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QUELLE LOGIQUE POUR ORGANISER DES SÉANCES D'ACROSPORT ? Cette partie évoque quelques éléments utiles à la mise en oeuvre d'un cycle en milieu scolaire ou d'une séquence d'ini- tiation en milieu fédéral. ÉCHAUFFEMENT SPÉCIFIQUE À L'ACROSPORT Outre la partie générale sem- blable aux échauffements des disciplines acrobatiques, l'échauffement d'acrosport comprend une partie spéci- fique dans laquelle le travail à plusieurs est privilégié. Cette séquence est particuliè- rement importante et ne doit pas être négligée, notamment en début de cycle, car elle permet l'entrée progressive dans l'activité et le dépasse- ment de certaines appréhen- sions affectives. Objectifs • Introduire la notion de tra- vail collectif dans la séance par des exercices simples de renforcement musculaire, d'équilibre, de souplesse et de concentration (ce sont sou- vent les premiers contacts entre les partenaires). • Faciliter la transition avec le travail des pyramides. • Préparer l'organisme aux contraintes des pyramides (physiques, musculaires et articulaires). • Introduire des « routines » pour stabiliser les apprentis- sages. • Renforcer les placements de base des éléments individuels et collectifs. Formes de travail collectif pour l'échauffement (dessins p. 34 et encadré p. 35). CONSTITUTION DES GROUPES Nombre de gymnastes préconisé pour le travail des pyramides Il est fortement conseillé de tra- vailler les pyramides en nombre restreint dans un premier temps (deux ou trois gymnastes). Les rai- sons sont multiples et restent valables pour l'initiation à l'acro- sport quelque soit le milieu, fédé- ral ou scolaire, l'accès à la pra- tique en étant facilité. • Le renforcement des rôles est alors possible : ainsi, chaque gym- naste peut clairement s'identifier comme porteur, voltigeur ou « semi ». • Le travail en duo ou trio permet d'acquérir les fondamentaux tech- niques spécifiques selon la place au sein de la formation (place- ments, bases, etc.). • Pour l'éducateur, la gestion des groupes et a fortiori des absences, est simplifiée. La réduction du nombre de parte- naires amène à davantage de sécu- rité dans la pratique. La hauteur et la charge sont moindres, la concentration requise pour chacun est plus facilement gérable et les interactions entre partenaires pou- vant causer une chute sont limi- tées. • Le travail en trio est préconisé en statique pour le partage de la charge entre les deux porteurs (par exemple, la montée debout sur les épaules) et en dynamique pour développer le travail acrobatique du voltigeur (travail en prise bras alternés ou prise carrée). • Le travail à trois peut permettre d'introduire un nouveau rôle social au sein du groupe. Dès l'ini- tiation, le pareur peut être intégré systématiquement et ainsi, de manière cyclique chacun sera por- teur, voltigeur puis pareur. Les pyramides à quatre ou à cinq, qui combinent des éléments de duos ou trios, sont intéressantes pour réinvestir des apprentissages (exemple : chercher à construire un quatuor à partir d'un trio déjà travaillé). Nombre de gymnastes préconisé pour le travail des enchaîne- ments complets En milieu scolaire La présentation des enchaîne- ments chorégraphiés peut concer- ner un nombre variable de gym- nastes. Ce nombre doit permettre l'utilisation du praticable, l'ampli- tude gestuelle, la synchronisation des gymnastes et doit rester gérable pour les élèves. C'est pourquoi, il semble tout à fait inté- ressant d'organiser des groupes de trois, quatre ou cinq élèves qui réa- liseront des pyramides à deux ou trois. En milieu fédéral Le nombre de gymnastes autorisés à chaque type de formation (pyra- mide), doit être strictement le même que celui correspondant au nombre de gymnastes présentant l'enchaînement chorégraphié (1). PLACE DE L'ARTISTIQUE L'acrobate répond aux exigences du code et tâche de le faire de façon esthétique. Les critères rete- nus conduisent à considérer la façon de produire la performance acrobatique. Il s'agit de réaliser une production liée, habile, stabili- sée et ample. On entend par esthé- tique ce qui est défini comme tel dans le code : jambes tendues, pointes tirées, tête haute, ampli- tude et finition gestuelle, etc. Dimension artistique en acro- sport scolaire ou en initiation Ce travail ne prend pas une place particulière dans l'organisation de la séance ou d'un cycle mais doit être une préoccupation perma- nente de l'éducateur et des gym- nastes. Il faut permettre aux élèves de construire les habiletés suscep- tibles de produire des enchaîne- ments maîtrisés et chorégraphiés (littéralement : écriture du mouve- ment) avant de chercher à les rendre expressifs. Se donner les moyens de soutenir efficacement une production constitue en soi un défi suffisant pour occuper toute l'attention de l'enseignant et des élèves. Élaboration de l'enchaînement chorégraphique Le travail de l'enchaînement vient dans un second temps. La pre- mière partie du cycle ou de la sai- son est réservée à l'apprentissage et à la maîtrise des éléments de dif- ficulté (pyramides), la seconde à la construction d'une chorégraphie dans laquelle seront intégrés pro- gressivement les éléments maî- trisés. Les critères suivants, issus de la réglementation fédérale, peuvent être utilisés comme guide pour l'enseignant. • Variété des éléments chorégra- phiques. • Répartition des pyramides et des éléments individuels sur le prati- cable. • Utilisation de l'espace, compre- nant les différents axes, niveaux, plans et diagonales, des déplace- ments variés utilisant différentes directions (avant, arrière, côté, haut et bas) et trajectoires (recti- lignes, courbes). • Changements dans les relations entre partenaires comprenant des mouvements ensembles, séparés, au-dessus, en dessous, côte à côte, face à face, dos à dos, symétriques, asymétriques, etc. • Harmonie entre la musique et les gestes chorégraphiques. • Mise en évidence du déroule- ment d'une histoire dans l'exer- cice. • Ponctuation de l'exercice : début etfinnets. • Synchronisation des partenaires entre eux et avec la musique. 33 Revue EP.S n°305 Janvier-Février 2004 c. Editions EPS. Tous droits de reproduction réservé

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QUELLE LOGIQUE POUR ORGANISER DES SÉANCES D'ACROSPORT ?

Cette partie évoque quelques éléments utiles à la mise en œuvre d'un cycle en milieu scolaire ou d'une séquence d'ini­tiation en milieu fédéral.

ÉCHAUFFEMENT SPÉCIFIQUE À L'ACROSPORT

Outre la partie générale sem­blable aux échauffements des disciplines acrobatiques, l'échauffement d'acrosport comprend une partie spéci­fique dans laquelle le travail à plusieurs est privilégié. Cette séquence est particuliè­rement importante et ne doit pas être négligée, notamment en début de cycle, car elle permet l'entrée progressive dans l'activité et le dépasse­ment de certaines appréhen­sions affectives.

Objectifs • Introduire la notion de tra­vail collectif dans la séance par des exercices simples de renforcement musculaire, d'équilibre, de souplesse et de concentration (ce sont sou­vent les premiers contacts entre les partenaires). • Faciliter la transition avec le travail des pyramides. • Préparer l'organisme aux contraintes des pyramides (physiques, musculaires et articulaires). • Introduire des « routines » pour stabiliser les apprentis­sages. • Renforcer les placements de base des éléments individuels et collectifs.

Formes de travail collectif pour l'échauffement (dessins p. 34 et encadré p. 35).

CONSTITUTION DES GROUPES

Nombre de gymnastes préconisé pour le travail des pyramides Il est fortement conseillé de tra­vailler les pyramides en nombre restreint dans un premier temps (deux ou trois gymnastes). Les rai­sons sont multiples et restent valables pour l'initiation à l'acro­sport quelque soit le milieu, fédé­ral ou scolaire, l'accès à la pra­tique en étant facilité. • Le renforcement des rôles est alors possible : ainsi, chaque gym­naste peut clairement s'identifier comme porteur, voltigeur ou « semi ». • Le travail en duo ou trio permet d'acquérir les fondamentaux tech­niques spécifiques selon la place au sein de la formation (place­ments, bases, etc.). • Pour l'éducateur, la gestion des groupes et a fortiori des absences, est simplifiée. • La réduction du nombre de parte­naires amène à davantage de sécu­rité dans la pratique. La hauteur et la charge sont moindres, la concentration requise pour chacun est plus facilement gérable et les interactions entre partenaires pou­vant causer une chute sont limi­tées. • Le travail en trio est préconisé en statique pour le partage de la charge entre les deux porteurs (par exemple, la montée debout sur les épaules) et en dynamique pour développer le travail acrobatique du voltigeur (travail en prise bras alternés ou prise carrée). • Le travail à trois peut permettre d'introduire un nouveau rôle social au sein du groupe. Dès l'ini­tiation, le pareur peut être intégré systématiquement et ainsi, de manière cyclique chacun sera por­teur, voltigeur puis pareur. • Les pyramides à quatre ou à cinq, qui combinent des éléments de duos ou trios, sont intéressantes

pour réinvestir des apprentissages (exemple : chercher à construire un quatuor à partir d'un trio déjà travaillé).

Nombre de gymnastes préconisé pour le travail des enchaîne­ments complets En milieu scolaire La présentation des enchaîne­ments chorégraphiés peut concer­ner un nombre variable de gym­nastes. Ce nombre doit permettre l'utilisation du praticable, l'ampli­tude gestuelle, la synchronisation des gymnastes et doit rester gérable pour les élèves. C'est pourquoi, il semble tout à fait inté­ressant d'organiser des groupes de trois, quatre ou cinq élèves qui réa­liseront des pyramides à deux ou trois.

En milieu fédéral Le nombre de gymnastes autorisés à chaque type de formation (pyra­mide), doit être strictement le même que celui correspondant au nombre de gymnastes présentant l'enchaînement chorégraphié (1).

PLACE DE L'ARTISTIQUE

L'acrobate répond aux exigences du code et tâche de le faire de façon esthétique. Les critères rete­nus conduisent à considérer la façon de produire la performance acrobatique. Il s'agit de réaliser une production liée, habile, stabili­sée et ample. On entend par esthé­tique ce qui est défini comme tel dans le code : jambes tendues, pointes tirées, tête haute, ampli­tude et finition gestuelle, etc.

Dimension artistique en acro­sport scolaire ou en initiation Ce travail ne prend pas une place particulière dans l'organisation de la séance ou d'un cycle mais doit être une préoccupation perma­nente de l'éducateur et des gym­nastes. Il faut permettre aux élèves de construire les habiletés suscep­

tibles de produire des enchaîne­ments maîtrisés et chorégraphiés (littéralement : écriture du mouve­ment) avant de chercher à les rendre expressifs. Se donner les moyens de soutenir efficacement une production constitue en soi un défi suffisant pour occuper toute l'attention de l'enseignant et des élèves.

Élaboration de l'enchaînement chorégraphique Le travail de l'enchaînement vient dans un second temps. La pre­mière partie du cycle ou de la sai­son est réservée à l'apprentissage et à la maîtrise des éléments de dif­ficulté (pyramides), la seconde à la construction d'une chorégraphie dans laquelle seront intégrés pro­gressivement les éléments maî­trisés. Les critères suivants, issus de la réglementation fédérale, peuvent être utilisés comme guide pour l'enseignant. • Variété des éléments chorégra­phiques. • Répartition des pyramides et des éléments individuels sur le prati­cable. • Utilisation de l'espace, compre­nant les différents axes, niveaux, plans et diagonales, des déplace­ments variés utilisant différentes directions (avant, arrière, côté, haut et bas) et trajectoires (recti-lignes, courbes). • Changements dans les relations entre partenaires comprenant des mouvements ensembles, séparés, au-dessus, en dessous, côte à côte, face à face, dos à dos, symétriques, asymétriques, etc. • Harmonie entre la musique et les gestes chorégraphiques. • Mise en évidence du déroule­ment d'une histoire dans l'exer­cice. • Ponctuation de l'exercice : début et fin nets. • Synchronisation des partenaires entre eux et avec la musique.

33 Revue EP.S n°305 Janvier-Février 2004 c. Editions EPS. Tous droits de reproduction réservé

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FORMES DE TRAVAIL COLLECTIF POUR L'ÉCHAUFFEMENT Exercices en déplacement Les brouettes (dessins 1, 2, 3) • Objectifs spécifiques (OS) : renforcement des appuis manuels, des impulsions bras et du placement du dos en renversement. • Points de repères pour la réalisation (PR) : P : attrape sous les cuisses (et non sous les tibias) et allège fortement pour les rebonds. V : mains dans l'axe, flexion des bras réduite, en gainage ou en alignement tronc-bras. Marche en avançant et en reculant. Les saute-mouton • OS : approche des éléments dynamiques et renforcement des appuis. • PR pour le saute-mouton (dessin 4) : P : résiste vers le haut, mains sur les genoux. V : pose des mains près du bassin de P. • PR pour le saute-mouton sur mains (dessin 5) : P : bras fléchis et mains ouvertes pour recevoir mains de V, dos plat ; P et V : prise paumes contre paumes, solidité des appuis. • PR pour le saute-mouton sur pieds (dessin 6) : P : jambe verticale ; V : prise au talon, doigts écartés. • PR pour le saute-mouton en trio (dessin 7) : P : en fente, résiste vers le haut ; V : poussée jusqu'aux bras tendus. Les roulades • OS : développement du cran et renforcement de la roulade. • PR pour la roulade plombée avec obstacle (dessin 8) : V : pose des mains avant la roulade. • PR pour la roulade de clown (dessin 9) : P : ralentir la pose des pieds (près des fesses) ; P et V : chaque partenaire attrape les chevilles de l'autre et serre très fort. La course en trio (dessin 10) OS : renforcement des réceptions. PR : placement des mains de P en supination et maintien actif du dos. Exercices de renforcement et d'étirement Les descentes (dessins 11 et 12) • OS : renforcement de la confiance réciproque, approche des pyramides en contrepoids. • PR : descente lente, simultanée et contrôlée. Quand ils sont face à face, les partenaires s'écartent avant la descente. Les renforcements et les étirements (dessins 13, 14, 15) • OS : renforcement musculaire spécifique pour P et V, étirement des ischiosjambiers et des adducteurs (pour l'écrasement facial). • PR : V en gainage ; P : dos plat ; P et V : étirement lent, progressif et sans à-coups, chacun bloque les pieds de l'autre, montée lente et maintien. Les bouteilles saoules (dessins 16 et 17) • OS : renforcement du gainage, de la confiance réciproque et des aligne­ments segmentaires à l'ATR. • PR : P : amorti des réceptions ; V : gainage et verrouillage de l'angle bras/tronc, regard sur les mains à l'ATR.

EXEMPLES DE SÉANCES EN MILIEU SCOLAIRE

Nous présentons la l r e et la 5e séances d'un cycle de huit séances d'1h 30 proposées à une classe de 6e.

Séance n° 1 : découvrir l'acti­vité et les principes de base Échauffement Objectif : faire entrer progressi­vement les élèves dans l'activité. Insister sur les exercices de contrepoids pour aborder la confiance en l'autre (dessins 11 et 12). Travail des pyramides duos sta­tiques Objectif : comprendre et acquérir les principes de base de l'activité à partir de la réalisation de pyra­mides à base large et près du sol. Organisation : par groupes de trois dont un observateur, les élèves réalisent des pyramides duos à partir du document donné par l'en­seignant (voir fiche de séance). Consigne de fonctionnement : chaque élève doit passer dans la mesure du possible par les trois rôles suivants : porteur, voltigeur, observateur/pareur. Critère de réalisation : réali­ser le plus fidèlement pos­sible les pyramides de la fiche de séance. Pendant la situation l'ensei­gnant fera verbaliser les élèves sur leur production pour faire progressivement émerger les principes à acquérir et à respecter.

Séance n° 5 : complexifier pour « faire plus périlleux » ; aborder l'enchaînement Échauffement Objectif : introduire les élé­ments gymniques (sauts « cho­régraphiques », roulades, etc.) et les éléments dynamiques simples (par exemple, les saute-mouton : dessins 4, 5, 6 et 7) qui entreront dans la com­position de l'enchaînement. Travail des pyramides trios statiques Objectif : complexifier des pyramides déjà travaillées la séance précédente, en suppri­mant des appuis (2). Organisation : par groupes de 4, les élèves font un travail de recherche pour augmenter la difficulté des pyramides qu'ils ont choisies. Consigne de fonctionnement : l'élève supplémentaire qui

change à chaque réalisation assure la sécurité de ses parte­naires. Critère de réalisation : com­plexifier la pyramide en dimi­nuant les appuis. Travail de l'enchaînement Objectif : préparer et réaliser un mini-enchaînement de deux pyra­mides complexifiées, un saute-mouton chacun et une roulade avant chacun, travailler en syn­chronisation.

Organisation : groupes de 4 élèves. Consigne de fonctionnement : chaque élève doit participer de façon égale à la production. Critères de réalisation : présenter l'enchaînement à la classe en fin de séance (pour mettre les élèves en confiance, plusieurs groupes peuvent passer en même temps).

Notes (1) Voir article suivant, pp. 36-37. (2) Voir les planches 1A et 1B, pp. 28-29.

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