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1 Prospections en forêt de Russy. Campagne 2011. Sur le toponyme. La carte de Cassini, la carte dressée par Jean Martin-Demézil 1 , font état de quelques maisons, commune de Seur, au sud-ouest du massif forestier, sous le toponyme Russy (fig. 1 et 2). Le toponyme Russy a aujourd’hui disparu. La comparaison des cartes, celle ci-dessus et celle de l’I.G.N. actuelle permet de situer l’endroit (fig. 2 et 3). 1 A. D. Loir-et-Cher, 1 Fi 731. Fig. 1 : Russy ; carte générale dressée d’après les plans du XVIIIe par J. Martin-Demézil.

Prospections en forêt de Russy. Campagne 2011. · La carte de Cassini, la carte dressée par Jean Martin-Demézil1, font état de quelques maisons, commune de Seur, au sud-ouest

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Prospections en forêt de Russy. Campagne 2011.

Sur le toponyme. La carte de Cassini, la carte dressée par Jean Martin-Demézil1, font état de quelques maisons,

commune de Seur, au sud-ouest du massif forestier, sous le toponyme Russy (fig. 1 et 2).

Le toponyme Russy a aujourd’hui disparu.

La comparaison des cartes, celle ci-dessus et celle de l’I.G.N. actuelle permet de situer l’endroit (fig. 2 et 3).

1 A. D. Loir-et-Cher, 1 Fi 731.

Fig. 1 : Russy ; carte générale dressée d’après les plans du XVIIIe par J. Martin-Demézil.

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La comparaison des voies d’accès au village de Russy semble le situer au toponyme actuel de La Roche.

La géologie (constats de terrain). Russy occupe un plateau calcaire dont la roche est très peu profonde, quand elle n’est pas en

surface. Des blocs calcaires apparaissent ça et là, les fossés des parcellaires entaillent les strates et, en de nombreux endroits, des extractions bouleversent les sols.

L’une d’elles, proche du bourg de Cellettes, s’est exercée au détriment de l’allée primitive du Coteau, obligeant celle-ci à un contournement (fig. 4).

Le relief est typiquement karstique, avec de grands effondrements (fig. 5), produisant dans quelques cas des mares permanentes. Les cas les plus nombreux sont des effondrements secs, où un point de perte est perceptible.

La taille de ces dépressions peut atteindre 80 mètres, avec des profondeurs de 5 mètres, voire plus.

Ces effondrements sont utilisés en assainissement. Ils accueillent régulièrement les eaux des fossés qui sont évacuées par les points de perte.

Des gouffres existent ; peu nombreux, il est vrai. L’un d’eux a son accès défendu par une clôture (fig. 6), au vu du danger qu’il représente. Un homme y disparaîtrait sans problème. La taille de l’ouverture, dont les bords sont pentus, est de 2 mètres sur 0,8. La profondeur n’est pas connue (fig. 7).

Les parcellaires ne sont pas neutres quant à la constitution des réseaux hydrauliques souterrains : ils concentrent en certains points bas les eaux de surface qui s’en échappent en les surcreusant.

Fig. 2 : Extrait de la carte précédente. Fig. 3 : Extrait de la carte I.G.N. n° 20022 E.

Fig. 4 : La déviation de l’allée du Coteau.

Fig. 5 : Effondrement sec en parcelle 73 ; 60

mètres de diamètre et 5 m de profondeur.

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Globalement. Voie(s) romaine(s), pont dit romain, anciens chemins, grands domaines, tumulus, cairns,

anciennes implantations agricoles, site à tuiles à rebord2 impressionnant, camp militaire, puits, ces deux années se sont révélées intéressantes et productives.

Toutefois, ces découvertes ont été faites en cartographiant les parcellaires et non dans le cadre d’une exploration systématique des parcelles.

La voie romaine et le pont. Nombreux sont ceux qui relèvent cette voie et en parlent comme d’une voie romaine.

C’est le cas de Yves Denis3 qui publie une photo d’une partie pavée de cette route. Le cliché n’est pas localisé, mais semble représenter un morceau du tronçon que longe le mur est du parc de Beauregard, situé au sud de l’allée de Beauregard.

Le cas aussi de Jean-Claude Brault4 qui en fait la « voie romaine de Chartres à Bourges par Blois ».

Le tracé de cette route est présent sur la carte des « Forêts de Boulogne, Chambord et Russy5 », la carte de Cassini, la carte très détériorée de 1791 6 (fig. 8) et sur celle dressée par Jean Martin-Demézil, déjà citée (fig. 1)

Si l’on suit cette route depuis Cellettes7, elle semble commencer à « La Rôtisserie8 », peut-être après être passée par « Montrion ». Le mur du parc de Beauregard la côtoie à une distance variant de 50 à 100 mètres (fig. 9).

2 Tuile plate romaine, utilisée jusqu’à l’époque carolongienne.

3 A.D. Loir-et-Cher, usuel n° 18, Histoire de Blois, 1988, p. 21.

4 A.D. Loir-et-Cher, CR 971, Réflexions sur l’évolution des toponymes et des voies antiques de Cellettes, annoté par J. Martin-

Demézil en 1998. 5 A.D. Loir-et-Cher, 1 Fi 665. L’enclave du parc de Beauregard permet d’identifier cette route.

6 A.D. Loir-et-Cher, 1 Fi 174, partie centrale de Russy.

7 Le bourg étant exclu.

Fig. 6 & 7 : Le gouffre de la parcelle 118 et la clôture qui en défend

l’accès.

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Des voies, ou certaines parties d’entre elles, sont pavées : en bleu sur la carte (fig. 10). Le pavage est assez souvent apparent, notamment dans les pentes (lavées par le ruissellement). Ces allées servent de passage pour les débardages et leur état, malgré les charges, est excellent. Sont-elles romaines ?

Noter quatre cairns au bord de l’une d’elles.

Les voies en rouge sont peut-être pavées.

L’une, à l’ouest du parc de Beauregard, traverse une zone de micro extractions de pierre et son état est très perturbé. Des pierres apparaissent ici et là sur le chemin, mais cela semble assez peu organisé pour conclure à un pavage.

L’autre suit le mur nord du parc de Beauregard et les éboulements du mur affectent la lecture.

On peut voir, sur la fig. 10, la voie romaine à l’est du parc, et aussi le départ de l’allée des portes Rouges, au milieu du mur nord du parc.

8 Abandonnée entre 1901 et 1926 : http://www.histoire-41.fr/pages/31.html

Fig. 8 : La voie romaine surlignée à

sa droite (1791).

Fig. 9 : La voie pavée à mi-longueur du

mur est du parc de Beauregard.

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La carte de bornage de Russy9 fait état d’une route pavée qui semble bien être la voie en rouge (fig. 13) à l’ouest du Parc de Beauregard.

Elle nomme également l’allée des Portes Rouges.

9 A.D. Loir-et-Cher, 1 Fi 131 (16/01/1828).

Fig. 10 : La voie romaine à l’est du parc de Beauregard ; en bleu, les parties pavées ; en rouge, peut-être.

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Le Pont

Le pont se situe à environ 80 mètres après l’angle nord-est du mur du parc, dans une partie de terrain légèrement dénivelée. La route conserve son horizontalité et s’exhausse pour franchir cette dénivellation (fig. 10).

Seul le côté est du pont (fig. 10) est conservé. Le côté ouest est manquant sur un mètre de large et les pierres dispersées dans le contrebas.

Les dimensions sont celles-ci :

largeur en place 2,8 m,

originelle : 4 m,

entre piles : 1,5 m,

orientation : 148° /328°.

La chaussée est pavée avant et après le pont, mais est seulement constituée de terre dans le reste de la traversée de Russy. On peut la suivre assez facilement sur encore 500 mètres. Elle disparaît à l’approche de l’allée de Chailles à Mont, reparaît après de loin en loin. Elle semble aboutir à St Gervais 2 à 3 mètres au nord de l’axe de la rue des Charmilles qui conduit à l’ancienne ferme de l’Aubépin.10

Ce pont est-il romain ?

Le côté est, en place (fig. 10,) est peut-être moins intéressant que le côté ouest, effondré (fig. 11) qui permet de voir comment la partie centrale de la voûte est constituée.

L’ouverture entre les deux piles est partiellement comblée par l’effondrement.

Bien que les pierres n’aient pas été nettoyées, on voit clairement que la partie centrale de la voûte est constituée d’un feuilletage11 de pierres plates peu épaisses, disposées selon les rayons de la courbe de l’ouverture.

D’autres pierres sont posées horizontalement sur la voûte

10

Un deuxième chemin rectiligne, beaucoup plus tardif, est identifié comme conduisant aussi à cette ferme. La voie romaine et cette allée semblent converger au sortir de la forêt à St Gervais. Voir infra, « l’allée des Portes Rouges ». 11

Sans doute, existe-t-il en termes d’architecture, un mot plus approprié que je ne connais pas.

Fig. 11 : La voie surélevée aux environs du pont.

Fig. 12 : Le côté ouest, effondré, du pont romain de la parcelle 122.

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Une comparaison montre une évidente similitude de structure entre la partie centrale du pont de Russy et le pont romain12 de Saint-Benoît-du-Sault (fig. 13).

Il est donc tout-à-fait possible que ce pont de la parcelle 122 soit romain.

D’autres portions de routes en terre ont été repérées ici ou là dans Russy, et, parmi elles, …

L’allée des Portes Rouges.

Cette allée est ainsi nommée sur la carte de bornage de 1828 (fig. 14). On voit sur cet extrait le mur nord du parc de Beauregard, ici en position verticale et l’allée qui s’en échappe en son milieu.

Cette allée se repère aisément au moins jusqu’à la D 956 (route de Blois à Cellettes). Elle est de largeur constante (8,5 m) et va sur toute cette partie entre deux fossés bordiers. On constate qu’elle recouvre les parcellaires, ce qui en fait un chemin postérieur au XIIIe siècle. Par ailleurs, la carte de bornage ne signale pas de portail dans le mur, alors qu’est signalée à l’angle nord-est « une grande porte murée ». Ce qui en limite l’usage avant 1828.

Elle converge avec la route romaine en direction de la rue des Charmilles, à St Gervais, qui dessert l’ancienne ferme de l’Aubépin.

Cette route servait probablement de lien entre Beauregard et l’Aubépin.

L’Aubépin13 était une petite seigneurie depuis au

moins le milieu du XVe. La ferme de l'Aubépin (fig. 13), ferme fortifiée du XVIIIe était la ferme et le dernier siège de la seigneurie14.

12

http://fr.structurae.de/photos/index.cfm?JS=19110 ; photographe : Jacques Mossot 13

Georges Cordier, St Gervais d’Hier et d’Autrefois, 1980, épuisé, disponible sur internet : http://www.stgervais41.fr/index.php?option=com_content&view=article&id=43&Itemid=52 14

http://fr.wikipedia.org/wiki/Saint-Gervais-la-For%C3%AAt

Fig. 14 : allée des Portes Rouges.

Fig. 13 : Pont romain sur le Portefeuille, à Saint-Benoît-du-Sault (Indre).

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La dénomination « Portes Rouges » pose problème. En effet, le lieu-dit existe bien, mais pas là où aboutit l’allée, à Saint Gervais.

Les Portes Rouges se situent à Mont-près-Chambord, au nord de la forêt (fig. 15). Sans doute, faut-il conclure à une erreur de toponymie lors de l’élaboration de la carte de bornage.

Ce nom est toutefois conservé sur la carte de la fig. 13.

Cairns et Tumulus. On trouve des cairns dans Russy.

Leur présence n’était pas prévue mais elle est logique dans un domaine forestier où la pierre abonde. Ils se présentent comme des amas de pierres de petit module, dont celles en surface roulent sous le pied, empilées pour former une élévation. La céramique est absente en surface. L’aspect est disparate : petites buttes peu élevées ou amas produisant une surface pratiquement plane. Ce dernier cas est illustré par le plus volumineux d’entre eux.

Ces cairns partagent cette caractéristique d’être installés sur des pentes assez fortes : bas de pente, mi-pente, haut de pente.

Ce cairn, par une forte levée de pierres, annule la pente originelle du terrain et constitue une sorte de plate-forme (fig. 17). Pour lui comme pour les autres, le matériau est une pierre de petit module (10-25 cm ; fig. 18).

Fig. 16 : Le colombier de l’Aubépin, vu

de la forêt.

Fig. 17 : Vue globale du cairn le plus gros.

Fig. 18 : Son matériau.

Fig. 15 : Localisation des « Portes Rouges ».

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La fonction de ces cairns n’est pas connue : épierrages, commémoration, funéraire ou autre ?

Un autre cairn offre un aspect tumulaire, vu sur son flanc nord. En arrière plan, se trouve une forte et courte pente dévalant vers un ruisseau.

Sur ce flanc du vallon, il semble être le seul objet de ce type.

L’autre flanc du vallon est couvert d’un jeune peuplement qui masque la vue. Il ne semble toutefois pas comporter d’objet similaire.

Six tumulus s’ajoutent à ce bilan. . Ils sont pour la plupart assez abimés et ont des formes moins évidentes que ceux de Boulogne.

Fig. 19 : Le cairn d’aspect tumulaire.

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Grands domaines. Russy a été très morcelée, davantage encore que Boulogne. La cartographie des parcellaires

demande beaucoup de temps et ceci au détriment de l’exploration des surfaces.

Le domaine n°1.

Il a été cartographié lors de la campagne 2009/2010 (fig. 20) et a déjà fait l’objet d’une publication sur « Archéoforêt », publication effacée et reprise ici.

Ce domaine s'étend au nord sur les communes de Mont-Près-Chambord et Vineuil. D'est en ouest, il mesure 3,5 km et 3,3 km du nord au sud. Sa superficie est de 650 hectares.

La périphérie se développe sur 12,7 km, les divisions internes sur 22,5 km, ce qui produit un total de 35,2 km de talus couplés à des fossés.

De telles dimensions questionnent sur le tenant du fief.

Fig. 20 : Le domaine n° 1 de 650 hectares.

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Le très précieux travail de Jean MARTIN-DEMEZIL déjà cité15 apporte les précisions suivantes :

« Elle aussi, la forêt de Russy était morcelée, quoique sans doute à un degré moindre que Boulogne. En effet, en 1277, Amauri de Meurlant déclare qu’il tient dans cette forêt sept cents arpents de bois ; en outre, son vassal Aubert de Longueval tient de lui cinq cent cinquante arpents16 dans la même forêt en une pièce ; son autre vassal, Jean de Lanque, soixante arpents.

C’est le seul vassal du Comte auquel je17 connaisse des possessions en Russy ; mais il totalisait à lui seul, en fief et arrière-fief, treize cent dix arpents ».

« Soit, ajoute-t-il, la cinquième partie de la forêt environ ».

Il est toujours délicat de convertir des arpents en hectares, car la valeur de l'arpent varie. Toutefois, Russy s'étendant sur 3280 hectares, son cinquième fait 656. C'est cette valeur de 2 arpents pour 1 hectare que Jean MARTIN-DEMEZIL a privilégiée ; une valeur qui n'est pas celle de l'arpent de Blois que la paroisse de Mont n'employait pas.

Il semble bien qu'il y ait identité entre le domaine cartographié ci-dessus et le fief d'Amauri de Meurlant.

Ceci confirme la datation de la plupart de ces marques au sol (talus-fossé) présentes dans les forêts du Blaisois, comme étant du XIIIe siècle. Quant à attribuer, à chacun des trois vassaux du comte, une portion de ce territoire, les multiples parcelles rendent la tâche risquée.

Dans la partie centrale, l'organisation des parcelles se fait sur une base géométrique, tandis que les zones périphériques, contournées, font penser à des limites de défrichements.

Deux lignes approximativement parallèles, au sud des "Portes rouges », au nord-est, peuvent s'interpréter comme un premier puis un second défrichement de la forêt.

Toute cette surface, qui n'a pas été explorée en détail, montre cependant peu de micro-reliefs, dont on fait habituellement la rencontre en parcourant ces talus ou en prenant des distances avec les limites des parcelles actuelles. Ce fait est plutôt en faveur d'un défrichement agricole.

La limite nord du domaine se confond avec celle de la forêt.

La limite côté est comporte un "trou" dont l'origine pourrait être récente et tenir aux aménagements forestiers des parcelles en régénération (labours forestiers, par exemple)

Le domaine n° 2.

Le domaine n°2 est incomplet. Très vaste, il s’étend de Mont à Cellettes et à Saint-Gervais. Pour le rendre lisible à cette échelle (fig. 21), les territoires non concernés ont été gommés.

Incomplet, parce qu’il s’étend dans une zone récemment entrée en régénération et totalement impraticable. Cependant, quelques petits segments de parcellaires ont été repérés dans cette zone des Neucourtes, à l’est de la Patte d’Oie de Saint-Gervais.

Il ne serait pas invraisemblable non plus qu’il s’étende au nord de l’allée de Seur, dans une zone de Russy encore non explorée.

15

« Les forêts du Comté de Blois », Mémoires de la Société des Sciences et Lettres de Loir-et-Cher, 34e vol. , p.

176 ; 1963. 16

A. N., KK894, I, 34 (33). 17

Jean MARTIN-DEMEZIL.

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On peut remarquer qu’il contourne le parc de Beauregard, ce qui laisse entendre que l’histoire officielle de Beauregard, qui ne commence qu’avec le XVIe siècle, débute au moins trois ou

quatre siècles avant, ou que le rain sud de Russy n’a pas bougé depuis le XIIIe siècle ; ce qui revient au même.

On sent aussi, sur ses flancs nord-est (allée du Camp) et sud-ouest (au sud du carrefour du chêne du Rendez-Vous), une certaine indécision sur la place à donner aux parcellaires ; sur peu d’espace, les tracés sont doublés, triplés, arrêtés, et se croisent en attendant de diverger.

Enfin, il semble évident que l’allée est-ouest de Chailles à Mont-près-Chambord (à hauteur du carrefour du Chêne du Rendez-Vous) correspond à une percée très ancienne. Les fossés figurés au nord et au sud ne sont pas les fossés bordiers de l’allée actuelle. On voit également qu’ils ne sont pas rectilignes et qu’ils délimitent une bande dont les frontières sont plus ou moins tortueuses voire anguleuses. Ces fossés sont affrontés : les talus sont extérieurs à ce passage délimité, placés comme si cette zone était hors domaine.

Ce constat, chemins en dehors des domaines, a déjà été fait dans Boulogne18. Comme le domaine est ici très vaste et s’étend au nord et au sud de l’allée de Chailles, nécessité était de définir une zone de tolérance quant aux passages.

18

http://www.archeoforet.org/ouvre/result/chemins/index.htm

Fig. 21 : Le domaine n° 2.

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Le domaine n° 3 Le domaine n° 3 (fig. 22) a été découpé, pour les mêmes raisons.

Il semble entier.

Beaucoup plus petit que les deux précédents, il affiche, dans sa partie sud-ouest des parcelles géométriques. Leur longueur de près de 800 mètres tempère l’idée qu’elles aient pu être destinées aux labours.

En limite sud-est, un autre domaine, dont le nord a été cartographié (fig. 22), s’en approche à une trentaine de mètres. Un doute subsiste qu’il puisse s’y rattacher. En effet, le domaine n°3, à son angle sud-est, s’arrête sur un segment libre, sans traverser l’allée du Coteau. Dans l’alignement de ce segment, du côté sud de l’allée se trouve un angle du domaine en question. Cet angle est propre, sans trace d’un autre parcellaire s’y rattachant. Cependant, …

Anciennes implantations agricoles. Elles sont nommées sous le code « Mi » ou métairies.

Celles repérées cette année sont disposées en deux groupes de trois. Elles partagent la caractéristique d’être établies en haut de pente (en bordure d’un vallon). Elles sont repérables à la butte atténuée qu’elles forment et à la présence, parmi les pierres, de céramique et/ou de mortier.

Ces deux groupes ne signifient pas que là seulement existent des métairies. Les parcelles forestières de Russy sont vastes et ces découvertes résultent de « rencontres fortuites ». Certains hauts de pente ont été examinés dans l’intention de faire d’autres découvertes et sans succès (parcelles 117 à 119 ; 120 à 122).

L’une d’entre elles est probablement antérieure au XIIIe siècle. Elle est recoupée par un parcellaire et l’on constate que de la céramique a été rejetée sur le talus.

Pour toutes, cette céramique est très usée : ici ou là un tesson dont les bords sont arrondis ; elle est aussi fragmentée à l’extrême.

Fig. 22 : Le domaine n° 3.

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Le Camp.

Il s’agit d’un carré de 75 mètres de côté, côtés dont l’orientation est celle des points cardinaux. La hauteur du talus est variable. Elle atteint 1,5 mètre sur le côté nord. Les angles sont réhaussés.

Un fossé borde les talus vers l’extérieur, ce qui est accrédite l’hypothèse d’un camp militaire.

Le milieu du talus sud est flanqué d’un espace demi-circulaire, limité par des talus et fossés extérieurs, qui semble défendre une entrée.

La surface close est d’un peu plus d’un demi-hectare. Aucun mobilier19 n’a été vu. Un parcellaire recoupe les fortifications ce qui suggère une datation antérieure au XIIIe siècle.

19

On entend par mobilier de la céramique (même fragmentée) et des objets divers.

Fig. 23 :

Le côté ouest en

direction du sud, à

partir de l’angle

nord-ouest.

Fig. 24 :

Allée sud – nord

Arrière plan : talus nord,

Plan moyen : talus sud,

Premier plan : espace semi-circulaire, entouré d’un talus qui devait protéger une porte.

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Un site à tuiles à rebord. Le site couvre une zone (fig. 25) de 110 m sur 60 m sur laquelle on repère de la céramique.

Les emplacements des constructions sont encore bien définis, chacun constituant une butte de 50 à 70 cm de hauteur (fig.26). La plupart de ces buttes laisse voir de la tuile en surface (fig. 28) ; d’autres non, évoquant une toiture végétale.

Le site tient cet aspect assez spectaculaire de l’utilisation de la pierre (fig.27), à rebours des sites de Boulogne ou de Chambord qui ne laissent voir que de la tuile et quelques tessons.

Un fragment de céramique gris-bleu peut dater le site de la fin de l’Empire, voire du Mérovingien (sous réserve).

Le puits de la parcelle 74. Il est difficilement visible. Entourée d’un rond de fragons d’une douzaine de mètres de

diamètre, l’ouverture, sans margelle et déjà en contrebas du sol environnant, a été comblée de branchages pour en limiter le danger.

D’après M. Sauberty, agent forestier à la Maison Forestière de l’Etoile, il serait constitué d’un cylindre d’un mètre de diamètre environ, maçonné en pierres, et d’une profondeur de 4 à 5 mètres.

Fig. 25 : Vue globale du site.

Fig. 26 : Reste d’un bâtiment.

Fig. 27 : Un bas de mur.

Fig. 28 : Sur le haut d’une butte.

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Conclusion. Russy offre un visage différent de Boulogne ou Chambord. L’impression première est que la

forêt paraît archéologiquement à peu près vide. Du fait de la perturbation des sols, le terrain exige davantage de lenteur dans l’approche, d’attention, je dirais presque de considération. Ces deux années révèlent un massif forestier difficile, mais intéressant et prometteur.