QUEL EST LE SENS DE MA VIE ? DIEU A-T-IL UN PROJET POUR … · 2018. 10. 9. · décisive la perception d’un besoin de l’Église ou de la société. Tout le propos est clairement

APPELÉS À LA J IE

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PRÉFACE DU CARDINAL PHILIPPE BARBARIN

DON LOUIS-HERVÉ GUINY

QUEL EST LE SENS DE MA VIE ?DIEU A-T-IL UN PROJET POUR MOI ?

COMMENT FAIRE POUR DISCERNER MA VOCATION ?

Telles sont les grandes questions des jeunes que don Louis-Hervé Guiny, prêtre de la communauté Saint-Martin, accompagne spirituellement depuis plus de quinze ans.

Il partage aujourd’hui sa riche expérience avec tous les jeunes et leurs proches afin d’éclairer l’ensemble des dimensions du discernement vocationnel : sommes-nous tous appelés à la sainteté ? Quelles sont les spéci-ficités de la vocation religieuse ? De la vocation sacerdotale ? Comment être sûr d’avoir trouvé la bonne personne pour se marier ? Quel rôle laisser à l’entourage dans les prises de décision ? Et que faire si l’on s’est rendu compte que l’on s’est trompé ?

Avec profondeur et simplicité, par des réponses éclairées et éclairantes, don Louis-Hervé nous introduit ainsi dans l’école de la vraie liberté, celle qui brise les chaînes des peurs, des velléités et des culpabilités stériles : celle de l’Esprit Saint.

Don Louis-Hervé Guiny, membre de la communauté Saint-Martin, a été ordonné prêtre à vingt-sept ans. S’étant très tôt orienté vers l’accom-pagnement spirituel de nombreux jeunes et séminaristes, il devient, en 2004, responsable de la maison de formation de la communauté Saint-Martin. Il occupe aujourd’hui toujours cette charge, tout en continuant de se consacrer à l’écoute de personnes très variées par leur expérience, leur âge ou leur état de vie.

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ADULTE ET CORPORATE

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Direction : Guillaume ArnaudDirection éditoriale : Sophie CluzelDirection artistique : Armelle Riva

Édition : Anne-Sophie Rahm, Vincent MorchCompositeur : Facompo

Direction de fabrication : Thierry DubusFabrication : Florence Bellot

© Mame, Paris, 2018www.mameeditions.com

ISBN : 978-2-7289-2469-1MDS : 531723

Tous droits réservés pour tous pays.

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Je dédie ce livre à tous ceux qui, en faisant confiance au prêtre que je suis, m’ont permis d’acquérir cette expérience qui, je l’espère, servira à d’autres.



PRÉFACE

Ces pages nous offrent la synthèse d’une riche expérience qui vient au bon moment. Au mois d’octobre, en effet, se tiendra à Rome le synode auquel le pape François a donné pour titre : « Les jeunes, la foi et le discernement des voca-tions. »

On peut dire que don Louis-Hervé, respon-sable de la formation des prêtres à la communauté Saint-Martin depuis une bonne quinzaine d’an-nées, a accueilli, écouté, accompagné et formé un grand nombre de jeunes. Il participe aux rencontres nationales de formateurs, et il est même devenu, je crois, le doyen de ce « corps » où les échanges sont riches et fraternels, et dont la mission est si importante pour l’avenir de l’Église de France.

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L’ouvrage rassemble ses réponses, simples, enra-cinées dans la prière et l’expérience, aux questions qu’il a entendues ou abordées le plus fréquemment avec les jeunes. Elles sont connues et touchent tous les domaines : les critères d’âge et de maturité, le célibat consacré, le rapport à la famille, la disponi-bilité intérieure, l’accompagnement spirituel, le risque d’erreur, le discernement du lieu d’engage-ment et de la formation, et, surtout, le mystère du choix, un choix de Dieu qui devient celui d’un jeune ! On voit bien pourquoi toutes ces questions surgissent dans les esprits. Au fil de la lecture, on a même envie d’en ajouter de nouvelles : « Comment savoir si je réussirai à être fidèle à ma vocation ? » Parfois, aussi, le lecteur entre en discussion avec l’auteur et souhaite préciser, discuter, nuancer ou ajouter des éléments de réponse qui, peut-être, apporteraient une lumière complémentaire. Par exemple, me semble-t-il, dans le choix qu’un jeune mûrit, intervient aussi et peut avoir une influence décisive la perception d’un besoin de l’Église ou de la société.

Tout le propos est clairement centré : le principe fondamental de l’accompagnement spirituel, c’est de fortifier l’amitié personnelle d’un jeune avec le Christ, d’abord par la prière et les sacrements. Il doit aussi être aidé à découvrir la grâce person-

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nelle que Dieu lui a faite, à voir les obstacles qu’il aura à surmonter pour la faire fructifier et savoir l’offrir aux autres. « Quelle est ta manière, à toi, d’être disciple et témoin de Jésus, messager de la joie de son Évangile ? » Saint Ignace dit à celui qui donne les Exercices spirituels que l’essentiel de sa mission est de se mettre au service de la rencontre entre le Créateur et sa créature. Tout est dit.

Vocation ! De vocare, appeler… Ce verbe appeler est vraiment premier. Chaque jour, les personnes rencontrées, les faits et les événements nous appellent à aimer, à écouter et à servir. La vocation surnaturelle, c’est la présence de Dieu en ce monde qui fait irruption dans une vie. Soudain, le Seigneur demande tout à une jeune fille, à un jeune homme. Les proches, amis et parents, en sont souvent bouleversés, car dans une vocation, parfois pressentie, parfois surprenante, tous perçoivent la puissance de la grâce qui déroute et perturbe les circuits de la raison ou de la sagesse humaine. Dieu appelle, pour que son Royaume continue d’être présent et visible aux yeux de tous. C’est à travers l’offrande de la vie des prêtres, et par l’accomplissement de leur ministère, que Jésus tient sa promesse au fil des siècles et la tiendra jusqu’à son retour : « Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde » (Mt 28, 20).

P R É F A C E

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Sait-on assez que le verbe appeler (kaleïn en grec) est aussi dans l’étymologie du mot Église ? Qu’elle est l’assemblée de ceux qui ont entendu et répondu à l’appel de Dieu lancé par le Christ ? Quand le pape François écrit une exhortation apostolique, il aime commencer ainsi, par exemple l’appel à « la transformation missionnaire de l’Église », dans La Joie de l’Évangile. Et, en cette année 2018, dans Gaudete et exsultate, il a intitulé son premier chapitre « L’Appel à la sainteté », un beau voyage qu’il entame en écrivant que « les saints nous encou-ragent et nous accompagnent ».

Ainsi donc, nous aussi, n’oublions jamais d’appeler !

Cardinal Philippe Barbarin,3 juillet 2018,

fête de l’apôtre saint Thomas.



INTRODUCTIONSE METTRE À L’ÉCOUTE

DE L’ESPRIT SAINT

« Quel est le sens de ma vie ? »« Dieu a-t-il un projet pour moi ? »

« Comment faire pour discerner ma vocation ? »

Voici quelques-unes des questions que beaucoup de jeunes se posent et viennent poser dans le cadre d’une retraite, d’un pèlerinage. Des questions que l’on retrouve aussi lorsqu’ils vivent un événement fondateur, comme une préparation au mariage, une entrée au séminaire ou au monastère. Ces moments charnières et ces interrogations donnent du sens au ministère des prêtres qui les côtoient. « Accompagnateur spirituel », « directeur spirituel » ou « père spirituel » : autant de termes pour quali-fier la relation qui s’établit alors et au cours de laquelle peuvent survenir des prises de conscience et des décisions fondatrices qui orienteront toute

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une vie. Nombre de jeunes peuvent ainsi témoi-gner que c’est grâce à ces échanges qu’ils ont pu mieux comprendre le projet de Dieu pour eux et choisir de se marier ou de rentrer dans les ordres.

Il y a bien sûr des questions redondantes dans un tel accompagnement. Pourtant, la relation qui s’établit est unique. L’objectif de celui qui a voulu être accompagné n’est d’ailleurs pas de recevoir des réponses toutes faites. Il s’agit davantage, à travers un dialogue, de se mettre ensemble, avec son directeur spirituel, à l’écoute de l’Esprit Saint. L’un pose des questions, l’autre apporte des pistes de réponses : ce qui compte, c’est de discerner ce que ces réponses suscitent dans le cœur et l’intelli-gence de l’accompagné. L’éclairage apporté par l’accompagnateur doit favoriser ce discernement.

Néanmoins, tous les jeunes n’ont pas l’occasion de rencontrer quelqu’un qui peut répondre à ces questions fondamentales sur le sens de la vie, l’ac-compagnement spirituel étant une pratique peu répandue. Un livre peut, dans une certaine mesure, exercer le même genre de rôle. Le lecteur qui cherche en vérité des réponses aux questions qu’il se pose peut vivre une aventure spirituelle s’appro-chant de celle d’un accompagnement spirituel. C’est dans cette perspective que cet ouvrage a été écrit. A l’approche du synode des évêques intitulé


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« Les jeunes, la foi et le discernement voca-tionnel », thème aussi cher au pape François qu’à tous ceux qui, dans l’Église, sont investis auprès des jeunes, j’ai essayé de rassembler les interroga-tions qui reviennent le plus souvent dans le cadre de l’accompagnement spirituel. Ce sont des ques-tionnements dont j’ai pu discuter avec des dizaines de jeunes gens que j’ai suivis pendant plusieurs mois, voire plusieurs années, à l’âge des grands choix. Certains se sont mariés, d’autres sont devenus prêtres ou religieux. Ce livre est tiré de cette expérience.

Ce n’est donc pas un traité théorique sur le discernement, mais plutôt un manuel offrant de multiples outils pour favoriser une réflexion personnelle. Le lecteur pourra consulter cet ouvrage au gré de ses questions. Un seul conseil : ne lisez pas trop vite ! En effet, il y a deux types de lecture, comme il y a deux façons de recevoir la parole d’un autre. On peut écouter ou entendre quelqu’un. Quand on entend seulement, on reste à la surface de la relation. On échange, on parle, mais il n’y a pas vraiment de rencontre. Difficile, dans ce cadre, d’écouter les motions de l’Esprit Saint. Il en va de même pour la lecture. Si l’on ne se laisse pas le temps de réfléchir aux expériences et aux pensées que les lignes font émerger, nous en

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restons à une réflexion superficielle. Dans une lecture spirituelle, en revanche, on prend le temps de lire, de penser, et l’Esprit Saint, par ses lumières, par les questions qu’il suscite et les prises de conscience qu’il provoque, peut alors faire son œuvre en nous. Nous espérons ainsi que cet ouvrage aidera le lecteur à se mettre davantage à l’écoute de l’Esprit Saint, car, en fin de compte, c’est lui, le véritable directeur spirituel.



« L’Église a décidé de s’interroger sur la fa-çon d’accompagner les jeunes à recon-naître et à accueillir l’appel à l’amour et à la vie en plénitude. Elle souhaite également demander aux jeunes eux-mêmes de l’aider à définir les modalités les plus efficaces aujourd’hui pour annoncer la Bonne Nou-velle. À travers les jeunes, l’Église pourra percevoir la voix du Seigneur qui résonne encore aujourd’hui. Comme jadis Samuel (cf. 2 S 3, 1-21) et Jérémie (cf. Jr 1, 4-10), certains jeunes savent découvrir les signes de notre temps qu’indique l’Esprit. En écou-tant leurs aspirations, nous pouvons entre-voir le monde de demain qui vient à notre rencontre et les voies que l’Église est appe-lée à parcourir. La vocation à l’amour revêt pour chacun une forme concrète dans la vie quotidienne à travers une série de choix, qui allient état de vie (mariage, ministère

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ordonné, vie consacrée, etc.), profession, modalité d’engagement social et politique, style de vie, gestion du temps et de l’argent, etc. Assumés ou subis, conscients ou inconscients, il s’agit de choix auxquels personne ne peut échapper. L’objectif du discernement des vocations consiste à dé-couvrir comment les transformer, à la lu-mière de la foi, en autant de pas vers la plénitude de la joie à laquelle nous sommes tous appelés. »

Document préparatoire au synode des évêques « Les jeunes, la foi

et le discernement vocationnel », 2016.



1L’APPEL

DU BONHEURVocation universelle à la sainteté

et vocation particulière



Question 1 :AI-JE UNE VOCATION ?

Le souvenir est gravé dans sa mémoire. Il avait sept ans lorsque le camion de pompiers a traversé le quartier, sirènes hurlantes, et que les soldats du feu casqués en sont descendus. Depuis, tel un songe, le désir de devenir lui-même pompier ne l’a plus quitté.

Comme ce jeune homme, il n’est pas rare que des médecins, des éducateurs, des artisans et des militaires puissent rattacher leur vocation à un événement fondateur de leur enfance, même si celui-ci n’est qu’un vague souvenir. Une jeune femme qui veut travailler dans la santé fera peut-être remonter cet élan à la rencontre avec le chef du service dans lequel son grand-père a été hospitalisé, à la fin de sa vie. Dans tous les cas, il

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s’est produit une expérience qui demande à être retrouvée, poursuivie mais aussi accomplie, c’est-à-dire transposée et transformée, par l’adulte qu’est devenu l’enfant.

Si l’on a été ébloui par la prestance d’un pompier ou par l’humanité d’un médecin, on n’exercera peut-être pas le même métier, mais un autre qui fera appel à des qualités semblables. Cette expé-rience originelle pourra aussi se déployer dans le domaine associatif. Quoi qu’il en soit, ce désir profond déposé dans l’enfant aspire à se déployer et à se parfaire. C’est une promesse en attente d’accomplissement, une forme de nostalgie tournée vers l’avenir. Non pas un retour en arrière stérile, mais un embrasement du passé qui nous fait désirer une plénitude future.

Cette étincelle, certains l’ont oubliée ou enfouie en cours de route : ils n’ont pas osé faire le métier dont ils rêvaient enfants, ou en ont été éloignés par les circonstances de la vie. Mais tous l’ont ressentie : elle les a habités, prenant la forme d’une admiration, d’une inclination, d’une émotion, d’un élan ou d’un appel.

Si des moments fondateurs peuvent être décisifs dans nos choix professionnels, ils le sont encore davantage dans notre vocation à la sainteté. De quelle expérience originelle parlons-nous alors ?


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Le « moment-coup-de-cœur », si l’on transpose l’épisode du camion de pompiers, c’est l’acte créa-teur, premier contact personnel et originel avec Dieu. Voilà l’étincelle. « Tu nous as faits pour toi, Seigneur, et notre cœur est sans repos tant qu’il ne repose en toi1. » Cette phrase, que nous entendons souvent, doit être méditée dans toute sa profon-deur et sa radicalité ! Être sans repos, c’est être tourmenté, en tension, mais aussi en action, à la recherche de sa place dans le monde, d’une perfec-tion et d’une forme de plénitude. Notre soif de sainteté n’est rien d’autre que notre nostalgie de Dieu. Même si nous n’en gardons aucun souvenir, cette rencontre originelle avec lui dans l’acte créa-teur nous a marqués en profondeur. Pour le dire plus simplement encore : nous voulons retrouver Dieu. C’est une forme de désir, à la fois conscient et inconscient, d’absolu.

Avant de développer cette notion de vocation, j’aimerais revenir sur le terme de plénitude pour décrire ce qu’est la sainteté. Ce mot peut nous aider car il nous parle peut-être davantage que celui de sainteté, que nous avons tendance à repousser bien loin de nous. Les saints, ce sont les autres, les Jean-Marie Vianney, les Mère Teresa,

1. Saint Augustin, Les Confessions, I, I, 1.

A I - J E U N E V O C A T I O N ?

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les Bernadette de Lourdes. Il faut avoir une vie incroyable ou une apparition. En un mot, ce n’est pas nous. C’est faux, bien évidemment, mais nous continuons à le croire. La plénitude, en revanche, nous attire ! Tous, nous voulons vivre en pléni-tude, de sorte qu’au soir de notre vie, nous puis-sions avoir le sentiment, non pas d’avoir fait un sans-faute, mais d’avoir rempli notre vie et d’avoir tout donné, de vivre pleinement de la grâce. Pour mieux saisir cette plénitude, nous pouvons penser à la Vierge Marie. L’ange qui la visite ne l’appelle-t-il pas « pleine de grâce » ? Elle est telle-ment remplie de cette grâce qu’elle accueillera Dieu en elle, plénitude suprême ! Bien qu’elle soit mystérieusement conçue sans péché, nous, pécheurs, n’hésitons pas à observer Marie et à la prendre pour modèle.

Comment définir le plus finement possible ce qu’est la vocation individuelle ? Remarquons d’abord qu’elle se déploie à trois niveaux :

– Mon originalité propre : je suis une personne unique, née ici, à cette époque, avec mon histoire, mes passions et mes limites. Je ressens un appel à me donner dans le domaine de la santé, de l’édu-cation, de la vie intellectuelle, etc. Sur ce plan, une certaine plénitude pourra se vivre, qui décou-lera du don de moi-même dans tel ou tel domaine


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de la société, par un métier, un engagement asso-ciatif ou une réalisation. C’est ma vocation sociale.– Ma nature sexuée : je suis un homme ou une femme et je ressens un appel à aller vers l’autre, un désir de l’autre, et de l’autre sexe en particu-lier. A ce niveau, la plénitude que je cherche pourra être atteinte par mon ouverture à l’alté-rité. C’est ma vocation sponsale.– Ma vie de baptisé : par le baptême, je suis appelé à vivre l’Évangile et à suivre le Christ. Je pourrai répondre à cet appel à travers les réalités évoquées dans les deux premiers niveaux : mon métier, ma vie sociale, ma relation aux autres et, si je me marie, ma vie de couple. La plénitude visée ici est la « charité théologale », la commu-nion. C’est ma vocation à la sainteté.Dans chacune de ces vocations se manifestent

une expérience originelle que nous essayons de retrouver et d’accomplir, et une aspiration à une plénitude toujours plus grande. Dans le premier niveau, c’est un « moment-coup-de-cœur » ou une rencontre forte qui crée une aspiration en nous et oriente notre vocation professionnelle et sociale. Dans le deuxième, c’est l’unité originelle entre Adam et Ève à laquelle nous aspirons, notamment dans la vie de couple : « Voici l’os de mes os, la


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chair de ma chair (Gn 2, 23). » Dans le troisième niveau de vocation, nous aspirons à faire l’expé-rience de la paternité de Dieu lui-même. Par le baptême, nous sommes devenus ses fils et nous aimerions l’être pleinement comme le décrit ce verset du psaume 130 : « Mon âme est en moi comme un enfant. »

Ces trois dimensions de la vocation s’emboîtent comme des poupées russes. Notre vocation de baptisés et l’appel à la sainteté qui en découle englobent notre vocation d’hommes et de femmes, qui elle-même recouvre notre vocation sociale et professionnelle. Chacune de ces trois dimensions est liée à un désir et à une nostalgie positive inscrits au plus profond de nous.

Retenons deux choses : la première, c’est que notre vocation est unique. Chacun sa poupée russe ! La seconde, c’est qu’il nous faut écouter nos désirs, surtout les plus profonds, pour trouver quelle est notre place dans le monde car, la décou-vrir, c’est précisément répondre à notre appel à la sainteté.

Il est donc crucial de saisir le caractère unique de notre vocation. Nous sommes des personnes originales et singulières, et c’est précisément à travers cette singularité que nous recevons notre appel. La nier reviendrait à recevoir un appel


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tronqué. Dans le cadre de la vocation profession-nelle par exemple, penser que l’on doit être agri-culteur parce que, dans la famille, tout le monde l’est, ou devenir consultant car cela se fait réguliè-rement dans notre milieu social, ne nous permettra pas de répondre à notre vocation propre. Il est évident que grandir dans une famille d’agriculteur va orienter le choix d’un jeune : ce contexte le fera sûrement grandir dans l’amour de la terre. Cela le poussera peut-être à devenir agriculteur, et c’est très bien ! Les circonstances et les obligations font que nous ne prendrons pas exactement la voie que nous aurions voulu choisir, et c’est tout à fait respectable. Reprendre la ferme de nos parents par amour pour cet héritage familial, cela s’en-tend. Mais il faudra trouver par quels moyens notre propre vocation peut s’accomplir.

Notre origine sociale, notre famille et notre lieu de vie ne doivent donc pas nous empêcher de nous interroger sur notre vocation propre. Et cette réflexion nécessite un effort de notre part ! Pour se disposer pleinement à recevoir notre appel unique, il nous faut accéder à ce que nous sommes et le devenir pleinement. « Deviens ce que tu es2 » : c’est en parcourant cet itinéraire intérieur, comme

2. Phrase attribuée par Nietzsche à Pindare, poète grec du ve siècle avant J.-C.


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le proposent ces quelques pages, que nous répon-drons à notre vocation. Entendons-nous bien : devenir ce que nous sommes ne se vit pas de façon isolée, comme pourrait le laisser supposer une approche individualiste de la découverte de soi. Cette recherche se vit au sein de la communauté humaine.

Accéder à mon identité profonde et la déployer suppose de trouver un positionnement unique vis-à-vis de mes proches et du monde qui m’entoure. Autrement dit, entendre et répondre à l’appel du Seigneur va de pair avec une quête de ma véritable place. Seul cet appel qui me traverse et me trans-cende est en mesure de m’y conduire. Tout autre appel ne m’y conduira que partiellement. De même qu’il y a des appels plus ou moins superficiels, il y aura des places qui m’engageront de manière plus ou moins totale. Si l’appel ne concerne qu’un domaine de mon existence, il en sera de même pour la place que je découvrirai.

A titre d’exemple, trouver sa place sur le marché du travail se fait en répondant à une vocation professionnelle. Cet état peut impliquer une partie plus ou moins grande de mon être, et correspond à un appel partiel. Ma véritable place est celle qui concerne toute ma personne, pas seulement l’une ou l’autre des dimensions de mon existence. C’est


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de cette place-là qu’il s’agit, lorsqu’on parle de « vocation » au sens fort du terme.

En résumé, pour répondre à ma vocation, à l’appel de Dieu inscrit en moi, il me faut trouver ma place. Et réciproquement, pour accéder à ma juste place dans le monde, il me faut répondre à l’appel de Dieu. C’est un cercle vertueux, et nous verrons dans les chapitres suivants comment y entrer.




TABLE DES MATIÈRES

Préface du cardinal Philippe Barbarin . . . . . 7

Introduction. Se mettre à l’écoute de l’Esprit Saint . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11

1 – L’appel du bonheur. Vocation universelle à la sainteté et vocation particulière . . . . . . 17

Q. 1 – Ai-je une vocation ? . . . . . . . . . 19Q. 2 – Être saint et heureux : est-ce compatible ? . . . . . . . . . . . . . . . 29Q. 3 – Dieu a-t-il un plan pour chacun de nous ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39

2 – Les questions fondamentales du discernement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53

Q. 4 – Comment discerner sa vocation ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55

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Q. 5 – Comment faire des choix inspirés par Dieu ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67Q. 6 – Pourquoi est-il si difficile de choisir ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 77Q. 7 – Comment vaincre la peur de choisir ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85Q. 8 – Comment être sûr que l’on fait un bon choix ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . 93

3 – Questions autour de la vocation sacerdotale et/ou religieuse . . . . . . . . . . . . . 97

Q. 9 – Comment reconnaître un appel à la vie religieuse, au sacerdoce, au célibat consacré ? . . . . . . . . . . . . . . 99Q. 10 – Dieu appelle-t-il dans un lieu particulier ? Ou est-ce à nous de choisir ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 107Q. 11 – Quel est le moment idéal pour répondre à sa vocation ? . . . . . . . 113Q. 12 – Cet appel spécifique est-il « meilleur » que la vocation au mariage ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 121

4 – Questions autour du mariage . . . . . . . . 133Q. 13 – Se marier avec quelqu’un, est-ce un choix libre ou un appel ? . . . 135


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Q. 14 – Sur quels critères choisir la personne avec laquelle on veut construire sa vie ? . . . . . . . . . . . . . . . . 145Q. 15 – Est-il possible d’être pleinement saint en se mariant ? . . . . . . . . . . . . . . 157

5 – Le rôle des personnes extérieures . . . . . 163Q. 16 – L’accompagnement est-il indispensable pour discerner ? . . . 165Q. 17 – Dans quelle mesure écouter les avis des autres sur notre choix ? . . . 171

6 – Les erreurs, les échecs et les épreuves d’un discernement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 177

Q. 18 – Quelles leçons tirer de nos échecs ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . 179Q. 19 – Peut-on se tromper d’état de vie ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 185Q. 20 – Si l’on est passé à côté d’un appel, peut-on quand même être saint ? . . . . . 191

Conclusion. Le discernement, une école du désir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 197

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COMMENT FAIRE POUR DISCERNER MA VOCATION ?

Telles sont les grandes questions des jeunes que don Louis-Hervé Guiny, prêtre de la communauté Saint-Martin, accompagne spirituellement depuis plus de quinze ans.

Il partage aujourd’hui sa riche expérience avec tous les jeunes et leurs proches afin d’éclairer l’ensemble des dimensions du discernement vocationnel : sommes-nous tous appelés à la sainteté ? Quelles sont les spéci-ficités de la vocation religieuse ? De la vocation sacerdotale ? Comment être sûr d’avoir trouvé la bonne personne pour se marier ? Quel rôle laisser à l’entourage dans les prises de décision ? Et que faire si l’on s’est rendu compte que l’on s’est trompé ?

Avec profondeur et simplicité, par des réponses éclairées et éclairantes, don Louis-Hervé nous introduit ainsi dans l’école de la vraie liberté, celle qui brise les chaînes des peurs, des velléités et des culpabilités stériles : celle de l’Esprit Saint.

Don Louis-Hervé Guiny, membre de la communauté Saint-Martin, a été ordonné prêtre à vingt-sept ans. S’étant très tôt orienté vers l’accom-pagnement spirituel de nombreux jeunes et séminaristes, il devient, en 2004, responsable de la maison de formation de la communauté Saint-Martin. Il occupe aujourd’hui toujours cette charge, tout en continuant de se consacrer à l’écoute de personnes très variées par leur expérience, leur âge ou leur état de vie.

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