50
Préparation au concours de l’INP Archéologie BRÈVE HISTORIOGRAPHIE FRANÇAISE DES ÉTUDES GÉOHISTORIQUES Magali Watteaux UMR 7041 – Équipe Archéologies environnementales Michelet – 18/01/2011

Préparation au concours de lINP Archéologie BRÈVE HISTORIOGRAPHIE FRANÇAISE DES ÉTUDES GÉOHISTORIQUES Magali Watteaux UMR 7041 – Équipe Archéologies environnementales

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: Préparation au concours de lINP Archéologie BRÈVE HISTORIOGRAPHIE FRANÇAISE DES ÉTUDES GÉOHISTORIQUES Magali Watteaux UMR 7041 – Équipe Archéologies environnementales

Préparation au concours de l’INPArchéologie

BRÈVE HISTORIOGRAPHIE

FRANÇAISE DES ÉTUDES

GÉOHISTORIQUES

BRÈVE HISTORIOGRAPHIE

FRANÇAISE DES ÉTUDES

GÉOHISTORIQUESMagali Watteaux

UMR 7041 – Équipe Archéologies environnementales

Michelet – 18/01/2011

Page 2: Préparation au concours de lINP Archéologie BRÈVE HISTORIOGRAPHIE FRANÇAISE DES ÉTUDES GÉOHISTORIQUES Magali Watteaux UMR 7041 – Équipe Archéologies environnementales

Introduction : définition des mots clés 

Le « milieu » : notion datant du début du XXe. Désigne les conditions climatiques, la géomorphologie et les sols, l’hydrographie et les formations végétales. 

« L’environnement » vient de l’anglais « environment ». Avant les années 50, on le traduisait par « milieu ». Généralisation du terme à partir des années 70. Définition : « le monde biophysique transformé par l’homme » (Cyria Emelianoff, Dictionnaire de la Géographie et de l’Espace des sociétés (p. 317).

La « nature » englobe l’ensemble de ce qui existe en dehors de l’action humaine, tout ce qui, dans l’univers, se produit spontanément : eau, terre, feu, atmosphère, métal, minerai, pierre, végétal, faune, ressources + biologie humaine. L’homme entretient des rapports avec cette nature. De ces rapports, l’une des plus apparentes synthèses est le « paysage ».

Le « paysage » : terme complexe et flou employé dans différentes disciplines pour exprimer différents objets. Polysémie excessive qui témoigne d’un très large intérêt. Au sens coutumier = ensemble des formes et des modelés visibles à la surface du sol. La 1ère définition du paysage appartient cependant d’abord au vocabulaire artistique. Il désigne en effet un genre pictural qui naît en Occident aux environs des XVe-XVIe.

Page 3: Préparation au concours de lINP Archéologie BRÈVE HISTORIOGRAPHIE FRANÇAISE DES ÉTUDES GÉOHISTORIQUES Magali Watteaux UMR 7041 – Équipe Archéologies environnementales

Ambrogio Lorenzetti : Effetti del Buon Governo in campagna (Effets du bon gouvernement à la campagne), 1337–1340, Salle de la Paix du Palais Publique, Sienne

Page 4: Préparation au concours de lINP Archéologie BRÈVE HISTORIOGRAPHIE FRANÇAISE DES ÉTUDES GÉOHISTORIQUES Magali Watteaux UMR 7041 – Équipe Archéologies environnementales

Giorgione : La tempête (1505), Galleria

dell'Accademia, Venise

Page 5: Préparation au concours de lINP Archéologie BRÈVE HISTORIOGRAPHIE FRANÇAISE DES ÉTUDES GÉOHISTORIQUES Magali Watteaux UMR 7041 – Équipe Archéologies environnementales

Les 4 dimensions du paysage :

• le paysage réel ou visible qui mêle éléments naturels et anthropiques.• les interactions homme/milieu : contraintes et exploitation du milieu.• objet de discours (usage intellectuel) = paysage du savant (géographe, historien, archéologue, sociologue, esthétique…).• appréciation des utilisateurs de ce paysage = le paysage pensé, vécu, imaginé.

Les 5 facteurs qui construisent le paysage :

• les éléments « naturels » constituant l’écosystème• les facteurs technologiques/économiques (= agro-systèmes)• les facteurs socio-juridiques• les facteurs politiques• les facteurs culturels

« le paysage est le miroir des relations anciennes et actuelles de l’homme avec la nature qui l’environne » (B. Lizet et F. de Ravignan, Comprendre un

paysage, guide pratique de recherche, Paris, Inra, 1987)

Page 6: Préparation au concours de lINP Archéologie BRÈVE HISTORIOGRAPHIE FRANÇAISE DES ÉTUDES GÉOHISTORIQUES Magali Watteaux UMR 7041 – Équipe Archéologies environnementales

A – L’héritage vidalien et braudélien : temps long et fixité des paysages 

1. Le paysage : fondement de l’Ecole Française de Géographie

1.1. Apparition du paysage en géographie à la fin du XIXe siècle

2nde moitié XIXe : développement du goût du paysage concret multiplication des récits de voyage et des collections de guides de voyage.

après la défaite de 1871, mise en avant de la beauté des régions de France pour le public et les scolaires afin de développer l’attachement à la patrie idéalisée. + découverte de nouveaux territoires (colonisation).

Le développement de la géographie à cette période est porté par une demande sociale avide de paysages variés et nouveaux.

Élisée Reclus, Géographie Universelle (1875-1894) : il inaugure une géographie littéraire qui allie description des paysages + recherche d’explication des structures qui les sous-tendent = un des précurseurs de l’École Française de Géographie.

Page 7: Préparation au concours de lINP Archéologie BRÈVE HISTORIOGRAPHIE FRANÇAISE DES ÉTUDES GÉOHISTORIQUES Magali Watteaux UMR 7041 – Équipe Archéologies environnementales

1.2. Paul Vidal de la Blache et le « possibilisme » de Lucien Febvre 

Une lecture française des relations sociétés-milieux

Une description pseudo-paysagère

Le paysage est profondément ancré dans la géographie régionale

PVDLB (1845-1918) : 1er géographe universitaire français et fondateur de la géographie française moderne (fondateur des Annales de Géographie, 1891). distanciation d’avec les thèses des géographes naturalistes allemands (Humbolt, Ritter, Ratzel) déterminisme géographique moins simpliste promis à un grand avenir. schéma vulgarisé et amplifié par Lucien Febvre (historien) : le « possibilisme » = déterminisme relatif.

le paysage est le point de départ de toute analyse géographique car il permet de caractériser les régions géographiques.  PVDLB, 1903, « Le tableau de la géographie de la France » : monumental tableau géographique, exhaustif et littéraire en introduction au manuel L’histoire de France d’Ernest Lavisse.

Échelle monographique pour caractériser les régions et expliquer ce qu’on voit bloque toute tentative de conceptualisation du paysage.

Page 8: Préparation au concours de lINP Archéologie BRÈVE HISTORIOGRAPHIE FRANÇAISE DES ÉTUDES GÉOHISTORIQUES Magali Watteaux UMR 7041 – Équipe Archéologies environnementales

2. Le « passif » de l’héritage vidalien en géographie et en histoire

2.1. Prédominance des études géomorphologiques, régionales et ruralistes 

domination du dogme vidalien jusque dans les années 1950.

l’étude des paysages n’est abordée que sous l’angle géomorphologique.

la tonalité ruraliste et régionale l’emporte également : nombreuses thèses à la mode vidalienne sur les régions françaises. valorisation du cadre monographique.

mais chez les historiens, le cadre géographique régional ne servait qu’à dire l’histoire qui s’y était déroulée = tableaux introductifs.

en plaçant le paysage au cœur de la géographie, un rapprochement s’est opéré avec l’histoire puisque le paysage est aussi un produit des hommes.

Page 9: Préparation au concours de lINP Archéologie BRÈVE HISTORIOGRAPHIE FRANÇAISE DES ÉTUDES GÉOHISTORIQUES Magali Watteaux UMR 7041 – Équipe Archéologies environnementales

1931

Les historiens étudient surtout les parcellaires et les systèmes agraires.

Par la suite, ils approfondiront ces axes d’étude et peu le paysage en lui-même.

C’est une des conséquences du possibilisme qui, postulant qu’il n’existe pas de déterminisme naturel, a permis de considérer l’espace comme une variable non pertinente et un cadre neutre.

Page 10: Préparation au concours de lINP Archéologie BRÈVE HISTORIOGRAPHIE FRANÇAISE DES ÉTUDES GÉOHISTORIQUES Magali Watteaux UMR 7041 – Équipe Archéologies environnementales

1983

La seule synthèse sur l’histoire du paysage…

…par un géographe

Page 11: Préparation au concours de lINP Archéologie BRÈVE HISTORIOGRAPHIE FRANÇAISE DES ÉTUDES GÉOHISTORIQUES Magali Watteaux UMR 7041 – Équipe Archéologies environnementales

2.2. L’espace selon Braudel : temps long et fixité du cadre géographique 

L’héritage vidalien est particulièrement important en histoire car :

double formation des historiens en géographie.

Lucien Febvre a opté pour les méthodes de l’Ecole Française de Géographie. Les Annales ont été une tribune pour la diffusion des grandes thèses de géographie vidalienne.

Fernand Braudel en particulier a occupé une place charnière entre la géographie et l’histoire :

opposition du « temps long » au « temps court » de l’évènementiel.

grand intérêt porté à la géographie. Directeur des Annales et disciple de Febvre. Il affirme que la géographie est au cœur même de l’histoire.

mais c’est un espace assujetti au temps car il permet d’introduire le « temps long» en histoire : la géographie « aide à retrouver les plus lentes des réalités structurales » (« Histoire et sciences sociales. La longue durée », Annales ESC, 4, oct-déc. 1958, pp. 725-753)  les cadres géographiques sont des « prisons de longue durée ».

Page 12: Préparation au concours de lINP Archéologie BRÈVE HISTORIOGRAPHIE FRANÇAISE DES ÉTUDES GÉOHISTORIQUES Magali Watteaux UMR 7041 – Équipe Archéologies environnementales

B – Les années 1960-1970 : rejet viscéral du paysage 

1. Avènement de la « nouvelle géographie » néo-positiviste

1.1. Les origines de la nouvelle géographie 

Les prémices de la New geography viennent d’Allemagne et des USA. Elles sont d’essence sociologique et économique : réflexion sur le phénomène urbain (école de Chicago au début XXe) et théorisation sur les localisations humaines, à partir de modèles économiques réinterprétés au regard des nouvelles problématiques.

Les modélisations économiques des fondateurs de l’analyse spatiale :

• modèle des places centrales : Christaller (1933), Lösch (1940), Isard (1956), von Thünen (1826), Thiessen (1911).• modèles de localisation des activités : von Thünen (1875), Weber (1909).• modèles de gravité : Reilly (1931), Carrothers (1956).• modèle des hiérarchies dont la loi rang-taille : Zipf (1949), Auerbach (1913).• modèles de diffusion : Sauer (1952), Hagerstrand (1953).

Page 13: Préparation au concours de lINP Archéologie BRÈVE HISTORIOGRAPHIE FRANÇAISE DES ÉTUDES GÉOHISTORIQUES Magali Watteaux UMR 7041 – Équipe Archéologies environnementales

L’hexagone français d’après R. Brunet, «Structure et dynamique de l’espace

français : schéma d’un système », L’espace géographique, 1973, n° 2, p. 249-255.

- nouveaux concepts d’analyse spatiale : réseaux, flux, proximité, polarité…

- expérimentation de nouveaux outils : analyses quantitatives grâce à l’informatique…

- expérimentation de nouveaux modes de représentation : chorèmes, modèles, systèmes…

- réévaluation de champs d’étude jusqu’alors laissés de côté : géographie urbaine, industrielle, sociale, politique, espace vécu/espace perçu.

Page 14: Préparation au concours de lINP Archéologie BRÈVE HISTORIOGRAPHIE FRANÇAISE DES ÉTUDES GÉOHISTORIQUES Magali Watteaux UMR 7041 – Équipe Archéologies environnementales

1.2. Élaboration de nouveaux concepts pour la recherche des lois fondamentales de l’organisation de l’espace

Effervescence néo-positiviste et nomothétique : on pense qu’il est possible, en perfectionnant la méthode hypothético-déductive, de découvrir des lois mathématiques de l’organisation de l’espace :

Les formes spatiales élémentaires sont donc considérées comme universelles et transhistoriques.

Élaboration de modèles spatiaux mettant au jour les lois fondamentales de l’organisation de l’espace.

Espace ni géométrique ni naturel mais mathématique et constitué de formes et de structures récurrentes, quelles que soient les sociétés étudiées.

Opposition totale à la tradition idiographique de l’école vidalienne.

Page 15: Préparation au concours de lINP Archéologie BRÈVE HISTORIOGRAPHIE FRANÇAISE DES ÉTUDES GÉOHISTORIQUES Magali Watteaux UMR 7041 – Équipe Archéologies environnementales

 2. Remise en cause et rejet de l’École Française de Géographie

Roger Brunet : chef de file de la nouvelle géographie française.

2.1. Un point de vue radicalement différent sur la nature de l’espace

critique de la survalorisation du paysage-objet dans la géographie vidalienne alors que la nature principale du paysage serait celle d’un paysage-perçu et vécu. dénonciation de la superficialité du paysage : notion molle et concept flou, rejeté au profit du terme « espace ». dénonciation de la partialité du paysage = vision partielle et ponctuelle d’un territoire qui ne permet pas d’en déduire des généralités.

description géographique vidalienne est superficielle et inexacte.

2.2. Rejet de l’approche historique des paysages

en rejetant l’approche vidalienne, les nouveaux géographes rejettent aussi l’approche historique qui forme selon eux un écran à la reconnaissance des systèmes spatiaux. Roger Brunet : les formes historiques sont « passives » dans la constitution de l’espace.

Page 16: Préparation au concours de lINP Archéologie BRÈVE HISTORIOGRAPHIE FRANÇAISE DES ÉTUDES GÉOHISTORIQUES Magali Watteaux UMR 7041 – Équipe Archéologies environnementales

3. L’archéologie spatiale dans le sillage de la nouvelle géographie

3.1. Bref historique

issue de la New Archaeology anglo-saxonne des années 1960-1970, elle-même inspirée de la New Geography.

étude des répartitions d’une série d’objets, de structures, d’un pavage ou d’un réseau de sites par l’application de modèles spatiaux inspirés des modèles économiques et sociologiques repris par la New Geography.

2 ouvrages clés :- David L. CLARKE, Spatial Archaeology, Academic press, Londres, 1977- Ian HODDER et Clive ORTON, Spatial analysis in archaeology, Cambridge University Press, Cambridge-Londres-New York, 1976

Page 17: Préparation au concours de lINP Archéologie BRÈVE HISTORIOGRAPHIE FRANÇAISE DES ÉTUDES GÉOHISTORIQUES Magali Watteaux UMR 7041 – Équipe Archéologies environnementales

Polygones de Thiessen

Théorie des places centrales de Christaller

En France : une archéologie spatiale moins développée que dans les pays anglo-américains en raison de

l’héritage vidalien.

Elle est plutôt le fait de protohistoriens.

Zadora-Rio (Elisabeth), « Les terroirs médiévaux dans le Nord et le Nord-Ouest de l’Europe » dans Guilaine (Jean) (dir.), Pour une archéologie agraire. Armand, Colin, Paris, 1991, pp. 165-191.

Page 18: Préparation au concours de lINP Archéologie BRÈVE HISTORIOGRAPHIE FRANÇAISE DES ÉTUDES GÉOHISTORIQUES Magali Watteaux UMR 7041 – Équipe Archéologies environnementales

3.2. L’archéologie spatiale depuis les années 1980-1990

les analyses spatiales sont de plus en plus répandues : cf. nombreux exemples dans Temps et espaces de l’homme en société (2005)

Page 19: Préparation au concours de lINP Archéologie BRÈVE HISTORIOGRAPHIE FRANÇAISE DES ÉTUDES GÉOHISTORIQUES Magali Watteaux UMR 7041 – Équipe Archéologies environnementales

…mais, l’expression d’archéologie spatiale n’est plus vraiment répandue et signale la fin de sa mode – du moins sous cette expression – et plus largement de la New archaeology depuis les années 1980.

Exemple : Des oppida aux métropoles (1998) : travail d’archéologie spatiale mais les auteurs préfèrent parler de « techniques de l’analyse spatiale » (p. 10).

L’abaissement de l’archéologie spatiale au rang de simple méthode d’analyse témoigne de la reformulation voire du désintérêt et même de l’opposition ferme qu’elle a suscités après les années 1970.

Page 20: Préparation au concours de lINP Archéologie BRÈVE HISTORIOGRAPHIE FRANÇAISE DES ÉTUDES GÉOHISTORIQUES Magali Watteaux UMR 7041 – Équipe Archéologies environnementales

C – Depuis la fin des années 1970, renouveau généralisé des études sur les paysages

1. Contexte socio-économique : une prise de conscience environnementale

renouveau du paysage comme objet scientifique dans les SHS et SVT + apparition des problématiques environnementales… liés à une forte prise de conscience environnementale dans le monde occidental… issue des conséquences néfastes sur l’environnement de l’accélération du processus d’urbanisation et du développement technologique.

Développement d’un mouvement écologique politico-social.

Le paysage revient sur le devant de la scène scientifique et l’environnement y fait son apparition.

Recherche qui s’insère dans le cadre d’une réflexion plus vaste et transdisciplinaire sur les choix d’aménagement, dans une optique de durabilité et de protection des paysages.

Page 21: Préparation au concours de lINP Archéologie BRÈVE HISTORIOGRAPHIE FRANÇAISE DES ÉTUDES GÉOHISTORIQUES Magali Watteaux UMR 7041 – Équipe Archéologies environnementales

2. Réhabilitation du paysage comme objet scientifique en géographie

2.1. Remise en question de la New Geography et de la New Archaeology

remise en question des approches mathématiques de la nouvelle géographie.

les géographes redécouvrent l’importance des héritages et l’intérêt de l’étude conjointe des milieux naturels et espaces sociaux.

idem pour la critique de la New archaeology à partir des années 1980 : on lui reproche de ne pas assez mettre l’accent sur le social, le culturel et le symbolique. Les paysages sont dorénavant vus comme l’expression de significations culturelles particulières.

aujourd’hui la Landscape Archaeology travaille majoritairement selon cette approche. Optique parallèle à la Social Archaeology depuis les années 1980 : les vestiges matériels sont interprétés comme le reflet d’une réalité sociale pleine de sens que les archéologues ont la charge de décrypter.

Page 22: Préparation au concours de lINP Archéologie BRÈVE HISTORIOGRAPHIE FRANÇAISE DES ÉTUDES GÉOHISTORIQUES Magali Watteaux UMR 7041 – Équipe Archéologies environnementales

Patrice BRUN défend l’archéologie spatiale (sous le nouveau titre d’archéologie « des réseaux locaux ») et dénonce les excès de cette critique :

« En somme, il serait plus juste d’inverser, ou presque, la proposition : le modèle dominant n’est pas, ou  n’a  été  qu’un  court  moment,  celui  que  l’on  dénonce  et  que  l’on  qualifie  de  progressiste, matérialiste,  centraliste,  déterministe,  scientiste  et,  pour  finir,  spatialiste.  Le  modèle  qui  domine depuis  un  quart  de  siècle  est,  tout  au  contraire,  particulariste,  relativiste,  « déconstructionniste », symboliste, tout entier érigé contre une chimère : une caricature de la modernité. On en confond les étapes  historiques.  On  ignore sans vergogne la profusion des écrits montrant la très claire conscience, chez les progressistes aussi, du potentiel de destruction que revêt toujours le progrès technique. On caricature les travaux des évolutionnistes en leur prêtant abusivement une conception unilinéaire de l’évolution vers davantage de complexité organisationnelle. On décrète que le rôle de la distance  et  de  la  densité  sociale  ne  peut  avoir  été  déterminant  et,  par  conséquent,  que  les configurations spatiales de sites ne peuvent être des révélateurs fiables de l’organisation sociale. De façon étonnante, ces jugements de valeur à l’emporte-pièce, ne sont pourtant appuyés sur aucune validation.Cela ne veut pas forcément dire qu’ils sont entièrement faux, ce qui nous ferait sombrer dans une opposition  binaire  aussi  sommaire  que  celle  dans  laquelle  les  postmodernes  se  sont  enferrés. Cela signifie qu’il importe dorénavant de mettre en œuvre une procédure d’évaluation de la représentativité sociale de l’organisation spatiale des sociétés. »(Texte diffusé pour la préparation d’une journée de travail à Nanterre en 2009)

Page 23: Préparation au concours de lINP Archéologie BRÈVE HISTORIOGRAPHIE FRANÇAISE DES ÉTUDES GÉOHISTORIQUES Magali Watteaux UMR 7041 – Équipe Archéologies environnementales

2.2. Le rôle moteur de la biogéographie

les propositions nouvelles, dès les années 1970, viennent de la géographie physique et surtout des biogéographes.

biogéographie = branche à la croisée des sciences naturelles, de la géographie physique, pédologie et écologie qui étudie la vie à la surface du globe par des analyses descriptives et explicatives de la répartition des êtres vivants.

Georges Bertrand est l’un des premiers à avoir développé l’approche systémique et revalorisé le paysage en géographie. + promotion de la pluridisciplinarité entre historiens, géographes et archéologues.

il a développé une vision globale du milieu autour du concept de géosystème :− le « potentiel écologique » (combinaison des données physico-chimiques)− « l’exploitation biologique » (les écosystèmes) − « l’utilisation anthropique » Le paysage est conçu comme résultant de l’intégration de tous ces rapports.

Alain Roger : chef de file d’un courant esthétisant et culturaliste selon lequel l’étude paysagère des écologues et biogéographes = la « morphologie de l’environnement », parce que le paysage n’existe que dans l’interaction entre la subjectivité de l’observateur et les objets concrets.

Page 24: Préparation au concours de lINP Archéologie BRÈVE HISTORIOGRAPHIE FRANÇAISE DES ÉTUDES GÉOHISTORIQUES Magali Watteaux UMR 7041 – Équipe Archéologies environnementales

2.3. Développement des approches économique, sociale et historique

G. Bertrand, 1973 : les recherches sur le paysage « sont encore mal dégagées de leur gangue biogéographique » et il formule le vœu qu’elles se rapprochent « des préoccupations économiques et sociales » afin de « mieux poser les problèmes de l’utilisation [du milieu] par les sociétés humaines ». (cité dans G. Rougerie et N. Beroutchavili, Géosystèmes et Paysages. Bilan et méthodes, Armand Colin, Paris, 1991, p. 81)

Page 25: Préparation au concours de lINP Archéologie BRÈVE HISTORIOGRAPHIE FRANÇAISE DES ÉTUDES GÉOHISTORIQUES Magali Watteaux UMR 7041 – Équipe Archéologies environnementales

G. Bertrand, 1975 : « Pour une histoire écologique de la France rurale – L’impossible tableau géographique » dans Duby (G.) et Wallon (A.) (dir.), Histoire de la France rurale, t. I. Des origines à 1340, Seuil, Paris, 1975, pp. 34-113.= 1er temps fort de l’ouverture vers l’histoire. En 1995, il parle de « révolution copernicienne » à ce propos (dans Brunel et Moriceau, L’histoire rurale en France, p. 68).

Refus du tableau géographique introductif traditionnel : « le tableau géographique a été à la fois la conséquence et la cause d’une conception bloquée des rapports de l’homme et du milieu » puisqu’il ne peut retenir, par essence, que les traits généraux et permanents au détriment des dynamismes de toutes sortes qui caractérisent l’histoire rurale (p. 39-40).

Critique du possibilisme qui n’est que « l’application littéraire d’un principe philosophique vague » et « une forme "scientifique" du laxisme » (p. 51).

Critique de la prédominance de l’approche économique et juridique dans les travaux des historiens.

Page 26: Préparation au concours de lINP Archéologie BRÈVE HISTORIOGRAPHIE FRANÇAISE DES ÉTUDES GÉOHISTORIQUES Magali Watteaux UMR 7041 – Équipe Archéologies environnementales

G. Bertrand, 1978 : « L’archéologie du paysage dans la perspective de l’écologie historique », dans Archéologie du paysage, Actes du colloque tenu à Paris, E.N.S., mai 1977, Caesarodunum, Tours, 1978, pp. 132-138.= 2e temps fort, cette fois-ci en direction de l’archéologie.Sa manière de considérer le paysage est considérablement élargie en direction de la société, de la subjectivité, du culturel, etc.

G. et Cl. Bertrand, 1991 : « La mémoire des terroirs » dans Guilaine (J.) (dir.), Pour une archéologie agraire, Armand Colin, Paris, 1991, pp. 11-17.« l’archéologie agraire apparaît de plus en plus comme une "discipline d’interface" entre les sciences de la nature et les sciences sociales. » (p.17) il incite pour ce faire les archéologues à passer de l’échelle du site à celle de

l’horizon géographique infini .

Le concept de paysage redevient fédérateur en géographie et devient un lieu de rencontre avec les autres disciplines dont l’archéologie qui

s’approprie à la même époque ce nouveau champ. 

Page 27: Préparation au concours de lINP Archéologie BRÈVE HISTORIOGRAPHIE FRANÇAISE DES ÉTUDES GÉOHISTORIQUES Magali Watteaux UMR 7041 – Équipe Archéologies environnementales

3. Le « boom » des études archéologiques sur les paysages et l’environnement

développement de l’intérêt archéologique porté aux paysages à la fin des années 1970. jusqu’à cette date, les fouilles sont ponctuelles et les archéologues français se préoccupent peu de l’environnement du site. le développement de certaines techniques et sciences (photographie aérienne, de la photo-interprétation, de la télédétection, de la prospection géophysique, des sciences paléonaturalistes, etc.) va permettre d’y remédier. Depuis, recherche du « contexte ».

3.1. Naissance de « l’archéologie du paysage » à la française

Raymond Chevallier (archéologue aérien) lance l’expression dans un article de 1976 : « Le paysage, palimpseste de l’histoire pour une archéologie du paysage ». + organisation d’un colloque fondateur Archéologie du paysage, en 1977 à Paris.

R. Chevallier promeut l’approche archéologique : elle peut selon lui reconstituer la dimension historique des paysages en révélant ce qui a disparu et qui n’est donc plus fonctionnel (fossile) à partir d’une observation directe (du sol ou d’avion) ou indirectement, par la cartographie, l’iconographie et les textes. En particulier, l’archéologie aérienne est primordiale dans cette ouverture du champ d’investigation car elle offre un effet de recul essentiel.

Page 28: Préparation au concours de lINP Archéologie BRÈVE HISTORIOGRAPHIE FRANÇAISE DES ÉTUDES GÉOHISTORIQUES Magali Watteaux UMR 7041 – Équipe Archéologies environnementales

Ferme indigène – Picardie. © Agache

Villa – Picardie. © Agache

« Paysage-palimpseste »

Conception stratigraphique du paysage

Volonté de dater les formes fossiles et de restituer le paysage à telle ou telle époque

Page 29: Préparation au concours de lINP Archéologie BRÈVE HISTORIOGRAPHIE FRANÇAISE DES ÉTUDES GÉOHISTORIQUES Magali Watteaux UMR 7041 – Équipe Archéologies environnementales

Georges Bertrand, bien qu’il s’affirme confiant dans la fortune future de cette « expression heureuse » en 1978, s’interroge sur la pertinence du terme paysage :« Le paysage n’est donc pas un concept, tout au plus une notion foisonnante que chacun a cru pouvoir utiliser à sa façon et sous des acceptations diverses. Il fait depuis quelques années fonction d’auberge espagnole. Il en est devenu confus, puis insignifiant et enfin transparent ! Les archéologues vont-ils, après d’autres chercheurs, augmenter encore cette incohérence et cette ambiguïté ? » (Bertrand 1978, p. 133).

succès de l’expression mais, finalement, peu de chercheurs ont réellement souhaité se placer sous cette bannière, la plupart préférant des intitulés plus limités, liés à divers fondamentaux, géologique (géoarchéologie), écologique (archéobotanique, chrono-écologie), géographique (archéogéographie), géohistorique et politique (chorématique historique, archéohistoire), entre autres. Même Raymond Chevallier, en 2000 : « géotopographie archéologique »

Discipline qui n’a pas réussi à rassembler les suffrages malgré le succès de l’expression dans son sens banal.

aujourd’hui, au travers de ce qu’en disent les manuels d’archéologie, la définition semble, malgré tout, toujours mal établie et floue, cette fois en raison d’un rapprochement avec l’archéologie de l’environnement.

Page 30: Préparation au concours de lINP Archéologie BRÈVE HISTORIOGRAPHIE FRANÇAISE DES ÉTUDES GÉOHISTORIQUES Magali Watteaux UMR 7041 – Équipe Archéologies environnementales

3.2. Le programme PIREN/CNRS : élaboration d’une écologie historique ou écohistoire 

1984-1985 : lancement de l’Action thématique programmée « Histoire de l’environnement et des phénomènes naturels » devenue Programme scientifique du PIREN/CNRS (Programme interdisciplinaire de recherche sur l’environnement).

Définition d’une nouvelle discipline : l’histoire de l’environnement ou « écologie historique » ou « écohistoire ».

premiers résultats présentés par Robert Delort lors du colloque en 1991 Pour une histoire de l’environnement (1993). Les auteurs y posent comme principes de base :− la variabilité extrême des facteurs de l’environnement  − l’importance de l’action humaine sur l’environnement (depuis des millénaires) − l’importance du passé pour la connaissance de l’avenir

l’archéologie préhistorique apparaît plus avancée que les archéologies protohistoriques et historiques.

chapitres les mieux documentés : l’histoire récente du fait climatique et les formes du relief. Encore beaucoup de chemin à parcourir…

Page 31: Préparation au concours de lINP Archéologie BRÈVE HISTORIOGRAPHIE FRANÇAISE DES ÉTUDES GÉOHISTORIQUES Magali Watteaux UMR 7041 – Équipe Archéologies environnementales

Discipline qui « émarge à de très nombreuses disciplines » (Beck et Delort 1993, p. 14), l’écohistoire ou histoire de l’environnement ne réussit guère à s’extraire de l’ambiguïté générale, en ce qui concerne les appellations. Elle n’échappe pas au terme-valise d’environnement dont les auteurs mesurent pourtant l’anachronisme.

2001

Page 32: Préparation au concours de lINP Archéologie BRÈVE HISTORIOGRAPHIE FRANÇAISE DES ÉTUDES GÉOHISTORIQUES Magali Watteaux UMR 7041 – Équipe Archéologies environnementales

3.3. L’archéologie agraire française : un développement tardif

développement tardif en France alors qu’elle existe depuis le début du Xxe en Grande-Bretagne, en Allemagne, au Danemark et aux Pays-Bas.

le colloque de 1977 sur l’archéologie du paysage, en parallèle au développement des différentes méthodes de prospection, a surtout généré des études sur l’évolution de l’occupation du sol et non sur les paysages en eux-mêmes.

colloque clé = Jean Guilaine (dir.), Pour une archéologie agraire. A la croisée des sciences de l’homme et de la nature (1991). Les contributions se répartissent entre : − les archéologues et l’étude du monde rural : techniques, outillage, façons culturales, terroirs, paysages ruraux, etc.− les naturalistes et l’étude de l’anthropisation du milieu : pédologie, palynologie, géoarchéologie, archéolozoologie, etc. Il reste cependant à mettre en œuvre, des vœux mêmes de J. Guilaine, une étude plus globale, sur le fonctionnement des sociétés, au-delà de la simple reconnaissance de vestiges.

3 domaines en matière d’histoire rurale et agraire où les avancées apportées par l’archéologie sont les plus significatives : − les productions, l’outillage et les techniques agricoles ; − l’environnement par le biais de la restitution des paysages (rivages, forêts, reliefs, cours d’eau, etc.) ; − l’étude des parcellaires anciens.

Page 33: Préparation au concours de lINP Archéologie BRÈVE HISTORIOGRAPHIE FRANÇAISE DES ÉTUDES GÉOHISTORIQUES Magali Watteaux UMR 7041 – Équipe Archéologies environnementales

3.4. L’émergence des archéologies du paléoenvironnement

Page 34: Préparation au concours de lINP Archéologie BRÈVE HISTORIOGRAPHIE FRANÇAISE DES ÉTUDES GÉOHISTORIQUES Magali Watteaux UMR 7041 – Équipe Archéologies environnementales

4. Une proposition récente de réorganisation du champ du savoir géohistorique : l’archéogéographie

4.1. Historique et définition

filiation de l’option « archéogéographie » du DEA Archéologie environnementale de Paris 1 impulsion de Gérard Chouquer, historien antiquisant, DR au CNRS + professeur à Coimbra

Archéologie + géographie = les 2 socles disciplinaires de base

Sources de plusieurs origines :

documents planimétriques : cartes, plans et photos aériennes données paléonaturalistes documents écrits : archives médiévales et modernes, cadastres données archéologiques

Page 35: Préparation au concours de lINP Archéologie BRÈVE HISTORIOGRAPHIE FRANÇAISE DES ÉTUDES GÉOHISTORIQUES Magali Watteaux UMR 7041 – Équipe Archéologies environnementales

. org. orgwww.www.

Un site web

Page 36: Préparation au concours de lINP Archéologie BRÈVE HISTORIOGRAPHIE FRANÇAISE DES ÉTUDES GÉOHISTORIQUES Magali Watteaux UMR 7041 – Équipe Archéologies environnementales

2003

2000

Ouvrages « fondateurs » de la discipline archéogéographique

Page 37: Préparation au concours de lINP Archéologie BRÈVE HISTORIOGRAPHIE FRANÇAISE DES ÉTUDES GÉOHISTORIQUES Magali Watteaux UMR 7041 – Équipe Archéologies environnementales

2007

2008Ouvrages formalisant la discipline archéogéographique

Page 38: Préparation au concours de lINP Archéologie BRÈVE HISTORIOGRAPHIE FRANÇAISE DES ÉTUDES GÉOHISTORIQUES Magali Watteaux UMR 7041 – Équipe Archéologies environnementales

Discipline héritière des divers courants de la géographie historique et de la géohistoire, ou encore de l’archéologie du paysage, mais elle s’en différencie en postulant la crise des objets géohistoriques et la nécessité de leur recomposition.

Constat : malgré l’accumulation des nouvelles données, les objets, récits et cadres interprétatifs traditionnels ne changent pas. Résistance des « grands objets » de la géographie historique et de l’histoire.

Propositions de réorganisation des savoirs à partir d’une « archéologie du savoir » (Michel Foucault)

Exemples

la planification antique (Chouquer, Favory)

les formes agraires protohistoriques (Chouquer)

la modélisation des formes agraires médiévales : bocage/openfield/Méditerranée (Lavigne, Watteaux), forme radio-concentrique (Chouquer, Watteaux)

les territoires antiques et médiévaux : le domaine royal (Buscail), la cité antique (Chouquer, Favory, Lopes), la paroisse et seigneurie médiévale (Zadora-Rio, Buscail), etc.

la morphologie des espaces irrigués historiques de Méditerranée (Gonzalez Villaescusa)

4.2. Les enjeux de l’archéogéographie

a)a) Décomposition des objets « installés » et aujourd’hui en criseDécomposition des objets « installés » et aujourd’hui en crise

Page 39: Préparation au concours de lINP Archéologie BRÈVE HISTORIOGRAPHIE FRANÇAISE DES ÉTUDES GÉOHISTORIQUES Magali Watteaux UMR 7041 – Équipe Archéologies environnementales

Autre aspect = étude de la dynamique des planimétries (voirie, habitat, parcellaires), de l’occupation du sol et leurs hybridations avec l’oro-hydrographie et la végétation. on étudie moins ce que les choses ont été, parce que cet objectif paraît de plus en plus délicat à atteindre, que ce que les choses sont devenues. Travail sur la mémoire des formes. // réflexion de l’archéologue Laurent Olivier (Le sombre abîme du temps, 2008).

+ étude des parcellaires planifiés antiques (Chouquer, Favory, Brigand…), médiévaux (Lavigne, Abbé, Watteaux, Brigand), modernes (Chouquer).

b) Recomposition : définition de nouveaux objets et paradigmes :b) Recomposition : définition de nouveaux objets et paradigmes :

Page 40: Préparation au concours de lINP Archéologie BRÈVE HISTORIOGRAPHIE FRANÇAISE DES ÉTUDES GÉOHISTORIQUES Magali Watteaux UMR 7041 – Équipe Archéologies environnementales

centurie

La centuriation antiqueLa centuriation antique

Les aménagements des périodes médiévale et moderne participent à la construction et à la résilience des centuriations antiques.

La forme quasi parfaite d’une centuriation « romaine » visible sur une carte n’est pas l’effet d’une remarquable conservation mais l’effet d’une construction de l’objet dans la durée.

Page 41: Préparation au concours de lINP Archéologie BRÈVE HISTORIOGRAPHIE FRANÇAISE DES ÉTUDES GÉOHISTORIQUES Magali Watteaux UMR 7041 – Équipe Archéologies environnementales

La forme radio-quadrilléeLa forme radio-quadrillée : fusion d’un réseau routier radial à grande échelle et de trames parcellaires « quadrillées » à petite échelle.

L’exemple de Brie-Comte-Robert (Seine-et-Marne) d’après l’analyse d’un cliché IGN de 1956 (G. Chouquer)

Page 42: Préparation au concours de lINP Archéologie BRÈVE HISTORIOGRAPHIE FRANÇAISE DES ÉTUDES GÉOHISTORIQUES Magali Watteaux UMR 7041 – Équipe Archéologies environnementales

Les réseaux de formationsLes réseaux de formations

Région de Beaugency (Loire et Loir-et-Cher). S. Robert.

Page 43: Préparation au concours de lINP Archéologie BRÈVE HISTORIOGRAPHIE FRANÇAISE DES ÉTUDES GÉOHISTORIQUES Magali Watteaux UMR 7041 – Équipe Archéologies environnementales

Les corridors hydro-parcellairesLes corridors hydro-parcellaires associant des éléments anthropiques et naturels

en fonction du rapport à l’eau.

Sorigny (Indre-et-Loire) C. Pinoteau

Page 44: Préparation au concours de lINP Archéologie BRÈVE HISTORIOGRAPHIE FRANÇAISE DES ÉTUDES GÉOHISTORIQUES Magali Watteaux UMR 7041 – Équipe Archéologies environnementales

Les réseaux physiques réguliers ou régularités organiquesLes réseaux physiques réguliers ou régularités organiques

Analyse de R. Gonzales Villaescusa.

La huerta de Murcie dans les environs de Era Alta (Espagne). R. Gonzales Villaescusa

Page 45: Préparation au concours de lINP Archéologie BRÈVE HISTORIOGRAPHIE FRANÇAISE DES ÉTUDES GÉOHISTORIQUES Magali Watteaux UMR 7041 – Équipe Archéologies environnementales

Les villages-rûsLes villages-rûs

Les Maillys (Côte-d’Or)

M. Foucault

Page 46: Préparation au concours de lINP Archéologie BRÈVE HISTORIOGRAPHIE FRANÇAISE DES ÉTUDES GÉOHISTORIQUES Magali Watteaux UMR 7041 – Équipe Archéologies environnementales

Les corridors fluviairesLes corridors fluviaires

Tours. H. Noizet

Page 47: Préparation au concours de lINP Archéologie BRÈVE HISTORIOGRAPHIE FRANÇAISE DES ÉTUDES GÉOHISTORIQUES Magali Watteaux UMR 7041 – Équipe Archéologies environnementales

Du « paysage-palimpseste » à la « transformission »Du « paysage-palimpseste » à la « transformission »

La coupe de Pierrelatte (Drôme) : une coupe heuristique pour l’archéogéographieLa coupe de Pierrelatte (Drôme) : une coupe heuristique pour l’archéogéographie

Page 48: Préparation au concours de lINP Archéologie BRÈVE HISTORIOGRAPHIE FRANÇAISE DES ÉTUDES GÉOHISTORIQUES Magali Watteaux UMR 7041 – Équipe Archéologies environnementales

La coupe de Pierrelatte en plan : : transmission de la forme en plan au-delà du modelé et des hiatus sédimentaires (UCHRONIE)

5 dimensions à restituer : profondeur

latitudelongitudehauteur

dynamique

TransformissionMot créé à partir de transformation et de

transmission. Permet de décrire la double action de

transformation dans le temps des réalités géographiques et de transmission de certains caractères de ces réalités donnant l’impression d’une

pérennité de la forme.

Page 49: Préparation au concours de lINP Archéologie BRÈVE HISTORIOGRAPHIE FRANÇAISE DES ÉTUDES GÉOHISTORIQUES Magali Watteaux UMR 7041 – Équipe Archéologies environnementales

Conclusions

1/ Il existe une relation indéniable entre les recherches menées sur les paysages et les paléoenvironnements et le contexte socio-économique dans lequel elles s’inscrivent.

2/ La dimension spatiale des objets étudiés par les historiens et archéologues est longtemps restée « soumise » à celle du temps. Mais cette vision fixiste et déterministe du milieu est depuis ces dernières années sérieusement « écornée » par l’association entre l’archéologie et les SVT et par la démarche systémique et interdisciplinaire.

3/ Si l’on dresse un bilan, on observe une multitude d’intitulés s’inscrivant dans ce large champ de recherche sur l’occupation du sol et les paysages. Cf. tome 2 du Traité d’archéogéographie. L’archéologie des disciplines géohistoriques (Chouquer et Watteaux), à paraître chez Errance.Ce champ représente un axe majeur de la connaissance mais il est encore imparfaitement conçu car il n'est pas structuré : 150 intitulés différents de la fin du XIXe à nos jours ! Fragmentation qui caractérise en réalité une phase d’émergence d’un champ scientifique très riche.

Page 50: Préparation au concours de lINP Archéologie BRÈVE HISTORIOGRAPHIE FRANÇAISE DES ÉTUDES GÉOHISTORIQUES Magali Watteaux UMR 7041 – Équipe Archéologies environnementales

Archéologie et espaces, (colloque de 1989, Fiches et Van der Leeuw 1990)- archéologie et espaces (titre)- landscapes (p. 9)- analyse régionale (p. 25)- landscape archaeology (p. 35)- occupation du sol (p. 47)- organisation des espaces (p. 71)- espace géographique (p. 87)- géographie historique (p. 87)- approche régionale (p. 157)- territoires (p. 183)- prospection régionale (p. 285)- analyse de l’espace du passé (p. 299)- archéologie et histoire du paysage (p. 363)- géographie historique de l’espace rural (p. 363)- paysage rural (p. 383)- analyse spatiale (p. 503)

« Après écoute des communications et lecture des contributions, nous voudrions développer quelques réflexions sur le thème de ces rencontres : “archéologie des espaces”, expression juste et plus riche que la traduction littérale de l’anglais “archéologie spatiale”, qui est trop proche de l’expression méthodologique “analyse spatiale”, avant tout synchronique, ou d’autres formules comme “archéologie extensive”, trop générique, “archéologie du terroir”, trop rustique et “archéologie du paysage” trop descriptive. »(Fiches et Van der Leeuw 1990, p. 503)

Les éditeurs scientifiques souhaitaient tenir compte de « l’évolution récente de la discipline (...) une pratique archéologique qui ne peut plus se réduire à la fouille, (...) qui devient archéologie extensive, archéologie du terroir ou du paysage » (Fiches et Van der Leeuw 1990, p. 6).