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Car le ministère de la Santé vient de confier à deux conseillers généraux de santé, Michel Ballereau et Marie-Ange Desailly- Chanson, l’étude d’une réforme de notre biologie. Ils ont notamment pour mission de se conformer à certaines réflexions (désagréables pour certains) formulées par la Commission européenne, qui a laissé entendre de la part de la France une atti- tude « protectionniste » de son exercice vis-à-vis de ses partenaires de l’Union européenne (lire notre éditorial RFL n° 399, mars 2008). En majorité assistaient à cette grand’mes- se les personnels des établissements publics : médecins, pharmaciens, cadres, ingénieurs, directeurs, pluridisciplinarité que Gérard Vincent, Délégué général de la FHF, s’est plu à saluer. Si la FHF a souhaité cette journée de réflexion sur l’évolution de la biologie hospitalière, c’est bien en raison de la place centrale de la biologie dans les futures mutations des établissements de santé mais aussi en raison de son actualité : « En l’espace de quelques mois, l’IGAS a rendu un rapport très critique sur l’éclatement de la bio- logie libérale, et deux missions ont été lancées sur la réforme de la loi de 1975 et la réorganisation de la biologie hospi- talière publique – dans le même temps on observe un important mouvement de concentration, essentiellement dans le secteur libéral ». La FHF ne serait pas contre, dans le même genre, un partenariat public-public, plus urgent qu’un partenariat public-privé, en évitant, dans l’un et l’autre cas, l’hyper- concentration qui risquerait de mettre en cause une bonne accessibilité tant géo- graphique que financière, dira en gros Claude Evin, président de la FHF. Mais il y a encore des résistances, des débats aux colloques du SNBH nous l’ont montré… Il est vrai que la biologie libérale a des possibilités plus larges de regroupement, avec le statut de SEL. « L’intérêt que porte la FHF à la biologie médicale ne doit rien au hasard (sic), dit Gérard Vincent, du fait de la place centrale de la biologie dans l’accompagnement des mutations des établissements : la biologie fédère non seulement les spé- cialités, mais elle se trouve en première ligne dans la chaîne de soins et contribue au progrès médical » (ici allusion à la com- munication sur la protéomique présentée par le Pr Marc Delpech). Il dira encore que le biologiste est « un acteur de santé aux facettes multiples ». Au cours de la journée, des responsables et chefs de pôles biologie sont venu expli- quer le fonctionnement de leurs unités respectives et présenter leur établisse- ment. On parle maintenant d’organisation polaire de la biologie hospitalière. La biologie hospitalière ? « Comme vous, je suis convaincu que, placée au cœur de plateaux techniques, elle constitue une richesse pour l’avenir de l’hôpital public et pour la qualité du service rendu aux malades » a notamment conclu Claude Evin. Jean Benoit, président du SDB, représen- tant de la biologie libérale, voit la réforme de la biologie en plus grand : réforme du système de santé et de son financement, système dans lequel les biologistes libé- raux doivent « prendre leur destin en mains, en s’impliquant dans la permanence des soins, dans les (futures ?) maisons de santé en coordination avec les médecins de ter- rain, tout en faisant évoluer la spécialité dans le cadre de l’Union européenne ». « L’enjeu majeur est bien de dépasser l’orga- nisation actuelle, souvent fractionnée et iso- lée, pour aller vers des organisations coor- données permettant d’apporter au patient une prise en charge plus globale et plus réactive » renchérit Gérard Vincent. C’est une avancée majeure utile pour tester vaccins et traitements futurs. Pour l’ins- tant, la physiopathologie de l’infection reste mal comprise, notamment dans les cas d’atteintes neurologiques (SNC) du nouveau-né et du sujet âgé. Ce modèle murin a été développé par les équipes de Marc Lecuit, de Matthew Albert et autres chercheurs de l’Institut Pasteur. Il est porteur d’une délétion codant l’une des protéines de la réponse immunitaire. Lorsqu’une des deux copies du gène est mutée, les souris miment la maladie béni- gne. Avec deux copies modifiées (non pro- duction de la protéine), elles en miment les formes sévères. Après la phase initiale hépatique, l’infection s’étend aux articulations, aux muscles et à la peau (sièges des symptômes humains), puis au SNC dans les cas les plus sévères. Ces travaux révèlent que la cible-clé du virus est le fibroblaste et que la maladie est plus sévère chez les souriceaux nouveau- nés. Ils ont pu étudier la transmission virale materno-fœtale, description princeps à La Réunion. Source : A mouse model for Chikungunya : young age and inefficient type-I interferon signaling are risk factors for severe disease, PLoS Pathogens, 15 février 2008. ©Nicolas TAVERNIER/REA ©Nicolas T

Quand la FHF se penche sur le berceau de la réforme de la biologie

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Page 1: Quand la FHF se penche sur le berceau de la réforme de la biologie

Car le ministère de la Santé vient de confier à deux conseillers généraux de santé, Michel Ballereau et Marie-Ange Desailly-Chanson, l’étude d’une réforme de notre biologie. Ils ont notamment pour mission de se conformer à certaines réflexions (désagréables pour certains) formulées par la Commission européenne, qui a laissé entendre de la part de la France une atti-tude « protectionniste » de son exercice vis-à-vis de ses partenaires de l’Union européenne (lire notre éditorial RFL n° 399, mars 2008).

En majorité assistaient à cette grand’mes-se les personnels des établissements publics : médecins, pharmaciens, cadres, ingénieurs, directeurs, pluridisciplinarité que Gérard Vincent, Délégué général de la FHF, s’est plu à saluer. Si la FHF a souhaité cette journée de réflexion sur l’évolution de la biologie hospitalière, c’est bien en raison de la place centrale de la biologie dans les futures mutations des établissements de santé mais aussi en raison de son actualité : « En l’espace de quelques mois, l’IGAS a rendu un rapport très critique sur l’éclatement de la bio-logie libérale, et deux missions ont été lancées sur la réforme de la loi de 1975 et la réorganisation de la biologie hospi-talière publique – dans le même temps on observe un important mouvement de concentration, essentiellement dans le secteur libéral ».

La FHF ne serait pas contre, dans le même genre, un partenariat public-public, plus urgent qu’un partenariat public-privé, en évitant, dans l’un et l’autre cas, l’hyper-concentration qui risquerait de mettre en cause une bonne accessibilité tant géo-graphique que financière, dira en gros Claude Evin, président de la FHF. Mais il y a encore des résistances, des débats aux colloques du SNBH nous l’ont montré… Il est vrai que la biologie libérale a des possibilités plus larges de regroupement, avec le statut de SEL.

« L’intérêt que porte la FHF à la biologie médicale ne doit rien au hasard (sic), dit Gérard Vincent, du fait de la place centrale de la biologie dans l’accompagnement des mutations des établissements : la biologie fédère non seulement les spé-cialités, mais elle se trouve en première ligne dans la chaîne de soins et contribue au progrès médical » (ici allusion à la com-munication sur la protéomique présentée par le Pr Marc Delpech). Il dira encore que le biologiste est « un acteur de santé aux facettes multiples ».

Au cours de la journée, des responsables et chefs de pôles biologie sont venu expli-quer le fonctionnement de leurs unités respectives et présenter leur établisse-ment. On parle maintenant d’organisation polaire de la biologie hospitalière.

La biologie hospitalière ? « Comme vous, je suis convaincu que, placée au cœur de plateaux techniques, elle constitue une richesse pour l’avenir de l’hôpital public et pour la qualité du service rendu aux malades » a notamment conclu Claude Evin.

Jean Benoit, président du SDB, représen-tant de la biologie libérale, voit la réforme de la biologie en plus grand : réforme du système de santé et de son financement, système dans lequel les biologistes libé-raux doivent « prendre leur destin en mains, en s’impliquant dans la permanence des soins, dans les (futures ?) maisons de santé en coordination avec les médecins de ter-rain, tout en faisant évoluer la spécialité dans le cadre de l’Union européenne ». « L’enjeu majeur est bien de dépasser l’orga-nisation actuelle, souvent fractionnée et iso-lée, pour aller vers des organisations coor-données permettant d’apporter au patient une prise en charge plus globale et plus réactive » renchérit Gérard Vincent. ■■

C’est une avancée majeure utile pour tester vaccins et traitements futurs. Pour l’ins-tant, la physiopathologie de l’infection reste mal comprise, notamment dans les cas d’atteintes neurologiques (SNC) du nouveau-né et du sujet âgé.

Ce modèle murin a été développé par les équipes de Marc Lecuit, de Matthew Albert et autres chercheurs de l’Institut Pasteur. Il est porteur d’une délétion codant l’une des protéines de la réponse immunitaire. Lorsqu’une des deux copies du gène est

mutée, les souris miment la maladie béni-gne. Avec deux copies modifiées (non pro-duction de la protéine), elles en miment les formes sévères.

Après la phase initiale hépatique, l’infection s’étend aux articulations, aux muscles et à la peau (sièges des symptômes humains), puis au SNC dans les cas les plus sévères. Ces travaux révèlent que la cible-clé du virus est le fibroblaste et que la maladie est plus sévère chez les souriceaux nouveau-nés. Ils ont pu étudier la transmission virale materno-fœtale, description princeps à La Réunion. ■■

Source : A mouse model for Chikungunya : young age and inefficient type-I interferon signaling are risk factors for severe disease, PLoS Pathogens, 15 février 2008.

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