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UNIVERSITE D’ANTANANARIVO Faculté de Droit, d’Economie, de Gestion et de Sociologie Département ECONOMIE ---------------------------------------- MAITRISE Option : « Macroéconomie et Modélisation » Mémoire pour l’obtention du Diplôme de Maîtrises es-Sciences Economique Impétrante : RANAIVOSON Tolotra Ioby Erisaina Encadré par Monsieur RAZAFIMANANTENA Tiaray Année 2009 PROBLEMES DE FINANCEMENT DES ACTIVITES EN MILIEU RURAL A MADAGASCAR Date de soutenance : 12 Mars 2010

PROBLEMES DE FINANCEMENT DES ACTIVITES EN MILIEU …

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Page 1: PROBLEMES DE FINANCEMENT DES ACTIVITES EN MILIEU …

UNIVERSITE D’ANTANANARIVO

Faculté de Droit, d’Economie, de Gestion et de Sociologie

Département ECONOMIE

----------------------------------------

MAITRISE Option : « Macroéconomie et Modélisation »

Mémoire

pour l’obtention du

Diplôme de Maîtrises es-Sciences Economique

Impétrante : RANAIVOSON Tolotra Ioby Erisaina

Encadré par Monsieur RAZAFIMANANTENA Tiaray

Année 2009

PROBLEMES DE FINANCEMENT DES ACTIVITES

EN MILIEU RURAL A MADAGASCAR

Date de soutenance : 12 Mars 2010

Page 2: PROBLEMES DE FINANCEMENT DES ACTIVITES EN MILIEU …

REMERCIEMENTS

Je tiens sincèrement à adresser mes vifs remerciements à tous ceux qui ont contribué

de près ou de loin à la réalisation de ce mémoire.

- à DIEU car sans Lui tous mes efforts auraient été vains

- au Département de l’Economie de nous avoir donné l’occasion de rédiger un

tel document

- à mon encadreur Monsieur RAZAFIMANANTENA Tiaray pour sa

collaboration et ses précieuses orientations.

- à mes parents et à mon oncle pour leur soutien et leur aide.

- à tous nos Maîtres et Enseignants à la Faculté DEGS d’Antananarivo,

- et enfin à tout le personnel administratif et technique

Page 3: PROBLEMES DE FINANCEMENT DES ACTIVITES EN MILIEU …

SOMMAIRE

Introduction

Partie I – Cadre général

Chapitre I – Situation du monde rural

Chapitre II – L’importance du capital

Partie II – le financement des activités rurales à Madagascar

Chapitre I – Les différents types de financement

Chapitre II – Analyses des modes de financement

Conclusion

Page 4: PROBLEMES DE FINANCEMENT DES ACTIVITES EN MILIEU …

L ISTE DES TABLEAUX

Tableau 1 : Classification des ménages ruraux

Tableau 2 : Répartition des ménages agricoles par région

Tableau 3 : Evolution globale du secteur des IMF durant les cinq dernières années

Tableau 4 : Encours de crédit en milliers d’Ariary

L ISTE DES GRAPHIQUES

Graphique 1 : Capacité d’épargne

Graphique 2 : Les formes d’emprunts

Graphique 3 : Représentation graphique du modèle néoclassique

Graphique 4 : Zones d’intervention du programme PROSPERER

Graphique 5 : Zone d’intervention AROPA

Graphique 6 : La jonction de l’offre et de la demande

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SIGLES ET ABREVIATIONS

ADEFI : Action pour le DEveloppement et le Financement des micro-entreprises AECA : Association d’Epargne et de Crédit Autogérée AFD : Agence Française de Développement AGEPMF : Agence d’Exécution du Projet MicroFinance AROPA : projet d’Appui au Renforcement des Organisations Professionnelles aux services

Agricoles BAD : Banque Africaine pour le Développement BFV/SG : Banque Fampandrosoana ny Varotra/ Société Générale BNI/CA : Banque Nationale pour l’Industrie/Crédit Agricole BOA : Banque Of Africa CECAM : Caisse d’Epargne et de Crédit AgricoleMutuelle CSBF : la Commission de Surveillance Bancaire et Financière DRDR : Directions Régionales du Développement Rural EAF : Exploitations Agricoles Familiales EPM : Enquête Périodique auprès des Ménages FCCI : Fédération des Chambres de Commerce et de l’Industrie FERT : Formation pour l’Epanouissement et le Renouveau de la Terre FIDA : Fonds International de Développement Agricole Fmg : Franc Malagasy FOFIFA : Foibe Fikarohana Fambolena (Centre de Recherche Agricole) GCV : Greniers Communs Villageois ICAR : International de Crédit Agricole et Rural IDH : Indicateur de développement Humain IMF : Institution de MicroFinance INSTAT : Institut National de la STATistique LVM : Location Vente Mutualiste MAEP : Ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche MCA : Millenium Challenge Account MDP : Maison des Paysans MER : Micro Entreprise Rurale OP : Organisation Paysanne OPA : Organisation Paysanne Agricole OPF : Organisation Paysanne Familiale OTIV : Ombona Tahiry Ifampisamborana Vola PADR : Plan d’Action pour le Développement Rural PER : Petites Entreprises Rurales PFRDV : Pays à Faible Revenu et à Déficit Vivrier PHBM : Projet de mise en valeur du Haut Bassin de Mandrare PIB : Produit Intérieur Brut PNDR : Programme National de Développement Rural PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement PPN : Produits de Première Nécessité PPRR : Programme de Promotion des Revenus Ruraux PRBM : Projet de Réhabilitation du Périmètre du Bas Mangoky PROSPERER : PROgramme de Soutien aux Pôles de micro-Entreprises Rurales et aux Economies

Régionales PSE : Prestataires de Services Extérieurs

Page 6: PROBLEMES DE FINANCEMENT DES ACTIVITES EN MILIEU …

ROR : Réseau d’Observation Rurales SDF : Systèmes Financiers Décentralisés TIAVO : Tahiry Ifamonjena Amin’ny Vola WOCCU : World Council of Credit Unions

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Page 8: PROBLEMES DE FINANCEMENT DES ACTIVITES EN MILIEU …

1

INTRODUCTION

Plusieurs politiques de financement du milieu rural ont été instaurées à Madagascar

depuis son indépendance. Cependant, on constate encore, actuellement, que le phénomène de

la pauvreté est plus marqué en milieu rural qu’en milieu urbain. En effet, le taux de pauvreté

en milieu urbain est de 52,0% contre 73,5% en milieu rural (EPM 2005). Des politiques sont

menées dans le but d’améliorer l’accès au financement rural avec comme stratégie : étendre

les réseaux de micro-finances et bancaires ; promouvoir et adapter le système de crédit à

caution solidaire et développer les autres formes de financement.

La question principale qu’on se pose est alors de savoir pourquoi le monde rural peut

difficilement accéder à un financement alors qu’il existe plusieurs systèmes financiers qui y

travaillent? Sachant que les ruraux s’adonnent à des activités de production, de consommation

d’accumulation et d’échange, ils ont besoin de faire des investissements dans la conduite et la

combinaison de leurs activités. Cependant, ils peuvent être limités par des contraintes

financières, dont la levée par des services adéquats contribuerait à améliorer leur performance

économique et leur niveau de vie.

Actuellement, la pauvreté rurale est très marquée à Madagascar, il est ainsi utile de

résoudre celle-ci afin de développer le pays. Les problèmes sont néanmoins multiples tels que,

problèmes techniques, politiques, sociaux, écologiques, culturels,… Mais notre étude se

consacrera essentiellement aux « problèmes de financement du milieu rural à Madagascar »

puisque, moins de 18% de la population malgache peuvent accéder à un financement formel,

or l’amélioration de la productivité des activités implique le recours à des achats d’intrants

ainsi qu’à des investissements. Les uns et les autres pouvant être limités par des contraintes de

financement.

Pour apporter une contribution au débat, essayons d’inventorier les difficultés

rencontrées par les gens vivant dans les zones rurales à l’acquisition des financements et de

proposer une solution applicable, à partir de la méthode explicative et normative ; tout en

sachant que certaines données utilisées ne sont pas à jour : EPM 2005, PNDR Janvier 2006.

Page 9: PROBLEMES DE FINANCEMENT DES ACTIVITES EN MILIEU …

2

On abordera les réalités du monde rural, d’une part, en explicitant la situation actuelle

et la persistance de la pauvreté vécue par les gens dits ruraux, mais aussi en précisant leurs

besoins en matière de financement. D’autres parts, on énoncera les différents types de

financements : le financement public et le financement privé. Puis on analysera ces derniers ci

en considérant les différentes contraintes et en proposant les mesures à prendre.

Page 10: PROBLEMES DE FINANCEMENT DES ACTIVITES EN MILIEU …
Page 11: PROBLEMES DE FINANCEMENT DES ACTIVITES EN MILIEU …

3

PARTIE I – CADRE GENERAL

CHAPITRE I – SITUATION DU MONDE RURAL

SECTION I – LES REALITES ACTUELLES I.1. Généralité

Avec environ 16 millions d’habitants, Madagascar se trouve au 149ème rang en

termes d’indice de développement humain (IDH), sur 175 pays classés1. Le pays cumule ainsi

des indicateurs préoccupants, tels que :

• PIB/hab de 280 USD/an,

• près d’un tiers des Malgaches ont une espérance de vie inférieure à 40 ans,

• 47% d’analphabètes chez les adultes de plus de 15 ans,

• 75% de la population n’ont pas accès à l’eau potable, ni à l’électricité,

• faiblesse des rendements agricoles,

• faiblesse des infrastructures (transport, sanitaire, etc.)

• répartition des richesses inégalitaire

• croissance démographique stable au niveau élevé de 2,8 % par an,

• environ 70% de la population vivent en dessous du seuil de la pauvreté, avec 44% en

milieu urbain et 77% en milieu rural.

Le monde rural est un monde où règnent deux facteurs antagonistes : richesse en

ressource naturelle et pauvreté

Plusieurs situations persistent ainsi, entre autres : Une population vivant en dessous du

seuil de pauvreté avec moins de 2133 calories par jour et avec un revenu journalier nettement

inférieur à 1dollar US ; une malnutrition chronique : 45% des enfants de moins de 3ans

souffrent du retard de croissance et 22% de malnutrition sévère (EDS 2003-2004). D’autant

plus que l’insuffisance de la bonne gouvernance n’améliore pas ces situations car les services

de bases sont éloignés et on remarque un manque de personnel.

L’économie de subsistance y demeure très présente et la transformation des produits

agricoles et miniers n’est pas encore assez développée. D’où la non compétitivité de ces

derniers.

1 Source : Rapport Mondial du Développement Humain 2003

Page 12: PROBLEMES DE FINANCEMENT DES ACTIVITES EN MILIEU …

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Le système rural est fragmenté et peu organisé. Les liens essentiels entre la

production, la transformation et la commercialisation sont assez vagues. Les agriculteurs et

leurs associations n’ont presque pas la possibilité d’accéder aux informations techniques,

commerciales et managériales. La logistique est faible en matière d’intrants, d’appui conseil

et d’approvisionnement. En amont, les points de vente des facteurs de production et l’accès au

capital aussi bien financier que foncier font défaut. En aval les infrastructures de stockage, de

conditionnement, de transformation, de marchés manquent. La permanence de deux types

d’économies, avec d‘une part, l’agriculture de subsistance difficilement ouverte aux

innovations et n’intégrant pas suffisamment l’économie de marché, rend difficile la

production de cultures viables, commercialement capables de générer des revenus pour

améliorer les conditions de vie. Cette situation est à l’origine de l’importation des produits

alimentaires de base comme le riz. D‘autre part, l’économie vivrière marchande émergente

aux alentours des grandes agglomérations et des sites touristiques alimente les besoins du

marché notamment les grandes surfaces et les grands restaurants. Elle commence à être

sollicitée par l’exportation : cas de la pomme de terre, du haricot vert, du cornichon et des

épices (piments, oignons, gingembre). En expansion, cette économie marchande est à

l’origine de la diversification de la production et du développement des initiatives, en

répondant aux problèmes fonciers par une gestion intensive de l’espace rural. Elle préfigure

les transformations à venir de l’ensemble des campagnes.

Le vieillissement et le mauvais entretien des cultures d’exportation sont à l’origine de

la baisse de la production et de la mauvaise qualité. La dégradation de l’environnement due

aux feux de brousse successifs est à l’origine de la baisse de la fertilité des sols, de la

régression des parcours servant de pâturage et de la détérioration des réseaux hydro agricoles.

L’envasement des barrages et des canaux entraîne l’ensablement des rizières, la rupture des

digues et provoque des inondations… Le monde rural reste soumis aux catastrophes et aux

fléaux naturels : cyclones, inondations, sécheresse, organismes nuisibles et maladies. Bien que

fermé, peu productif tant en quantité qu’en qualité, faiblement valorisé et insuffisamment

pourvu de logistique, faiblement intégré (agro industries alimentaires et non alimentaires,

tourisme, industries textiles, transformation de produits miniers), ce monde rural est riche en

potentiel à tout égard.

Page 13: PROBLEMES DE FINANCEMENT DES ACTIVITES EN MILIEU …

5

I.2. La pauvreté rurale

85% de la population sont ruraux et 73,2% vivent de l’activité agricole alors que le

monde rural ne représente que près de 30% du PIB. Le taux d’accroissement démographique

de 2,3% est inférieur à la moyenne nationale qui est de 2,8%. En dépit de cela, il reste

supérieur au taux de croissance de la production agricole, 1% entre 1985-1999. Cette situation

illustre les difficultés du monde rural en général et de son économie en particulier.

Madagascar fait partie des 88 pays classés dans la catégorie des pays à faible revenu et à

déficit vivrier (PFRDV), et à insécurité alimentaire chronique touchant 59% de la population

en 1993 pour passer à 65,4% en 2001, (soit 66,6% de la population rurale et 59,6% de la

population des grands centres urbains). Concernant le taux de pauvreté, il a été de 80,7%

après la crise sociale de 2002. La relance de l’économie en 2003 a fait fléchir ce ratio à

73,6%. A cause de la dépréciation de la monnaie locale entre 2003 et 2004, le ratio de

pauvreté a augmenté et est passé à 74,1%. Cette hausse du ratio de pauvreté est plus

remarquable en milieu urbain car ce sont surtout les salariés (individus à revenus fixes) qui

subissent les effets néfastes de l’inflation, contrairement aux indépendants (individus à

revenus variables).

Les pauvres du milieu rural sont en général des petits exploitants agricoles de type

familial. Leur situation ne cesse de se dégrader. L’insuffisance de l’élargissement des bases

productives de développement, comme la faiblesse des rendements agricoles, l’insécurité

foncière, le faible accès aux moyens de production et au crédit en sont les causes.

En outre, ils sont vulnérables, car ils sont exposés à plusieurs formes de situations

déplorables telles que : l’insécurité alimentaire, la sous – alimentation, la dégradation de

l’environnement et des facteurs de production, l’insécurité foncière et le système de

production basé sur l’agriculture de subsistance.

Le taux d’incidence de la pauvreté varie fortement selon le milieu. La proportion des

pauvres dans la Capitale est estimée à cinq fois moindre par rapport à d’autres zones comme

en milieu rural des faritany de Fianarantsoa, de Toliary ou de Toamasina. Il faut aussi

souligner que la prévalence de la sous -alimentation est élevée, à 37%.

Ce taux est déterminé par le déficit énergétique alimentaire et par les besoins

énergétiques minimaux moyens.

Page 14: PROBLEMES DE FINANCEMENT DES ACTIVITES EN MILIEU …

6

Dans les zones à faible taux de pauvreté, force est de constater une taille moyenne des

ménages significativement inférieure à la moyenne nationale. De plus, les chefs de ménages y

semblent plus instruits et ont, en termes de proportion, moins d’enfants de moins de cinq ans.

Ainsi on peut dire que les facteurs déterminants de la pauvreté sont : - (i) la taille du

ménage, - (ii) l’enclavement du fokontany, - (iii) le niveau de scolarité du chef de ménage et, -

(iv) la l’inexistence d’infrastructures socio-économiques (écoles, centres de santé, adduction

d’eau potable, électrification….

SECTION II – LA SITUATION DES MENAGES RURAUX

II.1. Classification des ménages ruraux

Le FOFIFA et la FAO2 ont constaté qu’un tiers des exploitants agricoles seraient en

situation de subsistance, produisant en moyenne à peine plus de 800 kg de paddy sur une

surface de moins de un hectare et se trouvant en permanence en situation de déficit en riz

(ventes/achats). Ainsi ils ont proposé une classification en trois catégories de producteurs,

principalement en fonction du système cultural adopté et de leur bilan technique et

économique:

Tableau 1: Classification des ménages ruraux

• Les micro-producteurs avec stratégie rizicole de subsistance disposant de moyens et

de conditions de production très limitées (foncier, capital, accès au marché, équipement,

travail). La taille moyenne de leur exploitation rizicole ne dépasse pas 1 ha et ils produisent

entre 0,8 et 1,1 tonne de paddy, ce qui ne leur permet pas de couvrir leurs besoins de

consommation (solde « ventes – achats» négatifs : -375.000 Fmg en moyenne). Pour

subsister, ils diversifient suffisamment leurs cultures (cultures de rente, maïs, manioc…) afin

2 Diagnostic et perspectives de développement de la filière riz à Madagascar (FOFIFA/FAO 2001)

Page 15: PROBLEMES DE FINANCEMENT DES ACTIVITES EN MILIEU …

7

de pouvoir, soit disposer d’aliments de substitution au riz, soit tirer des ressources monétaires

à partir de la vente de ces autres produits pour financer l’achat de riz de complément. On

rencontre ces exploitants dans le Nord et dans l’Est.

• Les producteurs de rente polyvalents avec stratégie d’autosuffisance en riz disposant

d’alternatives de cultures de rente et de revenus, ce qui les écarte d’une stratégie d’expansion

des activités rizicoles, tout en cherchant à maintenir un certain degré d’autosuffisance en riz.

Ils produisent entre 1,2 et 1,9 tonne de paddy, leur permettant d’en garder une grande partie

pour leurs besoins de consommation tout en dégageant une autre pour la vente. Leur solde «

ventes-achats » de riz est généralement positif, sinon légèrement négatif (115.000 Fmg en

moyenne). La plupart diversifient leurs cultures et en tirent des revenus qui permettent de

compléter ceux générés par le riz. On les rencontre essentiellement dans le Centre-Ouest

(simple riziculture) et dans les Hauts Plateaux.

• Les producteurs semi-spécialisés riz et positionnés sur la vente de riz disposant d’un

potentiel technico-économique d’intensification ou d’expansion (moyens de production,

marché, organisation, terres, taille d’exploitation). Ils se caractérisent par une taille

d’exploitation, variant entre 0,7 et 2 ha. Ils disposent d’un niveau d’équipement supérieur.

II.2. Epargne et crédit rural

L’épargne rurale la plus répandue est sous forme monétaire. Elle concerne, selon les

régions, de 45 à plus de 90 % des épargnants3. La confiance limitée ou l’éloignement des

structures financières formelles existantes (banques ou SFD), sont des facteurs qui expliquent

la pratique bas de laine. L’autre forme d’épargne est en nature, le bétail en constitue souvent

et parfois aussi un indice de statut social. Cependant avec le développement de proximité des

mutuelles d’épargne, la pratique de l’épargne monétaire concerne plus de 10 % des ménages

ruraux dans les zones d’influence de ces IFM. Comme l’indique le graphe suivant, la capacité

d’épargne varie fortement d’une région à l’autre.

La pratique de l’emprunt se caractérise principalement sous forme monétaire ou en

nature, particulièrement le paddy.

3 Source ROR

Page 16: PROBLEMES DE FINANCEMENT DES ACTIVITES EN MILIEU …

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Graphique 1: Capacité d’épargne

L’emprunt sous ces différentes formes ne touche qu’une faible proportion de ménages

ruraux, dans la plupart des régions, seulement 8 % des ménages ont recours à l’emprunt ; les

raisons essentielles retenues jusqu’à présent4 sont :

• l’absence de besoins (surtout dans les régions du Sud, Ambovombe, Tuléar,

Bekily)

• la peur d’emprunter : raison qui concerne plus de la moitié des ménages non

emprunteurs, importante à Antsirabe à Mahanoro, Antalaha et Fénérive Est

• l’absence de garantie, individuelle ou collective, et qui est une des conditions

exigée par les prêteurs formels et informels,

• L’absence de structure de proximité, surtout à Farafangana, Ambovombe et à

Belo/Tsiribihina ; aux environs de 10 % à Antsohihy, Mahanoro et Soavinandriana et moins

de 10 % dans le reste des observatoires.

• les taux d’intérêts trop élevés

4 Enquêtes ROR

Page 17: PROBLEMES DE FINANCEMENT DES ACTIVITES EN MILIEU …

9

• le rejet du dossier de demande

• les modalités d’emprunt inadaptées

Graphique 2: Les formes d’emprunts

Les emprunts à d’autres membres de la famille hors du ménage constituent les

principales formes d’emprunts ruraux (plus de 80 % selon le ROR). Les SFD ont une

influence de plus en plus forte. Ecartant de plus en plus les réseaux bancaires qui conservent

des activités principalement sur Antalaha, Antsirabe, Marovoay, Ambatondrazaka et Tuléar.

Les usuriers (commerçant, prêteur individuel) jouent aussi un rôle prépondérant mais,

essentiellement, pour des périodes très courtes compte tenu des taux d’intérêts très élevés. Ils

restent très actifs dans le Sud à Tuléar et sur le littoral où ils assurent plus de 30 % des prêts.

Les autres organismes font surtout des projets de développement tels le PSDR.

Page 18: PROBLEMES DE FINANCEMENT DES ACTIVITES EN MILIEU …

10

SECTION III – LES BESOINS EN MATIERE DE FINANCEMENT RURAL

Les besoins de financement rural peuvent être divisés en deux grandes catégories :

• Le financement du développement rural porte sur les infrastructures économiques et

sociales dont ce monde a besoin pour se moderniser : routes, aménagements, mais aussi

écoles, systèmes de formation, centres de santé, … Les besoins de financement y afférents

portent sur des volumes importants. La rentabilité de ces activités est indirecte ou différée

dans le temps. Ces financements sont assurés à travers des fonds spécifiques (fonds de

développement local, …) alimentés par différentes sources (budget public, subventions, co-

financement, éventuellement crédit).

• Le financement des unités économiques rurales : familles, ménages, entreprises,

organisations ayant des activités économiques dégagent une rentabilité directe. Cette catégorie

de besoins de financement relève de services financiers qui sont le crédit rural, l’épargne et

les assurances.

Au sein de ces unités économiques rurales, deux grandes catégories peuvent être

distinguées : un nombre limité d’unités (gros commerçants, moyennes ou grandes entreprises

rurales, …) répond aux critères d’accès aux banques, grâce à la nature, au volume de leurs

activités économiques et à leur mode de gestion (comptabilité, …) ; en revanche, d’autres ne

répondent pas aux critères bancaires : activités de petite dimension économique, souvent

informelles, activité à faible dotation en capital ne permettant pas de fournir des garanties

matérielles, et celles qui ont un faible capital humain ne permettant pas l’accès aux procédures

bancaires.

Pour cette dernière catégorie d’unités économiques, les difficultés qu’ils peuvent

rencontrer pour la gestion du crédit et de l’épargne varient en fonction de la diversité des

situations. Ainsi la densité de la population, le degré de développement de l’activité

économique, des marchés, la diversité des activités, la part de l’agriculture dans les activités

rurales, la nature de l’activité agricole insérée ou non au marché, vont influer sur les besoins

de financement des populations.

Quatre principaux types d’activités sont pratiqués – et souvent combinées: les activités

du secteur primaire (agriculture, élevage, pêche, foresterie), l’artisanat à l’échelle de

l’individu ou de l’entreprise de taille variable, le commerce et les services. Mais deux types de

ménages vont être considérés plus particulièrement :

� Ménages agricoles, (90% des pauvres travaillent dans l’agriculture).

Page 19: PROBLEMES DE FINANCEMENT DES ACTIVITES EN MILIEU …

11

� Ménages entrepreneurials exerçant des activités non agricoles puisque plus de

26,9% des ménages malgaches possèdent au moins une entreprise non agricole qui présente

un intérêt particulier dans le contexte actuel du développement rural : elle constitue une

source d’emplois.

III.1. Ménages agricoles

Ces types de ménage vivent en grande partie de l’activité agricole pour survivre,

d’après l’étude faite auprès des ménages en 2005, on compte environ 73,3% de petits

exploitants (moins de 1,5Ha) parmi les ménages agricoles dans toute l’île. A l’inverse, les

grands exploitants avec plus de 4 Ha de terrains cultivés (au sens économique, ce qui signifie

qu’une parcelle peut être comptée autant de fois qu’elle a pu être cultivée) représentent 4,5%

des ménages agricoles. D’où la répartition en pourcentage.

Tableau 2: Répartition des ménages agricoles par Région

Ces petits exploitants agricoles font plutôt des activités d’autosubsistance, c'est-à-dire

qu’ils vivent de leurs cultures, et les vendent seulement en vue d’acquérir les biens de

Page 20: PROBLEMES DE FINANCEMENT DES ACTIVITES EN MILIEU …

12

premières nécessités dont ils ont besoin. Ainsi, leur productivité reste très faible et les

rendements des principales cultures n’ont pas progressé depuis longtemps. Différents

obstacles sont à l’origine de la persistance de ces situations, entre autres, les problèmes

d’intrants et de technologies, les problèmes d’infrastructure, les problèmes fonciers et les

problèmes d’accès au financement.

III .1.a. Les problèmes d’intrants et de technologies

L’utilisation des méthodes de production traditionnelle est encore dominante dans les

activités agricoles. Cette situation provoque le problème d’accès aux intrants, le problème

d’acquisition des matériaux et technologies plus sophistiquées permettant d’accroître la

productivité tout en diminuant les coûts de production, en d’autres termes, réaliser un

rendement d’échelle.

• Les intrants.

Ils concernent les matières indispensables aux exploitations de l’agriculture. Les

semences, les engrais sont des matières dont l’insuffisance et l’incapacité auront une grande

influence sur l’exploitation.

Le secteur agricole malgache est encore caractérisé, par l’utilisation des engrais

organiques qui ne sont pas rentables par rapport aux engrais minéraux, étant donné que la

production de ces derniers n’est pas encore accessible aux ruraux d’où la nécessité d’importer

c'est-à-dire une acquisition plus onéreuse et des semences non sélectionnées. Cela engendre

nécessairement une faiblesse de rendement.

• Les matériels et les technologies.

Bon nombres d’agriculteurs n’utilisent que leur force physique pour réaliser leur

production, par l’intermédiaire de matériaux rudimentaires comme l’angady, par exemple ;

mais qui, par contre, est très polyvalent : l’angady sert à la fois au labourage, aux désherbages

et aux creusements, les binettes, les râteaux, les charrues, les herses tirés par les hommes ou

les animaux. Ces matériaux demandent beaucoup de temps et impliquent une condition de

travail pénible, alors qu’ils ne procurent qu’un faible rendement.

Le problème ne se situe pas, seulement, sur l’insuffisance des matériels utilisés mais

aussi sur la mauvaise qualité de ces matériels. Faute d’épargne et d’investissements suffisants,

les paysans n’arrivent pas à renouveler leurs outils et à améliorer leurs capacités productives.

Page 21: PROBLEMES DE FINANCEMENT DES ACTIVITES EN MILIEU …

13

L’acquisition des matériels modernes comme les tracteurs, moissonneuse-batteuses est

quasi impossible car ces matériels sont très chers mais en plus, leur utilisation requiert une

certaine connaissance que les paysans ne possèdent pas d’où la nécessité d’une formation,

voire même, un recrutement de techniciens compétents, ce qui vaut un coût supplémentaire.

III.1.b. Problèmes d’infrastructures

Le problème d’infrastructure est aussi un obstacle au développement du secteur

agricole car il empêche l’initiative des producteurs dans l’amélioration de leur production.

• Infrastructure routier

Plusieurs régions productrices se trouvent dans des zones enclavées ce qui empêche

les paysans, pendant la période de récolte, d’évacuer leurs produits, sinon les transports se

font par eux même : à pieds, à dos d’hommes, les obligeant, ainsi, à ne produire que, juste,

leur consommation familiale annuelle. Il arrive même, des fois, que seuls des collecteurs

véreux, sans scrupules, parviennent jusqu’à ces régions, achètent les productions à très bas

prix, décourageant ainsi les paysans à produire, même si les terres sont fertiles et le climat

favorable

• Le barrage et l’irrigation

Ces infrastructures sont insuffisantes dans le milieu rural et même si elles existent,

elles ne sont pas conformes aux normes de construction alors ne sont pas durables.

L’absence de ces infrastructures entraine une mauvaise exploitation de l’agriculture.

La construction de barrage demande un montant assez élevé d’investissement qui n’est

pas à la portée des ruraux même s’ils s’associent ou se regroupent en coopérative.

III.1.c. Le problème foncier

La terre est le premier facteur de production pour l’exploitation de l’agriculture.

Malheureusement, un climat d’insécurité foncier s’est propagé sur l’ensemble de territoire.

Peu de citoyen sont assurés de leur droit sur la terre et nombreux sont ce qui craignent une

tentative de spoliation par une personnalité capable d’activer l’aboutissement d’un dossier

d’immatriculation foncière. Les superficies cultivées des paysans sont de petites tailles, en

moyenne 1,20 ha par exploitant. Ce qui explique la rareté des grandes exploitations. Faute de

sécurité foncière, le système de production est orienté vers la culture d’auto subsistance

provoquant, ainsi, une impossibilité d’extension et de modernisation.

Plusieurs facteurs sont à l’origine de cette difficulté d’accès à la terre.

Page 22: PROBLEMES DE FINANCEMENT DES ACTIVITES EN MILIEU …

14

• Sur le plan social

L’occupation des terres est soumise à des règles coutumières. La transmission de

parents aux enfants (la succession) se fait systématiquement, d’une façon traditionnelle, c’est-

à-dire en dehors de toute forme administrative formelle. Par conséquent, bon nombres de

terrains ne sont ni titrées ni bornées et l’indication et la description ne sont pas réglementées

juridiquement. Ces situations présentent des inconvénients majeurs. D’une part, à mesure

d’une série de successions, les surfaces attribuées diminuent de générations en générations

donc parallèlement, la pauvreté s’accentue proportionnellement. D’une autre, des

fonctionnaires indélicats profitent de cette situation, de l’ignorance de ces gens, pour

détourner et inscrire les terrains à des tiers, provocant ainsi des conflits ou d’inextricables

litiges fonciers. Enfin, et le plus important, est que la non possession de titre empêche les

paysans d’engager leur terrain comme garantie d’emprunt ou de financement ou l’intimide

dans son exploitation.

• Sur le plan administratif

L’immatriculation semble décourageant du fait du cout relativement élevé, de la

procédure trop lourde et très longue pour l’obtention des documents fonciers. Parallèlement,

la méthode de travail de fonctionnaire est lamentable : les bâtiments et les conditions ne

garantissent plus la conservation adéquate des documents, la détérioration des plans et

registres a atteint un niveau difficilement réversible.

Actuellement l’Etat procède à la pratique de l’immatriculation collective, à guichet

unique, qui à l’avantage d’alléger et de simplifier la procédure, réduisant ainsi, le délai

d’acquisition

Face à des nombreuses demandes d’acquisition des terrains domaniaux, les services

fonciers présentent une très faible capacité à délivrer des titres fonciers. Ainsi, les demandes

d’acquisition déposées depuis ½ siècle demeurent sans suite tandis que la superficie de

propriétés titrées ne dépasse pas 1/15 du territoire.

Au fur et à mesure des ventes, les procédures de transmission des titres tombent en

désuétude dans la mesure où elles ne reflètent plus la réalité des droits sur le sol. Ainsi, avec

le temps, l’information foncière gérée par les services fonciers concerne non seulement une

faible proportion de bien mais sert de frein au décollage du fait de la non conformité à la

réalité. Les titres deviennent obsolètes en raison de la rareté de l’enregistrement de mutation

Page 23: PROBLEMES DE FINANCEMENT DES ACTIVITES EN MILIEU …

15

et l’on peut douter de la capacité réelle des services fonciers à gérer l’ensemble des terres

agricoles à Madagascar.

III.1.d. Le problème d’accès au financement

Les institutions financières qualifient les paysans comme des mauvais payeurs et à

haut risque parce qu’elles pensent que ce sont des gens à faible revenu. En plus, en majorité

les hypothèques offertes par ces paysans sont les terres, pourtant celles-là ne sont pas encore

réglementées.

La difficulté d’accès au crédit bancaire oblige les petits producteurs à se contenter de

la culture d’auto subsistance. Ce phénomène réduit les possibilités à la diversification des

cultures sur des petits périmètres et accentuent l’utilisation des petits matériels. La faiblesse

du système de financement du monde rural constitue un facteur de blocages à l’amélioration

de la productivité agricole (achats d’engrais et d’insecticides, renouvèlement des matériels…).

Elle représente également une contrainte à la bonne préparation de campagne de

commercialisation et par la suite à l’élévation de la production et du revenu.

Le prix de crédit reste très élevé à Madagascar. Si le taux d’intérêt est de 27% pour les

banques primaires, il est de 36% pour les caisses mutuelles (CECAM, OTIV…). Cette

situation est due en partie à l’existence de nombreux intermédiaires.

Le financement rural est un facteur initial pour le développement de l’agriculture à

Madagascar. La taille des exploitations ne permet pas de générer de revenu suffisant et la part

du surplus commercialisé est relativement faible. La difficulté d’accès au crédit favorise donc

le recours des producteurs aux usuriers. Ce type de financement dont le taux d’intérêt est trop

élevé accentue la baisse de revenu et ne permet, pratiquement, pas le remboursement d’où le

cercle infernal des paysans, tout le temps obérés.

Le problème de financement, l’insuffisance et la dégradation des infrastructures, le

problème d’intrants et de technologie ainsi que le problème de sécurisation foncière

concernent la production agricole. Ces problèmes demandent une résolution dont de

financement dans le secteur en question.

III.2. Ménages non agricoles

La création et la gestion d’une entreprise non agricole constituent une des stratégies

adoptées par les ménages pour atténuer l’effet néfaste de la pauvreté. Ce sont des petites

exploitations familiales. Elles créent des emplois et procurent des revenus supplémentaires.

Page 24: PROBLEMES DE FINANCEMENT DES ACTIVITES EN MILIEU …

16

Les activités non agricoles peuvent être des activités de transformation (décorticage du

riz), de commercialisation (collecte de produits locaux, tenue de petits commerces, épicerie,

bar, location de matériel vidéo ou de sonorisation pour les fêtes rurales…), cependant, outre

les problèmes liés à l’écoulement de la production, la difficulté d’accès au financement

constitue un des obstacles au développement des activités des entreprises non agricoles. Cela

peut se faire par le biais du financement interne: bénéfices pour plus de 47% des entreprises et

épargne du ménage pour 25% des entreprises. Le financement externe est très restreint et se

limite au circuit informel entre ménages les plus proches : parents, amis. D’où l’inexistence

d’innovation, et le peu de bénéfice obtenu est pratiquement consacré aux besoins quotidiens

empêchant ainsi toute possibilité d’extension et d’investissement.

Page 25: PROBLEMES DE FINANCEMENT DES ACTIVITES EN MILIEU …

17

CHAPITRE II – L’IMPORTANCE DU CAPITAL

SECTION I – LE CAPITAL

I.1. Le rôle du capital d’après les physiocrates

Les physiocrates considèrent que l’objet de la recherche économique se rapporte aux

activités de production – primauté de l’agriculture – en d’autres termes, pour eux, seule la

terre est la source de la richesse et les autres activités ne sont que des activités de

transformation. Ainsi, ils ont déduit la formule suivante :

Produit Net = Produit Brut – Avance

Le Produit Net est un don gratuit de la nature (terre) grâce à l’application du travail, il

est le prix payé au propriétaire pour la permission de celui-ci à se servir de son champ pour y

établir une entreprise. Au sens restreint, il est à rapprocher de la rente, du fermage. Au sens

large, il inclut les impôts5. Pour cela, lorsque le Produit Net augmente, il y a une croissance

économique,

Les physiocrates ont introduit la notion de capital qui est assimilé à l’avance

constituée par le prix de la terre payé au propriétaire.

En analysant la production agricole, Quesnay considère deux types de producteurs :

� les petits cultivateurs sans emploi de capital et peu productifs,

� les fermiers (grands cultivateurs) employant du capital et très productifs.

Le capital joue ainsi un rôle très important dans la production et le problème essentiel

à résoudre est la reconstruction du capital dépensé ou « avancé » en vue de la production.

Dans le capital il distingue6 :

- Les avances foncières (exemples les canaux)

- Les avances primitives (capitaux fixes, bâtiments)

- Les avances annuelles (capitaux circulants)

I.2.Capital : Facteur mobilisateur du travail (Adam SMITH)

5 E,T, Mandrara, « Introduction à l’économie et histoire de la pensée économique », cours Université d’Antananarivo, Faculté DEGS, Département Economie, p28 6 E,T, Mandrara, « Introduction à l’économie et histoire de la pensée économique », cours Université d’Antananarivo,

Faculté DEGS, Département Economie, p25

Page 26: PROBLEMES DE FINANCEMENT DES ACTIVITES EN MILIEU …

18

Les classiques décrivent la société en régime de concurrence pure et parfaite et les

agents comme des gens rationnels « homo-oeconomicus » qui cherchent le maximum de

profits en utilisant le minimum de coût. C'est-à-dire l’optimum. Ils considèrent que cette

société marchande est fondée sur la division sociale du travail.

Or d’après Adam SMITH, dans son ouvrage : Nature et cause de la richesse, la cause

de la richesse n’est pas l’abondance monétaire mais le capital qui permet de mobiliser le

travail et de développer la division du travail. Il a précisé que l’augmentation de la richesse

repose sur l’accumulation du capital. Le capital disponible parfait (K/L) est une variable

importante pour la réalisation de la croissance économique. La disponibilité des mains

d’œuvre ne suffit pas pour relancer l’économie, il en faut, certes mais il faut aussi des moyens

de production car, par exemple, l’introduction de la mécanisation favorise la création des

emplois non agricoles, telle les activités de réparation mécanique (réparation des tracteurs, des

équipements agricoles etc.). Dans la mesure où les paysans ont accès au crédit, ils pourront

adopter des techniques nouvelles (exemple l’application du Système de Riziculture Intensive)

qui leur permettent d’améliorer les rendements agricoles. Ce qui n’est pas le cas pour le

paysannat malgache où les méthodes culturales sont encore archaïques.

I.3.Capital : facteur de production (Néoclassique)

Les néoclassiques ont introduit pour la première fois la formalisation de la fonction de

production. Pour eux, le capital est aussi un facteur de production de même ordre que le

facteur travail. Ainsi, les néoclassiques ont formulé l’hypothèse de substitution des facteurs.

Fonction de production

Une fonction de production montre la relation entre le volume ou la quantité de biens

et les moyens ayant permis de réaliser cette production. Ces moyens sont appelés «facteurs de

production ». En général, on distingue trois facteurs de production : facteur travail (L), facteur

capital (C) et le facteur terre (T), d’où la relation :

P= f(K,L,T).

Les théoriciens néoclassiques ont émis les hypothèses selon lesquelles les facteurs de

production sont substituables et la loi de rendement décroissante. Ce qui permet de formuler

le Taux de Substitution Technique(TST).

C’est une notion qui est assimilable au Taux Marginal de Substitution (TMS). Il

mesure la condition dans laquelle les producteurs vont accepter de substituer le capital K par

le travail L à condition de maintenir le même niveau de production. La substitution du facteur

Page 27: PROBLEMES DE FINANCEMENT DES ACTIVITES EN MILIEU …

19

capital au facteur travail permet de maintenir le niveau de production en diminuant le volume

des mains d’oeuvre et en augmentant le volume du capital technique. A Madagascar, à cause

de manque de capital technique, les paysans pratiquent la culture extensive.

Le choix inter temporel du producteur7.

Comme dans le modèle d'équilibre général, on peut supposer que la richesse des

individus provient des activités productives : revenus du travail et revenus de la propriété. Si

on considère ainsi que les entreprises appartiennent entièrement aux ménages, cela revient

pratiquement à poser que toute l'économie se résume seulement aux ménages et que la

richesse globale est celle des ménages. L'enrichissement des entreprises se confond avec celui

des ménages.

Cela dit, les activités productives nécessitent la constitution d'un capital par la

réalisation d'investissements et par conséquent la formation d'une épargne. On retrouve ici le

rôle premier du marché des capitaux qui consiste à répondre aux besoins de financement des

firmes (demandeurs de capitaux) par les ressources d'épargne des individus (offreurs de

capitaux). Soit la fonction de production Q(K) avec Q'(K) > 0 et Q" (K) < 0 pour tenir compte

de la loi de la productivité marginale décroissante.

L'individu a le choix quant à l'emploi de son épargne K entre un investissement

productif et un placement financier. Supposons que le stock initial de capital est nul :

K = I (investissement). La décision investissement / placement dépend de la

comparaison entre le résultat futur de l'investissement mesuré par Q(K) et le produit futur du

placement mesuré par K(1+r) si r est le taux d'intérêt. On voit que l'investissement est le bon

choix tant que la quantité K d'épargne investie est inférieure à l'abscisse du point de concours

entre la courbe Q(K) et le rayon de pente

(1+r) puisque la rentabilité de l'investissement est alors supérieure à ce que

rapporterait le placement de K sur le marché. A droite de ce point, le bon choix est au

contraire celui du prêt. Ce raisonnement amène à considérer que le taux d'intérêt mesure le

coût d'opportunité de l'investissement productif.

Deux autres façons de raisonner sont possibles :

7 Baslé, MAURICE, « Histoire des pensées économiques: les fondateurs », 2è éditions, Edition Dalloz, 1993, p331.

Page 28: PROBLEMES DE FINANCEMENT DES ACTIVITES EN MILIEU …

20

1- On peut considérer que (1+r) représente le coût du financement de l'investissement

K. Le choix de l'investissement se justifie alors tant que ce coût est inférieur à la production

qui permet de réaliser cet investissement.

2- Sur la lancée du raisonnement précédent, on peut dire que l'investissement productif

est rentable quand son taux de rentabilité interne (TIR) est supérieur au taux d'intérêt du

marché. Le TIR est le taux d'actualisation t qui égalise la valeur actualisée à ce taux des

revenus futurs de l'investissement et le coût de son acquisition (en ne tenant pas compte de

l'éventuelle valeur de revente du capital) :

Le TIR est donc la valeur de t telle que Q(K) (1+t) -1 = K. On peut dire aussi que le

TIR est la valeur de t telle que Q(K) (1+t) -1 - K = 0, différence souvent appelée valeur

actualisée nette (VAN). Ainsi, le TIR est la valeur de t qui annule la VAN.

Quand t > r, l'investissement est profitable ; il ne l'est pas quand t < r.

Remarque :

o Quand le taux d'intérêt réel r augmente, les opportunités d'investissement se

réduisent.

o Le TIR correspond à ce que Keynes appelle l'efficacité marginale du capital.

Graphique 3: Représentation graphique du modèle néoclassique

K= épargne au temps t0, Y=rendement au temps t1 , Q(K) la fonction de production, et

enfin r = taux d’intérêt. Ainsi, lorsque K est inférieur à Keq (K d’équilibre), l’investissement

est le bon choix parce que le rendement Y obtenu au temps t1 est supérieur à celui obtenu

dans le cas de placement. Lorsque K est supérieur à Keq, c’est la situation inverse qui se

produit.

Page 29: PROBLEMES DE FINANCEMENT DES ACTIVITES EN MILIEU …

21

Le choix inter temporel du producteur signifie que le producteur en question doit

choisir entre le placement financier et l’investissement compte tenu du résultat futur de

chaque choix.

SECTION II – LE FINANCEMENT EN VUE D ’ ACQUERIR LE CAPITAL

L’acquisition du capital permettant de réaliser les activités des ruraux ne peut se faire

que par l’intermédiaire des financements permettant :

- aux particuliers : achat ou construction immobilière et autres besoins privés

d'investissement ou de consommation,

- aux entreprises et professionnels : création ou achat d'entreprise, investissement

productif ou commercial, besoins d'exploitation (financement du fond de roulement)

- pour les autres collectivités et institutions : dépenses de fonctionnement et

d'investissement d'une collectivité publique, d'un organisme social, ou d'une association ou

fondation privée à but non lucratif (culturel, humanitaire...)

Les sources de financement des entreprises peuvent être des fonds propres (fonds

apportés par les investisseurs), l’autofinancement, le crédit (fonds d'emprunt), les aides

publiques et les subventions.

Il existe ainsi différents moyens d’accéder à un financement :

II.1. Financement interne

II.1.a. Les capitaux propres

Il s’agit des apports en nature ou en espèce lors de la création de l’entreprise, son

montant ne peut être remboursé tant que vit l’entreprise. Les prêteurs disposent donc d’une

réelle garantie. Si l’entreprise existe déjà, le moyen de financement peut être l’augmentation

de capital. Celui-ci peut être réalisé en numéraire, en nature, par émission de nouvelles

actions, par intégration de réserves ou par convention de créance (par transformation de dette

en créance).

II.1.b. L’autofinancement

L’autofinancement désigne le financement par ses propres moyens, celui-ci s’effectue

grâce aux ressources générées par l’entreprise au cours d’un exercice comptable. La capacité

d’autofinancement (CAF) mesure la capacité de remboursement des capitaux empruntés. Si

une entreprise souhaite recourir à l’autofinancement, elle ne doit donc pas distribuer

généreusement ses bénéfices. Il a un coût subjectif plus faible et permet, pour les dirigeants de

Page 30: PROBLEMES DE FINANCEMENT DES ACTIVITES EN MILIEU …

22

maintenir le contrôle de l'entreprise ; c'est une réponse à l'incertitude et au risque des affaires,

relié ou non à l'endettement.

II.2. Financement extérieur : emprunt à long et moyen termes

Il y a emprunt lorsqu’un ou plusieurs prêteurs mettent des capitaux à la disposition de

l’entreprise. Généralement, c’est un établissement financier qui accorde le prêt, à la suite d’un

examen de la situation financière de l’entreprise.

Les emprunts extérieurs peuvent être soit des emprunts obligataires soit des emprunts

bancaires ou d’autres établissements de crédit.

Il existe deux types d’emprunts :

• emprunt indivis : il est réalisé auprès d’un prêteur (établissement de crédit), c’est un

crédit à moyen terme (2 à 7 ans)

• emprunt obligataire : il est à long terme (supérieur à 5 ou 7 ans) et souscrit par une

multitude de prêteurs qui reçoivent en échange des titres de créance appelés obligation

Page 31: PROBLEMES DE FINANCEMENT DES ACTIVITES EN MILIEU …

23

Page 32: PROBLEMES DE FINANCEMENT DES ACTIVITES EN MILIEU …

23

PARTIE II – LE FINANCEMENT DES ACTIVITES

RURALES A MADAGASCAR

CHAPITRE I – LES DIFFERENTS TYPES DE FINANCEMENT

SECTION I – LE FINANCEMENT PUBLIC

Des politiques de réduction de la pauvreté ont été depuis longtemps mises en place par

le gouvernement malgache : le DSRP puis le MAP. Comme 80% des malgaches vivent dans

le milieu rural, la réduction de la pauvreté rurale figure dans les défis à dépasser dans ces

politiques. Dans ce cadre, un Plan d’Action pour le Développement Rural (PADR) a été mis

en place dont le processus d’élaboration a été institutionnalisé par le Décret 99-022 du 20

janvier 1999. Celui-ci a été réajusté et redéfini en tant que Programme National de

Développement Rural (PNDR).

Ce dernier est un document d’orientation du développement rural, pour garantir la

répartition des bénéfices de la croissance dans le pays. Il est conçu pour permettre

d’harmoniser et de coordonner les interventions sectorielles et régionales, pour mobiliser les

parties prenantes autour de la thématique du développement rural afin d’obtenir une synergie

des programmes et des interventions. 5 grandes orientations sont proposées :

• Rendre le cadre institutionnel du secteur plus efficace dont l’objectif principal est de

rapprocher l’administration des administrés en offrant un service de qualité et de coordonner

les actions des différents intervenants (organisations professionnelles, structures d’appui :

partenariat public/privé)

• Faciliter l’accès au capital et aux facteurs de production (foncier, infrastructures,

finances rurales, matériel/équipement, énergie…) ;

• Améliorer la sécurité alimentaire et augmenter la production et la transformation

agricoles ;

• Valoriser les ressources naturelles et préserver les facteurs naturels de production (eau,

fertilité de sols, fonctions écologiques des écosystèmes…) ;

• Développer les marchés et organiser les filières ;

Ces orientations se déclinent en 22 axes stratégiques et 52 programmes.

Ce chapitre se consacrera sur les financements réalisés en collaboration avec le

ministère de l'Agriculture, de l'Elevage et de la Pêche, qui a pour mission de concevoir, de

mettre en œuvre et de coordonner la politique de l'Etat Malgache dans le domaine de

Page 33: PROBLEMES DE FINANCEMENT DES ACTIVITES EN MILIEU …

24

l'Agriculture, de l'Elevage et de la Pêche ainsi qu'en matière de Recherches Agricoles, pour un

développement rapide et durable.

Au niveau des régions, il assure avec les 22 Directions Régionales du Développement

Rural (DRDR) la mise en oeuvre de la politique du Ministère dans les régions administratives,

suivant les normes et les objectifs fixés par le Ministère et en tenant compte des spécificités

de chaque région.

Plusieurs projets sont réalisés au sein de celui-ci dans le but d’améliorer le sort des

ruraux car on ne cesse d’affirmer que pour développer le pays, il faut développer le monde

rural. Des bailleurs de fonds financent ces projets comme le PNUD, la BAD, le MCA, la

FIDA. Mais ce qui nous intéressera, ce sont ceux financés par le FIDA, comme

PROSPERER, AROPA, PPRR.

Le FIDA ou Fonds International de développement agricole est une institution

spécialisée du système des Nations Unis. Il a été fondé en décembre 1977 dans le sillage de la

Conférence mondiale de l’alimentation réunie à Rome en 1974. Elle est une banque d'aide au

développement qui a pour vocation de participer financièrement, comme bailleur de fonds et

organisateur, au développement agricole et rural dans les pays en développement et en

transition. Son objectif stratégique à Madagascar est de « Promouvoir le développement

régional par une approche inclusive en faveur des pauvres, afin que les ménages les plus

vulnérables puissent profiter de la croissance économique en milieu rural et améliorer leurs

conditions de vie »8. Il appuiera les efforts déployés par le Gouvernement pour stimuler le

développement régional, en vue de faciliter la transformation du secteur rural traditionnel

isolé en un secteur productif professionnel, compétitif et intégré dans le marché

4 projets sont actuellement en cours d’exécution qui représente un montant total de 55

millions USD. Parmi eux se trouve le programme de promotion des revenus ruraux (PPRR)

dans les zones côtières orientales, qui porte sur l’accès au marché et le programme de soutien

aux pôles de micro-entreprises rurales et aux économies régionales de Madagascar

(PROSPERER), Projet d’Appui au Renforcement des Organisations Professionnelles aux

services agricoles (AROPA)

8 Site internet

Page 34: PROBLEMES DE FINANCEMENT DES ACTIVITES EN MILIEU …

25

I.1. PPRR I.1.a. Présentation et objectifs

Le Programme de Promotion des Revenus Ruraux (PPRR) veut réduire la pauvreté

rurale par l’accroissement des revenus des producteurs et le renforcement des communautés

de base à prendre en charge leur développement. Deux stratégies sont mises en place. Il s’agit

de développer des pôles de partenariat autour de centres d’activités, visant à améliorer l’accès

des populations rurales au marché et aussi de mettre à profit la dynamique générée par les

pôles pour renforcer les structures communautaires capables de prendre en charge le

développement à la base sans laisser de côté les populations les plus vulnérables, et d’appuyer

l’amélioration et la diversification de la base productive.

Les objectifs spécifiques portent sur :

• l'amélioration de l'accès des producteurs aux marchés et la valorisation des produits

(dans le cadre de "pôles de partenariat");

• l'intensification et la diversification de la base productive de manière durables (avec la

réalisation de microprojets);

• l'accès à des services financiers adaptés

I.1.b. Composantes

Le PPRR est structuré en 4 composantes:

- appui au développement des pôles et aux partenariats commerciaux;

- appui à la structuration du monde rural et à l'amélioration de la base productive;

- appui aux services financiers ruraux;

- appui à la gestion du programme.

I.1.c. Bénéficiaires

La population cible potentielle est estimée à 860 957 habitants dans 20 communes

rurales environ et à 180 fokontany considérés. Les groupes cibles retenus comme prioritaires

correspondent aux plus vulnérables, c'est-à-dire les petits exploitants ayant peu ou pas de

terre, les femmes et les ménages dépendant des cultures de rente mais décapitalisés, ainsi que

les ménages ruraux très déficitaires en vivriers. De plus, les opérateurs commerciaux, les

prestataires de services et les collectivités locales décentralisées/déconcentrées, partenaires

des pôles constitueront également des groupes cibles du PPRR car ils bénéficieront d'actions

spécifiques.

Page 35: PROBLEMES DE FINANCEMENT DES ACTIVITES EN MILIEU …

26

I.1.d. Zones d’intervention

Pour une durée de vie de 8 ans, le projet est divisée en 2 phases, première phase de 3

ans (2004-2007), pour tester la modèle qui se concentrera sur une zone prioritaire

correspondant aux trois sous-préfectures sud de la région d’Analanjirofo (Vavatenina,

Fenerive-Est et Soanierana Ivongo)et seconde phase de 5 ans pour la consolidation et

l'extension éventuelle de la zone cible dont la zone d’intervention sera étendue de manière

flexible en fonction de la demande émanant des producteurs à la base ou des opérateurs

économiques

I.2. PROSPERER II.1.a. Présentation et objectifs

Le Programme de Soutien aux Pôles de Micro-Entreprises Rurales et aux Economies

Régionales a été mis en place pour une durée de sept ans dont le démarrage s’est effectué

pendant le premier semestre de l’année 2008, avec l’appui financier du Fonds International de

Développement Agricole (FIDA) et en collaboration avec la Fédération des Chambres de

Commerce et de l’Industrie (FCCI). Il vise à accroître les revenus des populations démunies

dans les cinq régions les plus pauvres et les plus densément peuplées du pays, en ayant

comme objectif général de promouvoir l’augmentation des revenus par la consolidation des

micro-entreprises rurales au niveau local et régional. Les objectifs spécifiques sont les

suivants :

• Créer et appuyer un réseau d’organisations professionnelles, de corps de métiers et de

fédérations interprofessionnelles qui répondront aux besoins de développement des

entreprises rurales ;

• Contribuer à l’élaboration d’un cadre institutionnel et de la politique nationale en

matière d’appui aux micro-entreprises rurales ;

• Améliorer la compétitivité des micro-entreprises rurales pour renforcer les

performances des clusters et filières au sein de pôles économiques régionaux ;

• Permettre aux entrepreneurs d’accéder à des services financiers et non financiers

pérennes ainsi qu’aux marchés dans un environnement favorable de gestion de risques ;

• Créer un environnement structurant favorisant la modernisation des filières rurales

II.1.b. Composantes

Le programme est structuré en cinq composantes :

Page 36: PROBLEMES DE FINANCEMENT DES ACTIVITES EN MILIEU …

27

- Identification et mobilisation des MER9 , des PER10 et structuration des

interprofessions ;

- Services d’appui aux micro-entreprises rurales et formation professionnelle ;

- Finances rurales et gestion des risques ;

- Infrastructures de marché et investissements structurants et,

- Suivi-évaluation, capitalisation-communication.

II.1.c. Bénéficiaires

Le programme PROSPERER cible 27500 MER bénéficiaires directs dont 20500 MER

existantes et plus de 7000 nouvelles MER créées. Toutes bénéficieront de crédit et/ou d’appui

conseil. La création de nouvelles MER sera stimulée par la formation de 5000 jeunes et

adultes ainsi que par la mise en apprentissage de 8000 jeunes candidats à la création

d’entreprises. 85% des MER existantes bénéficieront d’appui et de formation en gestion et de

commercialisation (17600). L’alphabétisation fonctionnelle sera bénéfique à 7000

entrepreneurs ou jeunes. L’impact indirect du Programme devrait toucher environ 21000

MER additionnelles présentes dans les filières et clusters ciblés dans les cinq régions

d’intervention. Sur cette base, près de 48000 MER seront touchées par le programme comme

bénéficiaires directs et indirects. Plus de 50% des bénéficiaires seront des MER gérées par des

femmes.

9 Micro Entreprise Rurale

10 Petite Entreprise Rurale

Page 37: PROBLEMES DE FINANCEMENT DES ACTIVITES EN MILIEU …

28

II.1.d. Zones d’intervention Graphique 4: Zones d’intervention du programme PROSPERER

Le programme touchera cinq (05) régions choisies sur base de la présélection de

régions du COSOP en 2006, les potentialités de développement des régions, la densité de la

population (réseau villes campagnes), la suffisance de la densité de micro-entreprises rurales

(MER) existantes et à fort potentiel de croissance et la complémentarité par rapport aux autres

opérations de développement qui sont :

• ANALAMANGA : Andramasina, Ambohidratrimo, Manjakandrina, Antananarivo,

Atsimondrano et une option d’extension possible sur Anjozorobe

• ITASY : Miarinarivo, Arivonimamo, Soavinandrina

• HAUTE MATSIATRA : Ambohimahasoa, Fianarantsoa, Ambalavao

Page 38: PROBLEMES DE FINANCEMENT DES ACTIVITES EN MILIEU …

29

• VATOVAVY FITOVINANY : Manakara, Mananjara, Ifanadiana, Vohipeno

• SOFIA : Antsohihy, Boriziny, Befandriana, Mandritsara

L’ensemble des 19 districts sélectionnés correspond à une population totale de plus de

4 millions d’habitants. Les quelques 2,4 millions d’habitants représentant les 59% sont

considérés comme pauvres ou démunis selon les estimations du recensement de communes en

2001. Le programme cible en tout 346 communes, environ le quart des communes présentes à

Madagascar.

I.3. AROPA III.1.a. Présentation et objectifs

AROPA vise à « renforcer les organisations professionnelles agricoles pour améliorer

les revenus et réduire la vulnérabilité des petits producteurs (en particulier les plus pauvres

d’entre eux), en facilitant leur accès à une offre de services et à des équipements adaptés à

leurs besoins », pour une durée de 9 ans, répartie en trois phases. Ses interventions ont

commencé en janvier 2009. En vue d’atteindre l’objectif ci-dessus :

• renforcer et professionnaliser les organisations de producteurs de façon à améliorer

leurs compétences en vue de la valorisation durable des systèmes d’exploitation et à faciliter

leur intégration dans l’environnement économique ;

• faciliter l’accès des producteurs à une offre de services agricoles adaptée à leurs

besoins avec la mise en place de mécanismes d’intermédiation facilitant la rencontre de la

demande et de l’offre de services y compris l’appui aux CSA (centre de service agricole) ; et

• améliorer le niveau de production et de commercialisation des produits dans le cadre

de filières prioritaires par la mise en place de mécanismes financiers permettant aux

producteurs d’accéder à des ressources pour le financement des services agricoles et des

activités productives.

III.1.b. Composantes

Le projet est structuré en 4 composantes :

• Appui à la structuration des OP et à la professionnalisation des producteurs :

• Développement de l’intermédiation et des marchés de services

• Appui au financement du développement de la production et des services agricoles :

• Appui à la politique nationale de services aux agriculteurs

III.1.c. Bénéficiaires

Page 39: PROBLEMES DE FINANCEMENT DES ACTIVITES EN MILIEU …

30

Le projet AROPA cible prioritairement les organisations d’agriculteurs et prévoit de

travailler à cet effet avec trois catégories d’acteurs : les exploitations agricoles familiales

(EAF), leurs organisations (OP, OPA, OPF) ainsi que certains prestataires de services.

1. OP, OPA et OPF. Les organisations professionnelles agricoles ne regroupent encore

qu’une faible proportion des agriculteurs : dans les zones du projet, elle ne dépasserait pas

5%. Le projet favorisera le regroupement des producteurs et le développement de leurs

organisations autour de mini-projets professionnels portés par les OP et basés sur des résultats

bien déterminés pour, d’une part, tirer parti du développement des filières et d’autre part, pour

éviter des demandes ponctuelles. Ces mini projets seront à adapter à leur capital de départ, au

potentiel agro-écologique et aux possibilités de commercialisation. Le projet soutiendra le

renforcement des capacités techniques, organisationnelles et de gestion des OP mais il veillera

aussi à ce que ces développements s’inscrivent dans une perspective d’inclusion des femmes,

dans des organisations mixtes ou dans des organisations de femmes et des groupes plus

démunis.

2. Exploitations agricoles familiales (EAF). Les organisations professionnelles

agricoles ne regroupent encore qu’une faible proportion des agriculteurs : dans les zones du

projet, elle ne dépasserait pas 5%. Le « cœur de cible » du projet portera aussi sur les EAF des

régions couvertes (une douzaine de districts) au travers de leurs organisations professionnelles

agricoles. On estime à 75 000 le nombre de familles qui pourront bénéficier directement du

projet (pour la partie FIDA).

3. Prestataires de services. Les bénéficiaires du projet comprendront enfin certains

prestataires de services qui auront accès à des financements du FIDA pour leur permettre de

mieux répondre à la demande des paysans, y compris les demandes des femmes et des

groupes plus pauvres qui pourront demander des réponses spécifiques en vue de favoriser leur

inclusion dans les dynamiques qui seront soutenues par le projet.

III.1.d. Zones d’intervention

Le projet intervient sur environ 14 districts (180 communes) répartis dans 3 régions de

la partie sud de Madagascar :

• 8 districts de la région Anosy et Haute Matsiatra,

• 1 district et 1 Commune rurale dans la région Androy,

• 3 districts de la région Amorin’i Mania et

• 2 districts de la région Ihorombe.

Page 40: PROBLEMES DE FINANCEMENT DES ACTIVITES EN MILIEU …

31

Le total de la population agricole cible concernée serait ainsi d’environ 1,8 million de

personnes, 350 000 exploitations agricoles familiales (EAF), 2 500 OP (dont 50%

formalisées) et 150 à 200 prestataires de services extérieurs (PSE).

Graphique 5: Zone d’intervention AROPA

SECTION II – LE FINANCEMENT PRIVE II.1. Le financement bancaire

Les banques primaires offrent des crédits aux particuliers ou aux entreprises à un taux

allant de 16 à 21% (18,95 pour celui de la BOA à moyen terme). Mais ce taux est variable et

dépend du taux directeur de la banque centrale et du taux de base bancaire. Ce taux est aussi

en fonction du client (sa classe), c'est-à-dire s’il est un gros client, le taux est plus bas avec

une possibilité de négociation. Les garanties exigées sont les objets de crédit, exemple les

matériels d’équipement, matériels roulants ; l’assurance vie à la hauteur du crédit demandé.

Pour le cas de la BOA, elle offre un Crédit Agricole à Court Terme à un taux de 20%

avec un remboursement sans échelonnement car les activités agricoles sont saisonnières.

II.2. La microfinance

Page 41: PROBLEMES DE FINANCEMENT DES ACTIVITES EN MILIEU …

32

La MicroFinance désigne l’activité de collecte d’épargne et de financement des petits

producteurs ruraux et urbains. Elle peut être aussi définie par deux critères : d’une part, par la

population bénéficiaire, relativement pauvre ou du moins exclue du système bancaire

classique, et d’autres parts, par des opérations d’épargne et de crédits de faibles montants.

Les objectifs sont ainsi de :

• favoriser l'accès des petits producteurs exclus du circuit bancaire à des services

financiers de proximité et adaptés à la taille de leurs activités (micro-

entreprises/microcrédits),

• réaliser une meilleure collecte de l’épargne des ménages et des petits entrepreneurs

pour la réinjecter dans le circuit économique.

La Micro finance a déjà existé depuis plus d’une dizaine d’années à Madagascar.

Comme dans tous les pays africains, elle a pris différentes formes comme la tontine, ou les

caisses villageoises11. Ce n’est que vers 1996, que la profession s’est officialisée lors de la

promulgation de la loi relative aux IFM. Et lors de ces cinq dernières années, ce secteur a

connu une forte croissance (2004-2008) qui s’est traduite par une appréciation des principaux

indicateurs de portée et d’activités, notamment : nombre de caisses ou d’agences, nombre de

membres/clients touchés, encours de crédit et encours d’épargne.

En 2005,5% des ménages malgaches seulement ont pu avoir accès aux services

financiers fournis par les IMF. Trois ans plus tard en 2008, on est passé à une estimation de

taux de pénétration de l’ordre de 11,6%, soit une appréciation de 6,6 points sur la période

considérée.

Le tableau ci-après montre l’évolution globale du secteur des IMF durant les cinq

dernières années.

Tableau 3: Evolution globale du secteur des IMF Durant les cinq dernières années

11 Grameen Bank (ou caisse villageoise) en Inde fut l’origine de la Micro finance.

Page 42: PROBLEMES DE FINANCEMENT DES ACTIVITES EN MILIEU …

33

Trois banques commerciales (BOA, BFV/SG et BNI/CA) interviennent dans la

microfinance de deux façons : soit en prenant part dans le capital des IMF (sous forme SA),

soit en accordant des lignes de crédit de refinancement aux IMF. Ce mécanisme de

refinancement est adossé le plus souvent à des instruments de garantie en place.

Les institutions de microfinance du type mutualistes restent prédominantes.

Cependant, les institutions non mutualistes, particulièrement celles qui ont le statut de société

anonyme, ont pris de plus en plus de place.

II.2.a. Les institutions Financières Mutualistes

Ces institutions sont constituées par des caisses primaires, rurales ou villageoises

pratiquant la collecte de l’épargne et l’octroi des crédits aux membres. Ces caisses de base

sont gérées par les membres eux-mêmes, par la constitution des structures de gestion que sont

l’Assemblée Générale et le Comité de Gestion. Les résultats des exercices des Institutions de

base ne sont pas redistribués sous forme de dividendes mais réincorporés afin d’augmenter les

moyens d’autofinancement et rendre pérenne l’activité financière.

Parmi les institutions de micro finances, les Institutions de micro finance mutualistes

CECAM, TIAVO, OTIV, AECA et ADEFI sont les plus importantes, avec une allocation

annuelle de 136 milliards en 2003. Parmi ces cinq, seulement quatre ont un portefeuille

vraiment orienté sur le secteur rural, ADEFI étant particulièrement urbain ou périurbain

i- CECAM ou Caisse d’Eparne et de Crédit agricole Mutuelle

CECAM est la principale source de financement du monde rural, compte tenu de sa

taille et de son orientation. Elle a été lancée dans le Vakinankaratra en 1986 par des

Page 43: PROBLEMES DE FINANCEMENT DES ACTIVITES EN MILIEU …

34

agriculteurs et des éleveurs et appuyée par FERT12. Les caisses villageoises initiées en 1990

par l'Association FIFATA sont devenues des CECAM ou Caisse d’Epargne et de Crédit

Agricole Mutuelle en 1993 et s’étendent désormais sur huit régions. 80% des crédits

distribués sont affectés au monde rural. Les produits de crédit du réseau CECAM ont été

conçus de manière interactive avec les groupes d’agriculteurs et ont conduit à une offre très

adaptée, articulée autour de 5 types de crédits :

- Le crédit de production : qui finance les dépenses de cultures (mains d’oeuvres,

semences, engrais…) ou d’élevage (achat des aliments du bétail, des produits vétérinaires…)

et le cycle de crédit est adapté au cycle de production. La durée peut varier de 4 à 10 mois, au

montant d’Ar.20 000 à Ar.800 000 et avec un taux de 30 à 42% par ans (2,5 à 3,5% le mois)

- La location vente mutualiste (LVM) de matériel agricole, il s’agit d’un moyen

qui permet aux agriculteurs d’acquérir des équipements ou des animaux qui sont plus chers en

termes réels (par rapport à la valeur des produits agricoles) alors qu’ils sont indispensables à

la modernisation et au développement de leur production. Quand un membre de la CECAM

souhaite acquérir un tel équipement, il commence par présenter une demande pour obtenir

l’accord du comité local d’octroi de crédit puis il choisit lui-même le matériel et verse tout

d’abord à la CECAM au minimum 25% de la valeur de celui-ci. La CECAM achète alors le

matériel puis établit un contrat de bail au projet du membre qui devient ainsi locataire pour

une durée de 10 à 36 mois, mais il peut devenir propriétaire après avoir remboursé la totalité

de crédit (la valeur de l’équipement avec le taux d’intérêt de la CECAM). La LVM est une

réponse appropriée aux besoins de financement des équipements productifs pour l’agriculture,

l’élevage et le développement du secteur agricole.

- Le crédit de stockage dans les greniers communs villageois (GCV) est un crédit

mis à la disposition des paysans pour contrer leur pratique courante qui est de vendre leur

production à des prix relativement bas et au détriment de leur propre consommation, afin de

faire face à leurs besoins immédiats de ressources dès la récolte. Il permet de différer la vente

des récoltes et d’obtenir de meilleurs prix, tout en leur permettant de disposer des ressources

dont ils ont besoin pendant cette période de stockage. Pendant la durée du stockage, le stock

sert de garantie adossé au crédit jusqu’au remboursement, cinq à dix mois plus tard.

- Le crédit social ou de dépannage : c’est un crédit offert pour financer les

besoins de consommation imprévus (dépense de santé, événement familiaux…). Il est conçu

comme un crédit à très court terme (2 à 4 mois) et d’un montant plafonné d’Ar.20 000 à Ar.40

12 Formation pour l’Epanouissement et le Renouveau de la Terre

Page 44: PROBLEMES DE FINANCEMENT DES ACTIVITES EN MILIEU …

35

000 selon les régions. Le taux d’intérêt varie de 3 à 4% par mois. La caractéristique principale

de ce crédit est de son obtention rapide pour faire face aux urgences.

- Les crédits commerciaux, des groupes d’agriculteur ou des coopératives

s’organisent pour améliorer leur pouvoir de négociation sur les prix d’achat de leurs intrants

(semences, engrais, produit phytosanitaire…) ou le prix de vente de leurs récoltes. Pour cela,

ils regroupent leurs opérations commerciales et ont souvent besoin de constituer des stocks

qui améliorent leur position. Le réseau CECAM octroie à ces groupes ou coopératives des

prêts commerciaux pour financer ces stocks. Ces crédits sont consentis à des taux voisins de

ceux pratiqués par les banques en faveur des grands commerçants (24%)

TIAVO et OTIV sont des institutions basées principalement sur la collecte d’épargne

et qui redistribuent les crédits dans les limites de leurs capacités financières.

ii- TIAVO ou Tahiry Ifamonjena Amin'ny Vola

TIAVO ont été créées sur Fianarantsoa sous l’assistance technique du World Council

of Credit Unions (WOCCU) en 1996. La zone d’intervention initiale du Réseau est toute la

province de Fianarantsoa couvrant quatre (4) régions sur cinq (5), sauf la région d’Amoron’i

Mania. Ses caisses sont implantées dans les zones rurales.

Le réseau a octroyé MGA 3 753 631 684 durant le premier semestre 2008.

Tableau 4: Encours de crédit en milliers d’Ariary

iii- OTIV ou encore Ombona Tahiry Ifampisamborana Vola

L’OTIV ou encore Ombona Tahiry Ifampisamborana Vola est agréé par la CSBF en

2001, il dispose de 4 antennes: sur la cote est / lac Alaotra/ Antananarivo/ SAVA.

Le réseau est appuyé financièrement et aidé dans la gestion et l’exécution de ses

activités par la Banque Mondiale, par l’intermédiaire de l’AGEMPF13. La part des crédits

13 Agence d’Exécution du Projet Microfinance

Page 45: PROBLEMES DE FINANCEMENT DES ACTIVITES EN MILIEU …

36

affectée au financement rural est très variable selon l’implantation des réseaux, passant de

75% pour OTIV LAC Alaotra à environ 17% pour OTIV Antananarivo. L’estimation est à

50% du portefeuille pour la part affectée au monde rural pour l’ensemble des OTIV.

iv- AECA ou Association d’Epargne et de Crédit Autogérée

L’AECA est une institution indépendante qui octroie un service de microfinance au

niveau de la BOA. En 2007 le montant de crédit empruntés de ce système pour les

rizicultures, les commerçants et les éleveurs dans les pleines de Marovoay est de 320 millions

d’Ariary14. Le crédit octroyé est d’Ar.300 000 par bénéficiaire en moyenne. Mais pour les

paysans qui choisissent la riziculture amélioré, l’AECA octroie jusqu’à Ar.800 000. Le taux

d’intérêt de la banque est de 16% par an. De son côté, l’AECA met un taux de 3% par mois

envers les paysans emprunteurs.

II.2.b. Les institutions Financières non Mutualistes

Ce sont toutes les Institutions Financières de la Microfinance qui ont choisi la forme

juridique autre que mutualiste ou statut particulier ou, à travers leurs activités financières

classiques, ont un volet Microfinance. Elles sont en attente d’une loi qui régira ces

institutions:

Cas de Vola Mahasoa

Vola Mahasoa est opérationnel depuis 1993 dans la région de Tuléar. Il a pour objectif

de concourir au développement de la population pauvre et au revenu moyen, rural et urbain,

par le moyen d’agences spatialement et culturellement proches de la population, fournissant

des produits de crédit et des services financiers adaptés aux demandes.

Il offre six types de crédit : crédit productif, crédit petit commerce, crédit avec

éducation, crédit stockage, crédit micro-entreprise et crédit location-vente-équipement.

� Le crédit productif est destiné à financer essentiellement des activités agricoles et

d’élevage, le montant accordé s’élève de 10.000 MGA à 600.000 MGA, payable sur une

durée allant de 3 à 12 mois. Il concerne le financement de la riziculture, la culture d’arachide,

la culture des pois à savoir le haricot, lentille et du maïs. Dans les antennes d’Ankililoaka et

de Bas Mangoky, ce crédit finance surtout la filière du pois du cap.

� Le crédit « petit commerce » est destiné à financer des activités commerciales telles

que le commerce ambulant, le commerce de PPN, les gargotes, les friperies et le commerce de

14 La Gazette de la Grande Ile, 2007

Page 46: PROBLEMES DE FINANCEMENT DES ACTIVITES EN MILIEU …

37

bétail pour des montants allant de 10.000 MGA à 600.000 MGA, payable sur une durée de 2 à

5 mois.

� Le crédit avec éducation accompagné de regroupement de formation hebdomadaire

des bénéficiaires constituées des femmes formées en groupe de caution solidaire, est destiné à

financer des activités de femmes générant un revenu à très courte durée. Le montant accordé

s’élève à 10.000 MGA à 600.000 MGA, payable sur une durée maximale de 4 mois, avec

remboursement hebdomadaire.

� Le crédit « stockage » est destiné à financer le stockage de produits agricoles tels que

le maïs, le manioc, l’ambérique, le pois du cap, l’arachide et le riz, en vue d’améliorer leurs

conditions de commercialisation, essentiellement sur le prix qui devient plus élevé quelques

mois après la période de récolte. Les montants de crédit accordés varient de 60.000 MGA à

1.000.000 MGA, établis en fonction des quantités mises en stock par le bénéficiaire, payables

sur une durée maximale de 5 mois. L’opération «crédit stockage » est menée en collaboration

avec la MDP15 disposant d’une ligne de crédit s’élevant à 55.000 EUR de l’UE. En

complémentarité du fonds de garantie solidaire, les stocks entreposés dans le grenier

constituent la garantie du crédit. Même si le «crédit stockage » est perçu comme un système

de financement, des améliorations méritent d’être développées telles que la condition de

stockage des produits, la gestion de l’entrepôt, la mise en place de système d’information

permanente relatif à l’évolution des prix afin d’éviter la perte due au changement de prix.

� Le crédit « micro entreprise » cible des clients issus des groupes classiques de Vola

Mahasoa ayant la maturité et la capacité de remboursement suffisante pour un crédit

important. Les montants accordés varient de 300.000 MGA à 5.000.000 MGA, avec une

durée maximale de 12 mois, avec remboursement bimensuel. Les activités financées sont le

commerce, l’artisanat, le transport, l’élevage à cycle court et l’agriculture.

� Le crédit « Location Vente Equipement » qui est un financement sous forme de «

leasing » destiné à financer l’acquisition de matériel agricole qui appartient à Vola Mahasoa

jusqu’au remboursement complet du montant du crédit accordé, l’utilisation et la garde du

matériel incombent au client bénéficiaire du crédit. Les montants du crédit varient de

2.000.000 MGA à 5.000.000 MGA, avec une durée maximale de 24 mois. La location vente

équipement concerne essentiellement l’acquisition de Motoculteur, de dépailleur, de

décopolisseur et de moteur ; l’opération se fait en collaboration avec le Fournisseur

15 Maison de Paysans

Page 47: PROBLEMES DE FINANCEMENT DES ACTIVITES EN MILIEU …

38

MATERAUTO, et avec le PRBM16 pour l’antenne de Bas Mangoky. Des réparateurs et

revendeurs locaux assurent les services après vente dans le cadre de cette collaboration.

Le taux d’intérêt au crédit appliqué par Vola Mahasoa est de 3,5% à 4% nominal

mensuel en fonction du type de crédit. Une remise d’intérêt de 0,5% du nominal mensuel est

accordée aux clients bons payeurs en fin de remboursement.

Selon les fiches des produits financiers élaborés par Vola Mahasoa, les fréquences de

remboursement sont généralement adaptées à la saisonnalité des revenus des clients. Les

garanties de crédit sont principalement constituées de la caution solidaire et du dépôt de

garantie de 10% à 20% du crédit.

16 Projet de Réhabilitation du Périmètre du Bas Mangoky

Page 48: PROBLEMES DE FINANCEMENT DES ACTIVITES EN MILIEU …

39

CHAPITRE II – ANALYSES DES MODES DE FINANCEMENT

Le secteur Agricole (agriculture, élevage et pêche) occupe une place prépondérante au

sein de l’économie Malgache. Il est le principal pourvoyeur de valeur ajoutée, le principal

gisement d’emplois et l’un des principaux fournisseurs de devises, mais aussi, il contribue à la

sécurité alimentaire du pays.

Le financement de ce secteur contribuera ainsi à l’amélioration du PIB national, mais

aussi à la qualité de vie des ruraux. L’offre de financement public concerne surtout le

financement des infrastructures qui permettent à ces derniers d’améliorer leur productivité ;

entre autres, la création des routes, l’amélioration des systèmes d’éducation, la facilitation

d’accès à l’eau potable et l’électricité, la formation des agriculteurs que ce soit en matière

d’amélioration des rendements, de gestion, de management, ou encore d’utilisation des

ressources : capital, ressources humaines,…mais aussi la facilitation d’accès aux différents

types de financement que le privé offre. Dorénavant, ces deux types de financement

coexistent et sont complémentaires dans l’atteinte du même objectif qui est le développement

rural. Car les différents projets travaillent en collaboration avec les IMF par exemple le réseau

OTIV s’est engagé vis à vis du PPRR (programme de promotion des revenus ruraux) en 2008.

SECTION I – LE FINANCEMENT PUBLIC I.1. Les avantages

Le financement public favorise les activités économiques du monde rural par exemple,

la réalisation de l’infrastructure sur l’adduction d’eau potable d’Andavaniobe faite par le

PPRR. En effet, les habitants de ce fokotany souffrent d’un problème d’eau potable.

Habituellement, ils sont obligés de s’approvisionner en eau à partir d’une rizière. Il a été

constaté que l’eau n’est pas potable surtout durant la période des travaux de piétinage et de

repiquage. Ainsi, PPRR leur a donné un barrage de captage, un filtre, un château d’eau de

capacité 9 m 3, 9 bornes fontaines et un décanteur. Cette installation construite en Mars 2008,

permet aux habitants de réaliser leur activité quotidienne, et d’améliorer leur activité.

De plus, ce type de financement n’implique pas de charges importantes aux

producteurs ruraux (ou ménages ruraux) : la participation des bénéficiaires, c’est-à-dire que

les ménages ruraux (fokonolona) se limitent aux apports en nature disponibles localement

(gravillon, sables…)

Enfin, celui-ci favorise la création d’emploi soit sous la forme HIMO, soit sous la

forme « salarié des entreprises qui sont titulaire du marché »

Page 49: PROBLEMES DE FINANCEMENT DES ACTIVITES EN MILIEU …

40

I.2. Les inconvénients

- Le système de pérennisation n’est pas mis en place : structure d’entretien non

fonctionnelle (cas de AUE – Associations des Usagers de l’Eau qui n’arrivent pas à assurer

les entretiens nécessaires aux canaux d’irrigation, cas de Fokonolona qui n’assurent plus

l’entretien des routes…), absence des fonds d’entretien (difficulté de la mobilisation de fonds

au niveau des communautés bénéficiaires)

- Le financement est toujours perçu comme un don non remboursable donc mal géré :

on voit cela dans le cas des associations paysannes subventionnées par le PSDR pour le

financement de développement des activités génératrices de revenu. Les membres des

associations distribuent entièrement les revenus tirés des activités au lieu de les mettre dans le

fonds revolving qui permet d’accroître la taille des activités. Après la mise en place du projet

et le départ des prestataires encadreurs, bon nombre d’associations financés n’existent plus.

- La mise en oeuvre de financement publique est toujours liée au financement des

bailleurs de fonds qui dictent les modalités de la réalisation des projets et qui ne

correspondent pas forcement aux réalités du terrain.

SECTION II – LE FINANCEMENT PRIVE II.1. Les avantages de la microfinance

- Le fait que c’est le mode de financement le plus adapté en milieu rural, il est le plus

proche, mais aussi, s’adapte au contexte du monde rural.

- L’existence des agences de microfinance partout dans l’île, qui enlève les barrières de

frontière existant initialement, permettant ainsi de favoriser la concurrence.

- L’existence les partenaires techniques et financiers (bailleurs de fonds) ayant des

volets d’appui facilitant les interventions des IMF.

- Le partenariat avec les banques commerciales permettant d’assurer le refinancement

bancaire pour les IMF. C'est-à-dire que les banques prêtent à ces dernières pour qu’elles le

prêtent à leur tour aux agriculteurs. cette situation est rencontrée principalement dans les

zones de pôle agricole comme Marovoay, Lac Alaotra.

- L’existence de synergie entre les IMF et les intervenants techniques. Ceux-ci peuvent

encadrer les usagers lors de l’octroi de crédit que ce soit en faisant des formations pour avoir

un meilleur rendement ou l’apprentissage de l’utilisation des infrastructures nouvellement

acquises.

- Mise en place du crédit à quotient solidaire pour pallier au manque de garanties des

paysans. Dans ce système, il peut y avoir le regroupement de 4 à 5 membres individuels et il

Page 50: PROBLEMES DE FINANCEMENT DES ACTIVITES EN MILIEU …

41

permet de i) limiter les risques grâce à la surveillance des membres du groupe. Cela constitue

une garantie sociale et morale utilisant des pressions internes pour le remboursement, ii)

réduire le coût d’approche avec le traitement regroupé de plusieurs dossiers et iii) favoriser le

dialogue social des bénéficiaires acteurs économiques dans la zone.

II.2. Les problèmes d’adéquation de l’offre à la demande

La jonction entre l’offre et la demande se fait difficilement à cause de blocages qui

dépendent de la demande, de l’offre ou de facteurs externes.

Le schéma ci-après illustre l’éloignement de l’offre et de la demande venant :

• De l’offre

- Proximité des IMF

- La lourdeur et l’application des procédures d’octroi et de gestion des

crédits

- Les conditions de crédit pour les producteurs

• De la demande

- Contraintes culturelles

- Contraintes structurelles

- Cohabitation des subventions et du crédit

- Capacité des demandeurs de crédit

• de l’extérieur :

- Risque écologique

- Risque économique

Graphique 6: la jonction de l’offre et de la demande

Page 51: PROBLEMES DE FINANCEMENT DES ACTIVITES EN MILIEU …

42

II.2.a. Contraintes liées à l’Offre

L’offre de crédit vient des IMF, compte tenu des besoins des agriculteurs et des

structures existantes dans les zones concernées. Cependant, plusieurs raisons empêchent

l’accès aux produits offerts entre autres :

i- Proximité des IMF

Même si beaucoup d’effort ont été réalisés par les IMF, ces 5 dernières années, sur

l’augmentation du nombre de caisses et d’agences dans les différentes zones à Madagascar, et

qu’il y eu amélioration des infrastructures telles que les routes facilitant ainsi la pénétration

des IMF. Beaucoup de ruraux ont encore peu d’information sur ces institutions concernant les

offres de services qu’elles accordent, le taux et le mode de paiement. Celle-ci est due d’une

part au manque d’intérêt des agences. En effet, à l’absence de moyens de transport et à

l’éloignement des paysans, les agents auront tendance à répondre à la demande moins risquée,

mieux structurée, pour des montants plus importants et à proximité du Centre Administratif

ou des points de services. L’incitation à offrir le crédit à la clientèle rurale est donc assez

faible pour répondre à la demande, sauf pressions faites par les projets oeuvrant dans ces

zones.

Page 52: PROBLEMES DE FINANCEMENT DES ACTIVITES EN MILIEU …

43

Par ailleurs, il y a un manque de pro-activité des agents de crédit. Ce dernier n’a pas

pour le moment la fonction de susciter la demande et d’aider les individus ou les groupes à la

formuler (absence de pro-activité). La plupart du temps, les agents de crédit ne sont pas du

milieu ou ils n’y résident pas et, en conséquence, ne peuvent pas baser leur jugement sur la

connaissance de la clientèle pour l’évaluation du risque ou pour faire le suivi. Dans bien des

cas, il n’est pas possible de vérifier sur place, la potentialité de production du demandeur de

crédit, car cela demanderait trop de temps et parfois l’endroit n’est pas accessible, même en

moto.

ii- La lourdeur et l’application des procédures d’octroi et de gestion des crédits

Pour certains types de crédit, les procédures sont très lourdes et ne conviennent pas à

la clientèle rurale et sont mieux adaptées en milieu urbain (ex : photocopies de documents,

attestation de toute sorte). Elles entraînent des coûts aux demandeurs, notamment de

déplacement. Ces lourdeurs peuvent, dans certains cas, représenter un frein réel à la

formulation d’une demande. Avec plus de proximité, les procédures pourraient être allégées.

Vu le temps impartit pour chaque dossier, la lourdeur des procédures d’octroi et

d’analyse, l’obligation de compléter divers formulaires et de confirmer les garanties, amènent

les agents de crédit à se concentrer sur l’ensemble des exigences du processus, plutôt que sur

une réflexion réelle de la pertinence du crédit pour l’IMF et l’emprunteur.

Le délai pour octroyer les crédits nuit aussi considérablement à la fidélisation de la

clientèle et à la réputation de fiabilité des IMF. Il est vrai que l’emprunteur sous estime le

temps nécessaire pour octroyer une demande et la dépose en pensant avoir une réponse à

l’intérieur d’une semaine.

Les emprunteurs se plaignent également de la présence très variable des agents de

crédit au point de services. Dans bien des cas, des rendez-vous sont pris sans qu’ils soient

respectés et parfois à plusieurs reprises. Ce manque de régularité laisse les emprunteurs dans

l’incertitude de pouvoir faire une demande ou de recevoir la réponse à leur demande.

iii- Les conditions de crédit pour les producteurs

Premièrement, les taux d’intérêt affichés par les IMF sont loin d’être abordables et

incitatifs et représentent, bien sûr, pour l’emprunteur une contrainte à faire appel aux crédits.

Il équivaut à 22 à 42% / an, soit 2 à 3 fois supérieur au taux bancaire.

Page 53: PROBLEMES DE FINANCEMENT DES ACTIVITES EN MILIEU …

44

Ce taux diminue le nombre de clients, pourtant toujours croissants. Seuls, ceux qui ont

des affaires qui marchent » peuvent y accéder. Cependant l’on sait bien que les gens qui ont

de bons projets (à moyen ou à long terme) sont peu chanceux d’obtenir des prêts.

Deuxièmement, les frais de dossier sont souvent ajoutés au taux d’intérêt mensuel par

les producteurs pour en déterminer le coût, alors que cela est une charge fixe. La perception

du taux de crédit mensuel est alors tronquée.

Troisièmement, les garanties demandées ne sont pas toujours adaptées à la situation

des producteurs. Pour le crédit individuel, des garanties physiques sont demandées et elles

sont souvent inexistantes. La promotion du crédit avec caution solidaire devrait devenir une

priorité. Cette garantie pourrait être associée à d’autres types de garanties gérées par le

groupe, comme un fonds de garantie appartenant au groupe ou la mise en garantie des

parcelles pour usage par le groupe, en cas de défaut de remboursement.

Et dernièrement, les pénalités pour le retard de paiement indisposent les emprunteurs,

surtout lorsqu’elles sont appliquées lors de calamité comme les cyclones ou l’arrivée de

maladies dévastatrices (peste porcine).

II.2.b. Contraintes liées à la demande

Les contraintes pour les utilisateurs finaux du financement rural incluent les aspects

suivants :

i- Contraintes culturelles

Certaines contraintes culturelles ont été évoquées telles que certaines réticences

sociales dans le principe d’utilisation d’un crédit qui est parfois mal perçu par certaines

communautés : « demander un crédit c’est reconnaître que l’on est pauvre ».

ii- Contraintes structurelles

Les réseaux de distribution d’intrants et de commercialisation constituent une des

principales contraintes. La faiblesse de la productivité est essentiellement attribuable à la

faiblesse de l’utilisation d’engrais (6 à 8 kg par hectare). Près de 85% des communes ne

disposent pas de points de vente d’intrants. La distance entre le point de vente le plus proche

et les usagers varie d’environ 30 et 60km.

iii- Cohabitation des subventions et du crédit

La cohabitation entre les mécanismes de subvention et des mécanismes de crédit sur

les mêmes secteurs d’activité, les mêmes rubriques et pour les mêmes bénéficiaires,

Page 54: PROBLEMES DE FINANCEMENT DES ACTIVITES EN MILIEU …

45

constituent une sérieuse concurrence pour les IMF. Sur le terrain, on constate le plus souvent

un impact négatif se traduisant de la façon suivante :

• Les clients se retournent très souvent vers la meilleure opportunité, délaissant ainsi les

institutions de crédit ou ne respectant plus leurs engagements.

• La présence simultanée de mécanismes financiers à deux vitesses, provoque des

réactions négatives par rapport au crédit.

• La culture de l’épargne crédit se dégrade peu, laissant place à une déresponsabilisation

de la part des agriculteurs.

• Les subventions elles mêmes ne se traduisent pas nécessairement par une amélioration

des conditions de vie des ruraux, car elles font l’objet de réinvestissements.

• Les caisses locales de microfinance se retrouvent fréquemment dans des situations de

déséquilibre financiers, parce qu’elles n’avaient pas prévu, à l’origine, cette concurrence

déloyale.

iv- La capacité des demandeurs de crédit.

Compte tenu du niveau d’instruction assez faible dans les zones rurales, les capacités

d’accompagnement des agriculteurs sont relativement limitées. Les agriculteurs ont des

difficultés à comprendre les procédures, pour remplir les dossiers de demande, à tenir des

comptes d’exploitation même très simples, et à avoir une idée des résultats de leur entreprise.

Des mesures d’accompagnement sont nécessaires par le biais des OPA ou à travers

une meilleure coordination avec les programmes techniques de développement. Les IMF

doivent aussi prévoir une information plus large au niveau de leurs caisses locales.

II.2.c. Contraintes venant de l’extérieur i- Risque écologique

Etant un pays situé dans une zone tropicale, les activités des ruraux sont tout le temps

liées aux risques de cataclysmes naturels comme les cyclones, inondations, routes coupées,

sécheresse. De plus, les activités d’élevage peuvent être confrontées à la propagation subite

des épidémies.

ii- Risque économique

Les agriculteurs font face à un manque de sécurité sur le plan commercial

(approvisionnement et vente) : augmentation des prix d’achat, intrants fournis en retard,

produits de traitement de mauvaise qualité, incertitude sur les prix de vente (cas de la vanille,

de la pomme de terre,…), retards de paiement. L’environnement socioéconomique est instable

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46

et risqué faute de politiques agricoles maîtrisées et d’organisations de producteurs fiables

mais aussi du fait d’une dépendance vis-à-vis de l’environnement international non

maîtrisable.

SECTION III – LES STRATEGIES POUR ACCROITRE LE FINANCEMENT DES ACTIVITES

RURALES

Même si beaucoup d’effort ont été réalisés afin d’améliorer le financement des

activités en milieu rural, compte tenu des diverses contraintes, il faudrait encore en déployer

plus.

En effet, d’autres mesures devraient être prises, que ce soit par les institutions privées

ou les institutions publiques et l’Etat

III.1. Mesures à adopter par les institutions privées

Mesures proposées pour alléger les contraintes d’adéquations de l’offre à la demande

des services financiers.

Tout d’abord, il faudrait adopter des stratégies spécifiques pour le crédit rural, c’est-à-

dire des crédits qui correspondent le plus et qui répondent à leurs besoins. Ensuite, adopter

une approche de proximité d’accompagnement des producteurs dans la formulation de la

demande jusqu’au recouvrement du crédit. En effet le manque d’instruction des paysans

demeure un frein dans la formulation des besoins en termes de financement, la préparation des

dossiers qui leur est indispensable,… Puis, il faudrait réviser la pertinence des formulaires et

simplifier le processus. En outre, l’allégement des procédures et le raccourcissement des

délais d’accord, compte tenu des réalités, en considération de contraintes climatiques et du

respect des périodes et saisons agricoles inciteraient les producteurs à y recourir

Enfin, il faudrait réviser le taux d’intérêt des crédits pour minimiser les risques de non

recouvrement et pour revoir les pénalités en cas de sinistres.

III.2. Mesures à prendre par l’Etat ou les collectivités

Afin de permettre aux ruraux d’accéder plus facilement aux systèmes de financement.

Il faudrait sensibiliser les producteurs d’aller au delà des barrières sociales afin qu’ils n’aient

plus de réticence pour réaliser des emprunts auprès des IMF, dans ce cas :

- Mettre en place un environnement commercial plus sécurisé

- Mettre en place des mesures incitatives

- Remédier à l’asymétrie d’information

Page 56: PROBLEMES DE FINANCEMENT DES ACTIVITES EN MILIEU …

47

- Formation des ruraux par rapport aux nouvelles technologies (progrès technique)

- Incitation à l’investissement.

De même, il faudrait multiplier les infrastructures permettant la réalisation des

activités rurales mais aussi les réparer en cas de dégât.

Un encadrement permanent et une mobilisation sociale importante devraient être mis

en œuvre avec la forte implication des différentes entités étatiques et privées locales. Il

faudrait ensuite, favoriser l’apport en nature des communautés locales à la place de

contribution financière

Il est aussi à remarquer que l’approche par le système de financement limité aux

associations ne contribue pas vraiment au développement d’affaires au niveau du monde rural.

Le financement des entrepreneurs individuels ruraux sous conditions permet de créer

des patronats ruraux pouvant mobiliser des moyens importants d’où l’accroissement

important de la production. Notons que les paysans qui ne disposent pas suffisamment de

terrains pourraient travailler en tant que salarié à temps partiels auprès de ces patrons

agricoles.

Toutefois, il est important de faciliter l’acquisition des titres ou certificats fonciers.

Donc, revoir les critères de financement des associations paysannes ; c’est-à-dire ne plus

financer des activités à exploitation collective mais financer des services communs

(approvisionnement, formation et encadrement technique, expérimentation, transformation,

commercialisation, investissement important servant plusieurs exploitants…), le fonds de

roulement et les petits investissements étant financés par les IMF.

Et enfin pour que le financement des bailleurs corresponde plus aux besoins des

bénéficiaires, il serait plus judicieux de les faire participer dans la formulation des projets

avant l’élaboration de Rapport de Pré Evaluation.

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48

CONCLUSION

Etant donné que 80% de la population malgache vivent en milieu rural et que la

plupart des pauvres s’y trouvent aussi, un des moyens pouvant développer le pays consiste à

permettre aux ruraux d’accéder aux systèmes de financement offerts. Ceci, en leur permettant

d’acquérir les capitaux et les progrès techniques nécessaires pour améliorer la productivité,

l’efficience afin d’augmenter la croissance.

Il existe deux types de financement : le financement public où l’Etat et les bailleurs de

fonds comme la FIDA, à travers des projets, aident les ruraux à améliorer leur productivité en

leur donnant des formations, en améliorant les infrastructures comme les routes, les

barrages,…et en leur facilitant l’accès aux financements. Ce premier travaille avec le

financement privé composé du financement bancaire et de la microfinance qui collecte

l’épargne et finance les petits producteurs ruraux et urbains. Celui-ci s’est beaucoup amélioré

ces 5 dernières années en offrant des services et des crédits spécifiques aux besoins des

usagers et en allégeant les procédures administratives comme la mise en place du crédit à

caution solidaire. Mais beaucoup d’efforts sont encore à réaliser que ce soit du coté des IMF

même, de la collectivité ou de l’Etat pour pallier à la réticence des paysans par rapport aux

services financiers, l’asymétrie d’information, mais aussi en opérant à plus de sensibilisation

et d’approche.

Cependant, d’autres critères et d’autres outils devraient être pris en considérations si

on voudrait vraiment aider les ruraux à mieux se développer entre autres : le système,

l’organisation sociale, l’éducation, la santé, la sécurité, …mais pour notre exposé, nous nous

sommes limité à l’aspect financement.

Page 59: PROBLEMES DE FINANCEMENT DES ACTIVITES EN MILIEU …

49

BIBLIOGRAPHIE - BOURDANOVE C. et MARTOS F. 1992, Lexique de théorie économique,

édition ellipse, p 110

- DUMAS Analyse des dépenses publiques dans le secteur de l’agriculture de

2007 à 2009, 2008, p70

- MANDRARA T. , Introduction à l’économie et histoire de la pensée

économique, p 63

- MAURICE B., « Histoire des pensées économiques: les fondateurs », 1993, 2è

éditions, Edition Dalloz,, p331.

- WAMPFLER B. Dialogue à deux voix pour le financement de l'exploitation

familiale rurale, 2003 p6

- Programme National de Développement rural, 2005, p48

- Enquête Périodique auprès des Ménages, 2006

- www.microfinance.fr

- www.maep.mg

- www.madamicrofinance.mg

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50

Table de matières REMERCIEMENTS ........................................................................................................................................................ 2

SOMMAIRE ........................................................................................................................................................................ 3

Liste des tableaux .............................................................................................................................................................. 4

Liste des graphiques ......................................................................................................................................................... 4

SIGLES ET ABREVIATIONS .................................................................................................................................... 5

Introduction ......................................................................................................................................................................... 1

PARTIE I – CADRE GENERAL ................................................................................................................................... 3

CHAPITRE I – SITUATION DU MONDE RURAL .................................................................................... 3

Section I – Les réalités actuelles ......................................................................................................................... 3

I.1. Généralité ......................................................................................................................................................... 3

I.2. La pauvreté rurale .......................................................................................................................................... 5

Section II – La situation des ménages ruraux .............................................................................................. 6

II.1. Classification des ménages ruraux .......................................................................................................... 6

II.2. Epargne et crédit rural ................................................................................................................................ 7

Section III – Les besoins en matière de financement rural ................................................................. 10

III.1. Ménages agricoles ................................................................................................................................... 11

III .1.a. Les problèmes d’intrants et de technologies .......................................................................... 12

III.1.b. Problèmes d’infrastructures ......................................................................................................... 13

III.1.c. Le problème foncier ........................................................................................................................ 13

III.1.d. Le problème d’accès au financement ........................................................................................ 15

III.2. Ménages non agricoles ........................................................................................................................... 15

CHAPITRE II – L’IMPORTANCE DU CAPITAL ................................................................................... 17

Section I – Le capital ........................................................................................................................................... 17

I.1. Le rôle du capital d’après les physiocrates ......................................................................................... 17

I.2.Capital : Facteur mobilisateur du travail (Adam SMITH) .............................................................. 17

I.3.Capital : facteur de production (Néoclassique) .................................................................................. 18

Section II – Le financement en vue d’acquérir le capital ..................................................................... 21

II.1. Financement interne ................................................................................................................................. 21

II.1.a. Les capitaux propres ........................................................................................................................ 21

II.1.b. L’autofinancement ............................................................................................................................ 21

II.2. Financement extérieur : emprunt à long et moyen termes ........................................................... 22

PARTIE II – LE FINANCE MENT DES ACTIVITES RURALES A MADAGASCAR ................................................................................................................................ 23

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51

CHAPITRE I – LES DIFFERENTS TYPES DE FINANCEMENT ................................................... 23

Section I – Le financement public .................................................................................................................. 23

I.1. PPRR ............................................................................................................................................................... 25

I.1.a. Présentation et objectifs .................................................................................................................... 25

I.1.b. Composantes ........................................................................................................................................ 25

I.1.c. Bénéficiaires ......................................................................................................................................... 25

I.1.d. Zones d’intervention .......................................................................................................................... 26

I.2. PROSPERER ............................................................................................................................................... 26

II.1.a. Présentation et objectifs .................................................................................................................. 26

II.1.b. Composantes ...................................................................................................................................... 26

II.1.c. Bénéficiaires ....................................................................................................................................... 27

II.1.d. Zones d’intervention ........................................................................................................................ 28

I.3. AROPA .......................................................................................................................................................... 29

III.1.a. Présentation et objectifs ................................................................................................................. 29

III.1.b. Composantes ..................................................................................................................................... 29

III.1.c. Bénéficiaires...................................................................................................................................... 29

III.1.d. Zones d’intervention ...................................................................................................................... 30

Section II – Le financement privé .................................................................................................................. 31

II.1. Le financement bancaire ......................................................................................................................... 31

II.2. La microfinance ......................................................................................................................................... 31

II.2.a. Les institutions Financières Mutualistes .................................................................................... 33

i- CECAM ou Caisse d’Eparne et de Crédit agricole Mutuelle ........................................... 33

ii- TIAVO ou Tahiry Ifamonjena Amin'ny Vola .......................................................................... 35

iii- OTIV ou encore Ombona Tahiry Ifampisamborana Vola ............................................. 35

iv- AECA ou Association d’Epargne et de Crédit Autogérée ............................................. 36

II.2.b. Les institutions Financières non Mutualistes ........................................................................... 36

CHAPITRE II – ANALYSES DES MODES DE FINANCEMENT .................................................... 39

Section I – Le financement public .................................................................................................................. 39

I.1. Les avantages ............................................................................................................................................... 39

I.2. Les inconvénients ....................................................................................................................................... 40

Section II – Le financement privé .................................................................................................................. 40

II.1. Les avantages de la microfinance ........................................................................................................ 40

II.2. Les problèmes d’adéquation de l’offre à la demande .................................................................... 41

II.2.a. Contraintes liées à l’Offre ............................................................................................................. 42

i- Proximité des IMF .......................................................................................................................... 42

Page 62: PROBLEMES DE FINANCEMENT DES ACTIVITES EN MILIEU …

52

ii- La lourdeur et l’application des procédures d’octroi et de gestion des crédits .......... 43

iii- Les conditions de crédit pour les producteurs .................................................................. 43

II.2.b. Contraintes liées à la demande ..................................................................................................... 44

i- Contraintes culturelles .................................................................................................................. 44

ii- Contraintes structurelles ............................................................................................................... 44

iii- Cohabitation des subventions et du crédit .......................................................................... 44

iv- La capacité des demandeurs de crédit. ............................................................................... 45

II.2.c. Contraintes venant de l’extérieur ................................................................................................. 45

i- Risque écologique ........................................................................................................................... 45

ii- Risque économique ......................................................................................................................... 45

Section III – Les stratégies pour accroître le financement des activités rurales ........................ 46

III.1. Mesures à adopter par les institutions privées ................................................................................ 46

III.2. Mesures à prendre par l’Etat ou les collectivités ........................................................................... 46

Conclusion ......................................................................................................................................................................... 48

Bibliographie .................................................................................................................................................................... 49

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53

Nom : RANAIVOSON Prénoms : Tolotra Ioby Erisaina Titre : Problème de financement des activités en milieu rural à Madagascar Nombre de pages : 51 Tableaux : 4 Graphiques : 6

Résumé Diverses situations socio-économiques alarmantes persistent dans le monde rural

jusqu’à ce jour, entre autres une population vivant en dessous du seuil de pauvreté, présence

d’une économie de subsistance et de la non compétitivité des produits agricoles, enclavement

des zones, mais aussi vieillissement et insuffisance d’infrastructures.

Pour parer à cette problématique, l’amélioration de l’accès aux financements tant

public que privé s’avère indispensable et incontournable. Le premier type de financement se

fait à travers des projets comme PPRR, PROSPERER, AROPA ; et sont financés par les

bailleurs tels que le FIDA, en vue d’améliorer les infrastructures : routes, barrages, canaux

d’irrigation,…, d’appuyer les micro entreprises, que se soit sous forme de cadrage, ou par des

formations,…. Le deuxième type est composé du financement bancaire et de la microfinance.

Celle-ci accorde des crédits à court termes avec un taux allant de 22 à 42 % par an.

Compte tenu des différentes contraintes d’accès aux financements, beaucoup d’efforts

sont encore à déployer, non seulement par les IMF en offrant de produits de crédits plus

adaptés aux ruraux, en allégeant les procédures administratives et surtout en réduisant les taux

d’intérêt, étant donné que ceux-ci demeurent un frein pour les paysans et constituent un risque

au recouvrement. En plus ces derniers n’en profitent guère car pratiquement tous les bénéfices

issus de l’utilisation des fonds constitueraient de charges d’intérêt, tant que la pratique

d’exploitation resterait au niveau traditionnel. Mais aussi par les collectivités ou l’Etat, en

palliant aux asymétries d’informations présentes entre les emprunteurs et les prêteurs, en

sensibilisant les paysans à accéder aux différents types de financement et en améliorant les

infrastructures en milieu rural.

Mots clés : Financement, rural, privé, microfinance Encadreur : Monsieur RAZAFIMANANTENA Tiaray Adresse de l’auteur : LOT II U 51 A Ampahibe