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CONCERT EN RÉGION Orchestre National Bordeaux Aquitaine Andris Poga, direction David Kadouch, piano Edvard Grieg (1843-1907) Concerto pour piano en la mineur, op. 16 1. Allegro molto moderato - 2. Adagio - 3. Allegro moderato molto e marcato – Quasi Presto – Andante maestoso 29 mn Pause 20 mn Antonín Dvorák (1841-1904) Symphonie n°9 en mi mineur, op 95 « du Nouveau Monde » 1. Adagio. Allegro molto - 2. Largo - 3. Molto vivace - 4. Allegro con fuoco 41 mn JEU 26 JAN. 2012 20H30 AGEN THÉÂTRE MUNICIPAL DUCOURNEAU Durée totale du concert : 1h30 environ Opéra National de Bordeaux Directeur général Thierry Fouquet Andris Poga, direction Andris Poga reçoit le diplôme de chef symphonique à l’Académie Lettone de Musique Jazeps Vitols et étudie la philosophie à l’Université de Lettonie. De 2004 à 2005, il suit l’enseignement d’Uros Lajovic à l’Université de Musique et des Arts de la Scène de Vienne, dans la classe de direction. Durant ses études, il participe à des masterclasses avec des chefs tels que Mariss Jansons, Seiji Ozawa ou Leif Segerstam. Depuis 2007, il dirige régulièrement l’Orchestre Symphonique National de Lettonie, dans les symphonies de Beethoven, Brahms, Mahler dans des œuvres de Weber, Richard Strauss, Hindemith, Messiaen ou Alban Berg… Depuis lors, il est directeur musical et chef principal de l’harmonie professionnelle de Riga, avec laquelle il réalise deux enregistrements : Merry Christmas (2007) et Windstream (2008). Andris Poga fonde l’Orchestre de chambre Konsonanse avec lequel il donne des concerts en Lettonie, Allemagne, Finlande, et Espagne… Il reçoit le Grand Prix de Musique de Lettonie en 2007 et en mai 2010, remporte le Premier prix du Concours International de chef d’orchestre Evgeny Svetlanov. Depuis, Andris Poga a dirigé plusieurs orchestres tel que l’Orchestre National de Montpellier. Il a été, en octobre 2010, l’assistant de Myung-Whun Chung pour un concert de l’Orchestre Philharmonique de Radio-France. David Kadouch, piano David Kadouch « Révélation Jeune Talent » des Victoires de la Musique 2010 a été nommé « Young Artist of the Year » aux Classical Music Awards 2011. Né en 1985, il débute le piano au C.N.R.de Nice dans la classe d’Odile Poisson. A 14 ans il est reçu à l’unanimité dans la classe de Jacques Rouvier au CNSM de Paris. Après un Premier prix obtenu, mention Très Bien, il rejoint la classe de Dmitri Bashkirov à l’Ecole Reina Sofia de Madrid où il poursuit sa formation. Il se perfectionne également auprès de grands maîtres tels que Murray Perahia, Maurizio Pollini, Maria- Joao Pires, Daniel Barenboim, Vitaly Margulis, Itzhak Perlman, Elisso Virsaladze et Emanuel Krasovsly. A 13 ans, remarqué par ltzhak Perlman, il joue sous sa direction au Metropolitan Hall de New York. A 14 ans, il se produit au Conservatoire Tchaïkovski de Moscou, puis en 2008 au Carnegie Hall de New York avec Itzhak Perlman dans le Quintette de Schumann. Invité des Académies de Salzbourg et de Verbier (dont il est Prix d’Honneur en 2009), il est en 2005 finaliste de la Beethoven Bonn Competition, et en 2009 finaliste de la Leeds International Piano Competition. Depuis 2007, il est lauréat de l’ADAMI et de la Fondation Natexis Banques Populaires. David Kadouch est invité par les plus grands festivals du monde (Festival de musique contemporaine de Lucerne sous la direction de Pierre Boulez, Klavier-Festival Rhur, Festival de Gstaad, Festival de Montreux, Festival de Santander, Festival de Jérusalem, Festival de la Roque d’Anthéron, Folles Journées à Tokyo au Japon, Piano aux Jacobins en Chine, Flâneries Musicales de Reims, ainsi que la Tonhalle de Zurich et l’Auditorium du Louvre à Paris). Il se produit en musique de chambre avec Renaud Capuçon, Nikolaj Znaider, Antoine Tamestit, Radovan Vlatkovic, Frans Helmerson, ainsi que les Quatuors Ebène, Quiroga et Ardeo. Lors de la saison 2010-2011, il fait ses débuts en récital au MET de New York, puis joue avec l’Orchestre de la Tonhalle de Zurich dirigé par David Zinman (Beethoven, Symphonie n°5), l’Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo dirigé par Yakov Kreizberg, l’Orchestre National de Lille et l’Orchestre de la Fondation Gulbenkian dirigés par Jean-Claude Casadesus, l’Orchestre de Strasbourg et Marc Albrecht, le Halle Orchestra et Robin Ticciati, etc… Il donne des concerts à Paris, Bordeaux, Toulouse, Reims, Madrid, Verbier, Elmau, Munich, au Festival de Schwetzinger, Strasbourg, La Roque d’Anthéron et effectue une tournée au Japon. Parmi ses enregistrements se trouvent le 5 e Concerto de Beethoven « L’Empereur » (concert live à la Philharmonie de Cologne pour Naxos), l’intégrale des Préludes de Chostakovitch (TransartLive, 2010) entre autres. Daniel Barenboïm le choisit pour participer à l’enregistrement du DVD « Barenboïm on Beethoven » au Symphony Center de Chicago (intégrale diffusée mondialement), puis à être le seul artiste invité à jouer lors de l’émission « Thé ou Café » que France 2 lui consacre. Il l’invite à remplacer Murray Perahia à Jérusalem, et tout récemment à remplacer Lang Lang à Ramallah, en Palestine. Arte l’a suivi à cette occasion dans un documentaire diffusé dans l’émission hebdomadaire « Maestro ». OPÉRA NATIONAL DE BORDEAUX 05 56 00 85 95 - www.opera-bordeaux.com - Grand-Théâtre - Place de la Comédie - BP 90095 - 33025 Bordeaux Ce concert a été donné mercredi 25 janvier à Arcachon et sera donné dimanche 29 janvier 2012 à Périgueux Editeur responsable : Opéra National de Bordeaux - 05 56 00 85 20 - Rédaction, réalisation, iconographie et maquette : Service Communication - Janvier 2012

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CONCERT EN RÉGIONOrchestre National Bordeaux Aquitaine

Andris Poga, directionDavid Kadouch, piano

Edvard Grieg (1843-1907)Concerto pour piano en la mineur, op. 16

1. Allegro molto moderato - 2. Adagio - 3. Allegro moderato molto e marcato – Quasi Presto – Andante maestoso

29 mn

Pause 20 mn

Antonín Dvorák (1841-1904)Symphonie n°9 en mi mineur, op 95 « du Nouveau Monde »

1. Adagio. Allegro molto - 2. Largo - 3. Molto vivace - 4. Allegro con fuoco41 mn

JEU 26 JAN. 2012 20H30 AGEN THÉÂTRE MUNICIPAL DUCOURNEAU

Durée totale du concert : 1h30 environ

OpéraNational de Bordeaux

Directeur général Thierry Fouquet

Andris Poga, directionAndris Poga reçoit le diplôme de chef symphonique à l’Académie Lettone de Musique Jazeps Vitols et étudie la philosophie à l’Université de Lettonie. De 2004 à 2005, il suit l’enseignement d’Uros Lajovic à l’Université de Musique et des Arts de la Scène de Vienne, dans la classe de direction. Durant ses études, il participe à des masterclasses avec des chefs tels que Mariss Jansons, Seiji Ozawa ou Leif Segerstam. Depuis 2007, il dirige régulièrement l’Orchestre Symphonique National de Lettonie, dans les symphonies de Beethoven, Brahms, Mahler dans des œuvres de Weber, Richard Strauss, Hindemith, Messiaen ou Alban Berg… Depuis lors, il est directeur musical et chef principal de l’harmonie professionnelle de Riga, avec laquelle il réalise deux enregistrements : Merry Christmas (2007) et Windstream (2008). Andris Poga fonde l’Orchestre de chambre Konsonanse avec lequel il donne des concerts en Lettonie, Allemagne, Finlande, et Espagne… Il reçoit le Grand Prix de Musique de Lettonie en 2007 et en mai 2010, remporte le Premier prix du Concours International de chef d’orchestre Evgeny Svetlanov. Depuis, Andris Poga a dirigé plusieurs orchestres tel que l’Orchestre National de Montpellier. Il a été, en octobre 2010, l’assistant de Myung-Whun Chung pour un concert de l’Orchestre Philharmonique de Radio-France.

David Kadouch, pianoDavid Kadouch « Révélation Jeune Talent » des Victoires de la Musique 2010 a été nommé « Young Artist of the Year » aux Classical Music Awards 2011. Né en 1985, il débute le piano au C.N.R.de Nice dans la classe d’Odile Poisson. A 14 ans il est reçu à l’unanimité dans la classe de Jacques Rouvier au CNSM de Paris. Après un Premier prix obtenu, mention Très Bien, il rejoint la classe de Dmitri Bashkirov à l’Ecole Reina Sofia de Madrid où il poursuit sa formation. Il se perfectionne également auprès de grands maîtres tels que Murray Perahia, Maurizio Pollini, Maria-Joao Pires, Daniel Barenboim, Vitaly Margulis, Itzhak Perlman, Elisso Virsaladze et Emanuel Krasovsly. A 13 ans, remarqué par ltzhak Perlman, il joue sous sa direction au Metropolitan Hall de New York. A 14 ans,

il se produit au Conservatoire Tchaïkovski de Moscou, puis en 2008 au Carnegie Hall de New York avec Itzhak Perlman dans le Quintette de Schumann. Invité des Académies de Salzbourg et de Verbier (dont il est Prix d’Honneur en 2009), il est en 2005 finaliste de la Beethoven Bonn Competition, et en 2009 finaliste de la Leeds International Piano Competition. Depuis 2007, il est lauréat de l’ADAMI et de la Fondation Natexis Banques Populaires. David Kadouch est invité par les plus grands festivals du monde (Festival de musique contemporaine de Lucerne sous la direction de Pierre Boulez, Klavier-Festival Rhur, Festival de Gstaad, Festival de Montreux, Festival de Santander, Festival de Jérusalem, Festival de la Roque d’Anthéron, Folles Journées à Tokyo au Japon, Piano aux Jacobins en Chine, Flâneries Musicales de Reims, ainsi que la Tonhalle de Zurich et l’Auditorium du Louvre à Paris). Il se produit en musique de chambre avec Renaud Capuçon, Nikolaj Znaider, Antoine Tamestit, Radovan Vlatkovic, Frans Helmerson, ainsi que les Quatuors Ebène, Quiroga et Ardeo. Lors de la saison 2010-2011, il fait ses débuts en récital au MET de New York, puis joue avec l’Orchestre de la Tonhalle de Zurich dirigé par David Zinman (Beethoven, Symphonie n°5), l’Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo dirigé par Yakov Kreizberg, l’Orchestre National de Lille et l’Orchestre de la Fondation Gulbenkian dirigés par Jean-Claude Casadesus, l’Orchestre de Strasbourg et Marc Albrecht, le Halle Orchestra et Robin Ticciati, etc… Il donne des concerts à Paris, Bordeaux, Toulouse, Reims, Madrid, Verbier, Elmau, Munich, au Festival de Schwetzinger, Strasbourg, La Roque d’Anthéron et effectue une tournée au Japon. Parmi ses enregistrements se trouvent le 5e Concerto de Beethoven « L’Empereur » (concert live à la Philharmonie de Cologne pour Naxos), l’intégrale des Préludes de Chostakovitch (TransartLive, 2010) entre autres. Daniel Barenboïm le choisit pour participer à l’enregistrement du DVD « Barenboïm on Beethoven » au Symphony Center de Chicago (intégrale diffusée mondialement), puis à être le seul artiste invité à jouer lors de l’émission « Thé ou Café » que France 2 lui consacre. Il l’invite à remplacer Murray Perahia à Jérusalem, et tout récemment à remplacer Lang Lang à Ramallah, en Palestine. Arte l’a suivi à cette occasion dans un documentaire diffusé dans l’émission hebdomadaire « Maestro ».

OPÉRA NATIONAL DE BORDEAUX05 56 00 85 95 - www.opera-bordeaux.com - Grand-Théâtre - Place de la Comédie - BP 90095 - 33025 Bordeaux

Ce concert a été donné mercredi 25 janvier à Arcachon et sera donné dimanche 29 janvier 2012 à Périgueux

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de musique nocturne, comporte la brève irruption d’un passage orchestral sonnant comme une réplique puissante aux arabesques chantantes du piano. Le Finale, qui débute par un rythme de danse scandinave, propose une troisième variante de la relation du piano et de l’orchestre. Il ne tarde pas, en effet, à laisser de nouveau la tentation lyrique revenir au premier plan, laissant pour finir le chant intérieur se muer en un hymne grandiose, réconciliant le piano et l’orchestre en une même immense harmonie : l’artiste se serait-il réconcilié avec le monde ?

Le romantisme de Dvorák relevait moins du désir d’expression d’une personnalité individuelle que d’une capacité à s’exprimer en tant que porte-parole d’un peuple. De ce fait, le coup de maître de la création de la Symphonie « du Nouveau Monde » le 15 décembre 1893 à New York put parfaitement répondre à la commande de Mrs Thurber, en même temps qu’aux attentes, aussi fortes que sans doute diffuses et inconscientes, du peuple composite d’une jeune nation.

Mille fois utilisé pour servir d’accompagnement sonore à des images de l’Amérique, le début de l’Allegro con fuoco terminal d’une symphonie qui compte parmi les plus fameuses du répertoire aurait été inspiré au compositeur par l’impression de grandeur et d’activité qu’il aurait éprouvée en arrivant à New York. Si la nostalgie de l’Europe centrale affleure dans tel ou tel passage de ce morceau essentiellement épique, la puissance enthousiasmante du spectacle du Nouveau Monde ne tarde pas à la balayer, conformément à ce que dut être l’état d’esprit, plein d’espérance, des millions d’immigrants. Le Finale récapitule ainsi toutes les impressions évoquées dans les mouvements antérieurs.

Dès le premier mouvement, dont l’introduction lente sonne comme une sorte d’immense aube symbolique, le compositeur n’a pas hésité à utiliser ce qu’il pouvait considérer comme de la musique américaine, notamment dans la

Deux musiciens des grands espaces

L’adoption, en Europe puis dans le monde entier, du modèle symphonique hérité de Haydn, de Mozart, de Beethoven et des musiciens romantiques germaniques, constitue certainement l’un des phénomènes historiques les plus remarquables de l’histoire des faits culturels.

Dès 1830, par le coup de génie de sa Symphonie « Fantastique », le Français Hector Berlioz (1803-1869), avait revendiqué pour lui-même et pour son pays une place au premier rang des successeurs de Beethoven. En même temps, des orchestres symphoniques s’organisaient dans les principales villes européennes pour jouer la musique nouvelle. C’est ainsi qu’ à Paris et dans quelques autres villes françaises, au premier rang desquelles Bordeaux, se développèrent des formations orchestrales appelées à devenir des institutions stables.

Puis, tout au long du XIXe siècle et au-delà, d’autres musiciens, partant du modèle allemand — dont la prééminence allait paraître encore plus saisissante avec l’épopée wagnérienne —, s’attachèrent à créer des œuvres fondatrices d’« écoles nationales », avec l’objectif de mettre en valeur le fonds culturel de leurs pays à travers un cadre formel de symphonies, de concertos et de musiques de chambre, déjà illustré par l’Allemagne et l’Autriche.

Cette vague musicale avait vocation à s’étendre au monde entier. C’est ainsi que de l’autre côté de l’Atlantique, une riche américaine, du nom de Jeannette Thurber, avait décidé de rémunérer un grand compositeur européen pour venir en Amérique, créer les conditions d’une musique du Nouveau Monde. Tchaïkovski — significativement le premier grand symphoniste non allemand — ne put donner suite et mourut. Grieg, pressenti, n’accepta pas la

proposition et Dvorák se trouva ainsi investi de l’ambitieuse mission de fonder une musique savante américaine, à travers deux années de grande activité, de pédagogue autant que de compositeur.

Réunir Grieg et Dvorák, c’est d’une certaine manière confronter celui qui n’est pas allé en Amérique pour y réaliser le rêve pragmatique de Mrs Thurber et celui qui a finalement accepté cette étrange mission, écrivant ainsi une page marquante de la musique universelle.

En 1868, lorsque Grieg avait écrit son Concerto pour piano en la mineur, la Norvège n’était qu’une province de la Suède. Le succès immédiat de l’œuvre et la chaleureuse approbation de Liszt installèrent le jeune compositeur dans le statut inespéré de musicien national. Jusqu’à sa mort, une quarantaine d’années plus tard, Grieg allait passer, d’abord et avant tout, pour le compositeur d’une partition où se trouve conduite à sa limite la réalisation d’une métaphore romantique : celle du sujet individuel (le piano) qui se confronte avec le monde (l’orchestre).

Le caractère direct de sa réalisation, le brio de sa partie soliste et l’impression que s’y raconte une sorte de belle histoire mêlant le lyrisme et l’épopée : tout cela concourt à faire du Concerto pour piano de Grieg une réussite miraculeuse, dont le succès ne s’est jamais démenti. La façon dont le piano répond, par une spectaculaire descente d’accords, au roulement de timbale et au tutti orchestral, peut être considéré comme l’une des entrées en matière les plus célèbres de l’histoire de la musique, transposant dans un climat différent le geste analogue du début du Concerto pour piano de Schumann. Tout le premier mouvement propose une confrontation serrée de ce qui semble être l’expression sentimentale d’une aventure intérieure avec la recherche d’une ampleur de ton probablement inspirée par les paysages nordiques. De même, l’Adagio, à l’atmosphère méditative et recueillie

coloration modale du thème cyclique principal. Celle-ci peut aussi bien se référer à un chant religieux des premiers colons, à une ballade irlandaise et à des musiques de Noirs ou de Peaux-Rouges… Au commencement narratif, noté Adagio, s’enchaîne un Allegro molto, plein d’un entrain dont ne manqueront pas de s’inspirer les futurs auteurs de musiques de westerns.

Le Largo est sans doute le volet le plus célèbre de la partition. Inspiré, dit-on, par la scène des funérailles dans la forêt, évoquée dans le Chant de Hiawatha du grand poète américain Longfellow, il fait se succéder une atmosphère grandiose et recueillie, qui corrobore ce que des chercheurs d’aujourd’hui nous apprennent sur la spiritualité indienne. L’intuition d’un génie de la musique symphonique rejoint alors les avancées de connaissances en ethnologie qu’il ne pouvait posséder à une époque où dominait le mépris des hommes d’origine européenne pour les peuples « primitifs ». Le timbre du cor anglais crée une atmosphère élégiaque, très prenante, à laquelle il n’est pas plus possible de rester insensible qu’à la superbe sonnerie du hautbois qui se fait entendre plus loin, comme pour chanter, au milieu d’une riche nature, la victoire permanente de la vie sur la mort.

Homme du peuple au meilleur sens du terme, le musicien tchèque, avant la conclusion qu’apportera le Finale, donne libre cours à l’idée qu’il pouvait se faire d’une fête indienne, entraînée par une danse endiablée. De ce fait, son Scherzo, dans son trio central, peut sans le moindre complexe, faire entendre, à la façon d’une réminiscence, l’écho des danses de son pays que les splendeurs du Nouveau Monde ne lui ont pas fait oublier.

Robert PierronEcrivain et conférencier, Robert Pierron collabore

régulièrement avec l’Opéra National de Bordeaux.