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QUAND J'AI PRIS DIEU AU SERIEUX

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QUAND J'AI PRIS DIEU AU SERIEUX

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Kay Warren

Quand j’ai pris Dieu au sérieux

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Aux personnes séropositives que j’ai rencontrées au cours de ces cinq dernières

années et qui ont envahi ma vie. J’ai été brisée par vos souffrances et

impressionnée par votre courage. Je prie avec vous pour que le sida

soit vaincu un jour.

A mon Roi, le Seigneur Jésus-Christ, à qui je dois tout.

Je suis ta servante, accomplis ta volonté en moi. Je t’aime d’un amour indicible,

et je ne peux t’exprimer ma gratitude qu’en consacrant ma vie à te servir.

Je te répondrai toujours oui.

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Table des matières

Avant-propos par Rick Warren .................................... 11Remerciements ............................................................ 13Comment tirer profit de ce livre .................................. 17

1. Entre mes doigts ................................................. 19 2. Le royaume du Moi ............................................. 41 3. Glorieusement anéantie ...................................... 65 4. A vos marques! Prêt? Stop! ................................. 85 5. Dévoiler le mal .................................................... 109 6. Les miroirs ne mentent pas ................................. 129 7. Offrir sa présence ................................................ 147 8. Un choix délibéré ................................................ 165 9. Un lien inattendu ................................................. 18310. Main dans la main ............................................... 20111. Certains peuvent mourir aujourd'hui .................. 217

Annexe : Ce que toute église peut faire en ce qui concerne le sida ............................. 241Guide de discussion ..................................................... 247

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Avant-propos

Les ouvrages qui changent des vies sont écrits par ceux dont la vie a été changée. Ces livres sont édifiants parce

que leurs auteurs ont été touchés au plus profond d'eux-mêmes et que leur expérience nous bouleverse. Nous som-mes émus parce qu'ils l'ont été, transformés comme ils l’ont été. J'ai été témoin de la manière dont la vie de Kay a été radicalement métamorphosée par ce qu'elle nous expose dans Quand j’ai pris Dieu au sérieux. Je suppose donc que votre vie aussi sera changée. Ce que j'aime dans ce livre, c'est la vulnérabilité de Kay et la franchise avec laquelle elle dévoile ses pensées. On peut avoir un certain impact sur les gens à distance, mais pour exercer une influence vraiment profonde sur eux, on doit s'en rapprocher. Ce rapproche-ment terrifie la plupart des gens. Des quantités de person-nes mènent une vie insignifiante parce qu'ils craignent de se dévoiler. Permettre aux autres de s'approcher de vous, c'est les laisser voir vos failles, vos fautes, vos échecs, vos craintes. Pour la plupart des gens, c'est le pire des cau-chemars. Nous voulons que notre vie ait un impact, mais nous n'avons aucune envie que les autres sachent qui nous sommes vraiment. Nous ne souhaitons raconter que les his-toires édulcorées et aseptisées de nos vies, celles qui nous font honneur. Mais en taisant nos luttes, nous ne sommes pas authentiques et nous ne touchons pas les autres.

L'authenticité nous rend crédibles, et les personnes sin-cères sont captivantes. Quand vous rencontrez quelqu'un

Avant-propos

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qui ne triche pas, vous vous attachez naturellement à lui et vous voulez le connaître. Malheureusement, dans notre culture basée sur l'image de soi, l'authenticité est souvent feinte! Nous récompensons ceux qui jouent la comédie. Nous traitons les acteurs comme des dieux à cause de ce qu'ils font semblant d'être à l'écran, et non pour ce qu'ils sont réellement.

A l'inverse, ce livre est dépourvu de toute prétention et de toute hypocrisie. Kay exprime les choses telles qu'elles sont, ce qui est bien, mal et abject, ainsi que les combats qu'elle livre pour se consacrer à l'essentiel. Elle nous rap-porte, étape par étape, le récit de la lutte sans merci que nous devons mener entre la façon dont notre nature et no-tre culture nous incitent à vivre et l'objectif de Dieu pour notre existence. Quand j’ai pris Dieu au sérieux est un li-vre audacieux écrit par la femme la plus courageuse que je connaisse.

Comme Kay est mon épouse, je peux témoigner de l'authenticité de son message. J'ai été aux premières loges pour observer son périple et, après trente-deux ans de ma-riage, je n'ai plus besoin de décodeur. Kay a mené une vie de «soumission risquée», parfois à un grand prix, et sa vie a également changé la mienne.

Aussi, préparez-vous à être mis au défi, stimulé, convaincu, interpelé et transformé. La soumission n'est pas la meilleure façon de vivre; c'est la seule qui soit valable.

Rick WarrenUne vie motivée par l’essentielPlan Global P.E.A.C.EEglise Saddleback

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Remerciements

Mon mari, Rick, est un homme surprenant. Lorsque nous nous sommes rencontrés à dix-sept ans («l’âge

bête», comme on dit), j’ai tout de suite compris qu’il avait quelque chose d’unique. Je n’avais jamais connu quelqu’un qui lui ressemble, et c’est toujours le cas. Il est vraiment spécial! Alors que j’aime la routine, il préfère le change-ment; il en redemande même! Mais ce qui n’a jamais varié, c’est son amour passionné pour moi. Il a toujours été mon plus ardent supporter et fan, et il m’a poussée à dévelop-per et à employer mes dons, en passant outre mes pro-testations telles que «Je n’y arriverai jamais!» Il a discerné mon potentiel longtemps avant que j’en prenne conscience moi-même. Il croit en moi et il partage avec enthousiasme l’estrade, les messages et les feux de la rampe avec moi. Je n’imagine absolument pas la vie sans lui, mon mari, mon pasteur et mon meilleur ami depuis trente-deux ans. Merci, chéri, d’avoir renoncé à tes projets personnels cette année pour que je puisse écrire!

Nos enfants, Amy, Joshua et Matthew, ainsi que leurs épouses Tommy et Jaime font les délices de mon cœur. Quel bonheur de les avoir vu franchir les diverses étapes de la croissance, devenir de jeunes adultes et constituer leur propre famille! Et les petits-enfants? Ce sont de pures mer-veilles! Nous sommes fous amoureux de Kaylie, Cassidy et Caleb! Ma famille est mon port d’attache. Mes proches sont ma source permanente d’amour, d’encouragement, de plai-

Remerciements

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sir et de joie. Merci, les enfants, d’avoir été aussi patients pendant que j’écrivais, de m’avoir encouragée, d’avoir prié pour moi, d’avoir lu la première ébauche de mon manuscrit et de m’avoir donné franchement votre avis. Je vous aime tant! (Matthew, je te promets de me remettre aux four-neaux bientôt!)

Mes parents méritent toute ma gratitude. C’est grâce à leur constant encouragement à écrire que mon rêve a dé-buté il y a des dizaines d’années, et leur tendre insistance m’a poussée à tenir bon. Mon seul sujet de tristesse est que mon papa soit parti rejoindre le Seigneur en 2006. Nous n’avons donc pas eu l’occasion de fêter ensemble ici-bas l’accomplissement de ce rêve, mais je suis certaine d’avoir entendu des cris d’enthousiasme au ciel le jour où j’ai ter-miné mon manuscrit. Merci, Papa, de m’avoir appris à aimer Jésus et de m’avoir incitée à écrire. Merci, Maman, pour ta joie et ta fierté. Ce sont mes plus belles récompenses!

Dieu savait que le voyage qu’il m’appelait à entreprendre serait rude et que j’aurais besoin d’une amie intime pour m’accompagner. Il m’a envoyé une compagne de route idéale, Elizabeth Styffe. Merci, Elizabeth, d’avoir laissé Dieu te perturber profondément à cause du problème de la souffrance et de m’avoir appris à vivre comme une femme «glorieusement anéantie». Ensemble, nous avons parcouru le monde, des palais présidentiels aux cases en terre, et ta présence m’a permis d’apprécier davantage les bons mo-ments et d’endurer ce qui était insoutenable. Le partenariat ou le travail d’équipe dans le ministère chrétien offre une qualité de communion et d’amitié parmi les plus riches qui soient, et je serai éternellement reconnaissante de t’avoir eue auprès de moi.

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Mon petit groupe de trois couples d’amis (au départ, il y en avait quatre, mais Bucky et Joann sont repartis vivre dans le Tennessee!) est ma corde de sûreté. Nous nous sommes engagés à vivre ensemble. Nous avons tout connu: naissances, décès, mariages, enterrements, cancer, opéra-tions, problèmes professionnels, soucis familiaux, difficul-tés financières, etc. Et nous projetons de vieillir ensemble. Vous m’aidez lorsque j’ai besoin d’encouragements, vous me remettez dans le droit chemin quand je m’en éloigne, vous priez pour moi lorsque j’ai envie de tout laisser tom-ber, vous m’apportez quelques sucreries quand je n’ai pas le moral, vous me rappelez que Jésus est la seule solution à mes pires combats et vous m’avez promis de m’aider à de-venir la chrétienne consacrée que je veux être. Merci Tom et Chaundel, Brett et Dee, Glenn et Elizabeth, sans oublier Rick, mon chéri.

Quand je me suis intéressée au sida, je ne connaissais ab-solument rien sur la question. J’avais devant moi un rude ap-prentissage à entreprendre! Dieu m’a procuré de nombreux professeurs, mentors et amis en cours de route: Steve Haas, Debbie Dortzbach, le Dr. Robert Redfield, le Dr. Robb She-neberger, le Dr. Athanase Kiromera, le Dr. Carla Alexander, le Dr. Paul Cimoch, le Dr. Rebecca Kuhn ainsi que Shepherd et Anita Smith.

Mille mercis à l'équipe magnifique de Zondervan et à mon éditrice et amie Cindy Lambert. Merci aussi à Sandra Vander Zicht et à Dick Buursma.

Remerciements

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Comment tirer profit de ce livre

Comment tirer profit de ce livre

Q uelqu’un m’a demandé un jour de définir le christia-nisme en un mot. Après y avoir réfléchi, j’ai répondu:

«Tout se réduit à la soumission.» Tout ce que je sais au sujet d’une relation personnelle avec Jésus-Christ commence et finit par la soumission, par dire «oui» à Dieu. Ce petit mot tout simple vous ouvrira la voie d’une aventure exaltante qui changera votre vie et vous conduira là où vous n’auriez ja-mais pensé aller, au sens propre comme au sens figuré.

Au cours de mon propre voyage de soumission à Dieu, j’ai observé ce que le monde peut nous offrir de meilleur et de pire. Je suis allée dans des maisons closes et dans des sta-tions balnéaires, dans des palaces et dans des cases en terre. J’ai eu l’occasion de rencontrer des présidents et des pros-tituées, des milliardaires et des pauvres. J’ai tenu dans mes bras des nouveau-nés qui criaient à pleins poumons et des femmes à l’agonie qui murmuraient leurs dernières paroles.

Ce voyage m’a fait découvrir des réalités extérieures mais aussi des réalités intérieures insoupçonnées. Dieu m’a dé-voilé des aspects de moi-même totalement inattendus. J’ai connu les meilleurs et les pires côtés de moi-même. Dans ce processus, Dieu est devenu plus réel et plus personnel.

Au cours de votre lecture, je crois que vous éprouverez di-verses émotions inattendues. C’est pourquoi je vous recom-mande de trouver un ou une partenaire de lecture dès le départ. La plupart d’entre nous apprennent mieux lorsqu’ils ont l’occasion d’analyser ce qu’ils sont en train de lire avec quelqu’un et d’en discuter avec lui. Votre parcours ne sera

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pas facile et pas toujours agréable. Ce n’est pas un ouvrage à lire si vous cherchez un récit à l’eau de rose comme le monde en produit à foison. Mais si vous avez soif de ce quel-que chose que vous avez du mal à définir, Quand j’ai pris Dieu au sérieux est fait pour vous.

La fin de chaque chapitre contient des étapes simples pour vous aider à appliquer les principes liés à la soumission. De prime abord, ils peuvent vous sembler si évidents que vous serez tenté de les ignorer, mais ils ont pour objectif de vous inculquer ce que se soumettre à Dieu signifie, et ils sont à la portée de tous! Lire Quand j’ai pris Dieu au sérieux peut vous amener à vous poser des questions. J’espère même qu’à la fin de chaque chapitre, vous aurez plus de questions que de réponses sur la façon d’appliquer ces principes à votre pro-pre voyage spirituel.

Ne vous découragez pas! Les conseils que je présente sont volontairement vagues. Bien sûr, si je vous avais précisé les étapes (une, deux et trois) à franchir pour devenir un homme ou une femme de foi vivant pleinement dans une soumis-sion à Dieu (ce que j’appelle la «soumission risquée»), cela aurait été plus simple; mais ce n’est pas ainsi que les choses se passent en réalité. Personne ne parvient à la maturité spi-rituelle en suivant une formule, du moins selon mon expé-rience. Je me suis contentée d’ajouter en fin de volume une partie comprenant cinq ou six questions par chapitre pour vous permettre d’approfondir les pensées et idées suscitées durant votre lecture. Ces questions creusent le sujet afin de vous aider à comprendre vos réactions et à trouver des ré-ponses qui transformeront peut-être votre façon de penser et votre conduite.

Vous êtes prêt? Allons-y!

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1 Entre mes doigts

On demandera beaucoup à qui l’on a beaucoup donné.Luc 12.48

Si, par un cœur brisé, les desseins de Dieu pour le monde peuvent mieux s’accomplir, remerciez-le de vous avoir brisé le cœur.

Oswald Chambers1

J e ne l’ai pas vu venir.C’était un matin comme les autres. Je me suis réveillée

en m’attendant à vivre une journée sans histoire. Rien d’ex-traordinaire n’était prévu au programme. Mon agenda de la journée comportait les activités courantes, voire banales. Je ne me doutais nullement que Dieu allait ébranler mon univers et changer pour toujours la trajectoire de ma vie.

Sans me rendre compte du tournant radical qu’allait pren-dre le cours de mon existence durant cette journée du prin-temps 2002, je me suis assise sur le canapé du salon avec une tasse de thé et j’ai pris l’un des hebdomadaires d’in-formation auxquels nous sommes abonnés. J’ai remarqué qu’il contenait un article sur le sida en Afrique, et j’ai ouvert

1 Oswald Chambers, Tout pour qu’Il règne, 1er novembre, Valence, Ligue pour la lecture de la Bible, 2009, p. 310.

Entre mes doigts

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machinalement le magazine à cet endroit, non parce que le sujet m’intéressait (je ne me souciais nullement du sida, que ce soit en Afrique ou ailleurs), mais parce que je voulais me tenir au courant de l’actualité. Dès le début de ma lecture, j’ai découvert avec effroi les photos qui illustraient l’article: des hommes et des femmes squelettiques, des enfants qui semblaient tellement faibles qu’ils laissaient les mouches couvrir leur visage… Je n’arrivais pas à les regarder, c’était insoutenable et pourtant, pour quelque étrange raison, je me sentais poussée à poursuivre ma lecture. Je l’ai fait en plaçant une main ouverte devant mon visage afin d’essayer de masquer avec mes doigts les photos de ces hommes, de ces femmes et de ces enfants mourants.

Dieu est la sagesse même. Il savait exactement comment vaincre mes tentatives maladroites pour éviter de voir ces photos si bouleversantes. A défaut d’attirer mon attention avec ces images, il s’est servi des mots de l’article. La phrase «Douze millions d’enfants sont orphelins à cause du sida en Afrique» a littéralement jailli du texte et s’est gravée dans mon esprit. J’étais choquée, effarée et, franchement, incré-dule. Je me suis écriée: «Non, ce n’est pas possible, douze millions d’enfants ne peuvent pas être orphelins d’un seul coup à cause d’une maladie. Je ne connais pas un seul or-phelin. Comment peut-il y en avoir douze millions?» Horri-fiée, j’ai jeté par terre le magazine.

Mais je n’ai pas pu oublier ma découverte aussi facile-ment. Cette nuit-là, j’ai été hantée par l’idée que douze millions de garçons et de filles se retrouvaient tout seuls parce que leurs parents avaient été victimes du sida. Avant de m’endormir, j’ai eu une dernière pensée pour eux, et dès le matin au réveil, leurs frêles visages pathétiques repas-

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saient dans ma tête. Soudain, le sida, l’Afrique et les orphe-lins étaient partout! Chaque fois que j’ouvrais un journal, je tombais sur un article consacré au sida en Afrique. Tous les magazines paraissaient ressasser cette triste réalité. Au cours des semaines suivantes, j’ai essayé d’oublier l’article et les photos, mais en vain, je n’y parvenais pas.

Dieu et moi, nous avons alors entamé un dialogue in-térieur houleux. J’ai tout d’abord contesté les chiffres: le nombre de personnes séropositives (atteintes du virus qui provoque le sida) et le nombre d’orphelins que la maladie laissait dans son sillage. J’essayais de me persuader que les médias devaient grossir les chiffres. M’estimant bien infor-mée de l’état du monde, je me disais que si un problème de cette ampleur avait existé, je l’aurais certainement su.

Au fil des jours et sans relâche, ma discussion intérieure avec Dieu s’est poursuivie, mais elle s’est orientée différem-ment. J’ai commencé à prendre conscience que pendant que j’élevais mes enfants et servais le Seigneur dans mon église, une crise humanitaire aux proportions gigantesques sévis-sait sur la planète. Les médias n’exagéraient pas, et aucune propagande trompeuse n’essayait faussement d’apitoyer le public en faveur de cette cause. Non! Un drame tragique et effroyable se déroulait bel et bien, juste sous mon nez.

Je me sentais impuissante à faire quoi que ce soit pour remédier à la terrible réalité que je venais de découvrir. J’ai crié au Seigneur: «Pourquoi m’ennuies-tu avec ça? Je ne peux rien y faire! Je ne suis qu’une simple femme. Comment pourrais-je m’attaquer à un problème aussi gigantesque? Et, est-il besoin de le préciser, je suis une maman de race blanche habitant un quartier résidentiel et possédant une voiture confortable. Qu’est-ce que j’ai à voir avec une maladie qui sévit en Afrique?»

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Au bout d’un mois de lutte avec Dieu vécue dans l’an-goisse, je suis parvenue à un point où je devais impérati-vement prendre une décision en toute conscience. Allais-je me cantonner à ma vie confortable et à mes plans bien éta-blis en faisant semblant d’ignorer l’épidémie de sida et ses millions d’orphelins ou me soumettre à l’appel de Dieu et laisser mon cœur s’investir dans une cause qui, à coup sûr, ne serait qu’une longue suite de crève-cœurs et de souf-frances? Je ne savais pas ce qui se produirait si je disais oui à cet appel de plus en plus pressant à m’engager. Du reste, qu’impliquait cet «engagement»? J’avais l’impression d’être au bord d’un précipice vertigineux; je ne pouvais pas recu-ler, et pourtant j’avais l’impression, si j’avançais, que je bas-culerais dans le vide.

Puis, le moment fatidique de prendre une décision est arrivé. Les yeux fermés, les dents serrées, j’ai fini par capi-tuler. A la seconde où je l’ai fait, mon cœur s’est brisé et j’ai été comme anéantie. C’était comme si le Seigneur prenait mon cœur et le mettait dans une machine à découper le bois: entier, au départ, il était à présent en morceaux. En un éclair, Dieu a ôté le bandeau d’apathie, d’ignorance et de suffisance qui me couvrait les yeux, et j’ai été submergée par les réalités de la souffrance qu’il me révélait. Une dou-leur que je n’avais jusque-là jamais ressentie et qui semblait jaillir du plus profond de mon être, m’a envahie. Effondrée, totalement bouleversée, j’étais en larmes comme s’il s’agis-sait de moi qui était malade, que l’un de mes enfants était en train de mourir ou que je me retrouvais orpheline et seule au monde. Je ne connaissais presque rien sur le sida, mais mon cœur s’est mis à vibrer à l’unisson de ceux qui en étaient victimes. Comme l’apôtre Paul qui a été jeté à terre

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Entre mes doigts

sur le chemin de Damas (voir Actes 9), ma rencontre avec la vérité m’a profondément transformée.

Je suis devenue une femme extrêmement perturbée.Tout à coup, j’éprouvais un désir intense de m’informer

sur le sida. Je dévorais tous les livres, articles et vidéos que je pouvais dénicher. Je cherchais des sites internet qui me renseigneraient sur cette crise mondiale. Je consultais des professionnels de la santé. Je me renseignais auprès de tout mon entourage afin de mieux comprendre comment le sida s’était propagé, ce qu’on savait à son sujet et ce qui pou-vait être fait. Je m’efforçais désespérément de rattraper le temps perdu.

PerturbéeLe mot perturbé est souvent associé à la maladie mentale et à l’instabilité. Nous disons «cette personne est pertur-bée» lorsque nous décrivons quelqu’un dont les réactions émotionnelles sont excessives ou qui semble déséquilibré sur le plan affectif. Je voudrais redéfinir ce mot car je crois que Dieu cherche des personnes perturbées. Il cherche des hommes et des femmes, des étudiants et de jeunes adul-tes qui le laisseront les bouleverser en profondeur en leur montrant réellement le monde dans lequel nous vivons; un bouleversement tel que ces personnes se sentiront obligées de faire quelque chose pour changer cette réalité.

Cependant, la culture ambiante recommande d’adopter l’attitude inverse. Les parents disent à leurs enfants: «Ne parlez jamais de politique ou de religion; cela met les gens mal à l’aise.» Et la plupart du temps, nous obéissons à ce

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«décret culturel». Au lieu d’aborder en face les sujets gê-nants, nous préférons parler par exemple de la dernière émission de télé réalité, des sportifs vedettes ou du prix de l’essence. Même les chrétiens adoptent cette attitude! Nous refusons d’évoquer certains sujets pénibles et trou-blants tels que la prostitution, le travail forcé des enfants, le viol, la pauvreté, l’injustice, la haine raciale, la cupidité, le matérialisme, la destruction de l’environnement, le sida. Ce sont des sujets qui dérangent, qui nous gênent. Or, si nous ne sommes pas émus par le monde qui nous entoure, nous nous laissons envahir par ce qui est de moindre importance, voire insignifiant. Nous passons ainsi nos journées à nous tromper d’objectif, à courir après des succès illusoires, à re-chercher des choses éphémères et illusoires.

La déclaration de Jésus: «On demandera beaucoup à qui l’on a beaucoup donné» (Luc 12.48) a commencé à réson-ner dans ma tête et à s’associer aux photos perturbantes sur le sida que j’avais vues. J’avais personnellement tant reçu… Quelle était ma responsabilité en retour? Dieu nous dit clairement: «Ce que l’Eternel demande de toi: c’est que tu mettes en pratique le droit, que tu aimes la bonté et que tu marches humblement avec ton Dieu» (Michée 6.8). J’ai commencé à me demander comment je pouvais mettre cette parole en pratique dans ma vie. Comment le fait de devenir une personne fortement perturbée affecterait-il ma façon de vivre?

J’ai vite compris que le premier domaine où je devais me laisser remettre en question était ma conception de mon confort personnel. Jusque-là, loin d’être perturbée, j’étais à l’aise. Je n’avais aucun sujet de me plaindre. Mes besoins matériels étaient largement comblés. Je vivais dans une ré-

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gion magnifique. Mon couple était harmonieux et épanoui. Mes enfants faisaient ma fierté, c’étaient des êtres précieux. J’appréciais la compagnie de bonnes amies avec qui je par-tageais d’agréables moments. Dans mon église, j’appréciais les nombreux ministères dans lesquels j’étais engagée.

Il est très facile de nous tenir à l’écart et de ne pas nous laisser toucher par les souffrances qui accablent la grande majorité des habitants de la planète. J’ai lu quelque part les données statistiques suivantes: si vous avez de la nourriture dans le réfrigérateur, des vêtements pour vous vêtir, un toit pour vous abriter et un endroit pour dormir, vous faites par-tie des personnes plus riches que 75% des habitants de ce monde! Si vous avez de l’argent dans votre portefeuille, sur un compte bancaire ou dans une armoire chez vous, vous faites partie des 8% des personnes les plus nanties de la planète; en effet, 92% de la population possède moins que vous pour vivre! Si vous n’avez jamais connu les horreurs de la guerre, la solitude de l’incarcération, l’agonie de la tor-ture ou les affres de la faim, vous êtes plus favorisé que cinq cents millions d’êtres humains dans le monde. Si vous pou-vez assister aux cultes de votre église sans craindre d’être maltraité, arrêté, torturé ou mis à mort, vous êtes davan-tage favorisé que trois milliards d’habitants de la planète. En mentionnant ces données, mon objectif n’est pas de vous culpabiliser; j’espère seulement que ces statistiques vous mettent suffisamment mal à l’aise au point de vous perturber, de façon positive.

Dans sa souveraineté, Dieu a décidé du lieu où nous nais-sons. Selon le cas, il a permis que nous venions au monde dans une partie du globe plus ou moins prospère. Si nous sommes nés dans un lieu où nous disposons pratiquement

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de tout ce qu’un être humain peut désirer, nous ne devons pas nous sentir coupables qu’il nous ait sur ce plan favorisés. Mais nous sommes fautifs si nous ignorons les hommes, les femmes et les enfants de ce monde qui ne disposent pas de ce que nous avons et si nous consacrons presque tout notre temps, notre argent et nos ressources uniquement à nous-mêmes et à nos familles. Voilà une culpabilité légitime.

Peut-être êtes-vous touché en lisant ces lignes. Que de-vez-vous faire? Par quoi commencer? Quelle est la volonté de Dieu pour vous et pour le monde meurtri dont vous fai-tes partie? En tout cas, une chose est sûre: la volonté du Seigneur commence par votre soumission à lui.

Soumission risquéeLa soumission est un mot rébarbatif pour beaucoup d’en-tre nous. Il a des connotations essentiellement négatives. Voici certains synonymes du verbe «se soumettre»: s’incli-ner, renoncer, admettre sa défaite, baisser les bras, se livrer, céder, capituler. La soumission implique la défaite, une dé-cision qui n’est prise que lorsque nous sommes irrémédia-blement acculés; c’est une concession faite au vainqueur par le vaincu, un drapeau blanc agité avec tremblement. Il n’est pas étonnant que nous évitions de parler de soumis-sion. C’est un mot peu glorieux pour ceux qui se considèrent forts. L’une des illusions auxquelles des Occidentaux tels que moi tiennent le plus, c’est qu’ils se considèrent solides, indépendants, persuadés de n’avoir besoin de personne. Ils entretiennent cette même illusion dans leur vie spirituelle, et cette attitude dissuade bon nombre de personnes de sui-

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vre Jésus-Christ. «Me soumettre à Dieu? Non merci. Je peux très bien me débrouiller tout seul!» Même ceux d’entre nous qui ont reconnu avoir besoin de Jésus-Christ comme Sauveur éprouvent des difficultés à lui soumettre réelle-ment leur volonté au quotidien. Nous sommes trop imbus de nous-mêmes, trop en contrôle de notre vie, trop fiers.

Selon la perspective du Seigneur, par contre, se soumettre à sa volonté n’a que des connotations positives. Cela signifie que nous cessons d’être indépendants de lui, que nous ne comptons plus sur nous-mêmes et que nous ne prétendons plus pouvoir nous passer de lui. Se soumettre à Dieu change tout! Pourquoi ajouter l’adjectif risquée au mot soumission? Parce que se soumettre à Dieu ne signifie pas se soumet-tre à un bienveillant et faible vieillard, loin s’en faut. Nous nous remettons entre les mains du Dieu tout-puissant qui a créé l’univers et qui le soutient. Dans son livre Chroniques de Narnia, C.S. Lewis représente Dieu comme un magnifi-que lion nommé Aslan. Il est certes bon, mais certainement pas inoffensif. J’approfondirai ce concept dans le prochain chapitre, mais dès le départ, sachez que vous soumettre au Seigneur est la démarche la plus audacieuse et la plus ris-quée que vous puissiez faire. Etre pleinement soumis à Dieu vous permettra de le connaître de plus en plus profondé-ment et de participer pleinement à l’accomplissement de sa volonté.

Une photographie qui se révèleAvant ce jour de printemps 2002, je pensais connaître la volonté de Dieu au sujet des différentes étapes de ma vie.

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Mon mari Rick et moi n’allions pas tarder à nous retrouver seuls. Notre dernier fils terminait ses études secondaires, et nos vies étaient bien planifiées. Tous les deux, nous éprou-vons un amour profond pour les pasteurs et les mission-naires, et enseigner nous passionne. C’est un don que nous avons reçu de Dieu. Nous pensions passer le reste de notre vie à parcourir le monde pour enseigner et encourager les couples engagés dans le ministère. Oui, notre avenir était rempli d’honorables projets.

Mais ce n’était pas le plan de Dieu.Au fil des années, je me suis rendu compte que la décou-

verte du plan de Dieu ressemble d’une certaine manière à une photo Polaroïd non encore développée. Quand les cli-chés sortent de l’appareil, ils sont gris et uniformes, mais progressivement l’image apparaît. Le jour où j’ai accepté de m’occuper des personnes atteintes du sida, c’est comme si Dieu m’avait tendu une photo Polaroïd encore floue. Je ne savais pas vraiment ce qu’il voulait que je fasse. Je n’avais ni programme, ni projet, ni stratégie à long terme. Je sa-vais juste que je ne pourrais jamais me retrouver en face de Dieu un jour et lui déclarer que j’avais ignoré les souffrances de millions de personnes sous prétexte que cela me mettait mal à l’aise ou que je ne savais pas quoi faire à ce sujet. La photo n’est pas devenue nette et claire instantanément, mais elle s’est précisée de plus en plus au fil des années. Actuellement, je «vois» mieux que jamais ce que Dieu veut que je fasse pour contribuer à arrêter la pandémie du sida.

Evidemment, avec les progrès de la technologie numé-rique, les appareils photo Polaroïd sont dépassés. Mainte-nant, le processus nous semble trop lent. Nous voulons la clarté instantanément! Nous n’avons aucune envie d’atten-

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dre que la photo se révèle. Lorsque nous croyons que Dieu nous aiguille dans une nouvelle voie, nous désirons obte-nir dès le départ toutes les informations. Nous souhaitons avant de commencer que Dieu nous fournisse le descriptif détaillé du voyage, nous donne une carte routière précise et nous garantisse une arrivée à destination exempte de tout problème. Nous aspirons aux récompenses de la vie par la foi sans avoir à faire preuve de foi.

Pour devenir une personne profondément perturbée et soumise au Seigneur, vous devez être prêt à dire oui dès le départ, à donner votre réponse à Dieu avant même d’avoir entendu sa question.

Les déclarations de mon ami Gary Thomas m’encoura-gent régulièrement à grandir spirituellement; elles mettent ma foi au défi. Il écrit: «J’ai appris que la qualité de ma foi ne se mesure pas au nombre de fois où le Seigneur exauce mes prières, mais à ma volonté de continuer à le servir et à lui rendre grâce même quand je ne comprends absolument pas ce qu’il fait.»2

Une de nos tendances est de penser que seules les per-sonnes réalisant des performances ou des exploits im-pressionnants et remarquables (sportifs ou autres), ou les dotées d’un physique particulièrement avantageux, bref les personnes qu’on appelle les célébrités, peuvent avoir un impact important dans le monde. Mais la bonne nou-velle, c’est que la volonté de Dieu pour accomplir son œu-vre ici-bas ne concerne pas seulement les vedettes ou les «superstars».

2 Gary Thomas, Seeking the Face of God (A la recherche de Dieu), Eugene (Ore.), Harvest House, 1994, p. 95.

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OrdinaireEn repensant au jour où Dieu a attiré mon attention sur le sida, j’ai pris conscience que je n’y étais pas préparée pour plusieurs raisons, la principale étant que je n’avais jamais envisagé de contribuer de façon importante à un problème mondial. Jamais je ne m’étais considérée comme une per-sonne particulièrement douée ou talentueuse; je me trou-vais même plutôt quelconque et ordinaire.

Lorsque j’étais enfant, je voulais être une excellente élève à l’école, mais malgré tous mes efforts, je ne me suis jamais distinguée. J’étais juste «moyenne». Comme j’étais fille de pasteur, tout le monde s’attendait à ce que j’apprenne à jouer du piano, si bien que j’ai pris des leçons. Je rêvais de faire une grande tournée, de jouer avec brio pour des audi-toires subjugués et peut-être même d’enregistrer un CD ou deux de mes propres compositions. Personne ne m’a jamais proposé de produire un CD ni de partir en tournée. Après avoir compris que j’étais moyennement douée pour les étu-des et la musique, j’ai pensé pendant un certain temps que je pourrais devenir une de ces beautés du genre de celles qui participent à des concours. J’attendais impatiemment, à cette époque, le concours annuel de beauté. Je souhaitais avoir le corps parfait et le visage de toutes les candidates du concours. Dans le miroir de la salle de bains, durant cette période de ma jeunesse, je cherchais avidement les signes d’une beauté naissante, mais en vain. Personne ne m’a ja-mais dit que j’étais laide, mais en entrant dans une pièce, je n’ai jamais entendu personne s’extasier sur ma beauté! Oui, je suis juste moyenne.

Lorsque j’ai épousé Rick, j’étais assez découragée par la

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tournure que prenait ma vie. J’étais si quelconque, si insigni-fiante! On aurait pu s’attendre, selon moi, à ce que j’épouse un homme de type «moyen» pour s’accorder avec mon type «médiocre», mais au lieu de cela, j’ai épousé une vedette! Quoi qu’il fasse, Rick était toujours le meilleur. Toujours! Il travaillait bien à l’école. Il était doué, plein d’assurance et bénéficiait d’une belle popularité. Il était président de tous les clubs où il entrait, et dans le salon familial, une étagère était remplie des trophées que sa petite sœur Chaundel et lui avaient accumulés. Il avait de grands rêves pour sa vie. Mais un été, en travaillant comme maître-nageur dans un camp chrétien, Rick a consacré sa vie à Jésus-Christ, et il a acquis alors un nouveau rêve. Il n’a plus pensé aux affaires, mais au ministère: il est devenu un disciple passionné de Jésus-Christ.

Après avoir terminé ses études au séminaire de Fort Worth au Texas, Rick est reparti vivre avec moi dans no-tre Californie natale et a fondé en 1980 l’Eglise Saddle-back Valley Community. Avec Rick à la barre, l’assemblée a connu une croissance fulgurante, tant en nombre qu’en profondeur spirituelle. De mon côté, j’étais plutôt comme un poisson hors de l’eau qui tentait de survivre. Rick était une superstar, alors que j’étais plutôt une «petite étoile va-cillante». Toutefois, quelques années après la fondation de l’église, j’ai fait une expérience mémorable avec le Seigneur. J’y repense sans arrêt pour en tirer de la force.

On m’avait demandé d’être l’oratrice de l’une de nos réu-nions de femmes, et j’avais accepté à contrecœur. A l’épo-que, je m’occupais des enfants de l’église parce que pour moi cette activité me convenait tout à fait: je ne m’inquié-tais pas d’être mal jugée par eux. Selon moi, ils ne se sou-

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ciaient guère que je raconte piètrement ou maladroitement l’histoire biblique. Ce jour-là, en me rendant à la réunion, je me suis mise à pleurer et à m’apitoyer sur mon sort, comme j’en avais l’habitude: «Seigneur, tu as commis une terrible erreur. Pourquoi ne m’as-tu pas faite meilleure? Tu aurais dû donner à Rick une autre femme, plus jolie, plus douée, plus talentueuse et plus intelligente. Je ne suis pas à la hau-teur!» Lorsque je suis en larmes, je ne suis guère belle à voir (quelques larmes suffisent pour rendre mes yeux rouges et gonflés). J’ai alors allumé la radio pour essayer d’oublier mon angoisse existentielle.

C’est à ce moment-là que cela s’est produit!La station de radio diffusait un chant chrétien qui m’est

allé droit au cœur. Il s’agissait d’un chant de Danniebelle Hall intitulé Ordinary People (Les gens ordinaires). Ce chant rappelle que le Seigneur choisit des gens ordinaires pour ac-complir son œuvre, des gens comme vous et moi, des per-sonnes qui lui remettent tout ce qu’elles ont, même le peu qu’elles ont, et avec ce peu, le Seigneur fait des merveilles. Il nous appelle à lui abandonner notre vie entièrement, et c’est alors qu’il agit puissamment.

Mes larmes ont redoublé, mais ce n’était plus parce que je m’apitoyais sur mon sort. C’étaient des pleurs de joie et de paix. Le Seigneur m’avait créée ordinaire, il m’avait choi-sie pour être quelqu’un d’ordinaire! Il aurait pu me créer plus intelligente, plus douée et plus belle s’il l’avait voulu, mais ses mains m’avaient façonnée avec amour exactement comme il voulait que je sois. Pourquoi? Parce que la dimen-sion banale ou ordinaire de ma personne, si je la soumettais au Seigneur, lui permettrait d’accomplir un miracle dans ma vie et par ma vie, comme lorsqu’il avait nourri des milliers

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de personnes affamées avec deux poissons et cinq pains3 il y a près de deux mille ans. Oui, les petits riens devien-nent beaucoup lorsque nous les plaçons dans les mains du Seigneur.

Ce jour-là, je lui ai offert tout ce que je suis et tout ce que je ne suis pas. J’ai dit: «Seigneur, je n’en peux plus de gémir et de déplorer ma médiocrité. Pardonne-moi de t’avoir ac-cusé d'avoir commis une erreur en me créant ainsi. A partir de maintenant, j’accepte avec joie ta décision de m’avoir créée «quelconque». Je me soumets à toi. Emploie-moi quand, où et comme tu veux. Voilà ce que j’ai. Veux-tu le multiplier par miracle?» Cette prière de soumission toute simple, mais sincère, a été la décision la plus audacieuse et risquée que j’aie jamais prise.

Les vingt dernières années m’ont procuré d’innombra-bles occasions d’appliquer ma promesse d’être heureuse telle que je suis et telle que Dieu m’a créée. Il a reçu la sou-mission de tout «l’ordinaire» de ma personne et il a mul-tiplié mes maigres offrandes maintes et maintes fois. J’ai passé de nombreuses années à développer le don d’ensei-gnement que j’ai découvert en moi lorsque j’ai cessé d’avoir peur d’être comparée à Rick. J’étais pleinement satisfaite de mes projets d’aller prendre la parole et enseigner dans le monde entier. Mais Dieu a bousculé mes plans et m’a pro-fondément bouleversée et perturbée le jour fatidique où j’ai lu un article de magazine sur la séropositivité et le sida en Afrique.

3 Voir Evangile de Matthieu 13.13-21.

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Modèles de soumissionDurant mon parcours où j’ai appris à devenir plus soumise à Dieu, j’ai beaucoup reçu d’autres personnes qui m’ont mon-tré comment me consacrer au Seigneur. Elles m’ont servi de modèles. Marie, la mère de Jésus, a constitué pour moi un exemple de soumission. Plus que tout autre personnage des Ecritures, elle incarne pleinement ce que signifie se soumet-tre à Dieu. C’était une femme comme les autres qui a fait le vœu stupéfiant de se mettre à la disposition du Seigneur lorsque l’ange lui a annoncé qu’elle porterait le Sauveur en son sein. Le reste de sa vie lui a donné l’occasion de tenir parole. Allait-elle vraiment prendre Dieu au mot, prendre Dieu au sérieux? Lui ferait-elle suffisamment confiance pour dire oui sans savoir ce que sa soumission lui coûterait?

Apparemment, rien en Marie ne la rendait digne de faire partie du «gratin» de la société ou d’une liste quelconque des «femmes les plus admirées», et encore moins de porter en elle le Fils de Dieu. Elle était jeune, pauvre et sans doute peu instruite. Et pourtant, l’Eternel lui a fait l’honneur de lui confier une grande responsabilité qui aurait fait fuir la plupart d’entre nous. Elle aurait pu discuter longuement et âprement avec l’ange qui lui annonçait que Dieu l’avait choi-sie pour donner naissance au Fils de Dieu, en soulignant les raisons évidentes pour lesquelles il commettait une lourde erreur. Elle aurait eu toutes les raisons possibles de décliner cette «offre généreuse», voire de suggérer à l’ange de choi-sir à sa place l’une de ses amies. Ou encore, même si cela nous semble inconcevable parce que nous connaissons la suite de l’histoire, elle aurait pu refuser catégoriquement sa mission. Mais elle n’a émis que quelques petites réserves

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vite surmontées. Sans avoir la moindre idée de ce que son acceptation aurait pour conséquence, elle a capitulé: «Je suis la servante du Seigneur. Que ta parole s’accomplisse pour moi!» (Luc 1.38) Voilà une «soumission risquée»!

Marie a dédié son corps à Dieu pour qu’il devienne le lieu où le Sauveur se développerait et grandirait. Elle a renoncé à sa réputation en devenant la cible des commères du vil-lage qui ont spéculé avec jubilation sur sa vie privée. Elle a ouvert tout grand son cœur à l’enfant qu’elle portait; elle l’a aimé comme seule une mère peut le faire. Elle l’a vu deve-nir un homme qui l’a déconcertée, bouleversée et peut-être blessée en refusant de reprendre l’atelier de charpentier de Joseph, son époux. Elle l’a suivi pendant ses trois ans de ministère public dans l’espoir de rester proche de lui. Avec une appréhension croissante, elle a vu sa popularité baisser alors qu’il ne correspondait pas à l’idée erronée que se fai-sait le peuple au sujet du Messie. Et enfin, elle a appris qu’il avait été arrêté, battu au point de devenir méconnaissable et offert en guise de substitut à la place d’un criminel no-toire nommé Barabbas.

La vie de soumission de Marie a connu son point culmi-nant le jour redoutable où elle s’est tenue devant la croix, anéantie par le spectacle de son cher enfant haï, ensan-glanté, brisé, pendu à une croix; mais elle a continué à dire oui. Il n’est indiqué nulle part qu’elle s’en soit prise à Dieu dans sa douleur, qu’elle l’ait accusé de lui avoir donné une mission trop difficile ou de l’avoir conduite cruellement en ce lieu d’agonie insoutenable. Elle n’a pas cessé de dire oui. Elle a continué à consacrer son cœur brisé à celui qui l’avait choisie pour accomplir ses desseins. Elle a vu son fils se faire sauvagement assassiner, être mis au tombeau, ressusciter,

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puis s’en aller pour toujours au ciel. Le fait de dire oui ré-jouirait-il le cœur de Marie ou bien allait-elle avoir le cœur brisé à tout jamais?

Par la suite, dans le livre des Actes des apôtres, il nous est dit que Marie était avec les cent-vingt disciples qui se sont réunis dans la chambre haute quand Jésus est monté au ciel, et elle était sans doute présente aussi lorsque le Saint-Esprit a été donné aux croyants. Finalement, il y avait soulagement, rédemption et réponses à ses questions. La foi soumise de Marie prenait un sens. Le tableau devenait clair. Mais elle n’a pas attendu que tout soit limpide pour se soumettre à Dieu. Elle n’a pas insisté non plus pour que la volonté divine ne comporte aucune souffrance. Elle a juste dit: «Je suis la servante du Seigneur. Que ta parole s’accom-plisse pour moi!» (Luc 1.38)

J’imagine que vous n’êtes peut-être pas enclin à vous lais-ser inspirer par l’exemple de Marie, parce que son histoire est arrivée il y a très longtemps. De surcroît, il ne sera plus jamais demandé à quiconque d’être la mère de Jésus! Nous avons tendance à ne pas la prendre pour modèle de sou-mission parce qu’elle semble très éloignée du monde dans lequel nous vivons. Toutefois, il est moins facile d’ignorer les histoires d’hommes et de femmes ordinaires de notre temps. Dans les chapitres suivants, je vous présenterai des personnes que j’ai rencontrées et que Dieu a mises au défi de lui soumettre leur vie. Tout commence par une volonté de ne pas poser de limites à ce que le Seigneur peut faire dans notre existence. Nous ne pouvons pas lui dicter ce qu’il va permettre ou non.

Pour apprendre à me soumettre complètement à Dieu, j’ai aussi pour modèle François Fénelon. C’était un prêtre

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français très respecté engagé par le roi Louis XIV pour ins-truire son petit-fils, futur héritier du trône. Ses écrits me poussent toujours à examiner la profondeur de ma consé-cration à Jésus-Christ. Lisons ceci:

Vouloir servir Dieu à certaines conditions, mais non à d’autres, c’est le servir à votre façon. Mais ne met-tre aucune limite à votre soumission à Dieu, c’est vraiment mourir à vous-même. C’est ainsi que l’on doit adorer Dieu. Ouvrez-vous à lui sans mesure. Laissez sa vie couler en vous comme un torrent. Ne craignez rien sur le chemin sur lequel vous marchez. Dieu vous conduira par la main. Laissez votre amour pour lui chasser la crainte que vous éprouvez pour vous-même.4

La vie de Dave et Carolyn McClendon était plus calme qu’auparavant. Tous deux étaient retraités. Ils avaient tra-vaillé l’un et l’autre dans deux importantes compagnies de renommée internationale. Un jour, ils ont entendu un message que j’avais donné sur la séropositivité, le sida et la compassion de Dieu envers les malades. Intrigués, ils sont venus à une session de formation que nous avions organi-sée à l’intention de ceux qui voulaient être bénévoles dans une clinique pour sidéens de la région. Leur réaction a été de dire: «Oui, Seigneur, nous ferons ce que nous pourrons.» Au départ, ils n’ont passé que quelques heures par semaine à conduire chez le médecin les patients séropositifs. Puis ils

4 François Fénelon, Les lettres spirituelles, Tome second, s.n. 1740, p. 96 XXXVIII et dans Œuvres complètes, Paris, Bibliothèque de la Pléiade, Gal-limard, 1983; dans l’original en anglais, extrait tiré et traduit du livre The Seeking Heart, Beaumont, (Tex.), SeedSowers, 1992, p. 125.

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se sont occupés de la banque alimentaire, ce qui les a ame-nés à recruter des amis, des voisins et de petits groupes de bénévoles. Mois après mois, ils se sont consacrés de plus en plus aux hommes et aux femmes qui venaient se faire soigner à la clinique, jusqu’au jour où ils se sont liés d’amitié avec une femme cambodgienne très malade qui avait une petite fille. A leur grande surprise, cette maman leur a de-mandé, si elle venait à mourir, de s’occuper de leur fillette. Que pouvaient dire Dave et Carolyn? Comment ne pas accé-der à cette requête si touchante? Comment regarder cette maman dans les yeux et lui dire qu’ils ne pourraient pas veiller sur sa petite fille chérie? Ils ont accepté.

Dave et Carolyn sont actuellement les tuteurs d’une fillette de onze ans. Elle passe au moins cinq jours et cinq nuits chez eux chaque semaine. Le rôle des McClendon auprès d’elle est diversifié: l’aider à faire ses devoirs, lui ap-prendre à faire du vélo, lui offrir des sorties au zoo ou dans des parcs d’amusement, la conduire à l’église, lui parler de l’amour de Dieu, veiller à ce qu’elle soit bien soignée. Cette mère et sa fille ont été adoptées par tous les proches de Dave et Carolyn; elles ont été invitées à participer à tous les repas et à toutes les fêtes de famille. Dave et Carolyn ont dit au Seigneur qu’ils feraient ce qu’il voudrait, qu’ils ne pose-raient pas de limites ou conditions à leur soumission et à ce qu’il leur prescrirait, et Dieu les a pris au mot.

Que vous inspire l’histoire des McClendon? Vous stimule-t-elle ou vous gêne-t-elle? Si leur parcours (ou ce que vous avez lu jusqu’à présent) vous met mal à l’aise, peut-être êtes-vous tenté de vous détacher de ce livre en le feuilletant distraitement, l’air dégagé, en craignant tout à la fois d’en poursuivre la lecture et de l’abandonner. J’aimerais pouvoir

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vous ôter toute la gêne que vous éprouvez et vous dire des choses comme: la route choisie pour vous sera facile, tout ira comme sur des roulettes, Marie était un cas à part et que la majorité des gens ne souffrent pas autant qu’elle, très prochainement les milliards d’êtres humains démunis de notre monde auront assez à manger, disposeront de mé-dicaments efficaces pour être guéris et pourront boire de l’eau potable. J’aimerais vous dire que ce premier chapitre est le plus austère du livre et que dorénavant, les choses seront plus faciles.

Mais je ne le peux pas.Dieu aspire à vous perturber profondément au sujet de

l’état de ce monde. Il cherche des hommes et des femmes, des étudiants, des jeunes gens, des vieillards, des êtres hu-mains de toute race et de toute tribu qui s’abandonnent à lui et se soumettent à ses plans sans s’inquiéter des consé-quences. La photo Polaroïd n’est peut-être pas claire et pré-cise pour le moment, et vous vous demandez: «Qu’impli-que la ‘soumission risquée’ pour moi?» Peut-être avez-vous élaboré un solide projet pour votre vie, comme Rick et moi l’avions fait. Dans ce cas, posez-vous la question: «Est-ce le plan de Dieu?» Quoi qu’il en soit, pour le moment, la déci-sion qui vous revient est de dire oui au Seigneur, comme Marie, Dave, Carolyn et moi. Et cela, que vous sachiez ou non où cette résolution vous conduira. Je vous mets au défi de dire: «Je ne sais pas vraiment quelle est la question, Seigneur, mais ma réponse est oui!»

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Engagement

Allez-vous décider de dire oui à Dieu avant même de connaître toutes les implications que cette décision peut avoir pour vous?

Prière

Père, tu n’es pas insensible à la misère que tu observes chaque jour. Rien ne t’échappe, alors que moi, à vrai dire, je ne vois pas grand chose. Pardonne ma suffisance, mon apathie, mon ignorance. Aide-moi à voir le monde avec tes yeux. J’ai peur de tout te soumettre. Je ne suis pas tout à fait sûr(e) d’être prêt(e) à t’abandonner ce qui compte le plus pour moi. Mais je veux te connaître, aimer comme tu aimes et souffrir quand tu souffres. Je désire oser tout risquer pour toi. Je te dis oui à cet instant, quoi que cela implique.

Mise en pratique ª Commencez à prier chaque jour pour que Dieu ouvre vos yeux à de nouvelles réalités sur vous-même et le monde.

ª Demandez à un(e) ami(e) de lire cet ouvrage avec vous. Vous l’assimilerez beaucoup mieux en discutant, chapitre par chapitre, avec un(e) partenaire de lecture.