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RAPPORT DE MISSION Contrat de Désendettement et de Développement Programme d’Appui à la Recherche – 2013 PROJET IRAD N° 2 Amélioration de la productivité du manioc et diffusion des semences améliorées Mission d'expertise scientifique du 22 au 28 mai 2013 Marie-France Duval, Cirad, Montpellier, France Dominique Dufour, Ciat, Cali, Colombie André Mabiranodji, PNDRT, Yaoundé, Cameroun

PROJET IRAD N° 2 Amélioration de la productivité du … · transformation. Cependant, des mises au point restent à faire sur leur usage en frais, déconseillé quand la récolte

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RAPPORT DE MISSION

Contrat de Désendettement et de Développement

Programme d’Appui à la Recherche – 2013

PROJET IRAD N° 2

Amélioration de la productivité du manioc

et diffusion des semences améliorées

Mission d'expertise scientifique du 22 au 28 mai 2013

Marie-France Duval, Cirad, Montpellier, France

Dominique Dufour, Ciat, Cali, Colombie

André Mabiranodji, PNDRT, Yaoundé, Cameroun

Ce rapport a été élaboré dans le cadre du Contrat de Désendettement

et de Développement - Programme d'Appui à la Recherche

par Marie-France Duval, Dominique Dufour et André Mbairanodji.

Mission d'expertise du 22 au 28 mai 2013.

Projet Irad n°2 : Amélioration de la productivité du manioc

et diffusion des semences améliorées.

© Cirad, Direction régionale en Afrique Centrale, 2013.

Projet Irad n° 2 – Amélioration de la productivité du manioc et diffusion des semences améliorées. Mission 22-28 mai 2013.

Marie-France Duval (Cirad), Dominique Dufour (Cirad/Ciat), André Mbairanodji (PNDRT). 3

Sommaire

1. INTRODUCTION .................................................................................................... 4

2. PRESENTATION GENERALE DU CONTEXTE .................................................... 5

Les attentes des acteurs de la filière ................................................................................. 5

Environnement scientifique et développement ................................................................. 7 Le projet Europe-Aid « Production durable du manioc en Afrique centrale et intégration au

marché » ......................................................................................................................................... 7

Le projet CRP-RTB « Cirad and CGIAR Programm on Roots Tubers and Bananas » ........... 8

Le projet bilatéral Japon – Cameroun FOSAS ............................................................................ 8

3. LE PROJET C2D « MANIOC » .............................................................................. 9

Recommandations par composante et activité ............................................................. 9 Composante 1 : Amélioration des rendements des exploitations familiales agricoles ......... 9

Composante 2 : Contribuer à l’amélioration de la qualité des produits et des technologies

post-récolte .................................................................................................................................. 10

Composante 3 : contribuer à la diffusion et à l’adoption des innovations et des résultats

de la recherche ............................................................................................................................ 11

4. SYNTHESE ET RECOMMANDATIONS GLOBALES SUR LE PROJET ............ 12

5. POINTS DE VIGILANCE ...................................................................................... 14

6. REMERCIEMENTS .............................................................................................. 15

7. ANNEXES ............................................................................................................ 15

Annexe 1. Termes de référence de la mission ................................................................ 17

Annexe 2. Calendrier de la mission ................................................................................. 19

Annexe 3. Le PNDRT en bref ............................................................................................ 20

Annexe 4. Résumé du blog mission Cameroun de Dominique Dufour ......................... 24

Annexe 5. Liste des personnes rencontrées ................................................................... 27

Annexe 6. Liste des abréviations ......................................................................................28

Projet Irad n° 2 – Amélioration de la productivité du manioc et diffusion des semences améliorées. Mission 22-28 mai 2013.

Marie-France Duval (Cirad), Dominique Dufour (Cirad/Ciat), André Mbairanodji (PNDRT). 4

1. Introduction

Le contrat de Désendettement et de Développement (C2D) entre le Cameroun et la France a

été mis en place à partir de juin 2006 dans le cadre de la stratégie de coopération entre les

deux pays déclinée dans le Document cadre de partenariat (DCP), avec pour objectif de

dynamiser la croissance et réduire l’impact de la pauvreté. Le projet C2D « Manioc », intitulé

« Augmentation de la productivité du manioc et diffusion des semences améliorées », fait

partie de la dizaine de projets de recherche élaborée par les chercheurs de l’Institut de la

recherche agricole pour le développement (Irad) validée par les acteurs et partenaires du

développement, fin 2012.

L’objectif de ce projet est de contribuer à l’amélioration durable de la productivité et de la

compétitivité de la filière manioc par le transfert et la mise en œuvre des savoirs, méthodes

et technologies finalisés et adaptés par la recherche.

Pour venir en appui à la mise en œuvre de ce projet, une mission a été conduite du 22 au 28

mai 2013 par deux experts internationaux et un expert national. Les objectifs de cette

mission tels que définis dans les termes de référence (annexe 1) étaient de permettre

l’opérationnalisation du projet par la révision des activités prioritaires à mener permettant

d’atteindre les résultats escomptés en s’accommodant des moyens financiers et matériels

disponibles, et de proposer des orientations méthodologiques pour garantir la réalisation des

activités, ou toutes autres mesures de nature à permettre une exécution harmonieuse du

projet.

Pour permettre aux experts internationaux de prendre la mesure du contexte et des attentes

de la filière, des rencontres et visites avec des professionnels (producteurs, pépiniéristes,

agroindustriels, équipementier) ont été organisées sur le terrain avec le concours de l’expert

camerounais André Mbairanodji. Des rencontres ont également été programmées avec les

partenaires de différents projets récents ou en cours (Programme national de

développement des racines et tubercules - PNDRT, Institut international de l’agriculture

tropicale - IITA, Pôle régional de recherche appliquée au développement des systèmes

agricoles d’Afrique centrale - Prasac). Enfin des discussions avec nos collègues de l’Irad en

charge de la mise en œuvre du projet ont eu lieu sous l’égide de Xavier Ndzana, chargé de

recherche Irad et chef de projet C2D « Manioc » (programme joint en annexe 2).

Dans ce rapport d’expertise, nous nous attacherons tout d’abord à donner notre perception

du contexte aux niveaux de la filière, de l’environnement scientifique et du développement

suite aux divers entretiens et rencontres de la semaine. Puis nous reprendrons chacune des

composantes du projet pour proposer des recommandations suite à cette analyse et aux

discussions avec nos collègues de l’Irad.

Projet Irad n° 2 – Amélioration de la productivité du manioc et diffusion des semences améliorées. Mission 22-28 mai 2013.

Marie-France Duval (Cirad), Dominique Dufour (Cirad/Ciat), André Mbairanodji (PNDRT). 5

2. Présentation générale du contexte

Le Cameroun possède une longue tradition agricole. Sur les 20 millions d’habitants que

compte le pays, 8 millions de camerounais vivent en zone rurale, principalement d’activités

agricoles. Le manioc est la deuxième culture vivrière du pays et un aliment de base pour ses

habitants. Cultivé dans neuf des dix zones agroécologiques du pays, 270 000 hectares (ha)

de terres sont dédiés à sa production (3 900 000 tonnes de racines produites en 2011,

FAOSTAT). Un impact fort du projet C2D proposé est donc attendu sur la sécurité

alimentaire.

Les attentes des acteurs de la filière Dans les sites visités, le manioc est principalement cultivé et transformé par les femmes,

réunies en associations (groupes d’initiative commune - GIC, coopératives). Au cours des

visites et entretiens, les experts ont apprécié le dynamisme de la filière et le fort

investissement des groupes rencontrés.

Malgré quelques réticences ponctuelles (racines de certaines variétés résistantes à la

mosaïque, améliorées dans le programme conjoint IITA/Irad jugées trop longues et ne

présentant pas une forme de tubercule), les variétés améliorées diffusées dans le cadre du

projet PNDRT (TMS 96/0023, TMS 92/0057, TME 419, 8034, Excel et Champion) ont été

assez largement adoptées pour leur résistance, leur productivité et leur aptitude à la

transformation. Cependant, des mises au point restent à faire sur leur usage en frais,

déconseillé quand la récolte a été faite sur un plant ayant plus de 10 mois de plantation

(apparition de fibres, ou teneur en composés cyanogéniques élevée). Des problèmes

ponctuels d’approvisionnement en boutures ont été mentionnés, malgré les dispositifs de

champs de multiplication mis en place dans le même projet (annexe 3). Par ailleurs, les

variétés traditionnelles sont toujours cultivées et appréciées pour leurs différents usages.

Parmi les maladies connues des productrices, les plus citées sont la mosaïque, la cochenille

et l’anthracnose. La gestion de la mosaïque n’est pas ressentie comme un problème,

probablement du fait du pourcentage de variétés améliorées résistantes en production. Des

plants très probablement infectés ont cependant été observés parmi les variétés

traditionnelles. Les cultivatrices sont par ailleurs sensibilisées et rapportent ne pas planter

les boutures présentant des signes de maladie.

Un des problèmes majeurs mentionnés est la pénibilité du travail. Les femmes ne disposent

d’aucune aide mécanique ou animale pour les travaux des champs qui sont tous réalisés

manuellement. De ce fait la surface moyenne de manioc cultivée varie de ½ à 1 ha par

femme. Le travail de défrichage en particulier ne peut être réalisé que très difficilement, ce

qui représente un obstacle majeur à l’extension des cultures malgré les disponibilités en

terres. De plus, la main d’œuvre manque avec de plus en plus de jeunes qui se tournent vers

des activités non agricoles, et les agriculteurs doivent employer et rémunérer des aides

extérieures. Ceci explique que des demandes fortes existent pour tous les moyens

permettant de sédentariser et de faciliter la culture. Les essais d’utilisation de plantes de

couverture telles que la marguerite Titonia diversifolia sont jugés intéressants mais ne

peuvent s’étendre faute de disponibilité en semences. L’intérêt pour les possibilités de

fertilisation et de mécanisation (en particulier pour aider le défrichage) est général mais limité

par le manque de moyens.

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Marie-France Duval (Cirad), Dominique Dufour (Cirad/Ciat), André Mbairanodji (PNDRT). 6

La transformation artisanale est également très demandeuse en main d’œuvre. Les

transformatrices sont intéressées par la mise en place de petites unités au niveau des

groupements avec mise à disposition ou acquisition d’équipements adéquats (râpes,

cosseteuses, moulins..). Dans le cadre du PNDRT, des essais de prototypes artisanaux ont

été construits pour tenter de résoudre les problèmes d’approvisionnement et d’adéquation

des machines existant sur le marché (souvent importées et surdimensionnées par rapport

aux besoins). Un problème annexe a également été évoqué par les productrices de bâton, la

raréfaction de Marantochoa purpurea, marantacée poussant à l’état sauvage dans les zones

marécageuses dont les feuilles sont utilisées pour envelopper la pâte de manioc.

Un autre problème mentionné comme fortement limitant est l’accessibilité des marchés. Les

villages producteurs sont en effet souvent dispersés et situés loin des routes goudronnées.

Ce problème est particulièrement prégnant à Niatombo, village qui souffre d’un fort

enclavement du fait d’accès routiers très dégradés. Dans ce cas ce sont les quelques

intermédiaires qui se déplacent qui fixent les prix. Ces problèmes limitent l’accroissement

potentiel de la production, malgré que la demande de produit frais et transformés ne soit pas

limitante.

Au cours de cette mission, nous avons pu également rencontrer des représentants de l’agro-

industrie (sociétés Nestlé et Guinness à Douala). Nestlé pour la fabrication des cubes de

bouillons Maggi, utilise actuellement plus de 1 200 tonnes/an d’amidon importé. La société

Guinness (groupe Diageo) est à la recherche de ressources amylacées (sorgho, maïs,

manioc) pour l’hydrolyse enzymatique et la production de bière. Les besoins sont évalués à

10 000 tonnes/an, et ne peuvent être satisfaits localement en termes de quantité, de

régularité d’approvisionnement et de qualité. Des accords de partenariat industriel ont été

signés entre ces entreprises privées et le Ministère. Quatre variétés ont d’ores et déjà été

étudiées et validées par les centres de recherche développement de ces industries (Nestlé-

Côte d’Ivoire et Guinness-Ghana) pour leur productivité et leur fort rendement en amidon.

Une étude antérieure réalisée par le Centre international de coopération en recherche

agronomique pour le développement (Cirad) (Dumas et al., 2005) avait aussi mis en

évidence une importation de plus de 1 500 tonnes/an d’amidon par les cartonneries et

filatures du Cameroun. Un projet étatique dirigé par la Chambre de commerce, d'industrie,

des mines et de l’artisanat du Cameroun (CCIMA), la Sotramas à Sangmélima, est en passe

d’être inauguré (technologie indienne pour la transformation de 110 tonnes/jour de racines

de manioc). Cependant, les prix actuels du marché du manioc pour l’alimentation sont très

largement supérieurs à ceux proposés par les industriels pour le manioc destiné à la

production d’amidon.

D’autres débouchés ont été étudiés tels que l’incorporation de farine de manioc dans le pain

pour réduire les importations de farine de blé. Les problèmes techniques ont été résolus

mais à l’heure actuelle le coût de revient du pain enrichi est plus élevé du fait du prix de la

farine de manioc.

Les priorités de développement actuelles sont tournées vers les marchés à forte valeur

ajoutée pour les transformations agro-industrielles et peu d’activités ont été observées au

cours de la mission pour la conservation de la diversité existante ou l’étude des préférences

variétales pour la consommation directe en frais et la sécurité alimentaire.

Un compte-rendu plus détaillé des visites est joint en annexe 4.

Projet Irad n° 2 – Amélioration de la productivité du manioc et diffusion des semences améliorées. Mission 22-28 mai 2013.

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Environnement scientifique et développement

De nombreux projets récents ou en cours concernent le manioc. Parmi les plus importants :

Le Programme national de développement des racines et

tubercules (PNDRT)

Ce projet, financé par le gouvernement de la République du Cameroun et le Fonds

international de développement agricole (Fida) s’est déroulé sur 8 ans (2003-2012) avec

pour objectif l’amélioration de la sécurité alimentaire et des moyens d’existence des

populations rurales, principalement les couches vulnérables notamment les femmes et les

jeunes, à travers le développement de la filière des racines et tubercules (R&T). Diverses

actions ont été engagées pour :

Renforcer la structuration de la filière des R&T.

Améliorer l’accès des organisations de productrices-transformatrices aux circuits locaux,

nationaux et sous régionaux de commercialisation des produits de R&T.

Améliorer la réponse des transformateurs à la demande quantitative et qualitative des

marchés.

Contribuer à l’intensification durable de la production de R&T par l’utilisation de

technologies améliorées adaptées aux besoins des agriculteurs.

Le PNDRT a couvert tout le territoire national, en fonction des diversités des cinq zones

agroécologiques (1000 villages répartis en 249 comités villageois de concertation ) et mis en

place les bases pour la création d’une interprofession à travers la constitution d’un réseau de

multiplicateurs des boutures (Renamusim) qui a permis la diffusion d’ environ 12 000 000 de

boutures de manioc issues de plus de quinze variétés améliorées (IITA, Irad), d’une

association des équipementiers et la structuration de quelques Comités villageois de

concertation (CVC) en associations coopératives simplifiées. Le projet a également mis en

place un réseau de champs écoles paysans et a contribué à améliorer l’efficience et la

rentabilité des processus de transformation et la qualité des produits dérivés grâce à

l’introduction en milieu paysan des équipements de transformation (râpes à gravité en inox,

presses, cossetteuses, moulins), et la construction des infrastructures de trempage, de

séchage, de stockage et de commercialisation des R&T. Son impact a été très net dans les

villages cibles (annexe 3).

Le projet Europe-Aid « Production durable du manioc en

Afrique centrale et intégration au marché »

Ce projet financé par l’Union européenne (UE) et géré par le Prasac (Pôle régional de

recherche appliquée au développement des systèmes agricoles d’Afrique centrale) a pour

objectif d’accroître durablement la productivité des exploitations productrices de manioc dans

les six pays de la Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale (Cemac) dont le

Cameroun (partenaires Irad et université de N’Gaoundéré).

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Marie-France Duval (Cirad), Dominique Dufour (Cirad/Ciat), André Mbairanodji (PNDRT). 8

Les activités se déroulent sur 5 ans (2010-2015) et concernent :

La connaissance et la valorisation des variétés cultivées localement.

La connaissance et la valorisation des pratiques culturales paysannes.

La lutte contre les maladies et ravageurs.

L’étude des usages et marchés pour l’amélioration de la qualité des produits.

Le renforcement des capacités techniques et de recherche dans l’espace Cemac.

Le projet CRP-RTB « Cirad and CGIAR Programm on Roots

Tubers and Bananas »

Ce projet en construction est porté par le CGIAR (CIP- Ciat - IITA) et permettra de renforcer

l’action de l’IITA et de son réseau partenarial au Cameroun au travers de divers projets :

Emergency and ongoing response capacity to manage persistent biological constraints for

cassava in Africa (CMD, CBSD, Whiteflies) ; Improved technology and knowledge for small

to medium scale cassava processing centers targeted preferentially toward rural women ;

Next Gen RTB Breeding Systems for accelerating genetic gains.

Les actions prévues et déjà en cours au niveau de l’IITA concernent :

La conservation et la caractérisation des ressources génétiques (collection de 180

variétés camerounaises).

La lutte contre les ravageurs (mouche blanche Bemisia tabacii, acarien vert, cochenille

africaine des racines et tubercules (cart) Stictococcus vayssierei) et l’évaluation des

risques du changement climatique sur leur adaptation.

La surveillance épidémiologique de la souche ougandaise (eacmv-ug) de la mosaïque.

L’analyse du rôle des femmes dans la culture, la commercialisation et la transformation

du manioc.

L’appui au réseau des multiplicateurs de manioc.

Le projet bilatéral Japon – Cameroun FOSAS

Le projet intitulé « Establishment of sustainable livelihood strategies and natural resource

management in tropical rain forest and its surrounding areas in Cameroon: integrating the

global environmental concerns with local livelihoods needs » a pour partenaires le JIRCA et

l’Irad. Il s’intéresse aux zones voisines des forêts et a pour objectif la durabilité des systèmes

de culture et la conservation des ressources naturelles, avec un focus sur la gestion des

jachères et l’érosion des sols.

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3. Le projet C2D « manioc »

Ce projet s’appuie sur les diagnostics de base (PNVRA, 2012) et sur les résultats de

recherche obtenus par l’Irad et l’IITA. Afin d’atteindre l’objectif global d’amélioration durable

de la productivité et de la compétitivité de la filière manioc, des objectifs spécifiques ont été

fixés :

Améliorer les rendements dans les exploitations familiales (EFA).

Améliorer les technologies post-récolte et la qualité des produits.

Contribuer à la diffusion et à l’adoption des innovations et résultats de la recherche.

Le projet est donc décliné selon ces trois composantes. Les partenaires désignés en sont

l’université de Dschang, l’université de N’Gaoundéré et l’IITA avec un total de 26

chercheurs/ingénieurs impliqués.

Recommandations par composante et activité

Composante 1. Amélioration des rendements des exploitations

familiales agricoles

Déclinée en trois activités :

Mettre au point des itinéraires techniques d’amendement des sols

Ces essais sont importants pour arriver à sédentariser la culture, point crucial pour les

agriculteurs (économie du défrichage) et pour la conservation de l’environnement (protection

des forêts). Il faudra cependant veiller à prioriser les actions à mener et à prendre en compte

le contexte de l’agriculture familiale : revenus des ménages, coût des intrants, disponibilité

des semences de plantes de couverture. Afin d’optimiser les actions prévues, des

complémentarités sont à rechercher entre le projet Fosas et les enquêtes menées dans le

cadre du projet Prasac.

Collecter et caractériser les variétés existant au Cameroun

La collecte et la caractérisation sont prévues dans divers projets en cours ou en

construction : dans le cadre du projet Prasac, une collecte doublée d’une enquête sur les

usages a été réalisée sur trois sites et la caractérisation moléculaire des 109 accessions

collectées est en cours au Cirad ; le CRP-RTB prévoit la caractérisation de la collection

d’accessions existant au Cameroun à l’IITA (Ibadan), ainsi que le séquençage complet d’une

centaine de variétés originaires d’Afrique centrale. Le projet C2D apparait donc comme une

excellente opportunité pour étendre les collectes à l’ensemble des zones productrices de

manioc et avoir une bonne perception de la diversité génétique et morphologique existant

dans le pays. Pour une meilleure efficacité tant au niveau des recherches que de la gestion

des ressources génétiques, il est conseillé de travailler de façon complémentaire (zones de

collecte) et d’harmoniser les protocoles de collecte et de caractérisation en synergie avec les

différents partenaires (ex. choix de marqueurs moléculaires communs pour pouvoir

comparer les résultats). Le projet C2D ne prévoit pas de financement pour l’analyse

moléculaire des accessions collectées, une réflexion doit être menée autour de la prise en

charge de cette action en collaboration avec les partenaires.

Projet Irad n° 2 – Amélioration de la productivité du manioc et diffusion des semences améliorées. Mission 22-28 mai 2013.

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Réduire les pertes dues aux maladies et ravageurs

Cette activité comprend l’assainissement du matériel végétal, l’inventaire des maladies et

ravageurs et la co-construction de méthodes de lutte avec les acteurs de terrain. Pour

développer ces activités l’Irad bénéficie d’un contexte favorable avec le développement à

l’IITA-Cameroun de travaux sur plusieurs ravageurs (mouche blanche, acarien vert,

cochenille africaine) et maladies (mosaïque) menés par le Dr Rachid Hanna. Le projet

Prasac contribue à l’inventaire des maladies et ravageurs dans les trois zones ciblées et co-

finance la formation en thèse de Martin Tchuanyo, chercheur Irad encadré par le Dr Hanna.

Les sujets d’étude étant très nombreux et d’importance pour la culture et son rendement

dans le pays, l’apport de cette expertise sera important pour identifier et prioriser les sujets à

développer dans le cadre du C2D en complémentarité avec les autres projets.

Composante 2. Contribuer à l’amélioration de la qualité des

produits et des technologies post-récolte

Après discussion avec les chercheurs de l’Irad, trois activités principales ont été identifiées :

Caractérisation organoleptique des variétés traditionnelles

Les variétés collectées seront analysées pour les teneurs en cyanure d’hydrogène (HCN),

matière sèche, amidon ; et testées pour leur aptitude à la conservation post-récolte (PPD).

Les besoins analytiques sont importants et pour réaliser la caractérisation prévue il y a

nécessité d’alliance avec les centres de référence (université de N’Gaoundéré, IITA Ibadan,

Ciat, Cirad).

Relation variété-procédé-produit-région sur la qualité des produits

(water fufu, gari, couscous, bobolo)

Il ne sera pas possible avec les moyens alloués de tester toute la gamme des produits dans

chaque région. Les régions étant souvent traditionnellement réputées pour une production

particulière, il conviendra de s’appuyer sur ces préférences régionales pour prioriser les

recherches par bassin de production et par produit. Le projet CRP-RTB post-récolte initiera

en 2013-2014 une étude sur les préférences des consommateurs pour le couscous de

manioc (fufu) en fonctions des variétés, procédés et régions (Est, Adamaoua, Nord, Extrême

Nord) pour évaluer l‘influence de la variété et du process sur la qualité et l’acceptabilité du

couscous. Une collaboration est à rechercher avec ce nouveau projet tout comme avec le

projet du Prasac.

Amélioration des équipements et procédés

Cette activité devra être conduite en partenariat avec les constructeurs d’équipements et en

cohérence entre les activités de caractérisation du germoplasme et les études des

potentialités technologiques des variétés. Les problèmes de logistique (éloignement de la

collection conservée à Meyomessala dans des centres de référence) doivent être pris en

considération.

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Composante 3. Contribuer à la diffusion et à l’adoption des

innovations et des résultats de la recherche

Quatre éléments majeurs sont mis en relief dans le document du projet C2D « Manioc » :

Champs écoles.

Guide des bonnes pratiques agricoles dans quatre zones agroécologiques.

Diffusion des variétés assainies.

Renforcement des capacités.

Compte tenu des contraintes budgétaires, la mission recommande :

La réduction du nombre de parcelles de démonstration à implanter et la

programmation de la mise en place d’un Champ école des producteurs (CEP) de

manioc.

Cette activité nécessitera :

Le recrutement pendant toute la durée du cycle de manioc, d’un facilitateur en CEP

qui sera assisté par trois chercheurs dont un agronome, un phytopathologiste et un

entomologiste.

L’acquisition du matériel didactique.

Les prévisions pour la prise en charge des apprenants (25-30

producteurs/productrices appartenant à différentes associations), et pour la

construction d’un hangar servant d’abri en matériaux locaux attenant au dispositif du

CEP, pour la restitution des analyses de l’agroécosystème (A.A.ES) et le

déroulement des modules de formation.

A travers le dispositif du CEP, le projet pourra assurer le transfert des techniques de

production et protection intégrée, la formation en multiplication rapide des boutures de

manioc, le test des amendements minéraux, le test des plantes de couverture (pueraria,

mucuna, etc.). Relativement à l’élaboration et à l’exécution du protocole sur les CEP, il serait

indiqué pour le projet de contractualiser avec le PNDRT compte tenu de son expérience

avérée dans ce domaine.

La diffusion du matériel végétal

Une structure de relais dans le domaine de la production et diffusion du matériel végétal

sain et performant, nommée réseau national de multiplication des semences d’ignames

et de manioc en abrégé (Renamusim) a été créée en août 2012. Les membres du

bureau exécutif ont été élus démocratiquement, et l’association officiellement déclarée

le 08 novembre 2012 sous le n°00001750/RDA/J06/BAPP. Pour plus d’efficacité, la

mission suggère la fusion du Renamusim et des autres réseaux mis en place par l’IITA

et les autres acteurs de la filière.

De capitaliser, valoriser et partager les acquis du PNDRT

dans les segments de production, transformation, commercialisation, renforcement des

capacités et structuration. Les rapports d’études et d’enquêtes réalisées sont disponibles à

cet effet.

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4. Synthèse et recommandations globales

sur le projet

La mission s’est déroulée au tout début du projet et peu après que le responsable, Xavier

Ndzana, ait été nommé. De ce fait les experts n’ont pu rencontrer tous les participants ni

visiter les stations Irad où doivent se dérouler les différentes actions. Nous remercions

cependant vivement Xavier Ndzana pour avoir organisé dans un très court délai des

réunions à Nkolbisson, les collègues de l’Irad et en particulier les chercheurs d’Ekona pour

leur disponibilité et leur déplacement, ainsi que la direction générale de l’Irad qui a permis ce

déplacement.

Plusieurs projets de recherche et développement sur le manioc au Cameroun et dans la

région présentent des convergences avec le projet C2D. Ce contexte très favorable doit être

bien intégré dans l’opérationnalité du projet et implique de travailler de façon

complémentaire et en synergie entre les différents projets pour une bonne gestion des

ressources, tant humaines que financières, et une amélioration de l’impact sur la filière.

Le projet bénéficie également d’un contexte favorable au niveau de la filière. Les acteurs

rencontrés font preuve d’un dynamisme que l’on peut attribuer en grande partie à l’action du

projet PNDRT, dont le premier objectif de renforcement de la structuration de la filière

semble atteint dans les villages et structures rencontrées. L’acceptation d’un nouveau projet

de développement entre le Ministère de l’agriculture et du développement rural (Minader) et

la BMI doit permettre d’étendre le réseau en place et de toucher d’autres régions de

production. Le projet C2D pourra dans un premier temps s’appuyer sur les réseaux et

organisations en place pour sa composante de diffusion des innovations, en formalisant bien

les relations avec les professionnels.

Pratiquement, les experts recommandent d’identifier rapidement les porteurs des différentes

activités prévues dans le projet afin d’organiser des réunions entre l’ensemble des acteurs et

partenaires pour prioriser et préciser les actions, leurs lieux de réalisation et les ressources

affectées (ressources humaines, matériel, fonctionnement). Du fait de la localisation relative

des partenaires il est recommandé de porter attention aux problèmes de logistique qui

peuvent compliquer et renchérir les activités.

Ces précisions permettront :

D’élaborer une description du projet et de ses activités plus affinée.

De clarifier les relations de partenariat, et de les contractualiser (établissement de

convention multi-partenariale ou de conventions bipartites).

De préciser les modalités de gestion du projet (multi-sites et multipartenaires).

De mettre en place les outils de communication nécessaires entre les différents

acteurs.

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Dans cette version rénovée du projet, les experts recommandent de bien veiller à adapter les

ambitions aux moyens et à la durée du projet, et de clarifier les bénéficiaires et les bénéfices

attendus du projet, éventuellement par composante. Les souhaits de développement affichés

sont en effet doubles entre le développement et la valorisation du manioc, culture

traditionnelle, et le souhait de production d’amidon qui conduit à une culture industrielle.

Enfin des révisions de forme sont nécessaires, en particulier la présentation dans un seul

cadre logique, et la modification du titre discutée en réunion, que la mission propose de

remplacer par :

« Amélioration de la productivité et de la compétitivité de la filière manioc au

Cameroun »

Projet Irad n° 2 – Amélioration de la productivité du manioc et diffusion des semences améliorées. Mission 22-28 mai 2013.

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5. Points de vigilance

Pour des raisons de dimensionnement du projet, aucune action n’est prévue sur la

commercialisation et l’organisation des marchés, reconnues par tous les acteurs comme un

frein au développement de la filière. De même, aucune composante socio-économique n’est

prévue alors qu’il serait nécessaire d’évaluer l’impact des innovations sur les exploitations

familiales et sur la place des femmes dans la filière. Ces aspects seront à prendre en compte

dans la construction de nouveaux projets.

Les problèmes structurels sont également à considérer pour un bon développement du

projet, en particulier les problèmes d’infrastructure au niveau des sites rapportés dans les

risques potentiels et de logistique (éloignement des sites).

Enfin, aucune action de développement agricole ne pourra atteindre son maximum

d’efficacité sans une amélioration des infrastructures rurales (réseau routier, marchés) pour

désenclaver les bassins de production.

Projet Irad n° 2 – Amélioration de la productivité du manioc et diffusion des semences améliorées. Mission 22-28 mai 2013.

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6. Remerciements

La mission remercie l’Irad, Xavier Ndzana et les collègues travaillant sur le manioc pour leur

disponibilité et les échanges très fructueux au cours de cette mission.

Que tous nos interlocuteurs professionnels et institutionnels rencontrés à Yaoundé et lors de

nos déplacements à Douala, Ngoumou, Mganbassina et Biatombo soient remerciés pour

leur accueil. Les informations reçues et les discussions partagées nous ont été précieuses

pour comprendre les enjeux et les problématiques de la filière manioc.

Nous remercions également les collègues de l’IITA, ainsi que la direction du Prasac et les

collègues partenaires du projet Europe-Aid pour leur disponibilité.

Nous remercions Patrice Grimaud, directeur régional du Cirad en Afrique centrale, et Joseph

Mouen, directeur général adjoint de l’Irad, pour avoir posé les principes de cette mission et

fait en sorte qu’elle ait été rendue possible.

Un grand merci également à Vérane Pagani de la direction régionale du Cirad pour son

soutien institutionnel et logistique, qui a rendu possible tous nos déplacements sur le terrain

dans les meilleures conditions.

Projet Irad n° 2 – Amélioration de la productivité du manioc et diffusion des semences améliorées. Mission 22-28 mai 2013.

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7. Annexes

1. Termes de référence de la mission.

2. Calendrier de mission.

3. Le PNDRT en bref.

4. Résumé du blog mission Cameroun de Dominique Dufour.

5. Liste des personnes rencontrées.

6. Liste des abréviations.

Projet Irad n° 2 – Amélioration de la productivité du manioc et diffusion des semences améliorées. Mission 22-28 mai 2013.

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Annexe 1. Termes de référence de la mission

1. Présentation du projet « Manioc »

Dans le cadre du contrat de Développement et de Désendettement (C2D), une dizaine de

projets de recherche, dont le projet « Manioc » a été élaborée par les chercheurs de l’institut

de la recherche agricole pour le développement (Irad) et validée par les acteurs et autres

partenaires au développement durant les réunions de concertation organisées pour la

plupart en novembre 2012.

Le projet CD2 « Manioc » a été validé après avoir subi des modifications commandées par

une priorisation des activités à mettre en œuvre pendant la durée du projet qui permettrait

une efficience des actions et l’atteinte des objectifs et résultats escomptés.

Problématique générale : baisse de productivité et de la compétitivité de la filière.

Enjeu : recherche appliquée pour l’accroissement de la production et l’amélioration

de la plus-value et la compétitivité de cette spéculation sur les différents segments de

marchés.

Titre : augmentation de la productivité du manioc et diffusion des semences

améliorées.

Objectif global : contribuer à l’amélioration durable de la productivité et de la

compétitivité de la filière Manioc (augmentation de la production et maîtrise des

technologies de transformation) par le transfert et la mise en œuvre des savoirs,

méthodes et technologies finalisés et adaptés par la recherche.

Composante 1 : Contribuer à l'amélioration des rendements des exploitations familiales

agricoles (EFA).

Activité 1.1. Mettre au point des itinéraires techniques d’amendement des sols.

Activité 1.2. Collecter et caractériser des variétés existantes au Cameroun.

Activité 1.3. Réduire des pertes dues aux maladies et ravageurs.

Composante 2 : Contribuer à l'amélioration de la qualité des produits et des technologies

post-récolte (gari, bobolo, miondo, farine panifiable, …).

Activité 2.1. Développer avec les professionnels de nouveaux produits par la transformation

du manioc afin de conquérir des segments de marchés nouveaux et permettre une meilleure

valorisation du manioc produit au Cameroun.

Composante 3 : Contribuer à la diffusion et adoption des innovations et résultats de la recherche. Activité 4.1. Développer et/ou renforcer les capacités techniques et managériales des

différents acteurs (producteurs, multiplicateurs de semences, transformateurs, transporteurs,

commerçants, …)

Activité 4.2. Appuyer la diffusion des résultats et innovations de la recherche à travers les

canaux appropriés en fonction des cibles et partenaires.

Projet Irad n° 2 – Amélioration de la productivité du manioc et diffusion des semences améliorées. Mission 22-28 mai 2013.

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2. Définition des termes de références (TDR) de la mission

Dans la mise en œuvre des projets retenus, le Cirad est un partenaire clé de la recherche

agricole camerounaise dont l’appui à la mise en œuvre des projets est escompté ainsi que

l’accompagnement sur des thématiques transversales.

Bénéficiant de fonds pour la réalisation d’appuis conséquents en vue de l’opérationnalisation

harmonieuse des projets retenus, il est envisagé dans le cadre du projet C2D « Manioc »,

une mission d’appui au travers de trois experts identifiés ainsi qu’il suit :

Deux experts internationaux: Marie-France Duval et Dominique Dufour.

Un expert national : André Mbairanodji.

Objectif global de la mission d’appui : aider et assister à la finalisation du projet C2D

« Manioc » en vue de sa mise en œuvre aisée sur le terrain.

Durée de la Mission

La mission d’appui est prévue pour une durée d’une semaine et se déroulera du 21 au 28

mai 2013. Un calendrier de descente terrain sera proposé aux consultants au moins une

semaine avant, précisant les lieux et personnes à rencontrer.

Objectifs de la mission

L’objectif global de la mission est de permettre l’opérationnalisation du projet « Manioc ». Il

s’agira pour les consultants de :

1. Revisiter conjointement les activités prioritaires à mener permettant d’atteindre les

résultats escomptés en s’accommodant des moyens financiers et matériels

disponibles.

2. Proposer des orientations sur une méthodologie (protocoles requis) devant garantir la

réalisation des actions/activités.

3. Proposer toutes autres mesures de nature à permettre une exécution harmonieuse

du projet.

Rapport final

A la fin de leur intervention, les experts élaboreront un document comportant les différents

extrants produits durant leur intervention. Cet extrant servira de document de base qui

permettra aux porteurs du projet de s’en inspirer pour l’opérationnalisation efficiente du

projet.

Préparation en amont de la mission

Envoi copies projet et autres documents y référents.

Envoi de la part des experts, des notes de lecture comportant des remarques,

commentaires, questions et suggestions sur le projet (une semaine avant la mission).

Etablissement d’une liste des contacts locaux.

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Annexe 2. Calendrier de la mission

Jour Lieux Activités

mercredi 22 mai

Yaoundé

Matin - 9h30 : Réunion de présentation à

l’Irad avec l’ensemble de l’équipe du projet

- Discussions et échanges sur les premières remarques faites par les

experts sur le projet

Après-midi - Etude des complémentarités

du C2D manioc avec le Prasac.

- Présentation des acquis du PNDRT.

- Présentation des acquis de l’Irad/IITA.

jeudi 23 mai

Douala

Matin Après-midi

- 10h: Nestlé

Cameroun S.A. (Dongue Richard-

79 52 29 00). - 11h: Guinness Cameroun S.A.

(Liz Lell Nathalie-79 50 35 76/33 40

70 00).

-Réunion restreinte sur projet Manioc du Prasac.

Réunion restreinte sur projet

Manioc du Prasac.

vendredi 24 mai

Douala Yaoundé Ngoumou

Matin

- 11h : Ets Damas et Danny Noukeu (Fondja Damas - 77 75 95 76)

Après-midi - 14h : Mama Douala production

de bâtons de manioc (Nkong Abog -77 22 66 78)

-17h : International Institute of Tropical Agriculture (IITA) -

Rachid Hanna, Stefan Hauser, Holger Kirscht

samedi 25 mai

Yaoundé Mbangassi

na

Journée entière - 9h : Mme Manga Martine (75 51 62 73) à Mbangassina. M. Bonda Aboula Michel Marie (77 01 93 10 / 97 06 63 65) à

Mbangassina. Puis déplacement avec eux à Mbiatomb (6km) : Mme Belibi Marie-

Louise (78 60 87 54) à Mbiatomb (union de 5 GIC).

lundi 27 mai

Yaoundé

Matin

- 9h30 : Paidma (Ngue Bissa Thomas - 99 91 73 95 /

77 95 55 51). - 11h : Syndicat des Boulangers

(Yiepmou Jean Claude - 99 91 97 43).

Après-midi

- 14h : Renamusim-cam (Mme Nke Suzanne - 99 78 42 28).

-Bilan des rencontres, visites, observations.

mardi 28 mai

Yaoundé

Matin Préparation de la réunion de

restitution.

Après-midi Réunion de restitution des principales observations et

conclusions de la mission (Cirad).

Projet Irad n° 2 – Amélioration de la productivité du manioc et diffusion des semences améliorées. Mission 22-28 mai 2013.

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Annexe 3. Le PNDRT en bref

« Dans le cadre de la mise en œuvre de la stratégie de développement du secteur rural en

vue de la réduction de la pauvreté (SDRP), le gouvernement de la République du Cameroun

et le fonds international de développement agricole (Fida) ont signé le 23 juillet 2003, un

accord de prêt de 9,6 millions DTS pour le financement partiel du programme national de

développement des racines et tubercules (PNDRT). Le programme a également bénéficié

d'une facilité de démarrage du Fida (don SOF) de 70.000 $. La contribution du

gouvernement est estimée à 3.228.000 $ et celle des bénéficiaires à 1.269.000 $. Des fonds

PPTE pour un montant de 4,3 millions $ devaient également être libérés par le

gouvernement.

Le but global du PNDRT était de contribuer à l’amélioration de la sécurité alimentaire et des

moyens d’existence des populations rurales, principalement les couches vulnérables

notamment les femmes et les jeunes, à travers le développement de la filière des racines et

tubercules (R&T).

Les objectifs principaux du PNDRT étaient :

Renforcer la structuration de la filière des racines et tubercules (R&T).

Améliorer l’accès des organisations de productrices-transformatrices aux circuits locaux,

nationaux et sous régionaux de commercialisation des produits de R&T.

Améliorer la réponse des transformateurs à la demande quantitative et qualitative des

marchés.

Contribuer à l’intensification durable de la production de R&T par l’utilisation de

technologies améliorées adaptées aux besoins des agriculteurs.

Ces objectifs ont été maintenus malgré les différentes réorientations stratégiques

intervenues au cours des huit années de mise en œuvre du programme.

Le programme a couvert tout le territoire national, en fonction des diversités des cinq zones

agroécologiques. L’unité de gestion du programme était basée à Yaoundé et cinq antennes

représentaient le programme dans les cinq zones agroécologiques : Bamenda pour les

régions de l’Ouest et du Nord -Ouest, Bertoua pour la région de l’Est, Douala pour les

régions du Littoral et du Sud-Ouest, Ebolowa pour les régions du Centre et du Sud et enfin

N’Gaoundéré pour les régions de l’Adamaoua, de l’Extrême Nord et du Nord.

Dans le rapport de pré-évaluation, le programme devrait couvrir six mille villages. Les

principales spéculations étaient le manioc, la pomme de terre, l’igname, la patate douce, le

macabo et le taro.

Durant la phase d’exécution du programme, plusieurs réorientations stratégiques ont été

opérées afin d’obtenir des résultats plus visibles. Ces réorientations sont aussi dues à d’une

part au changement de vision avec le passage de la stratégie déduction de la pauvreté à la

stratégie pour la croissance et l’emploi et d’autre part, à une forte rotation au niveau de l’

agence principale d’ exécution, le ministère en charge de l’agriculture avec notamment

quatre changements de ministres en huit années, trois chargés de portefeuilles du

Cameroun à l’UNOPS de 2004 à 2009, quatre chargés de Portefeuille du Cameroun au

Projet Irad n° 2 – Amélioration de la productivité du manioc et diffusion des semences améliorées. Mission 22-28 mai 2013.

Marie-France Duval (Cirad), Dominique Dufour (Cirad/Ciat), André Mbairanodji (PNDRT). 21

niveau du Fida et la supervision directe du programme par le Fida à partir du 1er janvier

2010.

L’accord de prêt a connu un amendement pour s’ajuster aux orientations stratégiques du

programme lors du passage à la supervision directe du Fida. Le programme n’a pas connu

de période de suspension de décaissement. Deux réallocations des ressources ont été

harmonieusement conduites pour permettre les équilibres de gestion dans les catégories du

prêt.

Les changements majeurs survenus (la cible de six mille village réduite à mille villages

répartis en deux cent quarante-neuf comités villageois de concertation, la concentration des

activités du programmes sur le manioc et l’ igname, le gouvernement ayant mis en place un

autre programme pour le financement de la filière pomme de terre qui a bénéficié des

acquis du PNDRT sur cette spéculation), ont contribué à l’atteinte des objectifs de

développement durables de la filière. La structure de gestion a été renforcée par

l’incorporation d’un responsable de suivi-évaluation au niveau de la composante coordination

et gestion. Les composantes du PNDRT s’articulaient autour de 4 composantes :

1. Renforcement des capacités et appui à l’organisation paysanne.

2. Appui à la commercialisation.

3. Appui à la transformation/post récolte et production.

4. Coordination et gestion du programme.

En termes de réalisations financières, le PNDRT a réussi à décaisser 91 % des ressources

du prêt Fida 606-CM, soit environ 6 524 845 380 FCFA équivalant à 8 733 972,3 DTS. Les

fonds de contrepartie d’un montant d’environ deux milliards ont été décaissés ainsi que les

fonds PPTE d’un milliard cent millions environ également pour le désenclavement avec la

construction de plus de 130 km de pistes rurales, en vue de faciliter l’écoulement des

produits vers les marchés ruraux et urbains et diminuer les pertes post récolte. Le

programme a fortement bénéficié des appuis du Fida pour l’amélioration et l’harmonisation

de son système de passation des marchés et de la gestion financière et administrative.

En ce qui concerne la mobilité du personnel clé, des changements ont eu lieu aux niveaux

des postes de responsable administratif et financier (trois RAF), de renforcement des

capacités et appui à l’organisation paysanne (deux RCR) et du Suivi–Evaluation partie

(partie six mois avant l’achèvement pour un autre projet). Le programme a réussi à obtenir

une légère amélioration des conditions salariales de son personnel et à liquider

favorablement le paiement des droits du personnel à la date d’achèvement le 30 septembre

2012.

En huit ans d’exécution, le PNDRT a mis en place les bases pour la création d’une

interprofession des R&T à travers la mise en place d’un réseau de multiplicateurs des

boutures, d’une association des équipementiers et la structuration de quelques CVC en

associations coopératives simplifiées. Toutefois, la mise en place de l’interprofession des

acteurs des racines et tubercules, n’a pas été effective au regard des délais impartis.

La mise en œuvre du PNDRT à travers les activités retenues a bénéficié d’une bonne

articulation recherche et développement grâce aux conventions signées avec l’Irad et l’IITA.

La vulgarisation des variétés améliorées, notamment de manioc par les techniques de

Projet Irad n° 2 – Amélioration de la productivité du manioc et diffusion des semences améliorées. Mission 22-28 mai 2013.

Marie-France Duval (Cirad), Dominique Dufour (Cirad/Ciat), André Mbairanodji (PNDRT). 22

champs écoles paysans, a permis aux bénéficiaires de maitriser la technique de production

du manioc et d’augmenter leurs revenus. Une amélioration significative des rendements a

été obtenue permettant de passer des rendements de 8 – 10 tonnes/ha à 25 – 30 tonnes/ha

en milieu paysan dans certains villages notamment ceux qui ont adopté les champs écoles

de producteurs.

Une enquête sur la production des R&T, réalisée par la direction des enquêtes et statistiques

agricoles (DESA) du ministère de l’agriculture et du développement rural (MINADER),

montre que la production actuelle du manioc est d’environ 4 millions de tonnes contre un peu

plus de 2 millions de tonnes au démarrage du programme. Le doublement de la production

est dû à l’action combinée de la diffusion des boutures améliorées par le programme et de la

formation en techniques de production et de protection intégrée.

Par ailleurs, en termes de formation 73,7 % des producteurs ayant participé aux formations

des CEP ont adopté et appliquent les techniques apprises dans leurs propres champs et ont

obtenu une augmentation de 80% des rendements. Les résultats de l’enquête d’impact

menée par l’INS en 2011 (rapport enquête SYGRI/PNDRT 2011) démontrent que moins de

5 % des enfants de 6- 59 mois des villages PNDRT souffrent de la malnutrition aigüe contre

7,5 % au niveau national. La prise en compte du genre est également effective dans la mise

en œuvre des activités où l’on constate que les ménages dirigés par les femmes ont le

même niveau d’accumulation des richesses que ceux gérés par les hommes dans les

villages PNDRT.

Suite aux résultats encourageants obtenus, un cadre de partenariat Privé–Public a été initié

avec la Société Nestlé SA Cameroun. Si les conditions de traçabilité sont respectées ce

partenaire pourra acheter directement de l’amidon alimentaire de manioc produit au

Cameroun pour ses applications culinaires.

De l’analyse de la mise en œuvre des composantes du PNDRT, il ressort que la

composante commercialisation n’a pas obtenu des résultats satisfaisants. La mise en place

d’un observatoire national des racines et tubercules (ONRT) et du système d’information sur

les marches (SIM) n’ont pas pu effectivement fonctionner. La construction des hangars de

marchés et la diffusion par la presse écrite et les radios rurales des informations sur les prix

des R&T ont néanmoins favorisé l’organisation des ventes groupées notamment pour les

produits transformés, améliorant ainsi la capacité de négociation des bénéficiaires.

Les principales leçons tirées de la mise en œuvre du PNDRT au Cameroun sont les

suivantes :

La flexibilité et le dialogue permanent entre le bailleur et l’emprunteur constituent un

gage de réussite pour un projet. La concertation gouvernement-Fida a ainsi permis

d’aboutir à l’harmonisation des procédures nationales sans laquelle les résultats

jugés positifs du PNDRT n’auraient jamais été atteints à son achèvement le 30

septembre 2012.

Le Programme s’occupait de 6 spéculations au lancement de ses activités. Le choix

porté principalement sur le manioc a permis d’obtenir des résultats satisfaisants. Ce

qui a encouragé le gouvernement à mettre en place « l’initiative manioc » dans le

cadre de la pérennisation des activités du programme.

Projet Irad n° 2 – Amélioration de la productivité du manioc et diffusion des semences améliorées. Mission 22-28 mai 2013.

Marie-France Duval (Cirad), Dominique Dufour (Cirad/Ciat), André Mbairanodji (PNDRT). 23

Plus spécifiquement, Le PNDRT a réussi :

A transférer les techniques de production et de protection intégrée à travers les

champs écoles de producteurs de manioc qui ont permis de tripler les rendements et

ont été adoptés à 70 % par les villages impliqués.

A diffuser dans les cinq zones agroécologiques, environ 12 000 000 de boutures de

manioc issues de plus de quinze variétés améliorées. Avant le démarrage du

programme, ces variétés d’élite se retrouvaient beaucoup plus dans les centres de

recherche agricoles que dans les champs des producteurs en milieu rural.

A améliorer l’efficience et la rentabilité des processus de transformation et la qualité

des produits dérivés grâce à l’introduction en milieu paysan des équipements de

transformation (râpe à gravité en inox et d’une capacité de 1,5-1,8 t/heure de râpure

de manioc, presse, cossetteuses, moulins), et la construction des infrastructures de

trempage, de séchage, de stockage et de commercialisation des R&T.

Pour escompter des résultats substantiels et des impacts visibles dans le temps imparti, il y

a nécessité, dans la conception du projet/programme, de tenir compte du nombre de

spéculations et de la couverture géographique retenus et d’observer une adéquation entre

ce qui est demandé et les ressources matérielles, financières, et humaines disponibles. Le

développement de la culture du manioc aurait ainsi pu enregistrer une plus grande réussite

dans le cadre du PNDRT, si on avait formulé d’abord un programme pour le manioc

circonscrit dans les zones agroécologiques favorables, avant de procéder à son extension

progressive après la première phase et sur la base des résultats atteints.

L’importance dès le départ d’un bon système de suivi-évaluation et d’un service de

comptabilité fiable est fondamentale pour la réussite d’un projet/programme. Ces deux

entités doivent appuyer la coordination du projet dans la programmation, la gestion

rigoureuse et surtout analytique, afin d’assurer une bonne réorientation et/ou le financement

au moment opportun des activités de terrain, sans risque de blocage.

L’implication effective du ministère de tutelle technique et des principaux bénéficiaires dès la

conception et durant la phase de mise en œuvre du programme, permet de mettre en place

une stratégie fiable de pérennisation des acquis à la fin du programme avec le transfert des

résultats et des compétences au gouvernement et aux acteurs locaux. L’un des mérites du

PNDRT est ainsi d’avoir servi de tremplin pour la mise en place de l’Initiative manioc du

MINADER en vue d’assurer la pérennisation des acquis du programme.

Les informations contenues dans ce résumé proviennent des sources suivantes : base de

données du suivi-évaluation du programme, tableau du SYGRI, rapport d’accompagnement

des organisations paysannes (OP) par les organismes d’appui de proximité (OAP), rapport

d’enquête et d’étude des institutions de recherche (Irad, IITA), rapport de capitalisation de

l’INS et de l’Irad, rapports de suivi des composantes. »

Projet Irad n° 2 – Amélioration de la productivité du manioc et diffusion des semences améliorées. Mission 22-28 mai 2013.

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Annexe 4. Résumé du blog mission Cameroun de

Dominique Dufour

Au Cameroun, une filière manioc dynamique mais à valoriser

Le Cameroun possède une longue tradition agricole : sur les 20 millions d’habitants que

compte le pays, 8 millions vivent en zone rurale, principalement d’activités agricoles. J’ai eu

l’occasion de m’y rendre au mois de mai dernier dans le cadre du contrat de Développement

et de Désendettement au Cameroun « C2D », avec une mission d’expertise scientifique et

technique en appui au projet « Manioc » proposé par l’Institut de recherche agricole pour le

développement (Irad). Accompagné de Marie-France Duval du Cirad-Agap de Montpellier,

France, et d’André Mbairanodji du programme national de développement des racines et

tubercules (PNDRT) de Yaoundé, j’ai pu me rendre compte du dynamisme de la filière

manioc dans le pays, où 270 000 hectares de terres sont dédiés à sa production.

J’ai été frappé par le nombre de projets en cours autour du manioc, au point de me

demander si une meilleure coordination n’était pas nécessaire. Mais ils sont la preuve de

l’intérêt qui est porté au manioc. Après tout, selon la FAO, 3 900 000 tonnes de racines ont

été produites en 2011 : des entreprises privées recherchent la farine et l’amidon de manioc,

par exemple Nestlé pour la fabrication des cubes de bouillons Maggi, et Guinness pour

l’hydrolyse enzymatique et la production de bières. Des accords de partenariats industriels

ont été signés entre ces entreprises et le ministère de l’agriculture et du développement rural

(Minader), et les besoins sont évalués au total à 10 000 tonnes par an.

Un programme national d’envergure

Dans le cadre de la politique pour la réduction de la pauvreté, le gouvernement du

Cameroun et le fonds international de développement agricole (Fida) ont signé le 23 juillet

2003 un accord de prêt pour le développement de la filière racines et tubercules à travers le

programme national de développement des racines et tubercules (PNDRT) dont le budget

global s’élève à près de 22 millions US$. Nous avons pu voir les acquis du projet PNDRT au

cours de ces 10 dernières années.

Tout d’abord, le PNDRT a mis en place une phase de diffusion de variétés améliorées

Irad/IITA dans tout le pays, notamment le clone 8034 : l’Irad, l’institut international de

l’agriculture tropicale (IITA) et PNDRT ont travaillé conjointement avec une très forte

participation des agriculteurs camerounais, pour choisir les meilleures clones, très productifs,

résistants à la mosaïque et possédant les propriétés technologiques recherchées par les

transformateurs et utilisateurs. Les racines de ces variétés sont principalement utilisées pour

la transformation, mais certaines peuvent aussi être consommées fraîches (bouillies). Les

feuilles, riches en protéines, minéraux et vitamines, sont aussi très appréciées au Cameroun

et régulièrement consommées sous le nom de « Mbom kwem, Kpwem/Pkwem ».

Par ailleurs des réseaux de diffusion de semences ont été mis en place, comme le

Renamusim (Réseau national des multiplicateurs des semences d’igname et de boutures de

manioc), constitué de 50 membres sur tout le territoire national. Le PNDRT a également mis

en place plusieurs champs-écoles des producteurs (CEP). Plus de 25 000 personnes, dont

53 % de femmes, ont été formées sur les thèmes: gestion et organisation des groupes,

Projet Irad n° 2 – Amélioration de la productivité du manioc et diffusion des semences améliorées. Mission 22-28 mai 2013.

Marie-France Duval (Cirad), Dominique Dufour (Cirad/Ciat), André Mbairanodji (PNDRT). 25

gestion financière et comptabilité simplifiée, vente groupées, gestion des biens collectifs. Le

PNDRT a aussi permis la production et fournitures des machines de transformation, ainsi

que la formation des bénéficiaires à l’utilisation et à la maintenance des équipements.

Environ 18 000 ménages ciblés localisés dans quelque 1 000 villages et représentant

108 000 personnes, dont 70 % de femmes, ont bénéficié des appuis multiformes du

programme.

L’enclavement et la commercialisation, des problèmes majeurs

Nous avons rencontré certaines associations de producteur-transformateur de manioc durant

la mission.

A Mbangassina, la visite de la fédération des unions de GIC (160 adhérents) a permis de

voir les râpes importées du Ghana pour la fabrication du gari ainsi que les infrastructure mise

à disposition par le PNDRT (aires de séchage, hangars sur la place du marché pour la

commercialisation, magazins dans differents villages). Des formations à la production de

tapioca, « water fufu », cossettes, et gari ont été dispensées, le produit traditionnel de cette

zone étant le couscous, pour la préparation du foufou. Comme dans d’autres régions,

l’enclavement de la zone et les problèmes de main d’œuvre se font sentir (les jeunes ne

veulent plus travailler aux champs) et un besoin de main d’œuvre extérieure se fait de plus

en plus sentir. Pendant que les femmes commercialisent principalement le manioc, les

hommes se réservent le cacao, plus lucratif.

A Biatombo, même constat. Les femmes sont fortement représentées dans les groupes de

producteurs. La nouvelle variété 8034, appelé localement « sélectionnée », est bien adaptée

à la zone, résistante à la mosaïque et donne un fort rendement. Les feuilles sont également

bonnes pour la consommation. Les femmes mentionnent que la mosaïque n’est pas un

problème majeur, contrairement à l’enclavement et aux problèmes de commercialisation qui

y sont reliés. Les intermédiaires, appelés localement « bayam sellam », s’entendent pour

fixer les prix les plus bas le jour du marché. Il y a collusion sur les prix et l’association n’a

aucun moyen de transporter son produit vers Yaoundé ou les plus gros marchés vers le

Gabon. En saison de pluies les routes ne sont plus accessibles. Le PNDRT a permis de

construire un entrepôt et de renforcer les routes, mais le problème de commercialisation

reste entier. La pénibilité du travail reste un obstacle majeur : chaque femme cultive entre ½

à 1 hectare de terre en manioc mais elles ne peuvent pas augmenter la surface

d’exploitation en raison des longues heures passées aux champs (préparation du sol,

plantation, désherbage, récolte, transformation et commercialisation).

Rencontre avec les chercheurs de l’IITA et de l’Irad

La visite de la station de l’IITA sur le campus Irad de Nkolbisson a permis de connaître les

recherches conduites par Rachid Hanna et Holger Kirscht, depuis la conservation des

ressources génétiques camerounaises jusqu’à l’appui au réseau des multiplicateurs et de

l’analyse du rôle des femmes dans la culture et le post-récolte, en passant par l’étude des

ravageurs du manioc. Une rencontre avec les chercheurs de l’Irad, qui coopèrent avec l’IITA,

a été l’occasion de faire le point sur le nouveau projet « C2D » et d’organiser une discussion

sur les besoins en expertise extérieure et sur l’amélioration des laboratoires et infrastructures

existants, en particuliers pour les aspects diversité et valorisation post-récolte. Les travaux

de l’IITA au Cameroun feront l’objet d’un autre blog sur ce site. »

Projet Irad n° 2 – Amélioration de la productivité du manioc et diffusion des semences améliorées. Mission 22-28 mai 2013.

Marie-France Duval (Cirad), Dominique Dufour (Cirad/Ciat), André Mbairanodji (PNDRT). 26

Dominique Dufour, Leader du thème “Technologies post-récolte et filières de

valorisation”. Cirad-Qualisud/Ciat, Cali, Colombie.

http://www.rtb.cgiar.org/au-cameroun-une-filiere-manioc-dynamique-mais-a-valoriser-2/

http://www.rtb.cgiar.org/in-cameroon-a-dynamic-cassava-value-chain-with-weaknesses/

Couscous (farine fermentée) de manioc

Manioc après “rouissage” dans l’eau

Rencontre avec une association De

producteurs

Variété 8034

Projet Irad n° 2 – Amélioration de la productivité du manioc et diffusion des semences améliorées. Mission 22-28 mai 2013.

Marie-France Duval (Cirad), Dominique Dufour (Cirad/Ciat), André Mbairanodji (PNDRT). 27

Annexe 5. Liste des personnes rencontrées

Nom et Prénom Profession/Organisme

Hélène Missili (Mama Douala) Présidente de la Socomatpa, Ngoumou - 122

membres/82 femmes - production de bâtons

Marie Louise Belibi

Présidente du GIC Agremo, Mbiatombo - 104

membres/85 femmes - production de

couscous/fufu

Martine Manga Manga

Présidente de l’union des GIC de

Mganbassina - 160 membres - productrices/

producteurs de couscous/fufu

Suzanne Nké

Présidente de Renamusim - 50 membres -

multiplicateurs de semences de

manioc/igname

Damas Noukeu Fondja Equipementier

Jean-Claude Yiepmou

Président du syndicat patronal des

boulangers du Cameroun - importation de

467 000t de farine de blé dont 70 % pour la

panification

Xavier Ndzana Irad : chef de projet

Lucien Bidzanga Irad : coordonnateur scientifique

Birang A Madong Irad : agronome, systèmes

Amougou Mbatsogo Irad : biotechnologue

Manga Gabriel Ambroise Irad : généticien, génie des procédés

Mboua Jean-Claude Irad : agroéconomiste

Etame Francis Irad : agronome

Rachid Hanna et Holger Kirsht IITA

Robert Djouenkeu Université de N’Gaoundéré

Thomas Ngue Bissa PNDRT: coordonnateur national du projet

Richard Dongue Nestlé

Nathalie Liz Lell Guinness

Alassa Mouliom Pefoura Prasac : directeur scientifique

Projet Irad n° 2 – Amélioration de la productivité du manioc et diffusion des semences améliorées. Mission 22-28 mai 2013.

Marie-France Duval (Cirad), Dominique Dufour (Cirad/Ciat), André Mbairanodji (PNDRT). 28

Annexe 6. Liste des abréviations AAES, Analyse des agroécosystèmes

Agap, Amélioration génétique et adaptation des plantes

C2D-PAR = Contrat de Désendettement et de Développement – Programme d’Appui à la

Recherche

CCIMA, Chambre de commerce, d'industrie, des mines et de l’artisanat du Cameroun

CEP, Champs écoles paysans

Cemac, Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale Ciat = Centre

international d’agriculture tropicale

CGIAR, Consultative Group on International Agricultural Research

Ciat, Centre international de l’agriculture tropicale

CRP-RTB, Cirad and CGIAR Programm on Roots Tubers and Bananas

Cirad, Centre de Coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le

Développement

CIP, International Potato Center

CVC, Comité villageois de concertation

DCP, Document cadre de partenariat

Desa, Direction des enquêtes et statistiques agricoles

Dr, Docteur

EFA, Exploitation familiale agricole

FAO, Food and Agriculture Organization

Fida, Fonds international de développement agricole

GIC, Groupe d’initiative commune

Ha, Hectare

IITA, Institut international de l’agriculture tropicale

INS, Institut national de la statistique

Irad, Institut de recherche agricole pour le développement

JIRCA, Japan International Research Center for Agriculture

Minader, Ministère de l’agriculture et du développement rural

ONRT, Observatoire national des racines et tubercules

OAP, Organismes d’appui de proximité

OP, Organisation paysanne

Paidma, Projet d’appui à l’investissement et au développement des marchés agricoles au

Cameroun

PNDRT, Programme national de développement des racines et tubercules

PNVRA, Programme national de vulgarisation de la recherche agricole

PPTE, Pays pauvre très endetté

Prasac, Pôle régional de recherche appliquée au développement des systèmes agricoles

d’Afrique centrale

RAF, Responsable administratif et financier

Renamusim, Réseau national de multiplication des semences d’ignames et de manioc

R&T, Racines et tubercules

SDRP, Stratégie de développement du secteur rural en vue de la réduction de la pauvreté

SIM, Système d’information sur les marchés

TDR, Termes de références

UE, Union européenne

UNOPS, United Nations Office for Project Services

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Marie-France Duval (Cirad), Dominique Dufour (Cirad/Ciat), André Mbairanodji (PNDRT). 29

NOTES

Projet Irad n° 2 – Amélioration de la productivité du manioc et diffusion des semences améliorées. Mission 22-28 mai 2013.

Marie-France Duval (Cirad), Dominique Dufour (Cirad/Ciat), André Mbairanodji (PNDRT). 30

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