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1 PROPRIÉTÉ FAMILIALE, GOUVERNANCE D’ENTREPRISE ET QUALITÉ DES ÉTATS FINANCIERS : UNE REVUE DE LA LITTÉRATURE Amal HAMROUNI & Majdi KARMANI RESUME : Avec le développement récent de la théorie d’entreprise familiale, différents aspects dentreprises familiales ont émergés. Dans ce cadre d’analyse, les entreprises familiales présentent deux formes de conflits d’agence : les conflits actionnaires-dirigeants (conflits de type I) et les conflits entre actionnaires majoritaires et minoritaires (conflits de type II). Ce papier s’intéresse à l’élargissement récent de la notion d’entreprise familiale. Nous tentons de dresser un état des recherches testant ses nouvelles approches sur la qualité des informations financières et comptables, en l’occurrence, sur la gestion des résultats. Notre revue de la littérature souligne une absence de consensus sur la définition de l’entreprise familiale caractérisant les études antérieures. Elle met laccent sur lintérêt de différencier les entreprises familiales en fonction du contrôle du capital et de lexercice du pouvoir par la famille. Elle suggère que tandis que les aspects de contrôle de l’entreprise familiale est riche, les études empiriques qui ont été menées dans le domaine sont relativement restreintes. Par conséquent, il existe des occasions importantes de mettre en application des problématiques spécifiques à la typologie d’entreprise familiale et en fonction des conflits d’agence qui y sont. Mots-clés. Problème d'agence ; Gestion de revenus ; Commande de famille ; Affiliation de groupe ; Perçage d'un tunnel Professeurs Assistants en Finance et Comptabilité à Groupe Sup de Co La Rochelle

PROPRIÉTÉ FAMILIALE, GOUVRNAN ’NTR EPRISE ET QUALITÉ …...l’influence des familles sur le management et la culture de l’entreprise (Poulain-Rehm 2006). Tandis que, d’autres

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PROPRIÉTÉ FAMILIALE, GOUVERNANCE D’ENTREPRISE ET

QUALITÉ DES ÉTATS FINANCIERS : UNE REVUE DE LA

LITTÉRATURE

Amal HAMROUNI & Majdi KARMANI

RESUME :

Avec le développement récent de la théorie d’entreprise familiale, différents aspects

d’entreprises familiales ont émergés. Dans ce cadre d’analyse, les entreprises familiales

présentent deux formes de conflits d’agence : les conflits actionnaires-dirigeants (conflits de

type I) et les conflits entre actionnaires majoritaires et minoritaires (conflits de type II). Ce

papier s’intéresse à l’élargissement récent de la notion d’entreprise familiale. Nous tentons de

dresser un état des recherches testant ses nouvelles approches sur la qualité des informations

financières et comptables, en l’occurrence, sur la gestion des résultats.

Notre revue de la littérature souligne une absence de consensus sur la définition de

l’entreprise familiale caractérisant les études antérieures. Elle met l’accent sur l’intérêt de

différencier les entreprises familiales en fonction du contrôle du capital et de l’exercice du

pouvoir par la famille. Elle suggère que tandis que les aspects de contrôle de l’entreprise

familiale est riche, les études empiriques qui ont été menées dans le domaine sont

relativement restreintes. Par conséquent, il existe des occasions importantes de mettre en

application des problématiques spécifiques à la typologie d’entreprise familiale et en fonction

des conflits d’agence qui y sont.

Mots-clés. Problème d'agence ; Gestion de revenus ; Commande de famille ; Affiliation de

groupe ; Perçage d'un tunnel

Professeurs Assistants en Finance et Comptabilité à Groupe Sup de Co La Rochelle

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Introduction

La question de la qualité des états financiers suscite un intérêt particulier et forme un grand

enjeu de l’actualité financière. Ce fût la conséquence directe des pressions exercées par les

investisseurs, mais surtout des différentes fraudes financières du début du vingt unième siècle.

La revue de la littérature sur ce sujet dénombre un volume important de recherches en

sciences de gestion qui se sont intéressées au lien qui existe entre la gestion des résultats et les

firmes cotées. Paradoxalement, cette thématique n’a pas été suffisamment développée dans les

entreprises familiales. Or, ces dernières occupent une place importante dans les économies

développées, notamment, occidentales. En Europe, près de la moitié des entreprises sont

familiales et près d’un tiers des entreprises familiales a un dirigeant extérieur (Faccio et Lang

en 2002). En France, elles constituent 83 % des entreprises et emploient plus que la moitié

des travailleurs (Overview of Family Business Relevant Issues, 2008 European Commission,

Enterprise and Industry Directorate-General.). Au Royaume-Uni, 75 % des entreprises sont

des entreprises familiales. En Allemagne, il existe entre 1,3 et 3,2 millions d'entreprises

familiales (The Mittelstand), elles emploient plus de 22 millions travailleurs et apprentis

(Bhaumik et Gregoriou, 2010). En Italie, environ 45% des 150 plus grandes entreprises sont

des entreprises familiales. Elles représentent environ 80% en Espagne et plus que 85% en

Suisse. Au niveau mondial, elles créent entre 70% et 90 % du PIB mondial (FBN Pilot

International Monitor, 2012). Aux Etats-Unis, le contrôle familial détient environ 80% à 90%

des entreprises du pays (Astrachan et Shanker, 2003).

Ces arguments renforcent l’intérêt de l’étude de la qualité financière dans des entreprises

familiales en contribuant à mieux connaître de plus près les choix comptables de ses

dirigeants.En effet, la publication du travail pionnier de Jensen et Meckling (1976) a conduit à

l’utilisation du prisme de la théorie d’agence dans l’exploration de certaines défaillances

organisationnelles. Cette utilisation accrue de la part des recherches empiriques s’est justifiée

par le nombre répondue des sociétés à capital dispersé dans le monde Anglo-saxon.

Cependant, il se trouve que les entreprises à capital détenue par le grand public sont une

minorité dans le paysage démographique des entreprises au niveau mondiale. Sur le plan

empirique, cette question n’a pas mobilisé un grand intérêt de la part des chercheurs malgré le

nombre important des entreprises concernées.

A ce niveau, une distinction entre entreprise managériale et entreprise familiale s’impose pour

comprendre les implications de ces deux types de structures pour la qualité d’information

comptable. Les développements théoriques autour des entreprises familiales mettent au cœur

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de leur réflexion le conflit d’agence. A ce titre, une distinction est faite entre le conflit

Actionnaire-Dirigeant analysé par Berle et Means (1932) et Jensen et Meckling (1976) _

dénommé conflit de type I_ et le conflit actionnaires majoritaires-actionnaires minoritaires_

appelé conflit de type II.

Cet article constitue ainsi une des rares études théoriques qui s’intéresse aux politiques

comptables des entreprises familiales en fonction des deux types de conflits d’agence. Cette

spécificité n’a pas été prise en considération par les travaux de la théorie positive de la

comptabilité. C’est pour cette raison que l’objectif de ce papier vise à mieux connaître les

spécificités des entreprises familiales et leurs rôles dans les choix comptables des dirigeants.

Des choix qui sont stimulés par des motivations, au sein de l’entreprise familiale, différentes

de celles des entreprises non familiales. Or, ces dernières ont un impact sur la gestion des

résultats des firmes en question et ainsi sur la qualité des états financiers publiés par les

entreprises familiales.

Dans la première partie, nous étudierons les spécificités des structures familiales. Nous

discuterons le manque de clarté conceptuelle liée à la définition de l’entreprise familiale.

Ensuite, nous mettrons l’accent sur la typologie des conflits d’intérêts dans ces structures.

Dans la deuxième partie, nous examinerons les aspects de la gestion des résultats. Dans le

reste du papier, nous retirerons des conclusions à partir des réflexions théoriques et des

travaux empiriques étudiées.

1. Les spécificités du champ d’étude des entreprises familiales

L’entreprise familiale est une structure assez complexe et spécifique. Le modèle de Davis et

Tagiuri (1982) la présente comme un système composé de trois sous-systèmes en interaction:

la propriété (actionnariat), le management et la famille. Dans une optique similaire, Hirigoyen

(2009) suggère que la spécificité de l’entreprise familiale émerge du fait qu’elle combine une

entreprise et une famille, deux univers qui comportent chacun des besoins et des objectifs qui

leur sont propres.

Il y a une littérature étendue sur les entreprises familiales (Pradhan & Ranajee 2012).

Pourtant, Poulain-Rehm (2006) signale qu’il existe une imprécision de la littérature sur les

éléments identitaires de l’entreprise familiale par rapport au reste des formes juridiques des

entreprises. En effet, ces derniers ne doivent pas être assimilés à des PME, pas plus qu’avec

certains autres types d’entreprises. La nature des liens dans les entreprises familiales et les

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conditions économiques les différencient des autres genres d’entreprises. En matière de

politique comptable, leurs spécificités des entreprises familiales, guidées par des motivations

spécifiques, les poussent à recourir à la gestion des résultats.

a. Formation des entreprises familiales

Dans plusieurs recherches, la formation des entreprises familiales a été expliquée par la force

des liens sociaux qui existent entre les membres de la famille. Dans ce cadre, les partisans de

ce courant supposent que l’altruisme est une condition favorable dans le monde des affaires

(Becker 1976). Par exemple, Akerlof (1982) décrit que, contrairement aux managers

individuels, les relations au sein de la famille sont une genèse de normes sociales de partage

dans l’entreprise. À ce titre, Mzid et Mezghani (2012) démontrent que les relations familiales

permettent de mieux entreprendre et élargir l’activité de l’entreprise mère. Cela permet de

conforter les parents quant à l’avenir de leurs successeurs et de garantir le développement de

la famille dans le cadre d’une logique patrimoniale. La collaboration qui résulte entre les

managers d’une même famille peut conduire à une meilleure performance des entreprises

(Rizov et Croucher 2009).

D’autres études économiques révèlent que, au-delà des relations familiales, l’existence

d’imperfections sur les marchés financiers contribue, particulièrement dans les marchés en

développement, à préserver cette forme d’entreprise en l’absence des sanctions du marché par

les acquisitions. Ainsi, une mauvaise performance du management familiale ne peut pas faire

l’objet de pressions externes tant que l’activité de l’entreprise n’est pas en danger (Bhaumik et

Gregoriou 2010).

Enfin, Friedman et al. (2003) arguent que les entreprises familiales font partie, le plus

souvent, d’un réseau d’entreprises. D’une part, la détention croisée d’actions conduit au

verrouillage des conseils d’administration dont leurs membres sont, le plus souvent, nommés

par la famille majoritaire. Cette configuration leur permet de protéger leurs capitaux et

d’assurer une meilleure capacité d’endettement. D'autre part, il existe des travaux qui

prouvent que les familles, qui contrôlent des groupes d'entreprises, ne maximisent pas la

richesse du groupe dans son ensemble. Le profit est souvent redistribué pour assurer la survie

du groupe, et fait le sujet d’un transfert des entreprises les plus stables vers les entreprises à

faible rentabilité (Estrin et al. 2009). L’ensemble de ces actions n’arrange pas les affaires des

actionnaires minoritaires, qui ont, généralement, une optique d’investissement différente de

celle des membres de la familiale de contrôle. Comme nous le verrons plus loin, ces

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caractéristiques et actions facilitent l’expropriation des actionnaires minoritaires, qui sera

intéressant de les étudier dans le cadre des pratiques de la gestion des résultats.

b. Analyse théorique

A la lecture des réflexions théoriques et des études empiriques réalisées, nous constatons une

ambivalence qui embrouille la notion de l’entreprise familiale. Selon PWC (2011), plus de 90

définitions de l’entreprise familiale coexistent en Europe. Ces définitions se caractérisent par

un manque de clarté conceptuelle voire même une absence de consensus (Charlier et Lambert,

2013).

Pour Croutsche et Ganidis (2008), les définitions données par la littérature sur les entreprises

familiales sont nombreuses et variées. Ces dernières dépendent principalement du concept du

contrôle retenu, de sa durée et du nombre des familles propriétaires.

D’une manière générale, la définition de l’entreprise familiale s’est traditionnellement basée

sur le contrôle du capital et l’exercice du pouvoir. Une des premières définitions a été donnée

par Barry, en 1975. L’auteur détermine la nature de l’entreprise familiale par le contrôle du

capital exercé par les membres issus d’une seule et même famille. Un an plus tard, Barnes et

Hershon définissent une entreprise comme étant familiale si le contrôle de la propriété est

resté dans les mains d’un individu ou dans celles des membres d’une même famille. Dans la

même veine, Landsberg et alii (1988) suggèrent qu’une entreprise est qualifiée de familiale si

les membres d’une famille détiennent le contrôle légal sur la propriété. Donnelley (1988),

quant à lui, stipule qu’une entreprise est dite familiale, si seulement si, elle a été détenue

durant deux générations par la même famille. Selon l’auteur, cette durée est nécessaire pour

établir des valeurs et fonder une culture d’entreprise saillante.

Ces définitions relèvent des conceptions qualitatives qui mettent au centre de leurs réflexions

l’influence des familles sur le management et la culture de l’entreprise (Poulain-Rehm 2006).

Tandis que, d’autres réflexions s’interrogent sur les frontières de la famille. Alcorn (1982),

entre autres, affirme la nécessité d’un contrôle majoritaire de la propriété par la famille, tout

en précisant que si une partie des actions est détenue par des tiers, la famille doit, en sus, en

contrôler la direction

Certaines recherches (ex. Donckel et Fröhlich, 1991 ; Smyrnios et Romano, 1994 ; Cromie et

alii, 1995 ; Reynolds, 1995) considèrent que les entreprises familiales, en se référant à la

notion de contrôle du capital, sont détenues au minimum par 50 % de propriété familiale. Ce

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taux reste mitigé dans la littérature puisque plusieurs autres chercheurs (ex. Gallo et Estapé,

1992) le rabaissent à 10 % de propriété (Poulain-Rehm 2006).

L’hétérogénéité de la littérature sur la définition de l’entreprise familiale dévoile l’intérêt de

distinguer les entreprises familiales et de celles non familiales mais également de différencier

les entreprises familiales entre elles (Handler, 1989). De nouvelles approches de l’entreprise

familiales ont été donc développées par Burkart et al. (2003), Anderson et Reeb (2003), Barth

et al. (2005). Les auteurs ont distingué les entreprises contrôlées par la famille des entreprises

dirigées par celle-ci. Plus récemment, Neubauer et Lank (1998), Sharma (2001, 2004),

Villalonga et Amit (2006), Ali, Chen et Radhakrishnan (2007) ont étendu l’analyse aux

entreprises où la famille ne contrôle plus que le management ou la propriété, et où elle peut

être minoritaire.

Le manque de clarté conceptuelle que nous constatons dans l’état de l’art sur les entreprises

familiale nous entraine à prendre comme référence la définition donnée par Hirigoyen (1984).

Selon l’auteur, une entreprise familiale est une entreprise dont la direction et le contrôle sont

assurés par une ou plusieurs familles.

Sur la base d’une étude de 431 références bibliographies publiées entre 1936 et 1996 dans des

revues, Allouche and Amann (2000) démontrent la jeunesse du champ de recherche sur les

entreprises familiales. Malgré la dominance des entreprises familiales sur le monde des

affaires, la thématique de recherche sur les entreprises familiales est étudiée de manière

restreinte (voir tableau No.1).

Tableau 1. Répartition des recherches sur l'entreprise familiale : les domaines

Domaines de recherche Répartition des recherches

- Droit

- Gestion des ressources humaines

- Management général

- Marketing

- Organisation

- Théorie et comportements financiers

- Stratégie

≤ 1.12%

3.52% - 5.03%

9.50% - 10.56%

≤ 1.41%

30.28 - 60%

5% - 13.97%

20% - 41.55%

Source : Allouche et Amann (2000)

Les recherches en sciences de gestion, en sus, ne se focalisent pas spécialement sur les

entreprises familiales (voir tableau No.2). Paradoxalement, ces dernières se distinguent des

entreprises managériales sur plusieurs plans. La littérature sur la stratégie, par exemple, révèle

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que les entreprises contrôlées par des familles sont avantagées vis-à-vis des autres

puisqu’elles utilisent des mécanismes informels peu couteux. L'utilisation de ces mécanismes

peut également rendre le processus décisionnel flexible (Poza et al., 1997). A ce niveau, les

entreprises familiales pourraient résister à des changements des modèles économiques (Zhang

et Ma 2009). D’autres recherches pensent que les entreprises familiales sont plus

performantes que les entreprises managériales (O'Boyle Jr et al. 2010). Cependant, peu de

recherches se sont intéressées quant à l’impact du contrôle familial sur la qualité des états

financiers (Bhaumik et Gregoriou 2010). Tableau 2. Recherches réalisées sur les entreprises

familiales

Tableau 2. Répartition des recherches en sciences de gestion sur l'entreprise familiale : les domaines

Domaines de recherche Répartition des recherches

- Concepts et définitions

- Gestion du changement

- Relations famille/entreprise

11% - 12%

- Financement

- Histoire

- Rôle économique

- Vision globale

- Structures de propriété

- Succession

6% - 9%

- Culture et valeurs

- Gouvernement de l’entreprise

- Interaction entreprise/société – Pérennité/survie

3% - 5%

- Conflits internes

- Rôle de femmes

- Internationalisation

- Programmes d’enseignement

0.3% - 2%

Source : Allouche et Amann

(2000)

En général, les développements au sujet des entreprises familiales dans la littérature sont

dominés, en grande partie, par le cadre d’analyse des conflits d’agence et de ses implications

pour de telles entreprises (Bhaumik et Gregoriou 2010). La propriété familiale réduit les

conflits d’agence entre les dirigeants et les propriétaires. À travers les pays, les membres issus

des familles comptent pour une grande proportion des dirigeants et administrateurs dans les

entreprises familiales. D’ailleurs, on remarque le plus souvent qu’il existe une représentation

significative de la famille dans les différentes instances de pouvoirs des entreprises familiales

(Arrègle et Mari 2010).

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Figure 1 Typologie des entreprises.

Source : auteurs, adapté de Poulain-Rehm (2006)

La séparation entre le management et la propriété des entreprises est à la base de ce que nous

appellerons conflit d'agence de type I, décrit par Berle et Means (1932) et Jensen et Meckling

(1976). Ce type de conflit est faible dans les entreprises familiales du fait de la confusion des

rôles de principal et d’agent. Pour Fama et Jensen (1983), les agents familiaux ont intérêt à

agir dans le sens de ce qui représente leur capital et patrimoine. « Dans cette hypothèse

d’alignement des préférences, la logique de contrôle cède la place à une logique

d’accompagnement » (Charlier et Lambert, 2013). Toutefois, le conflit entre actionnaire et

dirigeant risque de se réintroduire dans cette structure organisationnelle quand la famille qui

contrôle les droits de vote choisit de désigner un dirigeant extérieur. Ce risque est du fait que

le dirigeant peut s’approprier des bénéfices privés (Charlier et Lambert, 2013).

Les entreprises contrôlées par la famille ayant une part majoritaire du capital est l’archétype

des sociétés étudiées par Shleifer et Vishny (1986). Ces entreprises sont fortement marquées

par un autre type de conflit d'agence qui, connue sous le nom type II, existe entre les

propriétaires majoritaires (familles) et les actionnaires minoritaires. La conséquence directe de

la convergence d’intérêt entre les propriétaires et les dirigeants des entreprises engendre la

perte d’enracinement des dirigeants. Les membres de familles peuvent ainsi maximiser leurs

Direction familiale

Dirigeant externe

Actionnariat

familial Actionnariat

non familial

Entreprise

familiale Direction familiale

Entreprise

Managériale

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richesses au détriment des actionnaires minoritaires (Bhaumik et Gregoriou 2010). Il peut

donc y avoir des tentatives de manipulation des données comptables (ex. Ali, Chen et

Radhakrishnan, 2007), en vue d’aider le manager familial dans ses prises de position

stratégiques (Charlier et Lambert, 2013). Ce constat est d’autant plus important dans les pays

où la protection des investisseurs est faible (Shleifer et Vishny 1997). Ce genre de pratiques

s’accentue quand les droits de vote sont supérieurs aux droits de cash-flows (Atanasov et al.

2008).

Toutefois, les conflits de type I et II sont faibles dans une entreprise dirigée par une famille

qui ne détient plus qu’un actionnariat minoritaire. Cette structure organisationnelle, introduite

par Neubauer et Lank (1998), constitue une structure performante. En effet, elle met en

interaction les valeurs familiales et les milieux d’affaires (Habbershon et al., 1999), ce qui lui

permet un avantage concurrentiel (Fueglistaller et Zellweger, 2005).D’autres conflits

spécifiques à l’entreprise familiale peuvent exister. Ceux sont les conflits entre les membres

de famille, qui peuvent générer un dysfonctionnement de l’organisation. Fueglistaller et

Zellweger (2005) s’intéressent à ce genre de conflit, en particulier aux entreprises contrôlées

par une fratrie. Ils affirment que l’existence de rivalités entre intérêts particuliers (par

exemple, frères et sœurs) se résolvent souvent par la recherche de compromis au moindre

risque. Le conseil de famille est un autre mécanisme pour résoudre ces conflits. Ce type de

conflit, qui nécessite une analyse creusée de la psychologie de la famille, sort de notre champ

d’étude qui s’intéresse aux conflits de types I et II.

Tableau 3 – Catégories d’entreprises familiales en fonction des deux types de

Conflit type I

Conflit type II

Dirigeant familial Dirigeant extérieur

Contrôle familial majoritaire Conflit I faible

Conflit II fort

Conflit I faible

Conflit II fort

Contrôle familial majoritaire Conflit I faible

Conflit II faible

Conflit I fort

Conflit II faible

Source : Chalier et Lambert (2013)

2. La gestion des résultats

De la doctrine de Marx aux théories sociales, l’opportunisme a alimenté plusieurs écrits et il a

marqué le champ de plusieurs domaines scientifiques. En résultat, plusieurs théories

s’entrecroisent dans l’explication de cette notion. En sciences de gestion, l’identification de

l’opportunisme a été abordée au départ par la théorie de l’asymétrie d’information. Ensuite,

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plusieurs autres théories ont mis cette notion au cœur de leur réflexion. L’ensemble constitué

par la théorie de la réglementation, la théorie d’agence, la théorie positive de la comptabilité

et la théorie des signaux permet d’expliquer l’opportunisme en matière de l'information

comptable.

Depuis les années 60, les travaux précurseurs d’Abraham Briloff sur l’éthique de la profession

comptable dévoilent le grand danger émanant des manipulations des comptes (Briloff 1967).

Dans son livre "La comptabilité inexplicable" , Briloff (1972) présente plusieurs informations

sur des manœuvres douteuses de l’époque. Ces dernières sont aussi pertinentes aujourd’hui

pour comprendre ce que la comptabilité créative peut engendrer sur la scène financière.

De nos jours, l’intérêt de l’étude de la qualité des chiffres comptables découle d’une

focalisation accrue de la part du grand public. Ce domaine est en perpétuelle évolution en

raison de l’importance qu’il a pris à la suite des différents scandales financiers du début du

siècle (Roychowdhury 2009).

C’est en rapport avec cette conjoncture et relativement à l’information financière que

différents champs d’analyse ont connu un regain d’intérêt, notamment ceux traitant des

rapports entre le contrôle des entreprises et la qualité des états financiers. Dans ce courant, la

majorité des réponses qui ont été apportées à cette problématique convergent avec l’utilité

d’instaurer des règles strictes pour réduire la marge discrétionnaire des dirigeants dans les

manipulations comptables. Dans ce cadre d’analyse, Schipper (1989) définit la gestion des

résultats comme étant une altération stratégique des données comptables d’une entreprise. Il

s’agit d’une intervention délibérée dans le processus de la présentation de l’information

financière dont le but est de s’approprier des gains personnels. En effet, les systèmes

comptables actuels ne permettent pas d’éliminer complètement l’opportunisme des dirigeants

puisque, d’une part, les normes comptables se basent sur des règles souples, qui offrent, en

utilisant les connaissances spécifiques de l’entreprise, plus d’espace aux jugements

managériaux dans les choix comptables. D’autre part, puisque la fonction d’audit est

imparfaite, les dirigeants peuvent utiliser leur pouvoir de jugement qui, sans risque

d’enfreindre les règles, engendre des opportunités pour la gestion des résultats (Prencipe et

al. 2011).

L’observation des dirigeants de l’entreprise démontre que ces derniers peuvent altérer la

qualité de l’information financière en manœuvrant la réaction des investisseurs pour une

interprétation voulue des chiffres comptables (Godfrey et Jones 1999), en bouleversant le

timing des décisions opérationnelles (Phillips et al. 2003) ou en façonnant les transactions

financières de l’entreprise (Healy et Wahlen 1999).

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Dans le cas des entreprises familiales, l’opportunisme comptable, né naturellement d’une

forme organisationnelle influencée par la propriété familiale, se traduit par une gestion

significative des bénéfices en expropriant les actionnaires minoritaires. En effet,

l’expropriation des actionnaires minoritaires peut prendre plusieurs formes, et engendre, le

plus souvent, des manipulations comptables qui touchent les différents postes des états

financiers. À ce titre, la manipulation des cash-flows se concrétise réellement sur le plan

financier par l’expropriation de la liquidité, au niveau des flux de trésorerie, et des emplois et

ressources, au niveau du bilan. En raison de la faiblesse de la protection des investisseurs, ces

manœuvres sont plus probables dans des contextes tels que les pays de l’Europe centrale et de

l'est (Brada et al. 1999). En effet, la divergence significative entre les droits de vote et les

droits de flux de trésorerie est source des différents types de manipulations comptables.

Certaines méthodes d’expropriation affectent seulement le flux de trésorerie dégagé par les

actionnaires non familiaux, tandis que d'autres méthodes affectent le potentiel, sur le long

terme, de l'entreprise à générer des flux de trésorerie (Bhaumik et Gregoriou 2010).

En somme, l’ensemble des développements autour de la gestion des résultats, et traitant le

sujet des entreprises familiales, tourne autour des problèmes d’agence de type I.

Paradoxalement, les développements reportés par la littérature académique sur la gestion des

résultats ont été focalisés, quasi totalement, sur les problèmes d’agence de type II.

Parmi les nombreuses motivations étudiées, qui pourraient conduire à la gestion des résultats,

Watts et Zimmerman (1978) présument que les agents dans l’entreprise agissent dans

l’objectif de maximiser leur propre utilité. Guidry et al. (1999) montrent que les dirigeants

concernés par un système de motivation financière ont tendance à manipuler les résultats à la

hausse, par l’intermédiaire des « accruals », davantage que leurs homologues qui n’ont pas de

« bonus plan ». Fudenberg et Tirole (1995) identifient que les dirigeants dans les grandes

entreprises recourent au lissage des résultats pour, d’une part, garder leurs postes, et d’autre

part, se protéger contre l’intervention des actionnaires des entreprises. DeFond et Jiambalvo

(1994) trouvent que les dirigeants gèrent les résultats pour honorer les clauses de la dette, où

l’incapacité de remboursement, par d’exemple, peut provoquer un signal défavorable à la

réputation des dirigeants, chose qui peut leur valoir leurs postes. Dechow et al. (1996)

justifient que le recours à la manipulation des bénéfices est motivé par le désir d’obtenir un

financement externe à moindre coût. Degeorge et al. (1999) argumentent que le recours à la

manipulation des comptes est réalisé pour diminuer la perception du risque que les parties

prenantes peuvent avoir de la firme.

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Or, les dirigeants ne sont pas les seuls gagnants de la manipulation des états financiers

puisque certains actionnaires peuvent être intéressés par les mêmes pratiques.

Dans une étude qualitative dans treize entreprises, Lambert et Sponem (2003) ont constaté

que la pression actionnariale contraint les gestionnaires à manipuler les résultats de leurs

entreprises. Cette recherche illustre que la configuration anglo-saxonne de l’organisation est à

l’origine de manipulations comptables. Cette vision n’est pas partagée par Leuz et al. (2003)

qui trouvent, en travaillant sur une comparaison de 31 pays, que la gestion des résultats

régresse avec le degré de la protection des investisseurs.

En effet, tandis que la gestion des résultats est la conséquence logique d’une situation où les

dirigeants profitent, afin d’augmenter leurs propres rétributions, d’une asymétrie

d’informations vis-à-vis des actionnaires, Dye et Verrecchia (1995) trouvent que les

actionnaires peuvent influencer la gestion des résultats dans l’ambition que le marché attribue

une valeur plus élevée à l’entreprise. De ce fait, la demande externe pour la gestion des

résultats, créée par les actionnaires majoritaires, peut engendrer un transfert de richesse d’une

catégorie d’actionnaires vers une autre.

Ceci dit, la manipulation des comptes ne s’effectue pas uniquement dans une optique

managériale. En France, l’asymétrie d’information est limitée, puisque les actionnaires sont le

plus souvent des acteurs dirigeants, participants et/ou membres du conseil d’administration.

Dans ce cas de figure, l’objectif des dirigeants vise à modifier la perception des autres

partenaires de la performance de l’entreprise. Le phénomène de manipulation des chiffres

comptables contribue, au moins partiellement, à maximiser la valeur créée pour les

actionnaires, et plus particulièrement, l’actionnariat familial.

Ces travaux prouvent qu’il existe une littérature, de plus en plus importante, sur la relation qui

existe entre la gestion des résultats et le problème d’agence de type II. Certains auteurs

prétendent que cet intérêt est plus intense concernant les entreprises à fort conflit d’agence de

type II (Fan et Wong 2002). Plus particulièrement, cette mouvance concerne les recherches

qui traitent le cas des pays où les investisseurs ont un niveau de protection faible (Leuz et al.

2003). Ce point de vue a été confirmé par les résultats de l’étude de (Liu et Lu 2007), qui

soutient que les conflits d’agence de type II sont les principales raisons de la gestion des

résultats dans les entreprises familiales chinoises.

En ce sens, Degeorge et al. (1999) arguent que les dirigeants, contrôlés par les investisseurs,

les clients, et ou les fournisseurs, agissent pour leurs intérêts personnels. Dans certains cas, les

dirigeants peuvent gérer les résultats, en augmentant la valeur de la firme, pour le compte des

actionnaires. Les auteurs estiment que la deuxième raison permet d’étendre le champ de

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l’explication des manipulations comptables. Dans ce cas de figure, l’étude conclut que les

entreprises, disposant d’un actionnaire de contrôle, ont tendance à transférer la richesse de

certaines parties prenantes (banques, salariés, clients, etc.) vers ses actionnaires. Ainsi, la

manipulation des données comptables vise à modifier la perception des parties prenantes pour

maximiser les intérêts des actionnaires. En ce sens, Schatt et Roy (2001) montrent, en France,

que les deux principaux actionnaires, généralement fondateurs de l’entreprise ou appartenant

à la même famille, détiennent encore trois quarts des actions après l’introduction en bourse.

Tableau 4 grille d’analyse de la gestion du résultat dans les entreprises famililaes

Contrôle familial Majoritaire Contrôle familial Minoritaire

Dir

igea

nt

mem

bre

de

la

fam

ille

- Expropriation des actionnaires

minoritaires : droits de votes vs

cash-flows

- Contrôle total de l’entreprise :

risque d’expropriation élevé

- Zone peu étudié par la littérature

Zone : A Zone : C

Conflit type I: faible voire inexistant

Conflit type II : fort probable

Conflit type I: faible

Conflit type II : faible

Dir

igea

nt

exte

rne

- Expropriation des actionnaires

minoritaires

- Augmentation de la rémunération

(Guidry et al., 1999)

- Conservation des postes (Fudenberg

et al., 1995)

- Respect des clauses restrictives des

contrats de dettes (Dichiev et Skinner,

2002)

- Réduction du coût de capital

(Dechow et al., 1996)

- Attirer des investisseurs (Degorge et

al., 1999)

- Amélioration de la relation avec les

partenaires (Godfrey et Jones, 1999)

Zone : B Zone : D

Conflit type I: faible

Conflit type II : fort probable

Conflit type I: fort probable

Conflit type II : faible

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Dans une revue de littérature sur la gestion des résultat, Sun et Yong-Shik (2011) remarquent

que durant les dernières années, un grand nombre de recherches ont démontré que les

dirigeants des firmes manipulent les informations financières pour des motivations différentes

et qui engendrent des conséquences sur la gestion de la firme, les investisseurs, les créanciers,

et sur l’ensemble des autres parties prenantes. La littérature dénombre plusieurs raisons qui

peuvent être à l’origine de la gestion des résultats dans les entreprises. Selon Karmani (2013),

plusieurs motivations peuvent expliquer les choix comptables pris par les dirigeants des

entreprises. Les principales motivations identifiées par l’auteur concernent la rémunération, la

conservation des postes, le respect des clauses restrictives des contrats de dettes, la réduction

du coût de capital, l’amélioration de la relation avec les partenaires et l’atteinte de prévisions

financières.

D’après (Watts et Zimmerman 1986), le recours aux différentes techniques de manipulation

des états financiers est dû à la volonté des dirigeants de profiter des lacunes de la comptabilité

d’engagement. De ce fait, les dirigeants auront intérêt à gérer le résultat, de telle façon que le

résultat publié reflète au mieux la valeur fondamentale de l’entreprise.

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Figure 2 Grille d’analyse des choix comptable dans les entreprises familiales et managériales

A la suite des manipulations comptables observées dans la vie de l’entreprise, la gouvernance

est un terme qui a pris de l’importance. L’existence de plusieurs sources d’inefficience

économique à l’exemple de l’asymétrie d’information et des contrats incomplets constituent

des raisons de l’émergence des systèmes de gouvernance (Shleifer et Vishny 1997; Fields et

Keys 2003 ). Dans l’entreprise familiale, les déterminants d’efficacité.

Les réflexions théoriques et les études empiriques antérieures affirment que la gouvernance

d’entreprise est un moyen de prévention et de détection des irrégularités comptable pouvant

mener à des fraudes. Le tableau 5 présente une synthèse de la littérature sur la relation entre

la gouvernance d’entreprise et la gestion des résultats. L’état de l’art révèle une carence en

études empiriques sur les entreprises familiales.

Manipulation des états financiers

Entreprises familiales Entreprises managériales

Modification du

rendement

Modification du risque de

structure (dettes/ capitaux Modification du

rendement Modification du risque de

structure (dettes/ capitaux

Degré du recours

aux marchés

financiers

+/-

Gestion des résultats :

Gérer le niveau du BPA :

- Exproprier les actionnaires minoritaires

- Influencer les marchés financiers

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Tableau 5-Gouvernance d’entreprise et gestion des résultats

Variables Testées Effet sur la

qualité de

l’informatio

n financière

(+/-)

Résultats

des

études

Les entreprises

managériales

Les entreprises

familiales

L’incidence du

nombre des

administrateurs

indépendants.

+

S

Dechow et al.

(1996), Beasley

(1996), Klein

(2002), Carcello

(2003), Aderson et

al. (2003),

Chtourou (2001),

Uzun et al. (2004),

Anderson et al.

(2004), Faber

(2005),

Goh(2009), Mara

et al. (2011),

Hossain et

al.(2011)

Ali et al. (2007), Wang

(2006)

N.S

Vafeas (2003),

Abbott et al.

(2004)

Wan-Hussin (2009), Darmadi et Sodikin, (2013),

L’effet de la

détention des

administrateurs

externes d’un

pourcentage

d’actions dans

l’entreprise.

+ S

Dechow et al.

(1996)

Ancienneté des

administrateurs

externes +

S Beasley (1996)

N.S Vafeas (2003)

L’effet de la

détention des

administrateurs

internes d’un

pourcentage

d’actions dans

l’entreprise.

-

S Dechow et al.

(1996)

N.S

Beasley (1996)

Taille du conseil

d’administration

-

S

Beasley (1996),

Abbott et al.

(2004), Andersson

et al. (2004),

Goh(2009)

N.S Dechow et al.

(1996)

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JeanJean (2002),

Anderson et

al.(2003)

Firth(2007)

Présence

d’administrateurs-

Dirigeants. - S

Dechow et al.

(1996),

Farber(2005).

Wan-Hussin (2009)

Cumul des fonctions

du PDG - S

Goh(2009)

Lipton et Lorsch

(1992)

Expertise Financière

+ S

Güner et al.,

(2008)

Wagner (2008)

Goh(2009)

JeanJean et al.

(2009)

Wagner (2011)

Conclusion

Ce papier a porté sur le développement récent de la notion d’entreprise familiale. Dans ce

nouvelle cadre d’analyse, différents aspects d’entreprises familiales ont émergé. À cette

occasion a été établie une typologie des différentes formes de conflits d’agence qui peuvent y

exister. Nous avons tenté de dresser un état des recherches examinant la relation entre les

modes de gouvernance d’entreprise et la qualité des informations financières et comptables en

fonction de ces conflits.

Les différentes études évoquées dans ce travail – et essentiellement les plus récentes –

permettent de tirer les conclusions suivantes :

- Une absence de consensus sur la notion d’entreprise familiale. En effet, cette dernière

est caractérisée par un manque de clarté conceptuelle. Il est donc important

d’approfondir les recherches sur le caractère très particulier de l’entreprise familiale

qui est différent de l’entreprise managérial et de la famille elle-même.

- Une ambiguïté dans l’analyse des différences des attitudes et des conflits d’intérêts

entre les entreprises familiales. Les conflits d’intérêts de type I et de type II

s’amplifient (ou s’atténuent) en fonction de contrôle du capital et de l’exercice du

pouvoir par la famille. Il est donc important de dépasser les études classiques basées

sur une mesure binaire du contrôle familial et élargir l’analyse en fonction des conflits

d’intérêts.

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- Une carence en études empiriques sur les entreprises familiale, notamment en ce qui

concerne la relation entre la gouvernance d’entreprise et la qualité d’informations

comptables, en l’occurrence, la gestion des résultats. Il en résulte l’intérêt important

des études plus rigoureuses, articulées autour d'une démarche scientifique spécifique

aux entreprises familiales.

L’état des recherches nous a permis de mettre d’accent sur une problématique centrale

caractérisant les études des entreprises familiales : l’importance de différencier les

entreprises en fonction du contrôle du capital et de l’exercice de pouvoir par la famille.

Tout en tenant compte de cette différenciation, nous envisageant étendre l’état des

recherches de ce papier, par une étude empirique examinant la relation entre la

gouvernance d’entreprise et la qualité d’informations comptables des entreprises

familiales.

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