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Cahiers de nutrition et de diététique (2011) 46, 199—205 MÉDECINE ET NUTRITION Prise en charge de l’obésité : quel est le niveau de formation des médecins généralistes du département de la Haute-Vienne et comment perc ¸oivent-ils leur pratique ? Treatment of obesity: What is the general practitioners’ level of training in the department of Haute-Vienne and how do they perceive their work? Philippe Fayemendy a,, Zinsou Avodé b , Linda Pivois c , Cécile De Rouvray a , Pierre Jésus a , Jean-Claude Desport a,,d a Unité de nutrition, CHU Dupuytren, avenue Martin-Luther-King, 87042 Limoges, France b 52, rue des Landes, 87000 Limoges, France c Service de médecine interne B endocrinologie, centre hospitalier, 3, place Maschat, 19012 Tulle, France d EA 3174, faculté de médecine, rue du Dr-Marcland, 87000 Limoges, France Rec ¸u le 7 mars 2011 ; accepté le 31 mai 2011 Disponible sur Internet le 30 juillet 2011 MOTS CLÉS Obésité ; Médecine générale ; Formation ; Prise en charge Résumé Introduction. — L’obésité est un problème de santé publique qui touche, en France, au moins une personne de plus de 15 ans sur sept. Les médecins généralistes (MG) jouent un rôle majeur dans la prise en charge de cette pathologie chronique, mais on connaît mal, à ce sujet, leur niveau de formation et leurs modalités de prise en charge. Les objectifs principaux de cette étude étaient de faire le point sur les connaissances et la pratique des MG d’un département franc ¸ais face à l’obésité. Méthode. — L’étude était basée sur un recueil de données auprès de MG du département la Haute-Vienne à l’aide d’un questionnaire anonyme déclaratif. L’échantillonnage de 200 MG était réalisé par l’union régionale des médecins libéraux. Le questionnaire relevait des données épidémiologiques concernant les MG interrogés, leurs connaissances concernant l’obésité, les modalités de prise en charge, ainsi que les difficultés rencontrées face à cette pathologie et les propositions d’améliorations possibles. Résultats. — Exactement 40,5 % des MG répondaient à l’enquête. Les patients adultes obèses représentaient 19,5 % de la patientèle. Un pourcentage de 23,5 des MG avaient une forma- tion en nutrition. Un pourcentage de 76,6 des répondants définissaient l’obésité à partir d’un Auteurs correspondants. Adresses e-mail : [email protected] (P. Fayemendy), [email protected] (J.-C. Desport). 0007-9960/$ — see front matter © 2011 Société franc ¸aise de nutrition. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. doi:10.1016/j.cnd.2011.07.002

Prise en charge de l’obésité : quel est le niveau de formation des médecins généralistes du département de la Haute-Vienne et comment perçoivent-ils leur pratique ?

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Cahiers de nutrition et de diététique (2011) 46, 199—205

MÉDECINE ET NUTRITION

Prise en charge de l’obésité : quel est le niveau deformation des médecins généralistes du départementde la Haute-Vienne et comment percoivent-ils leurpratique ?

Treatment of obesity: What is the general practitioners’ level of training in thedepartment of Haute-Vienne and how do they perceive their work?

Philippe Fayemendya,∗, Zinsou Avodéb,Linda Pivoisc, Cécile De Rouvraya, Pierre Jésusa,Jean-Claude Desporta,∗,d

a Unité de nutrition, CHU Dupuytren, avenue Martin-Luther-King,87042 Limoges, France

b 52, rue des Landes, 87000 Limoges, Francec Service de médecine interne B endocrinologie, centre hospitalier, 3, place Maschat,19012 Tulle, Franced EA 3174, faculté de médecine, rue du Dr-Marcland, 87000 Limoges, France

Recu le 7 mars 2011 ; accepté le 31 mai 2011Disponible sur Internet le 30 juillet 2011

MOTS CLÉSObésité ;Médecine générale ;Formation ;Prise en charge

RésuméIntroduction. — L’obésité est un problème de santé publique qui touche, en France, au moinsune personne de plus de 15 ans sur sept. Les médecins généralistes (MG) jouent un rôle majeurdans la prise en charge de cette pathologie chronique, mais on connaît mal, à ce sujet, leurniveau de formation et leurs modalités de prise en charge. Les objectifs principaux de cetteétude étaient de faire le point sur les connaissances et la pratique des MG d’un départementfrancais face à l’obésité.Méthode. — L’étude était basée sur un recueil de données auprès de MG du département laHaute-Vienne à l’aide d’un questionnaire anonyme déclaratif. L’échantillonnage de 200 MG étaitréalisé par l’union régionale des médecins libéraux. Le questionnaire relevait des donnéesépidémiologiques concernant les MG interrogés, leurs connaissances concernant l’obésité, lesmodalités de prise en charge, ainsi que les difficultés rencontrées face à cette pathologie etles propositions d’améliorations possibles.Résultats. — Exactement 40,5 % des MG répondaient à l’enquête. Les patients adultes obèsesreprésentaient 19,5 % de la patientèle. Un pourcentage de 23,5 des MG avaient une forma-tion en nutrition. Un pourcentage de 76,6 des répondants définissaient l’obésité à partir d’un

∗ Auteurs correspondants.Adresses e-mail : [email protected] (P. Fayemendy), [email protected] (J.-C. Desport).

0007-9960/$ — see front matter © 2011 Société francaise de nutrition. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.doi:10.1016/j.cnd.2011.07.002

200 P. Fayemendy et al.

seuil d’indice de masse corporelle supérieur ou égal à 30 kg/m2. Exactement 96,3 % interve-naient dans la prise en charge des patients obèses et 70,0 % avaient recours au spécialiste.Seulement 12,8 % des MG associaient les trois modalités de prise en charge : interventiondiététique, prescription d’activité physique et prise en charge psychocomportementale. Préci-sément, 27,7 % des répondants utilisaient les traitements médicamenteux et 21,0 % les régimeshyperprotidiques. La chirurgie bariatrique avait déjà été utilisée par 60,8 % des répondants. Lesdifficultés rencontrées par les MG recoupaient des données connues et signalaient l’obstaclelié à l’absence de remboursement de la consultation diététique. L’amélioration du travail enréseau, de l’éducation des patients et de leurs familles, l’obtention d’une codification spécialepour les consultations de patients obèses, une meilleure prise en charge psychocomportemen-tale étaient les principales suggestions faites par les MG.Conclusions. — La prise en charge des patients obèses représente une part importante del’activité des MG, qui ont des habitudes globalement conformes aux recommandations concer-nant le diagnostic de l’obésité et les objectifs de perte pondérale. Cependant, peu de médecinssont formés en nutrition, ce qui se traduit par un recours fréquent au spécialiste et par unefaible proportion de prises en charges complètes. Bénéficier d’une meilleure structuration dessoins apparaît comme une des suggestions principales des MG.© 2011 Société francaise de nutrition. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

KEYWORDSObesity;General practitioner;Education;Care

SummaryIntroduction. — Obesity is a public health problem affecting in France at least one person inseven over 15 years. General practitioners (GPs) play a major role in the management of thischronic disease, but little is known about their level of education and their modalities of carein front of obese patients. The main objectives of the study were to assess knowledge and

GPs ideclaTheledgr proGPsnut

A peersh

ies ofciselyalrearticuto imin a

I

Llaltd[dcuapp

practices on obesity of theMethods. — An anonymousHaute-Vienne department.level of education and knowfacing this disease and theiResults. — Exactly 40.5% ofGPs have been educated onat a threshold ≥ 30 kg/m2.patients, and 70.0% in partnbetween the three modalitpsychobehavioral care. Prediets. Bariatric surgery hadalready known, but they paThe main suggestions wereand their families, to obtacare.

Conclusions. — The managementcare habits are broadly consistenloss goals. However, few practitilists and a low proportion of GPof the main suggestions of GPs is© 2011 Société francaise de nutr

ntroduction

’obésité est un problème de santé publique, surtout danses pays développés où sa prévalence a nettement progresséu cours des 30 dernières années [1,2]. Cette évolution estiée en partie au changement de mode de vie et à la séden-arisation. Aux États-Unis en 2006, 32,7 % des américainse plus de 20 ans souffraient de surpoids, 34,3 % d’obésité3]. En France, selon le rapport ObEpi 2009, la prévalencees adultes de plus de 18 ans en surpoids est de 31,9 % etelle des obèses est de 14,5 %. Cette prévalence connaîtne augmentation régulière de 5,9 % par an depuis 1997,ugmente avec l’âge et touche toutes les catégories socio-rofessionnelles à des degrés divers. En région Limousin, larévalence de l’obésité était de 13,8 % en 2009, proche de

l1

ccpcsemtaane

n a French department.rative questionnaire was sent to a sample of 200 GPs of the

questionnaire noted epidemiological data on GPs, asked theire on obesity, assessed their modalities of care, their difficultiesposals for improvement.gave answers. 19.5% of their patients were obese. 23.5% of

rition. A percentage of 76.6 of GPs detected obesity with BMIrcentage of 96.3% were involved in the care of their obeseip with a specialist. Only 12.8% of GPs proposed an associationtreatment: dietary intervention, higher physical activity and

, 27.7% of practitioners used medicaments and 21.0% proteindy been used by 60.8% of GPs. Several difficulties noted werelarly pointed out the lack of reimbursement for dietetic visit.prove networking, to promote a better education of patients

special coding for obesity visits and better psychobehavioral

of obese patients is an important part of GPs’ activity. Theirt with recommendations for the diagnosis of obesity and weightoners are trained in nutrition, resulting in a high use of specia-s managing their patients in a full-recommended manner. One

to work on obesity with a better-structured environment.ition. Published by Elsevier Masson SAS. All rights reserved.

a moyenne nationale, avec une augmentation de 55,1 % en2 ans [1].

De par sa position dans le parcours de soins, le méde-in généraliste (MG) joue un rôle majeur dans la prise enharge de cette pathologie chronique, d’une part, car lesatients sont de plus en plus nombreux et demandeurs deonseils nutritionnels et, d’autre part, à cause de la diver-ité des complications qu’entraîne l’obésité [1,2]. Le MGst au coeur d’un réseau impliquant de nombreux acteursédicaux : endocrinologue, médecin nutritionniste, diété-

icien, psychiatre, éducateur sportif, etc. Il intervient enmont, par un rôle de prévention et de détection, et enval, une fois l’obésité constituée. Son rôle est alors de défi-ir avec le patient des objectifs thérapeutiques raisonnablest de l’aider à les atteindre [4—6]. Cette tâche est rendue

Prise en charge de l’obésité

difficile par la faiblesse des moyens de la médecine générale[7] et par le fait que la région Limousin dispose de servicesde soins hospitalo-universitaires orientés vers les patientsobèses, mais pas de réseau destiné aux obèses adultes, nide centre de cure spécialisée, ni d’offre d’activité physiqueadaptée en secteur libéral. Les données portant sur la pra-tique des MG face à l’obésité sont orientées surtout sur lesdifficultés rencontrées [2,8—14] et sur la place des obèsesdans la patientèle des MG [9,15,16], mais sont rares quantau niveau de formation en nutrition de ces médecins et àleurs modalités de prise en charge de l’obésité. Les objec-tifs principaux de cette étude sont de faire le point sur cesderniers critères.

Méthode

L’étude réalisée entre juin et septembre 2008 était uneétude descriptive. Elle était basée sur un recueil de donnéesauprès de MG du département de la Haute-Vienne, à l’aidede questionnaires anonymes déclaratifs, comprenant quatregrands groupes de questions. L’échantillonnage de 200 MGétait réalisé par l’Union Régionale des médecins libéraux(URML) [17]. La première partie du questionnaire relevaitl’âge, le sexe des médecins, les lieux d’exercice (rural,semi-rural ou urbain) et leur activité (nombre de demi-journées de consultation par semaine, nombre de patientssuivi dans la semaine, nombre de patients adultes obèsessuivis). La seconde partie renseignait sur les connaissancesdes médecins concernant l’obésité : avaient-ils suivi une for-mation en nutrition, quelles étaient les outils utilisés lorsde l’évaluation du surpoids et de l’obésité : indice de massecorporelle (IMC), mesure du tour de taille, impédancemétrieou autre méthode. Une question concernait la limite de l’IMCfixée par les médecins pour définir l’obésité, avec quatrelimites proposées : 25 kg/m2, 27 kg/m2, 30 kg/m2, 35 kg/m2.Enfin, les médecins étaient interrogés sur les objectifs deperte de poids fixés avec leurs patients obèses. La troisièmepartie du questionnaire portait sur les modalités de prise encharge des patients. Il était recherché si les MG prenaientou non en charge les obèses, s’ils avaient recours à un ou

plusieurs spécialistes, à un diététicien, à l’hospitalisation.Les bilans complémentaires effectués étaient précisés, enproposant pour des raisons pratiques plusieurs grandes caté-gories aux MG : le bilan métabolique comportait le dosagede la glycémie, de l’hémoglobine glycosylée et l’évaluationdes anomalies lipidiques ; le bilan endocrinien comportaitle bilan thyroïdien et/ou la cortisolémie ; le bilan hépa-tique comportait le dosage des enzymes hépatiques et dela bilirubinémie. Concernant les traitements, ils étaientclassés en trois sous-groupes principaux : interventions dié-tétiques, incitation à l’activité physique et prise en chargepsychocomportementale. Les médecins étaient aussi inter-rogés sur la prescription d’un traitement médicamenteux del’obésité, sur le type de médicament prescrit, sur la pres-cription éventuelle d’un régime hyperprotidique. Enfin, ilsétaient interrogés sur le recours à la chirurgie de l’obésitéet, dans ce cas, selon quels critères. La quatrième partiedu questionnaire concernait les difficultés rencontrées parles médecins et les suggestions pour améliorer la prise encharge de leur patient obèses (questions ouvertes).

Le traitement statistique des données était réalisé grâceau logiciel Stat View® (SAS 9,1, Cary, États-Unis). Les résul-tats des variables quantitatives sont présentés sous la formemoyenne ± écart-type éventuellement minimum, maximumet médiane. Ceux des variables qualitatives sont présen-

201

tés en pourcentages. Les comparaisons des distributions desvariables quantitatives ont été réalisées grâce au test deStudent et à l’analyse de variance. Les comparaisons desvariables qualitatives entre deux groupes ont été réaliséespar le test du Chi2 ou le test exact de Fisher en fonctiondes effectifs théoriques des groupes considérés. Le seuil designificativité pour l’ensemble des analyses statistiques étaitde 0,05.

Résultats

Sur les 200 questionnaires envoyés, 81 ont été retour-nés soit un taux de réponse de 40,5 %. L’âge moyendes médecins était de 50,6 ans ± 8,1 ans (extrêmes :31—69 ans ; 81 réponses/81, soit 100 %), avec un sex-ratio Homme/Femmes à 1,45 (59 % étaient des hommes ;81 réponses ; 100,0 %). Exactement 45,7 % des médecinsexercaient en zone urbaine, 28,4 % en zone rurale et 25,9 %en zone semi-rurale (100 % de réponses), sans différenceentre les hommes et les femmes. Les autres principaux résul-tats quantitatifs sont donnés par le Tableau 1. L’activité desMG n’était pas liée à leur âge ni à leur lieu d’exercice, maiselle l’était à leur sexe pour le groupe de médecins voyantplus de 100 patients par semaine : dans ce groupe, 86,7 %des médecins étaient des hommes et 13,3 % des femmes(p < 0,0005). Le nombre de patients obèses vus par semainen’était lié ni à l’âge des médecins ni à leur sexe, ni à leur lieud’exercice, ni à leur formation. Précisément, 23,5 % des MGmentionnaient qu’ils avaient suivi une formation en nutri-tion (81 réponses/81 ; 100 %). Un pourcentage de 66,7 étaittitulaire d’un diplôme universitaire en nutrition, 22,2 % d’uncertificat de diététique et 11,1 % avaient bénéficié d’uneformation médicale continue. Les MG formés en nutritionavaient 24,0 % de personnes obèses dans leur patientèle,contre 18,6 % pour ceux n’ayant pas de formation, mais ladifférence n’était pas significative. Concernant les outilsd’évaluation de l’obésité, 64,6 % des médecins utilisaientl’IMC associé à la mesure du tour de taille, 24,1 % l’IMC seulet 8,9 % l’impédancemétrie (79 réponses/81 ; 97,5 %). Exac-tement 76,6 % des médecins considéraient un patient comme

obèse à partir d’un IMC à 30, 11,7 % à partir d’un IMC à 27 et6,5 % à partir d’un IMC à 25 (77 réponses/81 ; 95,1 %). Lesmédecins hommes avaient des objectifs de perte de poidspour leurs patients supérieurs à ceux des médecins femmes(12,2 ± 6,3 % versus 9,0 ± 3,9 %, p = 0,04).

Un pourcentage de 96,3 des médecins intervenait dansla prise en charge de l’obésité, dont 14,1 % d’entreeux de facon exclusive et 85,9 % en association avecd’autres professionnels de santé (81 réponses/81 ; 100 %).Exactement 42,1 % des médecins ayant une formation ennutrition géraient leurs patients obèses de facon exclu-sive contre seulement 5,1 % des médecins sans formationspécifique (p < 0,001). Un pourcentage de 70,0 % des MGavait recours à un spécialiste (80 réponses/81 ; 98,8 %).Quand ce spécialiste était précisé, c’était un endo-crinologue dans 40,8 % des cas, un nutritionniste dans18,4 % des cas alors que le cardiologue, le rhumatologueet le psychiatre étaient rarement mentionnés. Précisé-ment, 41,1 % des médecins s’adressaient au spécialisteen première intention (56 réponses/81 ; 69,1 %). Un pour-centage de 52,6 demandait une consultation diététique(80 réponses/81 ; 98,8 %), de facon plus marquée chezles médecins exercant en milieu rural (p = 0,007). Enfin,un médecin sur trois avait recours à l’hospitalisation(80 réponses/81 ; 98,8 %), 97,4 % des médecins prescrivaient

202 P. Fayemendy et al.

Tableau 1 Principaux résultats quantitatifs portants sur la population des 81 médecins généralistes étudiée.

Critère Résultat n (%)

Nombre de demi-journées de travail/semaine 9,3 ± 1,8 78/81(96,3)< 8/semaine (% des médecins) 12,8 %

udcdcbfgd

dl(

Foplté77

8—10/semaine> 10/semaine

Nombre de consultations/semaine< 100/semaine (% des médecins)100—150/semaine> 150/semaine

Nombre de patients obèses suivis/semaine< 10 % de la patientèle (% des médecins)10 à 20 % de la patientèle> 20 % de la patientèle

Objectif de perte de poids par rapport au poids initial< 10 % du poids (% des médecins)10 % à 15 % du poids

> 15 % du poids

Objectif de durée assignée à la perte de poids< 6 mois (% des médecins)6 à 12 mois> 12 mois

n : nombre de réponses.

n bilan (78 réponses/81 ; 97,4 %) et 92,1 % d’entre eux ontonné des précisions : un bilan métabolique seul était pres-rit dans 21,4 % des cas, associé à un bilan endocrinienans 11,4 % des cas, à un bilan hépatique dans 7,1 % desas, aux deux bilans précédents dans 8,6 % des cas, à unilan endocrinien, un bilan hépatique, une évaluation de laonction rénale, un dosage de l’uricémie, un électrocardio-ramme dans 10 % des cas. D’autres associations diverses deemandes biologiques étaient signalées dans 41,4 % des cas.

Les modalités de prise en charge de l’obésité sontonnées par la Fig. 1. Les traitements médicamenteux uti-isés comportaient de l’orlistat (Xénical®), du rimonabantAcomplia®) ou de la sibutramine (Sibutral®). Les critères

igure 1. Modalités de prise en charge (PEC) des patientsbèses utilisées par les médecins généralistes ; 39 réponses/81 ontu être analysées (48,1 % des médecins) pour la PEC diététique,a prescription d’activité physique, de PEC psychocomportemen-ale, l’association de ces trois PEC ; 81 réponses/81 (100 %) ontté analysées pour la prescription d’un régime hyperprotidique,2 réponses/81 (88,9 %) pour la prescription de médicaments,9 réponses/81 (97,5 %) pour le recours à la chirurgie de l’obésité.

dmeMdEd

D

LdcMlnpaPCmsfodcdzomqi

p

21,8 %65,4 %

102,9 ± 37,8 80/81(98,8)42,5 %

42,5 %15,0 %

20,0 ± 23,4 = 19,5 % ± 22,8 % de la patientèle 46/81(56,8)39,1 %

23,9 %37,0 %

10,8 % ± 5,6 % 47/81(58,0)23,4 %

57,4 %19,2 %

7,1 ± 3,7 mois 45/81(55,6)24,4 %

44,4 %31,2 %

e recours à la chirurgie de l’obésité étaient une obésitéorbide isolée dans 51,4 % des cas, un échec isolé à la prise

n charge dans 20,0 % des cas. Un pourcentage de 75,3 desG répondants (61/81) précisait les difficultés rencontréesans la prise en charge des patients obèses (Tableau 2).xactement 40,7 % des MG (33/81) faisaient des suggestions’amélioration de la prise en charge (Tableau 3).

iscussion

’obésité est une pathologie en progression constante, aveces patients qui ont plus souvent recours à des soins médi-aux que les patients non obèses [2,8]. De ce fait, lesG ont une place essentielle dans la prise en charge de

’obésité [2,7,16]. L’étude présente est déclarative et leombre de participants et le taux de réponses sont modestesar rapport à une étude en Languedoc Roussillon (744 MGvec des taux de réponses de plus de 80 %) ou en régionACA (1076 MG avec un taux de réponse de 55,8 %) [9,12].ependant, les données épidémiologiques concernant lesédecins répondants du département de la Haute-Vienne

ont proches des moyennes de ce département, où 42 % deemmes sont comptées parmi les MG (41 % dans l’étude) etù la moyenne d’âge des médecins est de 49 ans (51 ansans l’étude) [17]. De plus, la répartition géographique estomparable aux données de l’URML, qui enregistrent 47,5 %e MG en zone urbaine (45,7 % pour l’enquête), 25,2 % enone rurale (28,4 % pour l’enquête), 27,3 % en zone mixteu semi-rurale (25,9 % pour l’enquête) [17]. Il existe, néan-oins, un autre biais possible dans notre étude car les MGui ont répondu pouvaient être ceux qui étaient les plusntéressés par le problème de l’obésité.

L’enquête confirme que les MG sont fortement concernésar la prise en charge des patients obèses, qui représentent

nses

é de: 5,8

jacen

Prise en charge de l’obésité

Tableau 2 Proportions par rapport à l’ensemble des répodans la prise en charge des patients obèses.

Mauvais suivi des conseils par les patients (dont sédentaritpatients ou réticences à pratiquer une activité physique

Manque de motivation des patients

Existence de troubles du comportement alimentaire sous-

Manque d’efficacité des traitements

Manque de temps pour la prise en charge

Absence de remboursement de la consultation diététique

Délais de consultations spécialisées trop longs

Autres difficultés

environ 19,5 % des patientèles. Cela est en cohérence avecune étude australienne sur ce sujet en 2006, qui rapporteun pourcentage de 22,4 % d’obèses parmi 30 476 patients sui-

vis par les MG [15]. En revanche, les résultats de l’enquête(60,9 % des MG ont plus de 10 % d’obèses dans leur clien-tèle ; Tableau 1) dépassent largement ceux de l’étude enLanguedoc Roussillon qui rapporte, en 2005, que 13 % de299 MG ont plus de 10 % de patients en excès pondéraldans leur clientèle [9]. À l’inverse, une autre étude austra-lienne, en 2005, relève sur 367 patients de trois patientèlesurbaines une prévalence plus forte de patients obèses(36 %) [16].

Malgré l’importance de l’obésité dans la patientèle, lepourcentage de MG formés est faible (23,5 %), ce qui sembleen concordance avec l’étude en Languedoc Roussillon, quimontre que seulement 42 % des MG s’estiment bien pré-parés à la prise en charge d’une obésité [9]. Toutefois,les réponses des MG en Haute-Vienne quant à la définitionde l’obésité, quant aux outils utilisés pour la quantifier etquant aux objectifs de perte de poids sont globalement enaccord avec les recommandations nationales et internatio-nales [4,5].

Au contraire, l’association tripartite conseils diététiques,conseils d’activité physique et support psychologique, pour-tant largement recommandée [4,5,11], n’est rapportée quepar environ 13 % des médecins, alors que l’inefficacité del’utilisation d’un seul type de prise en charge (par exemple,conseils diététiques isolés) est démontrée [18]. De manière

Tableau 3 Proportions par rapport à l’ensemble des réponsegénéralistes pour la prise en charge des patients obèses.

Amélioration des réseaux de soins et de la prise en charge plur

Éducation alimentaire de toute la famille

Codification spéciale pour la consultation du patient obèse

Dépistage et prise en charge de l’obésité infantile

Amélioration de la prise en charge psychocomportementale

Développement d’ateliers de groupe

Disposer de plus de temps pour le traitement et le suivi des pa

Amélioration de la formation des médecins

Remboursement de la consultation diététique

Développement de centres pour le traitement des patients obè

Actions sur les annonces publicitaires

203

des difficultés rencontrées par les médecins généralistes

s%)

37,2 %

26,7 %

ts 11,6 %

7,0 %

5,8 %

4,7 %

3,5 %

3,5 %

paradoxale, le MG formés en nutrition prennent plus sou-vent en charge leurs patients obèses sans recourir à unautre professionnel de santé, ce qui suggère que les bases

des formations n’ont pas été bien intégrées. De même,seulement environ la moitié des MG ont recours à une consul-tation diététique, ce qui est surprenant, compte tenu del’importance de cette consultation, mais va dans le sensde l’étude francaise de Thuan et Avignon qui rapporteque, pour les MG désirant prendre en charge un patientobèse, la collaboration avec un diététicien n’apparaît pascomme une priorité [9]. La première hypothèse, à savoirque les MG font par eux-mêmes l’enquête diététique,est cependant peu plausible, car cette enquête est forteconsommatrice de temps. Une autre explication peut êtreque les MG adressent peu aux diététiciens du fait del’absence de prise en charge de ces consultations par lesorganismes sociaux, comme il est noté dans le relevé desdifficultés rencontrées. De plus, dans certaines régions,l’implantation de diététiciens libéraux est faible (neuf libé-raux recensés sur le département de la Haute-Vienne, parexemple).

En l’absence de donnée explicative dans notre étude,la raison de l’envoi plus fréquent des patients obèses auxdiététiciens par les MG en milieu rural reste à préciser.

Les bilans biologiques sont quasiment toujours prescrits,avec le plus souvent des associations d’examens dépassantles recommandations francaises, qui proposent de limiterle nombre d’examens au début de la prise en charge [4].

s des suggestions d’amélioration faites par les médecins

idisciplinaire 23,1 %

17,9 %

12,8 %

10,3 %

10,3 %

7,7 %

tients obèses 5,1 %

5,1 %

2,6 %

ses 2,6 %

2,6 %

2

Dts[dmdpunmuqrlll[

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04

e plus, la mise en route d’un traitement médicamen-eux est adoptée par près de 28 % des MG, alors que cetteolution devrait être réservée à un petit nombre de cas4,11] et les régimes hyperprotidiques sont prescrits par 21 %es médecins, bien qu’ils ne soient utilisables en pratiqueédicale francaise que dans des conditions d’encadrementifficilement applicables en dehors d’une structure hos-italière [4,19]. Ces divers résultats suggèrent fortementn déficit d’information des MG. Néanmoins, les question-aires ont été renvoyés avant l’interruption de mise sur learché du rimonabant [20] et la recommandation de non-

tilisation de la sibutramine [21], ce qui laisse supposerue la prescription des traitements médicamenteux a étééduite depuis. Concernant l’utilisation de la chirurgie de’obésité, le critère obésité morbide est bien présent danses recommandations mais l’échec de la prise en charge ne’est pas, ce qui suppose là-encore un déficit d’information4,5].

Plusieurs des difficultés de prise en charge des patientsbèses signalées dans notre étude sont bien connues. C’estinsi que le patient peut être peu observant [9,11], peuotivé [9], que l’efficacité modeste du traitement estarfois décourageante pour le praticien [9,11,12], que laonsultation de l’obèse est forte consommatrice de temps9,10]. D’autres difficultés ont été soulignées par cer-aines études, comme la multiplicité et l’interdépendancees causes d’excès pondéral [13], le manque de moyens’aide à l’activité physique [14], voire même des attitudeségatives des MG envers leurs patients obèses [2,12]. Ceernier point est à rapprocher des résultats d’enquêteséalisées auprès de patients en excès pondéral et deédecins, qui suggèrent que l’importance de l’obésité est

ous-estimée par les MG [12]. Pour O Booth et Nowson, seule-ent 27 % des patients obèses ou en surpoids en milieu

rbain australien consultant leur MG disent recevoir desonseils de perte de poids [10]. Pour Tham et Young,eulement 58 % d’une population de patients obèses de Mel-ourne recoivent des conseils de perte de poids et cesonseils ne viennent de leur MG que dans un cas sur sept16].

Ainsi que dans plusieurs études [4,5,11], les MG pensent

ue le développement des réseaux de soins et de la prise enharge pluridisciplinaire ainsi que l’éducation de la popu-ation générale pourraient être des points d’améliorationmportants pour la prise en charge de l’obésité. Cette infor-ation est d’autant plus importante que la région Limousin

e dispose d’aucune structure de type réseau destinée auxbèses adultes. Il peut donc s’agir là d’une piste à explorer.’amélioration de la prise en charge psychocomportemen-ale semble également fondamentale aux médecins, enoncordance avec plusieurs études [4,5,11]. Malgré le déficite formation très probable et bien qu’une meilleure forma-ion des MG à la prise en charge de l’obésité soit un pointouvent souhaité [4,9,12,16], cette suggestion n’apparaîtue pour 5,1 % des réponses des MG enquêtés. Cette dis-ordance pourrait être expliquée par un biais de réponse,es médecins les plus formés ayant répondu en majorité etette hypothèse pourrait être testée grâce à une enquêteomplémentaire. Néanmoins, il peut aussi s’agir d’une sous-éclaration du besoin de formation par des médecins qui seentent mal à l’aise pour prendre en charge les patientsbèses. Enfin, ils font des propositions de codification adap-ée à la consultation du patient obèse et de prise en chargees consultations diététiques qui paraissent être de bonens, au vu du problème de santé publique que constitue’obésité.

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P. Fayemendy et al.

onclusions

e par sa position dans le parcours de soins, le MG joue unôle majeur dans les soins aux patients obèses, qui consti-uent près d’un cinquième de leur patientèle. Les MG, bienue peu formés à la prise en charge de ces patients, ontes habitudes globalement conformes aux recommandationsoncernant le diagnostic de l’obésité et les objectifs deerte pondérale. Cependant, ils associent peu fréquemmentntervention diététique, activité physique et encadrementsycho-comportemental, ont recours dans un quart des casun traitement médicamenteux, et dans plus de 20 % des

as à un régime hyperprotidique, ce qui suggère là encore unéficit de formation. Ces problèmes sont bien identifiés pares MG, qui proposent également des mesures d’organisatione la prise en charge de l’obésité, d’aide à la prise en chargeiététique et psycho-comportementale des patients.

éclaration d’intérêts

es auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts enelation avec cet article.

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