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Prier et Servir Prier avec l'Eglise pendant 2015 COMMENTAIRES AUX INTENTIONS 2015 EDITORIAL Un nouveau Pape, un nouveau style. « Prions pour que, sortant de nousmêmes, nous nous rendions proches des personnes qui se trouvent à la périphérie des relations humaines et sociales » est l’intention de prière pour l’évangélisation du mois d’août 2015. Nous y reconnaissons tout de suite la voix et le style du Pape François. Les intentions de prière pour l’année 2015 sont les premières que celuici confie à toute l’Eglise. Biensûr, un certain nombre d’intentions rejoignent des préoccupations de l’Eglise qui étaient déjà exprimées par Benoît XVI (les migrants et les réfugiés, les chrétiens persécutés, le respect de la Création, etc.) Mais la manière d'exprimer ces défis prend le style simple et pastoral du Pape François. Lorsque nous lisons les intentions pour l'année 2015, au sujet de la traite des personnes, des détenus, de l’insertion des jeunes, mais aussi des femmes dans l’Eglise ou des conjoints séparés, nous reviennent en mémoire ses paroles et ses gestes significatifs mis en lumière par les médias. Plusieurs défis de l’humanité et de la mission de l’Eglise que le Pape confie à notre prière et à notre action chaque mois, sont marqués par son attention aux plus pauvres, à ceux qui souffrent. Marqués par ses appels à faire l’expérience de la miséricorde de Dieu, à nous ouvrir à une culture de la rencontre et à une plus grande disponibilité apostolique. Plus que les années précédentes peutêtre, prier pour les intentions du Pape nous met non seulement au cœur du monde et en communion avec l'Eglise universelle, mais nous rend proches de ce Pape qui nous invite si souvent à prier avec lui et pour lui. Notre année 2015 s'ouvre avec une intention de prière pour la vie consacrée et se conclut avec une intention pour les familles, "en particulier celles qui souffrent". Deux défis pour la vie de l'Eglise qui vont marquer notre année. Puisse le Seigneur nous donner de porter, chaque mois, si profondément dans notre cœur les intentions qui nous sont confiées, qu'elles orientent notre vie et notre mission. P. Frederic Fornos sj Directeur Général Délégué Apostleship of Prayer Réseau officiel de prière du Pape Mouvement Eucharistique des Jeunes – MEJ

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Prier et Servir

Prier avec l'Eglise pendant 2015

COMMENTAIRES AUX INTENTIONS 2015

EDITORIAL

Un nouveau Pape, un nouveau style. 

« Prions pour que, sortant de nous‐mêmes, nous nous rendions proches des personnes qui se trouvent à la 

périphérie des relations humaines et sociales » est l’intention de prière pour l’évangélisation du mois d’août 

2015. Nous y reconnaissons tout de suite la voix et le style du Pape François. Les intentions de prière pour 

l’année 2015 sont les premières que celui‐ci confie à toute l’Eglise. Bien‐sûr, un certain nombre d’intentions 

rejoignent des préoccupations de  l’Eglise qui  étaient déjà  exprimées par Benoît XVI  (les migrants  et  les 

réfugiés, les chrétiens persécutés, le respect de la Création, etc.) Mais la manière d'exprimer ces défis prend 

le style simple et pastoral du Pape François. Lorsque nous lisons les intentions pour l'année 2015, au sujet de 

la traite des personnes, des détenus, de l’insertion des jeunes, mais aussi des femmes dans l’Eglise ou des 

conjoints séparés, nous reviennent en mémoire ses paroles et ses gestes significatifs mis en lumière par les 

médias. 

Plusieurs défis de l’humanité et de la mission de l’Eglise que le Pape confie à notre prière et à notre action 

chaque mois, sont marqués par son attention aux plus pauvres, à ceux qui souffrent. Marqués par ses appels 

à faire l’expérience de la miséricorde de Dieu, à nous ouvrir à une culture de la rencontre et à une plus grande 

disponibilité apostolique. Plus que les années précédentes peut‐être, prier pour les intentions du Pape nous 

met non seulement au cœur du monde et en communion avec l'Eglise universelle, mais nous rend proches 

de ce Pape qui nous invite si souvent à prier avec lui et pour lui. 

Notre année 2015 s'ouvre avec une intention de prière pour la vie consacrée et se conclut avec une intention 

pour les familles, "en particulier celles qui souffrent". Deux défis pour la vie de l'Eglise qui vont marquer notre 

année.  Puisse  le  Seigneur  nous  donner  de  porter,  chaque mois,  si  profondément  dans  notre  cœur  les 

intentions qui nous sont confiées, qu'elles orientent notre vie et notre mission. 

 P. Frederic Fornos sj Directeur Général Délégué Apostleship of Prayer  Réseau officiel de prière du Pape Mouvement Eucharistique des Jeunes – MEJ 

JANVIER

INTENTION UNIVERSELLE – JANVIER

Pour que ceux qui appartiennent aux différentes traditions religieuses ainsi que tous les hommes de bonne volonté collaborent à la promotion de la paix  

Je remercie  le professeur Andrea Riccardi, pour les paroles de salut qu’il m’a adressées en votre nom  à  tous  et  je  remercie  avec  lui  la communauté  de  Sant’Egidio  d’avoir  suivi  avec ténacité la route tracée par le bienheureux Jean‐Paul  II  lors de  la rencontre historique d’Assise  : garder allumée la lampe de l’espérance en priant et  en  travaillant  pour  la  paix.  C’était  en  1986, dans un monde encore marqué par la division en blocs opposés, et ce fut dans ce contexte que le Pape invita les chefs religieux à prier pour la paix : plus  jamais  les uns contre  les autres, mais  les uns à côté des autres. Cela ne devait pas et ne 

pouvait pas rester un événement isolé. Vous avez poursuivi ce chemin et vous en avez intensifié l’élan, en faisant participer au dialogue des personnalités importantes de toutes les religions et des représentants laïcs et humanistes. Ces mois derniers, nous sentons précisément que le monde a besoin de l’« esprit » qui a animé cette rencontre historique. Pourquoi ? Parce qu’il a un grand besoin de paix. Non ! Nous ne pouvons jamais nous résigner devant la douleur de peuples entiers, otages de la guerre, de la misère, de l’exploitation. Nous ne pouvons pas assister, indifférents et impuissants, au drame d’enfants, de familles, de personnes âgées, frappés par la violence. Nous ne pouvons pas laisser le terrorisme emprisonner le cœur de quelques violents pour semer la douleur et  la mort chez tant de personnes. Nous disons de manière particulière avec force, tous, sans cesse, qu’il ne peut exister aucune justification religieuse à la violence. [...] En  tant  que  responsables  des  différentes  religions,  nous  pouvons  faire  beaucoup.  La  paix  est  notre responsabilité à tous. Prier pour la paix, travailler pour la paix ! Un chef religieux est toujours un homme ou une femme de paix, parce que  le commandement de  la paix est profondément  inscrit dans  les traditions religieuses que nous représentons. Mais que pouvons‐nous faire ? Votre rencontre annuelle nous suggère la route : le courage du dialogue. Ce courage, ce dialogue nous donne de l’espérance. Cela n’a rien à voir avec l’optimisme, c’est tout autre chose. L’espérance ! Dans le monde, dans les sociétés, c’est également parce que le dialogue est absent qu’il y a peu de paix, on peine à sortir de l’horizon étroit des intérêts personnels pour  s’ouvrir  à  une  confrontation  véritable  et  sincère.  La  paix  exige  un  dialogue  tenace,  patient,  fort, intelligent, pour lequel rien n’est perdu. Le dialogue peut vaincre la guerre. Le dialogue fait vivre ensemble des personnes de différentes générations, qui  s’ignorent  souvent;  il  fait  vivre ensemble des  citoyens de diverses origines ethniques, de  convictions différentes.  Le dialogue  est  la  voie de  la paix  ; parce que  le dialogue  favorise  l’entente,  l’harmonie,  la concorde et  la paix. C’est pour cette  raison qu’il est vital qu’il grandisse, qu’il s’étende aux personnes de toutes conditions et convictions comme un réseau de paix qui protège le monde et surtout qui protège les plus faibles.  François DISCOURS AUX PARTICIPANTS À LA RENCONTRE INTERNATIONALE POUR LA PAIX ORGANISÉE PAR LA COMMUNAUTÉ DE SANT'EGIDIO 30 septembre 2013  © Copyright 2013 ‐ Libreria Editrice Vaticana 

Texte intégral:  FRANÇOIS  ‐ DISCOURS AUX PARTICIPANTS À LA RENCONTRE  INTERNATIONALE POUR LA PAIX ORGANISÉE PAR LA COMMUNAUTÉ DE SANT'EGIDIO ‐ 30 septembre 2013   Voir aussi:   FRANÇOIS ‐ MESSAGE POUR LA JOURNÉE MONDIALE DE LA PAIX ‐ 8 décembre 2013   “L’Église a besoin de nous aussi pour que nous soyons des hommes de paix et fassions la paix par nos œuvres, nos désirs, nos prières. Faire la paix ! Artisans de paix ! Pour cela invoquons la paix et la réconciliation pour les peuples qui en ces temps sont éprouvés par la violence, par l’exclusion et par la guerre”. (François - HOMÉLIE - CONSISTOIRE ORDINAIRE PUBLIC POUR LA CRÉATION DE NOUVEAUX CARDINAUX - 22 février 2014)

COMMENTAIRE

Dans de nombreux pays d’Asie où le christianisme est une religion minoritaire, il est impossible pour l’Eglise d’oeuvrer  en  paix,  à  moins  qu’elle  n’admette  que  la  pluralité  religieuse  et  les  différences  culturelles constituent  la réalité des peuples. Depuis que  l’Eglise a clairement reconnu cette réalité elle peut  inviter toute personne ou tout groupe de tradition de foi et d’horizon culturel différent à travailler avec elle pour la paix. L’expérience nous enseigne qu’il n’est pas  facile pour  l’ensemble des  religions de  reconnaître cette réalité. Chaque confession, chaque tradition de foi a tendance à soutenir de manière offensante, et même à revendiquer avec arrogance, que sa propre foi est la vérité suprême, plutôt que d’accepter et de reconnaître que la vérité existe aussi chez les autres. Toutefois, nous savons aussi par expérience que nous pouvons venir graduellement à bout de cette rigidité en travaillant ensemble sur des projets concrets et des initiatives vécus en collaboration, plutôt qu’en nous attachant à des dialogues intellectuels et à des discussions hautement théologiques. De telles collaborations interconfessionnelles ont lieu en Indonésie. Les cinq religions principales (Islam, Christianisme, Hindouisme, Bouddhisme et Confucianisme) essaient constamment d’entretenir ces collaborations, avant  tout dans  le domaine  des  programmes  humanitaires,  tels  que  les  projets  d’aide  aux  personnes  affectées  par  les catastrophes naturelles. Des groupes de personnes de religions différentes s’occupent ensemble de  l’aide aux  victimes,  laissant  de  côté  les  distinctions  confessionnelles  qui  les  séparent.  Ils  sont  poussés  par  la souffrance des autres, unis les uns aux autres par la compassion, les aidant d’un cœur sincère. Actuellement, ils se préoccupent aussi de la crise écologique et de l’importance du développement durable. Ils sont témoins de la dégradation qualitative de l’environnement, due à une exploitation sans frein à cause de la cupidité et de la voracité de l’homme. Ils entendent notre Terre Mère s’écrier qu’elle ne peut être sauvée que si les êtres humains s’unissent sans se soucier de leurs différences. Enfin, ils s’opposent ensemble à la violence et aident les victimes à réclamer justice quelles que soient leurs croyances. Leur contact avec la violence leur rappelle qu’elle est malfaisante et fondamentalement irrespectueuse des valeurs de  la vie humaine et des droits de celle‐ci. Les personnes de  toutes  les religions ont  le devoir de combattre la violence. Toutes ces expériences montrent que la paix ne saurait prévaloir que si les personnes et les populations de religions et de cultures différentes collaborent les unes avec les autres. En outre, si nous croyons que la paix est le don précieux que Dieu fait à notre monde, nous devons croire aussi que les diverses voies que nous empruntons pour obtenir la paix sont elles aussi des dons de Dieu. Cela étant, nous devrions arriver à croire que nos différences viennent de Dieu. C’est Lui qui crée le caractère unique de chacun, responsable de nos différences. Nous devons accepter et assumer nos différences. Par leur collaboration au service de la paix, 

les religions nous rappellent que la pluralité est véritablement la réalité de la vie humaine : celle‐ci manifeste l’infinité et l’immensité de Dieu, que l’homme n’arrivera jamais à comprendre à fond. C’est  cette  collaboration au  service de  la paix qui doit animer notre Eglise aujourd’hui. Elle ne peut pas s’installer dans les nuages et s’y sentir en sécurité tandis que le monde se fraye péniblement un chemin vers la paix. A quoi sert‐il à l’Eglise de se réfugier dans un bel édifice, si le monde au sein duquel elle demeure risque la destruction parce que la paix fait défaut? L’Eglise est envoyée au monde dans ce but : s’ouvrir à la collaboration avec les autres religions et traditions de foi, afin qu’elles œuvrent ensemble pour la paix. C’est pourquoi l’Eglise doit s’appuyer sur cette pluralité comme instrument de la grâce pour propager l’Evangile. Tel est bien le thème de notre prière de ce mois‐ci, en union avec le Pape François.  G.P. Sindhunata, s.j. Directeur national de l’AP, Indonésie

INTENTION POUR L'ÉVANGÉLISATION

Pour qu’en cette année dédiée à la vie consacrée, les religieuses et les religieux redécouvrent la joie de suivre le Christ et s’engagent avec zèle au service des pauvres.

Aujourd’hui nous célébrons la fête de la présentation de Jésus au Temple. Cette date est aussi celle de la Journée de la vie consacrée, qui rappelle l’importance pour l’Église de ceux qui ont accueilli la vocation à suivre Jésus de près sur la voie des conseils évangéliques. L’Évangile d’aujourd’hui raconte que, quarante jours après la naissance de Jésus, Marie et Joseph portèrent l’Enfant au Temple pour l’offrir et le consacrer à Dieu, comme cela est prescrit par la loi juive. Cet épisode évangélique est aussi une icône du don de la vie que font ceux qui, par un don de Dieu, assument les traits particuliers de Jésus vierge, pauvre et obéissant.

Cette offrande de soi à Dieu concerne chaque chrétien, car nous sommes tous consacrés à Lui à travers le baptême. Nous sommes tous appelés à nous offrir au Père avec Jésus et comme Jésus, en faisant de notre vie un don généreux, en famille, au travail, dans le service de l’Église, dans les œuvres de miséricorde. Cependant, cette consécration est vécue de façon particulière par les religieux, les moines, les laïcs consacrés, qui par la profession des vœux appartiennent à Dieu de façon pleine et exclusive. Cette appartenance au Seigneur permet à ceux qui la vivent de façon authentique d’offrir un témoignage spécial à l’Évangile du Royaume de Dieu. Totalement consacrés à Dieu, ils sont totalement livrés aux frères, pour apporter la lumière du Christ là où les ténèbres sont les plus épaisses et pour répandre son espérance dans les cœurs découragés.

Les personnes consacrées sont signe de Dieu dans les divers milieux de vie, elles sont levain pour la croissance d’une société plus juste et fraternelle, elles sont prophétie de partage avec les petits et les pauvres. Comprise et vécue ainsi, la vie consacrée nous apparaît comme elle est réellement: elle est un

don de Dieu, un don de Dieu à l’Église, un don de Dieu à son peuple ! Chaque personne consacrée est un don pour le peuple de Dieu en chemin. Il y a tant besoin de ces présences, qui fortifient et renouvellent l’engagement pour la diffusion de l’Évangile, de l’éducation chrétienne, de la charité envers les plus nécessiteux, de la prière contemplative ; l’engagement de la formation humaine, de la formation spirituelle des jeunes, des familles ; l’engagement pour la justice et la paix dans la famille humaine. Mais pensons un peu à ce qui se passerait s’il n’y avait pas les sœurs dans les hôpitaux, les sœurs dans les missions, les sœurs dans les écoles. Mais pensez à une Église sans sœurs ! On ne peut pas l’imaginer : elles sont ce don, ce levain qui fait avancer le peuple de Dieu. Elles sont grandes, ces femmes qui consacrent leur vie à Dieu, qui perpétuent le message de Jésus.

L’Église et le monde ont besoin de ce témoignage d’amour et de miséricorde de Dieu. Les personnes consacrées, les religieux, les religieuses sont le témoignage que Dieu est bon et miséricordieux. C’est pourquoi il est nécessaire de valoriser avec gratitude les expériences de vie consacrée et d’approfondir la connaissance des divers charismes et spiritualités. Il faut prier pour que de nombreux jeunes répondent «oui» au Seigneur qui les appelle à se consacrer totalement à Lui pour servir de manière désintéressée nos frères; consacrer sa vie pour servir Dieu et ses frères.

Pour tous ces motifs, comme cela a déjà été annoncé, l’année prochaine sera dédiée de façon spéciale à la vie consacrée. Confions déjà cette initiative à l’intercession de la Vierge Marie et de saint Joseph, qui, comme parents de Jésus, ont été les premiers à être consacrés par Lui et à consacrer leur vie à Lui.

François ANGÉLUS 2 février 2014

© Copyright 2014 - Libreria Editrice Vaticana

* * *

Je veux consacrer quelques paroles à la vie consacrée. La vie consacrée est un ferment dans l’Église. Un ferment de ce que le Seigneur veut, un ferment qui fait croître l’Église jusqu’à la dernière manifestation de Jésus Christ. Je demande aux personnes consacrées d’êtres fidèles au charisme reçu, que dans leur service à la Sainte Mère Église hiérarchique, elles ne laissent pas disparaître cette grâce que l’Esprit Saint a donnée à leurs fondateurs et qu’elles doivent transmettre dans toute son intégralité. Telle est la grande prophétie des consacrés, ce charisme donné pour le bien de l’Église.

Continuez dans cette fidélité créative au charisme reçu pour servir l’Église.

François MESSAGE-VIDÉO AUX PARTICIPANTS AU PÈLERINAGE-RENCONTRE AU SANCTUAIRE DE NOTRE-DAME DE GUADALUPE 16 novembre 2013

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Texte intégral:

FRANÇOIS - MESSAGE-VIDÉO AUX PARTICIPANTS AU PÈLERINAGE-RENCONTRE AU SANCTUAIRE DE NOTRE-DAME DE GUADALUPE - 16 novembre 2013

COMMENTAIRE

Le pape François a rencontré l’Union des Supérieurs généraux à la fin du mois de novembre 2013. Il a saisi cette occasion pour annoncer que l’année 2015 serait l’année dédiée à la vie consacrée. Justement, l’Intention du mois de janvier 2015 pour l’évangélisation concerne la vie consacrée. Ce n’est pas par erreur que cette Intention exprime un espoir sans cesse énoncé par François se référant à tous les chrétiens – à savoir, que nous connaissions et que nous vivions la joie de l’Evangile et que nous l’apportions aux pauvres. S’agissant de cette Intention, ce sont les femmes et les hommes vivant une vie consacrée par les vœux religieux que vise le Pape. Les religieux ont un rôle spécial de leadership dans l’Eglise. Lors de la réunion de novembre, il a dit que les personnes religieuses «sont des hommes et des femmes qui peuvent réveiller le monde. La vie consacrée est prophétique. Dieu nous demande de nous envoler de notre nid confortable et d’être envoyés aux frontières du monde.» Le pape François a parlé du rôle des religieux en tant que «levains de croissance d’une société plus juste et plus fraternelle, offerts en donation au Peuple de Dieu sur son chemin.»

Dans le monde occidental, il est facile pour des religieux de se sentir quelque peu en manque de joie et d’éprouver quelque perte d’espoir. Cela commence par la crise vocationnelle, par la réalité du vieillissement et la perception d’un apparent décalage de notre ministère en face d’un monde qui n’est pas intéressé à entendre le message de l’Evangile. En tant que religieux lui-même, le pape François est bien averti des façons dont la vie religieuse s’est affadie quant à la force de son verbe et de ses actions et quant à son témoignage effectif. Il nous invite à prier pour la redécouverte de cette joie, fruit de l’approfondissement des racines de notre vocation, en retournant au désir qui nous a tout d’abord appelés à la vie consacrée.

Le pape François reconnaît que la joie de l’Evangile va de pair avec le service des pauvres. Dans cette intention de prière, il utilise le mot zèle. Ce mot implique un profond désir et un engagement. L’Evangile nous dit que Jésus éprouvait de la compassion pour les nécessiteux, parce qu’ils sont comme des brebis sans berger. François nous invite à imiter le Seigneur quant à cette compassion. Il nous en donne une bonne image dans Evangelii Gaudium. «Un évangélisateur ne doit jamais ressembler à quelqu’un qui vient de revenir d’un enterrement.» Il nous montre cette façon d’être dans son propre ministère. L’avons-nous jamais vu sans un sourire sur son visage ? S’il paraît sérieux, c’est habituellement parce qu’il critique l’excès, le cléricalisme et l’égoïsme. Autrement, il est radieux, surtout s’il s’occupe des pauvres et des femmes et des hommes ordinaires.

Dans toutes nos congrégations et nos ordres, certains hommes et certaines femmes se distinguent dans leur service des pauvres et par leur joie à l’effectuer. Ce ne sont pas nécessairement nos collègues les plus faciles à vivre. Ils nous interpellent par leur engagement et par le rappel qu’ils laissent à chacun de nous. En cette année dédiée à la vie consacrée, prenons à cœur la requête du Pape d’apporter «la lumière du Christ partout où l’ombre est la plus obscure, de sorte que son espérance atteigne les cœurs découragés.» Il ne faut pas beaucoup d’imagination pour trouver ces ombres obscures dans notre monde.

Phillip Shano, s.j. Secrétaire national de l’AP – Australie

FEVRIER

INTENTION UNIVERSELLE – FEVRIER

Pour que les détenus, les jeunes en particulier, aient la possibilité de se reconstruire une vie digne.

Je vous remercie, et je voudrais profiter de cette rencontre avec vous, qui travaillez dans les prisons de toute l’Italie, pour transmettre mes salutations à tous les détenus. S’il vous plaît, dites-leur que je prie pour eux, je les ai à cœur, je prie le Seigneur et la Vierge qu’ils puissent surmonter de manière positive cette période difficile de leur vie. Qu’ils ne se découragent pas, qu’ils ne se renferment pas. Vous savez qu’un jour tout va bien, mais un autre jour on n’a pas le moral, et cette oscillation est difficile. Le Seigneur est proche, mais dites avec les gestes, avec les paroles, avec le cœur, que le Seigneur ne reste pas dehors, il ne reste pas à l’extérieur de leur cellule, il ne reste pas en dehors des

prisons, mais il est à l’intérieur, il est là. Vous pouvez dire cela : le Seigneur est à l’intérieur avec eux ; lui aussi est un prisonnier, encore aujourd’hui, prisonnier de nos égoïsmes, de nos systèmes, de tant d’injustices parce qu’il est facile de punir les plus faibles, mais les gros poissons nagent librement dans les eaux. Aucune cellule n’est assez isolée pour exclure le Seigneur, aucune ; Lui est là, il pleure avec eux, il travaille avec eux, il espère avec eux ; son amour paternel et maternel arrive partout. Je prie pour que chacun ouvre son cœur à cet amour. Quand je recevais une lettre de l’un d’entre eux à Buenos Aires, je leur rendais visite, tandis qu’aujourd’hui lorsque m’écrivent encore ceux de Buenos Aires, parfois je les appelle, surtout le dimanche, et je discute. Puis quand j’ai fini, je pense : pourquoi lui est-il là et pas moi qui ai tant de raisons pour y être ? Penser à cela me fait du bien : car les faiblesses que nous avons sont les mêmes, pourquoi lui est-il tombé et ne suis-je pas tombé moi ? Cela est pour moi un mystère qui me fait prier et me fait me sentir proche des prisonniers.

François DISCOURS AUX PARTICIPANTS AU CONGRÈS NATIONAL DES AUMÔNIERS DE PRISONS ITALIENNES 23 octobre 2013

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Texte intégral:

François - DISCOURS AUX PARTICIPANTS AU CONGRÈS NATIONAL DES AUMÔNIERS DE PRISONS ITALIENNES - 23 octobre 2013

COMMENTAIRE

La réalité carcérale n’est jamais une réalité agréable, cependant en RDC les .conditions de détention sont en général lamentables : «un taux de surpopulation de 650 %, un accès aux soins problématique, des conditions d’hygiène désastreuses, des détenus n’ont pas de sanitaires, la malnutrition est devenue un problème chronique », détaille la responsable de la communication du CICR En RDC. Mais au delà de ce qui est imaginable, il y a une réalité plus triste et plus navrante à tout égard, la réalité des jeunes délinquants dans ce milieu.

Le vibrant appel, en ce mois, du Pape François à ce que les jeunes détenus aient la possibilité de se reconstruire une vie digne nous invite à réfléchir davantage sur les causes de cette affligeante situation. Dans le cas contraire, les prisons deviennent le lieu d’apprentissage de la criminalité et de la délinquance et les pensionnaires deviennent plus délinquants qu’ils n‘étaient en entrant. Un constat s’impose en visitant ce lieu : la majorité des jeunes détenus, appelés « mineurs » sont dits « shégués », [terme désignant les enfants de la rue à Kinshasa, en RDC]. Effectivement, ils proviennent des rues de la capitale et constituent 85 % de la population des jeunes détenus. Leur séjour dans ce milieu sensé préparer leur future intégration dans la société ne semble pas jouer ce rôle. Concrètement, Ils n’ont pas cette possibilité d’apprendre un métier ou de compléter leur instruction par une quelconque formation. On comprend mieux que le taux de récidive soit important. Finalement, ils sont plus à l’aise à l’intérieur de la prison qu’à l’extérieur. Le cercle vicieux !

Les causes de cette situation déplorable se déclinent en un faisceau de paramètres. La précarité de vie à laquelle est confrontée la grande majorité de la population en est une, les multiples crises sociales et politiques qu’a connues le pays depuis son indépendance, la crise économique qui frappe le pays a poussé beaucoup de parents à l’abandon de leurs responsabilités. Sans emplois, les parents sont souvent incapables d’assurer la scolarité de leur nombreuse progéniture. Et la démission de l’Etat par la mauvaise rémunération concourt grandement à ce désordre social. Et pourtant le devoir d’élever, d’éduquer et d’instruire les enfants font partie des droits fondamentaux de la jeunesse. Pis encore, il est de plus en plus question de violation de ces mêmes droits garantis aussi bien par la morale et que le droit; une situation qui est à la base de la délinquance juvénile. A cela s’ajoute le phénomène social de l’ « enfant sorcier », rejeté par sa famille, il devient un être dépourvu de tout repère social, et au fil du temps, finit par perdre tout sentiment humain et devient capable de pires monstruosités dans l’échelle de la violence.

Devant ce tableau sombre de la situation des enfants en RDC, il est impérieux que les efforts soient conjugués pour qu’ensemble L’Etat, l’Eglise et les ONG soutenus par la communauté internationale travaillent de concert par une approche préventive et en assurant le minimum pour casser le cercle vicieux de la répression et de la détention. Par exemple, un travail de sensibilisation de fond destiné à amener chaque parent en tant qu’individu, à une meilleure intériorisation de son sens de responsabilité parentale, de manière qu’il puisse être plus prédisposé à assumer, contre vents et marées, ses obligations morales vis – à – vis de sa progéniture, malgré les effets néfastes de la conjoncture sociale et économique.

Dans le même ordre d’idées, il faudrait amener le parent à mieux saisir la conditionnalité entre l’éducation donnée à son enfant et la future personnalité de ce dernier en tant qu’élément de la société ; afin qu’il comprenne l’importance d’adopter des méthodes éducatives qui fassent de l’enfant un futur homme équilibré et utile à la société. Ce qui constitue également une contribution sensible à l’implantation de la culture de la paix Cette coexistence pacifique empreinte de tolérance politique, religieuse et ethnique devrait réduire la propension aux injustices génératrices des frustrations : les deux principales causes de la violence et des guerres fratricides, qui donnent traditionnellement lieu à tous ces abus sur les enfants actuellement déplorés en RDC. La tentation serait grande pour un pays qui sort d’une longue guerre aussi meurtrière que destructrice que celle qu’a connue la RDC, et qui se trouve confronté aux priorités sécuritaires liées à la consolidation de la paix et à la restauration de l’Etat, de considérer certaines questions sociales dont celles relatives aux droits .

En fin de compte, il serait souhaitable que la communauté internationale mette un accent particulier sur la question de la réinsertion dans la société des enfants soldats et des enfants de la rue, sans oublier des orphelins d’ex-combattants Congolais, qui devraient également être pris en charge de peur qu’ils ne s’enlisent à leur tour dans la délinquance. En outre, il serait vraiment grand temps que les pouvoirs publics congolais prennent à cœur la question de l’encadrement des enfants de la rue qui constituent une menace réelle à la paix et sécurité au pays et, à moyen et à long terme. Qu’il est à la fois un devoir moral et une exigence sécuritaire fondamentale pour la communauté internationale d’aider les pouvoirs publics à assumer l’immense tâche de la prise en charge de la question du respect des droits enfants, plus particulièrement celle de la réinsertion dans la société des enfants de la rue, et des tous les autres enfants versés dans la rue suite aux guerres civiles, violences ethniques et l’incapacité matérielle des parents à assumer leurs obligations familiales. Il faudrait que la communauté internationale s’implique dans la résolution de ce nouveau défi. : la présence dans la rue de ces enfants qui, en grandissant, ne connaissent que le vol, la drogue, la prostitution et la violence ; pour éviter qu’ elle ne se retrouve plus tard face à la nécessité de mobiliser dix ou cent fois plus d’énergie, de ressources humaines et matérielles pour mettre fin aux violences ethniques et guerres civiles dont ces derniers seront les principaux acteurs.

P. Georges Katumba, S.J. Secrétaire national - REP. DEM. CONGO

INTENTION POUR L'ÉVANGÉLISATION – FEVRIER

Pour que les conjoints qui se sont séparés trouvent accueil et soutien dans la communauté chrétienne.

 

Avant tout, dans le cadre de la pastorale ordinaire, je voudrais concentrer votre attention sur la famille, « cellule de base de la société », « lieu où l’on apprend à vivre ensemble dans la différence et à appartenir à d’autres, et où les parents transmettent la foi à leurs enfants » (Exhort. apost. Evangelii gaudium, n. 66). Mais aujourd’hui, le mariage est souvent considéré comme une forme de gratification affective qui peut s’exprimer de n’importe quelle façon et être modifiée selon la sensibilité de chacun (cf. ibid.). Malheureusement, cette vision a une influence sur la mentalité des chrétiens, facilitant le recours au divorce ou à la séparation de fait. Les pasteurs

sont appelés à se demander comment aider ceux qui vivent dans cette situation, afin qu’ils ne se sentent pas exclus de la miséricorde de Dieu, de l’amour fraternel d’autres chrétiens et de la sollicitude de l’Église pour leur salut; ils doivent aussi chercher comment les aider à ne pas abandonner la foi et à élever leurs enfants dans la plénitude de l’expérience chrétienne.

D’autre part, il faut se demander comment améliorer la préparation des jeunes au mariage, de sorte qu’ils puissent découvrir de plus en plus la beauté de cette union qui, bien fondée sur l’amour et sur la responsabilité, est en mesure de dépasser les épreuves, les difficultés et les égoïsmes par le pardon mutuel,

en réparant ce qui risque d’être ruiné et sans tomber dans le piège de la mentalité du rebut. Il faut s’interroger sur la manière d’aider les familles à vivre et à apprécier les moments de joies comme les moments de souffrance et de faiblesse.

Que les communautés ecclésiales soient des lieux d’écoute, de dialogue, de réconfort et de soutien pour les époux, dans leur chemin conjugal et dans leur mission d’éducation. Qu’ils trouvent toujours chez les pasteurs le soutien de pères et de guides spirituels authentiques qui les protègent contre les menaces des idéologies négatives et les aident à devenir forts en Dieu et dans son amour.

François DISCOURS AUX PRÉLATS DE LA CONFÉRENCE ÉPISCOPALE DE POLOGNE, EN VISITE AD LIMINA APOSTOLORUM 7 février 2014

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Texte intégral:

Francisco - DISCOURS AUX PRÉLATS DE LA CONFÉRENCE ÉPISCOPALE DE POLOGNE, EN VISITE AD LIMINA APOSTOLORUM - 7 février 2014

COMMENTAIRE

Nous avons des frères et sœurs qui, après un cheminement en couple, ont projeté et décidé de contracter le sacrement du mariage. Avec le temps, certains éprouvent de la difficulté à vivre ensemble, même après s’être sincèrement efforcés de chercher de l’aide pour rester unis (et, dans de nombreux cas, en causant un tort sérieux aux enfants).

Le processus de rupture vécu par ces couples qui ont échoué est généralement très dur et douloureux. Comme il est normal, bon nombre de ces frères et sœurs sont parvenus à refaire leur vie en rencontrant une personne dont ils sont tombés amoureux, et avec laquelle ils ont établi une nouvelle relation d’amour mûr et responsable, formant une famille stable, très souvent avec le désir sincère de vivre leur foi et en élevant leurs enfants dans un milieu d’amour et de foi en Jésus-Christ. Dans certains cas, il a été possible d’obtenir la nullité du mariage, mais cela n’est pas fréquent.

Ceux qui ont contracté une nouvelle union se retrouvent empêchés de recevoir le sacrement de la réconciliation, et celui de la communion, et ils se sentent même exclus sans raison de la participation à des activités pastorales. S’en suivent beaucoup de souffrance et de frustration.

Jésus eut une passion, à savoir celle de montrer son Père - un papa, "Abba" - dans son grand amour pour nous. Son enseignement nous invite à chercher la façon de prendre soin de ceux qui sont tombés sur leur chemin et de les aider, comme nous l’apprenons dans la parabole du bon samaritain (Luc 10,25-37).

Nous avons vu que le pape François est spécialement préoccupé par la situation de ces conjoints séparés. Il comprend combien il est douloureux pour eux de ne pas être accueillis. Il nous demande ce mois-ci de prier avec lui afin que ces frères trouvent dans les communautés accueil et aide. Qu’ils «ne se sentent pas exclus de la miséricorde de Dieu» et « Nous devons être proches des frères et des sœurs qui ont souffert de l’échec de l’amour dans leurs vies », nous a demandé le Pape.

P. Luis J. Ramírez H., s.j. Secrétaire national AP/MEJ Chili

MARS

INTENTION UNIVERSELLE – MARS

Pour que les personnes engagées dans la recherche scientifique se mettent au service de tout ce qui est bon pour la personne humaine.

En cette circonstance, je voudrais vous offrir quelques réflexions. En cette époque qui est la nôtre, les sciences expérimentales ont transformé la vision du monde et la compréhension que l’homme a de lui-même. Les multiples découvertes, les technologies innovatrices qui se succèdent à un rythme rapide, sont autant de motifs d’orgueil justifié, mais souvent, elles ne sont pas dénuées d’aspects inquiétants. En effet, sur la toile de fond de l’optimisme diffus du savoir scientifique se projette l’ombre d’une crise de la pensée. Riche de moyens, mais pas autant de fins,

l’homme de notre temps vit souvent conditionné par le réductionnisme et le relativisme, qui conduisent à perdre la signification des choses ; presque aveuglé par l’efficacité technique, il oublie l’horizon fondamental de la question du sens, privant ainsi de son importance la dimension transcendante. Sur cette toile de fonds, la pensée devient faible et fait place à un appauvrissement éthique accru, qui obscurcit les références et les normes de valeurs. Ce qui a été une racine européenne féconde de culture et de progrès semble oubliée. En elle, la recherche de l’absolu — le quaerere Deum — comprenait l’exigence d’approfondir les sciences profanes, le monde du savoir tout entier (cf. Discours au Collège des Bernardins de Paris, 12 septembre 2008). En effet, la recherche scientifique et la question du sens, bien qu'ayant chacune une physionomie épistémologique et méthodologique spécifique, jaillissent d'une unique source, le Logos qui préside à l'œuvre de la création et qui guide l'intelligence de l'histoire. Une mentalité fondamentalement technopratique engendre un déséquilibre dangereux entre ce qui est techniquement possible et ce qui est moralement bon, avec des conséquences imprévisibles.

Il est important, alors, que la culture redécouvre la vigueur de la signification et le dynamisme de la transcendance, en un mot, qu'elle ouvre de façon décidée l'horizon du quaerere Deum. La célèbre phrase de saint Augustin vient à l’esprit : « Tu nous as faits pour Toi, Seigneur, et notre cœur est sans repos tant qu’il ne repose en Toi » (Confessions, i, 1).

Benoît XVI VISITE À L'UNIVERSITÉ CATHOLIQUE DU SACRÉ-CŒUR, À L'OCCASION DU 50e ANNIVERSAIRE DE L'INSTITUTION DE LA FACULTÉ DE MÉDECINE ET CHIRURGIE "AGOSTINO GEMELLI" 3 mai 2012

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Texte intégral:

BENOÎT XVI - VISITE À L'UNIVERSITÉ CATHOLIQUE DU SACRÉ-CŒUR, À L'OCCASION DU 50e ANNIVERSAIRE DE L'INSTITUTION DE LA FACULTÉ DE MÉDECINE ET CHIRURGIE "AGOSTINO GEMELLI" - 22 mars 2009

« Fait qui s'est produit en 1892: Un monsieur de 70 ans voyageait en train, à ses côtés était un jeune étudiant, qui lisait un livre de sciences. Le monsieur, de son côté, lisait un livre qui avait une couverture noire. Le jeune étudiant se rendit compte qu’il s’agissait de la Bible et qu’elle était ouverte dans le livre de Marc. Sans cérémonie, le jeune interrompit la lecture du vieux monsieur et demanda: - Monsieur, vous croyez encore à ce livre plein de fables et de sornettes religieuses? - Oui! Mais ce n'est pas un livre de sornettes religieuses, c’est la Parole de Dieu. Ai-je tort? - Bien sûr, que vous avez tort! Je pense que vous devriez étudier l'Histoire générale. Vous verriez ainsi que la Révolution française, qui a eu lieu il y a plus de 100 ans, a montré la myopie de la religion. Seules des personnes incultes croient encore que Dieu a créé le monde en six jours. Monsieur, vous devriez en savoir un peu plus sur ce que disent les scientifiques à ce sujet. - Vraiment? Et qu’est-ce que disent les scientifiques au sujet de la Bible? - Bon, dit l'universitaire, je vais descendre à la prochaine station, mais laissez-moi votre carte de visite et je vous enverrai quelques ouvrages pour vous aider dans ce domaine. Le vieil homme ouvrit alors soigneusement la poche intérieure de sa veste et remit sa carte à l'universitaire. En découvrant la carte, l'étudiant, honteux, inclina la tête et quitta les lieux, n'osant plus dire un mot.

Il venait de lire: «Louis Pasteur - Directeur de l'Institut de Recherche Scientifique de l'Ecole Normale de Paris" ».

COMMENTAIRE

L’histoire européenne est marquée par les conflits qui ont laissé de profondes cicatrices dans la culture universelle et pas seulement dans la culture occidentale. Un de ces conflits, surgi dans l’émergence de la modernité, est le cas Galilée qui a pesé sur l’histoire subséquente de la relation entre science et religion. Depuis lors, la science et la religion ont été perçues par l’opinion publique comme les antagonistes d’une guerre sans merci. Toutefois, il importe de souligner qu’au cours des 30 dernières années, un progrès considérable a été réalisé dans ce domaine, à travers un dialogue honnête et serein. Dans ce contexte, les chrétiens qui partagent notre engagement dans le domaine culturel et spécialement ceux d’entre nous qui se consacrent à la recherche scientifique, sont appelés à témoigner du fait que la science et la religion peuvent non seulement coexister pacifiquement, mais qu’elles peuvent également s’entraider l’une et l’autre. Nous sommes aussi appelés à être des instruments de paix et de réconciliation, qui contribuons à guérir les blessures ouvertes dans le passé dans les communautés scientifique et ecclésiale.

Comme le pape François l’a signalé dans son exhortation apostolique récente Evangelii Gaudium : « Le dialogue entre science et foi fait aussi partie de l’action évangélisatrice qui favorise la paix ».

Je voudrais indiquer quelques défis qui devraient nous concerner. Comment enseignons-nous la science dans nos collèges et dans nos universités ? Nos auditeurs sont-ils capables de discerner le rapport existant entre ce qu’ils apprennent dans un cours magistral de science ou par les moyens de communication, et les

contenus de la foi ? Est-ce que ce sont deux mondes séparés ? Notre foi est-elle encore une foi ‘simple’ (dans le sens d’ingénue, peu formée intellectuellement) dans un monde qui requiert une foi conforme aux défis culturels d’aujourd’hui ? Nos jeunes savent-ils intégrer les connaissances scientifiques dans une rationalité plus vaste ?

Une des carences les plus importantes affectant les pays sous-développés est le manque d’intérêt pour les sciences. Certes, il y a d’autres urgences. En revanche, dès que nous considérons de face les problèmes très graves de la pauvreté, nous nous demandons d’où vient tant de souffrance et pourquoi tant d’innocents souffrent. Promouvoir la science dans les pays en voie de développement, c’est promouvoir la justice. Ces pays ne progresseront pas si nous ne parvenons pas à les rendre plus ‘scientifiques’.

Une large frange de l’humanité n’a pas accès aux biens de base : nourriture, santé, éducation. La connaissance de l’âge de l’univers - 14 milliards d’années - ne devrait plus être l’apanage d’un groupe de privilégiés. Les jeunes de tous les peuples et de toutes les classes sociales devraient être en mesure de se poser les questions les plus importantes, qui ne sont pas toujours les plus urgentes : d’où venons nous, où allons-nous, quelle est notre place dans l’Univers ?

Nous, scientifiques, nous faisons face à des défis qui vont au-delà du domaine spécifique de nos travaux, nous devrions être capables de nous mettre au service du bien intégral de la personne humaine, nous devrions aider à ce que tous les êtres humains puissent bénéficier de notre recherche.

Les défis qu’affrontent les scientifiques José G. Funes, s.j.

INTENTION POUR L'ÉVANGÉLISATION – MARS

Pour que la contribution propre de la femme à la vie de l’Eglise soit reconnue toujours davantage. 

 

103. L’Église reconnaît l’apport indispensable de la femme à la société, par sa sensibilité, son intuition et certaines capacités propres qui appartiennent habituellement plus aux femmes qu’aux hommes. Par exemple, l’attention féminine particulière envers les autres, qui s’exprime de façon spéciale, bien que non exclusive, dans la maternité. Je vois avec joie combien de nombreuses femmes partagent des responsabilités pastorales avec les prêtres, apportent leur contribution à l’accompagnement des personnes, des familles ou des groupes et offrent de nouveaux apports à la réflexion théologique. Mais il faut encore élargir les

espaces pour une présence féminine plus incisive dans l’Église. Parce que « le génie féminin est nécessaire dans toutes les expressions de la vie sociale ; par conséquent, la présence des femmes dans le secteur du travail aussi doit être garantie »[72] et dans les divers lieux où sont prises des décisions importantes, aussi bien dans l’Église que dans les structures sociales.

104. Les revendications des droits légitimes des femmes, à partir de la ferme conviction que les hommes et les femmes ont la même dignité, posent à l’Église des questions profondes qui la défient et que l’on ne peut éluder superficiellement. Le sacerdoce réservé aux hommes, comme signe du Christ Époux qui se livre dans l’Eucharistie, est une question qui ne se discute pas, mais peut devenir un motif de conflit particulier si on identifie trop la puissance sacramentelle avec le pouvoir. Il ne faut pas oublier que lorsque nous parlons de pouvoir sacerdotal « nous sommes dans le concept de la fonction, non de la dignité et de la sainteté ».[73] Le sacerdoce ministériel est un des moyens que Jésus utilise au service de son peuple, mais la grande dignité vient du Baptême, qui est accessible à tous. La configuration du prêtre au Christ-Tête – c’est-à-dire comme source principale de la grâce – n’entraîne pas une exaltation qui le place en haut de tout le reste. Dans l’Église, les fonctions « ne justifient aucune supériorité des uns sur les autres ».[74] De fait, une femme, Marie, est plus importante que les évêques. Même quand on considère la fonction du sacerdoce ministériel comme “hiérarchique”, il convient de bien avoir présent qu’« elle est totalement ordonnée à la sainteté des membres du Christ ».[75] Sa clé et son point d’appui fondamental ne sont pas le pouvoir entendu comme domination, mais la puissance d’administrer le sacrement de l’Eucharistie ; de là dérive son autorité, qui est toujours un service du peuple. C’est un grand défi qui se présente ici aux pasteurs et aux théologiens, qui pourraient aider à mieux reconnaître ce que cela implique par rapport au rôle possible de la femme là où se prennent des décisions importantes, dans les divers milieux de l’Église.

François EXHORTATION APOSTOLIQUE "EVANGELII GAUDIUM" 24 novembre 2013

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Texte intégral:

François - EXHORTATION APOSTOLIQUE "EVANGELII GAUDIUM" - 24 novembre 2013

Voir aussi:

François - DISCOURS AUX PARTICIPANTES AU CONGRÈS NATIONAL ORGANISÉ PAR LE CENTRE ITALIEN DES FEMMES - 25 janvier 2014

COMMENTAIRE

Eglise et femmes, femmes dans l’Eglise, ces deux mots semblent sonner en dysharmonie ! En effet, héritière d’une longue histoire, l’Eglise a encore bien du chemin à faire pour reconnaître aux femmes une place à part entière, une égalité de droits avec les hommes - égalité de droits ne voulant pas forcément dire accès aux mêmes fonctions, mais exercice équivalent de responsabilités. L’intention parle d’ailleurs de « la contribution propre des femmes à la vie de l’Eglise », ce qui laisse entendre que celles-ci ont un rôle spécifique à y jouer.

Pour laisser se dessiner ce rôle des femmes dans la vie de l’Eglise, remontons à la source des Ecritures, pour voir la place que Jésus lui-même leur donne, particulièrement dans l’épisode central de la résurrection. Il y a bien longtemps que nos théologiens, et l’ensemble de la gent féminine, ont remarqué que c’est à elles qu’est annoncée la nouvelle de la résurrection, et non pas aux apôtres ; mais curieusement c’est comme si ce constat était resté lettre morte, et que cela n’avait entraîné aucune conséquence pour elles dans l’Eglise, au niveau institutionnel !

Cependant, en lisant les Actes des Apôtres, nous voyons que, dans les premiers temps de l’Eglise, certaines ont eu un rôle et une influence réels aux côtés des hommes. St Paul lui-même – en dépit d’une réputation de misogynie largement répandue aujourd’hui - s’entoure de femmes pour organiser les premières communautés chrétiennes, comme Lydie ou Priscille par exemple. Il est également capable de s’émerveiller de leur rôle auprès de lui, en disant : Elles ont lutté avec moi pour l’Evangile (Phil 4, 3).

C’est à partir du moment où l’Eglise se structure et se hiérarchise, et où des hommes exercent une fonction de clercs, que les femmes vont être tenues à l’écart des responsabilités, et dès le 4ème siècle, il leur sera interdit d’enseigner et de prendre la parole dans les célébrations.

Depuis l’élection du Pape François, nous vivons en Eglise des événements qui laissent espérer un changement et une avancée notables. C’est ainsi que, dans son Exhortation Apostolique Evangelii Gaudium, il reconnaît qu’il faut « élargir les espaces pour une présence plus incisive des femmes dans l’Eglise » (n° 103) et qu’il n’hésite pas à leur confier des postes importants. Mais si les théologiens et les pasteurs ont reçu mission de réfléchir à cette question, les femmes elles-mêmes ont à chercher avec eux, en prenant leur place tout naturellement dans la réflexion théologique et sur le terrain pastoral.

Dans cette contribution des femmes à la vie de l’Eglise, il semble que leur lien à la Parole soit essentiel. N’est-ce pas une femme qui a donné chair à cette Parole ? Et pour revenir à nos femmes de l’Evangile, n’est-ce pas Jésus lui-même qui leur confie la mission d’aller l’annoncer aux apôtres, à tel point que l’on appellera Marie Madeleine « l’apôtre des apôtres » ? Mission d’annonce de la Parole, d’enseignement, de prédication, qui ne peut pas être réduite à la seule sphère familiale et privée. Il y a là un signe prophétique pour l’Eglise si elle veut être fidèle au message évangélique.

L’Esprit-Saint veut faire « toutes choses nouvelles », n’en doutons pas, mais il ne peut le faire qu’avec l’Eglise, et avec nous, femmes.

Marie Dominique Corthier Membre de l’Equipe de Coordination Européenne de l’Apostolat de la Prière Equipe AP France

AVRIL

INTENTION UNIVERSELLE – AVRIL

Pour que les êtres humains apprennent à respecter la création et à en prendre soin comme don de Dieu.

Cultivons-nous et gardons-nous vraiment la création ? Ou bien est-ce que nous l’exploitons et nous la négligeons ? Le verbe « cultiver » me rappelle à l’esprit le soin que l’agriculteur prend de sa terre afin qu’elle porte du fruit et que celui-ci soit partagé : combien d’attention, de passion et de dévouement ! Cultiver et garder la création est une indication de Dieu donnée non seulement au début de l’histoire, mais à chacun de nous; cela fait partie de son projet ; cela signifie faire croître le monde avec responsabilité, en le transformant afin qu’il soit un jardin, un lieu vivable pour tous. Benoît XVI a rappelé à plusieurs reprises que ce devoir qui nous a été

confié par Dieu Créateur exige de saisir le rythme et la logique de la création. Au contraire, nous sommes souvent guidés par l’orgueil de dominer, de posséder, de manipuler, d’exploiter; nous ne la « gardons » pas, nous ne la respectons pas, nous ne la considérons pas comme un don gratuit dont il faut prendre soin. Nous sommes en train de perdre l’attitude de l’émerveillement, de la contemplation, de l’écoute de la création; et ainsi, nous ne sommes plus capables d’y lire ce que Benoît XVI appelle « le rythme de l’histoire d’amour de Dieu avec l’homme ». Pourquoi est-ce le cas ? Parce que nous pensons et vivons de façon horizontale, nous nous sommes éloignés de Dieu, nous ne lisons pas ses signes.

[...]

Je voudrais alors que nous prenions tous l’engagement sérieux de respecter et de garder la création, d’être attentifs à chaque personne, de combattre la culture du gaspillage et du rebut, pour promouvoir une culture de la solidarité et de la rencontre.

François AUDIENCE GÉNÉRALE 5 juin 2013

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Texte intégral:

François - AUDIENCE GÉNÉRALE - 5 juin 2013

 

 

COMMENTAIRE

Il n’est pas surprenant que le pape François ait choisi ce thème pour le lancement des intentions de cette année. Au cours de plusieurs audiences et homélies, il attirait notre attention sur l’état précaire de notre environnement et nous exhortait à assumer sérieusement notre rôle de gardiens de la Création de Dieu.

Nous sommes tous familiers des divers aspects de la crise écologique. Il suffit de jeter un coup d’œil sur les informations véhiculées par la presse pour que le danger toujours grandissant posé par cette crise nous soit révélé. Les personnes qui souhaitent s’informer davantage peuvent choisir entre une variété de sources à leur disposition. Un bon exemple de source fiable est offert par le Rapport annuel planète vivante, publié par le Fonds mondial pour la nature (WWF).

Le Saint-Père nous a présenté cette intention. Que pouvons-nous faire concrètement à cet égard ? Eh bien, en tout premier lieu, nous pouvons unir nos voix dans la prière, sachant que la prière d’intercession est d’un grand pouvoir. Prions pour toutes les personnes, animaux et plantes qui souffrent à cause de la dégradation du milieu. Prions pour ceux qui risquent leur vie pour protéger la Création. Prions aussi afin que nous puissions nous-mêmes grandir dans le respect et l’amour de la Création.

S’agissant de nos vies personnelles, nous devons nous efforcer d’être plus soigneux dans notre utilisation de l’énergie, de l’eau, de la nourriture, etc. Nous pourrions introduire dans notre mode de vie des petits changements qui contribueraient grandement à l’amélioration de la santé de la Terre. Nous pouvons aussi consulter certains sites Internet qui offrent des suggestions pratiques sur la manière de concrétiser cela. (Par ex. http://www.actioncarbone.org/index.php/en/reduce/55 ).

Une autre bonne idée encore serait de se joindre à un groupe environnemental local et de participer à ses activités. De nombreuses organisations bénévoles travaillent déjà à la conservation de la nature. Nous pouvons beaucoup apprendre en nous faisant membres de tels réseaux.

Par-dessus tout, nous devrions développer un lien personnel et intime avec la Création, lui permettant de nous parler et d’inspirer notre action. Ce lien peut être approfondi en prenant du temps et de l’espace pour être seuls avec la nature. C’est dans un tel cadre que nous pouvons rencontrer la gloire de Dieu présente dans toute la Création. C’est dans des moments tranquilles tels que ceux-là que nous percevrons le plus clairement que la Création est un don de Dieu qui mérite notre amour et notre appréciation les plus profonds.

Aujourd’hui, le Seigneur nous appelle à revoir nos attitudes à l’égard de la Création. Nous sommes appelés à redécouvrir la beauté de celle-ci, sa sainteté, et à œuvrer à sa restauration. Unissons-nous donc les uns les autres dans la prière et dans l’action, en vue de la restauration de la relation juste des êtres humains avec la création.

Luke Rodrigues, s.j. Vice-Assistant Ecclésiastique de la Communauté Vie Chrétienne (CVX) Original Anglais

INTENTION POUR L'ÉVANGÉLISATION – AVRIL

Pour que les chrétiens persécutés sentent la présence réconfortante du Seigneur ressuscité et la solidarité de toute l’Eglise.

[...] Le Christ ressuscité et glorieux est la source profonde de notre espérance, et son aide ne nous manquera pas dans l’accomplissement de la mission qu’il nous confie.

276. Sa résurrection n’est pas un fait relevant du passé ; elle a une force de vie qui a pénétré le monde. Là où tout semble être mort, de partout, les germes de la résurrection réapparaissent. C’est une force sans égale. Il est vrai que souvent Dieu semble ne pas exister : nous constatons que l’injustice, la méchanceté, l’indifférence et la cruauté ne diminuent pas. Pourtant, il est aussi certain que dans l’obscurité commence toujours à germer quelque chose de

nouveau, qui tôt ou tard produira du fruit. Dans un champ aplani commence à apparaître la vie, persévérante et invincible. La persistance de la laideur n’empêchera pas le bien de s’épanouir et de se répandre toujours. Chaque jour, dans le monde renaît la beauté, qui ressuscite transformée par les drames de l’histoire. Les valeurs tendent toujours à réapparaître sous de nouvelles formes, et de fait, l’être humain renaît souvent de situations qui semblent irréversibles. C’est la force de la résurrection et tout évangélisateur est un instrument de ce dynamisme.

277. De nouvelles difficultés apparaissent aussi continuellement, l’expérience de l’échec, les bassesses humaines qui font beaucoup de mal. Tous nous savons, par expérience, que parfois une tâche n’offre pas les satisfactions que nous aurions désirées, les fruits sont infimes et les changements sont lents, et on peut être tenté de se fatiguer. Cependant, quand, à cause de la fatigue, quelqu’un baisse momentanément les bras, ce n’est pas la même chose que les baisser définitivement, car on est submergé par un désenchantement chronique, par une paresse qui assèche l’âme. Il peut arriver que le cœur se lasse de lutter, car, au final, la personne se cherche elle-même à travers un carriérisme assoiffé de reconnaissances, d’applaudissements, de récompenses, de fonctions ; à ce moment-là, la personne ne baisse pas les bras, mais elle n’a plus de mordant ; la résurrection lui manque. Ainsi, l’Évangile, le plus beau message qui existe en ce monde, reste enseveli sous de nombreuses excuses.

278. La foi signifie aussi croire en lui, croire qu’il nous aime vraiment, qu’il est vivant, qu’il est capable d’intervenir mystérieusement, qu’il ne nous abandonne pas, qu’il tire le bien du mal par sa puissance et sa créativité infinie. C’est croire qu’il marche victorieux dans l’histoire « avec les siens : les appelés, les choisis, les fidèles » (Ap 17, 14). Nous croyons à l’Évangile qui dit que le Règne de Dieu est déjà présent dans le monde, et qu’il se développe çà et là, de diverses manières : comme une petite semence qui peut grandir jusqu’à devenir un grand arbre (cf. Mt 13, 31-32), comme une poignée de levain, qui fait fermenter une grande quantité de farine (cf. Mt 13, 33), et comme le bon grain qui grandit au milieu de l’ivraie (cf. Mt 13, 24-30), et peut toujours nous surprendre agréablement. Il est présent, il vient de nouveau, il combat pour refleurir. La résurrection du Christ produit partout les germes de ce monde nouveau ; et même s’ils venaient à être taillés, ils poussent de nouveau, car la résurrection du Seigneur a déjà pénétré la trame cachée de cette histoire, car Jésus n’est pas ressuscité pour rien. Ne restons pas en marge de ce chemin de l’espérance vivante !

François EXHORTATION APOSTOLIQUE "EVANGELII GAUDIUM" 24 novembre 2013 © Copyright 2013 - Libreria Editrice Vaticana

Texte intégral:

François - EXHORTATION APOSTOLIQUE "EVANGELII GAUDIUM" - 24 novembre 2013

« Exprimons ensemble notre proximité spirituelle à toutes les communautés ecclésiales, à tous les chrétiens qui souffrent de discriminations et de persécutions. Nous devons lutter contre toute discrimination ! L’Église a besoin de notre prière pour eux, afin qu’ils soient forts dans la foi et qu’ils sachent réagir au mal par le bien. Et notre prière s’étend à tout homme et à toute femme qui subit l’injustice à cause de ses convictions religieuses. ». (FRANÇOIS - HOMÉLIE - CONSISTOIRE ORDINAIRE PUBLIC POUR LA CRÉATION DE NOUVEAUX CARDINAUX - 22 février 2014)

COMMENTAIRE

Les moyens de communication modernes ont fait de notre monde un village global. Un village est une communauté, ou plutôt une communauté composée de plusieurs communautés, où tous sont acceptés, aimés et servis. Tout le monde se connaît et il y a unité et harmonie. Mais ce n’est pas le cas de notre village global. Ces mêmes moyens qui relient toute l’humanité sont également utilisés pour diviser, pour discriminer et pour tuer. Le caractère instantané des communications modernes fait que les cas de persécution dans une partie du monde se répandent comme un feu sauvage et laissent des conséquences horribles dans une autre partie de notre globe, résultant en vies perdues, en dommages matériels et en misère immense. Le groupes fondamentalistes, communautaires, se multiplient.

En 2013, les statistiques montrent une augmentation de ces cas partout dans le monde: 7567 au Moyen-Orient, 5076 en Afrique, 11760 en Asie et - à un moindre degré -, également en Europe, aux Amériques et en Océanie. Pour vous donner un exemple, en Afrique, une mère de deux enfants et ses cousins ont été exécutés publiquement en Somalie après que les militants al-Shabaab aient découvert qu’ils étaient chrétiens. Sadia Ali Omar (41 ans) et Osman MahahoudMoge (35 ans) ont été décapités à Barawa dans la Région du Bas Shebelle le 4 mars 2014. Des résidents ont été sommés d’assister aux exécutions et les deux filles de Sadia, âgées de 8 et 15 ans, figuraient parmi les témoins obligés de l’affreux spectacle. Des cas plus récents nous viennent de Syrie et d’Egypte, où des personnes sont tuées ou arrachées en masse de leurs foyers. Le jour de Noël de l’année 2008, par exemple, plus de 400 Eglises et autres installations chrétiennes ont été pillées, endommagées ou détruites, plus de 6000 maisons chrétiennes ont été brûlées et 56000 chrétiens ont été affectés par cette violence perpétrée par des extrémistes hindous dans le District de Kandhmal de l’Etat d’Odisha.

Réagissant à ces crimes odieux, l’archevêque de Bombay, le Cardinal Oswald Gracias dit ceci : «Le sang des martyrs a toujours été la semence du christianisme. C’est le mystère de la croix ! Je ne doute pas que Dieu fera pleuvoir abondamment sa bénédiction sur la population de l’Odisha et de l’Inde à la suite des souffrances éprouvées par les chrétiens de Kandhmal.»

Le triste scénario de la persécution des chrétiens pourrait nous conduire au désespoir et à la perte de notre courage. Conscient de cette possibilité, Jésus avait déjà prédit les persécutions à venir et l’aide qu’Il apporterait à travers Son Saint-Esprit (Mt 10, 16-25). D’innombrables martyrs et des chrétiens qui avaient souffert ont tiré courage de ces mots. C’est aussi un appel de clairon pour nous qui ne sommes pas affectés par une telle cruauté, afin que nous aussi puissions être prêts au même sort si cela devait nous arriver. Par son invitation à prier spécialement pendant ce mois pour nos frères persécutés, le Pape veut montrer l’inquiétude et la solidarité de toute l’Eglise à l’égard de ces chrétiens. Notre Pape actuel a certainement un cœur plein d’inquiétude et de compassion pour tous, mais spécialement pour les pauvres, les exclus et les persécutés. Unissons-nous donc à lui dans la prière pour ces frères et sœurs qui souffrent pour l’amour du Christ, afin qu’ils puissent compter sur notre soutien dans leur Chemin de Croix vers la découverte de la Paix et de la Joie du Seigneur Ressuscité.

P. Jagdish Parmar, s.j. Aumônier AP/MEJ à Darjeeling, Inde

MAI

INTENTION UNIVERSELLE – MAI

Pour que, refusant la culture de l’indifférence, nous puissions prendre soin des personnes qui souffrent, en particulier des malades et des pauvres.

53. De même que le commandement de “ne pas tuer” pose une limite claire pour assurer la valeur de la vie humaine, aujourd’hui, nous devons dire “non à une économie de l’exclusion et de la disparité sociale”. Une telle économie tue. Il n’est pas possible que le fait qu’une personne âgée réduite à vivre dans la rue, meure de froid ne soit pas une nouvelle, tandis que la baisse de deux points en bourse en soit une. Voilà l’exclusion. On ne peut plus tolérer le fait que la nourriture se jette, quand il y a des personnes qui souffrent de la faim. C’est la disparité sociale. Aujourd’hui, tout entre dans le jeu de la compétitivité et de la loi du plus fort, où le puissant mange le plus

faible. Comme conséquence de cette situation, de grandes masses de population se voient exclues et marginalisées : sans travail, sans perspectives, sans voies de sortie. On considère l’être humain en lui-même comme un bien de consommation, qu’on peut utiliser et ensuite jeter. Nous avons mis en route la culture du “déchet” qui est même promue. Il ne s’agit plus simplement du phénomène de l’exploitation et de l’oppression, mais de quelque chose de nouveau : avec l’exclusion reste touchée, dans sa racine même, l’appartenance à la société dans laquelle on vit, du moment qu’en elle on ne se situe plus dans les bas-fonds, dans la périphérie, ou sans pouvoir, mais on est dehors. Les exclus ne sont pas des ‘exploités’, mais des déchets, ‘des restes’.

[...]

210. Il est indispensable de prêter attention aux nouvelles formes de pauvreté et de fragilité dans lesquelles nous sommes appelés à reconnaître le Christ souffrant, même si, en apparence, cela ne nous apporte pas des avantages tangibles et immédiats : les sans-abris, les toxico-dépendants, les réfugiés, les populations indigènes, les personnes âgées toujours plus seules et abandonnées etc. Les migrants me posent un défi particulier parce que je suis Pasteur d’une Église sans frontières qui se sent mère de tous. Par conséquent, j’exhorte les pays à une généreuse ouverture, qui, au lieu de craindre la destruction de l’identité locale, soit capable de créer de nouvelles synthèses culturelles. Comme elles sont belles les villes qui dépassent la méfiance malsaine et intègrent ceux qui sont différents, et qui font de cette intégration un nouveau facteur de développement ! Comme elles sont belles les villes qui, même dans leur architecture, sont remplies d’espaces qui regroupent, mettent en relation et favorisent la reconnaissance de l’autre !

François EXHORTATION APOSTOLIQUE "EVANGELII GAUDIUM" 24 novembre 2013

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Texte intégral:

François - EXHORTATION APOSTOLIQUE "EVANGELII GAUDIUM" - 24 novembre 2013

 

COMMENTAIRE

En juillet 2013, le pape François a effectué une visite bouleversante à Lampedusa. Le nom de cette île italienne, située à proximité de la côte nord-africaine, est devenu synonyme du désespoir des réfugiés et des migrants qui risquent tout pour y parvenir, dans leur recherche d’une vie plus sûre et plus prospère en Occident. Au cours de sa visite, le Pape a déploré la «globalisation de l’indifférence», concrétisée par nos regards collectivement aveugles qui se détournent des problèmes sociaux écrasants de notre temps. «Nous sommes devenus habitués à la souffrance des autres. Elle ne nous touche plus. Elle ne nous intéresse pas. Ce n’est pas notre affaire» a-t-il dit.

Les Papes n’ont cessé de dire des choses semblables depuis qu’ils existent. Mais ce qui caractérise l’accent porté par François sur la dimension sociale de l’Evangile, c’est son talent de résumer les sujets par des phrases brèves mais puissantes. Les mots «globalisation de l’indifférence» attirent notre attention sur notre désir d’éviter de regarder la souffrance dans le monde et la façon dont la globalisation aboutit à un échec moral sur une échelle globale, en dépit de son grand potentiel de progrès et de solidarité.

C’est précisément parce que les problèmes globaux semblent être écrasants que nous désespérons de les résoudre. Ou bien nous prétendons que des questions aussi vastes ne peuvent être abordées que par les gouvernements, les agences internationales ou encore par les Nations unies ; par tout autre que nous. L’indifférence à la souffrance est donc devenue une culture, une chose communément acceptée et laissée pour compte, indiscutée. En nommant la souffrance de façon dramatique et par ses actes symboliques, tels que son pèlerinage à Lampedusa, François ose défier l’indifférence.

La bonne nouvelle est que le défi du Pape est accepté par d’autres, y compris par des économistes inquiets. Le conseiller économique de Ban Ki-Moon, auteur de La fin de la pauvreté (2005), Jeffrey Sachs, aborde le thème de la globalisation de l’indifférence et suggère que l’une des causes réside en une bousculade désordonnée vers la richesse, qui est elle-même devenue une "culture". Il cite Evangelii Gaudium, où François écrit ceci :

Presque sans nous en apercevoir, nous devenons incapables d’éprouver de la compassion devant le cri de douleur des autres, nous ne pleurons plus devant le drame des autres, leur prêter attention ne nous intéresse pas, comme si tout nous était une responsabilité étrangère qui n’est pas de notre ressort. La culture du bien-être nous anesthésie et nous perdons notre calme si le marché offre quelque chose que nous n’avons pas encore acheté, tandis que toutes ces vies brisées par manque de possibilités nous semblent un simple spectacle qui ne nous trouble en aucune façon. (N° 54) (http://americamagazine.org/issue/market-reformer)

Sachs, d’une veine plutôt pénitentielle, poursuit en confessant les péchés des économistes académiques qui ont abandonné la dimension morale de l’économie et se sont fixés sur l’aspect financier. Mais si, après avoir lu Sachs, nous faisons commodément retomber la faute sur les seuls économistes et banquiers d’investissement, nous passons à côté du propos de François. Cette "stupeur" morale, telle que Sachs la décrit, nous a tous infectés, parce que c’est l’air idéologique que nous respirons. «Nous ne savons pas ce que nous faisons», écrit Sachs, citant le Seigneur crucifié. En d’autres termes, la perte de la compassion et du sens du bien commun débouche sur la crucifixion de l’ensemble innombrable de ces personnes-là pour qui nous prions dans cette intention – les malades, ceux qui souffrent, et les pauvres.

Ainsi, quand nous prions pour cette intention, nous devons également prier pour notre propre conversion.

Chris Chatteris, s.j. Secrétaire national de l’Apostolat de la Prière Afrique du Sud

INTENTION POUR L'ÉVANGÉLISATION – MAI

Pour que l’intercession de Marie aide les chrétiens vivant dans des contextes sécularisés à se rendre disponibles pour annoncer Jésus.  

Nous contemplons celle qui a connu et aimé Jésus comme aucune autre créature. L’Évangile que nous avons écouté montre l’attitude fondamentale avec laquelle Marie a exprimé son amour pour Jésus : faire la volonté de Dieu. « Car quiconque fait la volonté de mon Père qui est aux cieux, celui-là m’est un frère et une sœur et une mère » (Mt 12, 50). Avec ces mots, Jésus laisse un message important : la volonté de Dieu est la loi suprême qui établit la véritable appartenance à Lui. Si bien que Marie instaure un lien de parenté avec Jésus avant même de lui donner le jour : elle devient disciple et mère de son Fils au moment où elle accueille les paroles de l’Ange et dit : « Je suis la servante du Seigneur ; qu’il m’advienne selon ta parole ! » (Lc 1, 38). Cet «

advienne » n’est pas seulement une acceptation, mais aussi une ouverture confiante à l’avenir. Cet « advienne » est espérance ! Marie est la mère de l’espérance, l’icône la plus expressive de l’espérance chrétienne. Toute sa vie est un ensemble d’attitudes d’espérance, à commencer par le « oui » au moment de l’annonciation. Marie ne savait pas comment elle pouvait devenir mère, mais elle s’en est remise totalement au mystère qui allait s’accomplir, et elle est devenue la femme de l’attente et de l’espérance. Puis nous la voyons à Bethléem, où celui qui lui a été annoncé comme le Sauveur d’Israël et comme le Messie naît dans la pauvreté. Par la suite, tandis qu’elle se trouve à Jérusalem pour le présenter au temple, avec la joie des anciens Syméon et Anne arrive aussi la promesse d’une épée qui allait lui transpercer le cœur et la prophétie d’un signe de contradiction. Elle se rend compte que la mission et l’identité même de ce Fils dépassent le fait qu’elle soit mère. Nous en venons ensuite à l’épisode de Jésus qui se perd à Jérusalem et qui est rappelé à l’ordre : « Mon enfant, pourquoi nous as-tu fait cela ? » (Lc 2, 48), et la réponse de Jésus qui se soustrait aux inquiétudes maternelles et se tourne vers les affaires du Père céleste. Pourtant, face à toutes ces difficultés et surprises du projet de Dieu, l’espérance de la Vierge ne vacille jamais ! Femme d’espérance. Cela nous dit que l’espérance se nourrit d’écoute, de contemplation, de patience pour que les temps du Seigneur arrivent à maturité. Aux noces de Cana également, Marie est la mère de l’espérance, qui la rend attentive et pleine de sollicitude pour les choses humaines. Avec le début de la vie publique, Jésus devient le Maître et le Messie : la Vierge regarde la mission de son Fils avec joie mais aussi avec appréhension, car Jésus devient toujours davantage ce signe de contradiction que Syméon lui avait annoncé. Au pied de la croix, elle est la femme de la douleur et dans le même temps de l’attente vigilante d’un mystère, plus grand que la douleur, sur le point de s’accomplir. Tout semble vraiment fini ; toute espérance pourrait se dire éteinte. Elle aussi, à ce moment-là, en se souvenant des promesses de l’annonciation, aurait pu dire: elles ne sont pas avérées, j’ai été trompée. Mais elle ne l’a pas dit. Et pourtant, bienheureuse parce qu’elle a cru, elle voit bourgeonner de cette foi un avenir nouveau et attend avec espérance le demain de Dieu. Je pense parfois : savons-nous attendre le demain de Dieu ? Ou voulons-nous l’aujourd’hui ? Le demain de Dieu, pour elle, c’est l’aube du matin de la Pâque, de ce premier jour de

la semaine. Cela nous fera du bien de penser, dans la contemplation, à l’accolade du fils avec la mère. La seule lampe allumée au sépulcre de Jésus est l’espérance de la mère qui, à ce moment-là, est l’espérance de toute l’humanité. Je me demande et je vous demande : dans les monastères, cette lampe est-elle encore allumée ? Dans les monastères attend-on le demain de Dieu ? François PAROLES AUX SŒURS BÉNÉDICTINES CAMALDULES 21 novembre 2013 © Copyright 2013 - Libreria Editrice Vaticana Texte intégral: François - PAROLES AUX SŒURS BÉNÉDICTINES CAMALDULES - 21 novembre 2013 Voir aussi: François - XLVIIe JOURNÉE MONDIALE DE LA PAIX - 21 novembre 2013

COMMENTAIRE

Que nous vivions dans une société sécularisée, marquée non seulement par une baisse de la pratique religieuse, mais aussi et surtout par le fait que l’influence de l’Eglise, de ses valeurs et de ses enseignements n’entraîne pas d’impact dans notre société, dans les décisions et dans la vie pratique des personnes, constitue déjà un thème récurrent. Plutôt que d’"être contre l’Eglise", attitude très présente ces derniers siècles, nous en sommes venus à assister, au cours des décennies les plus récentes, à un désintérêt généralisé sur les questions relatives à la religion. Pour une partie substantielle de nos contemporains, Dieu et l’Eglise, tout simplement ne sont pas un thème important, ne concernent pas la vie, et sont une chose réservée à la sphère privée. Cette privatisation du spirituel est un signe du relativisme de notre société actuelle. Chaque personne, individuellement, sait ce qui lui convient et tente de trouver par elle-même son propre chemin ainsi que pour sa relation aux autres, sans interférer cependant dans la vie des autres. C’est ainsi que la tâche de l’évangélisation affronte aujourd’hui un énorme défi, car elle s’adresse à un contexte culturel qui, de prime abord, ne semble pas intéressé par un nouveau message. Et c’est peut-être là que résident exactement la question et la réponse. En une époque d’excès de communication, d’information, de parole et d’image, les paroles neuves ne sont rien de plus qu’un bruit au milieu d’autres bruits. Plus que de paroles, la société d’aujourd’hui a besoin d’être interpellée par des vies qui indiquent des alternatives plus humaines, plus remplies de sens. Et c’est dans cette proposition que les chrétiens doivent se situer. L’annonce chrétienne est, depuis son origine, l’annonce de la vie d’une personne, Jésus. Dans la mesure où chaque chrétien se "conforme" au Christ, où il assume son style et sa mission, il pourra véritablement être lumière et ferment dans le monde. Plus qu’à proclamer des paroles, nous sommes appelés, aujourd’hui, en tant que chrétiens, à dire par notre Vie que le Ressuscité agit dans le monde et qu’il donne le sens dont les personnes d’aujourd’hui ont besoin pour leur vie. Le christianisme se comprend ainsi comme une tâche pour la vie, se disposant à assumer la même mission que le Christ, sa compassion, sa façon de donner sa vie pour les autres. En vivant comme Jésus, en ayant pour fondement cette disponibilité totale et affective pour réaliser sa mission, la vie de chaque chrétien sera alors le moyen privilégié de l’annonce du Christ. António Valério, s.j

JUIN

INTENTION UNIVERSELLE – JUIN

Pour que les migrants et les réfugiés trouvent bon accueil dans les pays où ils arrivent et y soient traités avec respect.

La réalité des migrations, avec les dimensions qu’elle présente en notre époque de la mondialisation, demande à être affrontée et gérée d’une manière nouvelle, équitable et efficace, qui exige avant tout une coopération internationale et un esprit de profonde solidarité et de compassion. La collaboration aux différents niveaux est importante, avec l’adoption, par tous, des instruments normatifs qui protègent et promeuvent la personne humaine. Le Pape Benoît XVI en a tracé les lignes en affirmant qu’« une telle politique doit

être développée en partant d’une étroite collaboration entre les pays d’origine des migrants et les pays où ils se rendent ; elle doit s’accompagner de normes internationales adéquates, capables d’harmoniser les divers ordres législatifs, dans le but de sauvegarder les exigences et les droits des personnes et des familles émigrées et, en même temps, ceux des sociétés où arrivent ces mêmes émigrés » (Lett. enc. Caritas in veritate, 29 juin 2009, n. 62). Travailler ensemble pour un monde meilleur réclame une aide réciproque entre pays, avec disponibilité et confiance, sans élever de barrières insurmontables. Une bonne synergie peut encourager les gouvernants pour affronter les déséquilibres socioéconomiques et une mondialisation sans règles, qui font partie des causes des migrations dans lesquelles les personnes sont plus victimes que protagonistes. Aucun pays ne peut affronter seul les difficultés liées à ce phénomène, qui est si vaste qu’il concerne désormais tous les continents dans le double mouvement d’immigration et d’émigration. Il est important, ensuite, de souligner comment cette collaboration commence déjà par l’effort que chaque pays devrait faire pour créer de meilleures conditions économiques et sociales chez lui, de sorte que l’émigration ne soit pas l’unique option pour celui qui cherche paix, justice, sécurité, et plein respect de la dignité humaine. Créer des possibilités d’embauche dans les économies locales, évitera en outre la séparation des familles, et garantira les conditions de stabilité et de sérénité, à chacun et aux collectivités. Enfin, regardant la réalité des migrants et des réfugiés, il y a un troisième élément que je voudrais mettre en évidence sur le chemin de la construction d’un monde meilleur ; c’est celui du dépassement des préjugés et des incompréhensions dans la manière dont on considère les migrations. Souvent, en effet, l’arrivée de migrants, de personnes déplacées, de demandeurs d’asile et de réfugiés suscite chez les populations locales suspicion et hostilité. La peur nait qu’il se produise des bouleversements dans la sécurité de la société, que soit couru le risque de perdre l’identité et la culture, que s’alimente la concurrence sur le marché du travail, ou même, que soient introduits de nouveaux facteurs de criminalité. Les moyens de communication sociale, en ce domaine ont une grande responsabilité : il leur revient, en effet, de démasquer les stéréotypes et d’offrir des informations correctes où il arrivera de dénoncer l’erreur de certains, mais aussi de décrire l’honnêteté, la rectitude et la grandeur d’âme du plus grand nombre. En cela, un changement d’attitude envers les migrants et les réfugiés est nécessaire de la part de tous ; le passage d’une attitude de défense et de peur, de désintérêt ou de marginalisation – qui, en fin de compte, correspond à la « culture du rejet » – à une attitude qui ait comme base la « culture de la rencontre », seule capable de construire un monde plus juste et fraternel, un monde meilleur. Les moyens de communication, eux aussi, sont appelés à entrer dans cette « conversion des attitudes » et à favoriser ce changement de comportement envers les migrants et les réfugiés. […] Chers migrants et réfugiés ! Ne perdez pas l’espérance qu’à vous aussi est réservé un avenir plus assuré, que sur vos sentiers vous pourrez trouver une main tendue, qu’il vous sera donné de faire l’expérience de

la solidarité fraternelle et la chaleur de l’amitié ! À vous tous et à ceux qui consacrent leur vie et leurs énergies à vos côtés, je vous assure de ma prière et je vous donne de tout cœur la Bénédiction apostolique. François MESSAGE POUR LA JOURNÉE MONDIALE DES MIGRANTS ET DES RÉFUGIÉS (2014) 5 août 2013 © Copyright 2013 - Libreria Editrice Vaticana Texte intégral: François - MESSAGE POUR LA JOURNÉE MONDIALE DES MIGRANTS ET DES RÉFUGIÉS (2014) - 5 août 2013 Voir aussi: François - EXHORTATION APOSTOLIQUE "EVANGELII GAUDIUM" [210] - 24 novembre 2013

COMMENTAIRE

Yasmine avait 12 ans quand elle émigra d’Algérie avec ses parents vers la France. Miguel avait 19 ans quand il tenta pour la troisième fois d’émigrer du Honduras vers les Etats-Unis. Valdi s’échappa récemment de Birmanie avec ses 3 enfants et chercha protection en Thaïlande, dans un camp de réfugiés. Quand elle eut 23 ans, Asya avait déjà vécu dans 8 pays différents. A 67 ans, Li quitta la Chine et s’en fut vivre avec sa fille en Angleterre. J’avais 16 ans quand, en danger, je m’enfuis de Colombie vers Miami, et 22 ans quand je partis de là avec ma famille au Canada parce que les Etats-Unis ne nous accordaient pas leur protection. L’immigration est marquée par les épreuves et les rêves de ceux qui partent vers des jours meilleurs. C’est la quête de gens ordinaires quittant leurs foyers pour rechercher la paix et l’espérance. Immigrés et réfugiés peuvent vous dire ce qu’ils éprouvent après avoir laissé derrière eux des êtres chers, en découvrant la difficulté de se faire de nouveaux amis, en faisant l’expérience des déceptions et des revers. Mais il y a aussi des différences entre eux. En effet, les immigrés quittent leur pays d’origine pour s’établir dans un autre, tandis que les réfugiés fuient leur patrie en raison de l’oppression ou du danger. Les réfugiés environnementaux ont été forcés de s’installer ailleurs suite à une catastrophe naturelle qui a détruit leur maison, ou du fait que leurs moyens de subsistance ont été affectés par le changement climatique. Souvent, les immigrés et les réfugiés doivent se donner du mal pour s’établir dans leurs nouvelles communautés et pour s’y intégrer. Les immigrés peuvent généralement trouver un toit dans leur nouveau pays, mais il leur reste encore à se battre pour apprendre une nouvelle langue et s’imprégner d’une nouvelle culture. Les réfugiés, de leur côté, sont souvent obligés de passer par plusieurs camps avant d’aboutir enfin dans un troisième pays d’accueil. L’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR) a publié qu’en 2012 le nombre des personnes déplacées s’est élevé à 45 millions – le plus important sur 14 ans. Le nombre des migrants, lui aussi est à la hausse, passant de 150 millions en 1990 à 232 millions en 2013. Ce ne sont pas seulement les pays riches qui ont accueilli un tel afflux. Les pays en développement ont également connu une brusque augmentation du nombre de migrants. Beaucoup de personnes émigrent en tant que travailleurs migrants temporaires. Dépourvus de statut permanent, isolés, ils sont exposés à l’exploitation. D’autres migrent sans suivre les procédures nationales établies pour l’immigration et vivent dans la crainte de l’expulsion. La pauvreté des travailleurs migrants sans-papiers à travers le monde est due au fait qu’ils sont forcés de travailler sans avantages ni protection, et avec des salaires insuffisants. Les citoyens de nombreux pays voudraient que leurs gouvernements mettent en œuvre des procédures qui donnent aux travailleurs sans papiers un statut juridique. Les peuples des pays ‘développés’ risquent de se comporter

en égoïstes en voulant contrôler l’entrée des immigrés et des réfugiés. La peur semble alimenter leur désir d’exclure les nouveaux-venus. Ils voient dans les immigrés des concurrents qui menacent leurs emplois, leurs biens et leurs services et qui mettent donc en péril leur propre qualité de vie. Nous autres, chrétiens, sommes appelés à nous occuper des immigrés et des réfugiés. L’Eglise répond à l’appel du Christ à « accueillir l’étranger parmi nous » et à reconnaître que les immigrés et les réfugiés sont nos sœurs et nos frères. Nous sommes appelés à écouter la voix et les récits des gens des routes. Le Seigneur crucifié et ressuscité nous appelle à ouvrir nos cœurs aux immigrés et aux réfugiés parmi nous. En eux, nous rencontrons le Christ. Dans mes expériences personnelles de réfugié puis d’immigré, j’ai aussi trouvé Dieu dans les personnes qui m’avaient fait bon accueil et s’étaient occupées de moi. En retour, leur cordialité, leur hospitalité et leurs attentions m’ont appris à faire de même. Je me suis senti encouragé à ouvrir mon cœur à ces nombreux immigrés et réfugiés rencontrés de par le monde. En nous occupant bien des immigrés, nous ressentons ce que le Cœur de Jésus ressent. Nous apprenons à les aimer comme Il les aime, à les voir comme Il les voit, à leur être présent comme Jésus Lui-même leur est présent. Santiago Rodriguez, s.j. est le Directeur AP des Etats-Unis pour l’Enfance et la Jeunesse. Avant cela, il travaillait au Service jésuite des réfugiés et des migrants à Toronto.

INTENTION POUR L'ÉVANGÉLISATION – JUIN Pour que la rencontre personnelle avec Jésus suscite chez de nombreux jeunes le désir de lui offrir leur existence dans le sacerdoce ministériel ou la vie consacrée.

Le Seigneur appelle certains au sacerdoce, à se donner à lui de manière plus totale, pour aimer tout le monde avec le cœur du Bon Pasteur. Il appelle d’autres à servir leurs frères et sœurs dans la vie religieuse : dans les monastères en se consacrant à la prière pour le bien du monde, dans divers secteurs de l’apostolat, en se dépensant pour tous, spécialement pour ceux qui sont plus dans le besoin. Moi, je n’oublierai jamais ce 21 septembre-là – j’avais 17 ans – quand, après m’être arrêté dans l’église de San José de Flores pour me confesser, j’ai senti pour la première fois que Dieu m’appelait. N’ayez pas peur de ce que Dieu vous demande ! Ça vaut la peine de dire « oui » à Dieu. En lui, il y a la joie

! Chers jeunes, quelqu’un, peut-être, ne sait pas encore clairement que faire de sa vie. Demandez-le au Seigneur, lui vous fera comprendre le chemin. Comme l’a fait le jeune Samuel qui entendit en lui la voix insistante du Seigneur qui l’appelait, mais ne comprenait pas, ne savait pas que dire et, avec l’aide du prêtre Élie, à la fin, il répondit à cette voix : Parle Seigneur, car je t’écoute (cf. 1 S 3, 1-10). Demandez vous aussi au Seigneur : que veux-tu que je fasse, quel chemin dois-je suivre ?; François RENCONTRE AVEC LES VOLONTAIRES DE LA XXVIIIe JMJ 28 juillet 2013 © Copyright 2013 - Libreria Editrice Vaticana

Texte intégral: 28 juillet 2013 - RENCONTRE AVEC LES VOLONTAIRES DE LA XXVIIIe JMJ - 28 juillet 2013 

 

* * * 

 

 

Jésus veut établir avec ses amis une  relation qui soit  le  reflet de celle qu’Il a avec  le Père  : une  relation 

d’appartenance  réciproque  dans  la  pleine  confiance,  dans  une  intime  communion.  Pour  exprimer  cette 

entente profonde, ce rapport d’amitié, Jésus utilise l’image du pasteur et de ses brebis : Il les appelle et elles 

reconnaissent sa voix, elles répondent à son appel et elles le suivent. Cette parabole est très belle ! Le mystère 

de la voix est suggestif: pensons que dès le sein de notre mère, nous apprenons à reconnaître sa voix et celle 

de notre père; le ton d’une voix nous fait percevoir l’amour ou le mépris, l’affection ou la froideur. La voix de 

Jésus est unique ! Si  l’on apprend à  la distinguer,  Il nous guide sur  la voie de  la vie, une voie qui dépasse 

même l’abîme de la mort. 

Mais à un certain moment, Jésus dit, à propos de ses brebis : « C’est mon Père qui me les a données... » (Jn 

10, 29). C’est très important, c’est un mystère profond, qui n’est pas facile à comprendre : si je me sens attiré 

par Jésus, si sa voix réchauffe mon cœur, c’est grâce à Dieu le Père, qui a mis en moi le désir de l’amour, de 

la vérité, de la vie, de la beauté… et Jésus est tout cela en plénitude ! Cela nous aide à comprendre le mystère 

de la vocation, en particulier des appels à une consécration spéciale. Parfois, Jésus nous appelle, nous invite 

à le suivre, mais il peut arriver que nous ne nous rendions pas compte que c’est Lui, précisément comme cela 

est arrivé au jeune Samuel. 

Il y a beaucoup de jeunes aujourd’hui ici, sur la place. Vous êtes très nombreux, non ? Voilà ! Vous êtes un 

grand nombre de jeunes aujourd’hui ici sur la place. Je voudrais vous demander : avez‐vous parfois entendu 

la voix du Seigneur qui, à travers un désir, une inquiétude, vous invitait à le suivre de plus près ? L’avez‐vous 

entendu ? Je n’entend pas ? Voilà... Avez‐vous eu envie d’être les apôtres de Jésus ? Il faut mettre en jeu la 

jeunesse pour les grands idéaux. Est‐ce que vous pensez cela ? Etes‐vous d’accord ? Demande à Jésus ce qu’il 

veut faire de toi et sois courageux ! Sois courageux ! Demande‐le Lui ! Derrière et avant toute vocation au 

sacerdoce ou à la vie consacrée, il y a toujours la prière forte et intense de quelqu’un : d’une grand‐mère, 

d’un grand‐père, d’une mère, d’un père, d’une communauté… Voilà pourquoi Jésus a dit : « Priez le maître 

de la moisson — c’est‐à‐dire Dieu le Père — d’envoyer des ouvriers à sa moisson ! » (Mt 9, 38). Les vocations 

naissent dans la prière et de la prière ; et elle ne peuvent persévérer et porter du fruit que dans la prière. 

J’aime à le souligner aujourd’hui, en la Journée mondiale de prière pour les vocations. 

 

François REGINA CŒLI 21 avril 2013  

© Copyright 2013 ‐ Libreria Editrice Vaticana 

 

Texte intégral: 

 

François - REGINA CŒLI - 21 avril 2013  

 

 

COMMENTAIRE

Le sacerdoce ministériel et la vie consacrée sont deux manières très proches de dire « merci » à Dieu. Ils sont des réponses à cet « amour plus grand » qui occupe une grande place dans le cœur des jeunes au point de faire naître le désir que toute leur existence prenne la forme et la consistance de ce grand amour de Dieu. Toute vocation personnelle s’enracine dans un appel fondamental de Dieu qui connaît chacun par son nom et qui donne à chacun sa couleur particulière. Dieu a une image parfaite de toute personne et la vocation personnelle est de s’y conformer de plus en plus. C’est ce qu’on pourrait appeler la vocation personnelle fondamentale qui aidera à discerner le choix de vie et qui deviendra le critère de discernement de toute décision de dans la vie, même dans les détails du quotidien. Mais, c’est assurément en Jésus que les jeunes hommes et les jeunes femmes trouveront cette image intacte et belle que Dieu possède d’eux-mêmes. Si la vocation personnelle est un appel à vivre à partir du grand amour que Dieu a pour eux et pour toute l’humanité, ils apprendront à identifier leur vocation particulière dans la rencontre personnelle avec Jésus qui a « donné sa vie pour les siens ». Ils voudront se rapprocher toujours plus de cette image et ils désireront qu’elle s’imprègne dans leur cœur. Ils entendront Jésus les appeller à le connaître pour l’aimer et le suivre, et ainsi ils seront confirmés dans ce qu’ils sont aux yeux de Dieu et pourront choisir un état de vie qui les aidera à accomplir la volonté de Dieu pour eux. Dans le cas du sacerdoce ministériel et de la vie consacrée, Jésus appelle ses amis et disciples dans un état de vie bien précis, celui du don radical de leur vie à Dieu pour le service de leurs frères et sœurs dans une vie de célibat en vivant pauvrement et humblement. Louis-Martin Cloutier, SJ Secrétaire National AP Canada francophone Du noviciat canadien à Montréal

JUILLET

INTENTION UNIVERSELLE – JUILLET Pour que la responsabilité politique soit vécue à tous les niveaux comme une haute forme de charité

205. Je demande à Dieu que s’accroisse le nombre d’hommes politiques capables d’entrer dans un authentique dialogue qui s’oriente efficacement pour soigner les racines profondes et non l’apparence des maux de notre monde ! La politique tant dénigrée, est une vocation très noble, elle est une des formes les plus précieuses de la charité, parce qu’elle cherche le bien commun.[174] Nous devons nous convaincre que la charité « est le principe non seulement des micro-relations : rapports amicaux, familiaux, en petits groupes, mais également des macro-relations : rapports

sociaux, économiques, politiques ».[175] Je prie le Seigneur qu’il nous offre davantage d’hommes politiques qui aient vraiment à cœur la société, le peuple, la vie des pauvres ! Il est indispensable que les gouvernants et le pouvoir financier lèvent les yeux et élargissent leurs perspectives, qu’ils fassent en sorte que tous les citoyens aient un travail digne, une instruction et une assistance sanitaire. Et pourquoi ne pas recourir à Dieu afin qu’il inspire leurs plans ? Je suis convaincu qu’à partir d’une ouverture à la transcendance pourrait naître une nouvelle mentalité politique et économique, qui aiderait à dépasser la dichotomie absolue entre économie et bien commun social. François EXHORTATION APOSTOLIQUE "EVANGELII GAUDIUM" 24 novembre 2013 © Copyright 2013 - Libreria Editrice Vaticana Texte intégral: François - EXHORTATION APOSTOLIQUE "EVANGELII GAUDIUM" - 24 novembre 2013

* * *

Un bon chrétien participe activement à la vie politique et prie afin que les politiciens aiment leur peuple et le servent avec humilité. Telle est la réflexion proposée par le Pape François lundi 16 septembre. En commentant le passage de l’Évangile de Luc (7, 1-10) où est racontée la guérison, par l'œuvre de Jésus, du serviteur du centurion à Capharnaüm, le Pape a souligné « deux attitudes du gouvernant ». Il doit tout d’abord « aimer son peuple. Les juifs âgés disent à Jésus : il mérite ce qu’il demande parce qu’il aime notre peuple. Un gouvernant qui n’aime pas ne peut pas gouverner. Au mieux, il peut mettre un peu d’ordre, mais il ne peut pas gouverner ».

Pour le Pape François, le gouvernant doit aussi être humble comme le centurion de l’Évangile, qui aurait pu se vanter de son pouvoir si Jésus avait demandé à aller chez lui, mais « c’était un homme humble et il a dit au Seigneur : ne te dérange pas, je ne suis pas digne que tu entres sous mon toit. Et avec humilité : dis un mot et mon serviteur sera guéri. Telles sont les deux vertus d’un gouvernant, comme nous le fait penser la parole de Dieu : amour pour les personnes et humilité ». Donc, « chaque homme et chaque femme qui assume une responsabilité de gouvernement doit se poser ces deux questions : est-ce que j’aime mon peuple pour mieux le servir ? Est-ce que je suis humble au point d’écouter les opinions des autres pour choisir la meilleure voie ? Si ces derniers, a souligné le Pape, « ne se posent pas ces questions, leur gouvernement ne sera pas bon ». François MÉDITATION MATINALE EN LA CHAPELLE DE LA MAISON SAINTE-MARTHE 16 septembre 2013 © Copyright 2013 - Libreria Editrice Vaticana Texte intégral: François - MÉDITATION MATINALE EN LA CHAPELLE DE LA MAISON SAINTE-MARTHE - 16 septembre 2013

COMMENTAIRE

Lorsque nous parlons de responsabilité politique, beaucoup d’entre nous pensent aux gouvernements nationaux. Jésus semble plutôt critique à leur égard. Il dit ceci : « Vous le savez, ceux qu’on regarde comme les chefs des païens font peser leur domination et les grands leur pouvoir. Il ne doit pas en être ainsi parmi vous » (Mc 10, 42). Jésus juge qu’il en va de même pour les pharisiens et les autorités du temple à Jérusalem : « Ils lient des fardeaux pesants et insupportables et les mettent sur les épaules des hommes, mais eux-mêmes ne veulent pas les remuer du bout du doigt » (Mt 23,4). Que dirait Jésus en regardant le monde d’aujourd’hui? Je pense qu’il utiliserait encore les mêmes mots. Nous pouvons penser aux dictateurs et aux chefs de guerre bien connus d’Afrique, de Chine, de Syrie, de Corée du Nord, entre autres. Nous voyons de riches leaders extrêmement corrompus et une énorme majorité de pauvres écrasés. Certes, les démocraties occidentales sont-elles différentes. Mais là aussi les gens jugent que leurs gouvernements sont assoiffés de pouvoir et qu’ils ne s’occupent pas des pauvres. En Allemagne, il existe un parti appelé CDU (Union Démocratique Chrétienne), dont certaines personnes disent ceci : si les membres de ce parti étaient honnêtes, ils laisseraient tomber le C. de leur sigle. On entend souvent dire que la politique et le christianisme ne vont pas bien ensemble. Hélas! On pourrait en dire autant de l’économie et de ses énormes compagnies: un autre domaine d’irresponsabilité politique. Le pape François conteste cette vision des choses. Il a raison, bien sûr. L’histoire compte maints politiques et économistes authentiquement chrétiens. Pour eux, la politique et le christianisme vont très bien ensemble. Le Pape nous demande de croire au pouvoir de la prière qui peut aussi changer les responsables politiques. Leur fonction pourrait aussi constituer une "haute forme de la charité". Il ne s’agit sûrement pas d’une tâche facile, mais quelle différence cela ferait pour tout un pays, pour le monde entier! Même le petit fonctionnaire derrière son écran, qui vous fait passer un moment difficile parce qu’il se prend pour Dieu Tout-Puissant, peut être changé par la prière. Cela pourrait constituer un bon point de départ : prier au lieu d’entretenir notre frustration ou notre colère. Voici une autre idée pratique : la formation d’un petit groupe d’amis pourrait vous plaire. Vous discuteriez et pourriez, par exemple, identifier ensemble les politiques qui sembleraient avoir besoin le plus urgent de vos prières. Demandez alors au Seigneur de toucher leurs cœurs. Cette intention de prière comporte également une autre facette: le pape François ne croit pas à la prière sans l’action. Il nous appelle à la prière et à l’action. Chacun de nous est chargé de l’une ou l’autre responsabilité politique : comme parent dans une école, comme paroissien, comme employé dans une municipalité, comme directeur d’une compagnie, etc. Où que nous soyons, nous pouvons agir égoïstement,

ou bien élargir notre horizon et travailler pour le bien commun, être politiquement responsable. La prière pour nous-mêmes nous rendra capables d’agir de la sorte. Elle nous orientera vers le service du bien commun avec les responsables politiques "officiels". Elle nous guidera afin de ne pas procéder par ouï-dire, au jugé ou suivant les rumeurs, mais nous portera à chercher et à agir sur la base des faits. De cette manière, notre vie entière sera une "haute forme de la charité". P. Konrad Landsberg, s.j. Secrétaire national de l’AP au Zimbabwe

INTENTION POUR L'ÉVANGÉLISATION – JUILLET Pour que face aux inégalités sociales, les chrétiens d’Amérique latine puissent offrir un témoignage d’amour aux pauvres et contribuer à une société plus fraternelle.

Je voudrais faire appel à celui qui possède plus de ressources, aux autorités publiques et à tous les hommes de bonne volonté engagés pour la justice sociale : ne vous lassez pas de travailler pour un monde plus juste et plus solidaire ! Personne ne peut rester insensible aux inégalités qu’il y a encore dans le monde ! Que chacun, selon ses possibilités et ses responsabilités, sache offrir sa contribution pour mettre fin à beaucoup d’injustices sociales. Ce n’est pas, ce n’est pas la culture de l’égoïsme, de l’individualisme qui souvent régule notre société, celle qui construit et mène vers un monde plus habitable ; ce n’est pas celle-là, mais la culture de la solidarité ; la culture de la solidarité c’est voir dans l’autre non un concurrent ou un

numéro, mais un frère. Et nous sommes tous frères ! Je désire encourager les efforts que la société brésilienne fait pour intégrer toutes ses composantes, même les plus souffrantes et nécessiteuses, dans la lutte contre la faim et la misère. Aucun effort de “pacification” ne sera durable, il n’y aura ni harmonie, ni bonheur pour une société qui ignore, qui met en marge et abandonne dans la périphérie une partie d’elle-même. Une telle société s’appauvrit ainsi simplement et perd même quelque chose d’essentiel pour elle-même. Ne laissons pas, ne laissons pas entrer dans notre cœur la culture de l’exclusion ! Ne laissons pas entrer dans notre cœur la culture de l’exclusion, parce que nous sommes frères. Personne n’est à exclure ! Rappelons-nous-le toujours : c’est seulement quand nous sommes capables de partager que nous nous enrichissons vraiment ; tout ce qui se partage se multiplie ! Pensons à la multiplication des pains de Jésus ! La mesure de la grandeur d’une société est donnée par la façon dont elle traite celui qui est le plus nécessiteux, qui n’a rien d’autre que sa pauvreté ! François VISITE À LA "COMMUNAUTÉ" DE VARGINHA (MANGUINHOS) 25 juillet 2013 © Copyright 2013 - Libreria Editrice Vaticana

Texte intégral: François - VISITE À LA "COMMUNAUTÉ" DE VARGINHA (MANGUINHOS) - 25 juillet 2013

COMMENTAIRE

L’intention évangélisatrice du Pape pour ce mois-ci nous demande un témoignage crédible d’amour des pauvres et un engagement réel dans l’édification d’une société plus juste où l’on vive la fraternité. L’inégalité sociale est profonde et généralisée en Amérique latine. La région présente les plus hauts niveaux mondiaux d’inégalité des revenus. De grandes brèches séparent les riches et les pauvres en matière de prestation des services de base ainsi que de grandes différences entre les zones urbaines et rurales, entre les populations indigènes et de descendance africaine et les groupes blancs, entre les hommes et les femmes. Cependant, il faut reconnaître qu’au cours des deux dernières décennies, la région a réalisé quelques progrès, tant dans la réduction de la pauvreté que dans celle des inégalités, dans une certaine mesure. Bien que des données encourageantes soient disponibles, le fait est qu’il reste beaucoup à faire pour parvenir à construire une Amérique latine juste et fraternelle, où les pauvres, qui sont les préférés de Jésus, puissent couvrir leurs nécessités de base et vivre dignement, dans un cadre de relations d’égalité, avec des droits et des devoirs citoyens partagés entre tous et toutes, quelles que soient leurs origines sociales. Dans ce contexte d’injustice et d’inégalité sociale, nous qui nous appelons et qui voulons vraiment être des chrétiens en Amérique latine, avons une mission importante qui surgit de la prière croyante dans le Dieu de Jésus, et qui nous entraîne à risquer notre vie en faveur de l’édification d’une société où règnent la justice et l’amour de l’Evangile. Etre chrétien consiste à suivre Jésus et à nous identifier avec ses sentiments, ses valeurs et son style de vie dans le monde d’aujourd’hui. Cela signifie que nous le reconnaissons comme centre et Seigneur de notre vie, dans la construction de son projet selon lequel un autre monde est possible, formant une communauté d’amour qui se laisse guider par son Esprit. Etre chrétien en Amérique latine, c’est être «disciples et missionnaires de Jésus-Christ pour que nos peuples aient la vie en Lui», comme la Ve Conférence générale de l’épiscopat latino-américain et des Caraïbes nous l’a dit à Aparecida. La recréation de l’AP, cela signifie la rénovation et la conversion de notre mode d’être chrétiens. Cette intention du pape François nous invite à former une Eglise pauvre pour les pauvres, comme il nous dit, approfondissant une option évangélique claire pour les pauvres, assumant la pluralité de nos cultures, et défendant la terre et l’écologie, de telle sorte que nous rendions un témoignage crédible du fait que Dieu est le Dieu de la vie et de l’espérance. Daniel de Ycaza Oehlke, s.j., Directeur national de l’AP en Equateur Sources : Christian Aid avril 2012. Etre chrétien en Amérique latine, de Víctor Codina, s.j.. Document conclusif d’Aparecida, du CELAM, 2007.

AOÛT

INTENTION UNIVERSELLE – AOÛT

Pour que les personnes œuvrant dans le cadre du bénévolat s’engagent avec générosité au service des personnes en situation de précarité.

Servir. Qu’est-ce que cela signifie ? Servir signifie accueillir la personne qui arrive, avec attention ; cela signifie se pencher sur qui est dans le besoin et lui tendre la main, sans calculs, sans crainte, avec tendresse et compréhension, comme Jésus s’est penché pour laver les pieds des apôtres. Servir signifie travailler aux côtés des plus nécessiteux, établir tout d’abord avec eux des relations humaines, de proximité, des liens de solidarité. Solidarité, ce mot qui fait peur au monde développé. On cherche à ne pas le prononcer. C’est presque un gros mot pour eux. Mais c’est notre mot ! Servir signifie reconnaître et accueillir les questions de justice, d’espérance, et chercher ensemble des routes, des parcours concrets de libération.

Les pauvres sont aussi des maîtres privilégiés de notre connaissance de Dieu. Leur fragilité et leur simplicité démasquent nos égoïsmes, nos fausses assurances, nos prétentions d’autosuffisance et nous guident à l’expérience de la proximité et de la tendresse de Dieu, à recevoir dans notre vie son amour, sa miséricorde de père qui, avec discrétion et une confiance patiente, prend soin de nous, de nous tous. De ce lieu d’accueil, de rencontre et de service, je voudrais alors poser une question à tous, à toutes les personnes qui habitent ici, dans ce diocèse de Rome : est-ce que je me penche sur qui est en difficulté ou bien ai-je peur de me salir les mains ? Suis-je refermé sur moi-même, sur mes affaires, ou est-ce que je me rends compte de qui a besoin d’aide ? Est-ce que je sers seulement ma personne ou est-ce que je sais servir les autres, comme le Christ qui est venu pour servir jusqu’à donner sa vie ? Est-ce que je regarde dans les yeux ceux qui demandent justice ou est-ce que je tourne mon regard de l’autre côté pour ne pas regarder leurs yeux ? Deuxième mot : accompagner. Ces dernières années, le centre Astalli a parcouru un chemin. Au début, il offrait des services de première nécessité : une cantine, des lits d’accueil, une assistance juridique. Puis il a appris à accompagner les personnes dans leur recherche d’un travail et d’une insertion sociale. Et il a donc également proposé des activités culturelles, pour contribuer à faire grandir une culture de l’accueil, une culture de la rencontre et de la solidarité, à partir de la protection des droits humains. [...] Troisième mot : défendre. Servir, accompagner veut aussi dire défendre, cela veut dire se mettre du côté de celui qui est plus faible. Combien de fois élevons-nous notre voix pour défendre nos droits, mais combien de fois sommes-nous indifférents envers les droits des autres ! Combien de fois ne savons-nous pas ou ne voulons-nous pas donner la parole à qui — comme vous — a souffert et souffre, à qui a vu ses droits foulés aux pieds, à qui a vu tant de violence qu’elle a étouffé jusqu’à son désir d’avoir justice ! FRANÇOIS VISITE AU CENTRE ASTALLI DE ROME POUR LES RÉFUGIÉS 10 septembre 2013 © Copyright 2013 - Libreria Editrice Vaticana

Texte intégral: FRANÇOIS - VISITE AU CENTRE ASTALLI DE ROME POUR LES RÉFUGIÉS - 10 septembre 2013  

COMMENTAIRE

On qualifie de bénévolat un travail non rémunéré fait au bénéfice d’une autre personne et non au sien propre. Même s’il existe de nombreux travaux non rémunérés qui ne peuvent pas être considérés comme du bénévolat. Le bénévolat est très divers. On n’a pas de chiffre précis sur le nombre de bénévoles ou volontaires dans le monde. Il semble qu’ils pourraient représenter près de 140 millions de personnes. Elles rendent des services très divers et gratuitement aux autres. Ce sont des personnes normales et ordinaires que l’on retrouve parmi nous, qui exercent des métiers divers et ont des âges et des niveaux d’éducation différents. Du fait des divers contextes culturels, chaque pays possède des degrés divers de bénévolat ou de volontariat. Un volontaire est une personne bénévole qui offre ses services spontanément selon un statut défini par des textes législatifs, généralement à plein temps. Les bénévoles ou volontaires participent dans le cadre d’Organisations Non Gouvernementales, de groupes de jeunes ou de clubs, entre autres formes d’association. Chacune de ces institutions se caractérise, à son tour, par des objectifs différents : travail avec des personnes handicapées, avec des enfants, des jeunes en difficulté, des malades ou des personnes âgées. Certains collaborent avec des hôpitaux, d’autres sont présents dans des collèges, d’autres encore soutiennent les migrants ou travaillent auprès des enfants ou des détenus. En général, les bénévoles ou volontaires aident divers groupes sociaux dans le besoin. Mais il arrive aussi qu’ils puissent venir en aide dans des situations ponctuelles comme, par exemple, des catastrophes naturelles ou des actions caritatives. Les bénévoles aident là où le besoin se présente, souvent là où les structures normales de la société n’arrivent pas. Ils couvrent des espaces informels qui se voient enrichis par leur présence. Quoiqu’elle puisse être subtile, peu diffusée ou mal connue, la présence des bénévoles et volontaires est fondamentale pour que de nombreux êtres humains puissent sourire chaque jour. Ce mois-ci, le Saint-Père nous invite à prier à l’intention de toutes ces personnes, afin qu’elles sachent toujours servir avec générosité et - pourquoi pas ? - peut-être puis-je inclure une prière pour que je sois moi-même davantage engagé dans le bénévolat au bénéfice de mes frères et sœurs. P. Juan Cristóbal Beytia, s.j.

" Il existe aujourd'hui des formes de bénévolat, des modèles de service mutuel, dont notre société a précisément un besoin urgent. Nous ne devons pas, par exemple, abandonner les personnes âgées à leur solitude, nous ne devons pas passer à côté de ceux qui souffrent. Si nous pensons et si nous vivons dans la communion avec le Christ, alors nos yeux s'ouvriront. Alors nous ne nous contenterons plus de vivoter, préoccupés seulement de nous-mêmes, mais nous verrons où et comment nous sommes nécessaires. En vivant et en agissant ainsi, nous nous apercevrons bien vite qu'il est beaucoup plus beau d'être utiles et d'être à la disposition des autres que de se préoccuper seulement des facilités qui nous sont offertes. Je sais que vous, en tant que jeunes, vous aspirez aux grandes choses, que vous voulez vous engager pour un monde meilleur. Montrez-le aux hommes, montrez-le au monde, qui attend justement ce témoignage des disciples de Jésus Christ et qui, surtout par votre amour, pourra découvrir l'étoile que, comme croyants, nous suivons ". (PAPE BENOÎT XVI, XX JOURNÉE MONDIALE DE LA JEUNESSE, COLOGNE – Marienfeld, 21 août 2005)

INTENTION POUR L'ÉVANGÉLISATION – AOÛT

Pour que, sortant de nous-mêmes, nous nous rendions proches des personnes qui se trouvent à la périphérie des relations humaines et sociales.

2. Le deuxième élément est ceci. Deuxièmement : repartir du Christ signifie l’imiter dans le fait de sortir de soi et d’aller à la rencontre de l’autre. C’est une expérience belle et un peu paradoxale. Pourquoi ? Parce que celui qui met le Christ au centre de sa vie se décentre ! Plus tu t’unis à Jésus et Lui devient le centre de ta vie, plus Lui te fait sortir de toi-même, te décentre et t’ouvre aux autres. C’est le vrai dynamisme de l’amour, c’est le mouvement de Dieu même ! Dieu est le centre, mais il est toujours don de soi, relation, vie qui se communique… Ainsi devenons-nous, nous aussi, si nous restons unis au Christ, Lui nous fait entrer dans ce dynamisme de l’amour. Là où il y a véritable vie dans le Christ, il y a ouverture à l’autre, il y a sortie de soi pour aller

à la rencontre de l’autre au nom du Christ. Et cela c’est le travail du catéchiste : sortir constamment de soi par amour pour témoigner de Jésus et parler de Jésus, prêcher Jésus. C’est important parce que le Seigneur le fait : c’est vraiment le Seigneur qui nous pousse à sortir. Le cœur du catéchiste vit toujours ce mouvement de « systole – diastole » : union avec Jésus – rencontre avec l’autre. Ce sont les deux choses : je m’unis à Jésus et je sors à la rencontre des autres. S’il manque un de ces deux mouvements, le cœur ne bat plus, ne peut plus vivre. Le cœur du catéchiste reçoit en don le kérygme, et à son tour, il l’offre en don. Ce petit mot : don. Le catéchiste est conscient qu’il a reçu un don, le don de la foi et il le donne en don aux autres. C’est beau ! Et il n’en prend pas pour soi un pourcentage ! Tout ce qu’il reçoit, il le donne ! Il ne s’agit pas d’un marché ! Ce n’est pas un marché ! C’est un pur don : don reçu et don transmis. Et le catéchiste est là, à ce croisement de dons. C’est ainsi dans la nature même du kérygme : c’est un don qui génère la mission, qui pousse toujours au-delà de soi-même. Saint Paul disait : « L’amour du Christ nous pousse », mais on peut aussi traduire ce « nous pousse » par « nous possède ». C’est ainsi : l’amour t’attire et t’envoie, te prend et te donne aux autres. Dans cette tension le cœur du chrétien, en particulier le cœur du catéchiste, se met en mouvement. Demandons-nous nous tous : est-ce ainsi que bat mon cœur de catéchiste : union avec Jésus et rencontre avec l’autre ? Avec ce mouvement de « systole – diastole » ? S’alimente-t-il dans la relation avec Lui, mais est-ce pour le porter aux autres et non pour le retenir ? Je vous dis une chose : je ne comprends pas comment un catéchiste peut rester ferme, sans ce mouvement. Je ne comprends pas ! 3. Et le troisième élément – trois ? se situe toujours dans cette ligne : repartir du Christ signifie ne pas avoir peur d’aller avec Lui dans les périphéries. Ici me vient à l’esprit l’histoire de Jonas, une figure vraiment intéressante, particulièrement à notre époque de changements et d’incertitude. Jonas est un homme pieux, avec une vie tranquille et ordonnée ; cela l’amène à avoir ses schémas bien clairs, et à juger tout et tous en fonction de ces schémas, de manière rigide. Tout est clair pour lui, la vérité est celle-là. Il est rigide ! C’est pourquoi, quand le Seigneur l’appelle et lui dit d’aller prêcher à Ninive, la grande ville païenne, Jonas n’y avait pas le cœur. Aller là ! Mais j’ai toute la vérité ici ! Il n’a pas le cœur… Ninive est au-delà de ses schémas, elle est à la périphérie de son monde. Et alors il s’échappe, il s’en va en Espagne, il s’enfuit, et il s’embarque sur un navire qui va par là. Allez relire le livre de Jonas ! Il est bref, mais c’est une parabole très instructive, spécialement pour nous qui sommes dans l’Église. Qu’est-ce qu’il nous enseigne ? Il nous enseigne à ne pas avoir peur de sortir de nos schémas pour suivre Dieu, car Dieu va toujours au-delà. Mais savez-vous une chose ? Dieu n’a pas peur ! Savez-vous cela, vous ? Il n’a pas peur ! Il est toujours au-delà de nos schémas ! Dieu n’a pas peur des périphéries. Mais si vous allez aux périphéries, vous l’y trouverez. Dieu est toujours fidèle, il est créatif. Mais, s’il vous plaît, on ne comprend pas un catéchiste qui ne soit pas créatif. Et la créativité est comme la colonne du fait d’être catéchiste. Dieu est créatif, il ne s’enferme pas, et pour cela il n’est jamais rigide. Dieu n’est pas rigide ! Il

nous accueille, il vient à notre rencontre, il nous comprend. Pour être fidèles, pour être créatifs, il faut savoir changer. Savoir changer. Et pourquoi je dois changer ? Pour m’adapter aux circonstances dans lesquelles je dois annoncer l’Évangile. Pour rester avec Dieu, il faut savoir sortir, ne pas avoir peur de sortir. Si un catéchiste se laisse prendre par la peur, c’est un lâche ; si un catéchiste reste tranquille il finit par être une statue de musée ; et nous en avons beaucoup ! Nous en avons beaucoup ! S’il vous plaît, pas de statues de musée ! Si un catéchiste est rigide il devient rabougri et stérile. Je vous le demande : quelqu’un parmi vous voudra-t-il être un lâche, une statue de musée ou stérile ? Quelqu’un a-t-il ce désir ? [Les catéchistes : Non !] Non ? Vraiment ? C’est bien ! Ce que je vais dire maintenant, je l’ai dit bien des fois, mais cela me vient du cœur de le dire. Quand nous, chrétiens, nous sommes fermés sur notre groupe, sur notre mouvement, sur notre paroisse, sur notre milieu, nous restons fermés et il arrive ce qu’il arrive à tout ce qui est fermé ; quand une pièce est fermée, elle commence à sentir l’humidité. Et si une personne est dans cette pièce, elle tombe malade ! Quand un chrétien est fermé sur son groupe, sur sa paroisse, sur son mouvement, il est fermé, il tombe malade. Si un chrétien sort dans les rues, les périphéries, il peut lui arriver ce qui arrive à des personnes qui vont dans les rues : un accident. Bien des fois nous avons vu des accidents de la route. Mais je vous dis : je préfère mille fois une Église accidentée, et non une Église malade ! Une Église, un catéchiste qui a le courage de courir le risque de sortir, et non un catéchiste qui étudie, qui sait tout, mais toujours fermé : celui-là est malade. Et parfois, il est malade de la tête… François DISCOURS AUX CATÉCHISTES EN PÈLERINAGE À ROME À L'OCCASION DE L'ANNÉE DE LA FOI ET DU CONGRÈS INTERNATIONAL DES CATÉCHISTES 27 septembre 2013 © Copyright 2013 - Libreria Editrice Vaticana Texte intégral: François - DISCOURS AUX CATÉCHISTES EN PÈLERINAGE À ROME À L'OCCASION DE L'ANNÉE DE LA FOI ET DU CONGRÈS INTERNATIONAL DES CATÉCHISTES - 27 septembre 2013 Voir aussi: François - EXHORTATION APOSTOLIQUE "EVANGELII GAUDIUM" [193 - 195] - 24 novembre 2013

COMMENTAIRE

L’Évangile de ce dimanche raconte les débuts de la vie publique de Jésus dans les villes et dans les villages de Galilée. Sa mission ne part pas de Jérusalem, c’est-à-dire du centre religieux, centre également social et politique, mais elle part d’une zone périphérique, une zone méprisée par les juifs les plus observants, en raison de la présence dans cette région de différentes populations étrangères : c’est pourquoi le prophète Isaïe la désigne comme « Galilée des nations » (Is 8, 23). C’est une terre de frontière, une zone de transit où l’on rencontre des personnes de races, de cultures et de religions différentes. La Galilée devient ainsi le lieu symbolique de l’ouverture de l’Évangile à tous les peuples. De ce point de vue, la Galilée ressemble au monde d’aujourd’hui: présence simultanée de différentes cultures, nécessité de confrontation et nécessité de rencontre. Nous aussi nous sommes immergés chaque jour dans une « Galilée des nations », et dans ce type de contexte, nous pouvons nous effrayer et céder à la tentation de construire des enclos pour être plus en sécurité, plus protégés. Mais Jésus nous enseigne que la Bonne nouvelle qu’Il apporte n’est pas réservée à une partie de l’humanité, mais est à communiquer à tous. C’est une annonce joyeuse destinée à ceux qui l’attendent mais aussi à ceux qui, peut-être, n’attendent plus rien et n’ont pas même la force de chercher et de demander.

En partant de la Galilée, Jésus nous enseigne que personne n’est exclu du salut de Dieu, au contraire, que Dieu préfère partir de la périphérie, des laissés-pour-compte, pour rejoindre chacun. Il nous enseigne une méthode, sa méthode, qui exprime le contenu, à savoir la miséricorde du Père. « Tout chrétien et toute communauté chrétienne discernera quel est le chemin que le Seigneur lui demande, mais nous sommes tous appelés à accepter cet appel : sortir de son confort et avoir le courage de rejoindre toutes les périphéries qui ont besoin de la lumière de l’Évangile » (Evangelii gaudium, n. 20). Non seulement Jésus commence sa mission depuis un lieu excentré, mais aussi par des hommes que l’on dirait de « basse extraction », en quelque sorte. Pour choisir ses premiers disciples, et futurs apôtres, il ne s’adresse pas aux écoles des scribes et des docteurs de la Loi, mais aux personnes humbles, aux personnes simples, qui se préparent avec zèle à la venue du Royaume de Dieu. Jésus va les appeler là où ils travaillent, sur la rive du lac : ce sont des pêcheurs. Il les appelle et eux le suivent immédiatement. Ils laissent les filets et ils partent avec lui : leur vie deviendra une aventure extraordinaire et fascinante. François Angelus 26 janvier 2014 © Copyright 2013 - Libreria Editrice Vaticana Texte intégral: François - Angelus - 26 janvier 2014

SEPTEMBRE

INTENTION UNIVERSELLE – SEPTEMBRE

Pour qu’augmentent les possibilités de formation et de travail pour tous les jeunes.

Cette ville est la deuxième que je visite en Italie. C’est curieux, toutes les deux — la première et celle-ci — sont des îles. Dans la première, j’ai vu la souffrance de tant de personnes qui cherchent, en risquant leur vie, dignité, pain, santé, le monde des réfugiés. Et j’ai vu la réponse de cette ville, qui — tout en étant une île — n’a pas voulu s’isoler, et accueille celui-ci, le fait sien, et nous donne un exemple d’accueil : souffrance et réponse positive. Ici, dans cette deuxième ville-île que je visite, je trouve aussi de la souffrance. Une souffrance dont l’un de vous a dit qu’elle « t’affaiblit et finit par te voler l’espérance ». Une souffrance, le manque de travail, qui te conduit — excusez-moi si j’utilise des mots un peu forts, mais je dis la vérité —,

qui te conduit à te sentir sans dignité ! Et là où il n’y a pas de travail, manque la dignité ! Et ceci n’est pas seulement un problème de la Sardaigne — même s’il est grand ici ! — ce n’est pas un problème de l’Italie ou de certains pays d’Europe, c’est le résultat d’un choix mondial, d’un système économique qui conduit à cette tragédie ; un système économique qui a en son centre une idole, qui s’appelle l’argent. Dieu a voulu qu’au centre du monde il n’y ait pas une idole, mais l’homme, l’homme et la femme, qui fassent avancer le monde par leur travail. Mais maintenant, au centre de ce système sans éthique, il y a une idole, et le monde idolâtre à présent ce « dieu-argent ». C’est l’argent qui commande ! C’est l’argent qui commande ! Et toutes les choses qui sont à son service, au service de cette idole, commandent. Et que se passe-t-il ? Pour défendre cette idole, tout le monde se rassemble au centre et les extrémités tombent, les personnes âgées tombent parce qu’il n’y a pas de place pour elles dans ce monde ! Certains parlent de cette habitude d’« euthanasie cachée », de ne pas les soigner, de ne pas les prendre en compte... « Oui, laissons tomber... ». Et les jeunes qui ne trouvent pas de travail ni leur dignité, tombent. Mais pensez-y, dans un monde où les jeunes — deux générations de jeunes — ne trouvent pas de travail. Ce monde n’a pas d’avenir. Pourquoi ? Parce qu’ils n’ont pas de dignité ! C’est difficile d’avoir une dignité sans travailler. Voilà votre souffrance, ici. Voilà la prière que vous avez clamée : « Travail », « Travail », « Travail ». C’est une prière nécessaire. Travail veut dire dignité, travail veut dire rapporter le pain à la maison, travail veut dire aimer ! Pour défendre ce système économique idolâtre, on instaure la « culture du rebut »: on met au rebut les grands-parents et on met au rebut les jeunes. Et nous devons dire non à cette « culture du rebut ». Nous devons dire : « Nous voulons un système juste ! Un système qui nous fasse tous avancer ». Nous devons dire : « Nous ne voulons pas de ce système économique mondialisé, qui nous fait tant de mal ! ». Au centre il doit y avoir l’homme et la femme, comme Dieu le veut, et non pas l’argent ! J’avais écrit différentes choses pour vous, mais en vous regardant, ces paroles me sont venues. Je remettrai à l’évêque ces paroles écrites comme si elles avaient été dites. Mais j’ai préféré vous dire ce qui me venait du cœur en vous regardant en ce moment ! Regardez, c’est facile de dire : « Ne perdez pas l’espérance ». Mais à tous, à vous tous qui avez du travail et à vous qui n’avez pas de travail, je dis : « Ne vous laissez pas voler l’espérance ! Ne vous laissez pas voler l’espérance ! ». Peut-être l’espérance est-elle comme les braises sous la cendre ; aidons-nous par la solidarité, en soufflant sur les cendres pour que le feu naisse à nouveau. Mais l’espérance nous fait avancer. Ce n’est pas de l’optimisme, c’est une autre chose. Mais l’espérance n’est pas d’un seul, l’espérance, nous la faisons tous ! L’espérance, nous devons la soutenir entre tous, vous tous, et nous tous qui sommes loin. L’espérance est une chose qui est vôtre et nôtre. Elle

est à tous ! C’est pourquoi je vous dis : « Ne vous laissez pas voler l’espérance ! ». Mais soyons rusés, parce que le Seigneur nous dit que les idoles sont plus rusées que nous. Le Seigneur nous invite à avoir l’astuce du serpent, en même temps que la bonté de la colombe. Ayons cette astuce et appelons les choses par leur nom. En ce moment, au centre de notre système économique, du système mondialisé qu’on nous propose pour notre vie, au centre il y a une idole et on ne peut pas faire cela! Luttons tous ensemble pour qu’au centre, au moins de notre vie, il y ait l’homme et la femme, la famille, nous tous, afin que l’espérance puisse aller de l’avant... « Ne vous laissez pas voler l’espérance ! ». François RENCONTRE AVEC LE MONDE DU TRAVAIL 22 septembre 2013 © Copyright 2013 - Libreria Editrice Vaticana Texte intégral: François - RENCONTRE AVEC LE MONDE DU TRAVAIL - 22 septembre 2013 Voir aussi: François - AUDIENCE GÉNÉRALE - 1er mai 2013

COMMENTAIRE

Un monde nous est offert. En effet, l’édification d’un être humain conscient entraîne la responsabilité et constitue la tâche de tous et pour tous. Le Pape nous invite à développer les opportunités de formation et de travail pour tous les jeunes. L’anxiété latente qui affecte des millions de jeunes du monde entier, fruit de la désespérance à laquelle ils font face devant le peu de possibilités que l’avenir leur laisse pressentir, éteint la joie et le désir de regarder vers le futur avec des yeux pleins d’espoir. L’espérance ne doit pas être une possibilité, mais le principe et le fondement de l’éducation des générations présentes, dans la perspective d’un avenir certain. Enseigner à vivre, - ce qui va beaucoup plus loin que d’enseigner à concourir et à tirer à soi le droit qui correspond à chaque être humain -, doit être déjà le projet central de l’apprentissage des plus petits qui cherchent à se frayer un chemin dans la vie. Le soin réservé à ce principe doit aller au-delà de l’aspect juridique, lequel est exposé à des violations. Ce doit être un désir permanent qui nous pousse à convertir les plaintes en joies. L’espérance est une tâche humaine. C’est le vigoureux élan qui nous met debout et nous lance dans la vie. Cette responsabilité ne peut être une illusion, une promesse politique. Elle doit être un pacte d’alliance. Elle doit être ce respect qui se manifeste nécessairement comme un don de service, avant tout, de la part d’hommes et de femmes disponibles comme piliers de leadership pour tous. Nous sommes invités à nous arrêter maintenant pour examiner l’espérance laissée en dépôt par ceux-là qui ont fait don de leur vie et qui, à la fin de leurs jours, furent néanmoins mis à l’écart comme des rebuts. La justice et le droit réclament hautement la reconnaissance et l’indemnisation des personnes qui ont lutté en faveur des fils du temps présent. Nous sommes tous passés par les illusions de jeunesse. Reconnaissons-le, car c’est fondamental. L’illusion attendait déjà certaines personnes dès le berceau. D’autres durent migrer à la recherche d’une vie meilleure pour continuer à espérer et à maintenir vivante la flamme chez ceux qu’ils ont laissés derrière eux. Aujourd’hui aussi l’humanité continue de frayer son chemin. De nouveaux jeunes entreprennent leur recherche. L’offrande d’un endroit accueillant où ceux-ci pourront s’éduquer et travailler constitue la tâche de tout qui a déjà réalisé l’aventure de grandir. Nous sommes appelés à construire un monde d’opportunités pour tous. Une existence d’accumulation comme celle d’un riche épulon nous laisserait anticiper que la vie est passagère et que notre convoitise nous porte au-delà des besoins de chacun. Nous devons construire un monde différent, un monde où l’argent et les biens matériels ne nous possèdent pas, mais où nous sommes libres devant eux pour les partager avec autrui, un monde où ne prévaut pas la « conscience » égoïste et idolâtre de l’argent ou des choses qui substituent le principe éthico-moral et le droit de tous de

pouvoir vivre. En termes de progrès, nous sommes témoins des époques de plus grand mouvement en avant de toute l’histoire de l’humanité. Pouvons-nous en dire autant en termes de construction humaine? Il est impossible d’affirmer cela, alors que quelques-uns volent les espérances des générations futures en renfermant le dieu argent dans des caves énormes. La vie doit plus que jamais s’enraciner dans quelque chose de plus grand qu’il n’est possible de concevoir à l’échelle humaine. Dieu continue à se montrer et nous pouvons voir la vérité de plus en plus clairement. Faisons de cette vérité quelque chose de plus qu’une condition de possibilité. Le Pape nous invite à allumer la flamme de l’espérance. «L’espérance est comme la braise sous la cendre ; aidons-nous les uns les autres, solidairement, en soufflant sur la cendre pour que le feu reparte encore une fois». La pensée que nous sommes des êtres humains ayant accompli notre parcours ne nous permet pas de nous croire situés sur le haut de la création. Loin de là, cette prise de conscience nous appelle à prendre une part responsable à la construction d’un monde d’opportunités et de devoirs pour les jeunes d’aujourd’hui. P. Jesús María Lora, s.j. Ancien Directeur MEJ en République Dominicaine

INTENTION POUR L'ÉVANGÉLISATION - SEPTEMBRE

Pour que les catéchistes soient dans leur propre vie des témoins cohérents de la foi qu’ils annoncent.

Il me plaît qu’il y ait, durant l’Année de la foi, cette rencontre pour vous : la catéchèse est un pilier pour l’éducation de la foi, et nous voulons de bons catéchistes ! Merci de ce service à l’Église et dans l’Église. Même si parfois ça peut être difficile, si on travaille beaucoup, si on s’engage et qu’on ne voit pas les résultats voulus, éduquer dans la foi c’est beau ! C’est peut-être le meilleur héritage que nous pouvons donner : la foi ! Éduquer dans la foi pour qu’elle grandisse. Aider les enfants, les jeunes, les adultes à connaître et à aimer toujours plus le Seigneur est une des plus belles aventures éducatives, on construit l’Église ! “Être” catéchiste ! Non pas travailler comme catéchistes : cela ne va pas ! Je travaille comme catéchiste parce que j’aime enseigner…

Mais si tu n’es pas catéchiste cela ne va pas ! Tu ne seras pas fécond, tu ne seras pas fécond ! Catéchiste c’est une vocation : “être catéchiste”, c’est cela la vocation, non travailler comme catéchiste. Attention, je n’ai pas dit “faire” le catéchiste, mais “l’être”, parce que cela engage la vie. On conduit à la rencontre avec Jésus par les paroles et par la vie, par le témoignage. Rappelez-vous ce que Benoît XVI nous a dit : « L’Église ne grandit pas par le prosélytisme. Elle grandit par attraction ». Et ce qui attire, c’est le témoignage. Être catéchiste signifie donner le témoignage de la foi ; être cohérent dans sa vie. Et ce n’est pas facile. Ce n’est pas facile ! Nous aidons, nous conduisons à la rencontre avec Jésus par les paroles et par la vie, par le témoignage. J’aime rappeler ce que saint François d’Assise disait à ses frères : « Prêchez toujours l’Évangile, et, si c’est nécessaire aussi par les paroles ». Les paroles viennent… mais d’abord le témoignage : que les gens voient l’Évangile dans notre vie, qu’ils puissent lire l’Évangile. Et “être” catéchiste demande de l’amour, un amour toujours plus fort pour le Christ, un amour pour son peuple saint. Et cet amour ne s’achète pas dans les commerces, il ne s’achète pas non plus ici à Rome. Cet amour vient du Christ ! C’est un cadeau du Christ ! C’est un cadeau du Christ ! Et s’il vient du Christ, il part du Christ et nous devons repartir du Christ, de cet amour que Lui nous donne.

Que signifie ce repartir du Christ pour un catéchiste, pour vous, pour moi aussi, parce que moi aussi je suis catéchiste ? Qu’est-ce-que cela signifie ? François DISCOURS AUX CATÉCHISTES EN PÈLERINAGE À ROME À L'OCCASION DE L'ANNÉE DE LA FOI ET DU CONGRÈS INTERNATIONAL DES CATÉCHISTES 27 septembre 2013 © Copyright 2013 - Libreria Editrice Vaticana Texte intégral: François - DISCOURS AUX CATÉCHISTES EN PÈLERINAGE À ROME À L'OCCASION DE L'ANNÉE DE LA FOI ET DU CONGRÈS INTERNATIONAL DES CATÉCHISTES - 27 septembre 2013

COMMENTAIRE

Dans cette intention, nous prions pour que les agents de la catéchèse vivent en accord avec ce qu’ils enseignent. Mais la catéchèse, qu’est-ce que c’est vraiment? Consultons de près deux documents ecclésiaux de base sur ce sujet : le Directoire général pour la catéchèse (1971) et l’encyclique de notre Saint-Père Jean-Paul II Catechesi Tradendae. Nous y lisons que la catéchèse - une des tâches ecclésiales primordiales - est l’ensemble total des efforts faits dans l’Eglise pour accomplir la mission confiée par le Christ ressuscité aux Apôtres : « Allez donc, et faites des disciples de toutes les nations, leur apprenant à observer tout ce que je vous ai prescrit. » (cf. Mt 28,19). La finalité ultime de la catéchèse est de mettre chacun des catéchisés en contact, en communion, en intimité avec Jésus-Christ. Elle se propose de faire mûrir opportunément la première adhésion de chaque chrétien au Seigneur, réalisée soit en son baptême dans l’enfance, soit à partir de sa conversion à l’âge adulte. Elle prétend aider à ce que la personne approfondisse la connaissance de ce Jésus, entre les mains duquel elle s’est mise; des exigences et des promesses contenues dans son message évangélique; et des sentiers qu’Il a tracés pour Le suivre. La catéchèse ne saurait être réduite à la simple instruction, car elle doit acquérir le caractère d’une formation intégrale. Ainsi est-il fondamental, pour une catéchèse vivante et efficace, qu’elle prépare et forme des catéchistes dotés d’une foi profonde, qui s’exprime par la suite dans leur vie entière. Il ne s’agit pas simplement des "méthodes" appliquées. Ici, l’âme de toute méthode consiste en une spiritualité solide, un témoignage transparent de vie chrétienne. C’est avec raison que nous affirmons que "nul ne donne ce qu’il n’a pas", et que " l’on éduque davantage par ce que l’on est que par ce que l’on dit". Par conséquent, le catéchiste doit s’efforcer de faire en sorte que sa formation culturelle, sa condition sociale et son style de vie ne fassent pas obstacle au cheminement de la foi. Il doit s’inspirer de la façon de procéder de Jésus. La force persuasive de Jésus, vraiment unique, s’explique du fait que ses paroles étaient toujours unies à sa vie. Toute celle-ci fut un enseignement continu. C’est seulement en union intime avec Jésus que les catéchistes trouveront la lumière et la force nécessaires pour une catéchèse authentique. La croissance dans la foi et la maturation dans la vie chrétienne sont l’œuvre du Saint-Esprit. C’est pourquoi le catéchiste doit prendre conscience du fait qu’il agit comme son instrument vivant et docile. D’autre part, la Vierge Marie exerce un rôle particulier dans le dynamisme de la catéchèse. En raison d’une vocation singulière, elle vit que son Fils Jésus «croissait en sagesse, en taille et en grâce » (cf. Lc 2,52). Il fut formé par sa Mère dans l’adoration du Père du ciel, dans la connaissance humaine des Ecritures et du plan de Dieu pour son peuple. Il en fut ainsi depuis le sein maternel, puis en l’écoutant tout au long de sa vie cachée à Nazareth. De plus, elle fut la première disciple de son Fils car nul n’a été instruit par Dieu aussi profondément. En vérité, Marie fut un catéchisme vivant. P. Javier García Ruiz de Medina, s.j. Secrétaire national AP Espagne

OCTOBRE

INTENTION UNIVERSELLE - OCTOBRE

Pour que soit éradiquée la traite des personnes, forme moderne d’esclavage

Je désire aujourd’hui aborder une question qui me préoccupe beaucoup et qui menace actuellement la dignité des personnes : la traite des êtres humains. Il s’agit d’une véritable forme d’esclavage, malheureusement toujours plus répandue, qui concerne tous les pays, y compris les plus développés, et qui touche les personnes les plus vulnérables de la société : les femmes et les jeunes filles, les enfants, les personnes handicapées, les plus pauvres, celles qui sont dans des situations de décomposition familiale et sociale. Nous, les chrétiens, nous reconnaissons de manière particulière, dans ces personnes, le visage de Jésus Christ qui s’est identifié aux plus pauvres et aux plus nécessiteux. D’autres, qui ne se réfèrent pas à une foi religieuse, partagent au

nom de l’humanité commune la compassion pour leurs souffrances, et s’engagent pour les libérer et soulager leurs blessures. Ensemble nous pouvons et nous devons nous engager pour qu’elles soient libérées, et pour que l’on puisse mettre fin à cet horrible commerce. On parle de millions de victimes du travail forcé, de la traite des personnes à des fins de main d’œuvre et d’exploitation sexuelle. Tout cela ne peut pas durer : c’est une grave violation des droits humains des victimes et une offense à leur dignité, en plus d’une défaite pour la communauté mondiale. Toutes les personnes de bonne volonté, qu’elles professent une religion ou non, ne peuvent pas permettre que ces femmes, ces hommes, ces enfants, soient traités comme des objets, trompés, violentés, vendus souvent plusieurs fois à des fins diverses, et finalement tués ou, de toute manière détruits physiquement ou mentalement pour finir exclus et abandonnés. C’est une honte. La traite des personnes est un crime contre l’humanité. Nous devons unir nos forces pour libérer les victimes et pour arrêter ce crime toujours plus agressif, qui menace, outre les personnes individuelles, les valeurs fondatrices de la société, et aussi la sécurité et la justice internationales, mais également l’économie, le tissu familial et la vie en société elle-même. De plus, une prise de responsabilité commune ainsi qu’une volonté politique plus décidée sont nécessaires pour réussir à vaincre sur ce front ; responsabilité envers tous ceux qui sont tombés victimes de la traite, pour en protéger les droits, pour assurer leur sécurité et celle de leurs familles, pour empêcher que les corrompus et les criminels se soustraient à la justice et aient le dernier mot sur les personnes. Une intervention législative adéquate dans les pays de provenance, de transit et d’arrivée, visant aussi à faciliter la régulation des migrations, peut réduire le problème. Les gouvernements et la communauté internationale, à qui il revient en premier lieu de prévenir et d’empêcher un tel phénomène, n’ont pas manqué de prendre des mesures à différents niveaux pour le bloquer et pour protéger et assister les victimes de ce crime, souvent lié au commerce de la drogue, des armes, au transport des migrants irréguliers, à la mafia. Malheureusement, on ne peut pas nier que parfois des opérateurs publics et des membres de contingents engagés dans des missions de paix, ont été aussi contaminés. Mais pour obtenir de bons résultats, il faut que l’action d’opposition porte aussi au niveau culturel et à celui de la communication. Et sur ce plan il y a besoin d’un profond examen de conscience : combien de fois en effet, tolérons-nous qu’un être humain soit considéré comme un objet, exposé pour vendre un produit ou pour satisfaire des désirs immoraux ? La personne humaine ne devrait jamais se vendre ou s’acheter comme une marchandise. Celui qui l’utilise et l’exploite, même indirectement, se rend complice de ce mépris.

Madame et Messieurs les Ambassadeurs, j’ai voulu partager avec vous ces réflexions sur une plaie sociale de notre temps, parce que je crois dans la valeur et dans la force d’un engagement concerté pour la combattre. J’exhorte par conséquent la communauté internationale à rendre encore plus unanime et efficace la stratégie contre la traite des personnes, afin que, partout dans le monde, les hommes et les femmes ne soient jamais utilisés comme moyens, mais soient toujours respectés dans leur inviolable dignité. FRANÇOIS DISCOURS À UN GROUPE DE NOUVEAUX AMBASSADEURS À L'OCCASION DE LA PRÉSENTATION DES LETTRES DE CRÉANCE 12 décembre 2013 © Copyright 2013 - Libreria Editrice Vaticana Texte intégral: FRANÇOIS - DISCOURS À UN GROUPE DE NOUVEAUX AMBASSADEURS À L'OCCASION DE LA PRÉSENTATION DES LETTRES DE CRÉANCE - 12 décembre 2013 

 

COMMENTAIRE

Le pape François a dit que la traite des personnes est une «activité vile, une honte pour nos sociétés qui se disent civilisées! Exploiteurs et clients à tous les niveaux devraient faire un sérieux examen de conscience devant eux-mêmes et devant Dieu». C’est pourquoi, a-t-il ajouté, «l’Eglise renouvelle aujourd’hui son vigoureux appel pour que la dignité et la centralité de chaque personne soient toujours sous tutelle, dans le respect des droits fondamentaux». ( Audience aux participants à l’Assemblée plénière du Conseil pontifical de la pastorale pour les immigrants et les itinérants, 24 mai 2013.)

Pourquoi le thème de la traite des personnes préoccupe-t-il tant le Pape ? Pourquoi en a-t-il parlé à de nombreuses occasions et utilise-t-il des expressions si fortes, en l’appelant «un crime contre l’humanité», «une plaie sociale de notre temps», en plus des citations éloquentes que nous lisons dans ce paragraphe de notre revue ? Les raisons ne manquent pas. Les chiffres de cet esclavage moderne donnent le frisson : • Selon le rapport annuel du Département d’Etat des Etats-Unis sur le trafic de personnes, ("Trafficking

in persons report" TIP, 2012), les adultes et les enfants soumis aux travaux forcés ou à la prostitution forcée représentent dans le monde environ 20,9 millions de personnes.

• Il génère aux alentours de 32 milliards de dollars par an, soit autant que le trafic d’armes. • 98 % des victimes du trafic sexuel sont des femmes ou des filles. Qu’est-ce que le trafic humain, aussi appelé traite des personnes ? L’expression "traite des êtres humains" désigne "le recrutement, le transport, le transfert, l’hébergement

ou l’accueil de personnes, par la menace (de recours) ou le recours à la force ou à d’autres formes de contrainte, par enlèvement, fraude, tromperie, abus d’autorité ou d’une situation de vulnérabilité, ou par l’offre ou l’acceptation de paiements ou d’avantages pour obtenir le consentement d’une personne ayant autorité sur une autre aux fins d’exploitation » (définition des Nations Unies, Convention de Palerme).

Il existe trois types de trafic des personnes : • Pour l’exploitation sexuelle (79%) • Pour des travaux forcés (18%) • Pour l’extraction d’organes (3%)

Voici un témoignage, parmi les milliers que l’on pourrait citer :

Son nom est Krina, elle a 24 ans et beaucoup de rêves, bien que son visage soit marqué par la souffrance. Elle est roumaine, d’une famille issue du monde populaire. Elle est à peine allée à l’école parce qu’elle devait travailler. On l’a mariée à 14 ans et le mariage échoua. Ensuite, avec un autre partenaire, elle s’est enfoncée dans l’enfer des mauvais traitements et elle s’est habituée à être humiliée et brimée. Que pouvait-elle attendre de la vie ? Un jour, alors qu’elle était encore mineure, un homme s’approcha d’elle en lui offrant du travail à l’étranger. Elle accepta pour s’échapper. Pendant 5 ans, elle fut vendue et achetée par des commerçants de femmes. Son corps porte encore les marques des tentatives de fuite et de suicide.

Le Pape nous appelle à nous engager dans la lutte pour l’éradication de ce mal et pour aider à rétablir la

dignité de ceux qui ont été violemment dépouillés de leur droit au bonheur. Que pouvons-nous faire pour contrecarrer le trafic des personnes ? Trois choses. • Aider à prendre conscience de ces faits, éduquer la société, parler du thème, spécialement au personnel

de santé et à la police. • Accueillir, protéger et accompagner les victimes, si nous en avons l’occasion. • Advocacy : influencer la société de sorte qu’elle change les lois et les fasse appliquer. L’Apostolat de la Prière s’engage auprès du Pape à œuvrer avec lui en harmonie avec cette grande

préoccupation de son cœur. Claudio Barriga, s.j. Ancien Directeur Général Délégué de l’AP/MEJ à Rome

INTENTION POUR L'ÉVANGÉLISATION – OCTOBRE

Pour que, dans esprit missionnaire, les communautés chrétiennes du continent asiatique annoncent l’Evangile à tous ceux qui l’attendent encore.

À travers cette conférence, j’espère que vous pourrez faire à nouveau l’expérience de la présence aimante de Jésus dans votre vie, aimer davantage l’Église et partager l’Évangile avec toutes les personnes dans l’humilité et la joie. Ne vous lassez jamais d’apporter la miséricorde du Seigneur aux pauvres, aux malades, aux laissés-pour-compte, aux jeunes et aux familles. Faites connaître Jésus dans le monde de la politique, des affaires, des arts, de la science, de la technologie et des moyens de communication sociale. Faites que l’Esprit Saint renouvelle la création et apporte la justice et la paix aux Philippines et sur le grand continent asiatique, qui est proche de mon cœur.

FRANÇOIS VIDEOMENSAJE A LA PRIMERA CONFERENCIA FILIPINA SOBRE LA NUEVA EVANGELIZACIÓN 18 de octubre de 2013 © Copyright 2013 - Libreria Editrice Vaticana

Texte intégral: FRANÇOIS - VIDEOMENSAJE A LA PRIMERA CONFERENCIA FILIPINA SOBRE LA NUEVA EVANGELIZACIÓN - 18 de octubre de 2013

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21. La joie de l’Évangile qui remplit la vie de la communauté des disciples est une joie missionnaire. Les soixante-dix disciples en font l’expérience, eux qui reviennent de la mission pleins de joie (cf. Lc 10, 17). Jésus la vit, lui qui exulte de joie dans l’Esprit Saint et loue le Père parce que sa révélation rejoint les pauvres et les plus petits (cf. Lc 10, 21). Les premiers qui se convertissent la ressentent, remplis d’admiration, en écoutant la prédication des Apôtres « chacun dans sa propre langue » (Ac 2, 6) à la Pentecôte. Cette joie est un signe que l’Évangile a été annoncé et donne du fruit. Mais elle a toujours la dynamique de l’exode et du don, du fait de sortir de soi, de marcher et de semer toujours de nouveau, toujours plus loin. Le Seigneur dit : « Allons ailleurs, dans les bourgs voisins, afin que j’y prêche aussi, car c’est pour cela que je suis sorti » (Mc 1, 38). Quand la semence a été semée en un lieu, il ne s’attarde pas là pour expliquer davantage ou pour faire d’autres signes, au contraire l’Esprit le conduit à partir vers d’autres villages. 22. La parole a en soi un potentiel que nous ne pouvons pas prévoir. L’Évangile parle d’une semence qui, une fois semée, croît d’elle-même, y compris quand l’agriculteur dort (cf. Mc 4, 26-29). L’Église doit accepter cette liberté insaisissable de la Parole, qui est efficace à sa manière, et sous des formes très diverses, telles qu’en nous échappant elledépasse souvent nos prévisionset bouleversenos schémas. 23. L’intimité de l’Église avec Jésus est une intimité itinérante, et la communion « se présente essentiellement comme communion missionnaire ».[20] Fidèle au modèle du maître, il est vital qu’aujourd’hui l’Église sorte pour annoncer l’Évangile à tous, en tous lieux, en toutes occasions, sans hésitation, sans répulsion et sans peur. La joie de l’Évangile est pour tout le peuple, personne ne peut en être exclu. C’est ainsi que l’ange l’annonce aux pasteurs de Bethléem : « Soyez sans crainte, car voici que je vous annonce une grande joie qui sera celle de tout le peuple » (Lc 2, 10). L’Apocalypse parle d’« une Bonne Nouvelle éternelle à annoncer à ceux qui demeurent sur la terre, à toute nation, race, langue et peuple » (Ap 14, 6). François EXHORTATION APOSTOLIQUE "EVANGELII GAUDIUM" 24 novembre 2013 © Copyright 2013 - Libreria Editrice Vaticana Texte intégral: François - EXHORTATION APOSTOLIQUE "EVANGELII GAUDIUM" - 24 novembre 2013

COMMENTAIRE

L’Asie est considérée comme un creuset, un espace de convergence de différentes nationalités, de cultures, de religions et de principes sociaux et politiques. Elle pourrait être comparée à une ‘cuve de brassage’, selon l’expression empruntée à la terminologie culinaire et qui se réfère, en effet, à la création d’un ensemble nouveau après mixage fusionnel d’éléments auparavant distincts. Voilà comment l’Asie peut être désormais décrite en son ère moderne. Nous pouvons aussi dépeindre cet ensemble résultant d’un mélange en observant le public d’un de ses trains de banlieue. La scène nous montre, par exemple, un groupe de voyageurs, composé d’hommes et de femmes bien différents les uns des autres: un homme en complet-veston qui se rend évidemment à son travail; une femme ayant fiché dans ses cheveux une paire de lunettes solaires et jeté par dessus l’épaule un sac à la mode; une équipe de jeunes gens porteurs d’énormes écouteurs, fredonnant et hochant la tête en cadence; une autre petite bande silencieuse, les yeux rivés chacun sur son portable; un homme âgé qui traîne un gros sac rempli de bouteilles en plastique

vides et de vieux journaux, dans l’intention probable de vendre ce bric-à-brac dans un marché aux puces; il y a aussi une vieille dame dans un fauteuil roulant, assistée par un aide-soignant apparemment d’origine étrangère; un jeune garçon apprêté pour l’école et dont le cartable plus grand que lui-même est transporté par un aide de maison visiblement venu d’ailleurs; et les autres, dont l’apparence, les préoccupations et les professions mettent en lumière le caractère cosmopolite de l’Asie que nous connaissons. Dans un article Internet sur AsiaNews.it, le cardinal Luis Antonio Tagle de Manille, - au cours de la préparation de la Conférence des Philippines sur la Nouvelle évangélisation, - mentionnait que la réunion allait "conduire les délégués asiatiques vers la découverte et le rajeunissement de leur foi, et par suite vers le maintien de la mission ecclésiale de la nouvelle évangélisation dans l’harmonie avec les temps modernes." Le prélat ajoutait ceci: "La Nouvelle évangélisation n’est pas seulement basée sur de simples stratégies. Celles-ci se basent sur une expérience renouvelée de Jésus." L’expérience renouvelée de Jésus nous rappelle deux récits de l’Evangile selon Jean. Il s’agit en premier lieu de l’invitation que Jésus fait à ses futurs disciples de "venir voir" en réponse à leur question sur l’endroit de vie de Jésus (Jn 1, 38-39). Vient ensuite le récit de l’entretien de Jésus avec la Samaritaine près du puits de Jacob (Jn 4, 3-42). Chacun des deux épisodes rapporte un dialogue, une rencontre de cœur et d’esprit au travers de situations communes et d’indifférences. Invitons les personnes à connaître l’endroit où Jésus demeure et à partager l’histoire de Jésus à partir des Ecritures et des expressions de foi. "Venez et voyez" : cela veut dire que nous autres chrétiens devons être ouverts aux questionnements, à la curiosité, aux doutes, aux hésitations et à l’incrédulité d’autrui. Mais ce qui importe le plus, comme il a été dit plus haut, c’est notre "expérience renouvelée de Jésus." En tant que disciples du Christ, nous devons nous efforcer, dans l’échange, de rencontrer sans cesse notre Seigneur, qui est toujours vivant et toujours présent. Cherchons constamment à approfondir notre connaissance des Ecritures par la lecture, l’étude et l’échange. Poussons plus loin et cherchons à discerner les voies et moyens d’appliquer cette Parole de Dieu dans notre vie quotidienne. Rendus forts dans la foi, partageons alors notre expérience de Jésus avec les autres. Parler de lui et marcher avec lui. . Et puis, rapprochons les autres de Jésus. Les moyens de ce faire sont nombreux. Nous pouvons partager Jésus avec les autres sur le plan spirituel à travers les médias. Nous pouvons accepter de nous servir des technologies disponibles comme de nos instruments et nos alliés dans l’évangélisation. Jamais encore dans l’histoire de l’humanité nous n’avons fait l’expérience d’une telle vitesse dans l’échange de l’information. Jésus devrait toujours "donner le ton" de nos conversations. Sur le plan pastoral, notre présence aux autres, spécialement en ce qui concerne nos frères et nos sœurs en détresse, ne devrait jamais prendre de l’âge. Visitons les hôpitaux, les orphelinats, les régions sinistrées, les prisons et autres endroits comparables. Jésus ne s’est pas contenté d’envoyer ses disciples en Samarie: Il a personnellement rencontré et puis changé la vie d’une femme qui était en recherche et dont il a fait une croyante. Jésus a su comprendre avec compassion cette femme qui n’a jamais pu orienter sa vie avec les hommes qu’elle avait connus. Elle lutté au début pour faire confiance de nouveau un homme, cet Homme qu’elle rencontrait pour la première fois, jusqu’à finalement réaliser que Jésus avait le pouvoir de renouveler entièrement son existence en la comblant de l’"eau de vie" qu’Il lui offre. Prions pour l’évangélisation; partageons l’histoire de Jésus et assurons sa présence auprès de nos frères et de nos sœurs en Asie. P. Alfredo Rollon, SVD Directeur national de l’AP Hong Kong

NOVEMBRE

INTENTION UNIVERSELLE – NOVEMBRE Pour que nous sachions nous ouvrir à la rencontre personnelle et au dialogue avec tous, même avec ceux qui ont des convictions différentes des nôtres.

Il est bon de rappeler la parole du Concile Vatican II : Les joies et les espérances, les tristesses et les angoisses des hommes de notre temps, surtout des pauvres et de ceux qui souffrent, sont à leur tour, joies et espérances, tristesses et angoisses des disciples du Christ (cf. Const. Gaudium et spes, n. 1). C’est là que se trouve la base du dialogue avec le monde actuel. La réponse aux questions existentielles de l’homme d’aujourd’hui, spécialement des nouvelles générations, en prêtant attention à leur langage, comporte un changement fécond qu’il faut parcourir avec l’aide de l’Évangile, du Magistère et de la Doctrine sociale de l’Église. Les

paysages et les aréopages sont les plus variés. Par exemple, dans une même ville, existent différents imaginaires collectifs qui configurent "différentes villes". Si nous restons seulement dans les paramètres de "la culture de toujours", au fond une culture de base rurale, le résultat sera finalement l’annulation de la force de l’Esprit Saint. Dieu est partie : il faut savoir le découvrir pour pouvoir l’annoncer dans les idiomes de chaque culture ; et chaque réalité, chaque langue, a un rythme différent. François RENCONTRE AUX ÉVÊQUES RESPONSABLES DU CONSEIL ÉPISCOPAL LATINO-AMÉRICAIN (C.E.L.A.M.) À L'OCCASION DE LA RÉUNION GÉNÉRALE DE COORDINATION 28 juillet 2013 © Copyright 2013 - Libreria Editrice Vaticana Texte intégral: François - RENCONTRE AUX ÉVÊQUES RESPONSABLES DU CONSEIL ÉPISCOPAL LATINO-AMÉRICAIN (C.E.L.A.M.) À L'OCCASION DE LA RÉUNION GÉNÉRALE DE COORDINATION - 28 juillet 2013

 

COMMENTAIRE

Le dialogue se noue à travers l’humilité, même au prix d’« avaler des couleuvres », parce qu’il ne faut pas laisser grandir dans notre cœur « des murs » de ressentiment et de haine. Ce sont les mots du Pape François lors de la Messe célébrée en la mémoire liturgique de saint François de Sales. Le point de départ de l’homélie a été le passage du premier livre de Samuel (24, 3-21), qui raconte la confrontation entre Saul et David. « Hier — a rappelé le Pape — nous avons entendu la parole de Dieu » qui nous faisait voir ce que fait la jalousie, ce que fait l’envie dans les familles, dans les communautés chrétiennes ». Ce sont des attitudes négatives qui « conduisent toujours à de nombreuses disputes, aux divisions. Voire à la haine ». Et « cette histoire nous l’avons vue dans le cœur de Saul contre David : il éprouvait cette jalousie » au point « qu’il voulait le tuer ». Mais « aujourd’hui — a-t-il poursuivi — la parole de Dieu nous fait voir une

autre attitude : celle de David ». Qui « savait très bien » qu’il était « en danger ; il savait que le roi voulait le tuer. Et il s’est trouvé dans la situation de pouvoir tuer le roi : et cela aurait été la fin de l’histoire ». Pourtant « il a choisi une autre voie » ; il a préféré « la voie du rapprochement, pour éclaircir la situation, s’expliquer. La voie du dialogue pour faire la paix ». En revanche le roi Saul « ruminait dans son cœur cette amertume », il insultait « David parce qu’il croyait qu’il était son ennemi. Et celle-ci grandissait dans son cœur ». Malheureusement, a affirmé le Pape, « ces pensées grandissent toujours lorsque nous les écoutons, à l’intérieur de nous. Et elles forment un mur qui nous éloigne de l’autre personne ». Ainsi finissons-nous par rester « isolés dans ce bouillon amer de notre ressentiment ». « Humilité, douceur et se faire tout pour tous » sont les trois éléments de base du dialogue. Mais — a précisé le Saint-Père — même si « ce n’est pas écrit dans la Bible, nous savons tous que pour faire ces choses-là, il faut avaler beaucoup de couleuvres : nous devons le faire parce que c’est ainsi qu’on fait la paix ! ». On fait la paix « avec l’humilité, l’humiliation ». Il faut la disponibilité à reconnaître face à l’autre : « Écoute, excuse-moi, moi j’ai cru cela... ». La juste attitude est « s’humilier : il est toujours bon de faire le pont, toujours, toujours ! ». Tel est le style de qui veut « être chrétien » ; même si, a admis le Pape, « Ce n’est pas facile, pas facile ! ». Le Pape a ensuite suggéré un autre conseil pratique : pour ouvrir le dialogue « il est nécessaire que ne passe pas trop de temps ». Les problèmes, en effet, doivent être affrontés « le plus tôt possible, au moment où on peut le faire dès qu’est passée la tourmente ». Il faut immédiatement « s’approcher du dialogue, parce que le temps fait grandir le mur », précisément « comme il fait grandir la mauvaise herbe qui empêche au blé de pousser ». Et, a-t-il mis en garde, « quand les murs grandissent, la réconciliation est très difficile ». L’Évêque de Rome a fait référence au mur de Berlin qui pendant des années a été un élément de division. Et il a noté que « dans notre cœur aussi » il y a la possibilité de devenir comme Berlin, avec un mur élevé vers les autres. D’où l’invitation à « ne pas laisser passer trop de temps » et « à chercher la paix le plus tôt possible ». François MÉDITATION MATINALE EN LA CHAPELLE DE LA MAISON SAINTE-MARTHE 24 janvier 2014 © Copyright 2013 - Libreria Editrice Vaticana

INTENTION POUR L'ÉVANGÉLISATION - NOVEMBRE

Pour que les pasteurs de l’Eglise, avec un profond amour pour leurs troupeaux, accompagnent leur chemin et gardent vivante leur espérance.

Je voudrais conclure en disant également une parole sur l’un des points importants de votre service comme représentants pontificaux, tout au moins pour la très grande majorité : la collaboration aux nominations épiscopales. Vous connaissez la célèbre expression qui indique un critère fondamental dans le choix de celui qui doit gouverner : si santus est oret pro nobis, si doctus est doceat nos, si prudens est regat nos — s’il est saint qu’il prie pour nous, s’il est érudit, qu’il nous instruise, s’il est prudent qu’il nous gouverne. Dans la tâche délicate de mener l’enquête pour les nominations épiscopales, soyez attentifs à ce que les candidats soient des pasteurs proches des gens : cela est le premier critère. Des pasteurs

proche des gens. C’est un grand théologien, c’est une grosse tête : qu’il aille à l’université où il fera beaucoup de bien ! Des pasteurs ! Nous en avons besoin ! Qu’ils soient des pères et des frères, qu’ils soient

doux, patients et miséricordieux ; qu’ils aiment la pauvreté, intérieure comme liberté pour le Seigneur mais également extérieure comme simplicité et austérité de vie, qu’ils n’aient pas une psychologie de « princes ». Soyez attentifs à ce qu’ils ne soient pas ambitieux, qu’ils ne recherchent pas l’épiscopat. On dit que lors d’une première audience du bienheureux Jean-Paul IIavec le cardinal-préfet de la Congrégation pour les évêques, celui-ci lui a posé une question sur le critère de choix des candidats à l’épiscopat et le Pape avec sa voix particulière « Le premier critère : volentes nolumus ». Ceux qui recherchent l’épiscopat... Non, ça ne va pas. Et qu’ils soient les époux d’une Église, sans être à la recherche constante d’une autre. Qu’ils soient capables de « surveiller » le troupeau qui leur sera confié, c’est-à-dire de prendre soin de tout ce qui le garde uni, de « veiller » sur lui, de faire attention aux dangers qui le menacent, mais surtout, qu’ils soient capables de « veiller » pour le troupeau, de monter la garde, de nourrir l’espérance qu’il y ait du soleil et de la lumière dans les cœurs, de soutenir avec amour et patience les desseins que Dieu réalise dans son peuple. Pensons à la figure de saint Joseph qui veille sur Marie et Jésus, à ses soins pour la famille que Dieu lui a confiée, et au regard attentif avec lequel il la guide pour éviter les dangers. Pour cela, que les pasteurs sachent être devant le troupeau pour indiquer la voie, au milieu du troupeau pour le maintenir uni, derrière le troupeau pour éviter que quelqu’un ne reste en arrière, et afin que le troupeau lui-même ait, pour ainsi dire, l’instinct de retrouver la route. Le pasteur doit se mouvoir ainsi ! François DISCOURS AUX PARTICIPANTS AUX JOURNÉES DES REPRÉSENTANTS PONTIFICAUX 21 juin 2013 © Copyright 2013 - Libreria Editrice Vaticana Texte intégral: François - DISCOURS AUX PARTICIPANTS AUX JOURNÉES DES REPRÉSENTANTS PONTIFICAUX - 21 juin 2013

COMMENTAIRE

Aparecida a proposé comme nécessaire la Conversion pastorale. Cette conversion implique de croire dans la Bonne Nouvelle, croire en Jésus Christ porteur du Royaume de Dieu, dans son irruption dans le monde, dans sa présence victorieuse sur le mal, croire dans l’assistance et la conduite de l’Esprit Saint, croire dans l’Église, Corps du Christ et celle qui prolonge le dynamisme de l’Incarnation. En ce sens, il est nécessaire, comme pasteurs, que nous soulevions les interrogations qui font référence aux Églises que nous présidons. Ces questions servent de guide pour examiner l’état des Diocèses dans l’acceptation de l’esprit d’Aparecida, et sont des questions qu’il convient que nous nous posions fréquemment comme examen de conscience. 1. Faisons-nous en sorte que notre travail et celui de nos prêtres soit plus pastoral qu’administratif ? Qui est le principal bénéficiaire du travail ecclésial, l’Église comme organisation ou le Peuple de Dieu dans sa totalité ? 2. Dépassons-nous la tentation d’accorder une attention réactive aux problèmes complexes qui surgissent ? Créons-nous une habitude pro-active ? Promouvons-nous des lieux et des occasions pour manifester la miséricorde de Dieu ? Sommes-nous conscients de la responsabilité de reconsidérer les activités pastorales et le fonctionnement des structures ecclésiales, en cherchant le bien des fidèles et de la société ? 3. Dans la pratique, rendons-nous participants de la Mission les fidèles laïcs ? Offrons-nous la Parole de Dieu et les sacrements avec la claire conscience et la conviction que l’Esprit se manifeste en eux ? 4. Le discernement pastoral est-il un critère habituel, en nous servant des Conseils diocésains ? Ces Conseils et les Conseils paroissiaux de Pastorale et des Affaires économiques sont-ils des lieux réels pour la participation des laïcs dans la consultation, l’organisation et la planification pastorales ? Le bon fonctionnement des Conseils est déterminant. Je crois que nous sommes très en retard en cela. 5. Nous, Pasteurs, Évêques et Prêtres, avons-nous la conscience et la conviction de la mission des fidèles et leur donnons-nous la liberté pour qu’ils discernent, conformément à leur chemin de disciples, la mission

que le Seigneur leur confie ? Les soutenons-nous et les accompagnons-nous, en dépassant toute tentation de manipulation ou de soumission indue ? Sommes-nous toujours ouverts à nous laisser interpeller dans la recherche du bien de l’Église et de sa Mission dans le monde ? 6. Les agents pastoraux et les fidèles en général se sentent-ils partie de l’Église, s’identifient-ils avec elle et la rendent-ils proche aux baptisés distants et éloignés ? Comme on peut le comprendre, ici sont en jeu des attitudes. La conversion pastorale concerne principalement les attitudes et une réforme de vie. Un changement d’attitude est forcément dynamique : « on entre dans un processus » et on peut seulement le canaliser en l’accompagnant et en discernant. Il est important d’avoir toujours présent à l’esprit que la boussole pour ne pas se perdre sur ce chemin est celle de l’identité catholique comprise comme appartenance ecclésiale. François RENCONTRE AUX ÉVÊQUES RESPONSABLES DU CONSEIL ÉPISCOPAL LATINO-AMÉRICAIN (C.E.L.A.M.) À L'OCCASION DE LA RÉUNION GÉNÉRALE DE COORDINATION 28 juillet 2013 © Copyright 2013 - Libreria Editrice Vaticana Texte intégral: François - RENCONTRE AUX ÉVÊQUES RESPONSABLES DU CONSEIL ÉPISCOPAL LATINO-AMÉRICAIN (C.E.L.A.M.) À L'OCCASION DE LA RÉUNION GÉNÉRALE DE COORDINATION - 28 juillet 2013