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Presse Med. 2013; 42: e377–e384� 2013 Elsevier Masson SAS.Tous droits réservés.
en ligne sur / on line onwww.em-consulte.com/revue/lpmwww.sciencedirect.com
al
Disponible sur internet le :
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Summary
Quality of life of women GPs i
Background > The medical profesthe importance of quality of lifFamily practice needs personalThis profession can have repercuobjective of the study was to comwomen with the comparable
secondary objective was to studyas workplace and work methodMethod > Comparative cross-secquestionnaire, sent by post to 39in Auvergne, each was asked towith similar age and socioprofeResults > A total of 148 female Gresponded. The global score of Qnoticeably showing a poorer QOLareas. The professional QOL was
The study did not find a significQOL in its physical and psychol
tome 42 > n810 > octobre 2013http://dx.doi.org/10.1016/j.lpm.2013.04.009
Qualité de vie des femmes médecinsgénéralistes en Auvergne
Marie Dolorès Mathonnat1, Isabelle Filloux1, Gilles Tanguy1, Bénédicte Eschalier1,Bruno Pereira2, Philippe Vorilhon1,3
1. Université d’Auvergne, UFR médecine, département de médecine générale, 28,place Henri-Dunant, 63000 Clermont-Ferrand, France
2. CHU, direction recherche clinique et de l’innovation, 7, place Henri-Dunant,63000 Clermont-Ferrand, France
3. Clermont université, université d’Auvergne, EA 4681, PEPRADE (périnatalité,grossesse, environnement, pratiques médicales et développement),Clermont-Ferrand, France
Correspondance :Philippe Vorilhon, Université d’Auvergne, UFR médecine, département de médecinegénérale, 28, place Henri-Dunant, 63000 Clermont-Ferrand, [email protected]
Reçu le 22 janvier 2013Accepté le 30 avril 2013
25 juin 2013
n Auvergne
sion is feminising. In parallel,e (QOL) must be addressed.
investment and availability.ssions on womens’ QOL. Thepare female GPs QOL to other
socioprofessional status. The the influence of factors, such
s.tional study. A self-assessed4 female general practitioners
recruit one woman (non-GP),ssional status.Ps (37.6%) and 122 non-GPs
OL was lower in the GP group, in the relational and materialsimilar between the 2 groups.ant difference concerning theogical dimensions. The main
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Résumé
Contexte > La profession médicale se féminise. Parallèlementémerge le concept de qualité de vie (QV). La médecinegénérale (MG) demande investissement et disponibilité.L’exercice de la profession peut avoir un retentissement surla QV des femmes. L’objectif de l’étude était de comparer la QVdes femmes MG à celle de femmes de catégories socio-professionnelles proches. L’objectif secondaire était d’étudierl’influence de facteurs comme le lieu et le mode d’exercice.Méthode > Étude transversale comparative. Un questionnaireauto-administré, envoyé par courrier aux 394 femmes généra-listes d’Auvergne, chargées de recruter une femme non MG,appariées selon l’âge et la catégorie socioprofessionnelle.Résultats > Cent quarante-huit femmes MG (37,6 %) et122 témoins ont répondu. Le score global de QV était inférieurdans le groupe MG. Cela était surtout en rapport avec une moinsbonne QV dans les domaines relationnel et matériel. La QVprofessionnelle était comparable dans les 2 groupes. L’étuden’a pas retrouvé de différence significative concernant lesdimensions physiques et psychologiques. Les principaux fac-teurs négatifs jouant sur la QV étaient l’âge, l’exercice en
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negative factors influencing the QOL were: age; isolation of theoccupation; living alone; and liberal occupation. Working in arural area did not influence the QOL.Conclusion > The profession of GPs remains demanding, andthe female GP feels a poorer QOL. Nevertheless, they seem tolike their job and they feel fulfilled. The uneasiness comesessentially from the lack of free time, and from low financialincome. Working in association seems to be a first step toimprove the QOL of female GPs.
solitaire, le fait de vivre seule, et l’activité libérale. Travailler enmilieu rural n’influençait pas la QV.Discussion > La profession de généraliste reste exigeante et lesfemmes MG en ressentent une moins bonne QV. Pourtant, ellesdéclarent aimer leur métier et s’y sentir épanouies. Le mal-êtreviendrait essentiellement du manque de temps libre et d’unereconnaissance financière jugée insuffisante. Le travail encabinet de groupe paraît être une première piste pour amélio-rer la QV des femmes généralistes.
MD Mathonnat, I Filloux, G Tanguy, B Eschalier, B Pereira, P Vorilhon
La profession médicale s’est féminisée en France : 24,5 % defemmes médecins en 1984 vs 42 % en 2012 [1]. En 2011, 52 %des nouveaux inscrits au tableau de l’Ordre des médecinsétaient des femmes [2] et au 1er janvier 2012, 41 % desmédecins généralistes (MG) en exercice étaient des femmes[2]. En Auvergne, le taux de féminisation en médecine généraleest légèrement inférieur au taux national puisqu’il est de 34 %et parmi les MG âgés de moins de 40 ans, 53 % sont desfemmes [3].Le concept de qualité de vie (QV) est émergent dans notresociété. Il existe de nombreux outils de mesure de la QV. Lesquestionnaires génériques sont construits pour évaluer unepopulation générale. Ils permettent de comparer des groupesde patients aux pathologies différentes [4]. Les question-naires spécifiques sont relatifs à une pathologie (polyarthriterhumatoïde, insuffisance cardiaque, diabète, etc.) pourapprécier le retentissement du traitement ou par souci derationalisation des dépenses de santé [5]. Ils sont peuadaptés à l’étude d’une population « saine ». Depuis quelquesannées, les MG désirent séparer leur vie personnelle du
qui etait connu
profession médicale se féminise.
qualité de vie des femmes médecins généralistes a été peu étudiée.
qu’apporte cet article
s femmes médecins généralistes déclarent une moins bonne qualité
vie que les femmes de même condition sociale, surtout pour la
alité de vie relationnelle.
e meilleure organisation professionnelle, notamment le travail en
oupe, leur apparaît une bonne solution pour préserver leur vie
ivée.
contexte professionnel. L’exercice de la médecine généraledemande temps et disponibilité, et l’activité libérale estréputée difficilement compatible avec les responsabilitésfamiliales [6]. En 2010, 9,4 % des nouveaux inscrits au Conseilde l’Ordre toutes spécialités confondues avaient choisi unmode d’exercice libéral [2].La QV des MG a été peu étudiée. Il a été établi que plus lenombre d’heures hebdomadaire travaillées augmentait, plusla QV perçue par les MG se détériorait [7]. Il existe un impactnégatif du nombre d’années d’exercice sur la QV, ainsi qu’unerelation entre charge de travail et QV. Il n’a pas été montréd’impact du lieu d’installation sur la QV [8]. Peu de travaux sesont intéressés à la QV des MG femmes, si ce n’est au coursde leur maternité [7]. De par les difficultés d’exercice pro-fessionnel, il est possible que la QV des femmes MG (FMG)soit moins bonne que celle des autres professions fémininesde même catégorie socioprofessionnelle (CSP).Les objectifs de cette étude étaient de comparer la QV des FMGinstallées en Auvergne à celle d’autres femmes, de CSP procheset d’étudier l’influence du lieu et du mode d’exercice.
MéthodesCette étude transversale descriptive comparative a été faite parquestionnaire auto-administré envoyé par courrier postal àl’ensemble des 394 FMG exerçant en Auvergne. Elles étaientchargées de recruter une ou deux femmes non MG (FNMG)appariées selon l’âge, le niveau d’études, le lieu d’habitation etla CSP.Les critères d’inclusion étaient : être une femme et MG,installée en Auvergne. La limite supérieure d’âge était fixéeà 65 ans. Les FMG devaient être appariées avec une ou deuxFNMG d’âge (� 5 ans), niveau d’étude et CSP proche (médecinspécialiste d’organe, autre profession libérale, ou cadresupérieure). Les critères de non-inclusion étaient : être atteinted’une maladie chronique (insuffisance cardiaque ou rénale,diabète, maladies rhumatismales inflammatoires, etc.), d’uncancer et d’un handicap physique et d’un état dépressif traité,et les MG ayant expérimenté le questionnaire.Aucune échelle de QV spécifique aux femmes et aux méde-cins n’ayant été trouvée dans la littérature, un questionnaire
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Qualité de vie des femmes médecins généralistes en Auvergne
a été créé (voir complément électronique). Il comportait33 questions. Dans une première partie les données sociodé-mographiques et modalités d’exercice étaient recueillies. Laseconde partie permettait d’explorer les champs des QVrelationnelle, professionnelle, matérielle, physique et psy-chique. Un score de QV total et un score par domaine ont étécalculés. Une enquête préliminaire (évaluation de processuset de questionnaire) a été réalisée auprès de 20 femmes(10 MG et 10 non MG).Le questionnaire a été envoyé par courrier aux 394 FMGinscrites à l’Union Régionale des Médecins Libéraux d’Auver-gne, soit 213 dans le Puy-de-Dôme (54,1 %), 99 dans l’Allier(25,1 %), 54 dans la Haute-Loire (13,7 %) et 28 dans le Cantal(7,1 %). Deux cent trente-deux exerçaient en groupe (58,9 %)et 162 en solitaire (41,1 %). Deux cent quarante-deux femmestravaillaient en milieu urbain (61,4 %), 48 en semi-rural(12,2 %) et 104 en rural (26,4 %). Un courrier d’accompagne-ment garantissait l’anonymat et expliquait les modalités durecrutement des témoins. Une relance par mail a été envoyéetrois semaines plus tard à l’ensemble des FMG d’Auvergne.Il était nécessaire de recruter 100 FMG pour établir une dif-férence de QV globale statistiquement significative, et300 FNMG en tablant sur un taux de participation de 30 %.La population a été décrite pour toutes ses caractéristiquespar des effectifs/pourcentages pour les variables qualitativeset catégorielles, et par des moyennes (� écart-type) pour lesvariables quantitatives. Les données quantitatives ont étécomparées entre groupes par le test de Student ou celui deKruskal–Wallis et les données qualitatives par le test duChi2 ou Fisher exact. Des régressions linéaires ont été réali-sées afin de compléter l’analyse précédente et permettrel’ajustement sur certains paramètres pouvant être des biaisde confusion (âge et lieu de travail). Si p < 0,05, la dif-férence testée était considérée comme significative.L’ensemble des analyses a été réalisé sous le logicielSTATA (StataCorp, College Station, Texas).Dans les résultats, la population a été décrite pour toutes sescaractéristiques par des effectifs/pourcentages pour les varia-bles qualitatives et catégorielles, et par des moyennes(� écart-type) pour les variables quantitatives.
RésultatsL’étude s’est déroulée entre le 15 mai et le 15 juin 2011. Le tauxde réponses pour les FMG a été de 37,6 % (148/394). Quatresujets atteints de maladies chroniques, correspondant auxcritères de non-inclusion, ont été retirés de l’analyse statis-tique. L’étude a porté sur 270 sujets : 148 FMG (54,8 %) et122 témoins FNMG (45,2 %) (tableau I). Les professions desFNMG les plus représentées étaient les cadres supérieures (36),les médecins spécialistes d’organes (28), les pharmaciennes(22), les chirurgiens-dentistes (10).
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Population de l’étude
Les FMG avaient en moyenne 4 ans de plus que les témoins(p = 0,001). La proportion de femmes vivant en couple étaitsignificativement inférieure chez les FMG. Il n’y avait pas dedifférence significative entre les 2 groupes (p = 0,43) concer-nant le nombre d’enfants.La répartition du lieu d’exercice des femmes était comparablepour le milieu semi-rural. Les FMG exerçaient plus en milieurural qu’en milieu urbain, contrairement aux FNMG (tableau I).Le temps moyen de trajet quotidien domicile/lieu de travailétait significativement plus important dans le groupe FNMG(tableau I).La charge de travail déclarée était plus importante dans legroupe des FMG (p < 0,05), quelles que soient les modalités detravail étudiées : nombre d’heures hebdomadaire, travail lesamedi, le dimanche et la nuit (tableaux I et II). Il n’y avait pasde différence significative entre les 2 groupes concernant lenombre de demi-journées libres par semaine et le nombreannuel de semaines de congés (tableau I).
Score global de qualité de vie
Le score total de QV était inférieur dans le groupe FMG : 32,3 vs
34,2 pour les FNMG (p = 0,02).En analyse par régression logistique, des facteurs influençaientle score total de QV :� l’exercice en solitaire (p = 0,05) : le score de QV des femmes
travaillant seules (31,8 � 6,3) était inférieur à celui desfemmes travaillant en groupe (33,7 � 6,1) ;
� la situation familiale (p = 0,02) : les femmes en coupleavaient un score plus élevé (33,5 � 6,1) que celles vivantseules (30,7 � 5,8) ;
� l’âge (p = 0,034) : plus les femmes avançaient en âge, moinsleur score de qualité de vie était bon.
En ajustant sur le mode d’exercice (p = 0,01), la situationfamiliale (p = 0,02) et l’âge (p = 0,04), les FMG avaient unscore global de QV .inférieure. Il n’y avait pas de différenceconcernant le lieu d’exercice (p = 0,86), le type d’activité(p = 0,56) et le nombre d’enfants (p = 0,82).
Qualité de vie relationnelle
Les FNMG déclaraient une QV relationnelle supérieure à celledes FMG : 8,13 (� 2,96) vs 6,99 (� 2,92) (p = 0,003) avec unedifférence significative pour chacun des items enfants, famille,amis et loisirs (figure 1). En analyse multivariable par régres-sion logistique, les femmes jeunes, vivant en couple, exerçanten groupe comme salariées déclaraient une QV relationnellesupérieure.
Qualité de vie professionnelle
La seule différence entre les 2 groupes concernait l’insécuritéphysique au travail. Les FMG ressentaient plus fréquemment unsentiment d’insécurité physique au travail (p < 0,002). Il n’a
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Tableau I
Caractéristiques de la population à l’inclusion
Caractéristiques FNMG (n = 122)(m W et)
FMG (n = 148)(m W et)
Valeur de p
Âge 44,43(W 9,8)
48,24(W 8,6)
0,001
Trajet quotidien domicile/travail (min) 28,45(� 28,1)
18,23(� 20,3)
< 0,001
Demi-journées libres/semaine 1,49(� 1,4)
1,51(� 1,1)
0,55
Samedis travaillés/an 20,33(� 14,7)
27,42(� 13,3)
<0,001
Dimanches travaillés/an 7,36(� 8,7)
7,33(� 4,9)
0,06
Nuits travaillées/an 29,34(� 38,1)
31(� 21,4)
0,03
Semaines de vacances/an 6,67(� 2,3)
6,11(� 2,1)
0,07
Modalités N % N % Valeur de p
Activité < 0,001
Libérale + salariée 12 9,7 25 16,8
Libérale exclusive 43 35,5 121 81,7
Salariée exclusive 67 54,8 2 1,5
Situation familiale 0,004
Seule 12 9,9 35 23,7
En couple 109 90,1 113 76,3
Nombre d’enfants 0,43
0 13 10,8 17 11,5
1–2 84 69,4 92 62,2
3 et plus 24 19,8 39 23,3
Type d’exercice 94 0,05
En groupe 94 77,7 98 66,7
Seule 27 22,3 49 33,3
Lieu d’exercice < 0,001
Rural 8 6,6 39 26,3
Semi-rural 31 25,4 43 29,1
Urbain 81 68,0 66 44,6
Temps de travail hebdomadaire (hors garde) 0,001
Moins de 35 h 20 16,6 8 5,4
Entre 35 et 44 h 54 45,0 48 32,7
Entre 45 et 54 h 33 27,5 58 39,5
Entre 55 et 64 h 11 9,2 29 19,7
65 h et plus 2 1,7 4 2,7
Travail le samedi < 0,001
Non 53 43,4 22 14,9
Oui 69 56,6 126 85,1
Travail le dimanche < 0,001
Non 78 64,5 53 35,8
Oui 43 35,5 95 64,2
Travail la nuit < 0,001
Non 93 76,9 53 36,1
Oui 28 23,1 94 63,9
MD Mathonnat, I Filloux, G Tanguy, B Eschalier, B Pereira, P Vorilhon
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Tableau II
Temps moyen de travail hebdomadaire
FNMG FMG Total Valeur de p
Moins de 35 h, n (%) 20 (16,7) 8 (5,4) 28 (10,5) 0,001
Entre 35 et 44 h, n (%) 54 (45,0) 48 (32,7) 102 (38,2)
Entre 45 et 54 h, n (%) 33 (27,5) 58 (39,5) 91 (34,1)
Entre 55 et 64 h, n (%) 11 (9,2) 29 (19,7) 40 (15,0)
65 h et plus, n (%) 2 (1,7) 4 (2,7) 6 (2,3)
FNMG : femmes non médecins généralistes ; FMG : femmes médecins généralistes.
Qualité de vie des femmes médecins généralistes en Auvergne
pas été mis en évidence, en analyse multivariée, de facteursmodifiant la QV professionnelle.
Qualité de vie matérielle
Il n’y avait pas de différences concernant le rapportrevenus – investissement professionnel et les perspectivesde carrière. En analyse multivariée, l’âge influençait de façoninversement proportionnelle la QV matérielle de la population(p = 0,04).
Figure 1
Qualité de vie relationnelleLes données sont exprimées en %.
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Qualité de vie physique et psychologique
Il n’y avait pas de différence entre FMG et FNMG. En analysemultivariée, les femmes plus âgées avaient un score plus bas(p = 0,04) et les femmes en couple un score plus élevé (10,47)que celles vivant seules (9,51) (p = 0,005).
DiscussionLes résultats ont confirmé l’hypothèse de départ : les FMG del’étude déclaraient une QV moins bonne que leurs pairs. Leur QV
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MD Mathonnat, I Filloux, G Tanguy, B Eschalier, B Pereira, P Vorilhon
était surtout affectée dans le domaine relationnel par unmanque de temps libre, une charge de travail importante etune reconnaissance financière jugée insuffisante par rapport àl’investissement personnel. Ce travail est novateur dans le faitqu’aucune étude n’avait exploré la QV des FMG en France.La QV au travail était similaire dans les 2 groupes, et cela malgréle problème de l’insécurité retrouvé de façon significative chezles FMG. Celles-ci font état d’une bonne intégration parmi leursconfrères, et d’un sentiment de forte reconnaissance profes-sionnelle, témoins de l’évolution de la profession, et desmentalités. Les FMG interrogées ne montraient pas de signesparticuliers de détresse psychologique ni de fatigue physiquepar rapport aux FNMG.
Les limites de l’étude
Le taux de réponse (37,6 %) des FMG correspond aux taux deréponses habituels pour ce type d’étude. Celles-ci ont été peumotivées pour répondre à un questionnaire qui touche à leurvie personnelle et professionnelle. De même elles n’ont pas étémobilisées pour recruter des FNMG en nombre suffisant prévupour l’étude. Ces difficultés ont pu être majorées par les critèresd’appariement. Il existe un probable biais de sélection lié aucaractère volontaire de la participation. Les femmes les plusmotivées pour leur défense professionnelle ont certainementrépondu de façon plus importante. Il faut également envisagerle biais de déclaration, inhérent à tous les questionnaires auto-administrés. Un biais temporel lié à la saison est possible avecun recueil des questionnaires de mi-mai à mi-juillet.Les résultats ont montré des différences significatives de carac-téristiques entre les 2 populations. Certaines attendues commela différence de charge de travail par exemple, certaines moinsprévisibles comme la différence d’âge. Les FMG étaient enmoyenne âgées d’un peu plus de 4 ans que les témoins. Desajustements sur l’âge ont été faits dans les analyses statistiquesmais la différence d’âge a pu induire des variations sur le scorede QV. Par rapport à la population médicale d’Auvergne, ilexiste une surexpression des femmes du milieu semi-rural etdes femmes exerçant en groupe dans la population de l’étude.Ces éléments rendent les résultats de l’étude difficilementextrapolables à l’ensemble des femmes françaises généralis-tes.Il n’existait pas de questionnaire spécifique de QV adapté àl’étude. Le questionnaire utilisé a été conçu pour l’étude. Il n’apas été validé mais a été testé au préalable sur la populationcible.
Comparaison avec les données de la littérature
Les MG ont une charge de travail plus importante que les nonMG. Le nombre moyen d’heures de travail hebdomadaire horsgardes était significativement plus élevé chez les MG, et celles-ci travaillaient davantage les nuits et les week-ends. Cela a étéobservé : entre 53 et 60 heures par semaine dans l’étude de Le
Fur [9], environ 60 heures dans celle de Gallais et al. [10]portant sur 519 MG. Dans une enquête auprès de médecins dela Loire, Martin et Trombert-Paviot ont observé des amplitudeshoraires de travail, gardes comprises très importantes [11].Les FMG de l’étude vivaient plus souvent seules que les FNMG.Dans une enquête du Conseil National de l’Ordre des Médecinsde 2004 [12] auprès de 2224 médecins français de toutesspécialités interrogés, 33 % des femmes vivaient seules (céli-bataires, divorcées ou veuves) vs 13 % des hommes. Pourl’Institut national de la statistique et des études économiques(Insee) en 2009 [13], 19,6 % des femmes vivaient seules (enménage d’une personne). L’enquête de Martin et Trombert-Paviot [11] a confirmé une vie en solitaire plus marquée chezles FMG que chez les hommes, même en tenant compte del’âge. Cela pose la question de la relation entre l’investissementprofessionnel et la vie affective des FMG.Dans notre étude, les FMG déclaraient une QV relationnellealtérée dans les quatre domaines (enfants, famille, amis,loisirs). Elles trouvaient que leur travail ne leur laissait pasassez de temps pour leur vie privée, particulièrement pour leursloisirs. Une FMG sur deux trouvait que son métier ne lui laissaitpas assez de temps pour s’occuper de ses enfants.Dans 2 enquêtes dans la Loire, l’Indre-et-Loire [11,14], les FMGexprimaient également cette difficulté à concilier vie profes-sionnelle et vie personnelle, particulièrement pour la gestionde la vie de famille, l’éducation des enfants et la carrière duconjoint.La QV professionnelle n’a pas été jugée inférieure par les FMG.La seule différence concernait le problème de l’insécurité. Dansune étude française, cette perception d’une agressivité de lapart des patients ne représentait qu’un faible pourcentage decause de l’épuisement professionnel des MG [15].Les FMG de notre étude ont répondu, de façon unanime, sesentir épanouies au travail, avec un taux de satisfactionsupérieur (sans différence significative) à celui des FNMG.Cela contraste avec le fait qu’elles déclarent être soumises àplus de stress professionnel que les FNMG. Ces résultats sontconcordants avec les données de la littérature : les femmesmédecins rapportent un haut degré d’épanouissement profes-sionnel [16,17].Les FMG ne sont pas satisfaites de leurs revenus. Dans uneétude de la Direction de la recherche, des études, de l’évalua-tion et des statistiques (DREES) de 2004 [18] les revenus desMG libéraux étaient inférieurs de 10 % en moyenne à ceux despharmaciens et dentistes libéraux et inférieurs à la quasi-totalité des autres spécialités médicales. Dans l’étude deSchmitt Leroy et Le Goaziou [8], près de 70 % des MG jugeaientleur rémunération insuffisante contre 20 % des femmes den-tistes, 40 % des experts-comptables et plus de 60 % desavocates trouvaient leur rémunération correcte.Dans notre étude, il n’y avait pas de différence pour la QVphysique et psychologique. Dans une enquête réalisée auprès
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Qualité de vie des femmes médecins généralistes en Auvergne
de 1900 MG en 2008 [19], plus d’un MG sur dix se déclarait enétat de détresse psychologique, les femmes deux fois plus queles hommes. Vingt pour cent des MG, plus particulièrement lesfemmes, prenaient de façon régulière des anxiolytiques oudes hypnotiques et 5 % des antidépresseurs. Dans uneétude canadienne de 2008, un quart des médecins rapportaitune période de deux semaines de symptômes dépressifs, avecune maladie dépressive plus marquée chez les FMG [20]. Uneétude rétrospective a constaté un taux de suicide plus élevéchez les femmes MG que chez les hommes MG anglais [21].Le manque de puissance de notre étude et les questionsutilisées pour explorer la QV physique et psychologique n’ontprobablement pas permis d’être congruentes avec les donnéesde la littérature.Le milieu d’exercice n’intervennait pas sur le score global de QVet pour aucun des domaines de qualité de vie. Cette donnée aété observée dans une étude sur la QV de MG d’Auvergne [22].Le mode d’exercice (seule ou en groupe) est un facteur impor-tant de QV, surtout en raison de son rôle sur la QV relationnelle.
Complement electronique disponible sur le site
consulte.com/revue/lpm).Questionnaire de l’étude
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Dans l’enquête de la DRESS [18], le fait de travailler enassociation était également un facteur important de satisfac-tion, et cela était d’autant plus vrai pour les femmes. Une étudequalitative serait intéressante pour analyser de façon plus fineleurs attentes dans le domaine de leur organisation profes-sionnelle.Dans le contexte d’une profession qui se féminise, cette étudeindique que la QV des femmes médecins généralistes passepar une meilleure organisation professionnelle. L’exercice engroupe apparaît être une solution pour libérer du temps pour lavie privée et préserver une bonne QV.
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Déclaration d’intérêts : les auteurs déclarent ne pas avoir de conflitsd’intérêts en relation avec cet article.
Remerciements : les auteurs remercient toutes les femmes d’Auvergne,médecins généralistes et non médecins généralistes, ayant participé à cetteétude ainsi que l’Union Régionale des Professions de Santé d’Auvergne poursa collaboration.
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ernet de La Presse Médicale (http://www.em-
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tome 42 > n810 > octobre 2013