la mme

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    La problmatique dipienne 13

    fonctionnalit que pour lui. La fille acceptant la castration comme un faitaccompli, avec la mise hors circuit de langoisse de castration tombe aussiun puissant motif pour ldification du surmoi (Freud, 1923b, p. 33). Dece constat dcoulent une blessure narcissique et un sentiment dinfriorit.

    la suite dchanges avec des collgues et de controverses, Freud remanieson point de vue sur certains aspects : dans un texte de 1931, De la sexualitfminine , il insiste sur la complexit de lvolution fminine. Lattachementpremier la mre le frappe prsent par son intensit et sa dure : la phasede lien exclusif la mre, qui peut tre nomme pr-dipienne, revendiqueainsi chez la femme une importance bien plus grande que celle qui lui revientchez lhomme (p. 141). Cest langoisse de perdre lamour de lobjet qui,chez la fille, correspond langoisse de castration chez le garon.

    Certains textes de Freud viennent deux-mmes contredire ses proprespositions thoriques. Dans Un enfant est battu , comme le souligneMenahem (1997, p. 26), Freud voque une sexualit infantile proprementfminine, o laspiration libidinale de la petite fille accompagne unpressentiment des buts sexuels et une excitation des organes gnitaux ;il met aussi en scne le pre dipien de la petite fille. Andr fait remarquer propos du mme texte que ce pre, sducteur par ses fantasmes inconscients,contribue faire exister pour la fille le vagin, sa reprsentation et sonexcitation.

    Lide dune mconnaissance du vagin par la fille comme par le garon,qui sert de support la thorie du monisme phallique, fait partie despoints fortement contests. Josine Miiller affirme ds 1925 lexistencedun investissement prcoce du vagin, li des expriences masturbatoires.Melanie Klein dcrit chez la fille un investissement gnital prcoce en troiterelation avec loralit, bouche et vagin partageant le mme but : recevoir.Un refoulement intervenant trs tt explique la mconnaissance dont levagin fait lobjet par la suite.

    Plus rcemment, Roiphe et Galenson (1987) ont mis en videncelexistence dune phase gnitale prcoce, entre 15 et 19 mois, chez lesenfants des deux sexes. Durant cette priode, o les enfants acquirentune connaissance prcise de leurs organes gnitaux, se dveloppe unsens discernable de lidentit sexuelle. Les observations de ces auteursmontrent lexistence de ractions de castration vives dans les deux sexes,avec une diffrence nette entre garons et filles : les premiers tentent denier la diffrence anatomique ; les secondes la reconnaissent, y ragissentpar des mouvements dirritation ou de dpression, et laccroissement delambivalence envers la mre ; elles se tournent alors vers le pre. Les ractions

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    de castration prcoce chez les filles vont de pair avec la recrudescence despeurs de perte dobjet et de dsintgration de soi.

    Colette Chiland, qui a consacr plusieurs articles la question de la thoriepsychanalytique du fminin, propose (1991) de dpasser le dbat portantsur la connaissance relle ou inconsciente du vagin, pour supposer pluttlexistence prconsciente dans les deux sexes dun schme de pntrationet dun schme de pntrabilit, se soutenant des expriences vcues auniveau des diverses zones rognes. Elle sattache (1990, p. 242) dcrireles quelques traits diffrentiels qui caractrisent lhomme et la femme, traitsopposant femellit mallit , et donnant lieu des fantasmes etdes formations dfensives dans les deux sexes tels que lenvie du pnis etlenvie de la femellit, la peur du pnis et la peur du vagin. Cest en effet la diffrence des sexes que les sujets humains sont confronts, diffrencequi les renvoie une blessure narcissique fondamentale, des angoisses et des sentiments denvie. Cette blessure saggrave de la comparaison avecladulte de mme sexe. Une telle comparaison confronte le petit garon linfriorit sexuelle par rapport au pre, et linadquation par rapport lamre, et la petite fille au constat quelle na pour linstant rien de visible au contraire des seins et du pouvoir fcondant que la mre possde et celui dune disparit entre elle et le pre qui peut susciter des angoissesdeffraction. Face une telle situation, les modes de raction varient : sicertaines petites filles organisent le fantasme quelles sont un homme chtr,ce nest pas le cas de toutes les filles.

    Quant lenvie du pnis, elle est dcrite par Freud comme par MelanieKlein, mais chacun lui donne une place diffrente dans lorganisationpsychosexuelle de la fille. Ne faut-il pas surtout lentendre comme le dsirchez la fille de voir, en plus de ce quelle a, les avantages symboliques,sociaux et affectifs lis pour elle au fait dtre un garon. Par ailleurs, lenviequont les garons de ce que Chiland propose dappeler la femellit, parle risque majeur que suscite lidentification primaire avec la mre, est plusprofondment refoule que lenvie du pnis, mais elle existe quand mme :lanalyse du petit Hans en rend compte. Il sagit l aussi dune envie davoir en plus et non la place .

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    4. Langoisse de castration fminine : ses enjeux

    Le complexe ddipe tire sa force et son impact du complexe de castrationquil inclut. Dans cette organisation, un des points essentiels repose surlangoisse et le travail psychique qui laccompagne. La question : Existe-t-ilune angoisse de castration fminine ? a reu et reoit encore aujourdhui desrponses contradictoires. Or lenjeu nest pas des moindres : sans angoissede castration, pas de vritable motif de se dgager de ldipe, pas deconstitution dun surmoi solide, pas de vritable organisation nvrotique.Pas non plus de capacits vritables de sublimation. Lenjeu se dplace eneffet chez certains auteurs : Jacques Andr admet, en suivant les travaux deMelanie Klein, lexistence dangoisses fminines spcifiques en relation avecldipe. Mais il prfre ne pas les inclure dans les angoisses de castration dufait de leurs moindres vertus symbolisatrices. Or, de ce constat , dcouleune conclusion qui lie angoisse de castration masculine et sublimation, dontla femme se voit carte, voue un approfondissement de lintriorit qui attend les femmes cratrices.

    Du fait de ces consquences en termes de crativit et de psychopathologie,il nous a sembl important de rechercher les manifestations (ou labsencede manifestations) de cette angoisse dans les protocoles de projectifsdadolescentes. Encore faut-il spcifier ce que Ton entend par angoissede castration fminine.

    Pour Melanie Klein, selon qui le surmoi fminin est plus svre que lesurmoi du garon, langoisse intense de la fille concernant sa fminit joueun rle analogue langoisse de castration du garon pour la rpressiondes tendances dipienne. Cette angoisse est lie aux fantasmes agressifsdirigs contre le corps maternel, qui entranent la crainte dune rtorsion.Par ailleurs, les dsirs dirigs vers le pre suscitent des angoisses deffraction.Si langoisse du garon au sujet dun organe visible est probablement plusaigu que celle de la fille propos dorganes qui lui sont moins familiers, onpeut supposer inversement que la dimension secrte du vagin, qui ne permetpas la fille den vrifier lintgrit, intervient pour majorer langoisse, enparticulier les craintes lies aux consquences de la masturbation.

    Nous suivons Colette Chiland (1991, p. 83) lorsquelle souligne que lafemme peut souffrir dune angoisse de castration proprement fminine,portant sur ses capacits tre aime, jouir et avoir des enfants, angoissequi suppose lacceptation et la valorisation de ses organes sexuels. DanielleQuinodoz, dans la mme optique, voque comme quivalent fminin de

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    langoisse de castration langoisse dtre ampute de ses organes fminins (1993). Cest en retournant la notion de psychosexualit, qui sappuie surle fantasme et non sur la ralit organique, quil faut comprendre ce qui sejoue pour lun et lautre sexe en termes dangoisse de castration. En effet,le phallus a une valeur symbolique : il reprsente puissance, pouvoir, etcompltude narcissique. Par le jeu des dplacements symboliques, dautresattributs peuvent prendre la mme signification.

    On peut dfinir les angoisses de castration fminines comme des angoisseslies aux dsirs dipiens, impliquant la crainte de mesures de rtorsion,donnant lieu symbolisation et permettant une transaction qui aboutit sacrifier une partie pour sauver le tout : les exemples nen manquent ni dansles cures, ni dans les protocoles de projectifs.

    5. Aboutissement de ldipeLe rle crucial de loedipe tient en outre en ce que, restructurant tout cequi existait avant lui, il cre une nouvelle organisation libidinale. CatherinePart a dcrit laboutissement russi de cette volution, dans un mode destructuration quelle considre comme la possibilit volutive la plus avance(Part, 1966). Elle souligne que cette organisation ne correspond pas untat acquis une fois pour toute mais une situation dquilibre mobile et enperptuel remaniement, qui rsulte du jeu de linvestissement homosexueldipien et de linvestissement htrosexuel. Cet quilibre met enjeu lesidentifications et les modalits de relation dobjets. Or crit Part toutce qui vient dranger ou perturber lquilibre que ralise lorganisationdipienne entrane la rapparition du conflit dipien (p. 55). Cest bienentendu le cas du processus dadolescence, cest pourquoi nous tudieronsles modalits dexpression de sa reprise dans les protocoles de projectifs partir de la gestion de la ractivation pulsionnelle et de langoisse decastration : on peut considrer en effet que se rejoue ladolescence, partir de la reviviscence de ldipe, le choix offert par le stade gnitalentre la rgression vers les modes classiques dorganisation nvrotiquesou psychotiques que nous connaissons bien ; et celle qui consiste longuechance, dans lart dutiliser et de combiner, en vue du plaisir, le mondedu rve (celui du pass fantasmatique) et le monde de la ralit des autres (ibid., p. 53).

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    CHAPITRE2

    La ractivationpulsionnelle ladolescence

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    Sommaire

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    1. Ractivation pulsionnelle et dliaison : apports des preuvesprojectives . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Page 21

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    2. Modalits de traitement de la ractivation pulsionnelle et du conflitdans les preuves projectives . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Page 27

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    LA pubert amorce la seconde tape de lvolution psychosexuelle,et la priode de remaniements que reprsente ladolescence voitflamber le conflit dipien. Plusieurs causes sont avances pourexpliquer la remise en jeu ladolescence du complexe ddipeet du conflit pulsionnel qui laccompagne, troitement li

    langoisse de castration. Toutes trouvent leur source dans le bouleversementphysiologique introduit par la pubert, bouleversement qui exige un travailpsychique considrable : il sagit en effet de grer lafflux des pulsionslibidinales et agressives, fantasmatiquement lies au scnario dipien, defaire face la dstabilisation dfensive quil entrane, la remise en jeudu complexe de castration, et au remaniement des relations dobjets exigpar lavnement dun corps pubre. la diffrence de ce qui se passaitprcdemment, la maturit gnitale rend actualisables les dsirs dipiens,ce qui leur donne une dimension affolante. Les transformations corporellesont de ce fait valeur dinterprtation sauvage selon lheureuse formulede Philippe Jeammet. Par l mme sinstaure une leve du refoulementdes dsirs dipiens qui explique leur ractualisation. Les transformationssexuelles de la pubert contribuent ainsi dstabiliser lorganisation dfensivede la latence.

    Cette remise enjeu intervient dans une organisation psychique djstructure par lintgration de la problmatique dipienne, ou encoremarque par des fragilits antrieures qui ont rendu difficile ou impossiblecette intgration et ses consquences. Limpact de ladolescence se marquetout particulirement ici : sous la pression pulsionnelle et la liaisonfantasmatique quelle implique, elle bouscule lorganisation antrieure etla met en situation de se rorganiser ou de se dsorganiser. La reprise duconflit dipien met enjeu les assises narcissiques, et ce qui stait autrefoismis sous le boisseau de la latence, faisant croire dans certains cas undpassement russi de ldipe, se rvle prsent dstructur. Ladolescencejoue donc le rle dun organisateur, ou dune mise lpreuve des modalitsde fonctionnement antrieures, et la sexualit est laiguillon principal decette preuve. Confront lavnement dun corps sexu ladolescent connatun gain narcissique, puisquil voit seffacer la disparit entre lui et ladulterival ; il lui faut toutefois renoncer aux fantasmes de toute-puissance quile soutenaient jusque-l, sous peine de voir les fantasmes dipiens mettreen pril sa sauvegarde narcissique. Cest par un travail dintgration de laralit et de renoncement lillusion omnipotente que passe llaborationde ldipe qui dbouche sur une organisation psychique stable. Lorsque la

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    fixation dipienne est trop intense, quelle renvoie ladolescent leffroidevant la gestion de lagressivit parricide ou des vux incestueux, sanspour autant mettre mal lacceptation de la ralit, la voie de la nvroseest ouverte. Lorsque le recours lomnipotence est une ncessit pourlutter contre les fantasmes dengloutissement, de fusion, ou dclatement,lorsquil sert la lutte identitaire, le renoncement ne pourra seffectuer, etlaccs la ralit sen trouve perturb. On peut considrer en effet avecJean-Jos Barans que, dans les volutions psychotiques le point de dpartde la crise, le dclencheur cest toujours ldipe, la charge de rupture tantdans la dimension pulsionnelle de la crise. Mais trs vite, la suite embrayesur la ligne narcissique, lquilibre narcissico-objectal et lidentit (1991,p. 42). La rupture pubertaire en effet ne peut, chez certains sujets, treassume du fait dune fragilit narcissique premire jusque-l masque parun fonctionnement psychique pauvre, rigide et souvent conformiste.

    Chez les adolescents prsentant des troubles du registre limite, ce boule-versement, gnrateur dexcitation majeure, met en dfaut le refoulement etoblige recourir des dfenses plus drastiques telles que le clivage, le dni etlidalisation. On peut considrer en effet, en suivant les travaux rcents deCatherine Chabert et de Bernard Brusset (1999) que les fonctionnementslimites sont marqus par le dfaut de refoulement des fantasmes dipiens,la place que saccorde le sujet dans la scne primitive non pas en dehorsde celle-ci, derrire la porte , mais en son sein , lexistence dun fauxdipe, marqu par la tri-bi-angulation , selon la formule de Donnet etGreen (1973). Dans cette configuration les parents sont diffrencis maisidentifis selon leur qualit bonne ou mauvaise et non selon leur identitsexue, ce qui aboutit en fait une relation duelle.

    Du fait dun prconscient insuffisamment fonctionnel, ou encore dundfaut dintriorisation des interdits, squelle dun chec du travail de lalatence, la ractivation dipienne entrane une excitation qui ne peut tresuffisamment contenue par le travail psychique. Elle fait natre chez ces sujetsune remise en cause narcissique et des angoisses intolrables, qui drivent verslangoisse de sparation et langoisse dintrusion, en rapport avec une craintedeffondrement (Winnicott, 1971) ou encore avec la peur dtre alin,soumis un objet omnipotent. Comme le souligne Andr Green, en effet,la destructivit occupe le devant de la scne chez les tats-limites, et tend dnaturer ou recouvrir la problmatique rotique. Cette destructivit, mallie du fait du dfaut de contenance de procdures dfensives htrogneset marques par la discontinuit, donne lieu langoisse de dtruire lobjetet accrot la problmatique de dpendance : La haine implique dabord,

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    ncessite ensuite, la prsence de lobjet, elle salimente de son existence (Chabert, 1999, p. 120).

    1. Ractivation pulsionnelle et dliaison :apports des preuves projectivesLa pubert apporte une modification majeure : les pulsions partielles yconnaissent un regroupement sous le primat de la zone gnitale. Ceregroupement ne seffectue pas, cependant, sans laisser les traces desinvestissements antrieurs : les preuves projectives permettent den dgagerles traces.

    Les adolescents, crit Andr Green (1971), sont des sujets qui vivent souslinfluence de la ractivation pulsionnelle pubertaire et chez qui lorganisationde la libido, selon lexpression de Freud, vole en clats . La reprise ducomplexe ddipe tient pour partie cette ractivation, et au processus dedliaison quintroduit le remaniement pubertaire. La dliaison, cest unebrusque apparition dune nergie libre tendant de faon incoercible versla dcharge (Laplanchc et Pontalis, 1967, p. 222). La priode de latencea permis lenfant de lier lnergie pulsionnelle dans des reprsentationsstables, mettant en jeu les processus secondaires. Lirruption brusque delnergie libre qui intervient au moment de la pubert avec la librationdexcitation sexuelle met en chec la fonction de liaison du moi : la dliaisonrompt les liens tablis. Elle cre entre les reprsentations abandonnes elles-mmes et les pulsions (dont la quantit parat alors saccrotre) un videqui est aussi un trop-plein, ressenti par le sujet comme une perte de lunitde son moi (Terrier, Bigeault, 1975, p. 96). Kawabata, dans un ouvrageautobiographique intitul LAdolescent, dcrit merveille laffolement dela pense sous limpact de la ractivation pulsionnelle qui fait basculer lejeune sujet, dans le mme moment, de lamour la haine, le fait sinterrogersur lui-mme sans se reconnatre, colore les relations passes partir despulsions actuelles et propose ladolescent des objets damour appartenantaux deux sexes :

    Je passais dun extrme lautre, dune haine farouche pour Oguchi un flot damour pour Kiyono, [...] Mes folles penses prenaient lallurede fantasmes qui tous me faisaient rougir. Ai-je pu regarder une seulefois un jeune et beau garon ou une belle jeune fille, sans prouver dedsir charnel ? Lorsque je regarde Takagi, Fujic, Nishikawa, quelle est la

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    nature de mes penses ? Pour Kiyono, nai-je pas dam le cur quelquedsir trouble ? (1920-1930, p. 79).

    Sous limpact de lexcitation ainsi cre, qui remet en cause lorganisationantrieure, la psych adolescente est soumise un travail de liaisonet dintgration considrables. Les preuves projectives en montrent latraduction en termes defficacit mais aussi de crativit : il sagit en effetdassurer le maintien de ladaptation la ralit par le recours des dfensespsychiques convoques pour soutenir limpact de certaines planches. Onvalue par l les registres dfensifs utiliss par ladolescent et leur validit,ce qui permet dapprocher la solidit du moi, la valeur fonctionnelle duprconscient et le jeu des instances.

    La fragilit dfensive se donne lire dans la dsorganisation de limage ducorps, de la pense et du discours, rvlatrice chez certains de leffraction deslimites du moi sous le dferlement de la pulsion : lexemple de Jean-Marie,voqu plus loin, en est une illustration, ainsi que ceux de Kamel et deSylvie, prsents dans la quatrime partie.

    Chez dautres, les limites sont constitues et assures, mais la problma-tique dipienne ractive donne voir la svrit du surmoi et sa mise endfaut ponctuelle par la pousse du fantasme ; la surexcitation provoquelinefficacit actuelle des dfenses : nous en donnons des exemples dans cechapitre avec Joseph, mile, et en vignette clinique avec Armand.

    Linhibition constitue un mode dfensif frquent, et dont ltude estdautant plus importante quelle masque des modes de fonctionnementdivers : repli ponctuel devant lexcitation, inscrit dans une problmatiquenvrotique, ou abrasement de la psych pouvant dboucher sur des volutionsgraves. Dans de telles configurations, il importe tout particulirement dereprer si limpact spcifique du pulsionnel se joue en termes de conflitdipien, traduisant lexistence dune scne psychique investie, ou en termesdattaque contre les liens et contre lintgrit corporelle, exigeant unevacuation drastique des reprsentations. Linhibition peut avoir une valeurpositive chez certains sujets, o elle joue un temps le rle que joue leprocessus de la latence. Lge entre en ligne de compte dans lvaluation :on constate que les protocoles de pradolescents sont de manire rgulireplus inhibs que ceux des sujets plus gs.

    Les adolescents pris dans un processus dont la virulence rencontre desassises fiables parviennent grer le traumatisme ainsi ractiv par le recours des dfenses relativement diverses, et defficacit variable.

    Lappel ces ressources dfensives aboutit, au-del de ladaptation aucontenu manifeste, un investissement possible ou non des processus de

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    pense. Le travail de reprsentation permis par ces derniers rend comptede la qualit du travail psychique sollicit par le processus dadolescence.Or cest ce travail psychique, passant par le dplacement, la symbolisation,la mise en reprsentation des modalits du conflit dipien, de la fragilitnarcissique et des mouvements dpressifs quil induit, qui sert de base une volution positive de ladolescence. Ses manifestations dans les preuvesprojectives ont donc une valeur prdictive importante.

    La spcificit de lpreuve mme sollicite diversement aussi bien lesmanifestations dfensives que les capacits cratives. Le Rorschach, mettantessentiellement en jeu le narcissisme, y compris par le biais des sollicitationspulsionnelles, permet une laboration psychique souvent plus aise et plusriche que le TAT. Ce dernier, trop marqu par le poids de la problmatiquedipienne pour permettre aux adolescents une prise de distance souple,induit chez les sujets normatifs des productions plus adaptatives quecratives.

    Pierre, 17 ans, est un adolescent non consultant. Face aux planchesrouges du Rorschach, il ragit dfensivement contre lexcitation en vitantlintgration du rouge, en figeant la reprsentation bilatrale de la planche II,puis donne voir dans les deux kinesthsies de la planche suivantela juxtaposition de reprsentations radicalement contrastes, signant lacoexistence des deux registres pulsionnels :

    Pl. II 6" L, a me fait penser un chien qui se reflterait sur la glace.Ben rien dautre (D noir)

    D F+ A Ban

    Pl. III 2" a me fait penser deux personnes qui dansent (ont lair davoirun mouvement).

    G K H Ban

    Ou deux dames qui sont en train de sarracher un sac. Deuxpersonnes qui tirent. Rien dautre. (Le geste, une sparation et unesorte de sac).

    G K H

    Pl. IV 1" une grenouille (les pattes, la forme). G F AOu quelquun quon verrait, peut-tre un animal parce quil a unequeue, quon verrait du bas.

    G F E A

    La figuration de cette ambivalence, qui rappelle le texte de Kawabata,constitue pour nous un signe positif de capacit de traitement des pulsions.Lexpression de lagressivit exprime planche III retentit ponctuellementsur ladaptation formelle la planche IV, rvlant limpact de la dliaisonet de langoisse de castration que suscite la reprsentation conflictuelle.Toutefois, Pierre sappuie sur une organisation dfensive efficace qui luipermet doprer une rcupration par le biais dune rponse phallique ausymbolisme adapt. On trouve dans cette squence la souplesse psychique debon aloi, malgr linvestissement dfensif, qui permet ladolescent de passerdune position identificatoire (passive, active, libidinale, agressive) lautre,

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    dune dfense lautre, et de lefficacit lchec ponctuel des dfenses :cette variation mme signe la qualit du fonctionnement prconscient ladolescence.

    Le protocole de TAT de Joseph, 13 ans 6 mois, adolescent consultantpour chec scolaire, montre le travail strile de la pense qui tentedamnager, sans pouvoir sen dtacher, la pulsion agressive. Nous citeronssa planche 8BM o les relations dobjet sont marques par lambivalence :

    Pl. 8BM On dirait une table dopration. Oui, jai limpression. Non. Peut-tre que cestquelquun qui est chirurgien et l, une espce de couteau qui doit servir ouvrir leventre. Mais a doit pas tre un endroit o on fait des oprations : pas trs hyginique,pas de blouse, pas de gants... L, y a un fusil. a parat dans une grange, ou nimportequelle pice. a aurait pu tre nimporte quel objet. Lhistoire : cest peut-trelappendice quon enlve. Sils nont pas de chance, a peut sinfecter. Ou sinon, apeut russir. Cest tout. Il peut gurir, soit avoir plus de problmes., et l, je sais pas cequil ferait [...].

    On voit ici le poids des vux parricides, ractivs par ladolescence etveills par la confrontation cette planche si suggestive. Joseph se maintientdans une adaptation au contenu manifeste qui ne se dment pas : limpact dufantasme ne perturbe pas ladaptation au rel. Par contre, la lutte entre le dsirparricide port par le a et la dfense du moi, soutenu par le surmoi, rvlelintensit de la fixation agressive colore par la rgression sadique-anale. Lesprocds rigides, fortement reprsents, traduisent laffolement des dfensesnvrotiques et leur relative inefficacit. Isolation (l y a un fusil : A3/4),annulation (a doit pas tre un endroit o on fait des oprations ; a peut tren importe quelle pice ; ou sinon a peut russir : A3/2), refoulement (l, jesais pas ce quil ferait), ne permettent pas Joseph une prise de distancepar rapport au conflit. Celui-ci se donne voir dans les alternances entreles expressions agressives et les multiples dfenses voques (A2/4), qui serptent sans permettre Joseph de se dgager du conflit.

    Avec la pubert, leffet daprs-coup d aux modifications corporellesintervient pour donner sens et impact des scnes antrieures demeuresenkystes sous leffet du refoulement. Les remaniements pubertaires mettenten dfaut leffet de ce dernier. La ractivation pulsionnelle permet queprennent sens, en raison de leur superposition avec des situations antrieures,des situations nouvelles qui demeureraient sans cela anodines. Le sentimentdtranget qui saisit parfois ladolescent et qui, pouss lextrme, lamne ne plus se reconnatre et provoque des angoisses de dpersonnalisation,provient souvent de cette apparente inadquation entre la ralit externe etleffet quelle provoque effet qui relve essentiellement de la ralit interne,de la signification latente de lvnement antrieur qui subrepticement

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    merge et imprgne de sens le second temps. Cest en effet toujours enrelation avec les fantasmes quil faut entendre limpact des changementspubertaires : pulsions sexuelles et pulsions agressives sactualisent alors dansles fantasmes incestueux et parricides, si bien que la psych adolescente estun champ de bataille tel que Diderot a pu crire :

    Si le petit sauvage tait abandonn lui-mme, quil conservt touteson imbcillit et quil runt au peu de raison de lenfant au berceau, laviolence des passions de lhomme de trente ans, il tordrait le col son preet coucherait avec sa mre. (Diderot, 1769-1773, p. 117.)

    Le Rorschach et le TAT, sollicitant corps et psych, induisant uneractivation pulsionnelle et proposant une aire transitionnelle favorable auxfantasmes, permettent dvaluer limpact de la problmatique dipiennesur la psych des adolescents. Cette problmatique sarticule avec laproblmatique narcissique, qui est galement au premier plan ladolescence :le fonctionnement des adolescents, Chabert la soulign, est inscrit sousle signe dune double contrainte narcissique et pulsionnelle (1990). LeRorschach tout particulirement, mais le TAT galement, permettent demontrer larticulation de ces problmatiques et leurs interactions, et demettre en vidence la souplesse et lefficacit des modalits dfensives quellessollicitent.

    Bien entendu, dans le travail clinique, chaque protocole est analys dans satotalit, afin den dgager la dynamique. Cest, en outre, la comparaison desdonnes obtenues aux deux preuves, qui sert de base au compte rendu final.Nous allons toutefois dgager ici les facteurs rendant compte de manirespcifique des problmatiques voques. De mme, si nous sparons lesfacteurs qui traduisent la ractivit pulsionnelle et son retentissement surles processus identificatoires de ceux qui rendent compte de langoisse decastration, il va de soi que les uns et les autres concourent lapproche destraductions de ldipe. Les exemples donns en rendent bien compte ettmoignent des modalits de traitement du conflit.

    Contrairement au TAT, traditionnellement considr, depuis les travauxde Shentoub et Debray (1970-71) comme un matriel structur par ldipe,donc particulirement apte explorer ce registre de fonctionnement, leRorschach naborde pas directement celui-ci. On peut toutefois prendreappui sur ses caractristiques et en particulier sur ltude de certaines

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    26 La ractivation pulsionnelle ladolescence

    planches privilgies1 pour rendre compte de la manire dont se joue langoissede castration et dont sont ractivs les mouvements pulsionnels, ce qui nouspermet dapprocher la problmatique dipienne.

    La planche II, de par lassociation de sa forme (blanc central considrsouvent comme un trou) et de ses couleurs (noir, blanc, rouge), sollicite uneproblmatique de manque, datteinte, qui peut veiller, au meilleur niveau,langoisse de castration. Elle autorise la centration dfensive sur la pointemdiane, qui prend alors valeur de symbole phallique.

    La planche III, tout la fois bilatrale et marque de rouge, met en jeu laproblmatique identificatoire, donnant lieu des prises de position claires,vites ou fluctuantes. La dynamique relationnelle laquelle elle renvoiepeut tre traite sur le mode libidinal et/ou agressif.

    On considre gnralement que la ractivation des mouvements pul-sionnels est particulirement attendue aux planches II et III, du fait de cescaractristiques (configuration bilatrale, apparition du rouge la planche II,maintenu la planche III).

    En ce qui concerne les identifications : bien que, par sa configurationparticulire, le Rorschach mette rgulirement en jeu la bisexualit psychique,certaines images suscitent plus particulirement des prises de position activesou passives, masculines ou fminines. Cest ainsi que les planches IV etVI sont considres comme porteuses essentiellement dun symbolismephallique, cependant que les planches VII et IX favorisent plutt lesidentifications fminines.

    Au TAT, il est difficile de choisir quelques planches car pratiquementtoutes renvoient la situation dipienne. On peut se centrer sur lesplanches 4 et 13MF, qui suggrent la liaison entre rotisme et agressivitdans les relations de couple, et les planches 8BM et 9GF, susceptibles deractiver lagressivit et la rivalit dans la relation pre/fils pour la 8BM etmre/fille pour la 9GF. Les planches 2, 5, 6BM, 6GF, 7BM et 7GF, toutesmarques par les relations dipiennes, sont prendre en compte galement.

    1. Catherine Chabert voque dans son ouvrage (Le Rorschach en clinique adulte. Interprtationpsychanalytique, Paris, Dunod, 1983) les principaux travaux concernant lanalyse du matriel etlinterprtation qui en est donne par les diffrents auteurs. Elle expose ensuite ses propositions pourlanalyse du contenu latent des planches. On pourra galement se reporter larticle suivant : ChabertC, Modalits du fonctionnement psychique des adolescents travers le Rorschach et le TAT ,Psychologie franaise, 1983, 28-2, p. 187-194.

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    2. Modalits de traitement de la ractivationpulsionnelle et du conflit dans les preuvesprojectives

    La ractivation pulsionnelle lie ldipe peut, au Rorschach comme au TAT,tre a) reprsentable, b) vite, ou c) apparatre dans son aspect dsorganisant.On ne peut parler, ladolescence, dlaboration aboutie du conflit, comptetenu de sa trop grande proximit. Cest, pour une part, par son impact en positif ou en ngatif sur les processus de pense que lon peut valuerla manire dont le jeune sujet parvient y faire face. Le travail de mise enreprsentations en constitue le meilleur niveau.

    La reprsentation du conflit rvle laccroissement du travail psychiquedestin matriser lexcitation et lier les affects qui laccompagnent.

    La reprsentation du conflit Au Rorschach

    Ce travail psychique aboutit une approche globale qui organise le percept, des kinesthsies humaines ou animales dynamiques, formellement correctes,signalant lefficacit des dfenses, et des rponses symboliques. Les motionspulsionnelles trouvent sexprimer dans des reprsentations de relationslibidinales ou agressives, alternant parfois avec des relations spculairesdestines procurer une pause, et travers des mouvements explosifs portspar des kinesthsies dobjet, qui demeurent amnageables. Le contenusymbolique de ces rponses rvle une thmatique sexuelle et/ou agressivegrable : cest le cas de rponses de type volcan en ruption , qui peuventsinscrire dans une squence symbolique.

    Les chocs aux planches dites rouges (II et III) signalent la ractivit, maisnentranent pas de sidration. Les couleurs, ces planches, peuvent treintgres aux rponses. Par ailleurs, le dplacement vers les planches pasteldu traitement libidinal ou agressif difficile assumer aux planches rougesse retrouve souvent dans les protocoles dadolescents qui parviennent seconfronter au conflit dipien. On note alors une ractivit aux planchespastel, qui se traduit par laugmentation des rponses, et saccompagne decontenus symboliques lis aux mouvements libidinaux ou agressifs.

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    Dans le registre identificatoire on relve des diffrenciations sexuellesnettes mme si elles alternent avec des vocations plus dfensives tellesque personnage - et le passage possible, selon les sollicitations desplanches voques ci-dessus, didentifications masculines des identificationsfminines et de positions actives des positions passives. Le recours ponctuel des kinesthsies narcissiques, humaines ou animales, permet de temprerla ractivit.

    Les identifications adoptent aussi des reprsentations plus dplaces, parle biais de contenus symboliques (grotte, tunnel, fleur, fuse). La coexistence,dans le mme protocole, de contenus contrasts rend compte de possibilitsidentificatoires souples.

    Jean, 15 ans 5 mois, consulte pour des difficults lies une situationfamiliale qui rend le processus dadolescence difficile pour lui : ses parentssont spars, il vit avec sa mre et sa sur. Il montre aux planches II et III duRorschach des modalits de gestion psychique de la ractivation pulsionnellequi passent par des procds varis :

    Pl. Il On dirait un lac. La rivire vient de l, a sengorge et l a repartpar l. (On voit la rivire ; trait mdian du D sup., et D infrieur).

    Dbl/D F Go

    V On dirait un lac au soleil couchant. Oui (Dbl + noir mdian +rouge).

    Dbl/D C F Go

    a me dit rien dautre, a me dit rien les taches rouges.Pl. III Ah a, on dirait deux hommes qui sont en train de... ah, qui sont

    dabord dans une drle de position. Qui sont courbs en avant etqui ont une espce de sac... (pas les taches rouges).

    G K H Ban

    Ou un seau deau et leau tombe (le seau deau, parce que lespetites taches grises qui sortent, on dirait de leau qui sort).

    D FE Obj

    Qui ont des petites chaussures. Non, cest pas des femmes, cestdes hommes.V Et l on dirait une espce dinsecte ; une espce de mantereligieuse. On dirait sa bouche, l, et ses espces de petits, demembres (les pattes et surtout la bouche. On dirait vraiment untruc qui sert couper les feuilles. D noir).

    D F + A

    On dirait une fourmi aussi ; mme deux fourmis... mais sans lesbras (surtout la tte. Le corps nest pas tellement le corps dunefourmi. Sans pattes).

    D F- A

    > Cest tout

    Il donne voir dans cette squence la mise en jeu du travail de penseau service de la gestion de lexcitation sexuelle et de langoisse de castrationractives par ces planches. Le symbolisme transparent est ici exemplaire.Planche II, il lui permet dvoquer sur le mode prconscient un scnario descne primitive tout en mettant distance limplication pulsionnelle, avantque le refoulement ninterrompe la squence associative. Les contenus (lac,rivire, soleil) font alterner les identifications masculines et fminines. la planche suivante, lisolation et les mouvements de refoulement discrets

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    La problmatique dipienne 29

    autorisent la reprise des associations sexuelles sur un mode qui demeuredfensif (en train de... dans une drle de position ; une espce de sac... ouun seau deau et leau tombe). Lorsque le matriel permet dassouplir lapression pulsionnelle, comme cest le cas aux planches pastel, on trouve unesymbolisation de lagressivit, qui reste bonne distance (planche IX : a mefait penser deux sorcires, deux sorcires qui jettent un sort, ou qui se jettent unsort chacune delle) ou de la libido (planche X : Ah, les deux taches bleues, ame fait penser un cavalier sur son cheval et qui a une torche la flamme verte).Ces rponses reposent sur des K dynamiques, de bonne qualit formelle,inscrites dans des D organises. Au plan identificatoire, Jean montre laqualit de son inscription dans le rel et de ses capacits de diffrenciation,ainsi que limportance des fantasmes de compltude bisexuelle. Le travail delintgration des positions active et passive semble chez lui en cours, maisle rveil de langoisse de castration pousse au maintien de reprsentationstoujours nanties. Les reprsentations fminines et masculines sont rarementcampes dans des rles univoques. Les images masculines et fmininessont nanties des attributs des deux sexes. La planche VII en donne uneillustration : Deux Bretonnes (les espces de coiffe) ; [...] d