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Psautier de Genève Le Psautier de Genève est une traduction complète des 150 psaumes de David faite en rime française, accompagnée de mélodies destinées à être chantées pendant le culte protestant. Ce corpus des 150 psaumes, accompagné de quelques cantiques, est élaboré par étapes successives entre 1539 et 1562 à Strasbourg puis à Genève sous l'impulsion et la supervision de Jean Calvin . Il constitue, dès les années 1540, le recueil liturgique officiel de l'Église réformée de Genève. Les mélodies, toutes anonymes, sont attribuées à divers chantres, notamment Guillaume Franc , Loys Bourgeois et Pierre Davantès . À partir de 1562, le corpus est diffusé très largement dans les communautés francophones et connaît un nombre considérable d'éditions, subissant des adaptations successives aux XVII e et XVIII e siècles. Psautier de Genève ou Psautier huguenot ? Le terme de Psautier de Genève est souvent mis en concurrence avec celui de Psautier huguenot et il convient de distinguer un peu ces deux appellations. Par Psautier de Genève il faut entendre le corpus poétique et musical qui constitue le recueil officiel de l'Église de Genève (dont la première édition complète paraît en 1562, et dont la genèse est exposée plus bas). Ce recueil est originellement destiné aux Calvinistes de langue française vivant aussi bien à Genève, qu'en France ou aux Pays-Bas [ceux que l'on appelle en général "les Réformés"] par opposition aux Luthériens par exemple, qui chantent parfois aussi des psaumes en français mais dans des versions différentes. Par Psautier huguenot il faut entendre l'ensemble des traductions et adaptations qui gravitent autour du Psautier de Genève, y compris le Psautier de Genève lui-même. En effet, il a existé des corpus concurrents et non reconnus par l'église de Genève (comme le Psautier de Lyon , le Psautier de Lausanne ), dont aucun n'a existé plus que quelques années, de même que de nombreuses adaptations ou traductions rimées, totales ou partielles, fidèles ou non, qui furent faites parfois sur le modèle du Psautier de Genève (en allemand, en italien, en béarnais, en néerlandais, en romanche, en castillan, etc.). Le Psautier huguenot recouvre donc une mouvance plus large, mais toujours connotée de protestantisme, sinon d'évangélisme 1 . Sommaire [masquer ] 1 La genèse du corpus : les éditions antérieures à 1562

Psautier de Genève

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Storia del Salterio di Ginevra

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Page 1: Psautier de Genève

Psautier de GenèveLe Psautier de Genève est une traduction complète des 150 psaumes de David faite en rime française,

accompagnée de mélodies destinées à être chantées pendant le culte protestant. Ce corpus des 150 psaumes,

accompagné de quelques cantiques, est élaboré par étapes successives entre 1539 et 1562 à Strasbourg puis

à Genève sous l'impulsion et la supervision de Jean Calvin. Il constitue, dès les années 1540, le recueil liturgique

officiel de l'Église réformée de Genève. Les mélodies, toutes anonymes, sont attribuées à divers chantres,

notamment Guillaume Franc, Loys Bourgeois et Pierre Davantès.

À partir de 1562, le corpus est diffusé très largement dans les communautés francophones et connaît un nombre

considérable d'éditions, subissant des adaptations successives aux XVIIe et XVIIIe siècles.

Psautier de Genève ou Psautier huguenot ?

Le terme de Psautier de Genève est souvent mis en concurrence avec celui de Psautier huguenot et il convient de

distinguer un peu ces deux appellations.

Par Psautier de Genève il faut entendre le corpus poétique et musical qui constitue le recueil officiel de

l'Église de Genève (dont la première édition complète paraît en 1562, et dont la genèse est exposée plus

bas). Ce recueil est originellement destiné aux Calvinistes de langue française vivant aussi bien à Genève,

qu'en France ou aux Pays-Bas [ceux que l'on appelle en général "les Réformés"] par opposition

aux Luthériens par exemple, qui chantent parfois aussi des psaumes en français mais dans des versions

différentes.

Par Psautier huguenot il faut entendre l'ensemble des traductions et adaptations qui gravitent autour

du Psautier de Genève, y compris le Psautier de Genève lui-même. En effet, il a existé des corpus

concurrents et non reconnus par l'église de Genève (comme le Psautier de Lyon, le Psautier de Lausanne),

dont aucun n'a existé plus que quelques années, de même que de nombreuses adaptations ou traductions

rimées, totales ou partielles, fidèles ou non, qui furent faites parfois sur le modèle du Psautier de Genève (en

allemand, en italien, en béarnais, en néerlandais, en romanche, en castillan, etc.). Le Psautier

huguenot recouvre donc une mouvance plus large, mais toujours connotée de protestantisme, sinon

d'évangélisme1.

Sommaire

  [masquer] 

1 La genèse du corpus : les éditions antérieures à 1562

o 1.1 Le programme de Calvin

o 1.2 Aulcuns pseaulmes et cantiques (Strasbourg, 1539)

o 1.3 La Forme des Prieres et chantz ecclesiastiques (Genève, 1542)

o 1.4 Cinquante psaumes avec mélodies (Genève, 1543)

o 1.5 Octante trois psaumes (Genève, 1551)

Page 2: Psautier de Genève

o 1.6 Octante neuf psaumes (Genève, 1556)

2 Cent cinquante psaumes (Genève, 1562)

o 2.1 Contenu du recueil

o 2.2 Les éditions de 1562 : un corpus largement diffusé

3 L'évolution du recueil après 1562

4 La révision de Valentin Conrart

5 Les corpus concurrents en français

6 Les traductions

7 Les harmonisations partielles ou complètes

8 Notes

9 Voir aussi

o 9.1 Bibliographie

o 9.2 Liens externes

o 9.3 Discographie

o 9.4 Expositions

o 9.5 Articles connexes

La genèse du corpus : les éditions antérieures à 1562[modifier | modifier le wikicode]

Le programme de Calvin[modifier | modifier le wikicode]

Jean Calvin souhaitait que l'ensemble de l'assistance puisse participer au chant divin pendant le culte religieux.

Dans son traité de théologie Institution de la religion chrétienne(1536), il insiste sur l'importance du chant des

Psaumes. Il souhaite créer un livre de chants accessible au peuple.

Après avoir été forcé de quitter Genève en 1538, Calvin s'installe à Strasbourg. Il rejoint la communauté

huguenote, où il assure également de nombreux cultes. C'est à Strasbourg qu'il s'est familiarisé avec la

versification allemande des Psaumes écrits par Martin Luther et d'autres. Calvin adapte ces chants pour la

communauté française et il fait appel au poète Clément Marot qui avait déjà mis en vers la plupart des Psaumes

en français au début du XVIe siècle.

Aulcuns pseaulmes et cantiques (Strasbourg, 1539)[modifier | modifier le wikicode]

Page 3: Psautier de Genève

Première édition du Psautier (1539)

En 1539 paraît à Strasbourg le recueil considéré comme la première pierre du Psautier de Genève : les Aulcuns

Pseaulmes et cantiques mys en chant2. L'édition est attribuée à Johann Knobloch, elle est faite à l'initiative de

Calvin et contient treize psaumes traduits par Marot, six psaumes traduits par Calvin, celui-ci traduisant aussi

le Cantique de Siméon, les Commandements de Dieu et le Credo. Toutes les pièces sont dotées d'une mélodie,

pour certaines reprises des chants habituels de l'Église allemande de Strasbourg à l'époque. Une partie de ces

mélodies est attribuée àWolfgang Dachstein ou à Matthias Greiter. Certaines ont perduré (avec quelques

adaptations) dans les éditions suivantes : celles des Ps. 1, 2, 15, 32, 33, 36, 51, 67, 68, 69, 103, 114, 115, 130,

137 et 143.

La Forme des Prieres et chantz ecclesiastiques (Genève, 1542)[modifier | modifier le wikicode]

Revenu à Genève en septembre 1541, Calvin publie un nouveau psautier en 1542, c'est La Forme des Prieres et

chantz ecclesiastiques, édition anonyme attribuée à l'imprimeur Jehan Girard 3 . L'édition contient 30 psaumes

traduits par Marot ainsi que sa traduction de l' Oraison dominicale et du Credo. De Calvin ne subsistent que 5

psaumes, le Cantique de Siméon et les Commandements. Comme en 1539 toutes les pièces sont dotées de

mélodies, les 13 nouvelles mélodies qui apparaissent sont attribuées à Guillaume Franc. En effet, entre le retour

de Calvin à Genève et la parution du recueil, Franc est le seul chantre cité dans les registres du Conseil de

Genève. De plus, une mention du 16 avril 1543 semble lier la composition des mélodies avec l’apprentissage des

enfants (ce qui n’est pas illogique dans la mesure où il leur revenait de les apprendre avant tout le monde) :

Psaulmes de David. – Ordonné pour aultant que l’on paracheve les psalmes de David et qu’il est fort

nécessaire de composer ung champ gracieulx sur icyeulx, que maystre Guillaume, le chantre, est bien

propre pour recorder les enfans [...]4.

La Forme des prières de 1542 est précédée d'une préface de Calvin : Comme c'est une chose bien requise

en la Chrestienté..., où il développe la nécessité de la prière en langue vulgaire et du chant ; elle est suivie

d'un formulaire pour le baptême, la célébration de la Cène, le mariage et la visitation des malades, constituant

ainsi le premier rituel protestant de Genève.

Page 4: Psautier de Genève

Cinquante psaumes avec mélodies (Genève, 1543)[modifier | modifier le wikicode]

Lorsque Clément Marot se réfugie à Genève en 1543, il est prié par Calvin de continuer la traduction des

psaumes en vers. Mort à Turin en 1544, Marot ne pourra parachever son travail. Au total, il arrivera à en

traduire 49, ainsi que le Cantique de Siméon, les Commandements, le Credo, la Salutation angélique,

les Prière avant et avant le repas.

De ces psaumes il paraît une édition sans mélodie en 15435 et la même année une édition avec mélodie,

hélas perdue6. En toute vraisemblance, comme pour la Forme des prièresde 1542, les mélodies sont dues au

chantre Guillaume Franc et seize d'entre elles se perpétueront sans changement notable dans l'édition

complète de 1562. Quant à la préface de Calvin, elle double de longueur et prend sa forme définitive.

L'édition genevoise de 1543 a servi de modèles aux éditions données à Lyon par Godefroy et Marcelin

Beringen en 1548 et 15497.

De ces "cinquante psaumes" de Marot (en fait 49 et le Cantique de Siméon, il paraît de nombreuses éditions

sans musique à partir de 1543, notamment à Lyon et à Paris, avec parfois quelques psaumes

supplémentaires venant d'autres traducteurs. Ne portant de mélodies, elles ne ressortent pas au corpus

du Psautier de Genève.

Octante trois psaumes (Genève, 1551)[modifier | modifier le wikicode]

Page de titre des Octante trois pseaumes de Genève : Jean Crespin, 1551.

Marot parti vers Chambéry fin 1543, Guillaume Franc partant à Lausanne vers juillet 1545, la continuation du

projet de Calvin doit dès lors faire appel à de nouveaux contributeurs. C'est à Théodore de Bèze que Calvin

confie la suite du travail de la traduction - il semble même que Bèze ait commencé de sa propre initiative.

Arrivé à Genève de Paris en 1548, fixé ensuite à Lausanne en 1549 comme professeur de grec à l'Académie,

il traduira en plusieurs étapes les cent psaumes restants.

Page 5: Psautier de Genève

En 1551 paraît la première édition des Octante-trois psaumes, avec des mélodies qu'on sait avoir été

composées par le chantre Loys Bourgeois, venu de Paris en 1545. Cette première édition, imprimée par

l'imprimeur humaniste Jean Crespin, n'a été retrouvée qu'en 19698. Outre cette édition, on connaît quatre ou

cinq éditions de même contenu, parues à Genève entre 1553 et 15559. Certaines d'entre elles sont annexées

à une Bible. Exemple d'une édition des Octante trois pseaumes : celle de Jean Crespin en 1554 (sur Gallica).

Octante neuf psaumes (Genève, 1556)[modifier | modifier le wikicode]

En 1554, l'édition des Octante trois pseaumes parue chez Jean Crespin10 propose déjà à la fin 6 nouveaux

psaumes, dont deux sans mélodie et quatre à chanter sur des mélodies antérieures. Ce n'est qu'en 1556 que

ceux-ci sont réintégrés parmi les 83 psaumes pour constituer un corpus de 89 psaumes. Ceux-ci paraissent

dans plusieurs éditions, en plusieurs formats et avec des préfaces et des pièces annexes différentes, sans

qu'on puisse déterminer quelle est la première11.

Ces 83 psaumes sont parfois augmentés jusqu'à 90 avec l'adjonction, dès 1556 dans certaines éditions, du

Ps. 67, à chanter sur le chant du Ps. 33. Entre 1556 et 1561, il paraît 25 éditions de ce corpus12, certaines

d'entre elles sont annexées à des éditions de laBible ou du Nouveau Testament.

C'est aussi à l'étape des Octante neuf psaumes que paraissent à Genève quelques éditions variantes :

dès 1556 avec en sus la traduction en prose de Loïs Budé (parue indépendamment en 1551).

dès 1556 avec la solmisation, par Pierre Vallette,

dès 1559 avec les mélodies réduites à une seule clef (à l'initiative du chantre Pierre Vallette)

dès 1560 avec une mélodie chiffrée qui aide à chanter "tout au long", introduite par Pierre Davantès

dès 1561 avec les oraisons de d'Augustin Marlorat, de courtes prières placées à la suite du psaume. Elles

disparaissent après 1564, le Conseil de Genève y étant opposé.

Les 25 éditions des Octante trois pseaumes paraissent surtout à Genève mais aussi à Lyon, à Paris, à Caen

et à Rouen, préfigurant la diffusion très large qu'allaient avoir les éditions de 1562. C'est le signe patent que

les psaumes de Marot et Bèze, avec leurs mélodies officielles de l'Église de Genève, se diffusaient déjà

largement dans les communautés réformées dans les contrées francophones.

Exemple d'une édition des Octante neuf pseaumes : celle de Pierre Davantès (Genève, 1560), sur Gallica.

Cent cinquante psaumes (Genève, 1562)[modifier | modifier le wikicode]

Page 6: Psautier de Genève

Le Ps. 1 au début de l'édition de Genève : Jean de Laon, 1562, 8°.

Contenu du recueil[modifier | modifier le wikicode]

Enfin, Théodore de Bèze traduit les 67 psaumes qui manquaient encore. En 1561, il abandonne les droits

d'auteur de ses dernières traductions au dispensaire des pauvres de Genève, qui pourra ainsi en toucher des

revenus. Il achève ainsi la traduction des 150 psaumes de David, auquel sont en général adjoints :

l'épître de Calvin Comme c'est une chose bien requise en la Chrestienté... signée de Genève, 10 juin

1543 ;

l'épître en vers de Bèze Petit troupeau, qui en ta petitesse... ;

Les Commandemens de Dieu traduits par Marot : Lève le coeur, ouvre l'oreille... ;

Le Cantique de Siméon traduit par Marot : Or laisse Createur, en paix ton serviteur ;

(mais les pièces annexes peuvent varier d'une édition à l'autre).

Les 152 pièces sont dotées de 125 mélodies au total13. L'auteur des dernières mélodies (au nombre de 40, 25

psaumes se chantant sur des mélodies déjà utilisées) est resté anonyme ; il est seulement nommé Maistre

Pierre dans un document d'archive14. D'après les travaux de Pierre Pidoux, la meilleure hypothèse conduit à

les attribuer à Pierre Davantès, un grammairien et helléniste, peut-être aussi chantre, qui mourra fin août

1561. Son travail est généralement considéré de moindre qualité que ceux de Guillaume Franc ou de Loys

Bourgeois. Ce dernier, ayant quitté Genève fin 1552 pour Lausanne, n'était plus disponible depuis longtemps

pour accomplir ce travail.

Page 7: Psautier de Genève

Profitant de son voyage à Paris pour assister au Colloque de Poissy, Bèze obtient un privilège du roi au nom

du marchand-libraire lyonnais Antoine I Vincent, pour l'impression et la vente du psautier complet avec ses

mélodies (Saint-Germain en Laye, 19 octobre 1561, avec confirmation le 26 décembre). Ceci fait, tout est prêt

pour le Psautier de Genève puisse être imprimé à grande échelle.

Les éditions de 1562 : un corpus largement diffusé[modifier | modifier le wikicode]

La diffusion du Psautier de Genève, en 1562 et dans les années immédiatement postérieures (1563, 1564)

est une opération de grande envergure qui n'avait pas encore eu d'équivalent dans l'histoire de l'édition. Le

but était de diffuser, simultanément et le plus largement possible, une édition correcte du recueil pour lui

donner d'emblée le statut d'un recueil officiel.

C'est à cette étape qu'intervient Antoine I Vincent, un puissant marchand-libraire lyonnais, très lié aux élites

genevoises. Il se déplace souvent entre Paris, Lyon et Genève. La production de livres qu'il finance est très

importante et il sous-traite ses impressions à de nombreux imprimeurs, surtout lyonnais. Son fils Antoine II

Vincent est également marchand-libraire (cette homonymie rend l'origine des documents d'archives parfois

complexes à attribuer...).

Sur le plan commercial, le recueil est protégé par un privilège genevois pour 10 ans obtenu du Petit Conseil,

en date du 8 juillet 1561. Il est également protégé par un privilège royal de 10 ans accordé à Antoine Vincent

sur l'étendue du royaume de France. Il ne pourra donc pas être copié sans l'accord dudit Vincent. Le privilège

est "transporté"15 par Jacques Danès au nom d'Antoine Vincent, le 26 février 1562 [n. st.] à Paris, dans un

acte qui prévoit de faire travailler 19 imprimeurs16. Un acte similaire est signé à Orléans le 20 mars 1562 entre

Jacques Danès et Eloi Gibier, libraire à Orléans.

Sur le plan matériel, on observe que plusieurs imprimeurs lyonnais ou genevois se dotent à l'occasion de

caractères de musique, et leur impression du Psautier de Genève sera souvent leur première édition

musicale17. Plusieurs achats de papier sont repérés dans les archives genevoises.

L'organisation de l'ensemble est déléguée à Antoine Vincent et son nom apparaîtra parfois à l'adresse des

livre en lieu et place de celui de l'imprimeur, ou en plus de celui de l'imprimeur. Le financement des éditions

est aussi dû au puissant marchand-libraire genevois Laurent de Normandie, qu'on sait avoir stocké des

quantités considérables d'impressions18.

Au final, les éditions datées 1562 qui ont été retrouvées sont au nombre de trente-deux19. Elles proviennent

de :

Caen :

Pierre Le Chandelier et Pierre Gondouin, 1562, in-8°,

Simon Mangeant, 1562, in-8°,

Pierre Philippe, 1562, in-8°

Genève :

Page 8: Psautier de Genève

Etienne Anastaise (à la suite de la Bible in-4° de 1562),

Michel Blanchier, 1562, in-8°20,

Jean Bonnefoy, 1562, in-8° 21

Thomas Courteau, 1562, in-8°

Thomas Courteau, 1562, in-16°

Antoine Davodeau et Lucas de Mortière, 1562, édition partagée avec Jean-Baptiste Pinereul, in-8°

Antoine Davodeau et Lucas de Mortière, 1562, in-16°

Zacharie Durant (1562 ou peu après), in-8°

Olivier Fordrin & François Duron, 1562, in-8°

François Jaquy, 1562, in-8°, numérisé sur e-rara.ch

Jean I de Laon, 1562, in-8°, numérisé sur e-rara.ch

François Perrin, à la suite de la Bible in-fol, 1562

François Perrin, 1562, in-8°, édition partagée avec François Le Preux à Lausanne,

François Perrin, 1562, in-32°

Jean-Baptiste Pinereul, 1562, in-8°

Jean Rivery, 1562, in-8°

Jean Rivery, 1562, in-16°

Page de titre de l'édition de Lyon : Jean I de Tournes, 1563, 4°.

Lyon :

Antoine Cercia, 1562, in-8°

François Gaillard, 1562, in-16°

Jean I de Tournes, 1562, in-16° (avec un tirage préliminaire)

Page 9: Psautier de Genève

Paris :

Richard Breton, 1562, in-16°

Jacques I Du Puis, 1562, in-8°

Michel Fezandat, 1562, in-16°

Martin Le Jeune, 1562, in-8°

Jean Le Preux, 1562, in-8°, édition partagée avec Jean Le Royer

Adrian Le Roy et Robert I Ballard, 1562, in-8°

Rouen :

Abel Clémence, 1562, in-8°

Abel Clémence, 1562, in-16°

Florent Valentin, 1562, in-8°,

On sait par des sources d'archives que le 27 janvier 1562, 27 400 exemplaires du Psautier de

Genève avaient déjà été imprimés22. Ce chiffre tout-à-fait considérable, qui ne prend pas en compte les

éditions parisiennes, lyonnaises ni normandes, suggère une production totale située entre 50 et 80 000

exemplaires. En 1563 et 1564, le nombre d'éditions baisse mais reste important : de l'ordre de vingt-cinq en

1563 et quinze en 1564.

L'évolution du recueil après 1562[modifier | modifier le wikicode]

En 1563 et 1564, le nombre d'éditions baisse mais reste important : de l'ordre de vingt-cinq en 1563 et quinze

en 1564 et la plupart sont encore imprimées sous le privilège d'Antoine I Vincent. Dans les années qui

suivent, son nom disparaît progressivement des pages de titre, ce qui indique que les imprimeurs respectent

de moins en moins le privilège, jusqu'à disparaître après 1568. Cette année est aussi celle de la mort

d'Antoine I Vincent, et bien que le privilège devait durer jusqu'en 1572 en principe il semble que son fils

Antoine II n'ait rien fait pour le faire respecter.

Ensuite les éditions se succèdent et gagnent du terrain au cours de la fin du XVIe siècle et durant

le XVIIe siècle. Outre Genève et d'autres villes helvétiques, on imprime le Psautier de Genève à Paris puis à

Charenton, en Normandie à Caen, Rouen, Quévilly, Saint-Lô, Dieppe, plus au sud à La Rochelle, Saumur,

Montauban. Dans les anciens Pays-Bas, les presses tournent à Anvers, Leyde, La Haye ou Amsterdam. La

Révocation de l'Edit de Nantes en 1685 et l'exode des Protestants qu'elle déclenche hors du royaume de

France vont générer des éditions aux Pays-Bas encore, dans les pays alémaniques, en Suisse toujours et en

Angleterre, tous pays du Refuge23.

Sans mordre sur le XVIIIe siècle, les évolutions du texte sont les suivantes : en 1587 une version légèrement

modifiée paraît sous le sceau de l'Église de Genève, considérée comme officielle. Elle ne concerne que 70

modifications visant à polir le texte, à en supprimer quelques tournures vieillies. Elle est faite sous l'autorité de

Théodore de Bèze et du professeur Corneille Bonaventure Bertram 24 . Ensuite le texte reste stable jusqu'à une

Page 10: Psautier de Genève

tentative de traduction modernisée due au Genevois Jean Diodati, publiée en 1646 à Genève pour une partie

du corpus seulement. Mais cette nouvelle traduction n'eut pas de lendemain.

La révision de Valentin Conrart[modifier | modifier le wikicode]

La grande révision du texte n'interviendra que durant le troisième quart du XVIIe siècle, à l'initiative du poète

et académicien Valentin Conrart. Celui-ci mourant en 1675 sans terminer son ouvrage, la révision sera

achevée par Marc-Antoine Crozat, sieur de La Bastide. Un premier lot de 51 psaumes paraît en 1677, puis le

psautier complet en 1679. À partir de cette date, la version retouchée fut encore révisée par le pasteur

genevois Bénédict Pictet, jusqu'à ce qu'elle soit officiellement acceptée par l'Église de Genève en 1698 et

qu'elle passe immédiatement en usage dans les temples25.

Sur le plan des mélodies, il a existé plusieurs tentatives de transpositions des psaumes. On voit des psautiers

dans lesquels toutes les mélodies sont réduites à une seule clé : la première tentative provient du chantre

genevois Pierre Vallette dès 1559 (toutes les mélodies sont en clef d'ut 4), puis dès 1650 par Cornelis de

Leeuw dans les traductions flamandes, en 1653 par Claude Légaré et dès 1658 par Antoine Lardenois.

Celles-ci sont toutes sont en clef d'ut 3. En 1677, le musicien bernois Johann Ulrich Sultzberger propose une

nouvelle transposition en clé d'ut 4, à l'occasion d'une réédition de l'harmonisation de Claude Goudimel 26 .

Les corpus concurrents en français[modifier | modifier le wikicode]

Deux entreprises peuvent être considérées comme avoir été concurrentes au Psautier de Genève :

le Psautier de Lyon et le Psautier de Lausanne (voir les articles détaillés correspondants). En résumant :

Le Psautier de Lyon est constitué des Cinquante psaumes traduits par (en fait 49 psaumes et le Cantique

de Siméon). Dès 1550, Jean Poitevin publie à Poitiers sa traduction des Cent psalmes qui restoient à

traduire en rithme françoise. Entre 1554 et 1561, neuf éditions paraissent qui proposent le psautier

complet traduit par Marot et Poitevin, à Lyon surtout, mais aussi à Rouen et Paris. En 1555 le

musicien Philibert Jambe de fer adapte ses mélodies aux cent psaumes restant. Le résultat est donc un

psautier complet, avec ses mélodies, c'est-à-dire un corpus structurellement identique au Psautier de

Genève. On peut supposer qu'il a été brièvement utilisé dans les communautés lyonnaises, mais on n'en

a pas de preuve. Le nombre de rééditions, toutefois, témoigne d'un certain succès.

Le Psautier de Lausanne est une variante du Psautier de Genève qui n'a paru qu'une fois à Lausanne en

1565. Il se caractérise par le fait que tous les psaumes qui dans lePsautier de Genève étaient dotés

d’une mélodie déjà employée pour un autre psaume reçoivent ici une mélodie originale composée

par Guillaume Franc, un ancien chantre de l'Église qui s'était ensuite déplacé à Lausanne. Outre ces

nouvelles mélodies, Franc avait fait des corrections diverses, supprimé des pauses et des syncopes, et

modifié quelques mélodies. Cette entreprise n'eut pas de suite.

Les traductions[modifier | modifier le wikicode]

Avant même d'être complet de ses 150 psaumes, le Psautier de Genève fait l'objet de plusieurs traductions,

qui reprennent ou non les mètres et les mélodies de l'original et qui reflètent bien la diffusion progressive des

idées réformées en Europe.

Page 11: Psautier de Genève

C'est sous la forme d'un psautier en italien que le Psautier de Genève a ses premières retombées, avec

même d'être achevé. En 1554 paraissent les XX Salmi di david, tradotti in rime volgari italiano..., chez

Jean Crespin. Ce petit recueil est ensuite augmenté en 1560 avec les Sessanta salmi di David, réédités

huit fois jusqu'en 1650, et augmentés à cent psaumes en 1683. Sur l'histoire de ce corpus italophone,

voir le Psautier réformé italien.

En 1557 paraît à Genève une édition des psaumes traduits en castillan par Juan Pérez de Pineda. Pas de

mélodies ici, mais l'édition est clairement destinée aux réfugiés espagnols à Genève. Une autre édition

due à un mystérieux "Juan Le Quesne" paraît en 1606 à Genève toujours, mais limitée à 60 psaumes.

Après plusieurs éditions partielles parues entre 1556 et 1561, la première édition anglaise complète paraît

en 1562, traduite par Thomas Sternhold, John Hopkins et autres. Elle porte des mélodies différentes de

celles de Genève (la métrique des psaumes ne reprend pas celle de Marot et Bèze) ; ce recueil restera

un élément majeur de la liturgie protestante anglaise et sera souvent réimprimé jusqu'à la fin

du XVIIe siècle. Il ne sera révisé qu'en 1828 !

En 1565 à Toulouse paraît une traduction en rime gasconne limitée à 58 psaumes, due à Pey de Garros 27 .

En 1566, le Psautier de Genève est traduit en néerlandais par Pieter Datheen (Petrus Dathenus). Il

devient le recueil liturgique officiel des communautés néerlandophones et sera très souvent imprimé28. De

là, le recueil est traduit en portugais (1703), malais (1735) et tamoul (1755). En 1580, une nouvelle

traduction est donnée par Philippe de Marnix de Sainte-Aldegonde, faite sur l'hébreu mais utilisant les

mélodies de Genève. Malgré sa qualité poétique indéniable, cette traduction n'arrivera pas à évincer celle

de Datheen.

C'est en 1573 à Leipzig que paraît la première impression de la traduction en allemand donnée

par Ambrosius Lobwasser (elle était terminée dès 1565 et utilise les mélodies de Genève). Là encore de

très nombreuses éditions paraissent29. La première édition bilingue français-allemand paraît en 1587. La

traduction de Lobwasser est elle-même la source de plusieurs traductions : en latin (1596), romanche

(1661), haut-romanche (1683) et danois 1662.

Dès 1580 paraît à Cracovie une version entièrement traduite en polonais par Jan Kochanowski (1530-

1584), adaptée par le musicien Mikolaj Gomolka à des mélodies sans rapport avec celles de Genève. Le

recueil reste toutefois un ouvrage de la mouvance protestante.

En 1583 paraît à Orthez la traduction en rime béarnaise d'Arnaud de Salette, qui n'eut pas plus d'avenir

que celle de Pey de Garros30.

En 1587 paraît la traduction en tchèque du Psautier de Genève, due à Jiri Strejc Zabrezsky (Georg

Vetter, 1536-1599). Elle prend sa source dans la traduction de Lobwasser et connaît seize éditions

jusqu'en 160231.

Les harmonisations partielles ou complètes[modifier | modifier le wikicode]

Avant même d'avoir été complété avec ses 150 psaumes et ses 125 mélodies, le Psautier de Genève avait

retenu l'attention des musiciens. Les premiers qui s'y sont intéressés n'avaient mis en musique que le texte

de Marot, sans reprendre la mélodie (qui dans certains cas n'était pas encore composée). D'autres ont

Page 12: Psautier de Genève

ensuite composé des pièces séparées, reprenant la mélodie de Genève ; ils ont également travaillé à des

chansons spirituelles.

Nous détaillerons ici les œuvres qui constituent une mise en musique d'un corpus partiel ou entier des

Psaumes de Genève. On trouve notamment les recueil suivants :

1545 – Harmonisation à 4 voix note contre note de 31 psaumes par Pierre Certon (Paris : Pierre

Attaingnant, 1545). Augmentée à 50 psaumes (Paris : Adrian Le Roy et Robert Ballard, 1555).

1546 – Harmonisation à 4 voix note contre note de 31 psaumes par Antoine de Mornable (Paris : Pierre

Attaingnant, 1546).

1547 – Harmonisation à 4 voix note contre note par Loys Bourgeois (Lyon : Godefroy et Marcelin

Beringen, 1547). Ne reprend pas encore toutes les mélodies officielles de Genève.

1547 – Harmonisation à 4 voix en contrepoint par Loys Bourgeois (Lyon : Godefroy et Marcelin Beringen,

1547). Comprend 23 psaumes et le Cantique de Siméon.

1549 – Harmonisation à 4 voix en note contre note par Clément Janequin (Paris : Nicolas Du Chemin,

1549). Augmentée à 82 psaumes (Paris : Adrian Le Roy et Robert Ballard, 1559).

1552 – Harmonisation et mise en tablature de luth de 21 psaumes par Adrian Le Roy (Paris : Adrian Le

Roy et Robert Ballard, 1552).

1554 – Harmonisation à 4 voix note contre note de Loys Bourgeois (Lyon : Godefroy Beringen, 1554). Elle

reprend les mélodies officielle des Octante trois pseaumes de 1551.

1554 – Harmonisation et mise en tablature de 13 psaumes par Guillaume Morlaye (Paris : Michel

Fezandat, 1554).

1559 – Harmonisation à 4 voix note contre note de Philibert Jambe de fer (Lyon : Michel Du Boys, 1559).

Contient une harmonisation des premiers psaumes traduits par Théodore de Bèze.

1559 – Harmonisation en contrepoint à 3 voix des 49 psaumes de Marot par Michel Ferrier (Lyon : Robert

Granjon, 1559), rééditée à Paris chez Nicolas Du Chemin en 1568.

1561 – Harmonisation à 4 voix note contre note de Thomas Champion (Paris : François Trépeau, 1561).

1564 – Harmonisation à 4 voix note contre note de Claude Goudimel (Paris, Adrian Le Roy et Robert

Ballard, 1564, puis Genève : Héritiers de François Jaquy, 1565). Une édition partielle de 83 psaumes

avait paru précédemment (Paris : Adrian Le Roy et Robert Ballard, 1562). Nombreuses rééditions

jusqu'en 1762, sur la traduction française de Marot et Bèze, allemande d'Ambrosius Lobwasser,

romanche de Valentin de Nicolai, romanche de Grass, latine de Spethe32.

1564 – Harmonisation à 4 voix note contre note de Richard Crassot (Lyon : Thomas de Straton, 1564).

Rééditée en 1565 et peut-être en 1569.

1564 – Harmonisation à 4 voix note contre note de Philibert Jambe de fer (Lyon : Antoine Cercia et Pierre

de Mia, 1564). Rééditée la même année pour l'auteur, Pierre Cussonel et Martin La Roche.

1565 – Harmonisation à 4 voix note contre note de Hugues Sureau (Rouen : Abel Clémence, 1565).

1565 – Harmonisation à 3 voix par Jean Servin (Orléans : Loys Rabier, 1565).

Page 13: Psautier de Genève

1567 – Réduction au luth par Adrian Le Roy de l'harmonisation de Goudimel (Paris : Adrian Le Roy et

Robert Ballard, 1567). Probablement éditée partiellement auparavant (83 psaumes, 1562).

1567 – Harmonisation à 4 voix note contre note de Pierre Santerre (Poitiers : Nicolas Logerois, 1567,

perdue).

1583 – Harmonisation en contrepoint à 4, 5, 6, 7 et 8 voix par Paschal de L'Estocart (Genève : Eustache

Vignon ; et Lyon : Barthélémy Vincent (impr. Genève : Jean de Laon), 1583.

1601 – Harmonisation de 4 à 8 voix de David Janszoon Padbrué, sur la traduction néerlandaise de Pieter

Dathen

1601 – Harmonisation à 4 et 5 voix note contre note de Claude Le Jeune (Paris : Pierre I Ballard, 1601).

Probablement composée vers les années 1570. Nombreuses rééditions jusqu'en 1737, sur la traduction

française de Marot et Bèze, allemande d'Ambrosius Lobwasser, néerlandaise de Pieter Dathen,

romanche de Jacob et Barthélémy Gonzenbach32.

1602-1610 – Harmonisation en contrepoint fleuri à 3 voix par Claude Le Jeune (Paris : Pierre I Ballard,

1602, 1608, 1610 en trois suites de cinquante psaumes).

1604-1621 – Harmonisation en contrepoint à 4, 5, 6, 7 et 8 parties par Jan Pieterszoon

Sweelinck (imprimée en quatre livres : Genève [en 1604, 1613 et 1614, toutefois publiés à Amsterdam] et

Haarlem 1621).

1605 - Harmonisation de 46 psaumes à 5, 6 et 8 voix par François Gras, composée avant 1597 et publiée

à Lyon en 1605 (perdue).

1606 – Harmonisation à 4 voix en note contre note par Samuel Mareschal (Bâle : 1606) sur la traduction

de Lobwasser.

1615 – Harmonisation et mise en tablature de 21 psaumes par Nicolas Vallet (Amsterdam : l'auteur, 1615,

rééd. 1619).

1617 – Harmonisation et mise en tablature des 150 psaumes par Daniel Laelius (Arnheim : Jan Jansson,

1617).

1620 – Harmonisation et mise en tablature des 150 psaumes par Nicolas Vallet (Amsterdam : l'auteur,

1620).

1624 – Ajout par Jean Le Grand, un chantre de l'Église de Genève, d'un cinquième et parfois d'une

sixième voix au psaumes homophones de Claude Le Jeune (Genève : pour François Le Fèvre, 1624).

Notes[modifier | modifier le wikicode]

1. ↑  Le qualificatif de Huguenot a été appliqué aux Protestants français dès les années 1555-1560. L'invention du terme de Psautier Huguenot est

certainement due à Orentin Douen, qui se plaçait dans la deuxième moitié du XIXe siècle dans le contexte de la lutte entre Protestants français

"orthodoxes" et Protestants français "libéraux". Il a été très virulent dans cette querelle, qui touche à l'idée même que l'on se faisait alors de la

pensée de Calvin et, partant, de l'obédience que l'on devait au recueil officiel de Genève. Au-delà des termes de Psautier de Genève ou

de Psautier huguenot, celui de Psautier des églises réformées est moins connoté et plus rassembleur.

2. ↑  Description dans Pidoux 1962 n° 39/I. Fac-similés : 1919, 1932, 1955.

3. ↑  Description dans Pidoux 1962 n° 42/I, GLN n° 41. Fac-similé 1959.

Page 14: Psautier de Genève

4. ↑  Pidoux 1962 vol. I p. 19.

5. ↑  Pidoux 1962 n° 43/II.

6. ↑  Pidoux 1962 n° 43/I.

7. ↑  Pidoux 1962 n° 48/II et 49/I, Guillo 1991 n° 24 et 25.

8. ↑  Johns 1969, Pidoux 1962 n° 51/II. Fac-similé New Brunswick (N.J.) : Rutgers University, 1973,numérisé sur Gallica [archive].

9. ↑  Liste dans Guillo 1988 p. 30-31.

10. ↑  Pidoux 1962 n° 54/I, GLN 244.

11. ↑  Voir Pidoux 1962 n° 56/II, Guillo 1988 p. 31-32.

12. ↑  Guillo 1988 p. 31-34.

13. ↑  Détail de toutes les mélodies dans Pidoux 1962 vol. 1.

14. ↑  Genève AEG, Archives hospitalières, H j 2, f. 58v et 59r. Cité d'après Marot 1986 p. 24.

15. ↑  Ce qui revient à dire que le privilège est délégué à des imprimeurs, pour qu'ils puissent imprimer en étant protégés comme s'ils étaient eux-

mêmes détenteurs du privilège.

16. ↑  Paris AN : MC LXXIII, 55, transcrit dans Droz 1957 p. 282-283.

17. ↑  Voir les contrats entre Antoine Vincent et le fondeur de lettres Pierre Bozon, le 3 février et le 20 novembre 1561. Genève AEG, cités par Droz

1957 p. 279.

18. ↑  Schlaepfer 1957.

19. ↑  Il y en eut probablement d'autres. Les éditions faites au nom d'Antoine Vincent continuent durant quelques années, tandis que d'autres ne

mentionnent ni son nom ni son privilège, et sont donc susceptibles d'avoir été contrefaites. La liste est établie d'après la Bibliographie des psaumes

imprimés en vers français, à paraître.

20. ↑  Le fac-similé est cité dans la bibliographie ci-dessous à l'année 1986. Cette édition porte la solmisation.

21. ↑  Voir sur Gallica la réédition de 1563 [archive], 8°, donnée par Bonnefoy.

22. ↑  Marot 1986 p. 28.

23. ↑  Sur la production de ces villes, voir par exemple Desgraves 1988, Noailly 1988, Guillo 1990, Guillo 1991, Mellot 1991, Girard 1994, Le Petit 1994,

Noailly 1995, Debard 2000.

24. ↑  Voir Pidoux 1987. Cette référence contient la liste des retouches.

25. ↑  Sur la révision de Conrart, voir Pidoux 1992. Nous arrêtons ici l'histoire du Psautier de Genève. D'autres contributeurs pourront l'amplifier vers

les XVIIIe et XIXe siècles.

26. ↑  Sur l'historique des transpositions, voir Noailly 1987

27. ↑  Sur ce recueil, voir notamment Weeda 2009 p. 145-149.

28. ↑  Bibliographie des éditions dans Fontes 1985. Sur le contexte, voir Weeda 2009 p. 159-166.Voir

29. ↑  Sur le contexte, voir Weeda 2009 chap. XI. Bibliographie de ces éditions dans DKL 1975.

30. ↑  Weeda 2009 p. 149-157.

31. ↑  Sur le contexte, voir Weeda 2009 p. 205-207).

32. ↑ a et b Détail des éditions dans Noailly 1988-2 p. 42-5

Clément Marot

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Clément Marot

Données clés

Activités Poète

Naissancehiver 1496

Cahors

Décès1544

Turin

Langue d'écriture Français

Genres Poésie

Œuvres principales

L’adolescence clémentine (1532)

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Clément Marot, né à Cahors pendant l’hiver 1496 et mort en 1544 à Turin, est un poète français.

Bien qu'encore marqué par l'héritage médiéval, Clément Marot est l'un des premiers grands poètes français

modernes. Précurseur de la Pléiade, il est le poète officiel de la cour de François Ier. Malgré la protection

de Marguerite de Navarre, sœur du roi de France François I er , ses sympathies marquées pour la Réforme et

pour Luther lui ont cependant valu la prison puis l'exil en Suisse et en Italie.

Sommaire

  [masquer] 

1 Biographie

o 1.1 Enfance et formation

o 1.2 Marguerite de Navarre

o 1.3 François Ier

Page 16: Psautier de Genève

o 1.4 La prison

o 1.5 Épître au roi

o 1.6 L’Italie

o 1.7 Le retour en France

o 1.8 La Suisse et les États de Savoie

2 Le personnage

3 La poésie

4 Son œuvre

5 Éditions anciennes

6 Études

7 Notes et références

8 Source partielle

9 Liens externes

Biographie[modifier | modifier le code]

Enfance et formation[modifier | modifier le code]

Comme l’écrit Frank Lestringant, « Il faut prendre garde à ne pas prendre pour argent comptant toutes les

données biographiques présentes dans l’œuvre. Il peut s’agir d’une fiction narrative montée de toutes pièces ».

[réf. insuffisante]

Clément Marot est né à Cahors, d’une mère gasconne et d’un père originaire de Caen, Jean des Marets dit Marot.

Ce Jean des Marets était marchand, mais, à la fin de l’année1505 il fut révoqué par sa corporation. Il quitta alors

la région du Quercy et se mit à écrire des vers. Comme ces vers plurent à Michelle de Saubonne, femme du

seigneur deSoubise, il fut présenté à la reine Anne de Bretagne. Il fut bien reçu et devint un des poètes favoris

de Louis XII, qu’il accompagna en Italie.

Il plaça son fils Clément, qui avait été écolier à Paris, comme page chez Nicolas de Neufville, seigneur de Villeroy,

dans la maison duquel le jeune homme demeura peu. Très vite le jeune Clément Marot composa lui aussi des

vers.

Marguerite de Navarre[modifier | modifier le code]

Dès 1513, il passa en qualité d'homme de chambre au service de Marguerite d'Angoulème, duchesse d’Alençon,

sœur de François I er 1 . Ce monarque, sachant combien elle aimait la poésie, lui fit présenter Marot par le seigneur

de Pothon. S’il faut en croire l'un des éditeurs de ses œuvres, Nicolas Lenglet-Dufresnoy, le poète osa aspirer aux

faveurs de Diane de Poitiers et même de Marguerite de Valois, liaison que plusieurs écrivains, entre

autres Laharpe, ne mettent pas en doute. Mais rien n’est moins prouvé ; et l’abbé Claude-Pierre Goujet assure

que ces amours sont de pure invention. Marot, en effet, eut les plus grandes difficultés à se faire inscrire sur l’état

de la maison de la princesse, au point qu’il s’en plaint dans sa huitième ballade.

François Ier[modifier | modifier le code]

Page 17: Psautier de Genève

Quoi qu’il en soit de cette liaison, le poète suivit François I er  à Reims et à Ardres en 1520, et le duc d'Alençon au

camp d’Attigny, où ce prince, en 1521, était à la tête de l’armée française.

Il traduit Virgile et Lucien. Dès 1515, il offre au nouveau roi, François Ier, un recueil intitulé, Le Temple de Cupido,

fait par Maistre Clément Marot, facteur de la Royne. En 1517 ou1518, il adresse au Roi une Petite Epistre.

En 1521, il se trouva à l’armée du Hainaut que François Ier commandait en personne ; et on le voit en 1525 à

la bataille de Pavie, où il fut blessé au bras et fait prisonnier.

La prison[modifier | modifier le code]

De plus grandes infortunes l’attendaient en France ; il y était revenu, comptant peut-être un peu trop sur la

protection de la cour, où son talent, la politesse de ses manières et l’enjouement de sa conversation l’avaient mis

en crédit. Marot, libertin d’esprit et de cœur, peu réservé dans ses propos et frondant ouvertement les

observances ecclésiastiques, donnait prise à ses ennemis. On l’accusa d’être imbu des nouvelles opinions ; il a

des sympathies marquées pour la Réforme et pour Luther. Il est arrêté, accusé d’hérésie et conduit dans les

prisons du Châtelet où il fut enfermé en 1525. Il proteste, dans son Épître à l’inquisiteur Bouchard, qu’il n’était

ni luthérien, ni zuinglien, ni anabaptiste.

Après la mort du duc d’Alençon en 1525, on a rapporté qu’il se serait vengé d’une femme aimée, une certaine

Isabeau2, en publiant Élégie Iere à une Dame. Celle-ci, piquée de l’indiscrétion de son amant ou de ses satires, se

serait vengée à son tour et dénoncé pour avoir mangé du lard pendant le Carême. Mais la délation mise au

compte d’une femme, Luna ou Ysabeau, relève de la satire misogyne la plus traditionnelle et rappelle une

nouvelle fois Villon (F. Lestringant). Un pareil conte semble peu croyable. Il paraît pourtant que ce fut une dame

qui le dénonça, si l’on en juge par ces vers, où il raconta lui-même son aventure3. Vainement protesta-t-il de la

pureté de sa foi, et réclama-t-il l’intérêt de ses maîtres et de ses protecteurs. La seule grâce qu’il obtint fut d’être

transféré en 1526 des prisons du Châtelet dans celles de Chartres, moins obscures et plus saines que celles

deParis ; les visites des personnes les plus considérables de la ville adoucirent un peu les ennuis de sa captivité.

Ce fut là qu’il composa son poème, l’Enfer, description satirique du Châtelet, et invective contre les abus des gens

de justice4.

Il y retoucha aussi le Roman de la Rose, en substituant des phrases connues à celles qui avaient vieilli5. Il peut

sortir de prison6, grâce à son ami Lyon Jamet, et à l’évêque deChartres, Louis Guillard. Pour remercier son ami, il

écrit Epistre à son amy Lion.

Épître au roi[modifier | modifier le code]

Sa détention ne l’avait pas corrigé. En 1526-1527, il s’éprend d’une jeune fille et écrit Dalliance de Grande Amye.

En 1527, s’étant avisé d’arracher des mains des archers un homme que l’on menait en prison, il y fut mis lui-

même ; et il implora la protection de François Ier par une jolie épîtreEpistre de Marot envoyée au Roy, qui fut si

bien reçue, que ce prince écrivit de sa propre main à la cour des aides pour faire accorder la liberté au prisonnier7.

En 1531, à l'occasion de la mort de Louise de Savoie, mère du roi, il la dépeint comme une sainte qui a réformé la

cour de France et lui a enfin donné de bonnes mœurs, à tel point que son trépas laisse le pays et la nature sans

Page 18: Psautier de Genève

vie, les nymphes et les dieux accourent et gémissent. Il la dépeint comme évangélique dans sa conception de la

vie sociale avec une vision pastorale et traditionnelle de la manière dont on doit se conduire.

En 1532, il publie Epistre au Roy, par Marot estant malade à Paris. Le Roi est sensible à tant d’esprit et accorde à

Marot qui est officiellement son valet de chambre depuis 1528, cent écus d’or au soleil en faveur et considération

de ses bons et agréables services. À peine le poète commençait-il à respirer, que ses sentiments sur la religion

élevèrent contre lui une nouvelle tempête. La justice saisit ses papiers et ses livres.

L’Italie[modifier | modifier le code]

En 1533, il publie la traduction du Pseaume VI, qu’il compose après avoir échappé à la terrible maladie qui le

terrasse presque. À la suite de l’affaire des placards en 1534, catholiques et protestants s’affrontent violemment.

François Ier, après avoir beaucoup tergiversé, se décide pour la répression. Clément Marot préfère s’éloigner de la

cour.

Il se sauve dans le Béarn en l’an 1535, et ensuite à la cour de la duchesse de Ferrare, madame Renée de France,

en Piémont. Il y retrouve les dames de Soubise. Mais s’apercevant qu’il était vu de mauvais œil par le duc, il se

retira en 1536 à Venise.

Le retour en France[modifier | modifier le code]

Ce fut de là qu’il obtint son rappel en France, puis à la cour, par le moyen d’une abjuration solennelle qu’il fit

à Lyon entre les mains du cardinal de Tournon. Il obtient le pardon du Roi. Pour remercier le Roi, il écrit Epistre au

Roy, du temps de son exil à Ferrare.

À ces orages succéda un intervalle de paix dû à la prudence que la réserve italienne et le souvenir de ses

disgrâces passées parurent lui inspirer. La publication de ses premiersPsaumes troubla cette tranquillité. En 1541,

il publie Trente Pseaulmes de David, mis en françoys par Clément Marot, puis les Cinquante Pseaumes. Cette

traduction qu’il entreprit, à la sollicitation du célèbre Vatable, eut la plus grande vogue à la cour. François

Ier chantait ces Psaumes avec plaisir. Chacun des seigneurs et dames de la cour en affectionnait un qu’il

accommodait de son mieux aux vaudevilles, souvent burlesques, qui étaient alors à la mode. Mais on peut dire

qu’ici Marot avait méconnu le genre de son talent ; et les personnes sensées, dit l’abbé Goujet, ne tardèrent pas à

s’apercevoir qu’il avait chanté sur le même ton les hymnes du roi-prophète et les merveilles d’Alix. Bientôt

laSorbonne crut remarquer des erreurs dans cette traduction et en porta des plaintes au roi. François Ier, qui aimait

le poète et qui désirait la continuation de son travail, eut peu d’égard à ces remontrances8. La faculté de théologie

n’en continua pas moins ses plaintes et ses censures, et finit par défendre la vente de l’ouvrage9.

La Suisse et les États de Savoie[modifier | modifier le code]

En 1542, François Ier fait rechercher les luthériens, et bien que son nom ne soit pas prononcé, il part de nouveau

en exil et gagne Genève. Victor Palma Cayet prétend qu’il y débaucha la femme de son hôte, et qu’à la

recommandation de Calvin, la peine capitale qu’il avait encourue fut commuée en celle du fouet. Cette accusation

paraît calomnieuse ; en effet, comment, après une telle aventure, aurait-il osé se présenter, comme il fit, devant

ceux qui commandaient en Piémont pour le roi ? Il est possible que la licence de ses mœurs, qui ne pouvait être

tolérée dans une ville comme Genève, ait donné lieu à ce bruit injurieux.

Page 19: Psautier de Genève

En 1543, il s’installe à Chambéry, capitale des États de Savoie où il est tranquille et ne court aucun risque d'être

inquiété pour ses opinions réformistes. Début 1544, il passe quelque temps au château de Longefan (à la Biolle,

près d'Aix-les-Bains), puis est reçu au château de François de Bellegarde, grand amateur de poésie, pour lequel il

compose une épître.

Voulant rejoindre l'armée française au Piémont, il gagne Turin où il décède dans l’indigence en 1544, toujours

occupé de nouveaux vers et de nouvelles amours, et laissant pour fils unique Michel Marot. Jodelle lui fit cette

épitaphe dans le goût de son siècle :

Querci, la Cour, le Piémont, l’Univers,

Me fit, me tint, m’enterra, me connut ;

Querci, mon los, la cour tout mon temps eut,

Piémont mes os, et l’univers mes vers.

Le personnage[modifier | modifier le code]

Marot avait l’esprit enjoué et plein de saillies sous l’extérieur grave d’un philosophe. Il joignait,

ce qui arrive souvent, une tête vive à un bon cœur. Doué d’un noble caractère, il paraît avoir été

exempt de cette basse jalousie qui a terni la gloire de plus d’un écrivain célèbre. Il n’eut de

querelle qu’avec François de Sagon et Charles de la Hueterie, qui l’attaquèrent pendant qu’il

était à Ferrare. Le premier fut assez impudent pour solliciter la place de Marot, mais non assez

favorisé pour l’obtenir. Le deuxième se dédommagea du déplaisir de voir cesser la disgrâce du

poète par un calembour qui donne la mesure de son esprit : Marot en avait beaucoup mis dans

une épître à Lyon Jamet, où il racontait les peines de son exil et où il se comparait au rat

libérateur du lion. La Huéterie s’empara de l’application que Marot se faisait de cet apologue, et

crut très plaisant de l’appeler le Rat pelé (le rappelé). Marot ne lui répondit que sous le nom de

son valet pour mieux lui témoigner son mépris10.

La poésie[modifier | modifier le code]

Le nom de Marot, dit Laharpe, est la première époque vraiment remarquable dans l’histoire de

notre poésie, bien plus par le talent qui lui est particulier, que par les progrès qu’il fit faire à notre

versification. Ce talent est infiniment supérieur à tout ce qui l’a précédé, et même à tout ce qui

l’a suivi jusqu’à Malherbe. La nature lui avait donné ce qu’on n’acquiert point : elle l’avait doué

de grâce. Son style a vraiment du charme et ce charme tient à une naïveté de tournure et

d’expression qui se joint à la délicatesse des idées et des sentiments : personne n’a mieux

connu que lui, même de nos jours, le ton qui convient à l’épigramme, soit celle que nous

appelons ainsi proprement, soit celle qui a pris depuis le nom de madrigal, en s’appliquant à

l’amour et à la galanterie. Personne n’a mieux connu le rythme du vers à cinq pieds, et le vrai

ton du genre épistolaire, à qui cette espèce de vers sied si bien. Son chef-d’œuvre en ce genre

est l’épître où il raconte à François Ier comment il a été volé par son valet ; c’est un modèle de

narration, de finesse et de bonne plaisanterie. Cette estime pour les poésies de Marot a

triomphé du temps et des vicissitudes du langage.

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Boileau a dit dans les beaux jours du siècle de Louis XIV : Imitez de Marot l’élégant

badinage. La Fontaine a prouvé qu’il était plein de sa lecture. II n’y a guère, dit la Bruyère, entre

Marot et nous que la différence de quelques mots. Jean-Baptiste Rousseau, qui lui adresse une

épître, fait gloire de le regarder comme son maître. Clément l’a défendu contreVoltaire, qui s’est

attaché à le décrier dans ses derniers ouvrages, probablement par haine pour Jean-Baptiste

Rousseau, coupable, selon lui, d’avoir donné le dangereux exemple du style marotique, qu’il est

plus aisé d’imiter que le talent de Marot.

Mais, dit encore Laharpe, il fallait que la tournure naïve de ce poëte fût bien séduisante,

puisqu’on empruntait son langage depuis longtemps vieilli pour tâcher de lui ressembler.

Son œuvre[modifier | modifier le code]

Poète varié, plus grave qu’on ne l’imagine, mais incapable de s’accommoder de l’austérité

d’un Calvin, Clément Marot participe encore de la tradition médiévale. L’œuvre de Marot est très

abondante et « l’élégant badinage » auquel Boileau l’associe dans son Art Poétique n’est qu’un

aspect. On remarque, en lisant ses Œuvres, comme le poète a évolué de la discipline des

Rhétoriqueurs, vers un art très personnel qui le rapproche de l’humanisme. Dans les pays

francophones, il est surtout connu pour l'élaboration de nombreux psaumes protestants qui

seront chantés dans le monde entier.

L’Adolescence clémentine (1532-1538) comprend les poèmes de jeunesse. Ils se

caractérisent par la variété des formes et des sujets abordés :

La première Églogue des Bucoliques de Virgile (traduction)

Le Temple de Cupido (inspiré du "Temple de Vénus" de Jean Lemaire de Belges)

Le Jugement de Minos (inspiré de la traduction latine du "Dialogue des morts" de Lucien de

Samosate)

"Les Tristes vers de Philippe Béroalde" (traduction du "Carmen lugubre de die dominicae

passionis" de Philippe Béroalde)

Oraison contemplative devant le Crucifix (traduction de l'"Ennea ad sospitalem Christum"

de Nicolas Barthélemy de Loches)

Épîtres : 10 pièces (11 si l’on compte L’Épître de Maguelonne). Cette épître de Maguelonne

relève de l’héroïde.

Complaintes

Épitaphes: forme brève, l’épitaphe peut ne comporter que deux vers. Au début de la section

le ton est grave, puis le sourire fait son apparition.

Ballades: elles comprennent une trentaine de vers répartis en trois strophes et demie, un

refrain d’un vers et un envoi-dédicace. La Ballade joue sur trois ou quatre rimes. Le poème

se termine par une demi-strophe, adressée au Prince (ou à la Princesse).

Page 21: Psautier de Genève

Rondeaux: qui comprennent de 12 à 15 vers, caractérisés par le retour du demi-vers initial

au milieu et à la fin du poème.

Chansons: La chanson est propice à toutes les acrobaties de la rime.

Ces trois derniers genres étaient pratiqués par les rhétoriqueurs.

L’organisation de L’Adolescence clémentine montre que Marot compose une œuvre et que le

recueil n’est pas le fruit d’un épanchement spontané. La chronologie n’y est pas respectée.

Marot opère des modifications. Ainsi la "Ballade V" change de destinataire en 1538. Gérard

Defaux fait observer que Marot construit sa vie dans le recueil, comme un romancier compose

un roman. Marot aime inscrire son nom dans ses poèmes : il représente volontiers dans le

poème "l’activité scripturaire". Son goût le porte vers les genres brefs.

Éditions anciennes[modifier | modifier le code]

Les meilleures éditions des Poésies de Marot sont :

1. celle qu’il donna lui-même, purgée des lourderies qu’on avait, dit-il, meslées en ses

livres, Lyon, 1538 ;

2. celle de Niort, 1596, in-16 ; rare et recherchée ;

3. celle d’Elzévir, 2 vol. in-16 ;

4. celle qui a paru à la Haye en 1731 en 4 vol. in-4°, et en 6 vol. in-12 (voir : Nicolas

Lenglet Du Fresnoy). Cette édition, la plus complète de toutes jusqu’alors, est

défigurée par une multitude de fautes typographiques, et par une ponctuation vicieuse,

etc. L’éditeur, déguisé sous le nom de Gordon de Percel, y a joint des notes

quelquefois curieuses, assez souvent peu importantes et dans lesquelles il ne se

montre guère plus décent que son auteur.

5. celle de P.-R. Auguis, Paris, 1823, 5 vol. in-12, édition assez négligée et qui n’est

guère supérieure à la précédente ;

6. celle de M. Paul Lacroix, Paris, 1824, 3 vol. in-8°, augmentée d’un Essai sur la vie et

les ouvrages de Cl. Marot, de notes historiques et critiques et d’un glossaire. On a suivi

dans cette édition, qui est plus correcte que les précédentes, le texte de celle

de 1554 et l’orthographe de celle de 1545.

Nous citerons encore des Œuvres choisies de Cl. Marot, accompagnées de notes historiques et

littéraires par M. Després et précédées d’un Essai sur Cl. Marot et sur les services qu’il a

rendus à la langue par M. Campenon, Paris, in-8°. Outre les ouvrages indiqués, on peut

consulter encore une lettre de Claude François du Verdier de la Sorinière, dans leMercure de

France, juin 1740 ; le Tableau historique des littérateurs français, par M. T..., Paris, 1785, in-8° ;

les Anecdotes littéraires, etc. (voir : Guillaume-Thomas Raynal).

Il ne faut pas oublier que c’est à Marot qu’on doit une édition correcte des Poésies de Villon. Ce

fut François Ier qui le chargea de les recueillir.

Page 22: Psautier de Genève

Études[modifier | modifier le code]

Pierre Villey , « Tableau chronologique des publications de Marot », Revue du XVIe siècle, II,

p. 206-234, Paris, 1920

Michael Screech, Marot évangélique, Genève, Droz, 1967

Claude A. Mayer, La Religion de Marot, Genève, Droz, 1960

Robert Griffin, Clement Marot or the Inflections of Poetic Voice, Berkeley, University of

California Press, 1974

Gérard Defaux, Le Poète en son jardin. Étude sur Clément Marot, Paris, Champion

'Unichamp', 1996

Gérard Defaux, Clément Marot - vigne et vins, Toulouse, leperegrinateurediteur.com, 1996

Mireille Huchon, « Rhétorique et poétique des genres : ‘L’Adolescence clémentine’ et les

métamorphoses des œuvres de prison », Le Génie de la langue française autour de Marot

et de La Fontaine, Éditions Fontenay-Saint-Cloud, 1997 (dir. J.-Ch. Monferran)

Thierry Martin , Poésie homosexuelle en jobelin, de Charles

d’Orléans à Rabelais. GKC/Question de Genre, 2007. Pages 82-85.

Frank Lestringant, Clément Marot de l’Adolescence à l’Enfer, Orléans, Paradigme, 2006.

Simone Domange, Lire encore Marot, Viroflay, Roger, 2006

Douglas Hofstadter , " le Ton Beau de Marot"

Notes et références[modifier | modifier le code]

1. ↑  Une variante affirme que le roi le recommande à sa sœur Marguerite,duchesse d’Alençon, qui le fait secrétaire de son mari,

le duc d'Alençon, qu’il accompagne dans ses campagnes.

2. ↑  Une variante donne Diane de Poitiers

3. ↑

Un jour j’écrivis à ma mie

Son inconstance seulement ;

Mais elle ne fut endormie

A me le rendre chaudement :

Car dès l’heure tint parlement

A je ne sçais quel popelard,

Et lui a dit tout bellement :

Prenez-le, il a mangé le lard.

Lors six pendards ne Vaillent raie

A me surprendre finement,

Et de jour, pour plus d’infamie,

Firent mon emprisonnement.

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Ils vinrent à mon logement.

Lors se va dire un gros paillard :

Par la morbleu ! voilà Clément.

Prenez-le, il a mangé le lard.

4. ↑

Là (dit-il) les plus grands, les plus petits détruisent,

Là les petits peu ou point aux grands nuisent,

Là trouve l’on façon de prolonger

Ce qui se doit ou se peut abréger :

Là sans argent povreté n’a raison ;

Là se détruit mainte bonne maison, etc.

5. ↑  Paris, 1529, in-8° (voir : Lorris)

6. ↑  On attribue aussi sa liberté au retour de François Ier en 1526

7. ↑  Cette lettre, si honorable pour le protecteur et pour le protégé, est rapportée par Ménage dans son Anti-Baillet, part. 2, chap.

112, p. 235, édit. in-4°.

8. ↑  , comme Marot le témoigne dans ces vers :

Puisque vous voulez que je poursuive, ô sire,

L’œuvre royal du Psautier commencé,

Et que tout cœur aimant Dieu le désire,

D’y besogner ne me tiens dispensé.

S’en sente donc qui voudra offensé,

Car ceux à qui un tel bien ne peut plaire

Doivent penser, si jà ne l’ont pensé,

Qu’en vous plaisant me plaist de leur déplaire.

9. ↑  On sait que cette traduction, complétée par Théodore de Bèze, a été pendant plus d’un siècle le texte chanté par

les calvinistes dans leur culte public (voir : Goudimel), jusqu’à ce que Conrart en eût donné une version moins gauloise, que

l’on y chante encore au XIXe   siècle .

10. ↑  et l'exhortant à "ravaler plume, encre papier et venin". On trouvera les détails de ce démêlé dans la Bibliothèque française, de

Goujet, t. 11, p. 86, et dans les Querelles littéraires de l’abbé Irailh, t. 1, p. 105. Nous nous contenterons d’extraire de la

réponse de Marot les vers qui prouvent l’union dans laquelle il vivait avec les bons écrivains de ce temps-là, et l’estime qu’ils

avaient pour lui

Je ne voy point qu’un Saint-Gelais,

Un Heroel, un Rabelais,

Un Brodeaux, un Seix, un Chappuy,

Voysent escrivant contre luy.

Page 24: Psautier de Genève

Ne Papillon pas ne le poinct :

Ne Thenot ne le tenne point :

Mais bien un tas de jeunes veaux,

Un tas de rimassins nouveaux,

Qui cuydent eslever leur nom,

Blasmant les hommes de renom

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