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N° 24 – MARS 2011 ÉDITION NATIONALE Imprimé sur du papier recyclé. Ne jetez pas ce magazine sur la voie publique : donnez-le. Merci ! POLITIQUE LES MUSULMANS, NOUVEAUX BOUCS ÉMISSAIRES DE L’UMP p. 5 FOCUS EL GENERAL : « LE RAP, C’EST LA VOIX DU PEUPLE ! » p. 13 BEAUTÉ LEÏLA BEKHTI, CÉSAR 2011 p. 20 DOSSIER SPÉCIAL : RÉVOLUTIONS ARABES Souffle la liberté et tombent les préjugés !

Salamnews N°24 - Edition Nationale

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SOMMAIRE FOCUS : Le printemps des révolutions arabes 10 Souffle la liberté et tombent les préjugés 12 Icônes de la révolution 13 El General :« Le rap, c’est la voix du peuple ! » 14 Les dictatures à l’épreuve du Web 2.0 16 Le come-back des opposants historiques 18 Les « cheikhs » face aux « chabab »

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DOSSIER SPÉCIAL : RÉVOLUTIONS ARABESSouffl e la liberté et tombent les préjugés !

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SALAMNEWS N° 24 / MARS 2011

SOMMAIRE ÉDITOLes pompiers pyromanes

Salamnews : 113-115, rue Danielle-Casanova – 93200 Saint-Denis – www.salamnews.fr Directeur commercial : Mourad Latrech – Publicité : 01 48 09 53 24 – [email protected] Rédaction : [email protected] – 01 70 24 39 46 Directeur de la rédaction : Mohammed Colin. Rédactrice en chef : Huê Trinh Nguyên. Journalistes : Hanan Ben Rhouma, Pauline Compan, Nabil Djellit, Antoine Dreyfus, Anne-Flore Gaspar-Lolliot, Faïza Ghozali, Nadia Hathroubi-Safsaf, Nadia Moulaï, Nadia Sweeny. Ont participé à ce numéro : Djamel Louergli, Chams en Nour. Conception graphique : Pierre-André Magnier. Photo de couverture : © Haley/SIPA. Chef de projet : Sandrine Mayen. Imprimé en France. Tirage : 110 000 exemplaires. Éditeur : Salamnews est édité par Saphir Média, SARL de presse au capital de 10 000 euros. Directeur de la publication : Mohammed Colin. N° ISSN : 1969-2838. Dépôt légal : mars 2011.

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Un débat sur la laïcité ? Tiens donc ! L’idée d’un débat sur l’islam de France

aurait-elle fait pschitt ? Que nenni. Ce nou-vel intitulé n’est que le revers de la médaille du débat sur l’islam voulu par l’UMP de Copé. Une manière plus sournoise que le parti majoritaire a trouvée pour surenché-rir sur le populisme d’extrême droite.Mais les conséquences seront identiques. Les musulmans de France, composante à part et entière de la communauté nationale, seront à nouveau sous la mitraille de la stigmatisation. Fort heureusement, des voix républicaines se sont élevées contre cette dangereuse fixation : Anne Sinclair, qui s’est insurgée contre ces politiques qui s’amusent avec le feu, Robert Badinter, Martine Aubry et jusqu’au sein du gou-vernement, avec une sortie très remarquée d’Alain Juppé, voire de François Fillon… Il y a en effet de quoi s’indigner face à ces pompier pyromanes. C’est comme si notre pays n’avait jamais connu de guerres de religion ni de lois d’exception à l’encontre des juifs de France…Pourtant, un débat sur l’islam de France aurait toute sa légitimité, comme le rappelle le texte des imams publié dans le quotidien du soir. Mais pas au mauvais moment. Plusieurs lecteurs de Salamnews nous fai-saient remarquer que le débat sur l’islam de France a commencé depuis bien long-temps. Deux décennies déjà et toujours le sentiment de n’avoir pas vraiment progressé. Pourrait-il en être autrement puisque cette question ne ressory oppor-tunément qu’au moment d’échéances électorales majeures ? Or ce débat mérite de la hauteur et de la sérénité. Et ce sont les musulmans eux-mêmes qui ont à défi-nir les contours de leur islam de France, non les politiques. ■ Mohammed Colin

ACTU 4 Stoxx lance son indice boursier islamique

5 Les musulmans, nouveaux boucs émissaires de l’UMP

8 Édition Île-de-France : Rachid Santaki : « L’argent facile ne fait pas le bonheur »

8 Édition Marseille : OM, le conte de fées de Salim Laassami

BUSINESS 6 Le recouvrement des créances

SPORT 8 Jimmy Adjovi-Boco : « Le foot est une école de la vie »

BEAUTÉ 20 Leïla Bekhti, César 2011 du meilleur espoir féminin

DE VOUS À NOUS 22 Peurs, orgueil et mensonges

FOCUS 10 Souffle la liberté et tombent les préjugés

12 Icônes de la révolution

13 El General : « Le rap, c’est la voix du peuple ! »

14 Les dictatures à l’épreuve du Web 2.0

16 Le come-back des opposants historiques

18 Les « cheikhs » face aux « chabab »

LE prIntEmpS dES révoLutIonS arabES

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BOURSE. Après le Stoxx Europe Christian Index, le premier indice d’actions européennes fondé sur les valeurs chrétiennes, Stoxx, la société européenne émettrice d’in-dices boursiers, a lancé fin février son premier indice islamique : le Stoxx Europe Islamic Index, accompagné de deux sous-com-posants baptisés Stoxx Europe Islamic 50 et Euro Stoxx Islamic 50.Tous trois mesurent les performances d’une sélection de valeurs parmi cel-les qui composent le Stoxx Europe 600 et respectent les règles de la sha-riah, paramètre exigé pour figurer dans l’indice. Le choix est effectué par un sharia board, un comité indépendant composé de trois spécialistes de la finance islamique.« Le nombre d’opérateurs souhaitant investir conformément à leurs croyances religieuses ou accompagner les perfor-mances de sociétés agissant de manière responsable sur le plan économique, environnemental et social, grandit constamment », a indiqué Hartmut Graf, directeur général du fournisseur d’indices Stoxx. Les actions doivent donc passer deux séries de tests. Sont d’abord exclues

les sociétés ayant une importante activité dans la production de nour-riture non halal, du tabac, de l’alcool et des armes ainsi que dans les jeux d’argent, le courtage de l’or et de l’argent, le divertissement et la por-nographie. Les banques, assurances et institutions financières non isla-miques sont également bannies. Une fois ce premier test de passage réussi, qui réduit singulièrement la liste des prétendants, un autre examen prévoit que les intérêts du capital et des activités non conformes à la sha-riah ne doivent pas excéder 5 % du revenu total de l’entreprise et la dette non conforme à la shariah ne peut dépasser 33 % des actifs totaux de la société ou de sa capitalisation bour-sière. ■ Hanan Ben Rhouma

FINANCEStoxx lance son indice boursier islamique

CULTURELe Maroc à l’honneur des « Oscars africains »

ÉCONOMIE Les musulmans, un marché pour la filière ovine

ACTU4

CINÉMA. Le 22e Festival panafri-cain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO) a cou-ronné, samedi 5 mars, le réalisateur marocain Mohamed Mouftakir pour son film Pégase. Un film qui relate l’histoire d’une jeune fille en proie à ses démons et enfermée dans un hôpital psychiatrique. C’est la troi-sième fois qu’un réalisateur marocain remporte la prestigieuse récompense (l’Étalon d’or), le Maroc se retrouve ainsi à égalité avec le Mali, déjà trois

fois gagnant du trophée suprême. Un succès que le cinéaste marocain Daoud Aoulad-Syad explique par « une volonté politique pour le développement culturel » au Maroc. Le pays est en effet devenu le plus grand producteur de films cinématographiques en Afrique (20 productions par an). Cela grâce à une politique de financement inédite, depuis 1997 : 5 % des recettes publi-citaires des chaînes publiques et privés sont reversés à la production cinéma-tographique. ■ Pauline Compan

AGRICULTURE. Avec 6 mil-lions de brebis et 45 000 éle-veurs, le secteur ovin français ne fournit pourtant que 35 % des besoins de la population française. Si les éleveurs ovins ont pu revaloriser le secteur, c’est aussi grâce à une poussée de la demande. Ils ont désor-mais conscience de l’enjeu économique que représentent les consommateurs français de culture musulmane.« On travaille déjà beaucoup lors des fêtes religieuses (Aïd...), mais cela ne suffit pas. Il nous faudrait nous imprégner plus efficacement des besoins de ces consomma-teurs », explique à Salamnews Serge Préveraud, le président de la Fédération nationale ovine (FNO). Les musulmans, une niche de marché ? À raison de 70 kg de volaille par personne et par an, ces derniers achètent trois fois plus que la moyenne nationale. Sans compter le mouton, viande bien évidemment très prisée par les musulmans, et sans oublier que le marché halal représente 10 % du marché total de la viande (hors viande de porc). Pour pouvoir satisfaire la demande, les éleveurs ovins vont avoir besoin de bras. Aujourd’hui, plus de 50 % des éleveurs ovins ont plus de 50 ans, des bergers vieillissants qui attendent la relève. Michèle Boudoin, secrétaire générale à la FNO, s’enthousiasme dès que l’on parle de nouvelles installations : « Nous avons besoin de bras ! Et des personnes issues de la communauté musul-mane pourraient installer leurs exploitations. » ■

Pauline Compan

SPECTACLES

Festival de l’imaginaire15e édition de ce festival haut en couleur organisé par la Maison des cultures du monde : chants, danses et musiques du Bahrein, du Yémen, de Mauritanie, des Émirats arabes unis, d’Ouzbékistan…w Du 10 mars au 15 juin, à Paris01 45 44 41 42www.festivaldelimaginaire.com

SALON

Halal ExpoDes stands d’exposition de produits halal, des conférences sur le halal ouverts aux professionnels comme au grand public. Nouveautés de cette année 2011 : les exposants afficheront leur certification et un pavillon est dédié aux produits à la fois bio et halal.w 29 et 30 marsPorte de Versailles, Hall 3, Paris 15e

www.parishalalexpo.com

EXPO PHOTO

The Goutte d’Or !Une trentaine de clichés qui rend compte de la déambulation de Martin Parr dans le quartier de la Goutte-d’Or et de Barbès. Ce photographe anglais pose un regard nouveau sur un islam quotidien, familier, presque villageois, celui de la majorité silencieuse quel’on montre rarement dans les médias.w Du 6 avril au 2 juilletInstitut des cultures d’islam19-23, rue Léon Paris 18e

www.institut-cultures -islam.org

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SALAMNEWS N° 24 / MARS 2011

w Pour plus d’actus, saphirnews.com,le premier quotidien musulman d’actualité

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NAUSÉABOND. Le débat sur l’identité nationale et ses multi-ples dérapages ne lui ont pas suffi. Nicolas Sarkozy récidive en annonçant un débat très contro-versé sur la « laïcité » et la place de l’islam au sein de la société française, qui se tiendra le 5 avril, à Paris, à l’occasion d’une convention du parti majori-taire.Bien accueillie par l’extrême droite et la droite de l’UMP, l’initiative suscite en revanche bien des inquiétudes auprès des musulmans de France, à l’heure où le Front national gagne en popularité. Dans un contexte marqué par les révolutions du monde arabe, la confusion entre islam et immigration s’ancre dans l’inconscient collectif, d’autant plus que les idées du FN infiltrent doucement l’UMP. En témoigne le récent tollé provoqué par la députée Chantal Brunel, qui a suggéré de remettre les candidats à l’immigration dans les bateaux afin de « rassurer les Français ».

Opération électoralisteÀ l’approche des élections can-tonales fin mars et des présiden-tielles de mai 2012, nul doute que le débat à venir est une opé-ration électoraliste, poussant de nombreux représentants du culte musulman à demander l’annu-lation du débat.Dans un appel intitulé « Islam, un débat de trop », un groupe d’imams et d’intellectuels musul-

mans, dont le recteur de la mos-quée de Bordeaux Tareq Oubrou, le président du CRCM Rhône-Alpes Azzedine Gaci et le recteur de la mosquée Addawa, à Paris, Larbi Kechat ont dénoncé le projet du gouvernement, inter-prétant « cette stratégie comme une incapacité de ceux qui nous diri-gent à proposer un vrai programme sérieux pour sortir de la crise,

redresser l’éco-nomie, résorber le chômage, réduire les iné-galités, rendre à

la France la place sur la scène internationale qui sied à sa gran-deur et à ses valeurs universelles ». « L’islam est devenu un palliatif politique », ont-ils déclaré.

Un débat contestéFace à la montée de l’islamopho-bie, le président du Conseil français du culte musulman (CFCM) Mohammed Mous-saoui a réclamé « le droit à l’in-différence » pour les musulmans de France. S’agissant de critiquer

le gouvernement, le recteur de la Grande Mosquée de Paris Dalil Boubakeur est aussi monté au créneau, rompant avec sa réserve habituelle. Lors d’une réunion publique, le 11 mars, il a estimé que « les citoyens musulmans ne doivent pas être les boucs émissai-res d’une situation de crise ». D’autres sont partis plus loin lors de cette conférence. Abdallah Zekri, chargé de mission au CFCM et responsable de section de l’UMP dans le Gard a déchiré sa carte d’adhérent en signe de protestation contre son parti et a appelé « tous les musulmans » à l’imiter. Quant à Abderrah-mane Dahmane, conseiller de Nicolas Sarkozy en charge de la diversité, il n’y est pas allé de main morte en déclarant que « l’UMP de Copé, c’est la peste pour les musulmans ». Résultat express : l’Élysée a limogé ce dernier de son poste dès le len-demain, sous le motif qu’il a enfreint son « droit de réserve ».Du côté de l’opposition, le débat est vivement contesté. Cécile

Duflot, secrétaire nationale d’Eu-rope Écologie-Les Verts n’a pas hésité à faire un parallèle entre « les ressorts de l’usage de l’isla-mophobie » actuellement en vigueur et ceux de « l’usage de l’antisémitisme » dans les années 1930. « Par une espèce de course tactique contre l’électorat du Front national, on légitime un discours qui met en danger les valeurs de la République », a-t-elle précisé. Des réserves sont aussi émises au sein de l’UMP, à commencer par le ministre des Affaires étran-gères Alain Juppé, qui souhaite procéder à « un cadrage » pour éviter tout dérapage. Pas facile.Malgré tout, Nicolas Sarkozy et ses fidèles lieutenants maintien-nent le cap. Pour y faire face, une mobilisation des musulmans de France est préparée pour le 2 avril. Près de 5 000 personnes ont d’ores et déjà répondu à l’appel à manifester dans plu-sieurs villes de France. Les temps s’annoncent difficiles pour les musulmans. ■

Hanan Ben Rhouma

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Politique

Les musulmans, nouveauxboucs émissaires de l’UMP

5www.salamnews.fr

Objets constants de débats politiques, les musulmans sont à nouveau dans le viseur du gouvernement français. Le débat sur l’islam lancé par l’UMP les met en colère et les craintes d’une nouvelle stigmatisation, à l’image de celle qui fut suscitée par le débat sur l’identité nationale, sont réelles.

Si ce débat est centré sur l’islam, s’il devait

conduire à stigmatiser les musulmans,

je m’y opposerai »,a déclaré

le Premier ministre François Fillon.

Une mise en garde contre les appels

de sirène frontistes.

L'islam est devenu un palliatif politique »

21 % w C'est le pourcentage de voix que Marine Le Pen recueillerait à l'élection présidentielle. Ce qui la placerait à tous les coups au second tour, quel que soit son adversaire : Strauss-Kahn (30 %), Sarkozy (22 %), Aubry (19 %). De quoi ébranler l'UMP tenté de marcher sur les plates-bandes du FN. (Source : CSA-La Dépêche, 12 mars 2011)

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SALAMNEWS N° 24 / MARS 2011

business6 Le point de vue de l’expert

Des questions sur l’entrepreneuriat et la création d’entreprise ? Envoyez-les à [email protected] mois, notre expert-comptable vous répondra.

Comment Connaître la solvabilité d’un nouveau Client ?Djamel Louergli. Il est non seulement pos-sible mais recommandé de s’informer de la santé financière d’une entreprise que l’on ne connaît pas, notamment dans le cas d’importants volu-mes d’affaires. Il suffit de consulter les bilans de cette entreprise auprès du registre du commerce et des sociétés (RCS) ou bien de vérifier qu’elle ne fait pas l’objet d’une inscription de privilèges de la part des administrations (Trésor public, URSSAF …). On peut également lui demander directement ses bilans ou tous documents attestant qu’elle est à jour dans le paiement de ses impôts ou de ses cotisations sociales. ■

Le recouvrement des créances

Par Djamel Louergli, expert-comptable et commissaire aux comptes www.cabinet-louergli.fr – 01 39 02 25 54

Que faire en Cas d’impayé ?Djamel Louergli. Tout d’abord, il convient de s’assurer que la situation d’impayé est clairement posée et n’est aucunement le fruit d’une négligence de l’entreprise (oubli d’envoi de facture) ou de celle de son client (facture non traitée). Si tel est bien le cas, et qu’une première relance « cordiale » par courrier simple n’a pas permis son recouvrement, le chef d’entreprise doit alors adresser à son client une mise en demeure, par courrier recommandé avec accusé de réception. À ce stade, si le client débiteur ne donne toujours pas signe de vie, son créancier a, ensuite, toute latitude pour agir en justice, en saisissant le tribunal de com-merce, via un avocat ou un huissier (en référé). Le tribunal prononcera alors une injonction de payer qui, ignorée par son destinataire, peut aller jusqu’à la saisie de ses biens. En cas de chèques sans provision, une procédure d’exécution forcée peut être lancée. Autre solution : confier le recouvrement de vos factures à un tiers. Interrogez votre expert-comptable qui peut proposer ce service ou un cabinet spécialisé. ■

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Jimmy, vous êtes à l’origine de ce projet, expliquez-nous en quoi consiste Diambars.Jimmy Adjovi-Boco : Ce sont plusieurs pro-jets qui visent à promouvoir l’éducation par le football. C’est en quelque sorte un centre de formation de football à vocation éduca-tive. Le projet pilote se situe au Sénégal. Dix ans après, les résultats sont là. Le modèle économique est autonome. On possède un terrain de 15 hectares, des hébergements, 120 stagiaires, une équipe professionnelle de 2e division, une vingtaine de jeunes en faculté au Sénégal ou en France et 9 joueurs professionnels. En quoi êtes-vous différent d’un centre de formation de clubs professionnels ?

La différence ? Elle se situe dans les objec-tifs. Nous formons des footballeurs autant que des hommes. Alors qu’un club profes-sionnel, c’est davantage pour faire du chiffre et du business. Notre démarche est différen-

te : on le prouve en accompa-gnant nos jeunes, même après la fin de leur formation, même s’ils ne deviennent pas footbal-leurs. Les jeunes inscrits au sein de Diambars sont triés sur le volet. Peut-on imaginer généraliser ce concept ?

On travaille pour que le concept se développe. Diam-bars est une sorte de locomo-tive. Pour l’instant, il existe deux instituts : l’un à Saly, au Sénégal, créé en 2003 ; l’autre à Johannesburg, en Afrique du Sud, ouvert en 2010. On essaye actuellement de met-tre en place des satellites dans chacune des grandes régions d’Afrique : Afrique du Nord, de l’Est (Kenya ou Tanzanie) Afrique centrale (Gabon)... Le but est d’accueillir, après l’école ou pendant les vacances, 200 en-fants par jour et par satellite. Ainsi, on ne sera plus sur une élite mais sur un projet de masse.

Est-il difficile de convaincreles partenaires quand on s’appelle Bernard Lama, Patrick Vieira ou Adjovi-Boco ?

Il est certain que la notoriété des pères fon-dateurs aide, mais elle ne fait qu’ouvrir les por-tes. Si on n’a pas un projet qui tient la route, ces portes-là se referment. Les gens vous ouvrent les portes, et elles s’ouvrent encore plus. Der-rière, il y a du travail, du contenu et un vrai projet. Aujourd’hui, on a réussi à démontrer la pertinence de ce qu’on faisait.

Qu’est ce qui vous a motivé à vous investir dans ce projet à dimension sociale ?

On a fêté nos dix ans, et avec Saer Seck, Bernard Lama et Patrick Vieira, on est fier du chemin par-couru. On a tous eu envie de rendre ce que le foot-ball nous a donné. On avait envie de s’impliquer sur des projets de déve-loppement en Afrique. Cela a donné Diambars, qui est aujourd’hui cité en référence au sein de l’Unesco. Avec le Mondial, l’image des footballeurs français a été écornée. Une partie de l’opinion les taxe d’individualistes ou d’enfants gâtés.

Que peut apporter une initiative comme la vôtre ?

Le foot est une école de la vie. Il peut apporter du rêve et ce qu’on essaye de faire, c’est que ce rêve soit associé à des valeurs. Ce qui est important, c’est que le jeune puisse avancer, progresser et se forger une personnalité citoyenne. Plus largement, je pense qu’il est important de fournir au monde du football des joueurs responsables et intelligents. J’insiste aussi sur la solida-rité, car notre souhait est que les jeunes que nous avons formés puissent prendre un jour notre relève. Qu’à leur tour ils repro-duisent, développent et fassent mieux que nous. Un peu comme un parent le souhaite pour son propre enfant. ■

SALAMNEWS N° 24 / MARS 2011

sport8 120 w C’est le nombre de stagiaires qui ont intégré le centre de formation de Diambars. 9 sont devenus joueurs professionnels.

Par Nabil Djellit

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Jimmy Adjovi-Boco : « Le foot est une école de la vie »

Lilian Thuram et Bernard Lama m’ont guidé dans ma carrière. C’est désormais à mon tour de jouer les guides pour ces gamins. »

Patrick Vieira

Quatre pères fondateurs. Ils sont quatre à l’origine de l’aventure humaine Diampars (de g. à dr.) : Patrick Vieira, champion du monde avec la France en 1998, champion d’Europe des Nations en 2000 et actuellement joueur professionnel à Manchester City ; Jimmy Adjovi-Boco, ancien footballeur professionnel à Lens ; Saer Seck, vice-président de la Fédération sénégalaise de football ; Bernard Lama, champion du monde avec la France en 1998 et illustre gardien du Paris-Saint-Germain.

Diambars : « champion », en wolof. Cette ONG articulée autour du football et de l’éducation est devenue, au fil de ses dix ans d’existence, un véritable centre de détection et de formation de jeunes footballeurs. L’ancien défenseur de Lens Jimmy Adjovi-Boco, père fondateur et cheville ouvrière de Diambars, en retrace la genèse.

Page 9: Salamnews N°24 - Edition Nationale

Jimmy Adjovi-Boco : « Le foot est une école de la vie »

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SALAMNEWS N° 24 / MARS 2011

FOCUS10 Spécial RévolutionS aRabeS

SLa Tunisie a été l’étincelle. Semé par la jeunesse,

le Printemps des peuples arabes a éclos en plein hiver. Renversant un ordre établi

et bousculant quantité de préjugés.

Souffle la liberté et tombent les préjugés

Sur fond de révolutions arabes, le re-maniement gouvernemental auquel a procédé Nicolas Sarkozy a un parfum de dommage collatéral. Évincée du tour de table ministériel, la ministre des Affaires étrangères, Michèle Alliot-Marie, en a fait les frais. Ministre étrangère aux affaires, surtout. On se souvient de son offre de l’expertise française à la police de Ben Ali.

Ont suivi des révélations retentissantes sur ses vacances sous le doux soleil tuni-sien, au plus fort des émeutes, sur le jet de son ami Aziz Miled – un proche du pouvoir –, les tractations immobilières de ses parents sur place... Si elle s’est pris les pieds dans le tapis rouge de la diplomatie, MAM a aussi payé la note politique d’un État français étrangement muet face à la répression qui s’abattait

sur les manifestants tunisiens puis égyp-tiens, empêtré dans ses compromissions anciennes avec les régimes de « Zaba » et de Moubarak.La diplomatie occidentale quasi tout entière a raté le coche. Au début du soulèvement en Égypte, Hillary Clinton, secrétaire d’État américaine des Affaires étrangères, affirmait : « Nous pensons que l’Égypte est dotée d’un régime stable. »

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Par Faïza Ghozali

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80 C’est la fortune estimée amassée par Kadhafi et sa famille. Contre 40 à 70 milliards

pour Moubarak et la sienne, et 5 milliards pour Ben Ali, Leïla son épouse et leurs proches.

Berlusconi, en Italie, a soutenu Kadhafi jusqu’à ce que Seif al-Islam, fils du « Guide », promette au peuple libyen « des rivières de sang » – difficile à cautionner, même pour Berlusconi…

Comme si la dictature était un mektoub !À croire qu’au lieu de se réjouir de ces mouvements d’aspiration aux libertés et à l’État de droit, l’Occident, pris de court, a peur. Déstabilisé, peut-être, de ne pas retrouver sa grille de lecture sur les États « arabo-musulmans ». L’« exception arabe » a fait long feu. Que n’a-t-on entendu sur l’immobilisme quasi atavique des Arabes, comme si la dictature était un mektoub !« Ces pays ne sont pas prêts » était le refrain de ces experts es politique arabe. Un refrain venu cautionner le maintien, voire le durcissement, de régimes auto-crates. Autre argument brandi, pour justifier le soutien apporté à Ben Ali comme à Moubarak : l’épouvantail islamiste, sur le mode « sans eux, le chaos du fanatisme religieux ». Un argu-ment dont usaient largement les deux concernés pour s’attirer les faveurs des Occidentaux. Or qu’a-t-on vu ? Des slogans appelant à la justice et à la dé-mocratie, non pas à la théocratie. Des mouvements islamistes sur la touche, discrédités par leur alliance insidieuse avec le régime, qui tentent de prendre le train de la révolution en marche. En Égypte, le mouvement des jeunes des Frères musulmans et son aile féminine ont vite quitté l’organisation mère pour rallier le Mouvement du 6 avril, étranger à toute revendication religieuse. De retour en Tunisie après vingt ans d’exil, Mohamed Ghan-nouchi, leader d’Ennahda, a été accueilli à l’aéroport par autant de partisans que de manifestants scandant : « Non à un État isla-miste ! » Il a d’ailleurs renoncé

à se présenter aux prochaines élections.

Non-violence et crédo démocratiqueAutre idée préconçue mise à bas lors de ces deux révolutions : la violence. Peu croyaient qu’un soulèvement populaire pourrait se produire dans ces pays sans de graves débordements. Or Égyp-tiens et Tunisiens ont empli les rues de façon pacifique, forçant l’admiration par leur courage à affronter la violence et l’arbitraire des baltaguis et consorts des ré-gimes en place. Des scènes de fraternité ont inondé les écrans des télévisions du monde entier : jeunes, vieux, hommes et femmes, classes sociales mêlées, musulmans et coptes, tous unis place Tahrir, au Caire. À Tunis et au Caire, on a vu des manifestants embrasser des membres des forces de l’ordre.L’effet domino a joué à plein : d’Alger au Yémen, en passant par Bahreïn, Oman et le Maroc, se sont multipliées les manifestations pacifiques. Avec, peu ou prou, les mêmes credo : démocratisation, libertés, fin de la corruption, égalité. Au lendemain du départ de Moubarak, on a vu les manifes-tants de la veille, balai sous le bras, venus nettoyer les lieux, dans un acte de civisme exemplaire.

Génération Internet et mondialisationL’écrasante majorité des peuples arabes est composée de jeunes de moins de 30 ans. Ils n’ont pas connu les guerres de libération de leur pays. Non plus que l’al-ternance politique, compte tenu des records de longévité de leurs dirigeants : 42 ans pour Kadhafi, 30 ans pour Moubarak et 23 ans pour Ben Ali. Mohamed VI, Abdelaziz Bouteflika et Bachar al-Assad n’affichent au compteur « que » 12 ans pour les premiers et 11 ans pour le troisième. Même diplômés, ces jeunes ne trouvent pas d’emploi, faute

de piston. L’ascenseur social est grippé. Le pétrole coule à flots dans certains pays. Mais les populations peinent à en voir les retombées. La cherté de la vie malmène les plus pauvres. L’absence de perspectives plombe les plus jeunes. Ceux-ci, surtout, assistent depuis des années à l’en-richissement indu d’une classe d’affairistes proches des pouvoirs en place, profitant de l’ouverture à l’économie de marché.On pensait les jeunes Arabes désabusés, étrangers à toute revendication politique ? Ils ont été le fer de lance des soulève-ments. Ils continuent de l’être à Casa, Sanaa, Manama, Alger, Bahreïn… On les disait décon-nectés de la mondialisation et de ses évolutions ? On les a vus jongler avec Facebook et Twitter pour organiser la mobilisation, zapper sur Al-Jazeera et les chaî-nes satellitaires pour suivre les événements en direct. Les régimes aux abois ont voulu couper l’Internet. Serveurs proxy et autres parades des cybermili-tants ont permis de contourner la censure. Trois jours après sa libéra-tion, le blogueur activiste tunisien Slim Amamou, 24 ans, entrait au gouvernement. Le cybermilitant Wael Ghonim a fait vibrer la place Tahrir à sa libération, après 12 jours de détention. Ce directeur marketing de Google au Proche-Orient avait été raflé au début des manifestations. La liesse des révo-lutions tunisienne et égyptienne a fait tache d’huile. De l’Atlantique aux émirats du Golfe, la jeunesse arabe a repris espoir.Gare à la gueule de bois des len-demains révolutionnaires. Les difficultés à venir sont réelles. En Égypte, l’armée assure l’intérim. Sous la pression de la rue, le gouvernement provisoire tunisien subit des démissions en cascade. Et partout, les sociétés civiles sont fragiles, sinon inexistantes. Les militants du renouveau ne sont pas près de souffler. ■

■ 4 janvier 2011 :en Tunisie, Mohamed Bouazizi succombe à ses blessures. Ce jeune chômeur mué en vendeur ambulant s’était immolé le 17 décembre après que la police lui a confisqué sa charrette et sa balance. Sa mort signe le début du soulèvement populaire d’ampleur.

■ 5 janvier : 5 jours d’émeutes contre la vie chère font 5 morts et plus de 800 blessés en Algérie.

■ 14 janvier : fuite du président Ben Ali pour Jeddah (Arabie Saoudite).

■ 15 janvier : en Lybie, la police disperse un sit-in contre le pouvoir à Benghazi. Le 17 janvier, on dénombre déjà plusieurs morts. À ce jour, on en compterait plus de 6 000.

■ 16 janvier : quelque 3 000 personnes participent à un sit-in à Amman (Jordanie) et appellent à la propagation de la « révolution tunisienne ».

■ 18 janvier : à Sanaa (Yémen), les forces anti-émeutes dispersent un millier d’étudiants qui appellent à un changement démocratique.

■ 25 janvier : « Journée de la colère » en Égypte, lancée par plusieurs mouvements de jeunes militants. Le 28 janvier, les manifestations massives dégénèrent en émeutes.

■ 11 février : Moubarak quitte le pouvoir.

■ 18 février : à Manama (Bahreïn), l'armée tire sur un millier de personnes qui voulaient reprendre un sit-in. Nombreux blessés.

■ 20 février : dans une allocution télévisée, Seif al-Islam, fils de Kadhafi, promet des « rivières de sang ». Le même jour, au Maroc, des milliers de personnes réclament des réformes.

CHRONO

milliards de dollars

Page 12: Salamnews N°24 - Edition Nationale

Tarek de son vrai prénom, comme si ce prénom le

prédestinait à devenir une étoi-le qui montre le chemin aux opprimés aspirant à la liberté. Jeune diplômé mais chômeur, natif d’un quartier pauvre de Zidi Bouzid, en Tunisie, Mo-hamed est devenu marchand de légumes ambulant. Giflé par une employée de la municipa-lité qui lui crache dessus, alors qu’il cherchait à récupérer ses outils de travail qui lui avaient été confisqués, il ne supporte pas cette humiliation et s’im-mole devant le siège du gouver-norat le 17 décembre 2010.La douleur de la famille Boua-zizi peut-elle se racheter ? Ben Ali lui rend visite à l’hôpital des grands brûlés à Ben Arous et donne l’équivalent de 12 000 € à sa mère. Manoubia, la mère de Mohamed, jette par terre l’argent censé acheter son si-lence et quitte les lieux sans larmes. Mohamed décède à 26

ans, le 4 janvier 2011. « Ce n’est pas le manque de pain qui a tué mon fils ni le désespoir, mon fils est mort parce qu’ il a manqué de dignité », déclare Manoubia, qui décrit son fils comme un jeune homme pieux et bien-veillant à l’égard de sa famille. À Tunis, l’avenue du 7-Novem-bre (date de la prise du pouvoir par Ben Ali) s’appelle désor-mais l’avenue Mohamed-Boua-zizi. Le centre de Ben Arous est rebaptisé hôpital Mohamed-Bouazizi. Son nom de famille signifie « père de la gloire ». Une gloire bien méritée. ■

Ancien président de l’Asso-ciation des jeunes avocats

tunisiens, Chawki Tabib, la quarantaine, se distingue par sa résistance contre la répression et la corruption du régime de Ben Ali. Comme la majorité de ses collègues, cet avocat prend part à l’ultime bataille qui fait tomber Ben Ali en étant parmi les premiers à s’insurger contre la répression sanglante des ma-nifestants à Thala, à Kasserine

et à Sidi Bouzid. Il lance la Li-gue tunisienne pour la citoyen-neté, symbole d’une génération d’hommes et de femmes de loi qui veulent édifier l’État de droit en Tunisie. ■

Jeune directeur mar-keting chez Google,

vivant dans une maison cossue avec piscine, Wael Ghonim n’avait rien qui le prédisposait à être l’icône de la révolution égyptienne. C’est l’as-sassinat, le 6 juin 2010, de Khaled Saïd, un in-ternaute qui avait créé un groupe Facebook dénonçant les abus du régime égyptien, qui l’éveille aux réalités du pays.Sur Facebook, Wael crée alors le groupe « Nous sommes tous Khaled Saïd », qui appelle à la manifestation du 25 janvier. Il est arrêté le 27 janvier, puis libéré le 7 février. Il passe sur la chaîne Dream TV pour de-mander pardon aux parents des jeunes morts lors des ma-

nifestations et leur dire que le vrai coupable est celui qui a ordonné la répression ; il quitte le plateau en pleurs. Wael qui n’a pas voulu condamner ceux qui l’avaient séquestré a conquis les cœurs des Égyptiens encore hési-tants à sortir dans la rue. La lutte non violente en

Égypte a eu enfin son leader. Il a fini la bataille contre le régi-me Moubarak avec ses quelque 100 000 compagnons de Face-book mais aussi avec la mère de Khaled Saïd, qui déclare avoir retrouvé un peu son fils dans Wael Ghonim. Ce cyberche-valier qui a vengé son fils ainsi que tous les fils des Égyptiennes morts sous la torture et le joug de la violence. ■

Émue par l’acte de Bouazizi et par les quatre Égyptiens qui

ont suivi son exemple, Asma Mah-foud exprime son indignation par vidéo interposée, appelant les jeu-nes à « brûler » l’injustice et non eux-mêmes. Cette Égyptienne de 25 ans joint la parole à l’acte : elle descend seule dans la rue le 23 janvier, brandissant une pancarte qui dénonce le régime de Mouba-rak. Elle est rejointe par trois jeu-nes hommes seulement. Ils sont encerclés par trois fourgonnettes de la brigade de répression des manifestations, qui les obligent à quitter la place Tahrir.

Têtue, elle récidive en interpel-lant le responsable de la police nationale lors d’une cérémonie en hommage aux victimes de l’attentat de l’église d’Alexan-drie : « Vos agents m’ont frappée, moi et mes amis, parce que nous manifestions pacifiquement, ne sont-ils pas censés nous protéger ? » La voix d’Asma a été l’un des le-viers de la révolution qui a mobi-lisé des milliers de manifestants le 25 janvier. ■

12SALAMNEWS N° 24 / MARS 2011

Par Mehrezia Labidi-Maïza

FOCUS

Mohamed BouaziziLE SYMBOLE

Asma MahfoudLA VOIX

Wael GhonimLE CYBER

Chawki TabibLE DROIT

Spécial RévolutionS aRabeS

Icônes de la révolutionIls sont des milliers à s’être battus pour leurs droits. Des figures révolutionnaires qui n’avaient pas vocation à devenir des héros, mais qui ont réussi à déboulonner leurs dictateurs. Portraits de quatre d’entre eux.

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Asma MahfoudLA VOIX

Wael GhonimLe CYBeR

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Votre morceau intitulé « Raïs el-Bled » était directement adressé à Ben Ali. Quelle réaction attendiez-vous de lui ?El General : Le titre a été écrit et mis en mu-sique le 7 novembre, date du coup d’État mé-dical de Ben Ali contre Bourguiba en 1987. J’ai voulu dénoncer l’injustice et le manque de liberté à travers ce rap. Je ne savais pas si le président allait écouter ma chanson ni même qu’il y aurait une révolution, mais je n’avais pas peur…

Pourquoi le pseudo « El General » ? C’est une référence au pouvoir, censé

montrer la voie et garantir la liberté. Je m’ins-pire aussi de figures révolutionnaires comme Che Guevara.

Votre chanson a rencontré un vif succès. Comment est-elle devenue l’hymne de la révolution tunisienne ?

Je n’ai pas prévu un tel impact et encore moins ma célébrité ! Mais je pense que j’ai aidé à propager l’esprit de la révolution.

Pourquoi ce morceau a-t-il pris tant d’ampleur ?

Depuis 23 ans, les Tunisiens avaient besoin

d’entendre peut-être des paroles comme cela. Des paroles interdites... Le rappeur est par nature contestataire, nos chansons expriment ce que le peuple pense.

Votre rap a pris une dimension politique, largement écoutée chez les moins jeunes, surtout après votre arrestation...

Les anciens ont réalisé que les jeunes par-lent aussi de leurs soucis. Mon arrestation a aussi exacerbé le sentiment de révolte et a donné plus d’écho à la chanson.

Ben Ali est parti, mais la situation reste chaotique…

Insha Allah, nous construirons une Tunisie meilleure : un pays sans régionalisme, dirigé par des politiques honnêtes, soucieux de l’in-térêt général et non de leur profit personnel.

Justement, quel rôle souhaitez-vous jouer dans la « reconstruction » de la Tunisie ?

Je continuerai à être une force de critique, je resterai la voix du peuple à travers mon rap. À l’avenir, j’aborderai aussi des questions internationales comme la Palestine. ■

Propos recueillis par Nadia Moulaï et Mehrezia Labidi-Maïza

el General : « Le rap, c’est la voix du peuple ! »

RYTHME. Les révolutions ont fait émerger de nouveaux talents, lorsqu’elles ne mettent pas de bons vieux standards au goût du jour. C’est le cas de l’Égypte, où le répertoire de Cheikh Imam (1918-1995), composé par le poète Ahmad Fouad Najm, a été largement repris. Aveugle, pourfendeur des puissants et défenseur des opprimés, Cheikh Imam se rendit populaire dans les années 1960 et 1970. Censure et prison ne l’ont jamais fait taire. C’est avec lui qu’Al-Jazeera ouvrait toutes ses émissions spéciales consacrées à l’actualité égyptienne.

RAP ARABE. Côté rap, Ramy Donjewan a composé « Didd al-houkouma » (« Contre le pouvoir »). Son flow efficace scande tous les reproches faits à Moubarak. Autre rappeur, devenu figure de proue de la révolution tunisienne : Hamada Ben Amor, alias El General. En novembre 2010, son « Raïs el-Bled » (« Chef du pays ») interpellait Ben Ali en ces termes : « Président, ton peuple se meurt ! » Ce qui lui a valu de tâter des geôles tunisoises au plus fort des émeutes.En Libye, le mystérieux Ibn Thabit rappe pour dénoncer pauvreté et corruption, et dire sa soif de liberté. « Les Libyens ont plein de raisons de se soulever. Ce ne sera peut-être pas la semaine prochaine, ce ne sera peut-être pas la semaine suivante, mais ça se produira. Un jour, les Libyens se révolteront », conclut-il dans « Al So’aal » (« La Question »). Quant à l’Algérie, Amazigh Kateb, fils de l’écrivain Kateb Yacine et leader du groupe Gnawa Diffusion, rendu à Alger pour participer à la marche du 12 février, y a improvisé ce refrain : « Mia ou khamsa ou khamsine milliards » (soit « 155 milliards », le montant en dollars des riches réserves de change du pays), ponctué d’un « Barra le pouvoir ! » (« Dehors le pouvoir ! »).

SOLIDAIRE. La diaspora et la solidarité internationale ne sont pas en reste. Wyclef Jean, ex des Fugees, postait sur Internet « Freedom », quelques heures seulement après l’annonce de la démission du président égyptien Moubarak. Yusuf Islam, alias Cat Stevens, a proposé à ceux qui manifestent contre les régimes arabes autoritaires de collaborer sur le titre « My People ». Enfin, « #Jan 25 Egypt » est le rap en anglais mâtiné d’arabe d’un collectif d’artistes américains (Freeway, The Narcicyst, Omar Offendum, Amir Sulaiman, Ayah) réunis par le producteur Sami Matar, d’origine palestinienne.

La révolution en chansons

Hamada Ben Amor, alias El General, 22 ans, s’est fait connaîtregrâce à son rap frondeur à l’encontre de Ben Ali. Devenu une figure de la « révolution de jasmin », il revit depuis la chute du raïs. Quand le rap fait tomber les dictateurs !

El General sera en concert à Lyon, fin mars, et à Paris (Zénith), fin avril. Bientôt dans les bacs : Danger public.

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54 % w C’est le pourcentage des moins de 30 ans qui vivent en Tunisie. Cette classe d’âge représente 81 % des demandeurs d’emploi recensés en Tunisie. (Source : Institut des statistiques de Tunis)

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CLIC. La révolution par le Web ! En janvier dernier, Zine al-Abidine Ben Ali, vissé à son fauteuil de président depuis 1987, s’envo-lait pour Jeddah (Arabie Saoudite) pour fuir le soulèvement de son peuple. Le 11 février, en Égypte, Hosni Moubarak, élu en 1981, lui emboîtait le pas. Deux pays, deux révolutions et une jeunesse déterminée à en découdre par tous les moyens avec les caciques du pouvoir.Parmi ces moyens, Internet et sa palette de ré-seaux sociaux. Lina Ben Mhenni, fondatrice du blog activiste Tunisian Girl, est formelle. « Les nouveaux médias ont joué un rôle crucial dans la révolution tunisienne », affirme la jeune femme, également assistante universitaire à la faculté des sciences humaines et sociales de Tunis (Tunisie). « Le Web a permis de couvrir les événements face à la censure des autorités mais aussi de mobiliser les foules. » « Plusieurs

manifestations ont été organisées depuis Face-book, Twitter ou par SMS », poursuit-elle. La barre des 2 millions de « facebookers » vient d’ailleurs d’être franchie.Autre intérêt du Web, la diffusion inter-nationale des révoltes. Parmi les premiers médias à couvrir le Printemps arabe, Al-Ja-zeera. La chaîne qatarie, interdite en Tunisie sous l’ère Ben Ali, se place aux premières li-gnes de la révolution tunisienne, largement sous-estimée par les médias occidentaux. « Nous avions un correspondant tunisien qui travaillait sous couvert d’anonymat », confie Zied Tarrouche, journaliste. Une aide pré-cieuse qui permet à Al-Jazeera de prendre le pouls de la situation. « Dès les premières tensions à Sidi Bouzid, nous avons couvert les événements. » Cependant, difficile pour Al-Jazeera de faire l’impasse sur les réseaux sociaux, apparentés au nerf de la guerre. « En Tunisie, c’était notre seule source d’in-formation. » Facebook, Twitter et les sites de vidéo en ligne comme You Tube. « Des images vérifiées grâce à notre correspondant anonyme sur place. »

Les autorités ont perdu piedQuand le Web déjoue la censure. Et défie les dictatures. Mais la méfiance vis-à-vis d’Inter-net varie d’un régime à l’autre. « En Tunisie,

les censeurs de Ben Ali avaient restreint l’accès au réseau sécurisé de Facebook », relève Lucie Morillon, responsable du bureau Nouveaux Médias de Reporters sans frontières (RSF). Une stratégie prévisible si l’on sait que la censure en Tunisie était largement installée depuis de nombreuses années. D’où l’éclosion de hackers professionnels chevronnés ! Comme le réseau des Ano-nymous ou encore Takriz (« révolte »), fondé en 1998 pour dénoncer le régime. La cyberplateforme regroupe des militants et produit un magazine en ligne du même nom. Censuré en Tunisie depuis août 2000,

14SALAMNEWS N° 24 / MARS 2011

Par Nadia Moulaï

FOCUS

En deux mois, la Tunisie et l’Égypte se sont débarrassées de leur dictateur. Mené par une jeunesse rôdée aux techniques du Web, le Printemps arabe s’est aussi déroulé sur la Toile.

Les dictatures à l’épreuve du Web 2.0

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Le soulèvement en Tunisie et en Égypte représente une vraie fierté historique pour tous les citoyens. La jeunesse arabe a su dire non aux dictateurs. La force de ces mouvements repose sur la capacité des hommes et des femmes à s’être exprimés d’une seule voix ! »

Assia Benziane, 21 ans, conseillère municipale, Fontenay-sous-Bois

Spécial RévolutionS aRabeS

Des militants blogueurs et twitteurs se réunissent

à la Ligue algérienne des droits de l’homme,

le 14 février 2011, à Alger.

Page 15: Salamnews N°24 - Edition Nationale

Par Nadia Moulaï

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Les dictatures à l’épreuve du Web 2.0

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« le réseau propose, notamment, des solutions informatiques pour dénoncer la censure ». Waterman, membre de Takriz, rappelle que « la blogosphère était très peu engagée » à ce moment-là. « La Toile ne constituait pas une menace pour Ben Ali tant la censure était forte », note-t-il. De son côté, le voisin égyptien n’a pas forcé-ment perçu les potentialités du Web. « On ne peut pas parler de vrai filtrage d’Internet », constate Lucie Morillon. Le blocage du Web, lors des révoltes, résulte davantage d’un mouvement de panique que d’une stratégie. « Ils ont perdu pied. Les autorités n’étaient pas très rompues aux techniques, contrairement aux jeunes. » Dépassées, les autorités l’ont aussi été par la solidarité qui s’est nouée entre les internautes. « On a ainsi vu des blogueurs égyptiens donner des solutions pour contourner la censure comme les proxys, passer la frontière pour récupérer des vidéos tunisiennes », rapporte RSF.

Le Web, une arme parmi d’autres« Si les médias sociaux ont été une caisse de résonance, ces soulèvements restent des révo-lutions humaines », insiste Lucie Morillon. Selon elle, il ne faudrait pas oublier qu’« In-ternet est avant tout mené par des réseaux humains. Sans parler du lourd tribut payé par ces populations. » Waterman a, quant à lui, un avis plus tranché sur la question : « Sans la fougue de la jeunesse qui a su utiliser ces médias, rien n’aurait changé. » Le Web, moteur de la révolution ? Fran-çois Jost, sémiologue et directeur de re-cherches à Paris-III, reste sceptique. « Je dirais plutôt qu’il a permis de déclencher la mobilisation. La révolution, elle, s’est surtout faite dans la rue. » ■

Daniel Ventre :« Le cyberespace, une dimension complémentaire du combat »

Le terme « cyberguerre » s’applique-t-il aux révoltes tunisienne et égyptienne ?Daniel Ventre : La cyberguerre peut avoir de nombreuses définitions, mais il est com-munément admis qu’il s’agit de la dimension cybernétique des guerres. Les belligérants, réguliers ou irréguliers, utilisent le cyber-espace comme « arme » : lancer des cyber-attaques contre des systèmes de l’adversaire pour les déstabiliser, paralyser, détruire, en exploiter les données ou les modifier. Mais là s’arrête le périmètre de la cyberguerre. Or, dans le cas de la Tunisie et de l’Égypte, je ne saurais parler de cyberguerre : plutôt des ré-voltes, des manifestations, des révolutions.

Internet a joué un rôle clé dans le Printemps arabe. Mais est-ce vraiment une nouveauté ?

L’utilisation du Net dans les mouvements populaires n’est en effet pas un phénomène nouveau. Les populations ont appris à utili-ser le Net, les réseaux sociaux, le téléphone mobile pour s’organiser, critiquer, dénon-cer, divulguer des informations, appeler au rassemblement, déjouer l’organisation des forces de l’ordre, etc. Nous avons constaté de tels phénomènes dans des mouvements de révolte en Iran, en Chine et dans divers pays. C’est, par exemple, ce qui a permis aux jeunes étudiants d’organiser leurs mani-festations en France il y a quelques mois de cela. On est là loin des révoltes, mais le prin-cipe est le même : trouver dans le Web 2.0 et la téléphonie des outils qui permettent à des acteurs sans structures organisation-nelles préalables de s’organiser de manière autonome.

D’où le recours à des moyens radicaux comme la coupure du Net en Égypte…

Oui. C’est bien le seul moyen d’empê-cher les manifestants de s’organiser. Censure du Net, contrôle accru sur les contenus ou même coupure des systèmes de communi-cation, comme en Chine notamment, à la suite des émeutes du Xinjiang. La région est restée six mois sans Internet. Toutefois, c’est aussi dans l’intérêt des forces de l’ordre de maintenir les communications pour suivre les événements. Elles peuvent aussi avoir dans leurs propres rangs des geeks [passion-nés d’informatique, ndlr], des hackers [pi-rates informatiques, ndlr], des blogueurs et des experts en guerre de l’information.

Le Web est-il devenu un enjeu pour le monde arabe ?

À mon avis, il ne faut peut-être pas trop surévaluer le rôle qu’aurait joué le cyber-espace dans le succès de ces mouvements populaires. Le camp adverse peut aussi uti-liser le cyberespace. C’est parfois un jeu à somme nulle. Les citoyens ne sont pas les seuls à savoir occuper la blogosphère. De nombreux acteurs s’y impliquent : citoyens-manifestants, blogueurs vrais et faux, dias-poras, forces de l’ordre, militaires, services de renseignement, hackers, hacktivistes, etc. Mais il est certain que, par le biais du cyber-espace, des mouvements apparaissent, des individus se regroupent, des dynamiques se créent, capables de faire pression sur les gouvernements. Des individus rêvent d’un autre monde, et le Net offre une piste possi-ble, parmi d’autres, pour y parvenir. ■

Propos recueillis par Nadia Moulaï

Guerre de l’information plutôt que cyberguerre. C’est le rôle qu’a joué Internet dans les soulèvements arabes, selon Daniel Ventre*, ingénieur au CNRS et chercheur au CESDIP.

Je suis fière de cette nouvelle jeunesse émancipée et désireuse de liberté. Elle n’est pas la même qu’hier. Aujourd’hui, c’est aussi la révolution par et sur le Web. On attend maintenant la mise en place de vraies démocraties. »

Nassima Bidouche, 24 ans, militante associative, Noisy-le-Sec * Auteur de La Guerre de l’information

(Éd. Hermès-Lavoisier, 2007).

34 % C’est le taux de pénétration d’Internet en Tunisie, l’un des plus élevés d’Afrique, contre 21 % en Égypte. (Source : ATI - Agence tunisienne d’Internet)

Page 16: Salamnews N°24 - Edition Nationale

Ahmed EleuchPsychiatre et pédopsychiatre, spécialiste de la problématique d’intégration des immigrés, ancien membre d’Ennahda.

16SALAMNEWS N° 24 / MARS 2011

FOCUSPar Nadia Sweeny

Le come-back des opposants historiquesLourd est le prix payé par les opposants aux régimes totalitaires, aujourd’hui en déroute. Exilés politiques ou simplement activistes, retour sur ces parcours d’hommes qui ont trouvé en la France une terre d’accueil et dont le combat n’a pas de frontières.

Habib MokniDirecteur du centre de formation Avenir, ancien porte-parole du Mouvement de la tendance islamique, membre du parti Ennahda.

Salem Al KotamyDemandeur d’emploi, activiste indépendant, proche de la mouvance du Parti national progressiste et unioniste.

Mouhieddine CherbibHôtelier, membre du Comité pour les respects des libertés et des droits de l’homme en Tunisie, responsable au sein de la fédération des Tunisiens citoyens des deux rives.

Je n’ai pas choisi de quitter mon pays, mais le destin a voulu que je vienne

en France. J’ai essayé de réaliser une équation difficile :

construire comme si j’étais en France pour toujours et, en même temps,

me préparer comme si je retournais en Tunisie demain. »

Je ne suis pas venu en France pour l’argent mais pour être libre, avoir la possibilité

de m’exprimer. Je n’ai pas demandé le statut de réfugié politique : je suis le fils aîné de ma famille, si mes parents étaient

tombés malades je n’aurais pas eu la possibilité de rentrer au pays.

Je ne pouvais pas supporter cette douleur. »

Je n’ai jamais oublié mon pays d’origine qui vivait sous la dictature et l’étouffement.

En France, je me suis occupé de tous les immigrés, à travers mon travail

de thérapeute et mon engagement associatif.Lors de la révolution de jasmin, j’ai eu

un sentiment de culpabilité, j’avais envie de militer avec mon peuple. »

Nous avons foi dans la lutte. On a défendu tout le monde, quelle que soit son opinion

politique, islamiste, nationaliste ou marxiste, à partir du moment où il y a eu

répression. Mon procès est le 21 avril : même si je peux l’annuler aujourd’hui,

je le maintiens pour réaffirmer l’indépendance de la justice dans la Tunisie nouvelle. »

Spécial RévoluTionS ARAbES

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PORTRAITS. Voulu ou imposé, le départ du pays d’origine est souvent un déchirement. « Je suis arrivé en France en 1981 en tant que réfugié politique », explique Habib Mokni. « J’étais membre du bureau politique du Mouvement de la tendance islamique (MTI) en Tunisie. Lorsque mes amis ont été arrêtés, j’ai pris la fuite », ra-conte M. Mokni, l’un des plus anciens réfugiés politiques tunisiens en France. « Je suis parti en janvier 1987 », témoigne Ahmed Eleuch, qui a intégré l’opposition en 1973. « La Tunisie était devenue invivable. » En Égypte, même ambiance pour Salem Al Kotamy : « Depuis le lycée, j’étais délégué du Parti national unioniste et progressiste [parti qui défend les valeurs de la révolution de 1952, ndlr]. J’ai fait plusieurs allers-retours en prison et j’ai fini par quitter l’Égypte en octobre 1983. »Lorsqu’on arrive en France, il y a tout à construire. « J’ai été sans-abri pendant plusieurs mois. Le matin, j’allais faire la prière à la Grande Mosquée de Paris, ils servaient un repas. C’est là que j’ai fait connaissance avec la communauté arabe », se souvient M. Al Kotamy. L’instal-lation prend du temps, il faut réinvestir un nouvel espace de vie. « Je suis resté 15 ans sans papiers, je travaillais au noir dans le bâtiment », avoue l’Égyptien. « Je suis devenu un membre actif d’associations qui m’ont aidé auparavant comme Médecins du monde, la Croix-Rouge. »

RépressionL’investissement se fait au travers de sensibilités propres à chacun. « De 1981 à 1987, je suis resté actif politiquement. J’étais le représentant de notre mouvement à Paris », affirme Habib Mokni. « J’ai aussi décidé de m’investir dans la réalité française. J’ai créé une école de langue arabe à Paris, en 1985 », poursuit le directeur de l’Institut Formation Avenir, à La Courneu-ve. Le politique et l’associatif se mêlent. « J’ai combattu Ben Ali toute ma vie ! », s’exclame Mou-hieddine Cherbib, défenseur des droits de l’homme, arrivé en France il y a 35 ans pour poursuivre ses études. « On a créé notre comité en 1996 pour démasquer la dictature et soute-nir les acteurs de la résistance. »Malgré l’éloignement géogra-phique, la répression s’abat sur les activistes. « Les flics de Ben Ali étaient partout, ils repéraient les gens qui bougeaient ou qui écrivaient des articles », dénonce

le psychiatre Ahmed Eleuch, condamné par contumace à 14 ans de prison. Les consé-quences sont sans appel. « À partir des années 1990, j’ai été condamné à vie. Ben Ali a lancé un mandat d’arrêt international contre moi : j’étais le terroriste numéro un ! », s’en amuse aujourd’hui Habib Mokni. Lors de la révolte de Gafsa, en 2008, sévèrement réprimée par le régime tunisien, « j’ai été condamné là-bas, par contumace, à 2 ans de prison, pour des mani-festations légales, organisées sur le sol français ! », s’indigne M. Cherbib.

MobilisationLorsque les révoltes démarrent à Sidi Bouzid, les yeux ébahis de ces activistes se tournent vers la Méditerranée. « On a tout de suite monté un comité de soutien à Sidi Bouzid. La première manif à Belleville était le 23 décembre. On était moins d’une quarantaine, sous la neige ! », se souvient Mouhieddine Cherbib. « J’ai com-mencé à bloguer il y a 4 ou 5 ans contre le régime de Moubarak. Avec un ami, un ancien colonel de l’armée, nous avons incité les étudiants et les ouvriers à se mobiliser par Facebook, Twitter et Myspace », témoigne Salem Al Kotamy. Le dictateur s’enfuit, c’est la délivrance, inespé-rée, soudaine. « J’ai été surpris par cet aboutisse-ment : même dans mes rêves je n’avais pas imaginé ça ! », s’étonne M. Mokni. Pour le Dr Eleuch, c’est le bouleversement. « J’ai été totalement déstabilisé. C’était extraordinaire ! Je suis même tombé malade, tellement j’ai été ému ! »

Rester ou partir ?Après la révolution, la question du retour se pose, pas nécessairement définitif, elle se ma-nifeste tout d’abord par la possibilité inespérée de pouvoir poser son pied sur le sol du pays interdit, sans peur au ventre.

En Égypte, le régime est encore en place et aucune décision d’amnistie n’a été prise. « Je me suis symboliquement présenté aux élections présidentielles égyptiennes de 2005. Lorsque j’ai voulu enterrer ma mère, en 2004, ils ont confisqué mon passeport à l’aéroport en me disant : “Retire ta candidature et ne reviens pas en Égypte.” J’ai accepté pour pouvoir sortir du territoire. Aujourd’hui, je ne sais pas si je suis encore sur la liste, car le régime est toujours là », explique Salam Al Kotamy. Pour les Tunisiens, c’est un acquis : « On est ren-tré la tête haute », s’enorgueillit Habib Mokni, qui n’était pas retourné au pays depuis 30 ans. « J’ai envie de rentrer définitivement, mais j’ai des responsabilités familiales et professionnelles en France. Mais c’est prévu : ma retraite se fera là-bas ! », assure-t-il. « Je suis rentré il y a 15 jours après une absence de 4 ans », explique de son côté Mouhieddine Cherbib. « Là-bas, j’ai été ébloui par la capacité du peuple de s’accaparer la liberté de parole. Aujourd’hui, tout le monde parle politique et ils ne s’en lassent pas ! », se réjouit-il. « Mais je ne rentrerais pas définitivement. Je me sens plus utile d’ici, parce que mon travail, toute ma vie est en France. »Pour d’autres, rentrer et s’investir est un dû. « J’ai une dette vis-à-vis de ce peuple qui m’a édu-qué et enseigné », explique le Dr Eleuch. « J’ai envie de retourner vivre là-bas, de me mettre à la disposition de ce peuple, de mettre mon savoir-faire à son service. »

Unité et démocratieMalgré quelques craintes concernant la mise en place d’institutions démocratiques, exercice nouveau, Mouhieddine Cherbib est empli d’espoirs de voir « s’installer un État moderne, démocratique où toute la po-pulation peut jouir de la liberté ». D’autres,

tel le Dr Eleuch, se prennent à rêver d’« unité arabe, politique et économique. J’ai repris espoir dans le peuple arabe ! » Espoir qui per-met à Habib Mokni d’emmener les rêves au-delà de ce qui était encore imaginable il y a quel-ques mois : « Que les pays arabes construisent un modèle de dévelop-pement plus juste et plus démocra-tique, qui puisse aussi contribuer à corriger le déficit démocratique en Occident. » Une aspiration partagée du jour où les peuples arabes donneront des leçons de démocratie au monde… ■

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Manifestation de solidarité avec la Tunisie et en hommage aux victimes de la révolution, à Paris, le 15 janvier 2011, au lendemain de la chute de Ben Ali.

Témoignages w Lire l’intégralité des interviews sur

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FOCUS

HIT-PARADE. Qu’ils soient muftis, prédicateurs dans leurs mosquées ou à la télévision, ils étaient sommés de réagir aux révoltes des peuples. Le résultat de ce test populaire n’a pas été concluant pour tous : certains ont échoué, d’autres se sont rattrapés à temps, d’autres encore ont peiné à réussir, seuls quelques-uns ont réussi haut la main.

Les recalésInféodés au pouvoir, les cheikhs officiels ont délivré des fatwas sur commande, interdisant les manifestations sous pré-texte qu’elles représentaient une forme de contestation du

pouvoir des dirigeants (wali al-amr), interdite par l’islam. Les éminents membres du Haut Conseil religieux saoudien ont condamné l’acte d’immolation de Mohamed Bouazizi, n’y voyant là qu’un acte de suicide proscrit par la religion. Une analyse étriquée et à mille lieux des réelles souffran-ces et préoccupations des jeunes Arabes et musulmans. Le verdict populaire ne s’est pas fait attendre. Ces religieux ont échoué à suivre le rythme des peuples.

Les mitigésLes cheikhs salafistes « indé-pendants » se sont scindés en deux groupes. À l’instar d’Al-

Houwayni – le cheikh le plus en vue à Alexandrie –, certains ont interdit aux jeunes de manifester dans la rue par crainte de fitna (désordre). À en juger par le nombre des salafistes investissant les rues égyptiennes, les ouailles n’ont pas écouté cet appel. Ils ont même chanté l’hymne national, accompagné de musique ! Acte révolutionnaire s’il en est, compte tenu de la proscription de la mu-sique par ce courant.D’éminents cheikhs salafistes ont pourtant pris part à la révo-lution comme cheikh Hassan, le téléprédicateur qui a rejoint la place Tahrir après quelques hésitations. Le champion des

foules a sans conteste été Safwat Hijazi, qui a prouvé être plus égyptien que salafiste. L’« imam chevalier » – ainsi surnommé pour avoir fait le tour de la place Tahrir à cheval pour remonter le moral des révoltés –, rallia les manifestants dès le premier jour et fit de son corps un rempart contre les coups assenés par les voyous du régime, le « mercredi de la honte », le 26 janvier.

Les rachetés Pour les azharites, le test a été rude aussi. Leurs dirigeants, à commen-cer par le grand cheikh d’Al-Azhar Ahmed Tayeb, ont bel et bien été piégés par leur fonction.

Par Mehrezia Labibi-Maïza*

Il n’y a pas que les dictateurs et leurs régimes corrompus qui ont été ébranlés par la révolution de la jeunesse arabe. Les leaders religieux, ou les « cheikhs » selon la terminologie religieuse, ont, eux aussi, ont été durement testés.

Les « cheikhs » face aux « chabab »

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11 février 2011, manifestants anti-Moubarak et soldats prient

sur la place Tahrir, au Caire, après la prière du vendredi.

Spécial RévolutionS aRabeS

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Les « cheikhs » face aux « chabab »

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Ce dernier a effectivement re-connu le droit de manifester et dénoncé la violence perpétrée contre les manifestants mais il les a invités à retourner chez eux... Un habit de grand cheikh bien étroit du fait d’avoir été nommé par un président contesté…Les plus jeunes cheikhs, ceux qui représentent la base et ensei-gnent dans les lycées et les facul-tés, ont, quant à eux, répondu présents sur la place Tahrir, tout en portant leur habit distinctif d’Al-Azhar. Tout un symbole [lire l’encadré].

Les gagnantsAl-Qardawi et ses disciples de l’Union internationale des savants musulmans, grands vainqueurs du test populaire ? L’observateur perspicace ne peut que le consta-ter. Dès le commencement du soulèvement des jeunes de Sidi Bouzid, en Tunisie, après l’im-molation de Bouazizi, Yusuf al-Qardawi choisit son camp : celui des jeunes révoltés. Selon ce haut dignitaire religieux égyptien, qui détient la nationalité qatarie, le but de Bouzizi, en commettant son acte désespéré, n’était pas

de se suicider mais de dénoncer l’injustice. Une véritable brèche dans le mur opaque et uniforme de la théologie islamique. Non seulement al-Qardawi admet le droit de contester le di-rigeant quand il est oppresseur et injuste, mais il va jusqu’à tolérer une forme extrême de protesta-tion : l’immolation par le feu !

« Ô vous, enfants d’Égypte ! »Le prêche du vendredi, dit « vendredi de la victoire », du 18 février 2011, prononcé par al-Qardawi sur la place Tahrir devant des milliers de manifes-tants, mérite d’être analysé de près. À cet instant, comprenant finement la psychologie des fou-les, al-Qardawi s’est adressé non pas seulement aux musulmans mais à tous les Égyptiens. Il a dérogé à la forme classique du prêche. Au lieu de commencer par « Ô vous, les croyants ! », il dit : « Ô vous, enfants d’Égypte, musulmans et chrétiens, ce jour de victoire est le vôtre ! » Il remercie ensuite les coptes pour avoir protégé leurs concitoyens mu-sulmans en prière le 18 janvier

2011. Rappelons que, ce jour-là, les coptes avaient aussi prié en psalmodiant un psaume qui rappelle que la violence et l’in-justice sont proscrites et avaient remplacé « peuple de Dieu » par « peuple d’Égypte » dans leur lecture. Cheikh al-Qardawi rend ainsi hommage aux jeunes qui sont les vrais leaders du mouvement révolutionnaire et encourage la réconciliation entre coptes et musulmans. Après avoir montré sa solidarité avec les Tunisiens et les Égyp-tiens dans leurs révoltes contre le despotisme, al-Qardawi s’est engagé de façon encore plus radicale contre le dictateur ly-bien en le qualifiant de « fou » et de « criminel de guerre », appelant les officiers de Muammar Kadhafi à lui désobéir. De telles prises de position ouvriront-elles la voie vers une nouvelle théologie de la libération dans le monde musulman ? ■

Christophe Roucou* : « Le principal danger est l’absence d’État de droit »

Comment la communauté chrétienne égyptienne a vécu les événements ?Christophe Roucou : La hiérarchie, comme souvent dans les pays d’Orient, a appuyé le pou-voir. L’Église copte orthodoxe, dirigée par le pape Chenouda a, dès le début, interdit aux chrétiens de participer aux manifestations. Même si, au sein de cette Église, les laïcs ont contesté cette position. La hiérarchie catholique a, quant à elle, manqué de lucidité, car quatre jours avant la chute du régime, le responsable a envoyé un message de soutien à Hosni Moubarak. Du côté des populations, une majorité de chrétiens, en particulier de Haute-Égypte, dans les zones rurales et populaires, a eu peur de l’alternative des Frères musulmans. En

revanche, au Caire, chez la jeune génération diplômée et intellectuelle, les clivages chré-tiens-musulmans n’ont pas joué. Plusieurs religieux chrétiens égyptiens sont allés mani-fester sur la place Tahrir.

Quels sont vos espoirs ? Que le combat pour la démocratie et la liber-

té puisse aboutir. Et que, surtout, cela permette aux Égyptiens d’inventer leur propre manière de vivre leur démocratie. J’espère aussi que le regard des Occidentaux aura changé sur les Arabes. Sur le plan religieux, il y a un gros travail à réaliser sur l’articulation entre foi, religion, raison et po-litique. Chacun doit avoir sa juste place. ■

Propos recueillis par Nadia Sweeny

Les chrétiens, qui se chiffrent à 6 millions de coptes et quelque 150 000 catholiques, ont aussi participé à la révolution égyptienne. Passant outre l’injonction de l’Église de rester en retrait.

* Responsable du Service des relations avec l’islam (SRI) pour l’Église catholique, Christophe Roucou a vécu 9 ans en Égypte, où il enseignait le français au Caire et à Suez.

* Coordinatrice du réseau Femmes de foi pour la paix, coprésidente de Religions pour la paix International et co-auteure de Abraham, réveille-toi, ils sont devenus fous ! (avec Laurent Klein, Éd. de l’Atelier, 2004), Mehrezia Labidi-Maïza enseigne la traduction des textes théologiques à l’Institut européen des sciences humaines (IESH).

MÉMOIREAL-AZHAR. Pour les jeunes cheikhs, porter l’uniforme d’al-Azhar au milieu des manifestants de la place Tahrir n’est pas anodin. Il a rappelé à l’esprit des Égyptiens le temps où l’université Al-Azhar avait engendré plusieurs leaders et patriotes égyptiens. Quand les étudiants et les cheikhs d’al-Azhar contestaient la colonisation française (durant la campagne de Napoléon, 1798-1801) et anglaise (durant le protectorat anglais, 1914-1922). Quand ses étudiants étaient à la tête des manifestations qui appelaient à l’indépendance de l’Égypte (1936), avec les partis séculiers comme le Wafd. En 2011, ces images historiques ont été réveillées dans la mémoire collective égyptienne par cette scène touchante unissant ce jeune cheikh azhari portant le Coran d’une main et de l’autre serrant le bras d’un chrétien portant sa croix.

93,2 %w Il n’existe pas de statistique officielle sur la répartition confessionnelle en Égypte. On estime qu’il y a 93,2 % de musulmans sunnites (l’islam, religion d’État), 6,5 % de coptes, 0,3 % de protestants, 50 000 bahaïs et 20 000 juifs (70 000 en 1948).

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QUE PENSEZ-VOUSLORSQUE VOUS VOUS REGARDEZDANS UN MIROIR ?Ouhlala… Je me demande où est Aurélie [sa maquilleuse, ndlr] ! Parfois, j’ai peur de dire vraiment ce que je pense à cause de ce que les gens peuvent dire, mais je n’ai pas du tout confi an-ce en mon image.

SANS QUEL PRODUITNE SORTEZ-VOUS JAMAIS ?Mon Bioderma Créaline [1]. Je ne peux me démaquiller qu’avec ça. Je l’ai en petit, en grand. Comme je suis souvent ma-quillée et qu’il m’arrive de ne pas dormir chez moi quand je suis en promo, je l’ai toujours dans mon sac.

VOS COSMÉTIQUES FÉTICHES ?Ma Terracotta de Guerlain [2], j’adore l’Eff et Faux Cils d’Yves

Saint-Laurent [3], Julie Hewett, Dior, j’aime bien MAC [4] aussi. En fait, j’aime bien changer et tester de nouveaux produits.

UNE ADRESSE BEAUTÉPRÉFÉRÉE ?Je prends beaucoup soin de mes cheveux et cela fait cinq ans que je vais chez Arnaud Dalens, situé rue de Provence, dans le 16e arrondissement de Paris. Ce n’est pas du tout un coiff eur de stars : il a 26 ans, il vient d’ouvrir son petit salon, mais il connaît parfaitement la nature de mes cheveux. Je l’ai suivi par-tout et, même s’il s’était installé à Marseille, j’y serais allée tous les week-ends !

VOTRE PARFUM DU MOMENT ?Viktor&Rolf [5] en ce mo-ment, mais j’en ai plein.

UN SECRET DE BEAUTÉPARTICULIER ?Je reviens de quatre mois de tournage au Maroc [pour le fi lm La Source des femmes, de Radu Mihaileanu, ndlr] et j’ai rappor-té plein de produits : de la vraie huile d’argan [6], du siwak [bâton d’araq, ndlr] pour forti-fi er les gencives, du rhassoul [7] [l’argile, ndlr], une pierre rouge [l’aker fassi, ndlr] que tu humi-difi es et mets en rouge à lèvres et qui dure toute la journée. Il y a aussi un rouge à lèvres vert transparent, qui s’adapte à ta car-

nation naturelle et fait les lèvres roses. J’ai remarqué que depuis que je suis revenue du Maroc je prends plus soin de moi.

LE SECRETDE VOTRE SILHOUETTE ?Arrête, il faut que je maigrisse, je suis une enclume ! Je te jure, il faut juste savoir mettre le bon accessoire au bon endroit. Mais il faut vraiment que je fasse du sport, je n’en ai jamais fait de ma vie. En fait, j’ai besoin qu’un coach vienne chez moi et me force à aller courir ! J’aimerais pouvoir dire que je mange sans grossir mais ce n’est pas vrai : je mange comme mon frère et je grossis ! Et pour ne rien arran-ger, ma sœur est traiteur ! ■

BEAUTÉ20SALAMNEWS N° 24 / MARS 2011

Par Anne-Flore Gaspar-Lolliot

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César 2011 du meilleur espoir fémininpour son rôle dans Tout ce qui brille, l’actrice

Leïla Bekhti nous confi e les secrets de sa beauté rayonnante et de sa taille de guêpe.

Leïla Bekhti

« Depuis que je suis revenue du Maroc,je prends plus soin de moi »

« Depuis que je suis revenue du Maroc,

Confi dences de

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[7]

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Leïla Bekhti est à l’affi che du fi lmd’Audrey Estrougo : Toi, moi, les autres..., sorti en salles le 23 février.

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DE VOUS À NOUS22 Vous traversez un moment difficile ? Vos réactions et celles des autres vous surprennent ? Vous avez l’impression d’être dans une impasse ? Quelle décision prendre ?…À partir du bel islam et d’une lecture appliquée du Coran, des solutions peuvent toujours être trouvées. Posez vos questions à : [email protected]

SALAMNEWS N° 24 / MARS 2011

Par Chams en Nour, psychanalyste

« UNE PERSONNE S’EST PRÉSENTÉE À MOI POUR LE MA-RIAGE. Le jour de La deuxième rencontre avec ma famiLLe, iL a fait une erreur et ça s’est mal passé. Cela a créé en moi une crainte terrible et je n’ai plus voulu rentrer dans ce mariage car ce qu’il a fait était inadmissible. Il s’est rendu compte de son erreur et s’est excusé. Mais, moi, je suis toujours freinée par rapport à ce qu’il a fait.Après quelques années, il me redemande en mariage. Dois-je accepter ? Je suis très perplexe, mais j’ai toujours des difficultés pour trancher et prendre des décisions. Je suis perdue. Qu’en pen-sez-vous ? » Sabrina, 22 ans

Chams en Nour. Merci pour votre confiance. L’acte ou les pa-roles que vous lui reprochez ont-ils une telle gravité que cela peut entraîner un manque de confiance définitif ? Ou est-ce une raison que vous invoquez par peur du mariage en général ? Un prétexte ? C’est important pour vous d’éclaircir ce point. Je ne connais pas le contexte, c’est donc difficile de vous répondre au plus juste, mais il s’est excusé, quand même. Pourquoi est-ce si difficile de lui par-donner ? D’autre part, il semble sincère puisqu’il revient vers vous, malgré ce qui s’est passé entre vous. Sur la question de l’orgueil, reconnaissez qu’il a réussi à le dépasser pour revenir vers vous, c’est un très bon point. ■

« JE ME SUIS MARIÉ A 27 ANS, IL Y A TROIS ANS, AVEC UNE JEUNE FEMME QUI N’ÉTAIT PLUS VIERGE. eLLe m’a raconté son histoire et m’a dit que son père voulait la marier avec son cousin du bled et que cet homme l’aurait violée. Je l’ai crue et j’ai accepté qu’elle ne soit pas vierge.Maintenant, j’ai un enfant d’un an avec elle. Le problème, c’est que la vérité est ressortie et qu’elle n’a jamais été violée. Elle m’a menti, je me sens trahi et je n’arrive même plus à lui parler. Je ne sais plus quoi faire et je n’ai plus envie de vivre dans le mensonge. Je n’y arrive plus, alors, s’il vous plaît, aidez-moi, conseillez-moi. » Tahar, 30 ans

Chams en Nour. Je comprends votre désarroi, car la ques-tion de la confiance est primordiale pour la réussite du couple. Il est vraiment important, si vous voulez sauver votre famille, de réussir à parler avec votre épouse de ce que vous ressentez plutôt que de vous enfermer dans le silence, ce qui ne fera qu’empirer les choses. Tout dépend de votre entente et de votre vision du rôle de la famille pour l’épanouissement de l’être. Si c’est votre amour propre qui est touché, vous devriez essayer de dépasser votre ressentiment. S’il s’agit de votre confiance et que vous ne pensez pas pouvoir lui pardonner, il vous faudra en tirer les conséquences. ■

Peurs, orgueil et mensonges…

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