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Douleurs Évaluation - Diagnostic - Traitement (2012) 13, 124—133 Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com VOTRE PRATIQUE Prescription et gestions des PCA de stupéfiants : un outil pour ne plus se tromper et gagner du temps PCA: A secure tool to prescribe parenteral opioïds without error Laurent Labreze a,,1 , Valérie de Chabalier b , Mickael Desroches b , Nathalie Legall b , Marie Noëlle Fabry b , Fabrice Lakdja c a Structure d’évaluation et traitement de la douleur, institut Bergonié, centre régional de lutte contre le cancer, 229, cours de l’Argonne, 33076 Bordeaux cedex, France b Service d’oncologie médicale, institut Bergonié, centre régional de lutte contre le cancer, 229, cours de l’Argonne, 33076 Bordeaux cedex, France c Service coordination, accompagnement, réhabilitation et éducation (CARE), institut Bergonié, centre régional de lutte contre le cancer, 229, cours de l’Argonne, 33076 Bordeaux cedex, France Disponible sur Internet le 15 mars 2012 MOTS CLÉS PCA ; Prescription ; Seringue électrique ; Opioïdes ; Morphiniques Résumé Les structures hospitalières qui prennent en charge des patients cancéreux sont confrontées tôt ou tard à la prescription et à la gestion des patient-controlled analgesia (PCA). Ces techniques permettent en algologie de procéder à des titrations très précises, graduelles et d’offrir un soulagement très rapide en situation d’urgence, d’instabilité ou d’intolérance. La prescription de ces PCA requiert une attention indispensable de la part des médecins prescrip- teurs pour éviter les erreurs d’équivalence, de dosage, de débit et de concentration. L’outil présenté est le fruit du travail concerté des services d’oncologie médicale de l’institut Bergonié, centre de lutte contre le cancer du sud-ouest, qui ont mis au point un système très simple effec- tuant le calcul de tous les paramètres nécessaires à de telles prescriptions. Sont concernées les seringues électriques de morphine et d’oxycodone, les PCA de morphine et d’oxycodone et les seringues électriques de ketamine. En quelques mois, cet outil a permis la généralisation des prescriptions de PCA de stupéfiants, devenant ainsi une technique de routine. © 2012 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. Avec la participation de tous les membres du CLUD de l’institut Bergonié. Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (L. Labreze). 1 Photo. 1624-5687/$ — see front matter © 2012 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. doi:10.1016/j.douler.2012.01.002

Prescription et gestions des PCA de stupéfiants : un outil pour ne plus se tromper et gagner du temps

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ouleurs Évaluation - Diagnostic - Traitement (2012) 13, 124—133

Disponible en ligne sur

www.sciencedirect.com

OTRE PRATIQUE

rescription et gestions des PCA de stupéfiants :n outil pour ne plus se tromper et gagner du temps�

CA: A secure tool to prescribe parenteral opioïds without error

Laurent Labrezea,∗,1, Valérie de Chabalierb,Mickael Desrochesb, Nathalie Legall b,Marie Noëlle Fabryb, Fabrice Lakdjac

a Structure d’évaluation et traitement de la douleur, institut Bergonié, centre régional delutte contre le cancer, 229, cours de l’Argonne, 33076 Bordeaux cedex, Franceb Service d’oncologie médicale, institut Bergonié, centre régional de lutte contre le cancer,229, cours de l’Argonne, 33076 Bordeaux cedex, Francec Service coordination, accompagnement, réhabilitation et éducation (CARE), institutBergonié, centre régional de lutte contre le cancer, 229, cours de l’Argonne, 33076 Bordeauxcedex, France

Disponible sur Internet le 15 mars 2012

MOTS CLÉSPCA ;Prescription ;Seringue électrique ;Opioïdes ;Morphiniques

Résumé Les structures hospitalières qui prennent en charge des patients cancéreux sontconfrontées tôt ou tard à la prescription et à la gestion des patient-controlled analgesia (PCA).Ces techniques permettent en algologie de procéder à des titrations très précises, graduelleset d’offrir un soulagement très rapide en situation d’urgence, d’instabilité ou d’intolérance. Laprescription de ces PCA requiert une attention indispensable de la part des médecins prescrip-teurs pour éviter les erreurs d’équivalence, de dosage, de débit et de concentration. L’outilprésenté est le fruit du travail concerté des services d’oncologie médicale de l’institut Bergonié,centre de lutte contre le cancer du sud-ouest, qui ont mis au point un système très simple effec-tuant le calcul de tous les paramètres nécessaires à de telles prescriptions. Sont concernéesles seringues électriques de morphine et d’oxycodone, les PCA de morphine et d’oxycodone et

les seringues électriques de ketamine. En quelques mois, cet outil a permis la généralisation

stupéfiants, devenant ainsi une technique de routine.

des prescriptions de PCA de © 2012 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

� Avec la participation de tous les membres du CLUD de l’institut Bergonié.∗ Auteur correspondant.

Adresse e-mail : [email protected] (L. Labreze).1 Photo.

624-5687/$ — see front matter © 2012 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.oi:10.1016/j.douler.2012.01.002

Prescription et gestions des PCA de stupéfiants : un nouvel outil 125

KEYWORDSPCA;Prescription;Opioid prescription

Summary Hospitals caring for cancer patients are all confronted at some time with the pres-cription and management of patient-controlled analgesia (PCA). These techniques enable veryprecise and gradual titrations for pain relief and to offer very rapid relief in emergency, insta-bility or intolerance situations. The prescription of PCA requires particular attention from theprescribing practitioners to avoid errors of equivalence, dosage, rate or concentration. The toolpresented here results from the focussed efforts of the Medical Oncology service at institut Ber-gonié, Comprehensive Cancer Centre of South-West France, who has established a very simplesystem to calculate all the parameters of the prescriptions. This technique applies to morphineand oxycodone electric syringes, morphine and oxycodone PCA, and ketamine electric syringes.Over a few months, these tools enabled the generalisation of prescriptions of PCA drugs, as suchentering into routine practice.© 2012 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.

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Introduction

Les patient-controlled analgesia (PCA) sont des outils théra-peutiques majeurs en algologie, surtout dans le domaine dela cancérologie. Elles permettent d’adapter au plus juste lesdoses nécessaires d’antalgiques et de donner au patient uneautonomie non négligeable dans la gestion de son traitementet de sa douleur. L’arrivée de nouveaux produits injectables,en particulier l’oxycodone, a ouvert de plus grandes faci-lités thérapeutiques pour les patients cancéreux algiques.Ces techniques de délivrance par voie veineuse sont main-tenant passées en routine et prescrites quotidiennement.Leur mise en place, leur gestion, leur maintenance et leursurveillance demandent une formation particulière et descompétences spécifiques du personnel soignant. Or, le grandéventail de produits disponibles (à libération prolongée, àlibération immédiate, par voie orale, transcutanée, trans-muqueuse) complique fortement le passage d’une voie oraleà une voie veineuse.

Des règles existent, de conversion,d’équivalence - elles sont théoriques - mais

l’adaptation et la prescription finale peuventêtre entachées d’erreurs de sous dosage, desurdosage, de concentration, de débit, de

dilution, erreurs dont le risque est multipliélorsque plusieurs produits sont mélangés dans

les seringues.

Par ailleurs, ces équivalences théoriques doivent êtrepondérées par l’état du patient, sa fonction rénale et hépa-tique, la coexistence d’une hypercalcémie, d’une méningitecarcinomateuse, d’une insuffisance respiratoire, de méta-stases cérébrales. . . Tous ces éléments peuvent influencersur la prescription de la dose finale, retenue pour être effi-cace et bien tolérée.

Fort de son expérience, le comité de lutte contre la dou-leur (CLUD) de l’institut Bergonié a réalisé et proposé unoutil simple permettant la gestion des équivalences entre

les produits et entre les voies, le calcul des doses de voieveineuse ou sous-cutanée et le calcul de tous les paramètresnécessaires aux infirmières pour la mise en place du trai-tement. Quelques incidents, d’inattention de prescription

m

our la plupart, ont été relevés ces deux dernières annéesans notre structure : équianalgésies non respectées, règlese changement de voie oubliées. . . L’idée de proposer laise en place d’une feuille de calcul simple pour sécuriser

es prescriptions s’est rapidement imposée. C’est ce constate sécurisation et d’optimisation qui a guidé le développe-ent de cet outil. Nous nous sommes apercus ensuite qu’ilouvait être utile à l’enseignement des internes, des soi-nants et des équipes transversales et avoir un impact plusénéral sur la prise en charge de la douleur en milieu onco-ogique. Après plusieurs mois de test in vivo, cet outil estaintenant validé et habilité aux prescriptions de stupé-ants par voie veineuse : morphine, oxycodone mais aussiétamine.

es contraintes d’une prescription detupéfiants par voie veineuse

e passage de la voie orale à la voie continue parenté-ale (intraveineuse [IV] ou sous-cutanée) s’impose dans desituations hospitalières variées : limite volumétrique, into-érance, inefficacité, impossibilité d’utiliser la voie orale,esoin de titration précise, urgence hyperalgique. . . Larescription impose des contraintes administratives (pres-ripteur autorisé et identifié, prescription nominative,alidation identifiable, tracabilité. . .) et des contraintesechniques nécessaires à la mise en place.

es contraintes médicales

es prescripteurs autorisés doivent parfaitement connaîtrees dispositions réglementaires et fournir au personnel leaximum de renseignements validés.La prescription d’une PCA nécessite des données mini-

ales :débit de base, en milligramme/heure (mg/h) ;dose de bolus, en mg ;période réfractaire, en minute (min) ;nombre de bolus accepté ;

nombre de jours de prescription.

À partir de ces paramètres sont calculées les données deise en place techniques :

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dose totale journalière, en mg par 24 heures ;dose totale en mg ;nombre d’ampoules à commander ;volume de la seringue ;concentration de la seringue en mg/millilitre (mg/mL) ;dilution résiduelle, en mL.

Certaines pompes ont un paramétrage du débit de base etes bolus en mL/h. Il faut donc pouvoir faire les conversionsans erreur.

es contraintes infirmières

e personnel a besoin d’une validation de la concentra-ion finale de stupéfiants dans la seringue. Cette donnéeoit être la même sur la feuille de prescription et dans laompe. La plus grande vigilance incombe aux infirmièreshargées d’exécuter les prescriptions médicales qui doiventtre écrites, datées et signées : dans la chaîne des soins, lesnfirmières représentent le dernier maillon de sécurité avant’administration au patient. L’application d’une prescriptionédicale engage leur responsabilité.Il est donc nécessaire que les infirmières aient une bonne

onnaissance des produits qu’elles administrent : règles’équivalences, délais d’action, surveillance, connaissancet dépistage des effets secondaires associés, des signes deurdosage. Un tableau d’équivalences doit être à leur dispo-ition. Après avoir lu la prescription dans son entier, prélevé,réparé et émargé les morphiniques prescrits, l’infirmièreègle la pompe de PCA et entre les paramètres nécessairesla mise en route du traitement : ces données doivent être

igoureusement identiques à celles de la prescription médi-ale : la PCA peut être posée.

La surveillance clinique du patient accompagne la misen place d’une PCA, à commencer par l’évaluation de laouleur qui doit être tracée de préférence sur un documentédié. Le recueil d’information doit être fiable, pertinent etxhaustif, la surveillance du patient suit des règles strictes,éfinies à l’avance et réajustées si nécessaire, dans le but deépister un surdosage et de suivre l’efficacité du traitementur la douleur. L’éducation du patient par l’infirmière trouvea place à ce moment là : administration des bolus, périodeéfractaire, prévention et dépistage des effets secondaires,utant d’éléments qu’il doit connaître, afin d’être pleine-ent acteur de son traitement.L’infirmière surveille le patient et trace ce qu’elle

bserve. Dans le cas où, en l’absence d’un médecin, unatient présente des signes de surdosage morphinique leettant potentiellement en danger (fréquence respiratoire

nférieure à 10, somnolence aréactive), elle peut être ame-ée à interrompre une PCA de morphine de sa proprenitiative et en informe au plus vite le médecin. Si des proto-oles de soins d’urgence ont été préalablement écrits, datést signés par le médecin, elle peut les mettre en œuvret accomplit les actes conservatoires nécessaires jusqu’à’intervention médicale. Le matériel évolue, de même quees traitements se diversifient. Il est donc essentiel que

édecins et infirmières travaillent en collaboration et que

es connaissances soient en permanence mises à jour, en ren-ant les informations disponibles et la formation possible.e fichier qui sécurise la prescription médicale, sécurise tous

C

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L. Labreze et al.

es intervenants de la chaîne des soins, et au final, c’est leatient qui en est le bénéficiaire.

es contraintes des équivalences entreroduits

e débit de base et la dose de bolus, sont les données ini-iales à renseigner, la suite de la prescription en découle.

La plupart des patients sont déjà sous opioïdes par voierale. Il faut donc estimer la quantité en mg d’opioïdes prisar le patient chaque jour et de le convertir en un débitn mg IV par 24 heures qui sera sensé être efficace et bienoléré.

Quelques règles simples d’équivalence existent et sontalidées [1] : la voie veineuse de morphine correspond à uniers de la voie orale. Cependant, il faut tenir compte :

des produits à libération immédiate, dont certains n’ontpas d’équivalence publiée comme le fentanyl transmu-queux ;des autres opioïdes à libération prolongée disponibles(oxycodone, hydromorphone) ;des produits de paliers 1 et de paliers 2 très souventsurconsommés : codéine, tramadol et même dextropro-poxyphène puisque certains patients ont encore desstocks.

Ces contraintes, associées à la multiplication des possi-ilités de combinaisons, compliquent et freinent la mise enlace des PCA.

Exemple : un patient toujours douloureux,prenant 60 mg d’hydromorphone matin et soir,

associée à des interdoses de fentanyltransmuqueux de 400 �g pris huit fois par jour

avec 800 mg d’ibuprofène et 4 g de paracétamol,complique la prescription d’une PCA.

aractéristique de l’outil

ichier microsoft Excel®, version 2003, verrouillé pour queeules ne soient utilisables les données demandées et éviteres modifications de formule.

Il est important de souligner les investissements de cha-un :

développement : Dr Laurent Labrèze ;validation médicale : Dr M. Desroches (service d’oncologiemédicale), Dr Marie Noëlle Fabry (service d’oncologiemédicale) et Dr Nathalie Legall (service d’oncologie médi-cale) ;validation infirmière : Mme Valérie de Chabalier et sonéquipe (cadre de santé, service d’oncologie médicale) ;validation institutionnelle : CLUD de l’institut Bergonié,premier trimestre 2011

aractéristiques fonctionnelles

’outil propose une série de huit onglets de couleurs (Fig. 1) :

Prescription et gestions des PCA de stupéfiants : un nouvel outil 127

Tableau 1 Règles de calcul des équivalences de dosesentre produits oraux ou intraveineux.

Morphine = 1 MorphineOxycodone = 0,5 MorphineHydromorphone = 1/7,5 MorphineFentanyl TC = 2,4 Morphine

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Figure 1. L’outil propose une série de huit onglets de couleurs.

Il y a deux onglets d’équivalence analgésique :• équivalences indicatives de la voie orale de tous les pro-

duits LP et LI utilisés ;• passage de la voie IV à la voie orale (relais per os).

On retrouve un onglet de calcul de débit de base, à partirdes produits oraux consommés.

Il nous faut détailler les cinq autres onglets de prescrip-tion complète (Fig. 2) :• PCA hospitalière de morphine ;• PCA ambulatoire de morphine ;• PCA hospitalière d’oxycodone ;• PCA ambulatoire d’oxycodone ;• seringue électrique de ketamine.

Tables d’équivalences des opioïdes

Cet onglet calcule des équivalences de doses entre pro-duits oraux ou IV. Le renseignement d’une dose d’opioïdespar voie orale entraîne le calcul d’équivalence en mg desautres molécules disponibles par voie orale et l’affichagedes dosages pharmaceutiques disponibles (Fig. 3). La dosedemandée (en mg) est saisie dans les cases vertes. Les équi-valences s’affichent dans les colonnes correspondantes au

produit concernés, avec en info-bulle les dosages disponiblesen pharmacie. Les règles de calculs se retrouvent dans leTableau 1 : cette table permet à partir d’une dose en mgsur 24 heures de produits par voie parentérale d’obtenir une

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Tramadol = 1/5 MorphineCodeine dextropropoxyphene = 1/6 Morphine

quivalence croisée en voie orale ou IV. Elle est utilisée poures rotations de PCA, par exemple pour changer la morphinen oxycodone.

Concernant l’équivalence entre l’oxycodone IV et PO,ous avons choisis un coefficient de 75 %. Avec une équi-alence 1 pour 1 (préconisée) nous avions quelques cas deurdosages et nous avons donc préféré réduire et ne gar-er que trois-quarts. Avec cette équivalence, nous n’avonsu aucun problème de surdosage en neuf mois d’utilisationTableau 2).

alcul de débit de base

et onglet permet, à partir de ce que prend le patientar voie orale, d’estimer l’équivalence de dose par voieV (Fig. 4). Le principe est de définir en débit de base

128 L. Labreze et al.

Figure 2. Détail des cinq onglets de prescription complète.

Tableau 2 Règles de calcul pour l’équivalence entrel’oxycodone intraveineux et per os.

Morphine SC = 1/3 Morphine oraleMorphine IV = 1/2 Morphine oraleOxycodone IV = 0,5 Oxycodone oraleOxycodone IV = 0,75 Morphine IVMorphine IV = 1,5 Oxycodone IV

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Cà• de l’âge du patient ;

IV : intraveineux ; SC : sous-cutanée.

’ensemble des mg que prend le patient sur 24 heures,uel que soit le produit et la voie utilisée. Dans cetxemple, le patient utilise deux patchs de fentanyl trans-ermique pour un total de 150 �g/h, 50 mg de tramadoluatre fois par jour et du fentanyl transmuqueux à 200 �gix fois par jour. En équivalence, cela représente 460 mge morphine par 24 heures ou bien 230 mg d’oxycodone.e calcul est ensuite rapide pour estimer la quantité IVournalière (respectivement 154 mg et 115 mg), puis un

ébit de base horaire (6,39 mg de morphine ou 4,79 mg’oxycodone).

La difficulté a été de se positionner sur une équivalenceentanyl transmuqueux/morphine. Il est notoire qu’aucune

quivalence n’est disponible, mais dans la réalité les équiva-ences retenues n’ont entraînées aucun cas de sous dosageu de surdosage.

Ces conversions reflètent plus une « équivalence deoulagement » plutôt qu’une équivalence « d’efficacité »ntre produit. Ce sont des constatations internes, liées

l’expérience des auteurs. Le « soulagement » est plusacilement apprécié et compréhensible par le patient. Ilorrespond à un début d’analgésie, même si elle est incom-lète. Ce début d’analgésie est ressentit comme bienfaitricet ne présage pas de l’efficacité finale ou pas du pro-uit.

Nous utilisons prudemment ces conversions, ne pouvantas ne pas tenir compte de ces produits dans le total absorbéar le patient [1]. La règle obtenue se retrouve dans leableau 3.

odulation

e débit de base proposé est théorique et doit être adaptéla situation du patient. On doit tenir compte :

du mécanisme douloureux : nociceptif, neuropathique,mixte ;des fonctions rénales, hépatiques et respiratoires ;

Prescription et gestions des PCA de stupéfiants : un nouvel outil 129

entrales.

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Figure 3. Le renseignement d’une dose d’opioïdes par voie oralepar voie orale et l’affichage des dosages pharmaceutiques disponib

• des comorbidités susceptibles de favoriser les intolé-rances : hypercalcémie, métastases cérébrales, dénutri-tion, méningite carcinomateuse. . .

Il faut également tenir compte de l’évaluation de la dou-leur, en particulier de l’EVA. Si on décide d’un relais parvoie IV c’est en général parce que l’équilibration antalgiquen’est pas faite. La dose proposée est donc aussi un débithoraire minimal. Mais la voie IV est plus performante entermes d’efficacité que la voie orale. Ce paramètre choisi, ilconvient ensuite de choisir une dose de bolus permise ainsiqu’une période réfractaire, temps pendant lequel aucunbolus ne sera validé. La règle habituelle est de donnerl’équivalent en mg du débit. Ce paramètre est égalementà moduler en fonction des critères ci-dessus. L’adaptationrequiert une évaluation serrée les premières heures. Lapériode réfractaire est généralement choisie entre 15 et

60 minutes. Cette donnée doit aussi être adaptée à l’étatdu patient. Cette donnée entraîne un nombre maximal debolus que le patient pourra valider. Une dose maximum dequatre heures peut être renseignée, verrou supplémentaire,

lp1À

Tableau 3 Règle de calcul de débit de base obtenue.

Fentanyl bâtonnetActiq®

=

FentanyltransmuqueuxbuccalAbstral® — Effentora®

=

Fentanyl intranasalInstanyl® — Pecfent®

=

îne le calcul d’équivalence en mg des autres molécules disponibles

lle permet d’éviter l’administration d’un bolus à chaque fine la période réfractaire. Multipliée par six, elle doit corres-ondre à la dose totale des 24 heures. En conclusion, le choixnal de ce débit de base est fonction de l’expérience et de

a connaissance du patient. L’outil propose une indication.l vaut mieux commencer faible et augmenter rapidement,lutôt que viser fort et surdoser. À partir de ces choixeuvent être remplies les feuilles de prescriptions. Il enxiste deux pour la morphine et deux pour l’oxycodone.

atient-controlled analgesia hospitalière deorphine

a prescription requiert de renseigner (Fig. 5) le débit dease (dans l’exemple 5 mg/h), la dose de bolus (5 mg/hans l’exemple), la période réfractaire (30 mn) et éven-uellement le nombre maximal de bolus autorisé (15 dans

’exemple). La dose totale est calculée par 24 heures et,our une quantité précise de jours, un total en mg (ici95 mg) est à commander auprès de la pharmacie (Fig. 5).

partir de ces données il est facile de proposer au

1/33 Morphine orale

1/20 Morphine orale

1/10 Morphine orale

130 L. Labreze et al.

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Lexactement les mêmes caractéristiques que précédemment

igure 4. Estimation d’équivalence de dose par voie intraveineu

rescripteur le type d’ampoule disponible et la quantitéhéorique à commander.

Dans l’exemple suivant, pour 195 mg par 24 heures,’outil propose (Fig. 6) de commander 1,95 ampoule de00 mg pour 10 mL. Le choix est donc de deux ampoules.our les grands volumes, l’outil s’adapte et propose plu-ieurs choix en différentes concentrations. Ce calcul faitagner beaucoup de temps au personnel soignant dans lehoix final de matériel à demander à la pharmacie. À noterans cet exemple, l’ajout de kétamine (Fig. 6) à diluer dansa préparation : 100 mg/24 heures ce qui correspond pour’infirmière à 0,4 ampoule, soit 2 mL.

D’autre produit peuvent être prescrits et ajoutés. Enas de dépassement du volume de la seringue, une alertest émise sous la forme d’un message : « ATTENTION quan-ité supérieure à la seringue ». Le personnel dispose en fin

a••

e feuille du récapitulatif de la prescription (Fig. 7) aveces paramètres nécessaires au bon fonctionnement de laompe. Lorsque la feuille Excel est prête, elle est datéeu jour automatiquement, puis elle est imprimée et signéear le prescripteur.

atient-controlled analgesia ambulatoire deorphine

a prescription d’un PCA portable de morphine reprend

vec deux différences importantes concernant les calculs :ils tiennent compte d’un volume de poche de PCA ;et d’une durée de prescription paramétrable sur plusieursjours.

Prescription et gestions des PCA de stupéfiants : un nouvel outil 131

Figure 5. La prescription de morphine requiert de renseigner le débit de base, la dose de bolus, la période réfractaire et éventuellementle nombre maximal de bolus autorisé. La dose totale est calculée par 24 heures.

lière de morphine.

Figure 6. Exemple de patient-controlled analgesia (PCA) hospita

Patient-controlled analgesia hospitalièred’oxycodone

La prescription d’une PCA d’oxycodone reprend les mêmesfonctionnalités que pour la morphine. Seule change lesdisponibilités d’ampoules et leurs caractéristiques (concen-trations disponibles, volume disponibles. . .).

Patient-controlled analgesia ambulatoired’oxycodone

La prescription d’un PCA portable d’oxycodone reprendexactement les mêmes caractéristiques que précédemmentavec deux différences importantes concernant les calculs :• ils tiennent compte d’un volume de poche de PCA ; Figure 7. Exemple de récapitulatif de la prescription.

132 L. Labreze et al.

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igure 8. Exemple de prescription de perfusion de kétamine isol

et d’une durée de prescription paramétrable sur plusieursjours.

L’oxycodone n’étant pas disponible en officine, lesatients doivent revenir périodiquement au centre pouraire recharger leur poche. À cette occasion sont re-prescritous les éléments.

eringue électrique de kétamine

ette fonctionnalité a été mise en place pour faciliter lesrescriptions de perfusion de kétamine isolée, par voie vei-euse ou par voie sous-cutanée. Les mêmes fonctionnalitésont proposées (Fig. 8) : à partir d’une dose quotidienne et’une durée sont calculés la quantité d’ampoule à comman-er (ampoule de 250 mg pour 5 mL au centre), le débitoraire, la concentration finale, la dilution et la durée totalee la seringue.

elais per os après une patient-controllednalgesia

n dernier onglet et fourni pour permettre un relais per osprès une PCA quelle qu’elle soit. La conversion propose,our les trois produits à libération prolongée disponible, la

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ose journalière requise. Celle-ci est à moduler en fonctione l’état du patient.

iscussion

a problématique des prescriptions complexes en milieuospitalier, souvent en situation de stress et d’urgence,ugmente les probabilités d’erreurs autant au niveau de laédaction que de la mise en place par les soignants. L’idéee développer un outil simple, facilement accessible et uti-isable par tous s’est vite imposée après la constatation deifficultés récurrentes de prescription. Il aurait été ano-al de ne retrouver aucun autre publication sur ce sujet

t plusieurs centres ont développé en interne des outilsacilitateurs comme Plagge H [2] en Suisse.

Nous avons opté pour Excel qui a l’avantage d’êtreéployé quasiment partout et surtout d’être connu par pra-iquement tout le monde. Cet outil offre en outre d’êtrerès facilement paramétrable et mis à jour, sans dépendre’une structure informatique. L’inconvénient de l’outil pour

’instant est de n’être pas intégré au dossier médical infor-atisé ni en lien avec la pharmacie pour les commandes et

es dotations. Un outil de prescription généralisé est installéans le centre. La feuille de prescription des opioïdes n’est

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Prescription et gestions des PCA de stupéfiants : un nouvel o

pas reliée pour l’instant à cet outil et les deux coexistentsans que cela soit dommageable. La feuille est une aide àla prescription qui est rédigée de manière rapide, claire etpropre. L’outil de prescription informatisé des dossiers nesert qu’à la retranscription du produit demandé, des doseset des durées. Les feuilles Excel sont donc imprimées unefois validées et conservées dans le dossier papier du patientpour la tracabilité. Les patients reviennent d’ailleurs avecces feuilles pour les recharges de pompes, ce qui accélèreencore la prescription de ces renouvellements.

Après déploiement dans trois services d’oncologiemédicale recevant des patients lourds en hématologie,pneumologie, sénologie, digestif, gynécologie et sarcomes,la prise en main a été très rapide par les prescrip-teurs (médecins, internes) avec des retours immédiatsd’améliorations d’interfaces et de fonctionnalités. Très vitel’outil de prescription s’est transformé également en unoutil d’aide à la prescription.

Validé par le CLUD de l’institut Bergonié enmai 2011, il a donc été décidé que les

prescriptions de seringue électrique et de PCAde stupéfiants devaient être obligatoirement

faites par l’intermédiaire de cet outil.

Après plusieurs mois d’utilisation, la fiabilité est passéequasiment à 100 %. Cela se traduit depuis la mise en place,par la remontée d’aucun incident de prescription, de déli-vrance ou de renouvellement des opioïdes par voie veineuse(une quinzaine de PCA sont mise en place chaque semaine

environ). Par ailleurs, il semble que la facilité d’utilisationentraîne un nombre de prescriptions plus importantes dansces services, confirmant une culture de prise en charge dela douleur très en avance.

[

133

onclusion

et outil informatisé permet de remplir correctement lesrescriptions de PCA, en réduisant considérablement lesisques d’erreurs de calcul et donc de sous dosage oue surdosage. Cet outil offre une rapidité de prescrip-ion dans des conditions de sécurité optimales pour lesédecins prescripteurs et pour les soignants réalisateurs.

n outre, il aide et incite fortement nos internes à réa-iser, évaluer et suivre ce type de prescriptions, leurpportant une culture algologique indispensable en cancé-ologie.

éclaration d’intérêts

es auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts enelation avec cet article.

emerciements

octeur Florence Dixmérias, Mme Nadine Bégu et tous lesembres du CLUD de l’institut Bergonié.

éférences

1] Mercadante S, Caraceni A. Conversion ratios for opioid switchingin the treatment of cancer pain: a systematic review. Palliat Med2011;25(5):504—15.

2] Plagge H, Ruppen W, Ott N, Fabbro T, Bornand D, DeusterS. Dose calculation in opioid rotation: electronic calcula-tor vs. manual calculation. Int J Clin Pharm 2011;33(1):25—32.