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L’affiche
de Philippe Ducros
Presque comme une erreur, des fois, le chemin qu’on prend dans la vie nous change complètement. Sans vraiment qu’on s’y attende. En tout cas, pas comme ça, pas autant que ça. Ma route m’a mené jusqu’ici, en Palestine, en pleine occupation. C’est mon choix, c’est sûr. Mais qu’est-ce qui nous pousse sur les routes? Qu’est-ce qui nous dirige vers un endroit comme la Palestine au lieu d’aller sur les plages du Mexique? Qu’est-ce qui fait qu’on prend l’avion, qu’on plonge dans la tristesse, l’épuisement, qu’on fait face à la nature même du désespoir et qu’on change de vie? Il serait facile d’avoir des réponses toutes faites, de parler du réel sentiment de responsabilité, du désir insatiable de justice et de vérité, de compassion et d’humanité… Ce serait vrai. C’est vrai. Mais n’y a-t-il pas quelque chose d’autre qui nous y pousse? Une rencontre toujours plus profonde avec soi? Toujours plus extrême? Une rencontre avec toutes les facettes de l’homme en nous, du monstre à l’ange, avec tous nos destins possibles. C’est vrai, ça aussi. Et si c’est soi que l’on rencontre sur ces routes, c’est que ceux qu’on y croise, ceux qui y vivent, deviennent peu à peu nous. C’est qu’au fond, ils sont nous, ils sont moi.
L’affiche
de Philippe Ducros
J’ai donc pris l’avion. Deux même. Dans le sens de rotation de la Terre. Sachant très bien que revenir allait être à contresens. J’étais déjà allé à Beyrouth, dans les camps du Liban, dans ses discothèques et sur ses autoroutes. J’avais aussi traversé la frontière vers Damas et monté le minaret de la mosquée des Omeyyades d’Alep. J’ai encore plein d’amis là-bas. J’avais déjà voyagé. Mais rien ne peut préparer à ce qu’implique l’occupation. On ne peut pas la lire, on ne peut pas la regarder au cinéma, on ne peut pas l’imaginer. Et la colère, le désespoir ont monté en moi, malgré moi, la violence quotidienne a fait bouillir mon sang et j’ai vu rouge. Mes mots sont devenus durs, mon regard explosif. À l’ombre des monstres et de l’oppression, à l’ombre du mur, le monde est laid. Je ne veux pas peser mes mots. La fin du monde existe tous les jours. Qui est responsable? Les manipulateurs de désespoirs, la drill des mégaphones et les corrompus ont leur part, c’est sûr. Et le droit à la défense est indéniable. Mais mes mots sont lourds, parce qu’il y a deux poids, deux mesures, mais il n’y a qu’un occupant et un occupé. Et parce que le silence règne. Il faut dire la violence de l’occupation. Il faut dire le crime ignoble de ses colonies, le désespoir planifié.
Il faut dire.
Extrait des Lanceurs de pierres, carnet de voyage de Philippe Ducros, prochainement publié aux Éditions Lansman
Avant : Dominique Quesnel (Khali), François Bernier (Itzhak). Autour : Denis Gravereaux, Justin Laramée, Michel Mongeau (Intifada)
© Federico Ciminari, 2009.
L’affiche
de Philippe Ducros
DE PHILIPPE DUCROS
LA PIÈCE Ismaïl : Des martyrs encore? Je ne veux pas. Je veux peindre des paysages, des paysages à perte de vue… Ou toi.
En Palestine, lorsque quelqu’un meurt d’une cause reliée directement à l’occupation, des factions s’approprient sa mort, font une affiche avec la photo du martyr et en tapissent les murs du pays. Les murs en sont complètement recouverts…
L’AFFICHE est une pièce sur l’occupation de la Palestine. Sur ses impacts tant chez les Palestiniens que chez les Israéliens. On y décrit la violence insupportable d’un impossible quotidien. La parole est donnée à ceux qu’on entend rarement, les anonymes qui en subissent les impacts, des deux côtés du mur. Le texte s’intéresse particulièrement aux processus de martyrisation, la récupération des drames privés, intimes, à des fins de lutte, ainsi qu’à l’impact de cette récupération sur le rêve et l’espoir. La martyrisation est une arme de guerre extrêmement présente dans les deux camps. Le spectacle a été joué au théâtre ESPACE LIBRE à Montréal, du 1er au 19 décembre 2009, puis en reprise du 8 au 26 novembre 2011.
Le texte de L’AFFICHE est des cinq finalistes du Grand prix de littérature dramatique d’Aneth en France, décerné à un écrivain de théâtre d'expression française pour une pièce éditée en 2009. La production de HÔTEL-MOTEL est lauréate de quatre Cochons d’Or, dont Meilleur texte et Production de l’année, en plus d’être lauréat du Spectacle de l’année 2009-10 de L’association québécoise des Critiques de Théâtre.
Denis Gravereaux (Abou Salem), Michel Mongeau (Bilal Islam dit Le Barbier). © Federico Ciminari.
En 2012, L’affiche sera jouée au
CARREFOUR INTERNATIONAL DE THÉÂTRE DE QUÉBEC Aux FRANCHOPHONIES EN LIMOUSIN
Et du 19 février au 2 mars 2013, au PÉRISCOPE à Québec.
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Affiche de martyr, Ramallah, 2004. © Philippe Ducros. Cette photo fait partie de l’exposition « LES LANCEURS DE PIERRES » qui précède le spectacle.
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RÉSUMÉ Bilal Islam dit Le Barbier : C’est toi qui les imprimes, ces affiches, Abou Salem. Puisse ton fils ne pas t’entendre.
Abou Salem est imprimeur d’affiches de martyrs. Un jour, il se retrouve à imprimer celle de son seul fils, Salem, mort par balle lors d’un affrontement avec les soldats qui hantent leur camp de réfugiés. Le texte suit les destins des deux côtés de la balle. Oum Salem, la mère du martyr ne voit rien d’autre que la haine, elle souffre jusqu’à la destruction. La famille se dégrade, la colère ne laisse plus de place à l’humanité. De son côté, Itzhak, le soldat responsable de la mort de Salem, se retrouve submergé par la violence de son geste et par l’impitoyable cruauté de l’occupation. Aura-t-il le luxe de se questionner?
En marge, Shahida, la sœur de Salem, essaie tant bien que mal de rêver avec son amoureux Ismaïl, et ce, malgré les checkpoints, malgré l’incarcération administrative, la résistance, le soleil et le ciment. Malgré la soif et la mer Morte qui baisse d’un mètre par année.
Puis l’histoire explose. Elle se désorganise comme la vie là-bas. Elle remonte le fleuve de la douleur jusqu’à la haine et le fanatisme, elle cède la place à la peur et aux exploiteurs de désespoir pour enfin accoter les survivants, le dos au mur de Séparation. 8 mètres de haut, le mur.
Sylvie De Morais, (Shahida), Isabelle Vincent (Oum Salem). © Federico Ciminari.
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Étienne Pilon (Ismaïl). © Federico Ciminari.
Avec
François Bernier Justin Laramée
Michel Mongeau Marie-Laurence Moreau
Étienne Pilon Dominique Quesnel
Richard Thériault Klervi Thienpont Isabelle Vincent
Texte et mise en scène
PHILIPPE DUCROS
Assistance et régie CHARLOTTE MÉNARD
Scénographie MAGALIE AMYOT et ROMAIN FABRE
Costume NADIA BELLEFEUILLE
Musique LUDOVIC BONNIER
Éclairage THOMAS GODEFROID
Vidéo PHILIPPE LAROCQUE
Direction de production
CATHERINE LA FRÊNIÈRE
Direction technique SAMUEL PATENAUDE et ANNE PLAMONDON
Relations de presse KARINE COUSINEAU
L’affiche est publiée chez Lansman
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« À l’époque glauque des luttes antiterroristes, voir de l’autre côté des photos noir et blanc et des entrefilets bourrés de trous de balle. Voir qui sont ces gens. Comprendre de quoi est construit notre propre confort et réaliser sa fragilité. Pour ensuite, mettre l’humain devant les monstres, la fête face à la mort, les mots au-dessus des armes, et l’art en réponse à la propagande. Le tout ailleurs que dans un camp glauque et gris, plutôt dans une galerie d’art afin de questionner les moyens que nous avons en tant qu’artistes de parler des deuils quotidiens de ceux qui n’habitent habituellement qu’à la une de nos journaux. Et peut-être, au travers de cette épopée, chercher à deviner un peu ce qui pousse un adolescent à s’habiller de bombes et à tuer au nom de la vie. »
Philippe Ducros, à propos de la mise en scène de L’AFFICHE
Denis Gravereaux, Étienne Pilon, Michel Mongeau (Intifada) © Federico Ciminari.
Ce texte parle du quotidien sous l’occupation, ou plutôt, de l’impossibilité d’un quotidien, de la perte totale de normalité. Lorsque la mort et la violence sont des ingrédients de la vie de tous les jours, on en vient à en parler de la même manière dont on parlerait d’un café. Un café sans sucre, celui qu’on boit les jours de deuil.
Une didascalie de la pièce
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Extrait de L’affiche
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Philippe Ducros
© Gustave Akakpo, en Syrie.
Philippe Ducros est à la fois auteur, metteur en scène, acteur et photographe. Autodidacte, il a séjourné dans plus d’une vingtaine de pays d’Amérique latine, d’Europe, du Moyen-Orient, d’Afrique et d’Asie.
Avec l’organisme français, Écritures Vagabondes, il était en Syrie à l’automne 2004. La rupture du jeûne, le carnet de voyage de cette expérience, a été éditée aux Éditions Lansman. À la suite de cette résidence, il écrit L’affiche, une pièce sur l’occupation de la Palestine, qu’il a visitée à trois reprises. Il y était lors des bombardements de Gaza en janvier 2009. Il y a compris que l’enfer n’entrait pas dans un écran de télévision. La pièce L’affiche a été produite en France en mars 2009 par le PANTA THÉÂTRE, et a été reprise en octobre à Paris au Tarmac de la Villette. Un deuxième carnet sur ses voyages en Palestine, Les lanceurs de pierres, est en cours d’édition chez Lansman.
Depuis 2010, il est directeur artistique du théâtre ESPACE LIBRE. www.espacelibre.qc.ca
Je m’appelle Philippe Ducros. Je suis Montréalais de port d’attache. Mais je semble plutôt faire partie de ceux qui croient que les frontières ne sont que des cicatrices sur les lignes de main de la terre. En ces temps de « mondialisation », à l’époque où les marchandises ont des passeports et des visas beaucoup plus facilement que les individus, où les idées et les gens doivent creuser sous les murs et couper les barbelés pour se rencontrer, je crois qu’il faut penser le monde comme une série de vases communicants où notre mode de vie est directement relié à celui des 6 milliards d’autres humains. Je ne suis pas allé dans les écoles d’art, dans les studios des maîtres, j’ai plutôt voyagé. En tant qu’être humain et qu’artiste, je me suis formé sur les routes. Ma vision du monde en est revenue modifiée, mutante. Ces errances ont peu à peu servi d’inspirations et de mode de vie. Aujourd’hui, j’ai une compagnie de théâtre qui se nomme Hôtel-Motel, et qui veut faire sortir le spectateur de sa cuisine et de son salon pour l’emmener sur les routes vers les autres. Ceux que nos gouvernements se permettent de bombarder, ou de boycotter, ou à qui ils refusent l’aide internationale, mais que nous en tant qu’artiste, on devrait regarder de loin vu qu’ils ne sont pas nous et que nous ne connaissons pas leur réalité.
Je crois au contraire qu’ils sont nous.
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Devanture d’hôtel, Beyrouth, Liban, 2004.
© Philippe Ducros.
Les Productions
HÔTEL-MOTEL
Créées à l’an 2000 pour la production du 4e Round à Espace Libre, Les Productions HÔTEL-MOTEL est une compagnie de théâtre dirigée par Philippe Ducros. Elle porte ce nom parce qu’elle souhaite, par son travail, sortir le spectateur des cuisines du Québec, le faire voyager afin d’aller à la rencontre des autres, et s’attaquer à des thèmes, à des préoccupations mondiales tout en privilégiant un théâtre d’histoire, de poésie et de mots. Son directeur artistique puise une grande partie de son inspiration dans ses multiples voyages.
Depuis sa création, HÔTEL-MOTEL a eu des activités à Montréal et à Québec, en région, en Europe et en Afrique. Sa dernière création, L’assassinat d’Andrew Jackson, était en Gaspésie en 2008 et au Saguenay en 2009. Boulevard Sauvé, une coproduction de la compagnie avec le Théâtre du Mantois de France et la Cie 3 C du Togo, a été jouée en Afrique de l'Ouest, en France et à Prague.
La compagnie a aussi produit trois expositions photo tournant autour des univers des spectacles.
La porte du non-retour, nouvelle production de HÔTEL-MOTEL, prend comme décors l’Afrique d’aujourd’hui, pour traiter de migrations modernes. Pour les dix ans de la compagnie, cette production se veut aussi un bilan des migrations de Ducros au cœur de sa démarche. Créé au FESTIVAL TRANSAMÉRIQUES en 2011, ce déambulatoire théâtral a été repris aux Francophonies en Limousin la même année.
Vous pouvez télécharger votre carte d’embarquement en écrivant à
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Abou Salem : Ceux qui croient qu’une mère peut être fière de la mort de son enfant n’ont ni mère ni père. Ni enfant. C’est tout ce qu’il reste. C’est la seule porte de sortie. Peu importe ce qu’elle dit, ses yeux parlent. Regarde-les, ses yeux! Tu verras, c’est la fosse commune des anges! Regarde ses poings levés quand elle parle de fierté, quand elle chante et louange Dieu, qu’elle crie que Dieu est puissant! Ils sont blancs, ses poings! Le sang ne s’y rend plus. Que l’amertume. Ses yeux sont noirs, les larmes ne s’y rendent plus, plus rien ne s’y rend. On ne ressent aucune fierté. Aucune. Dis aux journaux de chez vous qu’on ne ressent aucune fierté à voir nos enfants se faire tuer. Tu vas le dire?
Extrait de L’affiche
La Muqata'a, le siège social de l’Autorité palestinienne à Ramallah, après l’opération Rempart, 2004.
Cette photo fait partie de l’exposition « LES LANCEURS DE PIERRES » qui précède le spectacle.
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MISE EN SCÈNE
La muséologie Dans la pièce, il y a la rencontre entre deux peintres, Ismaïl, un Palestinien, et le soldat israélien Samuel. En découle un échange sur l’art qui aboutit à une invitation pour le jeune Palestinien dans une galerie d’art de Tel-Aviv. Cette humanité, je l’ai vue, elle réussit à survivre là-bas. Et elle est rédemptrice pour nous tous. Cette réflexion sur l’art face à la propagande me mène à situer l’action de ce spectacle, non pas dans un camp glauque et surchargé, mais plutôt dans cette galerie d’art, blanche, urbaine, moderne où la saleté, le sang et les vestiges de la douleur ressortiront d’une manière évidente. Comme si le spectacle n’était en fait que les tableaux d’Ismaïl. Présenter en ce lieu une théâtralité à vue, quelque chose de très épuré. Ne pas cacher, mais plutôt souligner que nous faisons de l’art qui traite des horreurs de l’actualité, donc des deuils quotidiens de gens bien réels. Réfléchir sur l’art lui-même, sur son rôle et son importance.
Le vol du privé par le public Un des axes majeurs du texte tourne autour de cet imprimeur d’affiches de martyrs qui se retrouve à imprimer l’affiche de son fils. Au travers de ces affiches, le fait privé, le drame privé, la perte de son seul fils devient le fait public, il est récupéré par le politique, la propagande. Il y a cannibalisation de la mort. On voit l’endoctrinement des passions, des peurs et des désespoirs. Partout là-bas, on assiste à la déconstruction des symboles, le vécu devient mythique. Tout devient deux dimensions, le mur de Séparation n’est pas qu’un mur, c’est une répétition de l’histoire, le mur des Lamentations est une justification, les oliviers, le symbole de la terre déracinée… Jérusalem est un rêve, une idole même, et le choc de ces symboles crée le drame. C’est cet aller-retour qui m’intéresse. Une pastèque qui explose, par exemple, nous présente une violence qu’on ne donnerait pas à ce fruit. Travailler aussi avec tout ce que la peinture peut offrir de poétique, de sale et de beau. Nous avons intégré tout un travail autour des pneus utilisés là-bas lors des émeutes, détournant encore une fois la barricade pour aller chercher sa violence en une ébauche chorégraphiée. Le pneu, en plus, symboliquement, c’est tellement l’Amérique, c’est tellement nous!
L’image En contrepoint de ces affiches de martyrs, la vidéo a comme axe premier, la documentarisation des conflits présente au cœur du personnage du journaliste… Encore l’idée du symbole, de la médiatisation publique du privé. Nous chercherons une déconstruction de l’information visuelle par le scénique. Un rapport d’écart, mais aussi de flirt entre la vidéo et les témoignages. Des images non léchées, une utilisation sobre de la vidéo, en flirt avec le voyeurisme, le cru de ce médium, sa sobriété. Surexposer notre rapport à l’information, à l’image et au témoignage 6 o’clock news.
© Federico Ciminari.
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Chronologie de 1882 à 2009 L’affiche veut donner la parole à ceux qui ne l’ont habituellement pas, à ceux qu’on n’entend pas aux nouvelles. À ceux qui se cachent derrière les chiffres, les dates, les entrefilets bourrés de balles et les statistiques. Ni les dirigeants, ni les dates, ni les accords bafoués n’y sont mentionnés. C’est voulu. Cette chronologie n’est là qu’en guise de guide. Il est impossible de départager la propagande des dates. Le mensonge par omission devient incontournable. Vous me pardonnerez donc ma maladresse. Après 5 ans de recherches et de présence sur le terrain, voici un essai à la classification chronophage des événements dits « publics ». Il ne se veut pas une référence, mais un bilan des informations ramassées au fil des années entre les humains qui vivent ces deuils au quotidien et les faiseurs de guerres, les laboureurs de rancunes et les bouchers gantés d’idées.
Mur des Lamentations, 2005.
CHRONOLOGIE SOMMAIRE DU TERRITOIRE DE LA
PALESTINE MODERNE ET D’ISRAËL
1882 à 1903. 1re vague d'immigration juive (Alyah), principalement de Russie, fuyant les pogroms tsaristes. 1890. 650 000 Arabes (musulmans et chrétiens) et 35 000 Juifs vivent en Palestine, partie sud de la Syrie, sous administration ottomane. 1896. Publication à Vienne de l’État des Juifs de Théodore Hertz, fondateur du sionisme; l’Ouganda aurait été pressenti comme future patrie des Juifs. 1903. Le congrès sioniste de Bâle choisit la Palestine comme pays d’accueil des Juifs.
1904 à 1914. 2e vague d'immigration juive, inspirée par les idéaux socialistes et sionistes. 1909. Création du premier kibboutz. 1911. 1res organisations antisionistes à Haïfa et à Jaffa.
Première Guerre mondiale 1914. L’Empire ottoman s’engage aux côtés de l’Allemagne et de l’Autriche-Hongrie. 1917. La déclaration Balfour annonce que l'Angleterre est favorable à un foyer national juif en Palestine. Début du mandat britannique. 1919 à 1923. 3e vague d'immigration juive, en provenance principalement de Russie. La population juive passera de 83 000 (en 1919) à 650 000 (en 1948).
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1920. La Syrie et le Liban passent sous contrôle français, la Palestine et l'Irak sous contrôle anglais. Premières violences arabes contre la population juive à Jérusalem. Intervention de l'organisation juive Haganah. C'est le premier affrontement. 1924 à 1932. 4e vague d'immigration juive, en provenance principalement de Pologne. 1929. Massacre des Juifs d'Hébron (et de Safed). 1933. Arrivée de Hitler au pouvoir en Allemagne. 5e vague d'immigration juive, fuyant principalement le nazisme. 1936. Premiers puits de pétrole en Arabie saoudite. Grève générale palestinienne. Violence.
Deuxième Guerre mondiale 1939 à 1947. L’Angleterre publie le Livre blanc limitant l'immigration et l’expansion juives. Campagne de terrorisme sioniste par la Haganah contre les Britanniques. La Shoah en Europe. Génocide de 6 millions de Juifs. 1945. Fin de la Seconde Guerre mondiale. Forte immigration en Palestine de réfugiés juifs rescapés des camps nazis. 1947. L'ONU adopte un plan de partage de la Palestine en deux États indépendants, un juif et un arabe. Jérusalem est placé sous régime international. La ligue arabe rejette le plan de l’ONU. Affrontements entre Juifs et Arabes dès les jours qui suivent le vote de l'ONU.
Réfugié palestinien en Syrie, 2004.
La proclamation de l'État d'Israël, ou la Nakba
1948. Expiration du mandat britannique. David Ben Gourion proclame la création de l'État d'Israël. Forte immigration juive des pays arabes devenus menaçants.
Les armées d'Égypte, de la Jordanie, de la Syrie, du Liban et de l'Irak pénètrent en Palestine. 1re guerre israélo-arabe. Massacres : environ 400 villages palestiniens sont rasés. 800 000 réfugiés palestiniens dans des camps en Cisjordanie, dans la bande de Gaza, au Liban, en Jordanie et en Syrie. Ils sont pris en charge par l'UNRWA (United Nations Relief and Works Agency). Résolution 194 de l’ONU sur le droit au retour des réfugiés. 1949 à 1950. Armistices entre Israël et les pays arabes. La Cisjordanie est rattachée à la Jordanie et la bande de Gaza revient à l'Égypte. 1950. Vote par la Knesset de la « loi sur le retour », qui accorde la citoyenneté israélienne à tout Juif qui la demande. 1955. Raid d’Israël contre une base égyptienne à Gaza, 38 morts. Nasser arme les « fedayins » contre Israël. 1956. Nationalisation du canal de Suez par Nasser. Campagne du Sinaï menée conjointement par Israël, la Grande-Bretagne et la France. 2e guerre israélo-arabe. Israël occupe la bande de Gaza et la péninsule du Sinaï. 1957. Retrait israélien du Sinaï et de Gaza. 1959. Fondation du Fatah au Koweït, par Yasser Arafat. 1964. Création à Jérusalem de l'OLP, Organisation de libération de la Palestine, dirigée par Ahmed Choukeiry. 1965. 1re action militaire du Fatah contre Israël.
Soldats de L’IDF (Israeli Defense Force), 2004.
L’occupation de la bande de Gaza et de la Cisjordanie. 1967. Israël déclenche la guerre des Six Jours, et occupe le reste de la Palestine (Cisjordanie, bande de Gaza, Jérusalem-Est), le Sinaï égyptien et le Golan syrien. Début immédiat de la colonisation de ces territoires par Israël. Nouvel exode de 500 000 réfugiés palestiniens, dont la moitié vers la Jordanie. Résolution 242 de l'ONU pour le droit des États de la région de vivre en paix à l'intérieur de frontières sécurisées et qui demande le retrait israélien des territoires occupés. 1969. Yasser Arafat devient président de l'OLP. Accords avec le Liban sur les droits de la résistance palestinienne sur le territoire libanais. Le Liban-Sud devient un front avec Israël. 1970. Le roi Hussein, de Jordanie, échappe à un attentat palestinien. (Les réfugiés palestiniens comptent pour près de 50 % de la population jordanienne.)
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Détournement par le FPLP (Front populaire de libération de la Palestine) de 3 avions de ligne vers la Jordanie (Dawson's Field hijackings). Les pirates de l'air font exploser les trois avions vides devant la presse internationale. La Jordanie bombarde les camps de réfugiés palestiniens. 3500 à 10 000 morts. C’est le Septembre noir. 1972. Jeux olympiques de Munich. Le commando palestinien Septembre noir tue 11 membres de la délégation israélienne. 1973. L’Égypte, supportée par la Syrie, pénètre dans le Sinaï occupé. Israël les repousse. 4e guerre israélo-arabe dite guerre de Kippour. 1974. Discours de Yasser Arafat à l'ONU. 1975. Début de la guerre civile libanaise. Les réfugiés palestiniens et l’OLP au Liban y jouent un grand rôle. 1977. Voyage du président égyptien Anouar el-Sadate à Jérusalem. Discours de Sadate à la Knesset. 1978. Accords de Camp David (Égypte, Israël et les É.-U.). Israël envahit le Liban-Sud. 1979. Paix entre l'Égypte et Israël. Le Sinaï est restitué à l'Égypte. Le premier ministre Begin et le président Sadate reçoivent le prix Nobel de la paix. 1980. Naissance du Djihad islamique, scission des Frères musulmans, qui se cantonne à l'action sociale. 1981. Le président égyptien Sadate est assassiné. Accélération de la colonisation juive des territoires occupés. Annexion du Golan. 1982. Israël envahit le Liban. Siège de Beyrouth. Yasser Arafat et l'OLP se réfugient à Tunis. Assassinat du président libanais Béchir Gemayel. Massacre des camps palestiniens de Sabra et Chatila par les milices libanaises chrétiennes, avec la protection ou la passivité de l'armée israélienne. De 1000 à 2000 morts. 1985. Retrait israélien du Liban, à l'exception de la « zone de sécurité » du sud (100 km, par 8 à 15 km). Raid de l'aviation israélienne contre le quartier général de l'OLP à Tunis. 70 morts.
Colonie autour de Bethléem, 2005.
Première Intifada (L’Intifada des pierres). 1987. Début de la 1re Intifada à Gaza, puis en Cisjordanie. Création du Hamas (mouvement de la résistance islamique) par la société des Frères musulmans. 1988. L'OLP reconnaît le droit d'Israël à vivre « en paix », et déclare renoncer totalement au terrorisme.
1991. Guerre du Golfe. L'OLP soutient l'Irak. Israël est frappé par les missiles irakiens. Conférence de Madrid. 1992. Itzhak Rabin devient premier ministre d’Israël. 1993. Les accords d'Oslo signés à Washington prévoient une autonomie palestinienne et un règlement définitif du conflit dans cinq ans. Poignée de main Rabin-Arafat. 1994. Le colon Baruch Goldstein assassine 29 Palestiniens dans la mosquée Ibrahimi à Hébron. L'Autorité palestinienne s'installe dans les zones nouvellement autonomes. Retour de Yasser Arafat à Gaza. Rabin et Arafat reçoivent le prix Nobel de la paix. Traité de paix entre Israël et la Jordanie. 1995. Accords d’Oslo II : Israël se retire de six villes de Cisjordanie. Assassinat d'Itzhak Rabin par un extrémiste juif. 1996. Arafat est élu président de l'Autorité palestinienne. Benyamin Netanyahu, chef de la droite nationaliste, est premier ministre d’Israël. Attentats terroristes du Hamas, plus de 100 morts. Opération Raisins de la colère contre le Hezbollah, au Liban. Plus de 100 civils morts dans un camp de l’ONU à Cana. Accélération de la colonisation juive en territoire occupé. Ouverture par Israël d'un tunnel sous l'esplanade des Mosquées à Jérusalem qui provoque de violents affrontements. Plus de 70 morts. 1998. Création d'une super-municipalité de Jérusalem qui englobe plusieurs colonies juives de Cisjordanie, et en double ainsi le volume. Mémorandum de Wye. 1999. Ehud Barak est premier ministre d’Israël. 2000. Retrait de l'armée israélienne du Liban-Sud. Échec du sommet de Camp David.
Université Bir-Zeit, près de Ramallah, 2005.
Deuxième Intifada (L’Intifada Al-Aqsa). La visite de Sharon, chef du Likoud, sur l'esplanade des Mosquées (Jérusalem-Est), 3e lieu saint de l'islam, provoque de violentes émeutes. Plus de 90 morts. 2e Intifada. 2001. George W. Bush est élu aux États-Unis. Ariel Sharon remporte les élections en Israël. Multiplication des incursions d’Israël en territoires occupés.
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Augmentation des attentats palestiniens. Bombardements de villes en Cisjordanie et à Gaza. Politique « d’élimination ciblée » (Target killing) de militants palestiniens. Attentats sur New York et sur Washington (911). Début de la « guerre contre le terrorisme ». 2002. Israël lance l’opération Rempart dans les territoires occupés. Plus de 250 Palestiniens tués. La Muqata’a, quartier général d'Arafat à Ramallah, est partiellement détruite. Arafat est coupé du monde. Siège de l’église de la Nativité à Bethléem par Israël. Massacres des camps de Jénine. Début de la construction du mur de Séparation. Marwan Barghouti, le chef du Fatah en Cisjordanie, est capturé par l'armée israélienne. « Feuille de route » du quartette sur le Proche-Orient. 2003. Mahmoud Abbas devient premier ministre de l’AP. Il obtient une trêve temporaire des attaques anti-israéliennes du Hamas, du Jihad islamique, puis du Fatah. Les attentats suicides continuent. Mahmoud Abbas annonce sa démission. 2004. Ariel Sharon dit vouloir démanteler les colonies de la bande de Gaza (7500 habitants). Cheikh Ahmed Yassine, fondateur du Hamas, est assassiné lors d'un raid israélien, suivi peu après du nouveau chef du Hamas, Abdelaziz al-Rantissi. En représailles à une série d'attaques palestiniennes, Israël lance une opération de destructions de maisons palestiniennes. L'ONU adopte à une écrasante majorité une résolution exigeant le démantèlement du mur de Séparation. Offensive israélienne « Jour de pénitence », en riposte aux tirs de roquettes, 129 Palestiniens morts. Attentats dans des stations balnéaires égyptiennes du Sinaï, 34 victimes, dont 13 Israéliens. Mort de Yasser Arafat à Paris. 2005. Mahmoud Abbas est élu à la tête de l’AP. Fin de l'évacuation des colons israéliens de Gaza. Ariel Sharon dissout la Knesset et crée un nouveau parti centriste, Kadima (En avant). 2006. Ariel Sharon est dans le coma à la suite d'une attaque cérébrale. Ehud Olmert lui succède.
Meeting du Hamas, Jénine, 2005.
Victoire du Hamas. Majorité absolue pour le Hamas aux élections législatives. Le lendemain, Israël cesse de verser les taxes dues à l’AP (60 millions de dollars par mois). Le Canada est le premier pays à suspendre son aide à la suite de l’élection du Hamas, suivi par l’Europe et les É.-U. Plan des prisonniers, dont Marwan Barghouti (Fatah) et le cheikh Abdel Halek Al-Natshé (Hamas), pour sortir de la crise opposant le Fatah et le Hamas. Y figurent l'idée d'un gouvernement de coalition Fatah-Hamas, la fin des attaques en Israël, et la création d'un État palestinien dans les frontières de 1967 (le Hamas reconnaît implicitement Israël). Un commando palestinien capture un militaire israélien, Gilad Shalit, lors d'une attaque visant un poste militaire israélien. Début de Pluies d'été, vaste offensive terrestre et aérienne dans la bande de Gaza. Arrestation par Israël de 64 responsables du Hamas dont 8 ministres et 26 députés. L'offensive israélienne est étendue à la Cisjordanie. Affrontements sanglants entre milices du Hamas et du Fatah. En 9 mois, les violences interpalestiniennes font 320 morts. Israël lance une vaste offensive aérienne et maritime sur le Liban après l'enlèvement par le Hezbollah à sa frontière de deux soldats et la mort de huit autres. Le Hezbollah riposte par des tirs de roquette sur le nord d'Israël. En un mois, la guerre fait près de 1200 morts et 900 000 déplacés au Liban; 150 morts et 400 000 déplacés en Israël. Le Liban est démoli.
Beyrouth, 2004.
2007. Nouveaux affrontements Hamas-Fatah dans la bande de Gaza. Le Hamas prend le contrôle de la totalité du territoire de Gaza. Sanctions économiques d’Israël à la bande de Gaza. Tirs de roquettes vers Israël depuis la bande de Gaza. 2008. Offensive israélienne en riposte aux tirs de roquettes, 130 Palestiniens morts. Les tirs continuent. Cessez-le-feu de six mois entre Israël et le Hamas à Gaza. Israël s'engage à lever progressivement le blocus. Affrontements sanglants entre le Hamas et le Fatah. Israël libère 198 des 9000 prisonniers politiques palestiniens. Incursion meurtrière à Gaza de l'armée israélienne. Riposte de tirs de roquettes du Hamas.
L’affiche
de Philippe Ducros
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Mis en cause pour affaires de corruption, Ehud Olmert se retire du pouvoir. Tzipi Livni lui succède. Khaled Mechaal, dirigeant du Hamas en exil à Damas, annonce que la trêve avec Israël ne sera « pas renouvelée » en raison de la poursuite du blocus de la bande de Gaza. Incursion israélienne possible à Gaza. Tirs d'obus de mortier sur Israël. Attaque aérienne massive d’Israël contre la bande de Gaza, baptisée "Plomb durci".
Gaza, janvier 2009.
2009. Début de l'offensive terrestre à Gaza. En 3 semaines, plus de 1300 morts palestiniens, dont plus de 400 enfants, et 5400 blessés. Côté israélien, 10 militaires et 3 civils ont péri. Un expert de l'ONU évoque des « crimes de guerre systématiques de la plus grande ampleur » et réclame une enquête. Preuves d’utilisation d’armes illégales au phosphore blanc par l’armée israélienne. La communauté internationale promet quatre milliards et demi de dollars pour la reconstruction de Gaza. Élection de Barack Obama aux É.-U. Benyamin Netanyahu forme un gouvernement en Israël, en coalition avec, entre autres, le parti d’extrême droite Israël Beiteinou et son chef Avigdor Liebermann. Accélération de la colonisation juive en Cisjordanie, malgré les pressions internationales. Rapport de l’ONU qui blâme Israël et le Hamas de s’être livrés à des crimes de guerre et, peut-être, des crimes contre l'humanité. Les enquêteurs citent, pour Israël, « les tirs d'obus au phosphore blanc sur les installations de l'UNRWA » (agence de l'ONU chargée des réfugiés palestiniens), « la frappe intentionnelle sur l'hôpital Al-Qods à l'aide d'obus explosifs et au phosphore » et « l'attaque contre l'hôpital Al-Wafa ». Le Hamas est blâmé pour les tirs de roquettes sur des cibles non militaires. Sources non exhaustives : Israël, Palestine : Vérités sur un conflit de Alain Gresh, Édition Fayard, 2002. Choses vues en Palestine de Catherine Alcouloumbré et Laurent Vaudoin, Édition Le Temps des Cerises, 2003. L’Express FR, Chronologie d'Israël (1947-2009) de Catherine Gouëset.
http://www.lexpress.fr/actualite/monde/proche-orient/chronologie-d-israel-1947-2009_474825.html L’Express FR, Chronologie de la Palestine (1947-2009) de Catherine Gouëset. http://www.lexpress.fr/actualite/monde/proche-orient/chronologie-de-la-palestine-1947-2009_496101.html Wikipédia Et pour le dernier rapport de l’ONU, Radio-Canada du 16 septembre 2009. http://www.radio-canada.ca/nouvelles/international/2009/09/16/005-israel_rapport_reax.shtml,
Quelques étapes de l’occupation.
À suivre Ces guerres ne sont pas terminées.
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de Philippe Ducros
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La Cisjordanie occupée. Source : Le monde diplomatique.
L’affiche
de Philippe Ducros
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ILS ONT DIT DE LA PRODUCTION DE HÔTEL-MOTEL, À MONTRÉAL
« Ce fut l'un des spectacles marquants de la saison 2009-2010 à Montréal. Lauréate du prix de la critique, L'affiche est une pièce courageuse, propice à une réflexion fertile, à un stimulant déplacement de notre regard sur les conflits du monde. Et ce, dans une forme théâtrale efficace qui redit la singularité du discours artistique lorsqu'il s'attaque à des sujets géopolitiques. »
- Philippe Couture LE DEVOIR, 17 novembre 2011 Qui donne la troisième place à L’AFFICHE dans son TOP 10 THÉÂTRE EN 2009 À MONTRÉAL.
« L'Affiche met habilement au jour les mécanismes de deux systèmes d'endoctrinement religieux, ainsi que la haine et l'immense détresse qui habitent les deux camps. Sa mise en scène habile et inspirée multiplie les effets miroirs […] Il se révèle par ailleurs particulièrement dans les tableaux collectifs, des scènes d'émeutes ou de cauchemars qu'on n'oubliera pas de sitôt. Du théâtre qui marque. »
- Alexandre Vigneault, LA PRESSE, 03 décembre 2009
« L'auteur a fait un travail honnête, portant un regard humain et relativement balancé sur les conséquences de l'inextricable conflit israélo-palestinien. […] Dotée de peu de moyens, la mise en scène de Philippe Ducros possède par contre un certain pouvoir d'évocation. Les tableaux reconstituant les passages au poste de contrôle surtout suggèrent, à une échelle modeste, toute l'horreur de cette tragédie humaine. »
- Marie Labrecque, LE DEVOIR, 10 décembre 2009
« L'Affiche, sa nouvelle pièce, aborde franchement le conflit israélo-palestinien, un sujet épineux, un îlot de désespoir qu'il parvient à décrire avec un équilibre étonnant de faits et d'émotions. […] Ducros crée des moments forts, des images percutantes, des scènes agressantes et d'autres douces et poétiques. Si vous aimez le théâtre émouvant et instructif, jamais moralisateur, vous savez ce que vous avez à faire. »
- Christian Saint-Pierre LE VOIR, 10 décembre 2009 Qui, dans sa revue 2009, place L’AFFICHE dans les créations les plus mémorables de l’année.
« Le jeu des acteurs atteint des sommets d’efficacité. […] Avec des phrases qui déclenchent de grands frissons et font monter les larmes aux yeux, l’œuvre marque indéniablement. […] Vous serez secoué. Il y a de ces maux nécessaires qui changent un peu le monde à leur façon… L’Affiche en fait partie. »
- Claudia Larochelle RUE FRONTENAC, 12 décembre 2009
Justin Laramée, François Bernier, Michel Mongeau, Dominique Quesnel (Jeunes en boîte). © Federico Ciminari.
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Ils ont dit du texte lors de la production du PANTA en France
« On ne s’attendait pas à un texte d’une telle force. […] L’écriture de Philippe Ducros, dans sa fulgurance et sa poésie, impressionne… » - Marina Da Silva, LE MONDE DIPLOMATIQUE, 12 octobre 2009
« Comme autant de parenthèses ouvrant sur des trajectoires personnelles hautement complexes, L’affiche pose les jalons de réalités qui échappent aux réductions manichéennes. Car, ce sont des êtres et non simplement de beaux concepts qui se situent au centre de ce projet théâtral. »
- Manuel Piolat Soleymat, LA TERRASSE, octobre 2009
« Si l’occupé et l’occupant sont clairement désignés, le texte du Québécois Philippe Ducros, qui a serré de près l’enfer de la spoliation et des humiliations vécu par les Palestiniens, applique l’introspection sinueuse, plutôt que le manichéisme, à ses personnages. »
- Aude Brédy, L’HUMANITÉ, 26 octobre 2009
« Dans cette pièce […] l’auteur québécois Philippe Ducros dresse le tableau précis et clinique, du conflit le plus désespérant de la planète. »
- Emmanuelle Bouchez TÉLÉRAMA, du 24 au 30 octobre 2009.
Dominique Quesnel (Oum Saïd). © Federico Ciminari.
Finaliste du GRAND PRIX DE LA DRAMATURGIE, lauréate de quatre Cochons d’Or, dont « Meilleur texte » et « Production de l’année »,
et nommée Spectacle de l’année 2009-10 par l’ACTQ.
L’affiche
de Philippe Ducros
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Checkpoint Qalandia, 2005.
Cette photo fait partie de l’exposition « LES LANCEURS DE PIERRES »
EXPO PHOTO
En parallèle du spectacle, nous vous proposons une exposition de photographies de Palestine et d’Israël, prises en 2005, 2006 et 2009. Chaque photo est accompagnée d’un court texte qui explique certains aspects de l’occupation et certaines inspirations de l’auteur.
Ces photos sont exposées dans la salle même du spectacle et sont intégrées à la mise en scène. Le public est donc invité une heure avant chaque représentation, à déambuler dans le décor et ainsi, à s’imprégner des enjeux et des psychoses des lieux.
« Ces photos ne sont que des fenêtres, des instants qui continuent de vivre, de battre, de se battre… En ce moment, de nouvelles affiches sont imprimées, en ce moment, des martyrs tombent, des enfances sont dévorées. Ce soir, quand on se couchera, le mur lui, sera encore debout.
Ces fenêtres, ces mots, ces images parlent de nous. De l’humain en nous. Celui qui se tient debout, dos au mur, et qui regarde droit dans les yeux de la terre et de ses ombres, celui qui cherche à voir. »
D’autres activités peuvent avoir lieu lors des représentations (table ronde, discussion avec le public, lectures de carnets de voyage…)
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de Philippe Ducros
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Saïd : Tout est devenu normal. Normal, l’humiliation au checkpoint. Normal, les arrestations. Normal, les maisons démolies. Normal, les enfants morts par balle. Normal, la soif. Tout est normal. On n’en parle même plus. On en parle tout le temps. Le soir, dans mon assiette, j’ai toujours eu ça. C’est ça, le sable dans les aliments, la cendre dans le café, le plâtre dans les cheveux des enfants. La pierre dans les cœurs. Rien à faire d’un cœur lourd comme une pierre. Alors, je l’ai lancée. Et tout a explosé.
Vous pouvez visionner un amuse-gueule en allant à
http://www.youtube.com/watch?v=arxra7posCU&feature=related
Sylvie De Morais, (Shahida). © Federico Ciminari.
Pour plus d’informations : [email protected]
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Denis Gravereaux (Abou Salem). © Federico Ciminari.
