NPG Neurologie - Psychiatrie - Gériatrie (2012) 12, 253—256

Disponible en ligne sur

www.sciencedirect.com

DOSSIER : AMBULATOIRE

Qu’est-ce qu’un accueil de jour thérapeutiqueAlzheimer ?

What is a therapeutic Alzheimer day care center?

L. Hugonot-Dienera,∗,c, M.-L. Martina,b,c

a Médecin gériatre référent des ACDJT Isatis : Mémoire plus. 127, rue Falguière, 75015 Paris,Franceb Les Portes du Sud, 16, avenue Léon-Bollé, 75015 Paris 13, Francec Directrice des ACDJT Isatis. Paris, France

Disponible sur Internet le 5 septembre 2012

MOTS CLÉSAccueils de jour ;Ateliersthérapeutiques ;Alzheimer

Résumé Les accueils de jour thérapeutiques Alzheimer sont des structures médicosocialesde proximité, offrant la possibilité d’accueillir à la journée une à plusieurs fois par semaine despatients atteints d’une pathologie neurodégénérative de type maladie d’Alzheimer et vivantchez eux. Ces accueils de jour thérapeutiques diffèrent des accueils de jour occupationnel,car ils utilisent des thérapies non médicamenteuses : différents ateliers réalisés par une équipemultidisciplinaire. Ils ont comme objectif de stimuler les personnes accueillies dans le respectde leurs goûts et de leurs attentes pour maintenir leur autonomie, stimuler les fonctions cogni-tives et maintenir un état de santé, le meilleur possible. Un des objectifs est aussi de soulagerles aidants familiaux et de retarder l’entrée en institution. Les indications sont larges : tous lespatients atteints de cette pathologie désirant venir dans cette structure.© 2012 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

KEYWORDSDay care center;Alzheimer;Non drug therapy

Summary Therapeutic Alzheimer day care centers are sociomedical structures of proximity,offering the possibility of welcoming people suffering from Alzheimer who still live at home,during the daytime; several times a week. These therapeutic day care centers differ from theoccupational day care centers since they use non-drugs therapies: various workshops are run by amultidisciplinary team. Their aims are to stimulate these patients, while respecting their tastes

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in order to maintain their a best possible condition of healthare other important goals. Indicpatients willing to attend.© 2012 Elsevier Masson SAS. All r

∗ Auteur correspondant.Adresse e-mail : medforma@pda.fr (L. Hugonot-Diener).

1627-4830/$ — see front matter © 2012 Elsevier Masson SAS. Tous droitshttp://dx.doi.org/10.1016/j.npg.2012.07.014

omy, to stimulate the cognitive functions and to maintain the

. The relief for caregivers and the delay of institutionalizationations are spread to all the Alzheimer or related pathology

ights reserved.

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Le concept d’ateliers de stimulation cognitive existe enrance depuis les années 1970 où, à Grenoble, Liliane Israëlvec Robert Hugonot [1], ont été pionniers dans ce domainen montrant, dans une étude prospective, que l’âge de’arrêt du travail obligatoire, ou de la retraite, et non l’âgehronologique était un facteur de risque de déclin cognitif.

En partant de cette constatation, L. Israël et J. De Rotrount mis au point une méthode de stimulation des fonctionsognitives [2], d’abord pour les sujets âgés normaux jeunesetraités, puis pour ceux ayant une plainte de mémoire,ans un but de prévention, puis pour des patients ayant uneltération de leurs fonctions intellectuelles, sans véritableéclin (MCI).

Des programmes de stimulation cognitive, des ateliersémoire, se sont ensuite développés tant pour des popula-

ions normales que pour des patients atteints de maladieseurodégénératives. Ces programmes visaient des objectifsifférents, avec des méthodes variées, appliqués par unerande variété de professionnels.

Le concept de stimulation cognitive se base sur lesecherches en neurosciences. Elles ont mis en évidence laapacité du cerveau jeune comme du cerveau âgé « à réor-aniser et à augmenter » les connexions entre ses neuronesinsi que l’activité des neuromédiateurs.

C’est ce qu’on appelle la « plasticité neuronale », capa-ité que possèdent les neurones à réorganiser leurs réseauxe connexion en fonction des stimuli extérieurs et des expé-iences vécues. Ce phénomène est à la base des mécanismese mémoire et d’apprentissage mais sert aussi à compenseres effets des lésions cérébrales en aménageant de nouveauxéseaux.

D’autres recherches épidémiologiques ont montré quee niveau socioculturel et l’intensité de l’activité cognitivent un effet protecteur de la maladie d’Alzheimer (étudeaquid, Rotterdam study) [3,4]. En effet, plus un cerveau

été stimulé jeune et tout au long de la vie, mieux il seéfend contre les atteintes de l’âge et des maladies.

Ces recherches ont permis de poser l’hypothèse qu’on intérêt à stimuler son cerveau à tous les âges de la viet que la sollicitation des capacités préservées chez lesatients Alzheimer renforcerait les réseaux neuronaux peuu pas atteints par la maladie et permettrait de ralentir larogression des déficits. Bien que ces thérapies non médi-amenteuses n’aient pas encore démontré leur efficacité,lles sont recommandées. Les ACDJT se servent de ces fon-ements théoriques pour stimuler les personnes accueilliesn fonction de leurs capacités restantes.

ne offre alternative de proximité

n accueil de jour thérapeutique (ACDJT) est une structureédicosociale offrant la possibilité d’accueillir à la journée,

ne à plusieurs fois par semaine, des personnes souffrant deroubles cognitifs de type maladie d’Alzheimer ou maladiespparentées, et vivant à domicile.

Les ACDJT ont été développés par les plans Alz-eimer successifs et entrent dans le cadre des prises

n charge thérapeutiques non médicamenteuses recom-andées pour les professionnels prenant en charge cesatients (FCMRR — février 2012, www.cmrr-nice.fr/?p=plan-ecommandations).

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L. Hugonot-Diener, M.-L. Martin

L’accueil de jour thérapeutique autonome (non rattaché un EHPAD), petite structure de proximité alternative à’institutionnalisation précoce, est un lieu de vie où l’onrend soin chaque jour de personnes atteintes de la mala-ie d’Alzheimer ou de maladies apparentées. Ces structurese sont développées dans le cadre du plan Alzheimer etevraient pouvoir être des structures de proximité. Ellesont très différentes des accueils de jour occupationnelsTableau 1).

eurs objectifses ACDJT ont pour objectifs, selon un projet’accompagnement personnalisé pour chaque patientt dans un projet thérapeutique individuel [5], de :maintenir leur autonomie et leur indépendance encorepréservées, en leur proposant un programme d’activitésbasé sur la stimulation des capacités restantes, en défi-nissant pour chacun des objectifs de suivi et de prise encharge adaptée :◦ activités de stimulation cognitive (atelier mémoire,

atelier réminiscence),◦ activités de stimulation motrice (prévention des

chutes, gym douce adaptée, Tai-chi),◦ activités favorisant l’autonomie dans les actes de la vie

courante (cuisine, sortie à l’extérieur, . . .) mais aussidétente, créativité et bien-être (il ne s’agit en aucuncas d’ateliers occupationnels),

◦ suivi de la nutrition, de la continence et de la sarcopé-nie, prévention des chutes sous l’autorité du médecingériatre de la structure en lien avec le médecin traitantet le médecin spécialiste de la personne accueillie ;

leur permettre d’échanger, d’avoir à nouveau une viesociale ;revaloriser la personne dans son identité en lui permet-tant de redécouvrir ses potentialités et ainsi de conserverl’estime de soi ;soulager les aidants des personnes accueillies en leuroffrant un moment de répit, mais également des opportu-nités d’échanges et de soutien sur les difficultés de vie auquotidien avec un malade et celles de l’accompagnementau quotidien, les relais possibles à la prise en chargefamiliale, le dépistage et la dédramatisation des crisesnaissantes ;retarder l’entrée en institution de ces patients, à lafois en les stimulant par des thérapeutiques non médi-camenteuses et en conseillant, soulageant et soutenantles aidants sur un long cours.

es indicationslles sont larges, les personnes accueillies, ayant une patho-ogie neurodégénérative diagnostiquée du stade léger àévère, et motivées pour tenter un essai, le plaisir étantn moteur puissant et le seul nécessaire.

es conditions d’accèses ACDJT fonctionnent en réseau avec l’ensemble des pro-essionnels du secteur sanitaire, médicosocial et social : les

Qu’est-ce qu’un accueil de jour thérapeutique Alzheimer ? 255

Tableau 1 Comparaison synthétique du cahier des charges d’un accueil de jour thérapeutique (ACDJT) occupationnelpar rapport à un ACDJT thérapeutique [6].

Cahier des charges ACDJ occupationnel ACDJ thérapeutique

Être un ACDJ autonome ou nonTaille indifférente

Être un ACDJ autonomeTaille 10 à 20 patients/j : 5 J/7

Dossier Existence d’un dossieradministratif

Existence d’un dossieradministratif + médical

Personnels Personnel administratif + simplesanimateurs

Personnels administratifs et soignants :psychologues, ergothérapeutes,psychomotricien, IDE, AS, AMP, ASG etmédecin

Objectif Occupationnel Thérapeutique + projet de soins individuel

Relation avec l’extérieur Travailler en lien avec ledomicile et les consultationsmémoire de proximité sansformalisme

Travailler en lien avec le domicile et lesconsultations mémoire deproximité + conventions et courriers aux MGet M. Spécialiste être intégré dans un réseaude soins

Évaluation Aucune Évaluation régulière des ateliers etévaluation globale du patient à l’accueil dejourAvec des outils communs : MMS, SIB, Zarit,IADL, ECD ou NPI ; suivi du poids et de la TA

Médecin Non Gériatre responsable deL’admission des patients, enliens + consultations mémoire et MGDu projet de soinDe l’observation des patientsEt de la supervision et de la formation de

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consultations mémoire des hôpitaux de secteur, les hôpitauxde jour, les médecins spécialistes et généralistes mais aussiles CLIC, les services de soins et d’aide à domicile et leséquipes spécialisées Alzheimer contribuant à améliorer laprise en charge des personnes fragilisées.

Le prix de journée est fixé par les instances régionales etdépend souvent des ressources et des régions.

L’admission se fait en deux temps :• fiche de liaison médicale ou sociale envoyée par les pro-

fessionnels à la responsable de l’ACDJT en accord avec lespersonnes et les aidants, ou contact direct ;

• rendez-vous pour une visite sur place avec la responsableet le médecin gériatre de la structure : présentation desmodalités de fonctionnement (objectifs, équipe, activi-tés, coût, transport). Entretien d’une heure environ. Unsecond RDV est proposée avec la psychologue durant lemois d’adaptation.

Un mois d’essai/d’adaptation est proposé sous formed’une journée par semaine pour commencer puis adapta-

tion de la fréquentation selon les attentes et les besoins dechaque personne accueillie (de un à trois fois par semaine).Durant ce mois d’adaptation, s’élabore en équipe le projetd’accompagnement individualisé.

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l’équipe

es limites

e refus de venir, une opposition ou de gros troubles duomportement non gérables dans un groupe.

’existant

e plan Alzheimer a favorisé la création de ces accueils deour fixant le nombre de personnes accueillies au minimum

dix personnes par jour. Il n’existe pas pour l’instant detatistiques nationales sur leur nombre exact ni sur la popu-ation accueillie. Il est certain que cela varie beaucoup selones endroits, le fait que ces accueils de jour soient ou nonndépendants d’un EHPAD.

Partout le transport entre le domicile et l’Accueil de jourst un casse-tête pour l’organisation et le financement.

onclusion

ne étude des populations accueillies s’impose car il estrobable qu’on trouve une grande hétérogénéité dans cesopulations, les moyens mis en œuvre et les thérapeutiquesppliquées. Une labellisation de ces accueils de jour selon

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es critères que nous avons proposés dans le Tableau 1 per-ettrait une transparence.

éclaration d’intérêts

es auteurs sont impliquées dans deux accueils de jour ISA-IS, qui ont le même financement et même prix de journéeue tous les autres Accueil de jour parisiens.

éférences

1] Israël L, Doret J, Hugonot R. Les troubles de la mémoire chezles personnes âgées. Rev Geriatr 1979;4:472—5.

[

L. Hugonot-Diener, M.-L. Martin

2] Israël L. Entraîner sa mémoire : guide à l’intention des moni-teurs. 2e ed. ECPA; 2004 [1re ed., 1987].

3] Ramaroson H, Helmer C, Barbeger-Gateau P, et al. Prévalencede la démence et de la maladie d’Alzheimer chez les personnesde 75 ans et plus : données réactualisées de la cohorte Paquid.Rev Neurol 2003;159:405—11.

4] Hofman A, Ott A, Breteler MM, et al. Atherosclerosis,apolipoprotein E, and prevalence of dementia and Alzhei-mer’s disease in the Rotterdam Study. Lancet 1997;349:151—4.

5] Martin ML, Hugonot-Diener L, Rose S. Projet de vie et projet desoins en accueil de jour thérapeutique Alzheimer ou maladies

apparentées. Soins Gerontol 2009;77:28—9.

6] Hugonot-Diener L, Feteanu D, Cohen M, et al. L’accueilde jour thérapeutique. Soins Gerontol 2011;88:43—4.