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COLLECTIF DE RECHERCHE DYPEN-TUNISIE Institut S Il'o·Pa toral de Tabarka Institut des R égions Arides de Médenine Commi ssariat gional ((II D éveloppement Agricole de Siliana Ecol Sup érieur. d'A griculture de Mograne Laboratoire Population-Environnement de l'Université de Provence-OR5TOM Mi -; 0 11 ORS TOM- Tunisie DYNAMIQUE DES POPULATIONS ET ENVIRONNEMENT oy PEN Evolution des milieux naturels et dynamique des populations en Tunisie Rapport n01 DOCU MENT n 1 1990

R égions Commissariat Régional Ecol Laboratoire Population

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Page 1: R égions Commissariat Régional Ecol Laboratoire Population

COLLECTIF DE RECHERCHE DYPEN-TUNISIE

Institut S Il'o·Pa toral de TabarkaInstitut des R égions A rides de Médenine

Commissariat Régional ((II D éveloppement Agricole de SilianaEcol Sup érieur. d'A griculture de Mograne

Laboratoire Population-Environnement de l'Université de Provence-OR5TOMMi -;0 11 ORSTOM- Tunisie

DYNAMIQUE DES POPULATIONSET ENVIRONNEMENT

o y PEN

Evolution des milieux naturels etdynamique des populations en Tunisie

Rapport n01

DOCUMENT n 1 1990

Page 2: R égions Commissariat Régional Ecol Laboratoire Population

Sommaire

Avant - proposLe collectif de recherches

1 - Le programme scientifique

1.1 - Historique1.2 • Objectifs de l'étude1.3 • Programme scientifique1.4 - Méthodologie générale

2 - Problématique régionale - choix des zones tests

2.1 - Principes d'observation et critères de choix des zones2.2 • Les régions d'étude2.3 - Les zones tests

2.3.1 - Les zones d'Ain Snoussi, Ain Sobah et Tegma à Tabarka2.3.2· La zone d'El faouar dans le Sud2.3.3 - La zone d'Ouled Fredj dans la région de Siliana

3 - Les indicateurs

3.1 . Les indicateurs de la dynamique des populations3.2 • Les indicateurs de la dégradation ou de la remontée biologique

4 - La réalisation

4.1 . La perception des évolutions: une possible passerelle entre enquête depopulation et enquête sur les milieux naturels

4.2 - Les thèmes de l'enquête population4.3 - Les programmes d'études4.4 - Calendrier

Annexe bibliographique

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Avant propos

Des approches apparemment inconciliables

Malgré l'intérêt que la plupart des pays et des organismes internationaux portent à larelation Population Environnement, ou à l'environnement tout court, malgré la prise deconscience des opinions publiques sur les limites physiques et biologiques de notreplanète... , la connaissance de l'influence de l'homme sur le contexte bio-physiquedans lequel, il vit, ses réactions, ses adaptations, celle qui a trait aux "réponses" desmilieux naturels aux évolutions qu'ils subissent et à l'ensemble des interactions entrel'intervention et son contexte, ont peu progressé. Il y a , certes , dans la relationPopulation Environnement un manque théorique évident: le paradigme recouvre tropd'aspects différents suivant le sens qu'on s'accorde à donner à l'environnement, lediscours normatif des écologistes a paradoxalement plus engoncé le discoursscientifique qu'il ne l'a éclairé, enfin les conceptualisations se référent trop auxchamps disciplinaires. Pourtant, à y regarder de plus près, les différences de logiquedes disciplines n'apparaissent pas aussi importantes dès lors que la relation estappréciée en termes d'objectifs.

En effet, la recherche d'une convergence des approches des milieux en situation dedéséquilibre, tant celles des phyto-écologues, agronomes, bioclimatologues ... quecelles menées par des démographes et autres sciences sociales trouve une résonanceparticulière lorsque s'impose, pour des raisons différentes sans doute, l'identificationdes relations entre la croissance de population ,les activités humaines (iciessentiellement agro-et sylvo-pastorales) et la dégradation plus ou moins accélérée ducouvert végétal et des sols, en fait lorsqu'il s'agit d'associer la connaisance de chacunpour résoudre des désajustements sectoriels entre la dynamique de la population et soncontexte naturel. De plus, du point vue sémantique , les terminologies révélent laproximité des approches, qu'elles se référent à des populations végétales ou humaines,et le démographe peut être surpris qu'à propos d'une chénaie on parle de population envoie de vieillissement, de potentiel de reproduction atteint, de mortalité des individusen bas âge ... dues à la trop grande pénétrabilité de la futaie par les ovins et caprins ...

En fait, les champs disciplinaires deviennent plus larges et un commencement decommunication entre sciences de la nature et sciences sociales s'établit sur desquestions du type que celles nous nous sommes posées sur le développement decertaines régions en Tunisie:- la migration des populations du Nord-Est de la Tunisie a t-elle un rapport avec ladégradation de la forêt de chène liège,- la croissance des activités pastorales dans les steppes continentales et l'aggravationd'un processus de dégradation déja fort avancé ont-il déclenché l'émigration, ou es-ceseulement le résultat d'une accélération de la pression démographique,- le transfert des charges démographiques d'une région à une autre est-il le facteurdéterminant de la salinisation des sols, et du tarissement à terme des ressourcesnaturelles, de la mise en cause finalement de certains projets de développement ... ?

C'est dans ce contexte qu'a été abordé la relation entre l'évolution des milieux naturelset la dynamique de la population dans l'expérience en cours dans trois régions àdominante rurale de la Tunisie.

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Le collectif de recherches

Aprés deux années de consultations et de réflexions, l'Institut de~ Régions Arides deMédenine (IRA) , l'Institut Sylvo-Pastoral de Tabarka (ISPT), le LaboratoirePopulation Environnement de Marseille (LPE) ont décidé de créer un collectif derecherches inter-disciplinaire avec l'aide de la Division des Sols du Ministère del'Agriculture et de l'ORSTOM (Représentation de l'ORSTOM en Tunisie etDépartement MAA) pour animer et réaliser un programme de recherches sur"Evolution des milieux naturels et de la dynamique de la population en Tunisie". Lecollectif réunit les équipes et les personnes suivantes:

Equipe de l'IRA. Station de Kébili

Mr Mongi SGHAIER, directeur de la Station, Socio-Economiste/AgronomeMr Mohamed SLIMANI, Ingénieur génie rural,Mlle Najette BEL HADJ, Agro-météorologue,Mr Mohamed CHAIEB, Ecologue (Gabés)Mr Abdelmajib KADRI, Pédologue,

Equipe de l'ISPT. Tabarka

Mr Brahim HASNAOUI, directeur de l'ISPT,EcologueMr Ali ALOrn, DendroclimatologueMr Abdellaziz CHAABANE , EcologueMr Ali MENDILI, Aménagiste, gestion de l'espace,Mr Abdallah KHERINI, PastoralisteMr Abdallah JARRADI, CES,Mr Youssef SAID, photo-interprétationMr Ali CHAREF, Topographe

Equipe du CRDA. Siliana

Mr Taieb GARGOURI, Commissaire du CRDA de Siliana, Agronome,Mr Kherredine BEN CHEIKH, PédologueMr Mohamed YAKOUBI, Statistiques, communicationMr Sadok AGREBAOUI, Geomorphologue, (Direction des sols de Tunis)Mme Lamia LAAJILI GHEZAL,Professeur à l'Ecole Supérieure d'Agriculture deMograneMr Abdelhakim RAJlll ,Etudiant en Agro-économie 4ème année ESA de Mograne

Equipe du LPE. Université de ProvencelORSTOM. Marseille

Mr Michel PICOUET, responsable du LPE, DémographeMr Jacques CHAMPAUD, GéographeMr Bernard BRUN, EcologueMr Hervé DOMENACH, Démographe-économisteMr Patrick BAUDOT, Agronome

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Equipe Université de Provence - LBEWAix Marseille 3

Mr Gilles BONIN, EcologueMr Roger LOISEL, Ecologue

Equipe ORSTOWfUNISIModule Zones Arides CEFFlCNRS - Montpellier

Mr Roger PONTANIER, PédologueMrC. FLORET, Ecologue, MontpellierMr E. LE FLOCH, Ecologue, Montpellier

Les noms inscrits en gras désignent les responsables et animateurs des différenteséquipes

Organismes associés:

Institut National de la Statistique - Tunis

Mr Cbedli TRIFA, INS, Statisticien -démographe

Centre National de Télédétection - Tunis

Mr Habib BEN MOUSSA ,Physicien

Plus les stagiaires et étudiants des Instituts participants

Le Laboratoire Population Environnement initie et anime le programme, lacoordination scientifique des équipes est réalisée par Michel PICOUET, l'évaluationsera assurée annuellement par une commission ad hoc constituée par les diverspartenaires élargie à des personnalités scientifiques extérieures après accord despartenaires.

Outre le support institutionnel indispensable, chaque institut apporte dans la mesure deses moyens la logistique et met à la disposition du projet son fond documentaire etcartographique. La collaboration est prévue à tous les niveaux et la constitution ducollectif de recherches s'est faite sur cette base. Les opérations de terrain sont dirigéespar l'ISPT pour la zone de Tabarka, par la station de Kébili de l'IRA pour la zone deEl Faouar, par le CRDA pour la zone de Siliana. La Direction des Sols et l'INSapportent chacun dans leur domaine leur appui logistique au projet. Le LPE à traversl'ORSTOM se charge du fonctionnement de l'ensemble des équipes. Le projet seconclura par la présentation d'un rapport de synthèse au cours d'un séminaire. Ladurée de l'étude est fixée à trois années.

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1 - LE PROGRAMME SCIENTIFIQUE

1.1 - Historique

L'originalité du projet tient à la recherche d'une convergence des approches desmilieux en situation de déséquilibres tant celles des écologues, des pédologues.. , quecelles menées par les démographes, les sociologues, les géographes. Sciences de lanature et sciences sociales ont accumulé une somme de résultats qui, sans êtrecontradictoires, se rejoignent peu. Dans le cas précis de l'étude proposée, les travauxsur les déséquilibres naturels et sur l'état de la dégradation des sols et de la végétation,comme ceux sur les problèmes de population sont nombreux sur les régions retenues.Outre la nécessité de convergences entre les sciences de la nature et les sciencessociales il apparait interessant de mettre en parrallèle l'antagonisme entre ce qui sepasse au Nord de la Méditerranée avec la "déprise" agricole progressive et ce qui sepasse au Sud avec une "emprise" agricole toujours plus grande dans des contextes dede croissance de populations complétement divergents.

1.2 - Objectifs de l'étude

Le but de l'étude est d'établir les relations précises entre la croissance de la population,les activités humaines (essentiellement agro,sylvo-pastorales) et la dégradation plus oumoins accélérée du couvert végétal et des sols dans trois ensembles bio-climatiquesdifférents de Tunisie. Ces interrelations ont été peu étudiées sur le plan scientifique.Pour dépasser le niveau de simples affinnations générales,une démarche résolumentpluri-disciplinaire est adoptée. Celle-ci repose sur les étapes suivantes:

- décrire les états de dégradation des milieux naturels et en identifier les causesimmédiates. En parallèle, analyser le dynamisme démographique et social en fonctionde l'occupation des terres et de leur utilisation, avec comme objectif des propositionsd'action de mise en valeur et de développement régional,- étudier les processus d'adaptation des populations à leur environnement, enparticulier saisir l'impact des déplacements sur le milieu naturel et apprécier l'influencedes évolutions historiques sur les systèmes de production agro-pastoraux, en insistantsur le degré d'artificilisation des milieux,- avancer des propositions pour de nouveaux équilibres environnement-populationdans le cadre d'un schéma prospectif à moyen tenne allant dans le sens de lareconstruction des milieux dégradés.

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1.3 - Programme scientifique· de l'approche synchronique àl'approche diachronique

Il comprend trois parties :

- la première axée sur l'évaluation des problèmes environnementaux face à lacroissance actuelle de la population , il s'agit ici de faire un état de la situation,d'identifier les facteurs détenninants de déséquilibres et de ruptures et d'isoler lescontraintes propres aux écosystèmes de chaque zone.

- la seconde a trait à l'étude des relations entre les évolutions passées et les potentielsde croissance actuels dans une approche diachronique des phénomènes écologiques.

- la troisième , prospective, devrait pennettre de différencier les tendances nonmaitrisables des évolutions futures de celles qui peuvent l'être, et de construire desmodèles d'évolution prévisibles sur la relation population-milieux naturels

A - Première partie

Thème central: Problèmes de la montée démographique en tennes de pressionimmédiate sur les éléments écologiques (accroissement des surfaces cultivées,occupation des surfaces plus pentues, réduction de la durée de la jachère, abandon dedéfenses anti-érosives.. ) en relation avec les aspects sociaux et économiques: activitésagro-pastorales, effets directs et indirects de la migration, détournement des activitésagricoles au profit d'activités plus rémunératrices...

Champ d'études:

1- La population, schèmas de reproduction et mécanismes migratoires,2- Evolution de l'occupation des terres au cours des dernières années,3- Exploitation et gestion du milieu naturel. Facteurs de production, urbanisation et

politiques économiques. Le maillage de l'espace .4- Le tapis végétal: son évolution depuis une vingtaine d'années, remontées

biologiques éventuelles,5- La dégradation des sols,6- L'eau ( y compris l'évolution climatologique: cycles humidité-sécheresse ), son

impact sur la population, sur la végétation,

B - Deuxième partie

Thème central: Aspects historiques: articulation entre la croissance de lapopulation, l'évolution de ses activités agricoles et pastorales et l'évolution du tapisvégétal . Vitesses d'évolution différentielle des facteurs écologiques et desphénomènes démographiques et sociaux: effets de seuil, potentiels de régulation etproblèmes de réversibilité écologique.

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Champ d'études:

1 - Gestion familiale et sociale des mutations écologiques : comportementsreproductifs processus migratoires, dynamique démographique,

2 - Transformations des activités agro-pastorales en relation avec la croissancedes populations (paturages en forêts , appropriation et utilisation des espaces

collectifs... ), avec les effets de l'urbanisation (approvisionnement des villes, empriseurbaine sur les terres agricoles... ), et avec les besoins en énergie domestique

3 - Les facteurs évolutifs de la perception de la dégradation du milieu: capacité etqualité (rendements) des sols, gestion de la forêt et des formations naturelles ou desplantations, appréciation des changements par les populations,

4 - L'évolution des moyens de lutte contre la dégradation et leur intégration auxmodes de cultures et activités pastorales.

c- Troisième partie

Thème central: Prospective démographique et vitesse d'évolutions des milieuxnaturels. Scénarios suivant les hypothèses de seuils, de potentiels et de réversibilitéécologique.

Champs d'études:

- Identification des tendances lourdes démographiques et écologiques,- Scénarios: tendances durables, tendances aléatoires- Modélisation. Recherches de solutions alternatives

1.4 - Méthologie générale

Comment concilier les approches écologiques et les analyses socio-démographiques del'évolution des populations?

Le choix des zonesUn premier constat: la charge humaine est fonction du bio-climat rà 50 mm de pluie lacharge humaine est en effet beaucoup plus nocive et beaucoup plus difficile à gérerqu'à 1000 mm de pluie. La capacité de comparaison de l'étude dépend doncétroitement des critères de choix des zones d'étude, cela impose de retenir des zones:

- à gradiant bio-climatique et d'aridité différents,- de conditions de peuplements spécifiques (mode d'occupation et d'utilisation des

terres)- correspondant à une ou plusieurs unités administratives.

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Les indicateurs relationnelsEnsuite, il s'agit d'établir une relation précise entre milieux naturels et population parl'utilisation d'indicateurs relationnels (ou indicateurs démo-écologiques), véritablesinterfaces entre les indicateurs propres à l'évolution des milieux naturels et ceuxspécifiques à la dynamique démographique et sociale. Se pose ainsi le problèmeépineux de leur identification, de leur mesure et de leurs liaisons interactives. Dans cedomaine, il s'avère important d'établir d'abord la liste des indicateurs parfaitementrepérés et mesurés dans chaque domaine et de rechercher ensuite les correspondancespossibles. Cela implique au niveau de chaque région:- de rechercher les indicateurs exprimant les niveaux de sensibilité propres aux niveauxnaturels,- de rechercher les indicateurs exprimant les niveaux de sensibilités propres auxsociétés (reproduction familiale et sociale, modes de vie et de production agricole etc.... d'identifier les binômes possibles entre ces deux premiers types d'indicateurs(indicateurs relationnels) exprimant (ou expliquant) les écarts autour de la sensibilitépotentieIle, déterminés (ou provoqués) par les perturbations anthropiques.

Les modes d'analyses diachronesCette mise en évidence est opérée à deux niveaux, un niveau descriptif et informatifpar des repérages directs sur les terrains d'étude permettant un constat exhaustif desproblèmes les plus cruciaux et un niveau analytique permettant de faire l'état de laconnaissance sur les milieux naturels et la population (études, séries chronologjques,comparaisons d'états dans le temps ... ) . C'est la partie diagnostic où prévaut lesmodes d'analyses diachrones ( diachroniques rétrospectifs ). Sont utilisés ici lesinstruments d'analyse en vigueur en écologie (se référer aux études CEFE, CNRS,ORSTOM etc ... ) , les méthodes d'analyse classique de la dynamique des populations,les études historiques sur l'évolution des parceIles etc ...

Spatialisation et télédédectionCe diagnostic est complété par la spatialisation de certaines évolutions au moyen de latélédétection et de l'analyse des photos aériennes, en particulier, et cela est valablepour les trois zones:

· évolution de l'occupation des sols,· les systèmes de communication et de desserte des parceIles,· l'implantation des villages et de l'habitat dispersé.

Les images spot sont disponibles depuis 1986 et nous avons déja sélectionnés avec leCentre National de Télédédection les fenêtres couvrant les trois zones d'études. Lesphotos aériennes permettent de remonter jusqu'à l'année 1949.

Ce niveau d'analyse exhausti[(petite écheJJe} est initié en premier, il détennine pourune large part le second niveau d'analyse sur échantiJJons (grande échelle), mais il sepoursuit corroJJairement aux opérations de terrain. Il Y a nécessairement une relationitérative entre les deux niveaux d'analyse et non une chronologie de réalisation( voirschèma ci-dessous} .

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Tableau de correspondance des niveaux d'analyses

Niveaux Thèmes abordés

Ecologie/environnement Population

- recensement, enquêtes, évolution pop.- habitat- Infrastructure, voies de pénétration

'" - modes d'exploitation agricole

'" //",

/ - Enquêtes dans les ménages(remontée vers oarcelles)

- Enquêtes perception(indicateurs relationnels)

- Enquête de base sur la parcelle- Suivi sur indicateurs en mode

synchromeldiachrone , simulationde pluie pour efficacité de l'eau ...

- cartes d'évolution de l'occupation- cartes de dégradation des terres- cartes des formations végétales

2sd. niveauETUDE SURECHANTILLDN(Station, ménages)(grande échelle)

1er. niveauEI1JDEEXHAUSTIVE(petite échelle)Spatialisation

Les enquêtes sur le terrainCelles-ci portent à la fois sur les ménages et sur le gradiant bio-climatiqued'implantation . C'est à ce niveau que les indicateurs relationnels (ou indicateursdémo-écologiques ) sont utilisés. Enquêtes aux champs, enquêtes sur les parcours,toute la vie agro-pastorale est appréhendée à partir des ménages. Ceci ne semble pasposer de problèmes maleurs à Tabarka et Siliana, où la parcelle s'identifie à l'exploitant(il est possible en partant du ménage de remonter jusqu'à la parcelle). L'approchesynchrome est ici initialisée par les enquêtes socio-démographiques. En revanche à ElFaouar, les systèmes de gestion et de production de l'oasis oblige à nuancer cettedémarche. Il y a un "feed-back" dans la relation exploitation-famille différent dont ilfaut tenir compte dans les stratégies d'enquêtes à mettre en oeuvre localement.

Analyse qualitative des activités humaines avec le milieuC'est le complément indispensable aux enquêtes quantitatives, basée essentiellementsur la perception que les populations ont des évolutions tant démographiques queécologiques. Plusieurs méthodes d'investigation sont possibles. Elles sont étroitementliés à la pertinence des indicateurs relationnels qui seront mis au point.

On verra donc dans ce qui suit- La problématique régionale et le choix des zones- Les indicateurs- Les enquêtes

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FIG.L LOCALISA TION DES TROIS ZONES TESTS

CD Tabarka (1) B argou CD El F aouar

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2 - PROBLEMATIQUE REGIONALE

Les critères essentiels de choix (voir § 1.4) ont conduit à choisir l'lmadat, la plus petiteunité administrative en Tunisie, comme zone test dans chacune des régions. Parailleurs il convenait également de délimiter les zones et les modes d'action desdifférents "pouvoirs, (politico-administratif, socio-culturel, économique) quis'exercent sur un territoire donné ainsi que les flux qui le parcourent et les noeudsd'échanges qui l'animent. Il était donc important d'examiner comment s'opérent lesjonctions et les recouvrements entre ces espaces emboités. En tenant compte de cesdifférents critères, une sélection des zones a été faite aprés une reconnaissanceeffectuée directement sur le terrain. A noter que les Imadats trop faiblement peuplées,en général de pénétration difficile ou trés éloignées ont été écartées de la sélection. Enfonction de l'expérience et de la connaissance de leur région, et de leurs objectifspropres, les instituts régionaux ont procédé aux choix des zones. Celles-ci ont faitl'objet de repérage direct sur le terrain.

2.1 - Les régions d'études

En fonction de l'homogénéité du tapis végétal régional, de la vocation agricole de larégion, c'est surtout la Tunisie continentale du Nord au Sud à l'exception de la zoned'Ain Sobah, qui est concernée par cette étude. Aux fins de comparaisons, troisrégions rurales de la Tunisie, caractérisées par des contextes bio-climatiques différentset des conditions de peuplement spécifiques, sont proposées. E'n raison des modesd'occupation et de l'utilisation du milieu naturel par l'homme, toutes les trois sontparticulièrement touchées par les phénomènes de dégradation des sols et de lavégétation:

- la région du Nord-Ouest comprend principalement la Kroumirie et les Mogodscouverte ici en grande partie par une forêt de chène liège, de type mésophile ,à lapluviométrie abondante et dont le dynamisme du tapis végétal est intimement lié àl'activité humaine ( paturages en forêt, défriches pour cultures, arrachage pourcharbon de bois, vieillissement de la forêt). C'est une région à forte densité depopulation connaissant une émigration forte. Historiquement ces déplacements depopulation sont récents, liés autant à la forte croissance démographique de cesdernières décennies qu'à la destructuration des activités agricoles traditionnelles. Lepoids démographique y est encore important en rupture avec les potentialitéséconomiques de la zone.

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- la reglon de Siliana, avec ses contreforts steppiques lessivés par l'érosion,terres traditionnelles de cultures et de transhumance, objet d'interventions planifiéesconstantes, subit une accélération de la pression démographique. La croissance desactivités pastorales pèse davantage sur un processus de dégradation déja fort avancésur les piemonts relativement peuplés face à des secteurs agricoles trés aménagées(cultures intensives, grandes exploitations) trés peu densifiés. La migration, dedéveloppement relativement récent, apparait comme un palliatif insuffisant àl'accroissement des déséquilibres entre les terres pauvres sur-densifiées, les espacesnaturels sur-utilisés et les terres aménagées.

- la reglon du Sud comprend trois zones distinctes: celle des oasis, celle desJeballia (Matmata, Plateau du Dahar) et la plaine littorale de la JefTara y compris l'île deJerba. Pour l'étude c'est la sous-région des chotts (oasis) qui a été retenue. Elle secaractérise par une pluviométrie faible et irrégulière (moins de 100 ml.), un tapisvégétal rare et fortement dégradé, des activités oasiennes en extension. Le peuplementde type nomade ou sédentaire suivant les ethnies dominantes (Grib et Regrib) yatoujours été relativement intense eu égard à la fragilité du milieu naturel. Dans cesterres de refuge, les populations se sont structurées autour d'une forte cohésion socialeet familiale. Elles connaissent aujourd'hui une croissance élevée, et sont le siège demouvements d'émigration et d'immigration. Ces derniers sont particulièrementintenses en raison de la sédentarisation des nomades dans les oasis et de l'attractionqu'exercent les nouveaux périmètres irriguées sur les populations avoisinantes.

2.2 - Les zones tests

2.2.1 - Les zones dans la région du Nord-Est

Trois secteurs ont été retenus: Ain Snoussi, Ain Sobah et Tegma

- Ain Snoussi

Superficie: 5812 haPopulation: 2660Taille moyenne ménage: 5,2 personnes

Géomorphologie: deux principales unités géomorphologiques :• La montagne: la forêt (subéraie) y est prospère notamment au Jebel Zouza, avec desdébuts de signe de dégradation (absence complète de régénération),• le glacis fait l'objet de cultures vivrières intenses. Les risques d'érosion fluviale enparticulier sont grands en raison de l'importance des superficies glacis et de la pente.

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Tabarka

Au premier plan, une chenaie liège maintenue dans un état d'équilibre acceptable

Mattoral subsistant aprés la chénaie liège, suite aux activités sylvo-pastotalesintensives: charbonnage, paturages répétés...

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Géologie: le terme de base (oligocène moyen et supèrieur) montre un granddéveloppement (af1eurement du numidien) sur les pentes du massiftriassique de lebelZouza, alors que ce même terme est extrêmement réduit, en direction de l'ouest, auxconfins algéro -tunisiens,

Végétation: la subéraie s'y maintient merveilleusement notamment à l'Ahirech et AinSerja, ailleurs, elle est plus ou moins dégradée et parfois même ruinée. Desreboisements à base de pins, notamment le pin radiata qui manifeste du gigonstime.

Habitat: contrairement à Ain Sobah, l'habitat est dispersé plutôt en douars. Cetterépartition semble guidée par l'espace cultivable et des parcours forestiers. On yrencontre des douars perchés à mi-versants et au fond des vallées. Dans les tous cas ,seul l'habitat médian en quête de terrain exerce vers l'amont et l'aval une pression surla forêt (défrichement) .

Elevage pastoral: Effectif en 1988 : Bovins: 2838, ovins: 4210, caprins: 5468,équidés: 242 . Les équidés assurent la triple fonction du transport du liège, du battagedes récoltes, du transport humain et des marchandises.

Faune sauvage: sanglier, cerfs de barbarie (protégés), chacal, renard, genette, perdrix,aigle... et autres gibiers.

- Ain Sobah

Superficie: 6237 haPopulation: 5330Taille moyenne ménage: 5,5

Géomorphologie: Ce secteur diffère sensiblement du reste de la délégation ruraleessentiellement par une surface plane et une masse de dunes maritimes dites de MeknaCes deux unités géomorphologiques font l'objet d'aménagement littoral touristique etd'occupation anarchique avec des systèmes d'exploitation divers dans la plaine deMekna. Quant à l'unité glacis, qui semble résulter de la tectonique par glissementd'ensembles sédimentaires, elle n'est pas favorable à l'habitat et fait l'objetd'agriculture de subsistance sur de petites parcelles éparses et d'élevage pastoral.L'unité montagne est plus ou moins boisée.

Géologie: grés de Numidie (oligocéne) et du sable (81 % de carbonate de chaux) duquaternaire marin, ainsi qu'un massif calcaire à l'amont.

Végétation: C'est une subéraie ruinée en partie, vraisemblablement en raison de lapression anthropique et de l'existence de calcaire plus ou moins actif.

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Habitat: habitat perché amphithéatral ayant tendance à progresser vers l'aval (coincévers l'amont par les massifs calcaires) au dépend des boisements naturels. Le paysagebocager commence à se dessiner le long de la montagne de Sid Asker à JebelKhéroufa. L'habitat est plus ou moins aggloméré en raison de l'espace réduit entre lamontagne et la plaine.

Elevage à caractère extensif: Bovins 1352, ovins 1218, caprins 440, équidés 100.

Faune: identique à celle d'Ain Snoussi

- Tegma

Superficie: 4660 ha, dont 2748 appartiennent au domaine forestierPopulation: 3300 habitant répartis en 15 douarsTaille moyenne ménage: 5,2

Géologie: Les substrats qui dominent sont des marnes, des argiles et des bancs degrés. Sur les faibles pentes ce sont des abstrats marno-calcaires.

Végétation: La végétation primitive est à base de chêne liège, de chêne zeen etd'oléolentisque. Elle est soumise à une dégradation alarmante (régression de la forêtspectaculaire et extensive) . Erosion remarquable qui se manifeste par des ravinementset des glissements en masses. Pluviométrie annuelle moyenne de 1200 mm. Bio-climathumide à variante tempérée

Habitat: habitat en douar, élévage intensif et céréaliculture. Ressources en eauimportantes mais sous exploitées. La propriété privée du type melk est trés diffuse,alors que l'empiétement des propriétés au détriment du domaine forestier de l'Etat,majeure partie du secteur, est trés exagéré.

Elevage pastoral: en 1989 : bovins 2052, ovins 2130, caprins 5535, équidés 700. Lesurpaturage y est indiscutable et il est très ruineux pour la forêt et la végétationnaturelle

Faune: identique à Ain Snoussi

2.2.2 - La zone d'El Faouar dans le Sud.

La zone d'El Faouar, siège d'une délégation nouvelle, se situe dans la région desoasis au sud ouest du chott el djerid. Le choix de l'IRA s'est porté sur le village d'elFaouar où la croissance de la population est considérable liée autant à une reproductionélévée qu'à des mouvements migratoires positifs sur les environs immédiats duvillage. Le climat est de type méditerranéen étage saharien , sous étage supérieur,variante hiver frais, avec une faible pluviométrie (50 à 100 mm fan).

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El Faouar dans la région de Kebili

Le paysage initial, déja fort entamé par les activités humaines (restes de charbonde bois au premier plan )

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Une fixation des populations nomades, des phénomènes d'immigrationdues aux possibilités d'extension des périmètres irrigués, entminant unesur-urbanisation du site de l'oasis

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Les sols: minéraux bruts, halomorphes et calcao-magnésimorphes sont les plusconnus, ils se caractérisent par la salure, l'hydromorphie actuelle et ancienne, laprésence de gypse, de calcaire et de marne. Ils sont très pauvres en matièresorganiques.

La végétation: elle se caractérise par une large frange de végétation salée plus oumoins couverte d'un voile éolien, et en bordure du chott par une végétation halophile,zones où se situent les parcours saisonniers des populations nomades du Nefzaoua. Lavaleur pastorale est trés faible (moins de 35 UFlha/an), La charge que peut supporter100ha. est estimée au plus à 9 unités de petit bétail. La pression-humaine croissanteaccompagnée par une gamme de pratiques agricoles menaçantes (charge animaleexcessive, céréaliculture ... ) a entrainé la raréfaction progressive des ligneux hauts et ladégradation accentuée du couvert végétal. Les zones proches des villages sontgénéralement trés dégradées et parfois envahies par les barkanes.

Mise en valeur et ressources en eau : Le débit artésien, puisé dans la nappe fossileatteint pour les 9 oasis, dont El faouar, 500 Vs, pennettant la mise en valeur d'environ900 ha. La production accrue de la datte "degla nour" contribue à soulager les parcoursenvironnants moyennant un production fourragère non négligeable. Cependant lespérimètres irriguées connaissent à leur tour une dégradation d'un autre type liée à leurextension et à l'utilisation non appropriée de l'eau. Elle se manifeste parl'hydromorphie et la salinisation des sols.

Population et société: historiquement, la région appartenait au territoire collectif desOuled Ghrib, population nomade de la Nefzaoua. Elle compte en 1984, 6885habitants. La transhumance s'effectuait sur un axe Bechni-El Faouar et remontait selonles années au Nord du Chott El Gharsa. Au cours de ces mouvements, une partie de lapopulation s'est fixée autour des créations de périmètres irrigués, particulièrementautour d'El Faouar, Sabria, Ghidma ... L'activité agricole ne suffisant pas , l'élevageest resté une activité agricole essentielle avec comme conséquence une surcharge surles terres proches des villages. De plus, plusieurs années successives de disette et ledéclin irréversible de l'élevage de parcours ont accéléré le processus desédentarisation. Concentré dans les villages, où seuls les programme nationaux etrégionaux offrent des possibilités d'emploi, ce gonflement de population accroit lesdéséquilibres. Cette dynamique démographique amorcée par un processus de mise envaleur et de créations d'oasis s'exprime en effet dans un écosystème fragile.

La société, essentiellement de tradition nomade, connait des transformations et desmutations apparentes: processus irréversible de sédentarisation et de fixation despopulations, transfonnations des besoins sociaux-culturels et économiques avec lepassage de la vie de nomade à la vie citadine, (le goudron ,l'électricité, l'eau courantesont présents à El Faouar), enfin mutation des rapports de production provoquantl'évolution des rapports sociaux et familiaux.

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El Faouar

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Manque d'efficacité du systèmede drainage à ciel ouvert enraison de la faible consistance du sol(éboulement des berges: colmatagedes drains.

Extension harmonieuse et prometteuse des plantations grace aux nouveaux forages

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2.2.3 - La zone Ouled Fredj dans la région de Siliana

L'ancienne Imadat d'Ouled Fredj a été partagée en 1975 en deux imadats d'OuledFredj et de Bargou . Ces deux imadats constitue le secteur retenu, il se situe à unedizaine de Km de la ville de Siliana, et se caractérise par une dualité marquée entre leszones agricoles aménagées à culture intense où les exploitations sont importantes et lapopulation peu dense et les zones sur les piemonts des montagnes, terres pauvres,complétement dégradées par une présence humaine trés dense. Les espaces naturelssont soumis à une surcharge trés élevée. La dynamique démographique forte, lafaible capacité d'emploi des grandes exploitations , entrainent un sous emploiimportant. Cette situation explique la forte émigration vers les villes proches, lacapitale et l'étranger.

L'Imadat de Ouled Fredj couvre une superficie d'enviton 9000 hectares, avec unepopulation de 2952 personnes au recensement de 1984 . La population active pratiqueune agriculture extensive basée essentiellement sur l'élevage et les grandes cultures.

Pour 167 éleveurs on compte en 1990: 9963 ovins adultes, 6669 ovins jeunes et 167caprins. Pour le cheptel bovin, on compte 295 éleveurs pour 1139 têtes ( donnéespour le secteur: Bargou et Ouled Fredj)

La pluviométrie est tributaire de l'altitude. Elle est de 500 mm jusqu'à 650 mêtresd'altitude et comprise entre 500-1200 mm sur le versant du djebel Bargou (sommet à1250m). Vents fréquents du Nord et Nord-Ouest. Les vents du Sud et Sud-Est sontfreinés par les massifs du Bargou et du SedIj.

Le relief se distingue en quatre fonnes : le plateau de Marj Aouam, la vallée de l'Ouedel Kebir, le glacis de raccordement et le synclinal du djebel Bargou.

La forêt du Djebel Bargou est fonnée de quelques chênes verts, de pieds de pind'alep et de romarin, diss etc... Cette végétation est dans un état de dégradationavancée, due au surpaturage et au déboisement.

Géologie: Aptien : lithologie calcaire karstifié fonnant l'ossature du djebel bargou .Albien : lithologie calcaire et marme redressé à la verticale en discordance à des marnesde l'éocence (piémont du djebel Bargou). Eocence supérieur: lithologie marneuse(plateau de maIjaâ Aouam et la vallée de l'Oued el Kebir)

Les sols: les vertisoles et sols vertiques occupent le plateau et la vallée d'Oued elKebir, ce sont des sols profonds, convenant bien à moyennement aux cultureannuelles, les sols calcimagnésiques répartis sur le glacis de raccordement (glacisencrouté), les sols enfin minéraux bruts mithosoliques (calcaire dur) enjustaposition àdes rendzines qui évoluent dans les karsts sous un maquis de chène vertprincipalement.

Trois secteuTS écologiques bien détenninés : les grandes exploitations agricoles, lespiemonts et glacis, le domaine forestier

--W'"20

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Ouled Fredj dans la région de Siliana

Au premier plan, effets des cultures intensives sur l'érosion. Au fond, dégradationtotale du couvert végétal et des sols du djebel, conséquences de l'exploitationhumaine croissante

Aménagements en terrasses de pierres sèches pour enrayer l'érosion: programmesde développement du Ministère de l'Agriculture

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3 - LES INDICATEURS

La comparaison synchronique de l'ensemble de ces observations donne quelquespistes: spécificité des indicateurs en raison des caractéristiques du milieu et de gestiondes ressources différents suivant les régions, importance des modes de gestion dupatrimoine, perception et adaptabilité aux risques et aléas agricoles, pour n'en citerque quelques unes.

3.1- Les indicateurs de la dynamique de la population

L'information statistique au niveau du Gouvernorat et de la délégation permet de cernerla dynamique démographique propre à chaque région et de retenir un certain nombred'indicateurs. Les données disponibles sont assez récentes, le dernier recensement estde 1984, une enquête nationale réalisée 1989 est actuellement en exploitation. Cetteinformation est détaillée par gouvernorat et par délégation, par contre au niveau dusecteur (Imadat) les données sont globales.

Le type d'occupation de l'espace rural par la population est dans les trois régions trèsdifférenciée: A Siliana , la population dispersée est de 40,7 %, à Jendouba de 17,9 %et à Kébili de 0,9 %. Ainsi dans le Nord et dans le Sud la population a plus de 80 %est-elle concentrée dans les villages et les agglomérations (douar), A Siliana le moded'occupation des terres a priviligié l'implantation dispersée . Les villes , les plusproches des zones et les plus importantes de la région (Tabarka, Siliana, Kébili) sontde taille modeste , autour de 10.000 habitants en 1984. Elles sont néanmoinscaractérisées par une forte croissance.

La taille des ménages y est forte, au dessus de 5 personnes par ménage. A Siliana et àTabarka, la taille est d'autant plus forte que la population est éparse, atteignant 5,9personnes à Siliana, c'est l'inverse à Kebili où on constate des tailles plus élevées,plus de 5,5 pour l'ensemble et plus de 6 dans les zones agglomérées.

La population âgée de moins de 15 ans, à l'exception de Jendouba ( 39,2 %) estsupérieure à la moyenne nationale (39,7 %), Siliana (42,5 %) et Kébili ( 44,9 %).Populations jeunes dont l'âge moyen est de 24,4 ans à Jendouba, 23,7 ans à Siliana,et 23,3 ans à Kébili. Ces populations ont un taux de reproduction trés élevé et sontsoumises à des mouvements d'émigration intenses de type et d'ancienneté différentes.

Le nombre moyen d'enfants par femme fait apparaitre Siliana comme la région de plusforte fécondité (4,9 enfants par femme) , Jendouba (4,3) et Kébili (4,4). Cesdifférences se retrouvent dans tous les indices de fécondité. Ainsi, la descendance desfemmes mariées avant 17 ans est de 7,18 enfants à Siliana, 6,20 enfants à Jendouba etde 6,18 enfants à Kébili.

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Les taux de fécondité par âge et le taux brut de reproduction montrent une légéretendance à la baisse des niveaux. dans les années 80, le TBR est dans le Sud de l'ordrede 3,2, à Siliana de 2,4 et à lendouba de 2,7 . En fait, les indices récents fontapparaitre une forte rétention de la baisse de la fécondité dans la région de Siliana.Dans l'ensemble le potentiel de reproduction est encore trés élevée, nettement audessus de ceux observés dans la frange maritime du pays.

Taux de mortalité infantile et espérance de vie à la naissance. Siliana est une région oùles indices de mortalité sont panni les plus forts et dans l'ensemble des trois régionsles niveaux de mortalité sont au dessus de la moyenne nationale. Cependant lesdifférences sont moins exacerbées que pour la fécondité et tendent lentement às'estomper. Néanmoins, il faudra tenir compte des conditions locales qui peuventlaisser subsister dans certaines zones des niveaux anormalement élévés. Il faudra ainsivérifier si les zones tests ne sont pas dans ce cas.

Migration. Si globalement les trois régions sont déficitaires, les situations locales sonttrés variables. On l'a vu dans le cas d'El Faouar , nous avons affaire plutôt à une zoned'immigration en forte croissance, par contre dans la région du Haut Tell il sembleque l'émigration se soit développée. C'est actuellement la région la plus affectée par lephénomène migratoire; le taux de migration nette y serait de -5,4 (émigration sanscontre -courants). Dans le Sud, zone de migration traditionnelle, les contre-courantsont pris le dessus sur les sorties et l'on observe dans de nombreuses zones des taux demigration nette positifs. Par ailleurs du fait des programmes de mise en valeur, dudéveloppement de l'infrastruture des petites et moyennes villes se dessinent desmouvements importants vers les centres urbains locaux et régionaux.

Il conviendra d'identifier tous les types de mouvements qui peuvent toucher les zonesétudiées, en particulier déceler d'éventuels foyers d'émigration, etablir l'existence deréseaux ou de filières migratoires en fonction des conditions locales de la reproductionfamiliale et sociale. (Phénomènes de réversibilité)

Caractéristiques familiales Cà développer)

Les régimes fonciers seront à prendre en compte, modalités de la transmission dupatrimoine. Bien que le code soit identique sur tous le territoire nationale, chaquerégion a dans ce domaine une spécificité forte. Importance de l'immatriculationfoncière, de la taille des parcelles, des phénomènes de morcellisation etc ...C'est unepartie de l'étude incontournable pour comprendre l'évolution des pratiques del'uliIisation des sols, qui sera menée en priorité

En résumé, la dynamique démographique des trois régions est marquée par une fortefécondité à évolution lente, une mortalité relativement plus élévée que dans le reste dupays mais avec des progrès certains. Les deux régions du Nord ont une balancemigratoire négative, alors que la région El Fouar est depuis plusieurs années un foyerd'immigration. Les indicateurs propres à l'exploitation agricole et à la productiondifférent sensiblement pour les deux zones centrale et nord et la zone sud d'El Faouar.Ils interviennent directement dans la recherche des binômes milieux naturels population

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3.2 - Les indicateurs de la dégradation ou de la remontéebiologique

Ce sont des variables abiotiques ou biotiques en général, simples à saisir, quitraduisent les modifications des niveaux des ressources naturelles et ledisfonctionnement de l'écosystème, suite aux différentes perturbations que subit lemilieu naturel. Dans les milieux naturellement fragiles, il est évident que lesperturbations anthropiques auront un effet accru. Par ailleurs, les risques naturels:sécheresse, inondations, peuvent être à l'origine de la détérjoration du milieu.Souvent, ils sont à l'origine d'effets qui vont dans le même sens que ceux induits parles perturbations anthropiques.

Les trois zones tests présentent des caractéristiques de milieu et de gestion desressources trés différentes, par la même, les indicateurs seront spécifiques à chacunedes zones, ainsi que les méthodes et leur évaluation. Compte tenu des moyens mis enoeuvre dans la première phase du programme, la mise en évidence d'indicateursdécoulera de la comparaison synchronique de stations d'observation. La répartitionspatiale de celles-d dépendra pour beaucoup de l'analyse sodo-démographique et dumode de faire valoir collectif ou privatif des ressources renouvelables par les ayantsdroits.

3.2.1 - Les indicateurs pour la région de Tabarka.

- Tarissement des sources et des puits: la diminution de l'efficacité d'un milieu àabsorber les eaux méteorites peut s'apprécier soit par l'augmentation du ruissellementà l'échelle du champ, du versant ou du bassin versant, soit par la fréquence et lalongueur des périodes de tarissement des sources et des puits ( inventaire des puits). Ilest évident que le tarissement, outre la dégradation du sol (diminution de l'épaisseur,tassement ... ) et l'appauvrissement du couvert végétal, peut être lié lui aussi àl'augmentation des consommateurs en eau (densités des installations humaines et descharges animales) ainsi qu'au type de la pluviosité annuelle.

- Les envahisseurs floristigues: les adventices, les nitrophiles ... , les groupementsnaturels arborés et arbustifs sont très rarement pénétrés par les adventices et lesnitrophiles s'ils ne sont pas ou peu pénétrés par l'homme et le bétail. Ils le deviennentet ceci à des degrés divers en fonction du degré de pénétration et de perturbation desactivités humaines.

- La pénétrabilité apparente des animaux dans les maquis et les formations arbustiveset arborées.La détérioration des strates ligneuses basses et moyennes peut être appréciée par ladensité des passages et des sentes dans les formations arbustives et arborées. Cestraces, sont constituées de couloirs étroits mais très tassés par lesquelles les eaux deruissellement s'échappent très vite et marquent ainsi le début du ravinement.

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- Structure dendrométrique du groupement arborescent., la mesure du diamètre desarbres (paramètre en relation avac l'âge des arbres dans un même station) pennet deconnaitre les potentialités de régénération de l'essence forestière étudiée et d'apprécierdepuis quelle période la population ne s'est plus reproduite. Une forêt où les classesd'arbres jeunes n'existent pas ne montrera que des pieds à gros diamêtre signifiantl'absence de renouvellement.

- Augmentation des plantes non palatables dans les groupements, la présence de bétaildans les groupements arbustifs et arborescents contribue à éliminer les espéces les plusapétantes pour ne laisser en définitive, au fi] des années, que les espéces refusées parles animaux.

- Aspects physionomiques des groupements, l'aspect physionomique des groupementsvégétaux est très représentatif de la perturbation par l'hommes et le troupeau.

- Présence de loupes de glissement - la dégradation des ligneux (plantes à enracinementfort) entraine des phénomènes de glissement des sols très nocifs (stabilité du milieuphysique)

- Autres indicateurs possibles:- Appréciation du dépot de la matière organique- Erosion des sols

3.2.2 -Les indicateurs pour la région de Siliana

- Role des messicoles et des rude raIes : l'importance relative de ces espèces estfonction de l'intensité d'utilisation des desherbants dans les ménages - Importance desrudérales et mauvaises herbes dans les groupements de pelouses marginales

- Adéquation entre les occupations des terres et leur vocation ou aptitude,

- Degré d'artificialisation des zones marginales aux champs sur le Bargou (niveau dedégradation des groupements),

- Sur Les terres cultivables problème de dégradation de l'itinéraire technique dans lesgrandes cultures,

- Adjudication et procès verbaux pour les activités de charbonnage ( valable égalementpour la région de Tabarka)

- Rapports entre espèces forestières et espèces non forestières significatifs de lapression des troupeaux

- Degré de couverture arborescente et mesures de la biomasse instantanées

- Tests d'infiltrabilité : diminution du stokage, augmentatiorf du ruissellement,accentuation de l'érodabilité = dégradation (analyses physicos-chimiques)

- Rapport entre espéces palatables et espèces non palatables significatif de la pressiondu troupeau.

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3.2.3 - Les indicateurs pour la zone d'El Faouar

- Oasis: nombre d'exploitations, superficie

- Disparition des ligneux. critères d'anthropisation, ligneux remplacés par leseuphorbes et autres espèces non palatables,

- Mobilité des sables, fréquence des coupures des routes,

- Tenure des parcelles de l'oasis. aspect physionomique, surface cultivée, anciennetéde la parcelle,

- Problèmes de la gestion de l'eau: baisse des niveaux, rabattement, qualité de l'eau,système d'irrigation, quantité d'eau utilisée,

- Drainage: état de la nappe phréatique, état du réseau d'évacuation

- Seuils de palatabiIité

- Végétation:- réduction du couvert végétal,- apprauvissement de la flore ou richesse en germinations ou jeunes individus,- densité et biovolumes moyens des espèces ligneuses basses les plus utilisées

comme combustibles,

- Nature physico- chimique des sols

- Paramètres climatiques :- pluviométrie- régime eolien

Cette liste est loin d'être exhaustive. Dans le déroulement de la première phase de larecherche, il sera utile de sélectionner parmi ces variables celles qui se référent le plusdirectement aux activités humaines et qui ont un caractère de mesure lié à ces activités.Il va de soi que d'autres variables seront mis en évidence et la comparaison ne serapossible qu'en isolant à l'intérieur de celles-ci les facteurs déterminants. En fait ils'agit d'introduire des indicateurs qui soient susceptibles d'apprécier à des échellesdifférentes la dégradation ou la remontée biologique du milieu naturel et qui soientmesurables (situation du moment et évolution).

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4 - PRINCIPES DE REALISATION

4.1 - La perception des évolutions , une possible passerelleentre enquête démographique et enquête sur révolution desmilieux?

Identifier les indicateurs constitue une étape importante qui doit être cependantconfrontée aux réalités du terrain pour avoir toute sa signification , à ce niveaudemeure un problème majeur: comment concilier les enquêtes sur la population et lesenquêtes sur l'évolution des milieux?Dans la relation population-milieux naturels plusieurs types de population peuvent êtredistingués:

a) suivant la forme d'utilisation des milieux naturels:- celles qui exploitent le milieu naturel en temps que produit- celles qui interviennent seulement en temps que consommatrice soit de l'espace

(extension des périmètres urbains), soit des ressources du milieu (ressourcesalimentaires, ressources économiques),

b) suivant la charge démographique- la population "locale" avec sa propre dynamique démographique (fécondité,

mortalité, migration),- la population régionale ou nationale avec sa dynamique démographique plus

large.

A des niveaux différents chaque type a des formes d'intervention sur l'évolution desmilieux naturels. Fonnes directes ou induites, résultantes de révolution des sociétés (maitrise ancestrale de conservation et d'utilisation du milieu, évolution des droitsfonciers) ou d'actions globales de développement ( introduction de processustechniques nouveaux: irrigation, engrais, pesticides ou de mesures de protection ...) ,toutes ces interventions se traduisent par un état particulier de l'environnement: étatsde dégradation aux intensités diverses , états de récupération ou de remontéebiologique ...11 y a ainsi une liaison interactive entre l'intervention et son terrain , ousi l'on préfére entre l'action humaine et le contexte naturel. Ceci pennet d'envisagerdes systèmes de régulation, d'évitement ou de contournement, de seuils de rupture,de réversibilité ou d'irréversibilité. Ces concepts et ces mécanismes, bien connus enécologie, doivent être appréhendés par des questionnaires aux populations.

Ensuite, il s'agit de classifier les acteurs suivant leur niveau de confrontation auxconditions des milieux et cela ne peut être fait sans s'intéresser à la perception qu'ilsont des évolutions et des risques du moment et à tenne. En cela, on distinguera :Les acteurs directs :

- exploitants agricoles et agriculteurs (pratiques agricoles, niveau micro) ,- les acteurs institutionnels: politiques agricoles et de protection de l'environnement

( niveau macro )

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Les acteurs indirects :- la population au sens large:

en quantité: effets d'effectif, distribution spatialeen qualité: évolution des comportements alimentaires, des

traditions culinaires ...- les acteurs institutionnels les plans de développement les denrées de

substitution etc ...

Ce sont ceux qui sont directement confrontés aux milieux naturels qui nousintéressent. Ceux qui excercent leurs pratiques, prennent les déci~ions en fonction deleur perception et de leur savoir-faire. Ayant choisi des secteurs d'étude exclusivementen milieu rural, c'est donc l'activité agricole qui est mis en avant. C'est à travers lesréponses qu'apportent les agriculteurs aux aléas des milieux naturels que nouscherchons à appréhender l'évolution du contexte.

En premier lieu il s'agit de connaitre les causes de ces situations:- causes humaines: dynamique démographique (facteurs naturels et migration) ,

relations sociales et familiales, gestion du patrimoine , régime foncier, pratiquesagricoles ,gestion de l'eau, comportements alimentaires et culinaires ...

- causes naturelles: elles peuvent être d'ordre climatologique (pluies, vents) ,édaphiques ( nature des sols ,dégradation, érosion).

En second lieu, les conséquences de ses réponses:- conséquences sur le milieu naturel: amplification de la dégradation, ou remontée

bilogique, apparition de nouveaux facteurs de dégradation. Ces évolutions peuventêtre appréciéesà l'aide d'indicateurs de situation mis en évidence dans chaque secteurd'étude.

- conséquences sur le contexte socio-économique : migration , denrées desubstitution, approvisionnement des villes ...

Au niveau de l'enquête, la population constitue la " fenêtre" d'accés aux problèmesenvironnementaux, c'est principalement à travers les formes d'utilisation du milieu etde la perception des évolutions que doit se rejoindre l'enquêt~ sur la dynamiquedémographique et économique avec l'enquête sur l'évolution des milieux. Pour cefaire, l'enquête sur la population de chacun des secteurs comportera trois volets :

- un volet essentiellement démographique permettant d'apprécier le niveau decroissance ou de décroissance, tant des facteurs naturels que celui de la migrationconsidéré comme facteur de modulation ou de régulation de la dynamiquedémographique . Le questionnaire sera constitué d'une fiche collective simplerecensant l'ensemble des personnes composant l'unité d'enquête,

- un volet sur les formes d'ulilisation des milieux naturels . C'est un moduleindividuel adressé à l'exploitant agricole comprenant plusieurs thèmes : originefoncière de la parcelle, description des activités agro-pastorales ,utilisation des terresou parcours collectifs, techniques d'exploitation, assollements ,commercialisation .. ,

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- un volet sur la perception des évolutions. Module individuel également adresséaux exploitants agricoles portant: sur les capacités productives appréciées des parcellescultivés ou des parcours, notion des changements notamment par rapport à ce qui sefaisait autrefois ( son père, ou ancien exploitant), appréciation de l'évolution desrisques et incertitudes liés aux conditions du milieu , connaissance des seuils deruptures des ressources naturelles à travers les indicateurs (ressources en eau : niveaudes puits, ruissellement, disparition ou apparition d'espèces végétales), perceptionindividuelle de la dégradation ou de phénomènes de remontée biologique ....

A la différence des deux premiers volets qui peuvent être traités par une enquête detype classique: un questionnaire collectif adressé à toutes les unités d'enquête - nousverrons plus loin la définition de cette unité d'enquête - et un questionnaire individueladressé aux exploitants agricoles repérés dans les unités d'enquêtes, le traitement dudernier volet Peut être envisagé de deux manières différentes :

. il peut être intégré à l'enquête proprement dite sous la forme d'un moduleindividuel , les questions étant plutôt du type directif et faisant référence à l'état etl'évolution des indicateurs de dégradation. Etant dans l'enquête ce questionnaire doitêtre simple et peu long à remplir. Ceci afin de na pas alourdir les durées d'interviewdéja importantes avec les deux premiers volets.

- il peut faire l'objet d'une enquête à part avec une technique différentes desprocédés classiques. En effet s'agissant d'interviews de type subjectif (appréciations,opinions, réflexions ...) , on pourrait employer la technique de l'enquête focalisée(focus group).

Cette technique, adaptée par J. KNODEL (1984) aux études de fécondité, a étélargement utilisée dans le domaine du marketing. C'est une méthode qualitative, àconsidérer comme complément d'une analyse quantitative (l'enquête proprment dite).Il s'agit de constituer un groupe (ici d'exploitants agricoles) qui débat de situationsprésentées sous la forme d'une cJuonologie de thèmes. Le débat est coordonné par unanimateur. Les idées exprimées par le groupe sont simultanément enregistrées surbande magnétique et notées par un secrétaire de séance qui identifie ainsi les auteurssuccessifs des prises de parole. La difficulté de cette méthode est la constitution desgroupes focalisées qui doit répondre à des critères d'homogénéité de statut, au niveaude l'âge, et dans le cas de cette étude des activités agricoles. Dans ce type d'enquête,les questions sont ouvertes, mais rentrent dans le cadre d'une liste trés détaillée desthèmes et de problèmes à aborder. Une chronologie stricte dans le déroulement dudébat est à respecter. Tous les thèmes devront être préparés pour intégrer l'ensembledes indicateurs de dégradation (antécédents historiques, état, évolution, prémices deruptures, de déséquilibres ou de remontée biologique...). Les résultats des enquêtesde type écologiques (s'appuyant sur des enquêtes antérieures) constituent le cadreessentiel à la préparation de ce type d'enquête. Cette option se doit d'être approfondie,elle constiturait le prolongement de l'enquête quantitative et un moyen original deconcilier enquête démographique et enquête sur l'évolution des milieux naturels. Dansle même ordre d'idées, un groupe pourrait être constitué par les acteurs institutionnelslocaux. (CRDA, responsables communaux et politiques, responsables de projets dedéveloppement, organismes et institutions ... )

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4.2 - Thèmes d'études des enquêtes de population

Enquêtes auprés de l'ensemble des ménages de la zone d'étude- Le ménage, la famille, l'individu

1 - Identification et localisation du ménage- localisation, voies d'accés- description du lieu- état physique du lieu- habitat, constructions, types, usage de produits locaux- foncier, transmission du patrimoine- type du ménage- formes d'énergie utilisées

2 - Caractéristiques de la famille du ménage- âge- situation matrimoniale- nombre d'enfants (nés vivants et survivants)- lien de parenté des membres du ménage- lieu de naissance- profession et secteur d'activité (niveaux de revenus ?), (activités non agricoles)- formation- instruction

3 - Réseaux migratoires interne et internationale, migration des parents les plusproches ou des membres de la famille absents

- biographie migratoire- intentions de migrer- migration des parents proches ou membres de la famille- raisons de migration- mobilité temporaire et mobilité saisonnière

- L'exploitation agricole, la parcelle

4 - Caractéristiques de l'exploitation agricole:- superficie- situation des parcelles- mode de faire valoir- acquisition- tenures des champs et des parcours- modalités du travail agricole- materiel et équipements de l'exploitation- techniques d'exploitation- cheptel- utilisation de l'espace (parcours-surfaces paturées , surfaces cultivées)

5 - Production de l'exploitation agricole- production végétale- production animale- commercialisation de la production- les produits de remplacement et de substitution

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6 - Les facteurs de production - les intrants- l'eau- la terre- les aliments- les engrais- le capital travail

7 - La dynamique de la production agricole: (effets progressifs et risques)- appauvrissement de la terre , baisse des rendements- disparition des espéces palatables ou apparition ou substitution d'espéces

palatables- tarissement des puits et sources ou des cours d'eau: gestion de l'eau, nouvelles

sources- secheresse ou inondations- urbanisation- prédateurs

8 - La perception des évolutions de dégradation- facteurs démographiques- facteurs naturels- facteurs sociétaux

4.3 - Les programmes d~études

Le programme d'études spécifique à chaque zone se définit dans ses grandes lignessuivant les deux niveaux d'analyses décrits en pages 9 et 10. Reste à mettre au pointles techniques d'enquêtes: recensement exhaustif des zones, sous-échantillond'exploitants agricoles, identification précise des unités d'enquêtes (ménages,exploitation agricole ..). La chronologie des opérations est dépendante de la mise enforme opérationnelle des indicateurs de dégradation, celle-ci doit en effet précédée lemodule où ils interviennent (volet 3 de l'enquête démographique ou enquête focalisée).En revanche, l'élaboration du questionnaire de l'enquête démographique est menée depair.

Premier semestre 1991, enquête pilote, mise au point définitive des questionnaires etdu plan d'enquête. Dans le cas où l'option enquête focalisée serait retenue, celle ci sedéroulera postérieurement aux autres opérations de terrain. L'ensemble des résultatsdes enquêtes antérieures et des opérations ménées constituera alors la base de l'analysediachronique: l'évaluation de la situation du moment en relation avec les évolutionspassées devant permettre d'identifier les tendances maîtrisables de~ évolutions futures.

Outre les équipes travailJant sur le premier niveau d'analyse (petite échelle), sontprogrammés pour début 1991, la pré-analyse sur les régimes fonciers et la mise aupoint des questionnaires (deuxième niveau d'analyse). Un premer bilan de la mise enplace des divers niveaux d'analyses sera établi à l'Automme 1991.

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Essai de schématisation du plan d'étude

Etudes antèrieures surmilieu

Indicateurs bio-physiques(dégradation,remontée

//

+

Scénarii futu(s+

biologique)

++

Analyse diachronique

Enquête de perception( Module ou enquête focalisée)

Evaluation du moment

"- Identification des correspondances

+Indicateurs relationnels

(l er niveau de correspondance - avant enquête)

++

Enquêtes socio-démographique et agro-pastoraJesAnalyse echantillon

+Indicateurs relationnels

( i ème niveau de correspondance - aprés enquête)

~ if~ ~

Dynamique humaine Etat du contexte naturel

~

~

~

~

t~

~

Etudes antérieures sur lele facteur humain

Spatial isation- Dynamique démographique Enquêtes écologiques- Activités agro-pastoraJes if ~

~ Analyse exhaustive. ~~Ind icateurs démograph iques

et agro-pastoraux"-

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4.3 - Calendrier

1989 - Identification du champ de l'étude (réalisé)- Documentation (réalisé)- Elaboration de la problématique d'ensemble (réalisé)

1990 - Mise en place des équipes- Etudes préalables des trois régions à partir des obselVatoires

régionaux: état du milieu naturel et bilan démographique

1991 - Mise en place des deux niveaux d'analyses dans les zones- Tests de faisabilité des enquêtes- Bilan et réajustage éventuel de la problématique- Enquêtes sur le terrain

- Rapport d'étape 2

1992 - Traitement des enquêtes- Analyse

1993 - Rapport d'ensemble- Séminaire de diffusion des résultats

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Annexe bibliographique

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