Protoxyde d'azote.pdf

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  • 1873. 7e dition...contenant l'tude

    comparative de tous lesprocds d'anesthsieconnus jusqu' ce jour

    Source gallica.bnf.fr / Bibliothque nationale de France

  • Prterre, Pierre-Apollonie, dit Apoloni. 1873. 7e dition... contenant l'tude comparative de tous les procds d'anesthsie connus jusqu' ce jour. 1873.

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  • LE

    APPLICATION

    AUX OPRATIONS CHIRURGICALESET PAHTICUL1REMENT

    *

    A L'EXTRACTION DES DENTS SANS DOULEUR

    PAIl

    CK. DENTISTE AMERICAINLAURAT DE LA FACULT DE MEDECINE DE PARIS

    RDACTEUR EN CHEF DE l'Art dentaireFOURNISSEUR DES HOPITAUX CIVILS ET MILITAIRES

    MDAILLE D'OR UNIQUE A L'EXL'OlTION DE 1^67, ETC., ETC.

    Dcouverte du Protoxyde d'azote.

    Prparation et proprits. Action physiologique et anesthsique.

    Comparaison avec les autres mthodes d'anesthsie.

    Oprations pratiques dans les hpitaux avec le protoxyde d'azote.

    Pices justificatives.

    7 DITION, CONSIDRABLEMENT AUGMENTEET CONTENANT L'TUDE COMPARATIVE

    DE TOUS LES PROCDS D'ANESTHSIE CONNUS JUSQU'A CE JOUR

    PARISJ.-B BAILLIRE, 19, rue Hautefeuille

    CHEZ L'AUTEUR, 29, BOULEVARD DES ITALIENSET A LA SUCCURSALE DE SA MAISON

    8, PLACE MAS3BNA, 8, A NICE

    1873

  • LE

    APPLICATION

    AUX OPERATIONS CHIRURGICALES

    ET PABTlCCUEltEMENT

    A L'EXTRACTION DES DENTS SANS DOULEUR

    PAR

    A. PRTERRECil. DENTISTE AMERICAIN

    LAURAT DE LA FACULT DE MDECINE DE PARIS

    RDACTEUREN cuEK DE l'Art- dentaire'FOURNISSEUR DES HOPITAUX CIVILS ET .MILITAIRES

    MDAILLE D'OR UNIQUE A LV.XPOSITION DE 1867, ETC., ETC.

    Mmoire prsent

    an nom de M. prterre a l'Acadmie des Sciences

    par M. Coste,

    a l'Acadmie de Mdecine, par M. Kicord,

    et renvoy la Commission du prix de physiologie

    exprimentale.

  • PRINCIPALES PUBLICATIONS DE M. PRTERRE.

    TRAIT PRATIQUE DES MALADIES DES DENTS.3e dition. 1 volume in-18,illustr de nombreuses gravures. 3 fr. 50.

    CONSEILS AUX PERSONNES QUI ONT PERDU DES DENTS. Ii-18, 1 fr.

    DES LIXIRS ET POUDRESDENTIFRICES.Leurs inconvnients. Notice surla poudre et Flixir Prterre. In-32, 1 fr.

    DE LA PREMIREET DE LA SECONDEDENTITION. Conseils aux mres defamille. In-32, 1 fr.

    TRAIT des divisions congnitales ou acquises de la vote du palais clde son voile. 1 volumecin-8 illustr de 97 gravures. Prix 15 fr.

    MUSE DES RESTAURATIONSBUCCALES. Un album in-folio illustr demagnifiques plancbes graves sur acier d'aprs nature, 50 fr. (Sous-presse.)

    L'ART DENTAIRE, 45 volumes in-8, 10|fr. le volume. (Cette collectioncomprend les observations dtailles des malades confis M. Prterrepar MM. les mdecins et Chirurgiens des hpitaux de France et del'tranger, et la description illustre des appareils construits pour lesdiverses lsions de la bouche.)

    Ces.ouvragesse trouvent au bureau do l'Art dentaire, 29, boulevard des Italiens.Ils sont expdisfranco en changed'un mandat,ou de timbres-postefranais.

    PRINCIPALES RCOMPENSES DCERNES A M. PRTERRE

    MDAILLE UNIQUE (PROTHSE)A L'EXPOSITION UNIVERSELLEDE PARIS 1855.

    GRANDEMDAILLE D'HONNEURA L/EXPOSITION UNIVERSELLEDE LONDRES1862.

    GRAND PRIX DCERNEN 1863PAR LA FACULT DE MDECINEDE PARIS.

    MDAILLE D'OR (UNIQUE), PARIS 1867, EXPOSITION UNIVERSELLE.

    DIPLOME ET MDAILLE D'HONNEUR,[1870-1871,POUR SOINSDONNSAUX BLESSS.

    Paris, Imprimerie J. DUMAINE,rue Christine, 2.

  • LE

    APPLICATION

    AUX OPRATIONS CHIRURGICALESET PARTICULIREMENT

    A L'EXTRACTION DES DENTS SANS DOULEUR

    PAR

    A. PRETERRECI. DENTISTE AMRICAIN

    'LAUREAT DE LA FACULT DE MEDECINE DE PARISRDACTEUR EN' CHEF DE l'Art doitarc

    FOURNISSEUR DES HOPITAUX CIVILS ET MILITAIRESMDAILLE D'OR UNIQUE A L'EXPOSITION DE 1867, ETC., ETC.

    Dcouverte du Protoxyde d'azote.

    Prparation et proprits. Action physiologique et anesfhsique.

    Comparaison avec les autres mthodes d'anesthsie.

    Oprations pratiques dans les hpitaux avec le protoxyde d'azote.

    Pices justificatives.

    7 EDITION, CONSIDERABLEMENT AUGMENTEET CONTENANT L'TUDE COMPARATIVE

    DE TOUS LES PROCDS D'NESTHSIE CONNUS JUSQUA' CE JOUR

    PARISJ.-B BAILLIRE, 19, rue Hautefeuille

    CHEZ L'AUTEUR, 29, BOULEVARD DES ITALIENSET A LA SUCCURSALE DE SA MAISON

    8, PLACE MASSNA, 8, A NICE

    1873

  • AU LECTEUR

    On ne cre jamais quelque chose d'utile, a crit quelquepart le publiciste Capefgue, sans ameuter autour de soi les

    intelligences mdiocres, les esprits passionns et les ambi-tions dues.

    Depuis plus de vingt-cinq annes que nous nous sommesdvou au progrs et la vulgarisation des connaissancesrelatives la chirurgie dentaire, nous avons pu constater la

    justesse de la pense qui prcde, et, chose qui paratra peut-tre trange ceux qui ne connaissent pas les hommes, l'op-position que nous avons rencontre sous nos pas nous estvenue de ceux-l mmes, qui avaient le plus profit de nostravaux et de nos recherches.

    Le protoxyde d'azote a subi le sort commun. Introduit parnous, il y a plusieurs annes, en Europe, o il tait absolu-ment ignor comme anesthsique, il a bientt t reconnu

    gal au chloroforme ou l'ther, pour produire l'insensibilit

    pendant les grandes oprations chirurgicales et bien sup-

  • rieur ces deux agents, pour les oprations de courte dure,l'avulsion des dents notamment.

    Ce qu'il nous a fallu de, temps, de dpenses et d'ennuis

    pour arriver tablir cette vrit, ceux-l seuls qui ont suivinos recherches peuvent s'en faire une ide. Non content de

    rpter publiquement nos expriences dans tous les hpi-taux, devant les noms les plus illustres de la chirurgie con-

    temporaine (!), nous .nous sommes mis encore la dispo-sition des nombreux mdecins qui nous en ont fait la de-mande.

    Nos patients efforts ont t couronns d'un entier succs.La presse s'.est .longtemps .occupe de nos expriences, etbientt nous .avons vu d'innombrables malades venir .rclamerles .bnfices d'un procd anesthsique qui offre au patientle double avantage de supprimer la douleur et d'tre .absolu-ment inoffensif.

    Cle succs a lait natre bien des convoitises, et bienttnous-.avons vu .accourir derrire nous la tourbe paisse de-cesimitateurs

    .qui essayent de profiter .des recherches des autrestout en s'.effoiant de les dprcier,.

    Les uns sont venus nous .demander des conseils, examinernos appareils, puis se sont .empresss de profiter de,nos .ren-

    seignements, tout en disant du .mal .denos recherches.. Undentiste peu connu a trouv moyen dlcrire, dans un dic-

    fi) 'Voir, page 81, la liste dosmdecins devart'lesquels nous avons-opretdes oprations quiionttipratigues.

  • tionnaire de mdecine fort connu, plusieurs pages sur les

    proprits anesthsiques du protoxyde d'azote sans nous

    nommer, vitant mme de citer notre Mmoire dans l'index

    bibliographique qui termine son article, alors que les traitsles plus classiques, tels que l'ouvrage de Trousseau et Pi-

    doux, les journaux (1) et les annuaires scientifiques les plusrpandus, avaient dj fait connatre les expriences prati-ques par nous dans les hpitaux de Paris, et le contenu denotre Mmoire.

    D'autres se sont engags dans une voie en apparencemeilleure en essayant de perfectionner ce que nous avionsfait ; malheureusement, ils ont oubli que le progrs ne s'ac-^

    complit qu'au prix d'investigations patientes et d'tudes labo^

    rieuses, et faute d'investigations et d'tudes, faute aussi deconnaissances scientifiques lmentaires, ils ont propos notre mthode des perfectionnements dont l'nonc seul iib-

    dique leur dangereuse ignorance.Cette nouvelle dition de notre mmoire contient quelques

    additions importantes. Nous avons tenu citer les noms desmdecins devant lesquels nous avons opr- afin qu'il ne res-tt aucun doute dans l'esprit des lecteurs sur l'efficacit denotre mthode. Nous ajouterons que, depuis les premiresditions de notre brochure, nous avons tellement perfectionn

    les appareils servant la prparation du protoxyde d'azote

    ;(1) Voir la fin de ce travail quelques-uns des articles publis surnotre nouvelle mthode d'anesthsie par les principaux organes de lapresse scientifique et mdicale.

  • 8 -

    que son administration est devenue aussi pratique que celle

    du chloroforme et de l'ther. Son innocuit est telle que nousn'hsitons pas en faire usage pour les moindres opra-tions.

    Reaucoup de personnes qui n'osaient pas se faire poser des

    appareils ou des pices dentaires, dans la crainte de la dou-

    leur provoque par l'extraction de quelques racines, et qui,ne pouvant plus mcher, ne pouvaient plus digrer, profitentchaque jour des bnfices de notre mthode.

    Nous ne faisons plus d'extractions de dents ni d'oprationsdouloureuses sur les dents, sans avoir pralablement soumis

    le malade son influence. Sur 12,000 personnes environ

    auxquelles nous l'avons dj administr, aucune n'a t in-commode. Aprs l'avoir respir pour subir une opration,beaucoup d'individus nous demandent ensuite de le respirerpar plaisir.

    A, PRTERRE.

  • LE

    PROTOXYDE D'AZOTEAPPLICATION A L'EXTRACTION DES DENTS

    ET AUX

    OPRATIONS CHIRURGICALES SANS SOUFFRANCE

    CHAPITRE PREMIER

    Histoire de la dcouverte des Proprits anesthsiquesdu Protoxyde d'azote.

    Il y a environ soixante ans, le chimiste anglais Davy re-

    connut que le protoxyde d'azote jouissait de la proprit deproduire un sommeil accompagn de sensations agrables.Il crivit sur ce gaz un volume dans lequel se trouve la phrase-suivante :

    Le protoxyde d'azote parat jouir, entre autres propri-ts, de celle de dtruire la douleur; on pourrait probable-ment l'employer avec avantage dans les oprations chirur-

    gicales qui ne s'accompagnent pas d'une grande effusion de

    sang.

    Les expriences de Davy sur l'action singulire du pro-

    toxyde d'azote furent rptes dans toute l'Europe ; mais per-sonne ne songea s'assurer si ce gaz possdait rellement

  • 10

    les proprits anesthsiques qu'il lui attribuait. Divinum est

    opus sedare dolorem, avait dit le pre de la mdecine. Cetteoeuvre divine paraissait tre un rve au-dessus des forces del'homme et dont la ralisation-tait impossible. L'ide du

    grand chimiste ne fut donc pas vrifie, et ce ne fut que qua-rante-six ans plus tard qu'on dcouvrit les proprits anes-

    thsiques de l'ther ; cependant elle n'avait pas t complte-ment oublie : un an ou deux avant la dcouverte de l'th-

    risation, un dentiste, dont nous dirons plus loin l'histoire,Horace Wells, pensa la vrifier. Il reconnut, la suite de

    nombreuses expriences, que les individus placs sous l'in-fluence du protoxyde d'azote ne ressentaient plus la douleur.

    Malheureusement, une exprience tente en public n'ayantpas russi, il n'osa pas essayer de la renouveler, et le pro-toxyde d'azote retomba bientt dans l'oubli.

    L'ther et le chloroforme sont deux agents extrmement

    prcieux, mais, malheureusement aussi, trs-dangereux, carde l'aveu mme de MM, Ricord, Sdillot, Robert, Baudens,Forget, etc., il faut poser cette redoutable question de vie etde mort quand on emploie soit le chloroforme, soit l'ther.

    '

    On a fait beaucoup de tentatives dans le but de les remplacer,surtout pour les petites oprations chirurgicales (avulsiondes dents, ouverture des abcs., etc.). Aprs beaucoup de re*-cherches, les chirurgiens amricains eurent l'ide, il y a

    quelques annes, d'examiner de nouveau les proprits du

    protoxyde d'azote. Ils reconnurent que ce gaz tait un agentanesthsique bien suprieur, dans beaucoup de circonstances, l'ther et au chloroforme, et actuellement ils en font chaquejour usage.

  • 11

    En France, les expriences des Amricains sont restes

    pendant longtemps compltement inconnues ; personne ne

    parat s'tre occup des proprits anesthsiques du pro-

    toxyde d'azote, les auteurs qui en font mention ne citent

    que les expriences, tentes sans succs, il y a quaranteans (1).

    Dsireux de propager une mthode d'anesthsie qui nous

    parat devoir rendre d'immenses services, nous avons rptsur une grande chelle les .expriences faites en Amrique,en nous efforant de rendre pratiques les-moyens employs

    pour la prparation .et l'administration .du protoxyde d'azote.

    Nous avons promptement reconnu que pour toutes les op-rations chirurgicales en gnral, et celles de peu de .dure en

    particulier., ,ce:gaz pouvait remplacer, avec beaucoup -d'avan-

    tage, le chloroforme et l'ther- Ce sont les rsultats de nos

    recherches que nous nous sommes propos de faire connatre

    en crivant cet ouvrage.. .Nous allons exposer les moyens

    employer pour prparer le protoxyde d'azote, sesproprits

    physiologiques et anesthsiques., et en le comparant ensuiteaux diffrentes mthodes en aa-sagepour dtruire la douleur

    pendant les oprations chirurgicales, nous montrerons qu'ilest le plus prcieux des anesthsiques.

    (1) 'M. Demarquy, dans son excellent trait de Pneumatologie, a con-sacr un intressant chapitre aux proprits physiologiques du .pro-toxyde d'azote et rsum l'tat de la science sur cette question; mais ilne mentionne pas les travaux des Amricains.

  • CHAPITRE II.

    Prparation et proprits chimiques du protoxyde d'azote.

    Le protoxyde d'azote, aussi nomm gaz hilarant en raisonde l'action particulire qu'il exerce sur l'homme, est un corpsgazeux la temprature et la pression ordinaires. Il estincolore et inodore, d'une saveur lgrement sucre. Sa den-sit est de 1,52, celle de l'air prise pour unit. A une tem-

    prature de 100 degrs au-dessous de zro il se solidifie; sousune pression de 30 atmosphres, .la temprature de zro, ilse liqufie.

    Le protoxyde d'azote prsente de grandes analogies avec

    l'oxygne; c'est le seul gaz qui jouisse avec lui de la propritde rallumer les corps en ignition : le soufre, le phosphore,plongs dans le protoxyde d'azote, y brlent avec un vif clat.Cette proprit du protoxyde d'azote d'entretenir la combus-tion ne tient, du reste, qu' la forte proportion d'oxygnequ'il renferme et la facilit avec laquelle il se dcompose en

    prsence des corps ports une trs-haute temprature.Le protoxyde d'azote n'existe pas dans la nature ; sa dcou-

    verte a t faite en 1776 par Priestley. On le prpare en d-

    composant l'azotate d'ammoniaque par la chaleur. Sous l'in-fluence d'une temprature leve, les principes renfermsdans ce sel se dcomposent et se convertissent en eau et

  • - 13 -

    protoxyde d'azote, ainsi que l'indique l'quation suivante :

    L'opration se fait en introduisant de l'azotate d'ammo-

    niaque dans une petite cornue qu'on chauffe modrmentavec une lampe ; le gaz qui se dgage est recueilli sur l'eauou le mercure. Il importe de ne pas chauffer trop fortementl'azotate d'ammoniaque, d'abord parce que le dgagementdu gaz pourrait tre trop rapide et produire une explosion,ensuite parce qu'il pourrait aussi se dgager certaine quantitd'ammoniaque non dcompose ou, de bioxyde d'azote rsul-tant de la dcomposition incomplte de l'acide azotique. Le

    gaz ainsi obtenu serait irrespirable.Si pour la prparation du protoxyde d'azote on n'employait

    pas de l'azotate d'ammoniaque parfaitement pur, le gaz ob-tenu pourrait tre mlang d'une petite quantit de chlore

    provenant de la dcomposition du chlorhydrate d'ammo-

    niaque que l'azotate renferme souvent. Dans cet tat, on ne

    pourrait pas le faire respirer sans inconvnients.Pour obtenir dans un tat de puret absolue de grandes

    quantits de protoxyde d'azote, nous avons fait construire etinstaller dans notre laboratoire des appareils que nous avonssuccessivement perfectionns, et qui nous permettent d'ob-tenir volont de trs-grandes quantits de gaz. En voici la

    description abrge.Dans un ballon chauff au moyen d'une lampe gaz (.1),

    (1) Pour rendre parfaite la prparation du protoxyde, nous avonsimagin et fait breveter une lampe dispose de telle faon, que c'est le

  • _ 14

    dispose de faon permettre de mesurer avec prcision l'in-tensit de la flamme, on place du nitrate d'ammoniaque par-

    faitement fur et on chauffe modrment : condition essen-tielle pour avoir de bon gaz. Le gaz qui se dgage traverseune srie de flacons laveurs contenant des agents chimiquessusceptibles, de neutraliser les produits impurs qui pourraientse dgager avec lui (eau distille, sulfate de fer, potasse, acidesulfurique, etc.).

    Ainsi purifi, le gaz arrive dans un gazomtre cloche enfer-blanc d'environ 400 litres de capacit. Nous avons prfrle gazomtre cloche celui de Mistcherlich, gnralementen usage dans les laboratoires, parce que toutes les fois qu'ona vid le gaz que contient ce dernier, il faut le remplir d'eau,manoeuvre trs-fatigante quand on opre sur des volumesconsidrables. Avec le gazomtre cloche, la mme quantitd'eau sert indfiniment. De plus, le protoxyde d'azote tantsoluble dans l'eau, on en perdrait de grandes quantits

    chaque opration si l'on ne se servait pas d'un liquide qui en

    soit satur. A ce gazomtre, nous en avons ajout deuxautres d 300 litres de capacit, que nous nommons gazo-mtres de condensation, dans lesquels nous laissons sjournerle gaz pendant longtemps avant d'en faire usage. Toutes lesmatires volatiles qu'il a pu entraner s'y dposent.

    dgagement du gaz lui-mme qui rgle l'intensit de la flamme. On estsr, par ce moyen, d'viter de trop chauffer le ballon contenant le nitrated'ammoniaque, et on est prserv de toute explosion. Ce perfectionne-ment, qui est de la plus haute importance, nous a demand de trs-longues recherches.

  • 15

    L'appareil que nous venons de dcrire est install dans

    notre laboratoire. Au moyen de tubes en plomb ou en caout-

    chouc, nous faisons arriver ce gaz dans les cabinets d'opra-tions. Le tube destin fournir le protoxyde d'azote l'in-

    dividu qui doit tre soumis son influence, pend prs de lui

    comme un cordon de sonnette. Quand on veut le lui faire

    respirer, on n'a qu' appliquer contre sa bouche l'embouchure

    qui termine le tube. Cette embouchure dont nous faisons

    usage, et qui est de notre invention (brevete s. g. d. g.), estconstruite de faon que le gaz expir est rejet en dehors aulieu d'tre renvoy dans l'appareil qui le fournit* En outre,elle permet de mlanger une certaine quantit d'air avec le

    protoxyde d'azote.

    L'appareil dont nous venons de faire la description est un

    appareil de cabinet ; lorsque l'on veut transporter du gaz quel-que part, on en remplit un sac termin par un tube auquelest adapte une embouchure semblable celle dcrite plushaut. Le remplir est chose extrmement facile, puisqu'il n'ya qu' l'adapter un des robinets de sortie du gaz. Malheu-

    reusement, le gaz ne se conserve pas longtemps dans le sacet est bientt remplac par de l'air atmosphrique qui y p-ntre par endosmose.

    Nous ferons remarquer, en terminant ce chapitre, qu'ilfaut certains soins pour russir prparer du protoxyde d'a-zote parfaitement pur, et surtout tre trs-bon oprateur pouroprer, car la rapidit est une condition invitable du succs.Un individu inexpriment, qui tenterait de fabriquer ce gaz,s'exposerait de graves mcomptes.

  • CHAPITRE III.

    Proprits physiologiques du Protoxyde d'azote.

    C'est le clbre chimiste Humphry Davy qui dcouvrit les

    proprits physiologiques du protoxyde d'azote. Il reconnut

    que ce gaz respir pur produisait des sensations vives et

    agrables, et une envie de rire irrsistible. Voici comment,dans un ouvrage publi sur ce corps en 1800, il dcrit leseffets qu'il prouve en le respirant :

    Ds la premire inspiration, j'ai vid la vessie. Unesaveur sucre a, dans l'instant, rempli ma bouche et ma poi-trine tout entire, qui se dilatait de bien-tre. J'ai vid mes

    poumons et les ai remplis encore; mais, la troisime re-

    prise, les oreilles m'ont tint, et j'ai abandonn la vessie.Alors, sans perdre prcisment connaissance, je suis demeurun instant promenant les yeux dans une espce d'tourdis-sement sourd; puis je me suis pris, sans y penser, d'clatsde rire tels que je n'en ai jamais fait d ma vie. Aprs quel-ques secondes, ce besoin de rire a cess tout d'un coup, et

    je n'ai plus prouv le moindre symptme. Ayant ritrl'preuve dans la mme sance, je n'ai plus prouv le besoinde rire.

    Quelques jours plus tard, il recommena la mme exp-prience et prouva, aprs avoir respir 5 litres de gaz conte-nus dans un sac de soie, les phnomnes suivants :

  • 17

    La premire impression consista dans une pesanteur de

    tte avec perte du mouvement volontaire. Mais une demi-

    minute aprs, ayant continu les inspirations, ces symptmesdiminurent peu peu et firent place la sensation d'unefaible pression sur tous les muscles; j'prouvais en mmetemps dans tout le corps une sorte de chatouillement agrablequi se faisait particulirement sentir la poitrine et auxextrmits. Les objets situs autour de moi me paraissaientblouissants de lumire, et le sens de l'oue avait acquis unsurcrot de finesse. Dans les dernires inspirations, ce cha-touillement augmenta, je ressentis une exaltation toute par-ticulire dans le pouvoir musculaire, et j'prouvai un besoinirrsistible d'agir.

    (t Je ne me souviens que trs-confusment de ce qui sui-vit : je sais seulement que mes gestes taient violents et d-sordonns. Tous ces effets disparurent lorsque j'eus suspendul'inspiration du gaz; dix minutes aprs, j'avais recoin rl'tat naturel de mes esprits; la sensation du chatouille-nient dans les membres se maintint seule pendant quelquetemps.

    Voici le rcit d'une autre exprience : Je ressentis immdiatement une sensation s'tendantde

    la poitrine aux extrmits ; j'prouvais dans tous les mem-bres connue une sorte d'exagration du sens du tact. Les

    impressions perues par le sens de la vue taient plus vives,j'entendais distinctement tous les bruits de la chambre, etj'avais trs-bien conscience de tout ce qui m'environnait. Leplaisir augmentant par degrs, je perdis tout rapport avec lemonde extrieur. Ftje..siiite, "?h\ fraches et rapides images

    />'' ''.-,. \ 9

  • 18 -

    passaient devant mes yeux ; elles se liaient des mots incon-nus et formaient, des perceptions toutes nouvelles pour moi.J'existais dans un monde part. J'tais en train de fairedes thories et des dcouvertes quand je fus veill de cetteextase dlirante par le docteur Kinglaldc, qui m'ta le sacde la bouche. A la vue des personnes qui m'entouraient,j'prouvai d'abord un sentiment d'orgueil, mes impressionstaient sublimes, et pendant quelques minutes je me prome-nai dans l'appartement, indiffrent ce qui se disait autourde moi. Enfin je m'criai, avec la foi la plus vive et l'accentle plus pntr : Rien n'existe que la pense : l'univers n'est

    compos que d'ides, d'impressions, de plaisirs et de souf-france.

    Il ne s'tait coul que trois minutes et demie durantcette exprience, quoique le temps m'et paru bien plus longen le mesurant au nombre et la vivacit de mes ides; jen'avais pas consomm la moiti de la mesure du gaz, je res-pirai le. reste avant que les premiers effets eussent disparu.Je ressentis des sensations pareilles, aux prcdentes: je fuspromptement plong dans l'extase du plaisir, et j'y restai pluslongtemps que la premire fois. Je fus en proie, pendantdeux heures, l'exhilaration. J'prouvai encore plus long-temps l'espce de joie drgle dcrite plus haut qui s'accom-pagnait d'un peu de faiblesse. Cependant ehe ne persistapas, je dnai avec apptit, et je me trouvai ensuite plus dis-,pos et plus gai.

    Davy continua, pendant plusieurs mois,.ses expriences;il respirait ordinairement 7 8 litres de gaz et ne prolongeaitjamais ses inspirations plus de deux minutes et demie.

  • 19

    Lorsqu'il tait sous l'influence du protoxyde d'azote, il

    prouvait le mme bonheur que les Orientaux qui ont prisduhascbich, ainsi que l'on peut le voir par l passage sui-^vant :

  • m -

    et chacun voulut les rpter. Except en France, o le gazdont on se servait tait mal prpar, tous les exprimenta-teurs prouvrent des sensations analogues celles dcrites

    par lui. Orfila, Vauquelin, Thnard et plusieurs autres chi-mistes franais prouvrent des impressions douloureuses,parce que, ainsi que le fit trs-bien remarquer Berzlius, le

    gaz dont ils faisaient usage contenait du chlore provenant de

    l'impuret des produits servant le prparer ou de l'acide'

    hypo-azotique qui se forme lorsqu'on chauffe trop le nitrate

    d'ammoniaque.Des socits se formrent pour tudier les proprits du

    protoxyde d'azote. Voici en quels termes le naturaliste Pic-tet raconte ce qu'il observa une sance o il fut conduit parRumford :

    Nous tions cinq ou six disposs faire l'essai, et ma

    qualit d'tranger me valut le privilge de commencer. A latroisime ou quatrime inspiration, j'entrai clans une srierapide de sensations.nouvell.es pour moi et difficiles dcrire.L'effet principal tait dans la tte; j'entendais un bourdon-nement; les objets s'agrandissaient autour de moi; il mesemblait que ma tte grossissait rapidement. Je ne voyaisplus qu'au travers d'un brouillard; je croyais quitter ce mondeet m'lever dans l'Empyre; j'tais pourtant bien aise, parune arrire-pense que je me rappelle distinctement, de sen-tir autour de moi des amis, et le comte de Rumford en par-ticulier, qui observait, ainsi que nous en tions convenus,la marche de mon pouls, lequel devint de l'irrgularit la

    plus extrme, et telle qu'il tait comme impossible de le

    compter. Je cessai alors de respirer le gaz, et j'entrai dans

  • 21

    un tat-de calme approchant de la langueur, mais extrme-

    ment agrable. Loin de rechercher l'action musculaire;, jerpugnais tout mouvement; j'prouvais d'une manireexalte le simple sentiment de l'existence, et ne voulais rien

    de plus. En peu de minutes, je revins l'tat tout fait na-turel.

    M. Blacford me succda : ce fut un tout autre genre.Une activit extrme et qui approchait tout fait de l'tat de

    convulsions ; ensuite une gaiet bruyante, bientt suivied'une jouissance plus calme, et enfin de l'tat naturel.

    M. Eighe vint aprs. Celui-l n'tait pas de la classe des

    langoureux; son agitation devint telle sur la fin des inspira-tions, qu'on voulut lui ter la vessie ; il la retint de toutessesforces, puis, lorsqu'elle fut puise, il se mit rire, par-ler avec beaucoup de vivacit; il disait que de sa vie il n'avait

    prouv rien d'aussi agrable. A ce qui prcde nous ajouterons ce que nous avons ob-

    serv sur nous-mme et sur un grand nombre de personnes.Nous dirons, en thse gnrale, que l'impression que l'onressent sous l'influence du gaz varie suivant le tempramentdes individus et surtout suivant la disposition morale dans

    laquelle ils se trouvent. Lorsqu'on le fait respirer une per-sonne qui va subir une opration, et par consquent est tou-

    jours triste et inquite, il est plus rare qu'elle prouve lessensations agrables prcdemment dcrites. Dans le cas con-

    traire, l'hilarit se manifeste presque toujours au dbut del'inhalation. Entre le moment o l'on commence respirerle protoxyde d'azote et celui o l'on se rveille il ne s'coule

    gure plus de trois minutes. Souvent le sommeil ne dure pas

  • ' 22

    plus de 40 50 secondes. Les effets sont exactement lesmmes lorsqu'on respire le gaz avant ou aprs les repas. Lerveil est prompt et n'est suivi d'aucune sensation dsagra-ble, contrairement ce.qui a lieu dans l'anesthsie produitepar l'ther et le chloroforme.

    Le protoxyde d'azote ne produit jamais le moindre acci-dent quand il est bien prpar; nous l'avons respir jusqu'quinze fois par jour sans en ressentir la moindre gne.

    CHAPITRE IV.

    Proprits anesthsiques du Protoxyde d'azote.

    C'est une triste histoire que celle de la dcouverte des pro-prits anesthsiques du protoxyde d'azote, une histoire quimontre quel hasard tient souvent le succs des grandesinventions.

    Dans l'ouvrage de Davy se trouve, ainsi que nous le disionsdans notre premier chapitre, la phrase suivante :

    Le protoxyde d'azote parait jouir, entre autres propr- ts, de celle de dtruire la douleur; on pourrait probable- ment l'employer avec avantage dans les oprations chirur- gicales qui ne s'accompagnent pas d'une grande effusion de sang. . . .

    , e fut Horace Wells, dentiste d'Hartford, petite ville duConnedicut (Etats-Unis), qui eut, en 1844, l'ide de Trifier

  • 23 - .

    l'hypothse mise en 1800 par Davy. 11 commena par sefaire arracher une dent pendant qu'il tait sous l'influencedu protoxyde d'azote, et n'prouva aucune douleur. La mme

    opration, rpte sur une douzaine d'individus, donna desrsultats identiques.

    On comprend quelle joie dut ressentir Horace Wells enfaisant une semblable dcouverte, abolir la douleur ! Ce rve,poursuivi par l'humanit depuis tant de sicles, tait enfinrsolu. Il partit pour Boston afin de rpter ses expriencesdevant les mdecins de la Facult. En prsence des proies*seurs et des lves rassembls^ il enleva une dent un ma-lade pralablement endormi avec le protoxyde d'azote. Soit

    que le gaz ft mal prpar ou le patient incompltement en-

    dormi, l'opration ne se fit pas sans douleur. Les assistantssifflrent sans songer que ce n'tait pas sur une seule exp-rience qu'on pouvait juger une invention aussi importanteet sans se rappeler surtout qu'une grande dcouverte ne sort

    jamais complte et 'avec tous ses dtails du cerveau d;un seulhomme. Profondment attrist, Wells n'osa- pas rpterson exprience. Il partit pour Hartford et abandonna sa pro-fession.

    Deux ans plus tard les proprits anesthsiques de Fthertaient dcouvertes, en Amrique, par un chirurgien et un

    dentiste, Jackson et Morton.Horace Wells, qui avait des droits au mrite d'avoir d-

    couvert une substance capable d'abolir la douleur j partitpour l'Europe, afin de rpter ses expriences sur le pro-toxyde d'azote. Partout il fut condui-t. Fatigu de lutter,il retourna aux Etats-Unis, etf, peu de temps aprs son arri-

  • 24

    ve, se plaa dans un bain, s'ouvrit les veines, et, afin demourir sans souffrance et profiter au moins une fois d'uneinvention laquelle il avait pris une si grande part, il s'anes-thsia avec de l'ther. Horace Wells mort, personne ne s'oc-

    cupa plus du protoxyde d'azote, l'ther et le chloroformedonnant de magnifiques rsultats. Cependant on s'aperutbientt que ces deux substances prsentaient des dangerssrieux, et l'on hsita de plus en plus les employer pour les

    petites oprations de la chirurgie, avulsion des dents, ouver-ture des abcs, des panaris, etc. Les chirurgiens, ceux de

    l'Amrique surtout, cherchrent pour les remplacer daus cescirconstances quelque chose de moins dangereux. La com-

    pression, l'lectricit, le froid, etc., furent successivement

    essays, ainsi que nous le dirons plus loin, et bientt aban-donns.

    Il y a quelques annes, plusieurs mdecins aux tats-Uniset notamment notre frre, le docteur A 1" Prterre, pensrent exprimenter de nouveau le protoxyde d'azote et reconnu-rent que ce gaz tait un agent anesthsique extrmement,

    prcieux. Il produit sans danger et avec une grande rapiditle sommeil anesthsique. Sa supriorit sur les autres agents.a bientt t admise, et actuellement on en fait usage surune large chelle aux tats-Unis.

    Dsireux de nous assurer par nous-mme de la valeur d'unedcouverte qui nous semblait destine un grand avenir,nous avons fait construire l'appareil dcrit plus haut et nousavons entrepris un grand nombre d'expriences. Le succs a

    justifi notre attente : n'ous avons constamment obtenu avecla plus grande rapidit une anesthsie complte et de courte

  • dure. Les innombrables expriences que nous avons rptes,dans les hpitaux de Paris, et dont tous les journaux ont en-tretenu leurs lecteurs, sont l pour prouver aux plus incr-

    dules que la chirurgie vient de s'enrichir d'un agent anes-

    thsique extrmement prcieux. Le nier serait nier la lu-

    mire, disait M. le Dr de Saint-Germain.L'anesthsie produite par le protoxyde d'azote est extr-

    mement rapide ; aprs une deux minutes au plus elle est

    obtenue. Elle dure en gnral de 30 50 secondes, temps

    parfaitement suffisant pour pratiquer une petite opration

    (ongle incarn, dents, abcs, etc.). En prolongeant les inspi-rations du gaz, nous avons obtenu plusieurs minutes d'anes-thsie. En Amrique, les chirurgiens se sont peu peu en-hardis et ils en sont arrivs maintenant pratiquer toute

    sorte d'oprations chirurgicales avec le protoxyde d'azote.Ils ont reconnu qu'un individu pouvait tre plac sans incon-

    'Vnient pendant plus de vingt minutes sous l'influence du

    protoxyde d'azote (1).Nous ne voulons entrer ici dans aucune considration sur

    le mode d'action du protoxyde d'azote ; nous dirons seule-ment qu'il nous semble que l'anesthsie qu'il produit est

    , obtenue beaucoup trop vite pour qu'on puisse admettre qu'ilagisse en asphyxiant comme le chloroforme. Il nous paratprobable qu'il possde sur le systme nerveux une action sp-

    (1) Nous publierons prochainement un mmoire sur l'emploi du pro-toxyde d'azote pour abolir la douleur pendant les grandes oprationschirurgicales, et le moyen d'obtenir facilement avec ce gaz un sommeilde longue dure exempt de tout danger.

  • 26

    ciale comparable celle de la morphine et des autres narco-

    tiques. C'est une question que les expriences que nous ex-cutons actuellement sur les animaux nous permettront bienttde rsoudre. Nous sommes com aincu que le protoxyde d'azoteest un agent utile qui sera bien vite adopt eh France pourles petites oprations chirurgicales. On hsite souvent, et avec

    raison, soumettre un malade l'action de l'ther ou du chlo-roforme pour une petite opration telle que celle de l'ongleincarn, l'extraction d'une dent, l'ouverture d'un abcs, etc.,car on sait que l'anesthsie produite par ces substances asouvent t suivie de mort. Le protoxyde d'azote ne prsenteau contraire, quand on l'emploie parfaitement pur, aucun

    danger. A l'poque o l'on a commenc l'tudier, c'est--dire il y a plus de soixante ans, des milliers d'individusl'ont respir sans inconvnient. Il ne s'est produit des acci-dents que lorsqu'on respirait le gaz impur. Nous avons res-

    pir plusieurs centaines de fois le protoxyde d'azote sans entre nullement incommod ; il en a t de mme chez toutesles personnes auxquelles nous l'avons administr. Une seulefois nous avons vu, aprs une opration, un individu, en

    proie une hallucination passagre, vouloir s'chapper denos mains. Mais cet effet, qui se produit du reste trs-fr-

    quemment quand on prend certaines substances narcotiquestelles que le stramonium et le haschich, s'est promptementdissip.: A la suite d'une note prsente en notre nom l'Acad-

    mie des sciences par M. Cloquet, une discussion s'est levesur les proprits du protoxyde d'azote. M. Chevreul a fait

    remarquer que les chimistes qui le respirrent en France, il

  • 27

    y, a 60 ans, en furent incommods. Berzlfus a donn, il y a

    dj longtemps, l'explication de ce fait en disant que le gazemploy contenait du chlore et du bioxyde d'azote. IL est bien

    vident que dans cet tat le protoxyde d'azote est parfaitement

    irrespirable. Toutes les personnes qui en feront usage dans

    ces conditions en prouveront de fcheux effets, ainsi quecela est arriv rcemment un Allemand, M. Hermann. Ce

    n'est pas au protoxyde d'azote qu'il faut s'en prendre des

    insuccs obtenus, mais uniquement la maladresse des op-rateurs. Nous avons administr le gaz plusieurs milliers de

    fois sans observer le plus lger accident, et il en a t de

    mme en Amrique.. Le protoxyde d'azote nous parat donc un agent anesth-

    sique extrmement prcieux. Sans doute on ne le substituera

    pas compltement l'ther et au chloroforme : mais, en raison

    de son innocuit, on lui donnera la prfrence sur ces deux

    corps toutes les fois qu'on l'aura sous la main (1).Voici comment le docteur Barker s'est rcemment exprim

    au sujet du protoxyde d'azote dans un travail publi en Am-rique :

    Ainsi que l'alcool, le protoxyde d'azote agit comme sti-

    mulant sur le systme; l'un et l'autre, pris eh quantit mo-

    dre, excitent la gaiet et produisent l'ivresse. Absorbs en

    (i) Ainsi qu'on l'a vu plus haut, la plupart des mdecins des hpitauxde Paris ont fait, avec nos appareils et le gaz que nous avons mis leur'

    disposition, des expriences dont ils ont t merveills. Presque tousles journaux scientifiques ou politiques ont entretenu le public de nosrecherches.

  • 28

    quantit plus considrable, ils amnent le narcotisme et Tin-sensibilit. Le protoxyde d'azote diffre de l'ther et du chlo-roforme par le pouvoir d'entretenir la combustion et la respi-ration ; ces deux autres anesthsiques agissent probablementcomme sdatifs, en dprimant le systme nerveux et abais-sant ainsi l'action vitale -au-dessous de son point normal. Le

    protoxyde d'azote, au contraire, par ses influences stimulantes

    augmente la force nerveuse et surlve l'action vitale, et ce-

    pendant les deux sortes d'agents produisent en dfinitive lemme effet : l'insensibilit totale.

    Afin de mettre en vidence la supriorit du protoxyded'azote sur les autres agents anesthsiques, nous allons, ennous plaant toujours au point de vue des oprations de courtedure, examiner successivement les diffrents procds en

    usage pour supprimer la douleur.

    CHAPITRE V.

    Des diffrents procds en usage pour abolir la douleur. Sup-riorit du Protoxyde d'azote sur les divers agents anesth-siques dans les oprations de courte dure.

    Pour abolir l douleur pendant une opration chirurgicale,il faut, ou dtruire la sensibilit de l'organe sur lequel on

    opre, ou celle du cerveau qui peroit, la sensation. Tous les

    procds d'anesthsie connus ont pour but d'arriver un do

    ces rsultats.

  • L'anesthsie peut tre gnrale ou locale. Celle gnralese rapporte tout f organisme, celle locale' une rgion d-

    termine du corps.

    | i". Anesthsic gnrale.

    ther. Parait possder une action spciale sur les cen-tres nerveux et agir la faon de la morphine et des autres

    narcotiques. Sans qu'on puisse en dterminer parfaitementJa cause, beaucoup d'individus ont succomb la suite de

    son administration, malgr les soins pris par les opra-teurs (1).

    Chloroforme. Beaucoup plus dangereux que l'ther.L'anesthsie qu'il produit rsulte d'un tat d'asphyxie dter-min par Faction directe de ce corps sur les voies respira-toires. A la suite de son administration, le sang, demi

    coagul, ne circule plus dans les capillaires.Amylne. Agent anesthsique peu usit et qu'on em-

    ploie comme le chloroforme. Son emploi a plusieurs fois

    occasionn la mort.

    Rhigolne. L'abb Moigno a bien voulu nous remettreun chantillon de cette substance dont on s'est beaucoupoccup en Amrique il y a quelque temps, et que le profes-seur Bigelovv, de Boston, prtend suprieure l'ther comme

    agent d'anesthsie locale. Nous n'avons pas obtenu les r-sultats dont plusieurs journaux ont parl. Du reste, ce com-pos est d'une odeur si dsagrable, qu'il est douteux qu'on

    ()) Voyez sur cette question ies savants travaux du docteur Ozanarn.

  • 30

    parvienne le faire adopter dans la pratique de la chirurgiedentaire.

    Krosolne. Produit qu'on obtient en distillant l p-trole. Il a t essay en Amrique comme anesthsique. Il

    ne prsente aucune supriorit sur les prcdents.Nitrate de mthyle. Rcemment expriment par le doc-

    teur Richardson. C'est un anesthsique puissant la dose de10 20 gouttes, trop puissant mme pour qu'on puissel'employer en chirurgie.

    Nitrate oVamyle. Anesthsique encore plus actif quele prcdent, 5 ou 6 gouttes suffisent pour amener le som-

    meil. C'est un compos fort dangereux.Gaz d'clairage. Expriment comme anesthsique par

    le docteur Nunnely. Ce compos, quand il est pur, produitle sommeil, mais si on l'employait tel que nous le livre l'in-

    dustrie, c'est--dire, mlang divers produits sulfurs, il

    constituerait un poison violent.

    Bichlorure demthylne. Chlorure de mthyle et ttrachlo-

    rure de carbone. On s'occupe beaucoup en Angleterre,

    depuis quelque temps, de ce nouvel agent anesthsique, d-

    couvert par M. Richardson et expriment avec succs parM. Spencer Wells dans plusieurs oprations dont quatreovariotomies. D'aprs les mdecins qui l'ont tudi il endor-

    mirait beaucoup plus rapidement que le chloroforme, et lerveil se ferait sans fatigue ni cphalalgie.

    Le bichlorure de mthylne est un des quatre compossauxquels donne naissance l'action du chlore sur l'ther m-

    thylique. Les trois autres sont : le chlorure de mthyle, le

    chloroforme et le ttrachlorure de carbone.

  • 31

    Ces quatre composs jouissent des proprits anesthsi-ques : celles du chloroforme sont bien connues; celles.duttrachlorure de arboiie ont t constates l'anne dernire ;celles du chlorure de mthyle et du bichlorure de mthy-,.Une viennent d'tre exprimentes par Richardson, qui areconnu que le dernier,de ces corps mritait la prfrence.

    Pour se rendre un compte exact de la valeur mdicale deces composs, M. Richardson a fait respirer des animauxune atmosphre.charge de leurs vapeurs dans une certaine

    proportion. Il a ainsi reconnu que la' mort arrivait trois fois

    plus vite avec le ttrachlorure de carbone et deux fois plusvite avec le chloroforme qu'avec le bichlorure de mthylne.

    M. Richardson a aussi constat que ce corps tait trs-

    rapidement limin de l'organisme, ce qui explique pourquoile rveil n'est suivi d'aucune fatigue.

    Le temps ncessaire pour rendre l'anesthsie compltevarie de 3 7 minutes avec le chlorure de mthylne. La.dose est suprieure celle qu'exige le chloroforme.

    Chloral. Cette substance est un calmant plutt qu'unanesthsique. On l'administre sous forme de boisson. 2 4 grammes suffisent gnralement .. amener le'sommeil. Ilfaut au moins 5 6 grammes pour amener l'anesthsie quandoti peut la produire.

    Bromure d'tyh ou iher bromhydrique. Liquide-peuvolatilobtenu par la raction de l'acide sulfurique et de l'al-cool sur le bromure de potassium, il agit plus rapidementque le chloroforme, mais son action irritante sur la gorge iorend difficile employer.

  • ' 32

    Bromure de mthyle. Anesthsique puissant, mais quine saurait tre employ dans la pratique parce qu'il est ga-leux la temprature ordinaire ; comme le prcdent, c'estun dsinfectant trs-puissant.

    Chlorure d'thyle. Essay rcemment en Allemagnepar le Dr Steffen de Stettin. Il agit plus promptement que lechloroforme et ses effets se dissipent plus rapidement.

    Bromo forme. Obtenu par la raction de la potasse avecle bromal. Trs-analogue comme aspect et proprit au chlo-roforme. Propos par M. Rabutian, mais non encore essaysur l'homme.

    Bromal.JNc diffre du chloral que parce que le chlore dece dernier est remplac par du brome. Non essay surJ'homme. -

    Iodal. Liquide extrmement volatil, galement propospar M.' Rabutian. Les animaux soumis son action ont tanesthsis, mais l'anesthsie est rapidement suivie de mort.-

    Disons en terminant que, d'aprs les savantes recherchesdu Dr Ozanam, toute la srie des corps carbons volatils ougazeux est doue du pouvoir anesthsique, pouvoir d'autantplus prononc que ces corps sont plus riches en carbone. Le

    carbone, d'aprs ce mdecin, serait le seul principe auquelil faudrait rapporter les phnomnes d'excitation, puis d'a-

    nesthsie, qui se produisent dans l'emploi des substancesanesthsiques.

    Quant aux anesthsiques ne contenant pas de carbone,tels que le protoxyde d'azote, ils agiraient eu ralentissantl'hmatose et l'expulsion de l'acide carbonique qui se formecontinuellement dans l'conomie.

  • 33

    2. Aneslhsie locale.

    Anesthsie par compression des vaisseaux. Ce genred'anesthsie, quoique trs-ancien, a t peu tudi. Il paratcependant tabli que toutes les fois qu'une partie du corpscesse d'tre baigne par le sang, il y a insensibilit de cette

    partie.Cette mthode d'anesthsie a t essaye par M. Velpeau

    pour pratiquer l'opration de l'ongle incarn. On ne peutl'appliquer toutes les parties du corps, et, du reste, elle est

    dangereuse. Pour tre efficace,' en effet, la compression doittre nergique, et la compression de petits filets nerveux

    peut en altrer la structure et amener la paralysie du mem-bre. La stase du sang dans les vaisseaux peut, en outre,avoir pour rsultat la gangrne.

    Anesthsie par le froid. Cette mthode d'anesthsieressemble beaucoup la prcdente. Dans la partie con-

    gele, la circulation s'arrte, et l'insensibilit rsulte surtoutdu dfaut d'afflux du sang.

    On obtient la conglation des tissus par l'application di-recte d'un mlange rfrigrant ou en dirigeant sur la peauun jet d'eau liquide capable de s'vaporer trs-vite et parconsquent de produire beaucoup de froid.

    L'anesthsie locale, par application d'un mlange rfrig-rant, peut rendre quelques services lorsqu'il s'agit d'opra-tions n'attaquant que les rgions tout fait superficielles des

    organes.L'anesthsie locale, par le froid obtenu au moyen d'un li-

    quide volatil mis au contact de la peau, ne produit pas de-

    '

    - 3

  • Si-

    meilleurs rsultats que la mthode prcdente. On a ima-

    gin, dans ces derniers temps, un grand nombre d'appareils.pour projeter la surface de la peau de grandes quantitsel'im liquide volatil, l'ther, par exemple, en un temps trs-

    court. L'appareil de- Richardson, avantageusement modifi

    par Robert et Colin, que .nous avons t un des,premiers

    essayer, est celui qui est le plus commode pour l'applicationdece systme.

    L'insensibilit obtenue par ce moyen rfrigrant est trs-

    superficielle ; car, si elle permet de diviser la peau, sans dou-

    leur, il: n'en est plus de mme lorsque l'on pntre dans la

    profondeur des. tissus..C'est; ce qui rsulte clairement d'une.discussion ; la. Socit de chirurgie sur ce sujet, (sances du14 mars et du 4 avril), discussion laquelle ont pris partMM. Velpeau, Foucher, Lefort, etc.., etc. , ... ,, ,. . , .

    , La question reste donc peu prs au mme point ; mal-

    ..grkfacilit; que.-donne,l'appareil de.Richardson, de pro-duire du froid, et partant, .de l'insensibilit,;.on peut toujoursse demander si les mlanges rfrigrants n'offrent pasles avantages marqus.;.,Te]Je a sembl tre l'opinion deM;.;Velpeau.. :.--. ,-, ,,,, _,...-. :.,.;,. if ,,.....,.,,

    1.",JVLDlcomixite?i professeur suppliant; -l-cple.de mdercine de Nancy, a repris comme: agent,d'aiiesthsie locale un

    .CQrpsqujJVL;Simpson ayait.tent d'appliquer .pour produirel'anesthsie, gnrale, et auquel ce,chirurgien avait d re^

    n#pceK,.9;..ause..cle,certains, inconvnients, -,nptarnme,nt,.uneodeur insupportable et la persistance des effets anesthsiques :npujS,,voulons pailer, du, ;sulfare de carb onejamais.; cecqmpospar^n'ftgk^g^em^n^queomHtierfrigrant. ;,:;,,,,: .;:;

  • 35 -

    De ce qui prcde, on comprend qu' notre point de vue

    spcial, la pratique n'a gure gagn, car si le froid peut per-mettre d'inciser la peau sans douleur,il est sans action quandil faut insensibiliser un nerf aussi profondment cach et

    aussi protg que le nerf dentaire ; ajoutons que l'applicationn'est pas trs-facile.

    A?iesthsie locale obtenue au moyen de l;lectricit. Ce

    procd d'anesthsie a t imagin par un dentiste amri-

    cain. Nous avons t le premier , le faire connatre en

    France ; au moyen- de l'lectricit, nous sommes parvenu

    pratiquer sans douleur un .grand nombre d'oprations. Mal-

    heureusement, les. rsultats qu'on obtient sont loin d'tre

    constants. Si un grand nombre d'oprs ne ressentent au-

    cune, douleur, d'autres, au contraire,, Rprouvent, aucun

    soulagement. . . .. ..

    , Nous venons,dpasser sueeessiYeinent .enrevue.Tes.diff-rents procds .d'anesthsie en usage jusqu'ici-pour, abolirladouleur. Tous,, .ainsi, que, nous l:'av,ns vu, :prsentent fdes in-

    convnients plus ou moins srieu*,. fGeux employs pour pro-duire

    .l'anesthsie.gnrale sont idai^er^uxijfieux enusagepour.obtenir l'anestlisie-localesontinefficaces. Leprptoxy.ded'azote, penspras-iiaous;,,n e,prsente; ;pas, les .mmes, incqn v-nients : aussi croypnsrnous pouvoir,vcomme>rsumd.e.;nptretrav^l,:,poser les conclusions/SuivaaitQS,;.,,.,,-,;,. ,.r

  • '- 36

    " '

    3 Pour toutes les oprations de peu de dure, avulsiondes dents, extraction des ongles incarns, ouverture des

    abcs, etc., on doit lui donner la prfrence sur tous les

    agents anesthsiques connus.

    CHAPITRE VI.

    De la liqufaction du Protoxyde d'azote.

    L'importance qu'a prise le protoxyde d'azote dans ces der-nires annes en Amrique et en Angleterre, est devenue telle

    qu'il existe dans ces pays plusieurs usines qui livrent le gaz l'tat liquide, c'est--dire sous une forme aussi portativeque l'ther et le chloroforme. Nous allons consacrer un cha-

    pitre l'tude du protoxyde d'azote sous cet tat.La dcouverte de la proprit que possdent certains gaz,

    de passer l'tat de liquide sous l'influence du froid ou del

    pression, est toute moderne. Avant l'illustre physicien Fa-

    raday, dont la science dplore Ta perte rcente, on ignoraitque la plupart des gaz placs dans des conditions convena-bles peuvent tre liqufis et mme solidifis.

    Lavoisier, supposant la terre porte dans les froides r-

    gions des espaces clestes, admettait que l'air, faute d'un

    degr de chaleur suffisant, ne pourrait rester l'tat gazeux,et il en rsulterait, ajoutait l'illustre chimiste, de nouveauxliquides dont nous n'avons aucune ide.

  • 37 -

    L'illustre Faraday fut le premier qui russit, il y a trente

    ans environ, faire passer les corps de l'tat gazeux l'tat

    liquide sous l'influence du froid ou de la pression.'

    Les appareils dont il se servait d'abord taient fort sim-

    ples. Il renfermait dans un tube de verre de faible capacit,recourb eh siphon, les matires susceptibles de dgager

    par leur raction un grand volume de gaz. En se dgageantdans un espace limit, le gaz se liqufiait par sa propre

    pression, et se condensait dans une des branches du tube,

    qu'on avait eu pralablement soin d'entourer d'un mlange

    rfrigrant.Ce procd est facile, mais aussi fort dangereux, car ces

    gaz, soumis des pressions dpassant quelquefois 50 atmo-

    sphres, devaient faire clater les tubes dans lesquels ils s'-

    taient produits, ce qui arrivait frquemment.

    Faraday eut bientt recours des procds plus scienti-

    fiques et entreprit sur ce sujet une srie d'expriences dontles rsultats sont consigns dans un mmoire qu'il publiasous ce titre : On the liqufaction and solidification ofbodiesgenerally existing as gas: dans les Philosophical Transac-tions of the royal Society of London, anne 18.45. Cern-moire tant trs-peu connu en France, nous allons donnerune traduction de ses parties les plus essentielles.

    Les expriences prcdemment faites sur la liqufactiondes gaz et les rsultats qui de temps en temps ont t ajouts cette branche de nos connaissances,-spcialement parM. Thilorier(l), m'avaient, dit Faraday, laiss le dsir cons-

    (i) Les expriences auxquelles Faraday fait allusion' sont celles de

  • 38 -~-

    tant de rpter mes recherches. Ce- dsir, ainsi que lesicon-sidrations qu'on pouvait tirer de la simplicit et de Funit..

    apparente de l constitution molculaire des corps quand ils-sont rduits en vapeur ou gaz d'aprs les expriences, deM. Cagnard de Latour, et l'espoir- de voir l'azote, l'oxygne,,l'hydrogne l'tat solide ou liquide et ce dernier peut-tre l'tat mtallique, m'ont engag persvrer dans mes;

    expriences sur ce sujet, et, bien que mon succs n'ait past aussi grand que je l'esprais, je crois cependant quequelques-uns des rsultats obtenus, ainsi que la manire deles obtenir, pourront intresser la Socit royale, surtout sil'on remarque que mes expriences peuvent tre plus ten-dues que je n'ai pu te faire.

    Mon but, ainsi que celui ds autres exprimentateurs,fut de soumettre le gaz une pression considrable' en miwe

    temps qu' une temprature fort basse. Pour- obtenir la pres-sion, j'employais deux pompes air fixes sur une table. Lapremire pompe avait un piston d'un pouce de diamtre, etla seconde d'un demi-pouce de diamtre. Elles taient unies

    par un conduit dispos de manire forcer le gaz de la pre-mire de passer travers les. soupapes de la seconde. Cetteseconde pouvait recevoir le gaz dj condens 10, 15 ou

    120 atmosphres et le chassait une pression suprieure dansle rcipient destin le recevoir en dernier lieu.

    Les gaz sur lesquels on voulait exprimenter taient pr-pars et conservs dans des gazomtres ou des cloches, puis

    Thilorier sur la liqufaction de l'acide carbonique. Le rsultat en est

    consign dans le tome GOdes Ahnales de physique et de chimie.

  • 39

    chasss par pression dans des tubes condensateurs. Quandles gaz taient recueillis sur l'eau ou qu'ils:pouvaientvenicontenir, ils passaient, en se rendant du gazomtre la

    pompe, travers un tube de verre entour d'un mlange, de

    glace et de sel 0 Fahrenheit. . . .Les tubes condensateurs taient de verre vert bouteille

    de 1/6 1/7 de pouce de diamtre extrieur, et de 1/42 et

    1/30 de pouce d'paisseur. Ils taient disposs de deux ma-

    nires: les uns horizontalement et munis d'une courbure

    qui leur permettait de plonger dans le liquide rfrigrant ;,les autres, en forme de siphon renvers^ pouvaient tre re-

    froidis dans leur partie infrieure, quand cela tait nces-saire. Dans la partie horizontale du tube recourb et dans la

    plus longue branche du siphon, on pouvait introduire desmanomtres quand cela tait ncessaire.

    Le Mmoire de Faraday est ici accompagn de deux figu-res explicatives que nous croyons utile de reproduire.)

    Les tubes taient runis aux pompes par des douilles et

    pices d'assemblage semblables celles des pompes gazordinaires, mais faites avec plus de soin. Les douilles por-taient des ouvertures assez grandes pour que les extrmitsdes tubes de verre y entrassent librement et taient munies l'intrieur d'un pas de vis qui facilitait d'adhrence dumastic. On rendait les bouts des tubes de verre rugueux au

    moyen d'une lime, et pour fixer une douille, les pices taientchauffes, de faon fondre le mastic avant d'ajuster leursextrmits: ces jointures, supportant des pressions variantde 30 50 atmosphres, ne manqurent qu'une fois sur' 100:expriences environ.

    ':::;,...;

  • 40

    Toutes les jointures taient rendues tanches aumoyen de feuilles de plomb.

    J'ai souvent soumis ces tubes une pression de 50 atmo-

    sphres , sans accident ni rupture. Avec l'assistance de

    M. Adam, j'ai essay leur rsistance la presse hydrau-lique et obtenu les rsultats suivants : un tube de 0,24 dediamtre extrieur et de 0,0175 de pouce d'paisseur, cla-

    tait une pression de 64 atmosphres, en reprsentant par15 lb. par pouce carr la pression d'une atmosphre. Un tubedont je m'tais servi, de 0,225 de pouce de diamtre ext-rieur et de 0,03 de pouce d'paisseur, supporta une pressionde 118 atmosphres sans se briser et sans rupture du capu-chon ou du mastic.

    Un tube comme ceux que j'employais pour dgager lesgaz sous pression, ayant 0,6 de pouce de diamtre extrieuret 0,035 d'paisseur, clata sous une pression de 25 atmo-

    sphres.Ces donnes peuvent servir choisir des tubes assez forts

    pour rsister aux pressions auxquelles on veut les soumettre.L'instrument employ pour mesurer le degr de pressionauquel le gaz tait soumis dans le condensateur consistait enun petit tube de verre ferm son extrmit infrieure par-une colonne de mercure se mouvant dans son intrieur.

    Par l'expression 10 ou 20 atmosphres j'entends une forcecapable de rduire une masse d'air au 10e ou au 20" du vo-

    lume qu'elle occupait la pression de 30 pouces de mercure.

    Pour soumettre ces tubes au plus grand froid possible, j'ennployais le mlange de Thilorier, compos d'acide carboniquesolide et d'ther. Un vase de terre de 4 pouces cubes de vo-

  • . 41

    hune'tait plac dans un autre vase un peu plus large ; on

    enveloppait de quelques doubles de flanelle et on plaait le

    mlange rfrigrant dans le vase intrieur. Un tel bain peutdurer de 20 30 minutes, sans que l'acide carbonique perdel'tat solide, et les tubes de verre peuvent y tre plongssans se rompre.

    Mais comme je fondais mes esprances de succs pluttsur l'abaissement de la temprature que sur l'lvation de la

    pression, je tchai d'obtenir un froid encore plus consid-rable. Il y a, en effet, des rsultats obtenus par le froid etsur lesquels la pression est sans effet.

    Pour obtenir le degr de temprature ncessaire, lebain d'acide carbonique et d'ther fut mis sous le rcipientde la machine pneumatique et on fit le vide rapidement. La

    temprature s'abaissa tellement que la vapeur de l'acide

    carbonique, abandonne par le bain, au lieu d'avoir une

    pression de 1 atmosphre, n'avait que 1/24 d'atmosphre de

    pression, ou 1,2 pouce de mercure, car le baromtre de lamachine se maintenait 28,2 pouces, le baromtre ordinairetant 39,4. A cette basse temprature, l'acide carbonique,mlang l'ther, n'tait pas plus volatil que l'eau 86,ou que l'alcool la temprature ordinaire.

    Pour obtenir une ide de cette temprature, je fis unthermomtre alcool dont la graduation fut porte au-des-sous de 32 Fahr., par degrs gaux en capacit ceux setrouvant entre 32 et 112. Plac dans le bain, il accusa une

    temprature de 106. Introduit sous la machine, il s'abaissa 166 ou 60 au-dessous de la temprature du mme bain la pression atmosphrique.

  • - 41

    Aprs quelques explications sur la-manire de combinerle froid la pression, sur la manire de conserver les gaz-liqufis dans les tubes, en les fermant lalampe aunles-sous du point o se trouve le gaz liqufi et sur la conser-vation de l'acide carbonique solide dans un vase de verreentour de 3 enveloppes de verres concentriques sparesl'une de l'autre par des morceaux de laine sche, disposi-tion qui permet de conserver ce corps un jour entier, Fara-day tudie les proprits des gaz qu'il a condenss, c'est--dire le gaz olfiant, l'acide iodhydrique, l'acide bromhy-drique, l'acide fluosilicique, l'hydrogne phosphore, l'acide

    fluoborique, l'acide sulfureux, l'hydrogne sulfur, l'acide

    carbonique, l'oxyde de chlore, le protoxyde d'azote, Tarn-'

    moniaque, le cyanogne, l'hydrogne arsni. Relative-ment au protoxyde d'azote, il s'exprime de la faon sui-vante :.

    Protoxyde d'azote. J'obtiens cette substance solide au

    moyen du bain d'acide carbonique et du vide, sous formed'un corps cristallin incolore. La -temprature ncessaire at d'environ 150 (Fahr.) au-dessous de 0. La pression dela vapeur du corps solidifi tait infrieure celle de l'atmo-

    sphre.Je pensai que le protoxyde liqufi ne pouvait se congeler

    par l'vaporation sous une seule atmosphre, comme le fait,l'acide carbonique ; ce qui fut trouv vrai, car en ouvrant l'air un tube contenant beaucoup, de ce corps liquide, il semit bouillir, se refroidit, mais resta liquide. Le froid pro-duit par l'vaporation tait considrable, et je pus m'en assu-rer en plaant le tube qui contenait l liquide dans un bain

  • 43

    d'acide, carbonique o il se mit bouillir avec rapiditvLatemprature du bain, quelque basse qu'elle ft, tait'-doncencore si suprieure celle du liquide qui y tait plong,qu'il se comportait son gard comme un corps chaud.

    Je gardai quelques semaines ce corps dans un tube ferm

    par des robinets, et pendant ce temps la pression indiquepar le manomtre resta fixe.

    Il est donc probable qu'onpourra employer cecorps danscer-taines occasions pour produire des froids beaucoup plus con-sidrables que ceux que peut produire l'acide carbonique.On ne peut douter que, place dans le vide, cette substance

    produise une temprature plus basse que toutes celles quel'on connat, et peut-tre autant au-dessous du bain d'acide

    carbonique dans le vide qu'elle l'est de la temprature dece dernier, relativement celle du mme bain expos l'air.

    Le protoxyde d'azote comme le gaz olfiant donna diff-rentes reprises des rsultats incertains relativement la

    pression de sa vapeur, rsultat dont on ne peut tenir comptequ'en admettant la prsence de deux corps diffrents solublesl'un dans l'autre, mais de force lastique diffrente.

    Souponnant la prsence d'azote dans son protoxyde parsuite de l'existence de chlorhydrate d'ammoniaque dans lenitrate qu'il employait, Faraday employa du nitrate d'ammo-

    niaque pur, et les pressions de la vapeur du protoxyde d'azote

    liquide diffrentes tempratures qu'il obtint sont indiquesdans le tableau suivant :

  • _.u Temprature Pressiondegrs Falir. '-il atmosphres.

    125 1120. , 1/10118 1,22110 1,37105 1,55100 1,77 95 2,03 90 2,34 85 2,70 80 3,11 75 . 3,58 70. . 4,11 65 4,70 GO 5,36 55 6,09 50 6,89 45 7,76

    Temprature Pressionen degrs Fahr. en atmosphres

    40 8,71 35 9,74 30 10,85 25 12,04 20 13,82 15 . 14,69 10. 16,15 S. 17,70+ 0 19,34+ 5 21,07+ 10 22,89+ 15 24,80+ 20 26,80+ 25 28,90+ 30 31,10+ 35 33,40

    Il est vident, dit Faraday, que ces nombres ne donnent

    pas l'ide d'une substance simple et pure, car les pressionscorrespondant aux plus basses tempratures sont trop le-ves. Je crois la prsence de deux corps, et que le plus vo-latil est, ainsi que je l'ai dit, condensable dans celui qui l'estmoins (1).

    Faraday russit ainsi forcer tous les gaz connus se li-

    qufier, l'exception de six : l'hydrogne, l'azote, l'oxygne,l'hydrogne protocarbon, le bioxyde d'azote et l'oxyde decarbone. Tout en faisant connatre les proprits nouvellesdes gaz liqufis, il fit connatre comment se comportaient

    (1) Cette rflexion, passe inaperue, mriterait un srieux examen;certains corps, considrs comme simples par les chimistes, sont soup-onns tre des corps composs par les physiciens. En serait-il ainsipour les lments du protoxyde d'azote? Ce gaz, au lieu d'tre unecombinaison, serait-il un mlange de diffrents gaz actuellement in-connus? , A. P.

  • - 45

    certains corps en prsence de froids extrmes. Tandis queles physiciens savaient produire des tempratures sup-rieures 2,000 degrs au-dessus de 0, ils ne pouvaient pro-duire des froids infrieurs 50 au-dessous de 0. Faraday le

    premier donna le moyen de descendre 100 au-dessousde 0, et fit voir qu' cette temprature la plupart des corpsgazeux la temprature ordinaire deviennent liquides ousolides. Quelles proprits nouvelles acquerraient les corpssi l'on parvenait les soumettre une temprature de plu-sieurs centaines de degrs au-dessous de 0, c'est ce que nous

    ignorons. Un fragment de fer chauff 2,000 au-dessusde 0 prend une teinte blouissante; 2,000 au-dessous,que deviendrait-il? La science le dira peut-tre un jour;mais Faraday l'honneur d'avoir montr qu'on pouvaitproduire des froids artificiels auprs desquels les tempra-tures des ples peuvent tre considres comme d'extrmeschaleurs.

    Vers l'poque o parut le Mmoire dont nous venons detraduire une partie, un constructeur viennois, M. Nalterer,imaginait un appareil pour condenser le protoxyde d'azote

    par la pression. Cet appareil se composait d'une pompe aspi-rante et foulante, manoeuvre avec un volant, puisant dansun gazomtre le gaz condenser et le refoulant dans un r-

    cipient de bronze, entour d'un mlange rfrigrant.. Lors-

    qu'une certaine quantit de gaz tait liqufie, on fermait le

    rcipient et on le sparait du reste de l'appareil. Avec cet

    appareil, il faut donner 4,000 coups de piston pour obtenir:un quart de litre de gaz liqufi.

    Dans ces dernires annes, MM. Deleuil et .Blanchi, ont.'

  • 46

    modifi, dans ses dtails, l'appareil de N.atterer. La machine liqufier le protoxyde d'azote de M. Bianehi est construitede faon rsister des pressions de 600 atm. ;-mais nouslui prfrons l'appareil construit par M,. Deleuil, parce que,dans cet appareil, le vase-contenant le protoxyde liquide reste

    toujours envelopp d'un mlange rfrigrant., tandis quedans l'appareil de .Bianehi on est oblig de ,1esortir de son

    enveloppe rfrigrante et de le tenir -. la main ou sous le

    bras, pour verser le liquide qu'il contient. :., ::,,., . .'En consultant le tableau-doan prcdemi-neit,,on voit,

    ce qu'il tait facile, du;reste, de prvoir,, que la tension de la

    vapeur du protoxyde d'azote liquide rot.rapidement;avecla temprature. On comprend ds los que,, s;oumis: brus-

    quement une temprature de plus de 30 degrs au-dessusde 0, le vase qui contient le .protoxyde,,d'azote puisses'chauffer et provoquer une lvation, dpression, de va-

    peur telle qu'il puisse en rsulter une formidable explosion.Nous

    .appelons sur ceifait'Fttention'des^professeurs-nfortrares du reste-'qui font publiquement des:expriences sur

    le protoxyde d'azote iiquidie. Les salles :o; se font les'cours

    sont gnralement .une temprature assez, .leve,,

  • , .47

    oprait la liqufaction de Ge dernier corps, lorsque, tout.

    coup, une terrible explosion se fit entendre : l'appareil venait

    de voler en clats. Un de ces clats alla briser les jambes duprparateur Hervy, qui succomba au bout de trois jours,aux suites de l'amputation qu'on fut oblig de lui faire subir.Les flacons de fer dans lesquels on livre maintenant en An-

    gleterre et en Amrique le protoxyde d'azote liqufi doiventdonc tre manis avec l plus grande prcaution.

    On nous permettra de placer ici, ce propos, une petiteanecdote que M. Deleuil a raconte un mdecin de nosamis. Cet habile constructeur avait t charg de prparerdu protoxyde d'azote liquide, pour une confrence qui devaitse faire dans une ville situe plus de 50 lieues de Paris.Ne voulant pas amener avec lui l'appareil liqufier le gaz,il s'tait seulement charg de la bouteille contenant le gazliqufi, bouteille soigneusement place dans une caisse

    pleine de glace.et hermtiquement ferme. Mais, o placerla caisse? Ici commencrent les perplexits de l'oprateur.Aux bagages? Il n'osait. Si elle allait s'garer quand la glaceserait fondue, ou si un employ ignorant la posait dans unendroit fortement chauff ! La garder avec lui? C'tait l un

    compagnon peu: agrable. Nanmoins, ne pouvant faire

    autrement, il s'y rsigna.

  • 48

    qu'amverait-ii, grand Dieu ! A cette ide, une sueur froidelui humectait les paules, pendant que les voyageurs regar-daient avec indiffrence la terrible caisse, et ne souponnaientgure quel redoutable engin elle cachait dans ses flancs. Le

    voyage parut long, et l'oprateur eut subir plus d'une

    remarque dsobligeante de ses compagnons sur sa "persis-tance produire des courants d'air en ouvrant incessammentles portires, et sur son refus nergique de recevoir un nou-veau cylindre d'eau chaude qu'apportaient les employs.

    CHAPITRE VIL

    Proprits du Protoxyde d'azote liquide.

    Les gaz liqufis par le froid ou par la pression consti-tuent des liquides d'une mobilit extrme, ct desquelsl'eau et des substances les plus fluides, telles que l'alcool et

    l'ther, semblent visqueuses. Le protoxyde d'azote jouit desmmes proprits.

    C'est un liquide trs-fluide, d'une saveur sucre qui re-

    prsente 1/400 du gaz qui l'a fourni. On peut le conserver

    pendant quelque temps l'air libre. La faible quantit quise volatilise absorbe un calorique latent si considrable pen-dant ce changement d'tat que l'autre portion se maintient

    liquide.

  • 49

    Si ou plonge un thermomtre dans un vase contenant du

    protoxyde d'azote liquide, l'instrument s'abaisse rapidement 90 centigrades au-dessous de 0.

    Si on jette du mercure dans un vase contenant du pro-toxyde d'azote liquide, ce mtal se solidifie aussitt et prendla consistance et la tnacit de l'argent en barre. Si au lieude mercure on plonge dans le liquide un fil de mtal, celui-ci

    produit un. bruit analogue au sifflement que fait entendre unfer rouge au contact de l'eau.

    La plus petite quantit de protoxyde d'azote liqufi miseen contact avec la peau la dsorganise comme le ferait un1er rouge, en produisant une vive douleur. Que dire, aprscela, de l'ide de M. X. voulant faire boire du protoxyded'azote ses malades pour les anesthsier ! Supposons quece dentiste ait pu se procurer du protoxyde d'azote liquide,voyez-vous d'ici les consquences de son opration! Le pa-tient mort au bout, de quelques heures dans d'pouvantablessouffrances, plus rapidement encore que s'il et aval del'huile bouillante.

    Le protoxyde d'azote liquide conserve en partie les pro-prits du protoxyde d'azote gazeux. Comme lui, il entretientla combustion des-corps. En jetant un charbon allum dansun vase contenant du protoxyde d'azote liquide, ce charbonbrle avec un vif clat. Si dans le mme vase on jette quel-ques grammes de mercure, sous l'influence du froid le mtalse solidifie instantanment. En sorte que dans le mme vasese trouvent en prsence une temprature suprieure aux feuxde forge les plus violents et un froid bien plus considrable

    que les froids des ples les plus intenses. Cette exprience4

  • 50

    est certainement une des plus curieuses de la physique mo-derne.

    Le protoxyde d'azote peut tre liqufi de deux faons :

    par la pression et par le froid. A la temprature de 15 degrsau-dessus de 0, une pression de 50 atmosphres, c'est--direune pression gale au poids d'une colonne d'eau 6 7 fois

    plus haute que le Panthon, est ncessaire pour le liqufier.A une temprature de 110" au-dessous de 0, il se liqufiesous la pression de l'atmosphre.

    Pour obtenir une temprature suffisamment basse pourliqufier le protoxyde d'azote sans pression, il suffit de pla^cer ce corps dans un tube entour d'un mlange d'acide

    carbonique solide et d'ther qu'on place dans le vide. Lefroid produit est si intense que non-seulement le protoxyded'azote se liqufie, mais encore qu'il se solidifie. Dans cet

    tat, il se prsente sous forme d'un beau corps cristallinincolore.

    Si jamais le protoxyde d'azote liquide pouvait devenird'un usage gnral, il est vident que c'est par le froid obtenuau moyen de l'acide carbonique et non par la pression qu'onpourrait l'obtenir conomiquement.

    La prparation de l'acide carbonique liquide n'exige aucuntravail mcanique et est peu coteuse. Pour obtenir ce corps l'tat liquide, il suffit, comme on sait, de faire dgagerune grande quantit d'acide carbonique clans un espace res-

    treint, tandis que le protoxyde d'azote, pour tre liqufi,

    exige un travail considrable. Nous avons vu plus haut qu'ilfallait 4,000 coups de piston pour obtenir un quart de litrede protoxyde avec l'appareil Natterer.

  • 51

    Eu nous basant sur ce qui prcde, nous croyons pouvoirtablir les conclusions suivantes :

    1 La liqufaction, du protoxyde d'azote est une oprationtrs-coteuse et qui ne peut tre pratique que par un op-rateur trs-exerc ;

    2 La conservation du protoxyde liquide prsente de s-rieux dangers. Un vase ferm, plein de protoxyde liquide,est un vritable obus qui peut clater si on lve sa temp-rature.

  • CHAPITRE VII,

    PICES JUSTIFICATIVES.

    4 Opinions de la presse sur le protoxyde d'azote.

    On s'occupe beaucoup, depuis quelque temps, d'un nou-vel agent anesthsique dou de proprits trs-curieuses, et

    qui, dans certaines circonstances, pourrait peut-tre rempla-cer avec avantage l'ther et le chloroforme.

    (( Le compos dont il s'agit est le protoxyde d'azote, aussinomm gaz hilarant, en raison du pouvoir qu'il possde de

    provoquer le rire chez ceux qui le respirent.(( Humphry Davy, clbre chimiste anglais, dcouvrit en

    1799 que le protoxyde d'azote, respir pur, produit des sen-

    sations extrmement agrables. La premire fois qu'il en fit

    usage, il prouva, aprs en avoir respir quelques litres, une

    impression de plaisir trs-vive. Une suite de fraches et

    rapides images passaient devant ses yeux. Elles se liaient des mots inconnus et prenaient des perceptions toutes nou-velles pour lui. En s'veillant il s'cria : L'univers n'est

    compos que d'ides, d'impressions de plaisir et de souf-frances. Pendant plusieurs minutes, il. fut en proie unehilarit trs-vive.

  • 53

    Les effets produits par le protoxyde d'azote nous ont

    paru se rapprocher de ceux produits par le hachisch. En

    proie aux hallucinations les plus tranges, vous errez dansle pays des rves. De gracieuses visions s'agitent devant vosyeux, elles se transforment et disparaissent bientt dans des

    paysages tout brillants de couleur et o le soleil jette despluies d'or.

    Davy avait cru remarquer que le gaz hilarant tait un

    calmant, et il crivit qu'on pourrait peut-tre l'utiliser pourapaiser la douleur pendant les oprations chirurgicales; mais

    personne ne songea alors vrifier son hypothse.

    (( Quelques annes avant la dcouverte de l'thrisation,un chirurgien amricain, Horace Wells, eut l'ide d'tudierles effets du protoxyde d'azote. Il se fit extraire une dent

    aprs l'avoir respir et n'prouva aucune douleur. La mme

    exprience, rpte sur une douzaine de personnes, donnales mmes rsultats. Le secret d'abolir la douleur, cherch

    pendant tant de sicles, tait enfin trouv ! Justement fier desa dcouverte, Wells voulut rpter une exprience en public.Mal dispose, elle choua, et les assistants sifflrent l'inven-

    teur, qui se retira profondment attrist et renona l'exer-cice de sa profession.

    Deux ans aprs, l'thrisation tait dcouverte. Wells

    passa en Europe pour faire connatre les proprits du pro-

    toxyde d'azote. Partout il fut conduit. A bout de ressources,il lutta pendant quelque temps contre la misre. Bientt,

    l'avenir lui parut si sombre-, qu'il rsolut de se suicider. Sa

    fin fut profondment triste ; il s'ouvrit les veines et s'anes-

  • o4

    thsia, afin de mourir sans souffrances. Ce fut le seul bn-fice qu'il retira de son invention.

    Ainsi prit, vaincu par le sort, l'auteur d'une dcou-verte dclare impossible par le plus grand des mdecins de

    l'antiquit et par un des plus illustres chirurgiens modernes.C'tait un homme suprieur, mais il ne sut pas lutter contrela mdiocrit et l'envie.

    Wells mort, sa dcouverte resta plus de 20 ans dansl'oubli. L'ther et le chloroforme suffisaient tous les be-

    soins, et l'on ne s'occupait gure des autres anesthsiqlies.11 y a environ deux ans, quelques chirurgiens amricainseurent l'ide de rpter ses expriences. Ils reconnurent quel'infortun inventeur a\ ait eu raison, et que le protoxyded'azote tait un excellent anesthsique, utile surtout pour les

    oprations de courte dure. M. Prterre, dentiste distingu de Paris, qui tudiait

    depuis quelque temps l'action du gaz hilarant sur les ani-

    maux, me pria, il y a deux mois, d'assister une expriencequ'il avait l'intention d'excuter. Deux dents furent extraitesen ma prsence une jeune dame extrmement nerveuse,pralablement soumise pendant quelques secondes l'action

    du gaz. En se rveillant, elle se mit rire et me dclaran'avoir rien senti. Une exprience analogue, rpte le len-

    demain, donna les mmes rsultats^ Je crus alors devoir appeler l'attention des mdecins sur

    le protoxyde d'azote, et je-publiai dans un journal de mde-cine un article sur' ses proprits. Tous ls chirurgiens deParis voulurent l'exprimenter. M. Prterre eut l'obligeancede se mettre leur disposition, et des expriences furent

  • 55

    .entreprises dans les hpitaux de Paris. MM. Dolbeau et Mai-

    sonneuve, l'Htel-Dieu ; Velpeau, la Charit ; Broca,

    Saint-Antoine; Gurin, Saint-Louis, etc., pratiqurentdes oprations sur des malades endormis-avec le protoxyded'azote; tous dclarrent n'avoir ressenti aucune douleur.

    Nous avons assist la plupart des oprations excutessous l'influence du protoxyde d'azote, et nous avons respirce gaz une douzaine de fois afin de bien connatre ses effets.Voici ce que nous avons observ :

    Aprs quelques inspirations, le patient ressent l'extr-mit des membres infrieurs un fourmillement qui gagnerapidement les mains, et il entend ce bruit particulier queconnaissent tous ceux qui ont tudi sur eux-mmes l'actionde l'ther et du chloroforme; bientt sa respiration s'acclreet le pouls s'lve considrablement. Si l'anesthsie n'est paspousse trop loin, il ne perd pas compltement connaissance,mais il perd la sensibilit et le pouvoir d'excuter des mouve-ments. Une malade que nous avions conduite chez M. Broca,pour qu'il l'oprt d'un kyste synovial de la face dorsale du

    poignet, nous a racont son rveil qu'elle avait entendu le

    chirurgien dire : La sensibilit a disparu. Malgr tous sesefforts pour exprimer par des mouvements qu'elle n'tait pasendormie, il lui fut impossible de remuer la main, Elle s'a-

    perut trs-bien qu'on enfonait le bistouri clans les chairs,mais ne ressentit aucune douleur. En se rveillant, elle fut

    prise d'clats de rire qui durrent plusieurs minutes ; la facetait anime, les yeux brillants, et la malade, que nous avonsrevue le lendemain, nous a dit avoir t toute la journe dansune disposition d'esprit excellente.

  • . 56

    Ce fait de la perle de la sensibilit et du mouvementavec conservation de l'intelligence est extrmement curieux.Afin de l'tudier, nous avons respir le gaz plusieurs re-

    prises, en chargeant une personne place auprs de nous, denous pincer vigoureusement. Aprs quelques inspirations,nous nous apercevions parfaitement qu'on nous pinait ;mais, malgr le dsir de retirer le membre pinc, il nous taitabsolument impossible d'excuter le moindre mouvement.Nous avons respir des quantits considrables de protoxyded'azote, sans pouvoir russir perdre compltement connais-

    sance; cependant, nous avons vu des malades qui nous di-

    saient, au rveil, ne pas avoir eu conscience de ce qui s'tait

    pass. Au moment o le patient se rveille, il est gnrale-ment pris de violents accs de rire : c'est cette proprit de

    provoquer l'hilarit qui avait fait donner au protoxyde d'azotele nom de gaz hilarant par Davy. Les personnes qui ont respirde l'ther ou du chloroforme ont, tout le reste de la journe,un mal de tte intense accompagn de pesanteur dans les

    jambes. Bien de semblable avec le protoxyde d'azote; aprsle rveil, on n'est jamais incommod; l'intelligence, au con-traire, semble plus vive, les ides sont toujours gaies, et lesujet reste dans une disposition d'esprit excellente.

    Dr Gustave LE BON.

    {Vvnement, 1er aot 1866.)'

    .

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    Les effets de ce nouvel agent anesthsique nous ont parumriter de fixer l'attention des praticiens.

    Il s'agissait de jeunes filles de douze treize ans, dontla dentition irrgulire exigeait l'extraction de deux petitesmolaires saines l'une, et d'une petite molaire, galementsaine, l'autre.

    La jeune fille de douze ans avait une apprhension af-freuse de l'opration, et depuis deux heures se trouvait dansun tat nerveux des plus pnibles. Enfin on put obtenir

    qu'elle se plat clans le fauteuil et qu'on lui mt entre lesmchoires un petit coin pour maintenir la bouche ouverte.L'aide de l'oprateur lui plaa alors devant la bouche et lenez l'extrmit largie d'un tuyau en caoutchouc, qui cou-vrait compltement les ouvertures du nez et de la bouche ;il maintint cette embouchure applique contre le visage etouvrit en mme temps le robinet du gaz.

    A peu prs un mtre de l'extrmit du tuyau, je visadhrer ce tuyau, par un de leurs bords, deux feuillets decaoutchouc rapprochs l'un de l'autre .par les deux cts, maisformant une poche ouverte par les bords opposs au ctadhrent au tube. C'tait une soupape. Une seconde soupapedevait exister dans l'intrieur du tuyau. A chaque inspirationles deux feuillets de caoutchouc se rapprochaient l'un de

    l'autre ; la soupape intrieure devait s'ouvrir et le gaz tait,

    inspir. A chaque, expiration la soupape intrieure devait se

    fermer; on voyait le sac en' caoutchouc se gonfler et les deux

    bords libres s'ouvrir pour donner passage au produit de la

    respiration. Par cet ingnieux procd l'inspiration se fait

  • - 58

    toujours avec le gaz seul, qui n'est jamais altr par l'air querejettent les patients.

    Quand la petite fille inspira le gaz, elle fit quelquesefforts pour dgager sa bouche; c'tait videmment un effetde la frayeur. Trois ou quatre.fortes inspirations, ramenrentle calme, et aprs 30 ou 40 secondes, au plus, l'anesthsietait complte. M. Prterre "enlve la dent, et l'enfant estencore sans connaissance ; mais la respiration sefait immdia-

    '

    tement, et quelques petites tapes sur les joues dissipent cesommeil paisible. L'enfant semble contrarie d'tre rveille.Ce rveil n'est accompagn d'aucun malaise, d'aucune fati-

    gue : Je n'ai absolument rien senti, telle est la rponsedes deux jeunes filles, qui ont t opres l'une aprs l'autre.

    Nous avons t frapp de la rapidit d'action de ce gaz,et plus encore de l'absence complte de tout phnomne p-nible, ainsi que du retour immdiat et facile de la respirationnormale, aussitt qu'ont cess les inspirations du gaz, enfinde l'tat de bien-tre complet qui suit cette opration.

    Nous n'avons observ ni cette gaiet ni cette exaltationcharmante qu'prouvait Humphry Davy quand il respirait ce

    gaz ; mais cela se comprend facilement. Ceux qui vont sefaireenlever une dent ont gnralement fait provision d'apprhen-sion plus ou moins grande, et leur esprit est peu tourn versles ides joyeuses. De plus, ici, on force les doses, on teinttoutes les sensations, et Davy humait le protoxyde d'azote son aise. Au reste, il avait lui-mme fait l'observation que ce

    gaz lui prcuraitdes sensations d'autant plus agrables qu'ilse trouvait, avant de le respirer, dans une meilleure disposi-tion d'esprit.

  • 59

    Nous n'avons pas vu non plus cette sorte d'ivresse quel'on observe aprs l'inhalation de l'ther ou du chloroforme.Ici rien de particulier; c'est l'tat naturel, et je ne suis pastonn ni qu'on puisse endormir plusieurs fois de suite, ni

    qu'on puisse respirer impunment ce gaz avant et pendantles repas, comme M. Prterre nous dit l'avoir fait avec plu-sieurs mdecins qui venaient l'exprimenter.

    Mais enfin comment ce gaz agit-il ? En nous, faisant cette

    question, nous nous rappelons involontairement les exp-riences qui se font chaque jour en Italie, la fameuse grottedu Chien, o se trouve en permanence une couche infrieurede 30 40 centimtres d'acide carbonique qui agit sur leschiens et les personnes couches, et nullement sur les per-sonnes restes debout. Tous ceux qui ont visit ce pays se

    rappellent que, lorsque l'on seprsente pour voir la grotte, le

    gardien s'empresse d'appeler son chien; quelquefois cet ani-mal est occup faire son repas : l'habitude de la soumissionlui fait tout quitter pour suivre son matre, et, quoiqu'il sachece qui l'attend, il ne se fait pas prier. Le gardien prend lechien entre ses bras, et, dans la grotte, il dpose son chien terre. Au bout de quelques secondes l'animal tombe sans

    connaissance; le"matre suit alors avec attention les progrsde l'asphyxie. Quand les voyageurs, en ont assez et deman-dent grce, il reprend son chien dans ses bras, et l'animalrevient immdiatement la vie, un second et un troisimeacte semblables au premier ont lieu; le pauvre patient revientainsi successivement du sommeil la vie, et de la joie auxapparences de la mort.

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    aprs, une rcompense de son matre; puis il revient lamaison continuer son repas, et il fait ce mtier chaque jour,plusieurs fois par jour depuis nombre d'annes, et toujourssans rpugnance.

    Si le protoxyde d'azote se trouvait dans la nature, nouscroirions volontiers que la grotte du Chien contient du pro-toxyde d'azote. Evidemment, d'aprs ce que nous avons vu,il y a l des phnomnes analogues.

    Lors de la communication faite l'Institut par M. Pr-

    terre, plusieurs membres dclarrent ce gaz inoffensif;d'autres citrent d'anciennes expriences pour en prouverles dangers. M. Dumas explique cette divergence d'opinionen disant que ce gaz, l'tat de puret, avait bien les effetsinoffensifs remarquables signals par Davy, mais que, mal

    prpar, et l'tat impur, quand il contient du chlore, ou

    quand il passe l'tat de deutoxyde, il peut amener des acci-dents.

    Nous avions t rassur par avance par M. Prterre,qui nous avait montr le laboratoire o se fabrique ce gaz,et les moyens qu'il a pris pour avoir constamment et avec,certitude du gaz parfaitement pur, et s'assurer, en un instant,si le gaz fabriqu est pur ou non. Il nous "a indiqu, entre

    autres, une particularit : c'est que le gaz est meilleur aprsdouze vingt-quatre heures de fabrication, et qu'il le fabriquechaque jour pour le lendemain.

    Le gaz protoxyde d'azote dtrnera-t-il l'ther et Jechlo-roforme dans la pratique habituelle de la chirurgie? C'estfort douteux. Mais nous croyons qu'il leur est prfrablepour les extractions de dents, pour les oprations courtes,

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    mais trs-douloureuses, de la" chirurgie. M. Prterre se sert

    journellement du protoxyde d'azote pour toutes les opra-tions douloureuses, et il ne lui est survenu, jusqu' ce jour,aucun accident. Le protoxyde d'azote, nous en sommes con-

    vaincu, fera tt ou tard son entre dans tous les hpitaux.

    MARTIN-LAUZER.

    Revue de thrap. mdico-chirurg., 15 mai 1867.)

    (( En 1864, plusieurs mdecins amricains et notammentM. A. Prterre, de New-York, frre de M. Prterre de Paris,ont expriment de nouveau le protoxyde d'azote, et reconnu

    ainsi'que .ce gaz est un anesthsique prcieux. Ce fait a t

    tabli avec uue certitude incontestable. M. Prterre de Paris a rpt ces expriences en 1866.

    11arracha six dents ou racines une jeune dame extrme-ment nerveuse, qu'il avait place sous l'influence du protoxyded'azote. L'opration fut si peu douloureuse, qu' son rveil la

    patiente priait l'oprateur-de commencer bien vite. Depuis ce

    premier essai, M. Prterre a fait dans sa clientle de nom-breuses applications de ce gaz.

    L'anesthsie par le protoxyde d'azote se produit aprsune ou deux minutes d'inspiration ; elle dure de 30 50

    secon