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PROIE DUNOIR GAËLLE K. KEMPENEERS WALRUS 2015 [ COLLECTION PULP #3 ] « Âmes Sœurs »

Proie Dunoir : extrait

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My name is Dunoir. Proie Dunoir. Laissez tomber : private joke. Qui je suis ? La nouvelle recrue du B.A.S., la banshee de service. On m’a engagée pour botter les culs des méchants qui hantent les rues de Rédemption. Sauf qu’entre les monstres mythiques, les divinités en goguette, les vampires crétins et les Puissances qui se bousculent au portillon, je ne sais plus où donner de la tête. Alors, quand en plus la Famille (la mienne, sinon ce ne serait pas drôle) s’en mêle, j’ai bien besoin de mes collègues Lucrèce et Leyhan pour y mettre un peu d’ordre. Sans oublier Jack, le loup. Mon âme-sœur, parait-il. Je vous ai déjà parlé de mon âme ? Y a moyen d’écrire tout un roman sur le sujet. Ah ! Mais attendez... Bref, y a des jours comme ça où on se dit qu’on aurait mieux fait de se casser la jambe au saut du lit !

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PROIEDUNOIR

GAËLLE K. KEMPENEERS

WALRUS2015

[COLLECTION PULP #3]

« Âmes Sœurs »

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TABLE DES MATIÈRES

Partie I : Lâcher de volailles............7Pour quelques âmes de plus............8Dans les yeux du Wendigo..........75

Des griffes dans la nuit........128Partie II : La mort dans l’âme........183

Licornes et belles au bois........184De l’orage dans l’air........231

Chasse sauvage........277

Remerciements..........338À propos de l’auteur.......... 340

Bibliographie..........341Restons en contact.......... 342

Crédits.......... 343

– Partie I – Lâcher de volaille !

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Pour quelques âmes de plus

Quand j’étais gamine, je rêvais de devenir une fée. Ouaip ! Genre marraine la bonne fée, avec la baguette magique, les ailes, les voiles vaporeux. Roses, bien entendu les accessoires !

Moi, qui vient d’une Famille de sorcières sur plus de vingt générations (oui, rien que ça), moi qui n’ai hérité d’aucune de leurs magies, ni de leur fascination pour la souffrance (d’autrui de préférence), je me suis retrouvée à quatorze ans dotée de pouvoirs surnaturels.

Ma parenté aurait dû mourir, crucifiée par le choc, la honte de se retrouver avec Clochette dans les pattes. À la place, ma mère a tout de suite vu les bons côtés de la situation. Il faut dire aussi que la partie fleurettes et petits oiseaux a été un peu occultée par la divinité à laquelle je devais ma révélation. Mon don n’a rien de très glamour. Ce serait plutôt une version surpuissante du cri-qui-tue ! Pas vraiment sexy et la baguette n’était même pas prévue dans la livraison.

Il a bien fallu que je m’accommode de ma nouvelle existence et, c’est pourquoi, dix ans plus tard, je me retrouve dans ce train qui m’emmène vers ma nouvelle destination.

Rédemption : où se trouve le B.A.S. Le Bureau des Affaires Surnaturelles. Le seul, l’unique de son genre, situé au pied des Rocheuses. Il paraît que c’est un programme pilote dans cette petite ville suffisamment éloignée et peu importante pour qu’un plantage en règle ne fasse pas trop de bruit. Il paraît surtout

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qu’il s’agit d’un gros caprice de mon nouvel employeur.Le wagon cahote soudain, me sort de mes pensées. Le

menton au creux de la paume, j’observe avec ennui les passagers se hâter de rassembler leurs effets tandis qu’une voix sirupeuse annonce le terminus. À la dernière minute, je me lève, attrape mon sac et saute sur le quai. Je ne me sens pas vraiment pressée de prendre mes fonctions auprès des forces du « bien ». L’autre alternative ne me tente pas davantage…

Je repère immédiatement la fille qui poireaute devant l’en-trée de la gare. Son aura la trahit. Pure, éclatante. Il ne manque plus que les plumes blanches et l’auréole. Quoique j’y sens un côté un peu sulfureux. Peut-être que la cohabitation ne sera pas aussi pénible que je l’avais imaginée ? Je finis par me décider à m’approcher, mon contact en Europe m’a indiqué à qui je devais m’adresser en arrivant.

— Lucrèce Delombre ?Comme le mien, son nom a un petit air du vieux continent.

Elle me regarde d’une expression un peu dubitative avant de se reprendre et de me tendre la main. Ne t’en fais pas, ma cocotte, j’ai l ’habitude ! Dommage que ce ne soit pas mon sex appeal qui provoque tous ces regards hallucinés.

— Oui, vous devez être…Je ne résiste pas et réponds comme elle dans la langue de

Shakespeare, sans accent, j’ai été bien formée, après tout.— Dunoir. Proie Dunoir… Oui, nous possédons un sens de

l’humour un peu particulier dans la Famille.D’accord, la blague tombe un peu à plat en anglais mais tant

pis. Un minuscule sourire frémit sur les lèvres de Lucrèce.— Nous devrions y aller. Il est un peu tard pour réserver une

chambre à l’hôtel. Si vous voulez, vous pouvez loger chez moi,

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cette nuit.—  Je pensais que j’aurais pu passer au bureau en arrivant.

Histoire de prendre la température.Elle grimace clairement, cette fois.— Pour le moment, nous fonctionnons avec un système de

bipeur pour les urgences. Il n’y a personne dans nos locaux à cette heure-ci.

Je freine des quatre fers. Elle continue sur quelques pas avant de se tourner vers moi, le visage fermé. Dans la vitrine d’un magasin de l’autre côté de la rue, nos deux silhouettes se reflètent. La sienne, grande, sportive, de longs cheveux lisses et soyeux (le genre qu’on s’attendrait à voir sur une bonne fée ou chez un ange  !) et la mienne. Petite, presque fragile. Une courte tignasse désordonnée qui s’affole autour de l’ovale pâle de mon visage. Et les piercings qui scintillent à mon sourcil et mes oreilles.

— Je pensais que le B.A.S. fonctionnait en services diurnes et nocturnes ? Combien sommes-nous, au juste ?

Son regard s’égare sur le côté avant de revenir vers moi. Elle joue avec une mèche qu’elle entortille autour de son doigt. Un sourire forcé tire ses lèvres.

— Vous êtes le troisième membre de l’équipe. Bienvenue.Elle guette une réaction que je ne lui offre pas. Je m’efforce

de me rappeler pour quelle raison je me suis engagée dans ce merdier. Ah  ! Oui… La protection face à la Famille. J’ou-bliais. Le côté bonne fée tout en rose qui remonte à la surface, sans doute. J’aurais pu choisir l’emploi de nettoyeuse que les Puissances m’offraient. J’ai préféré jouer les justicières et les fliquettes du monde surnaturel. Non mais quelle cruche !

— Très bien. Je commence quand ?

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Lucrèce hausse les épaules.— À moins que le central ne nous bipe, tu commenceras au

matin.Elle est passée du vous au tu. Tant mieux. Je déteste les sala-

malecs. Après tout, à un poil de cul d’un troll près, elle doit avoir le même âge que moi. Plongées dans nos pensées respectives, nous reprenons notre route et je resserre ma veste autour de mes épaules. Dans une ruelle devant nous, les ombres bougent. Lucrèce jure entre ses dents et sa main vole à la ceinture où s’entrechoquent des fioles. De l’eau bénite, je présume.

Le vampire, visage plissé d’avidité au point de ne plus rien posséder de son humanité passée, lui saute à la gorge. Pour sa peine, il reçoit le liquide sacré en pleine figure et recule avec force crépitement. Ça ne le tuera pas (ah  ! la bonne blague  !) mais, au moins, il aura l’esprit ailleurs quand ma compagne lui enfoncera un pieu en plein cœur. Petit contretemps  : il n’est pas seul. Un deuxième plonge par-dessus. Le Cri ronfle dans ma poitrine mais je n’en laisse qu’un filet sortir. Le module en une lame acérée qui transperce le mort-vivant aussi facilement qu’une arme d’acier. Lucrèce termine son macchabée avant de se tourner vers moi, bouche bée.

Eh ouais, chérie  ! Je me présente. Proie Dunoir. Surprise, surprise : Je suis une banshee. Bienvenue dans mon monde !

Elle semble vouloir dire quelque chose. Se ravise, puis…— Tu t’es retenue, non ?Oui, je crois qu’on va pouvoir s’entendre. Un sourire, plus

franc que les précédents, se dessine et nous nous éloignons tandis que, derrière nous, deux petits tas de cendre s’éparpillent au vent.

 

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 — Ça arrive souvent ? Des attaques de vampires comme ça ?Lucrèce ne répond pas tout de suite. Toujours dans la salle

de bain, elle m’a entendue et réfléchit à sa réponse. Assise en tailleur dans le confortable canapé du petit salon, je lutte contre la somnolence en passant la brosse dans mes cheveux. Ils ont beau être courts, cela ne les empêche pas de se montrer rebelles et indisciplinés. Un peu comme moi. Alors que je commence à m’impatienter, ma future coéquipière me rejoint. Vêtue d’une simple robe de nuit et un drap de bain noué en turban autour de ses longs cheveux mouillés, elle réussit l’exploit de ressembler à une reine antique là, où dans mon pyjama short noir à petits chats imprimés, je ressemble à une gamine trop peu nourrie.

— D’habitude, c’est plutôt rare.Elle s’installe à mes côtés et dénoue sa serviette de bain pour

se brosser les cheveux, par-dessus l’épaule.— Mais…Elle me jette un coup d’œil pensif et je lui souris de toutes

mes dents dans l’espoir de l’encourager. Allez, cocotte ! Dès demain, nous travaillerons ensemble. Pas de secrets pour les collègues !

— Ça se produit de plus en plus souvent.La curiosité m’empêche de commenter. Je veux connaître le

fin mot de cette histoire.— Au début, ils n’étaient pas si nombreux. Depuis quelque

temps, ils semblent se multiplier. Le jour, il n’y a pas vraiment de soucis.

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— Mais la nuit…Elle hoche la tête.— Nous avons pris l’habitude de patrouiller à deux. Seule-

ment, ce soir…Je complète à sa place.— Ce soir, je suis arrivée.Lucrèce hoche la tête, consulte sa montre et bondit sur ses

pieds lorsque la sonnette retentit. Elle file ouvrir à une jeune femme aux abondantes boucles brunes et aux formes non moins généreuses. Cela fait longtemps que j’ai cessé d’envier les autres femmes pour leur carrosserie, mais son aura reconnaissable me pince le cœur. Une sirène. Ici, à Rédemption !

Je la déteste aussitôt.Elle plaisante avec Lucrèce qui ne tarde pas à nous présenter.

Leyhan, Proie. Et vice-versa. Échange de regards aussi peu cordiaux que possible. Notre compagne semble gênée par l’am-biance glacée qui plane entre nous, ne sait pas trop quoi faire pour la réchauffer.

— Et donc les vampires ?J’aimerais assez obtenir la réponse à tous leurs mystères,

mais la brune hausse les épaules.— On en parlera demain, si tu veux bien.Elle passe la main sur son jean qui épouse ses cuisses comme

une deuxième peau avant de s’adresser à sa coéquipière.— Je venais juste voir si tu avais bien réceptionné la nouvelle.Elle m’adresse un petit rictus auquel je réponds en ouvrant

de grands yeux innocents. C’est ça, parle de moi comme si je n’étais pas là !

— En un seul morceau.Je lui tire la langue et elle bloque un moment sur le petit

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brillant qui s’y trouve incrusté. Elle se laisse tomber dans le fauteuil à côté de moi.

— Comme ça, tu es une banshee ? Alors, ça veut dire que tu es morte ?

Choquée, Lucrèce s’étouffe à moitié. Je me contente de lui répondre d’un ton de conspiratrice.

— Oui. Mais j’ai survécu.Leyhan me fixe un long moment.— Ben toi, dis donc ! Tu es un sacré numéro.Sa voix devient plus chaleureuse mais je ne réponds pas. Je

n’ai pas envie de l’apprécier. Elle, elle est née Sirène. Comme elle me l’a si gentiment fait remarquer, j’ai dû mourir avant de renaître banshee. Elle charme les gens de son chant. Moi, je les tue.

Elle finit par se lever, embrasse Lucrèce sur la joue et repart dans la nuit venteuse. Nous ne parlons pas davantage des vampires. En fait, je n’ai plus trop envie de passer une nuit douillette. Je passe mon jean déchiré par-dessus mon pyjama, un vieux sweat sur le tout.

— Où vas-tu ?Mon hôtesse me regarde avec un brin d’appréhension.— À défaut de prendre la température du B.A.S., j’ai bien

envie de prendre celle de Rédemption.— Ce n’est pas très prudent. Je devrais t’accompagner.Ah ! Non alors ! Pas question de traîner un chaperon.— Pas la peine, maman ! Je suis grande, maintenant.Lucrèce croise les bras devant elle.— Couvre-feu à minuit, jeune fille.Je roule des yeux en sortant. Compte là-dessus. 

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    Je tourne un moment dans les rues sombres de la ville. L’ad-

ministration ne s’est pas foulée pour les éclairages publics. Si ceux des grandes artères sont impeccables, les rues plus modestes ne sont que chichement alimentées. Quant aux ruelles… Je repère bien quelques vampires mais ne m’en approche pas. L’heure de la chasse n’a pas encore sonné. Je me contente de les observer de loin. Le seul à se montrer assez téméraire pour tenter de me planter les dents dans le cou ne le racontera pas à ses petits copains demain soir.

Il y a quelque chose de pourri au royaume de Rédemption. Pour le nombre de vampires présents, les rues sont étrangement vides. Je ne parle pas des humains. Même s’ils ignorent l’exis-tence des morts-vivants et du monde surnaturel, leurs instincts de conservation les guident loin des lieux où rode la non-vie. La ville se retrouve littéralement assiégée mais les travées éclairées demeurent sûres. Ce qui pue : c’est l’absence de fantômes. Avec tous ces cadavres sans âme qui déambulent, l’endroit devrait littéralement pulluler de spectres plus ou moins conscients de leur triste sort !

Mais là, c’est mort ! (Sans mauvais jeu de mots.)Donc, je me retrouve avec des tas de vampires. Trop pour

une petite ville comme Rédemption. Et aucune trace de leurs esprits égarés. Je me demande ce que Lucrèce et Leyhan pour-ront me confier sur ce sujet-là. Je m’arrête devant une devan-ture qui expose des poupées de porcelaine. Derrière la barrière

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qui protège la vitrine, leurs yeux globuleux me filent la chair de poule. Si ça se trouve, les filles n’ont aucune idée de ce qui est en train de se tramer. Je suis déjà morte une fois, percevoir la présence des ectoplasmes en tous genres ne me pose pas de problèmes mais pour mes coéquipières, rien n’est moins sûr.

Une canette abandonnée sur le trottoir roule derrière moi. La vitrine ne révèle que ma silhouette. Je me retourne en balançant mon pied à toute volée dans le ventre du vampire qui, déséquilibré, roule au sol.

— Bordel !J’ai oublié mon pieu dans mon barda ! Tandis qu’il se relève,

je hausse les épaules. Je n’ai personne devant qui faire de l’es-broufe avec la maîtrise de mon Cri et je vais probablement réveiller les honnêtes gens endormis. Comme c’est dommage ! Le pouvoir ronfle dans ma poitrine, se répand dans ma gorge et file aussi vite qu’une flèche transpercer le mort vivant. J’ai peut-être mal dosé, il se fend par le milieu et se répand sur la route. Beurk !

L’avantage avec les vampires, c’est qu’ils ne laissent pas de traces embarrassantes derrière eux. Ses entrailles et le reste de son corps commencent déjà à tomber en cendres. Des fenêtres s’illuminent, il est temps de me carapater.

Un bruit dans la ruelle adjacente m’alerte. Merde ! Encore un  ? Un cadavre essaye de ramper par-dessus une poubelle renversée. Il lui manque un bras et si je dois me baser sur la manière dont sa main force sur le fer blanc, il ne doit pas lui rester grand-chose sous la taille. Je me dirige vers lui, histoire de le disperser avant que des humains lambda ne débarquent (rapport au boucan) lorsqu’une gueule pleine de dents lui arrache la tête. Aussitôt, le corps commence à se déliter et la poussière

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vole sous l’effet du vent. Je referme la bouche. Manquerait plus que j’en avale.

En fait, pour le moment, je ne me sens pas vraiment fière. À quelques mètres à peine, un énorme loup me fixe. Il finit par lâcher la tête du macchabée avec une expression dégoûtée. Je jurerais presque l’avoir vu crachouiller un peu de cendres. Il s’attendait à quoi ? Ses yeux fouillent les miens. Je ne bouge plus. Hésite à libérer le Cri.

Cependant, je ne veux pas tuer le loup.Non seulement, c’est un allié potentiel qui bouffe du

vampire mais j’ai renoncé à ma carrière de tueuse lorsque j’ai livré ma famille aux Puissances. Sous la peau du fauve, se cache quelqu’un qui au matin reprendra sa vie normale. Enfin, je le suppose. Même si je ne reconnais pas tout à fait l’empreinte des garous, je dois avouer que je n’en ai pas souvent croisé. En fait, je ne sais rien d’eux, hormis les généralités sur leur sauvagerie, ça ne m’a jamais vraiment intéressée.

Je n’ai pas le temps de me demander si j’ai commis une erreur en décidant de ne pas le dézinguer qu’il est déjà sur moi. Enfin, juste devant moi, truffe contre nez. Je retiens mon souffle, veux Crier mais rien ne sort, à part un minuscule filet de voix qui se noie dans la nuit. Ses yeux de la couleur de l’ambre s’ancrent dans les miens et son museau touche ma peau. Me hume. Retient mon odeur. Mes mains décident de n’en faire qu’à leur tête et se lèvent pour s’enfouir dans l’épaisse fourrure fauve tandis que la mienne, de tête, me hurle de prendre mes jambes à mon cou.

Mes gambettes, elles, lui répliquent d’aller se faire foutre, elles tremblent trop pour me porter où que ce soit ! Je n’ai plus qu’à me faire boulotter par le grand méchant loup. Et de bon

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cœur en prime !— Non mais oh ! C’est quoi ce raffut !Le beauf penché à sa fenêtre casse l’instant magique. Ce

salopard de garou me relave le visage de sa langue pleine de bave et file dans l’obscurité. Je me plaque contre le mur, hors de vue du gars bedonnant qui scrute la pénombre de la ruelle et m’essuie d’un revers de manche.

OK. Des vampires à la pelle. Zéro fantôme alors qu’ils devraient pulluler et un loup en mal de câlins en goguette.

Dans quoi j’ai mis les pieds, moi ?