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1 19, rue du Rhône 1204 Genève T: +41 (0)22 311 20 22 F: + 41 (0)22 310 21 93 [email protected] www.asase.org RAPPORT DE MA VISITE À KHARTOUM DU 12 AU 16 DÉCEMBRE 2011 Mon séjour a été court et chargé : quelques visites ciblées sur le terrain, et des réunions dans les bureaux de SVDP avec John Ugo, Betram Gordon, ainsi que Ian Mawdsley de SVDP Angleterre et Pays de Galles 1 , un des plus anciens, des plus fidèles et des plus importants donateurs. Ian est arrivé un jour après moi et nous sommes repartis en même temps. Sa présence a constitué un réel atout pour l’efficacité de ma mission. Ensemble, avec les dirigeants de SVDP, nous avons tenté de comprendre et d’évaluer un grand nombre de problèmes, afin de suggérer les lignes directrices d’un plan d’action pour 2012-2013. L’expérience professionnelle de Ian en tant que conseil en stratégie et organisation a été hautement profitable, et va indubitablement l’être encore. SITUATION GÉNÉRALE Khartoum a encore changé en un an Le centre-ville semble s’être arabisé et embourgeoisé. Dans les rues, on voit beaucoup moins de Sudistes, et pratiquement plus de camionnettes ouvertes ni de mini-bus décorés où ils s’entassaient habituellement. A la place, quantité de berlines, surtout asiatiques (Hiunday, Daewoo, Toyota), parfois allemandes, et des 4x4. A bord, souvent un ou deux passagers, arabes. Les grands chantiers se poursuivent. Un immense bâtiment en construction par exemple est destiné à être un hôpital… pour les gens de la Sécurité. On voit aussi moins de Chinois qu’il y a un an. Ils ont réorienté leurs investissements au Sud- Soudan, et essaient de créer une relation de confiance avec les autorités, en envoyant des délégations etc… Omdurman (ville commerçante et importante qui jouxte Khartoum, et où SVDP a beaucoup de centres) a gardé son aspect plus populaire et sa population noire. 1 Que nous appellerons SVDP UK pour plus de commodité. Betram, une médecin du centre médical Comboni, et Ian Mawdsley

RAPPORT DE MA VISITE À KHARTOUM DU 12 AU 16 … · Khartoum : le renvoi des fonctionnaires des services gouvernementaux suite à la partition désorganise toute l’économie (coupures

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19, rue du Rhône 1204 Genève

T: +41 (0)22 311 20 22 F: + 41 (0)22 310 21 93

[email protected] www.asase.org

RAPPORT DE MA VISITE À KHARTOUM

DU 12 AU 16 DÉCEMBRE 2011

Mon séjour a été court et chargé : quelques visites ciblées sur le terrain, et des réunions dans les bureaux de SVDP avec John Ugo, Betram Gordon, ainsi que Ian Mawdsley de SVDP Angleterre et Pays de Galles1, un des plus anciens, des plus fidèles et des plus importants donateurs. Ian est arrivé un jour après moi et nous sommes repartis en même temps. Sa présence a constitué un réel atout pour l’efficacité de ma mission. Ensemble, avec les dirigeants de SVDP, nous avons tenté de comprendre et d’évaluer un grand nombre de problèmes, afin de suggérer les lignes directrices d’un plan d’action pour 2012-2013. L’expérience professionnelle de Ian en tant que conseil en stratégie et organisation a été hautement profitable, et va indubitablement l’être encore. SITUATION GÉNÉRALE Khartoum a encore changé en un an Le centre-ville semble s’être arabisé et embourgeoisé. Dans les rues, on voit beaucoup moins de Sudistes, et pratiquement plus de camionnettes ouvertes ni de mini-bus décorés où ils s’entassaient habituellement. A la place, quantité de berlines, surtout asiatiques (Hiunday, Daewoo, Toyota), parfois allemandes, et des 4x4. A bord, souvent un ou deux passagers, arabes. Les grands chantiers se poursuivent. Un immense bâtiment en construction par exemple est destiné à être un hôpital… pour les gens de la Sécurité. On voit aussi moins de Chinois qu’il y a un an. Ils ont réorienté leurs investissements au Sud-Soudan, et essaient de créer une relation de confiance avec les autorités, en envoyant des délégations etc… Omdurman (ville commerçante et importante qui jouxte Khartoum, et où SVDP a beaucoup de centres) a gardé son aspect plus populaire et sa population noire. 1 Que nous appellerons SVDP UK pour plus de commodité.

Betram, une médecin du centre médical Comboni, et Ian Mawdsley

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La question du sort des Sudistes qui resteront au Nord La période intermédiaire d’adaptation devrait se clôturer en avril prochain. La question n’est toujours pas clarifiée. L’issue dépendra des négociations globales en cours entre le Nord et le Sud, notamment celles portant sur les libertés qui seront accordées aux Sudistes (citoyenneté, circulation, travail…). On ne sait toujours pas si ceux qui veulent travailler seront astreints aux formalités exigées pour les étrangers (permis de travail demandé aux autorités par l’employeur). La liberté de circulation est un enjeu important pour les deux parties. Il faut savoir que chaque année, près de 8 millions de nomades du Nord se rendent au Sud avec 4 millions de têtes de bétail, pour l’eau et le pacage, et ils y restent 8 mois ! Autre donnée importante dans les négociations : la plupart des habitants du Nord n’étaient pas favorables à la séparation, et en imputent la responsabilité au gouvernement actuel. En effet, au moment des négociations qui ont suivi l’accord de paix, le gouvernement est resté intransigeant sur ses intentions d’imposer la loi islamique à tous les citoyens du pays, ce qui a finalement conduit au référendum d’auto-détermination. Les conflits politiques internes au Nord-Soudan L’ex-premier ministre et leader de l’opposition Saadik el Mahdi ne manque pas de souligner cette responsabilité des dirigeants actuels. Rappelons qu’Omar El Béchir est au pouvoir, avec l’appui de l’armée et des islamistes, depuis 22 ans ! Son règne pourrait être remis en question, et il est probable que cela se fasse dans la violence. Il y a notamment les mouvements de combattants des zones de guerre internes -Darfour, Sud-Kordofan, Nil bleu2 – réunis en un Front Révolutionnaire du Soudan. Alors que les ONGs sont interdites dans ces zones de conflit, Béchir pousse ses généraux à massacrer les civils.

2 Les deux dernières étant des Etats, à la frontière du Sud, qui abritent une importante population ayant combattu au Sud-Soudan.

Une patiente du Comboni Health Center

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Rien que dans l’Etat du Nil bleu, le conflit a déplacé près de 76 000 personnes depuis août dernier. Ils trouvent refuge en Ethiopie ou au Sud-Soudan, où certains camps regroupent plus de 25000 personnes dépourvues de vivres, d’eau, de médicaments. La Cour Pénale Internationale a lancé un mandat d’arrêt contre le ministre de la Défense soudanais, Abel Rahim Mohammed Hussein. Mais il y a aussi la contestation à Khartoum : le renvoi des fonctionnaires des services gouvernementaux suite à la partition désorganise toute l’économie (coupures d’eau, d’électricité, montée des prix des produits alimentaires…) et a provoqué quelques manifestations réprimées. En octobre/novembre, une centaine d’activistes de l’opposition ont été arrêtés à Khartoum et ses environs. Le parti au pouvoir, le Congrès national, semble divisé. Les revenus du pétrole exporté (90% des revenus du pays) ont baissé de 6,2 milliards de dollars en 2010 à 1,5 milliards en 2011. Les tensions Nord/Sud Rappelons que 75% des réserves de pétrole sont au Sud-Soudan. Aucun accord n’a encore été trouvé sur les droits que devraient payer le Sud-Soudan pour le passage de son pétrole par le Nord-Soudan, via l’oléoduc. Khartoum bloque les exportations depuis mi-novembre, au grand dam des Chinois, pour qui le Soudan est un fournisseur important. Juste avant mon arrivée, l’armée du Nord avait envahi la ville de Jau, dans l’Etat de l’Unité, au Sud-Soudan. Un des principaux groupes rebelles du Sud se trouvent dans cet Etat. On a parlé de risque de reprise de la guerre. L’inflation chronique à deux chiffres Pour ceux, comme les employés de SVDP, dont le pouvoir d’achat est faible, la vie quotidienne à Khartoum est difficile ; d’autant que cela fait plusieurs année que le pays affiche des taux d’inflation à deux chiffres : près de 20% en 2011 !

Kordofan

Nil bleu

Darfour

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Le salaire moyen au sein de SVDP tourne autour de 250€. Le chauffeur, James, loue une chambre 300SDG par mois (80€), où il vit avec sa famille. Betram (le deuxième plus haut salaire), paie (avec son colocataire) 1200 SDG/mois (320 €) pour environ 45 m2. Le taux de change en cours au moment de ma visite était de 3,76 SDG pour 1€. Le sort des enfants des rues Le processus de Family Tracing and Reunification (FTR) engagé par SVDP avec l’UNICEF et d’autres ONGs depuis plusieurs mois semble pâtir du désintérêt des autorités du Sud-Soudan, pour qui ce n’est apparemment pas une priorité, et qui ne respectent pas leurs engagements établis dans les accords préliminaires sur ce sujet. Les équipes du Sud envoyés aux réunions ne font pas de rapport au gouvernement en rentrant chez elles. Aucune mesure n’est prise pour accueillir les enfants, et plus le temps passe, moins le Sud sera en mesure de le faire correctement. Les ONGs essaient de faire pression sur les deux gouvernements pour qu’ils signent un accord sur des mesures concrètes. Au niveau de SVDP, la personne qui était en charge de ce dossier a été remplacée : elle était trop passive et ne maîtrisait pas assez bien l’anglais. Pour autant, pour chaque enfant, a été effectué3 un travail important de recherche d’informations dans les dossiers, ainsi que des entretiens individuels suivant les questionnaires établis par l’UNICEF. Apparemment, si l’on se base sur le résultat de ces questionnaires, 105 enfants (garçons/filles) sont considérés comme Sudistes par les autorités. Or d’après les accords Nord/Sud, le Council in the South veut qu’en Juillet 20124 ces enfants quittent le Nord. Si aucune famille n’est trouvée pour eux, ils seront à la charge de l’Etat du Sud-Soudan. En tout état de cause, dans six mois, le programme ne comptera plus qu’environ 180 enfants, compte tenu aussi du départ de ceux qui auront obtenu le certificat de fin d’études.

3 C’est d’abord Chol et Ding qui s’en sont chargés, puis Ding étant parti en août, c’est Simon (un ancien prof d’électricité de la formation professionnelle ; je l’avais rencontré en 2005, il peut très bien faire le job) et Desmond. 4 C’était avril, mais cela a été prorogé.

Quelques adolescents de Gebel Awlia I

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L’organisation de SVDP Nord/Sud Le développement des programmes au Sud, et les réticences des autorités du Sud vis-à-vis de toute entité dirigeante du Nord, y compris SVDP Khartoum, nous amènent à envisager de créer une structure officielle au Sud. Tant que l’Eglise du Soudan n’est pas divisée en Nord et Sud, SVDP Paris (qui dirige mondialement SVDP) ne va pas diviser la direction de SVDP dans les Soudans en créant un National Council au Sud5. Actuellement, il existe un Central Council (l’échelon en dessous) à Juba. Sur les 11 membres du bureau actuel, seuls trois sont actifs, et ils sont débordés. C’est le Président, le Trésorier et le Secrétaire. De toutes façons, cela n’exclut pas d’en créer un autre avec une équipe de confiance, sous la direction de Betram. A Khartoum, le Bureau de SVDP aurait besoin d’être renouvelé : sur les 11 membres, seuls 4 sont encore actifs (les autres soit loin comme Kamal, ou morts…) : Dr Nasri Morgos, le Président (pharmacien, pas de rôle actif), Peter Tadros, le Vice-Président (neveu de Kamal, gynécologue, pas de rôle actif), Emile (Trésorier, actif) et Victor Adli (?). John n’a toujours pas été officiellement élu Secrétaire Général par l’Assemblée. Tant que la situation n’est pas clarifiée et stabilisée à Khartoum, Betram va continuer à faire des allers/retours entre Khartoum et Juba (coût du vol A/R : 900 SDG, soit 225 €). Généralement Betram loge dans des hôtels bon marché (30€ la nuit). Pour des séjours prolongés, il va chez des connaissances. Lorsque SVDP reçoit des visiteurs à Juba (comme cette année Jean-Claude François et Jacques Falquet), ils sont logés dans un hôtel appartenant à l’oncle de Gabriel. Prix de la nuit : 315 SDG (79 €). Il paraît que c’est un rabais, et qu’ailleurs c’est beaucoup plus cher. Betram me dit qu’il n’y a pas de place pour des bureaux dans les bâtiments existants à Lologo. Etant donné le prix délirant des locations dans la région (entre 4000€ et 10 000€/mois pour deux pièces, selon la proximité avec Juba), cela n’aurait pas de sens de louer comme SVDP le fait à Khartoum. L’achat d’un terrain de 400 m2 reviendrait à 3000€. Pour construire ensuite, il faudrait compter environ 16 000 €.

5 En temps voulu, la création d’un National Council devra se faire via une demande de SVDP Khartoum et le coordinateur en Afrique (Group 2).

Un de nos garçons dans sa chambre à Dar Juan Matha

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LES DEUX FERMES POUR ADOLESCENTS (À GEBEL AWLIA) Les deux fermes, à une heure de Khartoum, hébergent 232 jeunes (121 à Dar Juan Matha et 111 à Gebel Awlia I). Les 6 ballons de foot offerts par la Trésorière d’ASASE, Florence Rivollet, sont immédiatement l’occasion pour les jeunes de montrer leur habileté en jonglages6… 1) Les progrès constatés J’ai constaté avec joie toutes les améliorations réalisées depuis mon dernier passage il y a un an. La plupart des mesures que nous avions demandées ont été appliquées, ce qui a pour résultat essentiel d’améliorer la vie quotidienne des adolescents dont nous avons la charge. Mais ces changements n’étaient pas du luxe, comme vous allez le constater si vous ne vous souvenez pas de mon rapport l’année dernière. Encadrement - L’année dernière, Wol était responsable des deux fermes à la fois. Il dirige à présent Dar Juan Matha, tandis que Khamis (l’ancien directeur de la ferme Haj Youssif) est à la tête de Gebel Awlia I. John loue le dynamisme de Khamis, qui me fait effectivement bonne impression.

- L’an passé, il y avait, par ferme, un travailleur social. Ils sont maintenant 5, dont une femme. Ils font un tournus, pour être au moins toujours deux par ferme. Ils disposent de deux chambres dans chaque ferme. Chacun s’occupe plus particulièrement d’environ 25 enfants. Nous avons reparlé de la nécessité absolue du contrôle de la présence de chaque adolescent, chaque soir, par un appel à une heure déterminée.

- Les jeunes bénéficient maintenant des services d’un entraîneur sportif.

6 En tout, 7 ballons ont été offerts, avec une contribution également d’ASASE. Le foyer pour garçon Ferdinand en a reçu un. Etant donné les terrains en dur sur lesquels ils sont utilisés, ce sont des ballons de la meilleure qualité qui ont été choisis par les équipes de SVDP. Je suis tout de même effaré par leur prix (environ 50€ pièce).

Khamis (3ème en partant de la droite), les travailleurs sociaux de Gebel Awlia I et le responsable de la formation prof. (training rouge)

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Infrastructure, maintenance et matériel - L’encadrement dispose d’un téléphone sans fil par ferme (auparavant ils utilisaient, le cas échéant, leurs portables personnels). - Les jeunes sont fiers de leur nouveau bus (en parfait état, équipé de l’air conditionné) qui les transporte à l’école. • A Dar Juan Matha

- Après pratiquement un an de travaux, la ferme est raccordée au réseau électrique. Pour répondre aux exigences de l’Etat liées au statut de ferme, SVDP a dû faire installer un transformateur d’une puissance d’environ 2000 KW. A l’extérieur de l’enceinte des fermes, 7 poteaux électriques ont dû être érigé sur plus de 100 mètres.

Rien que les poteaux ont coûté 22 000 SDG (5850 €). - Une annexe aux douches a été construite portant leur nombre de 10 à 20. - Le réfectoire (ci-contre) a été repeint et les vitres brisées ont été remplacées. - L’année dernière, les jeunes ne disposaient d’aucune aire de jeu. Ils ont à présent un terrain de basket (avec un ballon7… !). Voir la photo page 9.

7 Ceci dit, le ballon avait besoin d’être gonflé et apparemment ils n’avaient plus de pompes, alors qu’ils en avaient reçu plusieurs il n’y a pas si longtemps…

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- Deux nouvelles salles ont été créées dans les locaux existants : o une salle de formation informatique, avec 10 ordinateurs (dont j’ai vérifié le bon fonctionnement et l’équipement en logiciels). o une bibliothèque avec des livres (une quarantaine) classés par genre. • A Gebel Awlia I - Des nouvelles toilettes ont été construites. - Une terrasse couverte a été aménagée pour faire

office de réfectoire. - Deux salles ont été aménagées en salle TV, l’une avec un lecteur DVD (cf photo ci-dessous), l’autre avec un boitier satellite. Activités agricoles et élevage Dans chaque ferme, à l’écart du reste, il y a 3000 poulets répartis dans deux bâtiments d’élevage. Avec les 2000 têtes de Soba et les 2000 de Haj Youssif, cela fait actuellement un élevage de 10 000 poulets. 2) Les points à améliorer Pour tous les points suivants, un plan d’action incluant devis et délais de réalisation va être demandé aux dirigeants de SVDP. Dans les deux fermes - Les deux assistantes sociales n’ont apparemment aucune formation. C’était des jeunes femmes du coin qui connaissaient bien SVDP, notamment parce que l’une était mère volontaire pour distribuer la nourriture au Baby Feeding. - Les douches sont toujours en nombre insuffisant.

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- Les chambres des jeunes ne disposent pas d’un éclairage suffisant. En sus des néons, nous suggérons la pose de spots. - La formation professionnelle a été en quasi-sommeil depuis deux ans. J’ai rencontré la personne qui est en charge de cette activité pour les deux fermes. Les cours devraient reprendre dès janvier. A suivre. A Dar Juan Matha - Le mur de la nouvelle construction des douches (ci-contre) est déjà fissuré. - Manque un lecteur DVD (l’achat avait été reporté du fait des problèmes d’électricité), et il n’y a pas de vraie salle TV : le poste est actuellement dans une des chambres des travailleurs sociaux, et ils le sortent à l’occasion, sachant le câble de l’antenne parabolique est trop court. - La bibliothèque ne semble pas accessible librement (fermée à clé). Activités agricoles et élevage - La situation est meilleure qu’il y a un an, mais évidemment pour Ian, qui n’était pas revenu depuis 2007, elle est décevante : plus d’élevage bovin, surface à moitié exploitée seulement, faute d’irrigation suffisante. - Actuellement, pour tuer les 10 000 poulets à la main, il faut le concours de 30 personnes pendant une nuit (ça doit être un sacré carnage !). Une machine pour les tuer est demandée.

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LES FOYERS POUR FILLES En mai dernier, les parents nourriciers de tous les foyers ont donné leur démission en bloc pour migrer au Sud-Soudan. Du jour au lendemain, il a fallu assurer une présence adulte dans les foyers (Gabriel et d’autres salariés ont dû assurer l’intérim), trouver d’autres parents, réorganiser l’affectation des enfants dans les foyers etc… Les nouveaux parents des foyers pour fille ont l’air très bien, très gentils. L’encadrement a été renforcé : en plus de la cuisinière, il y a à présent deux travailleuses sociales par foyer (voir photo ci-contre) et, à Sahafa, une sœur qui les assiste. 1) Le foyer Sahafa Ce foyer est situé à Khartoum même.

Il héberge 17 filles, dont 4 universitaires. Toutes les filles que j’avais vues l’année dernière dans ce foyer sont parties dans le Sud rejoindre ce qui leur restait de famille ou connaissances. Leur rapatriement a été supervisé par SVDP. Le père était instituteur dans une école qui a fermé au moment du départ de milliers de Sudistes l’année dernière. Son expérience ne peut qu’être profitable à nos protégées ! De plus, contrairement aux parents précédents, et conformément à notre demande, ce couple n’a qu’un enfant, ce qui garantit une utilisation plus cohérente des fonds alloués. Le foyer a été agrandi (un étage de plus). Il y a une sorte de salle de séjour avec une télé, et un ordinateur. Sur le toit, une grande terrasse d’environ 80 m2, est le seul endroit où les filles disposent vraiment d’un espace de loisirs. Sur les bords de cette terrasse sont disposés des lits. Les

filles peuvent y apporter leur matelas pour y dormir à la belle étoile quand il fait chaud.

Lubna Saïd, 19 ans, Dernière année du secondaire

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Les cadeaux offerts par Florence (des bijoux « fantaisie ») et par mes filles (idem) sont distribués. Les filles sont ravies, et il faut veiller à ce qu’elle n’en prenne qu’un chacune, pour en laisser aux filles du foyer Ed Hussein. Je prends des photos et filme, interviewant quelques filles. Tous ces documents audiovisuels seront bientôt en ligne sur le nouveau site d’ASASE en préparation. Une fille qui est à l’Université vient me voir pour me demander une aide financière pour faire un stage à l’étranger en Europe. Je lui dis que la vocation du programme n’est pas d’aider les bénéficiaires au-delà du diplôme d’étude secondaire, qu’elle fait partie des exceptions à cette règle, mais qu’il est préférable qu’elle et les quelques universitaires que SVDP soutient encore, comptent dorénavant sur elles-mêmes. A ce sujet, une partie des filles inscrites à l’Université sont à présent logées dans des auberges de jeunesse. Elles reçoivent une aide financière mensuelle de SVDP. Je demande au personnel d’encadrement d’assurer dorénavant, tous les trimestres,

une correspondance avec une famille qui finance généreusement ce foyer depuis deux ans déjà, et qui a renouvelé son aide pour 2012. Chaque fille va écrire librement un petit mot à la main, en arabe. Ce courrier sera envoyé par la poste, avec sa traduction en anglais. La première correspondance, écrite à Noël, a été envoyée début janvier aux bienfaiteurs. 2) Le foyer Ed Hussein Ce foyer, plus excentré (à Soba, à une demi-heure de Khartoum), regroupe 19 filles, dont une universitaire. Nous rencontrons Monica (ci-contre), 16 ans, qui avait dû être emmenée à l’hôpital quelques jours auparavant suite à un épisode de paralysie intégrale. Quand nous la rencontrons, elle a une jambe paralysée et totalement insensible. Elle dit avoir l’a malaria, mais cela n’a rien à voir. Elle doit être emmenée chez un autre médecin. C’est une des deux filles confiées par des sœurs en juin. Elle a l’air très intelligente et parle bien anglais (ce qui est rare).

Achol Obej, 13 ans, P5 et Ferida Zacharia, 16 ans, dernière année de secondaire

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Deux jours plus tard, nous serons rassuré par le neveu de Kamal, Peter Tadros, Vice-Président de SVDP Khartoum et gynécologue de métier, qui diagnostique immédiatement le syndrome de Gillain-Barré8, une maladie virale pour laquelle il n’y a pas de traitement (à part les traitements symptomatiques), ni de rechute. Monica va se remettre toute seule en trois à cinq semaines. Les parents nourriciers ont quatre enfants. Les bâtiments ont également été rénovés. Il y a deux téléviseurs. Mais les chambres manquent cruellement de meubles de rangement. Les filles gardent leurs affaires dans des valises ! A notre demande, John nous a fait un devis pour des placards pour les 19 filles : environ 1800€ (pour le foyer Sahafa : 1600€). De plus, ici aussi, l’éclairage des chambres, au néon, nous paraît insuffisant. Nous demandons également que soit présenté un devis pour l’achat et la pose de spots dans chaque chambre.

8 Egalement nommé polynévrite aiguë idiopathique et paralysie ascendante de Landry : maladie inflammatoire des nerfs périphériques, situés en dehors du cerveau et de la moelle épinière.

Asongaga Futur Adam, 16 ans, avant-dernière année de secondaire (Sahafa Home)

Elisabeth Lino Sems, 15 ans, dernière année de primaire (Sahafa Home)

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LES ACTIVITÉS GÉNÉRATRICES DE REVENUS 1) Le terrain agricole de Soba Pas loin du foyer, nous visitons les deux parcelles qui se jouxtent (2ha chacune), et qui sont exploitées tour à tour pour ne pas épuiser les sols. Comme dans les fermes de Gebel Awlia (dont on voit les champs cultivés en arrière-plan de la photo ci-contre), on y cultive du sorghum bicolore, appelé « Sudan grass », pour produire du fourrage. Il faut 70 jours entre les semailles et la récolte, auxquels il faut ajouter un mois de préparation ; on peut donc escompter 4 cycles par an, si tout va bien (pas de problème d’irrigation etc…) Un cycle dans cette ferme rapporte 12 000 SDG, soit un bénéfice net de 10 000 SDG, sur lesquels 4000 SDG sont réinvestis. Théoriquement, chaque parcelle devrait rapporter 6000 SDG x 4 = 12 000 SDG (3200€) par an. Cette année, 7000 SDG (1861 €) ont été utilisés pour acheter 400 arbustes pour clôturer chaque parcelle, comme cela a été rendu obligatoire par le gouvernement. Ce n’est donc pas une activité génératrice de revenus substantiels. Sa gestion ne semble pas optimale. 2) La production de poulets Je n’ai visité que l’unité de production de Gebel Awlia. C’est Maria qui dirige cette activité. A part elle, le personnel est constitué de 3 personnes qui tournent pour garder l’unité de production 24/24. Le « cheptel » a augmenté progressivement (2000, 4000, 6000) jusqu’à atteindre 10 000 poulets il y a deux mois. Le cycle de production est de 45 jours. On a eu 7 cycles depuis le début du projet (plus d’un an). On est actuellement dans le deuxième cycle de 10000 (il y a donc déjà une vente de 10 000 poulets).

Gebel Awlia I

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Le poids moyen d’un poulet au moment de la vente est de 1,3 kg. En moyenne actuellement, 13 tonnes de poulets sont vendues par cycle, à un seul acheteur, au plus offrant. Le prix de vente est instable. 200 à 250 kg sont distribués aux enfants de nos programmes. A Gebel Awlia, ils n’ont qu’un frigo. Sur l’ensemble des sites de production, le bénéfice net moyen par cycle de 45 jours se situe entre 20 000 (5 300€) et 30 000 SGD (8 000 €). Le bénéfice annuel devrait être de 43 000 € minimum.

Les deux unités de production de poulets près des fermes de Gebel Awlia

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LE COMBONI HEALTH CENTER (À HAJ YOUSSIF) C’est ma première visite de cette clinique Je n’avais jamais visité ce centre, qui a été géré par l’Eglise jusqu’en 2007. Il accueille environ 30 patients par jour. L’équipe est constituée d’une vingtaine de personnes, dont 4 médecins, une infirmière, trois sœurs (nous rencontrons l’une d’entre elles, qui s’occupe de la pharmacie), deux laborantines, des conseillers médicaux pour les femmes enceintes, pour la tuberculose, un assistant social pour le Sida, et du personnel administratif… Nous avons visité : - une salle d’attente avec trois lits ; - la consultation HIV où une assistante sociale accueille, diagnostique, conseille et oriente une centaine de patients par an ; - la vaccination (bébés avant 9 mois) ; - la consultation obstétrique, - la nutrition (deux jours par semaine) - l’ophtalmologie ; - le cabinet dentaire ; - le laboratoire ; - la salle pour les opérations bénignes. Tout est propre, très bien tenu, spacieux, aéré. L’équipement me paraît rudimentaire : rien de sophistiqué. Nous leur demandons quels sont leurs besoins : - les bâtiments, construits en 1982, ont besoin de maintenance (les murs se fissurent) ; - une machine à rayons X ;

- des instruments pour la consultation d’ophtalmologie ; - une machine d’analyse de sang pour le laboratoire (pour accélérer le processus).

Un ophtalmologue

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Un centre pour qui ? Je suis frappé de voir que la clientèle n’est clairement pas constituée que de pauvres. C’est confirmé par le directeur qui nous dit que les gens préfèrent venir dans ce centre, quel que soit leur niveau social : « Ils ont confiance. C’est plus propre qu’ailleurs » Je pense aussi que le prix de la consultation (5 SDG, sans médicament) doit largement jouer, si l’on considère qu’il est 20 à 40 fois (selon généraliste ou spécialiste) moins élevé que celui pratiqué par les médecins ou les hôpitaux en ville !! Sans compter que les consultations, le suivi et les médicaments pour traiter la tuberculose, le sida, et la malaria sont ici totalement gratuits, du fait d’un accord avec le Ministère de la Santé. Le personnel et les analyses, qui ne sont pas prises en charge par l’Etat, sont payés par SVDP. La population du quartier n’est plus la même qu’à la création du centre il y a 30 ans. Les gens qui avaient les moyens ont acheté des logements. Les plus pauvres sont partis en « banlieue ».

Conclusion Contrairement aux 3 autres cliniques permanentes gérées par SVDP, et aux dispensaires ouverts le vendredi, ce centre médical ne semble plus fréquenté par les populations les plus défavorisées de Khartoum et environs. Dans la situation générale, ni ASASE ni SVDP UK ne sont prêts à financer des investissements supplémentaires pour cette clinique. Pour Ian, il y a des ONG pour ce genre de besoins en capitaux. SVDP UK est plus pour financer les dépenses courantes, les consommables etc… Quant à ASASE, il me semble que nous n’avons pas vraiment vocation à soutenir ce centre. A moins d’en faire un centre de profit, en multipliant par 10 le prix de la consultation. Mais SVDP n’est pas libre d’augmenter significativement les tarifs sans que le centre soit reclassé par l’Etat en établissement de rang supérieur, ce qui nécessiterait au préalable de répondre grosso modo à tous les besoins exprimés supra.

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LE CENTRE D’ALIMENTATION POUR PETITS ENFANTS SQUARE 8 (À OMDURMAN OUEST) Les besoins de ce programme sont toujours importants, du fait de l’afflux de nouveaux déplacés issus des régions en conflit depuis peu (Abyei et Monts Nouba dans l’Etat du Sud Kordofan). En 2011, ce sont des dizaines de milliers de personnes qui ont dû fuir leur région d’habitation. Plus de 400 enfants nous accueillent en chantant. On leur distribue des fayots, puis, pour les plus petits, du lait. Je filme. Je provoque une émeute en distribuant des jouets donnés par mes filles9.

9 Avec l’accord de John évidemment. Beaucoup des jouets étaient destinés à des enfants de moins de trois ans (nous n’en avons pas dans nos foyers).

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LA PRISON POUR FEMMES (À OMDURMAN) C’est Emile Mokarez qui a été mon guide. Emile est Trésorier du Bureau de SVDP Khartoum, dont il est un des plus anciens membres. Son fils Albert, comptable de formation, gère la trésorerie de SVDP. C’est ma première visite de cette prison La seule prison pour femmes de Khartoum compte environ 1000 détenues et 250 enfants de moins de deux ans. Les « séjours » vont de 2 jours à 20 ans. Mais 70 % des prisonnières sont là pour des peines liées à la fabrication ou la vente d’alcool (la condamnation est la même : 2 semaines à trois mois, en fonction de la récidive ou pas…). La directrice de la prison, qui est là depuis 4 ans, nous parle des soi-disant programmes de réhabilitation (formation professionnelle…) et du personnel médical : 3 médecins généralistes, 3 sage-femmes. Je visite la chapelle (œuvre de SVDP) et la clinique : des prisonnières attendent à l’extérieur sur des bancs. Il y a une salle de consultation gynécologique, un laboratoire, une salle pour un dentiste (ils ont le matériel depuis deux ans, mais toujours pas de médecin), une salle avec les médicaments. De nombreuses armoires sont estampillées Saint-Vincent de Paul. Honnêtement, je trouve ça accueillant, bien tenu. Le personnel a l’air gentil. Les apports de SVDP - du personnel : deux docteurs (samedi une pédiatre, dimanche une gynécologue), une

laborantine, une sage-femme - des médicaments - chaque mois de la nourriture pour les enfants (un repas quotidien sur les 4 assuré par

SVDP : sucre, fayots, lentilles, riz, lait) - du service : quand par exemple, ils ont les eaux d’évacuation qui débordent, SVDP fournit

des pompes ; ou quand un chrétien meurt, SVDP assure les services funéraires. Ils sont très satisfaits d’Emile, louent sa disponibilité et sa rapidité de réaction. SVDP n’est pas la seule ONG à intervenir dans cette prison (il y en a 4 ou 5 autres), mais sa collaboration est une des plus anciennes (25 ans).

La chapelle de la prison

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ORGANISATION INTERNE, MANAGEMENT ET STRATÉGIE DE SVDP Préambule Nous nous sommes réunis à plusieurs reprises -Ian, John, Betram et moi - pour améliorer le fonctionnement interne de SVDP et les aider à établir un plan d’action concret et réfléchir aux grandes lignes d’une stratégie à venir. En effet, depuis deux ans des problèmes particuliers compliquent le travail de SVDP, notamment la scission du pays, le départ de Kamal et l’environnement inflationniste. Ces réunions nous ont permis d’identifier plusieurs domaines qui doivent faire l’objet d’une amélioration. Ian et moi avons apprécié l’esprit positif avec lequel ces réunions se sont déroulées, et la réaction constructive de John et Betram : ils n’ont pas attendu notre départ pour nous présenter un document où ils s’engageaient sur les divers points évoqués ensemble et résumés ci-dessous.

Un plan d’action sera élaboré, sur la base duquel la direction de SVDP s’engagera sur les prochains 18 mois. Il comportera des mesures concrètes avec un échéancier de réalisation pour chacune. Les mesures envisagées concernent notamment : 1) La circulation de l’information Sur ce point, les décisions suivantes ont été prises :

- Instituer des procédures visant à améliorer la circulation des informations (comité, réunions régulières avec les responsables sur le terrain etc…).

- Intégrer l’ordinateur comme un outil interne, avec mise en réseau des postes, car

actuellement, seuls 5 employés sont munis d’un ordinateur : Betram, Chol, la comptable

John- Ugo distribue les ballons à Dar Juan Matha

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Mahasin, le directeur des ressources humaines, et Emile. Il est indispensable que John se mette au plus vite à son ordinateur portable, et qu’à terme défini chaque membre du staff administratif en ait un.

2) Le suivi comptable et les rapports financiers Pour améliorer le suivi comptable, le contrôle budgétaire et le reporting financier, nous souhaitons que SVDP se dote d’un logiciel de gestion comptable, et que le personnel soit dûment formé à son utilisation, car actuellement la comptabilité est tenue au moyen de tableurs. Le logiciel pourrait également être installé dans les bureaux d’ASASE à Genève, ce qui permettrait d’accéder aux données directement. Ian est en train d’étudier les modalités d’application concrètes de cette mesure. 3) Le management A ce niveau des décisions importantes ont dû être prises pour seconder John et le décharger des urgences quotidiennes. Il pourra ainsi se concentrer à sa mission de direction, en particulier le management de l’équipe et la représentation externe10. Betram (executive manager) part souvent à Lologo, dans le Sud, pour superviser nos programmes. En son absence, Gabriel le remplace à Khartoum. Gabriel a été nommé à ce poste d’assistant par Kamal pendant l’absence de Betram en Australie il y a un an11. Cette organisation est à revoir, notamment parce que Gabriel ne maîtrise pas suffisamment l’anglais. Pour renforcer le management, il a été décidé d’engager du personnel de direction, soit : - un Directeur financier Il sera en charge également d’établir tous les rapports financiers pour les donateurs. John et Betram ont en tête une femme copte qui travaille à ce poste au sein d’une compagnie importante. Elle parle l’arabe et l’anglais. - un Directeur des programmes John et Betram contactent Ahmed Amir, sur lequel ils partagent un avis très positif et qui venait de signifier son intérêt pour rejoindre SVDP. Il a souvent été sollicité par Kamal pour donner des conseils ou des coups de main. Il est en poste à l’Agence des Nations Unies pour les Réfugiés à Kinsala, mais son contrat se termine fin 2011. Il fait le voyage de Kinsala pour nous rencontrer. Selon John et Betram, il conviendrait parfaitement pour ce poste. Il est fiable et respecté par les gens avec qui il travaille. Ils ont été très satisfaits de la manière dont il a assuré la livraison des containers du matériel de formation professionnelle à Juba (un mois sur un bateau steamer). Il nous dit avoir dirigé des petites équipes d’une dizaine de personnes.

10 Cf notamment le défilé des donateurs en visite d’octobre à décembre 2011. 11 Absence prolongée du fait de l’agression dont Betram a été victime : bras cassé…

Betram avec quelques garçons de Dar Juan Matha

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4) La stratégie globale L’exode des Sudistes suite à la partition du pays a fait perdre 80 salariés en 16 mois à SVDP. L’hémorragie continue et risque de se poursuivre ce printemps. ASASE a déjà déboursé près de 250 000 € en indemnités de départ (94% en 2011) auxquels devraient s’ajouter 58 000 € en ce début d’année 2012 (pour 17 personnes incluses dans le total des 80 ci-dessus). Avant de payer cette dernière somme, ASASE a demandé une liste complète des 120 salariés qui restent, avec date d’embauche, poste, salaire et indemnités à payer en cas de départ à deux dates arbitrairement choisie (avril 2012 et avril 2013). De plus, l’environnement actuel est particulièrement défavorable.

o La crise dans nos pays entraîne une baisse des dons (-16% de dons récoltés par ASASE de 2010 à 2011)

o Le taux de change nous est de plus en plus défavorable (1€ = 3,76 SDG durant mon séjour, mais 3,56 SDG à présent). John a écrit une lettre aux autorités pour demander un taux de change préférentiel.

Notre stratégie à court, moyen et long terme se défini donc en deux axes, qui sont les suivants :

- Réduction des programmes au Nord Soudan Le programme Enfants des rues devraient se réduire de lui-même cette année, avec un tiers d’enfants en moins. Détermination de l’opportunité de conserver le programme de formation professionnelle ? Est-ce que cela a encore un sens de former des adultes qui ne pourront probablement pas travailler au Nord ?

- Développement des programmes au Sud Soudan

Dans un an et demi, deux ans, Betram devra aller définitivement à Lologo pour diriger l’antenne Sud-Soudan de SVDP.

De gauche à d. : Chol, Khamis, et deux travailleurs sociaux à Dar Juan Matha

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REMERCIEMENTS Un grand merci à toute l’équipe de SVDP pour leur accueil si chaleureux et leur disponibilité durant mon séjour. Merci en particulier à John, Betram, Gabriel et James qui ont tenu à venir à l’aéroport à l’arrivée et au départ, perdant ainsi deux nuits de sommeil dont ils auraient eu pourtant bien besoin. Merci à Peter Tadros qui nous a invité à un somptueux déjeuner, avec une quinzaine d’employés et conseillers de SVDP (Dr Ali Siddig Ahmed et Mohammad Rammatalia) au seul hôtel 5 étoiles du Soudan, Al Salam Rotana ! Un petit clin d’œil à « l’œil de Khartoum » qui nous a suivi les deux derniers jours. Cet homme, de la Commission For Voluntary Agencies, l’organe gouvernemental qui contrôle toutes les NGOs, nationales ou internationales, s’est révélé finalement très aimable et très content du travail de SVDP. Merci à tous nos donateurs, sans qui rien ne serait possible !

Patrick Bittar Directeur

Des garçons du programme à Gebel Awlia I