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PROGRAMME DE FORMATION CONTINUE Dossier de documents Pauvreté, développement et institutions Document 1 : Pauvreté absolue par région, années diverses, 1981-2001 Document 2 : Pauvreté monétaire relative par région, années diverses, 1987-1998 Document 3 : La notion de développement Document 4 : Mesurer la pauvreté Document 5 : Quel indice de pauvreté ? Document 6 : Taux de scolarisation bruts dans l’enseignement primaire et secondaire Document 7 : Dépenses publiques d’éducation Document 8 : Pourcentage d’enfants scolarisée dans les ménages pauvres (ménage vivant avec moins de 1$ par jour et par personne) Document 9 : Les taux mondiaux de mortalité infantile varient fortement Document 10 : Les indicateurs de santé s’améliorent avec le revenu Document 11 : Accès des enfants aux services d’immunisation Document 12 : Institutions : la Banque mondiale révise sa doctrine sur le développement Document 13 : Accès au crédit des plus pauvres (ménage vivant avec moins de 1$ par jour et par personne) Document 14 : Inde, la microfinance en crise Document 15 : Pouvoir politique, droits sur la terre et investissement agricole au Ghana Document 16 : Le pouvoir de la caste en Inde Document 17 : Dans leur immense majorité, les conflits frappent des pays pauvres Document 18 : Droit commun et droit civil dans les anciennes colonies

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PROGRAMME DE FORMATION CONTINUE

Dossier de documents

Pauvreté, développement et institutions

Document 1 : Pauvreté absolue par région, années diverses, 1981-2001

Document 2 : Pauvreté monétaire relative par région, années diverses, 1987-1998

Document 3 : La notion de développement

Document 4 : Mesurer la pauvreté

Document 5 : Quel indice de pauvreté ?

Document 6 : Taux de scolarisation bruts dans l’enseignement primaire et secondaire

Document 7 : Dépenses publiques d’éducation

Document 8 : Pourcentage d’enfants scolarisée dans les ménages pauvres (ménage vivant avec moins de 1$ par jour et par personne)

Document 9 : Les taux mondiaux de mortalité infantile varient fortement

Document 10 : Les indicateurs de santé s’améliorent avec le revenu

Document 11 : Accès des enfants aux services d’immunisation

Document 12 : Institutions : la Banque mondiale révise sa doctrine sur le développement

Document 13 : Accès au crédit des plus pauvres (ménage vivant avec moins de 1$ par jour et par personne)

Document 14 : Inde, la microfinance en crise

Document 15 : Pouvoir politique, droits sur la terre et investissement agricole au Ghana

Document 16 : Le pouvoir de la caste en Inde

Document 17 : Dans leur immense majorité, les conflits frappent des pays pauvres

Document 18 : Droit commun et droit civil dans les anciennes colonies

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Document 1 : Pauvreté absolue, par région, années diverses, 1981-2001.

Source : Banque mondiale, Indicateurs du développement dans la monde, 2004.

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28 RAPP ORT SU R LE DEVE LO P PE MENT D AN S LE M O ND E 2 00 0-2 00 1

Figure 1.1La pauvrete dans Ie monde en developpernentse deplace vers I'Asie du Sud et I'Afrique subsaharienne

Repartition de la population ayant moins d'un dollar par jour

1987

Source: Chen and Ravallion 2000.

Europe et

Asie centr ale 0,1 %

Am erique lat ineet Caralb es 5,4 %

Mo yen-Or ient

et Afriq ue du Nord0,8 %

Afrique

subsa har ienn e24,3 %

1998

Asie de l'Est

et Paci f iqu e23,2 %

Eur ope etAs ie cent rale2,0 %

Am erique lat ine

et Caraibes 6,5 %

Moyen-Orientet Afrique du No rd0,5 %

Inuestir dans la mesure et le suiviO n voir don e qu e les mesures de la pauvrere doivent

porter sur de nombreuses dimensions. j usqu'a present,

ee sont Ie revenu er la eonsommation qui ont Ie plus

reren u l'attenti on . Grace aux efforts deployes au eours

des 20 derni eres annees par des organismes inte rna ­

tion aux tels qu e l'ONU, la Banque mondiale et les

banques regionales de developpernenr , 85 % de la po­

pulation du monde en developp ernent vit dans des pays

OU ont ete effecruees au moins deux enqueres sur les

revenus ou les depenses, II convient d 'am eliorer consi­

derablernent ces etudes et de les rend re plus accessibles

au public, et de soute nir les initiatives telles qu e les En­

qu etes sur la mesure des niveaux de vie de la Banque

mondiale et Mecovi" en Am er iqu e lat ine (enca dre

1.3). Mais cela ne suffit pas, loin s'en faut : il faut aussi

tenter d'arneliorer en priorite l'information sur les in­

dicateur s d'educarion et de sante . Les enquetes de-

Tableau 1.2Pauvrete monetaire relative par region, annees diverses, 1987-98

Pourcentage de la population ayant moins du tiersde la consommation nationale moyenne pour 1993

(pourcentage)

Seuil de pauvretemoyen de la region

(dollars par jourRegion au PPAde 1993) 1987

Asie de l'Est et Pacifique 1,3 33,0Chine non comprise 1,9 45,1

Europe et Asie centrale 2,7 7,5Amerique latine et Caraibes 3,3 50,2Moyen-Orient et Afrique du Nord 1,8 18,9Asie du Sud 1,1 45,2Afrique subsaharienne 1,3 51,1

Total 1,6 36,3Chine non comprise 1,8 39,3

Note : On t rouvera une defin ition du seuil de pauvrete dans Ie texte.

a. Prelirninaire.Source : Chen et Ravallion, 2000.

1990

33,738,716,251 ,514,544,252,1

37,439,5

1993

29,830,825.351,113,642,554,0

36,739,3

1996

19,023,226,152,011,442,552,8

32,838,1

1998"

19,624,625,651,410,840,250,5

32,137,0

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Document 3 : La notion de développement Le terme, en français, de "développement" apparaît à la fin des années 1950. Ce terme est issu de celui de sous-développement, de la prise de conscience de l'écart économique croissant qui sépare le monde développé du Tiers-Monde. (...) En raison de cette filiation, la dimension historique du phénomène a toujours été limitée avec la rupture de la révolution industrielle. Le développement peut être défini comme l'ensemble des changements économiques, sociaux, techniques et institutionnels liés à l'augmentation du niveau de vie et résultant des mutations techniques et organisationnelles issues de la révolution industrielle du XVIIIe siècle. Implicitement, la notion de développement implique que les changements structurels ont un côté positif. Or, il est apparu très rapidement que les efforts de développement du Tiers-Monde dans les années 1950-1960 ont souvent entraîné des conséquences très négatives pour les conditions de vie de la majorité de la population. Les immenses bidonvilles entourant les villes qui s'enflent démesurément sont l'expression la plus visible de ce que l'on commence à appeler le mal-développement. Extrait de : P. Bairoch. "Encyclopédie économique" édition Economica, article "développement".

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Document 4 : Mesurer la pauvreté Pauvreté n’est pas inégalité (…). Alors que la pauvreté situe dans l’absolu le niveau de vie d’une partie de la société, l’inégalité exprime les différences de niveau de vie au sein de la société. Etre pauvre (…), c’est ne pas pouvoir atteindre un niveau de vie minimum. Cette définition n’a d’utilité qu’à condition de répondre à trois questions. Comment mesure-t-on le niveau de vie ? Qu’entend-on par un niveau de vie « minimum » ? Et, ayant ainsi identifié les pauvres, comment exprimer globalement, en une mesure ou un indice unique, le degré de pauvreté ? Mesurer le niveau de vie Les revenus des ménages et les dépenses par personne sont acceptables comme indicateurs du niveau de vie dans la mesure où cela comprend aussi ce que l’on produit soi-même, et qui est très important pour la grande majorité des pauvres du monde. Ni l’une ni l’autre mesure, cependant, ne prend en compte certaines dimensions qui entrent dans l’équation du niveau de vie, comme la santé, l’espérance de vie, l’instruction et l’accès à des biens publics ou à des ressources qui appartiennent à tout le monde. (…) Les ménages qui peuvent disposer gratuitement de certains services publics ont des conditions de vie meilleures que ceux qui n’y ont pas accès, quand bien même leurs revenus et leurs dépenses seraient identiques. (…) Le seuil de pauvreté Un seuil de pauvreté fondé sur la consommation peut se concevoir comme formé de deux éléments : d’une part, ce qu’il faut dépenser pour se procurer un niveau minimum de nutrition et autres nécessités de la vie et, d’autre part, ce qu’il faut dépenser, et dont le montant varie d’un pays à l’autre, pour pouvoir participer à la vie quotidienne de la société. La première partie est relativement simple : le coût du minimum de calories à absorber et des autres nécessités (…).La seconde relève beaucoup plus d’une appréciation subjective. La conception de la pauvreté a évolué dans le temps et varie d’une culture à l’autre. Les critères utilisés pour distinguer entre pauvres et non-pauvres sont généralement le reflet des priorités et des conceptions normatives du bien-être social et du droit propres à chaque pays. En général, à mesure qu’ils deviennent plus riches, les pays conçoivent différemment le niveau minimum de consommation acceptable, qui est le seuil de pauvreté. Extrait de : Banque mondiale, Rapport sur le développement dans le monde 1990 :La pauvreté, pages 30-31.

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Document 5 : Quel indice de pauvreté ? Les indices de pauvreté ont trois objectifs. Premièrement, ils montrent l’étendue de la pauvreté et le profil socio-économique des pauvres. (…). Deuxièmement, les indices de pauvreté rendent possible d’analyser les déterminants de la pauvreté et sont, de ce fait, essentiels pour proposer des mesures de politiques économiques qui peuvent contribuer, directement ou non, à sa réduction. Enfin, ces indices peuvent servir à mobiliser du soutien en faveur des politiques nationales et internationales de réduction de la pauvreté. (…) Les indices agrégés – nationaux ou globaux – rendent moins lisibles le lien entre les déterminants de la pauvreté et ses manifestations, qui varient entre les unités qui sont agrégées dans les indices. (…) Cependant, même si les indices globaux de pauvreté ne peuvent être utilisés pour les deux premiers objectifs, ils peuvent encore être utiles pour le troisième objectif. (…) En outre, des aspects importants et non monétaires de la pauvreté, comme le retard en santé, en accès à l’éducation, dans l’exercice des droits civiques, ne sont pas inclus dans un indice basé sur la consommation. (..) Tout indice qui identifie un individu comme pauvre doit être multidimensionnel. (…) Cependant, les indices de pauvreté les plus répandus, dont celui du 1$ par jour, sont uni-dimensionnels et définis en termes de dépenses de consommation. La manière la plus simple de définir un seuil de pauvreté basé sur la consommation est de partir d’un panier de consommation de subsistance, socialement défini, de biens et de services pour un ménage représentatif en termes d’âge et en composition. En valorisant ce panier avec les prix appropriés, on trouve le seuil de pauvreté. (..) On a besoin des prix payés effectivement par le ménage lors de ses achats, afin de calculer le seuil de pauvreté propre au ménage. Cependant, aucune enquête ne collecte ces prix pour chaque transaction. (..) La pratique courante est d’utiliser des indices de prix agrégés et d’ajuster le seuil de pauvreté d’une année donnée pour calculer celui d’une autre année (ou d’une autre région). Comme il n’existe pas de panier de subsistance reconnu au niveau international, convertir simplement le seuil d’un dollar par jour en utilisant des taux de change respectant la parité des pouvoir d’achat, qui reflètent les variations des prix mondiaux, n’a pas de sens pour les pauvres. Par exemple, le seuil de pauvreté d’un pays peut bouger à la suite d’une variation du prix international d’un bien qui n’est pas consommé par les pauvres de ce pays, juste parce que la variation de prix influe le taux de change en PPA.

Extrait de : T. N.Srinivasan, « Une estimation insatisfaisante de la pauvreté globale », In Focus, International Poverty Centre, PNUD, Septembre 2004 (traduction Akiko Suwa-Eisenmann).

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Document 6 : Taux de scolarisation bruts dans l’enseignement primaire et secondaire

1960 1970 1980 1990 2000 Primaire Afrique sub-saharienne 40 51 80 74 77 Moyen Orient-Afrique du Nord 59 79 89 96 97 Amérique latine 91 107 105 106 127 Asie du Sud 41 71 77 90 98 Asie de l’Est 87 90 111 120 111 Europe de l’Est 103 104 100 98 100 OCDE 109 100 102 103 102 Monde entier 80 87 97 102 104 Secondaire Afrique sub-saharienne 5 6 15 23 27 Moyen Orient-Afrique du Nord 13 25 42 56 66 Amérique latine 14 28 42 49 86 Asie du Sud 10 23 27 39 47 Asie de l’Est 20 24 44 48 67 Europe de l’Est 55 64 93 90 88 OCDE 65 77 87 95 107 Monde entier 29 36 49 55 67 NB : les taux de scolarisation bruts rapportent le nombre d’enfants scolarisés aux nombre d’enfants dans la classe d’âge théoriquement concernée. L’existence de redoublants peut faire passer ce taux au-dessus de 100. Source : P. Glewwe et M. Kremer, ”Schools, teachers and education outcomes in Developing Countries”, in E. Hanushek et F; Welch (Eds.) Handbook on the Economics of Education, North Holland, 2006. Document 7 : Dépenses publiques d’éducation Dépense totale

en % du PIB Dépense par élève

en % du PIB par tête Primaire Secondaire Primaire Secondaire Afrique sub-saharienne 1.9 1.2 10.6 25.8 Moyen Orient-Afrique du Nord 1.8 1.4 15.0 19.5 Amérique latine 1.6 1.6 12.2 14.3 Asie du Sud 1.0 1.2 7.4 22.0 Asie de l’Est 0.9 0.8 6.6 11.8 Europe de l’Est 0.2 2.3 21.4 19.1 OCDE 1.2 2.1 18.6 22.8 Source : P. Glewwe et M. Kremer, ”Schools, teachers and education outcomes in Developing Countries”, in E. Hanushek et F; Welch (Eds.) Handbook on the Economics of Education, North Holland, 2006.

Document 8 : Pourcentage d’enfants scolarisée dans les ménages pauvres (ménage vivant avec moins de 1$ par jour et par personne)

Filles 7-12 ans Filles 13-18 ans Garçons 7-12 ans Garçons 13-18 ans Côte d’Ivoire 32.3 22.8 45.5 21.1 Inde (Udaipur) 60.7 13.0 82.6 24.7 Inde (UP/Bihar) 51.4 20.2 72.1 51.2 Indonésie 93.4 45.9 82.4 39.3 Mexique 94.5 56.6 93.5 38.6 Pakistan 30.7 9.2 64.1 41.3 Afrique du Sud 83.6 87.5 80.5 76.9

Source : A. Banerjee et E. Duflo, « The Economic lives of the Poor », The Journal of Economic Perspectives, 21(1), 2007, 141-168. Les données sont construites à partir d’enquêtes de mesure des conditions de vie nationales, auprès d’échantillons représentatifs de la population, dans les années 1990 ou 2000 selon les pays.

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Document 9 :

Source : Banque mondiale, Rapport sur le développement dans le monde 2000/2001 : Combattre la pauvreté.

Document 10 :

Source : Banque mondiale, Rapport sur le développement dans le monde 2000/2001 : Combattre la pauvreté.

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Document 11 : Accès des enfants aux services d’immunisation

Source : Banque mondiale, Rapport sur le développement dans le monde 2006 : Equité et développement.

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Document 12 : Institutions : la Banque mondiale révise sa doctrine sur le développement

La communauté des économistes internationaux est en train de réviser sa doctrine sur le développement, qui date de près de vingt-cinq ans. Dans les années 1980, l'équation était simple : il fallait favoriser la croissance du produit intérieur brut des pays en développement pour que le niveau de vie de leurs habitants s'élève. En effet, estimait-on, pourrait alors s'enclencher un cercle vertueux de la consommation et de l'investissement capable d'assurer un enrichissement collectif, régulier et autoentretenu. En 1989, l'économiste américain John Williamson énonça les dix commandements faits aux économies sous-développées ou émergentes pour amorcer et alimenter cette croissance. Connus sous le nom de "consensus de Washington", ces dix préceptes s'appellent : discipline budgétaire, suppression des subventions, orthodoxie monétaire, dévaluation de la monnaie, libéralisation des échanges commerciaux, libéralisation des mouvements de capitaux, privatisation, déréglementation, réforme fiscale et renforcement du droit de propriété. Orthodoxie économique Fondée sur une confiance absolue dans le marché, cette doctrine a apparemment réussi. En 2007 et pour la cinquième année d'affilée, la croissance mondiale approchera selon le FMI (Fonds monétaire international) les 5 %, renouant avec les scores des années 1960. La Chine continuera à caracoler en tête avec plus de 10 % de croissance ; l'Inde sera juste derrière avec 8,4 %. Les continents et les régions qui ont tant besoin de ces progrès seront à la fête : on annonce +6,2 % pour l'Afrique longtemps laissée pour compte et +5,5 % pour l'Amérique latine, l'Europe centrale ou le Moyen-Orient. Pourtant, les critiques n'ont pas manqué à l'égard du consensus de Washington. Mais elles commencent seulement à persuader la communauté internationale que la situation est moins rose qu'il ne semble. Le Prix Nobel d'économie Joseph Stiglitz et de nombreux autres chercheurs ont démontré que la croissance n'est pas corrélée avec le respect de l'orthodoxie économique. Certes, les "dragons" Hongkong et Singapour sont exemplaires d'une libéralisation totale, mais la Corée ou le Chili - cités eux aussi pour leur réussite - ont maintenu des politiques hétérodoxes, où déficits budgétaires et protectionnisme conservaient leur place. D'autre part, on découvre que la croissance ne signifie pas automatiquement le développement ou même le reflux de la pauvreté. Le Bureau international du travail (BIT), par la voix de son directeur général, Juan Somavia, ne cesse de dénoncer le maintien d'un taux de chômage mondial à plus de 6 % malgré la croissance élevée. La Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced) souligne que le monde vit une croissance "sans emplois" en raison de la concurrence à outrance. La Banque mondiale elle-même est en passe de reconnaître qu'elle s'est illusionnée. Fin 2006, un audit qu'elle avait commandé a vivement critiqué une de ses études claironnant que "la croissance est bonne pour les pauvres", relevant que les conclusions de cette étude "étaient fragiles et incertaines". Son économiste en chef, le français François Bourguignon, a déclaré à plusieurs reprises que les inégalités entre pays se sont accrues et que la pauvreté fait de la résistance. Son homologue du FMI, Simon Johnson, a reconnu, en avril, lors de l'assemblée annuelle des deux institutions, que la répartition des bénéfices de la mondialisation était inégale. Dans une économie en croissance, il est inévitable que les écarts entre les pays et entre les individus s'aggravent, selon ces économistes : en situation d'accélération économique, les agents les mieux informés et organisés sont les premiers à profiter des opportunités de la croissance. Mais la suppression des filets sociaux et des interventions étatiques empêche la correction de ces déséquilibres. C'est pourquoi réapparaît depuis deux ou trois ans dans les textes de la Banque mondiale, du FMI et même de l'Organisation mondiale du commerce la nécessité d'une présence publique dans le domaine des infrastructures, mais aussi de l'agriculture et de la protection sociale. L'Etat, lui aussi, est nécessaire pour que la croissance se mue en développement durable. Sinon, laissée à elle seule, elle semble ne pas y parvenir. Source : Le Monde du 31 mai 2007.

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Document 13 : Accès au crédit des plus pauvres (ménage vivant avec moins de 1$ par jour et par personne)

% des ménages avec un crédit

Origine du crédit (%)

Banque Prêteur informel

Institution de microcrédit

Groupe d’épargne Villageois Parent Ami Autre

Côte d’Ivoire 30.5 5.7 - - 0.0 94.3 - - - Inde (Udaipur) 66.3 6.0 52.3 6.0 2.6 4 21.6 2.1 2.8 Inde (UP/Bihar) 6.0 2.2 19.2 0.0 1.5 60.9 - 0.0 1.3 Indonésie 11.6 25.3 2.7 2.9 17.8 0.0 - 0.0 51.3 Mexique 18.5 17.4 2.5 0.0 - - 53.5 18.3 8.3 Pakistan 93.2 1.5 16.6 0.0 0.0 11.2 38.1 29.0 3.7 Afrique du Sud 39.6 - 72.3 0.0 - - - 26.1 16.7

Source : A. Banerjee et E. Duflo, « The Economic lives of the Poor », The Journal of Economic Perspectives, 21(1), 2007, 141-168. Les données sont construites à partir d’enquêtes de mesure des conditions de vie nationales, auprès d’échantillons représentatifs de la population, dans les années 1990 ou 2000 selon les pays.

Document 14 : Inde, la microfinance en crise Mohammad Yunus a reçu le prix Nobel de la paix, récompensant une innovation qui a donné à des millions de femmes la possibilité d'accéder au crédit. Le génie de Yunus est d'avoir réalisé que les familles pauvres ne manquent pas d'occasions d'investir, mais seulement de garanties bancaires. En revanche, elles sont prêtes à payer des taux d'intérêt élevés: ces revenus permettent de payer une main-d'oeuvre importante pour surveiller l'usage des fonds prêtés et assurer un bon taux de remboursement. De plus, l'accès au crédit est précieux pour les familles pauvres, la menace de perdre cet accès en cas de non-remboursement peut jouer le rôle d'une garantie. Enfin, les emprunteurs d'un même village sont les mieux placés pour se surveiller mutuellement, et utiliser cette ressource peut permettre de réduire les coûts des prêts aux plus pauvres. C'est sur ces principes que Yunus a fondé la banque Grameen. Un groupe de cinq femmes est responsable conjointement de la dette de tous ses membres et ne peut emprunter à nouveau que si tous les membres ont remboursé à temps. Les remboursements sont hebdomadaires et les montants prêtés progressent au fur et à mesure que les clients remboursent. Les taux de remboursement sont très bons (99 %). Le taux d'intérêt de 20 % permet à Grameen d'être (presque) rentable. Ce modèle est devenu extrêmement populaire dans le monde entier. Dans l'Etat d'Andhra Pradesh, dans le sud de l'Inde, la croissance du mouvement a été fulgurante. Deux organisations créées sur le modèle de Grameen, Spandana et Share, touchent quasiment tous les villages dans les districts côtiers de cet Etat. Créé en 1999, Spandana avait presque 800 000 clients en mars 2006. Mais, au moment même ou Mohammad Yunus reçoit le prix Nobel, le microcrédit connaît dans l'Andhra Pradesh une des crises les plus sévères de son existence. Le terreau même de cette crise est dans son succès: les organisations qui opèrent dans la région se font une concurrence intense dans le recrutement des clients. Cela diminue le pouvoir de la menace de ne plus prêter aux mauvais payeurs: si un groupe ne rembourse pas, il a toujours la possibilité d'emprunter ailleurs. Pour atteindre leur quota, les employés des organisations acceptent des clients sans vérifier leur capacité à rembourser. Et, pour maintenir le remboursement à 100 % malgré des clients plus fragiles et des incitations plus faibles, ils doivent se faire de plus en plus persuasifs... (…) Extrait de E. Duflo, « Inde, la microfinance en crise », Libération du 20 octobre 2006.

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Document 15 : Pouvoir politique, droits sur la terre et investissement agricole au Ghana

La complexité et la souplesse des droits de propriété sur la terre en Afrique de l’ouest est manifeste dans la région que nous étudions, l’Akwapim au Ghana. La plus grande partie des terres cultivées par les agriculteurs de ces villages est, en dernière instance, sous le contrôle d’un chef coutumier et elles sont attribuées selon une procédure qui repose sur un système d’autorité matrilinéaire. (…) La terre est confiée aux individus en fonction de leur influence politique et de leurs besoins estimés. (…) Il peut arriver que plusieurs individus réclament la même terre. C’est à l’issue d’un processus de négociations complexe et parfois conflictuel qu’un bénéficiaire est désigné. (…) Le droit d’établir et de conserver l’usage d’une parcelle et les droits que l’on a sur la terre sont ambigus et négociables. Aussi, la capacité à obtenir l’usage de la terre est étroitement liée à l’appartenance à des réseaux sociaux et à l’implication dans les processus politiques. (…) Dans nos données, environ 15% des individus ont une position sociale ou politique importante dans leur village ou à l’intérieur de leur lignage. Ils sont par exemple chef de lignage, porte parole du chef ou ainé de lignage. Ce ne sont pas des fonctions publiques officielles. Mais ce sont des positions importantes dans l’ordre politique local. Nous observons dans nos données que ces personnes se déclarent plus assurées de leurs droits fonciers que les autres agriculteurs. En revanche, les droits d’un agriculteur sur les produits qu’il a cultivés sont assurés. Les parcelles qui sont cultivées ne sont presque jamais retirées à leurs usagers. (…) Cependant, dans le système foncier considéré, l’investissement le plus important consiste à laisser la terre en jachère pour régénérer la fertilité du sol. Or, c’est au cours des périodes de jachère que l’on peut perdre ses droits sur une parcelle. Aussi, il est probable que ce risque incite les agriculteurs à réduite le plus possible les périodes de jachère. L’importance de cette forme d’investissement dans un contexte où les droits de propriété sont complexes et négociables a donc de graves conséquences sur l’efficacité d’ensemble du système foncier de l’Akwapim. Extrait de M. Goldstein et Ch. Udry, The Profits of power : Land rights and agricultural investment in Ghana, Discussion paper n° 929, Yale University, November 2005 (traduction Marc Gurgand).

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Document 16 : Le pouvoir de la caste en Inde

Source : Banque mondiale, Rapport sur le développement dans le monde 2006 : Equité et développement.

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Document 17 :

Source : Banque mondiale, Rapport sur le développement dans le monde 2000/2001 : Combattre la pauvreté. Document 18 : Droit commun et droit civil dans les anciennes colonies

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Extrait de : D. Cogneau et Ch. Guénard, « Colonisation et institutions », Dialogue, n° 18, décembre 2002.