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N° 26 – MAI 2011 ÉDITION NATIONALE Imprimé sur du papier recyclé. Ne jetez pas ce magazine sur la voie publique : donnez-le. Merci ! MUSIQUE CAT STEVENS ET SAMI YUSUF, EN CONCERT SOCIÉTÉ MUSLIM PRIDE, UN MOUVEMENT SOCIAL HALAL CONTRE LA FRAUDE, DES CONSOMMATEURS AVERTIS « Aucune voix pour le FN » DOSSIER SPÉCIAL : DRAGUE ET MARIAGE, QUELLE AVENTURE ! RAMA YADE

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MUSIQUE Cat StEvEnS Et SaMI YUSUf, En ConCErt

SoCIÉtÉMUSlIM PrIdE,Un MoUvEMEnt SoCIal

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« aucune voix pour le fn »Dossier spécial : Drague et mariage, quelle aventure !

raMa YadE

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SALAMNEWS N° 26 / MAI 2011

SOMMAIRE ÉDITOUne occasion ratée

Salamnews : 113-115, rue Danielle-Casanova – 93200 Saint-Denis – www.salamnews.fr Directeur commercial : Mourad Latrech – Publicité : 01 48 09 53 24 – [email protected] Rédaction : [email protected] – 01 70 24 39 46 Directeur de la rédaction : Mohammed Colin. Rédactrice en chef : Huê Trinh Nguyên. Journalistes : Mérième Alaoui, Hanan Ben Rhouma, Nabil Djellit. Ont participé à ce numéro : Raphaël Liogier, Chams en Nour. Conception graphique : Pierre-André Magnier. Mise en pages : Jean-Bernard Baril. Photo de couverture : © IBO/SIPA. Chef de projet : Sandrine Mayen. Imprimé en France. Tirage : 110 000 exemplaires. Éditeur : Salamnews est édité par Saphir Média, SARL de presse au capital de 10 000 euros. Directeur de la publication : Mohammed Colin. N° ISSN : 1969-2838. Dépôt légal : mai 2011.

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IPA

O ussama Ben Laden est mort. C’est un soulagement pour le monde entier et pour la majorité des

musulmans. Depuis le 11-Septembre 2001, où des avions détournés par des membres d’Al-Qaïda ont percuté les deux tours jumelles du World Trade Center, coûtant la vie à près de 3 000 victimes – parmi elles, de nombreux musulmans, on l’oublie souvent –, le soupçon généralisé s’était abattu sur tous les enfants d’Ismaël. Le terrorisme est en réalité une notion très éloignée de l’esprit de l’islam. Le Coran dit en substance que « quiconque enlève une vie, c’est comme s’il avait tué toute l’huma-nité ; et quiconque fait don de la vie, c’est comme s’il avait sauvé toute l’humanité ». C’est toujours selon cet esprit qu’en 2004 feu Mansour Escudero, personnalité très influente de l’islam espagnol et responsable de la principale organisation musulmane d’Espagne, écrivit une fatwa de cinq pages très argumentée qui décréta : « Hors de l’islam Oussama Ben Laden, Al-Qaïda et tous ceux qui prétendent justifier le terrorisme en se fondant sur le Coran. » Une excom-munication – très rare en islam – qui condamne sans appel le terrorisme.Pour autant, la mort d’Oussama Ben Laden n’appelle pas à des réjouissances. Les condi-tions de sa découverte et de son exécution recèlent de nombreuses zones d’ombre. Son immersion en mer, prétendument en respect du rite islamique, est une farce politique de mauvais goût. Plutôt que de passer l’homme à la trappe, nous aurions souhaité que cet assassin et instigateur de mouvements terroristes puisse publique-ment rendre des comptes devant la justice des hommes avant que de s’expliquer devant celle du Très-Haut. ■

Mohammed Colin

FOCUS Spécial Drague et mariage

HORIZONS 4 Muslim Pride, un mouvement social nécessaire

ACTU 6 Cat Stevens et Sami Yusuf en concert, à Paris Élections du CFCM : un report (im)possible ? 8 La mort de Ben Laden soulage les musulmans 8 Édition Île-de-France : Thomas Bouhail : « Le 93 est un vivier de talents »

ÉCONOMIE 10 Halal : contre la fraude, AVS lance son application iPhone Enquête Solis : des consommateurs plus avertis

TÊTE D’AFFICHE 20 Rama Yade : « Aucune voix pour le FN : pour s’engager politiquement, il faut être libre »

DE VOUS À NOUS22 Divergences

12 Opération mariage, quelle aventure ! 14 Jeune fille cherche homme sérieux 15 Le boom des sites Internet affinitaires 16 Le PACS, un contrat de confiance pour musulmans ? 17 Mariage doré, mariage princier 18 Le tour du monde des mariages musulmans

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CCertes, la république française est en danger, et les valeurs démocratiques sont attaquées de plein fouet dans l’ensemble de l’Europe, mais paradoxalement attaquées par ceux-là mêmes qui s’en font les défenseurs théoriques. Mars 2004, une loi française visant l’interdiction du simple voile à l’école publique est votée dans un climat d’unanimisme inquiétant. Il s’agit, malgré la rhétorique juridique, d’interdire aux musul-mans de s’exhiber en tant que tels. Le droit devient la boîte de résonance de la haine paranoïaque de la majorité de la population qui voit dans tout signe extérieur d’islamité une provocation, voire une déclaration de guerre civilisationnelle. La loi sera pourtant obéie sans écarts.

Cette soumission légaliste exemplaire n’aura auCun effet d’apaisement sur l’opinion. Au contraire, six ans plus tard, une nouvelle loi est votée interdisant cette fois le voile intégral dans l’ensemble des espaces publics. Sans tenir compte du caractère extrêmement minoritaire du phénomène, d’une part, et de son caractère non seulement volontaire mais inoffensif, d’autre part, puisqu’il s’agit pour l’essentiel d’un choix spirituel individualiste, éloigné de toute volonté d’islamisation. Mais le plus grave n’est pas la loi en elle-même – aussi discriminatoire et inconstitu-tionnelle soit-elle –, c’est qu’elle est perçue comme un droit d’agresser les musulmans. La majorité de la population française n’a plus honte de dire, d’écrire, de crier tout haut que les musulmans posent un problème, seulement parce qu’ils sont musulmans et trop nombreux à l’être !

Comme l’éCrivait sartre à propos du juif, le musulman est devenu le principe méta-physique central du mal, qui autorise toutes les mesures d’exception et légitime le lynchage de nos propres institutions. Que s’est-il donc passé ? L’Europe est passée d’une crise économique et sociale à une crise symbolique ou d’identité. Les Européens ne savent plus ce qu’ils sont, alors ils se font croire qu’ils savent ce qu’ils ne sont pas : musulmans ! Eux qui ont dominé le monde pendant des siècles se sentent aujourd’hui assiégés. Leur place culturelle est remise en cause, leur poids diplomatique est plus faible que celui de l’Inde ou de la Chine, même leur place au sein du Conseil de sécurité est discutée. Les Européens sont passés, au début des années 2000, du complexe du colon au complexe du colonisé, se traduisant par le sentiment paranoïaque d’être de toutes parts encerclés.Le musulman devient dès lors le coupable de cette perte d’identité, alors qu’il n’y peut strictement rien. Alors qu’il n’est ni le problème ni la solution, mais il est le prétexte, l’occasion d’un dangereux exorcisme, qui, faute de sauver l’Europe, la précipite au contraire dans l’abîme, comme la crise symbolique allemande des années 1930 a précipité ce pays dans la folie nazie. lanCer une muslim pride ne serait donC pas une initiative Communautariste mais serait, au contraire, universaliste. Nullement destinée en propre à défendre les Arabes, les Noirs, les Blancs, les Chinois, les immigrés, ni même à défendre les musulmans en particulier, mais tout simplement les libertés publiques constitutionnelles de tous les citoyens européens. Il s’agit d’un mouvement social qui peut se traduire par des marches pacifiques, des expositions photo, des pièces de théâtre, des concerts, des débats de rue…, qui devraient engager tous les citoyens de bonne volonté, musulmans ou non. Ne rien faire face à cette situation, c’est, de fait, accepter l’inacceptable. En employant cette expression un peu polémique de « Muslim Pride », je veux seulement dire que les musulmans constituent aujourd’hui objectivement une minorité opprimée, se sentant étrangers dans leur propre pays. Les citoyens français de confession ou de culture musulmane ne doivent pas se sentir comme des invités dans un foyer national qui ne serait pas le leur. Il faut que cette paranoïa cesse avant qu’il ne soit trop tard. ■

HORIZONS4SALAMNEWS N° 26 /MAI 2011

Par Raphaël Liogier

Le musulman est devenu le coupable de la perte

des identités européennes et l’occasion

d’un dangereux exorcisme »

Sociologue et philosophe, Raphaël Liogier est professeur à Sciences Po Aix, où il dirige l’Observatoire du religieux. Dans son dernier livre Les Évidences universelles (Éd. de la Librairie de la Galerie, 2011), il critique les préjugés, que ce soit en politique, en science ou en religion.

Muslim Pride, un mouvement social nécessaire

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Muslim Pride, un mouvement social nécessaire

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COME-BACK. Deux grands artistes feront salle comble au mois de mai. Après 36 ans d’absence Cat Stevens, alias Yusuf Islam, sera en concert le 26 mai à Paris-Bercy. Son dernier concert à Paris remonte à 1975. L’artiste, qui s’est converti à l’islam en 1978, a mis volontairement sa carrière entre parenthèses afin de consacrer sa vie à l’islam après avoir failli trouver la mort par noyade en 1977. Au cours de cet unique concert dans l’Hexagone, il chantera ses tubes de l’époque ainsi que de nouvelles compositions.Sami Yusuf, artiste britannique d’ori-gine azéri aux 7 millions d’albums vendus, jouera pour la première fois à Paris, le 28 mai, au Bataclan. Maî-

trisant plusieurs instruments (violon, piano, oud), il crée des chansons aux influences variées : arabes, turques, occidentales et indiennes.Au moment des révolutions arabes, deux singles (disponibles en téléchar-gement gratuit) ont été composés par les artistes : « I’m your Hope », de Sami Yusuf, fruit de propositions envoyées par des participants du monde entier ; « My People », de Yusuf Islam, dédié à tous les épris de liberté et de justice. ■ Huê Trinh Nguyên

MUSIQUECat Stevens et Sami Yusuf, en concert, à Paris

CULTEÉlections du CFCM : un report (im)possible ?

COLLOQUESDe la mosquée à l’Internet

ACTU6

MUTATIONS. « Transmission : comment l’islam vient aux musul-mans ? » C’est le thème du colloque organisé par Islam et laïcité (association créée à l’origine par la Ligue de l’en-seignement) en partenariat avec Saphirnews.com et Salamnews. La transmission est la clé de la civilisation. Sans transmission culturelle (langue, éducation, arts…), les sociétés humai-nes ne sauraient survivre et évoluer. Cette question se pose aussi pour l’is-lam. La famille, les pays d’origine, les lieux de culte mais aussi les lieux fes-tifs sont autant de vecteurs de trans-mission de l’islam, au sens religieux comme au sens culturel. Sans oublier les médias musulmans et les réseaux sociaux, où chacun devient à la fois récepteur et producteur de sens. ■

RENCONTRE

3e Rencontre annuelle des musulmans de l’Ouest de la France « Musulmans de France : réalités et défis » : conférences, spectacles, stands associatifs, humanitaires et commerciaux, un espace dédié aux enfants.w Dimanche 15 mai, de 10 h à 21 hCité des congrès5, rue de Valmy – Nanteswww.laramo.com

CONFÉRENCE

4e Journée du savoir« Étudiants et mutations sociopolitiques dans le monde arabe : quels rôles, quels horizons ? » : conférence et présentation de recherches des étudiants de l’IMEM (Institut méditerranéen d’études musulmanes) w Samedi 28 mai, à partir de 9 hAuditorium des Archives départementales des Bouches-du-Rhône18-20, rue Mirès13003 Marseillewww.institut-imem.net

CINÉMA

4e éd. des Écrans des nouveaux cinémas arabesFilms inédits (Syrie, Maroc, Lybie…) en présence de nombreux réalisateurs.w Du 23 au 31 mai Cinémas Les Variétés et L’Alcazar, à MarseilleEt du 6 au 12 juilletProjections gratuites en plein air à Nice (le 6), Luc-en-Provence (le 7), Gap (le 8), Apt (le 9), Les Mées (le 10), Arles (le 11), Marseille (le 12)www.aflam.fr

Don’t Panik, un film de Keira Maameri Rappeurs et musulmans, nombre d’artistes évoluent dans le hip-hop sans mettre de côté leur spiritualité.w Jeudi 26 mai, à 18 h 30Projection gratuiteInstitut du monde arabe Salle du Haut Conseil1, rue des Fossés-Saint-Bernard / Place Mohammed-V75005 Paris www.imarabe.org

AgendA

SALAMNEWS N° 26 / MAI 2011

w Pour plus d’actus, saphirnews.com,le premier quotidien musulman d’actualité

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La finance islamique en MalaisieÉTHIQUE. Colloque exceptionnel sur « La finance islamique en Malaisie : quelles spécificités et quelles leçons ? », co-organisé par l’Institut européen des sciences humaines de Paris (IESH) et l’université islamique de Malaisie, en partenariat avec le Conseil français de la finance islamique (COFFIS). Les intervenants malaisiens de l’Interna-tional Institute of Islamic Business and Finance (IIIBF) confronteront leurs expertises à celles de leurs confrères français, en pointant du doigt les obs-tacles et les opportunités des marchés financiers asiatiques et européens. ■

Vendredi 13 mai, de 9 à 17 h, et samedi 14 mai, de 9 h à 13 h Entrée libre. Inscription obligatoire : [email protected] CISP Ravel — 6, avenue Maurice-Ravel 75012 Paris – www.islamlaicite.org

Vendredi 27 mai, de 15 h à 18 h, et samedi 28 mai, de 9 h 30 à 18 h IESH : 13, bd de la Libération / 22, rue Charles-Michel 93200 Saint-Denis www.ieshdeparis.fr

DISSENSIONS. Les élections du Conseil français du culte musulman (CFCM), qui doivent se dérouler les 5 et 19 juin prochain, sont de plus en plus compromises après la défection de l’Union des organisations islami-ques de France (UOIF) et de la Fédé-ration nationale de la Grande Mosquée de Paris (FNGMP). L’une des raisons avancées : l’absence d’une réforme de la loi électorale, aujourd’hui fondée sur les surfaces au mètre carré des mosquées qui déterminent la repré-sentation des fédérations au sein du CFCM et de ses antennes régionales. Un système qui sème « la zizanie et les conflits » dans les lieux de culte, estime Fouad Alaoui, président de l’UOIF.L’annonce de la non-participation de l’UOIF et de la FNGMP à ces échéan-ces électorales déstabilise particuliè-rement le Rassemblement des musul-mans de France (RMF), dont le président du CFCM Mohammed

Moussaoui est issu. « Le RMF est pour le maintien de ces élections en temps et en heure parce qu’il en va de la crédi-bilité de l’institution aux yeux des musulmans et des pouvoirs publics », nous déclare Anouar Kbibech, pré-sident du RMF.De nombreuses voix s’élèvent pour-tant pour demander un report des élections à une date ultérieure, mais à la condition sine qua non qu’une réforme soit adoptée auparavant, ce qui semble au demeurant impossible au vu de la lenteur habituelle des processus de décision du CFCM. Quand bien même n’est souhaité qu’un simple report, cette option n’est toujours pas envisagée par le bureau exécutif du CFCM. Toutefois, note Azzedine Gaci, président du Conseil régional du culte musulman (CRCM) Rhône-Alpes, « le maintien des dates n’aura aucun sens » si les deux grandes fédérations font défaut en juin. ■

Hanan Ben Rhouma

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GÉOPOLITIQUE. « Une très grande victoire pour la paix. » Dalil Boubakeur ne manque pas de mots pour qualifier la mort de Ben Laden. Le recteur de la Grande Mosquée de Paris a très vite salué l’annonce faite par les autorités américaines. « C’est un tournant du monde, un tournant de notre perception des rapports entre l’Orient et l’Occident, un tournant du rapport entre la dé-mocratie et le terrorisme international. »Et il est loin d’être le seul à approuver la mort de l’homme le plus recherché depuis 2001. Le Conseil pour les relations améri-cano-islamiques (CAIR), l’une des plus grandes or-ganisations musulmanes des États-Unis, a félicité l’action américaine. « Nous nous associons à nos compa-triotes pour saluer l’annonce de l’élimination d’Oussama Ben Laden […]. Ben La-den n’a jamais représenté les musulmans ni l’islam. En plus de l’assassinat de mil-liers d’Américains, lui et Al-Qaïda ont causé la mort d’innombrables musul-mans à travers le monde », a tenu à rappeler l’organisation, qui a mis au point de multiples campagnes de condamnation du terrorisme durant ces dernières années.Plusieurs autres organisations du pays ont aussi depuis long-temps condamné Al-Qaïda et son guide, dont le Conseil du fiqh d’Amérique du Nord, qui a édité en 2005 une fatwa dépei-

gnant les personnes commettant des attentats au nom de l’islam comme des « criminels » et non des « martyrs ». Une fatwa simi-laire de 600 pages d’un savant musulman pakistanais a aussi été publiée en mars 2010.Du côté du Conseil français du culte musulman (CFCM), « la mort de Ben Laden doit nous rap-peler, avant tout, la souffrance des milliers de familles des victimes de

la violence terroriste et des guerres qu’elle a pu engendrer et alimen-ter à travers le monde. » À cette occasion, il « appelle à ce que l’is-lam, religion de paix qui sacralise la vie, soit dissocié définitivement du terrorisme qui est en contradic-tion totale avec ses enseignements et ses valeurs » et « reformule le vœu que soit abandonné l’usage du terme “islamiste” pour désigner

un terroriste se réclamant à tort de la religion musulmane ».

La naissance d’un mythe plein de controversesLes polémiques fleurissent d’ores et déjà autour de ce fait d’actua-lité. Outre la photo montrant Ben Laden mort qui s’est révélée être un montage, l’immersion du corps du défunt en mer est su-jette à controverses.

Alors que les États-Unis décla-rent avoir « respecté » de cette manière « les rites musulmans » afin qu’un lieu de pèlerinage en mémoire du chef d’Al-Qaïda ne puisse exister, de nombreux savants musulmans s’élèvent contre cette méthode contraire à l’islam, à commencer par ceux d’Al-Azhar, la plus haute autorité de l’islam sunnite en

Égypte. Par ailleurs, pourquoi avoir choisi d’abattre Ben La-den plutôt que de le capturer et de le confronter à la justice des hommes ?

« Une tache noire » dans l’histoire de l’islamMalgré le risque très élevé de représailles selon plusieurs ex-perts internationaux, les capita-les du monde entier, y compris

des pays arabes et à majo-rité musulmane, se sont réjouies de l’annonce. Pour le président afghan Hamid Karzaï, Ben Laden « a payé pour ses actes ». L’Arabie Saoudite, qui avait déchu Ben Laden de sa nationa-lité saoudienne en 1994, espère que son élimination « contribuera à renforcer » la lutte internationale contre le terrorisme et à éradiquer les « pensées dévoyées » qui l’appuient.Pour Saad Hariri, Premier ministre libanais, Ben La-den était « une tache noire » dans l’histoire de l’islam : « Les dégâts qu’il a infligés à l’image de l’islam et aux cau-ses arabes ne sont pas moin-dres que ceux qui sont causés

par les ennemis des musulmans et des Arabes à travers le monde. »Quant aux peuples arabes en général et aux musulmans en particulier, ils ont montré ces derniers mois qu’ils pouvaient se débarrasser de régimes auto-ritaires autrement que par le ter-rorisme : que l’on ne les associe plus à Ben Laden et à Al-Qaïda ne peut que les satisfaire. ■

SALAMNEWS N° 26 /MAI 2011

ACTU8

L’annonce de la mort d’Oussama Ben Laden, lundi 2 mai, fait la une de l’actualité. Dix ans après les attentats du 11-Septembre, l’ennemi public numéro 1 a été tué par balles au cours d’une opération américaine au Pakistan. Depuis, les réactions pleuvent, parmi lesquelles celles de dirigeants arabes et des organisations musulmanes.

La mort de Ben Laden soulage les musulmansPar Hanan Ben Rhouma

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Dans la nuit du dimanche 1er mai au lundi 2 mai, à la Maison-Blanche, Barack Obama, le vice-président Joe Biden, la secrétaire d’État Hillary Clinton, Robert Gates et les conseillers du président suivent en direct l’assaut militaire contre Oussama Ben Laden. « Justice a été rendue », déclarera le président Obama lors de son annonce officielle de la mort du leader d’Al-Qaïda.

w Pour plus d’actus, saphirnews.com,le premier quotidien musulman d’actualité

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Laurent Coma, candidat FN aux cantonales, récolte 47,75 % des voix au second tour.

SALAM ANNONCES 9www.salamnews.fr

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HALAL. L’organisme de contrôle et de certi-fication de viandes et de produits carnés halal AVS (À votre service) opère un véritable virage technologique. Il vient de lancer une application gratuite pour les iPhone, très répandus dans les mains et les poches des Français.Le site Internet étant inadapté au format mobile, le lancement de l’application devenait néces-saire. « Elle reprend les fonctions principales du site Internet. La liste complète des boucheries et des restaurants halal certifiés par AVS y est disponible avec leurs coordonnées, et une fonction permet la recherche par nom, par adresse et par la géolocalisa-tion », explique Djamel Bouchoucha, le créateur de l’outil et chef de projet pour AVS. La liste des boucheries et des restaurants – quo-tidiennement contrôlés – est mise à jour en per-manence et l’itinéraire vers ou depuis ces lieux pourra être facilement trouvé. Un journal d’in-formation permettra à AVS de faire connaître ses activités et son actualité auprès des consomma-teurs à travers une médiathèque.

Les consommateurs deviennent les yeux d’AVSLa signalisation d’une fraude pourra également être possible afin que « les consommateurs soient la prolongation du contrôle ». Ces derniers pour-ront ainsi vérifier l’agrément présenté par la boucherie et, lorsqu’un usage frauduleux du logo est détecté, une photo et un descriptif pourront être envoyés. « Ces informations parviendront di-rectement au service juridique de l’association, qui mènera l’enquête et des poursuites si les faits sont avérés », explique M. Bouchoucha. AVS n’est pas continuellement sur le terrain et elle ne peut vérifier à chaque fois si des commer-ces utilisent frauduleusement son label, très prisé des consommateurs musulmans.Selon Fethallah Otmani, le porte-parole de l’or-ganisme de contrôle, moins d’une trentaine de fraudes est recensée par mois et la plupart des cas sont détectés en province alors même que la marque est principalement implantée en Île-de-France et dans la région lyonnaise.

« Il est rare que les affaires aillent jusqu’au bout. Généralement, les boucheries enlèvent le logo dès qu’elles sont contactées par un avocat » pour éviter des procès dans lesquels elles sont sûres de perdre, complète M. Otmani, qui dénombre une quarantaine de procès depuis les débuts d’AVS, en 1991.

Objectif : 10 000 téléchargements« Nous ne voulons pas non plus tomber dans le piège du tout-informatique. La vigilance hu-maine est essentielle, le premier gardien du halal est l’être humain, pas l’informatique. Mais cette application peut nous servir d’outil d’aide », sou-ligne M. Otmani. Les iPhone sont à la mode, cependant l’ap-plication sera prochainement disponible sur Android et Windows Phone 7. Tous trois confondus, AVS espère bien 10 000 télécharge-ments d’ici à un an. ■

10SALAMNEWS N° 26 / MAI 2011

Par Hanan Ben Rhouma

ÉCONOMIE

Avec l’application iPhone d’AVS, les consommateurs pourront signaler les usages frauduleux du label et trouver plus facilement restaurants et boucheries certifiés halal par la marque en France.

Contre la fraude, AVS lance son application iPhone

63 % w C’est la proportion de consommateurs musulmans qui se déclarent favorables à un label halal délivré par un organisme de certification unique. (Source : Solis, mars 2011)

ENQUÊTE. La nouvelle enquête du cabinet Solis, réalisée en mars 2011 sur 576 acheteurs de produits halal, d’origine maghrébine et résidant en Île-de-France, montre que les consommateurs sont « plus avertis » et « experts » au sujet de la certification halal. Cependant, 50,3 % se déclarent encore « pas assez informés » en la matière, ouvrant ainsi le champ aux associations de consommateurs musulmans tels qu’ASIDCOM pour les aiguiller dans leurs choix.

LABEL UNIQUE. Face aux dizaines d’organismes qui pullulent sur le marché du halal – évalué à plus de 5 milliards d’euros de chiffre d’affaires annuel – et à l’opacité qui les entourent, près de 63 % des consommateurs sont désormais favorables à un label halal délivré par un organisme de certification unique. Mais 24,4 % demeurent toutefois opposés à une telle proposition, craignant « un risque d’inflation du coût des produits du fait du monopole de la certification et un risque de perte de liberté dans le choix du certificateur ».

AFFAIRE HERTA. Parmi les affaires de « cross-contamination » (la contamination d’un produit halalpar un aliment non halal tel que le porc, notamment lors du processus de production) évoquées par les consommateurs lors de l’enquête, l’affaire Herta, en janvier dernier, a eu « un impact indéniable » sur leurs actes d’achat, selon Abbas Bendalis, directeur du cabinet Solis. « Le consommateur est rationnel dans son choix, ce à quoi on ne s’attendait pas », nous indique M. Bendali. Une rationalité qui pourrait bien pousser les organismes de certification à changer de méthodes et à adopter de nouvelles règles de traçabilité et de transparence, en attendant une éventuelle norme française du halal.

Des consommateurs plus avertis

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SALAMNEWS N° 26 /mai 2011

FOCUS12

Dur dur pour les célibataires de trouver l’âme sœur ! Entre la pression quasi quotidienne des parents, les critères

personnels conjugués à ceux de toute une famille… ils ne savent plus où donner de la tête.

Opération mariage, quelle aventure !

Cérémonie religieuse en l’abbaye de Westminster, carrosse emmené par quatre chevaux blancs, carillon des clo-ches, cavalerie royale et cortège nuptial suivi par des milliers de personnes. Kate Middleton et le prince William se sont dit oui le vendredi 29 avril. Le mariage ? Les musulmans y sont trois fois plus atta-chés que l’ensemble des Français (IFOP, déc. 2010). Comment ne pas l’être ? Un hadith (parole du Prophète) ne rappelle-

t-il pas que « le mariage est la moitié de la religion » ? Cette union sacrée est pri-mordiale en islam. « Un homme et une femme se mettent d’accord pour construire une entreprise commune qu’est la famille », rappelle Tareq Oubrou, recteur de la mosquée de Bordeaux. Le mariage est considéré par les célibataires comme un acte avant tout religieux. La grande fête fastueuse tant désirée par les célibataires et tant attendue par toute une famille,

voire tout un quartier, rassemble les générations. Soumia vient de fêter ses 32 ans. « C’était très difficile… », soupire cette grande brune d’origine marocaine. Oui, car plus les années passent, et plus le stress est grand. « Ma plus grande angoisse : c’est de me caser ! », explique cette responsable communication d’une grande entreprise industrielle. « J’adore mon métier, d’autant plus que j’ai dû beau-coup travailler pour le décrocher. » Mais la

Par Mérième Alaoui

Pour la plupart, les musulmans de France refusent autant les traditions des pays d’origine tel le mariage arrangé que les mœurs libérales en vogue en Europe comme les relations sexuelles hors mariage. Pour eux, le mariage reste une valeur sûre.

Spécial DRAGUE ET MARIAGE

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jeune femme ne se sent pas tou-jours encouragée par sa famille. « Astronaute ou chirurgien, mon activité professionnelle n’est pas le plus important pour mes parents. Ils n’ont qu’un seul mot à la bou-che : le mariage ! »

Le compte à rebours a commencéLa plupart des trentenaires qui ont mené de longues études n’ont tout simplement pas eu le temps de penser au mariage. « Et cela est plus difficile pour les filles d’origine maghrébine, car elles réussissent en général mieux à l’école. À la fin du parcours, elles ont du mal à trouver un homme qui leur ressemble », explique Elya-mine Settoul, sociologue et professeur à l’Institut international de la pensée is-lamique (IIIT). A contrario, les hommes qui éprouvent des difficultés à s’insérer profession-nellement subissent une sorte de blocage. « D’une part, ils n’ont pas confiance en eux et ils nourrissent une forme d’autocensure. D’autre part, ils savent que les filles ont be-soin d’une stabilité économique », poursuit le sociologue.L’explication socioéconomique n’est pas valable pour les parents de Soumia. Ils lui rappellent cha-que jour que le compte à rebours a commencé ! Pour la plupart des familles, l’émancipation des enfants passe nécessairement par ce passage obligé. Car, pour ces parents, ces immigrés d’un pays d’Afrique, le mariage est chose aisé. Il suffit simplement de le vouloir ! « Au pays, dès qu’ils étaient prêts, ils acceptaient le premier venu et le tour était joué ! Mais ce temps-là est révolu ! », explique Najoua, commerciale de 28 ans. C’est bien ce que confirme l’enquête de l’IFOP : 83 % des musulmans de France rejettent l’idée d’un mariage arrangé.Bien que l’âge idéal du mariage (26 ans) pour les musulmans soit

déjà bien antérieur à la moyenne nationale (31 ans), nos célibataires affichent un petit train de retard par rapport à la génération précé-dente de leurs parents : « À ton âge, j’avais déjà deux enfants ! », ne cesse de répéter la mère de Najoua.Si, pour certains, l’union sacrée est synonyme d’indépendance, pour d’autres, c’est une forme de réussite sociale. « Les parents sont si fiers de marier leurs enfants, de régaler tous les invités et d’en mettre plein la vue ! », commente Mourad. « Certains amis d’enfance qui ont rencontré des obstacles dans

leurs parcours, et qui ont arrêté leurs études prématurément, se rachètent tout à coup une légitimité en se mariant ! C’est un peu leur premier diplôme… », conclut-il.

Le casse-tête du mariage intranationalEntre les sites Internet, les cafés chichas, le choufing dans les mariages, trouver l’âme sœur est presque un travail à temps plein pour certains célibataires. Mais pas question de se précipiter, d’autant plus que la liberté de choix n’est pas totale. Le mari de Soumia, par exemple, devra être marocain, comme elle. Le pays d’origine demeure, en effet, un critère encore important. « Je ne suis pas du tout d’accord avec cela. C’est déjà difficile de trouver chaussure à son pied, alors s’il faut creuser dans la seule communauté marocaine, je suis foutue ! », assè-ne-t-elle. Soumia est convaincue : ses parents ne veulent rien savoir. « Mon grand frère a tenté d’épouser une Tunisienne, elle était très bien… Mais ma mère a refusé cette union. Pour eux, c’était leur honneur qui était en jeu. Mon frère a finalement abandonné la femme qu’il aimait ! »

S’il reste difficile d’accepter la diffé-rence pour certaines familles, 69 % des musulmans se disent ouverts au mariage avec une personne d’une autre culture, et 80 % d’une autre origine que celle des parents.

Le tableau Excel de l’amour parfaitMais les parents ne sont pas les seuls à « chipoter ». L’envie de se marier est très affirmée chez les jeunes, le mariage représente un idéal. Il est porté aux nues. La future mariée doit être parfaite. Et peu importe le temps qu’il

faudra. Pour Mohamed, la messe est dite : « Elle aura la beauté de Monica Bel-lucci mais en reubeu. Le QI d’Einstein mais en femme. La grâce de Mélissa Theuriau mais en brune… », ironise ce

jeune cadre en pharmacologie. En tant que scientifique averti, il a imaginé une sorte de tableau Excel. II en est persuadé, il trouvera l’amour auprès de celle qui ressemblera le plus à son por-trait-robot. « Les jeunes de culture musulmane pensent comme tous les jeunes de la population française. Ils reproduisent l’homogamie so-ciale. Ils veulent épouser quelqu’un qui leur ressemble et pas seulement du point de vue économique et social », poursuit Elyamine Set-toul. Qu’il s’agisse de jeunes ou de moins jeunes, de diplômés ou pas, de pratiquants ou d’athées, la question du mariage reste compliquée pour tous. En man-que de repères, les jeunes géné-rations ne se reconnaissent ni à travers le couple de leurs parents, ni à travers celui de leurs aînés. Et les relations de couple libérées à tout crin ne leur conviennent pas non plus… Sur un forum, un jeune célibataire va même jusqu’à évoquer « une misère affective ». Tant bien que mal, la jeunesse musulmane réinvente ses propres codes, ses propres repères, ses propres réseaux… ■

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26 ans w C’est l’âge idéal pour se marier pour une majorité de musulmans, contre 31 ans pour l’ensemble des Français. (Source : IFOP, pour le site Inchallah.com, décembre 2010)

Trouver l’amour auprès de celle ou de celui qui ressemblera le plus à son portrait-robot : mission (im)possible ? »

On fait souvent dire à l’islam ce qui relève davantage de traditions culturelles. Décryptage avec Tareq Oubrou, recteur de la mosquée de Bordeaux et auteur de Profession imam (Éd. Albin Michel, 2009).

■ VirginiTé : « Aucune mention sur la virginité avant le mariage n’est faite dans le Coran ni dans la Sunna comme condition de validité de mariage. Si cette garantie avant le mariage est demandée par certaines familles, elle ne repose que sur des critères culturels et non religieux. »

■ Halal : « La présence de l’imam lors du mariage n’est mentionnée par aucun texte ni par aucune école juridique musulmane. En islam, ce n’est pas Dieu qui scelle l’union entre les époux à travers l’imam, ce sont les gens qui se marient entre eux et devant la société. La notion de « halal », dans le sens de « casher » ou de celui d’une « canonisation » (catholique), de l’union entre un homme et une femme est étrangère à l’islam. Le mariage en islam est un mariage civil.

■ FêTe de mariage : « Il n’y a pas de célébration rituelle du mariage en islam. La fête du mariage où l’on invite des gens pour lire le Coran ne fait pas partie de la notion de mariage. En revanche, les invités des mariés peuvent être considérés comme des témoins, car parmi les piliers du mariage il y a sa publication. »

■ dOT : « Pour certains canonistes, elle n’est pas un pilier du mariage. Si la femme y renonce ou demande quelque chose de symbolique et non matériel, le mariage est valide. À l’époque du Prophète, subvenir aux besoins matériels de la famille était de la responsabilité de l’homme. Avant l’islam, cette dot était donnée aux parents, l’islam est venu la donner à la femme pour garantir sa sécurité matérielle, en cas d’un éventuel divorce. »

Idées reçues

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SALAMNEWS N° 26 /mai 2011

FOCUS14

« Jeune fille cherche homme sérieux » Par Mérième Alaoui

Les rencontres organisées par la famille ou celles que l’on fait à l’université ou en milieu de travail sont désormais supplantées par des lieux plus « tendance ». Lumière tamisée et ambiance soft, les chichas sont ainsi un des lieux possibles de rencontre pour célibataires.

Spécial DRAGUE ET MARIAGE

PARTENAIRES. « Dans une même fratrie, on voit facilement l’évolution des mœurs de la famille. Prenons par exemple l’aîné. Souvent né à la fin des années 1970, il n’aura pas la même conception du mariage que le cadet né au début des années 1990 », constate Leyla Arslan, chargée d’étude à l’institut Mon-taigne et auteure de Enfants d’islam et de Marianne (PUF, 2010). « La question que se pose tout immigré est : “Que va devenir la tribu après le mariage ?” »Ainsi, le plus âgé a souvent connu le ma-riage endogame (union au sein d’une même famille) ou arrangé. Même si on estime à 36,7 % la part des mariages endogames en 1999, ce chiffre tend à diminuer d’année en année. Quant au cadet de cette famille type, il rejette généralement la méthode utilisée pour les grands frères et sœurs et veut choi-sir lui-même son conjoint. Cependant, le mariage arrangé se pratique encore beaucoup

dans les milieux très religieux. Certains jeunes hommes n’hésitent pas à remettre leur CV à l’imam de la ville. Ce dernier a pour mission de leur présenter des jeunes femmes qui leur correspondent…Malgré tout, le mariage arrangé fait de moins en moins d’émules. Les jeunes veu-lent se connaître, prendre le temps, tout en conservant l’envie de se marier. Même la plupart des filles voilées partagent cette perception. « Pas question de se marier aveu-glément ! », raconte Karima, 28 ans. Si les filles voilées ont longtemps été mises sur un piédestal dans le marché du mariage, aujourd’hui elles se plaignent d’être mal jugées. Elles dénoncent une forme d’hypo-crisie de leurs coreligionnaires. « Ils veulent tous une musulmane mais, en même temps, ils en ont peur ! Je suis assez pratiquante et je m’interdis d’avoir des flirts… C’est pour moi un précepte musulman. Il n’empêche que j’ai

envie de prendre le temps de découvrir l’autre. Je suis ouverte aux rencontres, mais seulement pour discuter… Pourtant, certains hommes me prennent pour une sainte nitouche, et ça les fait fuir ! », raconte-t-elle. « Pour eux, il y a, d’un côté, les filles “qui sortent” et, de l’autre, les ‘‘voilées’’ qui ne doivent avoir aucun échange avec les garçons. »

« Enfin à la fac, je vais trouver un mari »La plupart des célibataires considèrent la recherche du (de la) partenaire idéal(e) comme une mission. Lorsqu’elle a obtenu son bac, une jeune femme d’origine ma-ghrébine a rapporté à la chercheuse Leyla Arslan : « Enfin à la fac, je vais pouvoir trouver un mari ! » Nasser, 31 ans, est très au fait des lieux de rencontre à la mode. Les organisateurs de soirées ne manquent pas d’imagination

Tous les moyens sont bons pour avoir la bague au doigt. Entre les réseaux familiaux et religieux apparaissent désormais les sites de rencontres et les speed dating. État des lieux des nouvelles techniques d’approche.

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pour attirer ces nouveaux célibataires. Le site de rencontres Maghreb-in.com orga-nise des after work bimensuels à Paris. L’ac-croche est explicite : « Venez nous rejoindre pour vous détendre, prendre un cocktail et pourquoi pas rencontrer l’âme sœur ! » Nasser, qui endosse mal sa vie de dragueur profes-sionnel, s’y rend fréquemment. « C’est vrai, je drague beaucoup, mais pas pour m’amuser, je cherche la femme de ma vie… Ces soirées sont assez sympas, mais c’est un rendez-vous de “beurgeois”, ou de “bobos” maghrébins… Si on n’a pas une bonne situation, on se sent un peu mal à l’aise. » Et pour la période estivale, d’avril à juillet, le site programme des soirées chichas, sur une péniche, à Paris. Les chichas, justement, sont très fréquentées. Nasser avoue ne pas apprécier le narguilé en particulier, mais il aime s’y rendre pour faire des rencontres. « Dans les chichas, le cadre est parfait. On est confortablement installé, la lu-mière est tamisée, tout le monde est détendu… »Seul hic : impossible d’engager sérieusement la discussion avec des inconnus. En tant qu’ex-pert, Nasser conseille de se retrouver dans les chichas avec des amis qui viennent, eux aussi, accompagnés. Ainsi, « même si on ne se connaît pas tous, la discussion se déroule naturellement ».

Car c’est bien ce qui gêne la plupart de nos célibataires. Ils recherchent sincèrement la personne à épouser, et souhaitent éviter les

amalgames avec les dragueurs com-pulsifs. « Comment faire confiance à un garçon qu’on ne connaît pas ? Je me

mets à la place des filles, ce n’est pas évident ! » La drague est là, des deux côtés. Mais elle n’est pas totalement assumée.

Chichas, speed dating et voyages organisésPour ces déçus des chichas, il y a le speed dating. Dans les cafés branchés de Saint-Germain-des-Prés, des tables sont rangées scrupuleusement : sept filles font face à sept garçons… À chaque retentissement de la sonnette, c’est le roulement. « Qu’est-ce que tu fais dans la vie ? Tu as quel âge ? Tu es de quelle origine ? », demande Nadia à Nasser. La jeune fille acquiesce comme si elle menait un entretien d’embauche... La sonnette retentit. Une brune s’installe à la table de Nasser. « Bon, je suis célibataire, mais je ne cherche pas à me marier ! Je suis venue avec une copine… », s’esclaffe Sonia. La réplique de cinéma est connue et allè-grement utilisé.

« Dans les “dating”, les filles ne jouent pas le jeu », se désole Nabil, venu avec son copain Nasser. Les garçons assument beaucoup plus ces rencontres organisées. « Souvent, les filles viennent en bande de dix ! Comment entretenir une discussion avec une fille si elle a dix gardes du corps ! C’est impossible. »Après le speed dating, le volume de la musi-que grimpe. Place au buffet et à la danse… Mais la soirée ne sera pas fructueuse pour notre célibataire désabusé. Les musulmans sont très sceptiques quant à l’efficacité des soirées, bars ou boîtes de nuit. Seuls 20 % d’entre eux, dont à peine 12 % de femmes, les jugent appropriés pour nouer une véri-table relation avec des personnes ayant la même religion.Nasser a tout essayé. Sa dernière trouvaille, les voyages organisés. « Quand on part en vacances “all inclusive” dans les pays très fréquentés par les Maghrébins comme la Tunisie ou la Turquie, on fait beaucoup de rencontres ! », confie Nasser, qui a passé une semaine à Antalya. « Sur place, on se retrouve avec des personnes que l’on est obligé de croiser pendant tout un séjour ! Cela donne un cadre parfait pour la drague car les filles imaginent que nous sommes là par hasard ! », ajoute-t-il fière-ment. Malgré tous les nouveaux numéros de téléphone enregistrés sur son répertoire, Nasser est toujours célibataire. ■

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4,9 millions

w C’est le nombre de Français qui se connectent chaque mois sur un site de rencontres en ligne.* 66 % de musulmans se disent intéressés par un site de rencontres.**

(Sources : *Guide-sites-rencontres.fr, **IFOP)

La drague est là, des deux côtés. Mais elle n’est pas totalement assumée »

AMOUR.COM. Les sites Internet repré-senteraient-ils le meilleur réseau de rencon-tres entre musulmans ? Derrière leurs écrans d’ordinateur, les célibataires vivent mieux leurs conditions.Déjà, avec le site Caramail – le précurseur –, lancé en 1997, les mails et les tchats gratuits avaient été très vite adoptés. Aujourd’hui, le marché du célibat des musulmans provoque la multiplication des sites spécialisés. À côté de Meetarabic.com (44 000 visiteurs uniques par mois), Mektoube.fr (160 000 VU/mois) et le dernier-né en février 2011 Maghreb-family.com, destiné aux parents solo et maghrébins,

apparaissent également des sites explicitement ciblés vers les musulmans. Ainsi, Rencontres-musulmanes.com (35 000 VU/mois), créé en 2005, et Inchallah.com (160 000 VU/mois), apparu en 2011, font face à Muslima.com, leader mondial dans cette catégorie affinitaire religieuse, qui compte un réseau de plus de 18 millions de membres.La concurrence est féroce. Et pour s’adapter au marché des smartphones, elle se décline sur l’Internet mobile. Un autre canal de ren-contre virtuelle qui devrait faciliter davan-tage les échanges… Tandis qu’à l’époque de Caramail les jeunes voulaient simplement

flirter ou se rencontrer, aujourd’hui c’est bel et bien le mariage qui les attire. Les mu-sulmans, pour au moins 66 % d’entre eux, pensent davantage mariage que rencontres temporaires, contrairement à l’ensemble des Français (23 %), et 73 % rejettent l’idée d’avoir des rapports sexuels avant le mariage, selon une étude de l’IFOP parue en décem-bre 2010. Preuve d’une évolution des mœurs impor-tante, ces rendez-vous sur la Toile reviennent souvent dans les discussions de familles. De plus en plus de parents encouragent leurs enfants à s’inscrire ! ■

L’Hexagone compte environ 15 millions de célibataires selon l’INSEE, dont 90 % surfent régulièrement sur le Web. Une aubaine pour les créateurs de sites de rencontres qui permettent la recherche d’un partenaire d’un jour ou de toujours.

Le boom des sites Internet affinitaires

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HALAL OU PAS HALAL ? Souvent associé à l’union des couples homosexuels, le pacte de solidarité (PACS) est très peu d’usage parmi les fidèles de l’islam. Pourtant, cette nou-velle forme de reconnaissance de l’union séduit de plus en plus de Français. En 2010, trois PACS ont été conclus pour quatre mariages célébrés et l’INSEE comptabilise désormais plus de 1 million de pacsés, majoritairement hétéro-sexuels. Face à cette tendance, les musulmans sont de plus en plus nombreux à se poser des questions sur le sujet : halal ou pas halal ?« Moi, me pacser ? Non, jamais ! » C’est la réponse souvent débitée par les membres de la communau-té musulmane. Plus nombreux à passer devant M. le Maire avant

ou après le mariage religieux, ils sont en revanche très peu, à ce jour, à avoir sauté le pa(c)s. Pour cause, les questions en-tourant sa validité dans le droit islamique sont nombreuses, malgré le fait que le PACS soit simplement un contrat juridi-que conclu entre deux personnes consentantes, qui s’engagent dans une vie commune et se doivent mutuellement assistance et sou-tien matériel. Toutefois, les diffé-rences avec le mariage civil sont si nombreuses et si peu connues des musulmans que cela expli-querait, de fait, leur réticence à contracter un PACS. QUELLES GARANTIES ? Du coup, les responsables musulmans en France ne considèrent pas le PACS comme un contrat validant l’engagement des deux parties au même titre que le mariage civil, à commencer par Boubaker El

Hadj Amor, président de la com-munauté musulmane de Poitiers et président du CRCM Poitou-Charentes. « Les difficultés sont nombreuses. Il n’y a pas d’héritage en cas de décès, pas de pension en cas de séparation et pas de recon-naissance de la filiation en cas de naissance [l’homme du couple pacsé doit reconnaître l’enfant qui naît alors que la filiation est établie automatiquement dans un ma-riage, ndlr]. Les enfants sont alors considérés comme naturels mais pas légitimes », explique-t-il. Les démarches pour la séparation sont certes faciles, ce qui constitue pour Tareq Oubrou, recteur de la mosquée de Bordeaux, un avan-tage « conforme à l’éthique musul-mane ». Même trop facile pour M. El Hadj Amor, qui précise que « le contrat peut être arrêté par simple courrier par l’une des deux parties sans préavis », voyant ce fait comme un inconvénient.

« Le PACS n’offre pas les mêmes degrés de protection que le mariage civil, il ne peut donc être pris sur le plan de la légalité musulmane comme un mariage. La simple céré-monie faite à la mosquée [dite « le halal », ndlr] ne peut non plus être considérée comme un acte de ma-riage dans sa plénitude, car trop peu de garanties sont données aux deux parties », ajoute-t-il. D’autant plus que le PACS n’est pas reconnu comme un acte de mariage dans les pays musulmans, ce qui pose un problème certain pour les couples binationaux, nous précise M. Oubrou. « Le PACS est une option envisageable, mais c’est au couple de peser les pour et les contre, et de connaître les consé-quences qu’il peut entraîner, notam-ment en ce qui concerne la filiation. Dans tous les cas, il doit décider de la meilleure façon de se voir garantir ses droits et ses devoirs », conclut le recteur. ■ H. B. R.

SALAMNEWS N° 26 /mai 2011

FOCUS16

Le PACS, un contrat de confiance pour musulmans ?

Par Mérième Alaoui et Hanan Ben Rhouma

Spécial DRAGUE ET MARIAGE

CALCULS. Quand certains partagent les invités entre la mairie, le cocktail, le repas ou le dessert, les Maghrébins régalent sans concessions. Le pari pour la famille : tout le monde doit manger. Il faut donc prévoir large… Car les familles jouent leurs répu-tations. « Tout cela a bien changé ! », commente la negafa Rkia, une des « douanières » sur le créneau. Depuis 17 ans, elle pare les mariés. « À l’époque, les mariages se faisaient à la maison, les mamans cuisinaient et je met-tais en beauté les mariées, juste pour rendre service. » Désormais, les negafas sont des business women et se font payer très cher (en

moyenne 1 500 € la soirée) pour prêter des tenues à la mariée, l’habiller et mettre en place le trône. Car c’est bien de reine et de roi dont il s’agit. Aujourd’hui, quel que soit le mon-tant de la bourse, les unions sont célébrées dans une salle de mariage, avec traiteur, negafa, orchestre… Au minimum… « Les familles arabo-musulmanes consacrent en moyenne entre 12 000 et 15 000 € par mariage et rassemble 250 à 300 convives », détaille Zoubida Chergui, l’organisatrice du Salon du mariage oriental. « Mais le goût des Arabes pour en mettre plein la vue est connu ! Il faut toujours faire mieux que

Les mariages orientaux sont de plus en plus élaborés. Cette nuit doit être inoubliable… Mais combien ça coûte ?

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les autres », poursuit l’habilleuse traditionnelle. Le prix peut vite grimper… Un marché du mariage juteux En plus des prestataires présents à chaque mariage, la dernière ten-dance est de faire défiler des ani-maux au cours de la cérémonie. Des hirondelles à la sortie de la mairie (150 €), un cheval pour porter les mariés (400 €), une promenade à dos de chameau (200 €)… Entre le kitch et l’original, l’imagination n’a plus de limites. Parmi les autres nouveautés : le décorateur. En général, la negafa s’occupe du trône et le traiteur des tables… Ces décorateurs sont encore peu nombreux, à peine une dizaine en région parisienne. La facture peut être très salée, environ 3 000 € pour décorer une salle de 250 personnes. Depuis des années, des entrepreneurs s’engouffrent dans la brèche, notamment en région parisienne. Negafa, groupe de musique, décoratrice, traiteur, location de salle…, le marché du mariage est juteux.C’est à l’occasion des Salons du mariage oriental que les mariés partent en quête de ces nouveaux prestataires. « Lors du dernier Salon du mariage, en novembre 2010, la manifestation a accueilli 80 expo-sants et 17 000 visiteurs sur deux jours », précise Zoubida Chergui. « On estime qu’il existe entre 500 à 600 entreprises œuvrant dans ce secteur d’activité sur l’Île-de-France. Quand on regarde l’ensemble des grandes villes françaises où il y a une forte concentration de population dite maghrébine, il existe presque autant de prestataires », indique-t-elle.

Un budget conséquent, malgré la criseDepuis seulement près de quatre ans, on voit apparaître des wedding planner dans les manifestations dédiées au mariage. Leur rôle est d’orchestrer d’une main de maître

toute la cérémonie. « Notre métier est récent dans la communauté, car nous répondons à une demande de la nouvelle génération », explique Achoik Bouzbita, 31 ans, gérante de la société Wedding Planner Dina, lancée en 2009. Le nombre de wedding planner oriental se compte sur les doigts de la main pour ce qui concerne l’Île-de France. « Les jeunes ne veulent plus du kitch de l’époque de leurs parents, avec les dorures… Ils veulent du raf-finé. Un mariage qui reste oriental mais qui se rapproche des mariages occidentaux dans l’organisation. » Ce phénomène est déjà ancré dans les mariages dits occidentaux. En 2009, 14,6 % de l’ensemble des couples en France ont fait appel aux services d’une organisatrice de mariage, contre 8,9 % en 2005 (source : Formation Wedding Planner). Le coût d’une prestation de wedding planner varie en fonc-tion des options choisies. D’après Achoik, wedding planner et negafa, un mariage de haut de gamme coûterait environ 20 000 €… « Tous les époux veulent une fête prestigieuse, mais beaucoup n’en ont pas les moyens », fait observer la wedding planner. Mais les fiancés sont prêts à tout pour s’offrir la soirée de leur rêve. « Un mariage revient à réaliser un projet de vie. Certains s’endettent pour le payer », fait remarquer la negafa Rkia. De plus en plus de jeunes contractent un crédit pour financer la soirée. D’autres ven-dent leurs voiture ou empruntent à la famille. « C’est quasi impossi-ble pour eux de renoncer au beau mariage… », poursuit Achoik Bouzbita. Cela devient pourtant de plus en plus difficile pour cer-tains. Et la crise affecte aussi les professionnels : « On sent bien que les gens ont moins d’argent qu’avant. De fait, beaucoup de prestataires baissent leurs prix. » Crise ou pas, les mariés de l’année s’offriront le meilleur, pour le plus beau jour de leur vie. ■

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12 000 € w 12 000 à 15 000 $ : c’est le coût moyen d’un mariage arabo-musulman, rassemblant 250 à 300 convives. (Source : Salon du mariage oriental)

Mariés à quels prix ?

Le PACS, un contrat de confiance pour musulmans ?

Traiteur de 28 à 45 € par personne

Robe de mariée de 600 à 1 500 €

Robe caftan, negafade 1 300 à 2 000 €

Henné de 60 à 120 €

Orchestre de 1 300 à 1 700 €

DJ de 1 300 à 1 500 €

Photographe de 800 à 1200 €

Videocast de 1 300 à 1 500 €

Location de voiture de 500 à 1 500 €

Coiffure et maquillage de 80 à 180 €

Salle de réception

de 2 500 à 4 000 € la nuit

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SALAMNEWS N° 26 /mai 2011

FOCUS18

Le tour du monde des mariages musulmans

Par Saliha Hadj-Djilani

Spécial DRAGUE ET MARIAGE

« Il faut célébrer le grand mariage aux Comores », nous explique Fouad Moha-med-Ali, 30 ans, un ingénieur bordelais né aux Comores. « Je me suis marié en France avec une Comorienne. On a fait le mariage religieux, puis une petite fête entre amis, mais ce n’est pas ça le grand mariage… Le grand mariage, c’est un devoir. Pour honorer nos parents, on doit le faire tôt ou tard : il nous permet d’acquérir une position de notable à vie dans notre village aux Comores, car cette cérémonie est obligatoirement célébrée au pays, dans notre village d’origine. » Ex-trêmement onéreux, le grand ma-riage « peut se faire à n’importe quel moment de la vie dès lors qu’on a les moyens de l’organiser ». Familles et proches offrent une profusion de

cadeaux : « Des bijoux, des vaches, des chèvres… » « Sans oublier les repas, la fête peut coûter aux mariés jusqu’à 100 000 €. » Conséquence directe de ces coûts exorbitants : nombre de Comoriens s’endettent plusieurs années durant, provoquant sou-vent des situations financières dramatiques. C’est pourquoi Katidja, 36 ans, manager dans le secteur esthétique, deux fois divorcée, est une féroce oppo-sante au grand mariage. Elle s’insurge : « Ce qui me gêne, c’est tout cet argent dépensé. Les Como-riens sont plutôt pauvres, c’est du gâchis. Pour moi, c’est un vérita-ble business. Cela fait marcher les compagnies aériennes parce qu’il faut se marier au pays (le billet aller-retour s’élève à 1 300 €).

Cela fait marcher le BTP, car la femme qui se marie doit se faire construire une maison. Cela fait marcher l’agriculture, parce qu’on offre du riz, des animaux… » Et de pointer la spirale : « Pour ne rien arranger, tous les proches doivent offrir des cadeaux consé-quents aux mariés et se retrouvent eux-mêmes obligés de s’endetter. Tous leurs cadeaux sont inscrits sur un registre et, le jour du grand mariage de leurs amis, les mariés devront leur faire des cadeaux de la même valeur. C’est une histoire sans fin ! »Pour que le grand mariage soit possible, il faut aussi que les époux soient originaires du même village aux Comores. Pour que garçons et filles se rencontrent en France, les Co-

moriens organisent des soirées régulièrement. La tradition du grand mariage semble encore très respectée par la commu-nauté comorienne de France : la plupart rêvent de retourner au pays. « Ma sœur de 24 ans veut faire le grand mariage et retour-ner vivre aux Comores », raconte Katidja. « Peut-être parce qu’elle n’a pas trouvé sa place ici… Pour-tant, elle est née en France et a toujours vécu ici… »

« Chez les nouvelles géné-rations, les Turcs ne se ma-rient plus guère avec des personnes du pays : on se marie de plus en plus entre Turcs de France », nous confie Ali Ozenici, 31 ans, un financier parisien d’origine turque, qui se

Si les principes religieux du mariage sont les mêmes partout chez les musulmans, les préparatifs, la cérémonie et les fastes qui l’accompagnent varient d’une culture à l’autre.

Florilège de couleurs et d’apparats selon les moments de fête que sont le mariage civil à la mairie, la cérémonie du henné et la célébration du mariage avec toute la famille. Ici, Ouidad, d’origine algérienne, et Irfan, d’origine pakistanaise.

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marie en juin prochain avec une jeune femme également d’ori-gine turque. « Ce qui compte le plus, c’est que le conjoint ou la conjointe soit musulman-e finalement. D’ailleurs, on voit de plus en plus de mariages turco-maghrébins », fait-il observer.Comme chez beaucoup de mu-sulmans, d’abord la cérémonie du henné puis s’ensuit la fête du mariage. Elle se déroule en mi-lieu de journée. « Auparavant, les hommes et les femmes faisaient la fête séparément ; il n’y avait pas de musique festive mais des chants religieux. Mais les temps changent, lors de plus en plus de mariages la mixité est possible parmi les invités », précise Ali.Quant à la dot, elle a quasi disparu. La jeune mariée reçoit des bijoux et non pas de l’argent comme le veut la tradition. De son côté, elle offre un petit présent à son mari : c’est en général un costume. « Fi-nalement, dans notre communauté, à part la fête, il n’y a pas de grosses dépen-ses obligatoires qui nous obligeraient à nous endetter toute notre vie. »

« Chez les Sénégalais et tous les Africains de la communauté mandingue, la jeune mariée est as-sistée par une dame de compagnie », nous confie Cissé Sakho, une infirmière de 25 ans. « Le jour du mariage, toujours un jeudi, la mariée porte un pagne de couleur indigo. C’est la tenue nuptiale. Intervient alors la dame de compagnie, qui conseille et aide la mariée. Avec la mère de la mariée et plusieurs assistantes, elles emmènent la femme dans la maison du mari. C’est la dame de compagnie qui lui explique comment la nuit de noces va se passer. Le lendemain, c’est cette même dame qui va dire à la famille de la mariée si celle-ci était bien vierge mais ce n’est pas elle qui le dit à la famille de l’époux. C’est au mari lui-même d’aller parler à sa propre famille. La mariée est en quelque sorte protégée du qu’en dira-t-on grâce à ce système. Aucun drap taché

de sang n’est présenté aux familles après la nuit de noces. »Avant la cérémonie du mariage, la mère de la

mariée annonce le mariage de sa fille. À

cette fin, elle orga-

nise une réception chez elle : elle distribue des noix de cola aux convives, les invités apportent des cadeaux pour le trousseau de la mariée. C’est finalement la mère qui effectue les plus gros achats : c’est elle en effet qui achète les bijoux de la mariée, en or ou en argent, dont la valeur peut s’élever jusqu’à 5 000 €. Le mari remet, quant à lui, une dot symbolique, souvent inférieur au prix du trousseau : « Il ne doit pas donner l’impression qu’il “achète” la femme qu’il va épou-ser », raconte Cissé.Après la nuit de noces, toujours selon la tradition, la mariée doit rester chez elle et suivre un régime alimentaire très spécial à base de bouillies et de décoctions de plantes pendant un mois entier. Cette coutume aurait été mise en place pour faciliter une grossesse chez la mariée. Cependant, en France, les ressortissantes de la communauté mandingue – qu’ils soient maliens, sénégalais, mauri-taniens, guinéens ou ivoiriens – n’appliquent plus vraiment cette pratique à la lettre. Les femmes suivent généralement ce régime pendant une semaine et, contrai-rement à la tradition, elles sortent de chez elle, souvent en raison de leur activité professionnelle. Signe des temps…

« Chez les Indiens et les Pakistanais, le mariage se déroule sur trois jours, mais il comporte des va-riantes », raconte Samina Mo-hammad, 30 ans, une Parisienne d’origine pakistanaise mariée à Bilal, également d’origine pa-kistanaise. « Dans les cérémonies indiennes, on trouve souvent un côté Bollywood avec des spectacles de danse », évoque-t-elle. « Les Pakistanais sont plus sobres et n’aiment pas faire une fête à l’in-dienne. Mes parents voyaient la cérémonie comme le prolongement du mariage religieux. Il ne fallait pas trop danser ni faire la fête…

Mais les choses changent et de plus en plus de Pakistanais dansent lors des mariages », constate Samina. Les couleurs des tenues du mariage ont cependant une importance identique dans les deux communautés. Pakistanais et Indiens utilisent les mêmes couleurs. Le jour de la cérémo-nie du henné, les mariés sont habillés en jaune et vert foncé, tandis que le jour du mariage la mariée est habillée en rouge (et non en blanc). Le « jour du henné », le mari, selon ses moyens, offre un trous-seau important à la mariée : bijoux en or et au minimum une dizaine de tenues. Montant du trousseau : parfois jusqu’à 3 000 €. Quant à la femme, elle doit, selon la tradition (cultu-relle et non religieuse), offrir une dot bien plus coûteuse... Il lui faut en effet équiper toute la maison (meubles, literie, électro-ménager…), ce qui équivaut en moyenne à 15 000 ou 20 000 €, pris en charge par sa famille. La tradition de la dot est encore très pratiquée dans la commu-nauté pakistanaise et indienne en France. Cependant, avec les jeunes générations, elle tend à disparaître. Ouidad, une em-ployée de banque d’origine al-gérienne, s’est mariée à un jeune homme d’origine pakistanaise : « Quand mon mari a expliqué à sa famille que je ne rappor-terai pas de dot, ils ont été très surpris. Il a fallu leur expliquer que, dans la culture algérienne, la femme est la princesse le jour de son mariage, et non l’inverse. Heureusement, ils ont finalement bien accepté la situation. » Autres lieux, autres mœurs. Pour des raisons financières et pratiques, les trois jours de cérémonie se réduisent souvent à une seule journée en France. Les frais de la location de la salle et du trai-teur sont partagés par les deux familles, les dépenses s’élevant en moyenne à 25 000 €. ■

19www.salamnews.fr

80 %w C’est la part de musulmans qui accepteraient de se marier avec une personne d’une autre origine. Ils ne sont plus que 53 % à accepter une union avec une personne d’une autre religion. La raison ? La norme religieuse qui impose à la musulmane d’épouser un musulman alors qu’elle autorise l’union d’un musulman avec une femme des autres religions du Livre. (Source : IFOP, décembre 2010)

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. R.

Selon la tradition pakistanaise, le rouge est la couleur symbolique du mariage, dont se sont revêtus Ouidad et Irfan.

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La France est engagée dans une guerre contre le colonel Kadhafi… Seule votre voix s’était élevée contre l’accueil que lui avait réservé Nicolas Sarkozy en 2007… Rama Yade : Ma position avait été très criti-quée… C’est vrai que j’ai été convoquée à l’Ély-sée et y ai passé un sale quart d’heure. Mais j’ai la conviction chevillée au corps que les droits de l’homme sont universels, qu’ils ne sont pas réservés qu’aux seuls Occidentaux. Les peuples arabes l’ont montré. J’ai ressenti moins de soli-tude par rapport à 2007. Lorsque j’étais secré-taire d’État en charge des Droits de l’homme, ceux que je voulais voir en Tunisie étaient considérés comme des parias ; aujourd’hui, ce sont des héros : Khadija Chérif, présidente de l’Association tunisienne des femmes démocra-tes, Mokhtar Trifi, président de la Ligue tuni-sienne des droits de l’homme…

Vous aviez fortement critiqué le débat sur l’islam. Vous avez même craint qu’« il n’y ait plus beaucoup de musulmans à l’UMP »…

Ce n’est pas parce que Marine Le Pen a décrété que les musulmans posent problème que l’on doit la suivre. Pourquoi débattre là

où il faut agir ? On a soulevé le problème des prières de rue. Mais toutes les rues de France ne sont pas occupées ! Ce n’est pas de la faute des musulmans qui préféreraient prier dans des salles. La loi de 1905 n’a pas besoin d’être changée, c’est ce qui a permis aux catholiques et aux juifs de s’intégrer. Il n’y a pas de raisons que ce ne soit pas le cas pour les musulmans.

L’origine de votre coup de sang était la désignation de musulmans de l’UMP pour défendre le débat… Vous sentiez-vous visée ?

Non, car on ne me voit pas forcément comme musulmane [rires] ! Dans l’esprit de certaines personnes, les musulmans sont des Arabes. Il est vrai que je ne me définis pas dans l’espace public par rapport à la religion : je me définis d’abord comme citoyenne française. Je ne me suis pas sentie visée, mais je me suis de-mandé si c’était bien laïc de solliciter des gens sur le critère religieux. Les musulmans subis-sent une double injonction paradoxale. D’un côté, on leur dit : « Faites oublier que vous êtes musulmans puisqu’on est en pays laïc ! » ; de l’autre : « Montrez-vous pour prouver que vous êtes modérés et pas des islamistes ! »

Tête d’affiche Rama Yade 20SALAMNEWS N° 26 / MAI 2011

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adj /

SIPA

ambassadrice de France auprès de l’Unesco, Rama Yade n’en poursuit pas moins son chemin politique. À l’approche des élections sénatoriales puis législatives, elle compte bien tenir un rôle de premier plan.

BIO EXPRESSRama Yade (de son prénom Mame Ramatoulaye), née le 13 décembre 1976, a grandi dans une famille proche du monde politique sénégalais. Sa mère est professeure de lettres ; son père, diplomate, fut le conseiller du président Léopold Sédar Senghor. Arrivée en France à l’âge de 10 ans, elle est diplômée de Sciences Po Paris.Administratrice au Sénat depuis 2002, elle met un premier pied dans le monde des médias en 2005, à la chaîne parlementaire Public Sénat. Elle en devient directrice adjointe des programmes, puis directrice de la communication. C’est la même année que la fan de Nicolas Sarkozy adhère à l’UMP. Elle milite au Club XXIe siècle (lobby de personnalités en faveur de la diversité). Elle entre au gouvernement : de 2007 à 2009, en tant que secrétaire d’État chargée des Droits de l’homme, puis comme secrétaire d’État chargée des Sports jusqu’en 2010.Aux élections européennes de 2009, elle décline la proposition du président de la République de se porter candidate. Mais sa place à la tête du classement des personnalités politiques préférées des Français la sauve jusqu’à sa nouvelle critique médiatisée du discours de Dakar de Nicolas Sarkozy. Elle quitte le gouvernement lors du dernier remaniement. Elle rejoint le Parti radical de Jean-Louis Borloo et quitte l’UMP en avril dernier.

« Aucune voix pour le FN : pour s’engager politiquement, il faut être libre »

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On ne vous attendait pas vraiment dans le fauteuil d’ambassadrice de France auprès de l’Unesco...

Moi non plus, n’ayant rien demandé. D’ailleurs, j’ai mis dix jours à accepter après avoir obtenu l’assurance que je pourrais continuer la politique. De plus, la culture, l’éducation et les droits de l’homme entrent dans mes compétences et sont au cœur de mes engagements depuis toujours.

Vous avez fondé votre club politique « Allons enfants ! », pour ceux qui ne veulent « pas vivre avec le pistolet du FN sur la tempe »…

Notre club de réflexion est ouvert à tous ceux qui se sentent exclus de la politique, notamment la jeune génération. Je veux rassembler ces nou-veaux experts, intellectuels, sociologues, écono-mistes, éducateurs… des membres de la société civile qui ont envie de s’exprimer mais que l’on ne voit jamais. Les cafés-débats d’« Allons en-fants ! » seront organisés tous les deux mois. Le premier a eu lieu le 21 avril, à la Bastille. Nous avons fait des propositions audacieuses devant un public de 200 personnes : limitation à deux mandats de toutes les fonctions électives, bonus financier pour les partis qui font élire des fem-mes et des jeunes… Chaque semaine, je relaye les propositions d’« Allons enfants ! » dans l’émission « Think tank » sur LCI.

Avec vos interventions télévisuelles sur LCI, certains politiques estiment que vous transgressez votre rôle d’ambassadrice ?

Si l’État qui m’a nommée estimait que ce n’était pas possible, je quitterais le poste d’am-bassadrice et choisirais la politique. Je pense que ceux qui me le reprochent veulent que j’arrête la politique. Cette émission me permet de me po-sitionner sur des idées où l’on ne m’attend pas forcément : l’emploi, le pouvoir d’achat, la com-pétitivité, le nucléaire… Même si je suis fière de servir une organisation aussi belle que l’Unesco, je n’abandonnerai pas mes engagements politi-ques. La légitimité vient des urnes.

Au vu de la percée du FN aux cantonales, si ce parti se retrouve au second tour des présidentielles, quelle consigne de vote donneriez-vous ?

J’ai toujours été très claire : je serai toujours contre l’extrême droite. Aucune voix pour le FN et j’appelle à voter pour le candidat d’en face… même s’il est PS. Mais j’attends aussi du PS la même réciprocité. Malgré tout, le vote étant un acte très personnel, il n’est pas certain que les électeurs suivent tous les consignes de vote.

Déjà très jeune, vous suiviez les débats politi-ques comme d’autres suivent des feuilletons… Quelles sont les sources de votre engagement politique ?

Je regardais aussi bien les émissions politiques que le foot et les séries télé ! Cela n’est pas in-compatible [rires] ! Le goût pour la politique, cela se transmet ; la première inégalité se joue là d’ailleurs… Mon père travaillait pour le pré-sident du Sénégal de l’époque, Léopold Sédar Senghor, ce qui m’a familiarisé très tôt avec la politique. C’est à la suite de l’incendie du bou-levard Vincent-Auriol, en 2005, que je me suis vraiment engagée en politique : la façon dont on avait présenté ces victimes brûlées vives, sans aucune empathie parce qu’elles étaient considé-rées comme des clandestins… Cela m’avait tel-lement choquée que j’ai signé une tribune dans Le Monde sous le pseudonyme d’Aminata Fall, le nom de ma grand-mère.

Née à Dakar, vous êtes arrivée en France à l’âge de 10 ans. Quelles valeurs avez-vous gardé de votre éducation fondée sur cette double culture ?

Je ne me définis pas publiquement comme mu-sulmane, je suis Française. La religion appartient à la sphère privée. Au Sénégal, je fréquentais une école catholique la journée et l’école coranique le soir. Cela ne posait aucun problème, le Sénégal est un pays complètement laïc ! J’ai beaucoup appris sur l’ouverture au monde. Je suis sereine vis-à-vis de mes origines : je sais d’où je viens. De la même manière, je suis fière d’être française. Tout cela relève d’un équilibre tranquille que je dois à mes parents et d’une tradition française qui fait la singularité de notre pays.

Quels conseils donneriez-vous aux jeunes qui veulent s’engager politiquement ?

Les jeunes peuvent et doivent participer au destin de leur pays. Mais avant de s’engager po-litiquement, il faut être prudent et avoir un mé-tier, c’est le gage de la liberté. Attention, je ne suis pas le porte-parole des jeunes, je ne prétends pas les représenter. Les jeunes sont non pas des citoyens à part, mais des citoyens à part entière. La politique, c’est comme les discothèques, on fait d’abord entrer les habitués. Or il est du de-voir des jeunes de contribuer au renouvellement des élites et d’insuffler à la France cette audace qui lui permettra de rester une nation forte. J’es-père que les années qui viennent permettront de comprendre que cet impératif est une urgence nationale. ■

Propos recueillis par Mérième Alaoui et Huê Trinh Nguyên

« Je dis souvent aux jeunes : “Si vous n’aimez pas la France, ne la quittez pas, changez-la !”» 21www.salamnews.fr

Abcédaire

A comme Amis

Avec plus de 57 000 amis sur Facebook, je suis deuxième après Nicolas Sarkozy qui domine le classement, le troisième étant Jean-Marie Le Pen… Je découvre souvent des messages émouvants, qui me permettent de garder la foi en mon combat politique. Nombre d’entre eux m’ont inspiré des idées ! Comme le nom de mon think tank « Allons enfants ! ».

D comme Droits De l’homme

Les premiers droits de l’homme devraient être ceux de la femme. Ils sont encore aujourd’hui d’une incroyable modernité. Ce qui se passe dans les pays arabes, aujourd’hui, prouve leur universalité.

F comme Femmes

Le féminisme, ce n’est pas ringard. Et l’égalité des hommes et des femmes est loin d’être acquise en France ! J’ai une sensibilité particulière concernant la lutte contre les violences faites aux femmes.

J comme Jeunesse

Parce que toute jeunesse a envie de transformer le monde. Nous ferions mieux de lui laisser les moyens de le faire ! C’est aujourd’hui la frange de la population qui souffre le plus. Avec 150 000 jeunes qui sortent de l’école sans aucun diplôme ni formation, c’est une tragédie et une bombe à retardement.

L comme lAïcité

C’est la notion qui protège mais qui n’oppose pas. C’est pour moi la garantie du vivre-ensemble.

Page 22: raMa YadE - Salamnews

DE VOUS À NOUS22 Vous traversez un moment difficile ? Vos réactions et celles des autres vous surprennent ? Vous avez l’impression d’être dans une impasse ? Quelle décision prendre ?…À partir du bel islam et d’une lecture appliquée du Coran, des solutions peuvent toujours être trouvées. Posez vos questions à : [email protected]

SALAMNEWS N° 26 / MAI 2011

Par Chams en Nour, psychanalyste

« DEPUIS MON PLUS JEUNE ÂGE JE SOUFFRE D’ÊTRE ATTIRÉE par des personnes du même sexe que moi. Cela fait une vingtaine d’années que j’essaie de me défaire de ce penchant mais je n’y arrive pas. Il y a une divergence entre mon corps et ma raison. Ma raison souhaiterait aimer un homme et avoir des enfants, mais mon corps ne suit pas. L’homme me dégoûte et je me sens incapable d’imaginer un mariage… Comment changer ? Quelles solutions trouver ? Quel comporte-ment avoir ? » Hanane, 32 ans

Chams en Nour. Vous précisez dans votre lettre, que je ne peux reproduire in extenso ici, que vous pen-sez chercher peut-être l’affection maternelle dont vous avez manqué ou réagir au fait que votre frère unique a pris une place prépondérante par rapport à vos sœurs et vous. J’en conclus que vous avez déjà compris qu’il est important de rechercher dans votre histoire les racines de votre « différence ». Ce peut être très utile de suivre une psychothérapie mais, très franchement, je ne suis pas certaine que cela vous fasse changer. Mais en parler vous permettrait de mieux accepter votre réalité. Votre attitude n’est pas intentionnelle, vous di-tes qu’elle vous cause une terrible souffrance, vous savez qu’en islam l’intention est primordiale. L’homosexualité est le résultat d’une histoire, pas un crime… ■

JE VOUS ÉCRIS CAR JE SUIS TRÈS DÉSEMPARÉ PAR MA PROPRE ATTITUDE. Je me croyais un homme doux et généreux, j’aime ma femme et nos deux enfants, je travaille beaucoup pour leur offrir un cadre de vie agréable, mais j’ai tout mis en danger pour la deuxième fois en deux ans. J’ai du mal à supporter une certaine passivité chez ma femme et, par deux fois, cela a été plus fort que moi, j’ai porté la main sur elle. Je comprends son rejet, mais je ne comprends pas ce qui m’ar-rive. D’où me vient cette violence ? Cette envie de tout casser quand il lui arrive (rarement) de ne pas être assez réactive à mes yeux. Quels conseils pourriez-vous me donner pour sortir de ce qui menace d’être une impasse ? » Noureddine, 41 ans

Chams en Nour. Vous savez sans doute que certains grands pen-seurs de l’islam estiment qu’il y a trois états de l’âme : la nafs al-ammara, instigatrice du mal, la nafs al-lawwama, l’âme qui se fait des reproches, qui sait discerner, et la nafs al-mutma‘inna, l’âme apaisée. Votre lettre prouve que vous acceptez de vous faire des reproches et c’est déjà beau-coup, car, en effet, vous savez que ce n’est pas avec la violence que l’on règle ses problèmes ; au contraire, on les accumule. La violence survient quand les mots ont manqué. Dans votre couple, vous parlez-vous assez ? Et dans votre passé, avez-vous pu vous exprimer et avez-vous pu être écouté ? Cette violence la-tente indique que quelque chose s’est bloqué en vous depuis longtemps et il ne serait pas inutile d’en parler à un psychologue par exemple, pour mettre tout cela à distance et désamorcer cette tendance chez vous. Que Dieu vous éclaire. ■

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