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Paludisme asymptomatique chez la femme enceinte et transmission verticale du plasmodium au CMSC - Page i
Année académique : 2013-2014 Thèse N° :
THESEPrésentée et soutenue publiquement le 27 juin 2014pour l’obtention du Grade de Docteur en Médecine (Diplôme d’Etat)
par :DAO Nangnéré Ginette Laure
Née le 10 juin 1987 à Ouagadougou (BURKINA FASO)
Directeur de thèse : JuryPr. Jacques SIMPORE Président :
Pr GUIGUEMDE Tinga RobertCo-directeur :Dr. Virginio PIETRA Membres :
Pr. DIARRA YE/OUATTARAPr. Ag Ali OUEDRAOGODr. Virginio PIETRA
THEME:
PALUDISME ASYMPTOMATIQUE CHEZ LA FEMME ENCEINTE
ET TRANSMISSION VERTICALE DU PLASMODIUM
AU CENTRE MEDICAL SAINT CAMILLE DE OUAGADOUGOU
Première Promotion de Médecine de l’USTA 2006-2014
Ministère des Enseignements Secondaire et Supérieur
Université Saint Thomas d’Aquin (USTA)
Faculté de Médecine
BURKINA FASO
Unité– Progrès– Justice
Paludisme asymptomatique chez la femme enceinte et transmission verticale du plasmodium au CMSC - Page ii
LISTE DES RESPONSABLES
ADMINISTRATIFS ET DES ENSEIGNANTS DE
LA FACULTE DE MEDECINE DE L’USTA
Paludisme asymptomatique chez la femme enceinte et transmission verticale du plasmodium au CMSC - Page iii
LISTE DES RESPONSABLES ADMINISTRATIFS
Recteur Pr Jacques SIMPORE
Doyen Pr Rambré Moumouni OUIMINGA
Directeur des Etudes et des Stages Pr Dieudonné OUEDRAOGO
Secrétaire Général M. Pascal TOE
Directeur de Cabinet Dr Honoré OUEDRAOGO
Directeur de l’Administration et des Finances M. Henri BAYIRE
Directeur des Affaires/Académiques/Scolaires M. Bernard D. YONLI
Directeur de la Bibliothèque Centrale M François Xavier ILBOUDO
Secrétaire du Doyen Mlle Fatoumata TRAORE
Secrétaire à la Scolarité Mlle Djénéba BILGO
Paludisme asymptomatique chez la femme enceinte et transmission verticale du plasmodium au CMSC - Page iv
I- PROFESSEURS TITULAIRES
1- Robert T. GUIGUEMDE Parasitologie2- Robert B. SOUDRE Anatomie Pathologique3- Innocent Pierre GUISSOU Pharmacologie et Toxicologie4- Blaise K. SONDO Santé Publique5- Pr Fallou CISSE1 Physiologie6- Pr Amadou TOURE2 Histologie-embryologie7- Joseph Y. DRABO Médecine interne / Endocrinologie8- Jean LANKOANDE Gynécologie – Obstétrique9- Daniel P. ILBOUDO Hépatologie, Gastroentérologie10-Adama TRAORE Dermatologie – Vénéréologie11-Kampadilemba OUOBA Oto-rhino-laryngologie12-Mamadou SAWADOGO Biochimie13-Arouna OUEDRAOGO Psychiatrie14-Patrice ZABSONRE Cardiologie15-Jean B. KABORE Neurologie16-Jef VAN DEN ENDE3 Raisonnement Médical17-Ludovic KAM Pédiatrie18-Jean Didier ZONGO Génétique19-Jacques SIMPORE Génétique20-Raguilnaba OUEDRAOGO Chimie21-Rabiou CISSE Radiodiagnostic et Imagerie Médicale22-Rasmata OUEDRAOGO / TRAORE Bactériologie – Virologie23-Si Simon TRAORE Chirurgie viscérale24-Diarra YE / OUATTARA Pédiatrie25-Adama LENGANI Néphrologie26-Jean-Baptiste NIKIEMA Pharmacognosie27-Martial OUEDRAOGO Pneumo-phtisiologie28-Pr Yves TRAORE Immunologie29-Pr Franco Marchesani4 Pneumologie
1 Université CheckAnta DIOP de Dakar2 Université du MALI- Bamako3
Paludisme asymptomatique chez la femme enceinte et transmission verticale du plasmodium au CMSC - Page v
30-Olga M. GOUMBRI / LOMPO Anatomie Pathologique31-Boubacar NACRO Pédiatrie32-Alain BOUGOUMA Hépatologie, Gastroentérologie33-Athanase MILLOGO Neurologie34-Nazinigouba OUEDRAOGO Anesthésie – Réanimation35-Lassana SANGARE Bactériologie – Virologie36-Antoine Pascal NIAMBA Dermatologie – Vénéréologie37-Blandine THIEBA / BONANE Gynécologie – Obstétrique38-Joachim SANOU Anesthésie – Réanimation39-Claudine LOUGUE / SORGHO Radiodiagnostic et Imagerie Médicale40-Rasmané SEMDE Pharmacie Galénique41-Jean SAKANDE Biochimie
II- MAITRES DE CONFERENCES AGREGES
1- Théophile L. TAPSOBA Biophysique, Médecine nucléaire2- Jean Gabriel OUANGO Psychiatrie3- Abel KABRE Neurochirurgie4- Théodore OUEDRAOGO Anatmie5- Abel Y. BAMOUNI Radiodiagnostic et Imagerie Médicale6- Moussa BAMBARA Gynécologie – Obstétrique7- Fatou BARRO / TRAORE Dermatologie – Vénéréologie8- Abdel Karim SERME Hépatologie, Gastroentérologie9- Kapouni KARFO Psychiatrie10-André K. SAMANDOULOUGOU Cardiologie11-Françoise D. MILLOGO / TRAORE Gynécologie – Obstétrique12-Idrissa SANOU Bactériologie – Virologie13-Drissa SANOU Biologie Cellulaire14-Elie KABRE Biochimie15-Eléonore KAFANDO Hématologie biologique16-Oumar TRAORE Mathématique17-Séni KOUANDA5 Santé Publique18-Christophe Songahir DA Orthopédie – Traumatologie19-Barnabé ZANGO Urologie
4 PAVIE-Italie5 Maître de recherche
Paludisme asymptomatique chez la femme enceinte et transmission verticale du plasmodium au CMSC - Page vi
20-Dieudonné OUEDRAOGO Stomatologie/Chir.maxillo-faciale21-Sheick Oumar COULIBALY Parasitologie22-Roger Arsène SOMBIE Hépatologie, Gastroentérologie23-Fla KOUETA Pédiatrie24-Dieu-Donné OUEDRAOGO Rhumatologie25-Assita LAMIEN / SANOU Anatomie Pathologique26-Charlemagne OUEDRAOGO Gynécologie – Obstétrique27-Ali OUEDRAOGO Gynécologie – Obstétrique28-Adama SANOU Chirurgie générale
III- MAITRES ASSISTANTS
1- Gomtibo OUEDRAOGO Physique2- Lady Kadiatou TRAORE Parasitologie3- Seydou SOURABIE Biochimie4- Boubacar TOURE Gynécologie – Obstétrique5- Eric NACOULMA Hématologie clinique6- Vincent OUEDRAOGO Médecine du travail7- Ousséïni DIALLO Radiodiagnostic et Imagerie Médicale8- Seydou SOURABIE Biochimie9- Moussa OUEDRAOGO Pharmacologie10-Hervé TIENO Médecine interne11-Armel R. Flavien KABORE Anesthésie – Réanimation12-Gisèle BADOUM / OUEDRAOGO Pneumo – Phtisiologie13-Moustapha SEREME Oto-rhino-laryngologie14-Maurice ZIDA Chirurgie générale15-Georges OUEDRAOGO Pneumo – Phtisiologie16-Gérard COULIBALY Néphrologie17-Oumar GUIRA Médecine interne18-Nina N. KORSAGA / SOME Dermatologie – Vénérologie19-Isso OUEDRAOGO Chirurgie pédiatrique20-Solange OUEDRAOGO / YUGBARE Pédiatrie21-Yobi SAWADOGO Gynécologie – Obstétrique
Paludisme asymptomatique chez la femme enceinte et transmission verticale du plasmodium au CMSC - Page vii
IV- ASSISTANTS
1- Serge Aimé SAWADOGO Immunologie2- Fousséni DAO Pédiatrie3- Madina A. NAPON Radiodiagnostic et Imagerie Médicale4- Wélébnoaga Norbert RAMDE Médecine légale5- Abdoulaye ZAN Chirurgie générale6- Jérôme KOULIDIATI Hématologie7- Aristide Flavien KABORE Urologie8- Privat Patrice GOUMBRI Psychiatrie9- Apoline K. OUEDRAOGO / SONDO Maladies infectieuses10-Valentin N. YAMEOGO Cardiologie11-Muriel S. OUEDRAOGO / OUEDRAOGO Dermatologie – Vénérologie12-Aïssata OUEDRAOGO Pédiatrie13-Christian G. R. MILLOGO Cardiologie14-Mamadou SAVADOGO Maladies infectieuses15-Caroline YONABA / OKEN’GO N Pédiatrie16-Souleymane ZAN Gynécologie – Obstétrique17-Sibraogo KIEMTORE Gynécologie-obstétrique18-Bertrand MEDA Epidémiologie/Santé Publique19-Hermann LANOU Epidémiologie/Santé Publique20-Roger ZERBO Epidémiologie/Santé Publique21-Danielle YOUGBARE/BELEMSAGA Epidémiologie/Santé Publique22-Abel BICABA Epidémiologie/Santé Publique23-Blandine BILA/OUEDRAOGO Epidémiologie/Santé Publique24-Charles KABORE Epidémiologie/Santé Publique25-Fadima Yaya BOCOUM Epidémiologie/Santé Publique26-Hyacinthe ZAMANE Gynécologie-obstétrique27-ZébouréYacouba ZANRE Gynécologie-obstétrique28-Hyacinthe ZAMANE Gynécologie-obstétrique29-Raphaël KABORE Neurologie30-Emile OUEDRAOGO Pharmacologie31-Hervé KPODA Raisonnement Médical32-Mamoudou CISSE Raisonnement Médical/Parasitologie33-Joëlle ZABSONRE Rhumatologie
Paludisme asymptomatique chez la femme enceinte et transmission verticale du plasmodium au CMSC - Page viii
V- VACATAIRES
1- Cécile OUEDRAOGO Anglais2- François SEDOGO Sciences Sociales3- Joseph SAWADOGO Ethique et Morale4- Ismaël KONATE Economie de la Santé5- Kisito KABORE Informatique6- Simon TIENDREBEOGO Informatique médicale/Biostatistique
Paludisme asymptomatique chez la femme enceinte et transmission verticale du plasmodium au CMSC - Page ix
DEDICACES
Paludisme asymptomatique chez la femme enceinte et transmission verticale du plasmodium au CMSC - Page x
Dédicaces
A Dieu le PERE TOUT Puissant
Tu fais toutes choses belle en son temps .Que ton saint nom soit toujours béni ! Je te rends
grâce pour tout ; pour toutes les merveilles que tu as accomplis dans ma vie, pour ta
présence sans cesse renouvelée à mes côtés durant ces longues années d’étude.
Accorde –moi la grâce de te reconnaitre à travers mes malades.
Que toute la gloire te revienne !
A mes parents Tiga Pauline et Bégué DAO pour les énormes sacrifices consentis et pour nous
avoir inculqué rigueur, amour et patience de belles valeurs humaines et l’amour du travail
bien fait. Merci pour tout. Puisse ce travail vous faire honneur.
A mon oncle Sibiri SAWADOGO. Malgré la distance vous avez toujours répondu présent
quand j’avais besoin de votre aide. Puissiez-vous trouver satisfaction dans ce travail.
A mon frère Gilles Honoré et à ma sœur Gisèle Alix. Vous m’avez apporté soutient, réconfort,
amour durant ces longues années d’étude. Merci de tout cœur.
A la famille COMPAORE. Vous m’avez accueillie à bras ouvert dans votre famille durant ces
sept longues années d’étude. Nous n’oublierons jamais tout ce que vous avez fait pour moi
pour la réussite de nos études. J’espère avoir été à la hauteur de vos attentes. Trouvez dans
ce travail, toute notre reconnaissance.
A mes oncles, tantes, cousins et cousines. Merci pour votre présence effective et pour votre
affection.
A Lawago Sylvestre GO, pour ton affection particulière et ta tendresse, ta patience, ton
soutien et ta disponibilité. Merci pour les précieux apports dans la réalisation de ce travail
qui aussi le tien.
A tous mes amis pour votre soutien en tout temps.
A toutes les femmes qui ont accepté participer à l’étude.
Paludisme asymptomatique chez la femme enceinte et transmission verticale du plasmodium au CMSC - Page xi
REMERCIEMENTS
Paludisme asymptomatique chez la femme enceinte et transmission verticale du plasmodium au CMSC - Page xii
Remerciements
Ce travail a été principalement réalisé au Centre Médical Saint Camille de Ouagadougou.
Nous remercions infiniment le Pr Jacques SIMPORE, principal promoteur de cette thèse pour
la richesse de son encadrement scientifique dans l’élaboration de ce travail, pour sa
disponibilité malgré ses multiples obligations.
Nous vous sommes également très reconnaissante de nous avoir ouvert les portes du
laboratoire du Centre Médical Saint Camille et d’avoir mis à notre disposition les moyens de
recherche scientifique pour valoriser nos travaux.
Au Dr Virginio PIETRA, nous vous exprimons notre reconnaissance et notre gratitude pour
votre promptitude et votre disponibilité inconditionnelle malgré votre calendrier chargé et
pour la richesse scientifiques et apports dans l’élaboration de ce travail.
Au Dr Théodora M. ZOHONCON qui n’a ménagé aucun effort pour que ce travail soit
accompli, nous vous exprimons notre profonde gratitude.
Au Dr Annie IMA pour vos conseils et votre soutien.
Au personnel du laboratoire du Centre Médical Saint Camille de Ouagadougou pour leur
assistance technique, merci.
A toute l’équipe de la SMI et de la maternité du Centre Médical Saint Camille pour avoir
facilité le contact avec les femmes et pour la prise en charge de celles qui étaient infectées par
le plasmodium.
A tous nos maîtres de la faculté de médecine de l’Université Saint Thomas d’Aquin (USTA)
qui continuent de mettre leur énergie pour nous transmettre leurs connaissances. Merci pour la
formation.
Aux familles ROUAMBA, YOUGBARE, KABORE, DEMBELE, GO, merci pour votre
soutien et vos encouragements.
A toute notre promotion et à tous nos amis qui se font le plaisir pour nous de partager ce trajet
avec nous.
A tous ceux qui de près ou de loin ont contribué à l’élaboration e ce travail. Merci !
Paludisme asymptomatique chez la femme enceinte et transmission verticale du plasmodium au CMSC - Page xiii
A NOS MAITRES ET JUGES
Paludisme asymptomatique chez la femme enceinte et transmission verticale du plasmodium au CMSC - Page xiv
A NOS MAÎTRES ET JUGES
A notre Maître et président de jury, le Professeur GUIGUEMDE Tinga Robert.
Professeur GUIGUEMDE Tinga Robert, vous êtes :
Professeur titulaire en parasitologie
Directeur de l’INSSA/UPB
Président de l’académie nationale des sciences du Burkina
Président du conseil d’administration de l’Université de Ouagadougou (UO)
Président du comité technique national d’éradication de la dracunculose
Président de l’African Malaria Network Trust (AMANAT)
Coordinateur du réseau d’Afrique de l’ouest pour le traitement anti paludique
(ROATAP)
Président de la société africaine de parasitologie
Président de la conférence africaine des doyens et des facultés de médecine
d’expression française.
Général de l’armée burkinabé
Cher Maître,
Vous nous faites un immense honneur en acceptant de présider ce jury, malgré vos
nombreuses sollicitations. Nous vous en remercions. Nous avons eu le privilège de bénéficier
de vos enseignements théoriques et pratiques au cours de notre formation. La clarté et
l’aisance avec lesquelles vous transmettez votre savoir forcent notre admiration. Vos grandes
qualités humaines font de vous un Maître admiré de tous.
Cher Maître, veuillez recevoir l’expression de notre profonde reconnaissance.
Et que Dieu vous bénisse en abondance, vous et votre famille.
Paludisme asymptomatique chez la femme enceinte et transmission verticale du plasmodium au CMSC - Page xv
A notre Maître et Directeur de thèse, le Professeur Jacques SIMPORE.
Professeur Jacques SIMPORE, vous êtes :
Professeur titulaire de génétique et de biologie moléculaire à l’Université de
Ouagadougou (UO)
Recteur de l’Université Saint Thomas d’Aquin (USTA)
Directeur du Centre de Recherche Biomoléculaire CERBA/LABIOGENE
Coordonnateur du master de biologie moléculaire et de génétique de l’Université de
Ouagadougou
Président de l’ONG « Santé et promotion humaine »,SAPHE,
Président de la Fondation Université Saint Thomas d’Aquin (USTA)
Membre de l’académie Nationale des Sciences du Burkina Faso
Membre de l’académie Pontificale pour la Vie, Vatican
Membre du Conseil Pontifical des Opérateurs Sanitaires, Vatican
Membre du comité d’éthique et de déontologie du CAMES
Classé expert en Bioéthique dans l’observatoire mondiale d’éthique (GEObs) par
l’UNESCO
Officier de l’Ordre National.
Cher Maître,
Grand est l’honneur que vous nous avez fait en nous confiant ce sujet de thèse. Vous n’avez
ménagé aucun effort pour que ce travail soit accompli. Veuillez recevoir ici l’expression de
notre profonde gratitude, pour votre soutien moral tout au long de l’élaboration de ce travail,
et pour votre disponibilité, malgré vos multiples occupations.
Vos immenses connaissances, votre rigueur scientifique et votre amour pour la recherche
forcent notre admiration.
Nous espérons avoir été à la hauteur des espoirs que vous avez fondés en nous.
Puisse ce travail vous faire honneur.
Et que Dieu vous élève davantage et vous bénisse en abondance.
Paludisme asymptomatique chez la femme enceinte et transmission verticale du plasmodium au CMSC - Page xvi
A notre Maître et membre du jury, le Professeur Diarra YE
Professeur Diarra YE vous êtes :
Professeur titulaire de pédiatrie
Pédiatre néonatologiste
Chef de service du Centre Hospitalier Universitaire Pédiatrique Charles de Gaulle
(CHUP/CDG)
Vice-présidente de l’Université de Ouagadougou (UO)
Chargée de la recherche et de la coopération internationale
Chevalier de l’Ordre National.
Cher Maître,
Nous sommes très sensible à l’honneur que vous nous faites en acceptant de juger ce travail.
Nous avons eu le privilège de bénéficier de vos enseignements théoriques. Votre facilité à
transmettre votre savoir à vos étudiants, vos immenses connaissances, votre rigueur
scientifique, font de vous un Maître admiré et respecté de tous. Cher Maître, vous êtes un bel
exemple pour vos étudiants.
Permettez-nous de vous exprimer notre reconnaissance et nos sentiments les plus respectueux.
Puisse Dieu vous combler, vous et votre famille au-delà de vos espérances !
Paludisme asymptomatique chez la femme enceinte et transmission verticale du plasmodium au CMSC - Page xvii
A notre Maître et membre de jury, le Professeur Agrégé ALI OUEDRAOGO
Professeur Agrégé Ali OUEDRAOGO, vous êtes :
Professeur Agrégé en gynécologie-obstétrique à l’UFR/SDS de l’Université de
Ouagadougou (UO)
Ancien Interne des Hôpitaux (IDH) de Ouagadougou
Gynécologue-obstétricien au Centre Hospitalier Universitaire Yalgado Ouédraogo
(CHU/YO)
Vice-président de la Société des gynecologues obstétriciens du Burkina Faso(SOGOB)
Cher Maître,
C’est un privilège pour nous que vous ayez accepté de juger ce travail malgré vos multiples
occupations. Nous avons eu l’honneur de bénéficier de vos enseignements théoriques et
pratiques au cours de notre formation. Nous avons été agréablement marquée par votre
disponibilité, votre amabilité et votre rigueur scientifique.
Permettez-nous de vous exprimer notre profonde gratitude.
Nous prions Dieu de vous bénir en abondance, vous et votre famille. Qu’il vous protège et
vous élève davantage.
Paludisme asymptomatique chez la femme enceinte et transmission verticale du plasmodium au CMSC - Page xviii
A notre Maître et co-directeur de thèse, le Docteur Virginio PIETRA
Docteur Virginio PIETRA, vous êtes :
Médecin de santé publique
Responsable de la Prévention de la Transmission Mère Enfant du VIH/SIDA (PTME)
Responsable de la prise en charge médicale des patients VIH/SIDA adultes suivis par
le Centre Médical Saint Camille, par le Centre de Recherche Biomoléculaire « Pietro
Annigoni » (CERBA) de Ouagadougou et par l’Hôpital du District de Nanoro.
Membre de la Société Italienne de Médecine Tropicale (SIMET)
Membre de la Société Italienne de Parasitologie (SOIPA)
Cher Maître,
Nous sommes honorées d’avoir pu bénéficier de votre encadrement au cours de ce travail. La
promptitude et la dynamique avec lesquelles vous avez co-dirigé ce travail malgré votre
calendrier chargé nous ont émerveillée. Vous nous avez constamment encouragée tout au long
de l’élaboration de ce travail.
Votre simplicité, votre contact facile et surtout votre amour pour le travail bien fait forcent
notre admiration. En espérant avoir mérité les espoirs que vous avez fondés en nous, recevez
ici, cher Maître, le témoignage de notre profonde gratitude. Notre prière est que Dieu vous
fortifie davantage et continue de vous élever. Qu’il vous bénisse, vous et votre famille !
Paludisme asymptomatique chez la femme enceinte et transmission verticale du plasmodium au CMSC - Page xix
PAR DELIBERATION, LA FACULTEDE MEDECINE DE L’USTA A ARRETEQUE LES OPINIONS EMISES DANSCETTE THESE N’ENGAGENT QUE
SON AUTEUR.
Paludisme asymptomatique chez la femme enceinte et transmission verticale du plasmodium au CMSC - Page xx
LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS
Paludisme asymptomatique chez la femme enceinte et transmission verticale du plasmodium au CMSC - Page xxi
Listes des sigles et abréviation
Ac : Anticorps
ALAT : Alamine Amino-Transférase
ASAT : Aspartate Amino-Transférase
CHR : Centre HospitalierRégional
CHU : Centre HospitalierUniversitaire
CM : Centre Médical
CMA : Centre Médical avec Antenne chirurgicale
CMSC Centre Medical Saint Camille
CPN : consultations prénatales
CQ : Chloroquine
CSA : Chondroitine Sulfate A
CSPS : Centre de Santé et de Promotion Sociale
CTA : Combinaison thérapeutique à base d’artémisinine
DDT : Dichloro-Diphényltrichloroéthane
DHFR : DihydrofolateRéductase
DHPS : Dihydroptéroatesynthétase
DHPS : DihydroptéroateSynthétase
EDS : EnquêteDémographique de Santé
FS : FrottisSanguin
GE : GoutteEpaisse
GR : Globule Rouge
HA : AcideHyaluronique
Paludisme asymptomatique chez la femme enceinte et transmission verticale du plasmodium au CMSC - Page xxii
HRP2 : AntigèneHistidin Rich Protein 2
IgG : Immunoglobulines G
IgM : Immunoglobulines M
INSD : Institut National de la Statistique et de la Démographie
LDH : Lactates déshydrogénasesparasitaires
MII : Moustiquaireimprégnéed’insecticide
MILDA : Moustiquaire Imprégnée à Longue Durée d’Action
OMS : Organisation Mondiale de la Santé
PCR : Polymerase Chain Reaction
PCR : Polymerase Chain Reaction
PEV : ProgrammeElargie de Vaccination
PTME : Prévention de la Transmission Mère Enfant du VIH
QBC : Quantitative Buffy Coat ou le QBC Malaria test
RNB : Revenu National Brut
SMI : Santé Maternelle et Infantile
SONU : SoinsNéo-natauxd’Urgences
SP : Sulfadoxine- pyriméthamine
TDR : Test de Diagnostic Rapide
TNF : Tumor Necrosis Factor
TPI : TraitementPréventif Intermittent
TPI p-SP : Traitement Préventif Intermittent par Sulfadoxine-
pyriméthamine
VIH : Virus de l’Immuno-déficience Humaine
Paludisme asymptomatique chez la femme enceinte et transmission verticale du plasmodium au CMSC - Page xxiii
LISTE DES TABLEAUX ET DES FIGURES
Paludisme asymptomatique chez la femme enceinte et transmission verticale du plasmodium au CMSC - Page xxiv
Liste des tableaux
Tableau I : Critères de gravités du paludisme selon O.M.S…………………….. 26
Tableau II : Part du paludisme dans l’anémie, le petit poids de naissance et la
mortalité néonatale…………………………………………………. 30
Tableau III : Méthodes de diagnostic des infections plasmodiales………………. 37
Tableau IV : Caractéristiques sociodémographiques des femmes enceintes……... 60
Tableau V : Traitement préventif intermittent et survenue de crise de paludisme. 63
Tableau VI : Caractéristiques cliniques des nouveaux nés……………………….. 64
Tableau VII : Caractéristiques hématologiques et biochimiques chez la mère et le
nouveau-né………………………………………………………….. 65
Tableau VIII : Résultats de la parasitémie…………………………………………. 67
Tableau IX : Résultats de la parasitémie chez le nouveau-né……………………. 68
Tableau X : Résultats de la parasitémie de la transmission verticale du
paludisme asymptomatique………………………………………… 69
Tableau XI : Facteurs de risques associés à la survenue du paludisme
asymptomatiques…………………………………………………… 71
Tableau XII : Facteurs associés à la survenue du paludisme placentaire…………. 73
Tableau XIII : Facteurs associés à l’incidence du paludisme congénital…………... 75
Tableau XIV : Impact du paludisme asymptomatique et congénital sur quelques
paramètres hématologiques et biochimiques……………………….. 77
Paludisme asymptomatique chez la femme enceinte et transmission verticale du plasmodium au CMSC - Page xxv
Liste des figures
Figure 1 : Situation du paludisme dans le monde en 2010……………………... 7
Figure 2 : Position taxonomique des anophèles d’apres KNIGHT andSTONE, 1977………………………………………………………... 8
Figure 3 : Cycle du developpement du moustique……………………………… 8
Figure 4 : Transmission saisonnière du paludisme au Burkina Faso…………… 11
Figure 5 : Cycle de développement plasmodium………………………………. 16
Figure 6 : Cytoadhérence et rosetting…………………………………………... 20
Figure 7 : Cartographie du nombre de femmes enceintes vivant dans des zonesà risques du paludisme à P. falciparum en 2007…………………….. 27
Figure 8 : Conséquences du paludisme gestationnel sur le fœtus………………. 28
Figure 9 : Conséquences du paludisme pendant la grossesse : zone detransmission forte ou modérée (stable)……………………………….
31
Figure 10 : Schéma récapitulatif des anti-paludiques……………………………. 40
Figure 11 : Une goutte épaisse…………………………………………………… 57
Paludisme asymptomatique chez la femme enceinte et transmission verticale du plasmodium au CMSC - Page xxvi
TABLE DES MATIERES
Paludisme asymptomatique chez la femme enceinte et transmission verticale du plasmodium au CMSC - Page xxvii
Table des matières
Dédicaces ................................................................................................................................................................ x
Remerciements...................................................................................................................................................... xii
Table des matières............................................................................................................................................. xxvii
Introductionet énoncé du problème......................................................................................................................... 2
1. Généralités .......................................................................................................................................................... 5
1.1. Historique du paludisme .................................................................................................................................. 5
1.2. Situation du paludisme dans le monde............................................................................................................. 6
1.3. L’agent vecteur ................................................................................................................................................ 7
1.3.1 Taxonomie ..................................................................................................................................................... 7
1.3.2. Biologie et écologie de l’anophèle femelle ................................................................................................. 8
1.3.3.Transmission du paludisme............................................................................................................................ 9
1.3.4. La répartition géographique du vecteur....................................................................................................... 12
1.4. Le parasite ...................................................................................................................................................... 12
1.5. Cycle de vie du parasite ................................................................................................................................. 14
1.5.1. Cycle chez l'homme .................................................................................................................................... 14
1.5.1.1. Cycle exo-érythrocytaire .......................................................................................................................... 14
1.5.1.2. Cycle intra-érythrocytaire ........................................................................................................................ 15
1.5.2. Cycle chez l’anophèle ................................................................................................................................. 15
1.6. Physiopathologie du paludisme...................................................................................................................... 17
1.6.1. Effets sur les principaux organes ................................................................................................................ 17
1 .7. Physiopathologie du paludisme chez la femme enceinte .............................................................................. 20
1.7.1. Les problèmes immunitaires ....................................................................................................................... 21
1.7.2. Le rôle de l'infestation placentaire .............................................................................................................. 21
1.8. Manifestations cliniques................................................................................................................................. 22
1.8.1. Accès palustre de primo- invasion à P. falciparum ................................................................................... 22
1.8.2. Accès palustre à fièvre périodique ou intermittent...................................................................................... 22
1.8.3. Le paludisme grave ..................................................................................................................................... 23
1.8.4. Critères de gravité définis par l'OMS.......................................................................................................... 25
1.8.5. Autres complications................................................................................................................................... 26
1.9. Paludisme chez la femme enceinte................................................................................................................ 27
1.9.1. Cytoadhérence placentaire .......................................................................................................................... 28
1.9.2. Effets chez la mère ...................................................................................................................................... 29
1.9.3. Effets sur la santé de l’enfant ...................................................................................................................... 29
1.9.4. Paludisme asymptomatique de la femme enceinte ...................................................................................... 30
1.10.Paludisme congénital .................................................................................................................................... 31
1.11. Diagnostics du paludisme ........................................................................................................................... 32
1.11.1. Diagnostic microscopique direct par frottis sanguin (FS) et goutte épaisse (GE)..................................... 33
Paludisme asymptomatique chez la femme enceinte et transmission verticale du plasmodium au CMSC - Page xxviii
1.11.2. Détection d’antigènes plasmodiaux par les tests de diagnostic rapide (TDR) .......................................... 33
1.11.3. Le QBC Malaria test ou Quantitative Buffy Coat ..................................................................................... 34
1.11.4. Détection des acides nucléiques par les techniques d’amplification génique (PCR) ................................ 35
1.11.5. Détection des anticorps antiplasmodiaux .................................................................................................. 35
1.12. Traitement du paludisme et prophylaxie ...................................................................................................... 38
1.12.1. Traitement du paludisme........................................................................................................................... 38
1.12.1.1. Cibles plasmodiales................................................................................................................................ 38
1.12.1.2. Molécules antipaludiques....................................................................................................................... 38
1.12.1.3.Les associations d’antipaludiques ........................................................................................................... 40
1.12.1.4 Conduite pratique du traitement .............................................................................................................. 41
1.12.2. Prophylaxie ............................................................................................................................................... 43
1.12.2.1. La lutte antivectorielle............................................................................................................................ 43
1.12.2.2. Traitement préventif............................................................................................................................... 44
1.12.2.3. L’Approche vaccinale ............................................................................................................................ 45
2. Objectifs ............................................................................................................................................................ 47
2.1. Objectif général.............................................................................................................................................. 47
2.2. Objectifs spécifiques ...................................................................................................................................... 47
3. Méthodologie .................................................................................................................................................... 49
3.1. Cadre de l’étude ............................................................................................................................................. 49
3.1.1. Burkina Faso ............................................................................................................................................... 49
3.1.2. Centre Médicale Saint Camille .................................................................................................................. 51
3.2. Type et période d’étude.................................................................................................................................. 53
3.3. Population d’étude ......................................................................................................................................... 53
3.4. Critères d’inclusion ........................................................................................................................................ 54
3.5. Critères de non inclusion................................................................................................................................ 54
3.6. Variables de l’étude ....................................................................................................................................... 54
3.7. Echantillonnage.............................................................................................................................................. 55
3.7.1. Type d’échantillonnage ............................................................................................................................... 55
3.7.2. Taille de l’échantillon ................................................................................................................................. 55
3.7.3. Collecte des données ................................................................................................................................... 56
3.7.3.1. Outil de collecte ....................................................................................................................................... 56
3.7.3.2. Collecte des échantillons.......................................................................................................................... 56
3.7.4. Goutte épaisse/densité parasitaire, plus frottis et dosage colorimétrique du taux d’hémoglobine .............. 57
3.7.5. Analyse des données ................................................................................................................................... 58
3.7.6. Considérations éthiques .............................................................................................................................. 58
4. Résultats ............................................................................................................................................................ 60
4.1. Caractéristiques sociodémographiques .......................................................................................................... 60
4.2. Antécédents obstétricaux ............................................................................................................................... 60
4.3. Les consultations prénatales........................................................................................................................... 61
4.4. Prophylaxie anti-anémique............................................................................................................................. 61
4.5. Prophylaxie antipaludique utilisé au cours de la grossesse ............................................................................ 61
Paludisme asymptomatique chez la femme enceinte et transmission verticale du plasmodium au CMSC - Page xxix
4.5.1. Utilisation de moustiquaire ......................................................................................................................... 61
4.5.2. Utilisation d’autres moyens de lutte anti-vectorielle au cours de la grossesse ........................................... 61
4.5.3. Utilisation du traitement préventif intermittent (TPI) par Sulfadoxine-Pyriméthamine (SP) ..................... 62
4.6. Antécédents de crises de paludisme au cours de la grossesse ........................................................................ 62
4.6.1. Traitement préventif intermittent et survenue de crises de paludisme au cours de la grossesse ................. 62
4.7. Caractéristiques cliniques des nouveaux nés.................................................................................................. 63
4.8. Caractéristiques hématologiques et biochimiques chez la femme enceinte et le nouveau-né ........................ 64
4 .9. Prévalence du paludisme asymptomatique chez la femme enceinte ............................................................. 66
4.10. Prévalence du paludisme placentaire ........................................................................................................... 66
4.11. Incidence du paludisme congénital .............................................................................................................. 68
4.12. Taux de transmission verticale du paludisme asymptomatique .................................................................. 68
4.12.1.Facteurs de risques associés à la survenue du paludisme asymptomatiques .............................................. 69
4.12.2. Facteurs associés à la survenue du paludisme placentaire ........................................................................ 71
5. Discussion ......................................................................................................................................................... 79
5.1 Limites de l’étude........................................................................................................................................... 79
5.2. Caractéristiques des femmes enceintes de l’étude.......................................................................................... 79
5.3. Prévalence du paludisme asymptomatique chez les femmes enceintes.......................................................... 80
5.3.1 Facteurs associés à la survenue du paludisme asymptomatique................................................................... 82
5.4. La prévalence du paludisme placentaire ........................................................................................................ 83
5.5. Incidence du paludisme congénital ................................................................................................................ 85
5.6. Impact du paludisme asymptomatique de la femme enceinte et du paludisme congénital sur quelquesparamètres biologiques ......................................................................................................................................... 87
6. Conclusion ........................................................................................................................................................ 90
7. Suggestions ....................................................................................................................................................... 92
8. Référence .......................................................................................................................................................... 95
9. Annexes........................................................................................................................................................... 104
Paludisme asymptomatique chez la femme enceinte et transmission verticale du plasmodium au CMSC - Page 1
INTRODUCTION ET ENONCE DUPROBLEME
Paludisme asymptomatique chez la femme enceinte et transmission verticale du plasmodium au CMSC - Page 2
Introduction et énoncé du problème
L’infection palustre constitue un problème majeur de santé publique dans le monde. Avec
environ trois (3) milliards de personnes exposées à travers le monde, soit près de la moitié
de la population mondial, le paludisme demeure la première maladie parasitaire mondiale.
(OMS, 2013). En effet il fait partie, avec le SIDA et la tuberculose, des affections les plus
meurtrières et les plus préoccupantes du monde (Lega, 2009). Selon les dernières estimations
de Décembre 2013, il a été enregistré en 2012, deux cent sept millions (207.000.000) de cas
de paludisme qui ont causé six cent vingt-sept mille (627 000) décès dans le monde (0MS
2013).
Mais c’est en Afrique, au sud du Sahara, que le fardeau du paludisme demeure le plus
important (EDS, 2010). En effet 80 % des cas sont enregistrés en Afrique subsaharienne. Au
Burkina Faso, le paludisme constitue la première cause de consultation (48 %),
d’hospitalisation (63 %) et de mortalité (55 %) dans les formations sanitaires (EDS, 2010).
Mais, vu la faible fréquentation des services de santé ces chiffres ne sont que la partie visible
de l’iceberg.
Les femmes enceintes et les enfants de moins de 5 ans paient chaque année le plus lourd
tribut à cette maladie. En effet les infections palustres au cours de la grossesse entrainent la
mort de 200 000 nouveau-nés chaque année. (Hartman et al., 2010).L'infection palustre
pendant la grossesse comporte des risques substantiels pour la mère, le fœtus puis le nouveau-
né. Les symptômes et les complications liés au paludisme pendant la grossesse varient en
fonction de l'intensité de la transmission paludique dans une zone géographique donnée, ainsi
que du niveau individuel d'immunité acquise. (OMS, 2013).
Ainsi dans les zones de forte transmission comme le Burkina Faso, où les niveaux d'immunité
acquise ont tendance à être élevés, l'infection palustre est habituellement asymptomatique
pendant la grossesse. Elle est de ce fait négligée et non traitée avec une sous-estimation de
la transmission verticale. Cela au grand détriment de la mère et de son fœtus car les
plasmodies peuvent être présents dans le placenta et contribuer à une anémie maternelle
même en l'absence d'une parasitémie périphérique avérée.
Une anémie maternelle, et/ou une parasitémie placentaire, peut être responsable d'un faible
poids de naissance qui constitue un facteur important dans la mortalité infantile (OMS,
2013).
Paludisme asymptomatique chez la femme enceinte et transmission verticale du plasmodium au CMSC - Page 3
Il nous a donc paru important de diagnostiquer le paludisme asymptomatique chez les
femmes enceintes, de déterminer sa prévalence, d’évaluer l’impact sur le nouveau-né, afin
d’effectuer un diagnostic précoce de paludisme congénitale pour une prise en charge
médicale efficace.
Paludisme asymptomatique chez la femme enceinte et transmission verticale du plasmodium au CMSC - Page 4
1. GENERALITES
Paludisme asymptomatique chez la femme enceinte et transmission verticale du plasmodium au CMSC - Page 5
1. Généralités
1.1. Historique du paludisme
Le mot paludisme provient du latin paludis, qui signifie marais. Il est aussi appelé malaria
de l'italien « mal'aria », dont la signification est mauvais air, terme utilisé par les
anglophones. Il était jadis associé à des fièvres intermittentes des terres humides ou
inondées et des régions où l'air est vicié.
Le paludisme est connu depuis la nuit des temps. Depuis toujours, les hommes en ont souffert
et en sont morts. En effet des fièvres mortelles dont probablement le paludisme a été rapporté
depuis les premiers écrits tels que papyrus Ebers rédigé à Louxor en 1500 avant J-C.Les
médecins Indiens Charaka et Sushruta au Ve siècle av. J.-C. en font une description et lui
associent, déjà, la piqûre de moustique.
Les symptômes de fièvre intermittente ont été décrits par Hippocrate ; il lie ces fièvres à
certaines conditions climatiques et environnementales, et les divise en trois types :
febristertiana, quartana, et quotidiana ou continua. Vers 186 avant J.-C. apparaît, dans
certaines régions de Chine, l'utilisation, en tisane, du qinghao su appelé plus tard
artémisinine en Occident et extrait d'une plante médicinale : qinghao utilisée pour ses vertus
fébrifuges .L'ère thérapeutique du paludisme débute réellement en 1630 avec la découverte
par don Francisco Lopez des vertus curatives de l'écorce du quinquina, dont les chimistes
français J. Pelletier et J. Caventou devaient isoler la quinine près de deux siècles plus tard.
Jusqu'à ce jour, la quinine reste un médicament très efficace contre la maladie.
En 1880 l’agent de la maladie est mis en évidence au sein de globules rouges par un médecin
militaire français, Alphonse Laveran à Constantine. Les modalités de transmission du
parasite par les anophèles sont d'abord proposées par lui, puis démontrées par le Britannique
Ronald Ross 1895.Celui-ci poursuivit ses recherches et met en évidence le cycle biologique
du parasite, lequel implique des stades importants chez les humains et chez les moustiques.
En 1886, le docteur italien Camillo Golgi a conclu qu'il existait au moins deux variantes de la
maladie, avec différentes types de fièvre. Il a également établit un lien entre la fièvre et la
présence de parasites dans le courant sanguin.
Bien que Laveran pense que la malaria était provoquée par un parasite, des chercheurs ont
rapidement découvert qu'il existait en réalité quatre parasites différents. En 1890, les
chercheurs italiens Giovanni Batista Grass et Raimondo Filetti ont différencié le parasite en
deux espèces qu'ils appelèrent Plasmodium vivax et P. malariae. En 1897, le chercheur
Paludisme asymptomatique chez la femme enceinte et transmission verticale du plasmodium au CMSC - Page 6
américain William H. Welch a découvert une troisième espèce : P. falciparum. Puis en 1922,
le scientifique britannique John William Watson Stephens a découvert un quatrième parasite :
P. ovale.
Une fois les causes de la malaria établies, les efforts pour contrôler la maladie commencèrent
sérieusement. La lutte contre le vecteur devenait possible grâce à la découverte des
insecticides à action rémanente qui permirent l’éradication de l’affection dans des régions
d’Europe encore atteintes, et dans certaines îles. Les résistances devaient apparaître
rapidement, ruinant les espérances d’éradication du paludisme (Malvy et al., 2000).
L'Organisation mondiale de la santé n'a encore obtenu que des résultats non décisifs. Le
vaccin du Colombien Patarroyo, testé en Tanzanie sur près de six cents enfants en 1993, n'a
pu immuniser que 30%. Des efforts restent donc à faire pour l’éradication de cette maladie.
1.2. Situation du paludisme dans le monde
Le paludisme sévit dans plus de 100 pays tropicaux et subtropicaux notamment en Afrique
subsaharienne, en Asie, dans le Pacifique, en Amérique latine (Figure 1). Les estimations font
état de 207 millions d’épisodes de paludisme en 2012, avec un large intervalle d’incertitude
allant de 135 à 287 millions de cas (OMS, 2013). Près de 81 %, soit 174 millions de cas
(entre 113 et 239 millions), ont eu lieu dans la région Afrique et 13 % dans la région Asie du
Sud-Est (OMS, 2011). En 2012, les décès associés au paludisme sont estimés à 627 000 avec
intervalle d’incertitude 473 000-789 000 (OMS, 2013), dont 91 % (soit 596 000 dans un
intervalle compris entre 468 000 et 837 000) dans la région Afrique.
À l’échelle mondiale, 86 % des décès imputables paludisme ont concerné des enfants de
moins de 5 ans. En effet chaque minute un enfant meurt du paludisme en Afrique. (OMS,
2013). Parmi les nouvelles tendances, une baisse (45%) de la charge de morbidité palustre a
été observée au niveau mondial et au niveau de la région africaine de l’OMS (49%) par
rapport à 2000. Le taux de mortalité des enfants a également diminué de 54% toujours par
rapport à 2000. Les pourcentages de réduction les plus importants ont été enregistrés dans les
régions Europe (99,5 %), Amérique (60 %) et Pacifique occidental (38 %). (OMS, 2013).
Cette réduction de l’incidence du paludisme dans le monde ne doit pas faire oublier la
fragilité des acquis de la lutte antipaludique et la nécessité de maintenir les programmes de
lutte même si le nombre de cas a sensiblement reculé.
Paludisme asymptomatique chez la femme enceinte et transmission verticale du plasmodium au CMSC - Page 7
Figure 1 : Situation du paludisme dans le monde en 2010.
Source: World Health Organization Map Production, 2012
1.3. L’agent vecteur
Les anophèles sont les seuls moustiques capables d'assurer la transmission du paludisme à
l'homme. Environ 450 espèces d'anophèles sont connues dans le monde mais seules quatre-
vingt sont impliquées dans la transmission du paludisme.
1.3.1 Taxonomie
La taxonomie des moustiques se definit de la facon suivante :
Embranchement des Arthropodes ; sous embranchement : Antenate ; Classe des
Insectes ;sous-classe des Pterygota ; Famille des Culicidae ; sous famille : Anophelinae,
culicinae ; genre : Anophèle, Culex, Aedes ; espèces : Gambiae, Univittatus,Albopicctus.
Le genre Anophèles comprend environ 484 espèces, dont une soixantaine constitue des
vecteurs. (Carneval et Robert, 2009).
Paludisme asymptomatique chez la femme enceinte et transmission verticale du plasmodium au CMSC - Page 8
Figure 2 : Position taxonomique des anophèles d’apres KNIGHT and STONE, 1977.
Source:(Carneval et Robert, 2009).
1.3.2. Biologie et écologie de l’anophèle femelle
Le cycle de l’anophèle, comme chez tous les insectes diptères comprends trois
périodes (figure 3) : la larve qui constitue la période de croissance ; la nymphe et une phase
aérienne et l’adulte qui constitue la période de reproduction sans croissance .
Figure 3 : Cycle du developpement du moustique.
Source : Insect ecran. Le moustique Aedes.www.insectecran.com. Consultée le 24 mars 2014
Paludisme asymptomatique chez la femme enceinte et transmission verticale du plasmodium au CMSC - Page 9
L’anophèle femelle a besoin de prendre des repas sanguins pour la maturation des œufs. Elle
a une espérance de vie de 3 à 12 semaines, et reste près de son lieu de naissance (moins de
300 m). Elle pique essentiellement la nuit entre le coucher et le lever du soleil, vit dans ou
hors des maisons (endophile / exophile).
La longue durée de vie et la forte préférence pour l'homme des espèces africaines des
vecteurs, en particulier d'anophèle gambiae, le vecteur africain du paludisme, expliquent que
plus de 90% des décès par paludisme surviennent en Afrique sub-saharienne.(Aubry P ,
2012).
1.3.3.Transmission du paludisme
Elle nécessite des conditions climatiques, telles que le régime des précipitations, la
température et l'humidité .
La température doit etre supérieure à 18°C pour P. falciparum et supérieure à 16° pour P.
vivax avec une altitude inférieur à 1500 m en Afrique (Aubry , 2012).
D’où la notion de stabilité du paludisme.
Ainsi on distingue trois types de zones de paludisme :
- stable avec une transmissions intenses et quasi permanente,
- intermédiaire avec une transmission à recrudescence saisonnière et
- instable avec une transmission faible et épisodique.
Les zones de paludisme stable comportent deux faciès :
-faciès équatorial : forêts et savanes post-forestières d’Afrique centrale. Transmission intense
(taux de piqûres infestantes pouvant atteindre mille par habitant et par année) et permanente.
La morbidité s’étale sur toute l’année. La prémunition apparaît vers l’âge de 5ans. Avant
5ans, 30 à 50 % des fièvres sont imputables au paludisme ; c’est dans cette tranche d’âge que
se voient les formes graves.
-faciès tropical : savanes humides d’Afrique de l’Ouest et de l’Est. Transmission moins
intense (taux de piqûres infestantes de 100 à 400 par habitant et par année) à recrudescence
saisonnière longue (6 à 8 mois). La morbidité est plus importante en saison des pluies
(environ 80 % des cas de fièvre chez l’enfant). La prémunition apparaît vers l’âge de 10ans.
Les formes les plus graves du paludisme sont décrites jusqu’à un âge plus avancé.
Paludisme asymptomatique chez la femme enceinte et transmission verticale du plasmodium au CMSC - Page 10
Les Zones de paludisme intermédiaire : savanes sèches sahéliennes. Transmission faible
(taux de piqûres infestantes de 2 à 20 par habitant et par année) à recrudescence saisonnière
courte (inférieure à 6 mois). En saison de transmission, près de 70 % des fièvres sont
d’origine palustre. La prémunition est beaucoup plus longue à apparaître, avec possible
paludisme grave chez l’adulte.
Les Zones de paludisme instable : faciès désertique : steppes ; faciès austral : plateaux du
sud de l’Afrique ; faciès montagnard : zones situées au-dessus de 1000m d’altitude. La
période de transmission est très courte et il peut y avoir des années sans transmission. Faute
de ne pouvoir acquérir une prémunition, la quasi-totalité de la population peut être touchée
lors d’épidémies.
Tous ces faciès peuvent se modifier au gré de modifications du biotope : création d’une de
zone de riziculture, construction d’un barrage, destruction de la forêt « créant une zone de
savane….
Paludisme urbain
Le paludisme est une endémie essentiellement rurale. Avec l’exode rural, de plus en plus de
sujets naîtront et vivront dans les villes où la transmission anophélienne est faible, voire nulle,
et n’acquerront pas de prémunition. Ils s’infectent essentiellement à l’occasion de brefs
séjours en zone rurale et pourront développer à tout âge des formes graves de paludisme
(Pichard E,2002).
Au Burkina Faso, le paludisme est fortement endémique avec une intensité élevée de
transmission palustre et trois niveaux de transmissions saisonnières qui augmentent du nord
vers le sud du pays (Figure 4).
La région sahélienne la plus au nord est prédisposé aux épidémies à transmission saisonnière
courte de deux ou trois mois.
La région centrale soudano-sahélienne à de longues transmissions saisonnières de quatre à
six mois.
La région du sud-ouest soudano-sahélienne connait une transmission permanente avec une
augmentation de la transmission pendant la saison des pluies (INSD:EDS-MICS2003).
Paludisme asymptomatique chez la femme enceinte et transmission verticale du plasmodium au CMSC - Page 11
No transmission in average year
1-3 months Epidemic or strongly seasonal
4-6 months Endemic and seasonal
7-12 months Endemic and pereneal
Figure 4 : Transmission saisonnière du paludisme au Burkina Faso.
Source : Rapport sur la mise en œuvre du programme de lutte contre le paludisme au Burkina FasoPréparé par MCHIP/USAID en collaboration avec le Programme National de Lutte contre lePaludisme, 2012.
Paludisme asymptomatique chez la femme enceinte et transmission verticale du plasmodium au CMSC - Page 12
1.3.4. La répartition géographique du vecteur
La distribution et l’efficience des anophèles varient selon les régions géographiques. En
Afrique sub-saharienne, on considère qu’il existe quelque 150 espèces d’anophèles, dont une
douzaine sont d’excellents vecteurs tels que A. gambiae, A. arabiensis, A. funestus, A. nili, A.
Moucheti.
Dans les régions d’endémie palustre stable comme les zones de savanes du Burkina, du
Nigéria, la transmission du parasite est surtout le fait d’A. gambiae et A. arabiensis pendant
les saisons pluvieuses et A. funestus au début de la saison sèche (Carnevale et Robert, 2009).
Les gites larvaires sont très variées; les anophèles peuvent se développer dans :
- les eaux douces ou saumâtres en Afrique sub-saharienne, sur la façade occidentale et
orientale, en Amérique du Sud, en Asie du Sud-Est dans la péninsule indochinoise et dans les
eaux sur-salées.
- les sites ensoleillés en Afrique tropicale en Amérique, en Asie du Sud-Est ou dans les forêts
ombragées dans le Sud-Est asiatique, en Amérique centrale.
1.4. Le parasite
Plasmodium falciparum est un parasite de la classe des Haemosporidea et de la famille des
Plasmodidae (Bannister et Sherman, 2009).
Il existe plusieurs espèces de plasmodium (plus de 140) touchant diverses espèces animales
mais seulement cinq de ces espèces sont retrouvées en pathologie humaine. Il s’agit de
plamodiumfalciparum, plasmodium ovale, plasmodium vivax, plasmodium malariae, et
plasmodium knowlesi.
Les cinq espèces diffèrent par des critères cliniques, biologiques, par leur répartition
géographique et par leurs capacités à développer des résistances aux antipaludiques.
D’emblée il faut différencier Plasmodium falciparium des quatre (4) autres espèces. En effet
P. falciparum est celui qui est le plus répandu dans le monde, qui développent des résistances
aux antipaludiques et qui est responsable de formes cliniques potentiellement mortelles.
Paludisme asymptomatique chez la femme enceinte et transmission verticale du plasmodium au CMSC - Page 13
Plasmodium falciparum
Dans les régions équatoriales, il est transmis toute l’année avec cependant des recrudescences
saisonnières. Dans les régions subtropicales, il ne survient qu’en période chaude et humide.
Sa transmission s’interrompt lorsque la température tombe en dessous de 18°C. Cela explique
aussi que, quelle que soit la latitude, le paludisme n’est plus transmis en altitude (au-dessus de
1500 mètres en Afrique et 2500 mètres en Amérique et en Asie).
L’évolution se fait d’un seul tenant après une incubation de 7 à 12 jours. On n’observe pas de
rechutes tardives comme avec les autres espèces. Plus de 90% des accès palustres à P.
falciparum surviennent dans les 2 mois qui suivent le retour du pays d’endémie. P. falciparum
est responsable des formes cliniques graves, notamment du neuropaludisme. (ANOFEL,
2009-2010).
Plasmodium vivax
Très largement répandu en Amérique du Sud et en Asie, il est beaucoup plus rarement
observé en Afrique. Les érythrocytes du groupe sanguin Duffy négatif (observé chez la
majorité des sujets originaires d’Afrique de l’Ouest) ne possèdent pas le récepteur
membranaire nécessaire à l’infection par P. vivax.
Sa transmission s’arrête en dessous de 15°.
Sa période d’incubation est de 11 à 13 jours, mais on peut observer des rechutes (accès de
reviviscence) pendant 3 à 4 ans.
L’affection par P. vivax est classiquement considérée comme bénigne (fièvre tierce bénigne,
c’est-à-dire due à un cycle érythrocytaire de 48 heures) mais en zone d’endémie il peut avoir
des répercussions graves sur l’état de santé des populations, notamment par l’intermédiaire
des anémies chez l’enfant. De plus on commence à voir surgir quelques résistances
médicamenteuses à P. vivax (ANOFEL, 2009-2010).
Plasmodium ovale
Il sévit en Afrique intertropicale du Centre et de l’Ouest (et dans certaines régions du
Pacifique) et provoque une fièvre tierce bénigne, comme P. vivax dont il est très proche.
Son incubation est de 15 jours au minimum mais peut-être beaucoup plus longue, jusqu’à 4
ans. Son évolution est bénigne mais on peut observer, comme avec P. vivax, des rechutes
tardives (5 ans).
Paludisme asymptomatique chez la femme enceinte et transmission verticale du plasmodium au CMSC - Page 14
Schématiquement on dit que P. ovale remplace P. vivax là où cette dernière espèce n’existe
pas. (ANOFEL, 2009-2010).
Plasmodium knowlesi
Plasmodium knowlesi était seulement un parasite étroitement lié à la répartition des singes
macaques, son hôte habituel de l'Asie du Sud-Est. Actuellement, plusieurs centaines de cas
ont été rapportés chez l'homme dont entre autre 5 cas au Philippines, dont 4 mortels. Au
microscope, P. knowlesi ressemble au conventionnel P. malariae, mais le confondre pourrait
être gravissime car, contrairement à ce dernier, il peut être létal pour l'homme.
Seul point positif, il est à ce jour, sensible à la simple chloroquine qui constitue le traitement
habituel de l'accès à P. malariae (ANOFEL, 2009-2010).
1.5. Cycle de vie du parasite
1.5.1. Cycle chez l'homme
1.5.1.1. Cycle exo-érythrocytaire
Au cours de la piqûre, l’anophèle femelle infecté injecte dans un capillaire sanguin des
sporozoïtes. Ceux-ci transitent dans la circulation générale et, en quelques minutes, ils
envahissent les hépatocytes grâce à une interaction spécifique entre la protéine majeure de
surface du sporozoïte et un récepteur spécifique situé sur la membrane plasmique de
l'hépatocyte du côté de l'espace de Disse, espace directement en contact avec le sang circulant.
Le sporozoïte entre alors dans une phase de réplication et de prolifération intracellulaire qui
repousse en périphérie le noyau de la cellule et finit par constituer une masse multi-nucléée
appelée schizonte qui conduit à la libération de plusieurs dizaines de milliers de mérozoïtes
dans la circulation (Figure5). Cette phase de multiplication est asymptomatique et dure de 8 à
15 jours, selon les espèces. Contrairement à P. vivax, P. falciparum ne possède pas de formes
de persistance hépatique ou hypnozoïtes.
Paludisme asymptomatique chez la femme enceinte et transmission verticale du plasmodium au CMSC - Page 15
1.5.1.2. Cycle intra-érythrocytaire
Seule cette phase sanguine est responsable des symptômes qui peuvent être d'intensité
variable. Les mérozoïtes libérés lors de la rupture de l'hépatocyte vont débuter le cycle
sanguin asexué de prolifération de P. falciparum en infectant les érythrocytes. Le mérozoïte
pénètre dans l’érythrocyte grâce à un processus parasitaire actif et se différencie en
trophozoïte, stade à partir duquel une intense phase réplicative commence. Il donne alors
naissance au schizonte, celui-ci après segmentation montre une forme caractéristique de
rosace, puis libère 8 à 32 mérozoïtes qui rapidement réinfectent des érythrocytes sains.
L'ensemble de ce cycle dure 48 heures chez P. falciparum. L'apparition des gamétocytes à
lieu en général la deuxième semaine qui suit l'infection et ces formes peuvent persister
plusieurs semaines après la guérison. A la suite d'une nouvelle piqûre par une Anophèle, les
gamétocytes mâles et femelles (au dimorphisme sexuel marqué) sont ingérés avec le repas
sanguin.
1.5.2. Cycle chez l’anophèle
Lors d’un repas sanguin sur un individu infecté, l’anophèle femelle ingère des gamétocytes, à
potentiel sexuel mâle ou femelle. Ceux-ci parviennent dans l'estomac du moustique et se
transforment en gamètes. Le gamète mâle subit un processus d'ex- flagellation à la suite
duquel les gamètes femelles sont fécondés. Il en résulte un zygote appelé ookinète ; celui-ci
s'implante sous la paroi stomacale en formant l'oocyste. Cette brève phase diploïde s’achève
par une division méiotique et est suivi par plusieurs milliers de mitoses qui conduisent au
développement de sporozoïtes. Les sporozoïtes gagnent préférentiellement les glandes
salivaires du moustique d'où ils pourront être injectés avec la salive lors d'une piqûre. Chez le
moustique, l'ensemble de ce cycle se déroule en 10 à 40 jours, suivant la température
extérieure et les espèces en cause. (Bannister et Sherman, 2009).
Paludisme asymptomatique chez la femme enceinte et transmission verticale du plasmodium au CMSC - Page 16
Figure 5 : cycle de développement plasmodium.
Source: CDC (Center for Disease Control and Prevention) http://www.paludisme-tpe.e-monsite.com. Consulté le 28 Mars 2014.
Paludisme asymptomatique chez la femme enceinte et transmission verticale du plasmodium au CMSC - Page 17
1.6. Physiopathologie du paludisme
La physiopathologie du paludisme est encore très imparfaitement connue. Les stades exo-
érythrocytaires ne donnent lieu à aucune pathologie. Au niveau des stades érythrocytaires, la
schizogonie érythrocytaire provoque une anoxie dans tous les organes par trois mécanismes
différents :
La sécrétion de cytokines telle que la Tumor Necrosis Factor (TNF) par les macrophages
activés par les interleukines des lymphocytes T CD4+. Cette sécrétion est induite par la
multiplication du parasite. La TNF serait impliquée dans la production des lésions vasculaires
causant des nécroses hémorragiques. L’adhérence des érythrocytes parasités a l’endothélium
du réseau veineux post capillaire. Celle -ci entrainerait des ralentissements circulatoires au
niveau des capillaires causé par la perte de l’élasticité des érythrocytes parasités. L'anémie,
elle s'installe progressivement, due à l'hémolyse permanente (Wery M., 1995).
1.6.1. Effets sur les principaux organes
Le sang
Les érythrocytes sont détruits par les parasites qu’ils hébergent. Les hématies non parasitées
de sujet en accès de paludisme sont recouvertes d’immunoglobulines plasmatiques. En
présence de complément ces érythrocytes subissent l’hémolyse ou sont phagocytés par les
macrophages. D’une part l'hémoglobine libérée par l'hémolyse provoque une surcharge
rénale. Elle est partiellement transformée dans le foie en bilirubine. L'excès est éliminé dans
les urines : c’est l’hémoglobinurie. L'hémolyse brutale et massive est la cause du syndrome
appelé : fièvre bilieuse hémoglobiniques. La quinine serait le facteur déclenchant chez des
sujets présentant de fortes parasitémies. D’autre part, l’utilisation de l'hémoglobine par le
parasite entraine la précipitation dans son cytoplasme, de granules de pigment : hémozoïne.
Le pigment accumulé dans le cytoplasme du schizonte est relargué dans le plasma lors de la
libération des mérozoïtes. L’hémozoïne est phagocyté par les macrophages et les histiocytes.
Les thrombocytes, enfin, sont détruits par des mécanismes encore mal précisés (Wery M.,
1995).
Paludisme asymptomatique chez la femme enceinte et transmission verticale du plasmodium au CMSC - Page 18
La moelle osseuse
La lignée érythrocytaire est hypertrophiée pour compenser l'anémie. Les lignées leucocytaires
sont peu perturbées. En cas d'infection à P. falciparum, des schizontes y sont retrouvés (Wery
M., 1995).
La rate
L'augmentation de volume est notée dans l'infection paludéenne. L’érythrophagocytose est
accélérée par deux phénomènes: activation des macrophages et fixation d'immunoglobulines
sur la paroi des érythrocytes, infectés ou non. L’activité de phagocytose concerne aussi le
pigment parasitaire et les débris cellulaires. La rate est congestive, de consistance molle. Sa
rupture est aisée à cause de la fragilité augmentée de la capsule. Sa couleur rouge foncé,
parfois brune est due à l'accumulation du pigment repris par les phagocytes.
La splénomégalie constitue un signe qui accompagne le développement de la parasitémie.
Elle sert de base à une observation épidémiométrique: l'index splénique. Celui-ci rend
compte de la fréquence des rates hypertrophiées dans une population et constitue une mesure
de l'endémie malarienne dans une zone donnée.
Le syndrome de splénomégalie hyper réactive palustre, connu anciennement sous le nom
de "splénomégalie tropicale", est une maladie des immuns complexes provoquée par une
réaction démesurée de la rate à la stimulation prolongée des éléments réticulo-endothéliaux
par des immuns complexes circulants. Il en résulte une splénomégalie chronique, un
hypersplénisme avec chute des trois lignées sanguines et production d'anticorps IgG et IgM en
quantité exagérée (Wery M,1995).
Dans le paludisme viscéral évolutif mineur, appelé aussi "paludisme subaigu de longue
durée", la splénomégalie est souvent massive et accompagnée de signes cliniques liés à
l'anémie telle que l’adynamie, pâleur des conjonctives (Wery M, 1995).
Paludisme asymptomatique chez la femme enceinte et transmission verticale du plasmodium au CMSC - Page 19
Le foie
La schizogonie exo-érythrocytaire ne produit aucune lésion inflammatoire. La destruction par
les schizontes d'un certain nombre de cellules parenchymateuses passe inaperçue.
L'hyperplasie des cellules de Küpffer chargé de la phagocytose des débris et des pigments
arrive à obstruer les veines lobulaires. L'hépatomégalie est légère et ne survient qu'à la longue,
chez les sujets qui ont fait des accès de paludisme à répétition (Wery M, 1995).
Les reins
La formation de complexes antigènes-anticorps et leur dépôt dans la membrane basale cause
une surcharge du rein et une diminution de la capacité d'épuration de cet organe, déjà
anormalement sollicité en cas d'hémolyse. La thrombose des artérioles des glomérules rénaux,
l’anoxie des cellules des tubes contournés et l’apparition de signes de glomérulonéphrite sont
des phénomènes souvent observés. Une dégénérescence locale est possible, pouvant aboutir à
la néphrose, complication fréquente pour le P. malariae. Le blocage rénal par destruction
massive de globules rouges est le danger principal de la fièvre bilieuse hémoglobinurique
(Wery M., 1995).
Le système nerveux central
La schizogonie profonde de P. falciparum est à l'origine de complications redoutables dont le
paludisme cérébral. Celle-ci consiste en des thromboses capillaires responsables de lésions
vasculaires et hémorragiques, provoquant des altérations dégénératives des cellules nerveuses,
entourées d'infiltrats cellulaires. Plusieurs théories sont en présence pour expliquer ces
phénomènes:
obstacles mécaniques sur la circulation micro-capillaire et veineuse à cause d'une
déformabilité diminuée des érythrocytes parasités et de la formation de "rosettes"
constituées d'un globule rouge parasité auquel adhèrent, par un mécanisme non élucidé
des érythrocytes normaux; ces phénomènes causent une diminution du débit
circulatoire et un coma métabolique réversible;
adhérence immunologique de globules parasités à l'endothélium vasculaire post-
capillaires causant des ralentissements circulatoires importants; cette adhérence serait
sous la dépendance de certaines protéines de surface des globules parasités visibles au
Paludisme asymptomatique chez la femme enceinte et transmission verticale du plasmodium au CMSC - Page 20
microscope électronique, des lymphocytes T CD4+, de certaines interleukines, en
particulier du TNF, et de récepteurs endothéliaux du type ICAM-1 (figure 6).
L'expression symptomatologique consistera en une hémiplégie ou des convulsions, des
troubles thermorégulateurs avec hyperpyrexie, une altération progressive de la conscience si
le cerveau entier est entrepris (Wery M., 1995).
Figure6 : Cytoadhérence et rosetting
Source : Adapté de Chen Q. et al., 2000.
1 .7. Physiopathologie du paludisme chez la femme enceinte
Elle explique un double phénomène :
- la survenue de l’infection palustre favorisée par la grossesse;
- la sévérité du paludisme avec un retentissement potentiellement plus grave du
fait de la grossesse.
Paludisme asymptomatique chez la femme enceinte et transmission verticale du plasmodium au CMSC - Page 21
1.7.1. Les problèmes immunitaires
L'immunité diminue physiologiquement au cours de la grossesse et, notamment, à partir du 4 e
mois. La baisse de l'immunité humorale et de l'immunité cellulaire facilite le développement
d'infections diverses dont les plus communes sont les listérioses. Cette diminution de
l'immunité existe aussi à l'égard du paludisme. Les anticorps protecteurs contre le paludisme
appartiennent principalement à la classe des immunoglobulines G (IgG). Ces derniers
atteignent leurs valeurs les plus basses durant les 10 dernières semaines de la grossesse. Le
rapport du titre des anticorps antipaludiques de femmes enceintes sur ceux des femmes non
enceintes est inférieur à 1.
1.7.2. Le rôle de l'infestation placentaire
L'atteinte du placenta se traduit par une réduction des échanges fœto-maternels. En effet les
espaces entre les villosités sont un excellent refuge pour les globules rouges parasités par P.
falciparum. L'accumulation des globules parasités, collant les uns aux autres, détruits sur
place, crée un appel de macrophages. Cet engorgement peut causer un blocage des espaces
intervilleux et une thrombose placentaire (Wery M., 1995).
Un placenta infesté contient par définition soit P. falciparum, soit du pigment malarique. Le
P. falciparum est présent dans les hématies maternelles mais on retrouve aussi les
trophozoïtes libres dans le chorion et même les cellules endothéliales des capillaires fœtaux,
ce qui suggère leur transit trans-placentaire. Il y a peu de lésions placentaires très franches
traduisant cette infestation palustre.
Le placenta joue un rôle de transmission et d'entretien de cette infestation. De plus, bien que
les lésions histologiques ne soient pas majeures, on peut craindre une inefficacité
fonctionnelle. L'anémie sera d'autant plus mal ressentie par le fœtus que celle-ci survient de
préférence en zone d'endémie chez des femmes déjà anémiques, du fait de la grossesse, de
carences diverses ou d'autres parasitoses. La baisse des échanges en oxygène provoque une
diminution de la pression en oxygène du fœtus, et une baisse de la saturation de
l'oxyhémoglobine non corrigée par ses moyens de défense (Coulaud JP, 1998).
Paludisme asymptomatique chez la femme enceinte et transmission verticale du plasmodium au CMSC - Page 22
1.8. Manifestations cliniques
1.8.1. Accès palustre de primo- invasion à P. falciparum
C’est la forme clinique la plus souvent observée chez le sujet neuf, non immunisé, comme
les voyageurs. En zone d’endémie elle est observée chez les jeunes enfants.
La phase d’incubation
Elle correspond à la durée de la phase hépatocytaire (7 à 12 jours pour P. falciparum) et est
totalement asymptomatique.
La phase d’Invasion
Elle est marquée par l’apparition d’une fièvre brutale, continue, souvent accompagnée d’un
malaise général avec myalgies, céphalées, et parfois troubles digestifs (anorexie, douleurs
abdominales, nausées, vomissements et même parfois diarrhée). On parle « d’embarras
gastrique fébrile ».
L’examen clinique est à ce stade souvent normal, le foie et la rate ne sont pas palpables.
Ultérieurement le foie peut augmenter de volume et devenir un peu douloureux, la rate
devient palpable au bout de quelques jours, les urines sont rares, foncées et peuvent contenir
des protéines. On observe parfois un bouquet d’herpès labial.
Le tableau clinique est donc totalement non spécifique et le risque majeur est de passer à côté
du diagnostic si l’on n’a pas la notion d’un voyage en zone d’endémie. Or le malade peut, à
tout moment et en quelques heures, évoluer de l’accès simple (c’est-à-dire non compliqué)
vers un accès grave, d’évolution rapidement mortelle en l’absence d’une prise en charge
adaptée.
Au début de l’épisode, aucun argument épidémiologique, clinique ou biologique, ne permet
de faire un pronostic et de savoir si un patient évoluera ou non vers un tableau grave. En
conséquence le diagnostic du paludisme est une urgence médicale : «toute fièvre chez un
patient de retour d’une zone d’endémie palustre est un paludisme jusqu’à preuve du
contraire » (ANOFEL, 2009).
1.8.2. Accès palustre à fièvre périodique ou intermittent
Cette forme clinique correspond à la description de la triade classique de l’accès palustre :
frissons, chaleur, sueurs survenant tous les 2 ou 3 jours. En pratique elle n’est observée de
manière typique que dans les infestations à P. vivax, P. ovale et P. malariae, faisant suite à
Paludisme asymptomatique chez la femme enceinte et transmission verticale du plasmodium au CMSC - Page 23
un accès de primo invasion non traité, mais pouvant survenir longtemps après l’épisode
fébrile initial.
L’accès est souvent précédé d’une phase prodromique, toujours identique chez un même
patient, qui associe lassitude et troubles digestifs.
L’accès débute classiquement le soir et dure une dizaine d’heures, associant successivement :
-stade de frissons : agité de frissons violents, le malade se blottit sous ses draps alors que sa
température atteint 39°C. La rate augmente de volume, la tension artérielle diminue. Cette
phase dure environ une heure.
-stade de chaleur : la température peut dépasser 40°C, la peau est sèche et brûlante et le
malade rejette ses draps. Cette phase s’accompagne de céphalées et de douleurs abdominales ;
elle dure 3 à 4 heures. La rate diminue de volume.
-stade de sueurs : ce sont des sueurs profuses qui baignent le malade. Le malade émet des
urines foncées, la température s’effondre brusquement, avec même parfois une phase
d’hypothermie. La tension artérielle remonte. Ce stade dure 2 à 4 heures et s’accompagne
d’une sensation de bien-être, d’euphorie, concluant la crise.
Cette crise typique correspond à la schyzogonie érythrocytaire. Le rythme des accès est donc
fonction de l’espèce :
-fièvre tierce avec clocher thermique survenant à J1, J3, J5 … Elle correspond à une
schizogonie de 48 heures. En pratique elle peut être régulière et correspondre à une infection
par P. vivax ou P. ovale (fièvre tierce bénigne). Elle peut être irrégulière et faire suite à un
accès de primo-invasion à P. falciparum (fièvre tierce maligne). Dans ce dernier cas il faudra
toujours redouter l’évolution, toujours possible, vers un accès grave.
-fièvre quarte avec clocher thermique survenant à J1, J4, J7 … Elle correspond à une
schizogonie de 72 heures et elle est donc observée exclusivement au cours des infections à P.
malariae. Quelle que soit l’espèce en cause, la répétition de ces accès s’accompagne d’une
anémie et d’une splénomégalie progressivement croissante. Cela explique que tout paludisme,
même dû à une espèce autre que P. falciparum, peut à terme avoir des répercussions graves,
notamment chez les enfants (ANOFEL, 2009).
1.8.3. Le paludisme grave
Le paludisme à P. falciparum du sujet non immun (jeune enfant en zone d’endémie, femme
enceinte, expatrié, voyageur) est potentiellement mortel. Le décès, quand il survient, est
Paludisme asymptomatique chez la femme enceinte et transmission verticale du plasmodium au CMSC - Page 24
secondaire à la défaillance aiguë d’une ou de plusieurs grandes fonctions, et ce, parfois, même
si la mise en place d’un traitement étiologique s’avère efficace. Seule l’instauration rapide
d’une réanimation adaptée peut alors sauver le malade.
Il est donc absolument fondamental de connaître les critères de gravité du paludisme à P.
falciparum pour identifier les patients qui justifient d’une hospitalisation en urgence, si
nécessaire dans une Unité de Soins Intensifs. Un paludisme grave peut donc prendre
différentes formes cliniques dont la plus importante est l’atteinte cérébrale.
On regroupe sous le terme de neuro-paludisme toutes les manifestations neurologiques
conséquence de l’atteinte cérébrale au cours de l’accès palustre : troubles de la conscience,
prostration et convulsions.
Le début peut être progressif ou brutal.
L’accès pernicieux à début progressif est marqué par l’installation d’une fièvre irrégulière,
d’un syndrome algique diffus, associé à des troubles digestifs.
L’examen clinique peut déjà révéler une composante neurologique faisant évoquer
l’évolution vers un paludisme grave. En pratique clinique : tout malade présentant une atteinte
de la conscience ou tout autre signe de dysfonctionnement cérébral au retour d’une zone
d’endémie palustre doit être traité dans la plus grande urgence comme un neuro-paludisme.
L’accès pernicieux à début brutal se traduit par une triade symptomatique fièvre, coma,
convulsions à laquelle s’ajoute fréquemment une détresse respiratoire. Il est fréquent chez le
jeune enfant en zone d’endémie (< 5 ans) et peut entraîner la mort en quelques heures.
Phase d’état
La fièvre est le plus souvent très élevée et le tableau neurologique se complète pouvant
associer :
-Troubles de la conscience : ils sont constants mais d’intensité variable, allant de la
simple obnubilation au coma profond. Le coma est généralement calme, sans rigidité de
nuque (ou très discrète), sans photophobie, accompagné d’une abolition du réflexe cornéen.
-Convulsions : nettement plus fréquentes chez l’enfant que chez l’adulte ; elles
peuvent être inaugurales. Elles peuvent être généralisées ou localisées, espacées dans le temps
ou au contraire réaliser un état de mal convulsif. Elles peuvent parfois être pauci-
symptomatiques (clonies des lèvres, des muscles faciaux, mouvements oculaires rapides,
salivation excessive). Elles doivent être distinguées des convulsions hyperthermiques : pour
Paludisme asymptomatique chez la femme enceinte et transmission verticale du plasmodium au CMSC - Page 25
être retenues elles doivent être répétées dans le temps supérieur à 2 crises par 24 heures avec
une phase postcritique supérieur à 15 minutes.
-Troubles du tonus : le malade est généralement hypotonique. La raideur et
l’opisthotonos peuvent se voir dans les formes très évoluées et sont de mauvais pronostic. Les
réflexes ostéo-tendineux sont variables, parfois très vifs, exceptionnellement abolis (de
mauvais pronostic).
-Autres signes cliniques associés : les signes neurologiques peuvent dominer le
tableau clinique ou être associés à d’autres manifestations viscérales. Pratiquement tous les
organes peuvent être atteints, notamment les reins, les poumons (risque d’œdème
pulmonaire), le foie.
Le tableau est parfois celui d’une défaillance multi-viscérale. Parfois, sans signe neurologique
évident, on observe des formes graves avec anémie profonde (chez l’enfant) ou insuffisance
rénale aiguë (chez l’adulte).
Évolution.
Non traité, le neuro-paludisme est mortel en deux ou trois jours. Avec une prise en
charge adaptée, la mortalité reste lourde (10 à 30 %). Lorsqu’elle est obtenue, la guérison se
fait généralement sans séquelle, sauf chez l’enfant (5 à 10 % de séquelles définitives). Le
pronostic global repose essentiellement sur la rapidité du diagnostic. (ANOFEL, 2009).
1.8.4. Critères de gravité définis par l'OMS
L’OMS a défini des critères de gravité du paludisme. La présence d’un seul de ces critères,
clinique ou biologique, associé à la présence de P. falciparum dans le sang, fait porter le
diagnostic d’accès palustre grave. Mais il est important de noter que ces critères, élaborés en
zone d’endémie, n’ont pas été validés sur une population non-immune (Tableau I).
Paludisme asymptomatique chez la femme enceinte et transmission verticale du plasmodium au CMSC - Page 26
Tableau I : Critères de gravités du paludisme selon O.M.S
Troubles de la conscience Score de Glasgow modifié ≤ 9 chez l’adulte et enfant deplus de 5 ansScore de Blantyre ≤ 2 chez le petit enfant
Convulsions répétées ≥ 2 / 24 heures (malgré la correction de l’hyperthermie)Prostration Extrême faiblesse ou chez l’enfant : ≪ Impossibilité, de
tenir assis pour un enfant en âge de le faire, ou de boirepour un enfant trop jeune pour tenir assis ≫
Détresse respiratoire Définition cliniqueIctère Clinique ou biologique (bilirubine > 50 μmol/L)HémoglobinurieMacroscopique
Urines rouges foncées ou noiresHémoglobinurie ou myoglobinurie à la bandeletteAbsence d'hématurie microscopique
Collapsus circulatoire TAS < 80 mmHg chez l'adulteTAS < 50 mmHg chez l'enfant
Œdème pulmonaire Définition radiologiqueSaignement anormalAnémie grave Adulte : Hb< 7 g/dL ou Hte< 20 %
Enfant : Hb< 5 g/dL ou Hte< 15%Hypoglycémie Glycémie< 2,2 mmol/LAcidose métabolique pH < 7,35 ou bicarbonates < 15 mmol/LHyperlactatémie Lactates plasmatiques> 5 mmol/LHyperparasitémie > 4% / sujet non immunInsuffisance rénale Creatininémie> 265 μmol/L après réhydratation
ou diurèse < 400 mL/24h chez l'adulte (<12mL/kg/24h chezl'enfant)
Source: WHO 2000, Severe falciparum malaria. Transactions of the Royal Society of Tropical
Medicine and Hygiene, 94, supplement 1.
1.8.5. Autres complications
L’infection palustre peut entraîner, de manière directe ou indirecte d’autres complications.
Ces complications sont la conséquence d’infestations chroniques et surviennent donc de
manière exceptionnelle chez des sujets caucasiens. En revanche on peut encore observer ces
tableaux en zone d’endémie ou, en Europe, chez des migrants ayant vécu de nombreuses
années en zone d’endémie et ayant souvent pratiqué une automédication insuffisante. Il faut
Paludisme asymptomatique chez la femme enceinte et transmission verticale du plasmodium au CMSC - Page 27
citer le paludisme viscéral évolutif, la splénomégalie malarique hyper réactive et la fièvre
bilieuse hémoglobinurique. (ANOFEL, 2009).
1.9. Paludisme chez la femme enceinte
L’infection paludéenne chez les femmes enceintes constitue un très grave problème de santé
publique puisqu’elle comporte des risques pour la mère, le fœtus et le nouveau-né. Les
femmes enceintes sont trois fois plus susceptibles de souffrir d'une infection palustre grave
par rapport aux femmes non enceintes. Dans les zones d'endémie palustre, il est estimé qu’au
moins 25% des femmes enceintes sont infectées par le paludisme, avec le plus grand risque
d'infection et de morbidité chez les primipares, les adolescentes, et celles co-infectées par le
VIH (Schantz-Dunn et al., 2009).
Dans les zones de faible transmission de P. falciparum, où les taux d’immunité acquise sont
faibles, les femmes sont exposées à des accès de paludisme grave.
Dans les zones de forte transmission de P. falciparum, où les taux d’immunité acquise sont
généralement élevés, les femmes sont exposées à une infection asymptomatique, qui peut
entraîner une anémie maternelle et une parasitémie placentaire. La figure 7 représente le
nombre de femmes enceintes vivant dans les régions à risque d’infection à P. falciparum.
Figure 7 : Cartographie du nombre de femmes enceintes vivant dans des zones à risques
du paludisme à P. falciparum en 2007
Source : Dellicour et al., 2010
Paludisme asymptomatique chez la femme enceinte et transmission verticale du plasmodium au CMSC - Page 28
1.9.1. Cytoadhérence placentaire
En plus de la séquestration érythrocytaire, de la formation des rosettes et de la destruction des
hématies induisant une anémie maternelle, la sévérité du paludisme gestationnel est associée à
la séquestration des érythrocytes parasités par P. falciparumdans les espaces intervilleux du
placenta (syncytiotrophoblastes). En effet une des protéines de la famille des PfEMP-1,
appelée var2CSA exprimée à la surface des hématies parasitées est responsable de l’adhésion
de ces hématies (Figure 8). Celles-ci se fixent à un sucre, la chondroitine sulfate A (CSA) et à
l’acide hyaluronique (HA) présents dans le placenta. (Rogerson et al., 2007b).
Les parasites fixant la chondroïtine sulfate A seraient des variants seulement trouvés chez les
femmes enceintes. Une des stratégies vaccinales envisagées pour lutter contre le paludisme
gestationnel est de recréer une immunité protectrice, en bloquant l'adhésion des hématies
parasitées au placenta (Duffy et Fried, 2011).
Figure 8 : Conséquences du paludisme gestationnel sur le fœtus
Source : Rogerson et al., 2007b
Paludisme asymptomatique chez la femme enceinte et transmission verticale du plasmodium au CMSC - Page 29
1.9.2. Effets chez la mère
Pour diverses raisons, l’anémie est plus fréquente chez la femme enceinte que chez celle qui
ne l’est pas : hémodilution due à l’augmentation du volume intravasculaire au cours du
deuxième trimestre de la grossesse, sollicitation accrue des réserves de fer et d’acide folique.
La destruction directe d'un nombre important d'érythrocytes infectés est une cause importante
d'anémie du paludisme. Lorsqu’elle est sévère, elle augmente le risque de décès pour la mère
et l’on estime que les anémies imputables au paludisme pourraient être responsables de
10.000 décès maternels par an en Afrique (0MS, 2005).
1.9.3. Effets sur la santé de l’enfant
L’infection palustre chez la mère peut provoquer l’avortement, l’accouchement d’un mort-né
ou une infection congénitale. Au cours de la seconde moitié de la grossesse, elle peut, en
s’associant à une anémie maternelle, interférer avec le gain pondéral du fœtus et contribuer à
un retard de la croissance intra-utérine, ou à une prématurité avec comme résultat un faible
poids à la naissance. L’insuffisance pondérale à la naissance est l’une des causes majeures
d’un taux de survie et de développement très faible chez le nourrisson. D’après des
estimations de l’OMS, le paludisme chez la femme enceinte est responsable de 8 à 14 %
(Tableau II) de tous les cas d’insuffisance pondérale à la naissance et est à l’origine de 75 000
à 200 000 décès de nourrissons chaque année (Rogerson et al., 2007a).Il n’y a pas assez de
données sur les conséquences à long terme du paludisme pendant la grossesse pour l'enfant.
Des études essentiellement nutritionnelles indiquent que l'exposition à un environnement
intra-utérin anormal affecte le développement mental, métabolique et anthropométrique
pouvant conduire à un risque accru de maladie plus tard dans la vie (Desai et al., 2007).
Paludisme asymptomatique chez la femme enceinte et transmission verticale du plasmodium au CMSC - Page 30
Tableau II: Part du paludisme dans l’anémie, le petit poids de naissance et la mortalité
néonatale
Effet néfaste sur la santé % du total
Anémie maternelle 2 – 15
Petit poids de naissance 8 – 14
Naissance prématurée 8 – 36
Retard de croissance intra-utérine 13 – 70
Mort du nouveau-né 2 – 8
Source : OMS, 2005. Consultée le 30 mars 2014
1.9.4. Paludisme asymptomatique de la femme enceinte
Les symptômes et les complications du paludisme au cours de la grossesse diffèrent selon
l’intensité de la transmission et le taux d’immunité acquise par la femme enceinte.
Dans des zones de transmission épidémique ou faible (instable) du paludisme, les femmes
enceintes n’ont pas acquis un taux d’immunité élevé et tombent généralement malades
lorsqu’elles sont infectées par P. falciparum.
Dans des zones de transmission stable du paludisme, la plupart des femmes adultes ont
développé une immunité suffisante pour que, même pendant la grossesse, l’infection à P.
falciparum n’entraîne généralement ni fièvre ni autre symptôme clinique (Figure 9). Dans ces
zones, l’infection palustre se caractérise principalement par le déclenchement d’une anémie
secondaire et par la présence de parasites dans le placenta. Les carences nutritives qui en
résultent pour le fœtus contribuent à un faible poids à la naissance (OMS, 2005).
Paludisme asymptomatique chez la femme enceinte et transmission verticale du plasmodium au CMSC - Page 31
Figure 9:Conséquences du paludisme pendant la grossesse : zone de transmission forte ou
modérée (stable).
Source : OMS, 2005.
1.10.Paludisme congénital
Il est classiquement admis que le paludisme congénital est un événement rare en zone
d’endémie palustre. De sorte que sa recherche n’est pas systématique à cet âge. De plus en
plus d’études prouvent une sous-estimation de cette fréquence. (Dicko –Traore F. et al.,
2011). En effet dans certaines zones de forte endémicité en Afrique au Sud du Sahara la
prévalence du paludisme congénital peut atteindre 46% ( Monebenimp et al., 2013).
Le paludisme congénital est la mise en évidence d’hématies parasitées chez le nouveau-né
avant le septième jour de la vie (Djibo A. et Cénac A, 2000) (Soumana A. et al., 2006). Les 7
premiers jours de la vie correspondent au délai minimal d'incubation de Plasmodium
falciparum après inoculation anophélienne, incubation la plus courte des 4 espèces
plasmodiales (Djibo A.et Cénac A., 2000). Il résulte du passage trans-placentaire de
Paludisme asymptomatique chez la femme enceinte et transmission verticale du plasmodium au CMSC - Page 32
plasmodium ou de globules rouges maternels parasités qui contaminent le fœtus
(Monebenimp et al., 2013).
Ce diagnostic est établi sur la présence d'hématozoaires dans le sang de l'enfant et/ou du
cordon. L'hématozoaire doit être identique chez la mère et chez l'enfant et toute autre forme
de contamination extra-utérine telle que : la transfusion sanguine, piqûre d'anophèle doit être
exclue. Le paludisme congénital peut se manifester sous deux formes :
- Le paludisme congénital-infestation qui se caractérise par la présence isolée
d’hématozoaires dans le sang. Cette parasitémie, asymptomatique, est souvent
spontanément régressive dans 62 % des cas. (Falade C. et al ; 2007).
- Le paludisme congénital-maladie qui est l’association d’une parasitémie et de
symptômes cliniques de paludisme. Le paludisme périnatal est acquis au moment de
la naissance (traumatisme obstétrical). Il nécessite donc une incubation identique à
l’incubation habituelle de l’espèce plasmodiale en cause et n’est diagnostiquée
qu’après plusieurs jours ou semaines (Bourée P. et al., 2008).
Bien que pouvant être présents à la naissance, les symptômes du paludisme congénital
débutent généralement entre le 10ième et le 30ième jour de vie (Proespopodjo J.R et al.,2010) et
la manifestation clinique est semblable à celle d’un sepsis néonatal précoce (Ekanem AD ,
2008) avec des symptômes comme l’hépato-splénomégalie, la fièvre, l’ictère, la pâleur et
anémie hémolytique, les troubles de la conscience et la détresse respiratoire marquant ainsi
un délai de prise en charge effective du nouveau- né infecté (Falade C. et al ; 2007).
1.11. Diagnostics du paludisme
Une prise en charge efficace de la maladie requiert un diagnostic posé sans délai. Le
diagnostic repose sur la suspicion clinique d’un paludisme et, la recherche des hématozoaires
par l’examen microscopique certifie ce diagnostic en mettant en évidence le parasite dans le
sang circulant. Le tableau II résume les différentes méthodes de diagnostic.
Paludisme asymptomatique chez la femme enceinte et transmission verticale du plasmodium au CMSC - Page 33
1.11.1. Diagnostic microscopique direct par frottis sanguin (FS) et goutte épaisse (GE)
L’examen microscopique du FS et la GE est la technique de référence préconisée par l’OMS.
Il permet un diagnostic rapide et un contrôle de l’efficacité du traitement antipaludique par le
suivi de la parasitémie. C’est un examen peu coûteux et demeure la technique la plus utilisée.
Cependant, ses performances en termes de sensibilité et de fiabilité dépendent directement de
l’expérience du microscopiste et du niveau de la parasitémie du sujet infecté. Le frottis
sanguin permet un meilleur examen de la morphologie des parasites et des hématies et donc
un diagnostic d’espèce plasmodiale plus aisé.
Il permet en outre, de calculer la parasitémie. Le seuil de détection du FS est de 100
parasites/μL. Cependant sa sensibilité est beaucoup plus faible que la GE qui permet de
détecter de faible parasitémie (50 parasites/ μL). Le diagnostic microscopique peut également
se heurter à des difficultés d’identification d’espèce particulièrement en présence de parasites
altérés par un traitement présomptif ou en cas de très faibles parasitémies (Moody, 2002 ;
Rogier et al., 2009), (Siala et al., 2010).
1.11.2. Détection d’antigènes plasmodiaux par les tests de diagnostic rapide (TDR)
Les TDR reposent sur le principe de l’immuno-chromatographie en utilisant des bandelettes
sensibilisées par des anticorps monoclonaux spécifiques détectant des antigènes plasmodiaux.
Ils sont réalisés avec une goutte de sang déposée sur une bandelette et ne nécessitent aucun
appareillage.
Détection de l’antigène Histidin Rich Protein 2 (HRP2) : cette glycoprotéine spécifique de
l’espèce P. falciparum est produite par tous les stades érythrocytaires asexués du parasite et
peut persister dans le sang périphérique plus de 15 jours après la disparition des parasites.
Ces tests sont crédités d’une sensibilité supérieure à 96% par rapport aux techniques
microscopiques classiques, lorsque la parasitémie évaluée sur la GE est supérieure à 100
parasites/μL. Leur seuil de détection varie de 100 à 300 parasites/μL. La persistance de
l’antigénémie après guérison et la mono spécificité vis-à-vis de P. falciparum constituent les
inconvénients majeurs de ces tests. Des faux positifs ont été également associés à des
réactions croisées avec les facteurs rhumatoïdes. Les faux négatifs sont possibles et seraient
dus à des mutations sur le gène codant pour l’HRP2 ou en présence d’anticorps anti HRP2
(Rogier et al., 2009 ; Siala et al., 2010).
Paludisme asymptomatique chez la femme enceinte et transmission verticale du plasmodium au CMSC - Page 34
Détection des lactates déshydrogénases parasitaires (LDH) : ce sont des enzymes
glycolytiques qui présentent l’avantage d’être communes aux 4 espèces plasmodiales,
détectées à tous les stades sexués et asexués du parasite. Les LDH ont un seuil de détection
identique à celui de l’HRP2, leur clairance est par contre plus rapide faisant qu’ils ne
persistent pas dans le sang après disparition du Plasmodium, d’où leur intérêt dans la
surveillance des patients traités (Siala et al., 2010).
L’aldolase : des anticorps capables de reconnaître les aldolases de tous les plasmodiums
humains peuvent être utilisés. La sensibilité de détection de ces antigènes est cependant
encore moindre que celle des tests détectant l’HRP2 et la LDH (Rogier et al., 2009).
Les TDR sont d’exécution rapide et de lecture facile pouvant être réalisés par un personnel
moyennement formé. Ils sont indiqués particulièrement dans les structures non spécialisées
lorsque l’examen microscopique n’est pas disponible. Leurs performances dépendent
essentiellement de la parasitémie. Ils sont également moins performants avec les espèces
autres que P. falciparum, particulièrement P. ovale.
Les TDR doivent être considérés comme un complément des autres méthodes de diagnostic.
Leurs résultats doivent être vérifiés et complétés si possible par l’examen microscopique.
Leur positivité permet une prise en charge adéquate et rapide des patients. En revanche, leur
négativité ne doit pas écarter le diagnostic (Rogier et al., 2009).
1.11.3. Le QBC Malaria test ou Quantitative Buffy Coat
Le principe de cette technique microscopique de fluorescence repose sur l’utilisation d’un
fluorochrome (l’acridine orange) capable de se fixer sur le noyau du parasite. La recherche du
Plasmodium se fait dans 50μl de sang recueillis dans un tube à hématocrite, après
concentration par centrifugation et lecture au microscope à fluorescence.La sensibilité de cette
technique serait comparable à celle de la GE pour des infections supérieures à 100
parasites/μl. Elle varie de 41% à 93% pour des parasitémies inférieures à 100 parasites/μL. La
spécificité pour P. falciparum est élevée (93-98%) mais chute à environ 50% pour les
infections causées par les autres espèces.
Le QBC Malaria test est d’usage facile et de réalisation rapide. Il constitue actuellement le
meilleur test de dépistage pour des biologistes non spécialisés et pour les structures traitant un
grand nombre de tests de Plasmodium. Malheureusement, son emploi nécessite un matériel et
Paludisme asymptomatique chez la femme enceinte et transmission verticale du plasmodium au CMSC - Page 35
des réactifs coûteux ce qui limite son utilisation. Il ne permet pas non plus le diagnostic
d’espèce et le calcul de la parasitémie (Brenier-Pinchart, 2000 ; Siala et al., 2010).
1.11.4. Détection des acides nucléiques par les techniques d’amplification génique (PCR)
L’amplification génique par PCR est la technique la plus sensible qui permet de détecter de
très faibles parasitémies de l’ordre de 0,3 parasite/μL de sang avec une possibilité de
quantification de l’ADN plasmodial en utilisant la PCR quantitative. La PCR a également une
excellente valeur prédictive négative avec une spécificité absolue si elle est réalisée dans de
bonnes conditions.
L’amplification du gène codant pour la petite sous unité 18S de l’ARN ribosomal du
plasmodium permet aussi l’identification des espèces en cause en utilisant une PCR niché. En
dépit de ses avantages, la biologie moléculaire ne peut remplacer en pratique courante les
méthodes classiques de diagnostic du paludisme en raison du temps de réalisation
relativement long, non compatible avec l’urgence du diagnostic du paludisme.
La PCR est essentiellement indiquée pour la détection des faibles parasitémies en cas de forte
suspicion et de difficulté de confirmation microscopique notamment chez les voyageurs sous
chimioprophylaxie. Elle est également d’un apport appréciable dans l’identification des
espèces plasmodiales, le suivi post-thérapeutique et l’étude des gènes impliqués dans la
résistance aux antipaludiques. Ses exigences en matériel et son coût font qu’elle est encore
réservée aux laboratoires spécialisés (Siala et al., 2010).
1.11.5. Détection des anticorps antiplasmodiaux
La sérologie n’a pas de place dans le diagnostic des accès palustres aigus en raison de
l’apparition tardive des anticorps (Ac) anti palustres par rapport à l’émergence des parasites
dans le sang. Le diagnostic sérologique se heurte également à des difficultés d’interprétation.
En effet, la présence d’Ac spécifiques peut témoigner soit d’une infection palustre évolutive
soit d’un paludisme antérieur dans la mesure où les Ac peuvent persister 2 à 3 ans après
l’infection.
Le diagnostic immunologique est indiqué dans certaines formes cliniques chroniques telles le
paludisme viscéral évolutif et la splénomégalie palustre hyper-immune au cours desquelles les
Ac sont à des taux élevés alors que les recherches parasitologiques sont le plus souvent
Paludisme asymptomatique chez la femme enceinte et transmission verticale du plasmodium au CMSC - Page 36
négatives. La sérologie est aussi utile en rétrospectif en cas de traitement présomptif ou
d’automédication. Elle reste par ailleurs, très utilisée dans le dépistage des donneurs de sang
dans le cadre de la prévention du paludisme post-transfusionnel et dans les enquêtes
épidémiologiques (Siala et al., 2010).
Paludisme asymptomatique chez la femme enceinte et transmission verticale du plasmodium au CMSC Page 37
Tableau III : Méthodes de diagnostic des infections plasmodiales
Goutte épaisse Frottis mince QBCTM Malaria test TDR HRP2 TDR LDH PCR
Volume de sangexaminé
3 – 4µL 1 – 1,5µL 55 – 65µL 5 – 15µL 5 – 15µL 10 – 100µL
Sensibilité pour P.falciparum (95% dechance de détection)
24/µL pour 100 champs 300/µL pour 100 champs12/µL pour 200 champs 150/µL pour 200 champs 1 – 5/µL 100 – 300µL 100 – 300µL 0,001 – 0,3/µL6/µL pour 400 champs
Temps de réalisationen minutes
30 – 60 30 – 60 < 10 5 – 20 5 – 20 40 – 60 (PCRtemps réel)
Coût (en euros) 0,03 – 0,7 0,03 – 0,7 1,5 0,4 – 3 0,4 – 3 Environ 15Diagnostic de P.falcipaum
Oui Oui Évoqué par le mono-morphisme des formes
Oui Oui Oui
Diagnostic de P. vivax Oui Oui Non Non Oui Oui
Diagnostic de P. ovaleet P. malaria
Oui Oui Non Non Oui mais sensibilitémédiocre
Oui
Estimation de ladensité parasitaire
Oui Oui Non Non Non Non
Avantages Méthode de référenceMorphologie des hématiesparasitées conservée
Facilité d’emploisans besoind’électricité
Facilité d’emploisans besoind’électriciténégativité rapideaprès guérison
Inconvénients
Dépend de l’expériencetechnique et d’une sourced’électricité
Dépend de l’expériencetechnique et d’une sourced’électricité
Coût initiald’investissementsélevé. Dépend del’expérience techniqueet d’une sourced’électricité
Positivitépersistant 15 joursaprès guérison
Technicitéréservée à descentresspécialisés.Coût desinvestissements
Source : Rogier et al., 2009.
Paludisme asymptomatique chez la femme enceinte et transmission verticale du plasmodium au CMSC Page 38
1.12. Traitement du paludisme et prophylaxie
1.12.1. Traitement du paludisme
Un traitement antipaludique doit être efficace, accessible, bien toléré et peu onéreux car les
populations majoritairement concernées ont des faibles revenus avec un accès au soin limité.
La prise en charge thérapeutique du paludisme dépend de plusieurs facteurs notamment de
l’espèce de parasite en cause, de la gravité de l’infection, de l’âge de la personne atteinte et du
profil de résistance aux médicaments antipaludéens dans la région du monde où la personne a
contracté la maladie.
1.12.1.1. Cibles plasmodiales
Le parasite dispose pour son développement intra érythrocytaire d’un métabolisme et de
moyens de défenses spécifiques qui constituent autant de cibles aux antipaludiques. Nous
distinguerons :
la vacuole digestive du parasite qui est le siège de la digestion de l’hémoglobine, de la
cristallisation de l’hème et où des moyens de défense spécifiques contre le stress oxydatif sont
retrouvés.
un cytoplasme comportant le cytosol et deux organites essentiels, les mitochondries et
l’apicoplaste. Ils sont nécessaires à la biosynthèse des acides nucléiques.
une membrane plasmique, constituée de phospholipides, des canaux calciques et
parasitophores, siège du trafic nutritionnel.
1.12.1.2. Molécules antipaludiques
Les principaux antipaludiques actuels peuvent être classés selon leur mode d’action en deux
catégories :
Paludisme asymptomatique chez la femme enceinte et transmission verticale du plasmodium au CMSC Page 39
Les schizonticides érytrocytaires
- Les anti-paludiques naturels
Les alcaloïdes du quinquina tels que la quinine, quinidine, cinchonine, cinchonidine.
Les dérivés du quinghao avec quinghaosu ou artémisine, arthéméther, artésunate.
Ces Schizonticides endoérythrocytaires actifs sur les trophozoïtes endoérythrocytaires des
diverses plasmodies (Danis M., 2005).
- Les Anti-paludiques de synthèse.
Les dérivés quinoléiques comprennent :
- les amino-4-quinoléines tels que la chloroquine, et l’amodiaquine
- les amino-alcools tels que méfloquine, halofantrine, luméfantrine.
Ces molécules interfèrent avec la digestion de l’hémoglobine dans la vacuole nutritive en
inhibant la formation de l’hémozoïne.
Les anti-folates agissent au niveau de la voie de synthèse des folates, qui sont essentiels à la
biosynthèse des acides nucléiques du parasite. Ils sont répartis en deux familles :
- les anti-foliques tels que les sulfamides, avec la sulfadoxine et sulfone. Ils
inhibent la dihydroptéroate synthétase (DHPS) qui produit l’acide folique.
- les anti-foliniques tels que le proguanil et la pyriméthamine. Ils inhibent la
dihydrofolate réductase (DHFR), qui produit l’acide folinique.
Les naphtoquinones : l’atovaquone est un inhibiteur puissant des fonctions mitochondriales
en bloquant la chaîne de transfert d’électrons au niveau de son enzyme-clé, la dihydroorotate
déshydrogénase. Elle a peu d’impact thérapeutique lorsqu’elle est utilisée seule.
Les antibiotiques : les tétracyclines (doxycycline), les macrolides (érythromycine,
azythromycine, clindamycine) et les fluoroquinolonones peuvent inhiber la synthèse
protéique par inhibition de certaines fonctions de l’apicoplaste (Danis M., 2005).
Paludisme asymptomatique chez la femme enceinte et transmission verticale du plasmodium au CMSC Page 40
Les Gamétocytocides
Les Amino-8-quinoléines tels que primaquine, tafénoquine. Ces molécules sont actives sur la
phase hépatique du parasite. (Danis M.,2005).
Figure 10 : Schéma récapitulatif des anti-paludiques.
Source : Greenwood BM. 2008
1.12.1.3.Les associations d’antipaludiques
Les nouveaux antipaludiques qui ont fait l’objet de développements récents sont tous associés,
au moins en bithérapie. Certaines associations sont fixes :
- l’atovaquone-proguanil ;
- l’arthéméther-luméfantrine ;
- chlorproguanil-dapsone.
D’autres associations sont libres, associant toujours un dérivé de l’artémisinine vu la rapidité
d’action, l’impact sur la transmission et l’absence de chimiorésistance de P. falciparum:
Paludisme asymptomatique chez la femme enceinte et transmission verticale du plasmodium au CMSC Page 41
- artésunate-méfloquine,
- artésunate-amodiaquine,
- artéméther-proguanil et
- artésunate-sulfadoxine-pyriméthamine (Danis M., 2003).
En prophylaxie, les associations chloroquine-proguanil et atovaquone-proguanil sont
recommandées selon les zones de chloroquino-résistance.
1.12.1.4 Conduite pratique du traitement
1.12.1.4.1 Paludisme simple de la femme enceinte
Selon les directives nationales de prises de prises en charge du paludisme, les combinaisons
thérapeutiques à bases d’artémisines (ACT) et la Quinine en comprimés sont les médicaments
recommandés.
La quinine est le médicament recommandé pour le traitement du paludisme chez la femme
enceinte quel que soit l’âge de la grossesse, a la posologie de 8mg/Kg de quinine base ( sans
dépasser 480 mg par prise) toutes les 8 heure pendant 7 jours par voie orale.
Les ACT sont utilisé chez la femme enceinte après le premier trimestre de la grossesse c’est-
à-dire après l’apparition des mouvements actifs (après 16 semaines d’aménorrhées).
1.12.1.4.2Paludisme grave chez la femme enceinte
Examens de laboratoire
Avant tout traitement du paludisme grave qui constitue une urgence médicale, un certain
nombre d’examens complémentaires sont nécessaires dont : la goutte épaisse et le frottis
sanguin, la glycémie, le taux d’hémoglobine ou l’hématocrite. D’autres examens pourront être
demandés en fonction du tableau clinique.
Les médicaments recommandés
Les médicaments recommandés pour le traitement du paludisme grave au Burkina Faso sont
par ordre de priorité : l’artésunate injectable, l’artéméther injectable ou la quinine injectable.
Paludisme asymptomatique chez la femme enceinte et transmission verticale du plasmodium au CMSC Page 42
Posologie
- Artésunate injectable
La posologie est de : 2,4 mg/kg de poids corporel en intraveineuse ou en intramusculaire dès
l’admission (temps zéro), puis au bout de 12 et 24 heures et ensuite une fois par jour jusqu’à
possibilité de la voie orale. Ne pas dépasser sept (7) jours de traitement à l’artésunate
injectable. Il est recommandé de poursuivre le traitement jusqu’à la possibilité du relais par la
voie orale. L’artésunate ne doit pas être utilisé chez la femme enceinte au premier trimestre
de la grossesse.
-Artéméther injectable
La posologie de l’arthéméther: 3,2 mg/kg de poids corporel en intramusculaire dès
l’admission, puis 1,6 mg/kg de poids corporel par jour jusqu’à possibilité de la voie orale. Ne
pas dépasser sept (7) jours de traitement à l’artéméther injectable. La dose maximale en dose
de charge est de 160 mg et 80 mg pour la dose d’entretien.
L’artéméter n’est pas conseillée chez la femme enceinte au premier trimestre de la grossesse.
-Quinine
La posologie pour la quinine est de 16 mg de Quinine base / kg de poids corporel en dose de
charge puis 8 mg de Quinine base / kg de poids corporel en dose d’entretien toutes les 8
heures chez l’adulte.
Si la durée de la perfusion dépasse 48 heures, réduire la dose d’entretien à 4mg/kg de quinine
base jusqu’à possibilité de la voie orale.
Dès que la voie orale est possible après les 36 heures de traitement avec la quinine injectable,
compléter le traitement avec la quinine comprimé à la posologie de 8 mg /kg toutes les 8
heures (sans dépasser 480 mg par prise) pour compléter le traitement à sept (07 jours), ou
avec des ACT pendant 3 jours.
1.12.1.4. 3. Mesures générales pour la prise en charge correcte du paludisme grave
Les mesures suivantes doivent être respectées lors de la prise en charge du paludisme grave.
Il faut :
Paludisme asymptomatique chez la femme enceinte et transmission verticale du plasmodium au CMSC Page 43
-mettre en route une perfusion intraveineuse.
- en cas de convulsions, arrêter d’abord la crise convulsive par une administration de
diazépam puis rechercher et traiter éventuellement une cause décelable (hypoglycémie,
hyperthermie.
-corriger l’hypoglycémie au cas où elle existe.
-faire baisser la température: paracétamol ou acide acetyl salicylique par voie orale, ou
veineuse
-apprécier la nécessité d’une transfusion sanguine.
- la surveillance du malade doit être très étroite : débit d’écoulement de la perfusion, état de
conscience, constantes, diurèse.
1.12.2. Prophylaxie
Il n’existe actuellement aucun vaccin homologué contre le paludisme ou aucun autre
parasite de l’homme. La lutte contre le paludisme repose en partie sur le contrôle des vecteurs
qui vise à supprimer ou limiter le contact homme-vecteur pour prévenir l’infection par des
plasmodiums. Elle est complémentaire de la lutte contre le parasite lui-même par la
chimioprophylaxie, les traitements préventifs intermittents ou les traitements curatifs. Une
évaluation entomologique est cependant indispensable pour vérifier et surveiller l’efficacité
des interventions anti vectorielles.
1.12.2.1. La lutte anti vectorielle
La lutte contre les anophèles au stade adulte
Moustiquaires imprégnées d’insecticide (MII)
Dans l’attente d’un vaccin et face au phénomène de la chimiorésistance de
Plasmodium falciparumaux médicaments antipaludiques, la lutte anti vectorielle demeure de
nos jours une des composantes majeures de la lutte contre le paludisme en prévenant ou en
réduisant la transmission de l’infection plasmodiale. Les moustiquaires imprégnées
d’insecticide (MII) offrent une bonne protection mécanique pour limiter le contact entre les
vecteurs et les humains. Lorsqu’une proportion importante d’une population humaine dort
sous des MII, les anophèles cherchant à les piquer sont fortement exposés à l’insecticide et
Paludisme asymptomatique chez la femme enceinte et transmission verticale du plasmodium au CMSC Page 44
ont une durée de vie diminuée. La transmission des plasmodiums peut alors être diminuée
pour l’ensemble de la communauté humaine; il s’agit de l’effet de masse.
Pulvérisations intra domiciliaires d’insecticides à effet rémanent
Les pulvérisations intra-domiciliaires à l’aide d’insecticides à effet rémanent agréés
par l’OMS (y compris le DDT : dichloro-diphényltrichloroéthane) constituent encore l’une
des principales interventions de lutte anti vectorielle destinées à réduire ou interrompre la
transmission du paludisme dans tous les contextes épidémiologiques (OMS, 2006).
La lutte contre les anophèles au stade larvaire
Les moyens de lutte contre les larves permettent d’empêcher la prolifération des
moustiques. La lutte contre les larves peut prendre plusieurs formes : éliminer les lieux de
ponte, modifier les larves pour qu’elles ne puissent plus s’y développer, rendre les lieux de
ponte inaccessibles aux moustiques adultes, introduire dans les lieux de ponte des poissons
larvivores ou d’autres prédateurs, épandre des larvicides et des inhibiteurs de croissance des
insectes.
1.12.2.2. Traitement préventif
Un traitement préventif intermittent est recommandé pour les groupes de population vivant
dans des zones où le taux de transmission reste élevé et qui sont particulièrement exposés au
risque d’une infection à Plasmodium ou à ses conséquences, notamment les femmes enceintes
et les nourrissons. La plus part des pays en Afrique subsaharienne ont adopté le TPI pour les
femmes enceintes comme politique nationale.
Au Burkina Faso, selon les nouvelles directives de prise en charge du paludisme élaborées en
Mars 2014, le médicament recommandé est la sulfadoxine 500mg-pyriméthamine 25 mg (SP).
Le TPI de la femme enceinte débute au deuxième trimestre après apparition des mouvements
actifs du fœtus. Il consiste à administrer trois (3) comprimés de SP en une prise orale à partir
du deuxième trimestre de la grossesse jusqu’à l’accouchement en respectant un intervalle
minimum d’un mois entre deux prises. Il est recommandé au moins trois doses de SP pendant
la grossesse.
La prise de la SP doit être supervisée au niveau de la formation sanitaire par un agent qualifié.
Paludisme asymptomatique chez la femme enceinte et transmission verticale du plasmodium au CMSC Page 45
1.12.2.3. L’Approche vaccinale
Il n’existe actuellement aucun vaccin homologué contre le paludisme ou contre aucun autre
parasite humain. Pourtant, les études visant à sa mise au point se sont succédé depuis 30 ans
(2400 articles publiés entre 1971 et 2001) avec relativement peu de résultats. La première
tentative de vaccin synthétique, le SP166, développée et testée en 1993 par l’équipe de
Manuel Elkin Patarroyo ne présentait peu ou pas d’efficacité contre P. falciparum. Les essais
qui ont suivis ont tous échoué.
Ce faible taux de réussite peut s’expliquer, au moins en partie, par le cycle de vie complexe
du parasite qui présente au cours de son développement un polymorphisme antigénique
impressionnant. L’une des conséquences principale est l’apparition, chez l’homme, d’une
immunité particulière qui est lente à s’établir, incomplète (elle n’est jamais totale stérilisante,
et ne protège jamais absolument) et instable (elle nécessite des ré-inductions fréquentes).
Actuellement, trois types de stratégie sont en développement. Elles visent à cibler différents
antigènes issus de différentes formes parasitaires.
- La première, a pour but d’empêcher la pénétration et le développement du sporozoaire
dans les hépatocytes : vaccin anti-stade exo érythrocytaire.
- La seconde : vaccin anti stade sanguin, vise à empêcher les mérozoïtes de pénétrer et
de se développer dans les hématies.
- Enfin, la dernière, tente de bloquer la transmission en induisant, chez le moustique, la
création d’anticorps empêchant la maturation des stades sexués.
L’une des études les plus avancées, et prometteuses, concerne la mise au point d’un
vaccin anti-sporozoaire, le RTS, S/AS01 qui se trouve au stade III des essais cliniques et est
actuellement évalué dans 7 pays d’Afrique dont le Burkina Faso a l’unité de recherche
clinique de Nanoro. Différentes combinaisons de ce produit apportent une immunité
protectrice partielle chez des adultes naïfs (Stout JA, 1997) ; (Kester KE, 2009) et seraient
efficaces chez des adultes et des enfants vivant en zone d’endémie (Bojang KA. 2006),
(Alonso PL, 2004), (Sacarlal J, 2009). Les résultats définitifs de l’essai clinique sont attendus
en 2014 et une recommandation de l’OMS relative à l’utilisation ou non de ce vaccin sera
formulée en 2015.
Paludisme asymptomatique chez la femme enceinte et transmission verticale du plasmodium au CMSC Page 46
2. OBJECTIFS
Paludisme asymptomatique chez la femme enceinte et transmission verticale du plasmodium au CMSC Page 47
2. Objectifs
2.1. Objectif général
Déterminer l’incidence de la transmission verticale du paludisme chez la femme enceinte
asymptomatique.
2.2. Objectifs spécifiques
1. Déterminer la prévalence du paludisme asymptomatique chez les femmes en travail
d’accouchement.
2. Déterminer la prévalence du paludisme placentaire chez les femmes enceintes
asymptomatiques.
3. Déterminer l’incidence du paludisme congénital chez le nouveau-né.
4. Identifier les facteurs de risques du paludisme asymptomatique, placentaire et congénital.
5. Déterminer l’impact du paludisme asymptomatique sur quelques paramètres biologiques de
la mère et chez le nouveau-né.
6. Évaluer la couverture de la prophylaxie antipaludique par le Traitement Préventif
Intermittent(TPI) par la sulfadoxine et la pyriméthamine.
Paludisme asymptomatique chez la femme enceinte et transmission verticale du plasmodium au CMSC Page 48
3. METHODOLOGIE
Paludisme asymptomatique chez la femme enceinte et transmission verticale du plasmodium au CMSC Page 49
3. Méthodologie
3.1. Cadre de l’étude
L'étude a été menée chez les femmes enceintes ayant accouché au Centre Médical Saint
Camille (CMSC) de Ouagadougou, capitale politique du Burkina Faso.
3.1.1. Burkina Faso
Situation géographique et socio-économique
Le Burkina Faso est un pays enclavé situé au cœur de l’Afrique de l’Ouest. Il a des frontières
communes avec le Bénin au Sud-Est, le Togo et le Ghana au Sud, la Cote d’Ivoire au Sud-
Ouest, le Mali au Nord et le Niger à l’Est. Avec une superficie de 274 000 km2 pour une
population de 16 460 141habitants en 2012, dont la majorité est rurale, le Burkina Faso fait
partie des pays les plus pauvres du monde. Le revenu national brut (RNB) par habitant
s’élevait en 2013 à 670 Dollars soit environ 317 947 .8 FCFA, avec 46,7% de la population
vivant en dessous du seuil national de pauvreté (108 454 FCFA par an) en 2009. (Groupe
Banque Mondiale 2014). Il en résulte que le pays occupe le 183ième rang sur 187 pays selon
l’indice du développement humain publié en 2013 par le Programme des Nations Unies pour
le Développement. (PNUD, 2013). La population se caractérise par sa jeunesse, avec 47% de
sujets de moins de 15 ans. L’âge moyen de la population était de 21,8 ans en 2006. Les sujets
de sexe féminin représentaient 52% en 2006 de la population. Quant aux femmes en âge de
procréer (15-49 ans), elles constituaient 24 % de la population totale (EDS, 2010).
Par ailleurs, le niveau d’instruction de la population reste faible : les résultats du Recensement
Général de la Population et de l’Habitation (RGPH) de 2006 ont montré que 71 % des
burkinabés de six ans ou plus n’ont aucun niveau d’instruction, 21 % ont un niveau primaire
et seulement 9 % ont un niveau secondaire ou plus. Le taux d’alphabétisation est également
très faible. En effet, toujours selon le recensement de 2006, 67 % des hommes et 80 % des
femmes de 10 ans et plus ne savent ni lire ni écrire (EDS, 2010).
Sur le plan religieux, l’islam est, de loin, la religion majoritaire au Burkina Faso (61 % de la
population). Ensuite viennent dans l’ordre décroissant la religion catholique (19 %), la
religion traditionnelle (15 %) et la religion protestante (4 %). Il y a très peu de personnes qui
déclarent ne pratiquer aucune religion (0,4 %) (RGPH, 2006 ; EDS, 2010).
Paludisme asymptomatique chez la femme enceinte et transmission verticale du plasmodium au CMSC Page 50
Système de santé
Le réseau sanitaire du pays est peu développé. Les structures publiques de santé sont
organisées en trois niveaux qui assurent des soins primaires, secondaires et tertiaires :
- le premier niveau est représenté par le district sanitaire ; il comprend deux
échelons. Le premier échelon de soins est le Centre de Santé et de Promotion Sociale
(CSPS), structure sanitaire de base du système de santé ; et le deuxième échelon de soins
est le Centre Médical avec Antenne chirurgicale (CMA). En outre, il existe quelques
Centres médicaux (CM) susceptibles d’évoluer vers des CMA ;
- le deuxième niveau est constitué par le Centre Hospitalier Régional (CHR), il
sert de référence et de recours aux CM ;
- le troisième niveau est constitué par le Centre Hospitalier Universitaire (CHU).
Il est le niveau de référence le plus élevé pour des soins spécialisés.
En 2012, le nombre total de formations sanitaires publiques était de 1971 soit une hausse de
3,9% par rapport à 2011. Le nombre de CSPS en 2012 était de 1 495 contre 1 443 en 2011.
L’effectif des centres médicaux est passé de 27 à 51 entre 2010 et 2012 (Tableau de bord,
2012). En plus des structures publiques, le Burkina Faso compte des structures privées (385
en 2012 contre 381 en 2011) concentrées dans les deux principales villes que sont
Ouagadougou et Bobo-Dioulasso (respectivement 55,5% et 19,7%).Les cabinets de soins
infirmiers représentent 58,2% de cet effectif (Tableau de bord, 2012). L’importance de la
médecine traditionnelle est reconnue par la loi n°23/94/ADP du 19/05/94 portant code de
santé publique.
Situation sanitaire
Le paludisme constitue un problème de santé publique majeur au Burkina Faso de par son
ampleur et sa gravité. Il évolue sur un mode stable avec une recrudescence saisonnière
s’étendant de Mai à Octobre. Le nombre de cas de paludisme enregistré dans la population
générale en 2012 était de 6 970 700 dont 444 207 cas de paludisme grave. Le nombre de
décès dus au paludisme grave était de 7 963 ; soit une létalité de 1,8%. (Tableau de bord
santé, 2012). Le paludisme au Burkina Faso constitue le premier motif de consultation,
d’hospitalisation et de mortalité. Les proportions enregistrées en 2012 étaient de 45,9% pour
les consultations, 52,3% pour les hospitalisations et 36,4% pour les décès.
Chez la femme enceinte le nombre de cas de paludisme enregistré en2012 est de 279 807
dont 26 447 cas graves. La létalité est de 0,3 % en 2012.Ces chiffres sont en dessous de la
Paludisme asymptomatique chez la femme enceinte et transmission verticale du plasmodium au CMSC Page 51
réalité vue la faible fréquentation des services de santé. Les femmes enceintes vivant en zone
d’endémie palustre payent un très lourd tribut à cette maladie. En effet avec un niveau
d’immunité élevé l’infection palustre est habituellement asymptomatique. Elle est de ce fait
méconnue et non traité au grand détriment de la santé de la mère et de son fœtus.
Compte tenu de son caractère silencieux les données sur la prévalence de la transmission
verticale du paludisme chez les femmes enceintes asymptomatiques restent sous-estimées au
Burkina Faso. Malgré les efforts du gouvernement et de ses partenaires, la situation sanitaire
du Burkina Faso demeure critique. En effet, la morbidité et la mortalité générale y sont
élevées. La pauvreté, le faible niveau d’instruction des populations, la rareté et le manque de
qualification des structures sanitaires, de même que certaines traditions ancrées dans les
cultures y contribuent. En outre, à ce jour, il n’existe pas de système de sécurité sociale
permettant de garantir aux plus démunis l’accès à des services de santé qualifiés.
3.1.2. Centre Médicale Saint Camille
Le centre Médicale Saint Camille est une structure sanitaire religieuse dirigée par les religieux
Camilliens. Il a été créé en 1968 par les missionnaires Camilliens.
C’est un établissement de santé, de soins , d’hospitalisation et d’exploration paraclinique à but
non lucratifs dont la mission se situe dans la prise en charge des malades d’une part et le
souci d’offrir un service de qualité a cout social d’autre part .Cette vocation caritative et la
qualité des soins prodigués aux malades font du CMSC un des centres de santé les plus
fréquentés de la ville de Ouagadougou. Situé au secteur 14 de la ville de Ouagadougou, il
dépend administrativement du district sanitaire du secteur 30.
Le CMSC regroupe plusieurs services qui sont:
La médecine générale
La médecine spécialisée qui comprend :
- La cardiologie,
- L’endocrinologie
- La pneumologie
- La dermatologie
- La gastro-enterologie
- La neurologie
- La neurophysiologie
Paludisme asymptomatique chez la femme enceinte et transmission verticale du plasmodium au CMSC Page 52
- La chirurgie viscérale et orthopedique
- L’Oto-rhino-laryngologie
- L’odonstomatologie
- La gynécologie
- La kinésithérapie
- L’unité de diagnostic et de suivi de la drépanocytose
- L’urologie
- L’ophtalmologie
La maternité, où nous avons recruté les femmes enceintes,
Le service de pathologie néonatale,
Le service de santé maternelle et infantile (SMI) qui mène les activités suivantes :
- Récupération éducation nutritionnelle
- Consultations prénatales (CPN)
- Administration des vaccins du programme élargie de vaccination (PEV)
- Suivi nourrisson
la pharmacie
un cabinet dentaire,
L’hospitalisation
Le service de prévention de la transmission mère enfant du VIH (PTME).
Le service d'imagerie médicale
Le laboratoire d'analyse ou les échantillons des femmes et de leur nouveau-né ont été
analysé. Il comprend les sections suivantes :
- parasitologie
- bactériologie
- biochimie
- hématologie
- sérologie
- immuno-virologie
- biologie moléculaire
Le centre médical dispose d’un personnel qualifié compétant, disponible pour la prise
en charge professionnelle des patients. En effet on dénombre parmi le personnel
technique et professionnel :
Paludisme asymptomatique chez la femme enceinte et transmission verticale du plasmodium au CMSC Page 53
- Deux (2) médecins généralistes
- Quatre (4) médecins et douze (12) infirmières pour la pédiatrie
- Deux (2) médecins spécialisés dans la prise en charges des malades
drépanocytaires
- Deux (2) médecins gynécologues
- Trois (3) médecins cardiologues
- Deux (2) médecins gastro-entérologues
- Deux (2) médecins dentistes et (3) attachés
- Un (1) médecin ophtalmologue et (7) attachés
- Trois (3) médecins dermatologues.
- Un (1) médecin oto-rhino-laryngologie et quatre (4) attachés
- Deux (2) kinésithérapeutes et une Aide
- Deux (2) médecins chirurgiens
- Un (1) médecin orthopédiste
- Un (1) médecin diabétologue
- Cinq (5) médecins radiologues et cinq manipulateurs radio
- Un (1) médecin urologue
- Un (1) médecin pneumologue.
3.2. Type et période d’étude
Il s’agit d’une étude transversale à visée descriptive et analytique qui s’est déroulée sur une
période de 6 mois, du 08 septembre 2013 au 05 Février 2014 (intervalle de temps comportant
la période haute transmission du paludisme).
3.3. Population d’étude
La population d’étude était constituée de toutes les femmes enceintes vues à leur dernière
consultation prénatale et ayant accouché au centre médicale Saint Camille de Ouagadougou
durant la période de collecte.
Paludisme asymptomatique chez la femme enceinte et transmission verticale du plasmodium au CMSC Page 54
3.4. Critères d’inclusion
Ont été incluses :
- Les femmes enceintes âgées d’au moins 18 ans, vues à leur dernière consultation
prénatale au centre médicale Saint Camille, ne présentant pas de suspicion clinique de
paludisme et qui avaient donné leur consentement éclairé pour participer
volontairement à l’étude.
- Les nouveau-nés à terme et vivants de ces femmes.
- Les placentas macroscopiquement sains issus de ces parturientes.
3.5. Critères de non inclusion
N'ont pas été incluses :
- Les femmes enceintes de moins de 18 ans.
- Les femmes enceintes avec suspicion clinique de paludisme.
- Tout placenta macroscopiquement anormal (incomplet, présence de cupules, ou de
calcifications).
- Tout mort-né quel que soit l’étiologie.
Les symptômes de suspicion clinique du paludisme sont : fièvre, céphalées, vomissements,
nausées, douleurs abdominale, diarrhée, myalgie.
Vu que les symptômes du paludisme peuvent être confondues a des manifestations cliniques
survenant chez la femme enceinte au cours du travail ont été considérés comme
asymptomatiques les femmes enceintes en travail non fébriles.
3.6. Variables de l’étude
Les variables étudiées étaient les suivantes :
- les caractéristiques sociodémographiques : l’âge, l’ethnie, l’adresse
géographique, le niveau d’étude, l'activité socioprofessionnelle, la religion, le
statut matrimonial ;
- les antécédents gynécologiques et obstétricaux ;
- le nombre de consultations prénatales au cours de la grossesse ;
- la prophylaxie anti- palustre au cours de la grossesse ;
- Les antécédents palustres au cours de la grossesse ;
Paludisme asymptomatique chez la femme enceinte et transmission verticale du plasmodium au CMSC Page 55
- Les résultats de la goutte épaisse chez la mère, au niveau du placenta et chez le
nouveau-né ;
- Le score d’Apgar à la 1ere , 5iem et à la 10ième minutes.
- Le poids de naissance du nouveau-né ;
- Les résultats du taux d’hémoglobine chez la mère et chez le nouveau-né.
- Les résultats de la créatininémie et des transaminases hépatiques chez le
nouveau-né.
3.7. Échantillonnage
3.7.1. Type d’échantillonnage
Il s’agit d’un échantillonnage aléatoire simple. Les femmes enceintes éligibles ont été incluses
au fur et à mesure de leur contact et dès acceptation de participer à l’étude.
3.7.2. Taille de l’échantillon
Nous avons calculé la taille de l’échantillon avec la formule de Schwartz, en se basant sur la
prévalence de 24,0% pour le paludisme asymptomatique chez les femmes enceintes rapportée
par Douamba et al., 2012 dans une étude au Burkina Faso.
t2 x P (1-P)n = ----------------- = 280
m
n = taille d'échantillon requise
t = niveau de confiance à 95% (valeur type de 1,96)
p = prévalence du paludisme asymptomatique chez les femmes enceintes
m = marge d'erreur à 5% (valeur type de 0,05)
La taille de l’échantillon calculée est donc égale à 280 et nous avons pu obtenir que 162
femmes enceintes. Car nous avons été confrontés à une limitation du temps qui nous était
imparti pour la thèse. De plus, une partie de notre période de collecte s’est prolongée de
novembre 2013 à février 2014 afin d’obtenir la taille souhaitée. Cependant, cette période
Paludisme asymptomatique chez la femme enceinte et transmission verticale du plasmodium au CMSC Page 56
sèche et froide ne coïncidait pas avec celle de la haute transmission du paludisme au Burkina
Faso.
Ainsi, au total cent soixante-deux (162) femmes enceintes âgées de 18 ans au moins, vues à
leur dernière consultation prénatale au centre médicale Saint Camille, ont été incluses dans
l’étude ainsi que leur nouveau-né.
3.7.3. Collecte des données
3.7.3.1. Outil de collecte
Les données pour l’étude ont été recueillies à l’aide d’une fiche de collecte individuelle
(Annexe) administrée à chaque femme enceinte incluse. Cette fiche nous a permis de
recueillir les données sociodémographiques, la méthode de prophylaxie anti-palustre utilisée
par chaque femme et les antécédents palustre au cours de grossesse.
3.7.3.2. Collecte des échantillons
Chez les femmes enceintes éligibles, 3 ml de sang veineux ont été prélevés dans un tube
EDTA.
Chez les nouveau-nés, 3ml de sang ont été prélevés dans un tube EDTA au niveau de la
portion maternelle du cordon ombilical après que celui-ci ait été clampé. Le score d’APGAR
à la première, cinquième et dixième minute a été également évalué. Les nouveaux nés ont
ensuite été pesés.
Au niveau du placenta 2ml de sang ont été prélevés dans un tube EDTA au niveau de la face
maternelle. Ces tubes EDTA ont servi à la détermination de la parasitémie et de l’espèce
plasmodiale sur goutte épaisse et frottis sanguin. Les prélèvements chez la mère ont servi au
dosage du taux d’hémoglobine. Chez l’enfant, taux d’hémoglobine, créatininémie et
transaminases hépatiques ont été réalisés.
Paludisme asymptomatique chez la femme enceinte et transmission verticale du plasmodium au CMSC Page 57
3.7.4. Goutte épaisse/densité parasitaire, plus frottis et dosage colorimétrique du tauxd’hémoglobine
Goutte épaisse et densité parasitaire
Déposer une goutte de sang au milieu d'une lame de microscope et, à l'aide du coin d'une
autre lame, étaler la goutte de sang jusqu'à obtenir un diamètre de 10 à 15 mm (figure 11).
Figure 11 : Une goutte épaisse
Lorsque les étalements sont secs, colorer pendant environ 30 mn au Giemsa dilué au 1/10,
laver doucement et laisser sécher. Au microscope, examiner au grossissement 100 la goutte
épaisse en utilisant de l'huile à immersion. Pour estimer la densité parasitaire, compter le
nombre de parasites présents en comptant 200 leucocytes. Ce nombre est multiplié par 40
pour avoir la parasitémie en parasite/µL.
Frottis sanguin
Nettoyer 2 lames à l’alcool (faces et tranches), les sécher avec du papier absorbant, les
déposer sur papier absorbant. Prélever, une goutte de sang à l’aide du compte-goutte. Déposer
la goutte de sang à l’extrémité d’une lame. Appliquer une autre lame inclinée à 45° en avant
de la goutte de sang de façon à ce que le sang s’étale sous la lame par capillarité. Faire glisser
la lame inclinée à 45° pour étaler uniformément la goutte. Sécher le frottis avec le sèche-
cheveux. Repérer au marqueur, avec une lettre F, la face où se trouve le sang.
Dosage colorimétrique du taux d’hémoglobine
Le dosage a été effectué en utilisant un kit de dosage colorimétrique (Cypress
DIAGNOSTICS, Belgique) et un spectrophotomètre (MICROLAB 200).
Principe : l’hémoglobine est oxydée par le ferricyanure de potassium en méthémoglobine
laquelle est convertie en cyanométhémoglobine par le cyanure de potassium. L’intensité
Paludisme asymptomatique chez la femme enceinte et transmission verticale du plasmodium au CMSC Page 58
d’absorption de la cyano-méthémoglobine est proportionnelle à la concentration de
l’hémoglobine.
Protocole : mélanger 20 µL de sang dans 5 mL de solution de travail, vortexer et incuber 3
minutes à température ambiante. Ce mélange est lu contre un blanc (solution de travail).
Concentration de l’hémoglobine = (Abs échantillon/ Abs standard) X 15 en g/dL. Limite de
détection 0,1 g/dL ; linéarité jusqu’à 20 g/dL.
3.7.5. Analyse des données
Les données ont été traitées et analysées sur un microordinateur à l’aide du logiciel SPSS dans
sa version 17.0 et du logiciel Epi Info dans sa version 3.5.1.
Une analyse descriptive des variables de l’étude a été faite. Ainsi, pour les variables
qualitatives, les fréquences et les proportions ont été déterminées. Les comparaisons ont été
faites à l’aide du test de chi2 ou, lorsque les valeurs attendues étaient inférieures à 5, à l’aide
du test exact de FISHER. Pour les variables quantitatives, les moyennes avec leur écart-type
ont été déterminées; les comparaisons ont été faites au moyen du test de Student. Le seuil de
signification était de 5%.
3.7.6. Considérations éthiques
Le comité d’éthique du Centre Médical Saint-Camille et du CERBA a approuvé cette étude.
Le consentement libre et éclairé de chaque femme enceinte incluse a été obtenu après
explication détaillée du but de l’étude. Le respect de la confidentialité et de l’anonymat par
rapport aux informations fournies ont été garantis.
Paludisme asymptomatique chez la femme enceinte et transmission verticale du plasmodium au CMSC Page 59
4. RESULTATS
Paludisme asymptomatique chez la femme enceinte et transmission verticale du plasmodium au CMSC Page 60
4. Résultats
4.1. Caractéristiques sociodémographiques
Les femmes enceinte de notre étude étaient âgées de 18 à 43 ans avec une moyenne d’âge de
27,9 ± 5,1 ans. La tranche d’âge de 26 à 33 ans était la plus représentée. Les caractéristiques
sociodémographiques des femmes enceintes ont été décrites dans le tableau IV.
Tableau IV : Caractéristiques sociodémographiques des femmes enceintes
Classes d’âge 18-2557 (35,2%)
26-3375 (46,3%)
> 3330 (18,5%)
Total162 (100)%
Moyenne d’âge 22 ,5±1,91 29, 3±2,3 36,6±2,6 27,8±5,1
Résidence
Urbain 53(35,3%) 76 (50,7%) 21(14,0%) 150 (92,5%)
Rural 4 (33,3%) 8 (66,7%) 0 (0 ,0%) 12 (7,4%)Niveau d’instructionAnalphabète 1(027 ,0%) 21 (56,8%) 6 (16,2%) 37 (22,8%)Primaire 20 (42 ,6%) 23 (48,9%) 4(8,5%) 47(29,01%)
Secondaire 21(41,2%) 21(41,2%) 9 (17,6%) 51 (31,4%)Supérieure 6 (22 ,2%) 19 (70,4) 2 (7,4%) 27 (16,6%)ProfessionMénagères 27 (45,5%) 28 (47,5%) 4 (6,8%) 59 (36,4%)
Secteur informel 16 (28,1%) 31 (54,4%) 10 (17,5%) 57 (35,1%)
Elèves / Etudiantes 10 (52 ,6%) 9 (47,4%) 0 (0,0%) 19 (11,7%)
Fonctionnaires 4 (14,8%) 16 (59,3%) 7 (25,9%) 27 (16,6%)
Situation matrimonialeMariées 49 (33,8%) 75 (51,7%) 21(14,5%) 145 (89,5%)
Célibataires 8 (47,1%) 9 (52,9%) 0 (0%) 17 (10,4%)
4.2. Antécédents obstétricaux
Le nombre de gestes des femmes variaient entre 1et 8 gestes avec une moyenne de 2,5 ± 1,5.
Les primigestes représentaient 29,6% tandis que les multigestes étaient 40,1% des femmes.
Le nombre de pares variaient entre 1 et 8 avec une moyenne de 2,3 ± 1, 30.
Le nombre d’enfants vivants par femmes variait entre 1 et 5enfants vivants avec en moyenne
2,2 ± 1,4.
Paludisme asymptomatique chez la femme enceinte et transmission verticale du plasmodium au CMSC Page 61
Le nombre d’enfants morts nés par femmes était en moyenne de 0,5 ± 0,3.
Le nombre d’enfants décédés par femmes était en moyenne de 0,1 ± 0,3.
Le nombre d’avortements spontanés par femme était de 0,2 ± 0,4.
4.3. Les consultations prénatales
Le nombre de consultations prénatales (CPN) au cours de la grossesse des femmes enceintes
incluses variaient entre 1 et 5 consultations prénatales avec une moyenne de 3,5 ET± 0,7.
Dans cette étude : 25,3% (41/162) ont bénéficié de moins 3 consultations prénatales au cours
de la grossesse ; 61,7 % (100 /162) ont bénéficié d’au moins 4 consultations prénatales.
4.4. Prophylaxie anti-anémique
Au cours de la grossesse, 97,5 % (158 /162) des femmes enceintes ont bénéficié d’une
prophylaxie anti-anémique a base fer plus acide folique.
4.5. Prophylaxie antipaludique utilisé au cours de la grossesse
En ce qui concerne la prophylaxie antipaludique, 98,8% (160/162) des femmes incluses ont
déclaré avoir pratiqué au moins une méthode de prophylaxie anti paludique au cours de la
grossesse.
4.5.1. Utilisation de moustiquaire
L’utilisation des moustiquaires concernait 86,4% (140/162) des femmes incluses. Parmi ces
femmes 97,8% (137/140) utilisaient une moustiquaire imprégnée à longue durée d’action
(MILDA).
4.5.2. Utilisation d’autres moyens de lutte anti-vectorielle au cours de la grossesse
Dans la présente étude, 54,9% (89/162) des femmes incluses ont déclaré avoir utilisé un autre
moyen de lutte anti-vectorielle au cours de la grossesse comme : crèmes anti-moustiques
(14,2%), insecticide en pulvérisation (30,3%), spirales anti-moustiques (10,5%).
Paludisme asymptomatique chez la femme enceinte et transmission verticale du plasmodium au CMSC Page 62
4.5.3. Utilisation du traitement préventif intermittent (TPI) par Sulfadoxine-Pyriméthamine (SP)
Parmi les femmes incluses, 93,2% (151/162) ont bénéficié d’un traitement préventif
intermittent par la Sulfadoxine-Pyriméthamine au cours de la grossesse. De ces femmes,
82,1% (124/ 151) ont reçu deux (02) doses de SP au cours de la grossesse ; 4,6 % (7/151) ont
reçu plus de trois doses de SP.
4.6. Antécédents de crises de paludisme au cours de la grossesse
L’étude a montré que 44,4% (72/162) des femmes incluses ont eu un antécédent de crises de
paludisme confirmé par une goutte épaisse ou un test de diagnostic rapide (TDR) au cours de
la grossesse. Parmi les femmes enceintes qui ont eu une crise de paludisme au cours de la
grossesse, nous avons trouvé que ces crises de paludisme sont survenues dans 8,0% (13/162)
des cas au premier trimestre. Au deuxième et au troisième trimestre la proportion est
respectivement de 7,4% (12/162) de 24,0% (45/162).
4.6.1. Traitement préventif intermittent et survenue de crises de paludisme au cours dela grossesse
Dans cette étude, 6,8% (11/162) des femmes n’ont pas bénéficié de traitement préventif
intermittent au cours de la grossesse. Parmi elles, 72,7% (8/11) utilisaient une autre méthode
de prévention contre le paludisme au cours de la grossesse. Il y’ a eu plus de crises de
paludisme au cours de la grossesse parmi les femmes incluses qui n’ont pas bénéficié d’un
traitement préventif intermittent (63,6%) que chez celles qui en ont bénéficié (43,0%)
(Tableau V).
Paludisme asymptomatique chez la femme enceinte et transmission verticale du plasmodium au CMSC Page 63
Tableau V : Traitement préventif intermittent et survenue de crise de paludisme
Crises de paludismeau cours de la grossesse
Valeur de p
non oui
Traitement préventifIntermittent par SP
non4/11
36,4%7/11
63,6% p = 0,33
oui 86/15156,9%
65/15143,0%
4.7. Caractéristiques cliniques des nouveaux nés
En ce qui concerne le sexe des nouveau-nés, 53,7% (87/162) étaient de sexe masculin contre
46,3% de sexe féminin.
Le poids de naissance variait entre 2 350 grammes et 4430 grammes avec une moyenne de
3137,6 g ± 386,2 g. Les nouveaux nés présentant un faible poids de naissance étaient de 1,9%
(3/162).
Le score d’Apgar était normal chez 93,2% (151/162) des nouveau-nés (> 7 à la 1ere minute) ;
tandis que 6,8% (11/162) nouveau-nés ont été réanimés à la naissance. Tous les nouveau-nés
étaient apyrétiques.
Le tableau VI présente les caractéristiques cliniques des nouveau-nés.
Paludisme asymptomatique chez la femme enceinte et transmission verticale du plasmodium au CMSC Page 64
Tableau VI: Caractéristiques cliniques des nouveau-nés
Effectif PourcentageSexe
Masculin 87 53,7%
Féminin 75 46,3%
Poids de naissance
Insuffisance pondérale(< 2500 g)
3 1, 9%
Poids normal 158 97,5%
Macrosomie(> 4000 g)
1 0,6%
Score d’APGAR
Normal 151 93,2%
Anormal 11 6,8%
4.8. Caractéristiques hématologiques et biochimiques chez la femme enceinte et lenouveau-né
Chez les mères l’étude a montré : 20,4% (33/162) des femmes enceintes présentaient
une anémie. Celle-ci était légère dans 51,1% (17/33) des cas ; modérée dans
30, 3%(10/33) des cas et sévère dans 8,1% (6/33) des cas.
Chez les nouveau-nés cette étude a montré :
53,1% (86/162) présentaient une anémie,
6,1% (10/162) avaient une créatinémie élevée,
12,3% (20/162) avaient des Aspartate-amino-transférase (ASAT) élevées,
11,1% (18/162) avaient aussi des Alanine amino-transférase (ALAT) élevées.
Paludisme asymptomatique chez la femme enceinte et transmission verticale du plasmodium au CMSC Page 65
Les caractéristiques hématologiques et biochimiques des mères et de leurs nouveau-nés
ont été représentées dans le tableau VII.
Tableau VII : Caractéristiques hématologiques et biochimiques chez la mère et le
nouveau-né.
Paramètres chez la mèreEffectif Pourcentage
Taux d’hémoglobine
Présence d’anémie(< 11g/dl)
33/162 20,3%
Absence d’anémie(>11g/dl) 129/162 79,2 %
Paramètres chez le nouveau-né
Taux d’hémoglobine
Présence d’anémie(<15g/dl)
86 /162 53,1%
Absence d’anémie(> 15 g/dl)
76/162 46,9%
Créatinémie
Normal[53-106] µmol/l
152/162 93,8%
Anormal(> 106µmol/l)
10/162 6,1%
ASAT
Normal[15-60]UI/l
142/162 87,6%
Anormal(> 60 UI/l)
20/162 12,3%
AlAT Normal[5-25]UI/l
144/162 88,9 %
Anormal(>25 UI/l)
18 / 162 11,1%
Paludisme asymptomatique chez la femme enceinte et transmission verticale du plasmodium au CMSC Page 66
4 .9. Prévalence du paludisme asymptomatique chez la femme enceinte
La prévalence du paludisme asymptomatique, à partir des gouttes épaisses positives au niveau
du sang veineux et/ ou au niveau du placenta, chez la femme enceinte était de 13,6% (22/162).
IC 95%= [8,88- 20,05]. La densité parasitaire variait entre118 et 18600 trophozoites/µl avec
une moyenne géométrique 1285,6 trophozoites/µl
Plasmodium falciparum a été identifié dans tous les 22 cas de paludisme asymptomatique.
Plasmodium malariae a été isolé dans 2/22 (9,1%) cas de paludisme asymptomatique. Dans
tous les 2 cas, il était associé à Plasmodium falciparum.
Plasmodium ovale a été identifié dans 1 cas de paludisme asymptomatique (4,5 %) ou il était
également associé à Plasmodium falciparum.
Les résultats de la parasitémie ont été représentés dans le tableau VIII ci-dessous.
4.10. Prévalence du paludisme placentaire
La goutte épaisse était positive au niveau de 12 placentas. Le taux d’infestation placentaire
était de 7,4%. IC 95% = [4,06- 12,87]. La densité parasitaire dans le placenta variait entre
143 et 18600 trophozoites/µl avec une moyenne géométrique 985trophozoites/µl.
Le Plasmodium falciparum a été retrouvé dans 11/12 (91 ,7 %) cas de paludisme placentaire.
Le Plasmodium malariae a été retrouvé dans 2/12(16 ,7%) cas de paludisme placentaire.
Dans tous les 2 cas, il était également associé à Plasmodium falciparum.
Plasmodium ovale a été identifié dans 1/12 (8,3%) cas de paludisme placentaire.
Tous les résultats de la parasitémie ont été représentés dans le tableau VIII.
Paludisme asymptomatique chez la femme enceinte et transmission verticale du plasmodium au CMSC Page 67
Tableau VIII : Résultats de la parasitémie
Parasites /µlFormes plasmodiales Plasmodium falciparum Plasmodium malariae Plasmodium ovaleRéférences lamesN° Code lame Tf Sf Gf Tm Sm Gm To So Go
1M 7P 7 143CO 7
2M9 8152P9C09
3M 17 390P 17CO 17
4M 27 1490P 27CO27
5M 38 14811P 38 12256 315 433CO 38
6M50 11647 22941P 50 12317 51683 2495 24CO50 5102
7M 65P 65 522CO 65 231
8M 82P 82 269CO 82
9M88 118P88 716CO 88 517
10M 91 135P 91CO 91
11M 133 827P 92CO 92
12M 97 832P 97CO 97 359
13M 107 1450P 107 588 2509 470CO 107
14M 111
P 111 2470 431CO 111
15M 113 2263P 113CO 113
16M116P116 269C0116
17M 117 18600P 117CO 117
18M 121 4610P 121 1064 551 374CO 121
19M 134 2857P134CO 134
20M 135 2105P 135CO 135 857
21M 137P137 5720CO137
22M 160P 160 175CO160
Légende :M : mère ; Co: cordon ombilicale ; P: placenta ; t:trophozoite ; s:schizonte ; g:gametocystoide ; f:falciparum ;
m:malariae ; o: ovale
Paludisme asymptomatique chez la femme enceinte et transmission verticale du plasmodium au CMSC Page 68
4.11. Incidence du paludisme congénital
Dans le sang du cordon, la goutte épaisse était positive chez 3,1% (5 /162) des nouveau-nés.
IC 95% [0 ,79- 6,60].
La densité parasitaire variait entre 231 et 5102 trophozoites/µl avec une moyennegéométrique
de 763,6trophozoites/µl.
Plasmodium falciparum a été isolé chez tous les nouveaux nés parasités, tandis que P.
malariae et P. ovale n’ont pas été retrouvés.
Tous les résultats de la parasitémie ont été représentés dans le tableau IX ci-dessus.
Tableau IX: Résultats de laparasitémie chez le nouveau-né
Parasites /µlFormesplasmodiales
Plasmodiumfalciparum
Plasmodium malariae Plasmodium ovale
ReferenceslamesN° Code
lameTf Sf Gf Tm Sm Gm To So Go
1 CO 50 5102 - - - - - - - -
2 C0133 231 - - - - - - - -
3 CO 88 716 - - - - - - - -
4 CO 97 359 - - - - - - - -
5 CO 135 857 - - - - - - - -
Légende :
M: mère t: trophozoite f: falciparumCo: cordon ombilicale s: schizonte m: malariaeP: placenta g: gametocystoide o: ovale
4.12. Taux de transmission verticale du paludisme asymptomatique
Parmi les 22 femmes enceintes incluses présentant une goutte épaisse positive au niveau du
sang veineux et/ou au niveau de placenta, 5 nouveau-nés présentaient une parasitémie
positive. Le taux de la transmission verticale du paludisme asymptomatique était de 22,7%.
IC 95% = [8,69- 45, 82].
Plasmodium falciparuma été identifié dans tous les cas de transmission verticale.
Paludisme asymptomatique chez la femme enceinte et transmission verticale du plasmodium au CMSC Page 69
Dans 2 cas,Plasmodium malariae a été retrouvé associé à plasmodium falciparumchez la
mère, tandis quePlasmodium ovale n’a pas été retrouvé. Les résultats de la parasitémie de la
transmission verticale ont été représentés dans le tableau X.
Tableau X : Résultats de la parasitémie de la transmission verticale du paludisme
asymptomatique
Références lamesParasites /µl
N° Code lameN° Code lame Tf Sf Gf Tm Sm Gm To So Go
1M 50 11647 22941P 50 12317 51683 2495 24CO50 5102
2M 65P 65 522CO 65 231
3M 88 118P 88 716CO 88 517
4M 97 832P 97 601CO 97 359
5M 135 2105P 135CO 135 857
Légende :
M: mère t: trophozoite f: falciparumCo: cordon ombilicale s: schizonte m: malariaeP: placenta g: gametocystoide o: ovale
4.12.1.Facteurs de risques associés à la survenue du paludisme asymptomatiques
Le nombre de geste
Les résultats de cette étude montrent que les seconde-gestes seraient les plus exposés à un
paludisme asymptomatique mais il y’a pas de différence entre le nombre de geste et la
survenue d’un paludisme asymptomatique p>0,05.
Traitement préventif intermittent par la Sulfadoxine-Pyriméthamine
Parmi les femmes enceintes qui ont bénéficié d’un traitement préventif intermittent à la
Sulfadoxine-Pyriméthamine (TPI- SP) au cours de la grossesse 13,2% d’entre elles ont
Paludisme asymptomatique chez la femme enceinte et transmission verticale du plasmodium au CMSC Page 70
présenté un paludisme asymptomatique contre 18,2% parmi celles qui n’ont pas bénéficié de
TPI. Cependant, cette différence n’est pas statistiquement significative car p>0.05.
Moustiquaire imprégnée a longue durée d’action (MILDA)
Parmi les femmes enceintes incluses qui utilisaient une MILDA, 16,1% présentaient un
paludisme asymptomatique. Par contre parmi celles qui ne l’utilisaient pas aucune des
femmes n’a présenté de paludisme asymptomatique. Cette différence n’est significative car
p> 0,05.
Antécédent de crises de paludisme au cours de la grossesse.
Cette étude a montré que 12,5% des femmes enceintes qui ont eu un antécédent de crise de
paludisme au cours de la grossesse ont présenté un paludisme asymptomatique contre 14,5 %
parmi celles qui n’ont pas eu d’antécédents de crises de paludisme au cours de la grossesse.
Là également, cette différence n’est pas significative car p>0.05
Les facteurs de risques associés à la survenue du paludisme asymptomatiques ont été
représentés dans le tableau XI.
Paludisme asymptomatique chez la femme enceinte et transmission verticale du plasmodium au CMSC Page 71
Tableau XI : Facteurs de risques associés à la survenue du paludisme asymptomatiques
Paramètres Goutte épaisse p-valueNégative Positive
Nombre de gestes
1N= 48/162 (29,6%)
43/48(89,8%)
5/48(10,4%)
p=0.772N= 49/162 (30,2%)
41/49(83,7%)
8/49(16,3%)
≥ 3N= 65/162 (40,1%)
56/65(86,2%)
9/65(13,9%)
Traitement préventifIntermittent par SP.(TPI-SP)
NonN=11/162 (6,8%)
9/11(86, 75%)
2/11(18,2 %)
p=0.99
OuiN= 151/162 (93,2%)
131/151(91, 4%)
20/151(13, 2%)
Moustiquaireimprégnée.(MILDA)
NonN= 25/162 (15,4%)
25/25(100%)
0/25(0%) p=0.06
OuiN= 137/162 (84,6%)
115/137(83,9%)
22/137(16,1%)
Antécédent de crisesde paludisme au coursde la grossesse.
NonN=90/162 (55,6%)
77 /90(85,6%)
13 /90(14,5%)
p= 0.71OuiN= 72/ 162 (44,4%)
63/72(87,5%)
9 /72(12,5%)
4.12.2. Facteurs associés à la survenue du paludisme placentaire
Parasitémie maternelle
Parmi les femmes enceintes qui présentaient une parasitémie périphérique 33,3% des femmes
enceintes présentaient un paludisme placentaire.
Le paludisme placentaire a été également diagnostiqué chez 4,8% des femmes enceintes dont
la parasitémie périphérique était négative. Cette association est statistiquement significative
(p<0,001).
Paludisme asymptomatique chez la femme enceinte et transmission verticale du plasmodium au CMSC Page 72
Le nombre de gestes
Dans cette étude : 10,2% des second-gestes présentaient un paludisme placentaire contre 6,3%
et 6,4% respectivement chez les primigestes et les multigestes. Cependant cette différence
n’est pas statistiquement significative car p> 0,05.
Le traitement préventif intermittent par le sulfadoxine-pyriméthamine
Dans le traitement préventif intermittent par la sulfadoxine et la pyriméthamine 18,2% des
femmes incluses qui n’ont pas bénéficié d’un traitement préventif intermittent par la
Sulfadoxine - Pyriméthamine au cours de la grossesse ont présenté un paludisme placentaire.
Cependant, parmi les femmes qui en ont bénéficié 6,2 % ont présenté un paludisme
placentaire. Cette différence n’est pas significative car p> 0,05.
Antécédent de paludisme au cours de la grossesse
Au niveau des antécédents de paludisme au cours de la grossesse 8,3% des femmes incluses
qui ont eu un antécédent de crises de paludisme au cours de la grossesse ont présenté un
paludisme placentaire contre 6,7% parmi celles n’ont pas eu de crises de paludisme au cours
de la grossesse. Cette différence n’est pas significative car p>0,05. Les facteurs associés à la
survenue du paludisme placentaire ont été représentés dans le tableau XIV ci-dessous.
Stade de survenue du paludisme au cours de la grossesse
Il ressort dans cette étude que le taux d’infestation placentaire est plus élevé chez les
femmes enceintes qui ont une crise de paludisme au cours du troisième trimestre (11, 1%)
contre 8,3% et 0% au deuxième et au premier trimestre. Cette différence n’est pas
statistiquement significative p >0,05. Les facteurs associés à la survenue du paludisme
placentaire sont représentés dans le tableau XII.
Paludisme asymptomatique chez la femme enceinte et transmission verticale du plasmodium au CMSC Page 73
Tableau XII : Facteurs associés à la survenue du paludisme placentaire
Paramètres Goutte épaisse(placenta)
P-value
Négative Positive
Parasitémie maternelle(sang veineux)
NégativeN=147/162 (90,74%)
140/147(95,23%)
7/147(4,8%)
p<0,01PositiveN= 15/162 (9,26%)
10/15(66,7%)
5/15(33,3%)
Nombre de gestes
1N= 48/162 (29,63%)
45/48(93,8%)
3/48(6,3%)
p=0.662N= 49/162 (30,24%)
44/49(89,8%)
5/49(10,2%)
≥ 3N= 65/162 (42,78%)
61/65(93, 8%)
4/65(6,2%)
Traitement préventifintermittent par la Sp(TPI-SP)
NonN=11/162 (6,79%)
9/11(81,8%)
2/11(18,2%) p= 0,19
OuiN= 151/162 (93,21%)
141/151(93,4%)
10 /151(6,6%)
Antécédent de crisesde paludisme au coursde la grossesse.
NonN=90/162(55,5%)
84/90(93,3%)
6/90(6,7%)
p=0,68OuiN=72/162(44,5%) 66/72
(91,7%)6/72(8,3%)
Stade de Survenue
Premier trimestreN=13/162 (8%)
13 /13100%
0/130%
p= 0,45Deuxième trimestreN=12/162(7,4%)
11/1291,7%
1 /128,3%
Troisième trimestreN=45/162(27,8%)
40/4588,9%
5/4511 ,1%
4.12.3. Facteurs associés à l’incidence du paludisme congénital
Le sexe
Parmi les enfants nés des mères infectées par le plasmodium, 4,0% de sexe féminin ont
présenté un paludisme congénital contre 2,3% parmi les nouveaux nés de sexe masculin. Cette
différence n’est pas statistiquement significative car p>0,05.
Paludisme asymptomatique chez la femme enceinte et transmission verticale du plasmodium au CMSC Page 74
Le nombre de gestes
Il a été dénombré plus de nouveaux nés présentant un paludisme congénital parmi les second-
geste (4,1%). Chez les primigestes et les multigestes, les cas de paludisme congénital sont
respectivement de 2,1% et 3,1%. Cette différence n’est pas statistiquement significative car p
= 0.85.
Antécédent de paludisme au cours de la grossesse.
Il a été identifié moins de cas de paludisme congénital parmi les femmes qui ont une crise de
paludisme au cours de la grossesse (2,9%). Parmi celles qui n’ont pas eu de crises de
paludisme au cours de la grossesse, 3, 3% des nouveau-nés présentaient un paludisme
congénital. Cette différence n’est pas significative car p>0.05.
Parasitémie maternelle.
Parmi les mères qui avaient une goutte épaisse positive au niveau du sang veineux, 26,7% de
leurs nouveau-nés présentaient un paludisme congénital. Dans 1,4% des cas, la parasitémie
maternelle était négative. Cette différence est significative car p<0,05.
Parasitémie placentaire
Il a été identifié plus de cas de paludisme congénital parmi les nouveau-nés dont les mères
présentaient un paludisme placentaire (25,0%). Chez les mères qui ne présentaient pas de
paludisme placentaire, 1,3% des nouveau-nés présentaient une goutte épaisse positive au
niveau du sang du cordon. Cette différence est significative car p< 0,01.
Densité parasitaire
Parmi les femmes enceintes incluses qui avaient une densité parasitaire inférieure à 500
trophozoites/µl aucun cas de transmission verticale n’a été observé. Tous les cas de paludisme
congénital sont survenue chez des femmes enceintes ayant une densité parasitaire supérieur à
500 trophozoites /µl. Mais cette différence n’est pas statistiquement significative p>0.05.
Les facteurs associés à l’incidence du paludisme congénital ont été représentés dans le
tableau XIII.
Paludisme asymptomatique chez la femme enceinte et transmission verticale du plasmodium au CMSC Page 75
Tableau XIII : facteurs associés à l’incidence du paludisme congénital
Paramètres Goutte épaisse P-valueNégative Positive
Sexe
MasculinN= 87/162 (53, 70%)
85/87(97,70%)
2/87(2,30%) p=0,94
FémininN= 75/162(46, 30%)
72/75(96%)
3/75(4%)
Nombre de gestes
1N= 48/162 (29, 63%)
47/48(97, 92%)
1/48(2,1%)
p=0,852N= 49/162 (30, 24%)
47/49(95,01%)
2/49(4,1%)
≥ 3N= 65/162 (40, 12%)
63/65(96,9 %)
2/65(3,1%)
Antécédent depaludisme pendant lagrossesse
NonN= 90/162 (55,55%)
87/90(96,7%)
3/90(3,3%)
p=0,79OuiN= 72 /162 (44,45%)
70/72(97,2%)
2/72(2,8%)
Parasitémiematernelle(Sang veineux)
NégativeN= 147/162 (90,74%)
146/147(99,32%)
1/147(1,4%) p <0,01
PositiveN= 15/162 (9,26%)
11/15(73, 4%)
4/15(26, 6%)
Parasitémieplacentaire
NégativeN= 150/162 (92,59%)
148/150(98,67%)
2/150(1,33%) p< 0,01
PositiveN= 12/162 (7,41%)
9/12(75%)
3/12(25%)
Densité parasitaire
< 500 trophozoites /µl
N = 6/22 (27,2%)
6 / 6(100%)
0/6(0%)
p= 0,32> 500 trophozoites/ /µlN=16 /22 (72 ,7 %)
11/16(68,75 %)
5/16(31,25 %)
Paludisme asymptomatique chez la femme enceinte et transmission verticale du plasmodium au CMSC Page 76
4.13. Paludisme asymptomatique et paramètres hématologiques et biochimiques
Chez les mères nous avons :
18,2% des femmes qui avaient une goutte épaisse positive au niveau du sang veineux
et/ou au niveau du placenta présentaient une anémie.
12,40% d’entre elles avaient un taux d’hémoglobine normal (>11g /dl).
Chez les nouveaux nés :
Il a été identifié plus de cas d’anémie (3,4%) parmi les nouveau-nés ne présentant pas
de paludisme congénital (2,63%) que chez les nouveau-nésnon infectés par le
plasmodium, p>0,05.
La créatinémie était normale ([30-90 µmol/l]) chez tous les cas de paludisme
congénital.
Pour les transaminases hépatiques : ALAT étaient élevées chez 5,5% cas de
paludisme congénital. Tandis que chez 2,1% des cas, ALAT étaient normales. Parmi
les cas de paludisme congénital 10,0% des nouveau-nés avaient ASAT élevées.
Tandis que chez 2,1% des cas ASAT étaient normales.
Le tableau XIV ci-dessous présente les corrélations entre le paludisme asymptomatique et le
paludisme congénital avec quelques paramètres hématologiques et biochimiques.
Paludisme asymptomatique chez la femme enceinte et transmission verticale du plasmodium au CMSC Page 77
Tableau XIV : Impact du paludisme asymptomatique et congénital sur quelquesparamètres hématologiques et biochimiques.
Chez la mèreGoutte épaisse p-value
Négative Positive
Taux d’hémoglobine
Présence d’anémieN= 33/162 (20,37%)
27/33(81,82%)
6/33(18,18%) p= 0,5
Absence d’anémieN= 129/162 (79, 63%)
113/129(87,60%)
16/129(12,40%)
Chez le nouveau-né
Taux d’hémoglobinePrésence d’anémie.N=86/162 (53,1%)
83/86(96.5%)
3/86(3.5%)
p=0,5Absence d’anémie.N=76/162 (46,9%)
74/76(97,3%)
2/76(2,6%)
Créatininémie
NormalN=152/162 (93,8%)
147/152(96,5%)
5/152(3,2%)
p=0,7anormalN= 10/162 (6,1%)
10/10(100%)
0/10(0%)
Transaminaseshépatiques
ALATNormalN=144/162 (88, 9%)
140/144(97,4%)
4/144(2,8%)
p= 0,1
AnormalN= 18/162 (11, 1%)
17/18(94,4%)
1/18(5,5%)
ASATNormalN= 142/162 (87,6%)
139/142(97,8%)
3/142(2,1%)
AnormalN= 20/162 (12, 3%)
18/20(90%)
2/20(10%)
p= 0,4
Paludisme asymptomatique chez la femme enceinte et transmission verticale du plasmodium au CMSC Page 78
5. DISCUSSION
Paludisme asymptomatique chez la femme enceinte et transmission verticale du plasmodium au CMSC Page 79
5. Discussion
Notre étude a porté sur la détermination de la transmission verticale du paludisme
asymptomatique chez cent soixante-deux (162) femmes enceintes âgées de 18 ans au moins,
venues pour leur accouchement à la maternité du CMSC.
5.1 Limites de l’étude
Au cours de cette étude nous étions confronté à une limitation des ressources financières qui
ne nous a pas permis d’élargir la taille de notre échantillon et de réaliser d’une part des
examens biologiques plus approfondies tel que l’hémogramme complet et d’autre part des
tests moléculaires tel que la PCR (Polymerase Chain Reaction).
En outre l’origine urbaine de la presque totalité de l’échantillon ne nous permet pas de
généraliser les résultats à l’ensemble des femmes enceintes. Cependant, les résultats nous
paraissent importants du point de vue santé publique pour l’amélioration de la santé du
couple mère-enfant.
5.2. Caractéristiques des femmes enceintes de l’étude
Les femmes enceintes de notre étude étaient âgées de 18 à 43 ans avec une moyenne d’âge de
27,9 ± 5,1 ans. La tranche d’âge la plus représentée est de 26 à 33 ans.
La majorité des femmes enceintes soit 71,5% étaient ménagères ou opéraient dans le secteur
informel. Notre résultat est inférieur au 91% rapporté par Douamba et al., dans une étude
sur le paludisme asymptomatique corrélé avec l’anémie des femmes enceintes au centre
médicale saint Camille (Burkina Faso) (Douamba et al. 2012).Cela pourrait être expliqué par
le fait que, financièrement, au CMSC les services de santé maternelle et infantile (SMI) sont
plus accessible que la Maternité. Cette dernière ne bénéficiant pas de subvention pour les
soins néonataux d’urgences (SONU).
Vu ce faible niveau d’instruction de ces femmes dont 22,8% sont analphabètes on pourrait
s’attendre à une mauvaise utilisation des méthodes prophylactiques antipaludiques. Ce qui
n’a pas été le cas dans cette étude car la quasi-totalité soit 98,8% (160/162) des femmes
incluses ont déclaré avoir pratiqué au moins une méthode de prophylaxie anti paludique au
cours de la grossesse. La méthode prophylactique antipaludique la plus utilisée était la
Paludisme asymptomatique chez la femme enceinte et transmission verticale du plasmodium au CMSC Page 80
moustiquaire (86,4%). Dans 97,8% des cas il s’agissait de la moustiquaire imprégnée à longue
durée d’action (MILDA).
L’étude démographique de santé EDS (2010) rapportait que l’utilisation de la moustiquaire
concernait 20% des femmes enceintes en milieu urbain. Le nombre de femmes enceintes de
notre étude utilisant une MILDA est supérieur à celui de l’EDS 2010. Cela pourrait
s’expliquer d’ une part par l’impact positive des nombreuses campagnes de sensibilisation
des femmes enceintes sur l’utilisation des moustiquaires et par la distribution des
moustiquaires dans les ménages organisé par le ministère de la santé et d’autre part un niveau
social plus élevé des femmes recrutées dans l’ étude.
En ce qui concerne l’utilisation du traitement préventif intermittent (TPI), 93,2% (151/162)
ont bénéficié d’un traitement préventif intermittent par la Sulfadoxine-Pyriméthamine au
cours de la grossesse. Notre résultat est supérieur à celui de Bamba et al. , qui avaient rapporté
80% de taux de couverture de la sulfadoxine-pyriméthamine dans une étude sur l’efficacité et
l’observance du TPI dans deux hôpitaux urbains du Burkina Faso (Bamba et al., 2013) et aux
objectifs du plan stratégique 2006-2010 de lutte contre le paludisme au Burkina Faso, qui
préconisait un taux de couverture en sulfadoxine - pyriméthamine de 80% pour 2010.
L’organisation mondiale de la santé (OMS), selon les nouvelles recommandations du
traitement préventif intermittent par la sulfadoxine et la pyriméthamine chez la femme
enceinte adoptées en Avril 2013, préconise l’administration de trois doses de Sulfadoxine-
pyriméthamine au cours de la grossesse (OMS,2013b). Dans notre étude, seulement 4,3% des
femmes enceintes ont reçu trois doses de sulfadoxine-pyrimethamine au cours de la grossesse.
Cela pourrait s’expliquer par un retard d’application de ces nouvelles recommandations au
Burkina. En effet, les directives nationales de prise en charge du paludisme élaborées par le
programme nationale de lutte contre le paludisme n’ont été révisées qu’en Mars 2014
(PNLP,2014).
5.3. Prévalence du paludisme asymptomatique chez les femmes enceintes
Le paludisme asymptomatique a été diagnostiqué chez 13,6% (22/162) des femmes enceintes
à partir des gouttes épaisses positives au niveau du sang veineux et/ ou au niveau du placenta.
La moyenne géométrique de la densité parasitaire est de 1285,6trophozoites/µl. Notre résultat
est inférieur à celui de Douamba et al., et Ouédraogo et al. , qui dans des études antérieures
réalisées au Burkina Faso rapportaient respectivement une prévalence de 24% et de 28,2%
Paludisme asymptomatique chez la femme enceinte et transmission verticale du plasmodium au CMSC Page 81
(Douamba et al., 2012 ; Ouédraogo et al., 2012). Cette différence pourrait s’expliquer par le
fait qu’une partie de notre collecte s’est étalée sur une période qui n’était pas à haute
transmission du paludisme contrairement aux deux études précédentes et aussi à la forte
utilisation des méthodes préventives dans notre échantillon. A l’inverse notre résultat est
supérieur à ceux de Soumana et al. (6,1%) et de Agomo et al. (7,7%) dans des études réalisées
respectivement au Niger et au Nigeria (Soumana et al., 2010 ; Agomo et al., 2013). La
technique de la goutte épaisse étant une méthode opérateur dépendant, les différences
observées dans ces prévalences pourraient être attribué à la compétence et à l’expérience du
personnel du laboratoire impliqué dans la réalisation et la lecture des lames comme le
souligne O’Meara et al. , dans une étude sur la variabilité de la densité parasitaire par la
microscopie (O’Meara et al., 2006). Cependant notre résultat corrobore ceux de Leke et al. ,
au Cameroun (7,9%) et de Agudelo et al. en Colombie (9,1%) (leke et al., 2000 ; Agudelo et
al.,2013).
Selon l’Organisation Mondiale de la santé (OMS) Plasmodium falciparum et Plasmodium
vivax sont les espèces les plus répandues dans le monde, la plus mortelle étant Plasmodium
falciparum. (OMS, 2014). En Afrique tropicale la majorité des cas de paludisme sont dues à
Plasmodium falciparum en témoigne Steffen et al. , dans une étude sur les perspectives
globales de l’épidémiologie du paludisme des voyageurs qui incriminaient plasmodium
falciparum dans 80% à 95 % des cas de paludisme en Afrique Tropicale (Steffen et al.,
2003).
Selon L’EDS 2010, Plasmodium falciparum est identifié dans plus de 90% des cas de
paludisme. Dans notre étude Plasmodium falciparum a été retrouvé dans tous les cas (100%)
de paludisme asymptomatique diagnostiqué chez les femmes enceintes. Notre résultat est non
seulement en accord avec celle de Steffen et al. , mais également avec celle de Soumana et
al., au Niger et de Agomo et al. , au Nigeria qui rapportaient respectivement que Plasmodium
falciparum avaient été retrouvé dans 100% et 91,6% des cas dans leurs études. (Agomo et
al., 2013; Soumana et al., 2010) (p=0, 35). Par contre notre résultat est supérieur à celui de
Aguedelo et al. , en Colombie, qui avaient retrouvé Plasmodium falciparum dans 65% des
cas. Cette différence pourrait être due au fait que le Plasmodium falciparum est moins
fréquent dans les régions de l’Amérique du Sud (ANOFEL, 2010).
En ce qui concerne les autres espèces plasmodiales, le Plasmodium malariae a été identifié
dans 9,1% des cas de paludisme asymptomatique chez les femmes enceintes. Ce qui corrobore
Paludisme asymptomatique chez la femme enceinte et transmission verticale du plasmodium au CMSC Page 82
les résultats de la prévalence nationale qui sont de 3 à 8% (EDS 2010), ainsi que ceux de
Agomo et al. (Agomo et al., 2013). Malgré la rareté du paludisme à Plasmodium ovale au
Burkina Faso, dont la prévalence varie de 0,5 à 2% selon EDS 2010, nous avons constaté dans
notre étude que Plasmodium ovale a été identifié dans 4,5% des cas chez les femmes
enceintes. Cette prévalence élevée pourrait être due à la taille réduite de notre échantillon.
5.3.1 Facteurs associés à la survenue du paludisme asymptomatique
Les effets du paludisme pendant la grossesse ont été notées plus faible chez les multigestes
que chez les autres gravidités dus à l'acquisition d'une immunité spécifique au niveau du
placenta (Staalsoe et al., 2004 ; Terkuile et al., 2003). Acquise, cette immunité spécifique
s'accumule avec l'infection ultérieure et les grossesses ultérieures (Terkuile, 2003). Dans notre
étude la prévalence du paludisme asymptomatique chez les primigestes est de 10,4%, celle
des seconde-gestes et des multigestes est respectivement 16,3% et 13,9%. Nous n’avons pas
pu établir une corrélation entre, le nombre de geste et la prévalence du paludisme
asymptomatique chez les femmes enceintes. Il en est de même dans l’étude réalisée par
Agomo au Nigeria, qui a plutôt mis en évidence une association significative entre le jeune
âge de la femme enceinte (<20 ans) et la prévalence du paludisme asymptomatique (Agomo
et al., 2013) qui n’a cependant pas été observée au niveau notre échantillon ;
Dans les régions ayant un niveau d'endémicité palustremodéré à fort de Plasmodium
falciparum modéré à fort, l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) recommande,
l’utilisation de moustiquaires imprégnées d’insecticide et l’administration d’un traitement
préventif intermittent (TPI) par la sulfadoxine-pyrimétamine (p-SP) lors de la grossesse
SP afin de lutter contre le paludisme et ses effets au cours de la grossesse (OMS, 2014). En
effet selon de nombreux auteurs l’utilisation du TPI p-SP réduirait la fréquence de l’infection
plasmodiale au cours de la grossesse. En effet, Douamba et al. , dans une étude sur paludisme
asymptomatique chez la femme enceinte mettait en exergue une association hautement
significative entre l’utilisation du TPI au cours de la grossesse et la prévalence du paludisme
asymptomatique chez la femme enceinte (Douamba et al., 2012). Dans notre étude nous
avons constaté l’impact du TPI mais cela pourrait être expliqué par le fait que la quasi-totalité
soit 93,2% des femmes enceintes avaient bénéficié d’un traitement préventif intermittent au
cours de leurs grossesses.
Paludisme asymptomatique chez la femme enceinte et transmission verticale du plasmodium au CMSC Page 83
Dans notre échantillon, l’utilisation de la moustiquaire imprégnée à longue durée d’action
MILDA n’était pas statistiquement associée à la prévalence du paludisme asymptomatique
chez la femme enceinte. Notre résultat est similaire à celui de Douamba et al. , et de Agomo et
al. En effet, dans cette dernière étude, les méthodes préventives associées à une réduction du
risque de l’infection plasmodiale était l’utilisation d’insecticide en pulvérisation et
l’utilisation combinée d’insecticide en pulvérisation et de la moustiquaire imprégnée
d’insecticide. Utilisée seule, il n’y a pas d’association statistiquement significative. (Agomo et
al., 2013). Par contre notre résultat est différent de celui de Terkuile et al. , qui dans une
étude réalisée au Kenya met en évidence une association statistiquement significative entre
l’utilisation de la moustiquaire imprégnée et la réduction de l’incidence de la parasitémie
plasmodiale chez les femmes enceintes dans les zones d’intenses transmission du paludisme.
Les divergences observées dans ces résultats résideraient dans les types d’études utilisées. En
effet une étude de type cohorte semble être plus indiqué. Ce qui n’est pas le cas dans notre
étude.
Dans la présente étude, la prévalence du paludisme asymptomatique chez les femmes
enceintes qui n’ont pas eu un antécédent de crises de paludisme au cours de la grossesse
(14,5%) est plus élevée que celle des femmes qui ont eu un antécédent de crise de paludisme
au cours de la grossesse (12,5%).Même si cette différence n’est pas significative, cela pourrait
indiquer que les femmes enceintes qui n’ont pas eu d’antécédents de crise de paludisme au
cours de la grossesse ne sont pas demandeuses de traitement antipaludique qui détruisent les
plasmodies contrairement à celles qui ont eu un antécédent de paludisme au cours de la
grossesse.
5.4. La prévalence du paludisme placentaire
Dans notre étude la prévalence du paludisme placentaire était de 7,4% chez les femmes
enceintes avec une moyenne géométrique de la densité parasitaire de 985,2 trophozoite/µl.
Notre résultat est inférieur à ceux de Tako et al. , au Cameroun et de Ouédraogo et al. , qui
sont respectivement de 19, 9% et de 57,2% (Tako et al., 2005 ; Ouédraogo et al., 2012).
Cette plus grande prévalence observée dans une étude antérieure réalisée au Burkina Faso
serait due au fait qu’une partie de notre collecte s’est déroulée sur une période qui n’était pas
à haute transmission du paludisme. En effet, Bamba et al., dans leur étude sur l’efficacité et
l’observance du traitement préventif intermittent chez les femmes au Burkina Faso ontmontré
Paludisme asymptomatique chez la femme enceinte et transmission verticale du plasmodium au CMSC Page 84
que le taux d’infestation placentaire augmentaient pendant les périodes de recrudescence de
la transmission du paludisme (de Juillet à octobre) et diminuaient significativement en dehors
de ces périodes. (Bamba et al., 2013). Cependant, nos résultats sont similaires à ceux de
Bamba et al., au Burkina et de Agudelo et al., en Colombie qui rapportaient respectivement
des prévalences de 4,7% et de 7,4%.
L’espèce plasmodiale la plus identifiée dans les cas de paludisme placentaire est le
Plasmodium falciparum. En effet il a été identifié dans 91,7% des cas. Cela serait dû au fait
que le placenta constitue le site de préférence de séquestration duPlasmodium
falciparum(Matteelli, 1997). Le paludisme placentaire serait plus fréquent chez les
primigestes que chez les multigestes. Cette association est statistiquement significative dont
témoignede nombreux auteurs dans leurs études (Ouédraogo et al., 2012; Tako et al., 2005 ;
Leke et al., 2010). Ce qui n’est pas le cas dans notre étude. En effet, nos résultats corroborent
ceux de Bamba et al. , qui avaient trouvé que la prévalence du paludisme placentaire était
plus élevée parmi les seconde-gestes (10,2%) que chez les primigestes et (6,3%) et les
multigestes (6, 2%) avec une association qui n’est pas statistiquement significative.
En ce qui concerne l’association parasitémie périphérique et parasitémie placentaire, Leke et
al., ont rapporté que les plasmodies étaient plus fréquemment retrouvé au niveau du placenta
qu’au niveau du sang périphérique (Leke et al., 1999). Ainsi dans notre étude 33,3% des
femmes enceintes qui présentaient une parasitémie périphérique positive, présentait
également un paludisme placentaire. Parmi les femmes dont la parasitémie périphérique était
négative 4,8% présentaient des parasites dans leur placenta. Cette association est
statistiquement significative (p<0,01).
Dans leurs différentes études sur l’efficacité du traitement préventif intermittent par la
sulfadoxine-pyriméthamine au cours de la grossesse menées au Burkina, au Mali et au
Kenya respectivement par Bamba et al., Diakité et al., Eijk et al., ont mis en évidence une
association statiquement significative entre l’utilisation de la sulfadoxine et la réduction du
taux d’infestation placentaire (Bamba et al., 2012 ; Diakité et al.,2011 ; Eijk et al., 2004).
Compte tenu de la taille de notre échantillon et l’adhésion au TPI de la presque totalité des
femmes recrutées, nous n’avons pas observé de différences significatives.
Paludisme asymptomatique chez la femme enceinte et transmission verticale du plasmodium au CMSC Page 85
Près de la moitié des femmes enceintes de notre étude (44,4%) ont eu un antécédent de crises
de paludisme au cours de la grossesse. Le stade de survenue du paludisme au cours de la
grossesse serait associé à un risque de paludisme placentaire. En effet les femmes enceintes
qui ont eu une crise de paludisme au cours de la grossesse proche du terme seraient plus à
risque que celle qui ont eu un antécédent de crise de paludisme au cours du premier ou du
deuxième trimestre (Watkinson, 1983 ; McGready, 2004). Aussi, dans notre étude, la
prévalence du paludisme placentaire est plus élevée parmi celles dont le paludisme est
survenu au troisième trimestre de la grossesse (11 ,1%) comparativement au deuxième
trimestre (7,4%) et au premier trimestre (0,0%). Cependant cette association n’est pas
statistiquement significative.
5.5. Incidence du paludisme congénital
Dans notre étude, plus de la moitié soit 53,7% des nouveau-nés étaient de sexe masculin.
Presque tous les nouveau-nés avaient un score d’Apgar normal. Seulement 1,9% des
nouveau-nés présentaient un faible poids de naissance.
Dans notre étude, le taux de la transmission verticale du paludisme asymptomatique était de
22,7%.Le Plasmodium falciparum a été retrouvé dans le sang du cordon ombilical chez 3,1%
des nouveaux nés. La moyenne géométrique de la densité parasitaire est de 763,6
trophozoite/µl. Notre résultat est supérieur à ceux de Diko-Traore et al., qui confirmait la
rareté de l’incidence du paludisme congénital dans une structure de référence du Mali en
rapportant une incidence de 0%. (Diko-Traore et al., 2011). Au Cameroun, Chiabi et
al.,Tshialala et al., rapportaient un résultat nettement supérieur au nôtre avec une incidence
qui est respectivement de 23,79% et de 23,8% (Chiabi et al., 2012 ; Tshialala et al., 2005) au
Cameroun et en au Congo.
Cependant, notre résultat est comparable à de nombreuses autres études. En effet, au
Burkina, Ouédraogo et al., rapportaient une incidence de 1,4% ; aux Niger, Ghana, Tanzanie,
Nigéria, et Colombie, les incidences sont respectivement de 6,1%, 2,2%, 19,1% 5,1% et
0,0%. (Ouédraogo et al., 2012 ; Soumana et al., 2000 ; Laryea and al, 2013 ; Mwangoka et al.,
2008 ; Fallade et al., 2007).
Il existe de nombreux facteurs de risques de la transmission verticale du paludisme
asymptomatique. Tshialala et al., au Congo mettaient en évidence une association
statistiquement significative entre le sexe du nouveau-né et l’incidence du paludisme
Paludisme asymptomatique chez la femme enceinte et transmission verticale du plasmodium au CMSC Page 86
congénital. En effet le sexe masculin serait plus atteint que son homologue féminin car le
niveau d’immunoglobuline G produit lors de l’infestation de l’organisme par le paludisme est
plus élevé chez ce dernier (Tshialala et al., 2005). Par contre, dans notre étude, c’est le
nouveau-né de sexe féminin qui serait plus atteint. Mais cette association n’est pas
statistiquement significative.
Dans notre étude l’incidence du paludisme congénital est plutôt plus élevée parmi les
secondes gestes (4,1%) que parmi les primigestes (2,1%) et les multigestes (3,1%). Par contre
Ouédraogo et al., ont mis en évidence qu’être né d’une première grossesse est associé à une
augmentation de l’incidence du paludisme congénitale. (Ouédraogo et al., 2012). Cependant
dans les deux études aucune association statiquement significative n’a pu être établie entre
l’incidence du paludisme congénital et celui du nombre de geste.
Tshialala et al., montraient dans leur étude que l’incidence du paludisme congénital
augmentait avec le fait d’avoir eu un antécédent de crises de paludisme au cours de la
grossesse. Aussi, il existerait une association statistiquement significative entre le stade de la
grossesse au cours duquel surviendraient le paludisme et l’incidence du paludisme congénital.
En effet, plus le paludisme survenait tardivement au cours de la grossesse plus l’incidence du
paludisme congénital augmentait (Tshiala et al., 2005). Dans la présente étude nous n’avons
pas eu une différence statistiquement significative de l’incidence du paludisme congénital
entre les enfants nés de mères ayant eu de crises de paludisme au cours de la grossesse et chez
ceux nés de mères n’ayant pas eu de crises de paludisme au cours de la grossesse.
Dans note étude, la présence de plasmodie dans le sang périphérique et dans le placenta
augmentent l’incidence du paludisme congénital. Cette association est statistiquement
significative (p<0,01). Notre résultat est similaire à celui de Ouédraogo et al. qui avaient
rapporté une association statiquement significative entre la présence de plasmodium dans le
sang périphérique et dans le placenta et celle du sang du cordon ombilicale (Ouédraogo et
al.,2012).
Pour des valeurs de densité parasitaire très faible (< 500 parasites /µl) aucune transmission
verticale n’a été observée dans notre étude. Aussi nous avons constaté que la densité
parasitaire est plus élevée chez la mère (sang périphérique, ou placenta) qu’au niveau du
cordon ombilical. Ce qui corrobore les résultats de Soumana al., qui avaient également
constaté dans leur étude que la densité parasitaire de la mère était plus importante que celle
du nouveau-né et celle du cordon . Cette différence observée au niveau des densités
parasitaires pourrait être expliquée par le rôle de filtre que joue le placenta et aussi par le fait
Paludisme asymptomatique chez la femme enceinte et transmission verticale du plasmodium au CMSC Page 87
que l’hémoglobine fœtal n’est pas propice aux développements des hématozoaires (Soumana
et al., 2000).
5.6. Impact du paludisme asymptomatique de la femme enceinte et du paludismecongénital sur quelques paramètres biologiques
Chez la mère : l’infection par le plasmodium peut entrainer une variation des taux
d’hémoglobine pouvant conduire à une anémie ou entrainer des complications au cours de la
grossesse. L’anémie chez la femme enceinte est un problème majeur de de santé publique
puisqu’elle contribue directement et indirectement à augmenter le taux de morbidité et de la
mortalité maternelle et périnatale. L’OMS estimait en 2001 la prévalence de l’anémie selon le
taux d’hémoglobine (<11g/dl) chez les femmes enceintes a 52% dans les pays en
développement et à 22,7 % dans les pays industrialisé (OMS, 2001).
Nous avons montré dans notre étude que 20, 3% des femmes enceintes étaient anémiées dont
8% présentaient une anémie sévère. Les résultats des taux d’hémoglobine des femmes de
notre échantillon indique qu’elles sont moins anémiées que celles de Douamba et al.,qui
rapportaient un taux d’anémie de 61,1% à Ouagadougou (Douamba et al., 2012). Ce résultat
pourrait s’expliquer par le fait que dans notre étude la quasi-totalité des femmes enceintes soit
97,5% ont bénéficié d’un traitement prophylactique anti-anémique à base de fer plus acide
folique cours de la grossesse. Ce qui n’est pas le cas dans l’étude de Douamba et al. En effet
seulement 40,3% des femmes enceintes ont bénéficié d’un traitement anti anémique au cours
de la grossesse.
Nous avons identifié plus de cas de paludisme asymptomatique parmi les femmes enceintes
anémiés (18,2%) que chez les femmes enceintes qui ne présentaient pas d’anémie (12,40%).
Mais contrairement à Doamba et al., cette association n’était pas significative dans notre
étude.
Chez les nouveaux nés :
Nous notons plus de cas de paludisme congénital parmi ceux qui étaient anémiés (3,5%) que
chez ceux qui ne l’étaient pas (2,6%).
La créatinine était normale chez tous les cas de paludismes congénital.
En ce qui concerne les transaminases hépatiques, il y avait plus de cas de nouveau-nés
parasités chez ceux dont les ALAT étaient anormales (10%) que parmi les nouveau-nés dont
Paludisme asymptomatique chez la femme enceinte et transmission verticale du plasmodium au CMSC Page 88
les ALAT étaient normales (5,5%) . Il en est de même pour les ASAT. En effet 10% des cas
de paludisme congénital avaient des ASAT anormales contre 2,1% de paludisme congénital
chez ceux dont les ASAT étaient normales.
Du fait du nombre de cas de paludisme congénital très réduit dans notre échantillon, soit 5
cas, aucune association statistiquement significative n’a pu être mise en évidence entre le
paludisme congénitale et ces différentes perturbations biologiques observées chez le nouveau-
né.
En résumé, le paludisme asymptomatique demeure une préoccupation chez la femme
enceinte. Bien qu’étant asymptomatique, le risque du paludisme placentaire n’est pas
négligeable ainsi que sa transmission verticale au fœtus. Le paludisme en général diminue le
rendement économique et intellectuel. Il constitue un danger permanent pour la mère et
l’enfant dans nos pays.Il est déjà connu que l’atteinte du placenta se traduit par une réduction
des échanges fœto-maternels. En effet les espaces entre les villosités sont un excellent refuge
pour les globules rouges parasités par le P. falciparum. L'accumulation des globules parasités,
collant les uns aux autres, détruits sur place, crée un appel de macrophages. Cet engorgement
peut causer un blocage des espaces intervilleux et une thrombose placentaire avec altération
des échanges en oxygène pouvant entrainer une hypoxie. (Wery M., 1995). La baisse des
échanges en oxygène provoque une diminution de la pression en oxygène du fœtus, et une
baisse de la saturation de l'oxyhémoglobine non corrigée par ses moyens de défense. (Coulaud
JP, 1998). De plus, le stress oxydatif qui intervient à plus d’un titre lors des accès palustres
(Djossou et al., 1996), pourrait influencer le rendement intellectuel du fœtus ; ce qui le rend
très vulnérable. Les conséquences à long terme du paludisme pendant la grossesse pour
l’enfant ne sont pas assez élucidées. Cependant, des études essentiellement nutritionnelles
indiquent que l’exposition à un environnement intra-utérin anormal affecte le développement
mental, métabolique et anthropométrique pouvant conduire à un risque accru de maladie plus
tard dans la vie (Desai et al., 2007). Pour démontrer l’impact du paludisme sur le rendement
intellectuel de l’enfant, il faudrait mener une étude longitudinal chez les femmes enceintes
présentant un paludisme placentaire afin de suivre le développement psychomoteur de leurs
enfants depuis la naissance jusqu’à la fin de leurs études primaires en les comparant avec des
témoins.
Paludisme asymptomatique chez la femme enceinte et transmission verticale du plasmodium au CMSC Page 89
6. CONCLUSION
Paludisme asymptomatique chez la femme enceinte et transmission verticale du plasmodium au CMSC Page 90
6. Conclusion
Dans les pays de haute endémicité palustre comme le Burkina Faso, le paludisme peut être
asymptomatique chez la femme enceinte du fait d’une immunité acquise très élevée.
Dans notre étude nous avons pu diagnostiquer le paludisme asymptomatique chez les femmes
enceinte en travail au Centre Médical Saint Camille et montré que malgré un niveau de
prophylaxie anti-palustre très élevé au cours de la grossesse, la transmission verticale du
paludisme même lorsqu’il est asymptomatique par la voie trans-placentaire est une réalité.
L’incidence du paludisme congénital est faible dans cette étude et est significativement
associée à la présence de plasmodium dans le sang périphérique et dans le placenta.
Par ailleurs, dans cette étude, il n’y aurait pas d’association statiquement significative entre
l’anémie des femmes enceintes et le paludisme asymptomatique d’une part ; et entre les
perturbations biologiques observées chez les nouveau-nés et le paludisme congénital d’autre
part.
Comme perspective nous envisageons de susciter les recherches dans ce sens afin d’évaluer
l’impact du paludisme congénitale sur le rendement intellectuel de l’enfant.
Paludisme asymptomatique chez la femme enceinte et transmission verticale du plasmodium au CMSC Page 91
7. SUGGESTIONS
Paludisme asymptomatique chez la femme enceinte et transmission verticale du plasmodium au CMSC Page 92
7. Suggestions
Au ministre de la santé :
- Renforcer d’avantage la sensibilisation et l’information des femmes enceintes
ou les femmes en âges de procrées sur les méfaits du paludisme pendant la
grossesse.
- Poursuivre la distribution gratuite des moustiquaires imprégnées à longue
durée d’action auprès des femmes enceintes au cours de la consultation
prénatales.
- Instaurer la gratuité de la sulfadoxine- pyriméthamine dans toutes les
structures de santé maternelle et infantile.
- Faciliter l’application des nouvelles recommandations de l’OMS en ce qui
concerne le traitement préventif intermittent par la
sulfadoxinepyriméthamine.
- Rendre systématique le dépistage du paludisme des femmes enceintes au
cours de chaque consultation prénatal et en salle d’accouchement.
- Encourager les chercheurs à poursuivre les travaux de recherche dans
l’optique de la mise au point d’un vaccin contre le paludisme.
Aux chercheurs :
- S’investir d’avantage dans la recherche sur le paludisme pour la mise au point
du vaccin contre le paludisme.
A l’endroit du personnel de santé :
- Informer, éduquer et sensibiliser, les femmes enceintes sur la nécessité des
méthodes de prévention contre le paludisme au cours de la grossesse.
- Traquer le paludisme chez les femmes enceintes en leur proposant
systématiquement, un test de dépistage de paludisme lors de tout contact avec
un agent de santé, pendant les consultations prénatales ou salle
d’accouchement.
- Renforcer régulièrement ses connaissances sur les nouvelles recommandations
de prise en charge du paludisme chez la femme enceinte établies par le
programme nationale de lutte contre le paludisme.
Paludisme asymptomatique chez la femme enceinte et transmission verticale du plasmodium au CMSC Page 93
A l’ endroit des femmes enceintes :
- Respecter les consignes de prévention contre le paludisme au cours de la
grossesse.
- Accepter de se faire dépister régulièrement afin de bénéficier d’un traitement
antipaludique précoce.
Paludisme asymptomatique chez la femme enceinte et transmission verticale du plasmodium au CMSC Page 94
8. REFERENCES
Paludisme asymptomatique chez la femme enceinte et transmission verticale du plasmodium au CMSC Page 95
8. Références
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9. ANNEXES
Paludisme asymptomatique chez la femme enceinte et transmission verticale du plasmodium au CMSC Page 104
9. Annexes
FICHE INDIVIDUELLE DE COLLECTE DE DONNEES SUR LES FEMMES ENCEINTES POURL’ETUDE SUR LE PALUDISME.
Compléter ou Cocher les réponses qui vous semblent exactes.
IDENTIFICATION :
Code de la patiente:…………………………Nom et prénoms :………………………………………….….. .
Date de naissance :………………Lieu (ville/pays) naissance :…..…………………. Résidence…….……
Statut matrimonial : Mariée : Célibataire : Veuve : Divorcée :
Ethnie :Mossi : Bobo : Peulh : Samo : Gourounsi : Bissa : Autre :……
Niveau d’étude : Analphabète : Primaire : Secondaire : Supérieure/Université :
Profession : Ménagère : Salariée : Commerçante : Autre :……………………….…
Gestité :…………..Parité:………………..Nbre d’avortements :…… Nbre d’enfantDécédé……..
Nbre de visite au centre de santé depuis le début de la grossesse :1 visite : 2e visite : 3e visite : 4e visite : Plus :
PROPHYLAXIE ANTI-PALUSTRE :
Utilisez-vous une moustiquaire simple? Oui : Non :
Utilisez-vous une moustiquaire imprégnée? Oui : Non : Quelquefois :
Utilisez-vous autre chose contre les moustiques? Oui : Non :Si oui laquelle?............................
Prenez-vous un médicament contre le paludisme? Oui : Non :Si oui lequel?...............................
A quel stade de la grossesse on vous l’a prescrit ? : 1e trimestre : 2e trimestre : 3e trimestre :
A quelle posologie d’administration on vous l’a prescrit ? : ………………...............................................
Combien de doses avez-vous reçu ?:……………………………………………………..
A quel intervalle de temps entre les doses vous l’a-t-on prescrit ?..........................................................
Avez-vous ingérer le médicament devant un agent de santé ?................................................................
Prenez-vous un supplément médicamenteux? Oui : Non : Si oui lequel…………….……….
ANTECEDENT PALUSTRE :
Avez-vous déjà eu une crise de paludisme ces 6 derniers mois ?Non : 1 fois : 2 fois : 3 fois : Plus :
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Quel traitement avez-vous fait ?..................................Le traitement a-t-il été efficace ? Oui : Non :
Avez-vous eu une rechute ? Oui : Non : Si oui combien de jours après le traitement?..........
Combien de crise de palu avez-vous en moyenne chaque année ? 1 fois : : 2 fois : plus:
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RESUME
Paludisme asymptomatique chez la femme enceinte et transmission verticale du plasmodium au CMSC Page 107
RESUME
Introduction : l'infection palustre pendant la grossesse comporte des risques substantiels
pour la mère, le fœtus puis le nouveau-né. Les femmes enceintes et les enfants de moins de 5
ans paient chaque année le plus lourd tribut à cette maladie. En effet les infections palustres
au cours de la grossesse entrainent la mort de 200 000 nouveau-nés chaque année. L’objectif
de notre étude était de déterminer l’incidence de la transmission verticale du paludisme chez
la femme enceinte asymptomatique.
Méthodes : nous avons réalisé une étude transversale à visée descriptive et analytique du 08
septembre 2013 au 05 Février 2014. Au total 162 femmes enceintes vues à leur dernière
consultation prénatale et ayant accouché au centre médicale Saint Camille de Ouagadougou
ont été éligibles. A l’aide de la goutte épaisse, les diagnostics de paludisme asymptomatique,
placentaire et congénital ont été réalisés chez les femmes enceintes et leurs nouveau-nés.
Résultats : la prévalence du paludisme asymptomatique, chez la femme enceinte était de
13,6% (22/162)avec une densité parasitaire variant de 118 à 18600 trophozoites/µl. Le
Plasmodium falciparum a été identifié dans tous les 22 cas de paludisme asymptomatique. Le
taux d’infestation placentaire était de 7,4% avec une densité parasitaire dans le placenta
variant de 143 à 18600 trophozoites/µl. Le Plasmodium falciparum a été retrouvé dans 91,7 %
(11/12) de cas de paludisme placentaire. Quant au paludisme congénital, la goutte épaisse
faite à partir du sang du cordon ombilical était positive chez 3,1% (5/162) des nouveau-nés
avec une densité parasitaire variant de 231 à 5102 trophozoites/µl. Plasmodium falciparum a
été isolé chez tous les nouveau-nés parasités.
Conclusion : le paludisme asymptomatique constitue encore un véritable problème de santé
publique chez la femme enceinte. Bien qu’étant asymptomatique, le risque du paludisme
placentaire n’est pas négligeable ainsi que sa transmission verticale au fœtus. L’incidence du
paludisme congénital dans cette étude est significativement associée à la présence de
plasmodium dans le sang périphérique et dans le placenta.
Mots-clés : femme enceinte, paludisme asymptomatique, paludisme placentaire, paludisme
congénital, goutte épaisse.
Auteur : Nangnéré Ginette laure DAO e-mail : [email protected]
Paludisme asymptomatique chez la femme enceinte et transmission verticale du plasmodium au CMSC Page 108
Abstract
Introduction: malaria infection during pregnancy carries substantial risks for the mother,
fœtus and the newborn. Pregnant women and children under 5 years of age pay annually the
toll of the disease. Indeed malaria infection during pregnancy causes the death of 200,000
newborns each year. The aim of our study was to determine the incidence of vertical
transmission of malaria in asymptomatic pregnant women.
Methods: We conducted a descriptive and analytical cross-sectional study of which started
from September 8, 2013 to February 5, 2014. A total of 162 pregnant seen at their last
antenatal visit and delivered at Saint Camille Medical Centre in Ouagadougou were eligible.
Using thick smear, diagnosis of asymptomatic, placental and congenital malaria were
conducted in pregnant women and their newborns.
Results: The prevalence of asymptomatic malaria among pregnant women was of 13.6%
(22/162) with a parasite density ranging from 118 to 18,600 trophozoites / microliter.
Plasmodium falciparum was identified in all 22 cases of asymptomatic malaria. The placental
infection rate was of 7.4% with a parasite density in the placenta ranging from 143 to 18,600
trophozoites / microliter. Plasmodium falciparum was also found in 91.7% (11/12) of cases of
placental malaria. As for congenital malaria, the thick smear made from umbilical cord blood
was positive in 3.1% (5/162) of newborns with a parasite density ranging from 231 to 5,102
trophozoites / microliter. Plasmodium falciparum was isolated from all infected newborns.
Conclusion: Asymptomatic malaria remains a real public health problem for pregnant
women. Although asymptomatic, the risk of placental malaria and its vertical transmission to
the fœtusis not negligible. The incidence of congenital malaria in this study was significantly
associated with the presence of plasmodium in the peripheral blood and in the placenta.
Keywords: pregnant, asymptomatic malaria, placental malaria, congenital malaria, thick
smear.
Author: Nangnéré Ginette laure DAO e-mail : [email protected]
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SERMENT D’HIPPOCRATE
En présence des Maitres de cette école et de meschers condisciples, je promets et je jure d’êtrefidèle aux lois de l’honneur et de la probité dansl’exercice de la médecine.Je donnerai mes soins gratuits à l’indigent etn’exigerai jamais de salaire au-dessus de montravail.Admise à l’intérieur des maisons, mes yeux neverrons pas ce qui s’y passe, ma langue taira lessecrets qui me seront confiés et mon état ne servirapas à corrompre les mœurs ni à favoriser lescrimes.Respectueuse et reconnaissante envers mesMaitres, je rendrai à leurs enfants l’instruction quej’ai reçue de leurs pères.Que les hommes m’accordent leur estime si je suisrestée fidèles à mes promesses.Que je sois couverte de d’opprobre et méprisée demes confrères si j’y manque.