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ROYAUME DU MAROC CONSEIL NATIONAL DE LA JEUNESSE ET DE L'AVENIR Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ? Programme d'action pour une meilleure articulation entre l'Education, la Formation et l'Emploi Troisième Session du Conseil Rabat, 16, 17 & 18 février 1993

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ROYAUME DU MAROC

CONSEIL NATIONAL DE LA JEUNESSE ET DE L'AVENIR

Quelle Education-Formation,Quel Emploi

pour le Maroc de demain ?

Programme d'action pour une meilleure articulationentre l'Education, la Formation et l'Emploi

Troisième Session du Conseil

Rabat, 16, 17 & 18 février 1993

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CONSEIL NATIONAL DE LA JEUNESSE ET DE L'AVENIR

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Programme d'action pour une meilleure articulationentre l'Education, la Formation et l'Emploi

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S O M M A I R E

Préface

Introduction générale 11

Première partieL’emploi : diagnostic, tendanceset perspectives 17

Chapitre I :Analyse rétrospectivedes tendances de l’économieet de l’emploi 18

I. Les tendances de l’activité économique 19II. Les tendances de l’emploi 26

Chapitre II :Perspectives de l’emploià l’horizon 2005 47

I. Sources statistiques et méthodes de projection 48II. Perspectives de l’emploi par secteuret par catégorie de diplômes 60III. Perspectives de l’emploi par famillede profession en milieu urbain 71IV. Diffusion des technologies dans les secteursd’activité et leur impact sur les structures des emplois 98

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Deuxième partieLe système éducatif : diagnostic,tendances et perspectives 103

Chapitre I : Le système de l’enseignementfondamental et secondaire (EFS) 107

I. La réforme du système éducatif 108II. Diagnostic et tendances du systèmede l’Enseignement Fondamental et Secondaire 109

Chapitre II : Le système de la Formation Professionnelle (SFP) 119

I. L’organisation du SFP 120II. Les orientations dusystème de formation 1993-2000 121III. Ajustement du systèmede formation professionnelle 133

Chapitre III : Le système de l’enseignementsupérieur (SES) 140

I. La mission du systèmede l’enseignement supérieur 140II. La dynamique organisationnelledu système d’enseignement supérieur 141

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III. Les grandes tendances du systèmed’enseignement supérieur 148IV. Les outputs du système d’enseignementsupérieur à l’horizon 2000 154V. Les dysfonctionnements du systèmede l’enseignement supérieur 158

Troisième PartieProgramme d'action pour une meilleurearticulation entre l'Education, la Formation etl'Emploi 167

Chapitre I : Objectifs et Philosophiedu Programme d’action 167

Chapitre II : Rapprochement entre offreet demande de formation 175

Chapitre III : Actions pour une meilleurearticulation entre l’éducation, la formation etl’emploi 180

1. Education de base et préparationà la vie active (Mesures n° 1, 2, 3 & 4) 1812. Formation concertée et insertionprofessionnelle (Mesures n° 5, 6, 7 & 8) 1913. Conditions d’un renforcementdu partenariat entre le système éducatifet le monde du travail (Mesures n° 9, 10, 11 & 12) 199

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INTRODUCTION GENERALE

I. OBJECTIFS DE L’ÉTUDE

La politique de l’emploi est, désormais, une variantestratégique de la politique économique. Les méca-nismes de relance de la croissance économique ne

sont pas, nécessairement, porteurs de plein emploi. L’évolu-tion positive de la croissance économique est, aujourd’hui,accompagnée d’une évolution régressive de l’emploi. Une desraisons en est que l’emploi - catégorie quantitative - est égale-ment un phénomène qualitatif.

La relation formation-emploi montre que la créationd’emploi - facteur économique - est aussi fonction de la dis-ponibilité d’un profil de formation correspondant, fait quali-tatif. Une relation dont la maîtrise interpelle le Système Edu-catif et le Système Productif :

1 - Quelles sont les capacités d’adaptation du Système Educatif à unenvironnement économique et social qui connaît des transformationsprofondes ? Comment les améliorer ?

2 - La croissance de l’emploi permettra-t-elle de faire face à la pressiongalopante des jeunes diplômés sur le marché du travail ?

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3 - Les entreprises et les administrations trouveront-elles les profils deformation qu’elles recherchent?

Ces quelques interrogations permettent d’alimenter la réflexion sur larelation formation-emploi, l’objectif étant de contribuer à un rapprochemententre les besoins de l’économie et les sortants du Système Educatif, pour cernerles inadaptations et les insuffisances et de l’appareil de formation et du Systè-me Productif, afin de concevoir les mesures et les correctifs nécessaires.

Dans cette perspective, il convient de préciser que la recherche desmesures et actions à entreprendre ne doit nullement procéder d’une approcheinstrumentale et réductrice de l’articulation visée entre Système Educatif(entendu au sens large) et Système Productif. L’articulation recherchée ne peutêtre que relative en raison des particularités des durées et des cycles d’évolu-tion propres aux deux systèmes. Le système d’enseignement est soumis à descycles de transformation relativement longs, alors que le Système Productifpeut varier brutalement au fil des contingences économiques, en particulier auniveau de la dynamique de création d’emploi. Il en découle que l’imprévisibili-té relative de ces évolutions montre que la définition de l’articulation commeune notion stratégique est difficile à cerner dans toutes ses dimensions.

Il est évident que le système éducatif marocain ne répond pas unique-ment aux besoins exprimés par le marché de l’emploi. Sa fonction est beaucoupplus large, car à la “ demande économique” exprimée directement par l’offred’emplois, s’ajoute également la demande socio-culturelle tout aussi fonda-mentale à satisfaire. Dès lors il devient délicat de mesurer les performances dusystème éducatif uniquement à travers le degré de déséquilibre entre l’offre etla demande d’emplois. Ceci est d’autant plus vrai que l’équilibre sur lemarché de l’emploi ne dépend pas uniquement de la dynamique du Sys-tème Educatif, mais également et surtout du dynamisme présent etfutur du système productif.

Néanmoins, en dépit de toutes ces difficultés, la recherche d’une arti-culation relative entre Système Educatif et Système Productif est,aujourd’hui, un enjeu national fondamental tant sur le plan économiqueque socio-politique.

Dans le prolongement des réflexions et analyses menées par le ConseilNational de la Jeunesse et de l’Avenir, cette étude repose sur une démarchesystémique prospective dont l’objectif majeur consiste : à cerner, audouble niveau quantitatif et qualitatif, les performances et dysfonction-nements présents et prévisibles entre Système Educatif et Système Pro-ductif par référence à leur efficacité externe au sein du marché du tra-vail.

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II. PRÉSENTATION DES PRINCIPAUXRÉSULTATS QUANTITATIFS DE L’ÉTUDE

Avec une croissance réelle moyenne de 3,7% pour la période 1980-1990,la situation globale de l’économie marocaine est relativement performante. Lesefforts financiers consentis dans le domaine de l’éducation sont importants etdépassent 7% du PNB contre 6% dans l’ensemble des pays arabes et 4,5%seulement dans le cas des pays dont le PNB par tête est comparable à celui duMaroc. Ces indicateurs contrastent, cependant, avec l’évolution de l’emploi etdes performances quantitatives du Système Educatif.

1 - Sur une population active totale estimée à près de 9.933.000 per-sonnes en 1990-1991, en progression de 2,8% depuis 1987 en moyenneannuelle, la partie en chômage s’élève à 1.094.000 personnes, soit untaux de chômage de 20,6% en milieu urbain et de 5,6% en milieu rural.

Ces données traduisent une dégradation de la situation de l’emploi auMaroc : de 8,8% qu’il était en 1971, le taux de chômage en milieuurbain est passé à 10,7% en 1982 avant d’atteindre 14,7% en 1987 etgrimper à 20,6% en 1991.

2 - Les performances quantitatives modestes du Système Educatif sontperceptibles au niveau du taux de scolarisation net dans le premier cyclede l’enseignement de base qui représente 57,7% en 1990-91. Cette situa-tion est largement imputable à une faible scolarisation en milieu rural oùle taux net de scolarisation dans le premier cycle de l’enseignement debase ne dépasse pas en moyenne les 36,7%.

3 - Ces performances sont d’autant plus modestes quand on relève que15,1% seulement des enfants d’une génération parviennent en fin desecondaire. Faiblesse de l’accès et importance des déperditions en coursd’étude (58% des sorties du Système) constituent les empreintesmajeures du Système Educatif.

4 - L’examen de la structure par sexe, par âge et par diplôme de la popu-lation active en chômage montre une prédominance du sexe masculin(65,1%), des jeunes (52,4%), des diplômés (46,4%). Plus de 54% desjeunes en quête d’emploi ont soit le certificat d’études primaires (22,4%)soit le certificat d’études secondaires (32,4%). Près de 44% de la popula-tion active en chômage ont soit un baccalauréat et plus (22,5%) soit undiplôme de formation professionnelle (21,4%).

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En effet, l’analyse des flux des “sortants” du Système Educatif sembleconfirmer ces tendances et traduire une forte pression des jeunes tantdéscolarisés que diplômés sur le marché de l’emploi. En 1989, plus de348.000 élèves sont rejetés de l’enseignement fondamental. Or la capaci-té d’accueil actuelle et prévisionnelle dans la Formation Professionnellen’est pas en mesure d’absorber les “sortants” de l’Enseignement Fonda-mental et Secondaire. De plus de 50.000 en 1990, le nombre des bache-liers s’élèvera à près de 100.000 lauréats en l’an 2000 ; presque la moitiéde ces effectifs serait exclue par le Système d’enseignement supérieur et seprésenterait sur le marché du travail. Les lauréats de la Formation Profes-sionnelle passeront de 44.000 en 1991 à plus de 70.000 en l’an 2000.

Durant la décennie 1990, 37.000 lauréats de l’enseignement supérieur seprésenteraient en moyenne annuelle sur le marché de l’emploi.

5 - Dans le financement du Système Educatif, l’Etat intervient à raisonde 86%, ce qui correspond à 13,3 Milliards de Dirhams en 1990-91, soit6,5% du PIB. Le budget du Ministère de l’Education Nationale estdemeuré constant durant la décennie 80 sans priorité entre les différentsniveaux d’enseignement, ce qui explique, en grande partie, le retardaccusé par la scolarisation primaire.

III. ENSEIGNEMENTS QUALITATIFS DEL’ÉTUDE

1 - La rationalisation et la réallocation des ressources publiques consa-crées à l’éducation devrait être favorable à l’enseignement de base, notammenten milieu rural où l’analphabétisation demeure importante. Cette option per-met d’élargir l’accès à l’éducation de base et de réduire ainsi les inégalités spa-tiales et sociales. Le rôle de l’école doit être revu en faveur d’une attentionaccrue à la formation professionnelle particulièrement dans les secteurs del’agriculture et de l’informel. Il est, donc, important de ne pas minimiser lafonction culturelle de l’éducation. La richesse de l’environnement culturel duSystème Educatif et l’initiation précoce et concrète aux principes de la scienceet de la technologie dès les premières années de l’enseignement sont l’une desbases les plus importantes de l’ajustement et de l’articulation entre le SystèmeEducatif et le Système Productif, dans la perspective d’une adéquation toujoursrelative entre les produits du premier et les besoins du marché de l’emploi. Laprise en compte de cette dimension culturelle permet de développer l’aptitude

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à la polyvalence (en termes de formation potentielle) chez les sujets en forma-tion et de revaloriser socialement et culturellement l’image de l’enseignementtechnique et professionnel. La formation spécialisée (technique et profession-nelle) doit s’inscrire dans le prolongement de ces acquisitions préalables entenant compte des orientations de l’offre d’emploi au sein du marché du tra-vail.

2 - L’amélioration de l’efficacité interne du système Educatif passe égale-ment par la lutte contre les déperditions en cours d’études au moyen d’unaccroissement de la capacité d’insertion des jeunes diplômés sur le marché dutravail. La réalisation de ces objectifs implique la mise en place d’un enseigne-ment de formation professionnelle différencié et plus souple susceptibled’absorber tous les sortants aux différents paliers éducatifs.

3 - La régulation de l’accès des jeunes à l’enseignement supérieur doits’opérer principalement à travers la mise en place des formations courtes (Bac+ 1 et Bac + 2) à finalité plus professionnelle, tout en adaptant les filières clas-siques d’excellence à l’évolution scientifique et technique d’une économieappelée à s’ouvrir davantage sur l’environnement mondial. Cela signifie qu’ildevient nécessaire de donner au système d’éducation une plus grande capacitéde réponse quantitative et qualitative à l’évolution des besoins de l’économie.

4 - La décentralisation des prises de décision et de la gestion dans ledomaine de l’éducation confère au Système Educatif la souplesse nécessaire àses adaptations nombreuses et continues.

5 - Développer une meilleure intégration entre le Système Educatif et lesmilieux socio-professionnels à travers plusieurs mécanismes :

- pour le secteur formel, il est nécessaire, déjà au niveau de l’enseigne-ment secondaire technique mais surtout de la formation professionnelle et del’enseignement supérieur, de développer des systèmes de formation alternés etd’impliquer de la sorte l’entreprise au cours de la formation initiale ;

- pour le secteur informel, urbain en particulier où se crée l’essentiel del’offre d’emploi, il s’agit pour les formateurs d’être plus imaginatifs et d’appor-ter leur appui par la formation des petits producteurs et des travailleurs dansles services (indépendant ou salariés) et de favoriser l’insertion des sortants dusystème d’éducation ;

- institutionnaliser les relations entre les établissements de formation etles milieux socio-professionnels par :

• la participation de l’entreprise aux activités de formation;

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• le développement des stages des étudiants dans l’entreprise ;

• la mise en place de projets conjoints dans le domaine de la formation continue ;ce qui exige de mieux articuler la formation initiale et la formation continue afinde permettre aux jeunes et moins jeunes qui interrompent leur scolarité de reprendreleur formation à tout moment de leur vie professionnelle. Il serait utile dans cetteperspective que les départements formateurs concernés engagent une réflexion avec lesmilieux professionnels sur les modalités concrètes de cette articulation.

• la promotion de la recherche dans des domaines répondant aux préoccupations dusystème productif ;

• le conseil et les services divers à l’entreprise .

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PREMIERE PARTIE

L’EMPLOI :DIAGNOSTIC, TENDANCES

ET PERSPECTIVES

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CHAPITRE IANALYSE RETROSPECTIVE DES TENDANCES

DE L’ECONOMIE ET DE L’EMPLOI

L’analyse entreprise dans ce document part du fait que la planifica-tion stratégique des ressources humaines est nécessaire et devrait sebaser sur une connaissance aussi précise que possible des besoins

actuels et futurs en main-d’oeuvre par secteur, profession et niveau de qualifi-cation.

Même si la prévision des besoins dans ce domaine est des plus aléatoires àmoyen et long terme dans un contexte économique et technologique caractéri-sé par l’incertitude, elle demeure néanmoins un outil indispensable pour laconstruction de l’avenir.

Dans ce cadre, il est légitime de s’interroger sur la pertinence par rapportà l’emploi des rythmes et contenus de la croissance économique passée et futu-re.

La démarche adoptée dans cette partie du rapport est à la fois rétrospecti-ve et prospective.

Dans un premier temps, une analyse approfondie des tendances passéesde la croissance économique et de l’emploi est menée dans le but de sérier lesproblèmes du présent et qui ont des implications pour l’avenir .

Dans un deuxième temps, on présente les principaux résultats des projec-tions de l’emploi par secteur d’activité ainsi que leur décomposition par caté-gorie de diplômes et par famille de professions.

Il convient cependant de préciser dès à présent que le travail de projec-

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tion entrepris ne revêt pas un caractère mécaniste qui reviendrait à considérercomme figées les contraintes des structures de la production, de l’emploi et dela formation. IL s’agit plutôt de l’examiner avec souplesse et intelligence pourpermettre au volontarisme des politiques de croissance, de l’emploi et de l’édu-cation-formation de se manifester.

D’où l’importance de le considérer, non comme un futur fatal maiscomme une référence facilitant la prise de conscience et de décision pour rele-ver les défis qui se posent à la nation en cette fin de millénaire.

I - LES TENDANCES DE L’ACTIVITEECONOMIQUE

La dynamique globale de l’emploi est déterminée dans une large mesurepar le niveau et la structure de la croissance économique. L’examen rétrospectifde l’évolution de la croissance économique globalement et par secteur d’activi-té permettra d’une part de dégager les potentialités et les déterminants fonda-mentaux de la croissance de l’économie nationale et d’autre part d’apprécierl’impact que cette croissance a pu exercer sur le niveau et les caractéristiquesstructurelles de l’emploi.

I-1 - LES TENDANCES MACRO-ÉCONOMIQUES

Les tendances globales de l’économie marocaine, appréhendées à traversl’évolution du PIB, dégagent un taux de croissance réel de 4,6% en moyenneannuelle sur la période 1970-90. Sous l’effet des fluctuations de la croissance àla fois interne et externe et surtout des orientations imprimées à la politiqueéconomique, le rythme de croissance a été tout au long de cette période assezirrégulier avec de fréquentes alternances entre les phases d’accélération et dedécélération.

Après une période de croissance relativement lente qui a caractérisé lesannées soixante, l’économie marocaine devait connaître une forte relance audébut des années soixante-dix favorisée par un important surplus financier à lasuite de la hausse des prix des phosphates. Le taux de croissance a ainsi culmi-né à 6,7% par an au cours des années 1973-77 grâce à l’effort exceptionnel en

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matière d’investissement public, orienté principalement vers les infrastructuresde base, le secteur agricole et le secteur industriel. Le budget d’investissementpublic a en effet atteint en 1977 son niveau le plus élevé et a constitué plus de60% de l’investissement total et près de 20% du PIB. La croissance vigoureusequi s’en est suivie devait cependant buter rapidement sur la contrainte definancement après le retournement de la conjoncture avec la baisse des prix desphosphates doublée de l’effet du deuxième choc pétrolier. Devant cette situa-tion, les pouvoirs publics ont été amenés à entreprendre une politique de stabi-lisation au cours des années 1978-80 qui a eu comme conséquence directe unedécélération marquée du rythme de croissance. D’une moyenne de 6,7% qu’ilétait au cours du quinquennat 1973-77, celui-ci a baissé à 3,4% entre 1978-80. Au total, la décennie soixante-dix s’est achevée sur une croissance moyennede 5,3% par an.

La décennie quatre-vingt devrait être amorcée dans un contexte particu-lièrement difficile pour l’économie marocaine: aux effets de la sécheresse sévèredes années 1981 et 1983 se sont ajoutés le poids de la dette extérieure, la bais-se des cours des phosphates et le ralentissement important du rythme de crois-sance. La période 1981-83 s’est ainsi distinguée par une forte détérioration deséquilibres financiers internes et externes qui a conduit les pouvoirs publics àengager l’économie nationale dans un vaste programme d’ajustement et derestructuration. Ce programme qui concrétise la nouvelle orientation de lapolitique économique dans le sens d’une plus grande libéralisation et d’uneouverture accrue sur l’extérieur s’est fixé comme objectif principal le rétablis-sement des conditions favorables à une croissance soutenue. La première moitiédes années quatre-vingt a ainsi connu l’initiation et la mise en oeuvre d’unesérie de mesures visant l’assainissement des finances publiques, le redressementdes comptes extérieurs et l’instauration d’une nouvelle dynamique du systèmeproductif. Ces mesures qui ont revêtu à la fois des aspects globaux et sectorielsont permis une amélioration progressive de la situation des équilibres écono-miques et financiers ainsi qu’une relance du processus de croissance, soutenuepar des conditions climatiques nettement plus favorables qu’au cours de la pre-mière moitié des années quatre-vingt. Entre 1986 et 1990, le PIB s’est en effetaccru au taux moyen de 4,2% alors que pour l’ensemble de la décennie, le tauxde croissance moyen a été de 3,8%.

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I.2. LES TENDANCES PAR SECTEUR D’ACTIVITÉ

Le processus de croissance de l’économie marocaine au cours des vingtdernières années s’est caractérisé par des transformations significatives dans lastructure de la production. Appréhendés à travers les valeurs ajoutées desprincipales activités sectorielles, les aspects saillants de ces transformationssont, d’une part, la faible évolution de l’agriculture dont la contribution auPIB nominal s’est sensiblement réduite en passant de 19,9% en 1970 à 15,7%en 1990 et, d’autre part, le renforcement de la part des activités de l’industrie,des mines et de l’énergie qui ont totalisé près de 28% du PIB en 1990 contre23% en 1970. En revanche, les activités du commerce et de services ont main-tenu leur contribution au PIB autour de 40%. Pour le secteur du bâtiment ettravaux publics, la valeur ajoutée correspondante a subi d’importantes fluctua-tions entre 1970 et 1990 ; elle constitue actuellement près de 6% du PIBtotal. Enfin, la valeur ajoutée des administrations publiques s’est établie enmoyenne entre 10 et 12% du PIB tout au long de la période 1970-90.

Les transformations qui se sont opérées au cours des deux dernièresdécennies dans le système productif résultent des rythmes de croissance diffé-renciés au niveau des différentes branches et sous-branches de l’activité écono-mique. On examinera dans ce qui suit les rythmes de croissance réalisés par lesprincipales branches afin d’en dégager les traits les plus significatifs pour ledéveloppement en cours et les perspectives d’avenir.

A. AgricultureLe rythme de croissance de la valeur ajoutée agricole dans son ensemble a

été de 3,8% en moyenne annuelle sur la période 1970-90. On notera que cerythme a connu un net fléchissement au cours de la décennie soixante -dix oùil n’a pas dépassé 1,8% par an alors que la croissance de l’ensemble de l’écono-mie nationale a atteint 5,3%. Cependant, la croissance de l’agriculture s’estaméliorée de manière significative au cours de la décennie quatre-vingt, oùl’accroissement de la valeur ajoutée agricole s’est situé à une moyenne de5,8%.

En ce qui concerne l’évolution de la production par groupe de produits,les estimations effectuées pour la période 1970-88 font apparaître une crois-sance annuelle moyenne de 7,8% pour les activités de culture, 7% pour lesactivités forestières, 2,6% pour l’élevage et 12,4% pour la pêche.

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B. Les minesFortement tributaires de la demande extérieure et de l’évolution des

cours sur les marchés internationaux, les activités minières ont connu d’impor-tantes fluctuations pendant les deux dernières décennies. L’expansion assezforte, enregistrée au cours des années soixante-dix où la valeur ajoutée a pro-gressé au rythme annuel moyen de 5%, a été suivie par un net fléchissementpendant la décennie quatre-vingt. Le taux moyen de croissance de la valeurajoutée sur l’ensemble de la période 1970-90 a été de l’ordre de 2,7%.L’évolution des quantités produites saisie à travers l’indice de la productionminière fait apparaître une progression de l’ordre de 5% par an au cours de lapériode 1970-88 pour les phosphates et de 3,6% pour les autres produitsminiers. L’indice de l’ensemble de la production minière aura ainsi augmentéau rythme de 4,2% par an.

C. L’énergieLe secteur de l’énergie a réalisé une progression relativement élevée au

cours de la période 1970-90 qui a atteint une moyenne de 5,4% en termes devaleur ajoutée. Il faut noter toutefois que cette progression a subi un certainralentissement au cours de la décennie 1980-90 pour s’établir autour de 4,5%en rythme annuel.

D. L’industrie manufacturièreLe secteur industriel a connu un développement appréciable au cours de

la décennie soixante-dix à la suite des efforts consentis par les pouvoirs publicsen vue de promouvoir les activités de valorisation des ressources agricoles etminières, les activités de substitution à l’importation ainsi que les activitésd’exportation. La valeur ajoutée de l’industrie manufacturière a pu ainsi aug-menter au taux annuel de 5,6% entre 1970 et 1980. Les difficultés éprouvées àla fin de la décennie soixante-dix et au début des années quatre-vingt ontréduit les possibilités d’intervention des pouvoirs publics en faveur des activi-tés industrielles dont le rythme de croissance s’est sensiblement ralenti entre1980 et 1990 pour s’établir à une moyenne de 3,9% par an. Pour l’ensembledes deux dernières décennies, le taux moyen d’accroissement de la valeur ajou-tée du secteur industriel a été de 4,8% par an. Variable d’une branche à l’autre,cet accroissement a été relativement élevé pour la chimie et para-chimie(+10%), les industries agro-alimentaires (+6%), et les industries électriques etélectroniques (+5,5%). En revanche, les activités du textile qui représentent

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une part importante de la production industrielle ont progressé au rythmeannuel de 3,7%, légèrement inférieur à la moyenne de l’ensemble du secteur. Ilen est de même des autres branches industrielles dont le poids est relativementplus réduit telles que celles du bois et articles en bois (+ 2,2%), du cuir etarticles en cuir (+1,6%), des ouvrages en métaux (+ 0,6%) et du matériel detransport (-0,7%).

E. Le bâtiment et les travaux publicsLe secteur du bâtiment et travaux publics a réalisé la plus forte croissance

au cours de la décennie soixante-dix avec un taux moyen de 11,3% par an.Cette performance résulte de l’effort exceptionnel en matière d’investissementpublic qui a caractérisé le plan quinquennal 1973-77. La décennie quatre-vingt a été cependant marquée par un net ralentissement des activités de cesecteur: entre 1980 et 1990, la valeur ajoutée du bâtiment et travaux publicss’est accrue au rythme annuel de 1,7% seulement. La croissance moyenne desdeux dernières décennies s’est établie à 6,5 % par an.

F. Transports, communications et autres servicesL’évolution des activités de transport, communications et services est

conditionnée par celle des autres branches productives, principalement l’agri-culture, l’industrie et le bâtiment et travaux publics en plus du tourisme. Surla période 1970-90, la valeur ajoutée de la branche des transports et communi-cations a connu une croissance relativement élevée avec 5,4 % en moyenneannuelle alors que pour les activités de commerce et des autres services,l’accroissement de la valeur ajoutée s’est établie à 4,1 % seulement.

G. Les administrations publiquesL’évolution de la valeur ajoutée des administrations publiques au cours

des deux dernières décennies reflète les changements intervenus dans les orien-tations de la politique économique. Le caractère fortement expansionniste desinterventions de l’Etat pendant le décennie soixante-dix a été à l’origine d’unecroissance élevée de la valeur ajoutée des administrations publiques ; celle-ci aen effet progressé de 9,1 % en rythme annuel entre 1970 et 1980.

Pour la période 1980-90, le taux de progression s’est réduit à une moyen-ne de 6,5 % à la suite des nouvelles options de la politique économique carac-térisées, entre autres, par un rôle plus réduit de l’Etat et où le redressement dela situation des finances publiques est particulièrement privilégié.

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TABLEAU 1

CROISSANCE REELLE DU PIB ET DES VALEURS AJOUTEES PAR GRANDES BRANCHES (en %)

(1970-1990)

période période période1970-80 1980-90 1970-90

Agriculture 1,8 5,8 3,8Mines 5,0 0,3 2,7Energie 6,2 4,5 5,4Industries manufacturières 5,6 3,9 4,8

B.T.P. 11,3 1,7 6,5Transports et communications 6,7 4,0 5,4Commerce et services 4,8 3,4 4,1Administration 9,1 6,5 7,8PIB 5,3 3,8 4,6

Source : Taux calculés à partir des données de la comptabilité nationale, Direc-tion de la Statistique

I.3- LES PRINCIPAUX DÉTERMINANTS DUPROCESSUS DE CROISSANCE

L’analyse de l’évolution de l’activité économique au cours des deux der-nières décennies permet de dégager quelques enseignements relatifs au proces-sus de croissance et les éléments qui le caractérisent. Au plan interne, lesconditions climatiques constituent l’un des facteurs déterminants dontl’impact dépasse largement le secteur agricole pour atteindre une bonne partiedes activités des autres secteurs. On notera en effet que toutes les années où lePIB réel a enregistré une baisse ont coincidé avec une forte régression de la

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production agricole, conséquence de conditions climatiques particulièrementdéfavorables (années 1981, 1983 et 1987 pour la dernière décennie). Ledeuxième élément que l’on peut évoquer comme facteur déterminant de lacroissance a trait au comportement de la demande intérieure. Mais, contraire-ment à l’aléa climatique, la demande intérieure aussi bien de consommationfinale que d’investissement, reste une variable endogène au système écono-mique dans la mesure où elle est conditionnée par le niveau de revenus et del’activité productive en général. Elle joue le rôle de soutien au processus decroissance comme elle en tire sa propre dynamique à travers les revenus géné-rés par cette même croissance. Elle ne peut, de ce fait, représenter une véritablelimite dans le processus d’accumulation à moyen et long terme.

Au niveau externe, l’économie marocaine fait apparaître une sensibilitéde plus en plus importante à l’environnement international et aux fluctuationsqui le caractérisent. Cette sensibilité est devenue d’autant plus marquée quel’économie nationale s’oriente vers une plus grande ouverture sur l’extérieur.Empruntant plusieurs canaux, l’influence des facteurs externes est transmisepar de multiples variables dont on citera en particulier : le prix du pétrole, desmatières premières et biens d’équipement au niveau des importations, le tauxd’intérêt et les parités monétaires au niveau des flux financiers et enfin le volu-me de la demande extérieure au niveau des exportations. A cela, il faut ajouterle poids de la dette extérieure qui continuera à peser lourdement sur le proces-sus de croissance économique au cours de la présente décennie.

Au delà de ces constats établis sur une période s’étalant sur plus de deuxdécennies, on peut dire que le processus de croissance de l’économie marocainedemeure conditionné essentiellement par deux contraintes fondamentales àtravers lesquelles interfèrent les influences des facteurs internes et externes. Ils’agit de la contrainte d’épargne et de la contrainte de la balance des paiements(ou contrainte devises). Les variables et éléments évoqués précédemment exer-cent leur influence à travers l’une ou l’autre de ces deux contraintes. Plus pré-cisément, l’évolution de l’activité économique considérée dans une perspectivede moyenne ou longue période est conditionnée par celle des deux contraintesla plus limitative. Pour des taux de croissance relativement modérés (3 à 3,5%), la contrainte qui apparait généralement en premier lieu est celle del’épargne nationale. Lorsqu’on cherche à accéder à un palier de croissance plusélevé, même en développant les ressources en épargne intérieure de façonconséquente, la contrainte balance des paiements (ou devises) devient limitati-ve. L’apport de l’épargne étrangère est alors nécessaire. On se trouve ainsidevant une situation d’interaction entre d’une part, les ressources en épargneintérieure, et d’autre part le flux de ressources en devises. Ces dernières peu-

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vent résulter d’un flux de capital étranger et/ou d’une expansion des exporta-tions.

L’interaction entre les ressources nationales et ressources étrangères estclairement illustrée par la période de forte expansion de l’économie nationales’étalant de 1973 à 1977 et qui a été pour une large part, à l’origine de la dété-rioration des équilibres financiers internes et externes. L’important surplusfinancier résultant de la hausse des prix des phosphates au début de cettepériode s’est traduit par une augmentation considérable de l’épargne nationalequi a permis de réaliser une forte expansion des investissements ; ceux-ci ontreprésenté près de 29 % du PIB entre 1975 et 1977 contre 15 % seulemententre 1970-1973. Ces développements ont fait apparaître en même temps unbesoin en devises beaucoup plus accentué qu’auparavant ; la poursuite du pro-gramme d’investissement initialement établi n’a été possible que grâce à unrecours à l’épargne étrangère.

Il ressort de ce qui précède que le processus de croissance à moyen et longterme est déterminé principalement par les capacités d’allégement descontraintes de l’épargne et des devises compte tenu de l’effort d’investissementenvisagé. Les scénarios d’évolution à retenir pour l’activité économique en vued’en déduire les implications quant à la création d’emplois doivent se baser enconséquence sur les paramètres qui correspondent à ces contraintes, à savoir letaux d’épargne intérieure et le taux de financement extérieur du déficit endevises. Avant d’aborder les aspects spécifiques aux projections, il convientd’analyser la dynamique de l’emploi au cours des deux dernières décennies.

II. LES TENDANCES DE L’EMPLOI

La mise en place d’une politique cohérente de l’emploi et de la formationest une tâche prioritaire pour préparer le Maroc aux défis de cette fin de siècle.

L’élaboration de cette politique suppose, toutefois, l’étude préalable destendances observées de l’emploi afin de cerner les particularités de son évolu-tion et de mieux identifier ses déterminants. Il s’agit, donc d’analyser :

• L’évolution quantitative de l’emploi pour dégager les tendanceslourdes et identifier les caractéristiques des structures de l’emploi ;

• Les aspects qualitatifs de l’emploi en vue d’une approche de l’impactdu système éducatif au sein du marché du travail.

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II.1- LES TENDANCES QUANTITATIVESDE LA POPULATION ACTIVE

La détermination de l’emploi (actifs occupés) est basée essentiellementsur deux indicateurs : le taux de l’activité brut et la population active occupéeet en chômage. Partant de là, les caractéristiques de l’emploi durant les troisdernières décennies sont examinées à un triple niveau, il s’agit en l’occurrence:

A - de l’activité de la population,

B - de la population active occupée et sa répartition sectorielle et profes-sionnelle.

C - et du décalage croissant entre l’offre et la demande d’emploi.

A. L’évolution d’activité de la population Selon les données des divers recensements de la population (1960, 1971,

1982), le taux d’activité brut1 a évolué parallèlement à l’augmentation de lapopulation en âge de travailler. Il est en effet passé de 29% en 1960 à 29,6%en 1982. L’estimation de l’Enquête sur les niveaux de vie des ménages dont laméthodologie, les concepts et la période de référence diffèrent de ceux desrecensements situe ce taux à 38,8 % en 1990-1991.

En termes absolus, la population active est passée de 4 millions de per-sonnes en 1971, à 6 millions en 1982 et 9,9 environ en 1990-91, ce qui établitle taux d’accroissement moyen annuel à 3,6%, soit un taux largement supé-rieur à celui de la croissance démographique (de 2,6% environ).

Les taux d’activité bruts du Maroc sont inférieurs aux taux standardsinternationaux. Cette situation est principalement imputable à la faiblesse dutaux d’activité des femmes, qui a par ailleurs augmenté de façon régulière pas-sant de 8% 1960 à 25,5% en 1991. Ainsi, la part de la population fémininedans la population active totale est passée de 15% en 1971 à 20% en 1982 et à34% en 1990-91. La structure par âge fait apparaître que le groupe d’âge 15 à34 ans représente 60 % de la population active tandis que le groupe d’âge 15-44 ans en regroupe 70 % environ.

Par milieu de résidence, il y a lieu de constater un accroissement relatif

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1Selon la définition du Recensement, le taux d’activité brut est égal au rapportpopulation active à la population totale.

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continu au profit du milieu urbain, valable pour les deux sexes. La part de lapopulation active rurale est à l’inverse en baisse passant de 70% en 1960 à56% en 1982.

Entre 1985 et 1989, la population active urbaine au sens large est passéede 3.004.679 personnes à 3.732.458 personnes, soit une augmentationmoyenne annuelle de 182.000 personnes. La population active rurale au senslarge s’est élevée en 1986-87 à 5,6 millions de personnes parmi lesquelles 57%sont les femmes et 41% ont moins de 25 ans.

TABLEAU 2

EVOLUTION DES TAUX D’ACTIVITE1960 -1991

Année Taux d’activité brutHommes Femmes Total

1960 (1) 51,8 6,2 29,01971 (1) 44,9 8,1 26,61982 (1) 47,9 11,6 29,61987 (urbain) (2) 47,9 11,6 29,61986-87 (3) (rural) 50,9 36,5 43,51990-91 (4)(Urbain et Rural) 53 26 39

Sources :(1) Recensements de la Population, 1960, 1971, 1982(2) ENPAU, 1987(3) ENPAR, 1986-87(4) Enquête : Niveau de vie des ménages, 1990-91Notes : Les chiffres correspondant aux années 1987 et 1990-91 sont à prendreà titre indicatif seulement car les méthodes d’estimation ne sont pas les mêmes quecelles des recensements.

B - L’évolution de la population active occupéeet sa répartition sectorielle Globalement, la population active occupée est passée de 2,95 millions

en 1960 à 3,63 millions en 1971 et à 5,3 millions en 1982 et se situerait à 6,1millions en 1990 (estimation des enquêtes) . Elle se répartit à concurrence de65% en milieu rural et 35% en milieu urbain. Le taux de croissance moyen

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annuel s’est situé à environ 1,9% par an entre 1960 et 1971 et 4,3% pour lapériode 1971-1982.

Par secteur d’activité, il y a lieu de faire les constats suivants :

1 - Une tendance décroissante de la part du secteurprimaire au profit du secteur secondaire et surtoutdu secteur tertiaire

Ainsi, les effectifs employés dans le secteur primaire (y compris lesmines) représentent 43% de l’emploi total en 1982 contre 55% en 1971 et63% en 1960.

Le secteur dit secondaire a triplé ses effectifs entre 1960 et 1982. Sacontribution en pourcentage est passée de 12% à 24% environ de l’emploitotal.

Le secteur tertiaire (y compris l’administration) a vu sa part évoluer de25% à 33% de 1960 à 1982.

2 - L’emploi reste avant tout marqué par la prédominance de l’agricul-ture. En plus de sa tendance à la baisse en termes relatifs, l’emploi agricoleprésente une structure fragile avec le tiers (1/3) des actifs qui sont des aides-familiales et les deux tiers (2/3) des salariés ayant un statut de saisonnier.

3 - Parmi les activités non agricoles, la part de l’emploi industriel, endépit de son augmentation, demeure encore faible. Par contre, les activitéscommerciales, des services et de l’administration présentent un profil assez plé-thorique .

4 - De manière générale, le système productif marocain est caractérisé parune grande hétérogénéité. En Effet, à côté des emplois du secteur structuré(formel), il existe de nombreux segments du marché du travail qui relèvent dusecteur non-structuré depuis les emplois de l’artisanat des services divers enpassant par les petits métiers marginaux des rues jusqu’aux emplois du secteuragricole.

L’étude EFE2 avait déjà démontré l’ampleur de la contribution du secteurnon structuré à l’emploi. Selon les données de cette étude, la proportiond’actifs employés hors du secteur moderne représentait 76% de l’ensemble desactifs occupés dans les différentes activités nationales.

Cette donnée est de nature à interpeller le système d’éducation-formationsur les modèles de formation élaborés qui ignorent, dans une large mesure, la

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2Etude Education-Formation-Emploi, Ministère du Plan, 1985

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logique, les contraintes et les besoins du secteur non-structuré.

C. L’évolution de l’emploi par Profession etStatutLes variations de l’emploi selon la profession et le statut donnent une

information complémentaire pour interpréter l’évolution globale de l’emploi.

La décomposition de l’emploi selon le statut dans la progression faitapparaître d’un côté une baisse de la part des catégories des “employeurs”, etdes salariés et, de l’autre, une forte progression de celle des aides familiales.Entre 1982 et 1991, la part de cette dernière catégorie est en effet passée de19,7% à 36,1%.

L’emploi par profession indique plusieurs évolutions :

- une baisse importante de la part de la catégorie “Agriculteurs, éleveurs,forestiers, pêcheurs, chasseurs et assimilés”.

- une progression -bien que toute relative - du personnel des “professionsscientifiques, techniques , libérales et assimilées” et des “ouvriers spécia-lisés dans les services”, fruit des progrès de l’enseignement secondaire etsupérieur durant la période post-coloniale.

- une augmentation significative de la part des “ouvriers et manoeuvresnon agricoles”.

TABLEAU 3 EVOLUTION DE L’EMPLOI SELON LE STATUT

PROFESSIONNEL (ACTIFS OCCUPES) (En pourcentage)

Année 1982 1990 - 91Catégorie (1) (2)Employeurs 2,2 1,3Travailleurs indépendants 28,1 25,6

Salariés 45,46 33,4Aides - Familiales 19,7 36,1Autres 5,6 2,6Ensemble 100 100

Sources : (1) Recensement 1982 (2) Enquête sur le niveau de vie des ménages 1990-91

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TABLEAU 4

EVOLUTION DE L’EMPLOI SELON LA PROFESSION (1960 - 1990-91) (En pourcentage)

1960 1971 1982 1990-91(1) (1) (1) (2)

0/1 Personnel des professions scientifiques et libérales 2,0 2,3 5,4 4,92 - Personnel Commercial2,5 2,5 7,6 9,73 - Personnel Administratif 0,3 0,6 4,24,14 - Travailleurs Spécialisésdans les services 2,6 3,1 7,1 7,25/6 Agriculteurs éleveurs forestiers pêcheurs,

chasseurs 79,9 76,9 39,7 52,97/8/9 Ouvriers et-manoeuvres non agricoles 6,5 10,7 28,521,2N.C.A 6,2 3,9 7,5 -

T o t a l 100,00 100,00 100 100,00Note :NCA : Non classés ailleursSources : (1) Recensements 1960, 1971 et 1982(2) Enquête sur le niveau de vie des ménages 1990-91 (les estimations de cetteenquête sont données à titre indicatif et ne sont pas comparables aux statistiquesfournies par les recensements).

D - Un décalage croissant entre les offres et lesdemandes d’emploisQuand on examine les données relatives à la population active occupée et

en chômage, on ne peut que relever le décalage quantitatif croissant entre lademande et l’offre de main-d’oeuvre qui s’explique par le fait que les rythmesde croissance de la population active sont supérieurs aux rythmes de croissancede l’emploi et de l’économie. Ce qui se traduit, d’une part, par une insuffisancedes créations d’emplois et, d’autre part, par la persistance du chômage et du

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sous-emploi.

1- Les tendances des créations d’emplois 3 ont été marquées parl’ampleur et la nature de la croissance économique. Notons qu’il est diffi-cile de quantifier avec la précision voulue l’impact de la croissance écono-mique sur la dynamique de l’emploi du fait de l’absence de séries régu-lières et homogènes sur les emplois effectivement créés. Néanmoins, ense référant aux résultats des trois recensements (1960, 1971 et 1982) etde l’Enquête Nationale sur la Population Active Urbaine (1985 - 1991),on peut faire les remarques suivantes :

• Sur la base d’une moyenne annuelle,on pourrait estimer le nombred’emplois créés à 62.000 postes entre 1960 et 1971 et à 157.000 postespour la période décennale 1971-82 pour l’ensemble du Maroc (Promo-tion Nationale non comprise). Pour la période 1985-90, les créationsannuelles d’emplois en milieu urbain ont connu d’importantes variations: entre 292.000 en 1985 (maximum) et 113.000 en 1989 (minimum).

Ainsi, en comparant l’évolution des créations annuelles d’emplois àl’accroissement annuel de la population active, on peut trouver ici les premierssignes avant-coureurs de l’aggravation du phénomène du chômage qui allaitprendre des proportions plus significatives tout au long de la décennie 1980.

• Pour le milieu urbain, le nombre de chômeurs par an rapporté à lacréation d’emplois pour la même année a été en moyenne supérieur à 3.Cela veut dire que pour chaque emploi créé, il y a trois chômeurs.

TABLEAU 5

CREATIONS D’EMPLOIS EN MILIEU URBAIN(1985-1991)

Actifs occupés 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991Créationsd’emplois (1)291 800 113 300 175 892 139 168113 175153 187 200267EffectifsChômeurs (2)405 000500 000 481 610 476 123591 692601 161 695480Rapport (2)/(1)1,39 4,42 2,73 3,42 5,2 3,92 3,50

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3 Le terme de “créations” utilisé ici ne correspond pas exactement au nombred’emplois créés mais au solde entre les créations et les sorties de l’activité(licenciements, retraite, ....)

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Sources : Enquête Nationale sur la Population active urbaine, données relatives aux années1985 à 1991.2 - La persistance du chômage

Cette évolution défavorable de la situation de l’emploi se reflète auniveau des taux de chômage. Le taux est passé de 8,8 en 1971 à 10,7% en1982 pour atteindre 20,6% en 1990-91.

TABLEAU 6

EVOLUTION DU CHOMAGE(1971 - 1990-91)

Années 1971 (1) 1982 (1) 1990-91 (2)

Effectif en milliersTOTAL 349 642 1100URBAIN 216 322 802

Taux en %TOTAL 8,8 10,7 12,1URBAIN 15,0 12,3 20,6

Sources :(1) Chiffres des Recensements de 1971 et 1982(2) Estimation de l’Enquête sur les niveaux de vie des ménages, estimation donnéeà titre indicatif car non comparable avec les résultats de l’ENPAU, ni avec leRGPH.

Le chômage est devenu un phénomène général durant les années 80 suiteà la régression de l’emploi public et semi-public, régression liée aux mesuresd’ajustement structurel, sans que le secteur privé puisse prendre le relais.

Cependant, le chômage frappe les différents groupes sociaux de façoninégale. L’examen approfondi des données disponibles permet de faire lesconstations suivantes :

• La réussite scolaire n’est pas toujours synonyme d’emploi. Au contraire,en 1991, le taux de chômage des individus ayant un niveau scolaire (ycompris le supérieur et la formation professionnelle) est de loin supérieurà celui des individus n’ayant pas de niveau scolaire. Ainsi, en milieu

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urbain, les taux de chômage sont respectivement de 10,7 % pour lesindividus “sans niveau scolaire”, de 24 % pour ceux du niveau supérieur,de 25 % pour ceux du niveau primaire et de 27 % pour ceux du niveausecondaire.

• Le chômage est plus important en milieu urbain qu’en milieu rural.Mais si les taux de chômage urbain ont largement excédé 10% au coursdes trois dernières décennies (ce taux a dépassé pour la première fois labarre des 20% en milieu urbain pour 1991), le chômage visible enmilieu rural est resté relativement stable (entre 5 et 6%). L’exode rural acontribué à cet état de fait. De plus, dans les zones rurales, le chômagebien que de plus en plus important, est partiellement masqué par le sous-emploi.

• Contrairement à la situation qui prévaut en milieu rural, où le chôma-ge des femmes est moins important que celui des hommes, le chômagefrappe plus gravement les femmes que les hommes en milieu urbain.

En 1986, le taux de chômage des femmes en milieu rural atteignait 1,5%contre 8,4% pour les hommes ; pour la même année, ces taux attei-gnaient 20,4% pour les femmes et 13,9% pour les hommes en milieuurbain.

En 1990-91, les résultats de l’enquête sur les niveaux de vie ont confirmécette tendance. En effet, le taux de chômage féminin a été de 31,8% enmilieu urbain et seulement de 3,2% en milieu rural tandis que le chôma-ge masculin a été de 16,7% en milieu urbain et de 7,1% en milieu rural.

• Confirmant les tendances des années 60 et 70, le chômage des jeunespersonnes âgées de 15 et 24 ans est le plus grave. Il touche sans distinc-tion le milieu urbain et le milieu rural et les deux sexes. Cependant, lasituation des jeunes en milieu urbain est la plus alarmante. Ainsi, en1990/91, le taux de chômage des jeunes de 15 à 24 ans était deux foissupérieur aux taux de chômage de l’ensemble de la population active enmilieu urbain.

En milieu rural, le taux pour cette catégorie et pour la même annéen’était supérieur que de 77%. Mais si dans les zones urbaines, la part desjeunes de 15 à 24 ans dans le total des chômeurs était de 52% environ,dans les zones rurales, cette proportion atteint 55%.

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I.2 - LES NIVEAUX D’EDUCATION ET DE FORMATIONDE LA POPULATION ACTIVE

Il s’agit à présent d’étudier l’impact du système éducatif et de formationsur les caractéristiques culturelles de la population en âge d’activité ou déjàactive au sein du système productif. Cela revient en fait à examiner la qualitéde la force de travail, son rapport à des occupations professionnelles et activitéséconomiques données et l’ampleur des besoins réels de l’économie en compé-tences et en travailleurs ayant une formation générale ou professionnelle.

Les principaux indicateurs retenus à cette fin sont :

A- Le niveau d’instruction de la population ;

B- Le niveau d’instruction de la population active respectivement enmilieu urbain et rural ;

C- Le niveau d’éducation-formation et l’occupation sectorielle et profes-sionnelle de la population active occupée ;

D- Le niveau d’éducation-formation et le chômage en milieu urbain etrural.

A - L’évolution du niveau d’instruction de lapopulation en généralLe niveau d’instruction peut être appréhendé à travers trois indicateurs

les plus couramment utilisés :

- le niveau d’alphabétisation ;

- la connaissance des langues vivantes ;

- et le niveau de scolarisation

Sur un plan général, il y a lieu de faire un constat positif, à savoir quesur trente années, si l’on observe les progrès enregistrés en matière d’instruc-tion, les indicateurs sont à la hausse quelle que soit la catégorie de la popula-tion considérée.

• Le constat négatif est que les progrès réalisés sont lents et que leniveau général d’instruction de la population demeure encore très bas, euégard au progrès culturel de la population, mais aussi à son aptitude à l’exerci-ce normal des activités économiques et sociales.

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• L’analphabétisme : Une baisse relative mais le phénomène resteimportant :

La définition retenue dans les recensements de la population considèrecomme analphabète toute personne âgée de 10 ans et plus ne sachant ni lire niécrire.

Selon les résultats des trois recensements, le taux d’analphabétisme auraitbaissé de 27 % en 22 ans, avec une diminution plus importante pour leshommes que pour les femmes (38,2 % contre 19,7 %). Malgré cela, la mesurede l’analphabétisme montre qu’environ 65 % de la population âgée de 10 anset plus demeure analphabète. Ce taux s’élève à 78 % pour les femmes et 81,7pour les ruraux (il se situe à 95% parmi les femmes rurales).

La structure par âge de la population analphabète montre que celle-ci représen-te 43 % du groupe d’âges de 10 ans à 14 ans, 56 % du groupe 15 ans à 24 anset 63 % du groupe 25 ans à 34 ans.

Les estimations de l’Enquête sur “les niveaux de vie des ménages” de 1990-91ont mis en évidence une tendance à l’amélioration de la situation, mais ellereste néanmoins insuffisante.

• La connaissance des langues vivantes est un signe d’ouverture surd’autres civilisations qui revêt beaucoup d’importance dans un contexte delibéralisation économique extérieure.

Parmi la population alphabétisée, le recensement de 1982 relève que30% sait lire et écrire l’arabe seulement, 58 % l’arabe et le français seulement,10% l’arabe, le français et d’autres langues et 2 % l’arabe et d’autres langues.Le développement des langues internationales autres que le français mérited’être étudié de plus près.

• Le niveau scolaire demeure très bas :Par l’examen de ce niveau, on cherche à évaluer l’état de la scolarisation

de la population âgée de 5 ans et plus et non scolarisée au moment du recense-ment. Les résultats font ressortir la part très élevée de la population non scola-risée (78 %), avec un taux de 87 % pour les femmes.

B. L’évolution du niveau d’instructionde la population activeLe niveau intellectuel de la population active est fortement lié à la pro-

ductivité et à la qualité des biens et services produits. On l’étudie successive-ment au niveau de la population active totale, de la population active urbaineet de la population active rurale.

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• L’alphabétisation de la population active totale : desniveaux toujours insuffisants

Ce niveau insuffisant est perceptible que l’on s’intéresse à la populationactive totale (35 %) ou à la seule population active occupée (34 %). L’analpha-bétisme est plus élevé chez les femmes actives occupées dont le taux (74,4 %)est plus élevé que la moyenne nationale.

Parmi la population active en chômage, l’alphabétisation ne parait pasêtre un facteur discriminant fondamental ; 43,5 % savent lire et écrire. Il estévident qu’au-delà de l’alphabétisation, un individu instruit est généralementmieux préparé à s’insérer dans la vie active qu’un individu qui ne l’est pas.

• Les actifs urbains : le niveau d’instruction s’amélioremais très lentement

L’enquête nationale sur la population active urbaine permet d’étudier lescaractéristiques éducatives des actifs urbains vues à travers :

- le niveau scolaire atteint

- et le diplôme le plus élevé obtenu

1) Le niveau scolaire des actifs urbains

La population urbaine en âge d’activité (15 ans et plus) est passée d’envi-ron 6 millions en 1984 à 7,7 millions en 1990, soit un taux d’accroissementmoyen annuel de 4 %.

Par rapport à l’évolution du niveau scolaire, plusieurs remarques se déga-gent de l’observation des données relatives à la période de 1984-1988 :

- Bien qu’en baisse, (45 % à 41 % de 1984 à 1988), la population activeurbaine sans niveau scolaire ou ayant le niveau préscolaire reste large-ment prédominante.

- La part des personnes en âge d’activité du niveau primaire reste la plusimportante et celle qui s’accroît le plus. Sur les quatre années d’observa-tion, cette part est passée de 20 % à 29 % environ.

- Le niveau scolaire du secondaire représente 28,4 % en 1988, en pro-gression de deux points par rapport à 1984.

- Le niveau “supérieur”, avec 5,7% en 1988 n’a augmenté que d’unpoint en pourcentage.

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2)- L’évolution de la “certification” de la populationurbaine en âge d’activité

Les chiffres relatifs à l’évolution de la “certification” confirment les ten-dances observées de la scolarité. En effet,

- La part des “sans diplômes” est en légère baisse (66 % à 63 %) maisdemeure largement prédominante ;

- Les parts des CEP (primaire) et du CES (secondaire premier cycle) stag-nent en termes relatifs avec respectivement 15 % et 10 % ;

- Les parts des autres types de diplômes (Baccalauréat, diplômes supé-rieurs, diplômes de cadres moyens et de la formation professionnelle) sonten hausse mais elles demeurent globalement très faibles (environ 12 %par rapport à l’ensemble).

- Si la structure est préoccupante en général, elle l’est encore plus parmiles femmes, où la part des “sans diplômes” s’est établie à 71 % en 1988.

3)- Les tendances du taux d’activité urbaine par typede diplôme

Le constat principal à faire à ce niveau est que le taux d’activité est forte-ment correlé aux diplômes supérieurs et de la formation professionnelle. Lestaux d’activité sont les plus élevés pour ces deux cas.

On remarque cependant une baisse du taux d’activité pour les diplômésdu “supérieur”, baisse enregistrée depuis 1987. Ce qui s’est traduit par uneaccentuation du chômage des diplômés de l’enseignement supérieur à partir decette date.

Les actifs en milieu rural : faiblesse marquée du niveaud’instruction

Les données disponibles les plus récentes traitant de la question sontcelles fournies par l’enquête sur l’emploi en milieu rural de 1986-1987. Bienqu’on ne puisse pas les examiner en termes de tendances, les chiffres sont plusque significatifs.

Pour la population rurale en âge d’activité (15 ans et plus), on constateque :

- 95 % n’ont aucun diplôme (98,3 % pour les femmes d’âge actif)

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- la part du diplôme le plus élémentaire ne représente que 3 % (1 %pour les femmes)

- la part revenant à tous les diplômes pris ensemble ne dépasse pas 1,2 %(0,3 % pour les femmes).

L’enseignement secondaire et supérieur et la formation professionnellesont donc loin d’affecter de façon significative l’activité en milieu rural.

C - Le niveau d’éducation-formation etl’occupation sectorielle et professionnelle de lapopulation active

Il s’agit à ce stade de déterminer l’impact de l’éducation-formation surles actifs occupés selon les secteurs d’activité et les occupations professionnellesà la lumière des éléments d’informations fournies par les enquêtes ENPAU et

ENPAR (1986)4. Le choix de l’année 1986 est justifié par la possibilité decomparaison qu’elle offre entre milieu urbain et milieu rural.

1. Le niveau d’éducation-formation par branchesd’activité économiques

Ce niveau est variable selon le milieu, on distinguera par conséquent lemilieu urbain du milieu rural.

a - En milieu urbain

A partir de la situation relative à l’année 1986, on peut faire ressortir lesrésultats suivants :

- La part des “sans diplômes” représente environ 65 % de la populationactive ; les branches d’activités les plus utilisatrices d’actifs sans diplômessont dans l’ordre décroissant :

• Le commerce de gros et de détail : 19,0 %

• Le textile-habillement-bonneterie : 17,8 %

• Les services personnels et domestiques : 10,5 %

• Le Bâtiment et les travaux publics (BTP) : 9,8 %

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4 ENPAU : Enquête Nationale sur la Population Active Urbaine.ENPAR : L’enquête Nationale sur la Population Active Rurale n’a été réalisée quepour la seule campagne agricole 1986-87.

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- Au niveau du diplôme d’études primaires, les actifs urbains se retrou-vent à concurrence de 17,6 % dans l’administration générale, de 14,4 %dans le commerce et de 10,3 % dans les industries du textile-bonneterie-habillement, chaussures et cuir...

- Parmi la population active diplômée de l’enseignement supérieur (partglobale de 3,6 %), on remarque une concentration dans les servicessociaux collectifs (enseignement, santé, défense...) et dans l’Administra-tion générale avec une proportion de 90 % environ du total. Le reste serépartit principalement dans les services modernes (banques, assu-rances,...), les transports et communications, l’agriculture, l’énergie et lecommerce.

Les diplômés cadres moyens, avec une part globale de 2,7 % des actifsurbains, se concentrent eux aussi dans les secteurs cités ci-haut.

- Les diplômés de la formation professionnelle, avec une part globale de5,7 % environ de la population active urbaine, se répartissent successive-ment au sein de l’Administration générale (17 %), des industries textile-habillement-bonneterie du chaussures et cuir (16,5 %), les servicessociaux (7%), les banques et assurances et services aux entreprises (6,0%),le commerce (6 %) etc,...

Cette structure s’explique par la prédominance (jusqu’à la fin de la décen-nie 1970) du secteur public en tant que principal employeur des diplômés dusystème d’éducation. Il faudrait donc s’attendre à une certaine modification decette structure dans les années qui viennent devant le désengagement du sec-teur public au niveau économique et de l’emploi.

b - En milieu rural

On peut l’étudier à travers la répartition de la population active parniveau scolaire selon les activités principales en milieu rural, pour les années1986-1987 (Données ENPAR).

Parmi les actifs ruraux 84 % n’ont pas de niveau scolaire, 10 % sont duniveau primaire, 2 % du niveau secondaire et seulement 0,35 sont du niveausupérieur. Remarquons que les activités non agricoles en croissance emploientdes actifs ayant des niveaux d’instruction de plus en plus élevés.

A titre d’exemple, les actifs ayant un niveau universitaire se retrouventprincipalement dans les activités non agricoles (pour 85 % d’entre eux).

Dans l’agriculture, 87 % des actifs occupés n’ont aucun niveau d’instruc-tion et 98 % d’entre eux n’ont aucun diplôme. De même, le taux de qualifica-

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tion (personnels qualifiés sur total des personnels) ne dépasse pas 10 %.

Parmi les qualifiés, la part des lauréats de la formation professionnelle nedépasserait pas 5 à 6 %. Les lauréats de la formation professionnelle sont pourla moitié d’entre eux du niveau le plus bas (spécialisation). Ce qui dénote uneouverture encore très timide, même au niveau des grandes exploitations, aurecrutement de personnel qualifié ayant un bon niveau de technicité.

2. Diplômes et occupation professionnelle

L’occupation professionnelle est une caractéristique importante quiindique le potentiel réel d’un contenu de savoir, de qualification et/ou desavoir-faire liés à l’exercice d’une profession donnée.

Le but recherché ici est d’entreprendre une comparaison entre statut édu-catif et statut professionnel.

a) - En milieu urbain

Par rapport aux actifs occupés, si l’on exclut les professions agricoles, lesprincipaux groupes de professions sont par ordre d’importance décroissante :

- Les ouvriers et manoeuvres non agricoles : 45,3 %- Le personnel commercial : 15,2 %- Les travailleurs des services : 14,5 %- Le personnel scientifique et technique : 10,6 %- Le personnel administratif : 9,5 %

L’analyse de la répartition de la population active urbaine (âgée de 15 anset plus) selon le groupe de professions et le diplôme le plus élevé obtenu per-met de faire les constats qui suivent :

- Les niveaux les plus élevés, en terme de diplômes obtenus, se situent ausein de deux groupes : le groupe des professions scientifiques, techniqueset libérales et le groupe du personnel administratif. En effet, on peutrelever d’une part que 32,5 % des personnels du 1er groupe sont diplô-més de l’enseignement supérieur et, d’autre part, 21,8 % des personnelsdu deuxième groupe sont des diplômés cadres moyens.

Par ailleurs, 88,3 % des diplômés des grandes écoles et facultés de méde-cine, 57,6 % des diplômés cadres moyens occupent des professions scienti-fiques, techniques et libérales, professions pour la plupart exercées dans les sec-teurs public et para-public.

- Les niveaux les plus bas se retrouvent au sein de trois groupes de profes-

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sions urbaines :

• le groupe du personnel commercial (81,6 % sont sans diplômes)• le groupe d’ouvriers et manoeuvres non agricoles (80,7 % de sans diplômes)• le groupe des travailleurs spécialisés dans les services (74 % de sans diplômes)

Au sein de ces groupes, la part des actifs non diplômés dépasse la moyen-ne nationale de 65 %.

b) - Education et occupation professionnelle en milieu rural

Il convient de faire deux constatations concernant la population activeoccupée rurale :

TABLEAU 7

STRUCTURE DE L’EMPLOI SELON L’OCCUPATIONSOCIO-PROFESSIONNELLE (ACTIFS OCCUPES),

1986 (en Pourcentage)

CODE Groupe Milieu Milieu de professions Urbain Rural

0/1 Personnel des professionsscientifiques et libérales 10,6 1,8

2 Personnel commercial 15,2 3,53 Personnel administratif 9,5 1,04 Travailleurs spécialisés

dans les services 14,5 20,35.6 Agriculteurs, éleveurs,

fores. pêch. chas.et travailleurs assimilés 4,2 59,1

7.8.9 Ouvriers et manoeuvresnon agricoles 45,3 14,2

x Autres personnesne pouvant être classéesdans les autres catégories 0,7 0,9

- TOTAL 100,00 100,00Source : ENPAU et ENPAR- Pour tous les groupes de professions, les personnes sans niveau d’ins-truction représentent 84 % du total, avec une concentration marquée decette catégorie au sein du groupe des travailleurs agricoles,suivi du grou-

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pe des exploitants agricoles et des ouvriers non agricoles.

- Le niveau supérieur (intervenant pour 0,35 % du total) concerne princi-palement, bien que non exclusivement,les professions libérales scienti-fiques, techniques et personnel administratif.

D - Niveau d’éducation-formationet le chômageLe phénomène du chômage des diplômés présente une physionomie diffé-

rente selon que l’on soit en milieu urbain ou en milieu rural.

1) - Le chômage urbain selon le diplôme

Le chômage des diplômés est un phénomène essentiellement urbain.

En effet, les chômeurs urbains tous diplômes confondus représentent57% du total.

Deux remarques découlent de l’examen de l’évolution de la période de1985-1991 :

- Bien qu’en accroissement, c’est parmi la population urbaine diplôméede l’enseignement supérieur (tout particulièrement des grandes écoles etinstituts) que le taux de chômage est le plus faible. Il est aussi en accrois-sement de 3,9 % en 1985, à 8,9% en 1990 et à 10,9 % en 1991.

- Les taux de chômage les plus élevés concernent par ordre d’importancedécroissante, les diplômés du baccalauréat (le taux est passé de 15 % en1985 à 38,8 % en 1991), les diplômés de la formation professionnelle(34,6 % en 1991), les diplômés du Certificat d’Enseignement Secondaire(30,1 % en 1991 contre 18 % en 1985), les diplômés du primaire (22,7% en 1991) et les diplômés de cadres moyens (21,6 % en 1991).

2) - Le chômage des diplômés en milieu rural

L’analyse de la structure du chômage rural montre que les chômeurs sansniveau scolaire représentent 63 % du total, ceux du niveau coranique et pri-maire 26 % et ceux du niveau secondaire, supérieur et de la formation profes-sionnelle 11 % .

Cependant, si l’on se réfère aux tendances observées, on relève que le tauxde chômage augmente avec le niveau du diplôme : plus celui-ci est élevé, plusle diplômé est sujet au chômage : le taux est de 20 % pour les diplômés de

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l’enseignement primaire mais de 28 % pour les diplômés de l’enseignementsecondaire, supérieur et de la formation professionnelle. Il ne faudrait donc pass’étonner de la désaffection croissante du monde rural pour l’institution scolai-re.

3) - Les diplômés du niveau Baccalauréat et plus

La structure de la population en chômage (les diplômés) recensée par leCNJA en 1991 fait apparaître la prédominance de trois catégories de diplômés:

- Les bacheliers ou ayant un diplôme équivalent, constituant près de lamoitié de l’effectif total, soit 49,6 %.

- Les lauréats de la formation professionnelle qui représente 20,8 % del’ensemble

- Les titulaires d’une licence de faculté qui constituent 21,6 % de l’effec-tif recensé.

Précisons que ce groupement est assez hétérogène. Par conséquent, àl’intérieur d’une même catégorie, les niveaux de chômage sont très variablesd’une filière de formation à une autre.

CONCLUSIONS

Malgré les imperfections découlant des insuffisances des données, on peutrelever les grands problèmes de l’emploi vus sous l’angle qualitatif.

- Un premier problème de taille est l’importance que revêt l’analpha-bétisme dans notre pays en dépit des investissements éducatifs réalisésdepuis l’indépendance. Le fléau touche l’homme mais surtout la femmeet les ruraux. Cette situation est d’autant plus préoccupante qu’elleconcerne de vastes catégories d’actifs occupés.

Le Maroc de cette fin de millénaire devrait faire face en premier lieu à laquestion de l’analphabétisme et de l’élargissement de l’accès à l’enseigne-ment de base. Les inégalités en matière de niveaux scolaires sont tellesqu’il faut qu’il y ait un engagement volontariste étalé dans le temps pourles résoudre.

- Un second problème est relatif au niveau scolaire et de certificationde la population active (diplômes généraux ou professionnels) qui demeu-

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re très insuffisant en milieu urbain mais tout particulièrement en milieurural où la part des sans diplômes représente respectivement 63 % et 95% du total de la population en âge d’activité (15 ans et plus).

La part des diplômés de la formation professionnelle au sein de la popula-tion active ne représente que 6 % du total de la population en âge d’acti-vité. Les besoins de formation de la population en activité sonténormes. Il convient de souligner que le système d’éducation et de for-mation n’a pas montré sa pertinence par rapport aux besoins de l’emploides secteurs employeurs non publics, en particulier au sein des activitésdites traditionnelles et informelles où la majorité de la population tra-vaille et survit. D’un autre point de vue, le niveau d’encadrement del’entreprise demeure insuffisant ; son amélioration est devenueactuellement un impératif.

En somme, la majorité de la force de travail est faiblement instruiteet formée. Le niveau actuel d’éducation-formation n’est pas suffisant et laconclusion qui en découle pour l’avenir est préoccupante : la majorité de laforce de travail d’aujourd’hui n’est pas préparée pour l’environnementde travail de demain. En effet, la majorité des emplois qui seront créés parles technologies nouvelles demandent généralement de plus en plus de qualifi-cation. Le rythme même du changement exige l’emploi de travailleurs plusadaptables qui soient capables d’améliorer constamment leurs compétences.D’où l’importance de la formation initiale et continue dans ce processusd’adaptation. Ce qui devrait interpeller à la fois les opérateurs écono-miques et les formateurs.

Ce qui veut dire qu’il existe des “relations imparfaites” entre l’éducationet le marché de travail. Il devient urgent de développer une meilleure intégra-tion entre les systèmes d’éducation-formation et les secteurs socio-profession-nels employeurs (Etat, collectivités locales, entreprises, associations profession-nelles et organisations des travailleurs,....).

- Un troisième problème concerne la question du chômage des diplô-més. Ce phénomène revêt une double signification. D’une part, à la base,la question de l’insuffisance de la capacité d’absorption, en termesd’emploi de l’économie nationale est fondamentale. D’autre part, le sys-tème d’enseignement et de formation doit mieux articuler ses for-mations avec les besoins du pays et de son économie. Dans ce cadre,tous les jeunes doivent pouvoir acquérir et améliorer leurs qualifications,la formation professionnelle initiale et continue doit devenir une prioriténationale.

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CHAPITRE IIPERSPECTIVES DE L’EMPLOI

A L’HORIZON 2005

L’analyse rétrospective de l’évolution de l’emploi au cours des deuxdernières décennies en liaison avec le rythme de croissance écono-mique ouvre la voie à l’établissement de projections à moyen et

long terme. L’objectif de ces projections est de préfigurer les tendances futuresen matière d’emploi à la fois globalement, par secteur d’activité et selon lesqualifications. Les résultats qui en découlent serviront comme cadre de référen-ce pour élucider les multiples questions relatives à l’emploi et en particuliercelles concernant les possibilités d’insertion des jeunes diplômés dans la vieactive, l’adéquation des profils de formation aux besoins futurs des entrepriseset des administrations et, enfin, les capacités d’adaptation du système d’éduca-tion et de formation à un environnement économique et social en pleine muta-tion.

Après une présentation de l’approche méthodologique et les hypothèsesadoptées pour l’établissement des projections, l’analyse des perspectives del’emploi est effectuée au niveau global, par grands secteurs de l’économie etselon les différentes catégories de diplômés ainsi que les groupes de profes-sions.

Ces évaluations sont accompagnées d’une esquisse de l’évolution destechniques, des modalités de leur diffusion dans les principaux secteurs d’acti-vité, ainsi que des indications qu’exerceront ces techniques sur les structuresdes emplois.

Etant donné les limites qu’imposent à la démarche méthodologique,aussi bien l’insuffisance que les incertitudes liées à l’information statistique, les

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résultats qui se dégagent d’une telle analyse ne peuvent prétendre apporter desréponses définitives aux questions, aussi complexes les unes que les autres, quesoulève toute approche prévisionnelle de l’emploi. Ces résultats permettentnéanmoins d’esquisser les configurations les plus probables du marché du tra-vail sur la base d’un rapprochement entre les besoins d’expansion de l’écono-mie et les sortants du système d’éducation et de formation afin de mieuxasseoir les ajustements et correctifs nécessaires.

I - SOURCES STATISTIQUES ET MÉTHODEDE PROJECTION

Les travaux de prévision dans le domaine de l’emploi nécessitent de nom-breuses statistiques sur la population active, l’emploi et les activités écono-miques. Bien que des efforts importants aient été déployés en matière de col-lecte de données sur le marché du travail, force est de constater que les infor-mations produites ne se prêtent pas toujours à l’analyse et aux besoins de laprévision de l’emploi. Une présentation des différentes sources d’informationstatistique et des nomenclatures retenues s’avère nécessaire avant d’aborder lesaspects méthodologiques du travail de projection.

I.1- SOURCES D’INFORMATION STATISTIQUES

A - Données sur l’activité économiqueParamètre central dans toute approche prévisionnelle de l’emploi, le

rythme d’évolution de l’activité économique à la fois globalement et pargrandes branches a été obtenu en se référant aux données sur les valeurs ajou-tées. Les séries des valeurs ajoutées actuellement disponibles (base 1969 et base1980) établies selon les grandes branches d’activité économique restent cepen-dant relativement agrégées, en comparaison avec le niveau de détail retenudans le travail de projection. Pour déterminer les rythmes de croissance auniveau des branches et sous-branches, les données sur les valeurs ajoutées ontété complétées par celles portant sur les indices de production dans les secteursdes mines, de l’énergie et des industries manufacturières.

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B - Données sur l’emploiLes informations sur l’emploi utilisées proviennent principalement des

deux derniers recensements de la population, des enquêtes sur la populationactive urbaine, des études sectorielles et des sources administratives surl’emploi.

Toutefois, eu égard à la diversité des objectifs et des approches méthodo-logiques, l’exploitation de ces sources d’information n’est pas sans poser de dif-ficultés quant à leur comparabilité dans le temps et dans l’espace. C’est pour-quoi on a essayé d’articuler, dans la mesure où la couverture statistique et lesnomenclatures le permettent, ces sources d’informations pour constituer unebase d’estimation acceptable.

Les données des recensements de la population de 1971 et de 1982 ont, àcet effet, servi de cadrage des évolutions globales pour les projections par sec-teurs et par professions.

Les observations de l’enquête annuelle sur la population active urbainependant les années 80 ont été utilisées dans les projections des évolutions ten-dancielles de l’emploi au cours des années 90. Toutefois, les informations four-nies par cette enquête n’ont pas permis d’affiner davantage ces projections pourdes catégories plus désagrégées des branches d’activité et des catégories de pro-fessions et de diplômés.

I.2- LES NOMENCLATURES

Les nomenclatures font partie des outils méthodologiques nécessaires àl’élaboration des projections. L’analyse des informations et l’établissement deces projections ont été effectués suivant quatre types de nomenclatures :

- Nomenclature des activités économiques ;

- Nomenclature des professions ;

- Nomenclature des diplômes ;

- Nomenclature des niveaux de qualification.

A - Secteurs d’activité économiqueLa nomenclature marocaine des activités économiques (NMAE) a été

adoptée comme nomenclature de référence, en distinguant leurs subdivisions

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en grands secteurs, secteurs, branches et sous-branches. Un travail d’harmoni-sation des autres classifications a été entrepris entre elles et par rapport à laNMAE, pour les rendre aussi comparables que possible dans le temps et dansl’espace.

B- Groupes de professionsLes besoins d’emplois par profession ont été évalués selon la nomenclatu-

re analytique des professions du Ministère du Plan, qui a servi à l’exploitationdu recensement de la population de 1982. Etant donné que cette nomenclaturedécoule de celle de 1971 révisée, plusieurs postes professionnels (à troischiffres) ont été modifiés et les codes changés. Il a fallu donc rapprocher lesdeux nomenclatures pour assurer une correspondance des postes professionnels.

Cette nomenclature présente deux avantages par rapport aux classifica-tions sectorielles. Etant la plus exhaustive, elle a permis d’effectuer des décon-tractions des groupes professionnels qualifiés et hautement qualifiés. D’autrepart, du fait qu’elle s’inspire largement de la classification internationale typedes professions (CITP), elle a facilité le rapprochement des données nationalesà celles des autres pays, permettant ainsi de situer dans le temps et dans l’espa-ce l’évolution des coefficients professionnels et du profil de formation de cer-taines professions pour lesquelles on ne dispose pas d’informations.

La nomenclature des professions comporte les six grands groupes suivants:

0/1. Professions scientifiques techniques et libérales ;2. Personnel commercial et vendeur ;3. Directeurs et cadres administratifs ;4. Travailleurs spécialisés dans les services ;5/6. Agriculteurs, forestiers et pêcheurs ;7/8/9. Ouvriers et manoeuvres non agricoles ;

Ces six grands groupes sont subdivisés en cent groupes. L’analyse desdonnées et les projections de base ont été effectuées suivant la nomenclature à450 groupes professionnels. Pour la présentation de ces résultats, on prévoitd’utiliser une nomenclature dépassant les 250 professions aux fins de rappro-chement avec les profils des sortants de la formation.

Par ailleurs, on a rapproché cette nomenclature de celle des emplois-types, qui caractérise principalement l’emploi occupé dans les entreprises dusecteur structuré. Au stade actuel de sa construction, il s’est avéré encore pré-

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maturé de l’adopter comme outil de travail, d’autant plus que sa correspondan-ce avec la nomenclature analytique des professions ne peut être systématique.

C - Catégories de diplômesPour faciliter la conversion des prévisions d’emploi en besoins de forma-

tion, il est nécessaire de disposer d’une classification des emplois et des profes-sions par niveau d’instruction ou de formation. On a utilisé le critère de diplô-me le plus élevé, critère permettant de rapprocher jusqu’à un certain point lesperspectives d’emploi à l’offre de formation.

On a adopté à cet effet la nomenclature des diplômes utilisée dansl’enquête sur l’emploi, qui distingue les sept principales catégories suivantes :

E.F.1 : Certificat des études primaires et diplômes assimilésE.F.2 : Certificat des études secondaires et diplômes équivalentsBAC: Baccalauréat et diplômes équivalentsFAC: Diplômes supérieurs délivrés par les facultésG.E.: Diplômes supérieurs délivrés par les grandes écoles

(y compris la faculté de médecine)C.M: Diplômes de cadres moyens (diplômes et certificats

de techniciens et adjoints techniques)C.Q.P.: Diplômes et certificats d’aptitude ou de qualification

professionnelle.

Pour prendre en compte la mise en place de la réforme de l’enseigne-ment, les deux premiers niveaux ont été remplacés respectivement par le pre-mier cycle (E.F.1) et le second cycle de l’enseignement fondamental (E.F.2).

Il faudrait noter que du fait que nombre d’entreprises recourent au mar-ché interne pour la promotion de travailleurs qui acquièrent une expériencequalifiante, la classification par diplôme ne permet pas de cerner la totalité desbesoins d’emploi par niveau de formation.

D- Niveaux de qualificationEtant donné que le diplôme est considéré en général comme un critère

nécessaire mais suffisant pour l’accès à l’emploi, il a fallu adopter une classifi-cation par niveau de qualification pour affiner davantage l’évaluation desbesoins de l’économie. Bien que des investigations aient été menées auprès dessecteurs pour connaître la structure des emplois-types, on ne dispose pas enco-re de données statistiques sur le niveau de qualification de l’ensemble desemplois et des professions.

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Les niveaux de qualification utilisés dans cette étude sont ceux générale-ment adoptées dans les travaux d’évaluation des besoins d’emplois. L’échelle dequalifications retenus comporte les quatre niveaux suivants :

• Les professions hautement qualifiées• Les professions intermédiaires• Les professions qualifiées• Les professions non qualifiées

• Professions qualifiées : Ce groupe comprend l’ensemble des profes-sions et métiers manuels qui exigent une connaissance précise des procé-dés mis en oeuvre et une grande habileté manuelle. Les personnes exer-çant ces professions acquièrent généralement leurs qualifications par voiede formation (initiale et continue) ou d’apprentissage sur le tas.

• Métiers non qualifiés : cette catégorie de métiers regroupe ceux quiimpliquent l’exécution de tâches simples mais qui exigent un effort phy-sique plus ou moins important.

Il faudrait admettre que même en adoptant une définition relativementprécise des niveaux de qualification nécessaires à l’exercice des diversesprofessions, il s’est avéré difficile d’attribuer, pour nombre de professions,le même degré de qualification à toutes les personnes qui les exercent.Pour contourner cette difficulté on a utilisé le niveau de qualificationdominant ou celui vers lequel évoluerait la profession;

Enfin, pour pouvoir rapprocher les sorties du système d’éducation et deformation aux besoins de recrutement, on a adopté la classification parniveaux de formation, définis comme suit :

• SANS QUALIFICATION :SANS DIPLOMES

• SPECIALISATION :ENSEIGNEMENT FONDAMENTAL 1er CYCLE

• QUALIFICATION :CQP, ENSEIGNEMENTFONDAMENTAL 2° CYCLE, BAC

• CADRES INTERMEDIAIRES:DIPLOMES DE CADRES MOYENS

• CADRES SUPERIEURS :LICENCE, ENSEIGNEMENTS,DIPLOMES DE GRANDES ECOLES.

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I.3. APPROCHE METHODOLOGIQUE

A - Période de référence et de projectionConsidérant l’horizon de projection retenu pour l’établissement des pers-

pectives d’emploi, les décennies 70 et 80 ont été choisies comme période deréférence. Celle-ci est suffisamment longue pour déceler les tendances lourdesde la croissance sectorielle et de la progression de l’emploi et éliminer ainsi leseffets sur ces variables des fluctuations conjoncturelles et des cycles de produc-tivité.

Les projections de l’emploi ont été effectuées par année de 1992 à 1996et globalement pour la période 1996-2000, les évolutions moyennes ayant étéprolongées de manière linéaire sur la période 2001-2005.

B - Projection de l’emploi par secteurLes projections de l’emploi par secteur sont basées sur les prévisions à

long terme effectuées par le Ministère du Plan. Ces prévisions intègrent lesfacteurs susceptibles d’affecter à la fois la production et la productivité danschaque secteur.

La méthode d’approche5 de projection adoptée dans ces travaux a consistéd’abord à distinguer d’une part le secteur agricole et les secteurs non-agricoles,et de l’autre, les milieux urbain et rural. Comme les variations de l’emploidans le secteur agricole semblent relativement autonomes et régulières, l’évo-lution tendancielle a été extrapolée sur la période couverte par la projection.En ce qui concerne les secteurs non-agricoles, l’évolution de l’emploi a étéobtenue par différence entre la croissance de la production et la croissance dela productivité apparente du travail. Cette méthode suppose une liaison linéai-re entre la croissance de ces trois variables, hypothèse qui se vérifie assez biendans le long terme.

En raison des spécificités du marché du travail en milieu urbain, les pers-pectives de l’emploi par secteur ont été déterminées en appliquant aux projec-tions nationales la part du milieu urbain dans l’emploi total projeté, le volumede l’emploi en milieu rural étant ainsi déterminé par solde.

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5 Le modèle de base s’inspire largement de celui décrit in Ahmed BENRIDA,James C.KNOWLES, A GENELIZED EMPLOYMENT PLANNING MODEL,Ministère du Plan, 1986.

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C - Projection des catégories de diplômésOn a procédé d’abord aux projections des coefficients de l’emploi par

catégories de diplômés par secteur sur la base des variations moyennes obser-vées entre 1987/1988 et 1989/1990. Etant donné la brièveté de la période debase, les coefficients dont le sens de variation n’était pas net ou peu plausibleont été redressés pour refléter l’évolution tendancielle probable à long terme.Ensuite, les effectifs par secteur ont été multipliés par le vecteur des coeffi-cients correspondants ; le volume net des créations d’emploi par catégories dediplômés a été obtenu en faisant la différence des effectifs de deux années suc-cessives.

D - Projection des catégories professionnellesRelativement plus élaborée, la méthode de projection de l’emploi par

professions en milieu urbain a comporté trois séries d’opérations. La première aconsisté à analyser l’évolution de la structure et les variations (1971/1982) del’emploi par grands groupes et par groupes de professions. La deuxième sériede calculs a consisté à projeter les variations des coefficients professionnels desrecensements et des enquêtes emploi, et à les rapprocher pour déterminer lesens de variation et le rythme des évolutions au cours des années 90. Bien queles différences entre les deux tendances ne soient pas significatives, les coeffi-cients de l’enquête ont été calculés sur la base du recensement 1982, ce qui apermis de reconstruire une série statistique pour la période 1971-1989 etd’effectuer des projections sur la période 1991-2005. Enfin, les créationsd’emplois par profession ont été obtenus en multipliant ces coefficients par lenombre des créations d’emploi projetées.

E - Interprétations des résultats des projectionsLes projections effectuées pour la période s’étalant de 1993 à 2005 se

basent sur un scénario de croissance de 4,5% par an qui se situe dans le prolon-gement de l’évolution tendancielle constatée au cours des deux dernièresdécennies.

Pour une interprétation correcte des résultats des projections, il importedonc de noter qu’il s’agit (i) de projections reflétant l’évolution tendancielledes structures de production, d’emploi et des qualifications correspondant à lapériode de référence ; (ii) de besoins d’expansion pour les secteurs économiquescompte non tenu des besoins de renouvellement qui résulteraient des départs àla retraite, des décès et de la mobilité professionnelle. Ces besoins de renouvel-lement, qui peuvent représenter un effectif important pour nombre de profes-

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sions et métiers, n’ont pu être évalués par manque d’information ; et (iii) debesoins de recrutement par le secteur de l’administration conformément auxtendances observées par le passé.

Ceci étant, les résultats de ces projections sont présentés à la fois globale-ment, par secteur d’activité et par groupes de professions et catégories dediplômes appelées tout court catégories SPD.

F - Evolution des tendances globalesL’évaluation des tendances globales des créations d’emploi selon les SPD

est très utile pour identifier les niveaux du système d’éducation et de forma-tion qui devraient faire l’objet de régulation et de restructuration.

Par référence au scénario de croissance retenu, les créations d’emploispour l’ensemble des secteurs d’activité, s’éléveront à une moyenne de 228.000par an entre 1992 et 1995, à 272.000 entre 1996 et 2000 et à 293.000 entre2001 et 2005.

Ces créations d’emplois s’effectueront en grande partie dans les zonesurbaines où elles atteindraient en moyenne annuelle près de 160.000 emploisau cours de la première période et de 195.000 emplois au cours de la seconde.Malgré la baisse relative de la part du milieu rural dans le total des créationsd’emplois, les activités économiques dans ce milieu pourraient occuperannuellement environ de 70.000 à 77.000 travailleurs pendant les périodesconsidérées.

La structure sectorielle de l’emploi connaîtra des changements significa-tifs. La part des activités primaires dans l’emploi total enregistrera une nettediminution accompagnée d’une augmentation corrélative de celles des activi-tés secondaires et tertiaires. En effet, entre 1990 et l’an 2000, la part dansl’emploi total des secteurs secondaires passera de 24% à 27% et celle des sec-teurs tertiaires de 36 à 45% . Comme il ressort du tableau ci-après, ces modi-fications seront encore plus perceptibles au niveau des créations d’emplois, les-quelles seraient assurées pour 52% par le secteur tertiaire, 36% par le secteursecondaire et 12% seulement par le secteur primaire.

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TABLEAU 8

CREATIONS ANNUELLES D’EMPLOIS SELONLES GRANDS SECTEURS D’ACTIVITE

1991-1995 1996-2000 2001-2005

PRIMAIRE 31 400 32 500 23 430

SECONDAIRE 80 200 98 400 106 860

TERTIAIRE 116 400 141 100 151 760

TOTAL 228 000 272 000 293 050

Résultats des projections effectuées par le CNJA

Comme on le verra plus loin, ces modifications influeront sur le contenuet la composition professionnelle de l’emploi, notamment dans l’industriemanufacturière et les services rendus aux entreprises.

Par ailleurs, l’évolution socio-professionnelle de la main-d’oeuvre connaî-tra également des changements sensibles, caractérisés par un accroissementnon négligeable des travailleurs indépendants, des employeurs et des aidesfamiliaux. Bien que la part des salariés dans les créations d’emplois resteraitstable, leur proportion dans l’emploi total s’éleverait à 54% en l’an 2000contre 49% en 1990.

Ces changements s’accompagneront d’une baisse sensible de la part desemplois créés pour la main-d’oeuvre sans niveau d’instruction ; cette part pas-serait en effet d’une moyenne de 45% sur la période 1991-95 à 37% à l’hori-zon 2000.

Si la progression d’emploi s’avérerait insuffisante face à l’augmentationdes ressources de main-d’oeuvre et à la persistance de l’exode rural vers lesvilles et son accentuation pendant les années de sécheresse, une partie de celle-ci s’orientera vers les activités informelles, lesquelles généreront des emploisprécaires et sous-qualifiés.

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TABLEAU 9CREATIONS ANNUELLES MOYENNES

D’EMPLOIS PAR SECTEURS, MILIEU URBAIN

BRANCHESD’ACTIVITE 1991-95 % 1996-2000% 2001-2005 %

Mines, Energieet Ind. Manufact.46 11528,7 55 580 28,4 61 775 27,9

BTP 18 378 11,5 22 590 11,6 26 540 12,0

Commerce 28 280 17,6 31 930 16,3 35 655 16,1

Transports etCommunications4 570 2,8 5 270 2,7 5 733 2,6

Services 32 835 20,5 40 920 21,0 46 307 20,9

Pêcheet autres activités4 585 2,9 5 860 3,0 6 630 3,1

Administration25 728 16,0 33 260 17,0 38 460 17,4

TOTAL 160 490 100 195 410 100 221 100 100

Résultats des projections effectuées par le CNJA

La structure des créations d’emploi par niveau de qualification connaîtrades changements sensibles. Les besoins d’expansion correspondant à la catégo-rie de main-d’oeuvre sans qualification précise continuent à croître en dépit dela baisse relative de leur part dans le total des créations d’emploi. En revanche,les besoins correspondant au niveau de la spécialisation croîtraient à un rythmeimportant, puisque leur part dans le total des créations d’emplois passera de16,1 % à 19,1 % entre les périodes 1991-95 et 2001-2005.

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TABLEAU 10

CREATIONS ANNUELLES D’EMPLOIS PARNIVEAUX DE QUALIFICATION

NIVEAU DEFORMATION 1991-95 %1996-2000% 2001-2005 %

. SANS QUALIFICATION72 200 45,0 79 800 40,8 81580 36,9. SPECIALISATION 25 830 16,1 34 500 17,7 42 220 19,1

. QUALIFICATION 22 930 14,3 30 680 15,7 36 250 16,4dont CQP 8 330 5,2 11 020 5,6 13 200 6,0

. CADRESINTERMEDIAIRES 11 800 7,4 16 820 8,6 19 800 9,0

. CADRESSUPERIEURS 17 420 10,9 20 450 10,5 22 880 10,3

dont - Licencié 3 560 2,2 4 740 2,4 5 700 2,6- Grandes écoles 4 150 2,6 5 620 2,9 6 730 3,0

- Enseignants 9 710 6,1 10 090 5,2 10 450 4,7

. AUTRES 10 310 6,4 13 160 6,7 18 370 8,3

TOTAL 160 490 100 195 410 100 221 100 100

Résultats des projections effectuées par le CNJA

Le niveau “qualification” connaîtra également une augmentation impor-tante, mais les besoins en diplômés des CQP resteront cependant limités envolume, malgré l’augmentation de leur part dans les besoins globaux.

Les besoins en cadres intermédiaires sont relativement élevés, et connaî-traient un accroissement plus important que celui des cadres supérieurs dont la

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part dans les besoins globaux pourrait enregistrer une baisse légère.

TABLEAU 11

CREATIONS ANNUELLES MOYENNES D’EMPLOISPAR GRANDS GROUPES DE PROFESSIONS,

MILIEU URBAIN

PROFESSION1991-95 % 1996-2000 % 2001-2005%

0/1 27 523 17,1 35 376 18,1 40 261 18,2

2 23 444 14,6 28 553 14,6 32 316 14,6

3 21 752 13,6 27 700 14,2 31 492 14,2

4 9 474 5,9 8 850 4,5 9 662 4,4

5/6 3 115 1,9 3 144 1,6 3 481 1,6

7/8/9 75 183 46,8 91 789 47,0 103 88947,0

TOTAL 160 490 100 195 410 100 221 100 100

Résultats des projections effectuées par le CNJA

0/1 Professions scientifiques, techniques et libérales

2 - Personnel commercial et vendeurs

3 - Directeurs et cadres administratifs

4 - Travailleurs spécialisés dans les services

5/6 Agriculteurs, forestiers et pêcheurs

7/8/9 Ouvriers et manoeuvres non agricoles

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II. PERSPECTIVES DE L’EMPLOI PARSECTEUR ET PAR CATEGORIE DE DIPLOMES

A. LE SECTEUR INDUSTRIEL

La part de l’industrie manufacturière dans le PIB a été relativementstable autour de 17%. Les légères baisses qu’elle connaît de temps à autress’expliquent par l’augmentation de la part de l’agriculture sous l’effet deconditions climatiques particulièrement favorables. Le secteur de l’industriereste largement tributaire de la dynamique des branches de la chimie, des pro-duits alimentaires, du textile et des produits issus de la transformation desminéraux de carrière.

Du point de vue de la concentration de la production et de l’emploi, lesdonnées relatives à l’année 1988 montrent que 76% des unités industriellesorganisées ont un effectif inférieur à 50 emplois permanents et leur participa-tion à la production est de 16%. Les établissements qui emploient plus de 200travailleurs réalisent 53% de la production et occupent 47% du total desemplois permanents.

En ce qui concerne les perspectives d’avenir, le secteur industriel s’orientevers une plus grande valorisation des ressources locales, notamment dans lesbranches des phosphates, des matériaux de construction et des produits agro-alimentaires. Il s’oriente également vers le développement de la sous-traitanceen vue d’attirer les investissements extérieurs et assurer ainsi un transfert tech-nologique.

Compte tenu de ces possibilités de développement, le secteur industrielincluant les activités minières et énergétiques pourrait, d’après les projectionseffectuées à l’horizon 2000, contribuer à la création de 46.000 emplois par andurant la période 1991-95. Ce nombre pourrait même atteindre une moyennede 62.000 emplois par an à la fin de la décennie 90, ce qui correspondrait àprès à 28% du total des créations d’emplois.

La capacité de génération d’emplois se présente de façon différenciéeselon les principales branches des industries manufacturières.

1) Les industries agro-alimentaires :La branche des industries alimentaires et celle des autres produits ali-

mentaires (boissons et tabacs compris) ont enregistré au cours de la période deréférence des taux de croissance supérieurs à la moyenne (respectivement 6% et

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5,7%). Au cours des années 80, quelques industries agro-alimentaires ayantsouffert d’un manque d’approvisionnement, ont toutefois connu une croissanceirrégulière due notamment aux fluctuations de la production agricole. Il s’agit,en particulier, des industries de la conserve de légumes et de jus de fruits.Dans une telle situation, les entreprises recourent de plus en plus à la main-d’oeuvre temporaire, dont les effectifs ont crû aux taux de 30% entre 1985 et1989.

Mais la majeure partie des industries agro-alimentaires continuera àconnaître une croissance relativement élevée, notamment les industries, lessucreries, les laiteries, les huileries, les industries de l’aliment de bétail et desboissons gazeuses. Globalement, les industries agro-alimentaires créeraientannuellement près de 12.100 emplois entre 1992 et l’an 2000 et 15.800emplois entre 2001 et 2005 dont 70% seront assurés dans les industries deconserve de fruits et légumes, de viandes et de poissons, des produits laitiers etdes aliments pour bétail.

2) Les industries du textile et cuirL’industrie des textiles et de la confection est devenue un facteur

d’expansion des industries légères, en substituant sa production aux articlesimportés. En 1991, ce sous-secteur fournissait 33 % de l’emploi total del’industrie. Mais en dépit de sa mécanisation, ce sous-secteur demeure uneindustrie de faible technologie, où le travail manuel reste encore prédominantcar le processus de production requiert beaucoup de dextérité. Les effectifs sonten majorité constitués d’ouvriers qui ont acquis leur qualification sur le tas.

L’industrie du textile et cuir continuera à être l’une des branches les plusdynamiques de l’industrie marocaine, en créant 16.000 emplois annuellementau cours de la décennie 90, représentant le tiers du total des créationsd’emplois du secteur.

Considérant l’évolution de la demande du consommateur en matièred’habillement et les exigences de concurrence dans ce domaine, on peut raison-nablement prévoir une amélioration de la structure de qualification del’emploi dans ce secteur.

3) Les industries mécaniques, métallurgiques etélectroniquesAu niveau des sous-secteurs des industries mécaniques, métallur-

giques et électroniques (IMME), les branches de chaudronnerie, de menuise-rie et de l’emballage métallique occupent la première place dans l’emploi(39%), suivie par les branches du matériel de transport (19%), la branche de

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construction de machines et de matériels de transport (14%), les produits del’industrie métallique de base et la branche du matériel de bureau et des ins-truments de précisions (7%). Bien que leur production soit fondée sur une uti-lisation intensive de capital, ces industries contribueraient à raison de 14% dutotal des créations d’emploi dans le secteur industriel.

En ce qui concerne les tendances d’embauches selon les niveaux de quali-fication, on ne dispose que d’indications partielles relatives à l’industrie detransformation pour les exercices 1987 et 1988. Sur un total de 30.000 recru-tements au cours de ces deux années, on a dénombré 1920 cadres technicienset administratifs supérieurs, 3.800 cadres intermédiaires, 24.600 ouvriers qua-lifiés.

TABLEAU 12

EVOLUTION DES CREATIONS D’EMPLOISPAR CATEGORIES DE DIPLOMES DANS L’INDUSTRIE

MILIEU URBAIN *

Type de Diplôme 1993 1995 2000 2005

Sans Diplôme 21 160 21 240 22 390 20920Enseignement Fondamental15 25017 070 21 090 26200Qualification 3 930 4 220 5 040 5 770Cadres intermédiaires 2 900 3 270 3 930 4 860Enseignement Supérieur 2 160 2 470 3 130 4 020

TOTAL 45 400 48 270 55 580 61770

Résultats des projections effectuées par le CNJA

Les changements de structure de la qualification apparaissaient plus net-tement lorsqu’on examine avec un peu plus de détails l’évolution des besoinsd’emploi par catégorie de diplômés. En effet, le changement le plus importantà prévoir est l’augmentation du nombre des cadres intermédiaires et des cadres

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* y compris mines et énergie.

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administratifs et techniques de formation supérieure. Suivant les hypothèsesadoptées, leur part dans l’emploi industriel devrait globalement passer entre1991 et l’an 2005 de 4,5 à 8,7 %.

En revanche, la proportion des travailleurs non diplômés diminuera de70,5 à 57,4% par la suite de l’élévation du niveau d’instruction de la main-d’oeuvre et de modernisation des équipements. Toutefois, malgré les progrèsescomptés, la proportion des travailleurs sans formation professionnelle resteraencore considérable (84%).

B- LE BATIMENT ET LES TRAVAUX PUBLICS

L’expansion rapide de l’urbanisation implique la mise en oeuvre de pro-grammes importants pour satisfaire les besoins croissants en matière d’infra-structure économique et sociale de base. Le développement des agglomérationsurbaines se poursuivra conformément aux schémas directeurs pour les villesimportantes et aux plans d’amélioration pour les centres urbains.

Aussi prévoit-on une augmentation importante de la production du sec-teur des BTP, fondée en grande partie sur la construction de bâtiments à usageindustriel, administratif et de logement, et sur la relance des travaux publics.Dans le domaine de l’habitat social en particulier, les pouvoirs publics poursui-vront la politique de restructuration des bidonvilles consistant à réaliser deséquipements collectifs sommaires (eau, électricité, voirie, assainissement) etdes projets intégrés créateurs d’emplois.

La mise en place de cette infrastructure générerait annuellement 18.000emplois entre 1991 et 1995 et 23.000 postes entre 1996 et l’an 2000. On esti-me que 46% seulement de ces emplois seraient créés par le secteur organisé,15% par le secteur non organisé localisé, et 39% par le secteur informel. Grâceà sa forte intensité en main-d’oeuvre et à son impact immédiat sur la relancede l’emploi, ce secteur pourrait ainsi être utilisé comme moyen de lutte contrele chômage. Sa contribution au total des créations d’emplois pourrait dans cecas dépasser largement la proportion de 14 %.

La pyramide des qualifications du secteur des BTP demeure caractériséepar la faiblesse des effectifs issus de la formation. On estime que sur 100 tra-vailleurs du secteur, 82 sont sans diplôme, 8,7 possèdent le Certificat d’EtudesPrimaires, 2,5 le Certificat d’Etudes Secondaires, et 2,2 le diplôme de cadremoyen, et moins de 1% ont le niveau de l’enseignement supérieur.

La réglementation progressive du secteur de la construction, l’introduc-

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tion d’équipements économisant la main-d’oeuvre, et le développement de laformation professionnelle sont autant de facteurs qui contribueront à améliorerla structure des qualifications et la productivité de la main-d’oeuvre. Le per-sonnel qualifié augmentera en importance relative, accompagnée d’une dimi-nution correspondante de la proportion de manoeuvres non-qualifiés.

TABLEAU 13

EVOLUTION DES CREATIONS D’EMPLOISPAR CATEGORIE DE DIPLOMES DANS LE BTP,

MILIEU URBAIN

Type de Diplôme 1993 1995 2000 2005

Sans Diplôme 11 830 12 600 13 350 14 100Enseignement Fondamental 2 380 2 690 3 2003 960Qualification 1 620 1 950 2 580 3 560Cadres intermédiaires 1 650 2 030 2 780 3 960Enseignement Supérieur 430 510 680 850

TOTAL 17 910 19 780 22 590 26 430Résultats des projections effectuées par le CNJA

Ainsi, la part des emplois qui seront créés au profit des cadres intermé-diaires, augmentera de 4,2 à 15%, et celle des diplômés de niveau qualifiéévoluera au même rythme. En revanche, la proportion des créations d’emploisqui seront destinées aux travailleurs non diplômés baissera de 66 à 53%.

C - LE COMMERCE

Le commerce est du point de vue de sa valeur ajoutée, le secteur le plusimportant de l’activité productive marocaine. En effet, entre 1969 et 1990, sacontribution au PIB a varié entre 20 et 25%. Son importance se manifeste éga-lement par le nombre d’emplois qu’il engendre.

Evoluant en fonction du rythme d’activité des autres secteurs, le com-merce est appelé à jouer un rôle accru dans l’expansion de l’emploi en assurant18% du total des créations d’opportunités de travail au cours de la décennie 90

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avec une moyenne de 30.000 nouveaux emplois par an.

En raison de la diversité des activités composant ce secteur, l’analyse de lastructure de l’emploi a été affinée par sous-branches. Ainsi, on estime que55,5% des créations d’emplois du secteur reviendraient au commerce des pro-duits agricoles et alimentaires, 14,7 % au commerce des produits textiles, del’habillement et du cuir, 8,5% au commerce des autres produits industriels, lereste étant réparti entre les commerces multiples non sédentaires et de récupé-ration. Certains commerces, notamment les “grandes surfaces” sont suscep-tibles de se développer, et de modifier la dimension moyenne des établisse-ments commerciaux.

Pour qu’il puisse jouer son rôle dans l’économie et exercer une actiond’impulsion de la production, le secteur devrait s’appuyer sur une meilleureorganisation des structures et des professions commerciales. En particulier, ildevra disposer d’agents initiés aux techniques modernes de gestion, capablesd’y intervenir d’une façon efficace.

Dans une optique de modernisation du secteur, il conviendrait d’entre-prendre des actions visant à améliorer la qualification professionnelle des com-merçants.

Considérant les exigences de compétitivité qu’impliquent la libéralisa-tion de l’économie et l’ouverture du pays sur l’extérieur, certaines entreprisesindustrielles intégreront les fonctions commerciales et de management, ce quientraînera la création d’emplois qualifiés dans ces domaines.

Au niveau du commerce extérieur, le développement des exportations estconditionné par la mise en place de capacités de production compétitives,s’appuyant sur la compétence des dirigeants, l’efficacité des cadres et la qualifi-cation des travailleurs. Cela exige également le renforcement de notre présencesur les marchés extérieurs, par une meilleure utilisation des réseaux publics etprivés.

Concernant la composition de l’emploi dans le secteur du commerce parniveau de qualification, les projections à l’horizon 2000 ne permettent pas dedégager des modifications significatives. Les travailleurs n’ayant aucun diplô-me continueront de représenter près de 63% de l’ensemble des emplois créés àla fin de la décennie.

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TABLEAU 14

EVOLUTION DES CREATIONS D’EMPLOIS PARCATEGORIE DE DIPLOMES DANS LE COMMERCE EN

MILIEU URBAIN

Type de Diplôme 1993 1995 2000 2005

Sans Diplôme 18 200 20 660 20 130 21 600Enseignement Fondamental5 520 6 320 6 890 7 950Qualification 1 170 1 350 1 540 1 820Cadres intermédiaires 1 810 2 120 2 560 3 250Enseignement Supérieur 610 710 840 1 050

TOTAL 27310 31160 31960 35670Résultats des projections effectuées par le CNJA

D - LES SERVICES

Les services qui ont connu durant la période de référence une évolutionpositive contribuent pour environ 12,5% dans la réalisation du PIB. Bienqu’elle ait connue un ralentissement au cours des années 80, la valeur ajoutéedu secteur s’est accrue au taux annuel moyen de 5,5 %.

La gamme d’activités économiques que compte ce secteur étant assezhétérogène, l’évolution prévisible de l’emploi dans certaines activités de serviceest souvent infléchie par les tendances opposées dans d’autres. Certains sous-secteurs emploient une proportion relativement élevée de personnel qualifiétels que la santé, les banques, les services fournis aux entreprises, alors qued’autres comme les services personnels et domestiques, recourent à une main-d’oeuvre peu qualifiée.

En contribuant à 21% du total des créations d’emplois en milieu urbain,prévues pour la décennie 90, le secteur des services jouera un rôle dynamiquedans la promotion de l’emploi, avec une moyenne de l’ordre de 40.000 emploisnouveaux par an.

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TABLEAU 15

EVOLUTION DES CREATIONS D’EMPLOISPAR CATEGORIE DE DIPLOMES DANS LES SERVICES,

MILIEU URBAIN

Type de Diplôme 1993 1995 2000 2005

Sans Diplôme 13 860 14 680 16 250 16 670Enseignement Fondamental9 26010 470 13 000 16 190Qualification 2 850 3 140 3 860 4 530Cadres intermédiaires 1 660 1 780 1 920 2 030Enseignement Supérieur 3 510 3 850 4 530 5 160Enseignants 950 1 080 1 360 1 720

TOTAL 32 110 35 000 40 920 46 300Résultats des projections effectuées par le CNJA

Ainsi, on estime qu’en moyenne sur cent postes d’emplois qui serontcréés dans les services, 11 iront aux diplômés de l’enseignement supérieur, 5aux cadres de niveau intermédiaire, 9 aux lauréats de niveau “qualification” dela formation professionnelle, 30 aux diplômés de l’enseignement fondamentalet 42 aux non diplômés et 3 aux enseignants.

L’augmentation de l’emploi dans le secteur tertiaire est un phénomèneuniversel, les rythmes de croissance et la composition professionnelle étant enfonction du niveau de développement de chaque pays. Concernant les perspec-tives d’avenir, la diffusion technologique dans les fonctions de services et l’aug-mentation du nombre d’emplois de services dans les autres secteurs, et plusparticulièrement dans l’industrie, préfigurent un changement en profondeurde la composition professionnelle de l’offre d’emploi à long terme.

E - L’AGRICULTURE ET LA PECHE

1- L’Agriculture En raison du caractère saisonnier et des fluctuations d’activité, dues

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essentiellement aux aléas climatiques, il est difficile d’aboutir à une évaluationprécise des créations d’emplois agricoles. Dans ce contexte, une augmentation(diminution) de la production agricole se traduit généralement par une amé-lioration (baisse) de l’occupation des actifs, et donc par une réduction (aug-mentation) du sous-emploi. Ce qui conduit donc à retenir comme base d’ana-lyse un volume d’emplois minimal reflétant l’évolution tendancielle à longterme de la population active.

En se limitant au milieu rural6, les créations d’emplois attendues dans lesecteur agricole proprement dit s’éleveraient en moyenne annuelle à près de24.000 entre 1992 et l’an 2000. Ce sont les cultures des céréales et légumi-neuses qui fourniraient le plus grand nombre d’emplois (53%), suivies de l’éle-vage (18%), des activités de maraîchage (6%), des cultures industrielles etoléagineuses (5%), de la sylviculture (6%) et de l’arboriculture (4%), le resteétant réparti entre les services connexes.

2- La pêcheAvec ses 3500 km de façades maritimes, le Maroc dispose d’atouts natu-

rels exceptionnels dans le domaine de la pêche. S’agissant de l’activité de cesecteur, la production halieutique est passée de 223.000 tonnes en 1969 à553.000 tonnes en 1991 soit un taux d’accroissement annuel moyen de 6,7 %.La valeur des exportations des produits de la mer a progressé au taux annuelmoyen de 12% entre 1988 et 1991. Concernant les investissements, 544 uni-tés de pêche côtière ont été mises en service, et 223 navires pour la flotte depêche hauturière ont été immatriculées.

En se limitant au secteur organisé des pêches, on estime que la pêche côtière etla pêche hauturière regroupent respectivement 84 et 16% des travailleurs dusecteur, et qu’environ 32% des effectifs de la pêche hauturière occupent desemplois qualifiés en “pont et machines”, les effectifs de la pêche côtière étantconstitués de 21% de cadres navigants et de 75% d’agents qualifiés.

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6 Certaines activités à caractère agricole sont localisées également dans leszones urbaines (élevage de poulets, pépinières, cultures sous-serre,...)

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TABLEAU 16

EVOLUTION DES CREATIONS D’EMPLOISDANS LA PECHE

Catégorie de Pêche 1993 1995 2000 2005

Pêche côtière 1 400 1 480 1 490 1 500Pêche hauturière 1 120 2 000 2 750 3 500Pêche par canots 1 000 1 080 1 090 1 100

TOTAL 3 520 4 560 5 230 6 100Résultats des projections effectuées par le CNJA

Le secteur de la pêche permettra la création d’un effectif élevé d’emploiset la promotion sociale du maître-pêcheur, et pourra mobiliser un nombreimportant de chercheurs scientifiques dans le domaine de la masse biologique.

Selon les prévisions, on estime que les effectifs d’embarquement enmilieu urbain augmenteront en moyenne annuelle, entre 1993 et l’an 2005, àraison de 1500 marins sur les navires de la pêche côtière, de 2300 marins surles navires de la pêche hauturière, et de 1100 marins sur les canots.

F - L’ADMINISTRATION

Les contraintes budgétaires ont pesé lourdement sur les recrutementsdans l’Administration ; la part du secteur dans l’emploi total ayant été mainte-nue au seuil de 9 % (dans les pays développés, cette proportion varie entre 12et 18%). La contribution de l’Administration à la création d’emplois n’a pasencore atteint un niveau élevé au point de considérer la stabilisation des recru-tements comme un objectif viable. Comme l’a souligné la Commission inter-ministérielle sur le service civil, la stabilisation des créations d’emplois risquede nuire à la capacité d’action de l’Administration en matière d’offre de servicepublic.

La structure des qualifications dans l’Administration reste caractériséepar une stagnation de la proportion des cadres techniques, (le pourcentage dediplômés recrutés dans cette catégorie étant fiable) et par une proportion rela-tivement élevée d’agents sans formation précise, constitués principalement

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d’employés subalternes. L’étude des liaisons Education-Formation-Emploi ad’ailleurs montré qu’environ 30% des effectifs de l’Administration ont unniveau de formation ne dépassant pas l’enseignement primaire.

Au delà de ces contraintes, le secteur public devra reprendre la place quilui revient dans la régulation du marché de travail en agissant tant sur leniveau que sur la composition professionnelle des recrutements. Une participa-tion accrue de l’administration à l’effort de développement et à l’expansion desservices publics, nécessiterait la création de 32.000 emplois par an entre 1992et 1996. La progression de l’emploi concernera principalement l’enseignement,la santé et les collectivités locales.

TABLEAU 17 EVOLUTION DES CREATIONS D’EMPLOIS PARTYPE DE DIPLOME DANS L’ADMINISTRATION

Type de diplôme 1993 1995 2000 2005

Sans diplôme 640 570 1 030 1 033

Enseignement Fondamental 1 650 1 620 2 9402 940Qualification 820 9 100 1460 1 458

Cadres intermédiaires 2 930 2 890 5220 5 222

Enseignement Supérieur15 106 15 106 20091 9 437

Autres 10 274 10 717 13169 18 370

TOTAL 25 380 25 820 33260 38 460Résultats des projections effectuées par le CNJA

Les possibilités d’action pour obtenir une progression maximale del’emploi varient d’un secteur à l’autre. De ce qui précède, on peut tirer lesremarques suivantes :

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• Les finances publiques doivent être réorientées de manière à assurer unrythme de croissance élevé, et les dépenses publiques restructurées pour favori-ser les secteurs fortement créateurs d’emplois et moins coÛteux en importa-tions.

• Dans un contexte de croissance soutenue, l’industrie manufacturièrepourra jouer un rôle essentiel dans la création des emplois qualifiés, en l’occur-rence pour les professions scientifiques et techniques. Les facteurs détermi-nants de cette croissance sont (i) l’investissement dans les créneaux à rentabili-té élevée, (ii) la maîtrise des processus industriels, (iii) l’élévation du niveau dequalification et d’encadrement de la main-d’oeuvre, et (iv) l’amélioration de laqualité.

• Dans les secteurs soumis à la concurrence internationale et interne,l’objectif fondamental de la promotion de l’emploi ne pourra être atteint quepar le renforcement de la compétitivité et l’accroissement de la productivitédes facteurs de production.

• Les investissements publics d’infrastructure pourraient offrir des possi-bilités importantes de création d’emplois dans des domaines tels que le loge-ment social, la construction de bâtiment et l’équipement dans les secteurssociaux.

• L’expansion de l’emploi dans les branches commerciales a été particu-lièrement remarquable par le passé et se poursuivra à un rythme plus rapidedurant les années à venir. Toutefois, pour qu’il contribue substantiellement àl’emploi des diplômés, des actions de modernisation et l’organisation desstructures et des professions commerciales devraient être entreprises.

III. PERSPECTIVES DE L’EMPLOI PARFAMILLE DE PROFESSIONS EN MILIEUURBAIN

Comme on l’a signalé dans la partie méthodologique, les projections del’emploi par type de qualifications et catégories de diplômés permettent decerner les insuffisances prévisibles du système de formation et de concevoir lescorrectifs nécessaires.

Avant d’aborder les prévisions de l’emploi par profession, il est utile derécapituler les perspectives d’emploi par catégories de diplômés. Le tableau ci-après présente une vue d’ensemble de l’évolution des créations d’emplois.

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Comme on vient de l’examiner dans le chapitre précédent, la répartition

des futures créations d’emplois varie considérablement d’un secteur à l’autre.

TABLEAU 18

EVOLUTION GLOBALE DES CREATIONS D’EMPLOISPAR CATEGORIES DE DIPLOMES, MILIEU URBAIN

Type de diplôme 1993 1995 2000 2005

Sans diplômes 71 280 75 740 79 800 81 584

Enseignement Fondamental 36 250 40 540 49 86060 381Qualification 11 080 12 180 15 310 18 086

Cadres intermédiaires 11 340 12 470 16 820 19 800

Enseignement Supérieur7 470 8 320 10 350 12 432

Enseignants 9 670 9 910 10 090 10 447

Autres 10 270 10 710 13 170 18 370

TOTAL 157 360 169 870 195 400 221 100Résultats des projections effectuées par le CNJA

Globalement, on estime que sur 100 emplois qui seront créés en l’an2000 en milieu urbain, 41 pourraient être occupés par les travailleurs nondiplômés, 26 par les diplômés de l’enseignement fondamental, 8 par ceux duniveau qualification, 9 par les diplômés ayant des profils de cadres intermé-diaires, 5 par les diplômés de l’enseignement supérieur, et 5 par les ensei-gnants et les formateurs.

A - LES PROFESSIONS HAUTEMENT QUALIFIEESLes professions hautement qualifiées regroupent une grande partie de ce

qu’on appelle les professions libérales, scientifiques et techniques, notammentles ingénieurs, les enseignants, les médecins, les avocats, les économistes, les

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biologistes et chimistes, les cadres dirigeants, et cadres occupant des emploissupérieurs.

Comme le révèle l’analyse du profil scolaire des emplois, la pénétrationde cette catégorie de professions n’est pas encore élevée, bien que leurs effectifsaient connu une progression remarquable. En effet, entre les deux derniersrecensements, leurs effectifs ont cru au taux annuel moyen de 15 pour cent etleur proportion dans la population active est passée de 6,4 à 8,9 pour cent.

On présentera ici les perspectives d’emploi dans les principales catégoriesde professions et de fonctions pouvant constituer des débouchés ou un champde carrière pour les diplômés de l’enseignement supérieur.

Seront examinés successivement les postes professionnels suivants :

1 - Les directeurs et cadres administratifs supérieurs2 - Les ingénieurs3 - Les médecins4 - Les professions juridiques5 - Le personnel enseignant et formateur6 - Les professionnels de l’information

1) - Directeurs et cadres administratifssupérieursCe grand groupe comprend les dirigeants et cadres supérieurs salariés 7

de l’Administration publique, des établissements semi-publics, et des entre-prises privées. C’est un groupe hétérogène à la fois par des différences dans lesprofessions, les emplois exercés, les profils de formation et le statut. Dans lesecteur privé, les directeurs et les cadres administratifs supérieurs sont à l’évi-dence concentrés dans les grandes entreprises industrielles, commerciales et deservice. Toutefois on relève des différences marquées entre ces secteurs, duesessentiellement à la diversité de structure et d’organisation des entreprises.

De par l’importance des responsabilités assumées, cette catégorie de per-sonnel doit posséder un niveau élevé de compétence, ses fonctions consistantprincipalement à préparer et à mettre en oeuvre les décisions dans les adminis-trations et les entreprises publiques ou privées.

Entre 1971 et 1982, leurs effectifs ont enregistré une progression

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7 Les propriétaires gérants ne font pas partie de ce groupe.

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notable, à un rythme annuel moyen de 6,6%. Toutefois, au cours des annéesquatre-vingt, cette progression a été infléchie, notamment dans l’administra-tion publique, suite aux restrictions budgétaires, qui ont ralenti le rythme desrecrutements des cadres scientifiques techniques.

L’augmentation des postes d’emploi intéressant cette catégorie de person-nel résulte en général de la réorganisation des administrations, de l’extensiondes entreprises existantes (créations d’établissements) et de la création de nou-velles sociétés appartenant au secteur moderne.

On ne dispose pas d’informations fiables ou d’études pour évaluer defaçon précise les besoins futurs en cadres dirigeants par fonction et par domai-ne. On estime cependant que, globalement, les emplois pour les cadres supé-rieurs croîtraient de 3600 par an entre 1993 et l’an 2000, moyenne qui dépas-serait vraisemblablement 4200 en 2005.

TABLEAU 19

CREATION D’EMPLOIS DANS LES EMPLOISDES CADRES SUPERIEURS

CATEGORIES DE DIRECTEURS 1993 1995 2000ET DE CADRES

DIRECTEURSET CADRES SUPERIEURS 360 400 470

DIRECTEURSET CADRES DIRIGEANTS 2 590 2850 3 380

DIRECTEURSDE COMMERCE 300 320 370

ENSEMBLE 3 250 3 570 4 220Résultats des projections effectuées par le CNJA

En l’état actuel d’information, il est difficile d’affiner davantage cette

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évaluation. Mais il est intéressant de signaler à titre indicatif les fonctions sus-ceptibles de constituer un goulet d’étranglement pour bon nombre d’entre-prises, et qui devraient y être renforcées et structurées en départements. Pourles petites entreprises (moins de 20 salariés), dont le patron est souvent le prin-cipal dirigeant et s’occupe de la préparation du produit et même de sa vente,les fonctions critiques sont celles de la comptabilité et de la commercialisation.Au fur et à mesure que ces petites entreprises grandissent (20 à 500), elles sontappelées à s’organiser pour répondre à la demande de leur clientèle, d’autresfonctions s’imposent, dès lors notamment celles relatives à la production, lagestion du personnel, et l’organisation du travail. Pour les grandes entreprises(plus de 500 salariés), les fonctions les plus critiques sont cellesd’études/recherche/essai et de contrôle.

2) - Les ingénieursTous les secteurs économiques, qu’ils soient des secteurs menacés ou de

pointe, auront besoin à des degrés divers d’ingénieurs pour qu’ils puissents’adapter à l’évolution technologique et introduire les innovations nécessaires.

Les effectifs d’ingénieurs ont cru, entre 1971 et 1982, à un taux annuelmoyen de 6,7 pour cent, accroissement qui a concerné principalement les ingé-nieurs des travaux publics et de bâtiment, les architectes, les ingénieurs élec-triciens et les ingénieurs agronomes. Malgré les contraintes budgétaires, prèsde trois cents ingénieurs ont été recrutés annuellement par des départementsministériels au cours de la décennie 80.

La composition professionnelle des emplois auxquels peuvent accéder lesingénieurs, varie selon le type d’activité, le degré de spécialisation et de tech-nicité des entreprises. Pour donner une vue d’ensemble sur les besoins, on aregroupé les différentes spécialités en dix catégories : ingénieurs civils, ingé-nieurs, électriciens, ingénieurs électroniciens, ingénieurs mécaniciens, ingé-nieurs métallurgistes, ingénieurs chimistes, ingénieurs des mines, ingénieursagronomes, et ingénieurs conseils.

Les spécialités qui connaîtraient une croissance non négligeable concerne-ront les ingénieurs civils, les ingénieurs mécaniciens, les ingénieurs-conseils etles ingénieurs électriciens et électroniciens.

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TABLEAU 20

CREATION D’EMPLOIS D’INGENIEURSMILIEU URBAIN

SPECIALITE 1993 1995 2000 2005

Ingénieurs Civils 180 200 230 260Ingénieurs Mécaniciens 160 180 210 230Ingénieurs Electricienset électroniciens 170 190 220 240Ingénieurs-Conseils 110 120 140 160Ingénieurs Chimistes 90 100 110 130Ingénieurs Mines 40 45 50 60Ingénieurs Agronomes 50 60 70 80Autres 60 45 80 70

Ensemble 860 940 1110 1230Résultats des projections effectuées par le CNJA

Il convient de noter que les débouchés de l’ingénierie traditionnelle ouconventionnelle resteront très limités, tant qu’on aura pas jeté des bases del’ingénierie de pointe pour maîtriser le développement technologique et pro-mouvoir les grandes unités industrielles. Pour des raisons évidentes, ce typed’ingénierie ne créera pas de besoins élevés avant longtemps. Néanmoins cer-tains créneaux sont très demandeurs d’ingénieurs actuellement, comme l’infor-matique et l’électronique.

Aussi est-il hautement recommandé de se pencher sur l’étude des possi-bilités de développement de l’ingénierie de l’électronique, télécommande ettélécommunication, de l’ingénierie informatique, de l’ingénierie nucléaire,l’ingénierie des énergies renouvelables et de la bio-ingénierie, de l’ingénierienavale et maritime.

3)- Les professions médicalesGlobalement, les effectifs du personnel médical ont connu une progres-

sion rapide, au taux annuel moyen de 13,5% au cours de la période. En 1991,le nombre de médecins a atteint près de 6000, soit un accroissement annuel

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moyen de 11,7%. Toutefois, malgré cette croissance relativement importante,la part du personnel médical dans les professions scientifiques et techniquesest restée stable au niveau de 14%.

Le rythme d’accroissement que connaîtra à l’avenir l’effectif des cadresmédicaux est lié à l’évolution des besoins de la population, aux revenus desménages et aux moyens financiers qui seront consentis au secteur de la santé.

Selon les approches normatives, les besoins potentiels évalués sur la based’un encadrement minimal d’un médecin pour 3000 habitants (la moyennenationale est actuellement de 4200 habitants par médecin), s’établiraient à3880 médecins entre 1990 et l’an 2000, soit une augmentation annuelle de390 médecins. Mais pour assurer une densité médicale compatible avec l’évo-lution des besoins de la population, celle correspondant à la moyenne des paysà revenus intermédiaires, soit 2500 habitants par médecin, il faudrait environ900 médecins supplémentaires par an.

Toutefois, considérant la nécessité d’une répartition régionale plus équili-brée des équipements et du personnel médical et paramédical, il nous a sembléraisonnable de réviser à la hausse les évaluations des besoins futurs auxquelles

ont abouti d’autres études 8 .

Le taux de spécialisation retenu comme base de projection est de 57%,taux qui pourrait baisser à long terme, avec la diversification des spécialitésmédicales et la prise de conscience accrue de la population concernant les pro-blèmes de santé.

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8 Il s’agit notamment de l’étude sur le “Financement du secteur de la santé”réalisée par le Ministère de la Santé Publique et de celle du Ministère du Plan,portant sur l’offre d’emploi par profession.

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TABLEAU 21

EVOLUTION DU NOMBRE DE MEDECINS SUPPLEMENTAIRES PAR SPECIALITE

SPECIALITE 1993 1995 2000 2005

MÉDECINE GÉNÉRALE 380 420 475 540CHIRURGIE 45 50 58 64NEURO-PSYCHIATRIE 10 11 13 14RHUMATOLOGIE 5 5 6 9O.R.L. 20 22 26 28PEDIATRIE 28 30 36 39OPHTALMOLOGIE 22 24 28 30DERMATOLOGIE 5 5 6 7CARDIOLOGIE 15 16 19 21ANESTHESIOLOGIE 11 12 14 15ELECTRO -RADIOLOGIE 14 15 18 19BIOLOGIE 18 20 23 25STOMATOLOGIE 4 4 5 6GYNECOLOGIE 30 33 38 41PNEUMO-PHTISIOLOGIE 18 20 23 25ENDOCRINOLOGIE 2 2 3 3GASTROLOGIE 7 8 9 10TRAUMATO-ORTHOPEDIE5 5 6 7GYNECO-OBSTETRIQUE 19 20 23 26GASTRO-ENTEROLOGIE 6 7 8 9DERMATO -VENEROLOGIE6 7 8 9AUTRES SPECIALITES 10 14 15 17

TOTAL 680 740 860 940Résultats des projections effectuées par le CNJA

En se basant sur les tendances observées au cours de la décennie 80, lesspécialités qui prédomineraient sont la chirurgie, la gynécologie, la pédiatrie,l’ophtalmologie, l’O.R.L., la cardiologie et la biologie.

L’évolution quantitative que connaîtra le secteur de la santé devra se faireégalement vers une amélioration qualitative des prestations. Parmi les exi-gences de cette amélioration, il faut insister sur l’adaptation du profil de for-

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mation aux objectifs des diverses formations hospitalières. Pour ce faire, ilconvient de développer la formation continue et de mettre en place des pro-grammes de recherche médicale multidisciplinaire, en associant notamment lesingénieurs bio-médicaux.

4) - Les personnels enseignants et formateursCette catégorie de cadres regroupe l’ensemble des corps enseignants des

universités, des établissements d’enseignement supérieur, des établissementssecondaires et des établissements de formation professionnelle.

Pour faire face à l’expansion des effectifs d’élèves, il a fallu former etrecruter un grand nombre de personnel enseignant. Entre 1970 et 1980, laprogression moyenne d’enseignants a été très importante : de 23% par an pourles enseignants du secondaire et de 8,8% pour ceux du primaire. Au niveau del’enseignement supérieur universitaire, on a enregistré au cours de cette pério-de une augmentation relativement importante du nombre d’enseignants por-tant l’effectif global à 5.865, soit un taux d’accroissement de 4,1%.

Au niveau de la formation professionnelle, le développement et le perfec-tionnement du corps des formateurs a constitué l’un des principaux objectifsde la réforme de 1984 visant à améliorer la qualité de la formation.

Concernant les perspectives d’avenir, l’évolution des besoins des diversescatégories d’enseignants dépendra principalement des objectifs quantitatifs etqualitatifs qui seront assignés au secteur de l’éducation, notamment pour cequi est de la croissance future des effectifs d’élèves et d’étudiants, de l’amélio-ration du niveau d’encadrement, et des moyens financiers qui seront consentisà ce secteur. En particulier, le développement rapide de l’enseignement fonda-mental entraînera un accroissement corrélatif des besoins en enseignants et for-mateurs.

En se situant dans la perspective d’une évolution tendancielle du systèmeéducatif, les créations de postes d’emploi pour les enseignants qui exercaientdans les secteurs publics et privé en milieu urbain se chiffraient en moyenneannuelle à près de 8.700 entre 1993 et l’an 2000. Avec la promulgation de laloi sur l’encouragement de l’investissement de l’enseignement et de la forma-tion, les besoins de recrutement des enseignants pourraient croître davantage,et ce à tous les niveaux d’enseignement.

En se basant sur les recrutements des cadres enseignants durant la décen-nie 80, des projections tendancielles ont été effectuées, à titre purement indi-catif, pour avoir une idée sur l’évolution et la structure des spécialisations par

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matière des effectifs des corps enseignant du 2° cycle fondamental et secondai-re public. Selon cette hypothèse, le nombre d’enseignants supplémentairescroîtrait en moyenne annuelle de 3.700 en 1995 à 4.200 en l’an 2005.

TABLEAU 22 EVOLUTION DU NOMBRE D’ENSEIGNANTS

SUPPLEMENTAIRES PAR DISCIPLINE2° CYCLE DE L’ENSEIGNEMENT FONDAMENTAL

ET SECONDAIRE PUBLIC EN MILIEU URBAIN

DISCIPLINE 1995 2000 2005

ARABE 590 610 670HISTOIRE GEOGRAPHIE 350 370 400PHILOSOPHIE 60 60 69FRANCAIS 610 650 700ANGLAIS 135 143 154ESPAGNOL 30 40 50ALLEMAND 5 5 5INSTITUTIONS ISLAMIQUES 222 234 252MATHEMATIQUES 630 660 720PHYSIQUE-CHIMIE 278 292 315SCIENCES NATURELLES 330 350 380ECONOMIE 7 8 9TECHNIQUE INDUSTRIELLE 33 35 38TECHNIQUE COMMERCIALE 15 20 25DESSIN 34 38 40MUSIQUE - - -TECHNOLOGIE 50 60 70CULTURE FEMININE 20 22 24EDUCATION PHYSIQUE 278 292 315INFORMATIQUE 12 14 20AUTRES - -

TOTAL 3700 3900 4200Résultats des projections effectuées par le CNJA

(*) Concernant le personnel enseignant de l’enseignement secondaire, on a fourni à titreindicatif, les projections des effectifs additionnels par matières.

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5) - Les professions juridiquesLes professions juridiques sont composées des avocats, des procureurs, des

juges, des conseillers juridiques, des notaires, des avoués, des conseillers fis-caux, des greffiers, des huissiers, et cadres des services du contentieux. Ces pro-fessions s’exercent soit dans le cadre de la fonction publique, soit à titre indivi-duel ou en groupes, les débouchés étant différents selon le domaine de spéciali-sation et la branche d’activité. En général, les avocats, les notaires, les avoués etles conseillers juridiques et fiscaux exercent dans les services, les autres profes-sions sont concentrées dans l’Administration.

Entre 1971 et 1982, les effectifs de ces professions ont crû au taux annuelmoyen de 11,3%. Conformément à ces tendances, les effectifs augmenteraienten moyenne de 1240 emplois par an entre 1993 et 2005. Cette augmentationconcernera aussi bien les emplois traditionnels (avocats, notaires, magistrats)que les nouvelles professions de conseil juridique et de contentieux auprès desparticuliers ou dans les entreprises.

6) - Les professions de l’informationet de la communicationCette catégorie de cadres regroupe tous ceux qui interviennent dans l’éla-

boration et la diffusion de l’information, tels que les journalistes rédacteurs, lesreporters photographes, les attachés de presse, les journalistes spécialisés, lessecrétaires de rédaction et d’édition, et les spécialistes de la publicité. Les pro-fessionnels du journalisme sont concentrés dans la presse, et ceux de la publici-té dans les services.

Les perspectives d’emploi, qui apparaissent relativement limitées àmoyen terme, évolueront favorablement à long terme en fonction du dévelop-pement des activités d’édition et des mass-médias et de l’élévation du niveauculturel de la population.

B - LES CADRES INTERMEDIAIRESLe rôle que joue cette catégorie de cadres dans le développement écono-

mique et social a pris une telle importance qu’elle figure désormais en bonne

place dans les nomenclatures des professions9 de la plupart des pays dévelop-pés. Remarquons que l’appellation de “cadres moyens” adoptée dans la nomen-clature nationale ne traduit pas tout à fait le contenu réel des emplois occupés

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9 La classification internationale type des professions vient de lui consacrer dansl’édition de 1988, révisée, une subdivision comportant 73 groupes de base.

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par cette catégorie de travailleurs. Ce sont plutôt des cadres intermédiaires,dont la position hiérarchique est située entre le personnel hautement qualifiéet les ouvriers et les employés qualifiés, assurant ainsi la liaison entre laconception et l’exécution. Deux questions se posent alors concernant leur placedans les systèmes d’emploi et de formation :

- Occupent-ils des fonctions spécifiques ?

- Les emplois auxquels ils accèdent peuvent-ils être alimentés par les filières de for-mation ?

Les analyses de postes d’emploi montrent qu’il s’agit d’une catégorie plu-tôt fonctionnelle que professionnellement spécialisée, dont les responsabilitéset les fonctions dépendent bien entendu de la situation propre aux diversesentreprises.

La classification des emplois de l’étude EFE a distingué au sein de cettecatégorie les techniciens supérieurs et les techniciens moyens, qui représen-taient en 1984-85, respectivement 3,8% et 8,1% des effectifs permanents(hors dirigeants) du secteur moderne, soit un taux d’encadrement de 2,5 tech-niciens moyens pur un technicien supérieur et de 4 ouvriers qualifiés pour untechnicien. La part des cadres intermédiaires varie d’un secteur à l’autre, les

proportions 10 les plus élevées ayant été observées dans les services (23,8 %),les mines (16,5 %) et l’industrie (8,3 %).

Les cadres intermédiaires constituent une catégorie d’actifs hétérogène dupoint de vue des niveaux de formation et des itinéraires professionnels. Eneffet, l’analyse de l’origine scolaire des travailleurs révèle que la moitié de cescadres avaient en 1989 le niveau du second cycle. Une partie d’entre eux seraitd’anciens diplômés des lycées techniques et des centres de formation profes-sionnelle.

Les cadres diplômés dont la formation correspond à celle des cadres inter-médiaires représentent actuellement 3,6% de l’emploi, proportion qui pourraitplus que doubler en l’an 2005. Les prévisions tablent sur un volume de créa-tion d’emplois en milieu urbain de l’ordre de 12.000 postes entre 1992 et1995 et de 18.300 postes entre 1996 et l’an 2005.

Considérant l’évolution des besoins potentiels de l’économie durant lesannées à venir, l’effectif des cadres intermédiaires devrait progresser plus rapi-dement que par le passé. Le tableau ci-après présente la répartition, par secteurd’activité, des créations d’emplois réservés aux cadres intermédiaires. Notonstout d’abord que le nombre des créations d’emplois augmentera sensiblement

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10 A noter que le niveau élevé de ces pourcentages s’explique en partie parl’inclusion des enseignants du 2ème cycle dans cette catégorie.

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d’une année à l’autre. Les accroissements les plus élevés s’effectueront dansl’Administration et l’industrie, qui, ensemble, représenteront plus de la moitiédu total des créations d’emplois projetées, suivis du BTP, du commerce (envi-ron 17 % chacun) et des services ; le reste étant réparti entre les pêches, lestransports et les autres secteurs.

TABLEAU 23 EVOLUTION DES CREATIONS D’EMPLOIS

POUR LES CADRES INTERMEDIAIRES

SECTEUR D’ACTIVITE1993 1995 2000 2005

INDUSTRIE 2 930 3 280 3 930 4 860BTP 1 650 1 770 2 350 3 250COMMERCE 1 810 2 120 2 550 3 250TRANSPORT 150 160 170 200SERVICES 1 660 1 780 1 920 2 030ADMINISTRATION 2 930 2 880 4 330 5 220PECHES ET AUTRES 210 240 280 530

ENSEMBLE 11 340 12 230 15 530 19 340Résultats des projections effectuées par le CNJA

Eu égard à l’importance de la progression des effectifs et de la placequ’occuperont les cadres intermédiaires dans l’économie, il est recommandéd’initier des formations intermédiaires professionnalisées avec des cycles decourte durée. Ces formations permettraient, à brève échéance, de “récupérer”les étudiants qui abandonnent leurs études et de leur assurer une formationqualifiante, et, à long terme, de mieux réguler la production des diplômés del’enseignement supérieur en fonction des besoins de l’économie.

Les besoins globaux étant évalués par secteur d’activité, il convient main-tenant de les affiner selon les principales catégories professionnelles suivantes:

• Les cadres paramédicaux• Les professions des services sociaux• Les techniciens des sciences physiques et technologiques• Les techniciens de l’art

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1) - Les cadres paramédicauxLes professions intermédiaires de la santé comprennent les assistants

médicaux, les spécialistes de la nutrition, les assistants pharmaciens les prépa-rateurs en pharmacie, et les techniciens de radiologie.

Comme pour le personnel médical, les perspectives d’emploi dans cesprofessions sont liées à l’évolution des besoins de la population, à l’améliora-tion des revenus des ménages et aux possibilités de recrutement dans le secteurde la santé publique.

Selon les prévisions tendancielles, les possibilités d’emploi se présententcomme ci-après :

TABLEAU 24

CREATION D’EMPLOISDANS LES PROFESSIONS PARAMEDICALES

CATEGORIE DE PERSONNELS1993 1995 2000 2005

Personnel paramédical

. Adjoints de santé brevetés1 410 1 520 1 760 1 870

. Infirmiers diplômés d’Etat 550 590 680 730

. Techniciens de radiologie 47 50 60 62

. Anesthésistes 38 41 47 51

. Techniciens de laboratoire 40 43 50 53

. Préparateurs de pharmacie25 27 28 34

. Obstétrique 17 20 25 30

. Techniciens en hygiène du milieu 18 20 2428. Autres 75 76 76 47

Professionnels de l’appareillage

. Prothésistes dentaires 30 35 40 50

. Opticiens lunetiers 20 24 30 45

. Autres spécialistes 10 14 20 30

ENSEMBLE 2 280 2 460 2 840 3 030Résultats des projections effectuées par le CNJA

Les professionnels de l’appareillage comprennent principalement des

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opticiens lunetiers, des prothésistes (dentaires et orthésistes) et des podo-orthé-sistes. En dépit de leur faiblesse numérique, ces professionnels constituent desauxiliaires indispensables des médecins, leurs possibilités d’emploi étant géné-ralement liées à l’évolution de la demande médicale.

2) - Les professions des services sociauxLes cadres des services sociaux organisent et surveillent les activités

sociales, récréative et éducative, dans des centres socio-éducatifs, et aident lespersonnes handicapées ou en difficulté à améliorer leur faculté d’intégrationsociale.

Ce groupe rassemble des professions diversifiées, notamment les assis-tants sociaux et les conseillers du travail, les animateurs socio-culturels, lesmoniteurs éducateurs, les conseillers scolaires. Les informations disponibles nepermettent pas d’individualiser ces métiers pour donner des indications chif-frées sur les possibilités d’emploi. Toutefois, en prévision de l’élévation duniveau culturel de la population, on s’attend à ce que ces professions connais-sent une évolution favorable.

3) - Les techniciens des sciences physiques ettechniquesCe groupe de techniciens accomplit des travaux de caractère technique,

liés à la recherche et à la mise au point des applications industrielles, notam-ment dans les domaines de la physique, de la chimie, de la géologie, de la géo-physique, et du génie civil.

Font partie de cette catégorie de personnel les techniciens du géniecivil, les techniciens électriciens et électroniciens, les techniciens en construc-tion mécanique, les techniciens en chimie industrielle, les techniciens demétallurgie, et les dessinateurs industriels.

L’analyse du niveau scolaire des effectifs dans les différentes branches desIndustries Mécaniques, Métallurgiques et Electroniques, a permis d’identifierles emplois types auxquels accèdent les techniciens. On trouve ainsi des tech-niciens en fabrication métallique ou mécanique, des techniciens de chaudron-nerie, des techniciens en topographie, des techniciens d’ordonnancement, destechniciens de méthodes industrielles, d’étude, d’essais et de contrôle méca-niques.

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TABLEAU 25

CREATION D’EMPLOIS POUR LES TECHNICIENSDES SCIENCES PHYSIQUES ET TECHNIQUES

CATEGORIEDE TECHNICIENS 1993 1995 2000 2005

Dessinateurs industriels 790 880 1 150 1 320

Techniciens électricienset électroniciens 490 550 725 830

Techniciens enconstruction mécanique 130 150 190 220

Techniciens enchimie industrielle 70 80 100 120

Techniciens métallurgistes80 90 100 140

Techniciens topographeset géomètres 350 380 250 290

Techniciens de génie civil230 250 350 370

ENSEMBLE 2 140 2 380 2 860 3 290

Résultats des projections effectuées par le CNJA

Le développement de l’agriculture nécessitera des techniciens dans lesdomaines les plus variés : gestion de l’exploitation technique de culture etd’élevage, commercialisation, et transformation des produits agricoles. Il estdifficile d’évaluer les besoins dans ce domaine, mais il est utile de mentionnercertaines spécialités qui pourraient faire l’objet de plus amples investigations:techniciens en production de semences, en laboratoire agricole, en arboricultu-re fruitière et en viticulture, en horticulture, en production forestière, en pro-tection des cultures, en protection de la nature, en laiterie, en commercialisa-tion des produits agricoles, en machinisme agricole.

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4) - Les techniciens de l’artCette catégorie de cadres rassemble les dessinateurs d’arts appliqués à la

production et à la publicité, les peintres et les portraitistes, les dessinateurscaricaturistes et de dessins animés, les dessinateurs publicitaires, les maquet-tistes d’affiches, les dessinateurs en tissus, les modélistes en vêtement (de cos-tumes de théâtre), les décorateurs, les photographes portraitistes.

Entre 1971 et 1982, le nombre des techniciens de l’art a enregistré uneforte augmentation de près de 161,7% soit un taux annuel moyen de 14,7%.Les créations d’emplois s’éleveraient en moyenne à 600 par an entre 1993 et2000 et à 700 par an entre 2000 et 2005.

C - LES EMPLOIS QUALIFIES (DIPLOMÉS CQP ET CAP)

Malgré leur faiblesse numérique par rapport à l’emploi total en milieuurbain, les métiers correspondant aux emplois qualifiés jouent un rôle impor-tant dans les différentes activités économiques.

En dépit des efforts déployés pour la diversification des filières de forma-tion correspondant à cette catégorie de diplômés, la pénétration de celle-cidans les secteurs reste encore très limitée. Cette situation a été mise en éviden-ce par l’étude EFE qui a révélé que la proportion des salariés du secteur moder-ne ayant reçu une formation de niveau CAP et CQP, ne dépassait guère 5%.Elle a relevé également l’existence d’une “sous-qualification” des voies d’accèsaux emplois correspondant au niveau “qualification”, puisque 47% des salariésclassés dans ce niveau n’avaient reçu aucune formation, alors que la proportionde ceux possédant ces deux types de diplômes ne dépassait guère 6%.

Ces indications donnent à penser que les qualifications professionnelles ettechniques correspondant à ce niveau de formation avaient été principalementacquises sur le tas et, dans une moindre mesure, par des cours de perfectionne-ment (formation non “diplômante”).

L’amélioration du niveau de qualification des travailleurs est certes recon-nue comme l’un des facteurs déterminant de l’accroissement de la productivité.Mais les pratiques d’embauche et le faible niveau de renouvellement de lamain-d’oeuvre semblent peser lourdement sur les possibilités d’emploi desmétiers correspondant au niveau qualifié de la formation professionnelle.

Le volume de créations d’emplois qui intéresseront les diplômés de for-

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mation CQP et CAP, atteindrait en moyenne annuelle 8.500 postes entre 1993et 2000 et 11.600 postes entre 2000 et l’an 2005, dont une large proportion(45%) seront générées par les secteurs industriel et artisanal, suivi du BTP (23%), des services (23%), du commerce (4 %) ; la contribution des autres sec-teurs étant relativement faible.

TABLEAU 26 CREATIONS D’EMPLOIS POUR LES DIPLOMES

CQP ET CAP EN MILIEU URBAIN

SECTEUR 1993 1995 2000 2005

INDUSTRIE 3 500 3 760 4 490 5 140BTP 1 470 1 770 2 350 3 250COMMERCE 850 980 1 170 1 410TRANSPORTET COMMUNICATION 290 320 410 480SERVICES 1 800 1 960 2 290 2 600ADMINISTRATION 120 120 210 370PECHES ET AUTRES 80 90 100 110

TOTAL 8 110 9 000 9 920 13 360Résultats des projections effectuées par le CNJA

Les métiers correspondant au niveau qualification ont été classés suivantles douze grandes catégories professionnelles suivantes :

- les métiers des mines et des carrières - les métiers du bâtiment - les métiers du travail des métaux - les métiers d’électricien et d’électronicien- les métiers du travail du verre et de la céramique - les métiers de la chimie - les métiers du bois - les métiers de l’alimentation- les métiers de l’hôtellerie et de la restauration- les métiers du bureau et de secrétariat - les métiers des transports.Ces catégories professionnelles ont été subdivisées et différenciées selon la

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spécialisation dans le poste d’emploi et par rapport à la nature du travailaccompli.

1) - Les métiers des mines et des carrièresCette catégorie de métiers regroupe les mineurs, les boutefeux, les terras-

siers, les carriers, les ouvriers du traitement des minerais et des pierres, lespaveurs, les ardoisiers, marbriers, les tailleurs graveurs de pierres, les sondeurset foreurs de puits.

Entre 1971 et 1982, les effectifs de ce groupe de métiers ont connu glo-balement un accroissement inférieur à la moyenne nationale, de près de 6% ;leur part dans les effectifs d’ouvriers et manoeuvres non agricoles a diminué,passant de 1,8 à 1,3%. Au niveau des sous-groupes professionnels, l’évolutionde l’emploi se caractérise par un accroissement des mineurs (8,2%) et carriers(8,2). On prévoit une augmentation annuelle moyenne de leurs effectifs de prèsde 2000 entre 1992 et 2005.

TABLEAU 27

CREATION D’EMPLOIS DANS LES METIERSDES MINES ET DES CARRIERES

CATEGORIES 1993 1995 2000 2005

. Mineurs 1 200 1 320 1 560 1 840

. Carriers 160 180 210 250

. Traiteurs de mineraiset de pierres 170 190 220 260. Foreurs de puits 180 190 240 280

TOTAL 1 710 1 880 2 230 2 630Résultats des projections effectuées par le CNJA

2) - Les métiers du bâtimentDans les métiers du BTP, on distingue en général les métiers du gros-

oeuvre et ceux du second oeuvre. Les premiers regroupent essentiellement lesmaçons, les coffreurs, les briquetiers, les carreleurs, les monteurs de préfabri-qué,les plâtriers, et les poseurs de revêtements de sol. Le second groupe demétiers réunit d’une part, les plombiers, les installateurs du sanitaire, de l’eau,

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du chauffage, de la climatisation et des ascenseurs, et de l’autre, les peintres,les laqueurs, les vernisseurs, les modeleurs et les mouleurs.

En 1982, les métiers du bâtiment en milieu urbain représentaient165.000 personnes, soit 7,3% de la population active. Entre 1971 et 1982,l’effectif de ces métiers s’est accru au taux annuel moyen de 12,6%.

Les métiers du gros oeuvre prédominent puisqu’ils représentent 81,4% etsont constitués en majorité de maçons (88,6 %). Concernant les métiers dusecond oeuvre, les ouvriers de la couverture et de la plomberie et assimilés,sont plus nombreux que ceux de la peinture et de la décoration.

Les métiers du bâtiment sont concentrés dans la branche du BTP ; lereste étant dispersé entre les autres secteurs. Parmi les emplois du gros-oeuvre,on estime que le tiers des métiers du travail des pierres sont exercés dans lesecteur du bâtiment, les deux tiers dans la branche des matériaux de construc-tion.

TABLEAU 28

CREATION D’EMPLOIS DANS LES METIERS DU BTP

CATEGORIE DE METIERS 1993 1995 2000 2005

1. Métiers du gros oeuvre8000 8810 9950 11220. Maçons et assimilés 6000 6600 7400 8300. Ouvriers du travaildu béton armé 630 700 840 100. Briqueteurs, carreleurs 760 850 960 1100. Plâtriers et assimilés 610 660 750 8202. Métiers du secondoeuvre 2700 2910 3290 3530. Poseurs de revêtementsde sol 750 830 930 1030. Couvreurs 760 850 960 1000. Peintres en bâtiment 750 760 810 860. Autres 440 470 590 640

TOTAL 10700 11720 13240 14750Résultats des projections effectuées par le CNJA

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Le nombre des créations d’emplois dans les métiers du bâtiment et destravaux publics croîtrait de près de 12000 entre 1993 et l’an 2000 et de14.000 entre 2000 et 2005. Les métiers du gros-oeuvre représenteraient 75%de ces créations d’emplois, les maçons 56%, les autres métiers connaîtraientdes augmentations moyennes variant entre 600 et 1000 emplois par an de1993 à l’an 2005.

3) - Les métiers du travail des métaux

a. Les métiers du façonnage des métaux

Les métiers du façonnage et de l’usinage des métaux regroupent les forge-rons, les outilleurs, les conducteurs de machines à outils, les conducteursd’appareils à surfacer, les serruriers, les conducteurs de presse mécanique.L’ensemble des ouvriers exerçant ces métiers en milieu urbain représentait en1982 près de 2% des métiers industriels, et avait cru à un taux annuel moyende 10% par rapport à 1971.

Malgré la baisse enregistrée entre 1971 et 1982, les emplois de la forgerestent prédominants, leur part dans l’effectif des métiers du façonnage desmétaux ayant passé de 65 à 59%. En revanche, les emplois qualifiés desoutilleurs, des régleurs-conducteurs de machines-outils et les affûteurs etpolisseurs, ont connu un accroissement moyen de 55% par an pendant cettepériode .

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TABLEAU 29 CREATION D’EMPLOIS DANS LES METIERS

DU TRAVAIL DES METAUX

CATEGORIE DE METIERS 1993 1995 2000 2005. Fondeurs et lamineurs 90 100 110 130. Couleurs et mouleursde sables 40 50 60 70. Tréfileurs et galvaniseurs80 90 100 120. Dresseurs, décapeurs 80 90 100 120. Forgerons 170 180 190 200. Outilleurs, conducteursde machines-outils 290 300 310 330. Serruriers, conducteursde presse mécanique. 330 350 390 420TOTAL 1 080 1 160 1 260 1 390

Résultats des projections effectuées par le CNJA

b. Les métiers de la soudure et de la plomberie

Font partie de ces métiers, les soudeurs et oxycoupeurs, les tôliers-chau-dronniers, tôliers en carrosserie, les monteurs de charpentes et de structuresmétalliques, et les plombiers et tuyauteurs.

Les effectifs de ce groupe de métiers ont enregistré un taux d’accroisse-ment des plus élevés, de près de 20% par an entre 1971 et 1982. Le groupedes plombiers, soudeurs et tôliers-chaudronniers ont fortement augmenté.

TABLEAU 30 CREATION D’EMPLOIS DANS LES METIERSDE PLOMBERIE ET DE CHAUDRONNERIE

CATEGORIE DE METIERS 1993 1995 2000 2005. Plombiers et tuyauteurs 770 820 910 990. Soudeurs 930 980 1070 1100. Tôliers-chaudronniers,monteurs de charpentiers 430 460 510 540TOTAL 2 130 2 260 2 490 2 630

Résultats des projections effectuées par le CNJA

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4) - Les métiers de l’imprimerieConcentrés dans la branche des industries polygraphiques et de la presse-

édition, les métiers de l’imprimerie réunissent les ouvriers qualifiés de la pho-tographie, de la photogravure, de la typographie, des conducteurs de machinesà imprimer, et des ouvriers de la reliure.

Pour bien situer ces métiers, il est utile de rappeler le processus de fabri-cation d’un imprimé qui comporte les phases suivantes :

• conception de la maquette et préparation de la copie

• composition des textes

• reproduction des illustrations

• mise en page et composition

• préparation de la forme imprimante

• impression

• façonnage

Bien que le poids de ces métiers dans les emplois de type industriel soitfaible, l’évolution fait apparaître une croissance remarquable des effectifs autaux annuel moyen de 13 %.

Exercés en général dans les mêmes ateliers, les emplois de la photogra-phie et de la photogravure représentent une faible proportion (3 % au niveaunational, comparé au tiers dans les pays développés). Les métiers de la photo-graphie qui comprennent notamment les civilistes, les chromistes, et lesessayeurs, ont le pourcentage le plus faible, (environ 17 % dans les pays déve-loppés). En ce qui concerne les métiers de la photogravure, ils regroupent lescopistes graveurs, les assistants graveurs qui, par expérience, deviennent gra-veurs seconds, puis graveurs, et des retoucheurs sur cylindre.

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TABLEAU 31

CREATION D’EMPLOIS DANS LES METIERSDE L’IMPRIMERIE

TYPE DE METIERS 1993 1995 2000

. Typographes 100 110 120

. Conducteurs demachines à imprimer 190 200 230. Photograveurs 50 60 70. Relieurs et autres 30 30 30

ENSEMBLE 370 400 450Résultats des projections effectuées par le CNJA

Au niveau des métiers de la typographie, qui représentent un pourcenta-ge élevé (25 %) des emplois de la composition et de l’impression, la photo-composition dans l’impression à grands tirages est appelée à prendre uneimportance grandissante. Des métiers nouveaux s’imposeront, comme les cla-vistes monotypes et les lumitypes (composition machine). Les effectifs descompositeurs typographiques et des conducteurs de machine à imprimer(conducteurs de machine typo, conducteurs de machine offset, et conducteurde machine hélio) connaîtront également une progression importante. Ainsi,avec l’application de l’informatique à la pré-presse, on assistera au développe-ment de la publication assistée par ordinateur. En revanche, les métiers de la

reliure et de la brochure, qui sont relativement peu nombreux 11 ne connaî-traient pas une évolution significative.

5) - Les métiers de l’alimentationFont partie de ce groupe des métiers, ceux qui concourent à la prépara-

tion et à la transformation des produits agricoles et alimentaires. Ils regrou-pent notamment les conducteurs de machines pour la préparation des viandeset du poisson, la fabrication des produits laitiers, du pain et des pâtisseries, letraitement des fruits et légumes, la production du sucre, du thé et du café (lescuisiniers sont classés dans les métiers de la restauration).

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11 Ils sont cependant diversifiés, réunissant brocheurs, endosseurs, massicotiers,rogneurs et conducteurs de machine à plier ou encarter.

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Les métiers de l’alimentation et des boissons, qui représentaient en 1982,9% de l’effectif des ouvriers de l’industrie, ont cru à un taux annuel moyen de8%. La répartition selon les branches d’activité fait apparaître une concentra-tion assez marquée de ces métiers dans les industries agro-alimentaires et, dansune moindre mesure, dans le commerce et les services.

L’emploi dans ce groupe de métiers est lié en grande partie à la croissancedu niveau de consommation de la population et des exportations des produitsagro-industriels. Conformément à l’évolution tendancielle de l’emploi dans cesecteur, les effectifs connaîtraient une augmentation importante, de l’ordre de11.500 travailleurs en moyenne annuelle au cours de la décennie.

TABLEAU 32

CREATION D’EMPLOIS DANS LES METIERSDE L’ALIMENTATION

GROUPES DE METIERS 1993 1995 2000 2005

. Meuniers 600 660 790 940

. Cuiseurs et ouvriers de la conserve 1 250 1 330 1 5701 860. Bouchers, poissonniers 2 450 2 650 3 140 3 720.Boulangers,pâtissiers, confiseurs 3 420 3 760 4 4505 270. Travailleurs des produits laitiers 200 550 9201 090. Ouvriers préparateurs des boissons 350 380 450540Autres métiers 1 800 1730 1 670 2 080

ENSEMBLE 10 070 11 06013 09015 500Résultats des projections effectuées par le CNJA

On ne prévoit pas de changements significatifs de la composition profes-sionnelle des emplois de l’alimentation. Les métiers pour lesquels on prévoitun nombre élevé de créations d’emplois sont les boulangers et pâtissiers (35%),les bouchers (24 %) suivis des cuiseurs et ouvriers de la conserve (12 %), destravailleurs des produits laitiers (7 %) et des meuniers (3,4 %).

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6) - Les métiers du tissuOn distingue trois groupes de spécialités professionnelles qui intervien-

nent dans la production et la transformation des tissus : les métiers dutextile,les métiers de l’habillement, et les métiers de la tapisserie.

Les métiers du textile, qui sont nombreux et diversifiés, se retrouvent àdifférents niveaux du processus de préparation des fibres et de tissage. Fontpartie de cette catégorie de métiers les banbrocheurs, les étireurs et peigneurs,les conducteurs de machines de peignage et de fibres textiles, les fileurs, lesbobineurs, les régleurs de métiers à tisser et à tricoter, les tisserands, et les tri-coteurs.

TABLEAU 33

CREATION D’EMPLOIS DANS LES METIERSDU TEXTILE

METIERS DU TEXTILE 1993 1995 2000 2005

. Préparateurs de fibres 170 190 220 260

. Fileurs et bobineurs 2 450 2 700 3 180 3 750

. Régleurs de machines à tisser670 740 870 1 030

. Tisserands 4 010 4 400 5 210 6 140

. Tricoteurs 550 600 710 840

. Blanchisseurs 410 450 530 630

. Passementiers 390 420 520 600

ENSEMBLE 8 650 9 500 11 240 13 250Résultats des projections effectuées par le CNJA

Le nombre de travailleurs qui exercaient ces métiers en 1982 représentait3,5% de la population active ; par rapport à 1971, il a cru à un taux annuelmoyen de 9,6%. Concernant les perspectives d’avenir, le nombre de créationsd’emplois s’éleverait environ 10.000 en moyenne annuelle entre 1992 et l’an2000. Ces besoins d’emploi se répartissent entre 46% pour les tisserands, 28% pour les fileurs et bobineurs, 7,7% les régleurs de métiers à tisser et à trico-ter, 6,4% pour les tricoteurs et ouvriers de la bonneterie.

Les métiers de l’habillement sont constitués des patronniers et coupeurs

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de textile, des tailleurs, des couturiers, des couseurs et brodeurs et de tapis-siers. Ils sont concentrés dans l’industrie de l’habillement, et du textile, et seretrouvent également dans le commerce (magasins de prêt-à-porter) et dans lesservices (ouvriers de repassage).

L’évolution intercensitaire fait apparaître une croissance très importantedes métiers de l’habillement, au taux annuel moyen de 30 pour cent, portantleur part par rapport à la population active de 4,8 pour cent en 1971 à 10 pourcent en 1982.

TABLEAU 34

CREATION D’EMPLOIS DANS LES METIERSDE L’HABILLEMENT

METIERS DE L’HABILLEMENT 1993 1995 2000 2005

. Tailleurs modernes pour hommes 1 740 1 910 2 2602 670. Tailleurs modernes pour femmes1 5701 730 2 050 2 410. Couturiers traditionnels pour hommes1 1101 220 1 4401 700. Couturiers traditionnels pour femmes4 360 4 760 5 2306 980. Couseurs et brodeurs 4 250 4 640 5 780 6 800. Tapissiers 1 280 1 400 1 660 1 960. Autres 2 610 2 870 3 400 4 000

ENSEMBLE 16 920 18 53021 82026490

Résultats des projections effectuées par le CNJA

Les métiers de l’habillement connaîtraient un accroissement élevé, deprès de 18.000 par an pendant la décennie 90 à 23.000 entre 2000 et 2005.Les métiers qui prédomineront sont les couseurs, les brodeurs et les couturierstraditionnels pour femmes, suivis des tailleurs pour hommes, des tailleurs pourfemmes et des tapissiers.

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E - LES EMPLOIS NON QUALIFIES

Les emplois non qualifiés comportent des tâches simples et routinières, etexigent pour la plupart un effort physique considérable. Ils sont exercés par lesmanoeuvres de l’agriculture, de la pêche, des mines, du bâtiment et des tra-vaux publics, des transports, de certaines industries manufacturières, et par lesemployés non qualifiés des services et de la vente.

Ces emplois sont occupés en grande partie par les personnes n’ayant paspu achever leurs études primaires. Le niveau de qualification de ces emploispourrait s’améliorer avec l’institution de l’enseignement fondamental et laréduction de l’analphabétisme. Toutefois cette amélioration s’effectuera lente-ment en raison de la proportion encore élevée des actifs n’ayant suivi ni ensei-gnement ni formation.

IV - DIFFUSION DES TECHNOLOGIES DANSLES SECTEURS D’ACTIVITE ET LEURSIMPACTS SUR LES STRUCTURES DESEMPLOIS

L’évaluation des besoins futurs de l’économie en main-d’oeuvre resteraitincomplète si elle n’est pas accompagnée d’une appréciation globale de la dif-fusion du progrès technique dans les secteurs d’activité, et de son impact surles structures des emplois.

Pour satisfaire à cette perspective ambitieuse, il est indispensable de dis-poser de données et d’analyses, tant quantitatives que qualitatives, à la foisdétaillées et précises. Toutefois, en l’absence de ces études, on s’est efforcé dedonner des indications sommaires sur les principales évolutions de la diffusiondes techniques dans les certains secteurs de l’économie nationale.

Avant de présenter le schéma d’ensemble de la diffusion du progrès tech-nique, il convient de rappeler brièvement la définition des concepts de “tech-nologie” et de “technique”. Une “technologie” correspond aux connaissancesde base utilisées dans la mise au point d’un matériel donné, alors qu’une “tech-nique” se réfère à une façon particulière de résoudre un problème spécifique.Ainsi, le changement technologique est plus fondamental et plus lent, etimplique en général des modifications techniques.

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Très schématiquement, les technologies susceptibles d’entraîner desmodifications profondes, peuvent être regroupées en trois grandes catégories :

. Les automatismes

. Les processus chimiques

. L’organisation

Le tableau ci-après met en évidence le schéma de diffusion à long termede ces technologies dans les secteurs d’activité, étant entendu que les indica-tions qu’y sont présentées sont purement qualitatives. On peut constater queles technologies des automatismes, qui relèvent notamment de l’électronique,de la mécanique, de l’hydraulique, se développeront dans les branches fabri-quant des produits en série. Le degré de pénétration de l’automatisation s’élè-vera avec l’augmentation de la taille de la série.

Les technologies de la chimie engendreront des percées considérablesdans les branches des produits de consommation, courante telle que l’agro-industrie, l’industrie pharmaceutique, les équipements ménagers, les textiles,et la cosmétique.

Les technologies de l’informatique sont en train de pénétrer la plupartdes secteurs d’activité et leur diffusion s’élargira davantage, dans la sphère dela production de la gestion , et dans les services. Comme on l’a signalé dans unsouci de rentabilité et d’efficacité, les techniques d’organisation des entrepriseset de la société se développeront davantage comme outils de management etd’administration.

Pour mieux illustrer l’impact de ces technologies, il est utile de les exa-miner pour certains secteurs d’activité.

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SCHEMA :

DIFFUSION DES TECHNOLOGIESDANS CERTAINS SECTEURS D’ACTIVITE

TECHNOLOGIES AUTOMATISMESSECTEURS Hydr. Elect. Méca. Inform. Chim. Phys. Organis.

Pneum. Electr.

METALLURGIE • • ••• •CONSTRUCTIONMECANIQUEET MONTAGE •• •• • •• •CHIMIE ET PARA-CHIMIE •• •• ••• •AGRO-INDUSTRIE •• •• ••• • ••PAPIERS,IMPRESSION •• •• • •BORS,AMEUBLEMENT • •• •TEXTILES • ••• •• ••CONFECTION •• •• •• •••CUIRS, ARTICLES EN CUIRS •• •• • ••B.T.P. • • • • •AGRICULTURE •• •SERVICES •• •

• : DIFFUSION LENTE

•• : DIFFUSION SIGNIFICATIVE

••• : DIFFUSION IMPORTANTE

Les innovations techniques qui présentent de l’intérêt pour l’industriechimique sont celles qui touchent la plupart des domaines d’activité. L’indus-trie chimique fera davantage appel aux dispositifs électroniques pour la sélec-tion et la combinaison des molécules, à la robotique industrielle pour la mani-pulation des agents nocifs, et à la biotechnologie pour le chômage et la repro-duction sélective.

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Si le niveau actuel des techniques de transformation du bois est plutôtfaible, elles évolueront à long terme, dans la mesure où elles intégreront lesprogrès considérables de la mécanique et de l’électronique, notamment dansles procédés de fabrication des sciages, et panneaux, (de fibres et de particules)et du mobilier.

Au niveau des industries du cuir, les nouvelles technologies se propagenten général lentement, mais pour mieux soutenir la concurrence, certainesentreprises seront amenées à introduire les changements techniques. Deux élé-ments majeurs auront des incidences importantes sur le processus de fabrica-tion, à savoir l’utilisation des matières synthétiques améliorées, et l’introduc-tion progressive des systèmes assistés par ordinateur (découpage automatisé)pour améliorer la productivité, les modèles, l’esthétique et le confort.

CONCLUSION

L’analyse des tendances de l’économie et de l’emploi a permis de mettreen relief les contraintes et les pesanteurs qui confèrent à leur évolution sonrythme et son profil.

Plusieurs enseignements majeurs peuvent être dégagés :

- Au niveau quantitatif, la croissance de l’emploi est soumise à une rigi-dité structurelle relative liée à la problématique globale de la promo-tion de la croissance économique (évolution du taux de croissance, répar-tition sectorielle de la croissance, maîtrise des déterminants de la crois-sance etc...

- Au niveau qualitatif, les emplois créés par l’économie présentent unprofil et une structure qui traduit une faible valorisation des res-sources humaines. (faiblesse de l’emploi qualifié dans les emplois créésannuellement, degré de sous-encadrement de l’entreprise etc...).

De ce fait, il semble que le défi de l’économie marocaine réside dans ladouble maîtrise de son rythme de croissance et de sa politique des ressourceshumaines qui passent principalement par la recherche conjointe d’unemeilleure articulation entre le système productif et le système éducatif.

La nécessité pour ce dernier de s’ouvrir et de s’adapter est une composan-te majeure de ce scénario visant l’atténuation des distorsions au niveau du mar-ché du travail entre les besoins en emplois de l’économie et les sortants du sys-tème éducatif.

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DEUXIEME PARTIE

LE SYSTEME EDUCATIF :DIAGNOSTIC, TENDANCES ET

PERSPECTIVES

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Aujourd’hui, plus que par le passé, toute politique active del’emploi est fortement tributaire de l’articulation entre l’éduca-tion et l’emploi.

La maîtrise relative de cette articulation s’avère donc une conditionessentielle en matière d’équilibres socio-économiques.

Pour pouvoir appréhender correctement l’articulation entre le SystèmeEducatif et le Système Productif, il est nécessaire d’effectuer un diagnosticprospectif de chaque système. Cette partie sera consacrée au diagnostic du Sys-tème Educatif dans ses principales composantes.

Quelle est l’hypothèse globale qui sous-tend ce diagnostic du systèmeéducatif ?

Quels sont les objectifs essentiels d’une telle réflexion ?

Quelles sont les sources documentaires utilisées ?

Ce sont là les questions méthodologiques importantes auxquelles il estnécessaire de répondre préalablement.

1- HYPOTHESE GLOBALE

Les travaux de réflexion et de concertation menés au sein du ConseilNational de la Jeunesse et de l’Avenir ont à chaque fois débouché implicite-ment ou explicitement sur la nécessaire maîtrise de l’articulation entre Systè-me Educatif et Système Productif.

Certes, la progression démographique, l’évolution technologique extrê-mement rapide, l’influence d’une multitude de variables externes au niveau duSystème Productif sont autant de facteurs explicatifs de la complexité de cettearticulation. Néanmoins, malgré cette complexité, la maîtrise de l’articulationentre Système Educatif et Système Productif est un enjeu fondamental tant surle plan économique que socio-politique.

Si le système éducatif doit continuellement tenter de s’adapter aux trans-formations du paysage économique et social, le système productif ne saurait, àson tour, évoluer vers un véritable management performant s’il n’intègre pointles progrès de la réflexion et de la science sécrétés par le système éducatif.

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Aussi une bonne articulation entre les deux systèmes suppose un disposi-tif permanent de concertation et de feed-back positif à différents niveaux.

Partant de cette hypothèse, la présente étude, tout en constituant le pro-longement des réflexions et analyses menées au sein du CNJA, adoptera unedémarche systémique prospective afin de dégager quantitativement et qualita-tivement les performances et les dysfonctionnements prévisibles au niveau decette articulation Système Educatif/Système Productif. Dans ce cadre ils’agit tout d’abord de présenter un diagnostic fonctionnel et prospectifdu système éducatif, compte tenu de ses différentes composantes.

2 - DELIMITATION DES OBJECTIFS

Les objectifs poursuivis dans cette étape, eu égard à la problématiquegénérale, sont les suivants :

• Cerner quantitativement et qualitativement le système éducatifdans ses principales composantes. Ce diagnostic est mené par rapportà la préoccupation principale, celle de l’emploi et donc de l’articulationentre les deux systèmes.

• Mener une approche prospective des différents sous-systèmes del’ensemble éducatif. Cette approche a consisté en l’élaboration descénarios d’évolution à partir de certaines hypothèses.

• Dégager les dysfonctionnements internes propres à chaque sous-système et envisager les voies d’une meilleure cohérence entre les diffé-rents sous-systèmes et formation ainsi que les bases d’une articulationplus performante entre le Système Educatif et le Système Productif.

3 - METHODOLOGIE D’APPROCHE DUSYSTEME EDUCATIF

Il s’agit de présenter l’approche des sous-systèmes qui composent le sys-tème éducatif.

Cette première étape vise à décrire l’organisation actuelle et projetée du systè-me éducatif, en vue d’identifier les liens entre les sous-systèmes qui le compo-sent et les changements qui y seront introduits durant les années à venir.

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A - LES COMPOSANTES DU SYSTEME EDUCATIF

L’ensemble éducatif a été considéré comme un système autonome, carac-térisé par des intrants (écoliers, élèves, étudiants, moyens humains, infrastruc-turels et financiers, programmes de formation etc...) et des extrants ou outputs( diplômés, abandons et exclus).

Le Système Educatif est lui-même composé de trois sous-systèmes auto-nomes et inter-dépendants entre eux :

- Le sous-système d’Enseignement Fondamental et Secondaire (EFS).

- Le sous-système d’Enseignement Supérieur (SES)

- Le sous-système d’Enseignement Professionnel ( S.E.P)

B - TENDANCES PASSÉES ET HORIZON DESPROJECTIONS

L’analyse quantitative des tendances passées et récentes des différentsparamètres des effectifs des flux des entrées et sorties du système éducatif seraréalisée selon les différents niveaux, cycles, types ou filières d’enseignement etde formation.

Pour faire cette analyse, un cadre d’évolution a été établi pour chaquesous-système, définissant notamment la classification des sorties, la nomencla-ture des filières d’enseignement et de formation, les méthodes de calculs detaux d’écoulement, des taux de transition, des taux de sorties.

En se basant sur l’évolution tendancielle dégagée précédemment, desprojections ont été effectuées à l’horizon 2000, compte tenu des changementsprévisibles.

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CHAPITRE ILE SYSTEME DE L’ENSEIGNEMENTFONDAMENTAL ET SECONDAIRE

Le sous-système de l’Enseignement Fondamental et Secondaire(EFS) constitue la base de la pyramide du système éducatif. Auplan des effectifs, il regroupe le nombre le plus important de la

population scolaire.

Au plan pédagogique et des apprentissages, il représente la période laplus cruciale : celle où les élèves reçoivent la scolarisation et la formation fon-damentales qui structurent les acquisitions de base, le savoir-faire et les modesd’être initiaux. C’est dire l’importance que revêt l’EFS dans la perspectived’une meilleure articulation avec le système productif, et dans la préparationdes apprenants à une meilleure insertion socio-professionnelle. On peut doncse demander dans quelle mesure la politique scolaire de l’enseignement fonda-mental et secondaire prend en compte cette dimension ? A quel moment elleanticipe sur la trajectoire scolaire des jeunes pour l’orientation dans ce sens ?Et enfin dans quelle mesure le système dote-t-il les clientèles des élèves et desparents de l’information nécessaire pour élaborer les stratégies de formation etd’insertion adéquates ?.

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I. LA REFORME DU SYSTEME EDUCATIF

L’enseignement de base institué en 1985 a été l’aboutissement de nom-breuses études effectuées par des experts nationaux.

Les objectifs principaux de cette réforme peuvent être résumés ainsi :

La structure de l’enseignement de base se compose de deux cycles :

• Un cycle élémentaire de six années d’études qui débouche soit sur laformation professionnelle soit sur le cycle moyen d’enseignement général.

• Un cycle moyen de trois années d’études avec un deuxième palierd’orientation menant à la formation professionnelle ou au cycle secondai-re littéraire, scientifique ou technique.

Par conséquent, cette réforme vise à créer des passerelles entre l’ensei-gnement général et la formation professionnelle à la fin de chaque cycle, c’est-à-dire la 6ème année de l’enseignement de base, la 3ème année de l’enseigne-ment secondaire et la 9ème année de l’enseignement fondamental.

Parallèlement, cette réforme tente de diversifier les branches littéraires,scientifiques et techniques dès la première année de l’enseignement secondaire,pour aboutir à des baccalauréats spécialisés qui permettent des études spéci-fiques et de durées variables au niveau de l’enseignement supérieur.

La finalité de cette orientation est de donner la priorité à l’enseignementtechnique et à la formation professionnelle.

Au niveau de l’efficacité interne, la réforme tente d’améliorer le tauxd’écoulement des effectifs au sein du système de l’enseignement fondamentalet secondaire, en réduisant le taux de doublement et le taux d’exclusion et parconséquent, de déperditions.

C’est ainsi que la réforme prévoit d’amener les taux de transition ausecond cycle de l’enseignement de base à 80 % en 92-93.

Sur le plan pédagogique, la réforme se fixe comme objectif d’améliorer laqualité de l’enseignement, grâce notamment aux mesures d’accompagnementsuivantes :

• Refonte des programmes d’enseignement et révision des manuels ;

• Révision des méthodes et moyens d’enseignement ;

• Recyclage des enseignants en service et révision des programmes de formation des

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cadres du système éducatif ;

• Accroissement et diversification des moyens et du matériel didactique mis à ladisposition des élèves et des enseignants ;

• Allégement de l’effectif moyen par classe (30 élèves en moyenne par classe) ;

• Institution d’une pédagogie de soutien pour les élèves en difficulté scolaire afin dediminuer les déperditions à un tiers de leurs taux à partir de 1985-86.

II. DIAGNOSTIC ET TENDANCES DUSYSTEME DE L’ENSEIGNEMENTFONDAMENTAL ET SECONDAIRE

Les projections des effectifs de l’Enseignement Fondamental et Secondai-re de 1989 à l’an 2000 présentent les taux de scolarisation, les taux d’écoule-ment, de redoublement et d’abandon selon le milieu, les niveaux et les filières.

Ces projections sont établies sur la base d’une hypothèse haute quisemble relativement optimiste, notamment en ce qui concerne l’évolution dutaux de scolarisation et des taux d’écoulement au plan national. C’est cetteoption qui est retenue au plan des orientations.

II.1- DIAGNOSTIC QUANTITATIF DE LA SITUATIONACTUELLE

Le diagnostic quantitatif sera réalisé sur la base des statistiques de 1989qui ont servi à l’élaboration des projections fournies par le Ministère de l’Edu-cation Nationale. La cohérence statistique d’ensemble pourra ainsi être préser-vée.

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TABLEAU 1

STRUCTURE DE L’ENSEIGNEMENT FONDAMENTALET SECONDAIRE (1989) (*)

TYPE D’ENSEIGNEMENT EFFECTIF %

E.F. 1er cycle 2 085 105 61 %E.F. 2ème cycle 1 042 152 30 %SOUS TOTAL 3 127 257 91 %

E.S. 294 847 9 %

TOTAL GENERAL 3 422 104 100 %

Sources : Tableau établi à partir du “Bilan et perspectives de réforme de l’ensei-gnement secondaire”(*) l’année de référence considérée ne coincide pas avec l’année d’achèvement del’enseignement fondamental

Une telle structure est certes le corollaire de la structure démographiquedu pays, marquée par une extrême jeunesse de la population. Elle traduit aussil’importante “sélectivité” dont la conséquence est le fort taux d’abandon. Elleest enfin annonciatrice des pressions extrêmement fortes qui s’exprimerontdans les prochaines années sur les différents niveaux de formation fondamenta-le et secondaire.

Malgré cette structure large à la base, la généralisation de la scolarisationdes enfants de 7 ans est loin d’être réalisée. Au terme du plan d’orientation 88-92, il était prévu d’amener le taux de scolarisation à 78%, cette échéance estrenvoyée à l’an 2000. La généralisation est de ce fait repoussée à plus tard.Bien plus inquiétant, les années quatre vingt ont enregistré une baisse du tauxde scolarisation.

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TABLEAU 2

TAUX DE SCOLARISATION DES ENFANTS DE 7 ANS

Année Scolaire 1984-85 1988-891989-901990-91 1991-92

Taux de scolarisation73 62 66,5 69 71,4

Sources : “Le mouvement éducatif” - Ministère de l’Education Nationale(MEN)

Comme le montre le Tableau 2, ce taux a régressé de 11 points entre1984-85 et 1988-89, en passant de 73% à 62%.

Au niveau spatial, le déséquilibre de la scolarisation entre le milieuurbain et le milieu rural demeure à cette date, très marqué au détriment dumilieu rural. En effet, seuls 49% des jeunes ruraux de 7 ans sont scolariséscontre 88% dans le milieu urbain. Plus de sept enfants scolarisés sur dix dansl’Enseignement Fondamental appartiennent aux Centres Urbains.

Ce déséquilibre est encore plus accentué au niveau du second cycle del’EF puisque 92,6% des scolarisés le sont dans le milieu urbain.

Les taux d’écoulement qui se composent de trois variables à savoir : letaux de promotion, le taux de redoublement et le taux d’abandon, nous rensei-gnent sur le rendement interne du système.

Au niveau du 1er cycle de l’EF le taux de redoublement a atteint en 198915,5%, tandis qu’au niveau du deuxième cycle du même enseignement, letaux de redoublement le plus faible a été de 10,4%, alors qu’au niveau de la9ème année on a enregistré un taux de redoublement de près de 44%.

A cet égard, un constat s’impose : les taux de redoublement et d’abandonà la fin de chaque cycle, apparaissent très élevés; ce qui exprime des difficultésaccumulées par les élèves et donc une déficience pédagogique interne du systè-me éducatif fondamental et secondaire.

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TABLEAU 3

EVALUATION DES ABANDONSPAR CYCLE DE FORMATION (1989)

Niveau Taux Effectifs (1)% des abandons d’Enseignementd’abandon par cycle

1er Année 5,7 28 3802ème Année 4,9 21 4733ème Année 6,7 28 3984ème Année 8,9 34 1445ème Année 14 47 806

1er Cycle de l’EF 160 201 45,96ème Année 9,75 26 916 (2)7ème Année 7,8 18 8448ème Année 7,5 17 3129ème Année 20,86 61 260

2ème Cycle de l’EF 124 332 35,6

Total EF 284 533 81,51er Année Secondaire 15,3 26 3932ème AnnéeSecondaire 14,3 12 4413ème AnnéeSecondaire 25,6 25 425

Enseignement Secondaire 64 259 18,5

Total (EF+ES) 348 792 100

Sources : Bilan et perspectives de Réforme de l’Enseignement Secondaire:(1)- Le taux d’abandon fourni est calculé par rapport à l’effectif global.(2)- La 2ème année figure encore en 1989 dans le second cycle de l’EnseignementFondamental car la réforme n’avait pas encore touché cette classe.En 1989, le Système Educatif fondamental et secondaire a enregistré

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348.792 abandons dont 45,9% proviennent du 1er cycle de l’EF, 35,6% dusecond cycle de l’EF et 18,5% de l’ES.

Ces chiffres, sont à eux seuls révélateurs des pressions qui s’exercent sur lesystème de l’Enseignement Professionnel, conçu jusqu’à présent comme unsystème de récupération. Ils dénotent aussi d’une situation problématique, àsavoir l’extension de l’analphabétisme, car aux effectifs non scolarisés, s’ajou-tent les effectifs des “insuffisamment scolarisés” c’est à dire des exclus du 1ercycle de l’EF.

Enfin, il faut relever que le taux d’écoulement du secondaire au supérieurdemeure faible, puisque sur 99.318 inscrits en 3ème Année Secondaire en1989, seuls 50.428 ont été déclarés bacheliers, soit un taux de réussite de56%.

Le type d’orientation en 9ème année et la répartition des bacheliers selonla nature de formation constituent un indicateur essentiel des performances dusystème de l’enseignement secondaire.

Sur les 293.667 inscrits en 9ème Année, près de 96% le sont dansl’enseignement général avec respectivement 45,4 % en Lettres et 50,6 % enSciences. Cette forte concentration dans des formations générales ne laissentqu’une place symbolique à l’Enseignement Technique, sous ses différentescomposantes (Techniques Industrielles, Techniques Agricoles et TechniquesCommerciales).

La forte concentration n’est que légèrement atténuée au niveau de lastructure des bacheliers puisque plus de 85% des diplômés ont obtenu leurbaccalauréat en 1989, soit en Lettres, soit en Sciences Expérimentales, contre àpeine 5,8% en Mathématiques, 2,9% en Economie, 2% en Techniques Com-merciales, 3,7% en Techniques Industrielles et moins de 1% en Techniquesagricoles.

Une telle structure des bacheliers, exprime en partie la pression quis’exerce sur des Facultés de formation générale, telles que les Facultés de Droit.

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TABLEAU 4

RÉPARTITION DES BACHELIERSPAR NATURE DE FORMATION 1989-2000

Formations1989 1995 2000Effectifs % Effectifs % Effectifs %

Lettres 20 177 40 32 910 43,2 41 510 32SC Eco 1 471 2,9 2 340 3 14 400 11SC. Exp 22 911 45,4 31 120 40,8 49 030 38SC. Maths 2 944 5,8 6 080 8 18 120 14Tech. Indus1 864 3,7 1 510 2 2 310 1,8Tech. Ag 92 0,2 220 0,3 340 0,4Tech. Com 969 2 2 060 2,7 3 610 2,8

Total 50 428 100 76 240 100 129 320 100

Résultats des projections effectuées par le CNJA

Ce bref diagnostic ne saurait être clos sans se pencher sur les capacitésd’encadrement et d’infrastructure.

En 1989/90 le rapport nombre de classes/locaux a varié selon les milieux,rural et urbain, et les cycles, premier et second, entre 1,5 et 1,6, tandis que lenombre d’élèves moyen par classe a oscillé entre 26 et 34 élèves.

II.2 - LES PROJECTIONS

Les projections sont faites sur la base d’une hypothèse haute ; aussi est-ilnécessaire d’en relativiser les résultats. L’analyse de ces projections peut êtremenée tant au niveau des effectifs scolarisés, des déperditions que de la naturedes formations.

Selon les prévisions du Ministère de l’Education Nationale, le taux descolarisation passera progressivement de 67 à 90 % en l’an 2000, soit près de721.000 enfants à scolariser en 2001, dont 57 % en milieu rural. Outre l’amé-lioration des taux de scolarisation, les prévisions pour la décennie quatre vingttablent sur une nette amélioration de la répartition géographique des taux descolarisation.

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Néanmoins, la non-scolarisation demeurera élevée, puisque entre 1990 et2000, les effectifs non scolarisés atteindront 1.710.000 .

Concernant les déperditions, la réforme envisage une nette améliorationdes taux d’écoulement, grâce à des taux de promotion beaucoup plus élevés.

Au niveau du 1er cycle, les taux de promotion atteindraient 86% en l’an2000, contre 80% environ en 1990 et 70% au primaire en 1980 (au CM2, cetaux n’est que de 33%).

Les taux de redoublement seraient également réduits en l’an 2000 d’envi-ron trois points, tandis que les abandons régresseraient sensiblement pour sesituer à approximativement 10% au début du siècle prochain.

La même tendance d’amélioration des performances internes est prévueau cours de la décennie quatre vingt dix pour le deuxième cycle de l’enseigne-ment fondamental. Les prévisions relatives au secondaire tablent sur uneréduction de moitié des taux de redoublement et d’abandon.

Cette amélioration des performances internes, accompagnée d’une straté-gie d’orientation, pourra engendrer une catégorie de diplômés plus adaptés aumarché de l’emploi, à condition toutefois que l’articulation entre l’enseigne-ment fondamental et secondaire et l’enseignement professionnel soit suffisam-ment maîtrisée.

Néanmoins, le problème de l’insertion des exclus du système éducatifdemeurera posé : entre 1989 et l’an 2000, le nombre des exclus du premiercycle de l’enseignement fondamental dépassera 1.750.000 jeunes, soit enmoyenne, 159.000 élèves qui quitteront cet enseignement chaque année.

Pendant la même période, l’enseignement secondaire ( 1ère, 2ème et3ème année secondaire) enregistrera à son tour, 666.800 abandons, soit uneffectif annuel d’abandons de 55.567 personnes.

Selon les projections du Ministère de l’Education Nationale, la prédomi-nance relative des formations générales s’atténuerait mais ne disparaîtraitguère.

• Sur l’ensemble des jeunes orientés vers l’enseignement secondaire, 81%iront en l’an 2000 vers les formations générales (Lettres, Sciences, Mathé-matiques) contre 19% pour les formations spécialisées (Economie) etTechniques (Techniques industrielles, techniques agricoles et techniquescommerciales).

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• La structure des bacheliers par type de baccalauréat en l’an 2000 confir-mera cette tendance. Sur les 129.320 bacheliers prévus, 84% le serontdans des formations générales (Lettres, Sciences Expérimentales, SciencesMathématiques).

II.3 - DYSFONCTIONNEMENTS DU SYSTEME DEL’ENSEIGNEMENT FONDAMENTAL ET SECONDAIRE

Il ne s’agit nullement ici d’analyser en détail les insuffisances de l’ensei-gnement fondamental et secondaire, mais conformément à la démarche adop-tée, d’en dégager les principaux dysfonctionnements que révèle le diagnosticprésenté précédemment. Ces dysfonctionnements apparaissent essentiellementà cinq niveaux relatifs à l’analphabétisme, aux performances de l’enseignementpré-scolaire, aux relations entre l’enseignement fondamental et l’enseignementprofessionnel, aux liens entre l’enseignement secondaire et l’enseignementsupérieur. Enfin l’attention sera attirée sur les dysfonctionnements dûs aucontexte socio-administratif.

A - Maintien d’un niveau élevéd’analphabétisme et d’exclusionLa généralisation de la scolarisation est loin d’être atteinte. De ce fait, la

non-généralisation de la scolarisation tend à renforcer l’exclusion d’une partiede la jeunesse marocaine du système éducatif. Les déperditions dans l’enseigne-ment fondamental demeurent importantes comme l’ont révélées les statis-tiques précédentes. Une telle situation engendrent deux entraves essentielles :

• elle constitue un frein à l’amélioration progressive de la productionsociale et handicape ainsi le système productif ;

• elle constitue un gaspillage de ressources humaines et financières, touten aiguisant l’insatisfaction de la jeunesse, avec comme corollaire une propaga-tion inquiétante du désoeuvrement.

B - Dysfonctionnement pré-scolaireL’enseignement pré-scolaire doit revêtir une double vocation, celle d’être

un lieu de socialisation et d’épanouissement personnel de l’enfant, et celled’être un lieu de première structuration des tous premiers “savoirs”. End’autres termes, l’enseignement pré-scolaire conditionne la réussite et les per-

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formances de l’Enseignement Fondamental, en développant chez l’enfant desrelations autres que familiales et en développant ses multiples capacités deparler, de réfléchir, d’imaginer grâce à diverses activités.

Cependant, les moyens très faibles mis en oeuvre et l’absence de forma-tion du personnel dénaturent souvent la fonction de l’enseignement pré-scolai-re. Une telle situation se répercute négativement sur le niveau de l’enseigne-ment fondamental.

C - Les relations entre l’enseignementfondamental et secondaire et l’enseignementprofessionnelL’objectif de l’actuelle réforme est d’orienter vers la formation profession-

nelle, 20% des effectifs à l’issue de la 6ème année, 40% à l’issue de la 9èmeannée et 40% après l’obtention du baccalauréat.

Certes une telle procédure permettra de réduire les engorgements auniveau de l’Enseignement Général, néanmoins elle risque de faire pression surle système de l’Enseignement Professionnel qui ne pourrait absorber toutes lespromotions annuelles “d’orientés”.

D’un autre côté, une telle réforme suppose une étroite collaborationentre les autorités de tutelle de l’enseignement général et de l’enseignementprofessionnel. Cette collaboration, si nécessaire pour le pilotage des différentssystèmes éducatifs, semble encore limitée.

Cette stratégie éducative, basée sur une orientation progressive, ne peutvéritablement atteindre ces objectifs que si :

• la formation professionnelle est réhabilitée sociologiquement et écono-miquement ;

• un système de passerelles et d’équivalences de diplômes est mis enplace ;

D - La faiblesse du niveau et ses répercussionssur l’enseignement supérieurLes critères d’appréciation du niveau des élèves peuvent varier selon

l’optique dans laquelle on se place. Cependant, professionnels et formateurss’accordent de plus en plus pour reconnaître la diminution du niveau de for-mation, tant au primaire qu’au secondaire. Une telle dépréciation constitue un

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goulet d’étranglement et un handicap énorme parfois des nouveaux bachelierslors de leurs études supérieurs.

Les performances d’un système ne peuvent être évaluées que par rapport àla nature des entrées; à cet égard un dysfonctionnement apparaît entre lesenjeux de l’enseignement supérieur et technique et le niveau des élèves formés.

E - Les dysfonctionnements d’ordre généralLes dysfonctionnements d’ordre général sont relatifs au contexte socio-

administratif et économique du pays. En effet, ce n’est pas le secteur de l’ensei-gnement seul qui souffre de l’inefficacité. Au Maroc comme dans la plupartdes pays en développement, la faible efficience frappe à des degrés divers lesdifférentes composantes du système économico-administratif, tant au niveaudes décisions, des actes et des institutions.

Ce n’est pas nécessairement la faiblesse des moyens qui fait la particulari-té de l’environnement socio-économique marocain, mais aussi et surtout l’inef-ficacité des structures déjà en place et des actions entreprises.

Comme le révèlent les statistiques disponibles, sur le plan des équipe-ments, de grands efforts sont déployés. Ces derniers sont peut-être faibles parrapport aux besoins, mais ils sont importants par rapport aux moyens dispo-nibles.

Le plus grand problème apparemment ne réside pas dans l’insuffisancedes moyens, mais plutôt dans la rationalisation de leur gestion qui s’avère deplus en plus imprécise.

Cette observation est également valable pour la gestion du système édu-catif dans son ensemble.

Tout en étant complexes, ces dysfonctionnements ne sont guère inso-lubles. Quelques orientations susceptibles d’en réduire l’intensité peuvent êtresuggérées.

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CHAPITRE II LE SYSTEME DE LA FORMATION

PROFESSIONNELLE (SFP)

Le Système de Formation Professionnelle (SFP) connaît ces dernièresannées une expansion quantitative et un effort de promotion quali-tative et d’organisation extrêmement importants.

Toutefois, le degré d’articulation entre les formations dispensées et lesexigences du marché du travail demeure faible.

Les termes du débat qu’un tel constat permet de susciter peuvent êtrestylisés dans les deux approches contrastées suivantes :

• Face à des changements techniques de plus en plus rapides, le systèmede formation initiale demeure largement construit sur des filières irréver-sibles et sur des contenus de formation trop rigides.

• La formation initiale est fondamentalement insuffisante. Le processusd’adéquation entre formation et emploi requiert logiquement une actionen termes de formation complémentaire à la formation technique initiale.Une telle action implique une nouvelle organisation des entreprises fon-dée sur une articulation plus étroite entre la gestion de l’emploi et la ges-tion de la production. Ce qui, chemin faisant, devrait conduire à dévelop-per, de façon durable, des activités de formation au sein des entreprises(concept d’organisation qualifiante).

Prises séparément, les deux approches sont trop univoques, et par consé-quent, insuffisantes. Une démarche plus objective et plus pertinente sembles’inscrire plutôt dans une perspective de type systémique, privilégiant les

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modes d’articulation entre système de formation et structures de l’entreprise.C’est cette perspective qui est adoptée dans ce diagnostic propositionnel, rela-tif au SFP.

I. L’ORGANISATION DU SFP

Globalement le Système de Formation Professionnelle apparaît commeun système souple, relativement ouvert et en pleine mutation.

Plusieurs indicateurs témoignent de ce processus de mutation et d’exten-sion positive du SFP, dont notamment :

• La carte des établissements de Formation Professionnelle tend à couvrirl’ensemble du territoire marocain ;

• La formation professionnelle continue tend à recevoir autant d’intérêt que lesformations initiales longtemps privilégiées.

• L’entreprise est de plus en plus invitée à devenir progressivement un acteur deformation autant que les unités formatrices habituelles ;

• Les associations professionnelles apparaissent de plus en plus en tant que parte-naires à part entière du système de Formation Professionnelle. Des expériencespilotes réussies ont été réalisées ces dernières années.

• Le secteur privé de formation prend une place non négligeable aux côtés des opé-rateurs classiques, publics et para-publics ;

• Les appareils de concertation et d’administration s’enrichissent et se ramifientau niveau central, provincial et local ;

• La dimension “formation” s’étend de façon constructive et englobe progressive-ment “l’insertion”.

I.1 LA MULTIPLICITÉ DES INTERVENANTS DANS LESFP

Sur le plan organisationnel, le SFP actuel se caractérise par la multiplicitédes intervenants.

Outre l’OFPPT, le SFP est marqué par la participation de plusieurs orga-nismes publics, para-publics et privés à cette action de formation :

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• Les grands Offices (OCP, ONE etc....) et Régies (RAD etc...) ont misen place, depuis fort longtemps des centres de formation adaptés à leursbesoins propres ;

• Les établissements privés de formation professionnelle, notammentdans les services, se sont multipliés ces dernières années, à une cadencevertigineuse.

Cette multiplicité s’explique certes par la diversité des secteurs tech-niques de formation ; elle exprime également un enrichissement progressif duSFP.

Néanmoins, le risque est grand, notamment au niveau du secteur publicde la Formation Professionnelle, de voir se multiplier les “double-formation”et la non maîtrise de l’allocation des ressources dans un domaine aussi com-plexe à piloter.

Aussi, une coordination continue s’impose ; elle suppose la contributionde tous, pour une forme d’orientation collective et interactive, afin d’éviter quechaque opérateur ne tende à s’ériger en source unique de ses propres normes eten maître unique de ses propres ressources techniques, pédagogiques et finan-cières, mettant en cause l’existence d’un système intégré de formation profes-sionnelle à l’échelle nationale.

I.2 LA PRÉDOMINANCE DE L’OFPPTCréé en 1974, l’OFPPT est un établissement public chargé, en relation

avec les milieux professionnels concernés, de la promotion du travail, de déve-loppement et de l’adaptation de la formation professionnelle dans les diffé-rentes branches de l’économie nationale. Depuis la réforme de 1984, les activi-tés de l’Office ont connu une évolution quantitative et une diversification qua-litative très rapides.

II. LES ORIENTATIONS DU SYSTEME DEFORMATION: 1993-2000

II.1 EVOLUTION DES EFFECTIFS : LA MONTÉE DESDÉSCOLARISÉS

La formation professionnelle a connu une croissance importante de seseffectifs. En 1983-84, à la veille de la réforme, les effectifs s’élevaient à49.500. En 1990-91, ils sont passés à 105.000. Ces chiffres ne tiennent pas

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compte des effectifs du niveau “initiation” qui ne relève plus des niveaux de laFormation professionnelle.

L’accroissement des effectifs concerne tous les niveaux. En 1990-91, leseffectifs sont répartis de la manière suivante :

- 33.700 pour le niveau spécialisation ;- 38.000 pour le niveau qualification ;- 34.000 pour les techniciens.

Le taux d’accroissement moyen des effectifs est de 11,4 % sur la période1983-91. Toutefois, malgré un tel accroissement, relativement important, leproblème des déscolarisés et de l’arrivée sur le marché du travail demeure lar-gement posé. Les effectifs déscolarisés globaux des sorties du système éducatifont atteint 128.000 élèves/an entre 1987 et 1990, ce qui se traduit par l’arri-vée sur le marché d’importants flux de jeunes non qualifiés.

TABLEAU 5

EVOLUTION DES EFFECTIFS GLOBAUXDE LA FORMATION PROFESSIONNELLE

(PUBLIC ET PRIVÉ)en milliers

NIVEAUX 83/84 87/88 88/89 89/90 90/91 Tx. ac an.

moy.SPECIALISATION 15 29 31,5 29,7 32,7 11,8QUALIFICATION 18 37 38,2 40,6 38 11,4TECHNICIEN 16,5 35,6 36,4 38 34,4 11,0

TOTAL 49,4 101,4 106,2 108,2 105,3 11,4Source : Ministère de l’Education Nationale, Ministère des Travaux Publics, dela Formation Professionnelle et de la Formation des Cadres. Rapport sur les pers-pectives de développement des systèmes d’enseignement et de formation professionnel-le, janvier 1992, p.9.

C’est ce que fait clairement ressortir l’indicateur du taux de couverturemesurant la part des effectifs admis en formation professionnelle par rapportaux effectifs déscolarisés : celui-ci semble culminer en 1990-91 à 72 % (contre42,5 % en 1987-88).

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Un tel résultat témoigne ainsi des limites de la réforme de 1984 entermes d’objectif de donner une formation aux déscolarisés du système d’ensei-gnement général.

TABLEAU 6

TAUX DE COUVERTURE DES SORTANTSDE FIN DE CYCLES

Niveau 1987/88 1988/891989/901990/91MoyenA

Sorties de 6° A. (E.F.) 73.405 72.770 40.497 26.807*fins 9° A. (E.F) 44.481 53.696 45.350 47.574de cycles 3° A.S 34.355 31.475 21.475 20.304du M.E.N. TOTAL 152.241 157.508107.322 94.685 128.000

Taux de Spécialisation25,67 30,0 52,16 85,18couverture %Qualification47,94 51,20 53,58 51,74Entrées Technicien 61,98 71,77 98,34 103,511° A. (F.P.) TOTAL 42,6 45,47 62,0 72,31

Source : Ministère de l’Education Nationale, Ministère des Travaux Publics, dela Formation Professionnelle et de la Formation des Cadres, Rapport sur les pers-pectives de développement des systèmes d’enseignement et de formation professionnel-le, janvier 1992, p.9.

* La mise en place de la 6ème année de l’enseignement fondamental en 1990/91 aentraîné une baisse des effectifs des sortants de la 5ème année.

En effet, l’application de la réforme de l’enseignement fondamental setraduit par une évolution des effectifs en entonnoir. Les effectifs sont impor-tants et en croissance régulière au niveau du premier cycle de l’enseignementfondamental. Ils sont passés de 2.149.400 en 1986-87 à 2.394.600 en 1990-91. En revanche, au niveau du deuxième cycle du secondaire, l’effectif, réduit,est en baisse sensible : de 888.500 il passe à 805.900 sur la même période, soit-2,4% en moyenne par an. Les effectifs du secondaire sont eux stabilisés autourde 315.000.

Plusieurs tendances ont été engendrées par la structure actuelle del’enseignement général. Deux peuvent être mises en évidence :

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• Une forte tendance à la réduction des effectifs de l’enseignement supérieur entraî-nant à terme une baisse du niveau de la formation initiale, des connaissances, dusavoir théorique, des capacités d’abstraction etc..

• Une tendance concomitante à la “sortie” sans qualification du système éducatif.

La poursuite de telles tendances est d’autant plus vraisemblable que -comme on l’a souligné plus haut- les possibilités d’absorption par le systèmede formation professionnelle semblent pour le moins problématiques,et ce quelque soit le scénario envisagé par les départements concernés (M.E.N.,M.T.P.F.P.F.C) en matière de “perspectives de développement des systèmesd’enseignement et de formation professionnelle”. (rapport d’étude réalisé par leM.E.N. et le M.T.P.F.P.F.C).

II.2 DES SCÉNARIOS PRÉVISIONNELS

Trois scénarios sont envisagés dans la perspective de coordination entrel’évolution de l’enseignement fondamental et celle de la formation profession-nelle.

La méthode utilisée dans le rapport précité se fonde sur les hypothèsessuivantes :

• La projection des effectifs des élèves de l’enseignement général et de laformation professionnelle est faite “sur la base des effectifs recensés en1990-91 auxquels on a appliqué les taux d’écoulement moyens constatéslors de la période précédente”.

• Une prise en compte des “prévisions de la carte de la formation profes-sionnelle pour les années scolaires 1991-92, 1992-93 et 1993-94 pourlesquelles les projets sont arrêtés et partiellement entamés”.

• Enfin, l’hypothèse de la stabilisation du niveau spécialisation pourlequel la capacité d’accueil existante n’est pas encore pleinement utilisée.

A. Poursuite des mêmes tendancesLes principales composantes du scénario 1 sont :

• La formation professionnelle continue à recruter les élèves exclus dusystème d’enseignement général à différents niveaux.

• Les taux d’écoulement (promotion, redoublement, abandon) sont amé-

liorés à tous les niveaux à l’exception de la 9ème année où ils sont mainte-

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nus constants.

.Taux de promotion : 40 %

.Taux de redoublement : 40 %

.Taux d’abandon : 20 %

• Les systèmes d’enseignement et de formation restent centrés sur eux-mêmes et continuent de fonctionner de façon autonome par rapport auxbesoins du système productif et à la demande sociale.

• Le développement de la formation professionnelle se fera à un rythmemodéré et les effectifs globaux connaîtront, en moyenne, une croissancelimitée de l’ordre de 4 % par an. Parallèlement, les sorties de fin decycles de l’enseignement général évolueront, en moyenne par an, à untaux d’accroissement de 3,5 %.

• Le taux d’orientation global des effectifs de fin de cycles de l’enseigne-ment général en direction de la formation professionnelle restera stable,(soit 10 %), sur la période 1993-2000.

B. La recherche d’une adéquation formation-emploi au niveau national Cette recherche passe par une impulsion des capacités d’accueil des éta-

blissements de formation professionnelle, associée à une prise en compte de lacontrainte du marché de l’emploi.

Par ailleurs, le taux d’orientation global des effectifs de fins de cycles del’enseignement général en direction de la formation professionnelle est pousséà plus de 14 % en 1999-2000, soit une augmentation de 4 points par rapportau premier scénario.

L’hypothèse de base du second scénario est l’estimation des besoinsannuels en main-d’oeuvre qualifiée : 110.000 emplois dont 55.000 sont affec-tés aux catégories de la Formation Professionnelle. Il y a lieu de noter qu’unemise en parallèle de ces chiffres avec d’autres indicateurs, en particulier le tauxde chômage des diplômés de la Formation, ne peut que relativiser cette hypo-thèse.

C. Des tendances infléchies par la réforme

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pédagogique

La réforme pédagogique du Ministère de l’Education Nationale (1985)établit les projections suivantes relatives aux taux d’orientation appliqués àpartir de 1995/1996 :

Spécialisation : 15 %Qualification : 30 %Technicien : 30 %

Les taux d’écoulement prévus sont les mêmes que dans le premier scéna-rio, à l’exception toutefois des fins de cycles (9ème année de l’enseignementfondamental) où les taux de redoublement sont révisés à la baisse afin derejoindre les taux d’orientation généralisée des sortants vers la formation pro-fessionnelle.

Ce scénario vise des objectifs plus amples :

• Un taux de croissance des effectifs de la formation professionnelle auvoisinage de 15 % par an réalisé grâce notamment à une expansion dusecteur privé.

• Un taux d’orientation global des effectifs de fins de cycles de l’ensei-gnement général en direction de la formation professionnelle de l’ordrede 22 % en 1999-2000 (12 points de plus que dans le premier scénarioet 8 points de plus par rapport au second).

Trois mesures sont préconisées :

• L’établissement d’une carte éducative intégrant une carte scolaire et unecarte professionnelle.

• L’institutionnalisation de l’orientation directe des élèves vers les filièresde la Formation Professionnelle avec une prise en compte de critères psy-cho-pédagogiques.

• L’adaptation des contenus et des filières de formation aux besoinsd’emploi.

TABLEAU 7

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RÉSULTATS COMPARÉS DES ALTERNATIVES DEDÉVELOPPEMENT DU SECTEUR ÉDUCATIF

Coût en millions de DHEffectifs en milliers

SCENARIO SCENARIO 1SCENARIO 2SCENARIO3TENDANCESATISFACTIONREFORME

DES BESOINS DU MENDU MARCHE DE

L’EMPLOICoût moyenannuel MEN + FP 13.915 13.661 14.173EFFECTIFSGLOBAL 1993/1994 3.942 3.9233.923MEN 1991/2000 5.178 5.0175.017SORTIESFIN DECYCLE 1993/1994 119 152152MEN 1999/2000 146 216216EFFECTIFSGLOBAL 1993/1994 134 134134F.P 1999/2000 170 191307EFFECTIFS1° A. F.P. 1993/1994 79 7979

1999/2000 102 112183LAUREATS(moyenne annuelle) 56.817 59.80582.164Taux de Couverture àpartir de 1996/1997 en % 70 51 84

Source : ibid, page 31.

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II.3 LE PROBLEME DES DÉSCOLARISÉS NONABSORBÉS

Quelque soit le scénario retenu, une masse importante de jeunes serontdéscolarisés et se trouveront sans perspective de formation.

A titre d’exemple, dans le cas du scénario 2, selon les prévisions, les effec-tifs déscolarisés en 1993-94 sont estimés à 152.257. Ils augmenteront pouratteindre presque 200.000 en 1997/1998.

Durant cette période, le taux de couverture ne dépassera pas 51 %. Ainsi,pour un nombre important de jeunes (75.000 à 100.000), rien ne semble avoirété prévu. Le cas de la sixième année de l’enseignement fondamental est parti-culièrement préoccupant. En 1996-97, on prévoit des effectifs de déscolarisésde l’ordre de 66.240, alors que les prévisions de recrutement au niveau spécia-lisation atteignent à peine les 18.059. Le seul niveau pour lequel le taux decouverture est proche de 100 % est le niveau Technicien.

Le problème des déscolarisés non absorbés par le système de la formationprofessionnelle demeure également posé, dans une moindre mesure, dans lescénario 3 (plus ambitieux). Le taux de couverture augmente progressivementde 51,66 % en 1993-94 pour atteindre 56,08 % en 1995-96. Dans cette pers-pective, ce sont plus de 83.200 jeunes qui ne seront probablement pas absor-bés par le système de la formation professionnelle.

Il importe de noter que le problème des déscolarisés mérite d’être posédans un cadre global impliquant une articulation plus étroite entre les sous-systèmes d’éducation et de formation d’une part et entre ces derniers et le sys-tème productif de l’autre. Bien entendu la solution à un tel problème dépassela simple difficulté ayant trait à la couverture par l’appareil de formation.

II.4 LES SORTIES DU SYSTEME DE FORMATION : UNESTRUCTURE MARQUÉE PAR DES RIGIDITÉS

En 1991-92, les effectifs des lauréats de la formation professionnelle semontent à environ 44.500 (30.128 du secteur public et 14.362 du secteurprivé). Marquée par des fluctuations annuelles amples (notamment pour ce quiest du niveau qualification), l’évolution des lauréats -construite sur la période1988-1997- fait apparaître une croissance cumulée non négligeable de l’ordre

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de 39%, le nombre passant de 42.474 en 1988 à 59.086 en 1997.

La structure sectorielle des lauréats enregistre une déformation durable en faveurdes secteurs considérés comme problématiques, en terme d’emploi.

TABLEAU 8

PROJECTIONS DES LAURÉATS DE LA F.P. 1991-2000(PUBLIC ET PRIVÉ, TOUS LES NIVEAUX)

91/92 92/93 93/94 94/95 95/96 96/97 97/98 98/99 2000

Administration-Gestion 12052 12844 13995 14680 15680 16747 17888 19106 20407AdministrationPublique 302 294 223 283 283 283 283 283 284Commerce 138 50 36 36 25 17 12 8 6Agriculture 652 683 834 941 1066 1206 1366 1547 1752Eau-ElectricitéEnergie 137 151 151 151 156 161 167 173 179Mines 14 0 0 0 - - - - -Agro-industrie 53 58 83 75 86 98 112 128 146Textileconfection-cuir2914 3133 3209 3083 3145 3208 3272 3338 3405IMME 6387 6155 6561 6286 6260 6235 6209 6184 6158Chimie,Para-chimie 84 94 121 94 100 106 112 119 126B.T.P. 5150 5985 6135 6096 6463 6853 7266 7704 8169TransportCommunication124 69 63 54 42 32 25 20 15PêchesMaritimes 247 265 349 373 430 496 572 659 760Artisanat deproduction 7226 8255 10247 10327 11675 13198 14921 16868 19069Artisanat deservices 6823 7319 8120 7922 8339 8777 9239 9724 10236HôtellerieTourisme 1510 1527 1619 1965 2152 2356 2580 2826 3094Santé 683 581 0 338 - - - - -

TOTAL 44491 46995 52151 52701 55802 59086 62563 66245 70143

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* La tendance a été prolongée, dans ce rapport, à partir de 1997.Source : Données brutes de la Direction de la Planification de la Formation pro-fessionnelle.

Découlant des résultats d’études menées par le MTPFPFC dans le cadrede la recherche continue de l’adaptation de l’appareil de formation à l’emploi,une telle structure est appelée à évoluer en fonction des résultats des étudesenvisagées.

A l’analyse des trois scénarios précédemment examinés, il y a lieu d’opé-rer un arbitrage entre deux hypothèses :

• L’hypothèse basse “se base sur les besoins quantitatifs en main-d’oeuvre qualifiée mis en évidence par les études prospectives régionaleset sectorielles”:

Besoins annuels : 110.000 emplois qualifiés dont 55.000 satisfaits par leslauréats de la Formation Professionnelle (voir supra scénario 2).

Taux de croissance de l’offre globale d’emplois qualifiés : 5 % par an.

Cette hypothèse permet d’estimer l’effectif cumulé à quelque 283.000lauréats sur la période 1993-2000, soit 56.000 lauréats en moyenne paran dont 46 % en qualification.

Dans une telle perspective, la capacité d’accueil à créer par le secteurpublic correspond à 30.000 places, soit environ une centaine de Centresde Formation.

TABLEAU 9

PROJECTION DES LAURÉATS,1993-1998 (PAR NIVEAU)

93/94 94/95 95/96 96/97 97/98 TOTAL

SPECIALISATION18 16918 55911 46612 03912 64172 874QUALIFICATION17 88118 05229 95231 45033 022130 358TECHNICIEN 14 904 15 322 15 725 16 51117 337 79 799

TOTAL 50 954 51 933 57 143 60 00063 000283 030DONT PUBLIC 31 941 37 356 39 223 41 18543 244192 949

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Source : Ministère des Travaux Publics, de la Formation Professionnelle et de laFormation des Cadres, Direction de la Planification et de la Formation Profes-sionnelle, Perspectives de développement du système de formation pro-fessionnelle, document de travail, Mars 1992, P 16

TABLEAU 10

PROJECTION DE LA CAPACITÉ D’ACCUEIL À CRÉER,1993-1998 (SECTEUR PUBLIC)

93/94 94/95 95/96 96/97 97/98 TOTAL

QUALIFICATION 11 663 12 347 2 814 2 955 29 779

TECHNICIEN 112 112

TOTAL 11 663 12 347 2 814 3 067 29 891

Source : Ministère des Travaux Publics, de la Formation Professionnelle et de laFormation des Cadres, Direction de la Planification et de la Formation Profes-sionnelle, Perspectives de développement du système de formation pro-fessionnelle, document de travail, Mars 1992, P 16

• L’hypothèse haute, inscrite “dans le cadre de la réforme de l’ensembledu système éducatif et de la Formation professionnelle” de 1985, autorisesur la période sous- revue, les données prévisionnelles suivantes :

• Effectifs cumulés : 344.603 lauréats

• Effectifs des lauréats par niveau :

- S : 33,1 %

- Q : 39,6 %

- T : 27,3 %

• Effectifs par an : 69.000 lauréats dont 25.000 formés par le secteur public

• Capacité d’accueil à créer (secteur public) : 15.000 places par an dont 82 % enqualification.

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TABLEAU 11

PROJECTION DES LAURÉATS, 1993-1998(PAR NIVEAU)

93/94 94/95 95/96 96/97 97/98 TOTAL

SPECIALISATION18 16918 55919 98322 55034 776114 037QUALIFICATION17 88118 05222 75226 96050 925 136 570TECHNICIEN 14 904 15 322 18 383 20 316 25 071 93 996

TOTAL 50 954 51 933 61 117 69 826110 772344 603DONT PUBLIC 31 941 39 646 45 275 71 517 73 288 261 667

Source : Ministère des Travaux Publics, de la Formation Professionnelle et de laFormation des Cadres, Direction de la Planification et de la Formation Profes-sionnelle, Perspectives de développement du système de formation pro-fessionnelle, document de travail, Mars 1992, P 21

TABLEAU 12

PROJECTION DE LA CAPACITÉ D’ACCUEIL À CRÉER,1993- 1998 (SECTEUR PUBLIC)

93/94 94/95 95/96 96/97 97/98 TOTAL

QUALIFICATION - 4 350 9 250 2 7759 19 637 60 996TECHNICIEN - - 3 338 6 893 3 361 13 592

TOTAL - 4 350 12 588 34 652 22 998 74 588

Source: Ministère des Travaux Publics, de la Formation Professionnelle et de laFormation des Cadres, Direction de la Planification et de la Formation Profes-sionnelle, Perspectives de développement du système de formation pro-fessionnelle, document de travail, Mars 1992, P 21

Ces différentes données traduisent, en dépit des efforts consentis,l’ampleur des distorsions entre d’une part la pression croissante sur la forma-tion (importance des effectifs déscolarisés) et la capacité limitée d’accueil du

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SFP et d’autre part la désarticulation relative entre les qualifications dispenséeset l’offre d’emploi.

III. AJUSTEMENT DU SYSTEME DEFORMATION PROFESSIONNELLE

III.1 DYSFONCTIONNEMENTS INTERNES

Une mise en rapport des besoins en main-d’oeuvre qualifiée exprimés parles employeurs et de l’offre de l’appareil de formation, permet de faire appa-raître des distorsions par secteur, par niveau et par filière de formation.

• Par secteur, les déficits annuels en termes d’effectifs (toutes qualifica-tions confondues) concernent les domaines suivants :

- Artisanat de production

- Textile-confection-cuir

- Hôtellerie-tourisme

- I.M.M.E.

- B.T.P.

- Administration publique

• Par niveau, il y a lieu de constater pour 1990/91 (voir tableau 9) d’unepart un excédent de 8.362 lauréats pour le niveau spécialisation et,d’autre part, un déficit important de l’ordre de 12.396 pour le niveauqualification.

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TABLEAU 13

BESOINS EN MAIN-D’OEUVREET OFFRE DE FORMATION PAR NIVEAU

(1990-1991) (*)

Recrutements (a) Offre deEcart

FormationPotentielsEn lauréats (3) (3) - (1) (3) - (2)

(1) (2) 1990/91

Spécialisation19 451 7 427 15 789 - 3 662 + 8362

Qualification46 662 26 327 13 931 - 32 731 - 12 396

Technicien 12 192 8 413 11 628 - 554 + 3 215

Total 78 295 42 167 41 348 - 36 947 - 819

(*)Ces chiffres découlent des études régionales fondées sur les déclarations desemployeurs

(a) Recrutements potentiels : la totalité des créations d’emplois qualifiés recensésauprès des différents employeurs enquêtés.

Recrutements en lauréats : créations d’emplois qualifiés pour lesquels lesemployeurs envisagent de faire appel aux lauréats de l’appareil de formation pro-fessionnelle.

Source : Ministère des Travaux Publics, de la Formation Professionnelle et de laFormation des Cadres, Direction de la Planification et de la Formation Profes-sionnelle, Eléments d’orientation pour l’élaboration de la carte profes-sionnelle, 1992-1993 1993-1994 1994-1995, Novembre 1991.

• Enfin les filières qui semblent accuser les déficits les plus significatifssont celles que retrace le tableau suivant :

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TABLEAU 14

BESOINS ANNUELS À COURT TERME EN LAURÉATSDE LA FORMATION PROFESSIONNELLE

PAR FILIERE ET PAR NIVEAU

Filière Niveau Déficit

Couture, Broderie et Tissage traditionnels S,Q,T3 048Gros oeuvres - Maçonnerie Q 2 548Textile - Confection - Cuir S,Q,T 1 790Restauration - Réception Q,T 920Usinage - Fabrication mécanique Q 679Techniques administratives Q,T 658Travail artisanal du cuir S,Q 640Mécanique industrielle Q,T 600Ferronnerie - Forgeron Q 440Tapis Q 440Conduite de travaux de chantier Q,T 380Tôlerie - Soudeur - Chaudronnerie Q 350Cuisine Q,T 330

Source : Ibid

Par ailleurs, il est possible de dégager les filières nouvelles à créer parniveau, ainsi que celles devant faire l’objet soit d’une réduction des effectifs delauréats, soit d’une suppression.

• Les filières à créer :

.Peinture, Bâtiment, vitrerie (Q) 423 lauréats/an

.Guide de tourisme (Q,T) 370 lauréats/an

.Boulangerie-Pâtisserie (Q) 320 lauréats/an

.Conducteur d’engins (S,Q) 230 lauréats/an

.Sculpture sur plâtre (S) 144 lauréats/an

.Blanchisserie-Teinturerie (S,Q) 133 lauréats/an

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• Les filières à réduire ou à supprimer :

.Secrétariat - Dactylographie (Q,T)

.Polyculture (S,Q,T)

.Dessin Bâtiment Architecture (Q,T)

.Froid et Climatisation (Q,T)

.VRD - Réseaux Eau - Electricité (T)

• Les filières où le niveau spécialisation est à remplacer par le niveau qua-lification (avec ou sans réduction des effectifs)

.Plomberie et installation sanitaire (à réduire)

.Electricité de bâtiment (à réduire)

.Menuiserie Bois

Il convient de souligner les limites des données présentées de façon syn-thétique ci-dessus. Ces limites tiennent, en particulier, au caractère partiel et àla fragilité des bases méthodologiques des études régionales et sectorielles uti-lisées pour l’élaboration de la carte professionnelle. Néanmoins, il n’est pasinutile de retenir, à titre d’indicateur, le jeu des dysfonctionnements internesau système de formation (entre les secteurs, les niveaux et les filières) que detelles données mettent en évidence, même si au niveau global, l’écart enregis-tré entre l’offre de formation et les créations d’emplois destinées aux lauréatsde la formation professionnelle semble nettement moins prononcé (- 819 lau-réats en 1990/91).

De fait, de tels dysfonctionnements renvoient à des déséquilibres beau-coup plus profonds ayant trait à la logique d’ensemble du système de forma-tion, à ses articulations fonctionnelles et à sa pertinence.

III.2 - EVALUATION D’ENSEMBLE DU SYSTEME : LEPOINT DE VUE DES INTERVENANTS

Depuis 1985, l’Administration de la Formation Professionnelle a fait desefforts notables dans le sens de l’évaluation du système de la formation profes-sionnelle. Plusieurs études ont été réalisées ayant pour perspective unemeilleure adéquation de la formation à l’emploi. Parmi ces études, il y a lieude citer celles relatives à l’évaluation du système.

On présente, dans ce point, les principaux résultats de l’étude d’évalua-

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tion réalisée en 1991 .

Le travail d’évaluation entrepris a concerné le point de vue des chefsd’établissements, des formateurs, des stagiaires, des employeurs et des lauréats.Les 468 entreprises retenues dans l’échantillon ont toutes plus de 50 employés.L’enquête a été effectuée sur 29 provinces, 318 établissements de la formationprofessionnelle et 6.919 stagiaires.

A. Les formateursLes résultats de l’enquête montrent que les formateurs ont été recrutés,

en majorité, après la réforme de 1984. Les deux tiers sont dans leurs fonctionsdepuis six ans au moins. En général leur expérience professionnelle ne dépas-sait pas deux ans, avant leur accès au poste de formateur. Le personnel forma-teur connaît une situation d’instabilité qui pourrait être liée au faible niveaude motivation et de rémunération : 85% des formateurs se situent dans unehiérarchie de rémunération comprise entre l’échelle 6 et 10 de la Fonctionpublique. Dans beaucoup de cas le maintien ou le recrutement du personnelcompétent s’avère difficile, du fait des niveaux de salaires plus élevés dans lesecteur privé. Par ailleurs, la formation continue est peu développée : moins de20% des formateurs ont bénéficié d’un stage de perfectionnement. Les stagessont généralement de courte durée : entre 1 et 30 jours.

B. Les stagiairesLes stagiaires sont, dans leur grande majorité, d’origine socio-profession-

nelle défavorisée : 53% sont restés au moins un an hors du système éducatifavant de rejoindre la formation professionnelle, 17% sont restés 2 ans. L’étudeattire l’attention sur l’hétérogénéité des niveaux scolaires de cette population.Le facteur échec ou abandon scolaire est prédominant comme motif d’inscrip-tion dans la formation professionnelle (71% en spécialisation, 47% en qualifi-cation et 43% pour les techniciens). Le handicap linguistique est important :les stagiaires ont des difficultés à comprendre le cours. Tel est du moins l’avisde 71% des formateurs.

Selon l’étude, 3% seulement de l’effectif global a pu bénéficier du passa-ge d’un niveau à un autre : le système des passerelles est donc caractérisé par defortes rigidités.

L’information des candidats à la formation professionnelle se fait essen-tiellement par des moyens informels : les “voisins et amis”, les lauréats de laformation professionnelle.

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C. Les conditions de travailLes directeurs des établissements de formation professionnelle considè-

rent, en général, que le matériel technique et didactique n’est pas suffisam-ment disponible. Par ailleurs, 47% des formateurs ont déclaré que leurs éta-blissements ne disposent pas d’une unité de documentation. La non-disponibi-lité de crédits en temps utile, soulevée par les chefs d’établissement, pose desproblèmes, vu que la nature des activités de la formation professionnelledemande de la souplesse et une autonomie de gestion.

D. L’offre des employeursL’effectif moyen des entreprises enquêtées s’élève à 208 personnes. Cepen-

dant, même dans ce secteur relativement structuré, la précarité de l’emploi estassez grande. L’effectif du personnel temporaire moyen est de 89 par entrepri-se. Il y a, en moyenne, six lauréats de la formation professionnelle par entrepri-se et les diplômés de la formation professionnelle représentent 2,6% de l’effec-tif total.

“Les entreprises les plus importantes, celles de plus de 50 employés, offri-raient donc des possibilités très limitées d’embauche aux lauréats de la Forma-tion Professionnelle. Rien n’indique que cette situation va changer dans lestrois années à venir, vu leurs déclarations quant à leurs perspectives de recrute-ments .

La structure des recrutements par niveau fait apparaître une prépondéran-ce du niveau technicien (51% des recrutés), suivi par le niveau qualification(32%). Par contre, le niveau spécialisation est très faiblement demandé (9%).C’est un niveau que, du reste, l’Administration de la Formation Professionnel-le a programmé de réduire.

E. Les stagesLes difficultés relatives à l’organisation des stages portent, de manière

principale, sur l’absence d’un programme de stages (avis de 71% des chefsd’entreprises) et sur le manque d’encadrement des stagiaires. Par ailleurs, lesoffres de stages sont très limitées, et d’une manière générale les liens et lacoopération entre les établissements de Formation Professionnelle et les entre-prises, sont également faibles.

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F. L’adéquationLes appréciations des employeurs au sujet de l’adaptation des stagiaires

aux tâches qui leurs sont confiées sont positives : 79% des employeurs ontdéclaré que les techniciens ont peu ou pas de difficultés à s’adapter aux tâchescontre 75% pour la qualification et 73% pour la spécialisation. Ces donnéessoulignent le caractère relatif et nuancé des problèmes d’articulation.

G. Les salairesLes salaires moyens par niveau sont de 1 532 Dhs pour le niveau spéciali-

sation, 1 662 Dhs pour le niveau qualification et 1949 Dhs pour le niveautechnicien. Mais il existe des variations notables selon les régions et le sexe.Ces niveaux de salaires sont considérés comme peu favorables à une véritablevalorisation de la formation professionnelle et en particulier de sa composantetechnique.

En dépit des efforts importants d’adaptation du S.F.P., la relation forma-tion- emploi souffre d’un double écueil.

• La relation dominante au Maroc entre formation et emploi est une rela-tion consécutive : les jeunes doivent acquérir dans l’établissementd’enseignement une formation correspondant à l’emploi, voire au postede travail offert par l’entreprise. Les nouvelles cohérences technologiqueset professionnelles tendent, au contraire, à imposer une relation de typesimultané : les jeunes reçoivent dans l’entreprise une formation complé-tant et prolongeant celle déjà acquise dans un établissement d’enseigne-ment.

• Le système de formation professionnelle en vigueur a tendance à privi-légier une perspective fondée plutôt sur les performances en termes dequantité. Toutefois, les inflexions en faveur d’une amélioration de la qua-lité de la formation introduites dès la réforme de 1984 puis réitérées lorsde l’élaboration du Plan d’orientation 1988-1992 étant loin d’avoiratteint un tel objectif, il importe de prendre acte des véritables obstacleset d’opérer un arbitrage en faveur des procédures les plus à même d’opti-miser la formation en termes de rapport qualité-quantité.

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CHAPITRE IIILE SYSTEME DE L’ENSEIGNEMENT

SUPERIEUR (S.E.S)

L’enseignement supérieur se situe en aval de l’ensemble du systèmeéducatif. Tributaire de la qualité et du niveau des étudiants que luifournissent les autres sous-systèmes éducatifs, il en conditionne

aussi les performances grâce aux formateurs et cadres qu’il leur fournit.

L’évolution de l’Enseignement Supérieur, a toujours constitué un indica-teur du degré de progression économique et sociale des pays.

I - LA MISSION DU SYSTEME DEL’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR

La mission de cet enseignement découle incontestablement des finalitéset missions assignées à l’institution éducative dans son ensemble.

Toute démarche éducative doit généralement répondre à une finalitéhumaine à une finalité socio-politique et civilisationnelle et à une finalité pro-ductive.

Dès lors la mission assignée au système de l’enseignement supérieur doits’intégrer dans ce vaste champ de la démarche éducative. Aussi les objectifs

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globaux fixés à ce système doivent être regroupés autour de cinq pôles essen-tiels : les personnes, les savoirs, les valeurs, la société productive et la viesociale.

Dans cette optique, le système de l’enseignement supérieur doit pour-suivre le développement des aptitudes, l’épanouissement de la créativité et del’imagination. Ce sont là, autant de qualités humaines et de comportementque toute société cherche à développer.

En cette fin de siècle, le Maroc doit préserver et renforcer son rôle dans lacompétition scientifique, culturelle et économique international par un “plus”de qualification et de compétence.

Le SES doit concourir à cette finalité, en répondant de façon adéquate àcette exigence socio-économique essentielle.

En effet, si le SES doit être ouvert et attentif au marché de l’emploi, plusque par le passé, il ne saurait être étroitement dépendant à son égard. Il doit,aussi, répondre à des aspirations socio-culturelles qui ne transparaissent nulle-ment à travers une simple validation par le marché.

En conséquence, la finalité du SES est multiple. Le SES doit dorénavantêtre stratégiquement piloté en fonction de ces attentes et défis.

II - LA DYNAMIQUE ORGANISATIONNELLEDU SYSTEME D’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR

Le fonctionnement du SES s’articule actuellement autour de plusieursstructures de nature et poids variables, ce sont :

- l’université ;

- les établissements de formation des cadres (EFC publics) ;

- les formations pédagogiques ;

- et les instituts et écoles d’enseignement supérieur privé (IESP).

La réforme projetée par le Ministère de l’Education Nationale et par leMinistère des Travaux Publics de la Formation Professionnelle et de la Forma-tion des Cadres devrait introduire, à court terme, une nouvelle structure dansle paysage éducatif : les Formations Professionnelles courtes du Supérieur(FPS).

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La spécificité de chacun de ces sous-systèmes tient à quatre considéra-tions : sa fonction au sein du système d’ensemble, son mode d’accès et sa place,son mode d’organisation des études, et son degré d’autonomie.

TABLEAU 15

SYSTEME D’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR“LES SOUS-SYSTEMES”

FACULTES EFC PUBLICS

VOCATION - Elaboration/transmission - Formation connaissance Formation supérieureacadémique à finalité

professionnelle

MODE /ACCES -Non-sélectif - Sélectif(sauf Médecine)

ORGANISATIONETUDES - 3 cycles - Cycles moyens

- Absence de contrôle & longscontinu - Contrôle

continu(Effectifs limités)

AUTONOMIEPEDAG./FINA. - Aucune - RelativeTUTELLE - MEN - Ministères +

Coordination parle

MTPFPFC(Direction

de la Formationdes Cadres)

Un des traits essentiels du système d’enseignement supérieur réside dans lacroissance déséquilibrée des sous-systèmes qui le composent. Cet ensemble se dis-

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tingue donc, globalement, par la prépondérance en terme d’effectifs du sous-systèmeUniversité, la tendance à la baisse des formations pédagogiques et la croissance relativedes établissements de formation des cadres et des établissements supérieurs privés.

II-1 LA PRÉPONDÉRANCE DE L’UNIVERSITÉ

Le sous-système Université présente quatre caractéristiques :

• Sa mission première, est “l’élaboration et la transmission de la connais-sance et le développement de la recherche scientifique”. Dès lors, cesous-système a préparé -jusqu’à une date récente- principalement à la car-rière professorale.

• Son accès est, en dehors de la médecine, généralement peu sélectif

• Les études sont organisées selon trois cycles

• Placée sous la tutelle du Ministère de l’Education Nationale, l’Univer-sité ne bénéficie pas de l’autonomie pédagogique et financière.

Ces différentes caractéristiques sont représentées dans le tableau compa-ratif 15.

En 1990, le sous-système université comportait 11 universités, 37 facul-tés et 189.184 étudiants.

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TABLEAU 16

EVOLUTION DES EFFECTIFS ET DES PARTS DESÉTUDIANTS (1ER ET 2EME CYCLES) PAR

COMPOSANTES DE L’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR

Université EFC (1) Formation EFSTOTAL

Pédagogique (Privés)(3)

(2) (2)Nbre % Nbre % Nbre % Nbre % Nbre

57/58 2 061 100 - - - - - 2 061

61/62 4 454 93 98 2 - 228 5 4 780

66/67 5 152 72 510 7 - 1 506 21 7 168

70/71 11 464 76 950 6 - 2 799 18 15 213

80/81 74 641 79 7 926 8 - 12 749 13 95 316

84/85 118 810 84 8 701 6 - 14 869 10 14238088/89 172 292 90 9 334 4,9 2 179 1,1 7 170 4 19091290/91 189 184 91,4 9 668 4,7 3 945 1,9 4 824 2 2076212000/2001 290 750 88 20 000 6,0 12 054 3,6 7 858 2,4 330662

* *(1) : Etablissements de Formation des Cadres Publics y compris les effectifs des étudiantsde l’E.M.I., L’E.N.S.E.M. mais non les E.S.T.

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Source : MTPFPFC(2) Y compris les effectifs des étudiants de la Faculté des Sciences de l’Education. Source : MEN(3) : Non inclus les EST(4) : Source : Direction de la Formation des Cadres - MTPFPFC* Les chiffres n’incluent pas les effectifs estimés des formations professionnelles courtes.

L’enseignement universitaire s’articule globalement autour de quatrefilières classiques, à savoir les Lettres et Sciences Humaines, les Sciences, leDroit, les Sciences économiques et la Médecine.

La prépondérance de l’Université au sein du système de l’enseignementsupérieur est illustrée par le tableau 17. En 1990, avec 189.184 étudiants,l’Université accueillait 91 % des effectifs contre 84 % en 1984, 79 % en 1980et 76 % en 1970.

Son poids croît donc régulièrement ; néanmoins la prédominance del’université est quelque peu atténuée par le développement des Instituts etGrandes Ecoles (EFC publics et IES privés).

Au niveau des filières, les Lettres et les Sciences occupent à elles seules75,6% des établissements et absorbent 72 % des effectifs en 1990/91. Parcontre avec seulement 13,5 % des établissements, les facultés de Droit etSciences économiques représentent 24 % des effectifs étudiants de l’université(cf. le tableau 17).

TABLEAU 17

ETABLISSEMENTS ET EFFECTIFS PAR FILIEREUNIVERSITAIRE 1990/91

Nombre Effectif %facultés

- Lettres et Sciences Humaines (*)17 69.293 37- Sciences 11 66.302 35- Droit et Sciences Economiques 5 46.180 24- Sciences Médicales 4 7.408 4

TOTAL 37 189.184 100

Source : Ministère de l’Education Nationale.

(*) y compris les établissements relevant de l’enseignement originel.

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II.2- LA CROISSANCE RELATIVE DES ETABLISSEMENTSDE FORMATION DES CADRES

Le sous- système des Etablissements de formation des cadres (Public) aconnu, en termes absolus, une croissance indéniable : ses effectifs ont presquedécuplé entre 1970 et 1990. Par contre, sa part relative dans les effectifs del’enseignement supérieur se sont situées entre 5 et 7 %.

Les caractéristiques globales des Etablissements de formation des cadresse distinguent par les traits essentiels suivants:

• Leur vocation est d’assurer la formation des cadres tant pour le secteurpublic que pour le secteur privé, principalement dans les domaines scien-tifique, technique et commercial.

• Leurs conditions d’accès sont très sélectives ; les concours sont prati-quement généralisés.

• Leurs effectifs-étudiants étant limités, l’organisation des études estbasée sur le contrôle continu des connaissances.

TABLEAU 18

SOUS-SYSTEME INSTITUTS ET GRANDES ECOLES :POIDS DES DIFFERENTS DOMAINES DE FORMATION

Année 1990-91

ETABLISSEMENT E.F.C. PUBLICS I.E.S. PRIVESEffectifs Effectifs

- Filières Scientifiques 5 331- Filières Juridiques, Economiques, 4 337et Sociales

TOTAL 9 668 3 945

Source : MTPFPFC - Direction de la Formation des Cadres

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- Répartition par filière non disponible pour le privé

TABLEAU 19

ETABLISSEMENTS DE FORMATION DES CADRESPUBLICS POIDS DES DIFFERENTS DOMAINES

E.F.C. PUBLICS

TYPE D’ETABLISSEMENT NOMBREEFFECTIFS- Etablissements à dominante scientifique 135 331- Etablissements à dominante juridique, 134 337économique et sociale

TOTAL 26 9 668Source : MTPFPFC - Direction de la Formation des Cadres

II. 3 LA CONTRIBUTION DE L’ENSEIGNEMENTSUPERIEUR PRIVE

Les Instituts et Ecoles Supérieurs privés ont connu une croissance sen-sible à partir de la décennie 1980. On dénombre 34 établissements en 1990-91. Ils regroupent 2 % environ des effectifs d’étudiants en 1990-91. Par rap-port aux filières dispensées, on note une concentration sur les filières écono-miques et commerciales puisque 76 % des établissements ont cette vocation enmatière de formation. La même tendance est observée au niveau des effectifs.

II.4 LES FORMATIONS PÉDAGOGIQUES Les établissements de formation pédagogique (FP) ont pour mission

d’assurer la formation du personnel d’encadrement des différents degrés etniveaux d’enseignement. Ils sont placés sous la tutelle du Ministère de l’Edu-cation Nationale et sont regroupés en trois catégories :

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• 31 Centres de formations des instituteurs (CFI) pour la formation desenseignants du premier cycle de l’enseignement fondamental.

• 15 CPR pour la formation des professeurs du 2ème cycle de l’enseigne-ment fondamental.

• 8 ENS pour la formation des professeurs du secondaire

Avec 54 centres, cet appareil de formation est aujourd’hui largement sur-dimensionné par rapport aux effectifs (4.824 en 1990 contre 14.869 en 1980)

I I I . S Y S T

Sans être exclusives, trois grandes tendances semblent être globalement àla base des dysfonctionnements qui seront analysées ultérieurement. Ces ten-dances lourdes sont relatives à l’explosion des effectifs d’une part, au déséqui-libre des filières et aux mutations dues à l’évolution de la demande post-lycéenne.

III.1 - L’EXPLOSION DES EFFECTIFS Le secteur de l’Enseignement Supérieur connait un accroissement très

rapide de ses effectifs. En 1989/90, les effectifs globaux ont atteint le seuil desdeux cents mille alors qu’au lendemain de l’indépendance ils se situaient auxalentours des deux mille. Par rapport aux autres degrés d’enseignement, leseffectifs ont été multipliés par 100 alors que ceux du primaire et ceux dusecondaire ne l’ont été respectivement que de 6,6 et 43.

Ce rythme de croissance, bien qu’assez rapide, semble avoir connu deuxphases :

• une première phase, de 1960 à 1980, durant laquelle les effectifs pro-gressaient en moyenne de 25 % l’an,

• une seconde phase, amorcée depuis 1980, caractérisée par un ralentisse-ment du taux de croissance qui se ramène à 10 % .

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TABLEAU 20

ÉVOLUTION DES EFFECTIFS DES TROISDEGRÉS DU SYSTEME ÉDUCATIF

en milliers

1 2 2/11956 1989

Primaire 317 2085 6,6Secondaire 31 1336 43Supérieur 2 200 100

Source : Tableau établi à partir des statistiques du MEN

Cette évolution des effectifs illustre une tendance vers “la massifica-tion”:

• la population étudiante représente 9 à 10 % du groupe d’âge 20-24 ansalors qu’elle ne l’est que de 6 % en Algérie et en Tunisie,

• par référence au nombre d’étudiants par 10.000 habitants, le Marocavec un coefficient de 911 se situe dans la catégorie des économies inter-médiaires, proche du Brésil (1061), relativement en avance par rapportaux pays de l’UMA (Algérie 811, Tunisie 575) et assez en retard comparéà la France (2400).

L’explosion des effectifs dans le supérieur semble imputable à la conju-gaison de plusieurs facteurs qui sont de nature démographique et écono-mique. Parmi ces derniers, il faut relever en particulier :

• La gratuité de l’enseignement public

• la généralisation des bourses d’études,

• la faiblesse du manque à gagner en raison des tensions qui sévissent surle marché du travail.

Il s’agit là d’un ensemble de facteurs dont les effets permettent d’antici-

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per une poursuite de cette tendance bien que quelque peu atténuée. Durant ladécennie quatre vingt, le taux de croissance, en raison de l’orientation projetéede lycéens vers la Formation Professionnelle, devrait connaître une relativediminution (pour atteindre les 6 %). C’est ainsi que durant la décennie quatrevingt dix, il est prévu seulement un quasi-doublement des effectifs (207.000 à364.000).

Cette explosion des effectifs dans la mesure où elle ne s’est pas accompa-gnée d’une augmentation concomitante des ressources, s’est traduite par unedégradation générale des conditions de fonctionnement des Facultés.C’est ainsi que durant la décennie 80, pendant que les effectifs ont augmentéen moyenne de 10 %, l’augmentation du budget est restée inférieure à 5 %provoquant une réduction de plus de 50 % de la dotation par étudiant.

Cette situation au niveau des facultés n’a pas permis de développer ni uncorps enseignant et administratif suffisant en quantité et en qualité, ni uneinfrastructure adéquate. Le taux d’encadrement qui atteint une moyenne de 1enseignant pour 70 étudiants dans certaines filières (1 pour 34 étudiants auniveau national) n’est guère favorable. D’où le faible niveau d’efficacité interneque reflètent les taux élevés de redoublement et d’abandons.

III.2 LE DÉSÉQUILIBRE AU DÉTRIMENT DES FILIERES ÀCARACTERE PROFESSIONNEL

L’étude de l’évolution des principales filières de formation révèle :

• un ralentissement de la croissance, voire, un essoufflement relatif desformations à caractère professionnel (Médecine, celles des EFC et les For-mations Pédagogiques) ;

• par contre, les filières de nature plus académique connaissaient unecroissance exceptionnelle en particulier pour les Sciences dont les effectifsdoublaient tous les 4 ans .

Le tableau 21, relatif aux filières universitaires et couvrant la période1970 à 1991, illustre ces tendances à savoir :

• la réduction de la part de la filière Droit,

• l’évolution cyclique des Lettres,

• et la croissance continue des Sciences.

La limitation de la capacité d’accueil des EFC et des filières à caractère

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1

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TABLEAU 21

EVOLUTION DES EFFECTIFS GLOBAUX(1ER ET 2EME CYCLES) SELON LES PRINCIPAUX DOMAINES DE FORMATION

ANNEE Lettres Sciences Droit Total SciencesEFC Publics IES PrivésFor.Péd. Total Total Sciences Sciences Formation Médicales (2) (3) For.Prof

Ensei.Sup.Humaines (1) Economi. Non Prof.

70/71 4496 569 5 078 10 143 1 321 980 - - 2 301 12 44475/76 7503 2 397 16 355 26 255 5 389 3 406 - - 8 795 35 05080/81 31 160 12 112 24 813 68 085 6 556 7 926 - 12 749 26 464 94 54984/85 55 932 32 295 23 816 112 043 6 767 8 701 - 14 869 29 659 141 70288/89 68 239 60 246 36 796 165 281 7 011 9 334 2 179 7 107 25 631 190 91290/91 69 293 66 302 46 181 181 776 7 408 9 668 3 945 4 824 25 845 207 6212000/2001 87 843 104 990 89 019 281 852 8 898 20 000 12 054 7 858 48 810 330 662

(1) : y compris les effectifs des étudiants de l’Enseignement Originel(2) : y compris les effectifs des étudiants de l’EMI, L’ENSEM (3) : y compris les effectifs des étudiants de la Faculté des Sciences de l’Education.Les formations professionnelles courtes ne sont pas inclues.Source : - MTPFPFC pour les effectifs des EFC (1980 à 2000)

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professionnel ou semi-professionnel canalise la demande des bacheliers, vers lesLettres et les Sciences qui deviennent des filières refuges.

Un constat assez paradoxal mérite d’être relevé. Les filières universi-taires en particulier les Sciences et les Lettres, dont les lauréats sont les plusexposés au problème de l’inadéquation continuent de drainer l’essentiel deseffectifs (et par conséquent des ressources publiques,) tandis que les formationsprofessionnelles des IGE qui assurent une meilleure insertion en termes dedébouchés font l’objet d’une importante limitation de leur capacité d’accueil.

Les projections à l’horizon 2000 font ressortir un important développe-ment des formations en Droit et des formations professionnelles supérieurescourtes qui devraient provoquer un redressement relatif de ce déséquilibre avecun quasi-doublement du pourcentage de ces dernières (13 à 23 % - hypothèsehaute -).

III.3 L’ÉVOLUTION DE LA DEMANDE POST-LYCÉENNEET LES MUTATIONS PRÉVISIBLES

Durant les trois dernières décennies, il est à remarquer :

• une progression constante des inscriptions en Sciences, consécutive àl’importance prise par le baccalauréat scientifique,

• une évolution cyclique de la filière des Lettres,

• une baisse relative de la demande en Droit. Après avoir été la filière deprédilection durant la décennie soixante dix, elle n’occupe actuellementque le 3ème rang .

Cette évolution de la demande post-lycéenne semble pré-déterminée parcelle de l’offre en termes d’élargissement de la capacité d’accueil. C’est ainsique l’extension de l’infrastructure universitaire a porté principalement sur lesFacultés des Lettres et des Sciences (respectivement au nombre de 17 et 11).

Les projections effectuées montrent que la demande d’enseignementsupérieur devrait se maintenir à un niveau supérieur durant la décennie 90.Deux hypothèses ont été retenues, l’écart dépend fondamentalement de l’intro-duction ou non des formations professionnelles supérieures courtes

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TABLEAU 22

PROJECTION DES NOUVEAUX INSCRITSANNEE 2000/01

HYPOTHESE BASSE (2) HYPOTHESE HAUTE(1)

Effectifs % Effectifs %

Lettres 22 208 23 22 208 19

Droit 24 980 27 24 980 22

Sciences 30 051 32 30 051 26

Médecine 1 080 1 1 080 1

EFC publics 6 000 6,4 6 000 5,3

IES privés 6 993 7,4 4 357 3,7

F.PED 2 996 3 2 996 3

FPS 22 000 20

TOTAL 94 308 100 113 672 100

Sources : Ministère de l’Education Nationale Direction de la Planification“Projections nouveaux inscrits”(1) Hypothèse haute- développement des formations professionnelles courtes dans le supérieur (Ministèrede l’Education Nationale - Ministère des Travaux Publics, de la Formation Pro-fessionnelle et de la Formation des Cadres)(2) Hypothèse basse

Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993

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- pas de développement des formations professionnelles courtes dans le supérieur(Ministère de l’Education Nationale - Ministère des Travaux Publics, de la For-mation Professionnelle et de la Formation des Cadres).Dans les faits, l’importance de la demande post-lycéenne devrait être

plus intense.

La réduction de la demande d’enseignement supérieure attendue par ledéveloppement de la formation professionnelle vers laquelle 20 % desjeunes seraient orientés à la fin de la 6ème année et 40 % à la fin de la 9èmeannée ne serait effective sans un développement immédiat de ce secteur et une“véritable valorisation de l’enseignement professionnel”.

Selon les hypothèses retenues, la structuration de la demande d’enseigne-ment supérieur, à l’horizon 2000, pourrait se présenter comme suit :

- Les projections des inscriptions dans les différentes filières restantinchangées, la différence entre les variantes se portera sur les formationsprofessionnelles supérieures courtes.

- Selon la seconde variante en l’an 2000, si les étudiants devraient s’orien-ter prioritairement vers les Sciences (26 %), il faut relever que les forma-tions professionnelles supérieures canaliseraient 2 étudiants sur 10 aumême titre que le Droit et les Lettres et dans une moindre mesure lesformations professionnelles longues.

IV. LES OUTPUTS DU SYSTEMED’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR AL’HORIZON 2000

L’analyse prospective des outputs du système d’enseignement supérieurpeut être appréciée à partir de l’évolution des effectifs globaux et de la projec-tion des diplômés.

IV-1 L’ÉVOLUTION DES EFFECTIFS GLOBAUX

D’après les prévisions effectuées, en l’an 2000/2001, les effectifs du SESdevront se situer dans une fourchette de 324.000 (hyp. basse) à 364.000 (hyp.haute); la différence de 40.000 étant constituée par les effectifs des nouvellesformations professionnelles du supérieur (Cf tableau 24).

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• le sous-système Université devrait à lui seul accueillir 291.000étudiants en l’an 2000/2001 soit une augmentation de 55 % par rapportà 1990/1991. L’augmentation de ces effectifs se ferait prioritairementdans les filières de Droit avec 43.000 étudiants supplémentaires - soit undoublement des effectifs - et en Sciences avec 38.000 étudiants supplé-mentaires - soit une augmentation de 57 % des effectifs.

• le sous-système des EFC connaîtrait une croissance relative plusrapide que celle de l’Université avec une augmentation de 106 % de seseffectifs passant de 9.668 à 20.000 étudiants.

• le secteur de l’enseignement supérieur privé verrait ses effectifss’accroître de plus de 300 %.

A terme, selon l’hypothèse haute, l’Université regrouperait 78% deseffectifs au lieu de 91 % actuellement, alors que la contribution des EFC, dusecteur privé et des Formations pédagogiques du supérieur (FPS) passerait de 9à 20 % environ.

Il est évident que pour accueillir en partie ou en totalité les quelques160.000 étudiants supplémentaires d’ici l’an 2000, il faudrait un effort consi-dérable d’investissement en infrastructure et en personnel principalement parle Ministère de l’Education Nationale et les Etablissements de la Formationdes Cadres.

IV.2 LA PROJECTION DES DIPLOMÉS DEL’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR

Si l’on fait un parallèle par rapport à la situation qui prévalait en1990/1991 sur la base de l’hypothèse qui intègre le développement des Forma-tions Professionnelles Supérieures, il est à relever les évolutions majeures ci-après :

• tout d’abord une augmentation de 150 % du nombre annuel desdiplômés par le SES passant de 21 à 53.000.

• L’importance des Formations Professionnelles Supérieures qui,en représentant 33 % de la production des diplômés, deviennent domi-nantes.

• Le doublement de la production annuelle des diplômés en Droit eten Sciences qui tend à se rapprocher de celle des diplômés en Lettres, quiest de 8 à 9.000 pour chaque filière,

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• Le développement plus rapide en chiffres absolus des EFC et IESprivés. Leurs outputs (lauréats) augmenteront de 80 % et 128 % respec-tivement. Cependant, leurs parts relatives ne vont pas connaître un chan-gement notable. Le seul facteur qui pourrait bouleverser le pronosticconcerne le développement des Formations Professionnelles Supérieures

courtes.

TABLEAU 23

EVOLUTION DES EFFECTIFS GLOBAUX (1ER ET 2EMECYCLE) DU SYSTEME D’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR

DE 1990/91 A 2000/2001

1990/91 2000/2001Effectifs % Effectifs %

Lettres (1) 69 293 33 87 843 23,7Droit et écon. 46 181 22 89 019 24Sciences 66 302 32 104 990 28,3Sc. médicales 7 408 4 8 898 2,3TOTAL 189 184 91 290 750 78,3UNIVERSITAIREEFC (2) 9 668 5 20 000 5,4IES PRIVE 3 945 2 12 054 3,2TOTAL IGE 14 128 7 32 054 8,6(EFC+IES)For.pégagogique (3) 4 824 2 7 858 2,1For.Prof.Sup. - - 40 267 11TOTAL SYST.ENS. 207 621 100 370 929 * 100SUP. SANS FPS(1) : Y compris les effectifs des étudiants de l’Enseignement Originel(2) : Y compris les effectifs des étudiants de l’E.M.I., l’E.N.S.E.M. mais non ceux des E.S.T.(3) : Y compris les effectifs des étudiants de la Faculté des Sciences de l’Education.* Ce chiffre n’inclut pas les effectifs EST mais tient compte des effectifs projetés des F.P.S.courtes (Effectifs projetés de 40.267 inscrits en 2000/2001).Source :- MEN, Direction de la Planification, Projection des effectifs universitaires et du secteur privésupérieur.- MTPFPFC , Direction de la Formation des Cadres pour les effectifs projetés des EFC.

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Durant la décennie 90, on assistera à la baisse de la contribution del’Université au profit des Formations Professionnelles du Supérieur. C’est untotal d’environ 410.000 diplômés, soit une moyenne de 37.000 par an qui seporteront sur le marché du travail, avec 45 % issus des domaines de formationà caractère professionnel ou semi-professionnel (Cf tableau 24).

Comme corollaire à cette productivité du SES, il convient de signaler lesimportants abandons qui représenteront durant cette décennie un total de457.000 soit une moyenne annuelle de 41.000 .

TABLEAU 24

EVOLUTION DU NOMBRE DES DIPLOMÉSPAR LE SYSTEME D’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR

DURANT LA DÉCENNIE 1990.1990/91 2000/2001

Effectifs % Effectifs %

Lettres (1) 9 402 41,7 9 931 18,9Droit et écon. 4 149 18,4 9 269 17,6Sciences 4 608 20,4 8 430 16Sc. médicales 808 3,6 970 1,8TOTAL 18 967 84,1 28 600 54,3UNIVERSITAIRE

I.G.E. PUBLIC (2) 2 666 11,8 4 800 9,1I.G.E. PRIVE 843 3,7 1 921 3,6TOTAL IGE 3 509 15,5 6 721 12,7

For. pégagogique (3) 69 0,4 --For. Prof. Sup. - - 17 353 33

TOTAL ENS. SUP. 22 545 100 52 674 100(1) : Y compris les effectifs des étudiants de l’Enseignement Originel(2) : Y compris les effectifs des étudiants de l’E.M.I., l’E.N.S.E.M. (3) : Y compris les effectifs des étudiants de la Faculté des Sciences de l’Education.Source :- EFC : Direction de la Formation des Cadres MTPFPFC- Autres indications : Division de la Planification DESR, MEN

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V. LES DYSFONCTIONNEMENTS DUSYSTEME DE L’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR

Par rapport au marché de l’emploi et au système productif dans sonensemble, le SES ne peut s’adapter que sur une période plus ou moins longue.Aussi un décalage entre profils issus de la formation initiale et besoins desentreprises, est toujours repérable et nécessite la mise en place d’un systèmeintermédiaire pouvant assurer la formation complémentaire souhaitée par lesystème productif. L’adaptabilité du S.E.S. est séquentielle mais continue.

Néanmoins, des dysfonctionnements du SES par rapport aux exigencesdu système productif méritent d’être repérés.

V.1 L’EXPRESSION DES DYSFONCTIONNEMENTSINTERNES

Les dysfonctionnements internes du système de l’enseignement supérieurne sauraient être négligés, car ils se répercutent négativement non seulementsur le système lui-même, mais aussi et surtout, sur les autres composantes del’enseignement. Ils se manifestent à travers l’organisation du système et sesrendements internes.

A. L’organisation du système de l’enseignementsupérieur

- Au niveau des intrants :

Dans son fonctionnement, le SES se caractérise par trois catégoriesd’intrants :

• Les étudiants, en fonction des cohortes détentrices du baccalauréat ;

• Le corps professoral et administratif ;

• Les moyens infrastructurels et financiers.

Or il faut constater qu’en dehors du secteur privé, encore à ses débuts, leSES ne génère pas directement de flux financiers. De ce fait, il demeure dépen-dant, dans ses fonctions et ses performances qualitatives, des contraintes bud-gétaires et financières.

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L’évolution des moyens humains et financiers mis en oeuvre ne suit pasle rythme extrêmement rapide des cohortes détentrices du baccalauréat. Celaprovoque dans le cas de certains établissements, des déséquilibres entre leseffectifs inscrits dans les établissements d’un côté et les moyens humains,financiers et infrastructurels de l’autre.

- Au niveau des effectifs :

Le SES est caractérisé en général par un faible taux d’encadrement.

La forte progression des effectifs a engendré une “massification” de cer-tains établissements. Devenus difficilement gérables pédagogiquement, cesétablissements ne peuvent tenter une ouverture sur leur propre environnementproductif.

- Au niveau du pilotage réglementaire :

Les options stratégiques des différents sous-systèmes sont généralementdéfinies par des textes réglementaires, ce qui leur confère une certaine rigiditéet bloque la nécessaire flexibilité du S.E.S. par rapport au Système Productif.De ce fait, ce pilotage des différentes composantes du Système Educatif Supé-rieur se limite le plus souvent, au niveau des établissements à une simple ges-tion courante.

Sur le plan pédagogique, la détermination des programmes de formationpar décret ministériel, freine toute adaptation des formations, pour tenircompte des changements de l’environnement socio-économique.

Les IGE disposent, à cet égard, d’une relative flexibilité et enregistrentde meilleurs résultats en comparaison avec les Facultés en termes d’adaptabili-té au marché de l’emploi.

- Au niveau de l’articulation entre les unités du SES :

Cloisonnement et linéarité constituent une caractéristique permanentedes différents centres universitaires. L’absence de passerelles transforme les dif-férentes composantes du SES en établissements très cloisonnés. Le circuit deformation supérieure apparaît ainsi extrêmement linéaire, ce qui renforce larigidité du système et les taux de déperdition.

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B - Les faibles rendements internesLes rendements internes du SES peuvent être mesurés à partir du taux

d’écoulement des effectifs d’un niveau universitaire à l’autre.

L’observation des statistiques relatives aux inscriptions et aux diplômés,permet de distinguer deux ensembles différents : les EFC aux taux de rende-ment interne élevés, et les facultés pléthoriques, aux taux de rendement inter-ne très faibles.

A titre d’illustration, nous donnons les effectifs des inscrits dans chaquecatégorie d’établissements en 1987/88 et le nombre de diplômés, quatreannées plus tard, soit en 1990/91.

TABLEAU 25

INSCRITS ET DIPLOMÉSPAR CATÉGORIE D’ÉTABLISSEMENTS

ETABLISSEMENTS INSCRIT ENDIPLOMES EN RAPPORT1987/1988 (I)1990/1991 (II)% II/I

EFC.SCIENTIF.PUBLIC 1 694 1 359 80,22

(95 %)*EFC JURID. 1 299 1 066 82,06ECO. SOC. PUBLIC (90 %)*TOTAL (1) 2 993 2 425 81,02

(92,50 %)*FAC. (NON COMPRISLES FAC. DE MEDECINE)LETTRES & SC. HUM. (2)19 371 9 402 48,54DROIT & ECONOMIE 11 632 4 149 35,67SCIENCES 23 593 4 608 19,53TOTAL 54 596 18 159 32,26(1) : Y compris les effectifs des étudiants de l’E.M.I., l’E.N.S.E.M. et des E.S.T.(2) : Y compris les effectifs des étudiants de l’Enseignement Originel.Source : MEN* Les chiffres entre parenthèses proviennent d’estimations différentes et plus élevées destaux de rendement internes. Elle est fournie par la DFC - MTPFPFC.

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Le nombre des diplômés représente plus de 81 % des inscrits quatreannées plus tôt dans les EFC publics, contre à peine 34 % dans les Facultés (àl’exception de la Médecine).

L’observation des taux d’écoulement des effectifs corrobore parfaitementces constats de dysfonctionnements internes.

Sur une même promotion de 1000 inscrits la même année, le nombre dediplômés-licenciés, se présente ainsi, selon le type de Faculté.

TABLEAU 26

RAPPORT DES INSCRITS / DIPLOMÉSPAR TYPE DE FACULTÉ

FACULTES A l’issue de 4 A l’issue de 5 A l’issue de 6années d’études années d’études anné

d’études

Lettres 157 163 61Droit 121 140 65Sciences 69 86 35

Source : Tableau élaboré à partir des statistiques du Ministère de l’EducationNationale

Seuls 15 à 16 % des étudiants en Lettres, contre 12 % en Droit et à peine6 à 7 % en Sciences arrivent à obtenir leur diplôme au bout de 4 annéesd’études !!

Ces résultats sont le fait d’une sévère sélection-exclusion qui caractéri-se ce type d’enseignement.

Ainsi le SES se caractérise non seulement par un taux de rendementinterne très faible, mais aussi par la mise sur le marché de l’emploi d’un volu-me important de jeunes sans diplôme et sans qualification supérieure.

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V-2 DYSFONCTIONNEMENTS EXTERNES

Les dysfonctionnements externes peuvent être appréciés au niveau del’articulation entre le SES et les autres sous-systèmes d’enseignement, d’unepart, et par rapport au marché de l’emploi, d’autre part.

A- Les limites de l’articulation entre le SES et lesautres sous-systèmes d’enseignement.Ces limites se manifestent par des discordances entre l’enseignement

secondaire et l’enseignement supérieur d’un côté, et une faible coordinationentre les différentes composantes de l’enseignement supérieur de l’autre.

En premier lieu, les discordances entres les deux systèmes, apparaissentd’abord aux niveaux linguistique et culturel.

D’une manière générale, le SES suppose l’arrivée de bacheliers maîtrisantde façon correcte deux langues au moins, la langue nationale, l’arabe, et unelangue étrangère, le plus souvent le français. Or, on constate que la maîtrise deces langues est de moins en moins assurée, ce qui engendre pour les étudiantsdes difficultés énormes de compréhension, d’assimilation et d’utilisation desconnaissances acquises. La communication devient de plus en plus difficileentre formateurs et étudiants, en raison de la détérioration des conditionsd’encadrement.

D’un autre côté, le niveau de culture générale requis pour des bacheliersdésirant poursuivre leurs études supérieures, semble de moins en moinsatteint. Dès lors, un tel hiatus ne peut qu’aggraver les faibles performances duS.E.S.

Les discordances entre les Systèmes d’Enseignement Secondaire et Supé-rieur, se manifestent également à travers les différents programmes de forma-tion respectifs à chaque système.

L’accent est mis dans le secondaire, sur les formations à caractère littéraireet sciences expérimentales. Or, ces types de baccalauréats offrent de très faiblespossibilités attrayantes dans l’enseignement supérieur. Aussi une grande partiede ces bacheliers se retrouve entassée dans les Facultés de Droit .

Les formations techniques au niveau du secondaire se voient offrir desfaibles possibilités diversifiées dans le supérieur. Les capacités des Instituts etGrandes Ecoles Publiques sont très limitées.

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En second lieu la faiblesse, voire l’absence de la coordination entre Eta-blissements de formation relevant d’administrations de tutelle différente, ren-force le caractère cloisonné du SES.

Certes la multiplication des organismes de tutelle est une source d’enri-chissement. Cependant une coordination pédagogique et scientifique entre lesunités relevant du MEN et celles relevant de la Direction de la Formation desCadres, est un impératif pour créer des synergies essentielles pour un Enseigne-ment Supérieur performant.

B - Les dysfonctionnements par rapport aumarché de l’emploi.Vis à vis du marché de l’emploi, les dysfonctionnements du système de

l’enseignement supérieur se situent tant au niveau des filières de formationqu’au niveau des profils formés.

Selon les projections, les dysfonctionnements par rapport au marché del’emploi, tendront à se réduire relativement, puisque les diplômés des Forma-tions Professionnelles Supérieures (FPS) inexistant en 1991, représenteront enl’an 2001, 33 % de l’ensemble des diplômés du SES, alors que les diplômés desuniversités ne représenteront que 55 % contre 85 % actuellement.

La tendance à une meilleure adaptation de la Formation Supérieure auxbesoins du marché de l’emploi est dès lors prévisible.

Néanmoins les spécialités pour lesquelles les opportunités d’emploi sontrares continueront à être prépondérantes au cours de la décennie quatre vingtdix.

Ainsi de 1991 à 2001, l’effectif des diplômés par spécialités sera commesuit :

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TABLEAU 27

REPARTITION DES DIPLOMES PAR DISCIPLINES

SPECIALITES EFFECTIF DES DIPLOMES

Biologie, géologie 38 051Droit Privé et Arabe 33 054 Littérature Arabe 29 925Enseignement Originel l28 959Sciences Economiques 20 839Physique 19 399Histoire-Géographie 19 306Droit Public (en arabe) 13 653Chimie 12 684

TOTAL 215 870Source : Ministère de l’Education Nationale.

A elle seules, ces disciplines représenteront plus de 71 % des effectifsdiplômés de l’ensemble du Système de l’Enseignement Supérieur entre 1991 et2000.

Par conséquent le problème de l’inadéquation des diplômes préparés etles besoins en qualification du système productif continuera à se poser avecautant d’acuité.

En outre, le système productif est à la recherche non seulement de quali-fications techniques, mais également de capacités et d’attitudes humaines pré-cises. Les qualités et attitudes recherchées par le système productif, sont essen-tiellement :

• Conscience professionnelle

• Capacité d’analyse et de synthèse

• Dynamisme

• Confiance en soi et rigueur scientifique

Faute de moyens humains, infrastructurels et financiers suffisants, notresystème éducatif supérieur accorde un intérêt très inégal au développement deces qualités humaines et à l’épanouissement de la personnalité.

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V-3 LES DYSFONCTIONNEMENTS FINANCIERS

Toute analyse du système éducatif doit prendre en considération lavariable financière, c’est-à-dire les coûts de formation.

L’indice du Budget du Ministère de l’Education Nationale équivalent à100 en 1973, a dépassé les 800 à la fin des années quatre vingt.

La part du budget du MEN est passée de 19 % du Budget de l’Etat en1973, à près du quart aujourd’hui.

Au cours de la même période , le Budget de l’Enseignement Supérieur aconnu une croissance beaucoup plus rapide. L’indice de ce Budget est estiméaujourd’hui supérieur à 2300 contre 100 en 1973.

De ce fait la part de ce budget dans le budget du MEN est passée de 8 %à 25 % respectivement pour les deux dates.

Cependant cette progression des financements réservés à l’EnseignementSupérieur, reste toute relative, en raison de l’augmentation rapide des étu-diants. Entre 1970 et 1990, l’effectif des étudiants a été multiplié par plus de13.

CONCLUSION

L’analyse du degré d’articulation du SES ne peut être valablement menée,qu’en tenant compte de la finalité de ce système, qui est certes économique,mais aussi socio-culturelle.

C’est la raison pour laquelle, le système éducatif ne saurait être entière-ment dépendant du Système Productif, dans son sens restreint.

Dès lors l’évolution ne saurait se limiter à un simple rapport coût/emploiproposé.

L’approche devrait prendre en considération, outre la variable emploi,d’autres variables, tout aussi importantes, tel que les besoins socio-culturels.

L’évaluation du SES est donc plus large, plus complexe. Cependantl’extension du champ d’investigation de la notion d’articulation, ne doit pasfaire omettre que ce système doit être piloté de façon la plus opérationnellepossible.

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TROISIEME PARTIE

PROGRAMME D'ACTIONPOUR UNE MEILLEURE ARTICULATIONENTRE L'EDUCATION, LA FORMATION

ET L'EMPLOI

CHAPITRE IOBJECTIFS ET PHILOSOPHIE DU

PROGRAMME D'ACTION

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1 - OBJECTIFS DU PROGRAMMED’ACTION: identifier les options

fondamentales en vue de renforcer les capacitésd’adaptation réciproque du système d’éducation-formation et du système de production.

La promotion de l’emploi est, aujourd’hui, une priorité nationale. Plu-sieurs paramètres conditionnent le niveau de l’emploi : la démographie, lacroissance économique, la formation et les relations professionnelles. Depuis sacréation, le CNJA a centré son action sur la promotion de l’investissement etdonc de la croissance économique. La troisième session du Conseil porte sur lamaîtrise de l’articulation entre le système éducatif (au sens large) et lesystème productif. Le programme d’action vise, au moyen d’un rapproche-ment entre les besoins de l’économie et les sortants du système éducatif, à cer-ner les insuffisances de l’appareil de formation et du système productif, afin dedégager les principales orientations conduisant au renforcement des capacitésd’adaptation réciproque du système d’éducation-formation et du système deproduction.

Il est évident que la mission du système éducatif est beaucoup plus largeet s’étend à la satisfaction d’une demande socio-culturelle tout aussi fondamen-tale. Et, il est également évident que l’équilibre sur le marché de l’emploi nedépend pas uniquement de la dynamique du système éducatif, mais égalementet surtout du dynamisme présent et futur du système productif (première etdeuxième sessions).

Néanmoins, en raison de l’ampleur du chômage des jeunes diplômés, larecherche d’une articulation relative entre système éducatif et système produc-tif est, aujourd’hui, un enjeu national et fondamental tant sur le plan écono-mique que socio-politique.

2 - PHILOSOPHIE DU PROGRAMMED’ACTION

A. UNE VISION GLOBALE DES DÉTERMINANTSDE L’EMPLOI

Le thème choisi pour les travaux de la troisième session du ConseilNational de la Jeunesse et de l’Avenir constitue un prolongement logique etindispensable des thèmes retenus lors des sessions précédentes.

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En effet, le thème de la première session portant sur “l’insertion desjeunes diplômés” a permis de se pencher sur les causes d’un phénomène nou-veau apparu dans la société marocaine : d’un côté, des diplômés en chômage,de l’autre, des besoins en emploi qualifié, exprimés par différents secteurs éco-nomiques et sociaux, qui demeurent non satisfaits.

De même, les travaux de la deuxième session consacrés à la question de“l’emploi des jeunes en milieu rural” ont révélé l’existence d’un potentiel énor-me de possibilités de développement non encore mobilisé au sein de l’écono-mie rurale et la prédominance du travail peu ou non qualifié.

Dans ces deux sessions, l’action du CNJA a été centrée sur la promotionde l’investissement productif et, par conséquent, la croissance économiqueen tant que variable importante qui conditionne le niveau d’emploi.L’attention accordée à la question de l’Education-Formation dans le cadre de latroisième session s’inscrit dans la même perspective et témoigne de la globalitéde l’approche du CNJA ainsi que de son caractère multidimensionnel. Certes,l’emploi est la résultante de plusieurs paramètres stratégiques : notamment ladémographie et la croissance économique. Dans le domaine de l’emploi, leseffets d’une croissance économique sont souvent amoindris par le rythme tou-jours important de l’évolution de la démographie. Une politique globale depromotion de l’emploi devrait d’abord essayer de maîtriser ces variables.

Mais l’emploi est également fonction du degré d’articulation entre le Sys-tème Educatif et les besoins de l’économie.

Ainsi, l’essence commune des programmes socio-économiques proposéspar le Conseil réside dans la prise en compte de quatre corrélations principales:

- Croissance économique et emploi (première et deuxième sessions).

- Education, formation et emploi (troisième session).

- Relations professionnelles et emploi

- Démographie et emploi .

En effet, le problème de l’emploi au Maroc peut s’expliquer, en partie,d’abord par un déséquilibre croissant entre la dimension démographique et lacroissance économique lesquelles déterminent, dans une large mesure, le com-portement des composantes du marché de l’emploi : la première agit sur lademande d’emploi et la seconde sur l’offre.

Le poids démographique est ressenti avec acuité en milieu urbain, où la

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demande d’emploi croîtrait de 4,3 %, en raison notamment de l’exode rural etde la participation croissante de la population féminine. L’évaluation de l’inci-dence des facteurs socio-démographiques sur la demande d’emploi en milieuurbain, a établi que l’accroissement de la demande d’emploi des femmes soientattribuable pour 70 % à la croissance démographique, et pour 30 % aux fac-teurs socio-culturels qui sont à la base du changement du comportement de lafemme vis-à-vis de l’activité. Par contre, l’accroissement de la demanded’emploi masculine proviendrait dans sa quasi-totalité de la croissance démo-graphique, le changement de structure de cette demande étant le produit prin-cipal de l’élévation du niveau d’instruction et de formation des jeunes.

Mais, jusqu’à quel niveau la croissance économique peut-elle supporter lepoids de la démographie ? Toujours est-il qu’une croissance économique saineet durable demeure tributaire de trois facteurs :

- La mise en oeuvre d’une politique adéquate visant l’instauration progressived’un équilibre durable, à long terme, entre ressources humaines et ressources écono-miques ;- La conciliation entre l’élaboration d’une politique économique, où l’emploi estintégré en tant que variable stratégique, et la restauration des équilibres externes(réduction du déficit commercial, du service de la dette extérieure....) ;- La poursuite de l’investissement dans le capital humain pour en faire un facteurde développement économique et technologique.

Ces différents objectifs constituent certains des principes majeurs desprogrammes d’action proposés par le Conseil.(Voir les première et deuxièmesessions) .

Ensuite, la méconnaissance du marché de l’emploi rend difficile lagestion des déséquilibres qui le caractérisent. La connaissance précise del’offre et de la demande d’emploi restent une condition préalable à toute éva-luation de leur degré de correspondance. Il s’agit, là, d’un travail de longuehaleine où le recensement et l’enquête effectués par le Conseil enJanvier/Février 1991 ne constituent qu’un premier jalon.

D’autres études et enquêtes sont à entreprendre pour dégager les grandestendances du système d’éducation-formation en vue d’un diagnostic des distor-sions entre l’offre et la demande d’emploi. Le bilan du travail des commissions

provinciales et préfectorales12 mises en place par le CNJA en vue de mettre encontact offreurs et demandeurs d’emplois en est l’illustration la plus édifiante.

L’entreprise marocaine exige du marché du travail la disponibilité de pro-fils de formation immédiatement opérationnels. Partant de cette perception,

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12 Il s’agit des commissions provinciales et préfectorales mises en place par le Conseil pourrapprocher la demande (des jeunes diplômés) de l’offre d’emploi émanant des entreprisesprivées. C’est la première expérience du genre dans ce domaine.

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l’offre potentielle d’emploi semble difficile à satisfaire à court terme, et onconclut à l’inadaptation de la formation à l’emploi.

Or, dans plusieurs expériences riches d’enseignements dans le domaine del’emploi, le système d’éducation-formation est de plus en plus appelé à prendreune certaine “autonomie” par rapport aux besoins immédiats du système pro-ductif. La tendance nouvelle s’oriente vers la promotion de profils de formationgénérale susceptibles de s’adapter rapidement au rythme des changements desbesoins du système productif. Plusieurs arguments militent en faveur de cetteoption :

- Des études menées dans d’autres expériences ont révélé que des entre-prises ayant des équipements techniques comparables étaient caractéri-sées par des structures d’emploi et des compositions de la main d’oeuvrequi différaient sensiblement. Plusieurs profils de formation pouvaientdonc correspondre à un état donné de la technologie. Ces mêmes étudesont montré que plus les jeunes ont un diplôme de niveau élevé, mieux ilsse placent; le type de formation qu’ils ont pu recevoir ne jouant qu’unrôle secondaire par rapport au niveau atteint.

- Une main-d’oeuvre ayant un meilleur niveau de formation générales’adapte mieux dans l’entreprise ;

- Un niveau élevé de formation générale de la main d’oeuvre favorisel’expansion ultérieure des entreprises en les dotant d’une capacité d’adap-tation, d’évolution ou même de reconversion pour faire face aux évolu-tions économiques et technologiques possibles, grâce aux qualités du per-sonnel en place.

- La relation “formation-emploi” a toujours été considérée comme“consécutive” : formation et emploi se succèdent dans le temps. Or, ilapparaît de plus en plus que la relation formation-emploi est, pour unelarge part, une relation “simultanée” : la formation s’acquiert “dans” et“par” l’emploi dans l’entreprise. De cette constatation découle le conceptde “l’entreprise formatrice”.

Il est à souligner que la mise en oeuvre de cette option, relative à l’articu-lation “formation-emploi”, est liée d’une part à l’existence d’une politique desressources humaines au sein de l’entreprise et d’autre part à l’ouverture du sys-tème éducatif sur son environnement socio-économique.

C’est là l’un des objectifs de l’action actuelle du Conseil perceptible àplusieurs niveaux. : initiation d’une réflexion sur la relation “formation-emploi”, dynamisation de l’intermédiation sur le marché de l’emploi, mise en

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place d’un dispositif de reconversion professionnelle facilitant l’insertion desjeunes diplômés dans la vie active...

B. DÉVELOPPER LA CAPACITÉ D’ADAPTATION DUSYSTEME D’ÉDUCATION ET DE FORMATION ÀL’ÉVOLUTION DES BESOINS DE L’ÉCONOMIE

L’articulation recherchée entre l’éducation, la formation et l’emploi estune articulation relative en raison des rythmes contrastés des évolutions dessystèmes en présence, de la diversité de leurs rôles respectifs et de la faiblessedes articulations sectorielles dans la politique économique et sociale.

i - Les rythmes contrastés des évolutions dessystèmes en causeL’évolution des systèmes de formation est lente. Elle s’inscrit dans le

moyen et long terme. Entre le moment où les adaptations des systèmes de for-mation sont opérées et celui où l’impact est perceptible s’écoulent de nom-breuses années. En revanche les besoins d’emploi de l’économie changent rapi-dement au fil de la mouvance technologique ; A peine l’entreprise identifie sesbesoins en ressources humaines et tente de les mobiliser que de nouvelles exi-gences apparaissent sous l’effet des bouleversements technologiques.

ii - La diversité des rôles des systèmes enprésenceL’équilibre sur le marché de l’emploi ne dépend pas uniquement de la

dynamique du Système Educatif mais également et surtout des performancesdu Système Productif.

Par ailleurs, la fonction du Système Educatif ne se limite pas seulement àla satisfaction des besoins exprimés par le marché de l’emploi. A celle-ci s’ajou-terait la réponse à une demande socio-culturelle tout aussi fondamentale àsatisfaire.

iii - Les difficultés qui procèdent de la prise en compte dans toute

politique économique et sociale des articulations sectorielles en plus des objec-tifs de développement strictement sectoriels. L’articulation relative passe donc

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d’une part par le développement d’un Système Educatif fondé sur la polyvalen-ce, ouvert sur son environnement socio-économique et d’autre part par un sys-tème productif au fait des mutations technologiques grâce à son implicationdans la recherche-développement et à une politique de valorisation des res-sources humaines.

C. POURSUIVRE L’INVESTISSEMENT DANS LECAPITAL HUMAIN ET SENSIBILISER L’ENTREPRISE ÀLA VALORISATION DE SES RESSOURCES HUMAINES

Le programme d’action proposé procède d’un triple constat qui doit êtreinterprété comme une incitation au développement du système éducatif auxniveaux quantitatif et qualitatif et à la promotion de l’emploi qualifié ausein du système productif.

En effet, le premier constat concerne une tendance à l’essoufflement dusystème productif marocain dans un environnement économique général enpleine mutation. A l’horizon proche se profilent les défis d’un outil de produc-tion inadapté dont l’avantage comparé reposait sur les bas salaires. L’effrite-ment de cet avantage fait de l’intégration industrielle et de la normalisation dela qualité les deux conditions de la compétitivité. Or la refonte de l’outil deproduction qui en découle fait de la formation et de la qualification profession-nelles les fondements de tout avantage comparatif dans l’avenir.

Ce constat se heurte d’une manière paradoxale à un deuxième: les projec-tions de créations d’emploi révèlent la faiblesse de la part de l’emploi qualifiédans le total des emplois.

Le troisième constat réside dans l’évolution du système éducatif marquéepar l’importance des déscolarisés et des sorties de l’enseignement à caractèregénéral tant au niveau du secondaire que du supérieur.

Ces différents constats conduisent à considérer que le développement dusystème éducatif signifie la poursuite de l’investissement en ressourceshumaines mais également la recherche d’une amélioration de sa productivité àtravers la rationalisation de sa gestion et son ouverture sur son environnementsocio-économique. La valorisation des ressources humaines au sein du systèmeproductif passe par la sensibilisation de l’Entreprise à la productivité et parson incitation à la promotion de l’emploi qualifié.

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D. VERS UNE IMPLICATION CONCERTÉE DESPARTENAIRES

Le caractère “ouvert” des mesures proposées est un principe délibérémentadopté par le programme d’action proposé. Il procède d’abord de la complexitédes problèmes abordés qui ne peuvent être traités sans une sensibilisationcontinue, une capitalisation approfondie des nombreuses accumulationsréalisées dans le domaine, et une concertation permanente entre les parte-naires impliqués.

Il découle ensuite des progrès importants réalisés dans la réflexion sur lesystème éducatif et qui ont conduit, dans plusieurs occasions, à des blocagesdans la réalisation, liés à l’insuffisance de la concertation ou à la faibleprise en compte des contraintes hypothéquant la faisabilité des recomman-dations adoptées.

Il signifie, enfin, que l’objectif majeur du programme d’action duConseil est de définir un cadre général de réflexion sur les solutions appro-priées.

Ce programme est donc le point de départ d’une réflexion collective, etnon un quelconque aboutissement, sur une question qui représente en cette finde siècle un défi national.

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CHAPITRE II

RAPPROCHEMENT ENTRE OFFREET DEMANDE DE FORMATION

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Outre ses finalités culturelles et sociales, le système éducatif dansson ensemble doit répondre aux objectifs économiques tant ilest vrai que la croissance et le développement dépendent de

façon étroite du niveau d’éducation et de qualification de la population. Ildevient dès lors nécessaire d’établir un rapprochement entre les sorties du sys-tème éducatif d’une part et les possibilités de leur insertion dans la vie activeoffertes par le système productif d’autre part. Ce rapprochement permettrad’établir un diagnostic prospectif sur la base duquel pourront être fondées lesactions d’ajustement en vue d’atténuer les déséquilibres sur le marché du tra-vail.

Pour pouvoir effectuer un rapprochement global entre l’offre et lademande de formation en termes de flux annuels de diplômés, compte nontenu des stocks de demandeurs d’emplois diplômés, on a adopté les hypothèsessuivantes :

(i) Tous les sortants diplômés sont assimilés à des entrées dans la vie acti-ve, et constitueraient donc l’offre de formation sur le marché du travail;

(ii) Les besoins de renouvellement représenteraient quelque 5% desbesoins d’expansion pour toutes les catégories de diplômés ; la somme deces deux volets donnerait les besoins ou demande de formation ;

(iii) La part des diplômés s’orientant en milieu rural est supposée négli-geable et, par conséquent, l’effectif de sortants diplômés au niveau natio-nal pourrait être rapproché aux besoins d’emploi en milieu urbain.

Sur la base de ces hypothèses, et après ajustement des besoins d’expansionon a évalué les “surplus” et “déficits” par niveau de formation pour l’horizon1997/1998, date permettant d’apprécier les possibilités de développement dusystème d’éducation et de formation, et de prendre dès à présent les disposi-tions requises pour corriger progressivement les déséquilibres prévisibles.

Les déficits ou surplus ainsi dégagés, il faudrait le souligner, résultentd’un solde global qui, de par la définition de ses composantes, ne saurait ren-seigner sur le niveau de chômage que connaîtrait chaque niveau de for-mation. Tout au plus, ces indicateurs donneraient une idée très approximativesur les possibilités de développement de ces niveaux de formation entermes de capacité d’accueil, sachant que pour un même niveau peuventcoexister un taux de chômage élevé et des besoins d’emploi et de formationrelativement importants non satisfaits.

Aussi conviendrait-il d’approfondir le rapprochement par filières

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pour mieux cerner les inadaptations des formations aux besoins del’économie, et pouvoir caractériser les types de chômage en présence(chômage d’insertion, chômage de dysfonctionnement du marché dutravail, chômage structurel).

Globalement, la balance offre-demande de formation présente un déficitbrut estimé à environ 29% de l’offre, qui résulte en grande partie du niveau“Spécialisation”, dont le taux de déficit dépasserait largement 100%, et dansune moindre mesure des niveaux “cadres intermédiaires”, et “qualification”,avec des taux de 21% et 17% respectivement.

1 - Pour le le niveau “Spécialisation”, bien que ce taux soit quelque peusurestimé, puisque n’incluant pas le niveau initiation professionnelle, lesbesoins potentiels resteront élevés, aussi bien pour les activités du secteurinformel que pour les secteurs organisés, notamment au niveau del’apprentissage.

Les métiers dans lesquels ce niveau de formation pourrait être développésont nombreux et appartiennent notamment aux filières de textile, de laconfection, du bâtiment, des transports, du commerce, et de l’alimenta-tion. En prévision de l’expansion des effectifs du deuxième cycle del’enseignement fondamental, il conviendrait de renforcer ce niveau deformation et de l’adapter aux besoins des employeurs, afin de donner unminimum de formation professionnelle aux jeunes qui n’arriveraient pasà accéder à l’enseignement secondaire, et qui se présenteront sur le mar-ché de l’emploi.

2 - Le niveau qualification connaîtrait également un taux de déficit nonnégligeable de l’ordre de 17 % de l’offre de formation, déficit qui a étéobservé par les enquêtes auprès des employeurs dont les besoins exprimésse sont avérés importants, en dépit de l’accentuation du chômage dediplômés issus des filières de formation peu captives. Bien que ce taux dedéficit indique l’existence d’une marge importante d’expansion des capa-cités d’accueil pour ce niveau de formation, les risques d’aggravation duchômage qualifié, ne sont pas négligeables.

En particulier, les bacheliers non inscrits ou abandonnant leurs études àl’Enseignement Supérieur connaîtraient des difficultés d’insertion, du faitqu’ils possèdent un diplôme non professionnel : Le nombre d’emploisannuels projetés pour cette catégorie est de 3.670 pour une demande pré-visionnelle de 17.480, soit un surplus de 13.410.

Par ailleurs, le rapprochement entre les créations d’emplois par profes-

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sions et les sorties des filières de formation laisse apparaître des besoinsrelativement importants dans les métiers qualifiés du textile, de laconfection, de la restauration, de la construction, et dans les filièresindustrielles telles que la mécanique industrielle (maintenance et répara-tion notamment) , l’usinage et fabrication mécanique, la ferronnerie et lachaudronnerie.

3 - Les besoins en cadres intermédiaires sont relativement élevés. Mal-gré l’accroissement rapide des capacités d’accueil et des effectifs en for-mation correspondant au niveau technicien, le déficit par rapport à l’offrede formation atteindrait environ 21 % .

Eu égard au rôle accru que joueront ces cadres dans l’économie, il estsuggéré d’initier, dans un cadre complémentaire et cohérent avec lesfilières de techniciens, des formations intermédiaires professionnaliséesavec des cycles de courte durée. Ces formations permettraient, à brèveéchéance, de “récupérer” les étudiants qui abandonneront leurs études etde leur assurer une formation qualifiante, et, à long terme, de mieuxréguler la production des diplômés de l’enseignement supérieur en fonc-tion des besoins de l’économie.

4 - Au niveau de l’enseignement supérieur, la croissance relativementrapide des effectifs conduira, vers la fin de la décennie, à un taux de sur-plus de l’ordre 18 %, notamment dans les filières littéraires et scienti-fiques peu “professionnalisées”. En effet, l’enseignement mettra sur lemarché du travail quelque 23 400 licenciés par an et 4400 diplômés desInstituts et grandes écoles d’ici à la fin de la décennie quatre-vingt-dix.Si les créations d’emploi pour les diplômés et les grandes écoles devraientlargement absorber les sorties de ces établissements de formation avecune offre additionnelle de 4900 emplois par an, le problème de l’emploide la catégorie des licenciés se posera avec plus d’acuité, car le surplus deces diplômés ira croissant.

Ces déséquilibres ne devraient pas préjuger des possibilités de développe-ment de l’enseignement supérieur car ils découlent d’une évolution ten-dancielle des structures actuelles du système d’éducation-formation et dusystème productif dont le niveau d’encadrement reste faible. Le rythmede croissance de l’emploi des cadres supérieurs pourrait, toutefois, êtreaccéléré si des dispositions sont prises durant les années à venir pourmoderniser les structures économiques, promouvoir les professions haute-ment qualifiées et faire de l’enseignement supérieur un facteur de déve-loppement technologique et un élément de la croissance.

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Dans ce contexte, la restructuration de l’enseignement supérieur pourraitêtre envisagée dans l’optique de réaliser un meilleur équilibre entre lesdifférentes filières et les types de formation, d’accroître l’efficacité interneet externe des établissements de formation, et d’adapter davantagel’enseignement supérieur à l’environnement socio-économique.

5 - Mais de grandes zones d’ombre demeurent, notamment celles quientachent la situation de l’emploi de la main-d’oeuvre non qualifiéedont le niveau d’instruction ne dépasse pas la fin du deuxième cycle del’enseignement fondamental. Une partie de cette main-d’oeuvre qui n’apas atteint la fin du premier cycle de l’enseignement de base peut êtreconsidérée parmi celle n’ayant pas de diplôme et qui s’accapare près de43% des emplois additionnels projetés. Pour l’autre partie qui se prévautd’un niveau d’instruction équivalent à la fin du premier et/ou du deuxiè-me cycle de l’enseignement fondamental, les possibilités d’emplois selimitent à 43.600 postes par an. Elles sont donc loin de couvrir les sortiescumulées de ce niveau d’enseignement et non récupérées par le systèmede formation professionnelle. On rappelera que l’effectif total des sortiescumulées dépasserait les 300.000 par an en moyenne sur la décenniequatre-vingt dix, déséquilibrant davantage la balance de l’emploi pourcette catégorie de main-d’oeuvre.

A la lumière de ces éléments de rapprochement, on peut considérer queles zones de déséquilibres entre le système éducatif, pris dans sa totalité,et le système productif, se situent en premier lieu au niveau des sorties del’enseignement à caractère général et le second lieu au niveau des licen-ciés de l’enseignement supérieur et enfin dans une moindre mesureconcernant les lauréats de la Formation Professionnelle. Les perspectivesd’évolution telles qu’elles ressortent des projections semblent perpétuerles scénarios actuels. Ce constat constitue le point d’appui de toute actiond’ajustement ou de restructuration envisageable à l’avenir.

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CHAPITRE III

ACTIONS POUR UNE MEILLEUREARTICULATION ENTRE L’ÉDUCATION, LA

FORMATION ET L’EMPLOI

Il ressort de cette réflexion prospective la nécessité d’entreprendre desactions et des mesures de grande envergure en vue de développer la capacitéd’adaptation de notre système d’éducation-formation aux besoins de l’écono-mie, l’objectif ultime étant d’assurer une formation d’avenir : productive pourles entreprises et utile pour les générations montantes. Mais pour qu’elle soitefficace, cette formation doit être une formation concertée impliquant davanta-ge les employeurs dans l’acte de formation. Cependant, le rôle du système édu-catif et du système productif ne devrait pas se limiter au processus d’apprentis-sage institutionnel : ils sont appelés plus que jamais à participer au développe-ment de l’éducation permanente, afin d’assurer la promotion sociale àl’ensemble de la population.

Tels sont les objectifs qui seront développés dans les axes retenus par leprogramme d’action pour la présente session :

- le développement de l’éducation de base en tant que moyen important dansla préparation à la vie active (mesures n° 1,2,3 et 4)

- la mise en place d’une formation concertée, seule susceptible d’assurerune insertion professionnelle (mesures n° 5,6,7 et 8)

- le renforcement du partenariat entre le système éducatif et le mondedu travail (mesures 9,10,11 et 12).

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. 1 .

EDUCATION DE BASE

ET PREPARATION A LA VIE ACTIVE

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MESURE N°1

L’ALPHABETISATION : UN VECTEURDE DEVELOPPEMENT

PRESENTATIONLe taux d’alphabétisation est désormais considéré comme l’un des principauxcritères utilisés dans les comparaisons internationales en matières de déve-loppement économique et social. Au Maroc, la campagne de lutte contrel’analphabétisme a été lancée en même temps comme soutien et complé-ment à l’opération école entreprise au début de l’indépendance.

Cependant, sur le plan des réalisations force est de constater que les résultatsdemeurent bien en deça des objectifs.

Par conséquent, compte tenu des effets induits de l’alphabétisation sur lacroissance économique et sur le développement social et culturel, une actiond’envergure s’impose en tant que priorité nationale qui commande une éva-luation objective des réalisations, et des moyens humains et matériels mobi-lisables dans le cadre de cette opération. Le but recherché est de permettreaux larges couches de la population d’assimiler les notions de base auxniveaux de la lecture, de l’écriture et du calcul.

OBJECTIFS

• Contribuer à l’élévation du niveau d’instruction

• Favoriser l’accès à l’information au savoir et au savoir-faire

• Permettre d’agir efficacement sur les variables démographiques

• Améliorer les conditions sociales

• Améliorer la productivité du travail.

MOYENS DE MISE EN OEUVRE

• Mobilisation des infrastructures existantes (écoles, msids,entreprises, administration).

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• Création d’un fonds national pour le développement de l’alphabétisation.

• Possibilités offertes par la coopération internationale.

• Campagne multimédias de sensibilisation pour la mobilisation et l’adhé-sion de toutes les énergies.

• Mise en place d’une structure de coordination entre les différents interve-nants.

CONDITIONS DE REALISATION

• Elaboration d’un programme national d’alphabétisation àcourt, moyen et long terme,

• L’adhésion de toutes les parties concernées et principalement les popula-tions ciblées.

PARTIES CONCERNEES

• L’Administration

• Les collectivités locales

• Les entreprises

• Les organisations de jeunesse

• Associations professionnelles

• Médias

Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993

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MESURE N°2

LA SCOLARISATION :UN FACTEUR D’INSERTION

DANS LA VIE ACTIVE

PRESENTATION

Si l’objectif de la généralisation de la scolarisation fait l’objetd’une unanimité à l’échelle nationale, néanmoins onobserve une certaine lenteur au niveau de l’évolution dutaux de couverture des enfants en âge de scolarité, surtoutdes filles en milieu urbain et des enfants des deux sexes enmilieu rural.

Ce phénomène peut s’expliquer par l’insuffisance des capacités d’accueil(causes liées à l’offre), par le manque d’attrait pour l’école surtout en milieurural. Ce qui peut s’expliquer par différents facteurs : économiques,sociaux... (causes liées à la demande) ou par des facteurs liés à l’environne-ment de l’école.

Or l’élévation du niveau d’instruction de la population est reconnue commeun facteur de la croissance. En effet, des études ont montré qu’une annéed’instruction supplémentaire de la population active provoque une croissan-ce du PIB de l’ordre de 7%. Par conséquent, la généralisation de la scolarisa-tion devient un impératif à la fois économique, social et culturel.

Il s’agit donc de faire une évaluation objective des réalisations et d’identifierles facteurs de blocage afin d’agir efficacement dans ce domaine.

OBJECTIFS

• Elever le niveau d’instruction de la population ;

• Permettre aux scolarisés l’accès à des niveaux supérieurs d’éducation for-mation ;

• Permettre une meilleure préparation à la vie active;

• Doter la société et l’économie des compétences diversifiées.

Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ?

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MOYENS DE MISE EN OEUVRE

• L’identification des facteurs de blocage spécifiques selonle milieu urbain ou rural ;

• La mobilisation et l’utilisation rationnelle des moyens humains et maté-riels ;

• La conjugaison des efforts de tous les partenaires et principalement leconcours des départements concernés par l’école ou par son environnement.

• La sensibilisation des parents, surtout en milieu rural, pour obtenir leuradhésion.

• Le renforcement de l’enseignement fondamental en milieu rural

CONDITIONS DE REALISATION

• Engager un débat national sur l’impératif de lagénéralisation de la scolarisation pour trouver des solutionsappropriées aux différents facteurs de blocage.

PARTIES CONCERNEES

• Ministère de l’Education Nationale;

• Les autres Ministères concernés par l’amélioration de l’environnement del’école ;

• Les Collectivités locales ;

• Les Parents.

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MESURE N° 3

MAITRISE DES LANGUES D’APPRENTISSAGE

PRESENTATION

Les langues permettent de diversifier les possibilités d’accèsau savoir et au savoir faire émanant de différents horizons.Elles renforcent les chances de réussite scolaire etd’insertion sociale et professionnelle.

Au Maroc, en matière de langues d’apprentissage, on constate une ruptureentre les niveaux fondamental et secondaire et le niveau supérieur. Ce quipeut expliquer en partie le fort taux d’échec enregistré dans les premièresannées de l’enseignement supérieur. D’autant plus que la langue maîtriséecommence à motiver des orientations sans références aux critères objectifs devocation et d’habilité psychotechniques.

Par conséquent, l’amélioration de la situation passe par la maîtrise de lalangue nationale en tant que langue officielle d’apprentissage. De même, leslangues étrangères devront être renforcées et maîtrisées en tant que moyensd’ouverture sur l’évolution de la science et de la technologie.

OBJECTIFS

• faire en sorte que la langue ne constitue pas un facteurdiscriminant pour les différentes options d’orientation

• permettre une meilleure intégration dans la civilisation universelle, touten renforçant les caractères spécifiques de l’identité nationale.

MOYENS DE MISE EN OEUVRE

• renforcer l’enseignement des langues d’apprentissage auniveau de l’enseignement fondamental et secondaire,

• utiliser les moyens didactiques modernes pour l’apprentissage des langues.

Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ?

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CONDITIONS DE REALISATIONMise en place d’une politique nationale claire et cohérente en matière dedéveloppement et de maîtrise des langues.

PARTIES CONCERNEES

• Ministère de l’Education Nationale

• Administration de la formation professionnelle et de laformation des cadres.

• Les médias.

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MESURE N°4

DEVELOPPEMENT DE L’ENSEIGNEMENTDE LA TECHNOLOGIE

PRÉSENTATION

Les trajectoires de développement économique montrentque la maîtrise de la technologie constitue un facteurdéterminant. Dans la perspective de favoriser cette maîtrise,l’introduction, dans les programmes d’enseignementgénéral, des matières technologiques permettra d’ouvrir denouveaux horizons .

Au Maroc, la réforme de l’enseignement de 1985, visaitd’accorder une place importante à l’ “Enseignement desSciences et Techniques”. Cependant, les réalisationsdemeurent insuffisantes.

Il s’agit donc de renforcer l’action dans ce domaine afin defavoriser le développement de la culture et du savoirtechnologiques nécessaires pour s’adapter efficacement aurythme accéléré des mutations de la société moderne.

OBJECTIFS

• Initier à la technologie et à l’innovation de manièrecumulative et ce depuis l’enseignement fondamental.

• Permettre aux contenus de formation de prendre en compte les évolutionstechnologiques .

• Développer les bases d’une interaction entre enseignement théorique etenseignement pratique, entre savoir et savoir-faire.

• Aider les enfants à mieux comprendre pour choisir leurs carrières d’avenir.

• Augmenter les possibilités de choix d’orientation grâce à la polyvalenceofferte par l’enseignement de la technologie.

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MOYENS DE MISE EN OEUVRE

• Moyens matériels• Equipements didactiques à développer et/ou à rationaliser

• Implanter dans les établissements (écoles, lycées et universités) d’ateliers àfonctionnalité technologique.

• Moyens humains :• Formation initiale et continue des formateurs

• Moyens pédagogiques :• Manuels, moyens audiovisuels, séquences éducatives en entreprise, etc...

CONDITIONS DE RÉALISATION

• Elaborer des programmes à la fois intégrés et adaptés àchaque niveau du cursus de l’enseignement général.

PARTIES CONCERNÉES

• Ministère de l’Education Nationale

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. 2 .

FORMATION CONCERTÉE

ET INSERTION PROFESSIONNELLE

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MESURE N°5

DEVELOPPEMENT D’UN SYSTEMENATIONAL D’INFORMATION ET

D’ORIENTATION

PRESENTATION

Les systèmes d’information et d’orientation sont peudéveloppés. Il en résulte des choix peu fondés sur laconnaissance des besoins, des habilités et des aptitudes. Lescontraintes de la carte scolaire, la capacité d’accueil et lescircuits informels déterminent largement l’opération del‘orientation .

Ainsi, le développement des structures d’information et del’orientation est en mesure de promouvoir les mécanismesd’ajustement et d’articulation par une meilleurecommunication entre les composantes des systèmes.

OBJECTIFS

• Mettre en place d’une manière coordonnée un système decommunication susceptible de véhiculer l’information entrele système éducatif et le système productif;

• Développer la formation du personnel d’orientation dans les techniquesd’évaluation et de communication;

• Développer les échanges d’expériences entre départements dans le domainede l’orientation;

• Assurer l’accès à l’information existante ;

• Faciliter l’insertion des lauréats dans le monde du travail.

MOYENS DE MISE EN OEUVRE• Développement d’un réseau national d’information scolaire, professionnel

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et universitaire.

• Renforcement, au profit des conseillers et personnel spécialisé dans l’orien-tation, des moyens (documents, locaux, textes...) et les conditions pouraccomplir leurs tâches.

• Production et diffusion de l’information d’une manière décentralisée.

• Elaboration de modules sur la formation professionnelle, sur les filières deformation dans le supérieur et sur l’environnement socio-économique localet régional.

• Création d’un bureau d’information et de liaisons avec les entreprises, auniveau de l’université.

• Réalisation des études dans le domaine des tests de l’évaluation et sur lescritères de sélection.

• Mise en oeuvre de la mesure adoptée lors de la première session relative àla création d’une structure d’intermédiation sur le marché du travail.

PARTIES CONCERNEES• Ministère de l’Education Nationale

• Ministère des Travaux Publics, de la Formation Professionnelle et de laFormation des Cadres

• Parents

• Elèves

• Etudiants

• Autres départements formateurs.

• Les associations et groupements professionnels.

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MESURE N°6

DEVELOPPEMENT DES MODESCONCERTES DE FORMATION

PRESENTATIONL’élargissement des pratiques de concertation constitue le moyen le plusapproprié pour favoriser une meilleure articulation entre profils de forma-tion et besoins de l’économie. Dans cette perspective, le développement dela communication entre système éducatif et système productif est un moyenprivilégié pour l’identification et la mise en oeuvre de programmes de for-mations spécifiques.

Cette démarche a pour objectif de permettre, d’une part, à l’entreprised’améliorer ses performances et sa compétitivité par le truchement de lavalorisation de ses ressources humaines et d’autre part, au système éducatifde répondre en particulier à des besoins précis de l’économie.

Dans cette perspective, les modes de formation visés peuvent concernernotamment :

• la formation en alternance qui permettra à l’entreprise de participer effec-tivement dans l’acte de formation.

• la formation contractuelle pour développer des formations “pointues”répondant aux besoins spécifiques ou particuliers de l’employeur.

• la formation par modules créditables, qui s’inscrit dans le cadre de la for-mation continue, permet à la population active d’acquérir de nouvelles qua-lifications et d’accéder à des possibilités de promotion sociale.

OBJECTIFS • Impliquer l’entreprise dans l’acte de formation

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• Promouvoir un système de passerelles et valoriser les formations intermé-diaires par l’ouverture des possibilités de mobilité professionnelle en entre-prise et d’avancement dans les carrières.

• Favoriser l’insertion professionnelle.

MOYENS DE MISE EN OEUVRE• Formation et information de l’entrepreneur marocain, en particulier dansles PME.

• Identification de profils de formation et d’emploi de façon conjointe parles associations professionnelles et les départements formateurs.

• Mise en oeuvre des conventions de partenariat.

CONDITIONS DE REALISATION• Des formes plus avancées d’organisation et de structuration des opérateurset des associations professionnelles au niveau national et régional.

• Une allocation motivante des ressources provenant de ces activités de for-mation.

PARTIES CONCERNEES• Les départements formateurs

• Les associations et groupements professionnelles

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MESURE N°7

DEVELOPPEMENTDE LA FORMATION CONTINUE

PRESENTATIONL’évolution rapide des métiers, des qualifications et des profils professionnelsconstitue de nos jours un invariant de l’environnement économique nationalet international. Dès lors, les entreprises et les établissements de formationsont appelés à entreprendre de concert des ajustements permanents entremodes et contenus des formations d’une part et exigences professionnellesd’autre part.

Dans ce cadre, l’objectif de recherche d’une meilleure articulation forma-tion-emploi passe par la mise en oeuvre d’un programme concerté des res-sources humaines en général et du développement de la formation continueen particulier

OBJECTIFS• Inciter les entreprises à intégrer la formation continue comme élément devalorisation des ressources humaines.

• Encourager les départements de formation à développer des programmesde formation continue dans le but d’une utilisation optimale des capacitésde formation existantes.

• Valoriser les ressources humaines.

• Contribuer à l’amélioration de la compétitivité des entreprises .

MOYENS DE MISE EN OEUVRE

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• Mettre en place un dispositif approprié et permanent de sensibilisation etd’information destiné aux employeurs.

• Fournir aux entreprises, en particulier aux PME, une assistance/conseildans les domaines de la définition des besoins et de l’élaboration des plansde formation.

• Valoriser par une certification les formations afin de favoriser une plusgrande mobilité sociale en entreprise.

• Développer les équivalences entre formation initiale, et formation conti-nue en tenant compte des acquis professionnels.

CONDITIONS DE REALISATION• Elaborer une “charte nationale” consacrant les principes de la formationcontinue en tant que moyen de valorisation du capital humain et reconnais-sant la nécessité de développer les investissements dans ce domaine.

• Mettre en oeuvre, outre un cadre juridique (loi-cadre) définissant lesconditions générales d’organisation de la formation continue, des dispositifsplus souples et plus adaptés de type conventionnel et/ou contractuel.

PARTIES CONCERNEES• Les départements formateurs

• Le Ministère des Finances

• Le Ministère des Affaires Administratives

• Les Groupements et les Associations Professionnels

• Les Syndicats

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MESURE N°8

ROLE ET DEVENIR DE L’ENSEIGNEMENTTECHNIQUE : NECESSITE D’UNE REFLEXION

PRESENTATIONL’enseignement technique a été conçu après l’indépendance et fut développédans un contexte économique et technologique qui a beaucoup évolué. Parailleurs, depuis, le système de formation professionnelle a connu une expan-sion notable.

Dans ce contexte, en prévision de l’accroissement des effectifs de l’enseigne-ment fondamental et compte tenu des préoccupations des responsablesvisant à assigner au système éducatif un rôle accru dans le développementtechnologique, il conviendrait de lancer une réflexion sur le rôle et le deve-nir de ce type d’enseignement pour mieux évaluer les possibilités de sonexpansion à moyen et long termes.

MOYENS DE MISE EN OEUVRERéaliser une étude d’évaluation de l’enseignement technique permettant decerner sa contribution à la satisfaction des besoins de l’économie, sa place parrapport aux autres options de l’enseignement général et professionnel et deformuler des propositions de réforme.

Organiser un séminaire national sur l’enseignement technique pour discuterces propositions en vue de formuler des recommandations relatives aux pers-pectives de son développement en fonction de l’évolution du système d’édu-cation et de formation dans son ensemble.

PARTIES CONCERNEES• Ministère de l’Education Nationale

• Administration de la Formation Professionnelle et de la Formation desCadres

• Groupement, Associations et Chambres Professionnelles.

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. 3 .

CONDITIONS D’UN RENFORCEMENTDU PARTENARIAT ENTRE LE SYSTEMEÉDUCATIF ET LE MONDE DU TRAVAIL

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MESURE N° 9

INSTITUTIONNALISATION DU PARTENARIATENTRE L’ENTREPRISE (au sens large) ET LES

ETABLISSEMENTS D’ENSEIGNEMENTSUPERIEUR

PRESENTATIONLes exigences du développement économique et la nécessité de l’évolutiondu système éducatif et du système productif impliquent l’instauration desliens de coopération étroits entre les établissements de formation et l’entre-prise.

Cette coopération devra concerner aussi bien la formation et la qualificationque la recherche-développement, qui constituent le vecteur essentiel dudéveloppement.

Aussi, afin de créer les conditions favorables au développement de l’entrepri-se et à l’amélioration de l’insertion des jeunes diplômés dans la vie active, ilest nécessaire de créer un cadre institutionnel favorisant la promotion d’unpartenariat mutuellement avantageux.

OBJECTIFS• Mieux adapter le système éducatif et le système productif aux impératifsde développement économique et technologique ;

• Développer l’ouverture mutuelle de l’enseignement supérieur et de l’entre-prise en encourageant leur coopération dans les domaines de la formation,du conseil et de la prestation de services, ainsi que de la recherche-dévelop-pement;

• Participation de l’enseignement supérieur à la modernisation de l’écono-mie et à l’évolution de l’entreprise.

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MOYENS DE MISE EN OEUVRE

• Elaboration de conventions-cadres entre les départements chargés de l’édu-cation-formation, des collectivités locales et les groupements professionnels.Elle constituera une référence pour la conclusion de contrats spécifiquesentre les différents établissements de formation, les collectivités locales etles entreprises.

• Mise en place d’un système incitatif pour encourager les actions de parte-nariat entre les établissements d’enseignement supérieur et les entreprises etorganismes nationaux et étrangers.

• Révision des textes réglementaires portant notamment sur les aspectsorganisationnels et financiers concernant les établissements de l’enseigne-ment supérieur, qui constituent un facteur de blocage à leur ouverture surl’environnement économique et social.

CONDITIONS DE REALISATIONUne meilleure organisation des partenaires au niveau du système productif.

PARTIES CONCERNEES• Les départements chargés de l’enseignement supérieur ;

• Le département de tutelle des collectivités locales ;

• Le département chargé des affaires économiques et sociales ;

• Les groupements et associations professionnels ;

• L’organisme chargé de la promotion et de la coordination de la recherchescientifique.

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MESURE N°10

VALORISATION DU ROLE DE L’UNIVERSITEDANS LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE

ET SOCIAL

PRESENTATIONL’Université marocaine a joué un rôle essentiel dans la marocanisation del’administration et de l’ensemble des secteurs économiques et sociaux.Cependant, sous l’effet de la saturation relative des besoins traditionnels, dela pression grandissante des effectifs qui évoluent sans commune mesureavec les moyens mis à sa disposition, et de l’apparition de nouvelles difficul-tés liées à la faible maîtrise des langues d’apprentissage, l’Université connaitde sérieux problèmes au niveau des moyens d’encadrement, des conditionsde travail, du rendement interne, de la capacité de s’adapter aux nouveauxbesoins de la société et de la possibilité de remplir pleinement sa missiondans les domaines de la recherche scientifique et technologique.

Par conséquent, pour redonner à l’Université son rôle d’avant- garde, il y alieu d’établir, en concertation avec toutes les parties concernées et les parte-naires de l’Université, une politique multiforme qui réunit les conditionshumaines, matérielles et de gestion capables d’améliorer les rendementsinternes de celle-ci et d’augmenter sa capacité d’adaptation aux besoins del’environnement socio-économique.

OBJECTIFS• Développer la communication entre l’Université et le système productif ;

• Améliorer la qualité de la formation au niveau de l’Université ;

• Faire évoluer les profils de formation de manière progressive et concertéevers des profils porteurs.

Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ?

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MOYENS DE MISE EN OEUVRE• Adopter le contrat-programme en tant que modalité qui favorise la sou-plesse, la gestion autonome et concertée, l’évaluation des résultats obtenus,le contrôle des engagements et la rationalisation des ressources humaines etmatérielles disponibles.

• Encourager les Universités à organiser des cycles de formation continue.

• Créer un cadre incitatif pour encourager les compétences de l’administra-tion et du secteur privé à participer à la formation.

• Développer des associations entre les bureaux d’études régionaux, les Uni-versités et les instituts de formation.

• Créer un bureau d’information et de liaison avec les entreprises, au niveaudes Universités (BUIRE).

• Activer le Conseil Supérieur de l’Enseignement comme lieu privilégiépour la mise en place d’une concertation méthodique et organisée des partiesconcernées .

• Mettre en place un cadre souple de gestion des questions pédagogiques,matérielles et budgétaires.

• Réviser le Dahir de 1975 sur les Universités et sur le Statut des ensei-gnants - chercheurs et les textes d’accompagnement.

• Créer et développer les associations professionnelles.

• Faire participer les entreprises aux conseils des établissements de forma-tion universitaires.

PARTIES CONCERNEES• Le Ministère de l’Education Nationale

• Les Associations professionnelles

• Les Administrations publiques

• Les Collectivités locales

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MESURE N°11

PROMOTION DE L’EMPLOI QUALIFIEDANS L’ADMINISTRATION ET L’ENTREPRISE

MAROCAINES

PRESENTATIONL’efficacité économique de l’entreprise et son degré de compétitivité consti-tuent, à long et moyen terme, un élément d’impulsion pour la créationd’emplois et plus particulièrement de l’emploi qualifié.

En effet, outre l’effort d’investissement, l’un des facteurs déterminants del’accroissement de la productivité des entreprises est la valorisation des res-sources humaines par le truchement de l’élévation du niveau de qualificationde l’emploi et du taux d’encadrement du personnel de l’administration et del’entreprise.

Cependant malgré les résultats positifs en matière de qualification enregis-trés au niveau du secteur organisé, l’entreprise marocaine demeure dépour-vue d’une politique de valorisation des ressources humaines. D’autant plusqu’elle est appelée à s’ouvrir davantage sur le marché international. Ce quiimplique la nécessité de renforcer la productivité et d’améliorer la qualitédes produits.

OBJECTIFS• Moderniser encore plus les structures organisationnelles du système pro-ductif, tout en augmentant la productivité, l’efficacité économique et ledegré de compétitivité de l’entreprise marocaine ;

• Rechercher l’excellence au niveau de la fabrication des produits ;

• Améliorer l’encadrement de l’entreprise ;

• Améliorer l’efficacité et le rendement de l’Administration publique.

Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ?

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Page 198: Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de

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MOYENS DE MISE EN OEUVRE• Sensibiliser les employeurs sur l’intérêt de créer des structures qualifianteset sur l’impact économique de la valorisation des ressources humaines ;

• Assister l’entreprise en matière de gestion des ressources humaines ;

• Développer la gestion prévisionnelle afin de cerner les besoins de l’entre-prise en main-d’oeuvre qualifiée pour mieux y répondre par le système édu-catif et de formation ;

• Promouvoir les recyclages et les formations continues au profit des chefsd’entreprise et des employés.

• Développer la concertation et le partenariat en faveur de la promotion del’emploi qualifié ;

• Améliorer l’organisation des professions et oeuvrer à une meilleure struc-turation des Associations Professionnelles.

PARTIES CONCERNEES• Administrations publiques

• Collectivités locales

• Les départements chargées de la formation

• Les organisations et associations professionnelles

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MESURE N°12

CREATION D’UNE RADIO-TELEVISION A CARACTERE EDUCATIF (RTE)

PRESENTATIONLa promotion de la formation dans le domaine scientifique et technologiquen’est plus le domaine réservé de l’enseignement . Les mass-médias jouentégalement un rôle fondamental dans la promotion de l’éducation, de l’infor-mation et de la communication de masse.

Dans cette optique, l’audiovisuel peut jouer un rôle éducatif essentiel dansles domaines de la diffusion d’une culture du savoir et du savoir-faire, durenforcement de l’effort d’alphabétisation, et de l’information sur l’évolutiondes technologies. De même, ces médias peuvent permettre aux élèves et àleurs parents une meilleure information sur les métiers et carrières et, parconséquent, favoriser des choix mieux éclairés d’options d’orientation.

OBJECTIFS• Sensibiliser les parties concernées aux problèmes de l’information et del’insertion.

• Donner des informations sur les filières de formation et fournir une infor-mation sur les métiers.

• Contribuer à l’effort de généralisation de l’enseignement de base .

• Contribuer à l’opération d’alphabétisation

• Assurer une initiation dans le domaine de la technologie et les sciences.

• Permettre l’accès aux programmes éducatifs et scientifiques produits àl’étranger.

• Produire des émissions ciblées dans les domaines éducatifs et de forma-tion.

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Page 200: Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de

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MOYENS DE MISE EN OEUVRE• Infrastructures de la RTM

• Informations produites par le système national de coordination de l’infor-mation et de l’orientation

CONDITIONS DE REALISATION

• Etude de faisabilité

PARTIES CONCERNEES• RTM

• Départements formateurs

• Associations et chambres professionnelles

• Système national de coordination de l’information et l’orientation

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Page 201: Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de

Edité par le Secrétariat Généraldu Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir

Dépôt légal :Flashage•Impression :

Page 202: Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de

QUELLE EDUCATION-FORMATION, QUEL EMPLOI POUR LE MAROC DE DEMAIN ?Programme d'action pour une meilleure articulation entre l'Education, la Formation etTroisième Session du Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir •Rabat, 16, 17

Page 203: Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de

Troisième Session du Conseil

Rabat, 16, 17 & 18 février 1993

CONSEIL NACONSEIL NATIONAL DE LA JEUNESSE ET DE L'ATIONAL DE LA JEUNESSE ET DE L'AVENIRVENIR

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i

P R E F A C E

S’inscrivant dans le prolongement des travaux effectués par leCNJA et présentés lors de la première session (Mars 1991) etdeuxième session (Octobre 1991) consacrées, respectivement, à

l’insertion des jeunes diplômés en milieu urbain1 et en milieu rural2,le présent rapport porte sur la relation éducation-formation-emploifaisant l’objet de la troisième session du Conseil (février 1993).

Ce sont précisément les réflexions, riches et cumulatives, menées defaçon permanente au sein du CNJA par les différents partenaireséconomiques et sociaux, qui ont permis de mettre en évidence lacentralité de la relation, à la fois multiple, complexe et enchevêtrée,éducation-formation-emploi dans le faisceau des déterminations del’emploi en général et de l’emploi des jeunes en particulier.

Il convient de souligner l’intérêt du rapport présenté ici sur un tripleplan :

Au plan, tout d’abord, de l’investigation en matière d’emploi. C’est lapremière fois que, au Maroc, la problématique acquiert une dimen-sion à la fois dilatée, transversale et profonde. Trop marquée, engénéral, par sa linéarité fonctionnelle, l’analyse traditionnelle s’avère,tout compte fait, peu en mesure de formuler des solutions et despropositions qui ne soient aussitôt disqualifiées par la réalité, uneréalité de plus en plus complexe et volatile.

La perspective adoptée par le CNJA privilégie, au contraire, unedémarche plutôt systémique, c’est-à-dire intégrant les différentescomposantes de la relation éducation-formation-emploi et tenantbien compte des processus interactifs associés aux logiques interneset externes aux sous-systèmes d'éducation, de formation et de pro-duction.

Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993

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Au plan, ensuite, de la démarche, il y a lieu de réitérer la méthodemise en oeuvre par le CNJA dans l’élaboration de ses études et lapréparation des travaux de ses différentes sessions. L’étude présentéeici poursuit un double objectif : produire, quant à la problématiquede l’adéquation éducation-formation-emploi, une connaissance aussiprécise, aussi objective et aussi pertinente que possible. Etablirensuite, sur la base de données existantes et/ou construites par leConseil, un diagnostic débouchant sur un programme d’action réa-liste, opérationnel et dont la mise en oeuvre est susceptible d’engen-drer des enchaînements cumulatifs et d’impulser des dynamiquessoutenues. Bien entendu, une telle approche ne saurait, à quelqueniveau que ce soit, aboutir sans une participation consciente detoutes les parties impliquées dans le processus d’ajustement de larelation d’emploi, de l’amont vers l’aval.

Sur cette question, comme sur les autres, le CNJA a initié un largedébat qui a porté d’abord sur les résultats de l’étude et le diagnosticétabli et, ensuite, sur la pertinence du “programme d’action pourune meilleure articulation entre l’éducation, la formation etl’emploi”. C’est la version amendée, enrichie et adoptée par lesmembres du CNJA lors de la troisième session que livre la présentepublication.

Au plan, enfin, de la logique ayant présidé à l’élaboration du “pro-gramme d’action”, deux observations méritent d’être soulignées.

• La première a trait au caractère synthétique et agrégé des mesuresformant le programme d’action proposé (chapitre 3). Outre une sériede raisons qui tiennent à la nature composite de la relation éduca-tion-formation-emploi, ainsi qu’à la multiplicité des acteurs, ilimporte d’invoquer le principe guidant l’action du CNJA : favoriserune démarche consensuelle conduisant à des choix concertés et à desaccords fondés sur la coopération et la coordination. De fait, dans lesdomaines de l’éducation, de la formation et de l’emploi rien n’estplus contreproductif que les solutions non négociées et les ajuste-ments obtenus des façon unilatérale, sans réciprocité.

• La seconde observation concerne le mode d’”instruction” des 12mesures préconisées. Afin de déboucher sur une série de proposi-

Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ?

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tions cohérentes et pertinentes, l’étude se décline en deux parties : lapremière dégage les tendances observées dans le passé pour ce quiconcerne le système productif et le système éducatif au sens large.

S’appuyant sur une analyse prospective et des projections quantita-tives, la seconde partie laisse se profiler des tendances qui vont au-delà de l’an 2000.

Cette démarche, qui ne procède pas seulement d’un ordre méthodo-logique approprié, rend compte de l’ingénierie profonde de la rela-tion d’emploi au Maroc. Dès lors, l’interrogation mise en exergue“Quelle éducation-formation, quel emploi pour le Maroc dedemain?” révèle le véritable enjeu.

Puissent les linéaments du projet esquissé ici constituer un premierjalon et susciter, rapidement, les finalisations et les mises en oeuvrenécessaires.

LE PRESIDENT DE SESSION LE SECRETAIRE GENERAL

Abdellatif LARAKI Habib EL MALKI

Voir :

1 Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir. L'insertion des jeunes diplômés :programme d'urgence pour un traitement productif du chômage des jeunes diplô-més. Rabat, CNJA, 1992, (Arabe, Français).

2 Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir. Emploi des jeunes en milieurural. Rabat, CNJA, 1992, (Arabe, Français).

Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993

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