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Préparation à la vie autonome et insertion socioprofessionnelle des jeunes pris en charge par l’État : quelles interventions ? Martin Goyette Résumés Français English Español Les adolescents qui entrent dans la vie adulte après un séjour prolongé dans un milieu substitut sont particulièrement vulnérables du fait de leur déficit aux plans de la scolarisation, de l’employabilité et des habiletés de la vie quotidienne en général, d’un manque de préparation à la vie autonome et d’un déficit de liens sociaux. Les pronostics sont souvent sombres quant à leur insertion sociale et professionnelle. Pour corriger cette situation, divers programmes d’intervention visant à développer leur autonomie et leur auto-suffisance (self sufficency) sont mis en place. Il s’agit dans ce texte de faire un état de la situation des services offerts aux jeunes pris en charge par l’État au Québec pour discuter des avenues les plus prometteuses afin de mieux soutenir le passage à la vie adulte de ces jeunes. Preparation to independent living and socio-professional inclusion of youth under State care : what ways ? Youth who have lived in residential or foster care for a long period of time are confronted with many obstacles when entering adult life, particularly regarding their professional and social integration. In order to redress this situation, different programs are put in place to help youth develop their autonomy or self sufficiency. Based on an exploratory research, this article suggests that the way the transition to adult life of youth having lived in a substitute environment has been conceptualized should be reconsidered in life skills and the independent living programs. It is therefore recommended to envision the youth as an interdependent subject of its community by having the intervention programs aiming at their social and professional integration focused on social relationships and social networks. Preparacion a la vida autonoma y a la intégracion socioprofesional de jovenes a cargo del Estado : que tipo de intervencion ? Los adolecentes que entran en la vida adulta, despues de un largo periodo en un medio ambiente de internado educativo, son particularmente vulnerables, debido a sus deficiciencias en los aspectos tanto escolares, del empleo como de habilidades en la vida cotidiana en general, debido a un deficit de preparacion a la autonomia y a la escasez de lazos sociales. Los pronosticos son casi siempre oscuros en cuanto a la integracion social

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Préparation à la vie autonome et insertion

socioprofessionnelle des jeunes pris en

charge par l’État : quelles interventions ?

Martin Goyette

Résumés

Français English Español

Les adolescents qui entrent dans la vie adulte après un séjour prolongé dans un milieu

substitut sont particulièrement vulnérables du fait de leur déficit aux plans de la

scolarisation, de l’employabilité et des habiletés de la vie quotidienne en général, d’un

manque de préparation à la vie autonome et d’un déficit de liens sociaux. Les pronostics

sont souvent sombres quant à leur insertion sociale et professionnelle. Pour corriger cette

situation, divers programmes d’intervention visant à développer leur autonomie et leur

auto-suffisance (self sufficency) sont mis en place. Il s’agit dans ce texte de faire un état

de la situation des services offerts aux jeunes pris en charge par l’État au Québec pour

discuter des avenues les plus prometteuses afin de mieux soutenir le passage à la vie

adulte de ces jeunes.

Preparation to independent living and socio-professional inclusion of youth under

State care : what ways ?

Youth who have lived in residential or foster care for a long period of time are confronted

with many obstacles when entering adult life, particularly regarding their professional

and social integration. In order to redress this situation, different programs are put in

place to help youth develop their autonomy or self sufficiency. Based on an exploratory

research, this article suggests that the way the transition to adult life of youth having lived

in a substitute environment has been conceptualized should be reconsidered in life skills

and the independent living programs. It is therefore recommended to envision the youth

as an interdependent subject of its community by having the intervention programs

aiming at their social and professional integration focused on social relationships and

social networks.

Preparacion a la vida autonoma y a la intégracion socioprofesional de jovenes a

cargo del Estado : que tipo de intervencion ?

Los adolecentes que entran en la vida adulta, despues de un largo periodo en un medio

ambiente de internado educativo, son particularmente vulnerables, debido a sus

deficiciencias en los aspectos tanto escolares, del empleo como de habilidades en la vida

cotidiana en general, debido a un deficit de preparacion a la autonomia y a la escasez de

lazos sociales. Los pronosticos son casi siempre oscuros en cuanto a la integracion social

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y profesional. Para corregir esta situacion, diversos programas de intervencion tendientes

a desarrollar la auto suficiencia (self sufficency) son realizados. Se trata de hacer un

balance de la realidad actual de los diferentes servicios dirigidos hacia los jovenes, que

son seguidos por el Estado de Québec, pudiendo asi discutir sobre las posibles pistas, las

mas interesantes, para lograr mejor intervenir y apoyar el paso hacia la vida adulta de

esos jovenes.

Signaler ce document

1 ACJQ, Mémoire de l'Association des centres jeunesse du Québec à la

commission parlementaire des(...)

2 Varda Mann-Feder et Thrish White, « Investing in Terminaison : Intervening

with youth in the transi(...)

1Ces dernières années, plusieurs recherches ont mis en lumière les difficultés d’insertion

socioprofessionnelle des jeunes. Pour les jeunes qui quittent un milieu substitut à leur

majorité, cette insertion paraît encore plus difficile en raison de leurs difficultés

psychosociales et de santé, de leur manque de soutien et de préparation à la vie autonome

et des exigences du marché de l'emploi. Bien que ces jeunes possèdent des compétences

et des ressources pour vivre cette transition difficile, plusieurs d’entre eux se retrouvent

dans une situation de « dépendance » à l’égard des services publics lors de leur entrée

dans la vie adulte1. Or, bien qu’il soit reconnu que les jeunes placés rencontrent des

difficultés d’insertion, au Québec et au Canada, peu d’organismes ont tenté de relever le

défi d’une intervention soutenue, visant la réalisation de leur insertion

socioprofessionnelle. Ainsi, dans la dernière décennie, seules quelques recherches ont

porté sur ces programmes2.

3 ACJQ, rapport d'activités 2003-2004, Montréal, Association des centres

jeunesse du Québec, 2004(...)

4 Edmund V. Mech, 2000, op. cit. ; Kimberly A. Nollan et A. Chris Downs,

Preparing Youth for Long-Ter(...)

5 Comité aviseur de Solidarité Jeunesse, Rapport du comité aviseur de Solidarité

Jeunesse. Bilan de l(...)

2Au Québec, les « centres jeunesse » ont pour mandat prioritaire l’application de la Loi

sur la protection de la jeunesse, la Loi sur les jeunes contrevenants et la Loi sur les

services de santé et les services sociaux. Les seize centres jeunesse du Québec donnent

des services à quelque 100 000 enfants, jeunes et familles en difficulté chaque année.

Plus de 27 000 jeunes sont ainsi placés hors de leur foyer « naturel » – d’où l’appellation

placement en milieu substitut – principalement dans des familles d'accueil mais aussi

dans des ressources de réadaptation comme des internats (centres de réadaptation) ou des

foyers de groupe3. Les jeunes qui forment la clientèle des centres jeunesse constituent un

groupe particulièrement vulnérable aux aléas de l’insertion socioprofessionnelle. La

situation est encore plus périlleuse pour ceux qui quittent un milieu substitut à leur

majorité et se retrouvent souvent seuls4 pour faire face non seulement aux barrières

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structurelles rencontrées par l’ensemble des jeunes, mais aussi aux difficultés

personnelles, familiales et sociales5 liées à leurs trajectoires antérieures.

6 Groupe de travail sur la politique de placement en milieu familial (rapport

Cloutier), Familles d&#(...)

7 CPJ, Les jeunes en centres jeunesse prennent la parole!, Québec, Conseil

permanent de la jeunesse,(...)

3Au Québec, les besoins particuliers de ces jeunes sont soulignés dans le rapport

Cloutier6. Les auteurs recommandent de « mettre en branle un processus de formation

pratique en vue de la vie autonome » pour « chaque jeune de 16 ans et plus placé à

moyen et long terme » afin de « favoriser la réussite de la transition vers l’âge adulte ».

De plus, ils soulignent « qu’un programme de soutien transitoire des jeunes adultes [doit

être] rendu accessible [pour les jeunes de 17 ans] et maintenu jusqu’à l’âge de 21 ans ».

Enfin, le Conseil permanent de la jeunesse7 recommandait en août 2004, d’intégrer dans

les activités régulières du centre jeunesse des interventions visant la préparation à la vie

autonome ; de poursuivre l’expérimentation de nouvelles interventions visant

l’autonomie des jeunes et les recherches sur cette problématique ; de maintenir le soutien

des jeunes qui quittent le milieu substitut au-delà de la majorité ; et de développer des

mesures d’hébergement mixte pour faciliter l’insertion résidentielle des jeunes des

centres jeunesse.

4Qu’en est-il de ces pratiques ayant pour objectif la préparation à la vie autonome et

l’insertion des jeunes qui ont été placés dans une structure de placement des centres

jeunesse au Québec ? Cet article se propose de rendre compte de plusieurs interventions

développées dans ces milieux substituts pour préparer les jeunes à leur insertion

professionnelle et à une vie autonome, en s’intéressant à la manière dont est conçu ce

soutien et aux différents dispositifs mis en place.

5Après avoir précisé les enjeux entourant la question de l’insertion des jeunes quittant un

milieu substitut, nous dresserons le portrait de ces pratiques, pour enfin revenir sur celles

qui paraissent les plus susceptibles d’assurer le soutien nécessaire à la transition de ces

jeunes.

L’insertion des jeunes quittant un milieu

substitut

6Les interventions visant la préparation à la vie autonome et l’insertion sociale et

professionnelle des jeunes en milieu substitut sont issues de deux courants de

connaissance distincts mais complémentaires.

8 Yao Assogba, Insertion des jeunes, organisation communautaire et société.

L'expérience fondatri(...)

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9 Christine Jaminon, « Regards sociologiques », in Gérard Liénard, L'insertion :

défi pour l'(...)

10 Robert Castel, op. cit. ; Christine Jaminon, op. cit.

11 Marc Molgat, op. cit.

12 Chantal Nicole-Drancourt et Laurence Roulleau-Berger, L'insertion des jeunes

en France, Paris, (...)

7Premièrement, le concept d’insertion est relativement récent dans la tradition

scientifique. Il a en quelque sorte remplacé la notion d’intégration issue des écrits de la

sociologie des pères fondateurs en la diluant8. L’insertion est ainsi apparue, en France

puis au Québec, dans les années soixante et soixante-dix, d’abord pour désigner le

processus d’adéquation entre les jeunes qui sortent de l’école et le marché du travail9.

Dans le contexte de l’augmentation du chômage, l’insertion désigne ensuite, la «

régulation fonctionnelle » des jeunes et des « inutiles au monde10 ». L’insertion remplace

ainsi l’intégration dans un contexte d’évolution du marché du travail et de modification

de l’entrée des jeunes dans la vie adulte11. Ce concept concerne d’abord la sphère

professionnelle, l’intégration au marché du travail étant au cœur des analyses. Il touche

également d’autres sphères puisque, depuis la fin des années quatre-vingt, l’insertion

sociale est considérée comme préalable à l’insertion professionnelle12. L’insertion doit

être également envisagée de manière multidimensionnelle.

13 Alfreda P. Iglehart, « Readiness For Independence : Comparison of Foster

Care, Kinship Care, and No(...)

14 Nan Dale, « What Works in Employment Programs for Youth in Out-of-Home

Care », in Miriam P. Kluger,(...)

8Deuxièmement, constatant chez les jeunes pris en charge par les structures résidentielles

un déficit d’autonomie, on a développé de manière importante des programmes de

préparation à la vie autonome (independent living programs) dans les années quatre-vingt

aux États-Unis13. Ce développement s’est accentué davantage avec l’adoption du Chafee

Foster Care Act de 1999, qui oblige chaque État à déployer des programmes

multidimensionnels de qualification et de préparation à la vie autonome, dont les

objectifs sont d’ajouter aux interventions curatives orientées vers le passé de ces jeunes

une intervention orientée vers leur futur14.

9Ainsi, les changements structuraux provoqués par les différentes crises économiques, la

mondialisation et la globalisation des marchés, ainsi que l’avènement de nouvelles

technologies, sont venus largement modifier les conditions et la nature des emplois dans

les pays industrialisés. Dans ce contexte général, les écrits sur l’insertion, comme ceux

sur les pratiques visant l’autonomie des jeunes pris en charge, se rejoignent sur la

nécessité de mieux soutenir le passage à la vie adulte des jeunes.

15 Martin Goyette, Réseaux sociaux, soutiens et supports dans le passage à la vie

adulte : le cas de j(...)

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10L’évolution démographique au Québec, caractérisée par le vieillissement de la

population, devrait créer une modification graduelle de la demande de main-d'oeuvre au

cours des prochaines années, celle-ci menant à une réduction attendue du taux de

chômage des jeunes et même à une pénurie de main-d'œuvre dans certains domaines. Il

semble toutefois que les personnes peu scolarisées continueront d'avoir de la difficulté à

s'insérer sur le marché du travail15.

16 Yao Assogba, op. cit. ; Martin Goyette, op. cit. ; Claude Trottier, «

Questionnement sur l'inse(...)

11Dès lors, la question de l’insertion socioprofessionnelle constitue souvent la clé qui

distingue – en fonction de la scolarisation, du genre, du lieu d’habitation mais aussi du

contexte familial et social – un jeune qui réussit son entrée dans le monde adulte d’un

jeune qui échoue en se retrouvant dans la catégorie des « sans emploi »16. Les difficultés

rencontrées dans les transitions vers une vie adulte autonome n’affectent pas tous les

jeunes de la même façon car de multiples facteurs influencent la nature de ces dernières.

En effet, l’insertion socioprofessionnelle est un processus long et complexe, dont les

différentes trajectoires se diversifient selon trois types de variables qu’il n’est pas facile

de hiérarchiser : les caractéristiques individuelles (sexe, âge, nationalité, origine sociale,

statut professionnel des parents, évènements marquants vécus dans l’enfance, modèles

familiaux et projets parentaux, appartenance à des réseaux, attitudes et stratégies

d’insertion), la préparation à l’insertion (spécialité, diplôme, parcours, orientation) et les

facteurs structurels propres au contexte dans lequel le jeune adulte veut s’insérer

(politiques des entreprises, contexte socio-économique local, réseaux d’accès à l’emploi,

organismes d’intervention en insertion auprès de la jeunesse).

17 Nina Biehal et Jim Wade, « Looking Back, Looking Forward : Care Leavers,

Families and Change », Chi(...)

18 Nikolas Ducharme et Frederico Fonseca, « La recherche-action Solidarité

Jeunesse : l'amorce d&#(...)

12Les caractéristiques individuelles des jeunes dont il va être question ici, comme celles

de leur formation et des structures d’intervention dans lesquelles ils sont placés, les

éloignent plus qu’elles ne les rapprochent du marché du travail. Ainsi, pour la plupart

d’entre eux, la « fin » de la prise en charge par le centre jeunesse signifie un passage

brutal à la vie autonome, alors qu’ils y sont peu préparés17. Ils sont contraints en général

de vivre ce passage plus rapidement que les autres avec, d’un côté, un héritage de

difficultés économiques, sociales et psychologiques et, de l’autre, une absence de soutien

adéquat. D’ailleurs, l’étude des caractéristiques des jeunes adultes nouveaux demandeurs

d’aide sociale montre que beaucoup d’entre eux ont connu des placements dans des

milieux substituts, durant leur enfance et adolescence18.

13S’intéresser à l’insertion des jeunes qui quittent un milieu substitut exige donc de

mieux comprendre ce passage vers la vie autonome, en analysant les difficultés de ces

jeunes et les soutiens dont ils peuvent bénéficier.

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Les difficultés des jeunes en milieu substitut

14De manière générale, de nombreuses recherches témoignent des difficultés rencontrées

par les jeunes hébergés en milieu substitut, tant dans leur parcours scolaire qu’au sein de

leur milieu familial, et ces difficultés peuvent rendre plus complexe leur insertion. Ces

jeunes ont, en moyenne, deux ans de retard dans leur cheminement scolaire en raison de

plusieurs ruptures19. En outre, ils ont généralement vécu des problèmes familiaux

importants20. Pour Milne21 ainsi que Mallon22, ces jeunes ont souvent souffert de

troubles de l'attachement. Cela aurait pour conséquence d’atteindre leur sentiment de

confiance et de sécurité, et de laisser place à la peur et à l’anxiété face à la transition vers

la vie adulte.

19 ACJQ, 2002, op. cit. ; Cheryl Milne, op. cit.

20 Edmund V. Mech, 1994, op. cit.

21 Cheryl Milne, op. cit.

22 Gerald P. Mallon, « After Care, then Where ? Outcomes of an Independent

living Program », Child Wel(...)

23 Cheryl Milne, op. cit.

24 Anthony N. Maluccio, Robin Krieger et Barbara Pine, « Adolescents and Their

Preparation for Life Af(...)

25 Anthony N. Maluccio, Robin Krieger et Barbara Pine, op. cit. ; France Nadeau,

op. cit.

15Cependant, au-delà du cadre général de ces difficultés, il importe de mentionner que

l’anxiété associée à la transition peut-être vécue différemment, en raison du parcours de

placement du jeune23. Ainsi, Maluccio et al.24, identifient trois types de trajectoire qui

différent sous plusieurs aspects : 1) les adolescents placés précocement mais dont le

placement a été stable ; 2) les adolescents placés précocement mais dont l'histoire est

marquée par de nombreuses ruptures et de la discontinuité ; et 3) les adolescents dont le

premier placement a eu lieu au cours de l'adolescence. Pour ces derniers, la réinsertion

sociale pose généralement moins de difficultés majeures mais, pour les deux autres

groupes, le changement s'avère souvent difficile puisqu’il signifie en fait de quitter la

seule famille stable connue par le jeune25.

26 Diana J. English, Sophia Kouidou-Giles et Martin Plocke, « Readiness of

independence : A study of y(...)

16Dans la même veine, certaines recherches mettent en avant que le haut taux de

roulement des intervenants dans le système de protection, et le manque de continuité en

général, nuisent au lien de confiance entre le jeune et son intervenant et favorisent ainsi

l'échec des efforts de rééducation26. Cette discontinuité est perceptible, d'une part, au

niveau des acteurs internes du milieu substitut et, d'autre part, au niveau des intervenants

des centres jeunesse et des organisations du milieu. Une autre discontinuité des services

est associée aux difficultés de collaboration entre les services sociaux de la jeunesse qui

prennent fin à la majorité légale, et les services aux adultes.

Page 7: Préparation à la vie autonome et insertion socioprofessionnelle des jeunes pris en charge par l’État : quelles …crevaj.ca/wp-content/uploads/2015/08/preparation_vie_autonome.pdf ·

27 Cheryl Milne, op. cit.

28 Anthony N. Maluccio, Robin Krieger et Barbara Pine, op. cit.

17Ainsi, la question des difficultés des jeunes dans leur transition s’inscrit tout

particulièrement dans le manque de liens significatifs avec des personnes adultes, durant

leur placement et ensuite. Pour Milne27, l'absence de liens stables avec des adultes

contribue à réduire les modèles positifs de ces jeunes, ce qui nuit au développement des «

habiletés de vie » (life skills) qui représentent les compétences requises pour bien jouer

son rôle social. Ces compétences sont de deux ordres28: « les habiletés tangibles » (hard

skills), qui réfèrent à des aspects de la gestion de la vie quotidienne (faire ses courses,

chercher du travail et rédiger un curriculum vitae, etc.), et les habiletés intangibles (soft

skills), qui sont liées à la communication et à l’expression des émotions (gestion de la

colère, estime de soi, prise de décision, etc.).

29 Marian Bussey et al., Transition from Foster Care : A State-by-State Data

Base Overview, Seattle, C(...)

30 Nina Biehal, Jasmine Clayden, Mike Stein et Jim Wade, « Leaving Care in

England : A Research Perspe(...)

31 Marian Bussey et al, op. cit. ; Lloyd Owen et al., Pathways to interdependence

and independence : t(...)

32 Amy J. L. Baker, David Olson et Carolyn Mincer, The Way to Work. An

Independent Living/Aftercare Pr(...)

33 Fay E. Martin et Teresa Palmer, op. cit.

34 Marian Bussey et al, op. cit. ; Lloyd Owen et al, op. cit.

18L’ensemble de ces difficultés, connues avant et durant la prise en charge en milieu

substitut, peut expliquer en partie les diverses problématiques que ces jeunes vivent au

début de la vie adulte. Ainsi, une équipe de chercheurs américains a constaté que les

jeunes placés dans une ressource d’hébergement, lorsqu’ils atteignent la majorité et

effectuent le passage à la vie adulte autonome, sont plus souvent arrêtés et incarcérés,

moins diplômés, ont une vie conjugale plus instable et divorcent plus fréquemment29.

Ces jeunes sont également plus sujets à l’itinérance30, ont plus de problèmes de santé

physique et mentale, font plus d’abus de drogue et connaissent plus le chômage31.

Plusieurs de ces constats confirment les études de Baker32 pour les États-Unis et de

Martin et Palmer33 en Ontario au Canada, sur les difficultés de la transition vers la vie

adulte des jeunes placés en milieu substitut34.

Un soutien à l’insertion déficient

19Les difficultés d’insertion des jeunes ne doivent donc pas être seulement analysées à

partir de leurs difficultés personnelles face aux exigences du marché de l’emploi. Il est

nécessaire de s’intéresser au manque de soutien qui caractérise leur situation lors de la

transition vers la vie autonome. Ces soutiens sont de différents ordres : soutien matériel,

mais aussi relationnel.

35 Cheryl Milne, op. cit.

Page 8: Préparation à la vie autonome et insertion socioprofessionnelle des jeunes pris en charge par l’État : quelles …crevaj.ca/wp-content/uploads/2015/08/preparation_vie_autonome.pdf ·

36 Nina Biehal, Jasmine Clayden, Mike Stein et Jim Wade, 1994, op. cit.

37 Nina Biehal, Jasmine Clayden, Mike Stein et Jim Wade, 1994, op. cit. ; Martin

Goyette, Portrait des(...)

20Pour Milne35, un soutien financier inadéquat, au moment de la transition vers

l'autonomie, peut représenter, à long terme, un coût important pour l’entourage et à

défaut pour l’État. Pour leur part, Biehal et al.36 mentionnent que le coût élevé de

l’immobilier des grandes zones urbaines diminue l’accessibilité aux loyers abordables,

mettant les jeunes sans soutien financier en danger de se retrouver dans des réseaux

marginaux, ce qui – d’un point de vue normatif – peut bloquer leur insertion. Et ce

d’autant plus que les restrictions apportées dans plusieurs régimes publics d'aide de

dernier recours exacerbent les difficultés à se trouver un logement convenable37.

38 Cheryl Milne, op. cit. ; Martin Goyette, Céline Bellot et Jean Panet-Raymond,

Le projet Solidarité(...)

39 Edmund V. Mech, 2000, op. cit.

21Devant l'importante charge financière que l'installation et le maintien en logement

représentent, certains jeunes quittant un milieu substitut peuvent changer leur projet de

vie, axé sur le retour à l'école, pour s'orienter vers des secteurs d'emploi exigeant peu de

qualifications, ce qui peut représenter un « terminus » où l'amélioration du niveau de vie

est difficile38. La précarité financière des jeunes en milieu substitut est clairement

démontrée dans l’étude de Mech et Fung39 portant sur une population de jeunes ayant

quitté leur placement à 18 ans : seul un sur dix pouvait atteindre l’autonomie financière à

l’âge de 21 ans, et moins de 20 % pouvaient vivre sans soutien.

40 Ronald Barth, « On their own : The experience of youth after foster care »,

Child and Adolescent So(...)

41 Martin Goyette et Daniel Turcotte, « La transition vers la vie adulte des jeunes

qui ont vécu un pl(...)

42 Jennifer Propp, Debora M. Ortega et Forest NewHeart, op. cit. ; François de

Singly, « Penser autrem(...)

43 Martin Goyette et Daniel Turcotte, 2004, op. cit.

22Au-delà du soutien matériel, la plupart des jeunes qui quittent un milieu substitut ont

un réseau social limité, ou inadéquat du point de vue des acteurs ayant le mandat de les

aider, ce qui rend difficile leur transition vers l’âge adulte, notamment parce qu’ils sont

ou se perçoivent isolés. Dans cet esprit, certaines recherches considèrent que le soutien

social et les relations sociales intangibles sont incontournables et essentielles à la

transition des jeunes, dans la mesure où les risques d’isolement sont importants ; certains

jeunes sont déconnectés de nombreux soutiens lorsqu’ils quittent le milieu substitut et ils

sont mal préparés à établir de nouvelles relations40. De plus, Goyette et Turcotte41 ont

montré comment les programmes d’intervention visant l’autonomie fonctionnelle des

jeunes pris en charge par un milieu substitut, négligeaient souvent l’évaluation des

habiletés relationnelles, nécessaires à la transition. Considérant que, dans les sociétés

occidentales, la conception habituelle du passage à la vie adulte repose sur une vision

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normative du développement d’un individu, dans laquelle l’autonomie financière occupe

une place prépondérante comme but à atteindre42, les programmes d’intervention visent

très généralement cet accès à l’indépendance financière, et donc l’insertion

professionnelle avec parfois des objectifs concernant l’autonomie43.

44 Ibid.

23Par ailleurs, il est plus aisé de favoriser le développement de connaissances relatives

aux enjeux de la transition, par exemple : comment développer un curriculum vitae,

comment laver ses vêtements, que de développer des habiletés qui permettent d’entretenir

des relations sociales de soutien. Le processus d’insertion socioprofessionnelle exige

ainsi d’être en relation avec l’autre. Comme Goyette et Turcotte en ont fait état dans leurs

travaux, « pour recevoir du soutien de son entourage, il faut être en mesure de solliciter

de l’aide auprès de ce dernier, ce qui présume que cet entourage existe, se maintienne et

se développe44 ».

45 Mary Elizabeth Collins, « Transition to Adulthood for Vulnerable Youth : A

Review of Research and I(...)

24Dans cette dernière perspective, le soutien relationnel à la transition peut

principalement prendre trois formes : d’abord, celle du développement d’une relation

significative avec un intervenant du monde adulte, ce dernier facilitant ainsi le passage à

la vie adulte ; ensuite, celle d’une mise en relation du jeune avec les institutions et

associations du monde des adultes ; enfin, celle d’un appui au développement d’un réseau

personnel chez le jeune, afin qu’il parvienne à une interdépendance au travers de laquelle

seulement l’insertion s’actualise45.

Les pratiques de préparation à

l’autonomie et l’insertion

socioprofessionnelle

L’enquête sur les pratiques

25La première étape de notre démarche d’enquête voulait cibler divers « informateurs-

clés » qui ont développé - ou collaboré à - des interventions visant l’insertion des jeunes

des centres jeunesse. Ces personnes ont été identifiées par plusieurs dirigeants des centres

jeunesse du Québec, regroupés au sein d’un comité provincial. À partir d’un recensement

des programmes américains concernant l’independent living46, il a été possible de

suggérer à ces dirigeants une liste non limitative de pratiques que nous tentions de

recenser dans leur établissement47. Ainsi, à titre indicatif, les pratiques recherchées

pouvaient avoir pour objectif, la préemployabilité et l’employabilité48, le soutien et le

counseling - individuel ou de groupe - du jeune en transition (et de sa famille)49,

l’hébergement temporaire dans des appartements supervisés avec soutien

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communautaire50, des stages en emploi parrainés, le suivi et le soutien du jeune après ses

18 ans51, etc.

46 Martin Goyette et Daniel Turcotte, 2004, op. cit.

47 Benjamin Kerman, Judith Wildfire et Richard P. Barth, « Outcomes for young

adults who experienced f(...)

48 Mike Stein, « Leaving Care, Education and Career Trajectories », Oxford

Review of Education, volume(...)

49 Varda Mann-Feder et Thrish White, op. cit. ; Gloria Waldinger et Walter M.

Furman, « Two Models of(...)

50 Madeleine R. Stoner, « Life after fostercare : Services and policies for former

», Journal of socio(...)

51 Nina Biehal, Jasmine Clayden, Mike Stein et Jim Wade, 1994, op. cit. ;

Edmund V. Mech, 2000, op. ci(...)

52 Nicole Dallaire, Martin Goyette et Jean Panet-Raymond, Le partenariat dans

un centre jeunesse à l&#(...)

26Un questionnaire descriptif demandant de résumer les principales caractéristiques et

composantes des pratiques a été adressé aux informateurs-clés ciblés. Une analyse de la

documentation décrivant ces interventions a été réalisée, ainsi qu’un entretien

téléphonique auprès des informateurs. Dans ce cadre, il leur était aussi demandé

d’identifier à leur tour d’autres interventions et informateurs-clés dans leur région, selon

la stratégie d’échantillonnage « boule de neige ». En plus de cette collecte de données,

d’autres initiatives ont été ciblées par l’entremise de recherches auxquelles nous avons

collaboré52. L’analyse de la documentation et des notes d’entrevues téléphoniques a été

réalisée, afin de recueillir les informations, sous forme de fiches signalétiques

standardisées. Chacune de ces fiches a été soumise à un processus de

validation/bonification où les informateurs-clés s’assuraient qu’elle correspondait à la

description de leur intervention. L’ensemble du processus de collecte de données a eu

lieu entre novembre 2002 et septembre 2003.

27Au total, dix-neuf pratiques ont été recensées dans les différentes régions

sociosanitaires du Québec (dix-sept ont été développées au niveau local ou régional par

les centres jeunesse, tandis que deux projets ont une dimension nationale). Les pratiques

recensées sont très différentes les unes des autres quant à leur nature, leur contenu et leur

contexte organisationnel et administratif. Elles sont composées parfois de plusieurs

interventions complémentaires visant la problématique à l’étude. Ainsi, il ressort de

l’analyse trois formes d’organisation administrative.

28Premièrement, certains centres jeunesse ont développé en leur sein des services

d’employabilité. Dans ces cas, la plupart du temps, c’est la personne en charge du service

d’employabilité qui assume ces fonctions de développement sur le site du centre

jeunesse. Par ailleurs, pour deux projets, la personne responsable du projet à l’étude le

met en oeuvre, en plus de sa charge de travail d’intervenant.

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29Deuxièmement, d’autres centres jeunesse ont opté pour la création d’un organisme

sans but lucratif, une association qui vient soutenir la mission de réadaptation du centre

jeunesse. Cette association a pour mandat de développer des services d’employabilité

divers, dont les objectifs se déploient en un continuum qui varie dans chaque cas mais qui

englobe la préemployabilité, l’employabilité et le stage en emploi. Plusieurs

informateurs-clés parlent en terme de « sous-traitance » de ce transfert de l’objectif

d’employabilité du centre jeunesse à l’association. Pour ces associations, le poste de

direction est assuré par un « ex-employé » du centre jeunesse libéré par ce dernier, et

plusieurs sièges du conseil d’administration sont réservés à des employés du centre

jeunesse.

30Dans la majorité des cas, le centre jeunesse assure un soutien technique important à

l’association (informatique, comptabilité, appui pour la recherche de financement,

secrétariat, etc.). Dans certains cas également, du personnel du centre jeunesse –

intervenants sociaux ou personnel de secrétariat – est « prêté » à l’association. Dans tous

les cas, des liens privilégiés sont maintenus entre ces associations et les centres jeunesse

et une proportion très importante de la clientèle de ces associations provient des centres

jeunesse. Toutefois, au-delà des ressources du centre jeunesse, les associations emploient

un personnel diversifié et parfois des bénévoles, ce qui les distingue des programmes

internes des centres jeunesse. Par exemple, en plus de la panoplie d’intervenants sociaux

de diverses disciplines, dont des conseillers en orientation, certaines de ces associations

peuvent s’appuyer sur des ébénistes et des électriciens qui agissent sur les plateaux de

travail, comme contremaître, superviseur ou « travailleur-parrain ».

31Troisièmement, certains centres jeunesse, ayant un bassin de clientèle plus important,

ont à la fois un service d’employabilité ou une personne en charge des interventions liées

à la réadaptation par le travail, et des partenariats très forts avec des associations « qu’ils

ont créées ». De ce fait, deux manières de développer les services d’employabilité

cohabitent à l’intérieur d’un même centre jeunesse. D’une part, pour certains

informateurs-clés concernés, la tradition de la réadaptation par le travail est associée,

dans plusieurs centres jeunesse, à l’implantation d’ateliers de préemployabilité où les

activités deviennent un médium visant l’acquisition d’habiletés sociales de base. Ces

ateliers sont développés sur le site des internats, avec les ressources des centres jeunesse,

pour accueillir notamment une clientèle contrevenante en centre fermé. D’autre part, les

compressions qu’ont connues les centres jeunesse ces dernières années ont eu pour

conséquence, selon plusieurs informateurs-clés, de favoriser le développement des

activités visant l’employabilité, en partenariat avec des organismes déjà existants, ou de

favoriser la création d’associations qui accueillent principalement la clientèle des centres

jeunesse. Le discours dominant est en effet que les centres jeunesse doivent recentrer

leurs activités sur leur mission de protection et que la priorité demeure de réduire la liste

d’attente. Dans cette optique, plusieurs informateurs-clés mentionnent qu’un bénéfice

important de cette pratique est de désengorger les services de réadaptation, soit en évitant

le placement par l’institution, soit – lorsque le développement du jeune placé n’est plus

en danger – en libérant une place en institution.

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32Si les contextes d’implantation des pratiques étudiées ici sont différents les uns des

autres, il est toutefois possible schématiquement de les regrouper autour des deux

premiers cas de figure présentés plus haut (Tableau 1).

Tableau 1 : Arrangements administratifs et cibles des pratiques à l’étude

Tableau 2 : Les principales dimensions des deux figures de pratiques visant l’adaptation

et l’autonomie

33Le tableau 2 synthétise les principales dimensions des deux figures. Le premier cas de

figure correspond aux pratiques qui visent strictement et spécifiquement le

développement de connaissances et d’habiletés favorisant l’employabilité. Ces pratiques

sont généralement développées au sein même des centres jeunesse. Le second cas de

figure rejoint les pratiques plus globales qui visent le développement de l’autonomie, tout

en privilégiant bien souvent également l’employabilité. Ces pratiques sont généralement

développées dans un cadre plus large de collaborations avec des associations.

53 Martin Goyette et Daniel Turcotte, 2004, op. cit.

54 François de Singly, op. cit.

55 Ibid., p. 12-13.

34Ancrées dans des lignes de problématisation différentes, les enjeux de ces figures

d’intervention ont été notés par Goyette et Turcotte53 dans leur analyse des programmes

américains visant l’independent living mis en œuvre dans la continuité du Chafee Foster

Care Act. La présentation de ces figures de l’intervention s’appuie sur la distinction

proposée par de Singly entre indépendance et autonomie54. Pour de Singly,

l’indépendance renvoie à l’autosuffisance financière, la personne disposant « de

ressources propres qui la rendent indépendante », tandis que l’autonomie « est […] la

capacité d’un individu de se donner lui-même sa propre loi55 », des règles de conduites.

On peut donc « disposer d’une certaine autonomie sans être indépendant » et vice versa.

35Comme nous l’explicitions plus haut, les pratiques visant l’employabilité s’inscrivent

directement dans une volonté de développer l’indépendance financière du jeune,

notamment afin qu’il ne soit pas « aux crochets de l’État ». Pour ce faire, comme nous

allons le constater plus bas dans les pratiques québécoises, on vise généralement à

augmenter la capacité individuelle de travail en adaptant le jeune au monde du travail.

Pour leur part, les pratiques s’inscrivant dans la deuxième figure de l’autonomie

dépassent l’employabilité pour s’intéresser plus généralement aux habiletés de vie dont le

jeune aura besoin lorsqu’il aura quitté le milieu substitut.

36Avant de discuter des enjeux et de mettre en débat ces figures de l’intervention, il nous

faut présenter, pour chacune, la problématisation au cœur du développement des

pratiques de soutien, telle qu’elle est construite par les acteurs, ainsi que les objectifs, la

clientèle, et les interventions mises en œuvre.

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Les pratiques d’adaptation des jeunes au marché du

travail

Problématique

37Pour la grande majorité des pratiques étudiées, la problématique centrale est celle de

l’insertion, et plus précisément de l’insertion professionnelle et de l’employabilité des

jeunes des centres jeunesse. En effet, si les centres jeunesse ont développé une longue

expertise et des partenariats avec les commissions scolaires pour favoriser la scolarisation

des jeunes, le développement d’activités liées à l’employabilité est plus récent. Pour les

informateurs-clés, si la scolarisation et le retour aux études - avec l’objectif d’obtenir un

diplôme d’étude secondaire - demeurent la « voie royale » d’insertion en emploi, il faut

également développer d’autres activités pour les jeunes qui refusent la scolarisation,

notamment pour la clientèle contrevenante, pour laquelle il est impossible de sortir de

l’internat. Dans ce cas, le jeune qui rejette l’option de la scolarisation se voit proposer

peu d’interventions visant sa qualification ou son autonomie. Dans ces pratiques,

l’employabilité est alors considérée comme un médium qui favorise la réadaptation. Or,

si on mise sur l’employabilité, plusieurs pratiques ont de surcroît une préoccupation de

rescolarisation puisqu’elles l’encouragent en confrontant le jeune aux exigences difficiles

du marché du travail, pour les personnes peu scolarisées.

Objectifs

38De nombreuses pratiques visant le développement d’attitudes et d’habiletés favorables

à l’insertion en emploi comportent des objectifs multiples. Les objectifs des interventions

concernent ainsi, dans presque tous les cas, la préemployabilité ou la réadaptation par le

travail. Il s’agit d’acquérir des habiletés sociales de base (gestion de la colère, par

exemple). Dans la continuité, plusieurs interventions visent également le développement

de l’employabilité du jeune et des attitudes et habitudes adéquates au marché du travail.

Pour d’autres pratiques, il s’agit d’offrir des expériences de stages en emploi pour le

jeune. Il est à noter que toutes les pratiques développées à l’interne des centres jeunesse

(sauf une) ont pour objectif d’adapter le jeune au marché du travail et aux exigences de la

société.

Clientèle-cible

39Dans le cadre de notre étude, nous avons observé que le public des pratiques ayant

pour objectif l’adaptation des jeunes au marché du travail est très homogène. On vise

généralement les jeunes de 16 à 18 ans décrocheurs scolaires, qui reçoivent les services

d’un centre jeunesse. À cette clientèle s’ajoutent parfois les jeunes de 15 ans qui ont

obtenu une dérogation scolaire.

Interventions

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40Comme nous avons pu le constater, les intervenants ont développé dans leurs pratiques

d’intervention un ensemble d’activités d’adaptation des jeunes aux exigences du marché

du travail. D’abord, il faut mentionner un tronc commun d’activités de préemployabilité,

souvent réalisées à l’interne du centre jeunesse, autour de plateaux de travail que certains

qualifient de « protégés ». Un informateur-clé mentionne d’ailleurs qu’il s’agit de «

prépréemployabilité » (compter des vis et les mettre dans une boîte par exemple), lorsque

l’activité ne requiert presque aucune autonomie et que le développement des habiletés

sociales de base est le premier objectif ; il s’agit de la réadaptation psychosociale par le

travail.

41Pour des jeunes ayant une plus grande autonomie, plusieurs plateaux de travail avec du

personnel spécialisé ont été implantés (récupération et recyclage de papier, de bois,

ébénisterie, céramique, transformation d’aliments, etc.). Les formules sont nombreuses,

de l’école-usine au plateau de travail en centre jeunesse. La participation des jeunes à ces

plateaux ou ateliers de travail est presque toujours accompagnée d’une intervention visant

à augmenter leurs connaissances et leurs habiletés en fonction des exigences du monde

du travail. Il s’agit donc d’une panoplie d’activités, de la confection de curriculum vitae à

la simulation d’entrevue, qui vise à planifier une démarche structurée de recherche

d’emploi.

Les pratiques de développement de l’autonomie des

jeunes

Problématique

42Les pratiques qui visent le développement de l’autonomie sont minoritaires parmi

celles étudiées. Plus spécifiquement, elles ont par exemple pour objectif d’assurer un

logement sécuritaire, stable et bon marché aux jeunes qui quittent un centre jeunesse ou

sont sur le point de le quitter. Pour l’une d’entre elles, se juxtapose à cette problématique

la dimension de l’employabilité et, pour une autre, la dimension de l’autonomie

fonctionnelle du jeune, c’est-à-dire le développement d’habiletés de la vie quotidienne.

43De plus, pour un nombre restreint de pratiques, la problématique dominante est le

déficit d’autonomie des jeunes à la veille de leur départ du centre jeunesse. En effet, la

problématique du passage du centre jeunesse à l’assistance-emploi met en évidence

l’importance majeure du problème social au cœur de ces pratiques, dans la mesure où le «

déficit » d’autonomie rend davantage visible le manque de suivi et de soutien des jeunes

qui quittent le centre jeunesse. Dans ce cas, il s’agit de développer des interventions pour

favoriser l’autonomie du jeune, et ce à divers chapitres (habiletés de la vie quotidienne,

connaissances des ressources du milieu…).

Objectifs

44Rappelons que les pratiques visant l’autonomie sont très généralement développées à

l’extérieur des centres jeunesse et, à une exception près, s’appuient sur une association. Si

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toutes les pratiques intègrent des objectifs visant l’adaptation du jeune au marché du

travail et à la société telle que nous l’avons présentée plus haut, des objectifs visant plus

largement l’autonomie sont ciblés. Ainsi, il ne s’agit pas seulement de développer une

force de travail mais de construire une personne autonome dans une perspective de

citoyenneté, objectif qui englobe plusieurs facettes d’une insertion complète et durable.

Dans ces contextes, les objectifs se centrent moins sur la correction et la réadaptation du

jeune (mission curative) que sur le développement de sa participation où autonomie rime

avec autodétermination.

Clientèle cible

45La clientèle cible des pratiques visant le développement plus large de l’autonomie est

plus hétérogène : les jeunes de 16 à 18 ans décrocheurs scolaires qui reçoivent les

services d’un centre jeunesse en constituent une partie importante, comme c’est le cas

pour les pratiques visant l’adaptation au marché du travail ; toutefois, quelques

associations élargissent la définition de celle-ci en offrant des services à un groupe d’âge

moins limité. Il s’agit parfois des jeunes de 12 à 18 ans ou de 16 à 30 ans. Un organisme

accueille les jeunes de 16 à 20 ans. Nous verrons plus loin que cette définition de la

clientèle plus large permet à certaines associations d’assurer un suivi de la transition du

jeune lorsqu’il quitte le centre jeunesse à 18 ans. Enfin, en plus d’accueillir la clientèle

des centres jeunesse, certaines associations accueillent des jeunes qui ont été référés par

leurs bailleurs de fonds ou leurs partenaires, ce qui permet, pour une part, de briser une

certaine ghettoïsation de cette clientèle jugée très problématique.

Interventions

46A l’instar des activités visant l’adaptation du jeune au marché du travail, celles visant à

développer l'autonomie des jeunes s’intéressent à l’insertion en emploi, mais aussi à

l’insertion sociale plus large. Cependant, au lieu de seulement viser à adapter le jeune, on

vise à favoriser des aménagements dans le monde du travail et la société en général, cette

double adaptation pouvant être appuyée par un soutien du jeune sous forme de suivi

individualisé.

56 David Mills et Caro Motuz, Efficacité des programmes d'emploi pour les

jeunes. Études bilan, do(...)

47Dans cette perspective, un bloc d’interventions est constitué de stages en milieu de

travail. Ces stages, qui requièrent une plus grande autonomie et une capacité

d’adaptation, sont généralement offerts à partir d’une liste d’employeurs le plus souvent

déjà sensibilisés aux besoins et à la situation de la clientèle des centres jeunesse.

Accompagnés d’un soutien lors du stage, les jeunes qui en bénéficient acquièrent des

habiletés importantes qui sont généralement transférables. En effet, selon plusieurs

informateurs-clés, s’il est important que le jeune bénéficie d’une formation et d’un stage

qui soit spécialisé dans un domaine en demande au niveau local, il est aussi important que

ses apprentissages soient transférables. Si les employeurs qui accueillent des stagiaires

peuvent, dans un premier temps, compter sur une main d’œuvre présélectionnée de jeunes

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formés à la culture de l’organisation, les habiletés transférables seront ultérieurement un

atout pour un nouvel employeur. Ainsi, « la participation des employeurs permet aux

jeunes d’acquérir des compétences professionnelles que les entreprises locales peuvent

immédiatement utiliser et assure aux employeurs une source constante et fiable de main

d’œuvre qualifiée56 ».

57 Sheila Currie, Kelly Foley, Saul Schwartz et Musu Taylor-Lewis, Blade

Runners et Café Picasso. Éval(...)

48Le fait que les stages offerts dans ce contexte sont généralement accompagnés d’un

suivi auprès de l’employeur et du jeune est identifié comme un élément central, autant

par les informateurs-clés que par les ouvrages sur l’insertion en emploi. Ces suivis

prennent diverses formes, de non structurées à très structurées, mais l’élément essentiel

consiste à offrir « un service après vente » qui permet à l’employeur d’avoir un soutien

rapide s’il a une difficulté dans sa relation avec le jeune. De même, le jeune qui connaît

des difficultés personnelles pourra se référer à son ancien intervenant qui constitue une

figure stable, et ce même après la transition du centre jeunesse57.

49Il faut souligner à ce propos que très peu de pratiques étudiées ici proposent aux jeunes

un suivi après 18 ans, âge de la majorité légale au Québec, auquel le mandat de protection

du centre jeunesse prend fin. Les interventions en centres jeunesse se terminent souvent

abruptement à 18 ans. Certaines formules de suivi ont été mises en place dans quelques

cas, une dans le cadre d’une pratique pilote multidimensionnelle (résidentielle,

relationnelle, professionnelle, etc.) développée en centre jeunesse, et quelques autres dans

des associations qui, rappelons-le, ont toutes été créées en collaboration avec un centre

jeunesse. Il s’agit ici d’un atout important d’une intervention qui veut favoriser

l’autonomie des jeunes, en considérant le portrait des jeunes et leurs nombreux besoins.

Dans ce cadre, des activités de préparation à la vie autonome et de développement des

habiletés de vie (budget, courses, etc.) sont proposées aux jeunes. Par ailleurs, ce suivi

individualisé permet de composer avec les angoisses précédant la transition et pendant la

transition, lorsqu’ils quittent le centre jeunesse. S’il faut préparer les jeunes du point de

vue de l’emploi, il faut aussi les préparer plus largement du point de vue du logement et

de l’autonomie. Et s’il faut les préparer pendant qu’ils sont dans les centres jeunesse, il

faut aussi les accompagner après.

De l’employabilité à l’autonomie

50Quel est le bilan que nous pouvons faire de l’éventail des activités développées au

Québec pour soutenir les jeunes à leur sortie du milieu substitut ? Si plusieurs centres

jeunesse ont développé de nombreuses activités pour favoriser l’insertion des jeunes, le

volet préemployabilité et réadaptation par le travail est celui qui est de très loin le plus

fortement représenté.

Limites des pratiques centrées sur l’employabilité

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51Or, même si les différentes pratiques que nous avons analysées dans le cadre de cette

étude s’adressaient à des populations de mineurs, elles peuvent être assimilées aux

pratiques visant le développement de l’employabilité des chômeurs ou des prestataires de

l’aide de dernier recours. Il est donc important de rappeler que plusieurs études

soulignent le succès mitigé de ces dernières, notamment parce qu’elles ne donnent pas

lieu à une réelle qualification et parce qu’elles n’agissent pas sur l’offre d’emploi.

58 Sylvie Morel, Les logiques de la réciprocité. Paris, France, PUF, 2000 ;

Monique Provost, « L'e(...)

59 Gonzalo Alvestegui et Jean-Michel Charbonnel, « Mise en oeuvre du RMI et

reformulation de la questi(...)

60 Sylvie Beauchemin et Jacques Beauchemin, « La réforme québécoise de la

sécurité du revenu. La citoy(...)

61 Le workfare correspond ainsi à « un affaiblissement des droits assistanciels ».

Or, dans cette pers(...)

52Ainsi, à la fin de la décennie des années 1980, plusieurs pays ont misé sur des

programmes d’employabilité dans lesquels il appartient à l’individu de s’adapter au

marché du travail et non l’inverse58. Accompagnant le courant néo-libéral qui prévaut

dans les pays occidentaux, ces programmes mettent l’accent sur la responsabilité

individuelle, voire familiale et communautaire, concrétisant alors le désengagement de

l’État dans le champ de l’assistance. Ces programmes tendent à faire de l’individu le

principal responsable à la fois de ses difficultés antérieures d’insertion et du travail à

accomplir pour s’en sortir (learnfare, workfare)59. Dans cette perspective, cette

conception étriquée de la solidarité renvoie à une responsabilité à sens unique au service

d’une gestion technocratique des personnes assistées60. Le bénéficiaire de l’aide porte

alors toutes les obligations61.

62 Geneviève Fournier et Marcel Monette, L'insertion socioprofessionnelle. Un

jeu de stratégie ou(...)

53D’ailleurs, cette logique de l’employabilité de « l’autre jeunesse » ne garantit pas

nécessairement une autonomie financière, mais plutôt une activité qui dégage l’État de

ses responsabilités62.

63 Christopher McAll et Deena White, Structures, systèmes et acteurs : welfare et

workfare comme champ(...)

64 Donna Hardina, « Workfare in the US : Empirically-Tested Programs or

Ideological Quadmire ? », », i(...)

65 Eric Shragge, « Workfare : An Overview », in Eric Shragge, op. cit. p. 17-33 ;

Eric Shragge et Marc(...)

66 C. Gorelick et G. Brethour, Welfare to work programs : A national Inventory,

Ottawa, Conseil canadi(...)

67 Yves Bonny et Marco Oberti, « Les mesures de soutien au revenu en Europe.

Approche comparative des(...)

68 Sylvie Beauchemin et Jacques Beauchemin, op. cit.

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69 Christine Schaut, « Les nouveaux dispositifs de lutte contre l'exclusion sociale

et l'inséc(...)

54En outre, cette logique d’obligation n’est pas récente lorsqu’il s’agit de mesures

d’employabilité63. On a vu des programmes d’assistance instaurer, dans certains États

américains64 et certaines provinces canadiennes65, des périodes limites d’admissibilité

aux prestations et aux programmes d’employabilité66. Cette logique de

responsabilisation se retrouve aussi en Europe avec une acuité moindre cependant67.

Dans leur ensemble, ces programmes s’inscrivent dans un cadre plus large de

culpabilisation des pauvres et de gestion renouvelée des populations démunies et

marginales68. Tel que le précise Schaut69 pour la situation de la Belgique, cette logique

sécuritaire qui se superpose ou remplace les dispositifs d’assistance transforme les

métiers du social en des pratiques davantage pénalisantes, voire « pénales ».

70 Laurence Roulleau-Berger, « Professionnels de l'insertion au contact des

jeunes en situation pr(...)

55Ces programmes d’intervention visent alors, de manière correctrice, à accroître les

compétences des jeunes définis comme non qualifiés ou mal qualifiés pour le marché de

l’emploi, sans égard pour leurs compétences déjà acquises et leurs besoins réels

d’insertion au-delà du strict enjeu professionnel70.

Vers une intervention multidimensionnelle de

préparation à l’autonomie

56En conséquence, et pour ce qui concerne plus spécifiquement notre propos, à savoir les

interventions visant à l’insertion socio-professionnelle des jeunes pris en charge par

l’État, il conviendrait de dépasser les questions de préemployabilité et d’employabilité

pour s’inscrire davantage, d’une part, dans une vision multidimensionnelle de facteurs

contribuant aux difficultés d’insertion et, d’autre part, dans une lecture de l’autonomie

qui déborde l’emploi. Nous nous intéresserons donc ici aux autres pratiques développées

dans quelques uns des exemples analysés plus haut : pratiques de formation transférables,

accompagnement des acteurs de l’insertion, activités visant une perspective plus large de

préparation des jeunes à la vie autonome.

71 Martin Goyette, Céline Bellot et Jean Panet-Raymond, « L'insertion

socioprofessionnelle des jeu(...)

57Les pratiques de formation transférables peuvent s’entendre comme une formule

d’intervention alliant stage de travail et retour aux études. Cette formule permet de

raccrocher le jeune au milieu scolaire, ce qui lui facilitera à terme l’obtention d’une

équivalence de formation de niveau secondaire, dans une perspective de reconnaissance

de la qualification. L’alternance permet également au jeune de développer des habiletés

et des expériences de travail souvent importantes lors de la recherche d’emploi. Enfin,

l’alternance, lorsqu’elle est accompagnée d’un suivi du point de vue de l’emploi et du

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point de vue des difficultés d’adaptation, permet de contrer les nouveaux décrochages

rapides du jeune du monde scolaire71.

72 Ibid.

73 Sheila Currie, Kelly Foley, Saul Schwartz et Musu Taylor-Lewis, op. cit. ;

David Mills et Carol Mot(...)

58Par ailleurs, la formule du travailleur-parrain est particulièrement intéressante à

plusieurs égards. Elle rend plus humaine pour le jeune cette entreprise qui peut apparaître

impersonnelle. Elle facilite également l’intégration du jeune dans le milieu de travail,

parce qu’elle permet de cibler une personne répondante, qui pourra être soutenue elle

aussi par l’intervention72. De plus, ce qui est mentionné comme du « mentorat » ou du «

parrainage » peut se retrouver à diverses étapes du processus d’insertion du jeune :

pendant la formation ou le perfectionnement du jeune, à l’étape de recherche d’emploi et

pour faciliter le maintien en emploi. Le « parrainage » permet au jeune de s’identifier à

un adulte qui est accessible. Or, certaines recherches mettent en avant que le mentorat ou

le parrainage est efficace si on sélectionne de manière judicieuse les mentors, et si on

établit des lignes directrices conçues pour aider les mentors à offrir un soutien concret

plutôt que des conseils, ou encore si l’on offre une formation aux mentors et un suivi

régulier de la relation entre le mentor et l’élève73.

74 David Mills et Carol Motuz, op. cit. ; Jean Panet-Raymond, Céline Bellot et

Martin Goyette, op. cit(...)

59Or, on le constate, peu importe la forme qu’elle prend, l’intervention visant l’insertion

en emploi ne peut se passer du lien avec les employeurs. Leur participation est essentielle

et, en même temps, parfois difficile à obtenir74. Dans cette optique, plusieurs pratiques

concernées par notre étude ont pu compter avec profit sur certaines entreprises.

60Ainsi plusieurs associations sont, en quelque sorte, des entreprises d’économie sociale.

Il s’agit pour ces associations d’obtenir la collaboration des entreprises afin de négocier

des échéanciers de production plus souples, en considérant le fait que les jeunes sont en

formation. À ce titre, plusieurs pratiques sont confrontées à des tensions entre leur

mission sociale de réadaptation et d’insertion, et leur mission de production et de

rentabilité (respect des échéances, travail de qualité, etc.). Les pratiques doivent donc se

protéger afin de pouvoir accueillir des jeunes qui ne pourront générer une activité

rentable du point de vue du capital économique.

75 Martin Goyette, Céline Bellot et Jean Panet-Raymond, 2004, op. cit.

61Si certaines activités visant l’insertion en emploi comportent plusieurs composantes

intéressantes, dont celles que nous venons de présenter, plusieurs visent seulement à

donner des connaissances du marché du travail et sont à ce titre plus limitées, comme

l’ensemble des critiques envers les programmes d’employabilité déployés dans le monde

occidental l’ont montré75.

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76 Céline Bellot, Les besoins en logement des jeunes de la rue, Montréal, ville de

Montréal, 2003 ; Jo(...)

62Par ailleurs, si l’insertion en emploi est au cœur des interventions, peu d’activités ou

d’interventions étudiées pour ce travail portent sur la question du logement, alors même

que le passage à la vie adulte concerne aussi cette transition résidentielle. Les ressources

d’appartements supervisés et les ressources communautaires d’hébergement pour jeunes

sont peu nombreuses et ne semblent pas faire partie de l’objectif d’insertion sociale des

jeunes issus des centres jeunesse. Pourtant, l’ancrage résidentiel constitue le socle d’un

ancrage dans un milieu de vie et dans une communauté. Or, même lorsque certains

centres jeunesse ont des appartements supervisés, la plupart des personnes qui dirigent les

interventions en insertion n’en parlent pas, comme si la question du logement ne faisait

pas partie des projets d’insertion. D’ailleurs, plusieurs informateurs-clés ont clairement

mentionné que cette dimension devait être prise en compte par les intervenants sociaux

réguliers (du centre jeunesse notamment) auprès du jeune. On peut dès lors s’interroger

sur le manque d’arrimage entre ces différentes ressources alors même qu’elles participent

toutes à la préparation à la vie autonome76. En outre, en permettant à un jeune de

développer un lien avec une personne significative, certaines interventions de suivi

pourraient faire en sorte de l’accompagner également dans sa transition résidentielle à sa

majorité, dans la mesure où la première situation post-majorité est celle du logement, que

les jeunes viennent de perdre en raison de la fin de la prise en charge par les centres

jeunesse.

77 Martin Goyette, Céline Bellot et Jean Panet-Raymond, 2004, op. cit. ; Varda

Mann-Feder et Thrish Wh(...)

63De surcroît, une intervention multidimensionnelle qui considère l’ensemble des

sphères de la vie d’un jeune des centres jeunesse quittant un milieu substitut, devrait être

constituée, en plus de la réadaptation, d’une préparation à la vie autonome (budget,

logement, loyer, etc.), d’une qualification soit par la formation, soit par l’employabilité et

les expériences en milieu de travail, d’un milieu d’hébergement avec soutien et d’un suivi

post-centres jeunesse (après 18 ans). Ces pratiques envisageant l’insertion de manière

globale ou multidimensionnelle ont peu été rencontrées dans cette étude. Par ailleurs,

quelle qu’en soit la finalité, il ressort que les interventions individualisées sont largement

privilégiées. Pourtant, des interventions en groupe pourraient aussi parvenir à

contrecarrer une individualisation responsabilisante des problèmes d’insertion, brisant

l’isolement et permettant à certains jeunes une occasion de soutien social par l’entraide

entre pairs77.

78 Martin Goyette et al., Comment faciliter le passage à la vie adulte des jeunes

des centres jeunesse(...)

64Avec des configurations de services variables, quelques pratiques en centres jeunesse

étudiées s’inscrivent dans cette voie et la plupart des informateurs-clés sont conscients,

d’une part, des besoins importants des jeunes qui quittent un milieu substitut à la majorité

et, d’autre part, des efforts importants en terme d’intervention à déployer pour favoriser

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l’autonomie des jeunes, dans les transitions qu’ils ont à vivre aux plans résidentiel,

professionnel et familial. D’ailleurs, sous l’impulsion notamment d’un projet pilote dont

l’implantation démarrait au moment de notre collecte de données78, plusieurs centres

jeunesse envisagent le développement de pratiques spécifiques visant la préparation à la

vie autonome et l’insertion socioprofessionnelle pour les jeunes pris en charge par l’État.

Or, il importe également que l’ensemble des intervenants des centres jeunesse intègrent

dans leur plan d’intervention des objectifs liés à la sortie, pour se préoccuper et suivre les

transitions des jeunes avec qui ils ont développé des liens significatifs, puisque la

majorité des jeunes pris en charge par l’État peut bénéficier de pratiques concernant le

soutien à la transition vers la vie adulte. Dans cette perspective, le développement et la

diffusion, auprès de l’ensemble des intervenants en centre jeunesse, d’un outil

d’évaluation de l’autonomie fonctionnelle, intégré dans une approche globale

d’intervention, permettraient de favoriser les enjeux liés à l’insertion pour qu’ils soient

pris en compte dans une démarche structurée et systématisée.

65Au-delà, le développement de pratiques visant la préparation à la vie autonome et

l’insertion en centres jeunesse bénéficierait d’un lieu d’échange, au niveau régional, afin

de partager les pratiques exemplaires et les blocages rencontrés dans l’implantation

d’interventions suivant un paradigme prenant en compte les transitions des jeunes.

79 Martin Goyette, Jean Panet-Raymond et Nicole Dallaire. « Algunos retos del

Partenariado en Quebec ;(...)

80 Martin Goyette, Céline Bellot et Jean Panet-Raymond, 2006, op. cit. ; Nicole

Dallaire, Martin Goyet(...)

66Pour autant, tout ne peut pas être porté par les centres jeunesse, même si les pratiques

étudiées ici témoignent d’intentions et de pratiques dont les objectifs de soutien de

l’insertion socioprofessionnelle des jeunes sont indéniables. D’une part, au niveau

intersectoriel, des arrangements restent toujours à concrétiser afin de faciliter la poursuite

des études à temps plein au niveau secondaire des jeunes qui quittent à 18 ans une prise

en charge. D’autre part, il apparaît que, pour assurer le développement de jeunes

autonomes et citoyens, il importe de faciliter l’ancrage des jeunes dans les milieux de vie

et la communauté, notamment en développant des partenariats avec des organismes qui

pourront proposer d’autres pratiques, d’autres visions et d’autres ressources pour faciliter

l’insertion des jeunes79. Dans ce cadre, le développement de partenariats et de

collaborations vise non pas strictement à réaliser une forme de sous-traitance de

l’insertion en emploi, mais bien davantage la construction d’un réseau de services, de

soutien et de personnes autour des jeunes qui quittent les centres jeunesse, pour les

accompagner dans les transitions qu’ils ont à vivre pour devenir des adultes autonomes. Il

s’agit également de contribuer à un développement social indissociable d’une réelle

insertion, pour ne pas que le poids de l’insertion des jeunes en difficulté ne repose que sur

leurs épaules80.

81 Martin Goyette et Daniel Turcotte, 2004, op. cit.

82 L’auteur tient à remercier le programme de bourses d’excellence de doctorat

du Fonds québécois de r(...)

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67En conclusion, certaines de ces modalités d’intervention sont déjà explorées dans

certaines des pratiques étudiées. Il reste à les consolider, les renforcer, mais aussi à les

développer dans les territoires où elles demeurent absentes. Les pratiques de préparation

à la vie autonome, de soutien et de suivi lors du départ du centre jeunesse, d'aide à

l’insertion résidentielle doivent être ainsi arrimées aux pratiques usuelles du centre

jeunesse visant la réadaptation et l’adaptation du jeune. Pour y parvenir, comme nous le

mentionnions ailleurs81, il y a peut-être lieu d’envisager une évolution des paradigmes

dans l’intervention jeunesse, passant de celui de la protection, axé sur un modèle curatif

(vers le passé) à un autre qui envisagerait le développement du jeune dès son arrivée dans

le système. Dans ce cadre, l’enjeu de la transition est incontournable82.

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Notes

1 ACJQ, Mémoire de l'Association des centres jeunesse du Québec à la commission

parlementaire des Affaires sociales sur le projet de loi 112 visant à lutter contre la

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2 Varda Mann-Feder et Thrish White, « Investing in Terminaison : Intervening with

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13, no 1, 1999, p. 87-93 ; Fay E. Martin et Teresa Palmer, Transitions To Adulthood : A

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France Nadeau, Le passage à la vie autonome chez les jeunes ayant vécu un placement en

milieu substitut, mémoire de maîtrise, École de service social université Laval, Sainte-

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3 ACJQ, rapport d'activités 2003-2004, Montréal, Association des centres jeunesse du

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4 Edmund V. Mech, 2000, op. cit. ; Kimberly A. Nollan et A. Chris Downs, Preparing

Youth for Long-Term Success. Proceeding from the Casey Family Program National

Independent Living Forum, Washington DC, CWLA Press, 2001.

5 Comité aviseur de Solidarité Jeunesse, Rapport du comité aviseur de Solidarité

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Nadeau, op.cit. ; Camil Bouchard, Vivian Labrie et Alain Noël, Chacun sa part : rapport

de trois membres du comité externe de réforme de la sécurité du revenu, Québec,

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6 Groupe de travail sur la politique de placement en milieu familial (rapport Cloutier),

Familles d'accueil et intervention jeunesse, Beauport, centre jeunesse de Québec, 2000,

p. 53-55.

7 CPJ, Les jeunes en centres jeunesse prennent la parole!, Québec, Conseil permanent de

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8 Yao Assogba, Insertion des jeunes, organisation communautaire et société.

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9 Christine Jaminon, « Regards sociologiques », in Gérard Liénard, L'insertion : défi

pour l'analyse, enjeu pour l'action, Belgique, Pierre Mardaga éditeur, 2001, p. 21-34.

10 Robert Castel, op. cit. ; Christine Jaminon, op. cit.

11 Marc Molgat, op. cit.

12 Chantal Nicole-Drancourt et Laurence Roulleau-Berger, L'insertion des jeunes en

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14 Nan Dale, « What Works in Employment Programs for Youth in Out-of-Home Care »,

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Welfare, Washington DC, CWLA Press, 2000, p. 187-192 ; Edmund V. Mech, « What

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preparedness for independent living », Child Welfare, volume LXXIX, n° 2, 2000, p.

159-178.

15 Martin Goyette, Réseaux sociaux, soutiens et supports dans le passage à la vie adulte

: le cas de jeunes ayant connu un placement, thèse de doctorat, École de service social,

université Laval, 2006.

16 Yao Assogba, op. cit. ; Martin Goyette, op. cit. ; Claude Trottier, « Questionnement

sur l'insertion professionnelle des jeunes », Lien social et politiques – RIAC, n° 43, 2000,

p. 93-102.

17 Nina Biehal et Jim Wade, « Looking Back, Looking Forward : Care Leavers, Families

and Change », Children and Youth Services Review, volume 18, no 4/5, March/April

1996, p. 425-445.

18 Nikolas Ducharme et Frederico Fonseca, « La recherche-action Solidarité Jeunesse :

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Nicole Lemieux et Pierre Lanctôt, Commencer sa vie adulte à l'aide sociale, Québec,

ministère de la Sécurité du revenu, 1995.

19 ACJQ, 2002, op. cit. ; Cheryl Milne, op. cit.

20 Edmund V. Mech, 1994, op. cit.

21 Cheryl Milne, op. cit.

22 Gerald P. Mallon, « After Care, then Where ? Outcomes of an Independent living

Program », Child Welfare, volume LXXVII, no 1, janvier/février 1998, p. 61-78.

23 Cheryl Milne, op. cit.

24 Anthony N. Maluccio, Robin Krieger et Barbara Pine, « Adolescents and Their

Preparation for Life After Family Care : An Overview », in A. N. Maluccio, R. Krieger et

B. A. Pine, Preparing Adolescents for Life after Foster Care. The Central Role of Foster

Parents, Washington DC, Child Welfare League of America Inc, 1990, p. 5-17.

25 Anthony N. Maluccio, Robin Krieger et Barbara Pine, op. cit. ; France Nadeau, op. cit.

26 Diana J. English, Sophia Kouidou-Giles et Martin Plocke, « Readiness of

independence : A study of youth in foster care », Children and Youth Services Review,

volume 16, no 3/4, 1994, p. 147-158 ; Michael Rutter, « Children in Substitute Care :

Some Conceptual Considerations and Research Implications », Children and Youth

Services Review, volume 22, no 9/10, 2000, p. 685-703.

27 Cheryl Milne, op. cit.

28 Anthony N. Maluccio, Robin Krieger et Barbara Pine, op. cit.

29 Marian Bussey et al., Transition from Foster Care : A State-by-State Data Base

Overview, Seattle, Casey Family Programs, 2000.

30 Nina Biehal, Jasmine Clayden, Mike Stein et Jim Wade, « Leaving Care in England :

A Research Perspective », Children and Youth Services Review, volume 16, n° 3/4, 1994,

p. 231-254 ; Andrew Hahn, « The Use of Assessment Procedures in Foster Care to

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Evaluate Readiness for Independent Living », Children and Youth Services, volume 16,

n° 3/4, 1994, p.171-179 ; Alfreda P. Iglehart , op. cit.

31 Marian Bussey et al, op. cit. ; Lloyd Owen et al., Pathways to interdependence and

independence : the living care initiative. A study on good pratice development project

prepared for child protection and juvenile justice, the department of human services

Victoria, Victoria, La Trobe University, 2000.

32 Amy J. L. Baker, David Olson et Carolyn Mincer, The Way to Work. An Independent

Living/Aftercare Program for High-Risk Youth. A 15-Year Longitudinal Study,

Washington DC, CWLA Press, 2001.

33 Fay E. Martin et Teresa Palmer, op. cit.

34 Marian Bussey et al, op. cit. ; Lloyd Owen et al, op. cit.

35 Cheryl Milne, op. cit.

36 Nina Biehal, Jasmine Clayden, Mike Stein et Jim Wade, 1994, op. cit.

37 Nina Biehal, Jasmine Clayden, Mike Stein et Jim Wade, 1994, op. cit. ; Martin

Goyette, Portrait des interventions visant la préparation à la vie autonome et l'insertion

socioprofessionnelle pour les jeunes des centres jeunesse du Québec, Montréal,

Association des centres jeunesse du Québec, 2003 ; Cheryl Milne, op. cit. ; Jean-François

René et al., « L'insertion socioprofessionnelle des jeunes : le prisme du partenariat

comme catalyseur de la responsabilité », Lien social et Politiques - RIAC, no 46, 2001, p.

125-140.

38 Cheryl Milne, op. cit. ; Martin Goyette, Céline Bellot et Jean Panet-Raymond, Le

projet Solidarité Jeunesse. Dynamiques partenariales et insertion des jeunes en difficulté,

Presses de l’université du Québec, coll. Problèmes sociaux et interventions sociales,

2006.

39 Edmund V. Mech, 2000, op. cit.

40 Ronald Barth, « On their own : The experience of youth after foster care », Child and

Adolescent Social Work Journal, volume 7, 1990, p. 419-440 ; Kimberly A. Nollan et al,

2000, op. cit. ; France Nadeau, op. cit. ; Jennifer Propp, Debora M. Ortega et Forest

NewHeart, « Independence or Interdependence : Rethinking the Transition From "Ward

of the Court" to Adulthood », Families in Society, volume 84, n° 2, Apr.-June 2003, p.

259-266.

41 Martin Goyette et Daniel Turcotte, « La transition vers la vie adulte des jeunes qui ont

vécu un placement : un défi pour les organismes de protection de la jeunesse », Revue

Service social-internet, n° 51, 2004, p. 29-44.

42 Jennifer Propp, Debora M. Ortega et Forest NewHeart, op. cit. ; François de Singly, «

Penser autrement la jeunesse », Lien social et politiques-RIAC, no 43, 2000, p. 9-22 ;

Steven R. Smith, « Distored Ideals : The "Problem of Dependency" and the Mythology of

Independent Living », Social Theory and Practice, volume 27, n° 4, 2001, p. 579-598.

43 Martin Goyette et Daniel Turcotte, 2004, op. cit.

44 Ibid.

45 Mary Elizabeth Collins, « Transition to Adulthood for Vulnerable Youth : A Review

of Research and Implications for Policy », Social Service Review, volume 75, n° 2, June

2001, p. 271-291 ; Anthony N. Maluccio, Robin Krieger et Barbara Pine, op. cit.

46 Martin Goyette et Daniel Turcotte, 2004, op. cit.

47 Benjamin Kerman, Judith Wildfire et Richard P. Barth, « Outcomes for young adults

who experienced foster care », Children and Youth Services Review, volume 24, n° 5,

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2002, p. 319-344 ; Anthony N. Maluccio, Robin Krieger et Barbara Pine, op. cit. ;

Edmund V. Mech et Joan R. Rycraft, 2005, op. cit. ; Kimberly A. Nollan et A. Chris

Downs, 2001, op. cit. ; Jennifer Propp, Debora M. Ortega et Forest NewHeart, op. cit.

48 Mike Stein, « Leaving Care, Education and Career Trajectories », Oxford Review of

Education, volume 20, n° 3, 1994, p. 349-360.

49 Varda Mann-Feder et Thrish White, op. cit. ; Gloria Waldinger et Walter M. Furman,

« Two Models of Preparing Foster Youth for Emancipation », Children and Youth

Services Review, volume 16, n° 3/4, 1994, p. 201-212.

50 Madeleine R. Stoner, « Life after fostercare : Services and policies for former »,

Journal of sociology and social welfare, volume XXVI, n° 4, december 1999, p. 159-175.

51 Nina Biehal, Jasmine Clayden, Mike Stein et Jim Wade, 1994, op. cit. ; Edmund V.

Mech, 2000, op. cit.

52 Nicole Dallaire, Martin Goyette et Jean Panet-Raymond, Le partenariat dans un

centre jeunesse à l'aune des approches-milieu, Montréal, rapport de recherche IRDS, 2003

; Martin Goyette et Benoît Bouffard, La concertation et le partenariat aux centres

jeunesse de Montréal : des pratiques à soutenir, Montréal, rapport de recherche remis au

FASS, 2000.

53 Martin Goyette et Daniel Turcotte, 2004, op. cit.

54 François de Singly, op. cit.

55 Ibid., p. 12-13.

56 David Mills et Caro Motuz, Efficacité des programmes d'emploi pour les jeunes.

Études bilan, document de travail, DRHC, 2001, p. 22.

57 Sheila Currie, Kelly Foley, Saul Schwartz et Musu Taylor-Lewis, Blade Runners et

Café Picasso. Évaluation par étude de cas de deux programmes de formation des jeunes

défavorisés en milieu de travail, Ottawa, Société de recherche sociale appliquée, 2001.

58 Sylvie Morel, Les logiques de la réciprocité. Paris, France, PUF, 2000 ; Monique

Provost, « L'employabilité et la gestion de l'exclusion du travail » Nouvelles pratiques

sociales, volume 2, no 2, 1989, p. 71-82.

59 Gonzalo Alvestegui et Jean-Michel Charbonnel, « Mise en oeuvre du RMI et

reformulation de la question sociale », Lien social et politiques - RIAC, volume 42, no 82,

1999, p. 85-96 ; Martine d'Amours, « Le passage du salariat au travail autonome après 40

ans », in Diane-Gabrielle Tremblay et Lucie France Dagenais, Ruptures, segmentations et

mutations du marché du travail, Sainte-Foy, Presses de l'université du Québec, 2002, p.

235-250.

60 Sylvie Beauchemin et Jacques Beauchemin, « La réforme québécoise de la sécurité du

revenu. La citoyenneté au service d'une solidarité gestionnaire », Lien social et politiques

- RIAC, volume 39, no 79, 1998, p. 139-140 ; Jean-François René et al., op. cit.

61 Le workfare correspond ainsi à « un affaiblissement des droits assistanciels ». Or, dans

cette perspective, la stratégie de workfare, associée au modèle néolibéral (États-Unis),

mise « exclusivement » sur l’intégration en emploi, tandis qu’un modèle visant

l’insertion, associé au cadre du RMI en France, mise sur l’insertion sociale .

62 Geneviève Fournier et Marcel Monette, L'insertion socioprofessionnelle. Un jeu de

stratégie ou un jeu de hasard ?, Saint-Nicolas, les Presses de l'université Laval, CRIEVAT,

2000 ; Claude Trottier, op. cit.

63 Christopher McAll et Deena White, Structures, systèmes et acteurs : welfare et

workfare comme champs d'action sociale, rapport de l'équipe de recherche sur la pauvreté

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et l'insertion au travail, Montréal, université de Montréal, 1996 ; Jean-François René,

Christine Lefebvre et Arlène Cotton, « Développement de l'employabilité et

empowerment dans une entreprise d'insertion : l'exemple d'Insère-Jeunes », Apprentissage

et socialisation, volume 19, no 1, 1999, p. 53-70.

64 Donna Hardina, « Workfare in the US : Empirically-Tested Programs or Ideological

Quadmire ? », », in Eric Shragge [ed], Workfare. Ideology for a New Under-Class,

Toronto, Garamond Press, 1997, p. 131-148 ; ICEA, Où mènent les parcours ?, document

de réflexion, Institut canadien d'éducation des adultes, document inédit, 1998.

65 Eric Shragge, « Workfare : An Overview », in Eric Shragge, op. cit. p. 17-33 ; Eric

Shragge et Marc-André Deniger, « Workfare in Quebec », in Éric Shragge, op. cit., p. 59-

84.

66 C. Gorelick et G. Brethour, Welfare to work programs : A national Inventory, Ottawa,

Conseil canadien de développement social, 1998.

67 Yves Bonny et Marco Oberti, « Les mesures de soutien au revenu en Europe.

Approche comparative des situations locales », Lien social et politiques - RIAC, volume

42, no 82, 1999, p. 71-85.

68 Sylvie Beauchemin et Jacques Beauchemin, op. cit.

69 Christine Schaut, « Les nouveaux dispositifs de lutte contre l'exclusion sociale et

l'insécurité en Belgique francophone : orientations, mise en oeuvre et effets concrets »,

Sociologie et société, volume XXXIII, no 2, 2001, p. 67-92.

70 Laurence Roulleau-Berger, « Professionnels de l'insertion au contact des jeunes en

situation précaire : de la coproduction et de la discrimination des compétences », Lien

social et Politiques - RIAC, volume 40, 1998, p. 39-45.

71 Martin Goyette, Céline Bellot et Jean Panet-Raymond, « L'insertion

socioprofessionnelle des jeunes en difficulté : vers de nouvelles interventions ? », in Jean

Poupart, L'intégration sociale et professionnelle des personnes judiciarisées et

marginalisées, Sainte-Foy, Presses de l'université du Québec, 2004, p. 191-212.

72 Ibid.

73 Sheila Currie, Kelly Foley, Saul Schwartz et Musu Taylor-Lewis, op. cit. ; David

Mills et Carol Motuz, op. cit. ; Martin Goyette, Céline Bellot et Jean Panet-Raymond,

2006, op. cit.

74 David Mills et Carol Motuz, op. cit. ; Jean Panet-Raymond, Céline Bellot et Martin

Goyette, op. cit.

75 Martin Goyette, Céline Bellot et Jean Panet-Raymond, 2004, op. cit.

76 Céline Bellot, Les besoins en logement des jeunes de la rue, Montréal, ville de

Montréal, 2003 ; Johanne Charbonneau et Marc Molgat, Le réseau des petites avenues,

Montréal, Observatoire jeunes et société, 2003.

77 Martin Goyette, Céline Bellot et Jean Panet-Raymond, 2004, op. cit. ; Varda Mann-

Feder et Thrish White, op. cit. ; Madeleine R. Stoner, op. cit.

78 Martin Goyette et al., Comment faciliter le passage à la vie adulte des jeunes des

centres jeunesse. Évaluation de l’intervention réalisée du projet d’intervention intensive

en vue de préparer le passage à la vie adulte des jeunes des centres jeunesse du Québec,

2006, Montréal, rapport de recherche remis au Centre national de prévention du crime ;

Amélie Morin, Projet d'intervention intensive en vue de préparer le passage à la vie

autonome et d'assurer la qualification des jeunes des centres jeunesse du Québec - Bilan

de l'an II, Montréal, Association des centres jeunesse du Québec, 2004, p. 22.

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79 Martin Goyette, Jean Panet-Raymond et Nicole Dallaire. « Algunos retos del

Partenariado en Quebec ; hacia la cualificación de prácticas de intervención social. De

quelques enjeux du partenariat au Québec : vers de nouvelles pratiques sociales locales »,

Trabajo Social (Universidad nacional de Colombia), n° 6, p. 129-144.

80 Martin Goyette, Céline Bellot et Jean Panet-Raymond, 2006, op. cit. ; Nicole Dallaire,

Martin Goyette et Jean Panet-Raymond, 2003, op. cit.

81 Martin Goyette et Daniel Turcotte, 2004, op. cit.

82 L’auteur tient à remercier le programme de bourses d’excellence de doctorat du Fonds

québécois de recherche sur la société et la culture (FQRSC) et l’Association des centres

jeunesse du Québec (ACJQ) pour leur soutien financier lors de cette démarche, ainsi que

Céline Bellot, Michèle Bellot, Élisabeth Callu et les évaluateurs anonymes pour leurs

commentaires sur une version antérieure de ce texte.

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Pour citer cet article

Référence électronique

Martin Goyette, « Préparation à la vie autonome et insertion socioprofessionnelle des

jeunes pris en charge par l’État : quelles interventions ? », Sociétés et jeunesses en

difficulté [En ligne], n°2 | automne 2006, mis en ligne le 24 octobre 2006, Consulté le 16

mars 2012. URL : http://sejed.revues.org/index159.html

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Auteur

Martin Goyette

Institut national de recherche scientifique - Urbanisation culture et société

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Interdépendance des transitions vers l’autonomie de jeunes ayant connu un

placement : le rôle des soutiens dans les trajectoires d’insertion [Texte intégral]

Paru dans Sociétés et jeunesses en difficulté, n°8 | Automne 2009

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