This article was downloaded by: [UOV University of Oviedo]On: 06 November 2014, At: 02:36Publisher: Taylor & FrancisInforma Ltd Registered in England and Wales Registered Number: 1072954 Registeredoffice: Mortimer House, 37-41 Mortimer Street, London W1T 3JH, UK

Acta Botanica Gallica: Botany LettersPublication details, including instructions for authors andsubscription information:http://www.tandfonline.com/loi/tabg20

Premier bilan des opérationsde restauration et de gestionconservatoires des landes du Moulinelà Saint—Josse (Pas-de-Calais)Frédéric Hendoux a , Jean-Roger Wattez b , Julie-Anne Jorant c

, Bertille Valentin a , Florence Thérèse a & Vincent Santune ca Centre régional de phytosociologie/Conservatoire botaniquenational de Bailleul , hameau de Haendries, F-59270 , Bailleulb Laboratoire de botanique, Faculté de pharmacie , 1 rue desLouvels, F-80037 , Amiens Cedex 1c Conservatoire des sites naturels du Nord et du Pas-de-Calais ,152 boulevard de Paris, F-62190 , LillersPublished online: 26 Apr 2013.

To cite this article: Frédéric Hendoux , Jean-Roger Wattez , Julie-Anne Jorant , BertilleValentin , Florence Thérèse & Vincent Santune (2008) Premier bilan des opérations derestauration et de gestion conservatoires des landes du Moulinel à Saint—Josse (Pas-de-Calais),Acta Botanica Gallica: Botany Letters, 155:1, 123-132, DOI: 10.1080/12538078.2008.10516098

To link to this article: http://dx.doi.org/10.1080/12538078.2008.10516098

PLEASE SCROLL DOWN FOR ARTICLE

Taylor & Francis makes every effort to ensure the accuracy of all the information (the“Content”) contained in the publications on our platform. However, Taylor & Francis,our agents, and our licensors make no representations or warranties whatsoeveras to the accuracy, completeness, or suitability for any purpose of the Content. Anyopinions and views expressed in this publication are the opinions and views of theauthors, and are not the views of or endorsed by Taylor & Francis. The accuracy ofthe Content should not be relied upon and should be independently verified withprimary sources of information. Taylor and Francis shall not be liable for any losses,actions, claims, proceedings, demands, costs, expenses, damages, and other liabilitieswhatsoever or howsoever caused arising directly or indirectly in connection with, inrelation to or arising out of the use of the Content.

This article may be used for research, teaching, and private study purposes. Anysubstantial or systematic reproduction, redistribution, reselling, loan, sub-licensing,systematic supply, or distribution in any form to anyone is expressly forbidden. Terms& Conditions of access and use can be found at http://www.tandfonline.com/page/terms-and-conditions

Dow

nloa

ded

by [

UO

V U

nive

rsity

of

Ovi

edo]

at 0

2:36

06

Nov

embe

r 20

14

Acta Bot. Gallica, 2008, 155 (1), 123-132.

Premier bilan des opérations de restauration et de gestion conserva-toires des landes du Moulinel à Saint-Josse (Pas-de-Calais)

par Frédéric Hendoux(1) et Jean-Roger Wattez(2), avec la collaboration de Julie-AnneJorant(3), Bertille Valentin(1), Florence Thérèse(1) et Vincent Santune(3)

(1) Centre régional de phytosociologie/Conservatoire botanique national de Bailleul, hameau de

Haendries, F-59270 Bailleul

(2) Laboratoire de botanique, Faculté de pharmacie, 1 rue des Louvels, F-80037 Amiens Cedex 1

(3) Conservatoire des sites naturels du Nord et du Pas-de-Calais, 152 boulevard de Paris, F-62190

Lillers

Résumé.- Les landes du Moulinel à Saint-Josse (Pas-de-Calais, France) sontd’un grand intérêt pour la flore et la végétation du nord de la France. À la suitede l’abandon de l’exploitation traditionnelle des landes, celles-ci furent mena-cées par l’embroussaillement au début des années 1980. Le Conservatoire dessites naturels du Nord et du Pas-de-Calais (CSN), avec l’aide du Centre régio-nal de phytosociologie/Conservatoire botanique national de Bailleul(CRP/CBNBl), a pris plusieurs mesures pour aider la reconstitution des landeset de leur flore sur la base de l’histoire de la végétation et de l’étude des banquesde semences du sol. Les premiers résultats montrent la pertinence de l’étudedes banques de semences du sol pour évaluer les possibilités de restaurationde la végétation. La rapidité avec laquelle certaines populations d’espèces végé-tales et certaines phytocoenoses se reconstituent est mise en évidence. La qua-lité des résultats obtenus au bout de quelques années s’explique aussi par ladiversité des méthodes de restauration employées.

Mots clés : banque de semences du sol - étrépage - dynamique - gestion.

Abstract.- The heathlands of Moulinel (Saint-Josse, Pas-de-Calais, France)are of great interest for flora and vegetation in north of France. Following theabandonment of traditional use they were threatened by shrubs at the beginningof the 80’s. The Conservatoire des sites naturels du Nord et du Pas-de-Calais(CSN), with the help of the Centre régional de phytosociologie/ Conservatoirebotanique national de Bailleul (CRP/CBNBL), took several measures to enhan-ce heathland and its flora on the basis of vegetation history and soil seed bankstudies. First results show that soil seed bank study for evaluating vegetationcapacity of restoration is usefull. Rapidity of development and restoration forsome plant populations and some vegetations is pointed out. Quality of theresults obtained is also due to the diversity of techniques and tools used for res-toration

Key words : soil seed banks - scraping - dynamic - management.

Dow

nloa

ded

by [

UO

V U

nive

rsity

of

Ovi

edo]

at 0

2:36

06

Nov

embe

r 20

14

I. INTRODUCTION

Enclavé dans un bois privé, le communal du Moulinel est situé sur la commune de Saint-Josse (Pas-de-Calais). Il semble bien qu’après les observations initiales du botanisteDovergne, dans la première moitié du XIXe siècle (avant 1851, date de son décès), reprisespar Masclef dans son catalogue (1886), ce site a sombré dans l’oubli des botanistes jusqu’àce que J.R. Wattez le redécouvre en 1960 (Wattez, 1962 ; Wattez & Géhu, 1982). À cemoment, sur les quelques hectares du site, de précieuses communautés de landes àEricacées, tourbeuses à mésohygrophiles, se juxtaposent tandis que des végétations amphi-bies acidiphiles se maintiennent dans deux petites cuvettes creusées dans le substratcaillouteux. Plusieurs plantes rares dans le nord de la France y sont alors observées, dontcertaines se trouvent là en situation unique. Outre Erica tetralix, Juncus squarrosus, Carexbinervis, Carex echinata, on peut en effet y observer Trichophorum cespitosum subsp. ger-manicum, Hypericum elodes et surtout Rhynchospora alba et Rhynchospora fusca.

Dans les années 1975-1980, l’arrêt de l’exploitation extensive (pâturage par des che-vaux, étrépage de la terre de bruyère) jusque là maintenue sur le communal entraîne unerapide évolution de la végétation. Ulex europaeus forme rapidement des broussailles sur lapartie haute du site alors occupée par Calluna vulgaris, tandis que la partie basse, plushygrophile, se couvre de Molinia caerulea. En janvier 1985, une vague de froid très pro-noncée qui se prolongea pendant une dizaine de jours entraîna le dépérissement de nom-breux ajoncs. On aurait pu alors penser que la nature se chargerait d’assurer l’entretien dusite et que les végétations de landes se maintiendraient. Il n’en fut rien et les ajoncs furentbientôt remplacés par des gaulis de bouleaux (Betula pubescens surtout). C’est alors quele site perd peu à peu sa physionomie caractéristique de lande et plusieurs espèces végé-tales d’intérêt patrimonial régressent ou disparaissent.

Devant la perte imminente d’un patrimoine naturel unique, le Conservatoire des sitesnaturels du Nord et du Pas-de-Calais (CSN) met alors en place avec la municipalité un plande gestion et réalise les premières interventions de restauration sur la base d’une analysefine de l’historique des végétations. Nous présentons ici l’évolution récente de la végéta-tion du site du Moulinel entre le début de ces travaux et les premières années qui suivent(1996-2002).

Lors de la prise en charge de la gestion du communal du Moulinel par le CSN, la par-tie non forestière du site est occupée à 80% par de jeunes boisements de bouleaux (perchiset gaulis) et 20% par la lande mésohygrophile (Calluno vulgaris-Ericetum tetralicis(Lemée 1937) Géhu & Wattez 1975) et la lande tourbeuse (Ericetum tetralicis (All. 1922)Jonas 1932). Seuls sont visibles des faciès matures, vieillis ou dégradés, dans lesquelsMolinia caerulea représente souvent une part importante du couvert végétal, quand elle nese substitue pas totalement à la lande. Les deux dépressions centrales sont en totalité occu-pées par le Junco acutiflori-Molinietum caeruleae Tüxen & Preising 1951.

II. MÉTHODES

Avant d’entreprendre des travaux de restauration, une étude de la banque de semences dusol a été réalisée par le Centre régional de phytosociologie/Conservatoire botanique natio-nal de Bailleul (CRP/CBNBl) afin de guider si possible les choix de gestion et les tech-niques à mettre en oeuvre pour la restauration des végétations et de la flore la plusintéressante d’un point de vue patrimonial. La banque de semences du sol a été étudiée au

124

Dow

nloa

ded

by [

UO

V U

nive

rsity

of

Ovi

edo]

at 0

2:36

06

Nov

embe

r 20

14

moyen d’un protocole standardisé sur la base de travaux antérieurs initiés par V. Boullet(Valentin et al., 1998, 1999). Six placettes ont fait l’objet de quatre prélèvements d’échan-tillons de sol par carottage jusqu’à -16 cm par rapport à la surface du sol. Les carottes ontété découpées par strates de 2 cm puis mises en germination. Les plantules ont été déter-minées et comptabilisées.

III. RÉSULTATS

Globalement, les résultats obtenus ont été les suivants (Tableau I).Une quantité importante de semences a été rencontrée (moyenne de 400 000

semences/m3) mais peu diversifiée (26 taxons), dont la quantité décroît avec la profondeur(Fig. 1), les quatre premiers centimètres de sol se révélant les plus riches.

La banque de semences du sol est d’autant plus abondante et diversifiée que le sol esthumide (série de la lande tourbeuse : plus d’un million de semences au m3 ! 12 taxons enmoyenne contre 7 pour la série mésohygrophile).

La proportion de semences de certaines espèces (Calluna vulgaris, Erica tetralix,Hypericum elodes, Juncus effusus…) dans les différentes placettes reflète la série de végé-tation : Calluna vulgaris est plus abondante que Erica tetralix dans le sol des placettes dela série mésohygrophile. C’est l’inverse dans la série tourbeuse (Fig. 2).

Molinia caerulea et Juncus bulbosus sont peu abondants tandis que Calluna vulgaris,Erica tetralix et localement Juncus effusus présentent une importante banque desemences : les deux Ericacées représentent de 63 à 98% des germinations détectées ;Molinia caerulea est très discret dans la banque de semences du sol, sauf dans les placettesF (7%, 58 germinations), E (2%, 18 germinations) et D (1%, 26 germinations), c’est-à-diredans les placettes où il représente au moins 50% du couvert végétal contemporain au pré-lèvement.

La banque de semences de Hypericum elodes est très abondante dans la mare alors quela plante n’a été observée qu’épisodiquement avant les travaux de restauration (Fig. 2).

Betula cf. pubescens est présent dans toutes les placettes mais uniquement dans les pre-miers centimètres (essentiellement dans la tranche 0/-4cm).

125

Fig. 1.- Évolutiondu nombre deg e r m i n a t i o ndétectée enfonction de laprofondeur.

Fig. 1.- Evolutionof the detectedgerminat ionsnumber accor-ding to thedepth.

Dow

nloa

ded

by [

UO

V U

nive

rsity

of

Ovi

edo]

at 0

2:36

06

Nov

embe

r 20

14

126

Plus le stade dynamique de la végétation est avancé, moins les Ericacées sont abon-

dantes, la plus forte banque de semences étant observée dans les carottages effectués dans

le stade optimal de la lande.

L’étude de la banque de semences du sol a révélé 23 taxons, tandis que 47 ont étés notés

dans la végétation contemporaine des placettes. Aucun taxon absent dans la végétation

contemporaine de l’ensemble du site n’a été révélé par la banque de semences, mais cer-

tains taxons présents dans la banque de semences du sol n’étaient pas présents dans la

végétation contemporaine de la placette correspondante.

Tableau I.- Présentation succincte des résultats obtenus lors de l’étude sur la banque desemences du sol sur les différentes placettes (d’après Valentin et al., 1999). Hmax = hori-zon de germination maximale.

Table I.- Overall presentation of the outcomes of the seedbank study on different perma-nent plots (after Valentin et al., 1999).

N° de Végétation Nombre spécifique Banque de Nombre de taxons détectés Nombre de placette contemporaine de la placette semences du sol dans la banque de semences germ.

observées

- Calluna vulgaris : 63% des germ. observées (211 germinations) ; pic de germination dans l’horizon -2/-4 cm ;

B gaulis de 8 Hmax : 0/-8cm. 5 335Betula pubescens - Betula sp. : 27% (89 germ.) uniquement

dans les 4 premiers cm.- Ulex europaeus : 3% (10 germ.), principalement dans l’horizon -2/-4 cm.

Calluno vulgaris - - Calluna vulgaris : 82% (703 germ.) ; 8 dont Juncus bulbosus, C Ericetum tetralicis 15 pic à 0/-2 ; Hmax : 0/-4. non présent 860

mature (plus de 15 ans) - Erica tetralix : 16% (143 germ.) ; en surfacepic à 0/-2. Hmax : 0/-4.

Ericetum tetralicis - Erica tetralix : 90% ( germ.) ; pic à 12 dont Juncus bulbosus et faciés de dégradation -2/-4 cm ; Hmax : 0/-8 cm. Drosera rotundifolia

D à Molinia caerulea 18 - Calluna vulgaris : 6% (germ. ; pic non présents sur la 3075piqueté de bouleaux à -2/-4 cm. Hmax : 0/-6 cm. placette (3 germinations pour

chacun des taxons)

- - Juncus effusus : 42% (432 germ.) ; pic Junco acutiflori - à 0/-2cm. Hmax : 0/-6cm.

E Molinietum caeruleae 6 - Hypericum elodes : 36% (392 germ.) ; pic 9 1031dans une mare atterrie à 0/-2cm. Hmax : 0/-8cm ; présent jusqu’à

l’horizon -10/-12 cm.- Juncus bulbosus : 5% (53 germ.).

Erica tetralix : 44% (367 germ.) ; pic à -6/-8cm ; Hmax : 0/-8cm.

Moliniaie hygrophile - Calluna vulgaris : 34% (287 germ.) ; picF (cf. Junco acutiflori- 17 à -4/-6cm. Hmax : -2/-10cm. 14 835

Molinietum caeruleae) - Molinia caerulea : 7% (58 germ.) ; picà 0/-2cm/ Hamx : 0/-4cm(présence jusqu’à l’horizon -4/-6cm).

G Chênaie-charmaie 30 - Juncus effusus : 54% 9 299acidiphile - pertes : 36% des germinations !

Dow

nloa

ded

by [

UO

V U

nive

rsity

of

Ovi

edo]

at 0

2:36

06

Nov

embe

r 20

14

127

Les travaux engagés par le CSN ont consisté à réaliser des opérations de débroussailla-ge et d’arrachage des arbres et arbustes, d’étrépage à différentes profondeurs et en diffé-rents endroits du site (séries mésohygrophile et tourbeuse, mare) de façon manuelle oumécanisée. D’abord localisés et effectués avec peu de moyens (chantiers de bénévoles sansoutil motorisé), des moyens beaucoup plus conséquents ont été employés sur une grandepartie du site en 1998 et 1999. Les grosses souches et les zones de taillis denses ont en par-ticulier été arrachées au câble tracté et ont entraîné la formation de petites dépressions trèssuperficielles à l’endroit des couronnes racinaires. Lors des chantiers mécanisés, les zonesde passage étaient strictement identifiées et les engins utilisés avaient une grande portan-ce malgré un poids et une puissance importants, si bien que les sols ont très peu souffertde ces travaux ; seules de petites ornières peu profondes étaient observables dans la zonede passages répétés.

Les résultats des travaux sur la flore et la végétation tel qu’on peut en juger par lesobservations conduites de 1998 à 2002 sont présentés ci-dessous (et Tableaux II à IV).L’analyse de la végétation a été réalisée sur la base de relevés phytosociologiques sigma-tistes effectués sur 46 points permanents dispersés sur l’ensemble des zones étrépées en1999 et 2001. Afin d’exprimer quantitativement le recouvrement des différentes compo-santes de la végétation sur les placettes de suivis, les coefficients d’abondance-dominanceutilisés en phytosociologie sigmatiste ont été convertis en un indice de recouvrement selonl’échelle suivante : indice 5 pour le coefficient 5, indice 4 pour 4, 3 pour 3…, 0.5 pour +et 0.25 pour r. Des relevés complémentaires ont été effectués en 2002 sur l’ensemble dusite pour illustrer les différentes communautés végétales en présence (Tableau III).

Fig. 2.- Comparaison des proportions ensemences détectées sur les séries mésohy-grophiles et tourbeuses et sur les carottagesde la mare.

Fig. 2.- Comparison of the detected seeds pro-portions on mesohygrophile and boggyseries and on the pond soil samples.

Dow

nloa

ded

by [

UO

V U

nive

rsity

of

Ovi

edo]

at 0

2:36

06

Nov

embe

r 20

14

128

A. Restauration de la mare

Les premiers semis d’Hypericum elodes sont observés dès le printemps 1998. Un anaprès les travaux, Hypericum elodes et Juncus bulbosus présentent un recouvrement simi-laire (indice d’environ 1,5 sur les surfaces ayant fait l’objet d’un suivi), tandis que Moliniacaerulea présente l’un des recouvrements les plus importants. On constate à l’inverse l’ab-sence de Juncus effusus pourtant très présent dans la banque de semences (autantqu’Hypericum elodes). Hypericum elodes fleurit pour la première fois en 1999.Aujourd’hui la plante occupe les deux mares sur l’ensemble des zones potentiellementfavorables à l’espèce. La Molinie est contenue grâce à un arrachage spécifique, ce quidemande un entretien régulier (tous les deux à trois ans). De nombreuses sphaignes (essen-tiellement Sphagnum denticulatum) non détectées dans la banque de semences apparais-sent au bout de deux ans et constituent des petits bombements dès la troisième année.

B. Zones étrépées

D’une manière générale, on observe que plus l’étrépage est profond, plus le taux derecouvrement de la végétation au sol est faible au cours de la première année (Fig. 3). Letaux de recouvrement moyen de la végétation au sol est plus important dans la série tour-beuse que dans la série mésohygrophile (54,58% contre 46,07%). Les semis de Betula cf.pubescens sont rares même sur les placettes où il était présent en abondance. Calluna vul-garis a germé abondamment dès la première année dans tous les horizons mis à nu maisavec un optimum dans la tranche des cinq premiers centimètres ; en revanche, Erica tetra-lix n’a été détecté que dans les tranches 0/-5 et -10/-15cm la première année.

Une mortalité importante par dessèchement des jeunes callunes a été observée en 2000tandis que Erica tetralix s’est montré moins sensible, même dans les zones les plus sèches(parfois sur silex et sable presque purs !). Molinia caerulea a été observé partout à toutesles profondeurs dès la première année, avec un optimum dans la première tranche. Dès laseconde année, des interventions ciblées ont été nécessaires pour juguler son expansion.L’indice de recouvrement moyen le plus fort de la molinie a été celui observé dans la série

Fig. 3.- Évolution durecouvrement de lavégétation enannée n+1 enfonction de la pro-fondeur de l’étré-page.

Fig. 3.- Evolution ofthe vegetationcovering in yearn+1 according tothe depth of scra-ping.

Dow

nloa

ded

by [

UO

V U

nive

rsity

of

Ovi

edo]

at 0

2:36

06

Nov

embe

r 20

14

129

Tableau II.- Résultats des travaux réalisés sur la mare à Hypericum elodes à partir d’unJunco acutiflori - Molinietum caeruleae Tüxen & Preising 1951 initial.

Table II.- Outcomes of operations on Hypericum elodes.Date Travaux Événements patrimoniaux Date

Coupe et dessouchage Apparition de semis d'H. elodes au niveau des zones de 07/199802-03/1998 périphérique de bouleaux dessouchage

Arrachage manuel de touradons Apparition massive de semis d'H. elodes sur une grande été 199910/1998 et installation du suivi partie de la mare

Première floraison d'H. elodes

Extension de l'aire d'occurrence d'H. elodes

H. elodes occupe l'ensemble des zone srestaurées août 199902/1999 Curage mécanisé potentiellement favorables.

Développement du Calluno-Ericetum 2001-2002caricetosum binervis

Développement des bombements de sphaignes à 2001-2002Drosera (Rhynchosporion)

Tableau III.- Résultats des travaux réalisés sur la série tourbeuse.Table III.- Outcomes of operations on the turf serie.

Végétation initiale Date Travaux Événements patrimoniaux Date

Cf. Ericetum tetralicis 11/1996 Débroussaillement manuel de Apparition sporadique 1997-98piqueté de bouleau petits bouleaux piquetant la lande de Drosera rotundifolia

et molinie 02/1997 Complément de débroussaillement Recrue des jeunes bouleaux 2001-02

11/1998 Étrépage manuel expérimental Détection de Trichophorum cespitosum, sur moliniaie de -1 à -5 cm Rhynchospora sp. à 06/1999

01-02/1999 Compléments d'étrépage expérimental l'état de plantulesStructuration lente de l'Ericetum

Junco acutiflori- dans les parties étrépées 2002Molinietum superficiellement (< 10 cm)

Floraison des 2 Rhynchospora 07/2000Structuration du Rhynchosporetum

dans les parties étrépées 1999-2002profondément (= 10 cm)

Cf. Ericetum tetralicis Étrépage manuel expérimental Détection de semis depiqueté de bouleau 01/02/1999 à -5 cm Trichophorum cespitosum, Erica été 1998

et molinie tetralix, Calluna vulgaris, Sphagnum spp.

Détection de semis de Juncus squarrosus,

Taillis 02-03/1998 Coupe et dessouchage de Pedicularis sylvatica, Trichophorum 06/1999de bouleaux bouleaux à l'aide de câbles tractés cespitosum, Drosera rotundifolia,

Rhynchospora fusca, Sphagnum div. sp.07/2000 Fauche de la molinie02/2002 Limination des touradons de molinie

Dow

nloa

ded

by [

UO

V U

nive

rsity

of

Ovi

edo]

at 0

2:36

06

Nov

embe

r 20

14

130

Fig. 4.- Comparaison des indices derecouvrement de trois espèces végé-tales (Calluna vulgaris, Erica tetralix etMolinia caerulea) en séries tourbeuse etmésohygrophile en 1999.

Fig. 4.- Comparison of three speciescovering indices (Calluna vulgaris, Ericatetralix and Molinia caerulea) in boggyand mesohygrophile series in 1999.

Fig. 5.- Comparaison des indices derecouvrement de trois espèces végé-tales (Calluna vulgaris, Erica tetralix etMolinia caerulea) en séries tourbeuse etmésohygrophile en 2001.

Fig. 5.- Comparison of three species cove-ring indices in boggy and mesohygro-phile series in 2001.

Tableau IV.- Résultats des travaux réalisés sur la série mésohygrophile.Table IV.- Outcomes of operations on the mesohygrophilous serie.

Végétation initiale Date Travaux Événements patrimoniaux Date

08-1997 et Coupe et dessouchage par Semis de calluna très abondants sur été 1999Taillis de bouleaux 02-03/1998 arrachage de bouleaux zones dessouchées

avec molinie Expansion et développement de la molinie sur les zones débroussaillées

01/02/1999 Étrépages mécanisés Nombreuses germinations d'Éricacées superficiels (0 à - 5 cm) (Calluna dominant) été 1999

Recouvrement de 35 à 95% selon la nature du substrat (41% en moyenne)

Taillis de bouleaux Nombreuses germinations avec molinie Étrépages mécanisés profonds d'Éricacées (Calluna dominant)

(- 15 à - 20 cm) Recouvrement de 5 à 80% selon la été 1999nature du substrat (39,58% en moyenne)

(35 % entre -10 et -15 cm)

Calluno-Ericetum 07/2000 Fauche de la molinie (épis) Développement de la lande été 2002tetralicis 02/2002 Élimination manuelle Élimination du faciès graminéen

de la molinie

Dow

nloa

ded

by [

UO

V U

nive

rsity

of

Ovi

edo]

at 0

2:36

06

Nov

embe

r 20

14

131

tourbeuse ; dans cette série, Calluna vulgaris a montré un indice de recouvrement moyenidentique à celui de Erica tetralix la première année qui a suivi l’étrépage. Puis la secon-de espèce a pris le dessus en 2001.

Dans la série mésohygrophile, Calluna vulgaris a montré un indice de recouvrementmoyen très supérieur à celui de Erica tetralix dès la première année. En 2001, la différen-ce est moins sensible (dessèchement des jeunes individus) mais la callune reste la plusrecouvrante. Molinia caerulea est l’espèce dominante dans les relevés effectués dans lasérie tourbeuse dès la première année et l’est encore en 2001 (Fig. 4 et 5).

Dans la série mésohygrophile, on observe au contraire une codominance avec Callunavulgaris. Rhynchospora alba et surtout Rhynchospora fusca apparaissent en plusieursendroits dès la première année avec Juncus squarrosus, espèces jusque là présumées dis-parues du site et non détectées par l’étude des banques de semences. De même, Droserarotundifolia et Trichophorum cespitosum, peu ou pas détectés dans les carottages, appa-raissent en plusieurs endroits, y compris hors de leur zone d’occurrence initiale. Diversesespèces de sphaignes (Sphagnum palustre, S. tenellum, S. subnitens, S. subsecundum, S.capillifolium, S. papillosum et surtout S. compactum) apparaissent et forment en 2002 desbombements épais de plusieurs centimètres en certains endroits.

IV. CONCLUSION

L’étude des banques de semences du sol est d’un intérêt indéniable pour évaluer la poten-tialité de restauration d’habitats d’intérêt patrimonial, car, au moins dans le cas des zoneshumides et des landes, elle reflète la composition des végétations qui se sont succédé dansle temps sur un même lieu. Il en est de même pour certaines espèces végétales si elles sontabondantes dans leur habitat et présentent une production de semences importante qui s’in-corpore à la banque de semences du sol. L’étude de la répartition stratifiée de ces banquesde semences permet de reconstituer l’histoire de ces végétations et donc de guider les choixde gestion en matière d’étrépage par exemple. En revanche, leur emploi est inappropriépour détecter la présence éventuelle d’espèces de grand intérêt patrimonial mais présentesde façon discrète ou localisée dans leurs habitats, ainsi que pour les espèces dont la ger-mination est capricieuse ou difficile. De même, il est difficile de présager de la potentiali-té réelle de la restauration d’un type d’habitat si les conditions mésologiques qui présidentà son développement ne sont plus en place, en particulier pour les végétations hygrophilesou amphibies. C’est probablement ce qui explique le décalage entre l’abondance du stocksemencier viable de Juncus effusus dans la mare et son absence presque totale in situ aprèstravaux.

Les travaux entrepris par le CSN ont permis de restaurer un paysage et des habitatsnaturels qui avaient disparu, pour certains depuis plusieurs décennies. Les résultats de telstravaux sur le site sont spectaculaires et ont été obtenus en très peu de temps :

- réapparition du Drosero intermediae-Rhynchosporetum albae (All. & Denis 1923) All.1926 et de deux espèces caractéristiques de cette végétation en station unique dans leNord/Pas-de-Calais ;- restauration de l’Hyperico elodi–Potametum polygonifolii (All. 1921) Braun-Blanq. &Tüxen 1952 et d’une population viable d’Hypericum elodes ;- réapparition de certaines espèces des pelouses hygrophiles landicoles non observéesdepuis plusieurs années (Pedicularis sylvestris, Juncus squarrosus) ; le site a presqueretrouvé l’intégralité de la flore qui y a été signalée depuis le XIXe siècle ;

Dow

nloa

ded

by [

UO

V U

nive

rsity

of

Ovi

edo]

at 0

2:36

06

Nov

embe

r 20

14

132

- rajeunissement des écosystèmes par une réinitialisation de la dynamique de colonisa-tion de l’espace par la végétation ;- extension des superficies occupées par la lande et régression des surfaces occupées parla molinie et les végétations arbustives.

La diversité des moyens employés et la finesse des méthodes utilisées par endroits ontpermis d’obtenir une grande variété de conditions, favorables à l’expression d’une granderichesse spécifique et coenotique, mais aussi à des vitesses de recolonisation très diffé-rentes pour un même habitat (intérêt pour la faune et pour la gestion par rotation du site).La technique maintenant fréquemment employée de l’étrépage, utilisée dans ce cas à dif-férentes profondeurs, en est une illustration. L’arrachage des jeunes bouleaux à l’aide d’uncâble tracté est une méthode testée sur le site par l’Office national des forêts qui s’est révé-lée très intéressante, car elle a permis d’obtenir des surfaces dégagées de toute végétationà de faibles profondeurs sans aucune perturbation du sol, ce qu’il est impossible d’obteniravec des moyens mécaniques plus classiques. Le dessouchage de gros arbres (bouleaux) aaussi permis de créer des dépressions plus profondes favorables aux communautés amphi-bies de l’Elodo palustris-Sparganion Braun-Blanq. & Tüxen ex Oberd. 1957, duRhynchosporion albae W. Koch 1926. Les sols légèrement tassés par les engins chenillésont permis à des végétations pionnières de se développer (Drosero-Rhynchosporetum,Nardo strictae-Juncion squarrosi (Oberd. 1957) H. Passarge, 1963 et bas-marais initiauxà petits Carex des Scheuchzerio palustris-Caricetea fuscae Tüxen 1937).

Quelle que soit la technique utilisée, Molinia caerulea, facteur de banalisation des com-munautés végétales de landes, reste cependant une menace permanente qui dans certainscas s’exprime rapidement après les travaux. La persistance d’une population importante etfertile sur le site est sans aucun doute un handicap majeur, mais il est vraisemblable que labanque de semences du sol pourvoit également de façon significative à cette recolonisa-tion. Sa présence significative dans le tapis végétal de l’ensemble des espaces restaurésdoit inciter le gestionnaire à beaucoup de vigilance. Un recul plus important après ces pre-miers suivis est indispensable pour estimer la pérennité des végétations restaurées et éta-blir le cycle de rotation des étrépages nécessaires au maintien de la diversité floristique etphytocoenotique du site.

Remerciements - Nous tenons à remercier très chaleureusement Jean-Christophe Hauguel pour avoir bien vouludéterminer les nombreux échantillons de sphaignes et autres bryophytes que nous lui avons fournis.

BIBLIOGRAPHIEGéhu J.M. & J.R. Wattez, 1973.- Les landes atlantiques

relictuelles du nord de la France. Coll. Phytosoc., II,les landes, 348-359.

Masclef A., 1886.- Catalogue des plantes vasculaires dudépartement du Pas-de-Calais. Sueur & Savy, Arras.

Valentin B., B. Destiné & V. Boullet, 1998.- Étude dupatrimoine séminal des sols des pannes dunaires duMarquenterre sous conditions de germination contrô-lées. CRP/CBNBl pour le CSN de Picardie, 85 p.

Valentin B., F. Hendoux & B. Destiné, 1999.- Étude du

patrimoine séminal des sols des landes de Sorrus etde Saint-Josse dans l’optique d’une gestion conser-vatoire des sites. CRP/CBNBl pour le CSN du Nord etdu Pas-de-Calais, 47p.

Wattez J.R., 1962.- Les associations végétales du paysde Montreuil. Bull. Soc. Bot. N. Fr., 20, 1-127.

Wattez J.R. & J.M. Géhu, 1982.- Groupements amphi-bies acidoclines relictuels ou disparus du nord de laFrance. Doc. Phytosoc., VI., 263-278.

Dow

nloa

ded

by [

UO

V U

nive

rsity

of

Ovi

edo]

at 0

2:36

06

Nov

embe

r 20

14