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1 Ministère de l’Écologie, du Développement Durable et de l’Énergie Ministère du Logement et de l’Égalité des Territoires PLAN URBANISME CONSTRUCTION ARCHITECTURE programme de recherche 2014 : « Les sites exceptionnels : quelle contribution au développement local ? » Axe 2 : « Tourisme et protection des sites » Impacts des mesures de préservation des grands sites naturels : RAPPORT SCIENTIFIQUE INTERMEDIAIRE VINCENT VLES (dir) Décembre 2015 © VLES V. (dir), CLARIMONT S., HATT E., BENOS R., PIRIOU J., MOULINIE V., BESSIERE J., TORRENTE P., 2016//Laboratoires CERTOP (UMR 5044 CNRS Université de Toulouse), SET (UMR 5603 CNRS Université de Pau et des Pays de l’Adour), LIEU (EA Université d’Aix-Marseille) et IIAC LAHIC (UMR 8177 CNRS/EHESS)

Rapport scientifique intermé

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Ministère de l’Écologie, du Développement Durable et de l’Énergie Ministère du Logement et de l’Égalité des Territoires

PLAN URBANISME CONSTRUCTION ARCHITECTURE

programme de recherche 2014 : « Les sites exceptionnels : quelle contribution au développement local ? »

Axe2:«Tourismeetprotectiondessites»

Impactsdesmesuresdepréservationdesgrandssitesnaturels:RAPPORTSCIENTIFIQUEINTERMEDIAIRE

VINCENTVLES(dir)Décembre2015

©VLESV.(dir),CLARIMONTS.,HATTE.,BENOSR.,PIRIOUJ.,MOULINIEV.,BESSIEREJ.,TORRENTEP.,2016//LaboratoiresCERTOP(UMR5044CNRSUniversitédeToulouse),SET(UMR5603CNRSUniversitédePauetdesPaysdel’Adour),LIEU(EA

Universitéd’Aix-Marseille)etIIACLAHIC(UMR8177CNRS/EHESS)

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POURDESRAISONSDEVOLUMEDEFICHIER,CETTEVERSIONPROTEGEENECOMPRENDPASLESPHOTOGRAPHIESETSCHEMASDELAVERSIONORIGINALE

PUBLIESOUSLADIRECTIONDEVINCENTVLESETDESYLVIECLARIMONT

LISTEDESAUTEURS:

• REMIBENOS

Maître de conférences de géographie, Département SHS, Institut National ChampollionAlbi/UniversitédeToulouse,UMRGEODE5602CNRS/UniversitéToulouse-JeanJaurès

• JACINTHEBESSIEREMaître de conférences de sociologie, Institut supérieur du Tourisme, de l’Hôtellerie et del’Alimentation,UMRCERTOP5044CNRS/UniversitédeToulouse

• SYLVIECLARIMONTMaîtredeconférencesHDRdegéographie,UniversitédePauetdesPaysdel’Adour,UMRSET5603CNRS/UniversitédePauetdesPaysdel’Adour

• EMELINEHATTMaîtredeconférencesd’aménagementetd’urbanisme,Institutd’urbanismeetd’aménagementrégional,AixMarseilleUniversité,EALIEU889

• VERONIQUEMOULINIEDirectrice de recherche d’ethnologie, Institut interdisciplinaire d’anthropologie ducontemporain-Paris,UMRCNRS/EHESS8177

• JEROMEPIRIOUEnseignant-chercheur et docteur en géographie, ESC de La Rochelle, UMR SET 5603CNRS/UniversitédePauetdesPaysdel’Adour

• PIERRETORRENTEDirecteur Adjoint de l’Institut supérieur du Tourisme, de l’Hôtellerie et de l’Alimentation,UniversitéToulouse-Jean-Jaurès,UMRCERTOP5044CNRS/UniversitédeToulouse

• VINCENTVLESProfesseurdesuniversitésd’aménagementetd’urbanisme, Institut supérieurduTourisme,del’Hôtellerie et de l’Alimentation, Université Toulouse-Jean-Jaurès, UMR CERTOP 5044CNRS/UniversitédeToulouse

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SOMMAIRE(versionoriginale)

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AVERTISSEMENT 4

1.IMPACTSDESMESURESDEPRESERVATIONDESGRANDSSITESNATURELS:LAQUESTIONDERECHERCHE 6

1.1. ÉTATDEL’ARTDELARECHERCHE 91.2. MÉTHODOLOGIE 10

2. TRAVAUXCONDUITSENANNEE1 12

2.1. LARECENSIONDELALITTERATURESCIENTIFIQUEETTECHNIQUESURLATHEMATIQUEAUPRESDECHAQUESITE 122.2. LADESCRIPTIONETL’ANALYSEDUCONTEXTELOCAL 122.3. SEMINAIRESDERECHERCHEINTERNESAL’EQUIPEIMPGSNOUASSOCIANTDESSCIENTIFIQUESEXTERNES 142.4. ENTRETIENSAVECLESELUS,GESTIONNAIRESDESSITESETINSTITUTIONNELS 15

3. LESRESULTATSDESTRAVAUXD’INVESTIGATIONETD’ENQUETEPARSITE:ETATDESLIEUX. 21

3.1. GRANDSITESAINTEVICTOIRE,UNLIEUEXEMPLAIRE? 213.2. PYRENEES-MONTPERDU,UNPROCESSUSDEPRESERVATION,DEVISITEETDEPATRIMONIALISATIONDIFFICILE 463.3. NEOUVIELLE,SITECONVOITEENTREINNOVATION,IMITATIONETRECYCLAGE 893.4. LEPLANDEGESTIONCONCERTEDESZONESHUMIDESDUSITECLASSEDESBOUILLOUSES 1203.5. MASSIFDUCANIGO,DELA«MONTAGNEA4X4»ALADESTINATION«PLEINENATURE» 1383.6. POINTEDURAZENCAPSIZUN 1743.7. DUNEDUPILAT:UNHAUTLIEUALAGESTIONCONTROVERSEE 203

4.CONCLUSIONDURAPPORTD’ENQUETEDEL’ANNEE1ETPROGRAMMEDETRAVAILPOURL’ANNEE2 227

4.1. LESIMPACTSDESACTIONSDEREGULATIONDESFREQUENTATIONS 2274.2. LESIMPACTSDESACTIONSMENEESSURLAQUALITEDEVISITEDESVISITEURSETDEVIEDESHABITANTS 2294.3. LESAPPORTSDESMESURESAUDEVELOPPEMENT 2304.4. L’ARTICULATIONGOUVERNANCE/GESTIONDESCAPACITESDECHARGE 234

BIBLIOGRAPHIEETDOCUMENTSCONSULTESOUCOLLECTES 236

TABLEDESMATIERES 253

TABLEDESFIGURES,TABLEAUXETILLUSTRATIONS 257

ANNEXES 262

1. GRILLED’ENTRETIENAUPRESDESELUS,DESGESTIONNAIRES,DESTECHNICIENS 2622. ENQUETESVISITEURS[SAINTE-VICTOIRE,GAVARNIE,DUNEDUPILAT] 2643. DUNEDUPILAT:DEPLIANTD’INFORMATIONSURLAMAITRISEFONCIEREDUSITEETTRACTDIFFUSEPARL’ADDUFUAUCOURS

DUPRINTEMPS2015 265

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Avertissement

Commeprévudanslaréponseàl’appelàprojet,lapremièreannéedelarechercherestituéeiciviseàdresserunétatdeslieuxdesimpactsdessystèmesdegestiondesfluxdanslessitesexceptionnels.

Cettemiseàplatpermettra,ensecondeannée,unemiseencommundesexpériencesmobilisablessur leplan théorique. L’analyse comparéedes7 casétudiésdébouchera surunbilan raisonnédesimpactsdessolutionschoisiesparlesgrandssitesnaturelspourarticulerfréquentationetprotection.

En2016,cebilandéboucheradoncsurunecomparaisondesméthodesetdesrésultatsobtenus,deleurs effets négatifs et positifs, unemise en perspective théorique dans le champ expérimentalinternational et la réalisation d’un «carnet d’expériences» en forme de bilan de «bonnespratiques»ou«d’expériencesremarquables»(réponseàl’appelàprojet,2014:3,7,9et16).

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En période de transition touristique1, la gestion des sites classés ou inscrits bénéficiant d’une granderenommée cherche à combiner la protection (interdiction générale de modifier l’aspect des lieux) et lavalorisation,essentielleà l’économie touristique,dansuncontextesouventcontraint (pressions localespoururbaniserouéquiperlesite,contestationdelaprotectiondelapartdecertainsacteurs,reculdel’agricultureetprogressionspontanéede lavégétationmodifiant substantiellement l’aspectdes lieux,etc.). La recherched’unemeilleurearticulationentre lagestiondes flux, leurs retombéeset lanécessaireouvertureauxpublicss’installeprogressivementpartout.

LeprogrammederechercheImpactsdesmesuresdepréservationdesgrandssitesnaturelsviseàactualiseretcompléter lesconnaissancesen lamatièreenquestionnant l’application,entermesdegouvernance,de lanotionde«capacitédecharge»à lagestiondegrandssitespatrimoniauxnaturels.Lesgrandssitesnaturelsontunecapacitéd’accueillimitée.L’atteinteouledépassementduseuildecapacitéd’accueilmaximaldecesterritoiresestlesignald’unesurfréquentation.C’estparcequ’ildéterminelesimpactsnégatifsdutourismedemasse sur ces milieux (états de saturation, de dénaturation), qu’il importe d’envisager ce seuil dans unedémarche de tourisme responsable. Les sites naturels exceptionnels sont donc amenés à distinguer lesfréquentationsquiprovoquentunemodificationirrémédiable(seuilderupture)decellesquisontréversibles(chargemaximale,optimumdegouvernance).

Lepremierobjectifdeceprogrammederechercheestdemieuxconnaîtrelesformesdelagouvernance—etnotamment l’anticipationdansdescontextesvariésdeprisededécisionpar lesdécideurs—delagestiondes flux (fréquentationtouristique)etde leurs retombéeséconomiques,sociales,environnementales:oùenest-on dans la mise en œuvre des expériences d’optimisation des flux de sites naturels exceptionnels enFrance?

Lesecondobjectifviseàanalyser,enrecourantàdesenquêtes,lafaçondontleshabitantsd’unepartetlesvisiteurs d’autre part «vivent» un grand site, un site exceptionnel, et les transformations symboliques etpratiques liéesà leur labellisation;cetobjectifchercheaussiàconfronter lesperceptionshabitantesàcellesdesvisiteurs:commentlesmesuresderégulationdesfluxsont-ellesvécuesparlesvisiteursetleshabitantsdeceshautslieux?

Le troisième objectif, enfin, souhaite contribuer à la connaissance des impacts économiques, sociaux,politiques, environnementaux desméthodes de gestion des fluxmises enœuvre et souvent associées à lalabellisation.

1Lanotiondetransitiontouristiquerecouvrelesinitiativesdelasociétécivilequisesaisissentdesproblèmesdeslieuxsoumisaumodèletouristique productiviste, où tout paraît parfois compromis, et qui remettent aumoins partiellement en question la pertinence de cemodèle.Lestravauxderecherchesurlatransitiontouristiqueévaluentainsilesforcesetlarésiliencequipointentdeplusenplusdanslessystèmesproductifslocauxenmatièredetourismeetdepatrimoine(naturel,culturel);ilsidentifientleschangementsquitouchenttroisdynamiquessocialesetterritorialesdansdeslieuxsouventdisputésouconvoités: ladynamiquedesprocessusdeterritorialisation,celledel’adaptationauchangement,celledelagouvernancedesdestinations(Vlès,Bourdeau,2015).

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1. Impactsdesmesuresdepréservationdes grands sitesnaturels:laquestionderecherche

Le tourisme et la protection des grands sites naturels entretiennent des relations pour le moinsambivalentes.Onnesauraitoublierque le tourismeasouventété–etestparfoisencore–à l’originede laprotectionetde la transformationdecesterritoires,que lespremièresassociationsdetourisme, fédératives(Touring Club de France, Club Alpin Français) ou locales (syndicats d’initiative, groupements deprofessionnels…)ontjouéunrôlemajeurdansl’institutionnalisationdesrèglesdeprotectionpourdesespacesnaturels et de hauts lieux remarquables (Gauchon, 2002; Larrère C. et R., Lizet et Berlan-Barqué, 2009).Cependant, le tourisme va rapidement apparaître comme une activité consommatrice d’espace etperturbatricepourlesécosystèmesnaturels.LadémocratisationetlamassificationdesloisirsobservéesdurantlesTrenteGlorieusessesontaccompagnéesd’opérationsd’accueilsouventdestructricesdesmilieux.Certainesont même été développées au mépris des classements antérieurs: les exemples sont nombreux decommissionsdépartementalesdessitesayantacceptél’urbanisationd’espacesnaturelsclassésencontrepartied’une «intégration paysagère» des installations ou de l’adoption de mesures – souvent vaines —d’accompagnementde l’urbanisation (Milian,2007).Dansnossociétésurbainesetmobiles, l’avènementdesloisirsaconduitàaugmenterlafréquentationdecessitesexceptionnelsqu’ilfautimpérativementvoir,visiteretparcourir,danslacontinuitédu«sight-seeing»desaristocratesanglaiseffectuantle«GrandTour»auXIXe

siècle(Boyer,1999).

Ledéveloppementtouristique,peuoumalcontrôlé,acontribuéà ladégradationdecesespacesnaturelsfragiles,amplementrelatéedanslalittératurescientifique(Barabé,1988;Deprest,1997;Mounet,NicolletetRocheblave,2000;Lequin,2001;AtoutFrance,2013).Pourlesplusmenacésd’entreeux,l’Étatestintervenupourfavoriserlarestaurationdusiteetinciteràlamiseenplaced’unepolitiquelocaledegestiondesflux.Sansremettreencauseleprincipedel’accueildupublicdanslesespacesnaturels,largementadmisenFranceoùlesréservesintégralessontraresetd’extensionlimitée,l’Étattentedediffuserunephilosophiedelaconservationparfois mal comprise et mal acceptée par les élus locaux ou les habitants. La contestation récente de laréforme du statut des parcs nationaux (allant pourtant a priori dans le sens des intérêts des collectivitésterritoriales,avec l’élargissementde leurreprésentationauseindesconseilsd’administrationdesparcset lamiseenplacedechartesdeterritoire) témoignede l’hostilitédenombreuxélusà l’égardd’unepolitiquedeprotection jugée confiscatoire et contraire aux intérêts économiques locaux (Clarimont, 2013). À l’heure dudéveloppement durable, la question de la conciliation entre la protection des milieux et la fréquentationtouristiquedemeureposée.

Ungrandsitenatureln’estpasunespaceordinaire.C’estunespaceremarquable,reconnucommetelparl’Étatàtraversleclassement(issudelaloide1906organisantlaprotectiondessitesetmonumentsnaturelsdecaractèreartistiquedontlesobjectifssontélargisparlaloide1930«àlaprotectiondesmonumentsnaturelsetdessitesdecaractèreartistique,historique, scientifique, légendaireoupittoresque»),voire la labellisation«GrandsitedeFrance».Cettedernière,auxoriginesassezcomplexes(DuvaletGauchon,2007),couronneleprocessusde réhabilitationd’unsiteclassé reconnud’intérêtnational,voiremondial,etmenédans lecadred’uneOpérationGrandSite (OGS)dont lesprémices remontentauxannées1970. L’uncomme l’autreviseàprotégerunespacedont ladimensionpatrimonialeestreconnue,envuedesatransmissionauxgénérationsfutures.Cependant,commentorganiserlavisitedeceshautslieuxpatrimoniauxtoutenconservant«l’espritdes lieux»? La gestion des sites classés bénéficiant d’une forte notoriété a été assez vite confrontée à lanécessitédecombinerlaprotection(interdictiongénéraledemodifier l’aspectdeslieux)et lavalorisationdeces lieuxsinguliers,essentielsà l’économietouristiquedansuncontextedeplusenpluscontraint (pressions

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localespoururbaniserouéquiperlesite,contestationdelaprotectiondelapartdecertainsacteurs,reculdel’agriculture et progression spontanée de la végétationmodifiant substantiellement l’aspect des lieux, etc.).L’octroi du label «Grand Site de France» (créé en 2002 et intégré au Code de l’environnement depuis sareconnaissance par la loi Grenelle2, du 12 juillet 2012) est parfois venu récompenser des démarchespartenarialesdegestiondessites,intégrantcesdeuxvolets.Lelabelestattribuépouruneduréedéterminéeàla structure gestionnaire du site; il est réservé à un site «classé de grande notoriété et de fortefréquentation»;sonattributionestsubordonnéeàla«miseenœuvred’unprojetdepréservation,degestionetdemiseenvaleurdusite,répondantauxprincipesdudéveloppementdurable»(Codedel’environnement,articleL341-15-1).

Ladimensiontouristiqueconstituedoncuncritèredéterminantdelabellisation.Cependant,letourismelui-mêmeestdésormaismarquépardestensionsreflétantunchangementdeparadigme.Lamiseentourismedespatrimoinesnaturelsmetaujourdesenjeuxpolitiquesetéconomiquesautourdeslieuxconvoités.Danscetteoptiqueseposedefaçonconjointeàl’innovationtechnologiqueoutouristiquedegestiondesfluxetdeleursretombées économiques, sociales, environnementales, le problème de la gouvernance et notamment del’anticipationdansdescontextesvariésdeprisededécisionparlesdécideurs.

Aujourd’hui,laconcurrenceaccrueentrecesdestinations,lesdifficultésdesinitiativeslocalesàanticiperleschangements qui s’annoncent, les déficits chroniques d’exploitation de l’ouverture aux publics des espacesnaturelssensibles(Vles,2014),lesnouvellesattentesetpratiquesdesclientèles,laquêted’universdeséjoursplus esthétiques et plus respectueux de l’environnement, l’émergence forte d’un tourismede proximité quitouchedorénavantl’espaceduquotidien,d’untourisme«expérientiel»(àlarecherchedesens,d’émotion,departicipation) et d’un tourisme «responsable» — écotourisme (Lequin, 2001), «slow-tourisme» (Dubois,2009) — semblent confirmer l’hypothèse selon laquelle la sphère sociale de la production et de laconsommation touristiquesmondiales est entrée en transition2. L’idée d’unemeilleure articulation entre lagestion des flux, leurs retombées et la nécessaire ouverture aux publics s’installe progressivement. Maiscommentl’anticipationquipourraitlaporterest-ellemobilisée?

Pourrépondreàcettequestionderecherche,onpartdupostulatselonlequellesgrandssitesnaturelsont,pardéfinition,unecapacitéd’accueillimitée.Cettecapacitécorrespondauniveaudefréquentationtouristiquequ’unsitepeutsupportersansquesesqualitéspropres, l’intérêtde lavisiteet lebien-êtredeseshabitantssoient affectés. Les grands sites naturels parce qu’ils sont emblématiques, très connus, très attractifsrencontrentgénéralementdesniveauxde fréquentationextrêmement importants. Ils subissent souventunefréquentation difficile à gérer et peu régulée. Le calcul de la capacité de charge dépend à la fois desappréciationsportéesparlesdifférentsacteursdulieu(gestionnaires,scientifiques,tutellesethabitants),desagestionetdesvisiteurs:ilimpliqueàlafoisdesmesuresdemodificationdesmilieuxmobilisantlessciencesdelanatureetdesenquêtesdesatisfactionetdeperceptionmobilisantlessciencessociales.Lacapacitéd’accueil(entermesdesciencesdutourisme,ilfaudraitdire«capacitédecharge»plutôtque«capacitéd’accueil»,carletermecapacitéd’accueilesttraditionnellementréservéàlacapacitéd’hébergement)résultedel’interactionde différents facteurs et associe des critères objectifs (taille, capacité des aménagements, résistances desmilieux, fragilitésdu site, facultésde régénérationécologique, coûtsetéquilibresdegestion)etdes critèressensibles (esprit des lieux, identité du site, agrément de la visite). Elle dépend également beaucoup de lavolontéetdessavoir-fairedelagouvernancelocale.Elleestenfinfonctiondesobjectifsdegestionetd’usagefaceàlacroissanceconstantedunombredetouristesdansceshautslieuxquisoulèvelaproblématiquedeleursurfréquentation. Une question sous-tend donc cette réflexion: comment est définie une destinationsurfréquentée?

2Voirnoten°1

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L’atteinteouledépassementduseuildecapacitédecharge(«capacitéd’accueilmaximal»)d’unterritoireest lesignald’une«surfréquentation» (Unioneuropéenne,2001).Lenombredetouristesestgénéralementutilisécommemesurepourévaluerleniveaudefréquentationtemporelleetspatiale.Lebesoindeconnaîtreune limite – un seuil – dans l’activité touristique des lieux est souvent présent dans les priorités desgestionnaires. Ce seuil (nommé «capacité de charge maximale touristique» [carrying capacity] prend encompte de très nombreux facteurs différents dans chaque lieu et pour chaque temporalité. Laméthode decalcul de ce seuil est extrêmement complexe et fait l’objet d’un processus de planification locale, lorsqu’ilexiste (rarement). Pourquoi est-il important de l’entreprendre dans une démarche de «tourismeresponsable»? Parce qu’il détermine les impacts négatifs du tourisme demasse sur cesmilieux: états desaturation (impossibilité d’accueil supplémentaire), dénaturation (perte des caractères originaux qui avaientattirélespremiersvisiteurs=>destructiondesmilieuxnaturelsethumains).D’oùlanécessitéd’évaluer,pourbien gérer ces sites naturels exceptionnels, la charge maximale que peut supporter le site. Définie parl’Organisationmondialedutourismecomme«lenombremaximumdepersonnesquipeuventserendredansune destination touristique au même moment sans provoquer la destruction de l’environnement physique,économique et socioculturel et une diminution inacceptable de la satisfaction des visiteurs», la capacité decharge est une limite, fluctuante entre un optimum et un maximum. Cette limite est d’abord un seuil decapacité qui correspondà la limite d’élasticité: seuil en deçà duquel le lieu ne sera pas affecté demanièreirrémédiable, il reviendraàsa formeantérieures’il yaarrêtouunediminutionde la fréquentation(doncsamaîtriseparlesgestionnairesdulieu);c’estdoncunoptimumdegouvernance.C’estenfinunseuildecapacitédechargequ’ilnefautabsolumentpasatteindre,carilcorrespondàunseuilderupture:seuilàpartirduquelledéclin est inéluctable et irréversible s’il est dépassé, même après arrêt de la fréquentation. Les sitesexceptionnels sont ou seront donc amenés à distinguer les fréquentations qui provoquent unemodificationirrémédiablede cellesqui sont réversibles. La connaissancedu cyclede viede ces lieux touristiques s’avèreainsinécessaire.Elle impliquequ’onpuissevérifier:1/que l’impactestou seraproportionnelaunombredetouristes,àlafréquentation(cequiresteàchaquefoisàdémontrer);2/lalimite(quidoitêtrequantifiée)au-delàdelaquelleilyaurairréversibilité.

Entermesdeméthodes, lesgestionnairesdessitessontdoncplacésdanslanécessitédedistingueretdeconnaîtredans ces sitesdeux facteurs trèsdifférentsdans leurmoded’évaluation (éléments variables liés àchaque lieu,monument,etc.):1/lacapacitéd’accueildusiteàdifférentespériodes(offreproposée,nombrede lits disponibles = capacité physique d’accueil x fréquentations [flux, fréquence et longueurs des files]);2/leur aptitude environnementale, sociale, politique à soutenir cette fréquentation (au sens dumot anglo-saxon«sustainable»)sansdéformationniimpactnégatifpourlesmilieuxetlespopulations(ManadisRoberts,1997;Newsome,2001,Cocossis&al.,2001;Vlès,2016).

Pourévaluer lesformesdemiseenœuvredecettegestion,onachoisidesélectionnerunéchantillondehautslieuxdestatutjuridiquevarié,placésàdifférentsstadesdeleurgestion(lesunsdébutantl’entrepriseoumêmeenvisageantseulementde l’entreprendre, lesautresdisposantdedeuxdécenniesd’expérience),maissusceptiblesde faireéventuellement l’objetd’uneopérationemblématiquede labellisation (OGS, inscriptionsur la liste UNESCO du patrimoine mondial, etc.), des sites vulnérables dans lesquels la fréquentationtouristiquegénèreraitdesretombéeséconomiquessignificativespourleterritoire(Vourc’h,1999;Vourc’hetNatali,2000).Larechercheviseàvoircomment,danscessites,lesgestionnairesontcherchéàlespréserveroulesrestaurerafindeleurpermettrederetrouverunétatprochedel’étatinitialtoutenmettantenplaceuneformedegestionoptimaledespratiquesliéesàlafréquentation.Cesentreprisesde«restaurationdel’espritdeslieux»sontcenséespermettred’améliorerlesconditionsd’ouvertureaupublic,laqualitédelavisite,doncd’optimiser larelationprotection-développementet leursretombéeséconomiques locales.Larechercheviseégalement à évaluer l’efficacité des mesures mises en œuvre, l’impact des actions visant à réduirel’accessibilitéausitesurleplanéconomique,surleplansocial,politiqueetenvironnementaletsurlanotoriété

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et l’accessibilité au site: quels regards visiteurs et habitants portent-ils sur les restrictions d’accessibilitétouristique?

1.1. Étatdel’artdelarecherche

Au début des années1980, plus de 2000 documents ont été publiés dans le monde sur le sujet de la«surfréquentation»dessitesetdeleurcapacitéd’accueil(Stankeyetcoll.,1990).Leprésentprogrammeviseàactualiseretcomplétercesrecherchesenquestionnantl’application,entermesdegouvernance,delanotionde capacité de charge et son application à la gestionde grands sites patrimoniaux naturels; d’autre part, àcontribuerà laconnaissancedes impactséconomiques,sociaux,politiques,environnementauxdesméthodesdegestiondesfluxmisesenœuvre.

L’étatdel’artscientifiqueenlamatièrepermetderetenir5pointsgénéralementadmisparlacommunautéscientifique(Alldredge,1972;Butler,1980;CanestrollietCosta,1991;Cocossis,Mescaetcoll.,2001;Stankeyetal,1990):

Lesdifférentesexpériencesdeloisirsoudetourismegénèrentdifférentescapacitésdecharge.Donciln’yapasdecalculmécaniquequel’onpourraitappliquersimplementenlecopiantd’unlieuàunautre.Lesimpactsrecenséssurlesressourcesbiologiquesetphysiquesnesontpassuffisantspourcalculerlacapacitédechargemaximaleouoptimaledesgrandssitesnaturels.Touteutilisationparlesvisiteursd’unerégionproduitcertainschangements environnementaux. Et une grande partie de l’impact biophysique observée sur les sites seproduit àde très faiblesniveauxd’utilisation.Par conséquent, si ungestionnaire veutminimiser les impactsabsolument,alorsexclurelespersonnesestlaseulesolution.Unetelleactionn’estgénéralementnipossiblenisouhaitable.

Iln’yapasderelationsdecauseàeffetlinéairesouproportionnellesentreunefortequantitéd’utilisationetlesimpacts.Lestypesd’activitésontengénéralunmeilleurindicateurd’impactquel’intensitédel’usageoulenombredepratiquants.Parexemple,defaibles intensitésdepratiqueséquestresaurontplusd’impactsurl’état des sentiers qu’un usage très important de cesmêmes sentiers par des randonneurs. La saison de lapratiquepeutégalementavoirunimpactplusgrandpourexpliquerlesimpactsquelaquantité,lenombredepratiquants. Randonner par temps humide en hiver ou par conditions perturbées, par exemple, estpotentiellementplusdestructeurdesentierquependantlasaisonsèche.

La«capacitédecharge»estunconceptproduitpardesjugementsdevaleur;cen’estpasunpurproduitmécaniqued’unrapportentrelafréquentationetlesressourcesnaturelles;doncl’observationetlarecherchesontnécessaires,mais insuffisantespour l’évaluer; celaécarte le calculde la capacitédechargede la seuleexpertisescientifiquepour l’amenerdans l’arènepolitiqueety requérir laparticipationde toutes lespartiesprenantes.

Laconnaissancedelacapacitédechargenepermetpasdedéterminer,àelleseule,cequ’ilfautfairepourgarderunéquilibreentre laprotectiondessitesetdeszonesnaturelleset lesusagesqu’enfont lesvisiteursdansl’optiqued’unemaximalisationdesretombées.

Pourdenombreuxacteurs, toutchangementest inacceptable.Cependant, lesgestionnaireset lespartiesprenantesontdeplusenplusconsciencequeleschangementsdesmilieuxaccompagnentinévitablementleurutilisationpardesvisiteurs.Lesjugementsdevaleursurleniveauacceptableduchangementàintroduiredanslespratiquesreflètentdespositionsphilosophiques,émotionnelles,spirituellesfondéesautantsurl’expérienceque sur l’économie. Donc le calcul et surtout l’interprétation et l’application d’une capacité de chargemaximalereposentsur leschoixdesacteurs locaux,àconditionqu’ilsaientétécorrectement informésdecequiallaitadvenirs’ilsnefaisaientpasdechoix(hypothèsesdeprospective).

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Àl’écheloninternational,lespaysanglo-saxonsfurent(etsontencore)lesplusenpointedansletraitementscientifiquedecettequestiond’articulationentrefréquentationetprotection.Historiquement, lespremièresmesures de la capacité de charge furent initiées par les administrations américaines gérant des espacesnaturelsaumomentoùellesétaientconfrontéesàuneaugmentationmassivedefréquentation(doublementde 1941 à 1960 dans les parcs nationaux, puis doublement à nouveau de 1960 à 1975): + 13,5%/an enmoyenne.DifférentesméthodesontétémisesenplaceetsuiviesdanslesespacesnaturelsclassésnotammentauxÉtats-Unis,d’AustralieetdeNouvelle-Zélande:méthodeROS(RecreationOpportunitySpectrum),méthodeLAC—LimitsofAcceptableChange–(NilsenetTayler,1997),méthodeVIM(VisitorImpactManagement),quia fourni un cadre d’intervention aux chercheurs travaillant à l’ouverture au public des parcs nationauxaméricains (US National Parks and Conservation Association), méthode TOMM — Tourism OptimisationManagement Model – (Manadis et Langlois, 1997) qui a été développée dans les années1990 à Sydney(Newsome,2001:161).

1.2. Méthodologie

Conformément au projet retenu en 2014 par le PUCA, la recherche a exclusivement porté sur les sitespatrimoniauxnaturelsetaprisappuisurl’analysedesseptterrainsd’étudedontlasélectioninitiale(6prévusaudépartdanslapropositionderecherche)répondaitauxcritèresdéfinidanslaréponseàl’appelàprojet.Elleaanalysé:

• des sites classés, le classement conditionnant l’octroi du labelGrand Site de Franceou le caractèreexceptionnel,maisfragiledusite;

• dessitesnaturels,enpartantdupostulatselonlequellalimitationdel’accèsyestplusproblématiquequepourlessitesculturelspourdesraisonstechniques(présencedeplusieurs«portesd’entrée»),maisaussisociales(acceptabilitéplusréduitedanslamesureoùlanatureestsouventperçuecommedevantêtred’accèslibreetgratuit);

• dessitesgéographiquementvariés(littorauxetdemontagne),d’extensionvariable,afindepermettreuneanalysecomparéedetypesd’espacestouristiquesdifférents.

À partir de ces premiers critères de sélection, les travaux ont suivi pas à pas la totalité de la démarche

prévue pour l’analyse de ces territoires, certains ayant déjà obtenu la labellisation GSF, d’autres étantseulemententrésdansladémarcheousouhaitants’yapprocher,àsavoir:

§ surlelittoral:

— la dune du Pilat, site majeur d’Aquitaine, objet de l’une des premières opérations de requalificationmenéeenFrance(1978-1984)etànouveauengagée,depuislesannées2000,dansunprocessuscomplexederéhabilitationetdegestiondurabledusite;

— lesitepointeduRazenCapSizun,siteprécocementengagédansuneO.G.Setlabellisédès2004;§ enmontagne:

—deuxsites labellisésGrandsSitesdeFrance, l’undemoyennemontagneprovençale, laSainte-Victoire,l’undespremierssitesfrançais labelliséGSF,en2004; l’autre, lemassifduCanigou,périmètretrès largequis’estvudécernerlelabelGSFrécemment,le13juillet2012.

— deux sites situés dans le Parc national des Pyrénées, mais non labellisés GSF: la réserve naturellenationaledeNéouvielle,géréeparleParcnationaldesPyrénéesetvisant,autermeduprogrammeencoursdePôle d’excellence rurale, une labellisation GSF; l’ensemble Gavarnie-Mont Perdu, distingué par le labelPatrimoine mondial de l’UNESCO, en 1997 et qui fera l’objet d’une étude transfrontalière comparée

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France/Espagne. Dans ce dernier ensemble, à la gouvernance transfrontalière très complexe et support denombreux conflits récents, l’équipe a réalisé un approfondissement ethnologique (par VéroniqueMoulinié,directricederechercheCNRS,avecuneenquêtehabitante)etsociologique.

—unsiteaétéajoutéàl’échantilloninitialementprévu,enmiroirdeces6sitesinitialementchoisis,carlagouvernance de sa gestion durable d’ouverture aux publics est en cours de construction et le Conseildépartemental, qui a la gestion du site classé, envisage de le réunir aux deux sites classés limitrophes duLanoux et des Camporells pour associer leur gestion dans uneOpération Grand Site en projet. L’équipe derechercheaestiméquececasnouveaupouvaitapporterunéclairageintéressantsurl’évolutiondesméthodesetdesmodesdegouvernance,dansuntempslong:unplandegestiondeszoneshumidesdusiteclassédesBouillouses, dans les Pyrénées-Orientales, vient d’y être entrepris par le Parc naturel régional avec unfinancement de la Fondation de France en 2015, et des ateliers de discussion autour des usages et despratiquesparsesdifférentsusagerspermettentdesaisiraujourd’huil’évolutiondesméthodesetdesrésultatsattendus.

Entre laDuneduPilatet le lacdesBouillouses,de1978à2015,cesontdonc37annéesd’évolutiondes

rapportsprotection-développementquisontainsiquestionnées.Ces7terrainsd’étudeontfaitl’objetd’unexamen3multiforme:lecturedetouteslesétudesdisponiblesde

fréquentationetdeleurimpact,entretiensauprèsdesacteurs(élus,gestionnaires,techniciens)quiparticipentàleurgestion:au-delàdel’observationdirecteetdel’analysedelalittératuretechniqueetscientifique,onaégalement appréhendé les dispositifs de gestion de la capacité d’accueil et le mode de gouvernancedéveloppés par l’analyse comparée entre les archives techniques (études, programmes, dispositifsadministratifs)etlesdiscoursdesacteursquilesontconçusoumisenplace.Aprèsplusieurssériesd’entretienslibres, réalisés auprès des élus et des techniciens pour identifier les problèmes traités au regard desfréquentationsetde leur impactdepuis l’originedesprojets (grilled’entretienenannexe1),onaégalemententreprisdesenquêtesauprèsdesvisiteursdans3sites(undeplus,donc,quelesdeuxinitialementprévusàl’origine) l’un littoral (Dune du Pilat), deux de montagne (Gavarnie et Montagne Sainte-Victoire), afin dedéterminerl’impactdelarestrictiondel’accèssurleurexpériencedevisite(grilled’enquêteenannexe2).Leregardportésurlesmesuresdegestiondesfluxcenséesaméliorerlaqualitédelavisiteenpréservant«l’espritdes lieux» fait l’objet d’un traitement informatique en cours (analyse de données multivariables), commeprévu dans l’agenda de recherche (réalisation du traitement, interprétation des résultats et livraison enannée2).Lamanièredontleshabitantsviventcetterestrictiondeslieuxauregarddeleurexpérience,deleurspratiques antérieures, habituelles, a fait l’objet d’une enquête ethnologique (en cours de dépouillement) etunepetitepartiedes résultatsdecetteenquêteest intégréeauprésent rapport (dans la restitutionduhautlieu«Pyrénées-MontPerdu»).

3Siles4séquencesderestitutionderecherchesontprésentéesenpartie2demanièreidentique[1.Constitutionduterritoiredegestiondesfréquentations,2.L’émergenced’unprogrammedegestiondesflux,3.L’élaborationducontenuduprogrammedegestiondesflux,4.Enjeuxdelagouvernancepourconduireunegestiondesfluxetunestratégiedegestion],lelibellédestitresvarientdanscertainssitesafindemieuxrendrecomptedeleursspécificités.

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2. Travauxconduitsenannée1La recherchea réalisé l’ensembledesopérationsprévuesenpremièreannéedans la réponseà l’appelà

projets, et a également entrepris la majorité des enquêtes auprès des visiteurs dans deux des trois sitesretenus (le 3e site,Gavarnie-Mont Perduest à compléter auprintemps2016) et celle auprès des habitants,enquêtesinitialementprogramméesensecondeannée.

2.1. Larecensiondelalittératurescientifiqueettechniquesurlathématiqueauprèsdechaquesite

Cette recension exhaustive figure en fin de rapport(§ bibliographie); les contenus ont étésystématiquementprélevés,lusetinterprétésdepuislesfondsd’archivesdesgestionnairesdessites,danslesrecherches et études scientifiques disponibles; ils ont été exploités dans l’optique de comprendre etd’interpréter la dynamique de gouvernance de la gestion des sites; leurs conclusions ont fait l’objet devérificationsauprèsdesgestionnaires,élusetparfoispardesenquêtesauprèsdesvisiteursdechaquesite.Lareconstitutiondecette«bibliothèquedessavoirs»aétéaiséepourlessitescomportantunsystèmed’archivessystématique(parexemplelaMontagneSainteVictoire),plusdélicatepourd’autres(parexemplelaDuneduPilat ou Gavarnie) du fait des trajectoires brisées des formes de l’intervention ou de la protection dans letemps(modificationdesgestionnaires,lenteurdemiseenplaced’unsystèmedegouvernance,etc.).

2.2. Ladescriptionetl’analyseducontextelocal

Cettephasedutravail,dontlarestitutionfournitlatroisièmepartiedecepremierdossier(miseàplat,étatdes lieux-diagnostic), s’est appuyée, pour chacun des sites naturels, sur une grille commune d’analysecomportant:

a. Unretoursurlesconditionsd’émergenceduprogrammedegestiondesflux

On a examiné comment les problèmes et enjeux à traiteront été fixés; comment les

acteurs, les parties prenanteset l’examen de leurs scénarios de développementtouristiqueontétéidentifiés;commentleprocessusd’implicationaétémené?Onaétudiélesdocumentsdeplanificationetdeprogrammation(SCOT,PLU,communicationtouristique),les rédactions des documents de porter à connaissance du contexte et des problèmes àrésoudre, le fonctionnement et les débats au sein des comités d’orientation stratégique(lorsqu’onenaretrouvélesminutesarchivées),commentontétéanimées lesréunionsdesgroupes parties prenantes (groupes de travail, comités de pilotage, comités d’orientationstratégique),etlespolitiquesdegestiondelaressourcehumainepourcefaire.

b. L’élaborationduprogramme

On s’est interrogé sur l’approche, par les acteurs, des conditions optimales de

fréquentation (lorsqu’elles ont été approchées), on a enquêté sur la manière dont lesindicateursassociésdefréquentationontétéchoisis;commentladescriptiondecontexteetd’un programme de surveillance a été affinée (contextes des groupes de travail —

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composition, nature et fréquence des travaux) et quel a été son suivi par les partiesprenantes,quelsontété lesprincipesquiontprésidéau choixd’indicateurs, commentontété déterminés ces indicateurs et, pour chaque indicateur, la gamme de ce qui a été jugéacceptable,commentontétéfixéescesréférencesdel’acceptabilitéetlesuividesmesures;comment un projet et les versions finales de ce projet ont été discutés avec les acteurs,comment le plan définitif a été ajusté avec les concertations, comment l’information deshabitants et des publics a été réalisée et comment l’avis de tous été recueilli et pris encompte.

c. L’exécutionetlesuividuprogramme

Onacherchésiun«modèle»degestiondesfluxetdeleursretombéesaétéapprochéet

misenœuvre:évaluationdumonitoringgénéral, identificationdes indicateursquiauraientfaitapparaîtredesrésultatshorsdeslimitesacceptables,commentlacauseetleseffetsdesdébordements ont été identifiés, comment les acteurs y ont développé et trouvé desréponses,affiné lagammede leurs interventions; comment,dans le temps, les indicateursont été affinés ou non, éventuellement rectifiés et comment des conditions optimales defréquentation à atteindre ont été fixées; enfin, quels modes de suivi et d’évaluation duprogrammeontétéretenus.

Rappeldel’agendadelarecherche

L’ensembledesinformationsrecueilliesparleshuitchercheursimpliquésdansleprogrammeontpermisdemettreàplat,dansleprésentétatdeslieux,lesproblématiquesrelevéesdansles7sitesanalysésentroisièmepartie.

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2.3. Séminairesde recherche internesà l’équipe IMPGSNouassociantdesscientifiquesexternes

L’ensemble de l’agenda a été respectéet le nombre de réunions et séminaires de recherche a été plusimportantqueprévu:

Séminairesinternesderechercheannée1

Thématique Lieu ParticipantsRéunion de préparation del’année 1 de la rechercheIMPGSN

Université Toulouse JeanJaurès, maison de larecherche,salleC26

6janvier2015 VincentVlès,SylvieClarimont,EmelineHatt,RémiBénos,JérômePiriou,JacintheBessière,PierreTorrente,

Coordination de la rechercheIMPGSNSainte-Victoire

Aix-Marseille Université,Institut d’Urbanisme etd’AménagementRégional

4février2015 VincentVlès,SylvieClarimont,EmelineHatt

Réunion pour la préparation dela présentation de la rechercheIMPGSNauMEDDE

UniversitédePauetdesPaysdel’Adour,IRSAM,salle106

12février2015 VincentVlès,SylvieClarimont

Présentation et discussion de larecherche IMPGSN au sein dulaboratoireCERTOP

Université Toulouse JeanJaurès, maison de larecherche,salleE323

27février2015 VincentVlès,Chercheurs de l’Axe 3 Ternov,speedsearching

Présentation de la rechercheIMPGSNauMEDDE

MEDDE Paris La Défense,Tour Pascal B, 25e étage,salle25P

6mars2015 VincentVlès,SylvieClarimont

Coordination de la rechercheIMPGSNDuneduPilat

UniversitédePauetdesPaysdel’Adour,IRSAM,salle106

13avril2015 VincentVlès,SylvieClarimont

Préparation des enquêtes etentretiens de la rechercheIMPGSN Gavarnie, Pointe duRaz,Néouvielle,Canigó

Bordeaux,salleduCaféBrun,rueSaint-Rémi

15avril2015 VincentVlès,SylvieClarimont,EmelineHatt,RémiBénos,VéroniqueMoulinié,JérômePiriou,JacintheBessière,PierreTorrente

Discussion des résultats de larecherche IMPGSN Sainte-Victoire

Aix-Marseille Université,Institut d’Urbanisme etd’AménagementRégional

27avril2015 VincentVlès,SylvieClarimont,EmelineHatt

Discussion théorique sur lesacquis de la recherche «effetsde la labellisationdupatrimoine(culturel, naturel) etdéveloppementtouristique»

Université Toulouse JeanJaurès,salleduChâteau

9juillet2015 VincentVlèsXavierGreffeFrançoisVellasBernardPecqueur

Réunion de direction de larechercheIMPGSN

UniversitédePauetdesPaysdel’Adour,IRSAM,salle106

7septembre2015 VincentVlès,SylvieClarimont

Réunion « fréquentationtouristique dans les espacesnaturels protégés» (Parcsrégionaux, Parcs nationaux,Réservesnaturelles)

MaisonduParcNationaldesPyrénées et refuged’Orédon,Saint-Lary

19septembre2015 Conseilsscientifiquesdes3Parcspyrénéens,Directeursdes3Parcspyrénéens, Présidents des 3parcspyrénéens,VincentVlès

Séminaire «la transitiontouristique, révélateur desphénomènes de transitionécologique»

Université Toulouse JeanJaurès, maison de larecherche,salleE411

22octobre2015 PhilippeBourdeau,VincentVlès,JacintheBessière,Chercheursdel’Axe3Ternov

Réunion de préparation del’année 2 de la rechercheIMPGSN

Université Toulouse JeanJaurès, maison de larecherche,salleF337

27novembre2015 VincentVlès,SylvieClarimont,EmelineHatt,

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RémiBénos,VéroniqueMoulinié,JérômePiriou,JacintheBessière,PierreTorrente

2.4. Entretiens avec les élus, gestionnaires des sites et

institutionnels

MontagneSainteVictoire

MontagneSainteVictoireNometfonction Coordonnées Date,lieuderendez-vous,

entretiensHervéBéguin,Chargé de missionaménagementetpatrimoine

GrandSiteSainte-VictoireFermedeBeaurecueil66alléedesMûriers13100Beaurecueil0442646090

3 février 2015 Maison duGrandSite

EmelineHattVincentVlès

Philippe Maigne – directeur duSyndicat mixte Grand Site deFrance

SyndicatmixteGrandSiteSainte-VictoireFermedeBeaurecueil66alléedesMûriers13100Beaurecueil0442646090philippe.maigne@grands-sites-de-france.com

29 avril 2015 Maison duGrandsite

SylvieClarimontEmelineHattVincentVlès

Jean-YvesVourgèresInspecteurdessites

DREALPACAAlléeLouisPhilibert13100LeTholonet0442666523

27avril,DREAL,LeTholonet EmelineHattVincentVlès

DanielRozecAgentd’accueil

MaisondusiteSainte-Victoire(randonnée-tourisme)Vauvenargues

30avril2015,Vauvenargues

VincentVlès

JoëlMancelMaire de Beaurecueil, Vice-PrésidentduGrandSite

MairiedeBeaurecueilAvenue Louis Sylvestre13100Beaurecueil0442669290

28 avril, Mairie deBeaurecueil

VincentVlèsSylvieClarimontEmelineHatt

Pyrénées—MontPerdu

Pyrénées—Mont-Perdu

Nometfonction Coordonnées Date, lieu de rendez-vous,entretiens

C.Bruzaud,MairedeGavarnie MairiedeGavarnie 2juin2015 Jacinthe Bessière, PierreTorrente

C. Fabre, directeur de la stationdeGavarnie

MairiedeGavarnie 2juin2015 Jacinthe Bessière, PierreTorrente

L.Mata, directeur de l’Office detourismedeGavarnie

OfficedetourismedeGavarnie 2juin2015 Jacinthe Bessière, PierreTorrente

Renaud de Bellefon, Présidentde France NatureEnvironnement65

ParcNationaldesPyrénées65000Tarbes

1erdécembre2014 SylvieClarimont,VincentVlès

Joël Combes, Chargé demissiontourisme durable, Parc NationaldesPyrénées

ParcNationaldesPyrénées65000Tarbes

19septembre2015 SylvieClarimont,VincentVlès

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Pyrénées—Mont-Perdu(focusethnologiqueauvillagedeGAVARNIE)Nometfonction Date,lieuderendez-vous,

entretiensCarolineVergès,commerçante 29juin VéroniqueMouliniéChristian Bruzaud, maire deGavarnieetcommerçant(auquels’ajoutentsonépouseetsafille.)

29juin VéroniqueMoulinié

Jeannette Theillet,commerçante, aujourd’huiretraitée.

Néele30/09/1930 30Juillet VéroniqueMoulinié

Jean-Jacques Adagas, ancienmaire(1983-2005)

30juillet

MichelGabail,commerçant Néen1948 28juillet VéroniqueMouliniéMmeJuliaAdagas Néeen1946 31juillet VéroniqueMouliniéMmeJeannette Adagas et sabellefille,DeniseAdagas

Respectivementnéesen1932et1957

29juillet VéroniqueMoulinié

MarieCumiat,arrière-petite-filledeCélestinPasset.

30juillet VéroniqueMoulinié

MmeGilbertBernat-Salles 29juillet VéroniqueMouliniéM. Armand Pujo, commerçant,aujourd’huiretraité«actif».

30juillet VéroniqueMoulinié

Néouvielle

Nometfonction Coordonnées Date, lieu de rendez-vous,entretiens

ChristopheCantony,Maired’Ens

Communed’Ens 6février2014,Mairied’Ens SylvieClarimont,VincentVlès

JeanMouniq,Maired’Aragnouet

Commune d’Aragnouet, station dePiau-Engaly

6 février 2014, mairied’Aragnouet

SylvieClarimont,VincentVlèsJacintheBessièrePierreTorrente

MaryseBeyrié,Maire de Vielle-Aure,Conseillère générale ducantondeVielle-Aure

CantonVielleAure 6 juin 2013, Mairie de VielleAure24 juillet 2014, Mairie deVielleAure

VincentVlès,PierreTorrenteVincentVlès

M.Dubarry,Maired’Aulon

Communed’Aulon 6février2014,Mairied’Ens SylvieClarimont,VincentVlès

Joël Combes, Chargé demissiontourismedurable

ParcNationaldesPyrénées SylvieClarimont,VincentVlès

JeanVidalon,Chargé de mission SIVU duNéouvielle

SIVUduNéouvielle 6 février 2014, mairied’Aragnouet

SylvieClarimont,VincentVlèsJacintheBessièrePierreTorrente

FrédéricDupin,Directeurdépartemental

DDT653,rueLordatBP134965013TARBESCEDEX

12février2014,DDT65 SylvieClarimont,VincentVlès

Franck Bocher, Chef serviceUrbanisme FoncierLogement

DDT653,rueLordatBP134965013TARBESCEDEX

12février2014,DDT65 SylvieClarimont,VincentVlès

C.Godoat,Déléguéterritorialmontagne

DDT653,rueLordatBP134965013TARBESCEDEX

12février2014,DDT65 SylvieClarimont,VincentVlès

C.Crampe,ServiceUrbanisme,UTN

DDT65SUFL/BAPT3,rueLordatBP1349

12février2014,DDT65 SylvieClarimont,VincentVlès

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65013TARBESCEDEXFabienRideau,Responsable BureauProspectiveTerritoriale

DDT653,rueLordatBP134965013TARBESCEDEX

12février2014,DDT65 SylvieClarimont,VincentVlès

BrunoRouch,Ancien délégué territorialmontagnedelaDDT65

ConcepteurduPERduNéouvielle3,rueLordatBP134965013TARBESCEDEX

12février2014,DDT65 SylvieClarimont,VincentVlès

NellyCantin,Agentdedéveloppement

Communauté de Communes de laHauteValléed’Aure0640753984

6 février 2014, mairied’Aragnouet

JacintheBessièrePierreTorrente

YvesSaint-Martin, ServiceAménagement,Haute-Pyrénées TourismeEnvironnement

JacintheBessièrePierreTorrente

M.Geoffre,Administrateur France Nature EnvironnementHautes-Pyrénées

11mars2014,Bours SylvieClarimont,VincentVlès

F.André,Président Association «Saint-Lary demain»(1977) et Président de l’Associationpour la Défense et la protection desvalléespyrénéennesdeSauxetdeLaGéla, Le Lustou, camping-caravaneige-mobil homes-gîtes degroupe,[email protected]

4juillet2014

SylvieClarimont,VincentVlès

F.Constantin,Président

Président de l’Association dupatrimoined’Ens

6février2014,Mairied’Ens SylvieClarimont,VincentVlès

RenauddeBellefon Président de France NatureEnvironnement65

1er décembre 2014, Tarbes,siègeduPNP

SylvieClarimont,VincentVlès

LesBouillouses

LesBouillousesNometfonction Coordonnées Date,lieuderendez-vous,

entretiensYvesCONSTANTIN,DirecteuradjointduParcnatureldesPyrénéescatalanes

DirecteuradjointPNRdesPyrénéescatalanesTél:04.68.04.97.60Port:[email protected]

4 novembre 2015MaisonduParc,LaBastide66360Olette

VincentVlès

Participantsdugroupedetravail«usages et pratiques», Plan degestion: CD 66, DREAL L-R,Mairie des Angles,Accompagnateurs demontagne,APAMAVagabondane

Parc naturel régional desPyrénéesCatalanesLaBastide66360OLETTEcontact@parc-pyrenees-catalanes.frFax:0468049522Tél:0468049760

27octobre2015MaisonduParc,LaBastide66360Olette

VincentVlès

Marc GASTAMBIDE, Ingénieuragronome,FondationdeFrance

25,rueFranç[email protected]

27octobre2015MaisonduParc,LaBastide66360Olette

VincentVlès

SéverineCASASAYASDirectrice du Parc naturel desPyrénéescatalanes

Parc naturel régional desPyrénéesCatalanesLaBastide66360OLETTE0468049760severine.casasayas@parc-pyrenees-catalanes.fr

9 novembre 2015MaisonduParc,LaBastide66360Olette

VincentVlès

PierreJAY-ROBERTMaîtredeconférences

Centre d’Écologie fonctionnelleetévolutiveCEFEUMR5175UniversitéPaulValéry–Montpellier304-67-14-24-61/06-84-82-26-72

10 décembre 2015MaisonduParc,LaBastide66360Olette

VincentVlès

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[email protected]

GillesFLAMANTDirecteurderecherche

Centre National de la RechercheScientifiqueUPR8521CNRSProcédés, matériaux et énergiesolaireSited'Odeillo:PROMES—CNRS7,rueduFourSolaire66120FontRomeuOdeilloTél:33(0)[email protected]

10 décembre 2015MaisonduParc,LaBastide66360Olette

VincentVlès

JérômeBOISSIERMaîtredeconférences

LaboratoireEcologieetEvolutiondesInteractionsUniversité[email protected]

10 décembre 2015MaisonduParc,LaBastide66360Olette

VincentVlès

CarolineMAURYMaîtredeconférences

ÉcoleNationaleduGénieRural,desEauxetdesForêts(écoleinterned'AgroParisTech)INSET-CNFPT337AvenuedesApothicaires,[email protected]

10 décembre 2015MaisonduParc,LaBastide66360Olette

VincentVlès

Canigó

CanigóNometfonction Coordonnées Date, lieu de rendez-vous,

entretiensFlorianCHARDON–DirecteurduSyndicatMixteCanigóGrandSitedeFrance

SyndicatMixteCanigóGrandSiteBâtiment Chefdebien, Bd de lagare,[email protected]

1erjuin201522juillet201510septembre2015

RémiBénos

AlainGENSANE–SyndicatmixteSyndicatMixteCanigóGrandSitedeFrance

SyndicatMixteCanigóGrandSiteBâtiment Chefdebien, Bd de lagare,[email protected]

25août20158octobre2015

RémiBénos

Daniel BAUX – Maire de LaBastide,VPSynd.MixteCanigó

Mairie, Le Village66110 LaBastide.T:0468394281

2juin2015 RémiBénos

Jacques TAURINYA – Maire deBaillestavy, VP Syndicat MixteCanigóGrandSitedeFrance

Mairie de Baillestavy — PlaceNova— 66320 Baillestavy— T.:0468059296—F.:[email protected]

2juin2015 RémiBénos

Sylvie DUPRE – Responsable del’Unité Territoriale Canigou-Albères,ONF

8, rue des Variétés. CS5000366026 Perpignan CedexTél.0468081590

1erjuin2015 RémiBénos

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PointeduRazenCapSizun

Nometfonction Coordonnées Date,lieuderendez-vous EntretiensBrunoCariouDirecteur du SyndicatMixtedelaPointeduRaz

MaisondelaPointeduRaz29770PLOGOFFTé[email protected]

MaisondelaPointeduRazdePlogoff19mars2015à14h30

J.Piriou

DamienLaurentChargé de missionanimateur-coordonnateurdu label «La Pointe duRazenCapSizun—GrandSitedeFrance»

CommunautédeCommunesCapSizun—PointeduRazRueRenoir—[email protected]

Communauté de communes du Cap Sizun àAudierne22juin2015à16h30

J.Piriou

MauriceLemaîtrePrésident du SyndicatMixtedelaPointeduRazMairedePlogoff

MairiedePlogoff29ruePierreBrossolette29770PLOGOFFTé[email protected]

MairiedePlogoff23juin2015à11h

J.Piriou

NadineKersaudyMaire de Cléden-CapSizun

MairiedeClédenCapSizun11,ruedelaVilled’Ys29770CLEDEN-CAPSIZUN

MairiedeClédenCapSizun23juin2015à9h

J.Piriou

GillesSergentMaire de Beuzec-CapSizunVice-président de laCommunauté deCommunes du Cap Sizunen charge des espacesnaturels

MairiedeBeuzec6,placedelaMairie29790BEUZECCAPSIZUNTé[email protected]

MairiedeBeuzecCapSizun22juin2015à11h

J.Piriou

YvonLorgouillouxConservateur de laRéserve du Cap Sizun(BretagneVivante)

RéserveduCapSizunLieudit«Kerisit»[email protected]

MaisondelaRéserveàGoulien22juin201514h

J.Piriou

HenriGoardonMairedeGoulien

MairiedeGoulienLeBourg29770GOULIENTé[email protected]

MairiedeGoulien22juin201518h45

J.Piriou

ThomasBodennecTechnicien, service desespaces naturels etpaysagesRéférent Communauté decommunesCapSizunConseilDépartemental duFinistère

ConseilDépartementalduFinistère32boulevardDupleix29000QUIMPERTél.02.98.76.60.88Té[email protected]

ConseildépartementalàQuimper23juin201514h

J.Piriou

JulienMartinTechnicien espacesnaturelsCommunauté decommunesduCapSizun

CommunautédecommunesCapSizun—Pointe du RazRueRenoir—[email protected]@cap-sizun.fr

22juin2015,à16h30Communauté de communes du Cap Sizun àAudierne

J.Piriou

DamienLaurentCoordinateur du label«GrandSite»EmmanuelMichalowskiInspecteur del'environnement, chargéde mission Sites etPaysages(Finistère Sud et ParcNaturel Régionald'Armorique)DREALBretagne

DREALBretagneL’Armorique10, rue Maurice FabreCS96515—35065RENNESServiceduPatrimoineNaturelDivision Biodiversité, Géologie [email protected]él.02.99.33.44.44

15juin2015à14hDREALRennes25novembre2015à14hpartéléphone

J.Piriou

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DuneduPilat

DuneduPilatNometfonction Coordonnées Date,lieuderendez-vous Entretiens

LouisePoupin,Chargéedemission

SyndicatmixtedelaGrandeDuneduPilatmissionculture@ladunedupilat.com05562281820676862859

10/02/2015,DuneduPilat(LaTestedeBuch) S.Clarimont/ J.Piriou

GeoffreyBourdin SyndicatmixtedelaGrandeDuneduPilat/Conservatoiredulittoral

11/02/2015,DuneduPilat(LaTestedeBuch) S.Clarimont/ J.Piriou

MariaDoVos SyndicatmixtedelaGrandeDuneduPilat 11/02/2015,DuneduPilat(LaTestedeBuch) S.Clarimont/ J.Piriou

LouisePoupin,chargéedemissionetMathieuCabaussel

SyndicatmixtedelaGrandeDuneduPilat

13/04/2015 S.Clarimont/V.Vlès

F.BergezCasalou Conservatoiredulittoralf.bergez-casalou@conservatoire-du-littoral.fr0557812323

Échangecourriels

EliseCouturier,chargéedemission

GIPLittoralaquitain11,AvenuePierreMendès33300Mé[email protected]

DidierGatinel,UTGironde?

DREALAquitaineCitéadministrativerueJulesFerry33090Bordeauxcedex0556248822

CampingsCommerces

MichelDaverat,conseillerrégional

PrésidentduSyndicatmixtedelaGrandeduneduPilat

Jean-JacquesEroles MairedelaTestedeBuchPrésidentSIBA?SEPANSOGironde1,ruedeTauzia33800BORDEAUX0556913365

JeanClaudeDupoy,présidentADDU-FU

Associationdedéfensedesdroitsd’usageetdelaforêtusagèreADDU-FUBP6052033164LaTestedeBuchCedex0556542202

30/05/2015 S.Clarimont

ChristianMinville,président

AssociationdespropriétaireetoccupantsaudroitdelapropriétédelaforêtdelaTeste

JacquesStorelli,président AssociationdedéfenseetdepromotiondePylasurMer(ADPPM)0607460348

Échangescourriels

JeanFribourg,trésorier AssociationdedéfenseetdepromotiondePylasurMer(ADPPM)

13/04/2015et30/05/2015 S.Clarimont/V.Vlès et S.Clarimont

Associationpourledéveloppementdurabledubassind’Arcachon(A2DBA)[email protected]://www.a2dba.org/

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3. Lesrésultatsdestravauxd’investigationetd’enquêteparsite:étatdeslieux.

Danscettepremièrephase(année1=>livrable1), larestitutiondesenquêtesexhaustiveestréaliséesiteparsiteselonunplantypeidentique4afindepouvoir,dansunesecondephase,enrecouperlesenseignementsetentirerdesconclusionsadosséesauxquestionsthéoriques.

3.1. GrandsiteSainteVictoire,unlieuexemplaire?

LesmassifsdeConcorsetdeSainte-Victoire formentunterritoireboisédeprèsde35000hectaressituéauxportesd’Aix-en-Provence.Auprèsdugrandpublic,ceGrandSitebénéficied’unefortenotoriété liéeà lamontagneSainte-Victoire,massifminéralcélébréparlepeintreCézanne.PourlesProvençaux,ilconstitueunélémentàpartentièredeleurpaysageetdeleurviequotidienne.Soncaractèreemblématiqueajustifiésonclassement au titre de la loi du 2 mai 1930 qui place son évolution sous contrôle direct de l’État, toutemodificationdel’aspectdusiteétantsoumiseàautorisationspécialeduMinistèreaprèsavisdelacommissiondespaysagesetdessites.Ceclassementapoureffetdesoumettreàuneautorisationparticulièrelestravauxsusceptiblesdemodifierlesite,autorisationquiintervientencomplémentducodedel’urbanismeouducodeforestier,notammentsur lesquestionsessentiellesde l’intégrationpaysagèreetdepréservationdesmilieuxnaturels.IlaétéétenduaumassifduConcors,etlarichessedesesmilieuxnaturelsajustifiésoninscriptionauréseaueuropéenNatura2000.

Àpartirde1995, lamontagneSainte-Victoireafait l’objetd’uneOpérationGrandSite,politiquepubliqueconduite par le Ministère en charge de l’environnement pour résoudre les problèmes d’excessivefréquentationetd’entretiendecertainssitesenFrance.Mobiliséesaudébutdesannées1990suiteaugrandincendie de 1989 qui a ravagé plus de 5000ha, les 6 communes de la Montagne Sainte-Victoire se sontregroupéesdansunsyndicat intercommunal.Enaoût2000,enreconnaissancede l’intérêtduterritoiredanssonensemble,touteslescollectivitéslocales(laCommunautéd’agglomérationduPaysd’Aixquireprésenteles14communesconcernées,leDépartementdesBouches-du-RhôneetlaRégionProvence-Alpes-Côted’Azur)sesont impliquées dans un projet plus vaste et global en créant le Syndicat mixte départemental Concors —Sainte-Victoire(lesiteaétéétenduendébordementdusiteclasséà34500harépartissur14communes,dont32000 ha en zone Natura2000 et 23476 ha de nature protégée). Les collectivités territoriales du Syndicatmixte départemental des massifs Concors-Sainte-Victoire gèrent le plus grand espace naturel boisé dudépartement, situéentièrementdans lePaysd’Aix. Elles se sontengagées statutairementpour«lamiseenvaleur et la protectiondumilieunaturel et culturel du site, en rassemblant leursmoyens et compétences»(Syndicatmixte,2003).Sainte-VictoireaétéundespremiersgrandssitesfrançaisàobtenirlelabelGrandSitede France qui reconnaît sa valeur exceptionnelle en 2004, et ce label lui a été renouvelé en 2011, ce quicontribue à la protection de son paysage (schéma de réhabilitation, gestion du site classé, principesd’aménagementdurable),àlamiseenvaleurdesélémentschoisisdupatrimoinebâtietnaturel,etàgarantiraux publics un accueil de qualité (aires d’accueil aménagées, schémas d’itinéraires de promenade et derandonnée, sécurisation des pratiques, signalétique, information et découverte culturelle, présence sur leterraindegardesnature)..

4Siles4séquencesderestitutionderecherchesontidentiques[1.Constitutionduterritoiredegestiondesfréquentations,2.L’émergenced’unprogrammedegestiondes flux,3. L’élaborationducontenuduprogrammedegestiondes flux,4.Enjeuxde lagouvernancepourconduireunegestiondesfluxetunestratégiedegestion],lelibellédestitresvarientdanscertainssitesafindemieuxrendrecomptedelaparticularitéducas

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Figure1.SituationduGrandSiteMontagneSainte-Victoire.Source:Géoportail,IGN-F.,1/06/2015,échelle1:136488⇑N

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Figure2.TopographieduGrandSiteMontagneSainte-Victoire.Source:CartetopographiquemondialeESRI,Géoportail,IGN-F.,1/06/2015,échelle1:136488⇑N

Ens’engageantsurdesconventionsd’objectifsavecl’Étatetlespartenairesprofessionnelsetfinanciers,lesacteurs de ce territoire ont souhaité relever trois enjeux majeurs: préserver son identité paysagère,patrimonialeetlocale,fairedesélus,associations,résidentsetprofessionnelslesacteursd’unprojetterritorialcommun,répondreàlademandedespublicsdiversquilepratiquent.Laquestiondelagestiondel’accueildupublicestdoncaucœurdeceprojetetaétéconduitepartouteuneséried’actionstoujoursconcertéesentreles parties prenantes, des communes fondatrices du premier syndicat intercommunal en 1990 (dont lacommuned’Aix,initiatriceessentielleduprojet), leDépartementdesBouches-du-Rhône,laRégionProvence-Alpes-Côted’Azur, l’État, lesassociationsreprésentant lespublicset lesdifférentsusages.Cetespacenaturelest en effet un lieu de très forte appropriation par un public très varié: administrations, propriétaires,habitants,pratiquantsd’activitésde loisirs,organismesdeprotectionde lanature. Toutes lesdémarchesdegestion des capacités d’accueil du site sont donc accompagnées d’un effort de concertation et decommunication important réalisé dans le but de permettre une récréation des publics tout en conservantl’objectifdeconservationdelabiodiversitéetdespaysages.Lescollectivitésinitiatricesdecetravail,avantlanaissance de l’opérateur local reconnu, le Grand Site Sainte-Victoire, ont travaillé par étapes thématiques,étaléessuruntempslong(1990-2015),souslaformedecomitésdepilotagesconstituéspourvaliderleschoixet les orientations à chaque étape des démarches. Des groupes de travail thématiques ont joué un rôle dedéfinitiondesétatsdes lieuxdessituations,dedéfinitiondesobjectifsetdesconstructionsdesprogrammespardesmesuresdegestionadaptées.

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1.Laconstitutionduterritoiredegestiondesfréquentations

Leprojetdeconstitutionduterritoiredegestionautourduprincipedegrandsiteestl’aboutissementd’unelentepriseenchargedesproblématiquesrelativesàlaprotectiond’unmilieunaturelsoumisauxrisquesliésàlafréquentationdesvisiteurs,problématiquesapparuesàpartirde1980.Unpremier incendieen1985,suiviparunsecondbeaucoupplusdestructeuren1989,associéà«l’explosionpatrimonialisante»(Gravari-Barbas,1983)ontpoussélescollectivitésterritorialesàcomprendre,suivrepuisgérerdirectementl’accèsausitepartouteunesériedemesuresvariées.

1.1.Unemontagneinvestieetétudiée:lespremièresétudesdefréquentation

LespremièresétudesrelativesàlafréquentationetàlaprotectionduMassifSainte-Victoiresousmaîtrised’ouvragedescollectivitésterritorialessontmenéesdèslesannées1990(AssociationpourSainte-Victoire)etprennentlasuitedepremièresrecherchesentreprisesdèsladécennie1970pardeséruditslocaux,puispardesscientifiquesdesuniversitésd’Aix-Marseille:

- Un premier repérage quantifié de la fréquentation du massif est réalisé le 25 juin 1972(piétonsetvoitures)parl’Associationdesexcursionnistesprovençaux(figure3),

- Une «association pour la protection de Sainte-Victoire» est créée en 1982 et regroupe 7communesafindemettreenœuvreunechartedesdroitsetdesusagessurlemassif,

- Le gisement paléontologique, qui comportait déjà une indication de l’ordre d’urgence desacquisitionsenvuedelaconservationa justifié lacréationdelaRéservenaturelle.CartographiéparMM. Dughi et Sirugue duMusueum d’Histoire naturelle d’Aix-en-Provence (1/50 000), le gisementprincipal qui avait déjà justifié une inscription particulière et prioritaire du domaine des Roques-Hautes(décretdu21/02/1964)àl’ouestduterrainmilitaire(«urgence1et2»),ainsiquedusecteurinterneduCengle(SaintAntoninsurBayon),estclasséen1991.Cesclassementscontribuentàlamiseenplacedelaréservenaturellenationale(entretienDREALdu27avril2015),

- Unrecensementde26curiositéshistoriques,architecturalesetnaturelless’ensuitdanstoutlesecteurdelaMontagne.

À partir des années1980, de nombreuses études universitaires traitent l’accès à la Montagne Sainte-Victoireetseslieuxemblématiquescomme«desbutsdepromenade»:lePrieurédeSainteVictoireetlaCroixde Provence, le barrage de Bimont, le barrage Zola, le refuge Cézanne, la Chapelle Saint-Ser, le vallon duDelubreapparaissentàcettedatecommedespointsparticulièrementsensibles,soumisàdesrisquesélevés:«Il yaquelquesannées, cesbutsdepromenadepouvaientêtreouvertsà la fréquentation sans surveillance.D’oresetdéjà,celan’estpluspossible:lemobilierdesrefugesenparticulierestsaccagéetsertàfairedufeu,les détritus sont laissés à l’intérieur, la citerne au sommet est polluée, etc. Desmesures collectives urgentess’imposentd’autantplusqu’unemauvaisesolutionconsisteraità fermer les locaux» (Mille lieuxsur laTerre,2004).

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Figure3.Lapremièreétudedefréquentation,le25juin1972,réaliséeparl’Associationdesexcursionnistes provençaux.Sources:ArchivesduGrandSite,MaisonSainte-Victoire.

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1.2.Lesdéclencheursd’unefenêtred’opportunitépourledéveloppementdestructures/outilsdegestiondesflux

L’incendie du 28 août 1989 se produit de manière accidentelle, dans le cadre d’une opération dedébroussaillementdepréventionincendie.Malgrélaconsciencequelesacteursavaientdéjàdesrisques,c’estl’événement qui pousse les communes à s’organiser et à développer unmécénat pour gérer les bois brûlés(5500hectaresdusiteclasséontalorsétédétruits).Cetincendieintervientàunmomentoùlesacteurspublicset la société civile s’impliquent dans la gestion du massif. Suite à cet événement dramatique, un syndicatintercommunalduMassifSainte-Victoireestcréépourcoordonner lesactionsderéhabilitationduterritoire.Les actions de réhabilitation vont de pair avec une préoccupation croissante portée à la gestion desfréquentations:«dèslasuitedel’incendie,ilyaeutoutdesuitelapréoccupationdegérerlesfréquentations,lelienayantétéimmédiatementétablientrelafréquentationetlerisqued’incendie.Cequidémontrequedèsledépart,ilyavaitunevisionportéeparlePrésidentdel’époque,leMairedeVauvenargues»(entretiendirecteurduGrandSite,29avril2015).

Après l’incendie du 28 août 1989, la municipalité décide d’organiser une exposition «Sainte-VictoireCézanne»,aubénéficedelaréhabilitationdumassif.Parallèlement,laVilled’Aix-en-Provencepréparedèslesannées1990lacélébrationducentenairedelamortdeCézanneen1806.Lavilled’Aix-en-Provencen’avaitpassu reconnaître legéniedupeintrede sonvivant.Cézannepassa savieadulteen incessantsallerset retoursentresavillenataleetParis.Danslacapitale,ilallaitchercherlecontactavecd’autresartistesdesontempsetune reconnaissance officielle de son travail de peintre, par une participation au Salon, qui lui fut refuséependantdesdécennies.ÀAix-en-Provence,outrelademeurefamilialeduJas-de-Bouffan,ilvenaitretrouverlalumièreet l’inspiration sur lemotif: lespinsdeChâteau-Noir, les carrièresocréesdeBibémus,et surtout lemassifSainte-Victoire(figure4),ouencore,danslesenvirons,levillagedeGardanneetlelittoralàl’Estaque.En 2006, à l’occasion du centième anniversaire de samort, la ville lui consacre un bel hommage, «l’annéeCézanne».

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Figure4.PaulCézanne,LaMontagneSainte-Victoireaugrandpin, 1887

Àcetteoccasion,lavilleacquitdeuxgrandssitescézaniens:leJas-de-BouffanetlescarrièresdeBibémus,danslemassif.En2006,l’ensembledeceslieuxfurentrendusaccessiblesaupublicdanslecadred’unparcourscézanien,dont lepointd’orgueestuneexpositioncoorganiséepar laNationalGalleryofArtdeWashingtoncomportantplusd’unecentained’œuvresdupeintre,prêtéespardesmuséesdumondeentier.

Cettemiseenscène internationaledébouche localement sur lanécessitéd’accueillir convenablement lespublics,doncsurl’élaborationd’unschémad’accueildecespublics.Issudepremièresétudesdefréquentation(SociétéducanaldeProvence,1973etannées1980:AssociationpourSainte-Victoire,1990;Bouchez&al.,1990;Grillet,1995;Syndicatmixte,1995),ceschémas’appuiesuruninventairedesairesdestationnement,effectuéàpartirducalculdescapacitésd’accueildumomentetd’uneplanification,parlescollectivitéslocales,descapacitéssouhaitablesetsouhaitées.Mêmesilemotn’estjamaisutilisé,l’idéed’une«chargemaximale»du site fait son chemin dans ce cadre (entretien Maire de Beauregard, 26 avril 2015). Elle est évaluée demanièreempiriqueen1995,essentiellementàpartirducomptagedesvéhiculesetdespromeneursaccédantausite.LeSIVUs’accordealorssurdeschiffresdecapacitésennombredeplacesdeparkingànepasdépasserpour la sécuritédecirculationetunevisitedansdesconditionsoptimales (c’est-à-direenévitant lespicsdetrès haute fréquentation). Le dimensionnement et la réhabilitation des parkings du domaine départemental

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des Roques-Hautes (figure 5) sont fondés sur ces principes parking par parking, tandis que le Syndicatintercommunalentreprenduneétuded’insertionpaysagèredesespropresairesdestationnementdontilgèrel’accèsaumassif(figure6).

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Figure5.Informationdesvisiteursdepuisunparkingdudomainedépartemental.ClichéVincentVlès,février2015

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Figure6.Exempled’uneétuded’interprétationpaysagèreavantprogrammationdetravauxSources:MillelieuxsurlaTerre,2004

Les équipes de gestionnaires s’étoffent et en 2000 le passage au Syndicat mixte étend la gestion de laprotectionetde la valorisationdupatrimoineà la totalitédu territoireduPIDAFhéritédu rattachementdumassif du Concors5, au Nord. Cette extension, portée par Christian Debarbarin, maire de Vauvenargues(concernéparcettepartiedumassif),aprisunequinzained’années.Lesélusestimentd’uncommunaccordque laprévention incendie,comme lapréservationdupaysageet lagestionde la fréquentation,nécessitentcette extension. La zone nord du massif comporte des projets de classement de zones naturelles déposésauprès de l’Inspection des sites et accompagnés par le Syndicat de la Sainte-Victoire. Cette extension duterritoires’opèredemanièreconsensuelle,lescollectivitésestimantqu’ilyaunecontinuitéterritorialejusqu’àSaint-Paul-lès-Durance, au nord. La population, les corps collectifs (agriculture et forêt) sont consultés, lespropriétairessontinformés,notammentpourleschangementsdeprocédureconcernantlesplanssimplesdegestion forestière (qui réglementent les coupes de la propriété privée) désormais soumis à autorisationministérielle.

Aujourd’hui,seulesuneoudeuxcommunesvaroisesquipourraientêtreconcernéesparleSyndicatnefontpasencorepartieduSyndicat:constituant lemêmeensemblegéomorphologique,ellespourraients’associeraux démarches de régulation des modes de découverte récréative par les visiteurs. Depuis ses premièresmissionsaxéessurlenettoyageetlereboisementdeSainte-Victoire,leterritoiresyndicalestdevenuen25ansgestionnaire, pour son compte, mais également celui de l’État, d’un territoire dont la valeur paysagère,patrimoniale, récréative et naturelle est reconnuepar des règlementsNatura2000, par la législation sur lessitesclassés,lesréservesnaturellesetparlelabelGrandSitequis’étendau-delàdeslimitesdelaMontagne.

5Suiteauxgrandsincendiesde1979ayantbrûléplusde50000hadeforêtméditerranéenneenFrance,lacirculaireinterministérielledu15 février 1980 intitulée « débroussaillement en forêt méditerranéenne » prescrit l’élaboration de plans intercommunaux dedébroussaillement et d’aménagement forestier (PIDAF) pour les massifs forestiers du Sud-Est. Cette circulaire définit les objectifs, lesprocédures,lesfinancementsetlamiseenœuvredudébroussaillementenrégionméditerranéenne.Ellepréconisepourcelalaréalisationde plan de débroussaillement en forêt afin de renforcer le dispositif de lutte contre les incendies. Elle met en avant la nécessité decloisonnerlesmassifsforestierspardegrandescoupurespastoralesouforestières,sansenpréciserlaforme.Elleindiquequelesmairesdoivent susciter la création d’associations syndicales regroupant les propriétaires forestiers. Les Plans Intercommunaux deDébroussaillementetd’AménagementForestierprévoientleséquipementsetaménagementsd'unmassifforestiersurunepériodede10ans,afindeprévenirlesincendies(information,détection),ralentirleurprogression(débroussaillement,sylviculture),favoriserlesactionsdelutte(coupuresvertes,création,entretienetsécurisationdesaccès,créationdepointd’eau):deuxprocéduresdedébroussaillementsont prescrites respectivement pour la forêt et pour les alentours des constructions et voies publiques. Les PIDAF s’appuient sur lacirculairede1980etnedisposentpasd’uncadre juridiqueet institutionnelplusprécis.Aujourd’hui,unPIDAFestdoncuniquementundocumentd’orientationetdeprogrammationàmoyentermedestravauxspécifiquesàlaDFCI,c’estundocumentnonopposableautiers.Lescommunesconcernéesdoiventélaborerceplanavec l’aidede laDDT.Letextede1980 introduitpour lapremière fois lanotiondesecteurshomogènessurlesquelsdoivents’appliquercesplans.Lefeun’ayantpasdelimiteadministrative,sonprincipalintérêtestd’avoirpermisauxacteursde laDFCIde raisonnerà l’échelledumassif,doncauniveau intercommunal,enassociant lesacteursde lagestionforestièredansunmêmeobjectifdeprotection.

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Ces compétences donnent au Syndicat mixte une légitimité d’opérateur sur la gestion de l’ensemble desactivitésetsurlafaune,pluslargementsurleséquilibresdumilieu.

2.L’émergenced’un«programme»degestiondesflux 2.1.Lerisquecommevecteurdegestion

Regroupées dans un SIVU afin de reconstituer les paysages et de garantir la sécurité du massif, lescommunesentreprennentdès1990desétudesrelativesauxrisques,doncàlafréquentation.

Desrisquesdenaturedifférentesontalorssystématiquementmisenrelationaveclagestiondesvisiteursetlesimplantationsdeshabitants:

- ladéfensede la forêt contre le feudemeure lapremièrepréoccupation,depuis les incendiesdu24août1986 (1500hade forêts ravagéessur leversant sudduCengleprovoquant lamortd’un jeunesapeur-pompiervolontaire)etceluidu28août1989(quidétruit60%dusiteclassédel’époque,soitplusde5000ha),faisantdisparaîtrelafaunespécifiquedesversantssudetmettantànudesgisements,desgrottes,desruinesetdesvestiges.Lavaleurpatrimonialedumassif s’ébauchedans lesespritsdesgestionnairesàpartirdecesannées-là.Lemassifétantemblématiqueet l’incendiede1989ayant laissédestraces indélébiles,deseffortssansprécédent sont consentispouréviterquene se reproduiseune telle catastrophe. Les rapportsentre lerisque incendie et une fréquentation mal maîtrisée apparaissent sans équivoque dans tous les documentsd’archives;

- lerisquederupturedesbarragesvientappuyercettemiseenprécaution:l’inondationcatastrophiqueenavalprécédéeparuneondedesubmersion,notammentpossibleàpartirdubarrage-voûtedeBimont,estpriseencompte.Cebarrageretientunecapacitémaximaledestockagede40millionsdem3destinésàassurerune réserve pour le Canal de Provence afin d’augmenter la desserte en eau du pays d’Aix et d’alimentercorrectement les communes de Gardanne et de Trets. 52000 personnes vivent dans la zone de sécuritéimmédiateetdenombreuxétablissementsscolairesetcommercesysontprésents;

- la compatibilité de la pression de la chasse avec les objectifs environnementaux de la Réservenaturelleestégalementétudiée: si lapressiondechasseestglobalementconsidéréecomme faibleounulledans la réserve, elle est jugée forte en périphérie et les chasseurs exercent pleinement leur pratique auxabords des zones limitées. Lesmanques à la discipline de tenue des chiens de chasse provoquent dans lesannées1990desconflitsaveclepublicquinecomprendpaspourquoileschiensdechassenontenusparleurspropriétairespénètrentdanslaréservetandisqueleurschiensysontinterdits.Laquestiondudangerpourlesvisiteurslesjoursdechasseestégalementposée.CesconclusionsdesétudessontreprisesplustarddanslesinventairesZNIEFF(Beltra,Michaud,2008)etNatura2000(SyndicatmixtedépartementaldesmassifsConcors—Sainte-Victoire);

- lacompatibilitéaveccertainespratiquessportivescommenceàapparaîtrepourleparapentedeloisirsportif, l’escalade, le vol librevis-à-visdes zonesdenidificationde l’aigledeBonelli, etmême,parendroits,pourlarandonnée(figure7).

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Figure7.Gestiondesactivitésdevollibresurleversantouestdumassif. ClichéVincentVlès,2015

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2.2.Processusetoutilsdegestiondesflux

LacompréhensiondesfluxdesdifférentsusagersdelaSainte-Victoires’appuieprincipalementsurl’analysedesespacesdestationnementsréaliséeauparavantàlademandedesservicesdel’État,garantdusiteclassé,maisnondirectementenpriseavec lagestiondesa fréquentation.LeSIVUréaliseégalementunschémaderéhabilitationde la régénérationdumassifpour traiterdesquestionspaysagères (1991). Ilmetenplace,en1998, une équipe de gardes nature grâce aux emplois jeunes, qui se structurent peu à peu en «groupe desurveillance et d’accueil» (12 gardes nature sont aujourd’hui sur le terrain). La mission première de cetteéquipeestd’informer lapopulationet les visiteurs sur lesdangerset les conditionsopérationnelles liéesau«risquenoir»,c’est-à-direl’accèsetlacirculationdesservicesdedéfensedelaforêtcontrel’incendieetdesservicesdesécurité(entretiendirecteurduGSSV,29avril2015).

LescompétencesinitialesduSyndicatintercommunalliéesàl’OpérationGrandSitesontdoncdèsl’originecentréessurlagestiondelafréquentation,leséluslocauxs’étantfixépourmissiondelastabiliser(entretienchargé de mission aménagement et patrimoine du Grand Site, 3 février 2015; entretien vice-président duGrand Site, 28 avril 2015; entretien directeur du Grand Site, 29 avril 2015). L’extension liée au passage auSyndicatmixtepermetd’étendre aumassif duConcors les compétencesde l’OpérationGrandSite.Dansunpremier temps, le Syndicat intercommunal des années1990 assure 3 types d’interventionsqui touchentdirectementlaquestiondurétablissementdelavaleurpaysagèreetducontrôledesflux:l’aménagementdesparkings,l’enfouissementdeslignesélectriquesdanslecadredeslignesbudgétaires«élémentspaysagers»etlacréationdessentiers.Cettepréoccupationestconfortéeparlestravauxscientifiquesdesarchéologues,desgéographes et des économistes qui émettent des recommandations. Par exemple, des propositionsd’aménagementdesentiersàthèmesontformuléesparlesarchéologues(Mocci):«ilseraitjudicieuxdecréerunsentiersurlesabordsdusitearchéologiqueafindepermettreauxnombreuxusagersdeSainteVictoired’endécouvrir ses richesses historiques. Pour cela, sur des panneaux, on expliquerait, en résumant l’histoire del’oppidum,ainsiquecelledel’aqueducromainvisible le longdelaD.17. Ilseraitégalementpossibledecréerunetabled’orientationpuisqu’unemagnifiquevues’offreduplateauoùsetrouve lesite.Cependant, ilseraitnécessairedepréserverlesite,enleprotégeantcontrelespilleursdesrichessesarchéologiques».Demême,larestaurationdesterrassesdeSaint-Antoninestproposée,ainsiquel’améliorationdubalisage(notammentduGR9) et l’installation de panneaux d’information en bois (sentier botanique du domaine de Roques-Hautes,figures5,7et8).

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Figure8.Sainte-Victoiredepuisleparkingdel’Aurigon,domainedeRoques-HautesClichéVincentVlès,2015

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Figure9.Leparcoursbotanique,versantnord.

ClichéVincentVlès,2015

Dansledomainedelasauvegardeetlamiseenvaleurdupatrimoine,l’interventionaétéplanifiéeàpartird’un inventaire réalisé avec la DRAC qui a défini des critères d’intervention sur les 10 ans en fonction deprioritéstrèsciblées.CeciestliéaufaitqueleSyndicatn’alacapacitéquedetraiterdeuxbâtimentsparanaumaximumsuruntotalde250ouvrages(entretienchargédemissionaménagement,3février2015).

En1996,l’initiativeestrelayéeparlescollectivitéslocales:c’estàlademandeduSyndicatintercommunaldu Massif Sainte Victoire et en collaboration avec la Diren qu’une série d’études, dont une étude sur lafréquentationtouristiqueetrécréativedumassifSainte-Victoire,sontréaliséesnotammentparlesuniversités

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(l’université de Provence et celle de Méditerranée, Nectoux & al., 1996; Université d’Aix-Marseille, 1996;UniversitédeProvence,1996;Gabert,1998).D’abord,cesanalysesnecomportentquedescomptagesetdesenquêtesauprèsdes touristes (Nectoux&al., 1996). Toutes constatentdéjàque la fréquentationduMassifSainte-Victoireesttrès importanteets’accroîtd’annéeenannée,etquecettefréquentationestcaractériséepar une grande variété des centres d’intérêt. Ellesmettent en avant le fait que cette fréquentation, si elleinduit des risques, produit également des charges pour les collectivités locales qui doivent réaliser lesaménagementsnécessairesàl’accueil,l’entretienetlasurveillanceduMassif.

Toutes les études ultérieures sont entreprises à l’initiative du Syndicat et toutes sont suivies par desprogrammesd’interventionsenplusieursphases:d’abordsurlesparkings,ensuitesurlessentiers,puisvisantà laconnaissancedesusagerset lamiseenplaced’unobservatoirepermanentde lafréquentationetdesesretombées.Leprogrammedegestiondelafréquentationetdescapacitésd’accueil(etdechargedessiteslesplus sensibles) est donc directement issu de ces études et des observatoirescréés dans cette optique:observatoirecartographique(SIG),observatoirephotographique(observatoireduterritoire)etobservatoiredefréquentation(avecécocompteursen2015)quipermetl’acquisition,lesuiviscientifiqueetopérationneletlavalorisation des connaissances acquises sur le site. Ce programme est complété par des rapports annuelspréparés à partir de l’analyse des tableaux de bord par agents et adressés à l’ensemble des partenairesinstitutionnels, associatifs et privés. Depuis l’obtention du label Grand Site de France, les programmesd’interventionfontdésormaisl’objetdeconventionspluriannuellesd’objectifspasséesentreleSyndicatetsespartenairesfinanciers(OGS,conventiond’objectifsForêt,contratdépartemental).

3.L’élaborationducontenuduprogrammedegestiondesflux DéjàdanslerapportréaliséparNectouxetRichezen1996,laquestiondesindicateursrelatifsàlacharge

liéeàlavisiteestabordéeetdifférenciéepourlapremièrefois:§ ceux permettant de mieux connaître les visiteurs et leurs motivations, afin de mieux

répondreàleurdemande,§ ceuxpermettantdemieuxapprécierlesconflitsd’intérêtsentrelesvisiteurs,lespropriétaires

privésetlesrésidents,§ ceux permettant d’évaluer les retombées pour l’économie locale et les possibilités de les

améliorer,§ ceux permettant d’évaluer les impacts des politiques publiques mises en place pour

l’aménagementetlagestiondusitesurlesdynamiquestendanciellesd’évolution,§ ceux permettant d’évaluer les dépenses supportées par les différents partenaires publics

(état, région, département, communes) pour la gestion du site au regard de l’origine desusagers,

§ ceuxpermettantdedéfiniruneméthoded’observationstatistiquequipermetted’actualiserultérieurementlesenquêtesàmoindrecoût.

Pour autant, cette distinction ne fait pas encore l’objet à cette époqued’une individualisation des choixd’indicateursà suivredans le temps: il faudraattendreen faitpourcela les résultatsde l’étudeTRACESTPIEOLEde2010.Maisladémarcheestposéedeuxdécenniesauparavant.

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3.1.Lespremièresmesuresdegestiondelafréquentation,aucasparcas,portentsurlesparkingsetlessentiers.

Dans les années1990, les enquêtes qualitatives auprès des usagers reposent sur des questionnairesélaborés par des sociologues et administrés par des étudiants des universités d’Aix-Marseille I et II (engéographieetenscienceséconomiques).Lescalagesquantitatifs, réaliséspar l’équipeduSIVU,reposentsurdescomptagesdevéhiculesetdénombrentsystématiquementlenombredevoituresgaréessurlesparkingsetlelongdesroutes(avecnuméroterminaldesplaquesminéralogiquespourdéterminerl’originegéographiquedesvisiteurs).Cesenquêtessontadministréesensemaine,leweek-end,pendantlesjoursfériésetmêmelorsdesvacancesscolaires,selondesparcoursprécisàheuresdéterminées,surlesdeuxversants.

Cesanalysesdelacapacitéetdel’occupationdesprincipauxparkingsdumassiffontapparaîtredesniveauxdesaturationprécissurcertainsparkings.Dèscetteépoque,lazonelaplusfréquentéesesitueauniveaudubarragedeBimontquiattirel’essentieldesvisiteursd’Aixetdesarégion.Lepublicyvientprincipalementpourlesiteet lespaysages.L’intérêtpourlesportet ladétentenereprésentequ’unfaiblepourcentage, lamoitiévenant surtout pour les activités de promenade. L’essentiel des visiteurs a un niveau social relativementélevé(beaucoup de cadres). Ces résultats seront confirmés lors de l’enquête de 2009-2010 et parl’observatoiredesfréquentations.

Cesétudesetenquêtespermettentdedresserdespremièrescartesdefluxetdepointsd’accueilàtraiterenprioritéàpartirdesquelsunpremierréseaudesentiersesttracéetsonentretienprogrammé,ainsiquedessecteursoùilconvientd’envisagerlacontentiondesvéhicules(figure10).

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Figure10.Inventairedespotentialitésetpropositionspourunréseaudesentierssources:ArchivesduSyndicatmixteduMassifSainte-Victoire,1995

La répartition et le choix des lieux à traiter pour l’accueil du public sont effectués selon trois critères

(entretienDREAL,27avril2015):- lachargemaximaleatteintedanschaquesecteurdelamontagneattenant,- lescapacitésrelevéesetpotentiellesenpériphériedumassif,- les contraintes de l’amélioration fonctionnelle (sécurité routière) et paysagère de l’accès à chaque

entréedesite.Lesestimationsde1996fontétatd’unefréquentationtotaleparande712000personnes(dont40%les

dimanches et fêtes), avec un pic maximum de 9 600 personnes sur le site (dimanche exceptionnel). Enmoyenne, le dimanche accueille 6600 visiteurs, les samedis et jours de ponts3 170, les jours de semaine:1175/jour,lafréquentationjournalièreannuellemoyennes’élevantdoncà1950personnes.Lamoyennedelavisiteestde4heuresetlesnuisancesprovoquéessontqualifiées,dansl’étude,de«plusimportantesquecellesquerésidentsetpropriétaires,qui,engénéral,participentàlaprotectionetàl’entretiendesespaces».

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Figure11.ÀlaCroixdeProvence, alt.948msamedi25avril2015. ClichéVincentVlès,2015

Cetteestimationventiléeselonlesnombreuxsitesd’accèspermetd’analyserlafonctiondechaqueparking,son inscription paysagère, la sécurité qu’il permet à la fois pour la visite et pour l’accès des secours et sespotentialités d’évolution (agrandissement ou, au contraire, restriction voir fermeture), le tout issu d’une

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concertation poussée entre tous les acteurs. Les rencontres entre les chargés d’étude, l’Architecte desBâtiments de France, la Direction régionale de l’Environnement, une paysagiste missionnée pour ce travail(SylvieLalot),l’architectedelamaisonSainte-Victoire,l’OfficeNationaldesForêts,leSyndicatetlesmairesdescommunespermettentdeprendrelesdécisionsderemodelagedeparkings(parexempleleparkingdesDeuxAiguilles,figure12),deréorganiserlestationnement,defixerourestructurerlesdépartsdechemins,lesairesde pique-nique, de fixer les moyens de sauvegarde et de renforcement de la végétation (travaux denivellementdesol, compactagedespistesdecirculation,plantationd’arbrespourpaysager lesparkingsafind’enréduirel’impactvisuel).

À partir de cet état des capacités souhaitées, le Syndicat entreprend, dans ces années1993-1995, unimportant programme d’aménagement des aires d’accueil en fonction de l’évaluation de la capacité desparkingsetdesaménagementsàréaliserlelongdesroutesdépartementalespourlimiterlestationnementdesvoitures. Deux types d’intervention sont privilégiés: les secteurs à aménager en continu, qui recouvrentl’ensemble de la voirie nationale et départementale, et les secteurs à aménager point par point, selon lesbesoins,quiconcernentlesprincipalesairesd’accueildupublic.

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Figure12.Extraitduprogrammed’aménagementdesairesd’accueil, sources:SylvieLalot,1995

Lesmodalités de ces réalisations sont ensuitedétaillées dansun avant projet détaillé (APD)présentéenCommissiondépartementaledesSites,puisdéclinédansdesprogrammesd’aménagementavecconsultationdesentreprisespourl’exécutiondestravaux.L’aménagementduparkingdesDeux-Aiguillesestl’illustrationdelarésolutiondesdifficultésd’inscriptionpaysagèreetdereprisedelalimitationdesfluxàpartirdescapacitésd’accueil malgré «les difficultés de la coopération intercommunale avec les autres partenaires (État,Département,associations,chasseurs…), la lourdeuret lesexigencesdesprocéduresadministratives imposéespar le classement du site et les difficultés à obtenir des financements» (entretien chargé de missionaménagementetpatrimoineduGrandSite,3février2015).

3.2.Lagestionparprojetglobal

À partir de lamise en place du Syndicatmixte dans le cadre de l’obtention du label en 2000, un projetterritorialestdéfinietmisenœuvre. Ilpermetd’insérer lesmesuresponctuelles,souventprisesenurgence,dansunevisionàlongtermedébattueetpartagéeparlesacteursdelaMontagne.Ilassurelepassaged’unephasedemiseen sécuritéàunephasedeplanificationetdegestionenvironnementaleetpaysagèreà longterme,en lienavec lesmissionsd’accueil despublics. «Ceglissementde l’entrée sécurité vers l’interventionnaturalisteapermisdemieuxprendreen compte les critèresdegestionde l’érosion,des sur fréquentations.Pourautant, lesobjectifsdegestiondelacapacitédechargedemeurenttrèsflousdansleplandegestiondusite,avec«desformulestrèsgénéralesdutype:onfaitunaccueildequalitésansfavoriserlafréquentation»(entretienchargédemissionaménagementetpatrimoineduGrandSite,3février2015).

Ce «projet territorial», adopté en 2003par le Syndicat et par les instances de chacunedes collectivitéslocales,a formalisé lesengagementsque leGrandSiteSainte-Victoireaprisdans lecadredesa labellisationGrandSitedeFrance®en2004:

1. offrir au public un accueil de qualité (aires d’accueil aménagées, schéma d’itinéraires depromenade et de randonnée, sécurisation des pratiques, signalétique, information et découverte

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culturelle,présencedesgarde-nature)quis’appuiesurtroisprincipesfondamentaux:lamaîtrisedelafréquentation (maintien global du nombre de visiteurs, organisation de l’espace et orientation desflux), la limitation des impacts sur l’environnement (zonage desmilieux sensibles, mis en défends,rigueuretsobriétédesaménagements)etlerespectdesacteurslocaux(propriétaires,professionnelsethabitants);

2. préserver leséquilibrespaysagerscaractéristiques(schémaderéhabilitation,gestiondusiteclassé, principes d’aménagement durable) et conserver voire enrichir le patrimoine naturel(programmedesuiviscientifique,gestiond’espacesnaturels,plandegestioncynégétique);

3. restaureretmettreenvaleurdesélémentschoisisdupatrimoinebâtivernaculaire,historiqueetreligieux(inventairedupatrimoine,programmesd’action);

4. protéger le massif par une politique de prévention des incendies et encourager unevalorisation de l’espace forestier au travers d’activités économiques, dans le cadre d’une charteforestièredeterritoire,par ledéveloppementd’uneexploitationforestièreraisonnéeet lesoutienàl’agropastoralisme;

5. promouvoir un développement local durable, en accompagnant les manifestations locales,participant aux initiatives privées de mise en valeur du territoire, soutenant les professionnels dutourismeetproducteurs locauxeten initiant l’émergenced’unevéritable«cultureSainte-Victoire»(dossierLabelGrandSitedeFrance,2004).

Laconstructiondespolitiquesd’accueildugrandsitea reposésurdesprincipescommunsbasés surunedémarchepragmatiqued’anticipation(entretienchargédemissionaménagementetpatrimoineduGrandSite,3 février 2015; entretiendirecteur duGrand Site, 29 avril 2015; entretien vice-président duGrand Site, 29avril2015).Lachargeadmissiblequiaprévaluauxcalculsdelatailledesparkingsetauxcontentionsvisantàlimiterlesaccèsetàintégrerunensembledepointsquienontfaitlesuccès(Vourc’h,Urbanis,1999:35):

• Lacapacitéd’unsiteneselimitepasàlaseulechargephysiqueouécologique,maisrésultedel’interactiondedifférentsfacteurs,

• Elle intègre des aspects sociaux, relatifs aux perceptions et pratiques des habitantspermanentsdusiteainsiqu’auxattentesetàl’expériencedesvisiteurs,

• Elle associe des critères scientifiques (écologie, archéologie, sociologie, économie…) et desjugementsdevaleur,

• Elleestfonctiondesobjectifsdegestionquel’onsefixepourunespacedonné(conservationstricte,ouverturelimitée,ouvertureaugrandpublic…),

• Elle peut varier en fonction desmoyens techniques, humains et financiers dont dispose legestionnaired’unsite,

• Elle appelle une démarche de concertation, ses effets pratiques étant d’autant mieuxacceptésquelesdifférentespartiesencausesontassociéesàsadétermination.

Ce projet crée pour la Montagne Sainte-Victoire une gestion des fréquentations en fonction des typesd’accueiletdesoutilsdisponibles.Onpeutydistinguerunegestiondesfréquentationsparl’aménagementdesstationnements, l’aménagement des sentiers, une appréhension plus systémique des flux et, enfin, uneattentionnouvelleauxretombéeséconomiques.

3.2.1.Lagestionparl’aménagementdesstationnements

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La gestiondes fréquentations par les points d’entrée sur le grand site (les parkings) est stratégique. Ellereposesurunepratiquedéjàrompue,caranciennedepuislesincendiesde1985-1989etsurunensembledeméthodesbienconnuesparlesorganismesspécialiséspermettantdeconnaîtreetdemaîtriserlesflux.

Quatorze ans après l’étude de fréquentation de 1995, unemission d’assistanceméthodologique pour laconnaissance de la fréquentationde laMontagneest confiéeen2009par leGrandSiteaubureaud’étudesTRACESTPI/ÉOLE.Elleviseàconnaîtreetsuivre,dansletempsetdansl’espace,lafréquentationdesespacesnaturels du site, à mettre en évidence la répartition des visiteurs sur tout le territoire et à mettre à ladispositiondugestionnaireduGrandSitelesrésultats.Cesanalysessontenvisagéescommeunpréalableàlacréationd’unobservatoirepermanentdelafréquentation.

Cettenouvelleétude livréeen2010faitétatd’uneaugmentationde28%de la fréquentationglobaledusite entre 1995 et 2010. Cependant, élaborée selon desméthodes différentes et en des lieux de comptagesouventdifférentsounouveaux,laméthodologierendlescomparaisonsetl’étudedesévolutionsdélicatedansle temps,d’où lamiseenœuvreultérieured’unobservatoirepermanentdes fréquentationspar le Syndicatmixte.

Figure13.Évolutiondesfluxdepuislesprincipauxlieuxdecomptage.

Sources:TRACEStpi/ÉOLE/GSSainte-Victoire,2010,p.7.

Commelaprécédente,cetteétudeanalyse la fréquentationàpartirdespointsd’accèsaumassif,c’est-à-dire à partir des parkings (certains ont changé depuis 1996) et des aires d’accueil (au total, 34 aires destationnement) pendant 32 jours au printemps et à l’automne. Elle s’est concentrée tout entière sur laMontagneSainteVictoire,neprenantpasencomptelemassifduConcorsauNordetduCengleauSud,oùlafréquentation est de moindre importance. Parallèlement, une étude spécifique a été réalisée sur le parcdépartementaldeRoques-HautesparleConseilGénéraldesBouches-du-Rhône(quienestpropriétaire),avecdesméthodessimilaires.Suiteauxaménagementsdesparkingsetdessentiersd’accès,contrairementà1995,leSudparaîtplusfréquentéqueleNord(53%contre47%),l’Ouestconcentranttoujours74%desvisiteurs.

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La méthodologie et la fréquence des relevés des études quantitatives et qualitatives entreprises par lebureaud’étudespermettentd’acquérirdesdonnées représentativesde la fréquentationannuelle.L’enquêtequalitative repose sur 1002 questionnaires effectués sur 7 points d’enquête (parkings les plus importants:Bimont,MaisonSainte-Victoire, lesDeux-Aiguilles,LesVenturiers,SaintSer,LeTholonet,Puitsd’Auzon).Ellepermet de connaître, de manière assez classique, le profil des visiteurs (genre, âge, catégoriesocioprofessionnelle, habitude de visite,mode de visite, heure d’arrivée, temps passé, activités pratiquées).L’enquêtequantitativeestbaséesur106relevésentrele1eravrilet le15novembre2009,ellereposesurunéchantillon qui couvre plus du tiers de la période au deuxième et au quatrième trimestre, c’est-à-dire lapériode où les 2/3 des randonneurs fréquentent le site qui couvre également 60% de la fréquentationautomobileannuelledudomainedeRoques-Hautes.L’enquêtequantitativeestdoncmenéesurunan(2009-2010),l’enquêtequalitativesur8mois(18avril,1ernovembre2009),àl’exclusiondejuilletetaoût,cequipeutposerproblèmevis-à-visdesfluxtouristiquesd’origineplusvacancière,nonprisencompte.

La fréquence des relevés a permis d’acquérir des données représentatives de la fréquentation annuellepuisque l’échantillon des comptages des véhicules sur les parkings représente 60% de la fréquentationautomobile totale. Le repérage des différents itinéraires a été réalisé à partir de 2062 enquêtescartographiquesconduitesauprèsdesvisiteurs,donnéesrenforcéespar14pointsdecomptageautomatiquesituéssurlessentiersdegrandeaffluence(écocompteurs).

Figure14.Nombrederelevésmensuelspendantlapérioded’étudeSources:TRACEStpi/ÉOLE/GSSainte-Victoire,2010,p.5.

L’évaluationdelafréquentationglobaleannuellereposesurdeuxapproches:uneapprochefondéesurle

relevéexhaustifdunombredevéhiculesenstationnementsurlatotalitédesparkingsautorisésetdesairesdestationnement «toléré» sur le site d’étude (64 relevés) y compris en période estivale, et une approchecomplémentaire fondée sur des comptages automatiques sur le seul site du domaine départemental desRoques-Hautes visant à caler les résultats globaux de laMontagne sur ceux, exhaustifs, connus et «réels»(TRACES, p.6) du domaine (4 parkings) qui représente 25% du stationnement duGrand Site. L’étude de larégressionlinéaireentrelesdeuxniveauxterritoriauxdesstationnementsapermisdemettreenévidenceunebonnefiabilitédereprésentativitédelafréquentationdudomainedeRoques-Hautes(coefficientdevariationde0,86,soitunefiabilitéde86%).

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Calculéàpartird’unéchantillonde859véhicules,lenombremoyendevisiteursparvéhiculess’élèveà2,5(enquêtesSyndicatmixteetConseil général).Comme lenombredevéhiculesassociéà la fréquentationdesespaces naturels a été évalué à 370900 véhicules, la fréquentation totale annuelle est estimée à 927255visiteursentre le1eravril2009et le31mars2010.Regroupéesen11secteursdecomptages, les33airesdestationnement permettent de suivre les évolutions de chaque secteur d’accès au site depuis 1995. Cetteévolution montre l’efficacité des actions entreprises par le Grand Site et le Conseil général puisquel’aménagement des parkings, réalisé par des restructurations, des agrandissements ou des fermeturespartielles montre des recentrages notables des flux vers les lieux privilégiés par l’action publiquepour lafréquentation, en évitant les sites fragiles ou fragilisés. Par exemple, les agrandissements des parkings desRoques-Hautesaccueillentplusdeflux,ceuxdesdeux-Aiguillesoupermettantl’accèsnordparleversantdesVenturierspermettentdediminuerlachargede13à14%(cessecteursétaientfortementfréquentésen1995).Demême, lesvariationsquotidiennesanalyséessurchaquesecteurpermettentd’ajusteràpetiteéchelle lesconditions de l’accueil et l’ouverture ou la fermeture d’activités ou de secteurs: les augmentations ou lesdiminutionssonteneffetdirectementcorréléesaveclanaturedesactivitéspratiquéesdepuiscesparkings.

La répartition des arrêts entre parking autorisé et aire de stationnement «tolérée» montre que, si lestationnement sur parkings autorisés regroupe 93% des stationnements, le stationnement sauvage peuttotaliser exceptionnellement jusqu’à 23% des accueils de véhicules l’après-midi sur les secteurs les plusaménagés(Roques-Hautes),contre2%enmatinée.Néanmoins,globalement,lafréquentationnegénèrepassystématiquementde stationnementhorsdesparkingseux-mêmes. Ledépassementde la capacitéd’accueildes parkings débouche plus sur un stationnement anarchique dans leurs limites internes qu’en périphéried’airedestationnement.Commeenstationtouristiquedu littoralouenstationdemontagne,onobserve iciunegestiondes stationnementsqui accepteque la configurationdesmodesde stationnementpermetteundépassementtemporairedelacapacitéd’accueil.Certainsparkingsdontlesaccèsroutiersnedisposentpasdecontentionsendur (plots, rochers,etc.)voientnéanmoinsunstationnementsauvages’opérersurcesaxesàproximité les jours de grande affluence (parkings desVenturiers: 7 jours/an, Bibémus: 13j/an, l’Anchois, leBouquet). Le nombre de jours où la capacité d’accueil théorique (CAT) est atteinte sur les parkings faitégalementl’objetd’undénombrement(parexemple,l’Anchois=57jours;l’Aurigon=22jours;leBouquet=17jours/an),cequipermetd’évaluerapproximativementledéficitdenombredeplacesparrapportàdespicsde fréquentation dont le Grand Site accepte qu’ils soient atteints sans entreprendre pour autant unagrandissement de la capacité (entretien directeur du Grand Site, avril 2015). Ceci justement afin decontraindreetdemaîtriser les fréquentations:bienqu’àaucunmoment cet argumentne soitmisenavantdanslesdocumentsetlesconventionsdegestion(autrementquedemanièreallusiveparlevice-présidentdugrandSite«nous,onn’yvapaslesjoursdegrandefréquentation»),ils’agitdenepasencouragerl’accèscesjours-làennelefacilitantpas.

Toutes les aires de stationnement ne sont pas fermées au public en période de risqueDFCI. Les relevéspermettentdeconstaterque lamontagneSainte-Victoire fait l’objetd’une fréquentationcontinue,quelquesoit le niveau du risque incendie (451 véhicules quotidiens enmoyenne les jours de risque orange, 223 enrisquerouge,222enrisquenoir).Leurlocalisations’expliqueparlesouverturespermisesenzoned’accueildupublicenforêt(ZAPEF).

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Figure15.CartedesZAPEF.

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Sources:GrandSiteSainte-Victoire,documentconsultéle12juin2015.

Sur un an, 15656 visiteurs ont été enregistrés en période de niveau orange, rouge ou noir(99personnes/jour pour ce niveau de risque), ce qui n’est pas négligeable, grâce au dispositif de comptageautomatiquemisenplace.

LecasdelagestiondesfluxsurleplateaudeBibémus

Situéàl’ouestdelaMontagneSainte-Victoire,leplateaudeBibémuss’étendsur200hadeforêts,privéespourl’essentiel,avec,ensoncœur,lescarrièresdeBibémus,sitemondialementconnupouravoirfait l’objetde nombreuses représentations par Paul Cézanne. Cet espace présente de nombreuses problématiques desespacesnaturelspériurbains:questionsdel’accueildespublics,desécurité,depréservationducadredevieoudepaysages.

Jusqu’en1997,cesiteafaitl’objetdetrèspeud’aménagements,notammentenraisondesonclassementautitredelaloide1930etdePOSpeupermissifs.Lespremièresinterventionssontengagéesdanslescarrièresafin de sécuriser le site désormais ouvert au public selon un régime de visites encadrées depuis 2006. Deséclaircies des boisements à l’abord des carrières, à proximité de l’aire d’accueil et le long du chemin deBibémus sont engagées ainsi que leurs débroussaillements corollaires afinde réduire le risque incendie. Lesabords et accès sont réaménagés, les cheminements piétons au départ d’Aix et du Tholonet réhabilités, lachausséerefaiteetunsystèmedecontentionréalisétoutaulongdelaroute,afindecontenirlacirculationetd’interdire le stationnementanarchique.Unparkingde40places seulementaétéaménagéàproximitédescarrières(coûttotaldestravaux:880000€).

La programmation d’intervention est établie de manière à ce que chaque opération de travaux puisses’enchaîner avec les suivantes tout en respectant les aménagementsprécédents. Ladifficultéde l’opérationtientaufaitquelesvoiesd’accès(pistepompiersetdesecours,cheminrural)netraversentquedespropriétésprivées.

Aaucunmoment,leparkingpayantn’estenvisagé,mêmesileprojetterritorialduGrandSiten’exclutpascettesolution.Ellenefaitpaspartiedeschoix«naturels»desdécideurs(entretiendirecteurduGrandSite).

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Figure16.RéhabilitationdesaccèsàBibémus ClichéVincentVlès,2015

Dès cetteétaped’étudeetdeprogrammation, lesobjectifsde l’aménagementdu site,déléguéà laVilled’Aix-en-Provence,sont:

Ø delimiteretd’organiserlafréquentationautomobile,avec:§ une limitede stationnementenboutde chemin, fixéeà40placesde véhicules et

une place de minibus, avec un aménagement d’une aire de stationnementpaysagère,intégréeetrespectueusedel’environnementproche,

§ unaménagementdeparkinggratuitdedissuasion(«parkingdes3BonsDieux»)de165 places à l’entrée de la ville d’Aix constituant un point de départ pour lespersonnesdésireusesd’accéderauplateaudeBibémusàpiedouennavette,

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§ l’installationdepanneauxlumineuxendépartdecheminafind’informerlesvisiteurssurl’étatderemplissagedel’aired’accueildeBibémus,

§ une interdiction de stationnement avec panneaux d’interdiction, système decontention de véhicules, débroussaillements de sécurité, mandatement de lafourrièrepourenleverlesvéhiculesstationnéssurdeszonesouenpériodeinterdite,

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Figure17.Contentionlelongdesvoiesd’accèsauplateaudeBibémus ClichéVincentVlès,2015

§ limitation de la vitesse à 30km/h sur la totalité du chemin et installation d’un«seuil» marquant l’entrée dans le secteur préservé 800 mètres avant l’aired’accueil,

§ lamiseenplacedenavettesgratuitesrégulièresdepuisles3BonsDieuxàl’occasiondel’annéeCézanne(ligne4àpartirde2007),

§ l’améliorationdesitinérairespiétonsdepuislescheminsduPrignon,desProvences,de la Risante, d’Escrachoupéou, de Fontenaille et de Carcassonne par balisage,entretiendessentiersetmiseenplaced’unpanneautageapproprié,

Ø d’interdirel’accèslesjoursàrisque,Ø deprotégerleplateauetlescarrièresenréduisantlerisquededéveloppementd’incendiesavec:

§ miseenplacedeconventiondepassageaveclespropriétairesprivés,§ diminution raisonnée de la végétation par la réalisation de coupes et de

débroussaillements, installation de trois citernes enterrées supplémentaires,accessiblesauxhélicoptèresbombardiersd’eau,

§ miseenplaced’unestratégied’évacuationdupublicetdeshabitantsduplateauetdescarrières,

Ø d’amélioreretd’augmenterlesmoyensmisàladispositiondessecours,Ø demettreenplacedesmoyensalternatifsd’accèsauplateau,Ø d’ouvrir les carrières de façon intégrée avec encadrement de la visite des carrières par l’Office de

Tourismeselonunparcoursaménagé,avecunaménagementminimalistequiconsidèrequelesiteest«une grande fouille archéologique un amas de blocs et un lieu de vie végétale qu’il ne faut pasperturber. Leparcoursutiliseainsi les sentiersexistants, stabiliséspouréviter touteérosiondueaupiétinement, et des platelages de bois posés sur le sol pour franchir les espaces accidentés. Cedispositifpermetdeprotégerlesolenplaceetlavégétation.

Ø d’améliorerl’informationdupublicsurlesconditionsdefréquentationdecetespacenaturel.

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Figure18.AncienparkingferméàBibémus ClichéVincentVlès,2015

La totalité de ces interventions vise à permettre au site de conserver son intégrité en réalisant descheminementsdélimitésetenabandonnantdescoinsetdesrecoinsdont lavisitenes’avèrepasessentielle,pourdesquestionsdeprotectiondel’équilibrenaturel.

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Finalement, le système d’observation mis en place met en avant la nette diminution dans le secteuraménagéensited’accueilvolontairementrestreintdeBibémusetsurleGR9,secteurdesVenturiersàl’ouestde Vauvenargues (versant nord). On constate que les grands parkings augmentent le plus en nombre devisiteurs,etceuxdel’estdelamontagneconnaissent,quantàeux,uneprogressionspectaculaire.Àpartirdeces connaissances des flux depuis les parkings, l’aménagement des accès au plateau de Bibémusmontrel’efficacitédelastratégiedegestiondesfréquentationspourleGrandSitesurlesparkings.Danscetensembled’aménagementsraisonnésdestinéàcontenirlesfréquentationsselonleslieuxd’accès,lesecteurdeBibémus(àl’origine,avant2006,250véhiculesenvahissentcesitequinecompteplusaujourd’huique40places)estledernier à avoir été conçu lors du réaménagement des carrières, y compris dans ses dimensionnements(évaluationdelacapacitéennombredeplaces).L’étude«présentationdestravauxréalisésenapplicationduSchéma de cohérence et d’aménagement du plateau et des carrières de Bibémus» montre égalementl’ensembledutravaildecoordinationdesactionsentreprisdès1997àlademandedeshabitantsetriverainsduplateau,l’État(DIREN),leGrandSiteetlavilled’Aix-en-Provence.

Lagestionparl’aménagementdessentiers

Ladeuxièmeactionentreprisedanslecadredelagestionglobaledesfréquentationsreposesurl’ouverture,le calibrage et la surveillance des sentiers. Différents parcours ont été créés, à la fréquentationmesurée etcontenue:sentierhistorique,sentierduPrieuré,parcoursbotanique,sentierImoucha,sentierdesVenturiers,sentierdesPlaideurs…

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Figure19.SurlesentierbleugéréparleGrandSite,clichéVincentVlès,mardi28avril2015.

La méthode est simple. L’examen de toutes les activités ludiques et de découverte est réalisé dans un

premiertempspardescommissionsavecdescomitéstechniquesregroupantélusettechniciensquimettentenplacedeschartes(«escalade»,«randonnée»,«parapente»,etc.).Cescomitéstravaillenttoutel’annéeetfontétatdesproblèmesàtraiteretdestravauxauxcommissions.C’estainsiquesontgérés,enfonctiondesurgences, lesproblèmesà régler.Parexemple, «le sentierGR9quimontedepuisVauvenarguesavait vu secréer, dans les années2002-2004, un certain nombre de sentes divergentes. Des problèmes d’érosion s’enétaientsuivisàtelpointqu’encertainsendroitsonnevoyaitplusoùétaitlesentierparrapportàladraille.Leproblème, étudié en comité technique puis en commission, a permis au Syndicatmixte de choisir unmaîtred’œuvrepourconstruiredesmuretstrès insérésdans lepaysagepermettantdecantonner lesrandonneurset10 ans plus tard, les résultats sont tout à fait concluants, il n’y a plus de chemins divergents ni d’érosion nid’étalementdescheminements.C’estdoncenfonctiondesurgencesqueleSyndicataagi: incendies,sentiersquandilscommencentàs’élargir,parkingsde1995à2012-2013.Aujourd’hui,aveclesévènementsclimatiquesqui sont de plus en plus forts (4 éboulements enmoins d’un an sur lamontagne), le Syndicat est amené àintervenir plus fréquemment sur un certain nombre de sentiers qui pendant l’été se détruisent. Outre lesphénomènesclimatiquesexceptionnels,cephénomèneestclairementidentifiécommeétantlarésultantedelafréquentation qui a fortement augmenté: un sentier qui mesurait 90cm de large il y a deux ans peut encompterdeuxmètresaujourd’hui»(entretienchargédemissionaménagementetpatrimoineduGrandSite,3février2015).

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Pourcequiestdelaconnaissancedesfluxsurcessentiers,lesuiviestpluscomplexe:l’étudeTRACES/ÉOLEde2010fournitunepremièrebasede14comptagessurlesprincipauxitinérairesquipermettentauGrandSited’évaluerlessecteurssensibles(figure20).

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Figure20.LocalisationdespointsdecomptagesurlesitinérairesderandonnéeSources:TRACEStpi/ÉOLE/GSSainte-Victoire,2010,p.36.

Laméthodologieutiliséeicireposesurdesenquêtescartographiquesréaliséesparlesvisiteurs.Unecartesur laquelle figurent les aires de stationnement ainsi que le réseau des sentiers leur est fournie pour qu’ilsprécisentleuritinéraire.Aujourd’hui,cetteméthodologiepeutsefairesurlabasedu«shadowing»etdu«go-along»(ensembledesmoyensmisenœuvrepoursuivrelesvisiteursdisposantd’untéléphonemobile),bienquecetteméthodeposedenombreuxproblèmeséthiquesetdedemanded’autorisationspréalablesauprèsdesutilisateurs.L’échantillonréalisépourl’enquêtede2009-2010reposesur1300exemplaires(100enquêtespar point d’enquête). Les résultats permettent de connaître les itinéraires et leurs flux respectifs, lesfréquentations hors des sentiers battus, les liens entre les fréquentations sur les sentiers et les capacitésd’accueil des parkings, les différents itinéraires développés depuis chaque point d’accès (par exemple 21itinérairesquireprésentent88%deparcourseffectuésdepuisleparkingdel’Aurigon)etlesduréesmoyennesderandonnées(2à4heuresreprésentent60%dutempsdeprésence).Lespointsdecomptagepermettentdeconnaîtreainsi lesflux,dontcertainssont importants(119100passagesaubarragedeBimont,parexemple,50720 au point du refuge Cézanne, ou 60000 auxDeux-Aiguilles…), avec la répartition quotidienne (pic defréquentation horaire, 868 en pic de passage à l’heure le 18 octobre entre 16 et 17h sur le site le plusfréquenté).

Cetteméthodepermetsurtoutd’identifieraveccertitudeleslieuxdes«pointsdeconvergence»,portionsrestreintesdesentiersoù lapressionexercéepar la fréquentationpiétonneest importanteetprovoquedesdégradationsdontcertainespeuventêtremajeures:érosiondessentiersoudégradationsdepaysagesoudemilieux.Laprobabilitéd’occurrencedecesdégradationsestdéterminéesiteparsiteàpartirdurecoupementde2062enquêtessurlesitinéraires(priseencomptedudécompteunefoislorsquel’allerestsimple,deuxfoislorsqu’ilyapassageenaller-retoursurlenœud).Sanssurprise,l’enquêtesurlesitinérairesfaitressortir6lieuxsensibles: la Croix de Provence (figure 11), le Refuge Cézanne, le sentier Imoucha (figure 19), le col deSubéroque,lePicdesMouches(figure26),lacrêtedemarbre.

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Figure21.LocalisationdesnœudsdeconvergencesurlesitinérairesderandonnéeSources:TRACEStpi/ÉOLE/GSSainte-Victoire,2010,p.127.

Cesméthodespermettentunecartographiedesynthèsedelarépartitionspatialedelafréquentationdesespacesnaturelsavecidentificationde5niveauxd’intensitédepressionparsecteur.Pourautant,lezonagedecessecteursnedonnequedesidentificationsmoyennespermettantdedresserunesortedecartedevigilancepour les équipes des gestionnaires et des gardes, car les dégradations sont extrêmement localisées sur lessentiers(parexempleauniveaudumurduPrieuré,maisaussisurlessentiersrouges,noirsoumêmeverts).

Globalement, lafréquentationannuelleestiméeà927000visiteursreprésenterait,si lesenquêtesétaientcomparables–cequ’ellesnesontpas,uneaugmentationd’unpeumoinsde2%parandepuis1995.LeGrandSiteendéduit«unefréquentationmaîtrisée» (TRACETPIEOLE,2013),dans lamesureoù les145000visitesestimées du 15 juin au 15 septembre ne représentent que 16% de la fréquentation annuelle expliquée enpartie par la restriction d’accès auxmassifs naturels dans les Bouches-du-Rhône pendant la saison estivale.

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Pourautant, laconcentrationdecetteanalysesurcestroismoisd’étéapparaîtcurieusepuisquelesmois lesplusfréquentéssontmaietoctobre.Mais,quelquesoitledangermétéorologique,lapréventiondurisqueliéauxfortesfréquentationsdelamontagneSainte-Victoireestcontrôléegrâceàlaprésencepermanentesurleterrain des gardes du Grand Site et du Conseil général, des assistants prévention incendie, des Comitéscommunaux des feux de forêt, du poste estival de la gendarmerie de Saint-Marc-Jaumegarde et del’information sans cesse renouvelée par les médias autour de la prévention risque: 300 panneauxd’information, 20000 dépliants, un site Internet, un n° de téléphone permanent... C’est un des apportsmajeursdelagouvernancedelagestiondusiteparleSyndicat.

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Figure22.SurlesentierrougeverslaCroixdeProvence,accèstemporairementfermé (contraventiondeclasseIV),clichéVincentVlès,28avril2015

Lacombinaisond’indicateursvariés(laconnaissancedelapressionsurlessentiersissuedescomptagesetde l’identification des «nœuds de convergence», l’érosion des sentiers, la disparition d’une espèce ou lanécessitédemaintenirdeslieuxdereproductionhorsdupassagedesvisiteurs)permetdegérerl’impactdesfortesfréquentationssurlemilieuetleterritoireyrépondpardesmesuresd’accèsaffichées(figure22:accèstemporairement fermé) ou camouflées (départs de sentiers non balisés et sans indications, comme sur lesentier bleu). Aujourd’hui, un système d’écocompteurs avecGSMpermet de récolter les données avec unebonne fiabilité (figure 23) et permet de gérer presque en temps réel les flux par ce système. Il constituel’observatoire permanent de la fréquentation mis en place suite aux différentes études méthodologiquesentreprises sous maîtrise d’ouvrage du Syndicat mixte et permettant d’estimer en permanence lafréquentationduGrandSite, larépartitionspatialeettemporelledustationnement, lacapacitéd’accueildesparkings, lafréquentationdespointsemblématiquesetdesnœudsdeconvergencedescheminementssur lesite.

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Figure23.Systèmed’observatoireavecréseaud’écocompteurs. Eco-visio.netTableaudebordenligne,avecanalysedesfluxàpartirdechaqueécocompteur

Captured’écranle11juin2015

Pour autant, le Grand Site n’a pas fixé un seuil chiffré de capacité de charge qui puisse être interprétécommeseuild’intervention(«oùonpourraitdireàunmomentdonné:onapasséles100personnes/heure,onn’yarriveplus»,entretienchargédemissionaménagement,3 février2015). Lagestionestpragmatique,enfonctiondesconditionslocalesetnond’unsystèmeoud’uneprocédurequiseraitenclenchéelorsdel’atteinted’un niveau d’alerte (système anglo-saxon). Dans le temps et dans l’espace, la fréquentation s’étale«normalement»peuàpeuversl’EstdelaMontagne,lesparkingsdeGuillemontetdeRoques-Hautesnesontplus les seuls à connaître des journées de surfréquentation. Ces dernières deviennent de plus en plusfréquentes: jadis concentrées sur 15 week-ends lors de l’automne et du printemps, les journées de fortefréquentationsedéveloppentdorénavantlesjoursdebeautempsetfériéstoutel’année(figure24)etobligentlesgestionnairesetlesgardesàlavigilance.

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Figure24.Surlesentierrouge, ledernierdimanched’avril2015,clichéVincentVlès

Cesprincipesgénérauxcaléssurdesindicateursd’évolutiondumilieunatureletdeprotectiondesespèces

sontappliquésaucasparcassurlessentiersaudépartdesparkings(Bimont—200places,lesVenturiers—50places, Bibémus — 25-28 places)…, malgré des difficultés parfois (le service de navettes depuis le bas deBibémusestarrêté).Lacapacitéd’accueildépenddesituationsgéographiques,politiques,desitesdifférents.LessentiersdesVenturiersetImoucha(figure19)sontenpermanenceenadaptation,toutcommelesentierrouge (dans le Plan départemental des itinéraires de promenade et de randonnées depuis 1986, leDépartement investissant50000eurosdans les zonesdégradéesquinécessitentd’être réhabilitées– figure22)enraisond’écosystèmesfragiles.

Demême,lespicsdefréquentationontétémesurésetanalysés(parexemplelelundidePâquesavec3888visiteursprésents simultanément sur lamontagne). Lesdépassementsdecapacité touchentalors10%de lafréquentation totalede ces journéesdifficiles. La fréquentation totaleannuelledes7principaux sentiersestconnue(40000randonneursannuelspourlesdeuxprincipaux,31000pourlesdeuxsuivants),ainsiqueles6principauxitinérairesdepromenade(130000visiteurspourlaliaisonBimont—Roques-Hautes).

Si la connaissance des flux est ainsi acquise, d’ailleurs avec une enquête qualitative de nature trèstouristique(detype«officedetourisme»:onconnaîtlesflux,l’originedesvisiteurs,leurnationalité,leurâgemoyen,etc.),lereportdecesfluxetsesimpactssurlemilieunatureletsurleconfortetlaqualitédelavisitesont encore peu instrumentalisés: la connaissance de l’avis des usages, les impacts sur l’environnementnatureln’ontpasétémesuréslorsdecesenquêtes.

Cettegestionqualitativedesfréquentationssurlessentiersapeuàpeuprislepas,dansletemps,surcellequiavaitétéoriginellementportéesurlaseulegestiondesparkings

3.3.Versunegestionsystémiquedelafréquentation:l’identificationdeprincipesgénéraux

CesdifférentesexpériencespermettentauSyndicatmixtedemettreenplace,àpartirdesesexpériencessur lesparkingsetsur lessentiers,desprincipesgénérauxrelatifsà lagestionde la fréquentation (entretiendirecteurduGrandSite,29avril2015).Ceux-cireposentenprioritésur:

- le fait de ne pas surdimensionner les aires d’accueil sous prétexte que certaines journées sontsurchargées (acceptation du principe des 10 jours de pics dans l’année, avec des stationnementsillégauxenbordderouteetcequecelasignifieentermesdemauvaisesconditionsdesécurité),

- le développement d’aires d’accueil paysagées, les plus intégrées possible afin d’éviter de dégraderl’imageduGrandSite,

- la limitation de la surconcentration de la fréquentation sur un ou deux sites en diffusant sur lessecteursmoins fréquentés, toutenpréservantdesespacesde tranquillitéaussivastesquepossible.L’exerciceestmoinsfaciledanscecas,carl’accèsdepuisAixestplusdélicat,éloigné.Lavigilanceyestparticulièrepourl’AigledeBonellietpeutameneràfermerquelquespassagesetsurtoutàtravaillerdefaçontrèsétroiteavecleclubdesparapentistesquisurvolentlesdeuxzones,

- lechoixdefavoriser lesfréquentationsautourdesvillagesafindevaloriseretd’apporterde laplus-valueauxcommerceslocauxavecdesbouclesautourdesvillages(principalementsurlapartienord,auConcorsetautourdePuyloubier,oùexistentdesbouclesetdessentiersœnotouristiques).

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L’approchedelacapacitéd’accueildusiterestedonctrèspragmatique,caléesurdesinteractionsentredesélémentsd’unsystèmeréceptifenconstanteévolution.

Car le constat est fait que ce n’est pas nécessairement la très grande fréquentation qui produit desdestructions,maisplutôtdescomportementsrares,maismalveillants.Lalimitedecapacitédechargeestplushumainequenaturelle(densitéderandonneurs,entretiendirecteurduGrandSite).Àpartirdumomentoùlesparkingssontpleins,lesvisiteursneviennentpassurlessiteslesplusfréquentés.PourledirecteurduGrandSite, ce sont les gens qui fixent la capacité d’accueil d’un site, notamment lorsque la visite est d’origineessentiellementlocale.

Historiquement, on s’explique le «débordement» dans certains sites par le laisser-faire, notamment àpartirdesdélaissésroutiersdevenusdesparkings, lesbordsderouteaccessiblesauparkingsauvage, lesfluxnon régulés, donc l’absence de méthode de gestion des flux. Si initialement l’investissement a porté surl’aménagementdesparkings(dans lesannées1995-2000, laMontagnea investi250000eurosannuellementdans lesparkings, aujourd’hui sadépenseest tombéeà40000euros/an sur ces lieuxd’accueil), le Syndicatmixteaparlasuitepuinvestirdepuislesannées2000environ200000eurosdansl’aménagementdessentierset la protection de leur environnement. Ceci a poussé l’équipe à changer de culture: l’idée de faire unpaquelage de 2 mètres de large lorsqu’il y a des destructions (comme dans les pays anglo-saxons) étaitimpossible à concevoir pour des gestionnaires de la nature de Sainte-Victoire il y a 20 ans. Récemment, aucontraire, preuve de l’évolution des mentalités et de l’acceptation du l’idée de limitation de la capacitéd’accueil(doncdecharge),leGrandSitearéaliséunesériedepetitsaménagementssurlessentierspédestresafindeprévenirde ladégradationdesmilieux.Parexempleunepetitepasserelledansunmilieuhumidede100m2qui était piétinée a fait l’objet d’un aménagementde sentier par artificialisation (caillebotis enbois)dontl’acceptationparlesvisiteurs,lesgestionnairesetlesélusestexcellente.LesgestionnairesduGSestimentainsi ne pas avoir le même regard que jadis, l’intervention par équipements de protection n’est plus unsymboled’aménagementurbain,ellen’estplusjugéecommeincompatibleavecl’idéedenature.Laculturedu«contrôle» (au sens anglo-saxon du terme, «control» = régulation) a pris une importance désormaisreconnueetacceptéepartous.

3.4.Delagestiondesfréquentationsàl’analysedesretombéeséconomiques

En 2010, une étude de retombées économiques du GSSV est lancée par le Réseau national, dans lacontinuitédesdeuxétudesderetombéeséconomiquesmenéesen2005et2006surlePontduGardetlePuy-de-Dôme. Son ambition est de traiter d’autres sujetsque les seules retombées touristiques. Il s’agit parexempled’interrogercommentlelabelpeutavoirdesretombéessurl’immobilier,commentlaproblématiquede protection contre l’incendie peut être valorisée économiquement, comment la dénomination Sainte-Victoireaunimpactsurlesactivitésparlavaleurdelaréférenceaunom,commentladémarchedeGrandSiteaapportéuneplus-valuefinancièreaubudgetfamilial (ceque l’étudeFIGESMAnommele«consentementàpayer»,c’est-à-direlavaleurfinancièreannuelleaccordéeparleshabitantsàlaconservationdupaysageetdusite,LeGall-Ely,2009).

L’étudeduCREDOCpubliéeennovembre2008 sur la valeuréconomiqueet socialedesespacesnaturelsprotégés vient appuyer cette évaluation qualitative par un ensemble d’éléments bénéfiques issus de ladémarche de labellisation (CREDOC, 2008). Laméthode de l’approche de l’impact sur la gestion forestière,l’immobilier,l’activitédetourismeetdeloisirs,lafonctionderégulationdel’écosystème(valeurdeprotectioncontre les risques naturels, valeur de la biodiversité, valeur des services fournis par les espèces), la valeursocialeduGrandSiteyestdétaillée,dansunpremiertempssansrésultatsquantifiés.Cetteambitionpermetnéanmoinsdedégagerquelquesélémentsqualitatifspourjustifierl’avantageéconomiqueapportéparlelabel.

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L’évaluation des avantages économiques liés au Grand Site Sainte-Victoire réalisée pour le compte duRéseau des Grands Sites de France et du Grand Site Sainte-Victoire par le bureau FIGESMA en 2008-2009(RéseaudesGrandsSites,2010)aveclesoutiendel’État,delaCaissedesDépôtsetConsignations,delaRégionPACA, du Conseil général des Bouches-du-Rhône, du Pays d’Aix, montre que la dépense journalière pour247500 ménages d’excursionnistes s’élève à 6,50€ (hors frais d’acheminement, soit un montant annuelgénéréparlavisiteduGrandSitede1,6million€.Pourles82500ménagesdetouristes,elleestde141€/jour,soit180millionsd’€durantunséjourassezlong(9,3jours),dont58millionssontdirectementattribuablesauGrandSite.Autotal,60millions€sontgénérésparl’attractivitéduGrandSiteSainteVictoire,soitenviron695emplois.Parailleurs,lesretombéesfiscales(localesounationales)decettefréquentationtouristiques’élèventà8,6millions€annuels(RéseaudesGrandsSites,2010,p.8).

D’autre part, à partir du moment où l’appellation Côtes de Provence-Sainte-Victoire a été obtenue, lechiffred’affairesdesexploitations viticoles aétéaugmentéde10%. Le labelpermetainside créer aussidurelationnel,dusocial,delavaleuréconomique.

Au-delàdecesretombéestouristiquesdirectes,l’approchedesfluxéconomiquesgénérésparlavaleurdunometdel’image«Sainte-Victoire»(méthodologiede2008portantsur2459entreprisesdes14communes)montreuntrèsfortimpactsurlechiffred’affairesdesentreprises(valeurgénéréede7millions€/anpourlesentreprisesdelaRégionutilisantlenomdeSainte-Victoire).

L’approchedel’impactduGrandSitesurlesvaleursimmobilièresmontreuneplus-valueannuellegénéréepar l’effet Sainte-Victoire sur l’immobilier estimé à 40 millions €, engendrant 5,7 millions € de retombéesfiscalesetcorrespondantesà357emploisàtempsplein.

L’estimationde lavaleursauvegardéede laforêtgénéréepar lapréventiondes incendiess’élèvepoursapartà12millionsd’eurosparan,celleattribuéeparlepublicàlapréservationetàlabonnegestiondusite(le«consentement à payer») est de 32 millions €: c’est le montant (évalué par enquête) que les résidentsconsidèrentqu’ilfaudraitconsacreràlapréservationdelanatureetlamiseenvaleur.Cettesommeexprimeunevaleurd’attachementparlepublicàl’espacenaturel,elleestloind’êtrenégligeableetpermetauSyndicatmixte de rapporter l’apport économique issu de la gestion de la fréquentation et du label Grand Site àl’ensembledesfinancementsdédiésàlapréservationetàlagestiondusite(dontonneconnaîtpasl’ampleurdu fait de la variété des financements, seul est connu le budget annuel du Syndicatmixte, soit 2,2millionsannuels)

4.Lesenjeuxdegouvernancepourconduireunegestiondesfluxetpourladéfinitiondelastratégiedegestion

Sainte-Victoire:lagouvernancecommeprocessusdegestiondessitesetdesfréquentations

Dans cet ensembledemesures de gestion secteur par secteur, site par site, cas par cas en fonctiondesdifférentsenjeuxà traiter (visites, sécurité,préservationde la floreet la faune,etc.), l’Étataaccompagné leprocessusdepréservationdelaMontagneenlasoustrayantàlapressionurbaine,enassurantsaprésenceauniveaudel’autoritéenvironnementalesurlesprogrammes,endiscutantdel’acceptationdescontraintesavec

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lescommunes(DREAL).Desoncôté,laDDTMaétéprésenteaumomentdelarévisiondesP.L.U.afind’inscrirecescontraintesdans lesdocumentsd’urbanisme(CommunedeSaintMarcJaumegarde,2003;CommunedeVauvenargues,2008;CommunedeJouques,2008;CommuneduTholonet,2012).

Pourleséluslocaux,l’économietouristiqueestqualifiée«d’importante,maispasvitalepourl’économie»(entretienvice-présidentduGrandSite,28avril2015).Si l’OfficedutourismeduPaysd’Aix,quigèretoutelafréquentationentermesdepromotion,acompriscequepouvaitapporterunlabelàl’économieduterritoire,lesélusduGrandSiten’ontpastenuàallertrop loin.Àunmoment, il futmêmequestionpourceterritoired’allerversuneinscriptionaupatrimoinemondialdel’UNESCO,maisleséluscommunauxontdéclarérefusercettepossibilitépar«peurdutrop-plein»(entretienvice-présidentduGrandSite).Lasaturationdesespaces,desroutes,montredéjàdeschiffresqu’ilsévaluentcommeimportants,leshabitantsdisentévitercesjours-làleur visite. S’ils ne se déclarent pas, non plus, dépossédés par le label, les élus des villages se déclarent«saturés»enhaute saison (aumoisdemai,parexemple).Apporterplusparune fréquentationaugmentéen’est pas un argument qu’ils jugent «convaincant». Déjà les contraintes estivales (fermeture pour desquestionsdesécurité)rendentlagestiondifficile.Lespropriétairesfonciersseplaignentdeleur«manquedeliberté» dû au classement (droits à construire, autorisations préalables du service départementald’architecture).Unsentimentdecontrainteestperçuparlesélus,quientémoignent(entretienvice-présidentdu Grand Site, 28 avril 2015). Les élus cherchent donc un équilibre qu’ils savent difficile entre ledéveloppementetlaprotection.Ici,c’est«Cézannequiattire,leGrandsiteentantquetel,j’ensuismoinssûr».

Par ailleurs, 70% des pratiques relèvent de la randonnée ou de la promenade des Aixois, d’où desretombéeséconomiquesdirectes faiblesentermesdeflux financiersdutourisme(quelquesnuitéespour lesgîtes ou les campings), pour des contraintes fortes. Les maires à l’origine de la démarche (le maire deBeaurecueil, parexemple,est à l’originede ladémarchedepuis1989)ont suivipas-à-pas la constructiondecettepolitiqueenaffirmantunestratégied’équilibreentrereboisements,contrôledel’urbanisation,contrôledes flux,unedynamiquesommetoutetrèsmaîtrisée.Lescollectivitésquisontdirectement impactéespar lafréquentationetsagestiondanslemassifontsouhaitéquelesvillagesconserventuncaractèrerural.L’idéedemisersuruneattractivitéaugmentéeparleGrandSitesembleunpeususpecteàcertains,notammentàceuxquiprésidentauxdestinéesduSyndicatmixte. Lavocationde leurcommunen’estpasd’accueillirbeaucoupplus de population: leur territoire est assez grand, en partie protégé et la gestiondes parkings notammentdans le domaine de Roques-Hautes (ces 500 ha gérés par le Conseil départemental au titre la taxedépartementale sur les espaces naturels sensibles avec la gestion associée de l’accueil) ou dans le domaineprivépourlequelleGrandSiteagit,n’estpasdirectementenpriseaveclesquestionsdesaménagementspourlarégulationdesflux.

Cette gouvernance acceptée par toutes les communes est favorisée par l’intervention forte du Conseilgénéral/départementalqui,historiquement,amisenœuvreunepolitiqueambitieused’acquisitionsfoncières,désormais complétée par la politique de gestion de l’ensemble des propriétés (y compris les 80% privés),régulée par le Grand Site. La collaboration des collectivités territoriales avec le CRPF et les autresregroupements de propriétaires s’est également fondée sur cette approche très mesurée en termesd’ouvertureauxpublics.

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Figure25.Lapropriétéprivéereprésente80%duterritoire. Ici,lechâteaudeVauvenargues,propriétédelafamillePicasso(1000hadeforêts),30avril2015,clichéVincentVlès

Pourleséluslocaux,cequisembleleplusdifficileàexpliquer,àtransmettreauprèsdeleurspopulations,c’est ce à quoi sert, quel est l’objectif visé par un Grand Site de France. Certes, l’étude sur les retombéeséconomiques les y aide. Pour autant, ces collectivités évitent en général de s’engager dans la gestion

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patrimoniale de Sainte-Victoire, n’en ayant d’ailleurs pas toujours les moyens financiers. Aussi, le label estassezpeuconnudeshabitantseux-mêmes.Celatientaufaitquetousrepoussentletourismedemasse:«onest enProvence, il y ad’autresaccroches,Aix, etc.» (entretien vice-présidentduGrand Site). Si le dispositifactuelde gestiondes fluxest jugé satisfaisant à leurs yeux, leur intérêt seporteplutôt sur laprotectionduterritoirecommunalpourcertains (Puyloubier,Vauvenargues,Beaurecueilet…Jouquesquisouhaitetoujoursle classement de la partie nord de son territoire, la montagne de Vautubière) ou sur le maintien dedisponibilités foncières permettant son urbanisation pour d’autres, en frange Sud du massif (Rousset,Châteauneuf-le-Rouge).

Enfin, on peut noter que les craintes suscitées par la constructionmétropolitaine ont pu encourager ledéveloppementdespolitiquesdeprotectionduGSSV.Pourcertainsélus,opposésauprojetmétropolitainencours, celui-ci pourrait conduire à une extension des zones urbaines, ce qui expliquerait finalement quecertainescommunesaientdemandéauGrandSited’engagerunedémarchequipuisseapporterunemeilleureprotectiondesterritoirescommunauxconcernés(entretienvice-présidentduGrandSite).Ilenvaparexemplede toute la «jupe Sud» (de Beaurecueil à Puyloubier – figure 26,mais avec plus de difficultés le long desgrandes voies de circulationvers Châteauneuf-le-Rouge, Rousset) qui souhaite s’inscrire dans une démarchepaysagère avec le souhait d’une directive paysagère, à l’image de celle des Alpilles, qui puisse être repriseensuitedanslesdocumentsd’urbanisme.Celle-ciestd’ailleursdéjàinscritedansleSCOTetaétéconcrétiséeavecunedemandedéposéeauprèsdelaDREAL.

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Figure26.VuesurPuyloubierdepuisBaudesVespres, alt.1010m,30avril2015,clichéVincentVlès

L’obtentiondulabelen2004aincontestablementétéunereconnaissanceauniveaunationaldelaqualitédusiteetdelagestiondel’accueildupublicsurcesite.L’équipes’appuiesurcelabelpourtravailleraveclesprofessionnelsd’e-tourismeetlelabelestunatoutdansl’argumentaireetladiscussion.L’OfficeduTourismed’Aix, un des deux à trois plus importants de France en termes de nombre de visiteurs reçus, a longtempstravaillé uniquement pour la Ville d’Aix. La Communauté d’Agglomération, en se transformant enOffice dePays d’Aix, a modifié complètement sa politique et a intégré totalement la coordination et l’animation del’ensemble des produits et visites dans le Pays, dont la Montagne fait partie avec son million de visiteursannuels.Danscettedynamique,leSyndicatvasigneren2015une«CharteSainteVictoireGrandSitedeFranceetTourismedurableenPaysd’Aix»danslaquelleilsereconnaîtdansunepolitiquedeprotectiondespaysages,unepolitiquede l’offreetplus seulementunepolitiquede réponseà lademande («c’estnousquidécidonsnotreoffre,quiestuneoffrededécouverteetd’expériencedeslieux»).Lesaccompagnateurssontégalementencadrés par le Syndicat et l’Office de Tourisme qui souhaitent les accueillir. Avec les viticulteurs, despartenariats permettent de développer, au-delà des offres nouvelles dans le cadre du label (sentier desvigneronsdeSainte-Victoire —labeltourismehandicap), lafaçondont ilspeuventêtredesacteurs,sur leurpropriété, de la biodiversité (réalisation de nichoirs, propositions de fiches d’actions, réalisations demares,haiesfleuries...)etdonnentauxexploitantsunaccèsaumécénat.

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Sainte-Victoireapparaîtcommeuncasd’écoletantauniveaudesprocessusdeconstructiond’unschémad’ensemble (non promu en tant que document de planification rigide,mais affirmé davantage en tant queguide d’action autour d’un projet partagé) de la gestion de la fréquentation autour de la charge(«socialement»)admissiblequ’auniveaudelagestiondel’activitééconomiqueetsocialedansunsiteclasséde grande taille (22500 ha, 3e site classé de France), avec un partenariat de cogestion, entre l’État et lescollectivitésterritoriales,permanentetsansfaille,ycomprisauniveaudesautorisationsréglementaires,etcemalgréquelquesavisdivergents(lacommunedeJouques,parexemple,souhaitantquetoutleterritoiredelacommunesoitclassé,cequinefutpasréalisé).Danscettegouvernanced’ensemble,lerôleduGrandSiteesttrès importantdans lamesureoù il permetuneconnaissance intimedu terraindupointdevuenaturaliste,mais également du point de vue économique, social et politique, puisqu’il est associé à la gestionréglementairedusiteetàsondéveloppement.Cedispositifdejeud’unensemblepartagépartouslesniveauxetpar tous lesacteurspermetunegestionde lacapacitédecharge«vécue»auplusprès,demanièreplussouplequene l’aurait réaliséuneapplicationstrictedes textes relatifsà lapréservationde lanatureouà lamiseensécuritédesecteursentiers.Ilestnotablequecettegouvernancebénéfiqueaitétérenforcéeparuncontexte associatif apaisé. Bien avant l’apparition du dialogue sur Internet et sur les réseaux sociaux,l’expérienceSainte-Victoire imposeuneévidence: lagestionde la capacitédecharged’unsiteexceptionneln’estpasfigée,elleseconstruitaujourlejourdansl’échangeetlepartage.

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3.2. Pyrénées-MontPerdu,unprocessusdepréservation,devisiteetdepatrimonialisationdifficile

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Pyrénées—MontPerdu,patrimoinemondialdel’humanité6

Cepaysagedemontagneexceptionnel,qui rayonnedesdeuxcôtésdes frontièresnationalesactuellesdeFranceetd’Espagne,estcentrésurlepicduMont-Perdu,massifcalcairequiculmineà3352m.Lesiteinscritaupatrimoinemondial,d’unesuperficietotalede31189ha,comprenddeuxdescanyonslesplusgrandsetlesplusprofondsd’Europesurleversantsud,ducôtéespagnol(20134hadanslazonecentraleduParcnationald’Ordesaetune largepartdesazonedeprotectionpériphérique),et troiscirques importantssur leversantnord,plusabrupts,ducôtéfrançais–formesgéologiquesterrestresclassiques(10505hadesiteclassé,dont7451dansleParcnationaldesPyrénées).Cesiteestégalementunpaysagepastoralquireflèteunmodedevieagricoleautrefoisrépandudanslesrégionsmontagneusesd’Europeetcompte8villages(Aragnouet,Gavarnie,Gèdre en France et Bielsa, Fanlo, Puertolas, Tella-Sin, Torla en Espagne). Les qualités paysagèresexceptionnelles de tous ces cirques et canyons sont également des témoignages inestimables sur la sociétéeuropéenne d’autrefois à travers son paysage de villages, de fermes, de champs, de hauts pâturages et deroutesdemontagne(http://whc.unesco.org/fr/list/773/).

D’ailleurs, c’est sur ces bases et argumentsnaturels et paysagers que l’inscription a été justifiée parl’UNESCOaprèssaisiedesorganisationsconsultatives:

§ Pourl’IUCN7,bienquelesatoutsnaturelsdesPyrénéesseretrouventdansd’autresrégionsdemontagnes,sa portion centrale autour de Gavarnie –Mont Perdu présente une association de phénomènes alpinsnaturels spectaculaires. Les gradients climatiques est/ouest et nord/sud sont également à l’origined’uncadrebiologiqueunique.Entantqu’unitépaysagère,lemassifcalcaireduMontPerduprésenteuncertainnombre de formes géologiques classiques telles que des canyons profondément incises et des cirquesspectaculaires. C’est également un paysage exceptionnel avec des prairies, des lacs, des grottes, desmontagnesetdesforêts.

§ Pour l’ICOMOS8, la «région Pyrénées-Mont Perdu située entre la France et l’Espagne est un paysageculturelexceptionnel»(http://www.mppm.org/fr/pays-fr.html).Elleassocielabeautépanoramiqueàunestructuresocio-économiquequiplongesesracinesdanslepasséetillustreunmodedevieenmontagnequi a presque entièrement disparu dans le reste de l’Europe. L’homme a contribué à modeler ces

6 Les gestionnaires du bien patrimoine mondial Pyrénées-Mont Perdu sontle Parc National Français des Pyrénées-Occidentales([email protected] - site web : www.parc-pyrenees.com) et le Parque Nacional de Ordesa y Monte Perdido([email protected]:www.ordesa.net)7L’UICN,Unioninternationalepourlaconservationdelanature,premièreorganisationenvironnementalemondialecrééeen19848,aideàtrouverdessolutionspratiquesauxproblèmesdel’environnementetdudéveloppementlespluspressantsdel’heure8L’ICOMOS,Conseilinternationaldesmonumentsetdessites,estuneorganisationinternationalenongouvernementalequiœuvrepourlaconservationdesmonumentsetdessitesdanslemonde.

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paysages:sestracessontvisiblespartout,àlafoisgrâceauxvestigesmatérielsetàlamémoire.Malgrélesconditions de vie difficiles dues à l’altitude, les hommes s’y sont installés et confèrent une véritablesignificationàcebiennaturel.

Le Mont-Perdu forme le pivot d’une zone géographique couronnée par les sommets des Tres Serols.L’apparitionde l’hommedans ces contrées, toutd’abordnomadepuis sédentaire, futprécoce. Leshommesontexploitélesressourcesdeceshautesmontagnesdanslesvalléesetleursversants,maisaussisurleshautspâturages,lesrégionsboisées,lesparoisrocheuses,lescols,lescoursd’eau.Sesinstallationsdanscetterégionremontentaupaléolithiquesupérieur (40000–10000av. J.-C.),commeentémoignent lessitestelsque lescavernes d’Añisclo et d’Escuain, les cirques de pierre deGavarnie et le dolmende Tella.Des documents duMoyen-AgeattestentdecesétablissementssédentairessurlesversantsdumassifetdesvalléesavoisinantesdesrivièresAra,Yesa,AsoetVellos,Yaga,BarrosaetCinca,Nested’Aure,gavesdeGavarnieetHéas.Àcettepériode, sentierset routes,ponts,maisonsethospices (hospitalesdeGavarnie,Bujarelo,Aragnouet,Parzan,Héas et Pinet) existaient déjà. Les hommes et leurs troupeaux y ont imprimé leurmarque sur la flore despâturages et des bois. L’exploitation des hauts pâturages comme ceux de Gaulis ou d’Ossoue témoigne del’anciennetédelatranshumanceetdesamarquedanslepaysage(http://www.mppm.org/fr/hist-fr.html).

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Figure27.Pyrénées-MontPerdu:délimitationdubieninscritsurlaListeUNESCOen1997, modifiéen1999.Sources:TresSerols–Mont-Perdu,AssociationMPPM,monographieTSMP,2009.http://www.mppm.org/cartes/perimetre.pdf

Les vallées du Mont-Perdu et leurs cols ont permis aux deux communautés d’entretenir des lienséconomiquesetsociauxplusétroitsavecleurcommunautérespectivedesplainesbigourdanesetaragonaises.Le système juridiqueet politique spécifiquede cepérimètreexceptionnel, établi de longuedate, est depuisbienlongtempsindépendantdesgouvernementscentraux.

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Figure28.MacizolasTresSorores:Mont-Perdu(3355m),SoumdeRamond,PicodeAñisclo — vuedeCuelloArenas(Fanlo-Nerín,Aragon),clichéVincentVlès,2005

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Figure29.Lescrêtesfrontalièresséparantlescirquesetcanyons, source:carteIGN1:50000

1.Laconstitutionduterritoiredegestiondesfréquentations

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Pourautant, cetespace transfrontalierpeineàconstituerun territoiredegouvernancecoordonnéepourgérerlesproblèmesmodernesdel’environnementetdudéveloppement.Enmatièredetourismeetd’accueildespublicsnotamment,leterritoiredegestiondesfréquentationsn’existepaspourlatotalitédelasuperficiecouverte par le site exceptionnel transfrontalier (enquêtes terrain — juin 2015). Côté français, les seulsaménagementsliésàunetentativederégulationdesfluxsesontlimités,àpartirde1990,auvillaged’accèsausitedeGavarnie,etnonàsesnombreuxpointsd’accès:seulsquelquesparkingsontétécréésdanslevillagedeGavarnie, avec piétonisation partielle de la rue centrale commerçante les deuxmois estivaux, autorisanttoutefoisunpassagedesbus.Pourtant,GavarnieetGèdrebénéficientd’atoutsnaturelsexceptionnels(CirquesdeGavarnie, Estaubé et Troumouse, enneigement favorable…) qui ont fait leur réputation et engendré unefréquentation estivale «naturelle» considérable. Cette forte fréquentation estivale a eu pour mérite depermettre un développement touristique des villages et le maintien de la population: l’activité touristiqueconstitueuneactivitécomplémentaireessentiellepourunemajoritéd’exploitantsagricolessurleterritoire,carellereprésenteuncomplémentfinancierimportantdeleurchiffred’affaires(chambresd’hôtes,ventedirectedelaproduction,etc.);en2000,48%desexploitantsdumassifdesPyrénéesavaientuneactivitésecondaire.Maiscetourismen’estpasuntourismeausensmoderneduterme,maisplutôtunexcursionnisme,d’oùuneréelle nécessité pour le territoire Gavarnie‐Gèdre de parvenir à fixer une clientèle de séjour au moyend’équipements structurants, permettant d’étendre la saisonnalité et demaintenir la vitalité économique duterritoire.L’accessibilitédusitedemeurerelativementdifficilemêmesicelaneconstituepasuneentraveàladécouverte du territoire dans lamesure où la destination de cettemontagne reste dédiée à un public bienspécifique,aufaitdesdifficultésetdesparticularitésderandonnéeouséjourenhautemontagne).

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Figure30.Cirques(secondplan:Troumouse,arrièreplanàdroite,Mont-Perdu), vusdepuislepicCampbieil(3157m),clichéVincentVlès,2008

Au cours de la période récente, le tourisme est devenu l’activité dominante de ce secteur, avec environ

600000visiteursàl’entréed’Ordesaetenviron500000à900000danslesecteurdestroiscirquesfrançais,lescomptages sur le versant Nord étant soumis à des méthodes, des périodicités et des lieux à chaque foisdifférents, ce qui ne permet pas d’en avoir une connaissance à la fois complète ni même exacte. Leslabellisations successives de ces sites (pour la versant français, site classé en 1946, Parc national en 1967,OpérationGrandSiteen1989,Zonedeprotectiondupatrimoinearchitectural,urbainetpaysageren l1995,Patrimoinemondialen1997,GrandsiteMidi-Pyrénéesen2009)ontaccéléréleurmutationversuneéconomiede lavisitequitouche,aumêmemoment,plusieurssecteursdesPyrénéesespagnoles(Benosetcoll.,2007;Garcia Ruiz, 1990). Gavarnie et Torla deviennent des «entrées» de parcs et sont aménagées avec laconstruction d’infrastructures d’accueil, de structures d’hébergement, de nouveaux commerces. La pressionfoncière croissante provoque une saturation progressive des deux villages et de leurs espaces valléens.Parallèlement,desmutations interviennentdepartetd’autrede la frontièreavecdesmigrationsde retour,l’accroissementdeladoublerésidentialité(Bachimon&al.,2015), ladiversificationdespratiquesdevisiteettouristiques,latransformationdel’économieruraletraditionnelle.

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Figure31.Canyond’Ordesa,deCuelloGordo (Aragon),clichéVincentVlès,2005 Dans cemouvement économique et social d’ensemble, le classement au patrimoinemondial a introduit

une«ruptureterritoriale»(Benosetal.,2007)enassemblantdansunsiteuniquetransfrontalierdessecteursdontlespratiquesdegestionobéissentàdesdispositifsetdesdynamiquesassezdifférents.Lefaitquel’acteurprincipal de l’initiative du classement ait été issu de la société civile plutôt que de la sphère des politiquespubliques(lesétatsfrançaisetespagnols,lesadministrationsdéconcentrées,lescollectivitésterritorialesn’ontpasétélesmaîtresd’œuvredudispositif)acréédesdébatsorganisationnelsassezconflictuelsetdestensionspeu propices à l’instauration d’une gouvernance, notamment en termes de gestion des flux où lesaménagements nécessaires à la réalisation de cet objectif nécessitent l’accord de toutes les parties (leséquipementsdevantêtreréaliséssurdesterritoirescommunaux).

Parallèlement lanécessitéd’offrirdesconditionsd’accueildesvisiteursetdesconditionsdevie (pour leshabitants et les exploitants) qui soient synonymes de sécurité et de maintien d’un minimum de services(maintiendel’attractivitéduterritoire)s’estrenforcée.LestensionsauxquellesleParcnationaldesPyrénéesadû faire faceentre sesdifférentes composantesont eu, sur ceplan, des conséquencesdans les retardsprisdans lamise en place d’un territoire organisé de gestion des flux. Au contraire, le parc national d’Ordesa yMontePerdido,s’ilaaussipâtidescompétitionsdepouvoirentresesdeuxadministrationsdetutellerégionaleet nationale, n’a pas géré directement la question du développement et de la gestion des visites, prise enchargeparl’Organismeautonomedesparcsnationaux(àl’époque)etlescomitésmixtesdegestion,structuresparitairescrééespar la loide1997sur laconservationdelanature,composéesdereprésentantsde l’ÉtatetdesAutonomies, qui étaient les véritables détentrices du pouvoir de planification et du pouvoir décisionnelconcernantlagestiondesparcsnationauxjusqu’àlaréformedelaloien2005.Côtéespagnol,lesprogrammesde subventionsontpermis la réalisationdenombreuses infrastructuresnon seulementdans leValdeBroto(centred’interprétationàTorla,àTella),maiségalementdanslelargesecteurdesvillagesdemontagne(Fanlo,Nerín). Versant Sud, le périmètre de la gestion touristique a été ouvert au-delà des portes des hauts lieux,notammentdu faitde laconstitutionde lacomarcaduSobrarbe (compétentepourgérer le tourisme),alorsque versant nord la gestion a été plus réfléchie en termes de pôle, l’intercommunalité touristique étantembryonnairejusqu’àunedaterécente(Clarimont,2006;Clarimont&Vlès,2009).

Ces différences structurelles expliquent pourquoi, finalement, les acteurs non seulement adhèrentdifficilement à la démarche de constitution d’un territoire unique de gestion des flux, mais également ontencoredumalàassurerdesconditionsminimalesd’accueiletdesécuritédeshabitants,desexploitantsetdesvisiteurs. Cette démarche n’a pas fait l’objet, jusqu’à récemment, d’une réflexion et encore moins d’uneprogrammation dédiées notamment pour développer un tourisme durable et responsable permettant laconservationdusite.

Ducoup,«lesdynamiquesescomptéesn’onttoutsimplementpasexisté»(Benos,2007).

En l’absence de moyens importants pour gérer ce qui, versant nord plus que versant sud, est plus unexcursionnismedemassequ’untourisme,GavarnieetGèdreontpeuàpeuacquisuneréputation«d’usineàtouristes»perdantainsi leurqualitéoriginellede l’accueilpaysan(avec lepassageàuneéconomiedite«decueillette») (DDTHautes-Pyrénées,2013;Moulinié,2015:voirci-après,point5page100).Paradoxalement,l’apport économique de cette clientèle de passage demeure insuffisant pour permettre la pérennité desactivitésdescommercesetdesstructurespubliques.

Les acteurs publics (DDT65, communes, Conseil départemental) cherchent actuellement à changer de

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modèle de développement afin de «transformer les deux villages en véritable station de séjour» (DDT65,2013). Depuis 1986, les communes de Gavarnie et Gèdre (près de 25000 ha et seulement 450 habitants)développentconjointementleuractivitétouristique.Unecommunautédecommunesexistedepuis2000entrecesdeuxvillagesavecpourcompétenceprincipale ledéveloppement touristique (dont la stationdeski, voirencadré infra).L’officedeTourismeestégalementgéréencommunautraversd’uneassociation loi1901.Leschéma départemental de coopération intercommunale a transformé cette structure éclatée et isolée en lafusionnant dans un territoire qui associe l’ensemble des communes de deux gaves à l’échelle des 17communesduPaysToy.

Versantfrançais

Démographie: 400 habitants – population en décroissance depuis plus de 50 ans.Densité:1.8hab/km²

Logements:619dont27.7%rés.principales,62.8%res.Secondaires,9.5%vacants

Logementsocial:5logementssociauxconventionnés(OPH65,collectif)

Emploi:265;tauxdechômagefaible:3%;emploisaisonnierimportant

Économie:75entreprises:commercesetservices:80%,administration:10%,147établissements actifs: agriculture 26.5%, commerces et services: 57.8%,administration:10.2%

Agriculture: 35exploitations, SAUmoyenne: 13ha; 31exploitationsagricoles (21aveclesièged’exploitationàGèdre,5àGavarnie,3àLuz,1àVillelongue,1àGEU)dont22exploitationspeuventêtrequalifiéesdeprofessionnelles(chefd’exploitationà titre principal à la MSA). 23 exploitations qui transhument en 2012 sur laCommission syndicale de Barèges. Dominante élevage: 19 éleveurs ovins et 16éleveursbovins

4 éleveurs en AOC Barèges Gavarnie. 46 ans de moyenne d’âge (moyennedépartementaleà53ans).15,5hadeSAUenmoyenneen2012àcomparerà14,9haen 2000. Maintien du nombre d’exploitants déclarés à la PAC depuis 2000 (onobservesouventdesbaisses).

Le domaine pastoral occupe l’essentiel du territoire. Ces surfaces gérées par lacommissionsyndicaledelavalléedeBarègessontutiliséescommeestivescollectivesde juin à septembre. Les transhumants viennent des communes voisines et desdépartements voisins (départements voisins). La pratique de la transhumancecontribueaumaintiendel’ouverturedupaysage,maiselleestsurtoutunenécessitééconomique pour les exploitations de montagne qui disposent d’une ressourcefourragèrelimitée.LacommissionsyndicaledeBarègesdéclareenviron14000hadesurfacescollectivesdanscesdeuxcommunes.

Équipementstouristiquesstructurants:

— Station de ski alpin (50000 journées/skieurs/an; CA: 800k€), reprise par legroupeandorranSkiResortInternational-PGIFrance

—Stadenordique(fond,raquettesaucœurducirquedeGavarnie)

—MaisonduparcNationaldesPyrénéesàGavarnie

—Millaris,musée«découvertedeGavarnie-Gèdre»àGèdre

—BasedeloisirsdeGèdre(piscine,patinoire,salled’escalade,bob-luge)

Capacitéd’accueiltouristique:

Auglobal:3485lits,répartiepour55%surGèdreet45%surGavarnie(tousouvertsl’été)

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Hôtellerie:8hôtels;157chambres(6classés2étoiles,2classés3étoiles)

Camping:3pour163emplacements,classés2étoiles

Refuges:4 sur la communedeGavarnie (Sarradets, Pailha, Espuguettes, grangedeHolle);3enpériphérie(Tuquerouye,Goritz,Baysselance).

Fréquentationtouristique:

Hiver200000personnesenviron(station:40à60000journées/skieurs/an)

Été/Automne/printemps:750000personnesenviron

Sources:DDT65,2013

Laquestiondel’avenirdelastationdeskisemblemoinsmarginaledansledispositifqu’iln’yparaît.LaCourdes comptes relève que les impôts locaux affichent des taux élevés et doivent parfois subir de fortesaugmentationspourabsorberlespertesliéesnotammentàlastationdeski.LacommunautédecommunesdeGavarnie-Gèdrea,decepointdevue,consentiuneffortfiscalimportant(lapressionfiscaleestmesuréeparlecoefficient de mobilisation du potentiel fiscal, qui compare le produit fiscal réel à celui qui résulterait del’applicationdestauxmoyensnationaux).Cependant,laquestiondel’équilibreéconomiquedelastationdeskine saurait se résumer au seul équilibre financier de la structure exploitant le ski et implique des choixstratégiquesplusvastes,àl’échelledel’ensembledesstationsdeskidesPyrénéesd’unepart,maiségalementtenant compte de sa compatibilité avec le projet à long terme du territoire de Gavarnie-Mont Perdu. Sil’activitédelastationdeskientraînedesretombéeséconomiquesetcréedesemplois,cequipeutjustifieruneinterventionpubliqued’aideindirecteàl’activitédel’acteurprivéquienaprislagestion,ellenepeuttoutefoisplussefairesansconditionsnivisionglobalededéveloppementdansuncontextedemaîtrisede ladépensepubliqueàuneéchelleterritorialeplusintégrée(Courdescomptes,2015).

Le fait que l’inscription des sites au patrimoinemondial et dans le Parc soit considérée au niveau locald’abord comme un dispositif de protection, donc une contrainte, explique donc en partie –mais en partieseulement – les difficultés de constitution d’un territoire unique de gestion des fréquentations. L’existencemêmedecetespacen’estpasencoreévidenteentantqu’espacevécuentrelesdeuxversants,carcen’estpasunespacefréquentéetnipratiquéparlesmêmesvisiteursni lesmêmeshabitants,doncpeud’interrelationssocialesetpolitiquess’ynouentetsansdoute lesreprésentationsdecetespacetransfrontalierydemeurentfort différentes de part et d’autre de la frontière d’une part, mais également au sein des acteurs de lagouvernancedechaqueversant.

Par ailleurs, le fait que la reconnaissance de Gavarnie comme celle d’Ordesa se soit réalisée dans leurproprecadrenationalrespectifaéclatélagestiondelavaleurrattachéeàchacundesdeuxsites.Danslesdeuxcas, la gestion et l’entretien de son propre lieu exceptionnel dans des structures à échelle restreinte,segmentée,constitueun freinà laconstitutionduterritoiredegestiondes fluxet la faiblessestructurelleetoriginelledusitePyrénées-MontPerdudanssonensemble.

Dansledétail,voiciquellesensontlesconséquences.

1.1.Defortesréticenceslocalesàlagestiondesflux

Unpremierplandegestiondes fluxdans lapartie françaiseavait étémisenœuvredans le cadred’uneCharte de gestion en 1995 et venait se superposer aux plans de gestion distincts des deux parcs nationauxsituésdepartetd’autrede lafrontière.SuperviséparunComitédegestion,ceplanaétéconsidérécomme

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suffisant pour la partie espagnole (pris en charge par le budget national),mais insuffisant dans son versantfrançais. Le «financement pour la gestion du site» a ainsi été «jugé très insuffisant» (sources: section IIUNESCO):«iln’existepasaujourd’huideplandegestionetpasdebudgetdefonctionnementdusite»9.

Effectivement,leterritoiresedéclareactuellementdansl’impossibilitédeconnaîtreprécisémentlesfluxdevisiteurs,bienquelasituationdestroiscirquespermetted’appliquerlestechniquessimplesdecomptagedesfluxutilisésentourisme(laméthodetraditionnelle«cordon+enquêteobservationassociée»permettrait iciuneapprochefiabledesfluxdansletempsetdansl’espace).Ledirecteurdel’OfficedetourismedeGavarniedéclare:«onestentre500000et800000visiteursàGavarnieenviron,maisc’estdifficiledesavoir.EtencorejevousparledeGavarnieGèdreetnonGavarnietoutseul.Gavarnietoutseul,c’est350000visiteursenviron,etquel’été...maisceschiffressontfaux…onestincapabledesavoir.Ceschiffresseraientceuxde4mois(dejuinàseptembre), avec unpic le premier lundi d’août; et cela dure 10 jours. Les jours là, c’est n’importe quoi, lesvoituressontarrêtéeslesunesderrièrelesautres...;lesparkingsdeGavarnieaccueillent800placespayantes,donccesjours-là,lesvoituressontgaréesendoublefile.LaproblématiquedelagestiondesfluxestcapitaleàGavarnie, mais uniquement sur 15 jours dans l’année… ces 15 jours-là, la satisfaction est médiocre, laconsommationest faible, il y a tropdemonde,une fuitede la foule etunepertede repères, la signalétiquetotalementnonrespectée…»

Cetteindéterminationtechniquelaisselaporteouverteàtoutesinterprétations,tantsurlesévolutionsdesfluxdansletempsquesurleursorigines:«Pournoscommerçantsici,iln’yajamaistropdemonde.Ànousdegérer. Il y a quandmêmeune baisse de fréquentation, de 2millions de visiteurs on est passé à 800000 surl’année.C’estdûàbeaucoupdechoses:desélémentsdesociété,lacriseéconomique,notammentlaclientèledeLourdesquidiminue.Çachuteénormémentavec1,8 jourdeduréedeséjouràLourdes.Énormebaissedefréquentation sur Lourdes et des transports collectifs» (Maire de Gavarnie, entretien du 2 juin 2015). Et larésistanceà l’idéemêmederégulationdelafréquentationdel’ensembledessitessembleforte,notammentparcequ’ellesefocaliseengrandepartiesurlesiteduvillagedeGavarnie:«Levillagen’estpasengorgé,non,onpeutymettreunpaquetdepiétons.Pourquoidésengorgeralors?» (MairedeGavarnie).D’autantquelescommerçantssontmécontentsde l’évolutionde leursclientèles:«Lasociétéaévolué.Lesgensnefontpluscommeavant. Le touristede Lourdes classiquequi venaitàGavarnie, qui achetait unemarmottequi sifflait,c’estfini...ceuxquipersistentànevendrequeçanesontpascontents.Larentabilitédesentreprisesestdifficile.Lasaisonestconcentréesurunmoisenviron.C’estdifficile»(ibidem).

L’absencedetouteprospectiveécotouristiqued’ensemblesurlessitesdescirquestransfrontaliersouvrelavoie, pour un temps, à des conflits d’usage où la provocation semble de mise: «On n’a pas fait le bilancarbone....icionlesappelleles“écotalibans”,lesécolosextrémistes!!Detoutefaçonlesclientsquisemettentsuruneterrassedecafésanspollutionressententplusdebien-être.Onn’apasbesoindefairedesétudes...»(Maire deGavarnie), ou: «unplan de gestion des flux? L’affaire des écologistes…desmesures uniquementenvironnementales et non économiquement rentables, nuisibles pour l’économie locale, commerçante»(ibidem). Les acteursdu terrain (directeurde l’O.T.,maire, directeurde la station) s’accordent àdireque ladémarcheUNESCO«n’apasdutoutétéappropriéeparlesgensd’ici.Lacommunicationn’allaitpasbien:onnesavaitmêmepasqu’onrentraitdansunsitePatrimoineUNESCO»«personnen’aétéimpliqué,leshabitantsont eu l’impression d’être pris pour des indigènes. La seule chose retenue avec l’UNESCO: + 30% defréquentation,c’est la seulechosequ’ils retiennent» (directeurstation, juin2015).Cette«avisd’acteur»nesemblepasunanimementpartagéeparlapopulation(enquêteethnologique,point5ci-dessous).

La tentative de gestion des flux intervenue en 1997, dans le cadre de l’Opération Grand Site, a opérésuccessivement une interdiction de la circulation dans le village puis, revenant en arrière, une circulation«allégée» permettant l’accès aux habitants et aux résidants hors période estivale (entretien Maire de

9http://whc.unesco.org/archive/periodicreporting/EUR/cycle01/section2/773-summary.pdf

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Gavarnie).Lescamping-carsontétéaccueillissuruneaireaménagéeàl’extérieurduvillage.PourleMairedeGavarnie, ce dispositif a «très bienmarché». Pour autant, il note que le dispositif rencontre des difficultésaveclescommerçants,dontledispositif«perturbeleshabitudes».«Pourlescommerçants,iln’yajamaistropde monde». Il regrette également la position de préservation par la régulation des flux soutenue par lesassociationsdeprotectiondelanature:«Lesécologistesnousaurontbien“emmerdés”,toutescesannées...onaaffaireàdesintégristes,desécologistesintégristes....c’esteuxquionttoutfreinédansnotredémarche.Selonmoi, avec les flux piétons, l’environnement sera protégé. À un moment donné, il vaut mieux gérer un fluximportantaumêmeendroitetavoirdeséchappatoiressur lescotéspourapprécier lanaturequed’avoirdesquantitésdepersonnesdansdifférentsendroits.Ilvautmieuxavoiruneautorouteàgéreretlaisserdesabordsà emprunterpour trouver ceque l’on recherche...(patrimoine, etc.) Cequi permetdansdes lieux comme lesnôtresderéglerlesproblèmes.Ilvautmieuxconcentrerlespersonnesfinalementsurunaxe...etlaisservivrelecommercelocaltoutaulongd’unaxedevisite».Onsentbien,danscespropos,àlafoislepoidsdestensionsissuesdel’initiativedel’inscriptiondumassifPyrénéesMont-Perduparunepartiedelasociétécivile–surtoutintellectuelleetsavante—échappantauchamppolitique localet l’ambiguïtédecettepatrimonialisationquin’a pas su créer une culture commune de l’action. Bien que du temps des sociétés agropastorales où lesrelationsdegestiondelaressourcepastoraleetdeslienscommerciauxexistaient,celles-cin’ontpassuffi,pourautant, à constituer un ensemble transfrontalier au sens des acteurs, au sens politique, d’une gouvernancecommune.L’unitédumassifPyrénéesMont-Perduexistecertesentantqu’inventiondesPyrénéistesoud’unepartie des scientifiques ou des experts, mais sans doute peut-être pas encore en tant que communautéd’intérêtsdesgestionnaires.

Àl’avenir,siunterritoiredegestiondesfluxpouvaitseconstituer,cetespacederégulationgagneraitsansdoute à intégrer l’ensemble des acteurs en charge de la régulation des visites et parcours dans les sitesexceptionnels, classésetprotégés, contigus (les troiscirques françaisetceluid’Ordesavoisin).Quelpourraitêtreceterritoiredegestionidéale,et,au-delà,quelestlemodèledegouvernancepossible?

Pourententerunedéfinition,ilconvientderevenirsurlesfiguresdeprotectionquifondentl’unitédecessites.LemaintiendescaractéristiquesphysiquesetpaysagèresdumassifPyrénéesMont-Perduestassuréparunniveauréglementairedeprotectionélevé,développéàtraversunecomplémentaritéd’outilsdeprotectiondes milieux naturels et du patrimoine culturel sur l’ensemble du Bien. La conservation, la protection et lasauvegardedubienreposentsurdescadresdegestionréglementaireéprouvés:

Versantespagnol

Surleversantespagnol,ladocumentationrelativeàlagestiondessystèmesdeprotectiondusuddumassifPyrénéesMont-Perduestabondantesurlaplupartdesaspectsscientifiques,maiségalement sur l’activité pastorale (histoire, savoir-faire, croyances, coutumes, etc.). Outre uneabondante littérature grise sur les aspects scientifiques du bien (géologie, milieux naturels etécosystèmes,paysages),demultiplesétudesscientifiquesontétémenéesdepuisdenombreusesannéesnotammentparlesuniversitésdeZaragoza,l’UniversitatAutonomadeBarcelona(UAB).Le pastoralisme a fait l’objet par ailleurs de nombreuses études et de descriptionsethnographiques complètes. Le classement repose sur les inventaires (réalisés en 2000 par leparcNationalOrdesayMontePerdido)desmallatasoucabanesdédiéesàl’élevageprésentdanslepérimètreduparc(170abrisourefugesàvocationpastorale,enruinesoutoujoursenétat),surun«Plandeordenaciondelpastoralismo»sur3ansmisenplaceparleParcdanslecadredeson nouveau Schéma directeur d’usages et de gestion (PRUG) qui prévoit notamment laréalisation d’un inventaire de l’architecture vernaculaire du pastoralisme, sur un inventaireréaliséparleGéoparcdeSobrarbedeplusde100zonesd’intérêtgéologiquesurleterritoireduGéoparc(unepartiedecespointssesituantdoncsurlepérimètreduBien),permettantdesitueret d’évaluer l’importance du patrimoine géologique du territoire, sur un inventaire des Biens

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d’Intérêt Culturel ou BIC présents sur le territoire municipal de plusieurs communes du Bien,majoritairementdesmonuments,maisaussiquelqueszonesarchéologiques(Bielsa,Broto,Fanlo,Puertolas,Tella-SinetTorla).Lesoutilsdegestiondecesespacessontconstituéspar:

a)un«PlanRectordeUsoyGestion»(plandirecteurpourl’utilisationetlagestion)duparcNational d’Ordesa-MontePerdido (décret royal 409/1995du17mars [BOEno112du11mai1995],

b) un Plan de prévention des incendies forestiers du parc National d’Ordesa et Monte-Perdido, dans la province de Huesca. Afin de soutenir la population locale et d’améliorer leurniveau de vie, des subventions sont accordées annuellement par le biais de projets dedéveloppementdurable.Lessubventionssontoctroyéesauxparticuliers,entreprises familiales,municipalitésetONG.Plusdedeuxmillionsd’eurosontétélivrésen2009.Desrecherchespourunegestionscientifiquedesvaleursdusitesontégalementencours.Dansl’ensemble,lesiteduparcnationalaunbudgetannuelde4millionsd’eurosenvironetuneffectifde120personnesimpliquées dans des taches proches de la gestion des flux, telles que le gardiennage,l’information,l’entretien,lenettoyageetlagestionadministrative

c) le réseau Natura2000 comprend trois zones de protection spéciale (Directive Oiseaux:Zonas de Especial Protección para las Aves de España - ZEPA) et quatre zones spéciales deconservation/sitesd’intérêt communautaire (Lugaresde InterésComunitario/LIC. «Viñamala»[ES0000278], «Alto Cinca» [ES0000279] et «Ordesa y Monte Perdido» [ES0000016, février1988],«OrdesayMontePerdido»[ES0000016,approuvé le22/12/2003],«RíoCinca(ValledePiñeta)» [ES2410019, approuvé le 22/12/2003], «Bujaruelo - Garganta de los Navarros»[ES2410006,approuvéle22/12/2003]et«RioAra»[ES2410048,approuvéle22/12/2003],

d) deux espaces naturels protégés au titre de la loi 6/1998 du 19 mai du Gouvernementd’Aragon. Dans ces espaces protégés, les usages et activités sont réglementés (les activitésagricoles, d’élevage, forestières, cynégétiques et piscicoles compatibles avec la protection dechaque espace naturel protégé sont autorisées, la visite, les activités agropastorales etforestières,lachasseetlapêchesontréglementées).

e)LeparcNationalOrdesayMontePerdidoestgéréparlacommunautéautonomeàtraversuneJuntarectora,unPatronato; ledirecteurduParcestenchargede l’administrationetde lacoordinationdesactivitésduparc.Lesparcsnationauxsontdesespacesnaturelsàhautevaleurécologiques et culturels dont la conservation relève de «l’intérêt général de la Nation». Lagestionduparcestencadréeparunplanouschémadirecteurd’usagesetdegestion(PRUG),

f) les glaciers pyrénéens, espaces ou éléments de la nature constitués par des formationsremarquablesenraisondeleursingularité,leurraretéouleurbeauté,fontl’objetàcetitred’uneprotection spéciale. DéclarésMonuments naturels par la loi 2/1990 du 21mars, les «GlaciersPyrénéens»disposentd’unplandeprotectiondesMonumentsnaturels(approuvéen2007),

g) la Réserve de biosphèreOrdesa-Viñamala, déclarée réserve de biosphère le 22/01/1977dans lecadreduprogrammeUNESCOManandBiosphereest laseuleréservedebiosphèredel’Aragon.Sonpérimètreaétéétenduen2013surunesuperficietotalede107097,40hectares,notammentsur leterritoiremunicipaldescommunesdeBroto,Fanlo,Puertolas,TorlaetTella-Sin. En vertu de la loi8/20041 du 20 de décembre relative auxmesures urgentes enmatièred’environnement, la réserve de biosphère d’Ordesa— Viñamala fait partie du Réseau natureld’Aragonetintègreainsilaréglementationautonomedel’Aragon,

h)leGeoparquedelaComarcadeSobrarbeaétédéclaréGéoparcle21/09/2006etfaitpartie

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du réseau européen des géoparcs. Ce géoparc reconnu par l’UNESCO présente un patrimoinegéologique exceptionnel en raison de son intérêt scientifique, éducatif et esthétique. Seshabitantssesontengagésdansunestratégiededéveloppementsocio-économiquedurablequicomprendlapromotionetlaconservationdesvaleursnaturellesetculturellesdelarégiondanslebutd’apprendreetdeprofiterdecetterichesseetdelestransmettresurplusieursgénérations.Ce géoparc permet de gérer et de valoriser le patrimoine local avec une méthode de travailapprouvéeparl’UNESCO,

i) la Loi du 3/1999 sur le Patrimoine culturel d’Aragon protège les biens culturels, lesmonumentset zonesarchéologiquessur les territoiresdeBielsa,Broto,Fanlo,Puertolas,Tella-SinetlatranshumanceenAragonaétédéclarée«Biend’intérêtculturelimmatériel»pardécret289/2011,du30août,envertudelaLoidu3/1999surlePatrimoinecultureld’Aragon.Letexteprévoit que les Biens d’Intérêt culturel immatériels (titreIV) soient, au titre des biensethnographiques immatériels,sauvegardés«par l’Administrationcompétenteautitrede laLoi,assurant la recherche, la documentation scientifique ainsi que le récolement/recensementexhaustifdetoutmatérielquienserait letémoinpermettantleurtransmissionauxgénérationsfutures»;laLoideprotectiondescheminsdetranshumanceoudrailles(n°3/1995,23mars,Étatcentral) qui ont le statut de terrain public et sont inaliénables; si leur usage reste réservé audéplacement des troupeaux, des utilisations complémentaires peuvent être envisagées(promenade, randonnées pédestres et à cheval, déplacements sportifs sur véhicules nonmotorisés dans le respect de la priorité des troupeaux) et la loi n° 10/2005 (gouvernementd’Aragon) encadre la gestion (entretien, respect des usages réservés, etc.) de ces chemins(cabañeras o viaspecuarias) relevant du domaine public et assure également une protectionlégaledes«élémentstangiblesdel’activitépastorale»:lessentiers,lesabreuvoirs,lescabanespastorales, lesponts,etc.Parailleurs, l’InstitutoAragonesedeGestionAmbiental (INAGA)s’estvu attribuer des compétences exclusives pour la mise enœuvre d’actions demodification detracésetdecarrefours,deregroupementdeparcelles,occupations,utilisationsexceptionnelles,utilisationspourvéhiculesmotorisésettoususagescomplémentaires.

Du point de vue de la fréquentation, la filière touristique du versant espagnol est mieuxconnue et plus structurée du point de vue économique et territorialque celle du versantfrançais;onpeutenretenirquatrecaractéristiquesessentielles:

1. c’estunedestinationd’excursion,essentiellementmotivéeparlaprésenced’unrichepatrimoinenaturelauseind’espacesnaturelsprotégéstelsqueleparcnationald’OrdesayMontePerdido(facteurdécisifpour46%desvisiteursde l’OTde laComarcaen2013)puispour lepatrimoinehistorique(24%)etlapratiquedesportsdepleinair(5%),

2. c’estunedestinationfamilialeenmajorité(pour77%desvisiteurs),3. l’organisationsurceterritoireestdelonguedategéréeauniveauintercommunal(comarca)par

l’OficinaComarcaldeTurismodeSobrarbe(installéedanslechâteaud’Aínsa)etrelayéeparlesofficesdetourismemunicipaux(Ainsa,Boltaña,Bielsa,Broto,Torla)quisontouvertsauxvisiteursàl’annéeouensaison.LeParcnationalypossèdedespointsd’informationsàBielsaetTorla,etensaisonàEscalona,Escuaín,PiñetayTella,

4. leparcréceptifestimportantentermesdecapacitéd’hébergement:lescampingsprésententlaplusgrandecapacitéd’accueilavec9891litssurl’ensembledelaComarcadeSorbrabe,maisilssont complétés par 78 hôtels (dont 47 se situent dans les communes du bien du patrimoinemondial)avecunecapacitéde3483lits.Enfin13refugescomplètentcetteoffremarchande.

Pourautant,toutn’estpasparfaitdanslacontentionetlarégulationdesflux(figure32).

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Cetteversionenlignenepeutpascomporterlesillustrationsenraisonduvolumedufichier

Figure32.L’accèsàAñisclo,clichéS.Clarimont,2015

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Versantfrançais:Poursonversantfrançais,leclassementetlaprotectionduterritoiredubienPyrénées-Mont

Perdu s’appuient sur des études nombreuses pour ses aspects scientifiques, notamment lagéologieet lesécosystèmesqui lecomposent (faune, flore,milieux,etc.)et l’inscriventcommeunhautlieudesPyrénéesfrançaises.Ilsreposentsurdesinventairesdesmilieuxnaturels:Zonesnaturelles d’Intérêt écologique, faunistique et floristique (ZNIEFF) de type1 et de type2 (20ZNIEFFtype1etuneZNIEFFtype2),desenquêtesd’inventairepréliminairesur lacommunedeGavarnie (enquête ponctuelle) réalisée par le service régional de l’inventaire en 2011 (mai àdécembre), des inventaires des cabanes (carte de localisation proposée par le Centre deRessourcesdeGestiondesEspacesdesHautes-Pyrénées).

D’autre part, le classement au titre de Natura2000 d’Estaubé, Gavarnie, Troumouse,Barroude apporte des compléments en termes de gestion faunistique et de préservation desmilieux.LeréseauNatura2000yapourobjectiflapréservationdelabiodiversité,aveclesoindechercher à concilier les exigences des habitats naturels et des espèces avec les activitéséconomiques, sociales et culturelles qui s’exercent sur les territoires et avec les particularitésrégionaleset locales. Il s’agit icidepromouvoirunegestionconcertéeetassuméepar tous lesacteurs intervenantsur lesespacesnaturels.Eneffet, laconservationde ladiversitébiologiqueest très souvent liée à l’action de l’homme, spécialement dans l’espace rural et forestier. Ceréseauestconstituédezonesspécialesdeconservation (ZSC)désignéesautitrede ladirective«Habitats»du21mai 1992etde zonesdeprotection spéciales (ZPS)désignées au titrede ladirective«Oiseaux»du2avril1979.Pourremplirsesobligationsdemaintiendelabiodiversité,laFranceamisenplaceauseindechaquesiteduréseauNatura2000undocumentdegestiondit«documentd’objectifs»(DOCOB).CedocumentestétablisouslaresponsabilitéduPréfetdedépartementassistéd’unopérateurtechniqueetfaitunelargeplaceàlaconcertationlocale.Uncomitédepilotageregroupe,sous l’autoritéduPréfet, lespartenairesconcernéspar lagestiondusite.S’ilcomporteunétatdeslieuxnaturalisteethumaindusite,cedocumentdéfinitsurtoutles orientationsde gestionet lesmesuresde conservation contractuelles àmettre enplaceetprécise les modalités de financement des mesures contractuelles. C’est donc à partir dudocumentd’objectifsquesontétablislescontratsdegestion.LeréseauNatura2000permetdeconsolider,amélioreretassureràlongtermelesactivitésagricoles,sylvicolesettouristiquesquiparticipentàl’entretienetàlaqualitédecesespacesnaturelsetdelavierurale. Ilcontribueàreconnaîtreun territoiredegestionde l’articulationprotection/développementde ces sitesenaccordantlesmoyensnécessairesàleurpréservationetàleurmiseenvaleur.

Dupointdevueréglementaire,lesitebénéficieparailleursd’uneprotectiontrèsimportante:

60% du bien est compris dans la zone centrale du Parc national des Pyrénées, le reste estentièrementinclusdanslesiteclassé.Lebienestactuellementgérésuivantleplandegestionduparc National des Pyrénées, en coopération avec le Parc national d’Ordesa Monte-Perdidosuivantunechartedecoopérationcommune(2010-2020)etunplanannueld’action.

Cetteversionenlignenepeutpascomporterlesillustrationsenraisonduvolumedufichier

Figure33.L’ensembleGèdre-Gavarnie ; leshautslieuxdupatrimoine(lecylindreduMarboré(3250m)etleTaillon(3144m)dominentlepaysage,clichéVincentVlès,2008

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Enfin, l’État français s’investit dans les actions permettant la reconnaissance par lespopulations locales de la valeur universelle du siteMont-Perdu. Cette appropriation est seulegaranteà termede leur implicationdurabledans lapréservationet lapromotiondusite.C’estpourquoil’UNESCOconsidère«qu’ilconvientdepréserveraubénéficedespopulationslocaleslesmanifestations événementielles, antérieures au classement, qui ont un impact économique ettouristique significatif à la condition, naturellement, qu’elles ne soient génératrices d’aucuneatteinte à l’intégrité physique et à l’authenticité du site. Les rencontres pastoralestransfrontalières à la Bernatoire et le Festival de théâtre de la Gavarnie relèvent de cettecatégorie de manifestations événementielles à préserver». Sur le versant français, dans leterritoireclasséautitredelaloide1930codifiée,l’étatetl’aspectdeslieuxnepeuventpasêtremodifiés sauf autorisation spéciale de l’administration chargée des sites. Des dispositionsprotectrices particulières s’appliquent aux sites classés en ce qui concerne le camping, lapublicité,l’enfouissementdeslignesélectriques.

C’est dans ce contexte réglementaire de protection d’ensemble (qui n’est pas en soi un «Dispositif

TerritorialduTourisme»-Rayssac&al.,2015:70)qu’uneOpérationGrandSiteaétéportéeàpartirde1990par le ministère de l’Environnement en France pour enclencher une première réponse aux problèmes dedégradation de ce site majeur sur le plan national, victime de sa notoriété et d’une forte fréquentationtouristique.Celui-ciaoffertlapossibilitédecompléterdemanièresouplelesdispositionsdelaloide1930surles sites classés qui ne prévoient pas demesures d’accompagnement budgétaire spécifique pour assurer larestaurationetl’entretiendessitesclassés.L’OpérationGrandSiteGavarnie/Gèdreadébutéparunepremière(1990)etunedeuxièmeconvention(1990puis1997),quiontpermislacréationd’uneZonedeProtectionduPatrimoine architectural urbain et paysager (ZPPAUP) en 1995 à Gavarnie, la réhabilitation du village deGavarnie,lagestiondelafréquentationdanscesite.

Les aménagements nécessaires à la gestion des flux, au stationnement, à l’accueil, à la découverte et à

l’interprétationontainsipuêtre réalisés surGavarnie.Une troisième trancheen coursde réflexionpourraitprésenter un ensemble d’aménagements dans les sites périphériques (cirques de Troumouse et d’Estaubé,Ossoue, Boucharo) et dans le village de Gèdre. Le territoire de Gavarnie est retenu comme Grand Site ennovembre1989.L’OpérationGrandSitefaitl’objetd’unesignaturedeconventiondepartenariatsentrel’Etat,leConseilRégionalMidi-Pyrénées,leConseilGénéraldesHautes-PyrénéesetlacommunedeGavarnie,pourlapériodede1990à1996.Enjuillet1997,unedeuxièmeconventionestsignée,enélargissantlepartenariatauParcNationaldesPyrénées,àlacommunedeGèdreetàlaFondationd’EntrepriseGazdeFrance.

Leprogrammedel’OpérationGrandSite(3econvention),actéen2005,permetd’atteindrepartiellement

quelques-unsdesobjectifsaffichés:

§ Renforcementdelaprotectiondusite:Lesdifférentesréglementationsetclassificationsconcernantlessitesclassés,leparcNationaldes

Pyrénées,l’OpérationGrandSite,laZPPAUPetNatura2000quisesuperposentrendentlesitetrèsprotégé10. Mais l’accumulation de politiques et de contractualisations aux objectifs parfois très

10Réseau Natura 2000 : Une Zone de Protection Spéciale (Directive Oiseaux) et 3 Zones spéciales de conservation/ Sites d’IntérêtCommunautaire,ZonedeProtectionSpécialedu«CirquedeGavarnie»du31/01/1992 (FR7310088)de9380hasur lescommunesdeGavarnie etGèdre, Zones spéciales de conservation«Gaube,Vignemale» (FR7300925)de7395ha sur les communesdeCauterets etGavarnie;«Ossoue,Aspé,Cestrède»(FR7300926)de5226hasurlescommunesdeGavarnieetGèdre;«Estaubé,Gavarnie,TroumouseetBarroude»(FR7300927)de9479hasurlescommunesdeGavarnie,GèdreetAragnouet.Cettedernièrezonebénéficiedepuis2005d’unDocumentd’Objectifs,quioutreundiagnosticdesproblématiquesterritorialesplanifieuncertainnombred’actionsàmettreenœuvresur

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différentscréedescontradictionsinternes.LanécessaireévolutiondelaZPPAUPenAVAPconstitueun véritable enjeu pour la protection du Bien, d’autant plus dans le contexte local actuel d’uneréflexionsurl’éventuellemiseenplaced’unPlanlocald’Urbanismeintercommunal.D’autrepart,lesacteurs locauxsedisentprisdansdes logiquesetdespartenariatsdont ilsn’estimentpastoujoursavoir la maîtrise. Le label Patrimoine mondial de l’Humanité apparaît comme la consécration detoutes ces classifications et protections juridiques, mais il reste peu valorisé en tant que telaujourd’hui:

Ø sur le plan de la protection environnementale, la surfréquentation, dont les nuisancesapparaissentévidentesàpresque tous lesacteurs, seconcentreessentiellementdans levillagedeGavarnie et sur le sentier menant au cirque de Gavarnie. Les aménagements effectués dans ceszonesparl’OGSaméliorentlecadreetfacilitentlacirculation,surtoutpiétonne.Cependant,lessitespériphériques restent mal intégrés et mal valorisés. S’ils ne connaissent que ponctuellement lesnuisancesd’unefréquentationexcessive,lapénétrationautomobiledansdeslieuxdestationnementincompatiblesaveclaprotectionenvironnementaledesespacesconstitueundesproblèmesmajeursnonrésolus.

§ Améliorationdelagestiondusite:Ø Circulationdans le villagedeGavarnie: l’aménagementdesparkings et l’organisationde la

circulationpiétonne,s’ils facilitent localement lagestiondes flux touristiques,ne résolventpas lesproblèmesd’ensemble,mêmepaslestationnementdesautocarsdanslevillagedeGavarnie.

Ø Peu de valorisation des retombées économiques: aucune action de coordination entre lesprestataires touristiques n’est menée, pas plus que l’accompagnement à la création d’activitésnouvelles.Lesretombéeséconomiquessontenbaisse,lefonctionnementdesfluxsefaitsousformed’économiede«cueillette» sur labased’une fréquentationdemasse,d’excursionpourquelquesheures.

§ Valorisationdel’imagedusitedeGavarnie:Ø Aménagementsurbains:denombreusesactionsontétémenéesdanslevillagedeGavarnie

afindel’embellir,maisdesactionssupplémentairessontencoreàenvisager.Ø Accueiltouristique:lecentred’accueildel’OfficedeTourismeàGavarnieestaménagédans

denouveaux locauxen2002. Laqualitéde l’accueil etde l’information touristiquedans le sitedeGavarnie–Gèdreestsouventévaluéecomme«mitigée».

Ø Imageculturelledusite:quelquesactionsdevalorisationsonteffectuées (publicationde lamonographie«MontPerduPatrimoinemondial»,MaisondesCirquesàGèdre),maisglobalementpeudechoseschangent,fauteduchoixd’unréelpositionnementetd’untravaildel’imageculturelledeslieux.

Un certain nombre de démarches opérationnelles pour la régulation des flux de visite sont pourtant

désormais en voie de réalisation: fermeture de la route de Troumouse depuis l’été 2014, expérimentationd’une navette (Maillet‐Troumouse), suivi des impacts de la tenue du Festival de Gavarnie, application d’uncahier des charges au titre du site classé (adopté en 1998, modifié en 2001), mise en place d’un suiviphotographique et l’intégration d’une démarche de développement durable dans l’organisation de la

ceterritoire.Siteclasséautitredelaloidu2mai1930:«CirquedeGavarnieetlescirquesetvalléesavoisinants»(classementinitialle20/07/1921;siteclasséle21/04/1997).ParcNationaldesPyrénées:parcnationalcrééparledécretn°67-265du23mars1967.Nouveaudécretn°2009-406du15avril2009prispour l’adaptation de la délimitation et de la réglementation du parc national des Pyrénées occidentales aux dispositions du code del’environnementissuesdelaloin°2006-436du14avril2006,relativeauxparcsnationaux,auxparcsnaturelsmarinsetauxparcsnaturelsrégionaux.PlandePréventiondesRisquesNaturelsPrévisibles(P.P.R.):lacommunedeGavarniedisposed’unPPR,approuvépararrêtépréfectoraldu20/06/1990.UnPland’InterventiondeDéclenchementdesAvalanches(PIDA)approuvépararrêtémunicipalle19décembre1989.

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manifestation (l’étude des sites potentiels de relocalisation du Festival de Gavarnie [2013] ayant conclu àl’absencedesitealternatifdisponibleetpourlemaintiendel’organisationduFestivaldeGavarniedanslesitedelaCourade).

Dupointdevuetransfrontalier,uneChartedecoopérationentrelesdeuxparcsnationauxaétésignéeen1988et renouvelée le13décembre2010pouruneduréede10ans.Cettechartedécline lesobjectifset lesmoyensmisenœuvrepourunegestioncoordonnéedesdeuxParcsnationaux.DanschacundesdeuxParcs,lagestionquotidienneestassuréeparuneéquipecomposéedepersonnelsdeterrain,depersonnelsd’entretienetdenettoyage,degarde-moniteursetdesguidesd’information,disposantd’uneunitédegestioncentralequicoordonne les servicesopérationnels et administratifs. La continuité et le développementde la coopérationentre les deux parcs commencée en 1988 sont poursuivis lorsque le «Patronato» et le «Conseild’administration»invitentunobservateurduparcvoisinàassisteràsesréunions.Demême,unepersonnalitéqualifiée de chaque parc est invitée à participer aux réunions scientifiques. Les deux parcs ont convenuégalementd’organiseraumoinsdeuxréunionsconjointesparan:uneréuniontechniquepourlaformationdupersonneldeterrainbasesurdesquestionscommunes(faune,flore,habitat,laconnaissancedelalangueetlaculture...)etuneréuniondeséquipesdedirectionpourfairelebilandelacoopérationdel’annéeécouléeetdeplanifierconjointementlesactionstechniquesquisontconduitesensemble,ainsiquelebilanetlaplanificationdesactionsmenéesdanslecadredel’inscriptionaupatrimoinemondiald’I’UNESCO.Lesdeuxparcséchangenttoutes les informations et publications utiles pour résoudre leurs problèmes communs. La surveillance deterrain est coordonnée dans le but d’appliquer correctement les réglementations et d’essayer de lesharmoniser.

Cecomitédegestionapourcharged’assurer lemaintiende laqualitédusite,deveilleràsondevenir. Ildoitenpremierlieuétablirleplandegestiondusite,puislemettreenœuvre.Cetteformedegouvernanceestbienaccueillieparlesacteursinstitutionnelsdutourisme:«c’estunequestion[essentielle]pourl’évolution,ladiversification, la survie du territoire: la gestion des flux intégrerait les stratégies de diversificationetpermettraitdedépasserl’idéeoulaphilosophie“statiqueetcaptive”delarentetouristiquetotalementrévolue.Unplandegestiondeflux(parlecontournement,parlamiseenplacedenouvellesmobilités,parlaconnexiondes territoires) contribueraitàune transition touristique...» (entretiendirecteurde la stationdeGavarnie,2juin2015).

Pour l’heure, comme il n’existe pas de système de gestion de l’ensemble du site qualifié au titre duPatrimoine mondial, différentes dispositions législatives permettent sa gestion. Ces diverses structures ouprocédures ont des statuts, des compétences, des spécificités et des champs d’action différents. Le ComitéfrançaisdegestiondusiteMont-Perduaétécréé le12 février2004. Il comprenduncomitédepilotage,uncomitéconsultatifetunsecrétariatpermanent.Cecomitédegestionestuniquementcomposédespartenairesfrançais. La nécessité de la mise en place d’un comité de pilotage franco-espagnol est réaffirmée parl’ensemble des partenaires. Il s’étendra auxmembres du comité de pilotage français, les représentants descommunes territorialement intéressées, ceux du Gouvernement d’Aragon, de la Diputacion provinciale deHuescaetduparcNationald’Ordesa.Uneconcertationdoitêtreengagéeàcette finauprèsdespartenairesespagnols.

Si les différences de législation entre la France et l’Espagne n’entraînent pas d’incohérence etd’incompatibilité en matière de protection du site patrimonial, même si les niveaux d’exigence desréglementationsnesontpasnécessairementhomogènesdansl’ensembledupérimètre,aucuncoordonnateurn’aéténommépour superviser lagestiondusite.Cependant, le secrétariatpermanentaétéconfiéauparcNationaldesPyrénéesencollaborationavecungroupedetravailcomposéaveclaCommunautédecommunesGèdre/Gavarnie, le Conseil Général des Hautes-Pyrénées, Hautes-Pyrénées Tourisme et Environnement, leConseil Régional Midi-Pyrénées, l’Agence Régionale pour l’Environnement, la Direction régionale àl’Environnement,laSous-Préfectured’Argelès-Gazost,l’AssociationMont-PerduPatrimoinemondial.

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1.2.Versunprojetdeconstitutionduterritoiredegestion?

Desdeuxcôtésde la frontière, ce sont lesParcsqui,dans la continuitéde leursmissions, conduisent lesenquêtes qualitatives et quantitatives de fréquentation des sites afin de mieux connaître les profils, lescomportements, les pratiques, la satisfaction et les attentes des visiteurs, de sensibiliser lessocioprofessionnels et les institutionnels à l’évolutionde ces comportementset auxnouvelles aspirationsetmotivations des visiteurs, d’alimenter la réflexion sur les besoins en aménagement, de proposer desperspectives de développement économique et touristique et d’engager une prospective en vue dudéveloppement de leur territoire. L’importance du volet touristique s’est beaucoupdéveloppée à partir desannées1990enEspagneetdelanouvelledéfinitiondel’espace«Parcnational»issudelaloidu14avril2006surlesparcsnationauxenFrance.

Maislagestiondesfluxtouristiquesetleurrégulationrestentfragmentées.C’esticiquerésideladifficultédegestiontouristiquedusitePyrénées-Mont-Perdu:onavuquelareconnaissancedeGavarniecommecelled’Ordesasesontfaitesàchaquefoisdansuncadrenationaletréglementairerespectif.Ceshautslieux,érigéschacunensymboledansl’imaginairecollectif,sontrestésisolésparrapportàunsystèmedevaleurterritorialcommunet lesontdoncégalementdans lesmoyenset lessystèmesdetentativedegestiondesfluxquiontétémisenplacedanschaquesite.

LecirquedeGavarnieetceluid’Ordesaontconnuunemiseentourismeancienne(milieuduXIXeversantnord,années1930versantsud),maisquis’estdéveloppéeséparément(Benosetal.,2007).D’originepaysanne(activitéderente,surtoutducôtéfrançais),l’activitéd’accueildestouristesacommencéàchangeràpartirdesannées1980:

Ø Côté espagnol, le nouveau parc national d’Ordesa y Monte Perdido issu en 1982 del’agrandissement du parc originel d’Ordesa permet la mise en valeur d’autres sites, comme lecanyond’Añiscloou leMontPerdu lui-même,autourdesquelss’organisentdenouvellesentréesduparc.Ø Cetteversionenlignenepeutpascomporterlesillustrationsenraisonduvolumedufichier

Figure34.Canyond’Añisclo (Aragon),clichéVincentVlès,2005

OrdesarestelehautlieuauseindecetensembleetlevillagedeTorlal’entréeprincipaleduParc.Par ailleurs, avec le décret de 1982 créant les Zones d’influence économique et sociale (ZISE —territoires administratifs supports des parcs), puis la loi sur la conservation de la nature de 1989, lapolitique des parcs devient également un outil d’accompagnement du développement local,notammentpourpermettrelamiseenvaleurtouristiquedecesderniers.Cettenouvelledimensionseconcrétise essentiellement avec lamise en place du programme de subventions engagé à partir de1996.LesvillagesduParcsontvalorisésetdésignéscomme«lugaresdeinteréspintoresco».Ordesaaccueilleraitdésormaisentre370000et600000visiteurs/an.Dèslafindesannées1990,leMinistèreespagnolaréalisélesinvestissementsnécessairesdansleParcnationald’OrdesayMontePerdidopourmettre en place une navette obligatoire de Torla à Ordesa permettant l’accès au canyon. Uninvestissement initial de 350000€ en 1999 (sanitaires, bâtiment d’accueil) a été complété par la

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réalisationd’unparkingde600places(1,5million€).Lagestiondelanavetteestdéléguéeetcompteuneflottede9busde50places,ajustablesàlafréquentation,quieffectueunparcoursmoyende8kmen25minutes aller et circuledu1er juillet à lami-octobre (104 jours de fonctionnement) de6 à 22heures (16 heures de service). Le chiffre d’affaires du service est évalué à 400000€/an pour letransportde1050passagers/jour(2500enjourdepointe).

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Figure35.Accèsaucanyond’Ordesaparnavette,sources:Planeth,2007.

Lacirculationestdoncbloquéetoutel’annéepourl’accèsausite,queleservicedelanavettesoitenfonctionnementounon,saufpour lesbusde50places.Les«ayantdroit»disposentd’unecartepourun accès gratuit par la navette. Sur les 370000 visiteurs annuels recensés sur ce siteduParc,100000utilisentcesnavettes.Leserviceestassurédemanièreàcequelesvisiteursn’attendentpasplusde20minutes,letarifde4,5€estunique,lesvisiteurspaientlanavette,maispasleparking,cequileurpermetderesterpluslongtempsetévitequ’ilssegarentendehorsdeszonesdeparking.Dece site, ils ont accès à l’ensemble des chemins de randonnée des deux versants (figure 36). Cettegestiondusiteestaujourd’huiplébiscitée.

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Figure36.Cartedesprincipauxcheminsderandonnée. Sources:Géographisme,RandoÉditionsn°24au1:50000.Conception:PierrePoussard,ARPE,2001.

http://www.mppm.org/cartes/chemins.pdf

Ø Côté français, la premièreOpérationGrand Site permet une première valorisation du village en

structurantl’accueiletl’espacepublic.L’organisationdutourisme,laprotectiondupatrimoineparlaZPPAUPen1995,l’extensiondusiteclasséen1997permettentunefréquentationévaluéeàplusde500000personnes/anenfindesiècle,cechiffreétantsujetàdesinterprétationsmultiplesenraison des méthodes et des dates divergentes des mesures qui permettent de l’avancer. Lafréquentationtouchedemanièredifférente leCirquedeGavarnie(135000visiteursen2007), leCirqued’Estaubé,leCirquedeTroumouse(35500visiteursen2007).Ø Cetteversionenlignenepeutpascomporterlesillustrationsenraisonduvolumedufichier

Figure37.Accèsauxtroiscirquesduversantnord,sources:MorelDelaiguePaysagistes,op.cit.

Cettefréquentationaugmenterapidementl’été:240500visitesàGavarnie,27500auHéasdu15juinau15 septembre 2012 (données PNP2012), avec une diminution des visiteurs (— 7% à Gavarnie et – 15% àTroumouse de 2009 à 2011), mais + 3,5% d’écart en hôtellerie à Gavarnie entre 2009 et 2012. Gavarnieconstitue même le point de comptage le plus fréquenté de tout le Parc national en haute saison (1 018personnes/jourpendantl’été2012).

Cetteversionenlignenepeutpascomporterlesillustrationsenraisonduvolumedufichier

Figure38.FréquentationsaisonnièreauniveaudupéageduparkingdeHéas (CirquedeTroumouse),sources:Planeth,op.cit.

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Depuis 1986, les communes de Gavarnie et Gèdre (près de 25000 ha pour seulement 450 habitants)développentégalementconjointement leuractivité touristiquehivernale. La communautédecommunesquiexistait depuis 2000 entre ces deux villages avait pour compétence principale le développement touristique(dont une très petite «station» de ski qui compte 50000 journées/skieurs/an pour un chiffre d’affaires de800000€/anetundéficitvoisind’unmillioneuros/an,un«stade»nordiquedeskide fondetraquettesaucœur du cirque de Gavarnie, unmusée «découverte de Gavarnie-Gèdre» et une base de loisirs à Gèdre:piscine, patinoire, salle d’escalade, bob-luge). La capacitéd’accueil touristiqueest évaluée à 3485 lits (DDT,2013)et la fréquentationà200000personnesenviron l’hiveret750000 l’été. Leschémadépartementaldecoopération intercommunaleprévoit la fusiondesdeuxcommunautésdecommunesducantondeLuz(PaysToy). La loi NOTRe de l’été2015 confère désormais la compétence touristique à cette intercommunalité.L’office de tourisme, géré jusqu’à présent en commun par Gavarnie et Gèdre au travers d’une associationloi1901,doitdoncintégrerunestructureterritorialeplusvaste,intercommunale.

Iln’yapas,enfin,deprojetdetourismedurablequiévalueettentedecontenirlesfréquentationsdefaçoncomplémentaire, les répartir en fonction des différentes ressources territoriales (le patrimoine naturel, lepatrimoine culturel et artistique, les pastoralismes et la forêt, la randonnée et les activités sportives…) enmettant en lien les différents sites (cirques, lacs, sommets et fond de vallée, belvédères naturels, sitespastoraux…)danslecadred’untourismediversifiéetconnectéàl’Espagne(parcd’Ordesa).

Toutauplus,parle-t-ond’une«colonnevertébraledeprojet»(DDT,2013)quimetaujourd’huienrelationdesdifférentssitestouristiques:

Ø aucentrelecirquedeGavarnieseprolongeantenaltitudeaveclastationdesportsd’hiver,lecolduBoucharo,labrèchedeRolland,

Ø àl’Estlecirqued’Estaubé,lebarragedesGloriettes,lecirquedeTroumouse,l’hôtellerieduMaillet,Ø àl’Ouest,lavalléed’OssoueendirectionduVignemale.

Lavalorisationdecesespacesdemoyennealtitudepermettraitcertesdecréerunproduittouristiquegrandpublicdiversifié,perçucommeuneentréeauxdifférentssites,offrantuncadredebalconavecdesvuessurlesvalléesetlessommets,etassocianttouteslesactivitésdepleinenature(sportive,découvertedelafauneetlaflore,etc.).Maiselleesttoujoursenprojeten2015,projetqui,d’ailleurs,tentedevaloriser letourismeplusquedemaîtriserlesfréquentations.Àl’étatd’étude,ceprojetduversantfrançaistented’articuler5sitespris,chacun, dans une problématique spécifique dont la conservation du paysage et du patrimoine ne sont pastoujoursl’objectifpremier:

Ø Gèdre, cœur de territoire, lieu d’accueil des visiteurs, structurant en terme de service etd’organisationtouristique,

Ø Gavarnie-centre,sitemajeurdulabelUNESCO,maissoumisàdestensionsdegestioncommercialeetàunproduittouristiqueauxcomposantesextrêmementvariées,

Ø LastationEspécières-Boucharo,recomposéedansunevisionmontagneausenslargeenharmonieaveclesite,maissoumiseauximpératifsdesagestionfinancière,

Ø LeMaillet/LesGloriettes,nouvelaxededéveloppementduterritoire,actuellementsous-valorisé,mais très fréquenté, nécessitant une organisation spécifique et porteur d’une offrecomplémentaireàGavarnie,

Ø L’animationtouristique,sportiveetculturelled’ensemble,quiresteàdéfinirdemanièreprécise.

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Figure39.VersantNord:4projetspourunhautlieu,source:DDT,2013

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2.Laréelledifficultéd’émergenced’un«programmed’ensemble»degestiondesflux

2.1.Desréticencesidéologiques

En2015, il n’yapas, àproprementparler,de«programme»degestiondes flux sur le versant français,maisplutôtdesmesuresponctuellesetdontlagestionestéclatéeentre:

- desmesuressurlacirculation(du1erjuillet:onempêcheauxvoituresdemonterdanslevillage...sauflesayantdroit...);

- les parkings «qu’il faut mieux organiser encore: parcmètres, c’est bien, mais il faut faire mieux»(directeurdestation);

- desactionsponctuelles: évènementet«écomobilité»,misesenplacepar la station... «c’est de lasensibilisation(voitureélectrique/vélo...)etpourtantl’écomobilitéexistedepuisdessièclesàGavarnieaveclesânes».

Cesmesuresdegestiondesfluxontétémisesenplace,semble-t-il,sansl’adhésiondespopulationslocales

(entretiens acteurs et population). Acteurs et documents d’études ou notes de l’administration montrenteffectivementl’absenceou,pourlemoins,laplaceinsignifianted’unprogrammedegestiondeflux;lescausesensontmultiples:

Ø desraisonspolitiques(desgénérationsde«maires»commerçantsconvaincusdelareproductiond’unmodèletouristiquedemasse,delarentetouristique),

Ø des raisons sociologiques (une population socialement peu diversifiée, des générations decommerçantsancrésdansunsystèmed’accueilcaptifetcontemplatif,untourismetraditionneldecueillette),

Ø desraisonséconomiques(laperspectived’unegestiondesfluxfaitclairementréférence,danslesreprésentationscollectiveslocales,àunediminutiondunombredepassagesdoncunebaissedelaconsommation...«gérer les fluxperturbe la commerçante», «Comme lepaniermoyenabaissé,comme le potentiel de chaque client a baissé on est obligé de compenser par le nombre. Il fautaugmenterlefluxpourretombersursespattes»—MairedeGavarnie,juin2015),

Ø des raisons idéologiquesenfin (les termesde«plandegestion»oude«gestiondes flux» fontclairementréférence,dans l’imaginaire local,celuidesélusetdeshabitants,par l’empreintedesmouvementsécologistesqui,auxdiresdecertainsacteurs,ontfreinéledéveloppementduvillagedans les années80...) «On lesappelle les écotalibansqui ont freinénotredéveloppement»…ou«attentiononest làpourdéfendre l’intérêtcommercial.Notrecommercedescendenrentabilité,difficulté pour améliorer le bâti, l’environnement... des affaires périclitent, ne trouvent pas desuccesseurs.Onabesoind’ungros coup immobilier!!Onaperdu5ansavec les«écotalibans»,MairedeGavarnie,entretiendu2juin2015.

Selon les mêmes sources, un nouveau projet d’Opération Grand Site («Projet de territoire GavarnieGèdre»),dontLourdesseraitlaported’entrée,impliqueraitaucontrairelespopulations.

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2.2.Desprojetséclatésentredenombreuxpartenaires

Enavril2010etavril2011,àlademandeduComitérégionaldutourismeMidi-Pyrénéesetafindemesurerla qualité et la satisfaction des visiteurs des «grands sitesMidi-Pyrénées», BVAmet en place un dispositifd’enquêtedans21sites régionauxparmi lesquels figureGavarnie.L’étudemontreque51%ysontvenusenraisonde la renomméedusite,31%decesvisiteursy restent la journée (16%seulement lademi-journée),57%ontpréparé leurvisite,92%yont faitunerandonnéepédestreoudesbaladesàpied,80%observé lafloreoulafaune.

• LesvisiteursdusiteduCirquedeGavarnieconstituentunpublicrelativementjeune(toutcommeceluides sites de tourisme actif et de nature en général) et sensiblement plus que celui fréquentantl’ensemble des sites étudiés. Le rajeunissement de la population s’intensifie en été alors que laprésencedesplusâgésserenforcehorssaison;

• Les profils de visiteurs sont plutôt diversifiés avec une part importante des catégoriessocioprofessionnelles «élevées», mais aussi d’employés et de retraités; ces derniers sont plusprésentshorssaison;

• Commesurl’ensembledessitesdetourismeactifetdenature,lavisitedusiteduCirquedeGavarnies’effectue principalement en couple (encore plus le fait des retraités). La visite en famille, moinsfréquentequesurl’ensembledessitesdetourismeactifetdenature,maisenphaseaveccequel’onobserve sur la région, sedéveloppeparticulièrement auprèsdes35-44 ans et des catégoriesmoinsélevées. Les enfants de moins de 18 ans sont relativement présents sur ce site (près d’un tiers),nettement plus que sur l’ensemble des sites étudiés (proportion néanmoins en phase avec celleobservéesurl’ensembledessitesdetourismeactifetdenature);

• Le Cirque de Gavarnie attire une clientèle non négligeable de visiteurs fidèles, notamment durantl’hiver,commesurl’ensembledessitesdetourismeactifetdenatureengénéral;

• LeCirquebénéficied’unerenomméeimportante,supérieureàcelleque l’onobserveengénéralsurles sites de tourisme actif et de nature où les conseils et recommandations de parents et amisconstituentl’outildeconnaissancemajeur,reléguéiciensecondeplace.Lesétrangerssontdavantageutilisateursdeguidesetcartesroutièresetd’Internet;

• Cesiteestvisitéà la foisdansunbutdedécouverte,maisaussidans le cadrede lapratiqued’uneactivité, caractéristique des sites de tourisme actif et de nature, plus soutenue ici. Autrecaractéristique,leparcNationaldesPyrénéesattireuneproportionnonnégligeabledecesvisiteurs;

• La visite du site a suscité, dans près de deux cas sur trois, une recherche préalable d’informations,principalementvialesiteInternetdu«grandsiterégional»etlesOTSI;

• Surplace,lavisites’effectuepourlamajoritédesvisiteursàl’aidedecartesroutièresoutouristiquesoud’unedocumentationdiffuséelocalement(pratiquenéanmoinsmoinsdéveloppéeàGavarniequedans l’ensembledessitesdetourismeactifetdenatureetquedans la région).Les troisquartsdesvisiteursutilisentdessupportsd’informationlorsdelavisite,cetteproportionestinférieureàcequel’onobserveailleurs.

Cetteenquêtemontrequ’en2011leCirquedeGavarniecapitalise«72%d’imagepositive»sur:• laqualitéd’accueildansleslieuxdevisite,• l’entretiendusite,entermedepropreté,maiségalementauniveaude l’aménagementdesespaces

naturels,• lacirculationpiétonne,• lescircuitsdevisitesproposées.

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Enpriorité,lesaméliorationsquelesvisiteursdisentdevoirêtreentreprisesportentsur:• l’accueildesrestaurateurs,descommerçantsetdeshabitants,• l’accès,lestationnement,lasignalisationdesparkings,leurcapacité,l’adaptationdesespacespublics

auxpersonnesensituationdehandicap;lestouristesdemandentunaccèsentransportencommun;• l’informationtouristiquesurlesite(informationssurlesmonuments,surl’environnement,audépart

des parkings, signalétique des lieux de visites, balisage des chemins de balade); en bref, tous leseffortsdestinésàfaciliterl’accèsetladécouvertedusiteseraientappréciés,

• lefonctionnementdusiteetplusparticulièrementl’intérêtcultureldesvisitesetleurprix,lesjoursetheuresd’ouverturedessites,

• lesjardinsetespacesvertsetlefleurissementdesespacespublics,• ladiversitédesrestaurantsetleurqualité,• lesactivitésetanimationsproposéessurlesite,• enfin,certainséquipementssontàrevoir,commeletrisélectif,lesairesdedétenteetlaprésencede

poubelles.

En2012,àlademandeduSyndicatmixteduPaysdesvalléesdesGaves,leCabinetTRACESTPI/Éoleétablitune première évaluation des circulations des clientèles dans les «grands sites» des Hautes-Pyrénées, dontceluideGavarnie.L’objectifdel’étudeestdedégagerunestratégied’actionpourfavoriserlacirculationdelaclientèle intersites. Ce travail complète l’étude de fréquentation réalisée par le Parc national des Pyrénéesentre le 15 juin et le 15 septembre2011 qui recensait 269000 visites par la route d’accès à Gavarnie. Lapérioded’enquêteàGavarnie(294questionnaires),compriseentrele1er juilletetle31août2012,comportedeuxvolets: enquêteprofil, enquête cartographique. La structurede l’enquête, très classiqueen termesdemarketing(profildesséjours,moded’anticipationdeladécision,modedeconnaissancedel’existencedusite,etc.)necomportequasimentaucuneinformationsurlespratiquesdedécouverteousurl’activitéeffectuéesurplace,àGavarnieoudanslesiteexceptionnel.Toutauplusapprend-onque40%desvisiteursenquêtésvontégalementversTroumouse39%,doncvoientdeuxsites.

Si l’absence d’un territoire de gestion de flux est flagrante, un projet d’un plan de gestion plus abouti

s’inscritdansla2edémarchederelancedel’OGS(projet2015).Iltraduitlavolontédemettreenplace,danslecadre du nouveau projet de territoire, un plan de gestion plus large dans le cadre de la nouvelleintercommunalité dont Lourdes serait la porte d’entrée: «un plan de gestion doit être fait l’échelle d’unterritoire et non d’un site» (entretien directeur de station Gavarnie, 2 juin 2015). Il fait suite auxrecommandations du Centre du Patrimoine mondial dont le projet de développement touristique et depréservationdu site (2013)prévoitplusieursactionsà courtet long terme,enpremier lieu lamiseenplaced’une navette estivale «écologique» (Maillet-Troumouse); mais également de numerus clausus etd’aménagementsdeparkings.L’offredetransportencommuntouristiquepermettantàlafoisdepréserverlesite grâceau caractère«écologique»du transportmis enplaceet au respectde lademandeduCentreduPatrimoine mondial sur la fermeture de la route est encore inachevé, car elle doit permettre aussiparallèlementdemaintenirl’accèspourlesvisiteursaucirquedeTroumouse.

LeprojetLeMaillet—LesGloriettes UneétudederequalificationpaysagèreaétémenéeàcettefinàlademandedelacommunedeGèdre,en

2007,par lecabinetMorelDelaigueetuneétudedefaisabilitéetdeprogrammationpar lecabinetPlaneth;

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toutesdeuxtententderépondreàlademandedel’UNESCOdefermeturedesaccèsduCirquedeTroumouseàlacirculationautomobile.

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Figure40.Dessitescomplémentaires,source:MorelDelaiguePaysagistes/PlanethConsultantstourisme,2009

Lesétudesévaluent«l’opportunitéd’unerequalificationpaysagèreetarchitecturaledelavalléedeHéas»

enreprenantlesenjeuxpropresauxgrandssites:

• commentpréserverceshautslieuxtoutenaccueillantdenombreuxvisiteurs?• commentaménagerlesitepourlespublicsenenconservantlecaractère?• commentgénérerdesmoyens financierspour leurentretienen lesmaintenantenaccès libreet

gratuit?• commentorganiserlesretombéeslocalesàpartirdeleurmiseenvaleur?

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Figures41.Contraintesetpotentialitésd’aménagementpourlagestiondesfluxdanslesitedesGloriettes (Cirquede

Troumouse),source:MorelDelaiguePaysagistes/PlanethConsultantstourisme,2009

Les fréquentations mesurées en nombre de passages au péage de Héas à l’été2011 montrent leurconcentrationenjuilletetaoût(70%),atteignantjusqu’à180véhicules/jour.

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Figure42.FréquentationestivaleduCirquedeTroumouse : nombredepassagesauHéasàl’été2011,source:PlanethConsultantstourisme,2007,p.17

Afindesatisfaireprogressivement lesconditionsposéespar l’UNESCO,d’utiliseretd’anticiper lesoptions

offertes par les nouvelles technologies pour le contrôle des flux, les paiements et l’orientation des publics,protégerlessitesenadoptantlesprincipesdudéveloppementdurable,lecabinetPlanethpréconised’interdirel’accèsvoitureaucirquedeTroumousedepuisLeMaillet;développerl’offretransportencommuntouristiqueest «difficile»: la mise en place de «navettes écologiques» a débouché sur une offre de transport encommunclassique.Elletentederépondreainsiàlademandedel’UNESCOdanslecadredelavalorisationetdelapréservationdupatrimoinemondial.

Àpartirdesélémentsdesétudes,unevisionintégratriced’un«projetdedéveloppementécotouristique»(Planeth, 2012: 6) et de préservation du site pourrait se dessinerautour de l’idée de «faire reculerl’automobile»endéplaçant lesstationnements, faisantreculer lesparkings, lesrendantpayants,mettanten

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placedesnavettes.Premièreavancéedans lavoiede lagestiondes flux, lamesurerestesansdouteunpeupartielleàl’échelleduterritoirePyrénéesMont-Perdu.

Ellepréconise,àcourtterme:

Ø la fermeture de l’accès au cirque depuis l’hôtellerie du Maillet et la mise en place d’une navetteestivale(Maillet-Troumouse),reprenantainsilesrecommandationsdel’UNESCOdéjàformuléesdanssonrapportdenovembre2007;

Ø ledéveloppementd’unprojettouristiquedefortequalitépaysagèreauMailletcomprenantnotamment:—l’aménagementd’uneairedeparking«naturelle»,—lerenforcementdel’accueiletdel’hôtellerie,—lacréationd’unsentierpiétond’accèsaucirquedepuisleMaillet,—laréhabilitationd’unpland’eauestival,—ledéveloppementdeproduitstouristiquesautourdelarandonnée(àpied,àcheval..),del’agrotourisme(valorisationdeproduitslocaux),delacontemplation,dusport,deladécouvertenature(faune,flore,géologie);

Ø lemaintiendupéaged’Héasetl’améliorationdesparkingsetdel’accueil;Ø l’amélioration et la gestion du parking Gloriette incluant un nouveau péage et une navette depuis

l’Arailléouuntélésiège;Ø lacréationd’uneliaisonpiétonnegloriette/LeMaille.

Et,àpluslongterme:

Ø 1— La mise en place d’un transport par cars Gèdre/Héas/Le Maillet visant à une diminutionprogressivedelavoitureparlerenforcementdelacentralitédeGèdre;

Ø 2 — le renforcement des produits touristiques développés en vallée d’Héas aussi bien en été(randonnée,canyonning,escalade…)qu’enhivers(randonnées,cascadesdeglace…).

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Figure43.Miseenplacedusystèmedeparkingsetdenavettes – PropositionPlaneth,source:Planeth,2012,p.36

Cettepropositiond’aménagementsefondesurdesscénariosd’étapeallantdelasauvegarde(étape1)audéveloppement «écotouristique» (étape3), qui restent àmettre enœuvre pour l’essentiel (fréquence desnavettes à augmenter ainsi que leur circulation à plus grande échelle y compris depuis Gèdre, servicesnumériquessurlescircuits,infrastructuresd’hébergementécologique...).

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3.L’élaborationducontenuduprogrammedegestiondesfluxIlsemblequelescollectivitéssoientencoretrèsloindepouvoirentreprendrel’élaborationd’unprogramme

d’ensemble de gestion des flux, hormis ces premiers aménagements rendus nécessaires par l’urgence. Pourcela,ellespourraient,aupréalable,parfaireunsystèmedemaîtrisedesinformationsetdesdonnéesexistantesquifaitcruellementdéfaut.Cediagnosticn’estpasnouveau,ilaétéréalisédepuisplusieursdécenniespartouslesacteurssupra-locauxquisont intervenusdans lesiteetceconstataétérappelédans l’étuderéalisée,enmars 2014, par le bureau d’études GRAHAL à la demande du Conseil général des Hautes-Pyrénées afin demettre en place un «plan de gestion du Bien transfrontalier» Pyrénées Mont-Perdu (France-Espagne).L’étude11endéduitquelquespriorités:

§ maîtriser, consolider et approfondir la connaissance globale du Bien afin d’éviter la perted’authenticité et de l’intégrité du site par méconnaissance de sa valeur. Sa connaissanceapprofondie pour sa gestion efficiente, tant en matière de conservation que de médiation,impliqueunsuiviscientifiqueettechniqueinstitutionnaliséquifaitactuellementencoredéfaut;

§ maintenir sa valeur universelle exceptionnelle en étudiant les dynamiquespaysagères à l’œuvreafin de percevoir les évolutions, les tendances actuelles et les risques liés aux déprises ettransformations économiques, sociales et naturelles. En effet, le suivi de l’évolution et desdynamiques des paysages permet de prendre les mesures correctrices qui s’imposent etd’anticiperlesmutationséventuellesafindegarantirl’intégritéetlavaleurdusite;accompagnerlesdémarchesd’élaborationouderévisiondesdocumentsetoutilsdeplanificationparlesacteursdu territoire permettrait d’augmenter l’efficience des outils de protection pour garantir laconservationdusitedanssonensemble;

§ améliorerlespratiquestouristiquesdansleterritoireafind’enlimiterl’impactenvironnementaletenmaîtriserl’accessibilité;cetobjectifresteencoreaujourd’huilaprioritéentermesdestratégietouristique.L’actionàentreprendrecomportedespointsquirestentàpréciseraujourd’huiparlagouvernancelocale:

§ la définition claire et concertée du type de tourisme àmettre en place sur leterritoire:lesdébatssurcepointfondamentalnesontpascloslocalementetlesentretiens auprès des acteurs montrent que, sur cet objectif majeur, les avisdivergentconsidérablementetsontmêmediamétralementopposés;tantqu’unciblage précis des clientèles visées en adéquation avec la préservation du siten’aura pas été débattu et choisi, les mesures et aménagements programmésrisquentd’êtresanscohérenced’ensemble;

§ la création, à partir du marché de la demande en écotourisme, de nouveauxcircuits et la refonte complète des circuits «excursionnistes– cueillette»actuels;

§ la création d’outils pédagogiques et de découverte du grand paysage et dupatrimoinematérieletimmatérielàdestinationdesnouvellesclientèleschoisiesà partir des caractéristiques de la demande internationale en écotourismemontagnard;

§ le renforcement de la découverte du territoire par des visites de terrainthématiques (découverte des parties des parcs nationaux ou du géoparc

11investigations réalisées au sein des différents fonds patrimoniauxparisiens (INHA, BNF, bibliothèque Forney, etc.), ainsi quedans lesfonds de travaux universitaires (base de données du SUDOC, fichier central des thèses) et sur l’ensemble des bases de donnéesinstitutionnellesdesdeuxÉtatsfrançaisetespagnol,afindeparveniràunétatdelaconnaissanceaussiexhaustifquepossibleduBienetdesonterritoire.

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aragonais,découvertedesspécificitésdupastoralismesurlesdeuxversants,descanyons et des criques, conférences, colloques thématiques sur le site et sescaractéristiques).

Cestroisactionsmajeuresconstituentunpréalableàladéfinitiond’unprogrammedegestiondesfluxdanslamesureoùellespeuventpermettredestructurer,dansuneoptiqueglobale, la créationd’unedestinationPyrénées-Mont-Perdu. Ce programme de gestion des flux permettrait de revoir les objectifs, les cibles, lesfonctionnementsdesinstallationsactuellesdisponibles,tantenEspagne(centred’accueildesvisiteurs,pointsinformationetcentred’accueildansleparcNationald’Ordesa-MontePerdido),boutiquedemusée,etc.)qu’enFrance (offices de tourisme, chambres d’hôtes, commerces...). Le parc National d’Ordesa-Monte Perdidoprépare un plan de gestion des visiteurs pour l’inclure dans le nouveau Plan directeur d’Utilisation et deGestion;développéenconcertationavecl’initiative«ParksforLife»del’UICNetlaCharteeuropéennepourleTourismedurable,onpeutattendreunprojetglobaldanscecadrepourlesdeuxversants.

En termes de maîtrise de la gestion de la fréquentation, la fermeture de la route de Troumouse,l’expérimentationd’unenavetteMaillet –Troumouse(quin’arien«d’écologique»ils’agitdebusclassiques,enraisondelapenteetdel’altitude,lesbusélectriquesneseraientpasutilisables)etlanécessité,prévueparles lois françaises de mars 1995 et espagnoles d’octobre 2005, d’entretenir les drailles et chemins detranshumance,sontdesactionsponctuellespositivesquiaurontunimpactsurlesaccèsauxfréquentationsdescheminsderandonnée,maisenaucuncasellesnesauraientconstituerunsystèmeglobaldegestiondesfluxetdescapacitésdechargedusitedesPyrénéesMont-Perdu.

3.1.Desavancéesrécentes

Un plan de gestion pourrait faire partie d’une Opération Grand Site en cours de montage (figure44)[entretiendirecteurdel’OfficedeTourismedeGavarnie,2juin2015],actuellementennégociationderelanceavec le Ministère. Dans cette optique, toute une série d’études (de qualité très diverse) ont été réaliséesnotamment à la demande du Conseil général/départemental des Hautes-Pyrénées. Certaines restent trèsapproximatives, de type «marketing» et postulent des slogans commerciaux, mais ne relèvent pas lesressourcesetlespotentielstouristiqueslocaux(«SchémadirecteurdedéveloppementterritorialettouristiqueduterritoireGavarnie-Gèdre,vers la labellisationGrandSitedeFrance»,avril2015),d’autressontbeaucoupplusélaborées,opérantunétatdeslieuxcompletdessituationsenvironnementales,dedéveloppementetdesenjeux,commel’étude«PyrénéesMont-Perdu,plandegestion/renduphaseI/Bureaud’étudesGRAHAL/juillet2014»etleprogrammed’actionquis’ensuitenmai2015.

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Figure44.LeprojetdepérimètrepouruneéventuelleOpérationGrandSiten°2,source:Dianeige/Comete/Amidev/PamirConseil,2015,p.14

Ce projet de plan de gestion intègre plusieurs axes à forts enjeux économiques, environnementaux eturbanistiques: écomobilité/remontée lourde/parking à l’entrée du territoire/navettes/nouveaux itinéraires,dimension territorialisée du projet de gestion des flux. Il répond plus à des enjeux économiquesqu’environnementaux:d’évidence,c’estlabaissedelaconsommationtouristiqueetladiminutionnotabledel’activité économique locale essentiellement commerçante qui en constitue l’origine. Du coup, il tente de

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répondreàdesobjectifsdediversificationpourdes territoiresenclinsau tout-ski l’hiveretàun tourismedecueillette contemplatif l’été. Le projet en cours pour une gestiondes flux aurait pour ambition de dépasserl’idée ou la philosophie «statiqueet captive» d’une rente touristique qui s’avère révolue. Par lecontournementdesaxescentraux,par lamiseenplacedenouvellesmobilités,par lamiseenconnexiondesterritoires («mutualisation»), ce projet de gestion des flux contribuerait-il ainsi à une «transitiontouristique»?

3.2.Desretombéeséconomiquesquirestentfaibles Ladépensemoyennedes visiteurs a été évaluéepar l’enquêteBVAà68eurospar jour et parpersonne

(BVA,2011). L’activitétouristiqueconstitueuncomplémentessentielpour lesexploitantsduterritoiresur leversant français leur permettant, parallèlement aux aides financières perçues, de maintenir leur activitéagropastorale,nécessaireàlapréservationdescaractéristiquesdubien.

Ilparaîtnécessaire,pour lemoinssur leversant français,deparvenirà fixeruneclientèledeséjouravecuneoffresuffisanted’équipementsimplantéssurplace,atoutmajeurpourparvenirensuiteà l’élargissementdelasaisonnalité.Àcesconditions,l’activitétouristiquecontinuerad’êtreunefilièreéconomiqueporteusededéveloppementlocal.

Cependant, le développement de l’activité touristique dans le territoire des PyrénéesMont-Perdu peutcontinuer de tendre vers la mise en place d’un tourisme durable respectueux des caractéristiquesexceptionnelles du site, ce qui nécessiterait probablement un travail en amont avec les promoteurs etl’ensembledesacteurséconomiquessurlesenjeuxliésàlagestiondel’ensembledusite.

Enfin,laproblématiquedelacirculationautomobiledansceterritoire,bienqu’elleneconstituepasunfreinà ladécouvertedu site (public spécifique connaissant lesparticularitésdesdestinationsdemontagne),peutêtrerésoluesielleintègreuneprospectivepluslargeafind’assurerlemaintiendansleterritoiredel’ensembledes activités économiques (tourisme, pastoralisme), afin de favoriser et d’améliorer l’accueil de tous et degarantirdesconditionsdevieetdesconditionsdeséjouràminima(information,mobilité,services,sécurité).

4.Lesenjeuxdegouvernancepourconduireunegestiondesfluxetpourladéfinitiondelastratégiedegestion

Pour comprendre les difficultés demise enplace d’une gouvernancepartagéede ce bienpatrimonial etpaysagertransfrontalier,ilfautrappelerquesoninscriptionsurlalisteUNESCOn’estpaslefaitdeséluslocaux,mais d’abord celle d’un petit groupe d’amis appartenant à des horizons divers (montagnards, voyageurs,curieux, érudits) qui créent en 1992 l’Association Mont-Perdu Patrimoine Mondial afin de sensibiliser lapopulation,lesélus,l’administrationàl’enjeudelapréservationdusiteMont-Perduetdesonimportanceentantquepatrimoinemondial.Dès1993,leParcnationaldesPyrénéesoccidentales,précédantsonhomologueespagnol,apportesonsoutienmoralet logistiqueàsonaction.En1996et1997, l’UICNet l’ICOMOSmènentuneexpertisequiamèneraà l’inscriptiondecemassif transfrontalier sur la listedupatrimoinemondial le6décembre1997surlabasedecritèresnaturelsetculturels.

L’UNESCO,lescommunesdeGèdre,deGavarnie,d’Aragnouet(France),deTorla(Espagne),leparcNationaldesPyrénées, leparcNationalOrdesayMontePerdidosont,avec l’Association, lesprincipauxacteursd’unegouvernanceauxramificationsmultiplesdufaitdesnombreusesinterrelationspourgéreruncapitalnaturaliste,patrimonial humain, paysager et culturel. Versant français, l’importance de la participation active de

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l’ensemble des services compétents de l’État, des acteurs publics et des collectivités territoriales à lagouvernancedusiteestnotable.Demêmequesur leversantespagnol celledes servicescompétentsdedugouvernementd’Aragonetdescollectivitésterritorialesàlagouvernance.

LaquestiondelagouvernanceestévoquéecommeuneprioritédanslenouveauprojetdeterritoireGèdre-Gavarnie(démarcheparticipative,miseenplacedetablesrondesàdestinationdesacteurssocioprofessionnelsdu territoire). Pour autant, on ne part pas de rien. Installé en janvier 2012, un comité directeur conjointtransfrontalierestcomposéàparitédereprésentantsfrançaisetespagnolsetofficiellementmandatépar lesgouvernementsdesdeuxÉtatspourassurerlagestiondusite.Ilestcomposé,côtéespagnol,d’unreprésentantdu gouvernement espagnol (ministère de la Culture), d’un représentant du ministère de l’Agriculture, del’Alimentation et de l’Environnement représenté par l’Organisme autonomedes parcsNationaux, de quatrereprésentantsdelarégionAragon,dequatrereprésentantsdescollectivitésterritoriales(Maires,ComarcaduSobrarbe), un représentant des éleveurs; côté français, de trois représentants de l’État (Préfet, Directionrégionale de l’Environnement, l’Aménagement et du LogementMidi‐Pyrénées, parcNational des Pyrénées),quatre représentants du Conseil Départemental des Hautes‐Pyrénées, un représentant de la Région Midi‐Pyrénées, lesMairesdeGavarnieetdeGèdre,unreprésentantdeséleveurs(AOC).LaPrésidenceduComitéest«tournante»,tous lesdeuxans,alternativementcôtéfrançaisetespagnol.LapremièrePrésidenceaétéassurée par le Conseil Général desHautes‐Pyrénées pour la période2012 – 2013, puis a été transmise à lapartieespagnole(gouvernementd’Aragon)le18décembre2013.LeComitéseréunitauminimumunefoisparanetautantquenécessairesurconvocationdesonPrésident.LeComitéestdotéd’unSecrétariatgénéralquiseraassuréparlesservicesdelaPrésidenceencours.Ilestégalementconstituéungroupetechniquecomposéparunreprésentantdugouvernementespagnol,unreprésentantdelarégionAragonetunreprésentantdesadministrations locales espagnoles et, côté français, un représentant de l’État, un représentant du ConseilDépartemental des Hautes‐Pyrénées et un représentant des communes. Le Secrétariat général organisetrimestriellement une réunion du Comité technique en vue d’une information régulière des membres duComitédirecteurconjoint.

Parailleurs,versantfrançais,GavarnieetGèdres’inscriventdansdemultiplesterritoiresdeprojetsdontlesprincipauxsont lesiteUNESCOpatrimoinemondial«PyrénéesMont-Perdu»depuis le6décembre1997(lelabelinternationalinclutlescirquesdeGavarnie,deEstaubeetTroumouseetlehameaudeHéas),lecontratGrandSiteMidi-Pyrénées,signépourlapériode2009/2013,lePôleTouristiqueGavarnie-Gèdre,signépourlapériode2007/2013,ledomaineskiabledeGavarnie-Gèdre,les4sitesNatura2000,les3sitesdel’applicationdeladirectivehabitat–Ossoue,GavarnieetPic-Long,lesitedirectiveoiseaux–ZPS/ZICOdeGavarnie.

À une échelle plus large, les communes de Gavarnie et Gèdre sont membres de droit du Conseild’AdministrationduParcNationaldesPyrénées,carunegrandepartiedeleurterritoiresesitueenzonecœurdecetespaceprotégé.LacharteduParcaétéapprouvéepardécretministérieldu28décembre2012.Pouraideràlamiseenœuvredecettecharte,lePNPaadoptéunpland’actionquadriennal2013-2016.Lecontratde Pays des vallées des Gaves, signé pour la période2007/2013 introduit le développement touristique enterme de «tourisme responsable» dans la fiche «mesure 5» de sa convention territoriale. Enfin, un GALLeader (haute valléedes gaves)complète cette interdépendanceenprolongementdes ateliersmontagneetporteuneréflexionstructurantesurleszonesintermédiairesafindeluttercontrel’enfrichementdesterres.

Cetteprofusiondeprojetsetd’acteursdifférentsdansdesterritoirespeuconcordantsmontrel’absencedegouvernance institutionnalisée ou de décision «naturellement» partagée avec, notamment, le village deGavarnie dont la gouvernance a été longtemps autocentrée, isolé de toute dynamique associative oudépassantlesfrontières...Depuisquelquesannées,lecomitédirecteurconjointassureunegestioneffectiveetglobale du bien sur son empriseUNESCO.Néanmoins, la constitution de ce comité ne se fonde sur aucuneinstitutionnalisation. Par ailleurs, les niveaux de responsabilité dans la gouvernance, au‐delà de l’échelonpolitiquedécisionnaire,sontencoreàstructurerafind’yintégrerdeuxautresniveaux:leniveauscientifiqueet

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leniveauassociatifetcitoyen.Danscettestructurationdesniveauxdelagouvernance,lerôledechacunresteàêtreidentifié(décisionnaire,consultatif,miseenœuvretechnique,etc.).

Pouraideràlamiseenplacedecettegouvernance,lagestiondusiteexceptionnelPyrénées‐Mont‐Perdunécessiteladéfinitionprécised’indicateurspermettantl’évaluationàcourt,moyenetlongtermesdesactionsmises en place. Pour autant, la définition des indicateurs en tant que telle ne suffira pas et obligera lesgestionnairesàunsuivirégulierpourfavoriserl’aideàladécision.Ilseranécessairededéfinirprécisémentlamaîtrised’ouvragedel’action,lesmoyensàmettreenœuvre,lecalendrier,lesindicateursd’évaluation.Cettevisiond’ensemblesemblemanqueractuellementàl’échelledu«Bien»PyrénéesMont-Perdu.

5.Lesmesuresdepréservationdugrandsitevuesparleshabitants,premiercompte-rendud’uneenquêteethnologiqueapprofondie12

5.1.Laméthode

Enethnologie, lechemin lepluscourtentredeuxpointsn’estpas forcément la lignedroite.Loinde là. Ilfautsouventemprunterdescheminsdetraverse,opérerdeszigzags,desréorientations.CetterecherchesurlesmesuresdeprotectiondusitedeGavarnietellesqueleshabitantslesperçoiventetlespensentnefaitpasexception.Meneruneenquêtesur l’impactdesmesuresdepréservation,parlerdegestiondes fluxavec lesGavarniensn’esteneffetpaschosefacile.Et,pourtoutdire,aborderdefaçonfrontalecesujetconduitleplussouventàl’impasse.Lesréponsesquel’onobtientpeuvent,engros,êtrerépartiesentretroiscatégories:

• Certainsaffirmentleursoutienàcesmesures,évoquantlanécessitédeprotégerl’environnement,ledevoirdetransmissionauxgénérationsfutures,etc..

• À l’inverse, d’autres profitent de la présence de l’ethnologue pour laisser libre cours à leuragacement,pournepasdireplus,seservantd’ellecommed’unporte-voix…«Ahoui!Ça,c’estlegrandtrucdesécolos,préserverl’environnement.Maiseux,quejesache,ilsneviennentpasiciàpied, ils viennent bien en voiture, non? Vous voulez que je vous dise? Ils nous font chier, lesécolos.Ilsnousemmerdent!Vouspouvezlenoterdansvotrerapport.Jen’aipaspeurdeledire!Lesayatollahsdelachlorophylle,onenajusque-là!»

• Beaucoup, gardant un silence prudent, se contentent d’un rictus, d’une moue, tous sontégalementdubitatifs.

Maisl’ethnologueencomprendlesens:sielles’entêtesurcechemin-là,l’entretienrisquefortdetournercourt,plusvitequeprévu.Lesujetestsensible.Onsongebiensûràdesraisonséconomiques.Etleshabitantsnes’encachentpas.«Écoutez,nous,sanslecirque,onestrien.D’abord,c’estnotregagne-pain,sionpeutdire.Alors,onn’estpasassezstupidepourbousillernotregagne-pain.Etpuis,c’estpasquenotregagne-pain.Lecirque,onyestattaché!On l’aime.Plusqueceuxquinousemmerdentparcequenous,onestné ici,on l’atoujours vu. C’est notre patrimoine.» Il ne suffit pas de balayer ces affirmations d’un revers de main, enaffirmantqu’iln’yalàqueladéfense,àplusoumoinscourtterme,d’intérêtspersonnelsbiencompris,d’unecécitédictéeparuneperceptiondeschosespurementfinancière.Lesrecherchesethnologiquesl’ontmontré:lesquestionséconomiquesneserésumentjamaisàunesimplequestionmonétaire.Pourledireautrement,lesraisons économiques en dissimulent et en exhibent d’autres, plus difficiles à formuler. C’est ce qu’on seproposed’analyserici.

Mais si l’on ne peut aborder frontalement cette question, comment doit-on procéder? L’ethnologue del’équipe de recherche a choisi de biaiser, d’emprunter les chemins de traverse évoqués plus haut en

12CetteenquêteaétéréaliséeparVéroniqueMoulinié,directricederechercheauCNRS

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s’intéressant à «l’histoire des habitants de Gavarnie», en les écoutant raconter leur parcours à et hors deGavarnie, leurenfance, leuradolescence, l’entréedans l’âgeadulte,etc.Pourcela,ellea réaliséunedizained’entretiensformelsetenregistrés,auprèsd’hommesetdefemmesnés,pourlaplupart,entrelesannées1920et lesannées1950.Elleaoptépourdesentretienstrès libres, impulséspuisrelancéspardesquestionsaussiouvertesvoire«vagues», laissantainsi lesoinàses interlocuteursd’endésigner l’orientationet lesgrandeslignesafindesaisircequi,poureux, faitsensdans lerécitdesoietdu lieu.Leurduréevariedetrois-quartsd’heureàtroisheures.Cechoixméthodologiquenedoitrienauhasard.Ils’agissaitdansunpremiertempsdesaisir lafaçondontses interlocuteurssereprésententetracontent lesannéesoùletourismea«explosé»àGavarnie.Àcela,s’ajoutentdesentretiensbeaucoupplusinformels,des«conversations»ordinairesauhasarddesjourspassésdanslevillage.

5.2.Letourisme,creusetdel’histoireàGavarnie.

L’histoire de Gavarnie, telle que la racontent ses habitants, est une histoire courte qui s’ancre dans untemps certes élastique,mais qui débute toujours entre la fin duXVIIIe siècle et le XIXe siècle. Tout se passecommesi,avantcettedate,pourlemoinsmouvante,Gavarnien’existaitpas.Unjuristeaffirmeraqu’iln’yalàriendebiensingulierpuisqueGavarnienedevintunecommunequ’en1842.Or,cen’estpasl’avènementdelacommune en tant qu’entité administrative qui borde l’horizon de cette histoire. Du reste, aucun de mesinterlocuteursn’ya fait référence.C’estdebienautre chosequ’il estquestion.«Gavarnie, c’est finXVIIIe—débutXIXesiècle,sivousvoulez,queçacommence,avecdesgenscommeVictorHugo.C’estàcemoment-làqueçacommence.Pasavant.VictorHugoaétéfascinéparGavarnie.»Rienn’estditd’unGavarnie«d’avantVictorHugo»;toutsepassecommes’iln’yavaitrieneu«avantVictorHugo».C’estlavisitequequelques-uns,venusdeloin,effectuentet,plusencore,lefaitqu’ilscouchentleursimpressionssurpapierquifait,enquelquesorte, exister Gavarnie. Ainsi, pour mes interlocuteurs, l’histoire de Gavarnie est indissociablement liée aumouvement d’admiration, de célébration dont il est l’objet. Le lieu n’existe que dans sa splendeur, savalorisation, sa célébration.Mais pas n’importe laquelle. On pourrait accuser l’auteur de ses lignes d’avoir,danscequiprécède,uséetabusédunomdel’auteurdeNotre-DamedeParisetdesMisérables.Iln’enestrien.DetouslesécrivainsquiontcélébréGavarnie,etilssontnombreux,Hugoestleseuldontlenomestcitépartousmesinterlocuteurs.Riend’étonnantàcela.VictorHugoestlafiguredutrèsgrandécrivainduXIXesiècle,de l’auteur unanimement reconnu et salué.Qu’un tel hommeait admiré et célébré le cirque vaut lettre denoblesse.Notonsaussi,carc’estétonnant,qu’aucunnomdepeintresoudedessinateursn’aétécité.

Maisl’importancedutourismeselitdansunautretypederécit,celuiquiconcerneleshistoiresfamiliales.Iln’estpassimple,pourunepersonneextérieure,decomprendreles liensquiunissent lesdifférentshabitantsde Gavarnie. Elle se perd assez vite dans le dédale des familles, en suivant les branches, paternelle etmaternelle,ensuivantlesgénérations,degrand-pèrematernelengrand-mèrepaternelleoul’inverse,dédaled’autant plus compliqué que les noms de famille sont parfois les mêmes. Et les interlocuteurs s’amusentbeaucoup de l’étonnement de l’ethnologue qui, soudain, au fil du récit demande: «Vous êtes de lamêmefamillequ’Untel?»Quelaréponsesoitaffirmativeounégative,ilsnemanquentpasdes’enamuser.«Ehoui!ÀGavarnie,onesttousplusoumoinscousins.»Ons’endoute,cesentimentd’être«touscousins»n’estpasliéàunreplisursoi,dansunvillagedemontagne.Lesrecherchessur laparentél’ontmontré:parler(desa)famille, ce n’est évoquer tous ceux avec qui l’on est lié par le sang ou l’alliance, de façon plus ou moinslointaine.Lafaçondontoncomposeetracontesafamilleprocèded’unchoix,d’untri:onretienttellebranche,maisl’onenoublieuneautre,onprivilégieunteldontonsuitminutieusementl’ascendanceaudétrimentd’unautre,enfonctiondecritèresdiversetvariés,plusoumoinsconscients.Qu’enest-ilpourmesinterlocuteurs?Touteslesrecompositionsfamilialesnourrissentunpointcommun:elless’enroulentautourdelaprésenceou

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del’absencededeuxfiguresparticulières,celleduguide,notammentCélestinPasset,etcelledel’hôtelier.Làs’arrête,leplussouvent,l’histoirefamiliale,cellequel’onmaîtrise.Dureste,lorsqu’ondemandeauxhabitantsquelles sont les «vieilles familles», ce sont aussi des familles de guides ou d’hôteliers. Ainsi, le temps, laprofondeur historique, l’enracinement voire les racines se confondent ici avec deux professions intimementliéesautourisme,àsespremièresheures.Demême,c’estimmanquablementversleursdescendantsquel’onorientel’ethnologuequitravaillesurl’histoiredeGavarnie.«IlvousfautabsolumentvoirMarie.C’estl’arrière-petite-filledeCélestinPasset.Vous savezqui c’est,CélestinPasset?Forcément,elleauradeschosesàvousraconter.Plusquemoiparcequedansmafamille,c’étaitdespaysansalors…Allezlavoir.Elledoitsavoirdestasdechoses.»Pouvoirounepaspouvoir,danslemaquisdecesancêtres,identifierl’uneoul’autredescesfigures,signedoncuneoriginesociale.

Lerôledutourismeseditaussidanslafaçondontleshabitantsparlentduvillage, ledécrivent.Micheletmoisommesassissurunbanc,prèsdelachapelle.Ildésignelaportiondevillagequis’étaledevantnous.

«R: Là, avant, il n’y avait rien. Si, deux ou trois bergeries,mais c’est tout. C’étaient des prairies, c’étaitagricole.Ilyavaitpastoutça.Toutça,çaaétéconstruitaprès.C’estrécent.D’ailleurs,çasevoit.Gavarnie,audébut,c’estdel’autrecôté.

Q:Del’autrecôté?Maisoù?

R:Ducôtédel’HôteldesVoyageurs.Ilabrûlémaintenant.Gavarnie,audébut,c’étaitlà-bas.Etpuis,petitàpetit,onaconstruitdececôté-là.»

La partie la plus ancienne deGavarnie est située à droite, en contrebas de la route, tournant le dos aucirque qu’il ignore superbement, mais regardant vers la vallée qui ouvre vers Gèdre. Puis, Gavarnie s’estagrandi en suivant le mouvement des touristes, de leur intérêt, de leur curiosité, de leur goût et, plussimplement, de leurs allers et venues, se déplaçant, de proche en proche, vers le cirque. Ainsi, Gavarnieapparaîtcommeunvillage«double»:d’uncôtésapartielaplusancienne,plusspécialementliéeàl’activitéagricole, de l’autre, une partie beaucoup plus récente, plus spécialement liée, elle, à l’activité touristique.Cependant,cettepartitiontopographiqueenredoubleetenétaieuneautre:unepartitionsociologique,trèsévidentedanslesproposdecelle-ci.

«—R:Mesparentsétaientpaysanset vous savez, l’agriculture, ici, ça rapportait pasbeaucoup. (…) Il afallu travailler dur. Il y avait pas des 35 heures et des week-ends et tout ça commemaintenant. On a dûtravaillerdurpour s’en sortirparcequ’onn’étaitpas richedans la famille.Mesparentsétaientpaysans;onhabitaitlequartierdelaRivière.

Q:Vosparentsn’habitaientpasGavarnie?

R:Si!Maisonhabitaitlequartierdelarivière,del’autrecôté,enbas.»

Le «vieux» village ne fait l’objet d’aucune valorisation, patrimoniale par exemple. Tout au contraire.Intimement liéaupasséagricole,désertéou,plusexactement, ignorédestouristesquine levisitaientpas, ilestperçucommelapartielapluspauvredelacommune.Ilestl’antithèsedelapartieplusrécente,valoriséeetvalorisante.

Le tourisme est donc un marqueur historique, topographique, sociologique essentiel, aussi bien pourl’histoire villageoise que pour les histoires familiales. Reste à savoir comment il est perçu, quel rôle on luireconnaît.

Autantledireimmédiatement:aucundemesinterlocuteursnel’acritiqué.Bienaucontraire.«Sionprendnos voisins de Gèdre ou du Pays Toy, eux, ils n’avaient pas cette manne! Ils étaient obligés de faire lapaysannerie, ils étaient obligés de vivre de la terre donc ce n’était pas facile; tandis qu’ici, à Gavarnie, ilsrestaientunpeuplusetmêmeilsrevenaient.Alors,çaadonnéunpeudejalousie,pardi.»Letourismeaainsi

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permisàGavarniedeconnaîtreuneévolutiontoutàfaitsingulière,presqueàcontre-courant,cequecelui-cirésume d’une jolie formule: «Gavarnie s’est viscéralement accroché à ses habitants». Ceux-ci ont lesentiment de ne pas avoir subi l’exode rural ou du moins d’avoir résisté mieux que d’autres villages. Unerésistancequiprendlaformed’unmascaret.

«Rester», «revenir», ces deux verbes résument bien la situation des habitants de Gavarnie. Il faut segarderd’imaginerqueceux-ci,toutaulongduXXesiècle,n’ontpasbougé,vivant«duberceauà latombe»,pourparaphraserVanGennep, près du cirque. Plusieurs histoires familiales permettent de voir à l’œuvre lamobilitédesGavarniens,notammentaucoursdelapremièremoitiéduXXesiècleetau-delà.«Ici,c’estl’aînéquigardait lamaisonet lesparents.Lesautres, il fallaitqu’ilspartent,qu’ilsaillent travaillerailleurs.»Ainsi,plusieurs de mes interlocuteurs et interlocutrices ont quitté Gavarnie, ont occupé des emplois à Pau, àToulouseouplusloinencore(Paris,Algérie,etc.),sesontmariésauloin.C’estlàunschémaclassique:tandisque l’undesenfantshéritedesbiens,veillesur lesparentsetfondeunefamille,sesfrèresetsœursn’ont lechoixqu’entredeuxsolutions: resterdans lamaison familialeet resterégalementcélibataireoupartirpourchercher ailleurs une situation professionnelle et matrimoniale. À Gavarnie, la situation semble un peudifférente. Ceux qui sont partis n’hésitent pas, quelques années plus tard, à revenir s’y installer, parfoispousséspardes impératifs familiaux(aider l’aînérestéauvillage,décèsd’unparent,etc.),parfoissansautremotivation que le désir de «revenir à Gavarnie». Quelle situation professionnelle occupent ceux quireviennent ainsi? Si retourner vivre dans un petit village demontagne, avec femme et enfants, oumari etenfants, dans un village de montagne, peut apparaître comme un pari extrêmement risqué dans lesannées1920-1950,celaestpossibleàGavarnieoùletourismeentraîneundéveloppementéconomiqueunpeusingulier,quel’undemesinterlocuteursqualified’«agriculturetouristique».Dequois’agit-il?

5.3.Achacunsatâche

RevenonsauxbalbutiementsdutourismedanslesPyrénées.Lesrecherchesquiontportésurl’inventiondela montagne ont toutes insisté sur l’importance des guides — des hommes dans leur plus qu’écrasantemajorité.Ellesontsuivi,encela,lesrécitsdesvoyageurseux-mêmesqui,souvent,leuraccordaientuneplacedechoix,necachantpasleuradmirationàl’égarddecesrobustesmontagnards,habituésàunevierude.

Cependant, à travers les récits de mes interlocuteurs, c’est une autre facette de la vie d’un village quis’ouvre au tourisme que l’on découvre. Si les guides ne sont pas oubliés, ils ne font pas l’objet d’un récitconstruit. Certes, ils sont évoqués comme ancêtres illustres. Mais le récit de l’enfance de l’interlocuteurmétamorphoseprofondémentl’imageduguide.«ÀlafinduXVIIIesiècle,ilssontdevenusguidesparnécessité.Le plus grand, c’était Célestin Passet. Avec aucune formation, bien sûr. C’étaient des paysans, ils allaientchercherleursmoutons,ilsavaientlesensdelamontagne.Ilyaeulagrandeépopéedupyrénéisme,du1850à1950àpeuprès.Çaleurrapportaitbeaucouppourpasserl’hiver.IlyavaitpasdecarteIGNàl’époque,alorsc’estpourçaqu’ilsavaientbesoindeguides.»Loindelacélébration,parfoisteintéedecondescendanceilfautbien le reconnaître, qu’en font les pyrénéistes, le guide apparaît là, avant tout, comme un agriculteur, unhommedelaterre,unhommequitravaillelaterre,quiparcourtlamontagnepours’occuperdesesbêtesetqui,àcetitre,connaît lamontagne.Celui-ciparexemple leditclairement:«Ondit lesguides,maisenfin,àl’époque,cen’étaitpasorganiséaveclebureaudesguidesettoutça,commemaintenant.Lesgens,ilsétaientguides parce qu’ils étaient paysans, parce qu’ils connaissaient lamontagne, qu’ils y travaillaient. Ils étaientguidesparcequ’ilsavaientbesoind’argent,parcequec’étaitunplus.Cen’étaitpaspours’amuser.»Detoutcela, retenons deux choses. D’une part, pour courageux et parfait connaisseur de lamontagne qu’il soit, leguideapparaîtmoinscommeunhérosdelamontagnequecommeunpaysanauxprisesavecdesnécessitésfinancières et qui trouve dans cette activité sporadique de quoi «arrondir les fins de moins» ou «passer

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l’hiver». Le guide est donc une figure double: valorisée dans les recompositions familiales d’une part etramenée à des considérations plus matérielles, voire toutes matérielles, de l’autre. Il convient donc dequestionnerplusavantce«personnage»danslapoursuitedecetterecherche.D’autrepart,danslesrécitsdesvoyageurs, le tourismeoudumoins lesdébutsdupyrénéisme,ce termeétantprisdanssonacception larged’ascension des sommets pyrénéens, est une affaire purement masculine, qui met face à face deuxcatégoriesd’hommes13:des«étrangers»venusd’autresrégionsdeFranceoud’autrespayspouraffronterlaBrèchedeRolandou leMarboréetdes«autochtones»,despaysansqui lesaccompagnentet se font leursguides.Aucuneplacen’estfaiteauxfemmes.Or,cetteabsencen’estquel’effetdesécritsdesvoyageursquineles«voient»pas.Ouplusexactement,s’ils lesvoient,c’estenfermées,aupropreetaufiguré,dans l’espacedomestique,occupéesàlacuisinedansl’aubergeoùilsfonthalte,s’occupantdesenfants,portantuncostume«local».Entoutétatdecause,ellessontextérieuresaumondedutourisme.Etpourtant…!

Auteuret illustrateurd’ouvragespourenfants,entreautres, LucMégret (1884-1961)aégalement réalisédescartespostaleshumoristiques.Quelques-unesontpourthèmeletourisme,etplusexactementlestouristesdans les Pyrénées, à Gavarnie par exemple. Sept d’entre elles sont reproduites dansGavarnieHistoire d’ungrandsite(Bourneton2010:45-47).Ellesmettentinvariablementfaceàfacedestouristesetdesautochtonesdansdessituationscocasses:ici,unefemmequ’ilfautpousserafinqu’ellerentredansuneautomobiledontlaporte,bienquelarge,n’enestpasmoinstropétroitepourlaisserpassersonopulentpostérieur;làunefemme,coincéedansuneportièredetraindufaitdesacorpulence,nedoitsonsalutqu’àunsecourableemployédelacompagniedecheminde fer, sous le regard,quelquepeugoguenard,d’unpassager.Cinqd’entreellesnousintéressent plus particulièrement. Cette fois-ci, ce n’est pas aux chevaux-vapeur ou mécanique que lestouristes ont affaire,mais aux chevaux en chair et en os, plus exactement aux ânes.Mais le procédé est lemême. Sur fond de cirque de Gavarnie, que l’on reconnaît aisément notamment grâce à sa majestueusecascade, une voyageuse, plus rarement un voyageur, toujours reconnaissable à ses vêtements très colorés(vertsou rouges) tentede s’installer sur ledosde labête.Manœuvrepérilleusequinécessite l’interventiond’uneouplusieursautrespersonnesafindelaoulehissersurlamonturequiparfois,n’entendantpaslelaisserfaire,multiplie les ruades. Les cavaliers sontbeaucoupmoinsnombreuxque les cavalières.Onn’en comptequedeux:l’un,vêtud’uncostumekaki,essuielamauvaisehumeurdesonâne;l’autreestuncuréquin’apasunregardpourlecirque,totalementabsorbéparlalectured’unouvragequ’iltiententresesmains.Touscespromeneurs et ces promeneuses sont assistés d’une femme, tenant la bride de l’animal. Son costume ditclairementsonidentité:elleestvêtued’unegranderobenoirequil’enfermedespiedsàlatête,despoignetsauxchevilles,d’untablierdedevantdecouleurssombresetd’unfichu,noirluiaussi,nouésouslementon.Cen’estpasunesoubretteouunedamedecompagnie;c’estunepaysanne,unehabitantedeGavarnie.

Souscouvéed’humour,MégretmetenscèneuntraitquivacourirtoutaulongduXIXeetduXXesiècle:letrajet à dos d’âne ou de cheval. Certes, les cartes postales abondentoù l’on voit des élégantes assises enamazones,deshommesencompletvestonmarchantàleurcôtéoueuxaussiàdosd’équidé.Onnevoitguèreceuxetplusencorecellesquiaccompagnentcesgroupes.Or,dans leurs récits,mes interlocuteurs inversenttotalement les choses, insistant grandement sur la place des femmes dans ce qu’ils qualifient eux-mêmesd’«industriedesânes».Voyonsceladeplusprès.

Les promenades à dos d’âne ou de cheval connaissent, tout au long du XXe siècle et jusqu’à une daterécente, un fort développement, suivant en cela le nombre de touristes fréquentant Gavarnie. On peutraisonnablementpenserqu’ellesontintimementfaitpartiedel’expériencetouristiqueproposéeparlevillageet,pluslargementdel’expériencedelamontagne.Celle-cileditclairement.

13 Les femmes se sont, elles aussi, lancées à l’assaut des Pyrénées mais elles ont été nettement moins nombreuses que les hommes à s’y essayer et elles n’ont guère laissé de traces dans la mémoire orale.

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«R:OnestallédanslesPyrénéesenvoyagedenoces.Tuparlesd’unvoyagedenoces!Bref,àl’époque,en1962,c’étaitcommeça.Toutlemondeyallait?Nousaussi.OnapasséquelquesjoursàLourdesetquelquesjoursàCauteretsetpuisonestalléàGavarnie.Et jemesouviensqu’onavait louédesânes.À l’époque, tupouvaislouerdesânes.Jemesouviensqu’onavaithésitéparcequ’onn’étaitjamaismontésurdesânes.Onnesavaitpascommentonlesguidait,toutça.Onavaitunpeupeurquandmêmed’yallerseuls.T’imagines,silesâness’étaientemballés!Onétaitjoli!Maisheureusement,ilyavaitdesgensquit’attendaient,quit’aidaientàmonterenselleetpuisilst’accompagnaientaucirque.Alors,onétaitpartiavecungroupe.Onétaittousaussicouillons!Personnen’étaitjamaismontésurunâne.Alors,cen’étaitpasrassurant,maisaumoinsonenétaittous aumêmepoint! Et tu vois, jeme rappelle encore de ça, de ces ânes quimarchaient tous un derrièrel’autre,àlaqueueleuleuetnous,onessayaitdesuivrelemouvement,quandçamontait,quandçadescendait,de pas trop se fairemal aux fesses aussi. C’était la première fois que jemontais sur un âne. Et la dernièred’ailleurs!Jem’enrappellebien,decesânes!

—Q:Plusqueducirque,lui-même?

—R:Non,maislecirque,j’ysuisrevenueplusieursfoisetpuisjevaissouventdanslesPyrénées.Alorssituveux,jeconnaisunpeu.Maislesânes,jen’enaijamaisrefaitdepuisalors…C’estcommetout.Quandtufaisuntrucunefois,çatemarque.»

Ce n’est pas au cirque de Gavarnie, mais au lac d’Ôô que cette famille s’est rendue, au début desannées1990,encompagnied’unâne.Maisleravissementestlemême.«Marjorieétaitpetite,elleavaitcinqousixans.Ellen’aimaitpasmarcher.Onn’avaitpasenviequ’encoursderoute,ellerefused’allerplusloinetqu’ilfaillelaporter.Heureusement,enbas,ilyavaitunbonhommequilouaitdesânes.Onenalouéun.Pedro,ils’appelait.Jem’ensouviensencore.Unpetitânegrisfoncé.Etnousvoilàpartis,avecMarjorieetlessacsàdossurledosdePedro!Qu’est-cequ’onavaitri!Ilétaitgentil,ilavaitl’habitudedesenfants,c’estsûr,maisonne savaitpas tropcomment le faireobéir. Il s’arrêtaitpourbrouteret il fallait attendrequ’il sedécideàrepartir!Alors, Jacques est passédevant avecunmorceaudepainpour le faire avancer etmoi je tenais labride.Maisçay faisaitpasgrand-chose!Après,pendantqu’onpique-niquait,onavaitpeurqu’il redescendetoutseul.Alors,ilavaitfalluchercherunarbrepourl’attacher.Etenredescendant,illuitardaitd’arriveralors,parfois, ilaccélérait.Ducoup, Jacquesetmoi,ons’étaitmisdevantpour l’obligeràmarcherànotrerythme.Mais il nous donnait des coups demuseau, comme pour nous dire d’aller plus vite!Mais c’était bien. J’engardeunbonsouvenir,decetânePedro.EtMarjorieaussi.»

Cequeconfirmel’intéressée.«Pourmoi,lelacd’Ôô,c’estl’ânePedro.J’ysuisrevenueetàchaquefois,jepenseàluietj’enparle.Tuvois,s’ilyavaitencoredesânes,j’enloueraisun.Pourfairecommequandj’étaispetite.»

Revenons à Gavarnie pour voir de plus près le fonctionnement de cette «industrie des ânes» et pluslargement l’organisation du tourisme. Si elle apparaît au XIXe siècle avec les premiers touristes, c’est aulendemainde la SecondeGuerremondialequ’elledevient florissante. «Les gens sortaientde la guerre, desprivations. Ils voulaient s’amuser. Et puis, à cette époque, ils étaient encore croyants alors ils allaient enpèlerinageàLourdes.Maisbon,quandvousavezpassétroisouquatrejoursàLourdes,àmoinsd’êtretrès,trèscroyant…Etpuis,àLourdes,ilsavaientcomprisletruc.Alors,ilyavaittoutunsystèmevachementbienrodé.IlyavaitdesgensdeLourdesquiétaientenchevilleavecdesgensd’ici.IlsprenaientlesgensdansleshôtelsàLourdesetilsleurproposaientdesexcursionsàGavarnieetàCauterets,danslamêmejournée.Alors,lematinàCauteretsetl’après-midiàGavarnieoul’inverse.Alors,çafaisaitunmondefou!Toutlemondevoulaitalleraucirque.Ilsétaientlàpourça!»

Cependant,cetourismeestprésentécommeauxmainsdesLourdais:lessociétésd’autocarsquiprennentenchargelesexcursionnistes,maisaussileshôteliersquifournissent,àceuxdeleursclientsquilesouhaitent,le repas de midi, sous forme de pique-nique. Ceci expliquerait la structure particulière de l’immobilier

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touristiquedeGavarnie:peud’hôtelsencomparaisondunombredetouristes,d’immensesparkingsdestinésau stationnement et aux manœuvres des autocars, des bars et des restaurants aux salles très grandesdestinées à accueillir ceuxqui n’avaientpaspris, pour le repasdemidi, l’optionpique-niqueauprèsde leurhôtellourdais,etplusencore,ceuxquil’avaientprisepour«simplementboireuncoupetmangerunboutenattendant de repartir». De telle sorte que Gavarnie vit alors selon un rythme à deux temps. «La journée,c’étaitbondé.Unmondefou!Vousnepouviezpasbouger!Maislesoir,quandlesautocarsétaientrepartis,c’étaitcalme.Ilyavaitpluspersonne.Onétaitqu’entrenous.Bon,ilyavaitbienceuxquiséjournaientdansleshôtels,ilyenatoujourseux.Maiscomparéaumondelajournée,cen’étaitrien!»

Mais,sipeunombreuxsontlestouristesquidormentàGavarnie,siceuxquis’yrendentn’yrestentqu’unedemi-journéeavecunrepasfournipournombred’entreeux,quereste-t-ilauxhabitants?Ilsontlehautemainsur«l’industriedesânes»d’unepart.Cesonteuxquilaprennentencharge.Et,enpremierlieu,«elles».Eneffet, cette«industrie»estuneactivité féminine.Toutesmes interlocutricesontaffirmés’yêtreadonnées,avecplusoumoinsdebonheur,avecplusoumoinsd’envie.Celle-ciengardeunmauvaissouvenirmêmesiellel’apratiquéetoutesavie.«Moi, jen’aimaispasça,mais il fallaitbienvivrealors je lefaisais.Maisçanemeplaisaitpasparcequ’ilfallaitallerchercherlestouristes.Nous,onétaitdespetitsalorslesautocarsdetouristes,lesvoitures,ilfallaitallerleschercher.Onmontaittoutenhautdelaruepouressayerd’êtrelespremiers,denepas se faire passer devant.Ou alors, on proposait nos services devant les restaurants,mais on se faisaitenguirlander.C’était…C’étaitdu racolage, il fautbiendire leschosescommeelles sont.C’étaitdur,maisongagnaitnotrevie.Sinon,jel’auraispasfait,vouspouvezmecroire!»Lesparticularitésdececommercedelapromenade,qui repose largementsur lacapacitéà«alpaguerlechaland»,pourreprendre l’expressiond’undemesinterlocuteurs,amènentcertainesdemesinterlocutricesàtrouveruneautresourcederevenus.C’estlecaspourcelle-ciqui, revenueàGavarnie,seconsacraà l’hôtellerie:«Lesânes, je l’avais faitquand j’étaisplusjeune,jevoulaisplusenentendreparler.»

Cependantlesfemmesnesontpaslesseulesàpromenerlestouristes.Trèsjeunes,lesenfantsdeGavarnie,fillesetgarçons,enprennent leurpart.À telpointqu’il sembleque l’industriedesânesaitétéunesortedepassageobligé pour les adolescents. Celui-ci en rit encore. «J’ai promené les ânes,mais je n’étais pas bon.Parcequ’ilyauneculture…Monpèrem’avaitachetéunânepourquej’amènelesgensaucirque,pourfairelesphotos,maisjen’étaispasdouéjevousdis.Non,vraimentpasdoué!»LesjeunesGavarniensnesontpasles seuls à promener les touristes. Beaucoup de jeunes, venus «d’en bas», du pays Toy, de Tarbes, etc.,souventdes«copains»étaientrecrutés,letempsd’unété,àcettefin.

«R: Il n’y avait pas que nous! Il y avait beaucoup de jeunes qui venaient. Les gens de Gavarnieembauchaientdesjeunespourpromenerlestouristes.Ilsnelespayaientpas,maisilsleshébergeaientetilslesnourrissaient.

Q:Ilstravaillaientsansêtrepayés?

R:Oui,maisilsgardaientlessousqu’ilssefaisaientaveclesânes.Ongagnaitbienavecça.TouslesjeunesvoulaientveniràGavarnie.Peut-êtrepastous,maisilyenavaitbeaucoupparcequ’ons’amusaitbienetpuisonsefaisaitdessous,jevousdis.»

Il faut, ici, avancerunehypothèsequi devra êtremise à l’épreuveau coursdes recherches àvenir: unepartition sexuelle des tâches semble avoir longtemps régi le tourisme àGavarnie, faisant de ce dernier uneaffairelargementféminine.Mais,dira-t-on,n’est-cepasfairepeudecasdurôledesguides?Rôleimportant,certes, portéetmisenavantpar les récitsde voyage commenous l’évoquionsaudébutde cette réflexion.Maisrôlequiafaitfonctiond’écran,dissimulantlapetitemécaniquedutourismelocal.Qu’est-ceàdire?Lestâches masculines peuvent être réparties en deux groupes. Celles qui sont intimement liées au tourisme,d’abordguidespuisemployésde lastationdeski.Danscecas, ilssontencontactavec lestouristes,maiscecontacta lieu loinduvillage,dans lamontagne,«enhaut»si l’onpeutdire.Cellesensuitequi sedéroulent

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dans les environs immédiats du village qui ont rapport avec le tourisme sans qu’elles induisent un rapportdirectaveclestouristes.Onsongeiciàtoutcequesupposel’industriedesânes.Eneffet,lestouristespartis,lajournéen’estpasfiniepourautant.

«R:Après,ilfallaitamenerleschevauxdanslamontagne.

Q:Maispourquoifaire?

R:Ilfallaitbienqu’ilsmangent!

Q:Mais vous les laissiezpaîtreenbas? Il y avaitbiendesprés.Mais ils seraientpeut-êtreallésmangerdanslesjardins?

R: Non! Les jardins, non,mais les prés, ils servaient à nourrir les bêtes l’hiver. On faisait les foins. Leschevaux ne pouvaient pas y aller. Alors, il fallait les emmener dans lamontagne pour qu’ilsmangent. Et lematin,onselevaitdebonneheureparcequ’ilfallaitallerlesrécupérer.Lanuit,ilsn’étaientpasdanslevillage.Vousimaginez!Ongalopaittoutelajournée,dumatinausoir.»

Ainsi,poursedévelopper,lespromenadesàdosd’équidésontsupposéquepersistel’agriculture,dumoinscertaines pratiques agricoles(fenaisons, etc.) Et ces dernières sont largement le fait des hommes. C’est auxfemmesquerevientlargementlachargedespromenadeset,enconséquence,cesontellesquisontencontactaveclestouristes,danslepérimètreduvillage.Ellessontainsilesspectatricesprivilégiéesdeleursdemandes,deleursbesoins,deleursenvies.C’estsansdoutecequilesconduit,trèsrapidement,àneplussesatisfairedetourismeéquestre.Plusieursd’entreellesdécident,aulendemaindelaSecondeGuerremondiale,decréerdeshébergements:hôtel,restaurant,cafévoire lestroisenunmêmelieu,prenantainsienchargeunepartnonnégligeable de l’industrie touristique. Mais n’est-ce pas exactement ce que dit celui-ci lorsqu’il affirme, enesquissantunsourire,«AGavarnie,cesontlesfemmesquionttoujourscommandé»?

Cettepartitionn’est,biensûr,passtricte.Elleconnaîtdesexceptions.Iln’enrestepasmoinsqu’ellesembleporter encore ses effets, atténués il est vrai. On songe ici, par exemple, à cette famille où deux sœurss’occupentdemagasinsdesouvenirs,aucœurduvillagetandisquel’épouxdel’uned’ellespassesesjournéesà l’Hôtelducirquedont ila lacharge.Onsongeaussiàcelui-ci,propriétaired’uncaférestaurant,maisquiabienpeul’occasiondeservirboissonsetrepas,trèsprisparsonautreemploietsesfonctionsélectives,laissantàsonépouseetàsafillelesoindegérerlecommerce.

AutreactivitétotalementauxmainsdesGavarniens:lecommercedecertainesfleurs.

«R:Onn’avaitpasletempsdes’ennuyeràGavarnie,quandonétaitjeune.Parcequequandcen’étaientpaslesânes,c’étaientlesedelweiss.

Q:Lesedelweiss?Vousenfaisiezquoi?

R:Ben,onlesvendait,tiens!Qu’est-cequevousvouliezqu’onenfassed’autre?»Cen’estpasàsesdiversusagesenmatièredemédecinevétérinairealpinequel’édelweissdoitsanotoriété,maisautourisme(Albert-LlorcaetTarery2008).DanslasecondemoitiéduXIXesiècle,celui-cisedévelopperapidementdanslesAlpes.Mais, le voyage, hier comme aujourd’hui, supposait que l’on en rapporte des souvenirs, imagementale demoments privilégiés,mais aussi objets considérés comme typiques du lieu visité qui témoignent du péripleeffectué,mais qui servent aussi, plus tard, de support à la «remémorance». L’édelweiss s’impose très vitecomme le souvenir du séjour dans les Alpes par excellence. Au point que certains, dès la fin du XIXe siècle,s’inquiètentdudevenirdecesfleurset,craignantqu’ellesnedisparaissent,enappellentàleurpréservation.Or,en matière de tourisme montagnard, les Alpes sont un modèle pour les Pyrénées. L’edelweiss ne fait pasexception. En 1901, Eugène Gasté est le premier à observer et à décrire un petit commerce à propos desedelweisspyrénéens.D’autresl’imitentaucoursdesdécenniesquisuivent,dansdespublicationsd’originefortdifférente.Dans lesannées1920, lesexcursionnistesde lasociétéRamond,venus fêter lecinquantenairede

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leurdocteassembléeàGavarnieoùelleavulejourcinquanteansplustôt,ontdroitàunetablejolimentornée.«La décoration est originale: plantes de montagne, iris de la Prade, edelweiss du Coumélie distribués surchaquecouvertendepetitsbouquetsnouésd’unrubandesoieblancmat.“Oh!ladélicieusechose”,meditmavoisine, à cepoint toquéepar cette fleurdesneigesqu’elle enachètera ce soir desbrassées, comme sitoute sa pure rareté ne brillait pas mieux dans la simplicité d’une seule tige.» Ceux qui n’ont pas pris laprécaution de semunir de leur bouquet-cadeau ont l’occasion de se rattraper sur le chemin du retour, entraversant Gèdre. Là, «une bande de gamins paillant comme des moineaux, nous tendent en courant desedelweiss–decesedelweisspourpèlerinage,comprimésenpaquetscommedeviolettesdeToulouse.Quelledépoétisation d’une fleur si pure en bordure des neiges. Après un court arrêt pour complaire à nos“edelweissomanes”,nousrepartonsàunevitessede“recordaukilomètre”».Lapresseparisiennen’estpasenreste.Ironisantsurlacréationdusyndicatdesâniers,àGavarnie,lejournalisteconclut:«Iln’yaquelespetitsmarchandsd’edelweissqui continuentà fairebandeàpartetàoffriravecquelque insistanceobsédante lesfleurs des hautes cimes: “—un francpièce,monsieur! Cela vousporterabonheur!”» (Morice1935: 2) Lemême journaliste en fait le centre d’une nouvelle, intitulée«La cueillette des edelweiss et la petite fille»,parueunmoisplustarddanslemêmejournal:«Songezque,surlarouteducirque,àGavarnie,lesnaturelsdupayslesvendentunfrancpièce.»(M.141935:7),maiss’ilestflorissant,cecommercen’ariend’unepratiquelonguementenracinée. JeanSéguy,eneffet,notedanssonatlas linguistique:«cesont les touristesquiontattiré l’attention desmontagnards sur l’edelweiss qui, auparavant, était innommé. À Gavarnie, la vente decetteplanteestunedesressourcesducommercelocal.»(Seguy1953:360)

Dans les années1950-1960, ce commerce connaît encore un certain succès, pour ne pas dire un succèscertain.Et,ilenvadesedelweisscommedesânes:toutmesinterlocuteursl’ontévoqué,tousyontparticipé,tousenfontlerécitd’unbonmomentdeleuradolescence.Carc’estlàl’affaireplusspécialementdesjeunesduvillage,garçonsetfilles,mêmesi,deloinenloin,unefemmeplusâgée,leurmèresouvent,peutleurvenirenaide.Unesorted’ordrerèglelaplacedechacun.Lesgarçonspartentenmontagnepourenfairelacueillette.C’estsouventleprétexteàunrécitnondénuéd’humour.Celui-ci,parexemple,racontequ’avecuncamaradeilavait décidé d’aller en cueillir à un endroit situé loin de Gavarnie. C’est pourquoi le père du camarade lesconduisit sur place, leur laissant un vélo pour le retour. La cueillette effectuée, l’un s’installe sur la selle etl’autresurleporte-bagages,setenantd’unemainettenantdansl’autrelesprécieusesfleurs.Lesfreinsont-ils«lâché»?Lepilotenedisposait-ilpasdescompétencesnécessairespouraffronteruncheminaussipentuetrocailleux?Toujoursest-ilquelesdeuxjeunesgarçonsontétévictimesd’unechutesansgravité,maisquilesfaitrire,encoreaujourd’hui.«Cettegamelle!Etlesfleurs,ilyenavaitpartout!Etjenevousparlepasduvélo.Ons’estfaitengueulerenrentrant!»Lesfleursramassées,ilfautencorecomposerdesbouquets.«C’était,jecrois,1 franc lescinqfleurs. Jecrois!Alors,onfaisaitdespetitsbouquetsdecinqfleurs,attachéesavec…jesaisplusquoi.Delaficellesansdoute.Ons’ymettaitàplusieursetallezhop!onfaisaitlesbouquets.»Enfin,ilfautlesvendre.

«Q:Maisoùvouslesvendiez?Vousaviezunstand?Quelquechose…?

R:Çadépendait.Etpuis,onseposaitpastantdequestions.Onpartaitdanslarueavecnosbouquets,onarrêtait les touristes: “Vousnevoulezpasdesedelweiss?Çaportebonheur!”Des fois, c’étaitoui,des foisc’étaitnon!Maisçamarchaitbien!Àl’époque,lesgensavaientsansdouteplusdesousquemaintenantalorsilsachetaientfacilementdestrucs. Ilsétaientmoinsdifficilesquemaintenant.Etpuis, il fautdireaussiqu’onn’avaitpeurderien,onn’avaitpaspeurd’aborderlesgens.Cen’étaitpaslamêmeéducation.Sionfaisaitçaaujourd’hui,sansdoutequ’onnousenverraitsurlesroses.Maisàl’époque!»

La vente d’edelweiss semble être une activité des seuls enfants, filles et garçons; tout comme lespromenadesàdosd’ânes,qu’elleprocèdepeut-être,ellemetenprésenceenfantsettouristes,danslecadre

14 Il signe de son nom l’article consacré au syndicat des âniers mais de ses seules initiales (A-CH M.) la nouvelle.

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d’une relation commerciale, marchande. Comme une première expérience que ce qui pourra ou pourraitdevenirleurfutur«métier».

5.4.DesGavarniens,gardiensdeslieuxetdeshommes

Commerce des edelweiss et promenades sont aujourd’hui versés au dossier de la protection du site parceuxquis’ysontadonnés.

Ainsienva-t-ilpourlesrandonnéeséquestresjusqu’aucirque.Ilconvientdevoirdeplusprèsenquoiellesconsistaient,quelétaitlerôledesaccompagnateursetaccompagnatrices.Ilsontd’abordlacharged’aiderlescavaliers,biensouventinexpérimentés,àchevaucherleurmonture.Cequivautdesdescriptionspourlemoinsamusées et amusantes. «À l’époque, les femmes venaient à Gavarnie, habillées comme vous (en robe etchaussuresdeville).Alors,pourmontersurleschevaux,c’étaittouteunehistoire.D’autantquec’étaitsouventlapremièrefois!Etenplus,ellesnemontaientpasenamazone,vousimaginezletableau!C’étaitrigolo.»Lescavaliersinstalléssurleursmontures,jeunesetfemmesprennentlatêtedelapetitetroupeetpartentpourlecirque. Ils conduisent les chevaux tout en reconnaissant que ceux-ci n’en avaient pas vraiment besoin. «Ilsconnaissaientlechemin.Vouspensez,ilsfaisaientçatoutelajournéependanttoutl’été!Ilsétaienthabitués.Etpuis,onmettaitdesbêtescalmes, facilesàmener.Mais lesbêtes,çarestedesbêtes.Quand ilyavaitduvent,ouquandlesmoucheslesemmerdaientou…destrucscommeça.Bon,ilfallaitlestenir.Etheureusementqu’onétaitlàparfois.»

Mais leur tâche ne se limite pas à aider les cavaliers à enfourcher leurmonture et à les conduire, sansencombre, jusqu’au cirque. Ils font plus. D’une part, ils ne laissent pas les touristes aller n’importe où. Dumoinsrespectent-ilsquelquesrèglesdesécurité.«Onn’allaitpasplusloinquel’HôtelduCirque.Moijenelesamenaispasaupieddelacascade.Mesparentsmel’interdisaient.Parcequ’onsavaitquec’étaitdangereux.Leschevaux,jelesarrêtaislà.Ilyenavaittoujoursquivoulaientallerplusloin.Maisjen’yallaispas.J’essayaisdelesenempêcher.Maisilyenatoujoursqui…Etpuis,commeilsrepartaientavecleschevauxetquec’estmoiquilesconduisaisetqueplusjefaisaisdevoyages,plusjegagnais,desfois,jedisais:“Onyva.Onrepart”.Alors,ilsn’avaientpastropletempsdefairen’importequoi.Etcommeilsavaientpayél’alleretleretour,ilsenvoulaientpourleurargent!»

Maisilsnefontpasqueça.

«Q:Etquandvousétiezarrivésaucirque,vousfaisiezquoi?

R:Commentça?Qu’est-cequevousvouliezqu’onfasse?

Q:Vousexpliquiezcequ’ilyavait?

R:Benoui!Onexpliquait.

Q:Maisvousdisiezquoi?

R:On expliquait la cascade, 423mètres dehaut, la plus haute cascaded’Europe, et on leurmontrait leMarboré,l’Astazou,leTallionetlereste,avecleshauteursettoutça.

Q:Maiscommentvoussavieztoutça?

R:Onétaitalléàl’écolequandmême!Etpuis,dites,onestd’ici.Toutlemondesaitça!

Q:Biensûr,maisjepensaisqu’ilyavaitpeut-êtredesformationspourapprendre…

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R: À l’époque, onne s’embarrassait pas de tout ça. Et les touristiques, ils étaient très contents. Ils n’endemandaientpasplus:ilsallaientaucirque,ilsvoyaientlacascadeetvoilà!»

Les promenades à dos d’ânes sont donc une activité polymorphe qui font de ceux qui la pratiquent lesgardiensducirqueaussibienquedesvoyageurs,maisaussilesguidestouristiques.

Ilenvademêmeconcernantlecommercedesedelweiss.Onnemanquepasd’êtreétonnéenentendantraconterlesépopéesmontagnardesdesjeunesgensenquêtedesprécieusespetitesfleurs.

Q: «Vous ramassiez des edelweiss? Je croyais que c’était interdit, je croyais que c’était une planteprotégée.

R: Non. Pas à l’époque! Je ne saismême pas si c’est interdit aujourd’hui. Dans le Parc, c’est sûr, c’estinterdit.ToutestinterditdansleParc.Maisailleurs,jenesaispas.Jenecroispas.Cequiestsûr,c’estqu’ilya!Jepeuxvousmontrercinqousixendroitsoùilyenaautantquevousvoulez!»

Renversantl’accusationquifaitdescueilleursdesdestructeurs,mesinterlocuteursenfontdesprotecteursde la nature. «Si vous n’arrachez pas les racines, vous pouvez cueillir les plantes. Elles repoussent. Si vousarracheztout,c’estfini,ilyaplusrien,c’estsûr.Maissivouscoupezquelesfleurs,quelestiges,çanerisquerien. Peut-être que maintenant, certains arrachent tout sans faire attention. Mais nous, on faisait gaffe.Pourquoi vous vouliez qu’on arrache les racines?Onen aurait fait quoi? Et puis, onn’était pas idiot, si onvoulaitqu’ilyenait l’annéed’après,fallaitpastoutsaccager,onlesavait.Ça,onyfaisaitgaffe.C’étaitnotreargentdepochecommeonditmaintenant.»

Loin de voir dans le tourisme et les activités qu’il a générées des prédateurs, voire des destructeursd’espace,mes interlocuteurs en font, tout au contraire, des protecteurs. Affirmation qu’il faut entendre ausens large. Tousmes interlocuteurs déplorent ainsi l’aspect actuel de Gavarnie en des termes prochesquecettephraserésumeparfaitement:«Bientôt,lesarbrespousserontsurlesparkings!»Celanesignifieenrienque le village est abandonné,mais que la forêt, les taillis et les buissons s’approchent dangereusement desmaisons. Or, ils étaient «autrefois» tenus en respect et à bonne distance par l’activité agricole, cellenotammentimposéepar«l’industriedesânes».«Quandj’étaisjeune,toutça,enface,c’étaitcultivé.Pareilderrièrenous.C’étaientdesprairiesfauchées,ettoutettout.Toutça,c’étaitentretenu.Parcequ’ilfallaitdufourrage,parcequ’ilyavaitdesanimaux,qu’ilfallaitpasserl’hiver.Maintenant,pourquoivoudriez-vousqu’ons’enoccupe? Iln’yaplusd’agriculteurs, iln’yaplusd’animaux.Tout ça, c’està l’abandon.» LepaysagedeGavarnie,auxyeuxdeseshabitants,estdoncceluid’unevégétationqui, loind’être laisséeàelle-même,estmaîtrisée, gérée par le geste de l’homme. Du reste, c’est exactement cette question de la possibilitéd’intervenirounonquiexplique,engrandepartie,lescritiques.CritiquesadresséesauParcNational,accuséde«toutinterdire».Critiquesadresséeségalementàceuxquionttentéd’interdireoudedéplacerleFestival.

«R: Ilyenaquelques-uns, ilsvoudraient tout interdire. Il faudraitqueGavarnie,çasoitcommeauXIXesiècleoujenesaismêmepascomment.Ilfaudraitnetoucheràrien.Pasunefleur.Pasuncaillou.Pasunebête.Rienderien!Alorsvouspensez!Unfestival!Çaallaittoutdétruire.Cen’étaitpasça,lamontagne.

Q:Jenecomprendspas.Çaauneffetsurlanature,leFestival?

R:Maisnon!Surtoutqu’ilsfonttrèsattentionànerienlaisser.Toutestsuperencadré.Non,çanerisqueriendutout.Maissivousvoulez,cen’estpasl’imagedelamontagnequ’ilsont.Lamontagne,ilyarien.S’ilspouvaient,ilsnousfoutraientdehors!Maisnous,onnes’estpaslaisséfaire.Pourunefoisqu’ilyavaituntrucculturel,quandmême!Cen’estpasparcequ’onestenmontagnequ’onapasdroitàlaculture!»

C’est aussi cette possibilité d’agir qui explique le soutien apporté au classement UNESCO. Soutien qui,chacunlereconnaît,n’apasétéimmédiat.«Audébut,çaachauffé.Personnen’envoulait,duclassement.Pasàcauseduclassementlui-même,maisàcausedelafaçondontçaaétéfait.Onn’ajamaisétéimpliquédansle

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dossier. C’est unpetit groupequi avait décidé ça et ils nenousontpas consultés. Comme si onn’avait pasnotremotàdire,commesionn’étaitpasconcerné.S’ilsl’avaientfait,onauraitsansdouteétéd’accord.Maiscommeonn’avaitpasétéconsultés,ons’yestopposé.Etpuis,bon,maintenant,ças’estcalmé.Onesttrèsfierqu’ilyaitceclassement.D’autantqu’honnêtement,çanechangerien!Si,onadestouristesquiviennentduJapon,departoutgrâceàceclassement.Mais, jeveuxdirequecen’estpascommeleParc,cen’estpasdesinterdictionsetdesinterdictions.»

Onlecomprendaisément:leshabitantsdeGavarniesepensentcommelesgardiensdusite,ceuxquisontleplusaptesàleprotégerparcequ’ils«sontnéslà».

5.5. Gérerlesflux

Parlerde«gestiondesflux»àGavarnien’étonnepersonne.Ilyabeautempsquelevillageestconfrontéàcettequestion,mêmesicetteexpressionnerenvoyait,«àl’époque»,pasàlamêmeréalitéqu’aujourd’hui.

Tout lemonde s’accordeà reconnaîtreque, pendant la périodeprospère, circuler àGavarnien’était paschose aisée. C’est qu’en effet, la rue principale est alors à double sens, ce qui rend la circulationparticulièrement difficile pendant les mois d’été. Cela vaut quelques descriptions enjouées, où l’humouraffleuresanscesse.Celle-ciparexemple.«Jenesaispassivousimaginezletopo.Lesautocars,lesvoitures…Audébut,ilyavaitbeaucoupplusd’autocarsquedevoituresparcequ’aprèslaguerre,lesgensn’avaientpasencorelesmoyensd’avoirleursvoituresetpuisaprèslesvoituresparticulièressontdevenuesbeaucoupplusnombreuses!Alors, lesautocars, lesvoituresetpuis lesâneset leschevauxquiallaientaucirqueetpuis lespiétons qui faisaient les boutiques! Vous imaginez le cinéma! C’est des embouteillagesmonstres! Oui! ÀGavarnie!Fautdirequelevillageestpasbiengrandetquetoutlemondeétaitaumêmeendroit,danslarueprincipale.Commepersonnenevoulaitreculeroulaissersaplace!Çaklaxonnait,ças’engueulait,desfoisilsenseraientpresquevenusauxmains!C’était tellement lebordelque lepréfetadit:“Soitvousvousorganisezsoitonvas’enoccuper”».

Peuàpeu, l’idéed’unecirculationà sensunique, transformant l’espacemarchandenunesortedevastegiratoirequineditpassonnom,s’impose.Nonsansmal.

«—R:Ilyavaitpas36000solutions.Ilfallaitfaireunecirculationàsensunique.Etçaadonnécequevousvoyez:untrucqu’onestlesseulsàavoir,unecirculationàl’envers!

Q:Commentça,unecirculationàl’envers?

R:Normalement,quandvousarrivez,justeaprèslesCascades,vousdevriezallertoutdroit.EnFrance,onrouleàdroitedoncondevraitallertoutdroit.Ehbénon!Ontourneàgauche,devantl’épicerie.

Q:….

R:Sivousvoulez,ondevraitfaireletour,maisdansl’autresens,filertoutdroit,sousl’église,entrerdanslarueprincipaleparl’autrecôté.Maislescommerçants,quandonaproposéça,ilsontrâlé,parcequ’onpassaitplusdevantchezeux,ilsavaientpeurdeperdredesclients.Alors,onafaitl’inverse.Ontourneàl’envers,ici!»

Cependant,cettesolutiona,elleaussi,montréseslimites.Depuisplusieursannées,pendantlesdeuxmoisd’été, les automobilistes sont obligés de laisser leur véhicule à l’entrée du village, sur des emplacementspayants.Lesexceptionsàcetterèglenesontpasrares:lesbusenpremierlieu,leshabitantsdeGavarnie,maisaussitousceuxquipeuventmettree,avantunequelconquerelationavecl’und’eux(visite,etc.).Lagestiondecespasse-droits,quin’ensontpasvraiment,estconfiéeàdesemployés.Larationalitééconomiquen’ytrouve

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passoncompte,àl’inversedeshabitants.«Tantqueçapermetdecréerdel’emploi,jesuisd’accord»,ditl’undemes interlocuteurs,qui reconnaîtavoir longtemps refusédevoir lesvoituresparticulièresdéserter la ruecentrale,craignantquecelan’aitdesincidencesgravessurlecommerce.

Ilfauticiouvriruneparenthèsesurunautretypedegestion,moinsdesfluxquedel’offretouristique:cellequi concerne les promenades à dos d’ânes. Les plus âgés s’en souviennent comme d’une activité qui nebénéficiait d’aucune organisation, laissée à l’initiative de chacun et qui, par certains aspects, tutoyait le«racolage».«Il fallaitn’avoirpeurderien.Fallaitpaschercheràcomprendre. Il fallaitêtrelepremiersur leclient.Parfois,même,onmontaitsur lemarchepieddesvoitures.À l’époque,ellesavaientdesmarchepieds.Onmontaitsurlemarchepied,ons’accrochaitcommeonpouvaitetonproposaitnosservices.Etoninsistait!Vous imaginez!C’étaitdangereux! Etpuis, dîtes, vous imaginez le spectacle.»Cetteextrême rapiditéet ceculotfontbonménageavecuncertainsensdelanégociation.«Quandilyavaitpasgrandmonde,ilfallaitbientravailler. Alors, on baissait les prix. Ou, quand il y avait beaucoup de monde, on les augmentait. Et puis,suivant commevousétiezplacé le longde la rue, les tarifs étaientplusoumoins chers.C’estpour ça,pouréviterque tout ça, qu’ils ont créé lepremier syndicat. Pourmettrede l’ordredans tout.» Il a vu le jour aumilieudesannées1930.Cependant,toutaulongdesdécenniessuivantes,lanécessitédegérercetteactivitéde façonplus finese ferasentir.Pour l’heure, il seraithasardeuxd’allerplus loindans laprésentationdecepointquidoitêtreinterrogéplusavantaucoursdesmoisàvenir.

5.6. Find’uncertainidéal?

Tous les interlocuteurs s’accordentpour évoquerunâged’ordu tourismeàGavarnie.Unâgeoù, s’ynecoulait pas à flots, l’argent était «facile».Michel n’en fait pasmystère. «Lematin, vous vous leviez, vousn’aviezpasunsouenpoche.Lesoir,vousvouscouchiezavec2000francsdanslespoches.Non,là,vraiment,ilyaeuuneépoqueoùonafaitdessous.»Mais,pourbeaucoup,cetteprospéritécontenaitaussiengermelesdifficultésd’aujourd’hui;ellesseraientintimementliéesàcellesdel’industriedesânes.Dumoinsconsidère-t-onquecelle-ciagênétoutevisionàlongterme.«Ilfautbienlereconnaître,onavécusurnoslauriers.Ons’estpastropposédequestions.Onavaitleschevauxetlesânes,çamarchaitbien.Dites,quandçamarche,onseposepasdequestions!Maisilauraitfalluyréfléchiravant,essayerd’anticipersurletempsoùçamarcheraitplus,lesânesettoutlereste,maisc’estfaciledelediremaintenant.Àl’époque,onnevoyaitpasçacommeça.» Cette activité ne survit pas aux années1990. Certes, des montures attendent, encore aujourd’hui,d’éventuelscavaliersauboutdelarueprincipale.Maiscetteprésencen’arienàvoiraveccequ’ellefut.«Ilneresteplusrienaujourd’hui.Unecinquantainedechevaux,àtoutcasser,maiscen’estrien.Àl’époque,ilyavaitplusd’ânesetdechevauxqued’habitants.Ilyenaeu,jecrois,jusqu’à5000.5000!Jesaissivousvousrendrezcompte?C’esténorme.Et il yavaitduboulotpour tout lemonde!Etmaintenant, ils sont50àpeineet ilstirent la langue. C’est fini, les chevaux.»On avancedes explications diverses et variées. Pour les uns, cettedisparitionestintimementliéeàlacriseéconomique.«Lesgensontmoinsd’argent.Ilspartentenvacances,mais ils fontattention.Plusattentionqu’avant.Alors, louerdesânespour touteune famille…! Ilspréfèrents’enpasser,yalleràpied.»Pourd’autres,elleest liéeaudéveloppementd’unepratiqueéquestrede loisir,désormaisaccessibleauplusgrandnombre.«Avantdeschevaux,desânes, ilyenavaitpas!Vousenvoyiezpas! Ou alors, dans des clubs,mais c’était très cher. C’était réservé à une certaine classe. Alors, quand ilsarrivaient à Gavarnie, c’était quelque chose qu’ils ne connaissaient pas. Mais maintenant, du cheval, vouspouvez en faire partout. Des centres équestres, il y en a partout. Alors, c’est plus original. Les gens s’yintéressentplus.»Unebanalisationdelapratiqueéquestrequifaitéchoàd’autresmodificationsquinesontpassanseffetssurlapratiquedelamontagneauxyeuxdemesinterlocuteurs,sansquel’onsachequelleestlacauseetquelestl’effet.«Vousavezvulesgens,danslarue?Ilsonttousdesgrosseschaussures,unshort,et

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toutlematériel.Ilssonttoushabilléspourlamontagne.Maisjemesouviensquequandj’étaisjeune,cen’étaitpascommeça.Lesgens,ilsvenaienthabillésàGavarnieentenuedeville.Oupresque.Ilsn’avaientpastoutlematériel commemaintenant.Mais vous allez àDécathlon, à Intersport, n’importe où, vous avez des rayonsMontagne immenses. Il y a tout cequ’il faut. Tout ça, ça a beaucoup changé. Et onn’apas suivi.» Tout cematérielneremplacepasl’expérienceetlescommerçantscontinuent,discrètement,àprodiguerleursavoir,àveillersur les touristes.À l’imagedecelui-ci.«Je lesentendsparleraumagasinetdes fois, jen’encroispasmesoreilles.Iln’arrivepastouslesaccidentsquidevraientarriver.Lesgenssontinconscients.L’autrejour,uncouplearriveavecunegamined’àpeinetroisouquatreans.Équipés,maissansplus.Ilmedemandecommentaller à la brèche de Roland. Je leur explique. “Mercimonsieur—mais vous n’allez pas aller là-haut à cetteheure-ci?Vousn’arriverez jamaisavant lanuit! Ilvautmieuxpartirdemainmatin.—ohnon,demain,onaprévuautrechose!Onvaessayer.”Ehbé!Allez-y!Qu’est-cequevousvouliezquejeleurdise?Jenepouvaispaslesempêcherdemonter!Etaprès,ilyadesaccidents!»

Conscientsdesprofondesmodificationsqueconnaîtactuellementletourismeenmontagnequitendraitàdevenir une pratique plus personnelle, presque une expérience, ils ont également le sentiment que leclassement UNESCO n’a pas été sans effets sur la pratique touristique à Gavarnie. «Maintenant, on est enconcurrenceavecdessitespartoutdans lemonde,auxÉtats-Unis,auPérou,partout!Alors,onpeutplussecontenter de ce qu’on faisait avant. Il faut qu’on soit à la hauteur des autres!» Un de ces effets sembleparticulièrement important: la venue de nationalités jusque-là totalement absentes. «On a beaucoup deJaponaismaintenant.J’airemarquéça,oui.Onatoujourseudesétrangers,maislà,c’estbeaucoupplusetdesgensdebeaucoupplusloinqu’onnevoyaitpasavant.»Parmiceseffetsduclassement,notonsaussiuncertainsentimentd’obligation,d’unrangdésormaisàtenir.«Jenedispasqu’avant,cen’étaitrien;onavaitétéclassé,déjà,en37,jecrois.Maislà,l’UNESCO…!Là,onestdanslacourdesgrands!»

Cette grandeur nouvelle du site est d’autant plus difficile à négocier par certains qu’ils ont le sentimentd’assister à la fin d’une période. Or, la génération qui a porté le flamboiement touristique du village estaujourd’huisur lepointdeprendresaretraite.Pourbeaucoup, la transmission familialedescommerces,quilongtemps a été perçue comme la règle, semble ne plus fonctionner ou, du moins, connaître de sévèresdifficultés. «Vous avez ce qu’on ditquand il y a trois générations? La première créée, la deuxième faitprospérer et la troisième dilapide. Bon, bé, c’est un peu pareil, ici. La première génération a créé lescommerces,ladeuxièmelesadéveloppésetlatroisièmen’enveutplus.»LevaetvientdesjeunesGavarniensquihierpartaientpuis revenaientauboutdequelquesannées,nesembleplusd’actualité.Plusieursdemesinterlocuteurs l’observent dans leur famille, avec leurs enfants, souvent plus que trentenaires. Après desétudessupérieures,ilssesontenracinésloindeGavarnie.Ets’ilsyreviennentpendantlesvacances,ilsn’ont,pour l’heure, aucune envie d’y revenir et travailler toute l’année. Certains commerces ne trouvent pasacquéreur;d’autressontachetéspardesétrangers,échappantainsià lamainmise,toutà lafoispratiqueetsymbolique,desautochtones.

«—Q:Maisvousmeditesqu’iln’yapasderepreneurs,maisilyenaparfois.JepenseauxCascades.J’ysuisalléemanger.Vul’accent,jemesuisditqu’ilsn’étaientpasnésdanslesHautes-Pyrénées.J’aidiscutéunpeuaveceux.Ilsontachetérécemment.

— R:Oui,biensûr.OnditqueGavarnie,çaattireplus.Cequiestsûr,c’estquenosenfantsn’enveulentpas.Sûr, çane lesattirepas.Mais il yaencoredesgensquiviennent,quiachètent,qui s’installent.Regardez, là, làet là,c’estdesnouveaux.Cen’estpasdesgensdeGavarnie.C’estçaquifaitbizarre.Enfin…».

(à suivre: l’enquête serapoursuivieen2016enapprofondissant le rôle structurant,dans la constructiondesrésistances,del’acceptabilitédesmesuresdepréservation,notammentdecertainspointscommelamise

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en place d’une organisation des promenades à dos d’ânes. Mais on ouvrira aussi l’enquête aux jeunesgénérations,cellesquisontaujourd’huitrentenairesauxquadragénairesainsiqu’auxnouveauxvenus).

*

**

Le fait est que pour Gavarnie comme pour Torla, l’économie de rente a relativement bien fonctionnéjusqu’à présent. Depuis quelques années une baisse de la fréquentation touristique est ressentie durant lahaute saison, les prestataires et les professionnels du secteur se plaignent que «les visiteurs consommentmoinsqu’avant».MaisGavarnieetTorlademeurentdesnichesdeprospéritéauregarddes investissementsprivés etpublics consentis. Cette logiquede rentepeut expliquer—aumoins enpartie—comme la caused’unecertainepassivitéentermedevolontédecontributionàlamiseenplaced’unprogrammedegestiondesfluxetdedéveloppementdurable.

L’absence,pendantlongtemps,deprojetcollectiftransfrontalierafavoriséuneformedereplidecertainsacteurscommunaux,d’oùdescrispationssurleurspropressystèmesdelégitimitéquiontcontribuéàcréerdestensionsplutôtqu’àlesrésoudre.

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3.3. Néouvielle, site convoité entre innovation, imitation etrecyclage

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Pourquoilechoix,dansl’échantillondesespacesprotégés/espacesconvoités,dumassifdeNéouviellesiteencoremalconnuàl’écheloninternational,bienquerégionalementréputé?

Depuis trois décennies ce site de haute montagne représente, pour le développement économiqueterritorial,unenjeuquine faillitpas. Faceau renouvellementdespratiques touristiquesetà l’évolutiondesorganisationsetdesstructurationsdesterritoiresdemontagne,l’enjeudeladiversificationtouristique(etsansdoute de la dynamique des aires touristiques) demeure une problématique clé dans les processus dedéveloppement.Longtempscloisonnésàleurseulevocationtouristiqueetdeloisir,lesterritoiresdemontagnesont traversés par de nouvelles recompositions socio-économiques, environnementales et culturelles quimettent en question leurmodèle touristique initial, monospécialisé et polarisé autour d’une seule activité,d’ailleurs souvent concentrée dans un seul lieu ou dans des chapelets plus oumoins isolés (les stations demontagne sont souvent comparées à des «archipels d’altitude» (Wozniak, 2006). La non-durabilité duprocessusproductiftouristiquetraditionnelengagéparlescommunesetlesstationsdemontagnedonneàvoirnombre de phénomènes de dégradation, de dépendances systémiques dénoncées dans le débat public. Lamaturitédelaproductiontouristique,descrisesrépétéesetdeplusenplusfréquentesamènentl’idéed’unemutationprofondequestionnantladéfinitiondenouvellespolitiquesdedéveloppementplussoutenables.Lemodèle de développement de territoires organisés autour de l’exploitation d’une monoactivité touristique(produitneigepourleskialpin)n’échappepasàcetteinterrogation,etdenombreusespistesdediversificationdel’offretouristiquesonttestées:lepatrimoineenestune.Cardanscecontexte,lesprocessusdevalorisationde la ressource patrimoniale sont souvent présentés comme des outils demodification, de structuration etd’enrichissement de la production touristique, un moyen de refondre ses ancrages 15 initiaux. En effet,marqueur social inscrit dans le temps et dans l’espace, le patrimoine s’avère porteur d’enjeux dedéveloppement, en même temps qu’il participe à une reconstruction identitaire et culturelle des groupessociaux.

Étudier le processus de patrimonialisation — entendu comme un processus de construction et devalorisation des patrimoines (Bessière, 2001)— renvoie à des logiques demobilisation d’acteurs autour deressourcesauservicedeprojetsdeterritoire.Convoquépouraccroîtreouaméliorerlaproductiontouristiquelocale,ceprocessuss’inscrit indéniablementdans lesstratégiesd’innovation (Bessière,2012)etdemutationdesairesquiutilisent l’héritagecomme levierdeprojetd’un territoire,oupourmarquer«l’identité»d’unedestination.

Cet éclairage, par l’entrée patrimoniale, des trajectoires des aires et destinations présente l’avantagedecroiserungrandnombredequestionsderecherche:

- Comment la dimension agricole et agroalimentaire, grâce au patrimoine alimentaire, intervient-elletant au niveau de la production agricole (produits bruts) que de la transformation agroalimentaire(produitstransformés)?

- La dimension artisanale et «de service» relève-t-elle également de la dimension immatérielle dupatrimoineetletourismeinterroge-t-ilsessavoir-faireousesactivitésd’accueil?

- La dimension environnementale, dans ses composantes paysagère et environnementale (dimensionmatérielleet/ouimmatérielle),est-elleapprochéecommeunpatrimoinedanssamobilisationpourletourisme?

15MobiliséeparGeorge-Marcelpoil(2007)pourdésignerl’ensembledeslienstissésentreletourismeetsonterritoiresupportetparVlès(2007)pourlesrapportsentrelastation,sonterritoireenvironnantetsonévolutiondansletempsetdanslemarché,lanotiond’ancragefonctionnel renvoie à des questions d’adéquation du lieu productif (la station) au sein de son système productif, comme l’implicationéconomique que fait Zimmermannet coll. (1995) de la firme au sein de son systèmeproductif oude la territorialisation d’une activitééconomique en termesde ressources décrite par Pecqueur (2001). La notiond’ancrage territorial renvoie à l’ensembledes liens tissésentrelastationdetourisme,sonterritoireorigineletladestination,sonespacededéploiementélargietmodifié(Vlès,2014).

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- La dimension institutionnelle et politique du patrimoine est-elle mobilisée par des formes decoopérations,decollaborations,degouvernancesoudemisesenréseau(stratégiesdevalorisationetacteursd’unsystème«patrimonial»)?

La recherche a tentéde comprendredans l’analysede ce cas de figure comment le patrimoine (dans sadiversité) pouvait «faire ressource» au service d’un nouveau système de production dans les territoires demontagne, en quoi il était susceptible de réguler la place des différents secteurs d’activité, quelle était sacapacitéàporterdel’innovation,àêtrefédérateuretstructurantdansdesairestouristiqueslargesenquêtedediversification,notammentdesairesrestéesprisonnièresdemodèlesdedéveloppementproductiviste.L’étudeducasduPERdeNéouvielleenconstitueunexemplepeut-êtrepasplusemblématiquequed’autres,maisquiaffichaitrésolumentledéveloppementdu«tourismedurabled’altitude»et la«valorisationdupatrimoine»danssonprojet.Autants’ensaisiretvoirdeprèsdequoi ils’estagi.L’ensembleduquestionnementvise, infine, à mieux comprendre les types de gestion des flux des ressources patrimoniales revendiquées par unterritoirepourdécelerd’éventuelsnouveauxmodesde fonctionnementoudegouvernance liésà lamaîtrisedesfréquentations.

Néouvielle,unespaceprotégéLes premiers espaces protégés français furent créés en 1853. Mais les premières véritables réserves

nationales furent celles de Camargue, en 1926, et du Néouvielle en 1935, gérées par la Société nationaled’acclimatation.Onestà l’époquede lapromulgationde la loide1930sur lessitesprotégésetà l’aubedespremiers débats sur un parc national des Pyrénées (…). Le chalet d’Orédon sert de point de chute à desgénérationsdescientifiquesqui réalisentun travaild’inventairesystématiquede la floreetde la faune,maisaussi des études d’hydrobiologie et limnologie, de géographie physique, de paléoécologie… En 1969, le Parcnational, récemment créé, prend le relais de la gestion. Depuis 1994, la réserve est désormais placée sousl’autoritédupréfetdesHautes-PyrénéesquienconfielagestionauParcnational(…).

À la fin des années1960, voit le jour un projet de liaison routière entre Aure et Barèges, via le col deMadamette (2509m!) et le cirque d’Aygues Cluses, associé à des projets d’extension des stations de ski deBarègesetSaint-Lary; c’est la routedes lacs,quiempêchera l’intégrationde la réservedans lepérimètreduParcnational.Unepremièrepartiedelarouteestconstruiteàgrandfracasdanslaréserve,entreOrédonetlelacd’Aubert,puiscontinuesurunkilomètrevers lecol,sansêtreasphaltée.Desprotestationss’organisent, leConseilnationaldelaprotectiondelanatureestsaisidel’affaireen1972.Devantlesréactions,lestravauxsontstoppésen1973,maislesdébatsetpolémiquesvontcontinuerpendantdesannées.En1981,leclassementdusiteOule-Pichaleye,englobantlessecteursd’urbanisationprojetée(6000litsaux«balconsdel’Oule»…)donneun coup d’arrêt aux projets routier et immobilier. Petit à petit un nouveau consensus apparaît, pour un«tourismedoux»;(…)aujourd’hui, leterritoireestsoumisàunefréquentationtouristiquecroissante(plusde200000 visiteurs par an) qui soulève bien des problèmes de gestion et suscite des projets de «tourismed’altitudedurable».

Jean-PaulMétailié,directeurderechercheauCNRS,

PrésidentduConseilscientifiqueduParcnationaldesPyrénéesAucœurdesHautes-Pyrénéesetaisémentaccessibledepuislestroisvalléesdel’Adour,desNestesetdes

Gaves,lemassifduNéouviellebénéficied’unenvironnementexceptionnel.Ceterritoired’altitude(entre1500et 3000m), de 400km2, abrite une faune et une flore riches et variées aumilieu de paysages grandioses.D’abord dédié au pastoralisme, ce territoire a fait l’objet au XXe siècle d’importants aménagements hydro-

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électriques avant de devenir un lieu privilégié pour la randonnée et les sports de nature (chasse, pêche…).D’importantsprojetsd’aménagements(domainesskiables)ontfailli letransformerenunsitedetourismedemassedanslesdécennies1970-1980.C’estsoncaractèrenaturelquiaréussiàleconserver;depuis,soncentrede2300ha(àpeineletiersdel’ensemble)estclasséenréservenaturellenationalegéréeparleParcNationaldesPyrénées,sonpatrimoinepaysageraétéégalementclasséen3sitesdistincts.

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Figures45et46.LaréserveetlemassifduNéouvielle, comprisentrelesstationsdeLaMongie,auNord,deSaint-Laryàl’EstetdePiauEngaly,auSud.Pointéaucentredelacarte,cœurdumassif,lecoldeMadamète,2509m,quiséparelesbassinsversantsdu

Bastan(Barèges)aunorddesNestesd’AureauSud,source:IGNGéoportail,082015

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Néanmoins, lemassifduNéouvielleestmarquéparuneactivitétouristiqueemblématiqueetsignificativedans la chaîne des Pyrénées: la randonnée sous presque toutes ses formes dans un environnement aupatrimoine naturel (paysages, faune, flore) et humain (pastoralisme, histoire hydroélectrique, artisanat)exceptionnel.C’estleseulmassifimportant,avecdenombreuxsommetsdeplusde3000mètres,quisoitsituéentièrement dans les Pyrénées françaises, inséré entre trois vallées parmi les plus développées sur le plantouristiqueet lesmieuxéquipéesen stationsde skiet stations thermales: la valléedeCampan, la valléedeBarèges et la vallée d’Aure. Au cœur d’un secteur de hautemontagne de 200km2, on y trouve un très belensemble lacustre d’Europe occidentale (figures 47, 48, 50) assez similaire à celui du Parc Nationald’AigüestortesenEspagne,égalementunedesplushautesforêtsd’Europepuisqu’ellemonteàplusde2300mètres,unefloreparticulièrementvariée,unefauneencoreriche,despaysagesouvertsetgrandiosespourlarandonnéeetdesescaladesdequalitésurunexcellentrocher,denombreuxvallonspourlapratiqueduskiderandonnéedansunmilieurelativementsûr.LemassifduNéouvielle,quifaitaujourd’huil’objetd’unéventuelprojetd’OpérationGrandSitedeFrance, représente40000hectaresdont les2/3sontprotégésàdifférentstitres:réservenaturellenationaleduNéouvielle,zoneNatura2000ettroissitesclassésdistincts,maiscontigus(figure48).

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Figure47.Néouvielle,espacenaturelremarquableaux100lacs, partiellementprotégéparuneréservenationale,maisdontlesaccèsdépendententièrementdecommunespériphériquesdotéesdestationsdeski,source:carteIGN1:50000

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Figure48.Leprojetdes«portesd’entrée»du«tourdumassif»deNéouvielleetses«portesd’entrée» (PER,2014),

source:MEDDE,IGN-F.,1/06/2015,échelle1:136488⇑N

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Figure49.MassifduNéouvielle–Sitesclassésouinscrits,source:STIM/IGN/MEDDE–2010—⇑N

Excepté trois routes d’altitude partiellement ouvertes à la circulation l’été et quelques barrageshydroélectriques,cemassifestaujourd’huiassezmiraculeusementpréservédesaménagementshumains,bienquefréquentéparenviron(?)200000randonneursannuels(estimationsduParcnationaldesPyrénéesetdel’OfficedetourismedeSaint-Lary16).Pourautant,lesprojetsd’extensionoudeliaisonsdesquatredomainesdeskisituésàsapériphérie(Barèges-LaMongie-LeGrandTourmalet/Saint-Lary/Espiaube)ontmenacéàplusieursreprises son intégrité. Dans les années1975, un projet d’extension des stations existantes et de créationd’hébergements nouveaux en cœur de massif, notamment à Aygues Cluses (figure50) et à Oule –Pichaleye,prévoyaitd’accueillirunprojetdeconstructionde52300m2d’hôtelsetderésidences,6500m2decommerces, des bâtiments et des gares de remontées, avec piscine et cinéma. En cette fin des TrenteGlorieuses,lespromoteursprogrammaientunezoned’aménagementconcertéede4300litsaulacdel’OuleetuneautreàAyguesCluses(7000litsauniveaudulacd’Agalops,2200m),afinderelierlesdomainesskiablesdeSaint-LaryetdeLaMongieetd’yfaire«leplusgranddomaineskiabled’Europe».

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Figure50.Aulacd’Agalops,AyguesClusesSituéà2200mentreBarèges-LaMongieetSaint-Lary,àproximitéimmédiateduGR10,cesitenatureld’exceptionavaitétépromuàunprojetderéalisationde7000litsen1975(projetabandonnédanslesannées1980).LedossierduPERyproposait,en2014,d’yréaliserunrefugepourbouclerle«tourdumassif»(UTN,permisdeconstruireannuléauprintemps2015),clichéVincentVlès,052010

Ces projets ont achoppé pour différentes raisons (les avalanches de Val d’Isère suivies du discours duPrésidentGiscardd’EstaingdeVallouisesurlaprotectiondelamontagne,puisladirectivemontagnede1977,enfinlacrisequitouchel’hébergementtouristiquedepuislesannées1980),maispeut-êtresurtoutsuiteàunetrèsfortemobilisationmédiatiquelancéepar laSociétéd’ÉtudesetdeProtectiondelaNatureduSud-Ouestdanslesannées1980(entretienFNE).Depuisceconflit, lesitede laRéserveNaturelleduNéouvielleaétéclasséenréservenationalepardécretministérieln°94-192endatedu4mars1994.Parailleurs,levallond’Estibèreet les lacsd’Aumaretd’Aubert (figure51)ontétéclassésautitredessitespardécrets endatedu20décembre1951etdu16mars1981. LeParcNationaldesPyrénées gère la

16Ce chiffre semble surévaluépar rapport aux comptages publiés: si une grandepartie des visites peut être effectivement réalisée envoitureauxportesd’entrée, lescomptagesduPNPnefontétaten2012quede123000visitesparl’entréedepuisFabianet51516parl’entrée depuis le lac d’Orédon. Ces sites étant accessibles en voiture, le nombre de randonneurs sur les chemins de randonnée estnotoirementplusfaibleàl’intérieurdumassif.D’ailleurslescomptagespédestresduParcnationalréalisésen2011sur3sitesdutourdumassifnefontétat,encœurderéserve,quede18000passagesestivauxauxLaquettes,6600àMadamèteet7200àHourquette(PNP,2012).

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réserve par convention avec le ministère chargé de l’écologie et met en œuvre le dispositifréglementaire prévu par le décret de classement, notamment en matière d’organisation et degestiondel’accueildupublic(Syndicatintercommunal,2015).Cependant,«l’organisationdel’accèsà la RéserveNaturelle duNéouvielle par la routedépartementale 177, ainsi que la réalisationdeséquipements d’accueil et de stationnement dits d’Orédon, porte d’entrée du Néouvielle» sontconfiésauxcommunesd’Aragnouet,d’Aspin-Aure,deSaint-lary-SoulanetdeVielle-Aure,constituéesenSyndicatIntercommunalàVocationUnique«Aure-Néouvielle»(ibidem,p.1).LeSIVUexercesesmissionsenpartenariatavec lesservicesde l’Etat,dont leParcNationaldesPyrénées, laDirectionrégionale de l’environnement, la Direction départementale de l’agriculture et de la forêt, l’Officenational des forêts et le Conseil général des Hautes-Pyrénées, gestionnaire de la routedépartementale177,dite«routedeslacs».

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Figure51.MassifduNéouvielle–Lacsd’Aumaretd’Aubert (vuedeHourquetted’Aubert,2498m).Ondistingue,entreles

deuxlacsetenpleineréserve,leparkingd’Aubert(2148m)ouvertàtouteslescirculationsenmi-saison,clichéVincentVlès

Aujourd’hui, le territoire duNéouvielle est donc un lieu très disputé, perçu comme exceptionnel par lesdéfenseurs de la nature,mais également toujours perçu comme stratégique par l’ensemble des acteurs dutourisme des Hautes-Pyrénées: ce département central de la chaîne génère 50 millions d’euros de chiffred’affairesderemontéesmécaniques,soitlamoitiéduchiffred’affairesdelatotalitédumassifdesPyrénées;sonactivité«neige»,moinssoumisequ’autrefoisauxfluctuationsclimatiquesgrâceàunbonéquipementenneigedeculture,génèrel’hiveràpeuprès350millionsd’eurosdecréationdevaleurs.L’étéproduitbeaucoupplus de nuitées, mais les recettes sont du même ordre de grandeur. Forts de ces résultats, les servicesdéconcentrés de l’État (DDT) s’affichent «productivistes» 17 et cherchent à donner à ce territoire une«efficacité, des formes de rentabilité, et la neige est le produit de base incontournable qui fait le fond del’économie»18.Si lesanciensprojetsdeliaisonetdecréationdestationnouvelledansleNéouvielleontbutécontre les recours associatifs, ces lieux (qui devaient accueillir il y a 40 ans des hébergements lourds«productivistes interstations») sont qualifiés en 2008 par le représentant le ministère du Tourisme et leCommissairedumassifdel’époque«d’espacetransfrontalierdehautevaleuretsensibilitéenvironnementale,susceptible d’être très attractif pour le “développement d’un tourisme doux” (randonnées été/hiver, pêche,ressourcement) 19 ». En 2007, les élus locaux déposent la candidature de l’Association qui gère ledéveloppementdumassifàunelabellisation«GrandSiteMidi-Pyrénées».Cependant,larégionMidi-Pyrénéesne«souhaitantpasmultiplierlesgrandssiteslabellisés»(ilyavaitdéjàquatrecandidaturesincontournablesàproximité:Lourdes,Gavarnie,lePicduMidietCauterets),leprojetaétéclairementrefusé.Pourledirecteurdépartemental des territoires, l’association qui portait le projet «avait des refuges, il fallait qu’on fassequelquechose».En2011,unprojetdecandidatureàlalabellisationdePôled’ExcellenceRurale(PER)intitulé«Néouvielle,Destinationnature»estdéposépar l’Associationmaîtred’ouvragede l’initiativeafindeporter«unprojetdedéveloppementdurabledetourismedans lemassif (…)particulièrementrespectueuxdumilieu

17 Entretien à la DDT des Hautes-Pyrénées avec le Directeur départemental et les chefs de service (MM.Dupin/Bocher/Godoat/Crampe/Rideau/Rouch)le12/02/2014.18idem19lorsd’uneréunionles29et30septembre2008auchalet-refuged’Orédon(Richouetal.,2014:44).

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naturel»(Association,2010:1).Leprogrammequienestissusouhaiteconcilierundéveloppementtouristiqueraisonnéd’altitudeaveclaprotectiondesespaces,dupatrimoinenatureletdupaysage.Construitautourdes«principesdudéveloppementdurableetdel’excellenceenvironnementale»(entretienDDT),ledossierdePERapourambitionderevisiteretdemettrel’accentsurlesressourcesterritorialesenparticulierpatrimoniales:patrimoinebâti,patrimoinenaturel,sportetactivitédenature.

Face aux nouveaux défis des territoires de montagne que sont le changement climatique, lerenouvellementdespopulations,l’identitédesterritoires,oulechangementdescomportementsdesclientèles,souvent urbaines, les élus du massif du Néouvielle, en s’engageant dans ce dispositif de Pôle d’ExcellenceRurale avec unprojet désormais affiché à long termed’obtentionde labelGrand Site de France (entretiensavec la Présidente de l’Association, Conseillère générale et la DDT), ont choisi la ressource paysagèrepatrimonialecommevectricepourundéveloppementrenouvelé.Aussiest-ontentédequestionnerlesformesde leurs actions, les logiques d’acteurs et les modes de gouvernance qui ont présidé à cette stratégied’augmentationdesfréquentationsdusiteetdesmoyensquiysontprévuspourlesréguler.CettedynamiquequisouhaiteconcilierprotectionetdéveloppementdecesitenaturelexceptionnelduNéouviellecristallisedestensions autour de l’accès à ce patrimoine et des nouvelles logiques de développement auxquelles il estconfronté. Pour autant, force est de reconnaître que ces débats s’appuient sur des faits scientifiques malconnusnimaîtrisés,carlessystèmesd’informationsconcernantlaconnaissancedesfluxdesrandonneurs,leurimpactprécis sur lanaturedans les sitesprincipauxde randonnéeet les retombéeseffectivesdecesvisitesdemeureaumieuxembryonnaires, laplupartdutemps inexistants.Danscesconditions,commentévaluer leprojet«d’augmenter les fluxde100000visiteursparan»etsortirdes relationspour lemoinsambivalentesqu’entretiennentlestenantsdutourismeetceuxdelaprotectiondecesitenaturel?

1.Laconstitutionduterritoiredegestiondesfréquentations

Leterritoireconcernéestsituéàchevalsurplusieurscommunes,et,pourl’essentiel,cette«montagnedeBastan»appartientauxcommunesdeVielle-Aure,deSaint-Lary-Soulan(stationdeski),Barèges(stationdeski,domaine skiable du Grand Tourmalet), et à la marge, au nord, Bagnères-de-Bigorre (station de LaMongie,domaineskiableduGrandTourmalet)etausud,Aragnouet(stationdeskidePiau-Engaly).

1.1.Unemontagneconvoitée

En1961,unpremierprojetdeliaisondesstationsdeLaMongie(aunord),deSaint-Lary(àl’est)etdePiau-Engaly(ausud)faitnaîtrel’idéed’extensiondudomaineskiabledecestroisstationsparlacréationd’ungrandcomplexedeskidanslemassif.Leprojetcomportelacréationd’uneroutedepuisLaMongie,quipasseraitparle col du Portet, premier maillon de La Mongie-Barègesoù il est alors question de créer «le plus granddomaineskiabled’Europeensurface»,«plusgrandqueDigneetVal-d’Isère»:lapremièretrancheplanifiait4000 litsà l’Oule52)et7000 litsàAygues-Cluses(figure50),uncentredesecoursétaitprévuau lacdePort-Bielh(figure53),avecunecentraleélectriquepourl’alimenter.

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Figure52.Lacdel’Oule,1800m,clichéVincentVlès,2006

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Figure53.LacdePortBielh,2300m,clichéVincentVlès,2006

Lesdocumentsduprojetportentlesmentionsmanuscrites«itinéraireintéressant»,«bonniveaudeski»,«surfacedevente1000m2».Cependant, l’étuded’impactémetunavisdéfavorableàceprojet:«leconseilgénéraldesHautes-Pyrénées,envisagedès1961,àfairedécouvrircessitesprestigieuxàungrandnombredepersonnesenouvrantunerouted’OrédonàlavalléedeBarèges.Cetterouteneseraouvertequel’étéetseraexploitée avec un péage. Cette route dont le coût est très élevé, le projet ne peut prendre corps sur ce seulfinancementet seule la subventionaccordéeau titreduVePlanpermettra la réalisationdu tronçonOrédon-Aumar, long de 5km, achevé en 1969», des espèces de la faune sont menacées (notamment le crapeauaccoucheurau-dessusdulacd’Aumar…),lesAssociationsdeprotectiondelanaturesemobilisent(SEPANSO)…leprojetestabandonné.

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Figure54.Lacd’Orédon. Unbusfaitlanavette,l’été,entreleslacsd’Orédonetleparkingd’accueildulacd’Aubert,clichéVincentVlès,2010

Unmoded’accueil touristiquepartenarial est initiéen1994. Il repose sur lamiseàdispositiondupublic

d’un système de cars navettes afin d’accéder à la réserve par la route des lacs. Il organise l’accueil et lestationnement àOrédon, porte d’entréeduNéouvielle et àAumar-Aubert, cœurde la Réserve. Le SIVUestmaître d’ouvrage des infrastructures d’accueil: aires de stationnement d’Aubert et d’Orédon, bâtimentd’accueil et sanitaires d’Orédon, toujours propriété de la commune d’Aragnouet. Le Parc a en charge lasignalétiqued’informationsurlefonctionnementdusiteainsiquelaprésignalisationroutièrehorsréserve.

Le Parc National des Pyrénées assure l’accueil estival à Orédon, sept jour sur sept et selon les horairesaffichés,parpriseenchargesalarialededeuxpostesd’hôtessesvacatairesaucoursdelapériodedu1erjuinau30 septembre, l’entretien deux par jour des sanitaires d’Orédon et annuelle des toilettes sèches d’Aubert,l’entretien de l’exposition du Parcnational et du jardin botanique, de la signalétique réglementaire etdirectionnelle,laprésentationetlaventedesproduits,laformationdupersonnelauxenjeuxdelaréserveetcelle dupersonnel du SIVU aux enjeux de l’accueil dans une réserve nationale, les actions de prévention etd’informationdesagentsduParc.

1.2.Recyclagedesexpériencesetprojetspassés Dans les années1985, la Direction départementale de l’Équipement des Hautes-Pyrénées et le Service

d’études et d’aménagement de la montagne de Toulouse (ministère délégué au tourisme) avaient déjà eul’idée de créer un réseau d’auberges d’altitude dans le Néouvielle, sans y parvenir, car «les élus s’étaientbouffé lenezetn’avaientpas réussiàaboutir» (DDT,2014). L’idéeest repriseen2007,uneassociationestcrééeàcettefinàLuz-Saint-Sauveur, lesélusportentceprojetettententdelefairereconnaîtreentantque«grandsiteMidi-Pyrénées»;pourledirecteurdépartementaldesterritoires,l’associationquiporteleprojet«avaitdesrefuges,ilfallaitqu’onfassequelquechose».

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Figure55.RandonneurssurleGR10aucoldeMadamète, 2509m,enlimitederéserve.Lesprojetsdesannées1970

prévoyaientd’yconstruireuneroutepourrelierlesstationsdeski,clichéVincentVlès,2006

«Écrit par Michel Rouffet [ATOUT France — Service d’études et d’aménagement de la montagne de

Toulouse]à75%»etledéléguéMontagnedelaDDTM65,BrunoRouch,ceprojetestrecyclédansundossierpourunlabeldePôled’ExcellenceRurale,néenquelquesortedel’échecàlacandidature«GrandsiteMidi-Pyrénées».Contrepieddulabelrégional«grandsite»nonobtenu,leprojetdePERfaitapparaîtredanssonargumentaire la «confortation d’un pôle» ou «bassin d’attractivité touristique déjà en place», «la (re)valorisation d’un capital image» (notoriété) et «la préservation d’éléments patrimoniaux remarquables».Pourautant,cedernieraspectestinsuffisantpourconstituerledossierdePER.LaDATARneretientpascettepremièrecandidatureen2010lorsdupremierappelàprojets,carleParcnationaldesPyrénéesvoisin,quigèrelaRéservenaturellenationaleduNéouvielle,n’apasétéconsulté(uneincohérencedansunprojetquis’affiche«patrimonial»).

Cetoublitraduitl’inachèvementdelagouvernancelocaleàcetteétapeduportagecollectif.LaDDTjustifie:«cen’estpasàcauseduParc,mais leprojetaété jugécommeinsuffisamment“développementdurable”ausensoùlaquestiondelaréserveetdesenjeuxdéfendusparleParc–pasentantqueParc,maisentantquegestionnaire de la Réserve de Néouvielle – l’étaient insuffisamment et on ne voyait pas comment les deuxs’articulaient.Cequinousaobligésàreprendrenotrecopieetàtravaillersurlareformulationd’unprojetquin’étaitplusuniquement touristique,maisquiallait intégrerd’autresproblématiques» (entretienDDT,2014).L’intégration tardive du Parc lors du second appel à projets apporte ainsi la caution environnementale quifaisaitdéfautaupremierdossier.«Ons’estditpourquoinepasprésenteraussiunprojetquisoitenphaseavecle pastoralisme et l’agriculture? Et donc on a encore élargi le tour de table, on a eu des acteurs du typecommissionsyndicaledeBarègesetons’estdit:essayonsdequestionnercertainsgestionnairesd’estivesetlescommunesquigèrentlescommunesetlescabanes;ettrèsvitecetteidéed’avoiraussiunvoletpastoraldansleprojet est quelque chose qui a séduit, donc on a essayé de développer des produits pastoraux d’accueil, defromagerie,d’estivesqu’onaessayéderentrerdansleprojet»(entretienDDT,2014).

Le rôle des services déconcentrés de l’État apparaît central dans l’initiative, le montage, le portage duprojet.Ladirectiondépartementaledesterritoireslerevendique:«S’iln’yavaitpaseul’État[laPrésidentedel’Association] ne s’en serait jamais sorti, et s’il n’y avait pas eu l’État avec l’outil PER…». «Le pari de notreprojetestdedirequ’onpeutdoublerlenombredenuitéesenrefuge,passerde10000à20000,lesEncantatsc’est 25000, donc on est pratiquement au niveau de la fréquentation des Encantats avec ce projet, on a250000journéesvisitesrecenséesparlescomptages,leprojetpermetd’augmenterlafréquentationdecesited’environ100000personnesdeplus(autantquelafréquentationduPontd’Espagne:300000),maisrépartiessur une dizaine d’entrées. Le pari que fait ce projet est qu’il expose qu’on peut diminuer les impacts defréquentationactuels,avecune [meilleure]priseenchargedesthématiquesenvironnementalesetpastoralesqu’aveclafréquentationactuelle».Pourautant,leprojetdenefaitétatd’aucunaménagementoudemesureconcrèteafinde«diminutiondesimpactsdelafréquentationactuelle»(DossierNéouvielledestinationnature,Association,2010)et l’Étatreconnaît lesdifficultésde lagouvernanceduprojet:«Onadéjàeu lespremierséchos[défavorables]àlaCommissiondessitesaveclasectiondeFranceNatureEnvironnement.Onestsoutenuparcontrepar leMinistèreduDéveloppementdurable.Ontoucheàunsitequiestperçucommedevantêtrepréservédetoutefréquentation»(entretienDDT,2014).

Effectivement,ilestdifficiledenierqueleprojetchercheàdoublerlesnuitéesdansunsitenaturelmajeurdes Pyrénées, tout en sachant que son patrimoine naturel exceptionnel est très sensible aux impacts desfréquentations et que sa capacité de charge est peut-être faible, du moins on n’en sait rien, les études

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faunistiques et floristiques permettant de l’évaluer n’ayant pas été conduites.On sait que lemarquage dessentiersne suffit pas à canaliser les fluxdans cemassif commeailleursdans les valléespyrénéennes, car larandonnéehorssentieryesttrèsfacileetcourammentpratiquée,doncunepartiedesfluxsediffusedéjàdanslesespaces sensibles (pelousesd’altitudeetmilieuxhumides (figure56),notammententre tous les lacs trèsfacilementatteignablespourtoutrandonneursachantlireunecartetopographiqueau1:25000.

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Figure56.LacsdeBastan (2230m),danslemassif,maisenpériphériedelaréserve.Lespiétinements,campingsauvage,dépôtsdedéchetsysonttrèsfréquentsenhautesaison,clichéVincentVlès,2006(lerefugedeBastan–nonvisiblesur laphoto,àgauche—estfermé aupublic depuis janvier 2015. Son état ne permet plus d’y recevoir du public sauf en cas d’extrêmeurgence. Cette interdictionsignaléeparl’ASPTT,propriétairedurefuge,intervientaprèsqu’ilyaiteuunepetitedéflagrationquiseseraitproduitesuiteàunfeudecheminéeallumépardesrandonneurs).

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Figure57.PagetitredudossierdecandidaturePER

Lesdiscoursdes acteursduprojet se veulent, sur laquestionde lapréservationdesécosystèmesetdesespèces, lénifiants, dénaturant parfois la réalité: «Il n’y a pratiquement pas d’isards dans le Néouvielle»affirmeainsiuntechniciend’Hautes-Pyrénées-Tourisme-Environnement(leCDT,servicetouristiqueduConseilGénéral) pour minimiser l’impact qu’aurait l’augmentation de la fréquentation sur la faune et la flore.Renseignements pris par ailleurs auprès des professionnels chargés de compter les espèces protégées, lederniercomptagedesisardsen2012enarecensé837dansleNéouvielle(sources:FNEetOfficenationaldelachasseetdelafaunesauvage).LeParcnational,égalementinterrogésurcepointquin’estpasquefactuel,afait état de «son inquiétude» quant aux «dérangements probables» du Grand Tétras, autre espèceemblématiqueprotégéedesPyrénées,danssesairesdenidificationdanslemassif,c’est-à-diredansseslieuxdesurvie(l’airedeprésencedugrandtétrasestàpeuprèsstabledepuistrenteansdanslesPyrénées;l’espèceestprotégéeparlaDirectiveoiseaux:annexeI[JOdu8mai1991]etannexeII,partie2etannexeIII,partie2[JOdu30juin1994]etlaConventiondeBerne,annexeIII[JOdu18juillet1999];danslesPyrénées,seulslescoqsmailléspeuventêtrechassés,lesfemellessontstrictementprotégées).

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2. L’émergenced’unprogrammedegestiondesflux

Le patrimoine naturel que représente Néouvielle a fait l’objet de tentatives de valorisation par deslabellisationsquin’ontgénéralementpasétécouronnéesdesuccès.L’appelàprojetsde2006etde2009delapolitique des Pôles d’excellence rurale va servir de déclencheur à un programme qui «vise à concilier ledéveloppementd’untourismeraisonnéd’altitudeaveclaprotectiondesespaces».Ceprogrammeretientcinqgrandsdomainesd’actiontousfondéssur l’augmentationdesfréquentations: lacréationd’unproduit«tourde massif», l’amélioration qualitative et environnementale de l’accueil et des «portes d’entrée», lavalorisationdupatrimoine,lacréationdecircuitspourleshandicapés,lamodernisationetlamiseauxnormesdesrefuges.

2.1.Lesdéclencheursd’unefenêtred’opportunitépourledéveloppementdestructures/outilsdegestiondesflux

LapolitiquePER:unelogiquededéveloppementpardistinctionterritoriale

LapolitiquedesPôlesd’excellenceruraleaétémiseenœuvreparl’Étatàpartirde2005.Elles’inscritdansleprolongementdelapolitiquedespôlesdecompétitivitéetviseàdistinguer,parl’octroid’unlabelàlasuited’une procédure d’appel à projets, des territoires ruraux porteurs d’un «projet innovant» etméritant à cetitred’êtresubventionnés.

L’avènementdesPôlesd’ExcellenceRurale(PER)s’inscritdanslalignéedecespolitiquespubliquesquiontprogressivement conduit les territoires ruraux à expérimenter et àmettre enœuvre de nouveaux principesd’action publique (évolution des formes de gouvernance, structuration d’une ingénierie territoriale…) et denouvelles formes de valorisation de leurs ressources (politique en faveur du cadre de vie, de l’emploi, desservices,dutourisme,valorisationdesfilièreslocales,patrimoine…).LapolitiquedesPERintroduitdenouvelleslogiquespour les territoires rurauxetdemontagneen lesencourageantàdonnerplusdecohérenceà leursstratégies locales à travers la focalisation de leurs stratégies sur des thèmes fédérateurs et pilotes.L’introduction de thèmes cibles constitue une injonction à l’expérimentation et à la recherche d’actions dedéveloppementnovatrices.Ainsi,lesPERsontreprésentatifsdelatransformationdespolitiquesenfaveurdudéveloppement territorial et de l’évolution des fonctions des espaces ruraux dans l’économie et la sociétéglobales.(BartheL.,MilianJ.etal.,2009).Enrenouantunliendirectaveclesterritoiresrurauxetdemontagneet en prônant la primauté de «l’excellence», ils traduisent une opportunité pour l’État de «reprendre lamain»surlesprocessusdedéveloppementlocalqu’ilavaitdécentralisés1982.

L’excellenceterritoriale:unerupturedansl’articulationprotection/développement «L’excellenceterritoriale»s’inscritenrupture,surleplanméthodologique,parrapportauzonage,mode

d’interventionprivilégiéen faveurde l’espace ruraldepuis les années1960. Le zonage,défini sur labasedecritèresstatistiques(tauxdechômage,tauxdepopulationagricole,densitédepopulation…)etassociéàdesdispositifs incitatifs (aides et exonérations diverses) a longtemps été la forme quasi exclusive deterritorialisationdel’actionpublique.Deszonesspécialesd’actionrurale(LOA,1960)auxzonesderénovationrurale de 1967, la logique d’intervention demeure économique et est largement reprise par les collectivités

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territorialesdans leursschémasd’intervention.LaLOADTde1995neremetnullementencause leszonages.Ellelesgénéraliseaucontraireencréantdeuxtypesdezonage(LOADT,articles42et52):l’unpourleszonesurbaines(ZRRetZUS),l’autrepourleszonesrurales(TRDP—Territoiresrurauxdedéveloppementprioritairesau sein desquels sont identifiés des ZRR – Zones de revitalisation rurale). Dans le même temps, la LOADTreconnaîtformellementles«pays»,territoiresdeprojetlancésàtitreexpérimentalparl’Étaten1979,reprispar lesrégionsàpartirde1982etdont laconstitutionobéitenprincipeàuneautre logique.Danssonsouciaffiché de porter un soutien aux «territoires en difficulté, notamment [aux] territoires ruraux en déclin»,«selon l’ampleur des problèmes de chômage, d’exclusion et de désertification rurale rencontrés et selon lesbesoins locaux d’infrastructures de transport, de communication, de soins et de formation», la LOADDT de1999conservelesdeuxzonagesprioritairesenfaveurdesespacesruraux,TRDPetZRR(LOADDT,article2).Ensomme,dans la LOADDT coexistent deux typesde logiques: une logique fiscale et financière à l’originedeszonagesd’interventiondetypeZRRetunelogiquedeprojetavecles«pays»(Clarimont,Aldhuy,Labussière,2006). La définition par le zonage de périmètres prioritaires d’intervention a constitué un «net progrès parrapportàdespolitiquespubliquesuniformessurleterritoire»;c’estun«outildedéveloppementfin,ciblé,peucoûteux, facile à mettre en place et aux effets incitatifs immédiats» (Siné, 2001: 22-21). Cette logique derépartitiondes fondsen fonctiondesbesoinsdes territoiresdéfinis surunebase statistiqueestencrise.Audébutdesannées2000,surfonddedébatautourdelaréformedeszonagesnationaux,leslimitesdecetyped’interventionpubliquesontamplementsoulignées:empilementdezonagesdifficilement lisibles, rigiditédecertains périmètres, critères d’éligibilité parfois contestables et effets des dispositifs incitatifs difficilementappréciablesfauted’évaluationsprécises(Siné,2001;Duron,2001).Portéenotammentparlecourantd’idéemajoritaire des années2000 du néolibéralisme et de la «compétitivité des territoires», «l’excellenceterritoriale» est présentée comme la réponse idoine aux limites des zonages nationaux d’interventionéconomique.Lestermesnesauraientcacherlaréalité,etonpeuttoutefoisavoirunelecturedifférentedelapolitique«d’excellence»dans lamesureoùcelle-cin’est jamaisqu’unemiseenconcurrencedes territoires.Ellescelle leglissementduprincipedesolidaritéentreterritoiresversceluidecompétitivitéterritoriale.Plustrivialement, elle traduit peut-être enfin la difficulté, pour les pouvoirs publics, d’intervenir financièrementpresquepartout.

L’objectifdesPER:patrimoineettourisme,bioressources La politique PER, lancée en décembre 2005, est donc l’équivalent pour les territoires ruraux ou de

montagnedelapolitiquedespôlesdecompétitivitéinitiéeen2004(François-PoncetetBelot,2008:120).Elles’inspire des pôles de compétitivité sur le planméthodologique (recours à une procédure d’appel à projetsnationale), sur leplande la gouvernance (incitationaupartenariat entre secteurpublic et secteurprivé) et,enfin, sur le plan conceptuel dans la mesure où, dans les deux cas, l’innovation est centrale. Elle s’inscritcommelespôlesdecompétitivitédansleparadigmedominantdelacompétitivité(LandeletSénil,2008).

Deuxgénérationsd’appelàprojetsontétélancées: lapremièreadonnélieuen2006à379labellisations(contre 300 initialement prévues); la seconde, lancée en 2009, s’est soldée par 263 labellisations. Dans lesdeux cas, il s’est agi de «soutenir les dynamiques d’initiative rurale et encourager l’innovation»20et, plusspécifiquement de «soutenir des projets générateurs d’activité économique et de développement local enfavorisantdenouvellesdynamiquesterritoriales,tantsurleplanorganisationnel,entermesdegouvernanceetde relations entre acteurs, que par les effets de levier améliorant la valorisation du potentiel local

20 Site officiel des Pôles d’excellence rurale: http://poles-excellence-rurale.datar.gouv.fr/les-poles-d-excellence-rurale [consulté le21/05/2014]

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préexistant»21.Eneffet,lesPôlesd’ExcellenceRuralesontdestinésàporterdesprojetsdedéveloppementdesterritoiresrurauxportantsurquatredomainesprincipaux:lapromotiondesrichessesnaturelles,culturellesettouristiques (patrimoine), la valorisation et la gestion des ressources naturelles dans une perspectiveenvironnementale(développementdurable),l’offredeservicesetl’accueildenouvellespopulations,l’aideaudéveloppementdeproductions industriellesetartisanales,deservices locaux,avecenparticulier l’utilisationdetechniquesinnovantes.22Cettepolitiqueadéterminélacréationde346PERen201123,leurtypologieétanttrès diverse: patrimoine et tourisme, bioressources, services et accueil, technologies sont les secteursprincipalementbénéficiaires.

Même si cette politique a connu des succès, elle n’est pas exempte de critiques. Elle prend la suite deprocédures plus anciennes,mais d’esprit similaire (les pays, les projets européens Leader+) et en cela, ellepouvaitresterpeuinnovante.EntémoignelecahierdeschargesmisàdispositionparlaDATARdescandidatsquiinventorielescritèresd’éligibilitédesprojets:«ancrageruralfort»(nécessitépourlesterritoireséligiblesd’êtresituésenZRRethorsd’uneaireurbainedeplusde30000habitants),contributionduprojetàlacréationd’emplois, son incidence environnementale, sa gouvernance multipartenariale et son caractère innovantconstituent les principaux critères d’évaluation du premier appel à projets (2005). L’innovation est déclinéesous des formes variées: partenariale, thématique, organisationnelle et/ou technologique. Rien de biennouveau,donc,sicen’estlevocabulaireutilisé.

Pourtantunfacteurestnouveau,etc’estencelaqu’ilnousintéressetoutparticulièrementici:laquestionde la gouvernance territoriale est au cœur des PER. Ces derniers peuvent présenter plusieurs types deconfigurations.Le«PERàconfigurationsimple»s’avèretrèsopérationnel,marquéparpeud’actionsetpilotéparunestructureporteuse leader.Le«PERàconfigurationcomplexe»tentedestructurerunréseauautourd’uneséried’actionsportéespardespartenairesprivésautourd’unegammeélargiedethématiques.Danscederniercas,lagouvernance,plusdifficileàconduire,produitencontrepartieunrenforcementdesréseauxdepartenariatdanslesterritoires,l’acquisitionderessourcesetdecompétencesnouvellespourcertainsacteurs(notammentdespetitsporteursdeprojetassociatifsouprivés)et laconsolidationderouagesdéjàà l’œuvredansleprocessusdedéveloppementterritorial(Barthe,Millian,Taulelleetal,2009).

L’injonctiond’excellenceterritorialeetd’innovation Lanotion«d’excellence territoriale»,miseenavantpoureffectuer leschoixdes territoiresélusau label

PER,renvoieauxréalisations,auxrésultatsattendusetàlaplus-valueproduitesurleterritoireparlebiaisdudispositifPER.Silaquestionde«l’excellence»demeureunenotioncomplexe,empreintedesubjectivité,elleconstitueun référentielnouveaudans les injonctionsdedéveloppementportéesà l’attentiondes territoiresruraux et de montagne, encore plus touristiques. Elle est porteuse d’un basculement dans la vision despotentielsdedéveloppement.Cettenotion«d’excellence»amèneàporterunregardvolontairementpositifsur des territoires considérés aujourd’hui comme détenteurs de ressources spécifiques (notammentpatrimoniales)etdecapacitésd’organisation(territoiresdeprojets,ingénieriededéveloppement,systèmesde

21Ministère de l’espace rural et de l’aménagement du territoire / Ministère de l’alimentation, de l’agriculture et de la pêche. Pôlesd’excellence rurale2010.Cahierdes chargesde l’appelàprojets. En ligne,URL:http://poles-excellence-rurale.datar.gouv.fr/sites/poles-excellence-rurale.datar.gouv.fr/files/cahier%20des%20charges%20PER2G%202V%2016avril2010.pdf[consultéle21/05/2014]22http://agriculture.gouv.fr/poles-d-excellence-rurale23http://poles-excellence-rurale.datar.gouv.fr/fin-2011-346-realises-et-263-en-cours

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gouvernance)susceptiblesdeporterdesmodesdedéveloppementdynamiques.Lanotiond’excellencepeutêtreévoquéeetdéfinieàtraverslaquestiondel’innovation,questionstructurantedudispositifPER.

Sil’onseréfèreauxtravauxdeN.Alter,l’innovationsedéfinitparl’introductiond’unenouveautédansunechose établie. L’innovation représente lamise enœuvre d’une invention et son intégration dans unmilieusocial(Alter,2000).Ainsil’inventionsetransformeeninnovationlorsquedesacteursparviennentàluidonnerunsens.Elleestpourlesentreprisesetlesterritoiresunfacteurdecompétitivitéetdedéveloppement,pourl’usager final un facteur d’amélioration de sa condition de vie. Nous pouvons ici différencier deux formesd’innovation: l’innovationde ruptureentraînantde grandesmodificationsquant aux conditionsd’utilisationpar l’usager et l’innovation incrémentale n’entraînant que peu de changement dans les pratiques deconsommation.Dansuneétudesur lesystèmerégionald’innovation(SRI)auQuébec(Doloreuxetal.,2005;Siné,2001),lesauteursanalysentl’innovationcommelerésultatd’unproduitsocialetterritorialisé;ilsportentuneattentionparticulièreauxrapportsentre l’entreprise innovanteet lesapportsexternes.Parcetermeonentend, les hommes, le capital humain,mais aussi les intervenants et les influences extérieures: les autrespaysourégions,lesnouveauxrésidents,lestouristes,etc.Lesanalysesdel’innovation,fondéesjusquelàsurlacombinaisondediversesformesdecapitalphysique,accordentdésormaisuneplaceaucapitalsocialdanssesdifférentes facettes. Cela amène à considérer l’innovation comme un processus social et économique. Lacapacitéd’innoverd’unterritoiredépenddoncdesonaptitudeàattirer,collecter,générer,former,maisaussireteniretaccumulerlecapitalhumain(Bessière,2012).DanslecasdudispositifPER,etens’appuyantsurunerechercheévaluativedéjàconduite(Barthe,Millian,Taulelleetal,2009),troistypesd’innovationpeuventêtrerecherchées dans le cadre du PER du Néouvielle: l’innovation technologique qui désigne une innovationtechniqueouune avancée technologiqueprolongée par une application concrète etmise enœuvredans lecadre du PER, l’innovation sociale ou organisationnelle (l’élaboration du PER et sa mise en œuvre doiventpermettre un enrichissement des rapports d’acteurs sur le territoire porteur ou améliorer les réseaux departenariat)qui s’intéresseà lamiseen synergie territorialedesacteurs socio-économiquesetpolitiquesenrenforçant le partenariat et l’échange et enfin l’innovation institutionnelle, le dispositif PER étant censéconstitueràluiseuluneinnovationenmatièredegouvernanceetd’actionpublique.

On retrouve peu l’ensemble des objectifs de la politique des PER (patrimoine naturel et culturel,bioressources,servicesdeproximité,innovationetexcellencedanslagouvernance)dansledossierprogrammePER déposé pour le Néouvielle. Les retombées attendues (10000 nuitées nouvelles, 100000 visiteurssupplémentaires,40emploisdirectscréés,20millions€deretombéesindirectes–p.5dudossier)entrentencontradiction avec le but affiché de la démarche: «respecter les équilibres entre les différents usages:pastoralisme,randonnée,pêche…lesrefugessontsituésendehorsdelaréservenationale».

Leprojetviseà«l’améliorationde l’offretouristiquedumassif (miseenréseau,modernisation,miseauxnormesenvironnementalesdesrefuges,améliorationdesitinéraires[signalétique,accessibilité],l’améliorationdesix«portesd’entrée»[panneauxd’informationmultilingues,insertionpaysagèredeparkings,collectedesdéchets, toilettes sèches], une valorisation patrimoniale [hydroélectricité, faune, flore], une amélioration del’accueil des publics en situation de handicaps, la mise en place d’un système informatique commund’informationetderéservationdesrefuges»[Association,2010:8].Lecoûttotalduprojetestévaluéà3,88millions d’€, répartis entre lesmaîtres d’ouvrages des 14 actions [30%], le PER [25%], des subventions desautrescollectivités[45%].83%desinvestissementssontdestinésàl’améliorationdescinqrefugesexistantsetàlaconstructiond’unsixièmerefuge[AyguesCluses]pourassurerunmaillagecompletdel’itinéraire«tourduNéouvielle»—refugesaccueillantactuellement10400nuitéespourunefréquentationtotalede200000/an[les nuitées en refuge ne représentent donc que 5% de la fréquentation], le reste de l’investissement estaffecté à l’améliorationde lamise en réseau, aux aménagementsd’accueil, parkings, etc. La valorisationdupatrimoine,dontonneconnaîtpas lecontenudesréalisations[carcecontenunefigurepasdans ledossier,

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contrairementà celuide toutes lesautresopérations],bénéficiede75000eurosde travaux, soitseulement1,9%dumontanttotaldesinvestissements.

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Figure58.RépartitiondesfinancementsentrelesopérationsduPER,source:Dossierdecandidature,2010,p.14 Ces programmations montrent que la valorisation du patrimoine n’est ici au mieux qu’une incantation,

marginalemême.Que83%des investissements soient affectés à l’améliorationde l’offredes refuges [dontune seule opération vise à l’extension à 45 places, le reste des investissements étant affecté à leurmodernisation, l’assainissement, la sécurité] interrogeégalement lanaturede l’opérationet lesmoyensquel’association s’est donnés pour atteindre les objectifs affichés. Comment, en effet, obtenir cette«augmentationde fréquentationdeplusde100000visiteurs/an»avec la seuleconstructionde20à40 litssupplémentairesenrefuge,c’est-à-direenviron3000nuitées/ansupplémentaires[calculétablienprolongeantlesrésultatsactuelsenhypothèsehaute]?Sansdoutelacréationdesportesd’entrée,auquels’estrajoutélaréhabilitationd’unsentierderandonnéepourlesfaciliterunaccèsauxpersonnesàmobilitéréduitepourraitcontribuer à atteindre cette augmentation. Par contredansuneapproche territorialedudéveloppementdumassif du Néouvielle, il aurait été judicieux de se poser en amont la question du «pourquoi augmenter lafréquentation?».Àquelsenjeuxetobjectifsdedéveloppementrépondcepostulat?

Dansceprogrammepourl’augmentationdesfluxdevisite,laquestionessentiellepourconcilierprotectionetdéveloppementestdonccelledu systèmedemonitoring de la fréquentation,de la connaissanceetde lagestiondesfluxdanslaréserve.CarlaproblématiquedelagestiondesfluxenNéouvielleestcomplexe:leParcnationalnepeutrégulerlesfluxqu’àl’intérieurdelaréservenaturelledontilalachargedegestion,lespointsd’accès et parkings, «portes d’entrée» de la réserve se situent tous en périphérie, hors réserve et lesaménagements et contentions dépendent de maîtrises d’ouvrages communales ou intercommunales pourlesquellesl’avenirdesstationsdeskiestdéterminantentermeséconomiqueetsocial.

LeprojetdedéveloppementpatrimonialmisenavantdanslarecherchedulabelPERetl’éventuelprojetdegrandsitereposeentièrementsurunobjectifaffichéd’augmentationdes fréquentations [et lacréationd’un«projetpharepourlachaînepyrénéenne,véritabledestinationtouristiqueeuropéenne»,ibidem,p.4],dontlesstationsdeskivoisinesn’hésitentpasàannoncerqu’ellesattendentdesretombéesdefréquentationhivernale[problématiquedeladiversificationéconomiqueduskialpin].

Maisl’évaluationetlecontrôlemêmedecetobjectifserontdifficiles,carpourl’heure,aucunprogrammecompletd’évaluationoudegestiondesfluxn’aétémisenplacepar lesmaîtresd’ouvragedans leMassifduNéouvielle, ladernièremesuredatede lafermeturede l’accèsaux lacsd’Aubertetd’Aumarenhautesaisontouristique,avecmiseenplaced’unenavetteentreleparkingdurefuged’Orédon[enlimitederéserve]etleparkingd’Aubert[encœurderéserve] ilya15ans.Certes, ledossierfaitétatd’uneconventionavecleParcnational envisageant «la mise en place d’un suivi des fréquentations hivernales sur les sentiers et dans lesrefuges» [p.7], mais on ne dispose pas du «point0» [c’est-à-dire de la fréquentation actuelle, avantaménagement]nidesméthodes[écocompteurs?]etlieuxdecomptageenvisagés,saufqu’ilsaurontlieu«auxportesd’entrée, refuges, itinérairesprincipaux» [p.10].Onne retrouvepascettemesureni sabudgétisationdansleprogrammeopérationnel[p.11-14].

En 2014, on compte 46332 visites au parking d’Orédon [porte d’entrée principale gérée par le Parc,enquêtefréquentationPNP2014—p.6],endiminutionconstantedepuis2009[56635en2009,soit–18%en5ans!].

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2.2.Imitationdes«Encantats»:lafréquentationaffichéecommevecteurdedéveloppementéconomique

Dans la lettre d’accompagnement qui le présente, le projet vise à «développer le tourisme raisonnéd’altitude»2etsouhaiteconciliercedéveloppementaveclaprotectiondesespaces.Ilambitionned’augmenterla fréquentationpar l’accueilde«100000 randonneursannuels supplémentaires»,objectifdont le chiffragesembleavoirétéfixéparanalogieaveclesrésultatsglobauxduParcd’AïguesTortes,versantsuddelachaîne,dont la fréquentation est saturée en saison estivale: «comme dans les Encantats»24). L’utilisation dumot«comme»pourraitd’ailleurstrahiràluiseull’absenced’innovation.Onestenprésenced’uneduplicationd’unmodèle, dont on discerne mal d’ailleurs en quoi il est réellement innovant en termes d’initiative dediversification (la randonnée est déjà très présente dans le Néouvielle), de retombées (3 000 nuitées deplus/an en refuge, c’est très faible en termes de plus-value économique) ou de tourisme de nature (lafréquentationdesIncantatsposederéelsproblèmesdedépassementdecapacitédecharge,etcemodèleestloindesprincipesdel’écotourisme25.

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Figure59.ClichépromotionneldesEncantats, clichéwebrandonades.com

Affichant les principes du développement durable et de l’excellence environnementale, le projet PER duNéouvielle souhaite également revisiter et mettre l’accent sur les ressources territoriales en particulierpatrimoniales: patrimoinebâti, patrimoinenaturel, sport et activité denature. Le patrimoine estdoncbienconvoquédanslediscourscommemoteurdedéveloppement.

Pourautant,onconnaîtdéjàmallafréquentationactuelle,sanature,sadispersion,lespratiquesinduites,sesimpactssurlemilieunatureletl’économie:quelquescomptagesestivauxnesauraientsuffireàendresserunétatdeslieuxprécis.Cardanslesétudesquantitativesdefréquentationdelaréservepubliéesdanslesplansdegestion,plusieursbiaisméthodologiquesontétérelevés.Toutd’abordcesenquêtesonttoutesétéréaliséesaucoursdel’été(15juin/15septembre);aucuneinformationn’estdisponiblepourl’hiver,alorsmêmequelaRéserve fait l’objet d’une fréquentation de randonnée ski et raquettes au cours de cette période et que leprojetdePERporteégalementsurcettepériode.Enoutre,lespointsdecomptageontétémodifiésaufildesannées. Ainsi, les sites de Cap de Long, d’Oredon et du Lac de l’Oule ont été utilisés jusqu’en 2007 pourrecenserlafréquentationdesvisiteurs.Àpartirde2008,lesitedeFabiandevientported’entréedelaréserveet redirige lesvisiteurssur lessitesd’OrédonetdeCapdeLong.Deplus, lesenquêtesde fréquentationdesannées2005,2006et2010n’ontpasétéeffectuées.En somme, lesétudesde fréquentationsontbeaucoupmoinsdétailléesàpartirde2008(arrêtdesrelevésbimensuels,pasdecomptageroutier,absencededonnées

24lorsd’uneréunion les29et30septembre2008auchalet-refuged’Orédon (Richouetal.,2014:44).LesEncantats«auxmille lacs»,dans le Parc National d'Aigües Tortes (Val d’Aran, territoire jadis de langue d’Oc des Pyrénées espagnoles, en Catalogne) permetd’effectuerunerandonnéedetourdesixjoursdemarcheau-dessusde2000mètres,sanscroiserniroutenivillage.CettemontagneoffredespaysagesgranitiquestrèssimilairesàceuxduNéouvielle,alternantminéralitéetbosquetsdepinsàcrochet.25DéclarationdeQuébecsurl’écotourisme2002:2etFennel,2009.

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pourlesitedeFabianen2011),cequin’estpasdebonaugurepourlasuite.Lesdonnéesdisponiblessontdoncdifficilementcomparablesdansuneperspectivedelongterme.

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Figure60.ÉvolutiondelafréquentationdesvisiteurssurlesdifférentssitesdelaréservenationaleduNéouvielle,source:ParcnationaldesPyrénées,2013.

Demanièregénérale,ilsemblequelafréquentationdelaréservesoitàlabaissecesdernièresannées,tout

commelafréquentationdelamontagneengénéral;laréservenaturellenationalenefaitdoncpasexceptionàla tendance.Onavuqu’àpartirdesdonnéesquantitativesdisponiblesextrapolées, la fréquentationglobaleauxentréess’établirait,en2012,àenviron200000visiteurs,maisqu’enest-ilprécisémentaucœurdumassif?On sait que la plupart des promeneurs, en hautemontagne, nemarchent pas au-delà d’une heure du lieud’entréemotorisé (certains considèrent que ce seuil distingue les «promeneurs» des «randonneurs»). Enoutre,cettefréquentationdelaréserveestunefréquentationmarquéeparunfortphénomènedesaisonnalitéavec leplusgrosde l’activitétouristiqueréalisédurant lapériodeestivale,du15 juinau15septembre,avecdespicsdefréquentationenregistrésàlami-aoûtdansplusieurssitesdelaréserve.

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Figure61.LastationdeskidePiau-Engaly (communed’Aragnouet),1878metunepartiedesondomaineskiable,clichéVincent

Vlès,2010(vuedepuislePicCampbieil,3157m)

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3.L’élaborationducontenuduprogramme«d’augmentationdesflux»Lesargumentsmisenavantpour justifier larecherched’uneaugmentationdesfluxdevisiteursreposent

entièrementsurlavaleur«authentique»dupatrimoinenaturel,architecturaletpaysagerdumassif.Iladoncparuessentield’analyserlavaleurduconcept,sonsenstantpourlesacteursduprojetquepourlesvisiteurs.

3.1.AuthenticitéetimaginairedesvisiteursdumassifdeNéouvielle

Uneétuded’imageaétéréaliséedans lecadreduprogrammederechercheTRATSO(adosséauprésentprogramme),publiéeen2016 (Salvador, Frochot, 2016), afindemeneruneanalysedes représentationsdespaysagesduNéouvielleparlesvisiteurs.Cetteétuderestituelamanièredontlestouristesabordentlaquestiondupaysageetl’importancequ’ilsaccordentàsesreprésentationsspécifiques.

Larecherched’authenticitéestunecaractéristiquefortedelademandetouristiqueactuelleetcetermeesttoujoursmisenavantcommeargumentdepromotionduNéouvielle. Leschercheursensciencesdegestionontsoulignécettedominantechezlesrandonneurs,notamment,cequileurpermetderetrouverleurracines.Cetteauthenticitépasseaussibienpar l’expériencevécueavec leshabitantsdu lieuqu’avec l’expériencedulieumême?L’étudemontrequecettedimensionestprésenteaussibiendanslespaysagesnaturelspeuoupastransformésparl’hommequ’autraversdupatrimoinearchitecturallocal,d’activitésagropastoralesouencoredelagastronomiedulieu.Ellevisaitàdistinguerl’authenticité26quiestmiseenscène,valoriséeparlesacteursdu tourisme, de l’authenticité telle qu’elle est perçue et vécue par les touristes, afin de déceler le degréd’artificialisationdesreprésentations27duhautlieu.

L’étude d’image du Néouvielle a été effectuée auprès de 80 touristes in situ lors de leurs vacances enNéouvielle(lieud’enquête:Saint-Lary,VielleAureetAzet)pardesmembresassociésàl’équipederecherche,spécialisésdanscedomaine(UniversitédeChambéry,sciencesdegestion).

Valeurdereprésentationdespaysagesnaturels

Lorsquel’ons’intéresseauxchoixeffectuéspar lesrandonneurs, l’élémentquiressortenpremier lieuestcelui des paysages. Le paysage qui domine les perceptions des touristes est apprécié pour sa beauté et sadimensionnaturelles. Il inspire latranquillité(lasérénité loindesfoules)et lapureté.Lanotiondecalmeestimportanteauxyeuxdesvisiteurs.Lespaysagessontchoisisenréférenceauxactivitésdesrandonneurs.

Lescouleursdominantesdespaysagesfontressortir lebleuet levertcommelesteintesessentielles.Cesteintes sont associées à une certaine notion de douceur. Ce paysage s’inscrit en opposition à un universquotidienurbainquel’onchercheàquitter.

26MacCannellaintroduitleconceptd’authenticitéensociologiedutourismedès1976,lesindividusétantsupposéschercheràvivredesexpériencesauthentiquesàtraversleursvoyages.Rosselin(1994)identifiecettequêteàunprocessusderuptured’avecunquotidienquine semble pas satisfaire des individus coupés de leurs racines. La volonté des visiteurs d’adapter la réalité à leur imaginaire a étéclairementidentifiée(EtchneretRitchie,2003;KreziaketFrochot,2011;Urry,1991).Cependant,tousleschercheurss’accordentàdirequeleconceptd’authenticitéestunenotionfluctuanteenfonctiondesacteurs:ilyal’authenticitéperçueparlestouristes,cellequiestmiseenscèneparlesopérateurstouristiquesetcelle,plus«réelle»despopulationsd’accueil(Hamon,2005).27Abric(1994)définitla«représentation»comme«étantunensembleorganiséd’opinions,decroyancesetd’informationsseréférantàunobjetouunesituation.Elleestdéterminéeàlafoisparlesujetlui-même,parlesystèmesocialetidéologiquedanslequelilestinséré,etparlanaturedesliensquelesujetentretientaveclesystèmesocial».

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Figure62.Pinàcrochetà2400md’altitude. Lesphotographiesprisesà80ansdedistancemontrentlalenteurdeladynamiquedecesplushautespinèdesd’Europe,clichéVincent

Vlès,2010

Lepaysagequiestchoisienpremierlieucommerévélateursdesvaleursd’attraitduNéouviellereprésenteunlacd’altitudeavecunrandonneurassislecontemplant.

Leslacsreprésententunfacteurd’attractivitéindéniable, ilssontperçuscommeunbutderandonnéequipermetun reposdequalitéaprès l’effort:«le lac commebutde randonnée, c’estbeau, c’est frais,onyestbien». Le lac est synonyme de fraîcheur, un havre de paix et de calme: «j’aime regarder les lacs, celaapaise»;«Onmonteenvoiture, leslacssontsuperbes,onadorelepaysage,vert,grandiose,superbe.Onnemarchepaslongtemps,parfoisletourdulac,maisçanoussuffit»

LeslacssontenfaitemblématiquesdeNéouvielle,leterritoireestainsiperçuàtraversseslacs,unélémentqui semble caractéristique de cette étude puisque les lacs sont beaucoup moins présents dans les étudesportantsur lesAlpes.Lesverbatimsollicités fontréférenceà ladimension«grandiose»et«superbe»de lamontagnequel’onadmireavecrespect.

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Figure63.Lacd’Aumar.

Onpeutl’atteindresanseffort:unbusfaitlanavette,l’été,depuisleparkingdulacd’Orédon(46332visites),clichéVincentVlès,2010

Parmilesautresphotossollicitées,onnotelaprésenced’uncheminderandonnéeenpleinenature.Cettephoto fait référence à la randonnée, activité principale des interviewés. Les visiteurs l’ont choisi commerévélateurdupaysagequ’ilscontemplentquandilspratiquentlarandonnée.

Enfin,latroisièmephotodepaysagemontreunisard.Cettephotoévoquedesréférencesàlaviesauvagerencontrée(ouquel’onespèrerencontrerlorsderandonnées).Certainsvisiteursvoientdesmarmottes,pourl’isardc’estplusdifficile,maiscetanimalrestetrèsvalorisé,carilestperçucommeétantemblématiquedulieu.Voirdesanimauxrevêtégalementunélémentdesurprisetrèsapprécié:«Onvoitsurtoutdesmarmottes,onregarde,c’estsuper,onestcontentdelesvoir,onlesentendsiffler.Onlesvoitàl’improviste,c’estsuper,c’estlasurprise».Àlalumièredesentretiens,ilsembleévidentquelarencontreaveclafauneestunélémentfortdesvacances,pourautantcettedécouverte restedifficilepourdesrandonneursquin’ontpas forcément lesclésdelecturedelamontagne.Larecherched’uneproximitéaveclafauneesttrèsprononcée,peut-êtreparcequecetterencontreestrareetappréciée.Cequiplaîtavanttoutc’estlanatureàl’étatbrutetlasatisfactiond’avoirréussiàvoirunanimal.

La flore est un autre élément du paysage qui est également apprécié. La gentiane bleue est identifiéecomme étant la fleur emblématique du lieu, les touristes la voient, ils sont capables de la reconnaîtrevisuellement,maissontsouventinaptesàlanommer.Lesfleurssonttrèsappréciées,ellessontforcémentplusfaciles à voir que la faune, mais aussi appréciées pour leur beauté (finesse et couleurs) et parce qu’ellessymbolisent une nature sauvage nonmaîtrisée par l’homme. Les touristes ne savent pas forcément quellesfleurs ilspeuventcueillirounon,mais ils lesphotographientsouvent:«onneconnaîtpas lesfleurs,maiscen’estpasgraveonlesprendenphotosquandmême»,«onaprisbeaucoupdephotosdefleurs,onnesaitpasles reconnaître,mais on pourra ensuite les identifier sur Internet». Les fleurs représentent un élément trèsattractif pour les randonneurs,même si au final leur capacité à reconnaître et identifier ces fleurs est très

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limitée:«Lavégétationest spécifiqueaucoin, c’est intéressantetdépaysant. Les chemins sontbienbalisés,maisnousavonstrèspeud’informationssurlesfleursonaimeraitensavoirplus».

Valeurdereprésentationdesélémentsbâtisdupatrimoine

L’image qui vient en tête de liste est celle d’un village traditionnel. Les répondants sont sensibles à labeautédesvieillespierres:«c’esttrèsbeaulesvieuxvillages,j’aimelepatrimoinelocal».Ilssontégalementsensiblesàl’authenticitédulieu:«c’esttypique,c’estplusauthentique,àtaillehumaine»;«c’estplustypiqueici que dans les Alpes». Le village est à lui seul un motif de balade dont on apprécie l’ambiance, ou uncomplémentàd’autresactivités(«aprèslarandonnée,onsebaladedanslesvillages,onadore,parfoismêmeun marché»). Le fait que ce soit un village et non une ville plus importante, apporte une dimension dedépaysement supplémentaire: «onaime le côté sympa,petit villageoùonpeut fairedu tourisme sansêtrebaignédanslafoule,cen’estpaslaville».

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Figure64.L’artdebâtirenvalléed’AureetduLouron.

Ici,Azet,clichéVincentVlès,2013

Les répondants apprécient également les églises et petites chapelles des vallées, car elles font partieintégrantedupatrimoinelocaletleurarchitectureestemblématiquedulieu.Lesrandonneursdéclarentaimerceschapellesquisontaccueillantes.Pourceuxquilesvisitent,ilyauncôtésystématiquedanscesvisites,c’estunehaltequi s’inscritdansuneconnaissancedupatrimoine local:«systématiquement jevisite leschapellesque je croise, ça faitpartiedupatrimoine local»;«je lesvisite toutes systématiquementc’estmadeuxièmeactivité».Onremarqueunattraitprononcépourl’églised’Agos.

Lepatrimoinebâtic’estégalementlesrefugesenmontagne(àégalitéavecleschapelles)quisontappréciésdes randonneurs: «les refuges sont toujoursdansdebeauxendroits»,«quand je faisdes randonnées, celam’arrivededormirenrefugedoncçafaitpartiedel’activité»,«lerefugereprésentelamontagne».Lerefugeest donc une autre icône emblématique de la montagne, l’affectif est fort avec ce construit, cela peutreprésenterunbutdebaladeetc’estrassurantetagréabledetrouverunrefugeaprèsunelonguepromenade.Le refuge fait partie de la vie locale en montagne, l’occasion de faire des rencontres: «le refuge c’estindispensable en montagne soit pour les randonneurs soi pour les bergers. Et puis c’est le moyen decommuniquerentrelesgens...etçamanqueaujourd’hui».

Lesgensinterrogésneviennentdoncpaspourlesstationsdeski,perçuescommelaides:

§ uneverruedanslepaysage:«quellehorreur,çanevapasaveclecadre»,«c’estlaid,moche,çan’apasdecharme»;

§ unlieuoùlesgenss’entassent:«c’estdescagesàpoules»;§ qui n’a rien à voir avec le patrimoine local: «ce n’est pas l’architecture locale, c’est des

années70»;

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§ etquireprésentelanatureabîméeparl’homme:«c’estsuperficiel,çadétruittoutelanature».

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Figure65.StationdeskideSaint-Lary-Soulan:lePlad’Adet,clichéEmelineHatt,2008

Valeurdereprésentationdupatrimoineagricole

Parmi lesdifférentes imagesde l’activitéagricoleprésentées, l’imagebucolique/idéaliséedupastoralismeestparticulièrementrecherchée,c’estcelledubergeravecsontroupeaudanslamontagne:«çafaitpartiedenotrepatrimoine,ilfautlegarder,c’estimportant»,«lepastoralismec’estnotrecœurdemétier,c’estlecœurde l’agriculture ici, avec toute la viequi endécoule, les fromages,maisaussi lespaysages, la culture», «Çareprésententbienlamontagneactuelletoutengardantlesanciennescoutumes,ilestimportantdemaintenirces coutumes», «on a croisé de nombreux troupeaux dans nos randonnées, c’est beau, ça fait partie dupaysage».

Le berger, acteur emblématique du lieu, est un personnage que l’on perçoit à travers le prisme de lanostalgie, rappelnostalgiquedes«tempsanciensoù l’on savait encoreprendre le tempsetoù l’on s’ancraitdans le réel». La communion avec la nature et les bêtes est ainsi évoquée, le lien avec les fromagesconsomméslorsduséjourapparaîtsouvent.L’autreimagetypiquedel’agriculturedemontagneestcelled’unbergertondantunmouton.Mêmesi lesvisiteursontpeu l’occasiondevoircetteactivité(photo10), ilssontattachésàcetteimagequivientasseoirladimensiontraditionnelleetauthentiquedel’agriculturerencontréelorsduséjour

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Figure66.LaMaisondupastoralisme,àAzet.

Ferméedepuis3anspourraisonsfinancières,sasituationillustreparfaitementlesdifficultésderetoursurinvestissementdutourismedurable,clichéVincentVlès,2013

Cependant, lesphotosquimontrentdesaspectsplusfonctionnelsoumodernesdel’activitéagricolesontrejetées.Cesimagesviennent«casser»lerêvedestouristesquiveulentrestersurladimensionauthentique,traditionnelled’uneagricultureàpetiteéchelleettrèsprochedelanature

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Caractéristiquesdel’authenticitéperçue

Authenticitémiseenscène

Authenticitéréelle

Paysages Beauté, dimension naturelle,tranquillité ressentie, pureté,douceur (descouleurs).Éléments respectés pour leurgrandeur:«grandiose» «superbe»Absenced’élémentsmodernes

Chemins demontagne

Couleurs (bleu des lacs, vert de lanature) FraîcheurdeslacsLacs naturels (visuellement recherchéset butsderandonnée)EmblématiquesdeNéouvielleVie sauvage (isard, marmotte) et flore(gentianebleue)–mais leurdécouverteet leuridentificationrestentrares

Patrimoine bâti Villages de petite taille (à taillehumaine) et qui reprennent lestyle local. La notion de«typicité» estessentielleTaille humaine (cela change delaville)

Authentique ou«authentoc», letouriste estincapable de lesdifférencier etnecherche pasàsavoir

Églises, petites chapelles, refuges demontagne: autant de sites «réels» oùles touristes vont pouvoir vivre cettetypicité tantrecherchée.Affectiftrèspuissantaveccesicônes.Toute image de modernité (station deski) estradicalementrejetée.

Patrimoine agricole Nostalgie, tradition (tonte),imagebucolique et idéalisée dumonderural

À l’occasion, lestouristesrencontrent unberger enmontagne

Lepastoralisme LebergerLes touristes rejettent catégoriquementtoute image de l’agriculture moderne,images caractéristiques de leur régiond’origine (ex.: bottes de foin sousplastique,tracteur)

Figure67.Authenticitésperçues,misesenscèneouréellesduterritoiredeNéouvielleSources:Salvador&Frochot,2016.

Dans l’ensemble des discours collectés, on ne peut s’empêcher de noter l’importance du mot«authenticité» aux yeux des touristes. Ils ont une image préconçue très fortement ancrée dans leurimaginaireetveulentvivrecetteimagesurplace.Lechoixdevenirséjourner dans les Pyrénées est d’ailleursclairement énoncé, les Pyrénées se positionnent a i n s i comme un territoire en opposition aux Alpes oùl’on considère que les urbanisations à outrance ne permettent pas de donner une image de «vraiemontagne». LechoixdeNéouvielleestdonc réfléchi,caronpenseytrouverunpatrimoineentretenuetunemontagnepréservée.

À l’issuede cetteétudeproposéeparSalvadoret Frochotdans le cadrede cette rechercheautourde lavaleurpatrimonialeduNéouvielleentantquesitenaturelexceptionnel,«lesrésultatsmontrentclairementlacocréationde l’authenticitéentretouristesquivontvenir projeter leur image idéalisée de l’authenticité deNéouvielle et la réalité que ce territoire propose, authenticité construite localement et/ou spontanémentprésente. L’image proposée par les documents des projets et de promotion est composée, elle nemet enavant que des éléments qui peuvent convenir à l’imaginaire préconçu et rejette catégoriquement toutélément qui pourrait venir perturber cette image idéalisée. Ainsi la tradition et l’authenticité ne peuventexister qu’en opposition à l’univers urbain et plus globalement à la modernité (même si pourtant leshabitants de Néouvielle sont eux bien ancrés dans les problématiques du XXIe siècle). Le territoire de

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Néouvielle, par ses dimensions naturelles et ses paysages préservés, apparaît avec une valeur refuge, unedestinationoù l’on vientéchapperauquotidiendumondeurbain,on y retrouveunedouceurde vivre,unecertaine vérité de la vie avec un territoire qui a su garder des valeurs de base solides (celles liées aumondeagricolenotamment).

L’étudepermetd’identifierquelquesélémentsspécifiquesauNéouvielle:

§ L’influence des représentations collectives: lorsqu’un lieu est conforme à une représentationsociale,ilinfluencepositivementl’authenticitéperçue,

§ Le poids des traditions idéalisées renvoyant à un autre mode de vie ancien, pastoral etclairementidéalisé,

§ Lessensde l’individumisenéveilpar lescouleursdespaysages, lesodeurs, lessons; lepouvoird’évocationdelanatureestindéniable,

§ Mais en parallèle l’incapacité d ’ aller au-delà de la «vitrine»: les contacts réels etcompréhensions de la nature sont absents (faute de guidage approprié); et les contacts avecla culture locale se limitent souvent à des échanges «commerciaux» (au marché traditionnel,enboutique)ouens’imprégnantdupatrimoinebâtiemblématique.

Si la satisfaction des touristes semble élevée à l’issue de l’enquête, l’ancrage dans le territoire sembleperfectible:lestouristesmettentenavantlesaspectsduterritoirequileurconviennent,maislesconnexionsetles rencontresavecl’habitantetlanatureapparaissentclairementlimitées.

C’est sur la base de cet imaginaire que l’Association pour la Valorisation du Néouvielle va se saisir del’opportunitédelapolitiquedesPERpourmontersondossierdevalorisationpatrimoniale.

3.2.Lesfreinsauprojetdevalorisationpatrimonialeparl’augmentationdesflux

Lesréticencesàl’extensiondel’économieduskialpindanslessitesnaturels

DanslesPyrénées,ladécentralisationdesprocéduresd’autorisationdesprojetspouvaitlaisserpenserquel’extensiondesactivitésproposéesauxvisiteursparlesstationsdeskiétaitdavantageenpriseaveclessociétéslocales, les conflits mieux anticipés, relevant du passé. Il n’en est rien: la contiguïté entre des espacesfortement artificialisés dédiés à la pratique des sports de glisse et des espaces à haute valeurenvironnementale et paysagère continue de provoquer de nombreux conflits, assez peu médiatisés, maisdisposantd’uneréellecapacitédeblocage.Carlesassociationsquimobilisentaujourd’huiontchangéd’outils,demodesopératoiresetleurcontre-pouvoirestdevenuuneréalitéindéniable.Offrantune«résistancesolide,organisée et dotée de compétences juridiques», elles contrecarrent les projets de développement qu’ellesjugentpréjudiciablesparlavoiedelalégalité,abandonnantlesmobilisationsdemasse(Clarimont,Vlès,2016).LacontestationsocialedesprojetsquiontgermédanslemassifduNéouvielleesttoutàfaitreprésentativedecemouvement.

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Eneffet,lasituationfinancièrededeuxdestroisstationsquiencadrentlemassif(Saint-LaryetPiau-Engaly)y est très délicate: les domaines skiables sont de taille réduite, les hébergements largement obsolètes, laclientèlelocale,l’enneigementnaturelaléatoire(Vlès,2014).

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Figure68.UndesaccèsaudomaineskiabledeSaint-Lary(Plad’Adet). Enarrièreplan,àdroite,laréservedeNéouvielle,clichéEmelineHatt,2008

Pour tenter de rentabiliser les investissements réalisés sur une durée la plus longue possible, lesgestionnairesdesstationscherchentàgarantirunmaximumdejoursdeneigetoutaulongdelasaison.Ilsyparviennentgrâceauxenneigeursartificiels.Maiscesinvestissementssonttrèslourdspourdescommunesaupotentielfiscalfaible:ilsdoiventàleurtourêtrerentabilisésparl’accueild’hypothétiquesnouvellesclientèles.Cettestratégiepasseaussiparl’extensionenaltitudedesdomainesskiables,doncparlatentatived’annexiond’unepartiedudomained’altitudedumassifdeNéouvielle,dumoinsceluiquin’estpasprotégéparlaRéservenationale. Dans un contexte accru de concurrence, cet ensemble de facteurs est parfaitement illustré parlesproposdumairedeSaint-Lary-Soulan,Jean-HenriMir,en2000:«IlfautdansunprocheavenirrenforcerlagarantieneigeendéveloppantlasurfacebénéficiantdelanivocultureetcréerdenouveauxdomainesskiablesversArrouyes(…)etAulon(…).Ensuite,ilconvientdedoublerl’emblématiquetéléphériquedupicLumièreparuneautretélécabine,quipourraitprendresondépartderrièrelesthermesqui,euxaussi,severrontadjoindreunbâtimentcomplémentaire.Enfin,ilconvientderéhabiliterleparcimmobilierdeloisirsetdelerestructurer—c’est-à-dire, parfois, de deuxpetits appartements en faire ungrand—afin de répondreà la demandequi atotalement évolué» (Sud-Ouest, 3/02/2000). Les acteurs montagnards sont donc pris dans des logiquesimmobilièresde«fuiteenavant»(George-Marcelpoil,2002;Bourdeau,2009;Fablet,2015).

Touscestravauxdéclenchentsouventlaprocédurededemanded’autorisationpréalabledesUTN.Cefutlecas pour les refuges programmés dans le cadre de la procédure PER. Les débats entre détracteurs etdéfenseurs des projets y sont alors vifs. D’autant que l’environnement n’est plus la seule cause de lamobilisation: l’apparitiondedéficitsetd’endettements importants inquiètedésormais lasociétécivile (Courdescomptes,2015).L’autofinancementnetdesstationsyesttrès insuffisant,voirenégatif.Leretourauseuléquilibred’exploitationneparaîtpluspossibledansuncassurdeux.Cesfacteursalimententundébattoujoursplus argumenté au moment de la procédure UTN où des conflits opposent élus locaux et associations dedéfensedel’environnement.

Desconflitsfaiblementmédiatisés,maisbienréels

Les projets de mise en valeur patrimoniale du Néouvielle ont été faiblement médiatisés, et les conflitsauxquels ils ont donné lieu encoremoins. Développés à l’échelle locale (microconflits), ce sont des conflitsportés par des habitants structurés en associations de défense souvent affiliées à France NatureEnvironnement (FNE) selon une organisation pyramidale, mais encore peu hiérarchisée. En effet, ici le lienentrelesopposantsàcertainesformesdedéveloppementtouristiqueetlapresserégionaleapparaîtplusténuqu’ailleurs: «Toute La Dépêche avait sa carte de circulation à Saint-Lary, tous les gens de l’administrationavaientunecarte,ilss’enservaientoupas,maisilétaitdifficileàunjournalistedevenirgratuitementleweek-endàSaint-Laryetdefaireunarticlelelundiendisant«MonsieurMir,vousalleztroploin»(EntretienF.A.,présidentdel’associationpourladéfenseetlaprotectiondesvalléespyrénéennesdeSauxetdelaGéla,Vielle-

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Aure, 4/07/2014). Face à une «presse locale verrouillée», ce sont les médias nationaux, presse écrite ettélévision, qui, dans les années1980, ont commencé à s’inquiéter de l’impact de l’activité touristique surl’environnement et ont offert à certains militants protestataires une tribune médiatique: «moi j’ai eu lachancedeconnaîtredes journalistes,quisontdevenusdescopains,quinesortaientplusd’iciaprès,etaprès,quandilyavaitdesproblèmes,latélévenait;etaprèslapresseestobligéed’arriverparceque…touteladonnedelacom.,autantc’étaitvissédepartout,Sud-Ouest,laDépêche,etc.,autantaprès,quandlatéléestdevenueindépendante, ils ont été obligés de suivre» (Entretien F. A.). Aujourd’hui, la presse régionale peut plusfacilementseconstituerenrelaisdelaprotestation.

Ces débats se revendiquent avant tout comme «locaux», au sens plein du terme: ils sont l’émanationd’unepopulationrevendiquantson identitémontagnarde.Ce localismen’estpasnouveau, ilapparaîtdès lespremierscombatsdesannées1970:«(…)j’avaismontéuneassociation,maisquedegensdeSaint-Lary,parcequ’on ne combattait que ce que faisait Saint-Lary; on était très, très localisés» (Entretien F. A.). Cesassociations sont très cloisonnéeset leurs liens sont ténus. Souventellesont fait le choixd’uneaffiliationàFNE65, association de veille généraliste, tout en conservant une large autonomie financière etorganisationnelle. Au début de l’année2013, FNE65 regroupait 23 «associations locales» ou«territorialisées»,maissanotoriétédemeurefaibleauprèsdugrandpublic:«cen’estpasnécessairementdesrefusde lapartdesgens,c’estqu’yconnaissentpas,ysaventpas!FNEabeauavoir40ansou41anssur ledépartement,êtreconnudeséluspourêtredesenquiquineurs,desgensquiviennentcasserdesprojets,maisdans le grand public, on n’est pas connu» (Entretien R.B., présidentFNE65, 1/12/2014). L’affiliation permetpourtantauxassociationslocalesdebénéficierdesconseilsetdusavoir-fairedelafédérationdépartementaleenmatièredelutteenvironnementale.Cechoixestsouventpluspragmatiquequ’idéologique.Lesaffiliésn’ontsouventqu’uneconnaissance limitéede la causeenvironnementale. Ils éprouventdes sympathiespolitiquesparfoisassezéloignéesdel’écologiepolitiqueetleurengagementpeutêtremotivépardesraisonsautresquela stricte défense de l’environnement: «notre association attire de plus en plus des adhérents qui ont desintérêts économiques» (EntretienM.G., responsable montagne FNE 65, Bours, 11/03/2014). Le soutien deFNE65estprécieuxetpermetauxassociations localesde se formerplus rapidementau fonctionnementdel’administrationfrançaiseetaudroitdel’environnement.L’associationdépartementaleréaliseunemissiondeveille constante et, par sa participation à denombreuses instances dont la commissiondépartementale dessites,perspectivesetpaysages,parsonintégrationàdesréseauxnationaux,elleestaussienmesurederemplirunefonctiond’alerte.Elledisposeenfind’unepratiqueéprouvéeducontentieuxjudiciaireparvenantsouventàobtenirl’annulationd’UTN.Ainsi, l’associationcontreleprojetdutourduNéouviellea-t-ellepuattaquerleprojetdeconstructiondurefuged’Aygues-Clusesaccordédanslecadredel’UTNetavoirgaindecause.CettecapacitéderésistanceaentraînésouventlaparalysiedesprojetsdansleMassif(Piau-Engaly-LaGéla,Aygues-Cluses,Saint-Lary-Soulan):«Ilyadesassociationsdeprotectionsdelanaturequiattaquentchaquefois,maisc’estnormal: laprocédureestnormale;cesontdescontre-pouvoirsutiles. Ilfautquecesoitconstructif;parcontre...surcertainsterritoires,rienn’avance...»(entretienS.M.,Hautes-PyrénéesTourismeEnvironnement–CG65).C’estlecaspourleNéouvielle.

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Figure69.Panneaud’interdictiondepratiquesetusagesdanslaréservenationale. Danslesfaits,enhautesaisonestivale,lestroispremièresinterdictionssonttrèslargement«oubliées»(observationdeterrain).Onaainsicomptéenunejournéeensemainefinaoût2008plusde20tentesautourdeslacsdeBastanetplusde20chiens/jour,entotaleliberté,clichéVincentVlès,2010

La genèse, les registres de légitimation et les formes d’expression de la contestation sociale des projetsd’équipementtouristiqueautourduNéouviellenesontpasunesimpleréactiondetypeNIMBY(Trom,1999).Les ressorts de lamobilisation locale pour la défense de ce paysage pyrénéen exceptionnel montrent qu’il

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s’agit encore de conflits autour de la valeur de la nature (Lahaye, 2007). Pour autant, la dynamiqueconflictuelle—entendue iciausens largecomme«leprocessusquivadudéclenchementde l’action jusqu’àl’éventuelle résolution» (Mormont, 2006) – et son articulation au projet territorial ont évolué: auxmouvementsdemasseontsuccédélesoutilsdesréseauxnumériquesetdusavoir-fairejuridique.Lacapacitédes opposants à sortir d’une logique purement réactive pour impulser, par une force de proposition une«transitiontouristique»n’estpourautanttoujourspasenclenchéeparlesmobilisations.

Davantageexpressiond’unerésistanceauchangement(logiqueréactive),onpeineencoreàdécelerdanscesmouvementsunterreaufavorableàl’innovationterritoriale.

3.3.Uneincantationàlafréquentationmalgrél’absenced’actionconcrètedevalorisationéconomique.

Innovationetpatrimoine:unerhétoriqueactuellementdépourvued’effetsentermesderetombéesdansleNéouvielle.

L’économie de services (commerce, domaine tertiaire) et l’agriculture sont les deux secteurs constituantl’économieduterritoire.L’agricultureetlepastoralismesontinscritsaucœurduterritoire,ilsl’ontfaitvivreetl’ontmodelé.L’industrieya jouéunrôle important. Ladécouverteet l’exploitationdeminerais,ainsique laconstructiondecentraleshydroélectriquesetautresbarragesontpermisauxvillagesdesurvivreetàcertainsdesedévelopper.Onretrouvedestracesd’anciensmineraisdemanganèsedanslacommunedeVielle-Aure.Laprésencedecentraleshydroélectriquesetdebarragestémoignedecepassé.Toutefoislesecteurtertiaireapris le relais, occupant la première place dans l’économie du territoire et générant plus de retombéeséconomiques et sociales. Le tourisme est le principal poumon économique dans le sud du territoire,notammentgrâceauxstationsdeski.

L’étudedel’offred’hébergementsetderestaurationdanslescommunautésdecommunesquientourentleMassifpermetderendrecomptedupotentieldelitstouristiquesetdepointsderestaurationdontdisposeleterritoire, dans un objectif de valorisation qui est d’attirer des visiteurs et de leur proposer des packagescomprenant des activités de loisirs ou de découverte du patrimoine, un point de restauration et unhébergementafindeconstitueruneoffreséjour,deplusd’unejournée.Ondénombreautotal694résidencessecondaires sur 1372 logements soit un taux de résidences secondaires de 50,5%. La CCdeVéziaux d’Aurecompteun totalde4269 lits touristiques (sources: INSEEetO.T.,2014). Les résidences secondaires sontaunombrede1926,surunensemblede2612logements.Soit73,7%derésidencessecondaires.LaCommunautédecommunesdelahautevalléed’Aurecomptabilise11563litstouristiquesdisponibles.

Une forte disparité marque la restauration dans le territoire. La commune de Saint-Lary-Soulancomptabiliseuntotalde63restaurantsalorsquelacommunedeVielle-Aureencompteseulement6.LaforteprésencederestaurationàSaint-Lary-Soulanestliéeàl’activitédestationdeski.

Pourinnover,lesacteursduNéouvielleauraientpuposerlavalorisationdesressourceslocalesentantqueprocessusdedéveloppementdurable.Ils’agissaitd’abordderepérersilesconditionspermettantdevaloriserun panier de biens et de services territorialisésétaient réunies: quels sont les produits et les servicespotentiellementetréellementconstitutifsdu«paniertypiqueNéouvielle» 28?Quel(s)ensontle(s)produit(s)

28Lesannées90ontétémarquéesparlacrisedessystèmesagricolesintensifsmaisaussiparlarecompositiondesespacesrurauxautourdel’intérêtrenouvelépourlaqualitédanslaproductionagro-alimentaireetlesservicesrendusparl’agriculture.Dansleszonesruralesen

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leader? Quelles sont les dynamiques territoriales de valorisation de ces produitsdéjà existantes? Dans unprojetderéflexionsur lavalorisationconcertéedesressources localesautourdumassifduNéouvielle,quelsacteursdoiventêtre associés?Quel est lepérimètre territorial pertinent (autourdumassif duNéouvielle)?Créer des services et biens propres, spécifiques au lieu, notamment dans les domaines agroalimentaire etpastoral,auraitpupermettredecréerunproduitphare,aumoinsunélémentderéférencetypiquenécessaireàl’élaborationetaulancementd’unpanierdebiensetservicesàvaloriser.Pourl’heure,lesproduitslabellisésqui sont commercialisés dans le Néouvielle sont communs à l’ensemble des régions montagneuses, et passeulement pyrénéennes. L’absence d’un réseau de vente en circuit court local complique encore lacommunicationsurcesproduits.Surleplangastronomiqueoualimentaire, lesplatset lesdiversestraditionsontétéoubliés.Même l’image touristiqueduNéouviellen’estpasoupeuvaloriséeet toutes les référencesactuelles du territoire sont celles de ses zones périphériques: il y a un riche patrimoine architectural (artroman) dans les vallées voisines, mais il n’est pas valorisé par le programme PER. On découvre dans lesrestaurantsetlescommercesduNéouviellelesréférencesàlagarburebéarnaise,auharicottarbais,auxvinsdu Jurançon, auxproduitsbasques, auporcnoirgascon. La restauration yest essentiellement composéedeplats «montagnards» certes, mais d’une autre montagne, notamment des Alpes (tartiflette, raclette,reblochon). LeNéouvielle, à l’heureactuelle, neprésenteaucuneactionquipourrait devenirunélémentdu«panierdebiensetservices»(Pecqueur,2001).

4.Lesenjeuxdegouvernancepourconduireunegestiondesfluxetpourladéfinitiondelastratégiedegestion

L’Associationpour lavalorisationdumassifduNéouvielle,crééeen2007, secomposedes14communesdont le territoire est concerné, des propriétaires fonciers (essentiellement publics), des propriétaires desrefuges existants (communes d’Aragnouet [station de ski], de Saint-Lary-Soulan [station de ski], de Barèges[station de ski], de Betpouey, de Vielle-Aure, d’Aulon; le Club Alpin Français, l’A.S.P.T.T. de Toulouse), desgestionnairesde ces refuges, duComitédépartemental du TourismedesHautes-Pyrénées, de laCompagniedes Guides des Pyrénées, de l’Association départementale des Accompagnateurs demontagne des Hautes-Pyrénées, de gestionnaires d’estives, des Fédérations départementales de chasse et de pêche et du PNP.L’association«s’appuieentantquedebesoin,surleSyndicatàVocationunique(SIVU)Aure-Néouvielleforméentre les communes d’Aragnouet [station de Piau-Engaly], Aspin-Aure, Saint-Lary-Soulan [station de skiéponyme]etVielle-Aure».Laprésencedesstationsdeskiyestdoncessentielle.

Parailleurs, le rôledesservicesdéconcentrésde l’Étatapparaîtcentraldans lemontageet leportageduprojetduNéouvielle.Cesacteursreconnaissentlesdifficultésdelagouvernanceduprojet:«Onadéjàeulespremierséchos [défavorables]àlaCommissiondessitesavec lasectiondeFranceNatureEnvironnement.Onestsoutenuparcontrepar leMinistèreduDéveloppementdurable.Ontoucheàunsitequiestperçucommedevantêtrepréservédetoutefréquentation».Effectivement, leprojetchercheàdoubler lesnuitéesdansunsite naturelmajeur des Pyrénées dont le patrimoine naturel exceptionnel est très sensible aux impacts desfréquentations et dont la capacité de charge est limitée. Le Parc national, pour sa part, fait état de «soninquiétude» quant aux «dérangements probables» du Grand Tétras, espèce emblématique protégée du

dépriseouplus généralement endifficulté économique, la valorisationpar le tourismede ces ressourcesnouvelles basées sur les liensentrequalitédesproduits/servicesetterritoiresaétélemoteurdestratégiesalternativesdedéveloppementauseindecesterritoires.Leszonesdont le lienqualitédesproduits/servicesetterritoiresestavéréontmieuxrésistéà lacrise.De l’analysedecesstratégies,menéedepuisprèsde15anssurdifférents territoires (Aubrac,Baronnies)parAmédéeMollard (INRA,Grenoble),BernardPecqueur (UniversitéJosephFourier,Grenoble)etDominiqueVollet(IRSTEA,Clermont-Ferrand),estnéleconceptdepanierdebiensetdeservicesterritorialisés(Pecqueur2001;Mollard,Pecqueur,2007)

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patrimoinefaunistiquedesPyrénées,danssesairesdenidification,c’est-à-diredansseslieuxdesurvie.Dansleprojet, lemaître d’ouvrage s’engage certes à prendre en compte «dans le cadre du Tour dumassif et desitinérairesproposésdes zonesde reproductionetdequiétudedesgalliformes».Cependant lemarquagedessentiers ne suffira pas à canaliser les flux, le hors sentier y étant très facile pour y découvrir ses paysagescachés.

LaprocédurePERadoncétérécupéréeenpartiepourfinancerdesprogrammesprêtsdanslescartonssansdoutedepuislongtemps,aumoinsdansleursprincipes.C’estlecaspourlerefuged’Aygues-Clusesquiasansdouteservidecatalyseurdanscetteopération.LeprojetinitialdesPER(«soutenirlesdynamiquesd’initiativerurale et encourager l’innovation» et, plus spécifiquement «soutenir des projets générateurs d’activitééconomique et de développement local en favorisant de nouvelles dynamiques territoriales, tant sur le planorganisationnel,entermesdegouvernanceetderelationsentreacteurs,queparleseffetsdelevieraméliorantlavalorisationdupotentiellocalpréexistant»)esttraduiteparlamiseenréseaude4refugepourbouclerces«toursdemassif»quesouhaitaitleministèreduTourismedanslesannées1990.

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Figure70.LepicdeNéouvielle (3099m),depuislamontagnedeCapdeLong(40621visitessurleparkingdulac),clichéVincentVlès,2008

Cette remise sur le métier d’expériences passées et de références exogènes a plusieurs

conséquenceslocales: celle de ne pas tenir compte des avis divergents de toutes les populations (certainsmairess’ensontétonnélorsdel’enquêtedeterrain),d’étoufferlesélitesnouvelles(lerôleinnovantdumaired’Aulon,parexemple,quiasucréeren20anssursacommune–quijouxtelaréserve–uneréserverégionaleporteused’unevraiedynamiqueéconomiqueavecinstallationdepopulationsproductivesnouvelles),celledenepas tenir comptede l’importancedes réalisationsduPaysd’Artetd’Histoiredont lepérimètrecouvre leNéouvielle,mais dont, curieusement, on ne retrouve aucunemention dans le projet, alors que son rôle devalorisation patrimoniale y est, par définition,majeur, celle demontrer une fois encore que lamobilisationpolitique locale s’appuie sur des critères différents de ceux qui président à la définition des politiquesnationales. Cette solidarité locale entre services administratifs et collectivités, au départ peu coordonnés, apermisà chaqueacteurd’affirmer saprésenceet son rôleau seinde sa sphèred’actiondans leportageduprojet. Pour la sociologiedesorganisations, c’estundes schémas classiquesdu fonctionnementdu systèmepolitico-administratif local qui explique assez largement l’échec du changement et des processus innovants.(Crozier,1964)

Onpourraitendéduirequeladiversificationdusystèmedeproductiontouristique,quiaétéautoréguléelocalement, ne pourrait être atteinte que par une intégration politico-administrative hétérorégulée pluspoussée (État/Parc/collectivités/entreprises/associations/population): les acteurs locaux se coordonnentmoinssur labased’unprojet fédérateurqu’en fonctiond’interconnexions fonctionnellesoud’aurapolitiquelocale.Laprogrammationestorganiséeselonunschémasommetoutetrèssectorielsurdesobjectifschiffréssans réelle signification s’ils ne sont accompagnés par des mesures d’encadrement et de valorisation(«augmenter lafréquentationdelarandonnéede100000visiteurs/an»)etsur leplaninstitutionnel, letoutestportéparlacomplicitédel’administrationetdeséluslocauxautourdelarhétoriquedel’intérêtgénéral.Ici,laprocéduredePôled’ExcellenceRuralen’apparaîtpasensoipouvoirêtreprésentéecommeuneexpériencede diversification; elle n’a été convoquée que dans lamesure où les acteurs locaux ont pu en «plier» lesattendus afin d’y faire entrer leur rationalité propre, assez éloignéedu changement innovant. Les pratiques«augmentées»del’activitétouristiqueproposéeparlesaménagementsduPER(refuges,portesd’entréequiouvrentauxtouristes la traverséepeucontrôléedegrandsespacesnaturels fragiles) témoignent,mêmeà la

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marge, de cet écartement à l’ordre imposé par l’aménagement tel qu’il a été programmé. Le pouvoir«d’engendrement»,«d’innovation»,dediversificationpermisparlerecoursauPERn’apaseulieu;c’estunalibi. Il restera un mirage auquel s’accrochent quelques acteurs centraux pour fonder leur intervention etjustifierleurmaintiendansunsystèmededécisionlocaleaufinalpeurévolutionnaire.Ilestdommagequeleprojet de traildes Pyrénées qui dans sa conception et sa réalisation, où le patrimoine joue un rôlemajeur,constitue un exemple de ce qu’une gouvernance partagée peut produire n’ait pas pu servir de socle pourconstruireleprojetdePERNéouvielle.Ilestsouventprisenexempletantparlesdécideurs,quelesacteursouquelapopulationlocalesansqu’ilservedecadrederéférence.

4.1.Unegouvernancecloisonnée

Éloigné de «PER-étendards» qui portent à un niveau plus prospectif le projet du territoire, le PERNéouvielleest construit surunmodèledecomplicité: il reposesurdes relationsdepouvoirparallèlesentreélusetservicesde l’État.Leschémaestclassiqueetaétédécritdès1966par Jean-PierreWorms.Portéparl’État etquelquesélus influentsdu territoire, il estmarquépar le caractèredescendantde ladémarche (del’Étatverslaconseillèregénéraleetl’Associationqu’ellepréside).Cettecomplicitépermetàunprojetancienayant achoppé à une politique de guichet (l’extension des stations) de renaître en politique de projet«d’excellence».Onest ici typiquementdans le schémaclassiquedes«collusions locales»,des relationsdecomplicitédu«Préfetetsesnotables»oùlesacteurss’entendentpours’adapteraupassagedelapolitiquedezonage à la politique de compétitivité. Utiliser l’administration comme agent de changement estproblématique, avait déjà démontré Pierre Grémion en 1973: le manque d’appropriation du projet par lapopulation locale et même par une large partie de ses élus, le faible niveau de connaissance du dispositifauprèsdespopulationsetdesacteurslocauxattestentdelarécupérationdel’argumentpatrimonialauprofitde la procédure «top-down» PER, déconnectée de la mise en projet locale. L’absence de construction deprojetdansuneapproche«bottom-up», demiseenplacedenouvelles formesde gouvernance territorialefondées sur la qualité et discutées (dispositifs des Chartes, Agenda21, gestion intégrée) et les modesd’implication des populations dans l’opération apparaissent flous lors des entretiens. Les acteurs impliquéssemblentavoirvudansceprojetuneoccasiondereprendrelamain:dansledéveloppementterritorialpourl’État, rester présent pour le Conseil général, et de bénéficier de crédits pourmoderniser les équipementsobsolètespour lesmaîtresd’ouvragesdesopérations(leClubalpinfrançais, lacommunedeSaint-Lary,etc.).Les stations de ski alpin en quête d’une image plus «nature», respectable et en recherche de possibilitésd’étendre leuroffrede ski à sesmarges, de légitimerdespratiqueshybrides associant toutes les formesdeglisse,duskidepisteetdusnowboardàladécouvertedelanatureenskiderandonnéebénéficientaussidelarhétoriquepatrimonialedéveloppéeparlepôled’excellencerurale.

Lacoalitionentreservicesdel’Étatetcollectivitésapermisàchaqueacteurd’affirmersaprésenceetsonrôle au sein de sa sphère d’action dans le portage du projet.On retrouve ici un des schémas classiques dufonctionnementdusystèmepolitico-administratiflocalquiexpliqueengrandepartiel’échecduchangementetdesprocessus innovants (Crozier, 1964). Ici, la procéduredePôled’ExcellenceRuralen’a été appliquéequedanslamesureoùlesacteurslocauxontpuen«plier»lesattendusafind’yfaireentrerleurrationalitépropre,même éloignée de l’innovation. Les pratiques «augmentées» de l’activité touristique proposée par lesaménagementsduPER(refuges,portesd’entréequiouvrentauxtouristeslatraverséepeucontrôléedegrandsespaces naturels fragiles), le pouvoir «d’engendrement», «d’innovation», de diversification requis par lerecoursauPERn’apaseulieu.Ilrestepourl’heuredel’ordredel’incantation.

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4.2.Unprojetpeuinnovant

La différence entre objectifs de valorisation patrimoniale et réalisations équipementières a plusieursconséquences:celled’étoufferlesélitesnouvelles(lacommuned’Aulonquiconduitdepuisdesdécenniesunepolitiqueinnovantedetourismedurableneportepasledossier),celledenepastenircomptedel’importancedesréalisationsduPaysd’Artetd’Histoiredontonneretrouveaucunementiondansleprojet,alorsquesonrôledevalorisationpatrimonialeyestmajeur,celled’écarterlesprogrammeslocauxdesobjectifsnationaux:moderniserunrefugerelève-t-ilde«l’excellence»?

Sil’innovationestabsentedudossier,c’estaussiparcequeleprojets’estcontentéd’unrecyclagedevieuxdossiersensouffrance,sansprendreencomptelesressourcespatrimonialesagricoles,pastorales,artisanalesouarchitecturalesdumassif.Seuleactionpatrimoniale,uneopérationprévuepar lePERconsisteàaccueillirdansunbâtimentenaltitude(accessibleauxvisiteurs)unpointdeventedefromages.LeproblèmeestqueleNéouvielle n’est pas un territoire où on produit du fromage. Les cheptels y sont élevés pour l’embouche.L’opération revientà«importer»enaltitude,par transportmotorisé (doncavecémissiondegazàeffetdeserre),desproduitsalimentairesfabriquésailleurs.

Demême,forceestdeconstaterqueleseffetsd’entraînementsdedynamiqueterritorialepoursortirdessituationsdetourismesectoriel(skialpin)n’ontpasrencontrépourl’heurelesuccèsescompté.Lesraisonsensont la faible connaissance et le peu d’appropriations locales du dispositif, la mise à l’écart du tissu socio-économique localet l’absencedeprojetsstructurantset innovantsbaséssur lesressourcespatrimonialesduterritoire.Annoncécommelevierdediversificationterritorialeraisonné, ledispositifPERserévèledavantagecomme outil d’équipement d’accueil des visiteurs. Le PER Néouvielle favorise davantage la logiqued’équipementcourant(restaurationetcréationderefuges,créationdeportesd’entréeavecservicessupposésfavoriserl’augmentationdelafréquentation,créationdeservicescommerciauxenaltitude–dansunsecteuroùleParcnationalpourraits’yopposer)quela logiquedeprojetcollectifautourd’impératifsd’innovationetdediversification;cequicompliquefortementetrendpeuprobablel’atteintedesobjectifsrecherchés.

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LedispositifPERNéouviellesembleavoirétélelieud’unprocessus«d’habillagepatrimonial».Fortd’unedimension sacralisante aux yeux de la société (locale et extralocale), l’argument patrimonial participe duprocessusdelégitimationdesformesdegouvernanceslocales.Leprojet«d’excellence»aétérécupérépourservir d’alibi à des opérations fort éloignées du processus d’innovation. Elles visent prioritairement à lapoursuiteetàlapriseencharged’opérationsqueleproductivismetouristiquedesstationsn’avaitpasréussiàrégler jusqu’à présent. Au lieu de modifier le fonctionnement initial du système politico-administratif degouvernance du tourisme local et d’impulser une nouvelle organisation interneporteuse d’innovation, cetteprocédure d’excellence et de compétitivité des territoires a plutôt reproduit dans le Néouvielle un ordrelocaliséettraditionnelfaitdecomplicités,provoquantpeudeperturbationsetsuscitantdefaiblesréactionsàl’échellelocale.

L’expérience de diversification semble avoir fonctionné selon un référentiel des années1980modifié nidans ses fondements ni dans sa mécanique. La procédure «d’innovation compétitive» a reproduit lesinterventionsetlapositiondesacteursdansunensembleassezbienstructuréetdontlastabilitéestassuréeparlapermanencedesdécideursetleursrapportsprivilégiésavecl’administration.Cetterégulationcroiséeafreiné le changementet confirmé les choixd’un système touristique résilient: le projet n’est pasparvenuàfonder une solidarité de gestion territoriale du tourisme entre les stations et leur hinterland. Processuslégitimant,lapatrimonialisationannoncéederessourcesmatérielles(patrimoinesbâtis)commeimmatérielles(patrimoine paysager, patrimoine alimentaire, savoir-faire, agropastoralisme) a apporté une garantiesymbolique aux yeux des acteurs, qu’ils soient politiques, touristiques, ou issus de la société civile, allantjusqu’à permettre l’aboutissement de démarches conventionnées et résolvant des problématiques demodernisationd’unparcd’hébergementdepleinenatureobsolète.L’«utilisation»et l’inscriptionrhétoriquedu patrimoine dans le projet de PER ont apporté une garantie symbolique aux yeux des évaluateurs et desfinanceurs. Cet alibi patrimonial, porté par des systèmes de représentations positifs et encouragés par unengouement indéniablementgénéraliséautourdupatrimoine,témoignequeceterritoiredemontagneresteattaché,danslesreprésentationsdeseshabitantsetdesesvisiteurs,àdesimagesliéesàlatradition,aupasséetàl’héritage,inhibant,aumoinsdanslesperceptions,toutedimensioninnovatrice.

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3.4. Le plan de gestion concerté des zones humides du siteclassédesBouillouses

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L’étude de ce cas a été ajouté à l’échantillon des 6 sites initialement choisis, car la gouvernance de sonouvertureauxpublicsestencoursdeconstruction.LeConseildépartemental,quia lagestiondusiteclassé,envisagedeleréunirauxdeuxsitesclasséscontigusduLanouxetdesCamporellsafind’associer leurgestiondans le cadre d’un projet d’Opération Grand Site (annoncé au Parc naturel régional le 27 octobre 2015).L’équipederechercheaestiméquececasnouveaupouvaitapporterunéclairage intéressantsur l’évolutiondesméthodesetdesmodesdegouvernance,suruntempslong:leplandegestiondeszoneshumidesdusiteclassédesBouillouses,danslesPyrénées-Orientales,vientd’yêtreentreprisparleParcnaturelrégionalavecun financement de la Fondation de France en 2015 et des ateliers de discussion autour des usages et despratiquesparsesdifférentsusagerspermettentdesaisiraujourd’huil’évolutiondesméthodesetdesrésultatsattendus.

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Les zones humides jouent un rôle essentiel en matière de régulation des eaux, d’auto-épuration et deréservoirspourlabiodiversité.Malgrélaprisedeconscienceetleseffortsréalisésdepuisunedizained’annéesàl’échellenationale,leurdestructionrestealarmante:prèsde50%ontdisparuaucoursdestrentedernièresannées (développement de l’urbanisation, endiguement, activités agricoles, développement des espècesinvasives…). Le Parc naturel régional des Pyrénées catalanes se distingue par le nombre et la superficie dezoneshumides:avecplusde1600tourbièresrecensées,leterritoireduParcaunedensitédezoneshumidestoutà faitexceptionnelleà l’échelledumassifpyrénéen.Lesévolutionsclimatiques, lesaménagements toutcomme les nouvelles activités peuvent être susceptibles de les impacter. Il a donc décidé de contribuer àpréserver l’ensemble de ces zones humides et à porter une attention particulière à leur contribution aufonctionnementbiologiqueduterritoire.Unsiteemblématiqueluiasembléparticulièrementintéressantpourentreprendre un premier travail d’étudier du fonctionnement des zones humides en interaction avec lesactivitéshumainesquis’ydéroulent:lesiteclassédesBouillouses.

Le Parc naturel des Pyrénées catalanes a donc entrepris, en 2014, une démarche qui vise à élaborer

collectivementunplandegestiondeszoneshumidesdecesitenatureletpaysagerclassé,lesBouillouses,afind’ypréserverlesfonctionnalités,lesservicesécologiquesetlabiodiversitédeceshabitatstoutenmaintenantles usages (et notamment diminuer la conflictualité entre les usages, notamment liés aux visiteurs). Leterritoire du projet comprend la totalité du site classé des Bouillouses, d'une superficie de 4647 ha quis’étagent entre 2000 et 2600mètres d’altitude, à cheval sur les communes d’Angoustrine, Villeneuve-des-Escaldes,LesAngles,Bolquère,LaLlagonne,Font-Romeu.Leclassementdusiteaétéprispardécretle24juin1976.

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Figure71:SituationdusiteclassédesBouillousesauseinduParcnaturelrégionaldesPyrénéesCatalanes, source:PNRPC,2015.

AupieddumassifduCarlit,cesiteclasséappartientàlahautevalléedelaTêtets’étenddepartetd’autre

d’unedesplusgrandesretenuespour laproductionhydroélectriquedesPyrénées françaises: lebarragedesBouillouses. Ce site dehautemontagneoffredespaysages grandioses et diversifiés: pics rocheux, pelousesalpines, zones humides et tourbières, plans d’eau, forêts. Les paysages ouverts se succèdent aux paysagesfermésetdenombreuxtypesdemilieuxnaturelssontreprésentésdanscetespacerelativementréduit.L’eau,stagnanteoucouranteestomniprésentedans lepaysage,et l’anime.Parailleurs lepaysageesttrèsvariableselonlessaisons:enneigéenvironcinqmoisdel’année,ilestvertetfleuriaudébutdel’été.

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Figure72:PratiquederandonnéedanslesBouillouses,enhiver, clichéV.Vlès,décembre2002. L’empreinteglaciaireesttrèslisibledanslesformesdurelief,avecnotammentlegrandglacisdudésertdu

Carlit et la vallée de la Têt à fond plat qui s’ouvre en l’aval. Dans ce site reposant sur des roches dures etimperméables,principalement legranit, l’érosionglaciaireagénéréunmodelédouxoùalternentcombesetcroupes.Lorsduretraitglaciaire,unemultitudedelacssesontformésdanslesdépressions,constituantainsi

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l’unedeszoneslacustreslesplusimportantesdesPyrénées.Ceszoneshumidesconcentrentunefloreetunefauneremarquables,commeleDesmandesPyrénées,mammifèreendémiqueetclassé«vulnérable»danslalisterougemondialedesespècesenvoiededisparition,ouleGaillettrifidedontlesuniquesstationsenFrancesont sur ce site. Il est probable que d’autres espèces menacées et d’intérêt communautaire y soientreprésentéescommelaSubulaireaquatiqueoudesIsoètes;laprésenceduloupyaétéofficiellementdéclaréecommeavérée(Officenationaldelachasseetdelafaunesauvage,2014).

L’extrémitéouestdusiteclassé,lazonelaplusélevée,quicorrespondauversantsud-estdumassifduCarlit,est constituée de pentes abruptes et rocheuses. Le pic du Tossal Colomer,massif et proéminent (2673m),annoncelepicduCarlit.Leséboulisetpierrierslaissentplacepeuàpeuauxpelousesalpines.LazonecompriseentrelachaînedespicsduCarlitetlelacdesBouillousesestunmilieuouvertethumide,constellé«d’étangs»(laplupart sonten faitdes lacsd’altitude,nommés«estanys»enCatalan,d’où laconfusion terminologiquedans le langage courant traduit en Français) et de ruisseaux, ponctué de blocs granitiques et de quelquesbosquets.Lesprincipauxlacssontlessuivants:Negre,Sec,delViver,Llat,Llong,deCastella,delaComassa,delVallet,delesDugues.Cemassiflacustreémerveilleparsabeauté,c’estunlieutrèsappréciédespromeneursautourdulacdesBouillousesetdesrandonneursdansl’immensepérimètredehautealtitudequileceint.

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Figure73.Sentierdansl’enfiladedesestanysdeCastellà,deTrebensetdeSobirans, 2300m,aupiedduCarlit(picdominant,enarrièreplanàdroite,2930m)enamontdel’estanydelaBollosa(lacdesBouillouses),

clichéV.Vlès,juillet2012.

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Figure74.Fragilitédessentiersenzonehumideautourdel’estanydelesDugues, 2240m,clichéV.Vlèsjuillet2012.

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Figure75.Pratiquesdehorssentierdansl’enfiladedesestanysLlat,SecetNegre, 2180m,à20minutesàpieddulacdes

Bouillouses,clichéV.Vlès,7novembre2015.

C’est l’intérêtpittoresqueet scientifiquequiamotivé leclassementdusite. Le lacdesBouillouseset ses

abordsconstituentunsitedehautemontagnedegrandequalitépaysagèreetunestationderéférencepourl’observation scientifique. Par exemple, dans le cadre de l’élaboration du document d’objectif Natura2000Capcir-Carlit-Campcardos,une cartographieprécisedeshabitatsnaturels aété réaliséeen2012. LamajoritédeshabitatsnaturelsdusiteclassédesBouillouses,enrivedroitedelaTêt,aétécaractériséeetcartographiéeau 1/10000e avec attribution d’un code Corine BIOTOPE et d’un code européen. Cette base de donnéescartographiqueettypologiqueaétévalidéepar lesacteursduterritoireetgéréepar leParcnaturelrégionaldesPyrénéescatalanes.

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Figure76.CartesdesensibilitéauxusagesduplandegestiondeszoneshumidesdesBouillouses,source:PNRPC,

2015Le site classé des Bouillouses est un des sites touristiques les plus fréquentés du département des

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Pyrénées-OrientalesetdumassifdesPyrénées:ilaccueilleplusde150000visiteursparan,principalementsurla période estivale (randonnée, escalade, pêche et, en saison, ski de randonnée et de fond); mais unemultituded’usagesexistentdanslesite:barragehydroélectrique,refugeCAF,hôtel,STEPdesAngles,canonsàneige,pastoralisme,randonnéeetskidefond).

La surfréquentation touristiquedu site (et plus encore celledu sitedesCamporells qui va y être associé

dansleprojetd’OGS)constitueunemenacepourlesmilieuxnaturelssensibles,ettoutparticulièrementpourleréseaudezoneshumidesidentifiéesdecesiteclassé.Eneffet,déchets,piétinementsoustationnementsnonautoriséspeuventmettreàmaldessecteursfragiles.

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Figure77.Surcreusementdusentierliéàlafréquentation,boucledeslacsdesBouillouses,clichéVincentVlès,2015.

Certains travaux ont des incidences sur les zones humides: remplacement de canalisations servant à

l’alimentationeneaupotable (plusieurs km réalisésen2088-2009ou,à terme,3kmen2016,de l’étangdePradeillesauPladesAveillans).Parailleurs, lesitedesBouillousesconstitueunreplatd’altitudeconvoitéparleséleveurspourlaqualitédesesestives.Enpériodeestivale, ilsertdepâturepourdenombreuxtroupeauxbovins et équins, qui entretiennent lesmilieux ouverts herbacés. La pression pastorale peut participer à ladégradation des zones humides. La mise en estive des troupeaux aux Bouillouses joue cependant un rôleimportantpourlemaintiendespaysagesetlaprésencedenombreusesespècesinféodéesauxmilieuxouverts.Maislepiétinementintensifdetourbières,dedépressionshumidesouautremilieuprotégépeutengendrerladisparition d’espèces protégées et une perturbation du milieu. En parallèle, certains secteurs, abandonnéscommeestives, sont soumis àun lentprocessusde reforestation, qui peut aboutir à ladisparitionde zoneshumides.

Pourtoutescesraisons,unplandegestionaétéjugénécessairepourlesiteclassédesBouillousesafinde

prendreencomptelesenjeuxdefréquentationdusiteetautresusagesdansunobjectifdepréservationdeszoneshumidesprésentes.Lasensibilisationdesvisiteursauxrichessesdeszoneshumides,laprotectionoulamise en défens de certains secteurs, l’amélioration de l’information et du plan de circulation pédestre,l’adaptationdecertainespratiquessportivesoude loisirs,ainsiqu’uneévolutiondespratiquespastoralesetuneveilleparticulièrelorsdelaréalisationdetravaux(AEPparexemple),sontapparuesdespistesàdiscuteretàétudieraveclesacteurslocauxpourcontribueràlapréservationdesrichessesdusiteclassédesBouillouses,àlongterme.

1.Laconstitutionduterritoiredegestiondesfréquentations LeterritoireconcernéparleprojetestlesiteclassédesBouillouses.IlestcomprisdanslepérimètreduParc

naturel régional des Pyrénées catalanes. Il est également inclus dans le site Natura2000 «Capcir – Carlit –Campcardos».LesiteclassédesBouillousesestundessitestouristiqueslesplusfréquentésdudépartementdesPyrénées-OrientalesetdumassifdesPyrénées:ilaccueilleplusde150000visiteursparan,principalementsur la période estivale (randonnée, escalade, pêche et, en saison, ski de randonnée et de fond). Le Conseildépartemental assure l’entretien routier, régule la circulation par des navettes en haute saison et gère dessentiers balisés pour 106000 visiteurs l’été (entrées comptabilisées via la navette bus obligatoire). 20000

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autresyviennentenautomobileenhors-saisonquandlarouteestouverte(source:écocompteursduConseildépartemental),20000parlestélésiègesdepuisFont-Romeu(sources:forfaitsvendusparlaRégie).

LesitedesBouillousesconstitueunreplatd’altitudeconvoitéparleséleveurspourlaqualitédesesestives.En période estivale, il sert de pâture pour de nombreux troupeaux bovins et équins, qui entretiennent lesmilieux ouverts herbacés. La surfréquentation touristique constitue une menace pour les milieux naturelssensibles, et tout particulièrement pour le réseau de zones humides identifiées sur ce site classé. En effet,déchets, piétinements ou stationnements non autorisés peuvent mettre à mal des secteurs fragiles. Parailleurs,lapressionpastoralepeutparticiperàladégradationdeszoneshumides.Entermesdefoncier,lesiteclassédesBouillousesestmorceléentrepropriétéspubliques(état,ConseilGénéraldesPyrénées-Orientalesetcommunesfrançaisesetespagnoles)etprivées(SHEM,SNCF).

L’objet du plan de gestion est de préserver le rôle des zones humides, les enjeux associés (fonctionsécologiques,sociales…)etdefixerdesobjectifsdegestion.Ilcomprendunprogrammed’actionsopérationnelimpliquant les acteurs volontaires. Il est établi pour une durée de cinq ans. Étant donné que le nombred’acteurs impliqués sur ce site (propriétaires, gestionnaires, collectivités, usagers…), le Parc naturel régionaldesPyrénéescatalanes,àl’originedeladémarche,aproposéàlaFondationdeFranceen2014,danslecadrede son appel à projets «gérons ensemble notre environnement, de mettre en place une démarche deconcertation associant l’ensemble des parties prenantes dans l’écriture et la mise en place de ce plan degestion,afindetenircomptedesbesoinsdechacunetderégulerlesactivitésetlafréquentationdanscesite.LeParcareçulesoutiendelaFondationdeFrancele18août2014avecl’octroid’unesubventionde20000eurospourlaréalisationdeceplandegestion.

1.1.Unsitedehautemontagneinvestipardenombreuxacteurs La démarche initiée et animée par le Parc naturel régional des Pyrénées catalanes repose sur des

partenariats multiples: avec la Fondation de France, la Direction régionale de l’Environnement, del’AménagementetduLogement, leConseilDépartementaldesPyrénéesOrientales, l’Agencede l’EauRhôneMéditerranée Corse, la Société Hydroélectrique du Midi et le Conservatoire des Espaces naturels duLanguedoc-Roussillon(comitétechniqueduprojet).

• Eneffet,laprotectiondesmonumentsetdessitesnaturelsétantencadréeparlaloi(loidu2mai1930,sitesclassésetsitesinscrits),sonapplicationrelèvedelacompétenceduministèredel’Écologie.Àcetitre,laDREALLanguedocRoussillonaenchargedeveilleràlamiseenœuvrelespolitiquesdel’Étatenmatièred’environnement.C’estnotammentlecassurlesiteclassédesBouillouses.

• Par ailleurs, depuis 2000, le Conseil Départemental des Pyrénées-Orientales, porteur d’une«Opération Bouillouses», s’est positionné comme un acteur clé de la gestion de la fréquentationtouristiquedusite. Ilamisenœuvreunplanderégulationdelafréquentationtouristiqueenhautesaison(juillet-août)quitented’améliorer laconciliationdesnombreuxusagesetd’allerdans lesensde la préservation des richesses du site classé. Le Conseil départemental a investi dans desaménagementset infrastructures importants(airedestationnementetdepique-nique,constructiond’un bâtiment d’accueil et de sanitaires, mise en place des navettes estivales, aménagement etbalisagedessentiersderandonnée…)etmisàprofitdusiteuneéquipepermanenterenforcéepardupersonnelsaisonnierlorsdespicsdefréquentation:uneairedestationnementauPladeBarrèssituéeendehorsdeslimitesdusiteclassépermetd'accueillir600véhicules.Enpériodeestivalec'estlepointde départ des navettes, le visiteur y trouve en haute saison des toilettes sèches et un bâtiment

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d'accueil;unpointinfoaubarragedesBouillouses,ouvertdu11maiau11octobreoùdestopoguidesde randonnées, ainsi que des toilettes sèches et un point d'eau sont à la disposition du public. Enpériodeestivale,ilestouvert7/7de8h30à18h.

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Figure78.Bâtimentd’accueilduConseildépartemental,ferméd’octobreàjuin,clichéVincentVlès,2015.

Endehorsdecettepériode,seulementde9hà17havecunefermeturehebdomadairelesjeudis;uneairedestationnementsouslebarrage;desairesdepique-niqueetdesplacesàfeuxbétonnéesontétéinstalléestout le longde la route jusqu'aubarragedesBouillouses. ;despointsde restaurationetd'hébergement (unrefugeCAF,unhôtel,uneaubergeetuncamping)accueillent lepublicenhautesaison.Enpériodehivernalel’accès routier (RD60) est totalement fermé au niveau du Pla des Avellans. En période estivale, un arrêtédépartemental interdit la circulation publique entre 7h et 19h sur cet accès. En cas d'affluence et dès quel'airedestationnementsituéeaupieddubarrageest remplie, lacirculationpeutêtre interditeavant7h.LestationnementdesvéhiculesestinterditsurlesaccotementsdelaRD60,lesvéhiculesdoiventêtrestationnéssurleparkingduPladeBarresousouslebarrage.Autitredesescompétencessurlavoiriedépartementale,l’environnement et les espaces naturels, et de son engagement fort sur les Bouillouses, le ConseilDépartemental est un acteur central de la gestion du site. Il gère également l’ouverture des sentiers derandonnée,leurentretien,lespaquelagesetlespontssurlestorrents(figure79).

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avantCetteversionenlignenepeutpascomporterlesillustrationsenraisonduvolumedufichier

après

Figure79.Reconstructionhéliportéed’unpontpourlesrandonneursauniveaudel’estanydeVallell, parleConseil

départemental,clichésVincentVlès,31octobreet7novembre2015.

• L’Agencedel’EauRhôneMéditerranéeCorse(AERMC)estunacteurpublictotalementdédiéàlamise

enœuvre de la politique de l’eau. La préservation des zones humides est un axe fort de son 10eprogramme «Sauvons l’eau». L’agence accompagne financièrement et techniquement les projetsallantdanslesensd’uneaméliorationdel’étatdeszoneshumides.

• LaSociétéHydroélectriqueduMidi(SHEM)exploiteunensembled'aménagementsconcédésparl'État,dont la retenue du barrage des Bouillouses constitue le réservoir principal, afin de produire del'électricité à partir de la force de l'eau. Ces installations hydroélectriques, déjà existantes avant lacréation du Parc naturel régional des Pyrénées catalanes fournissent une énergie propre etrenouvelablesansémissiondegazàeffetdeserre.LaSHEMassureégalementlasûretéetlasécuritédu barrage des Bouillouses (classé «A») suivant la réglementation issue du décret2007-1735. Ellegèreégalement,pour lecomptede l’Étatetsousréserved’approbationdecelui-ci, lesautorisationsd’accès,detravauxetd’occupationsurledomaineconcédé.

• LeConservatoired’EspacesnaturelsLanguedoc-Roussillon (CEN-LR)estuneassociation loi1901,quicontribue à la préservation d’espaces naturels et semi-naturels notamment par des actions deconnaissance,demaîtrisefoncièreetd’usage,degestionetdevalorisationdupatrimoinenaturelsur

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le territoire régional. Ilmet enœuvre l’intendancedu territoire au traversd’accords volontairesdegestion qu’il signe avec des propriétaires publics et privés pour préserver la biodiversité et lesressourcesnaturelles.

• La station de ski de Font-Romeu permet l’accès au site via ses remontées mécaniques de débutjuilletàla3esemained’août.

• LeParcnaturelrégionaldesPyrénéescatalanesintervientsurlesiteautitredesonrôled’opérateuretd’animateurdusiteNatura2000«Capcir–Carlit–Campcardos»(rédactiondudocumentd’objectifset contractualisation avec les acteurs agricoles) et au titre de ses missions d’éducation àl’environnementetdepréservationdesespacesnaturels (inventairedeszoneshumides,dontcellesdusitedesBouillouses).

1.2.L’émergencedel’idéed’uneconcertationetd’unegouvernancepartagée

L’étatdeconservationdusiteest«globalementsatisfaisant»(PNRPC,2015),notammentgrâceauplanderégulationdelafréquentationtouristiquemisenplaceparleCG66,encollaborationaveclaDREAL–LR.

Cependant, la surfréquentation touristique constitue unemenace pour lesmilieux naturels sensibles, ettout particulièrement pour le réseau de zones humides identifiées sur ce site classé: les déchets, lespiétinementspeuventmettreàmaldessecteursfragiles.

Parailleurs,lapressionpastoralepeutparticiperàladégradationdeszoneshumides.LamiseenestivedestroupeauxauxBouillousesaunrôle importantpour lemaintiendespaysageset laprésencedenombreusesespècesinféodéesauxmilieuxouverts.Maislepiétinementintensifdetourbières,dedépressionshumidesouautre milieu protégé peut engendrer la disparition d’espèces protégées et une perturbation du milieu. Enparallèle,certainssecteurs,abandonnéscommeestives,sontsoumisàunlentprocessusdereforestation,quipeutaboutiràladisparitiondezoneshumides.

Aussi,lasensibilisationdesvisiteursauxrichessesdeszoneshumides,laprotectionoulamiseendéfensdecertainssecteurs, l’améliorationdel’informationetduplandecirculationpédestre, l’adaptationdecertainespratiquessportivesoudeloisirs,ainsiqu’uneévolutiondespratiquespastorales,sontapparuesauParcnaturelrégional des Pyrénées catalanes comme des pistes à discuter et à étudier avec les acteurs locaux pourcontribueràlapréservationdesrichessesdusiteclassédesBouillouses,àlongterme.

LeParcnaturelrégionaldesPyrénéescatalanesadoncprisl’initiativedelamaîtrised’ouvraged’uneactiond’animationetdecoordinationd’unegestionconcertéedeszoneshumidesdusiteclassédesBouillouses:ilasouhaité,enlienétroitaveclesacteursimpliquéssurlesite(CD66,SHEM,DREALLR…),engagerlaréflexionetouvrir le dialogue sur la question de la préservation de l’ensemble des zones humides des Bouillouses encompatibilitéavecsesusagesprésentsetàvenirafind’aboutiràlarédactionetàlamiseenœuvred’unplandegestionpartagédecepatrimoinecommun.

Pourcefaire,LeParcaimaginéunprocessusd’élaborationconjointedemiseenplaced’unplandegestionen7phases:

Phase1:RecueildesdonnéesexistantessurlesiteLemaître d’ouvrage Parc a réuni l’ensemble des données existantes (cartographie inventaire des zones

humides, cartographie des habitats naturels Natura2000, base de données flore patrimoniale, inventairefoncier,basededonnéesfaunistique…)danslesiteclassédesBouillousesetleszoneshumidesconcernées.Ce

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travailpréalableà lamissionde concertationaété coordonnépar leParcen lienétroit avec les servicesdel’ÉtatetduConseildépartemental.

Phase2:AjustementdelaméthodedeconcertationCette phase, qui a fait l’objet d’unmarché d’étude confié à un prestataire extérieur, permet au Parc de

préciser la méthode de concertation qui est suivie tout au long de la démarche d’élaboration du plan degestion des zones humides des Bouillouses. Il s’agit pour ce prestataire de proposer une méthode pourrépondreauxobjectifsdelamission.Lemaîtred’ouvrageassocie,pourl’aider,laDREALLanguedoc-Roussillon,leCD66,l’AE,laSHEMetleConservatoired’espacesnaturelsduLanguedoc-Roussillon(CENL-R).Laméthodedeconcertationretenueviseàassurerunegouvernancepartagéeduprojettoutaulongdesphasessuivantes.

Phase3:DiagnosticUndiagnosticdu siteest réaliséparunprestatairemandatédans le cadred’unmarchéd’étude,nommé

«élaborationduplandegestion».Cediagnosticpermetdecompléterlerecueildedonnées(phase1).Iltraiteà la fois des acteurs, du foncier, des usages et pratiques du site, mais également de l’écologie du site(phytosociologie, fonctions…), des causes de dégradation et de menaces. Le parc s’est associé à cettedémarchedediagnostic,notammentpourgarantir l’expressionde touset lepartagedudiagnostic (socledeconnaissance commun avant écriture des enjeux et préconisations). Sa présence est notamment nécessairelors des réunions du groupe de travail «usages et pratiques». Cet accompagnement se traduit par laformulationd’avis,deconseilsportantsurlebondéroulementdelaconcertation.

Phase4:Recueildel’avisdesvisiteursLa consultation des visiteurs (habitants et touristes) du site des Bouillouses est conduite selon des

modalitésqui sontpréciséesavec les servicesduconseilgénéral (questionnairediffusé, renseignéetdéposédanssite).Leprestataireestamenéàformulerunavissurcetteconsultation(questionnaireetrésultats).

Phase5:ÉcritureduplandegestionSur la base des données réunies en phases1, 3, et 4 (acteurs, foncier, usages et pratiques, écologie,

fonctionnalité,dysfonctionnement,menaces,avisdesvisiteurs),leprestataired’étudedoitrédigerunplandegestion (diagnostic, enjeux, objectifs opérationnels, mesures préconisées en termes d’aménagement, génieécologique, communication et valorisation, suivi évaluation) qui permette de maintenir les zones humidesconcernéesdansunbonétatdefonctionnementtoutentenantcomptedesusagesetpratiques.

Phase6:Communication,sensibilisation(outilpédagogique)Cette phase fait l’objet d’un marché spécifique qui vise à construire des outils d’information, de

sensibilisation et d’éducation à destination de différents publics. Le Parc pense développer ces outils decommunicationafindefaireconnaîtreauxvisiteurslesrichessesdeszoneshumidesetlestravauxréalisésdanslecadredeceprojet,etplusgénéralementl’intérêtdusitedesBouillousesentermedegestionquantitativedelaressourceeneau.Sontenvisagés:

- des supports légersde sensibilisation (typeplaquette)pour faire connaître les fonctionnalitéset lesrichessesdeszoneshumides,ainsiqueleprojet,

- un outil pédagogique plus complet sur le rôle du site classé des Bouillouses dans la gestionquantitativedelaressourceeneau(incluantlerôledeszoneshumides).

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Phase7:TravauxetsuividesréalisationsÀl’issuedel’ensembledeladémarche,ils’agitdemettreenœuvrelesmesurespréconiséesetdesuivre

leurseffetssurleszoneshumides.LeParcsouhaitecontribueràmettreenplacedestravauxetdesmesuresdepréservation,développerdesoutilsdecommunicationetdesensibilisation:àtitred’exemple,ilenvisagedanslesitedesBouillousesdesmesuresde:

- restaurationhydriquepourluttercontreunassèchement,- restauration du sol tourbeux, plus ou moins déstructuré et/ou sénescent, et la facilitation du

processusdeturbificationparétrépageet/oucreusementdegouilles,- miseendéfensdecertainssitestroppâturésparlebétail,- déviationdecheminsderandonnéeendehorsdeszoneshumides(travailsurlestracésdessentierset

chemins),- coupesdepinspourrouvrirlesmilieuxetéviterlacolonisationparlesligneux,- plandegestionpastoralpouroptimiserleschargements,- réglementationdelapêchesurcertainsétangsetcoursd'eau.Enfin,unephasedemonitoring,decontrôledel’efficacitédesactionsengagéesreposesurunsuividel’état

deconservationdessitesrestaurésoufaisantl’objetdemesuresdepréservation.Cesuivicomprend:- l’analysedel’eau,- lamesuredesniveauxd’eaupourlesétangslacustres,- destransectssuivis,- desrelevésfloresurquadrats.

L’ensembledeladémarchevisedoncà:

- concevoiruneméthodedeconcertationpermettant l'informationet laparticipationdetouslesacteursconcernésparleprojetetgérerlesdifférencesdepointdevue;

- accompagnerladémarched’élaborationduplandegestion;

- évaluer cette démarche (proposition de critères d’évaluation, analyse des tempsd’échanges…)etproduireunenoteméthodologique (synthèsedespréconisationsexistantesdans lalittérature, de l’expérience du «consultant» et de l’expérience qu’il aura vécue sur le site desBouillouses).

Lechoixd’unprestataireextérieurpouraideràlamiseenœuvredeceplandegestionviseàfaireappelàdes compétences et à une expérience en matière de concertation sur les projets d’aménagements et degestionafin:

- d’ajusteruneméthodedeconcertationenamont;

- desuivreladémarcheaucoursdel’élaborationduplandegestionetnotammentenappuià:

o l’émergencedesenjeux,

o l’expressiondesintérêts,avis,demandes,

o laformulationdessolutionsetl’adhésiondespropositionsdegestion,

- d’évaluerl’ensembledeladémarche,

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- enextraire,àterme,uneméthodologietypepourlagestionconcertéedesespacesnaturelsdansun soucidumeilleuréquilibreentre lapréservationdesmilieuxet lemaintiendepratiquesetusagesrespectueuxdel’environnement.

Leconceptquiendécouled’«intendanceduterritoire»,approche intégréeprenantenconsidération lesbesoinsdeconservationdelanaturesanslesséparerducontextehumainetéconomique,correspond,pourlemaître d’ouvrage Parc, à l’esprit de la mission d’élaboration du plan de gestion qui doit lui permettred’impliquerdemultiplesacteursdanslagestionetlaconservationdelabiodiversité.

En raison du grand nombre d’acteurs concernés, et afin que la concertation puisse se dérouler dans lesmeilleuresconditions, leParcaproposédemettreenplacetrois instancesdetravailpourréaliserceplandegestiondelafréquentationetdesusagesdecesite:

—uncomitédepilotage,organededécision

—uncomitétechnique,organedesuivitechnique

—desgroupesdetravailthématiques,organesd’orientationsetdepropositions.

Deux prestataires ont été missionnés dans le cadre de ce projet: Kairos pour l’élaboration du plan degestion;DialTerpourl’appuiàlaconcertation.

Lecalendrierderéalisations’étenddemai2015àmai2016.

2.L’émergenced’un«programme»degestiondesfluxMêmesicen’estpasécritniditainsi,c’estbienlesdifférentesnaturesdesfréquentationsetdesusagesdu

site–toutaumoinsdecertainesfréquentationsdanslesite—quiontprovoquélamiseenplacedeceprojetpréventifdegestiondesflux.

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2.1.Lerisquededégradationdesmilieuxcommevecteurdedéclenchementd’unplandegestion

Les visiteurs viennent profiter du cadre exceptionnel offert par lesmilieux et paysages de ce site classé.

C’estunlieuidéalpourlapratiquedelarandonnée,del’escalade,duskiderandonnée,defondetdelapêche.Desaménagementsetinfrastructuresadaptéesontétémisenplaceprogressivementpourl’accueildupublic:

- lieuxderestaurationetd’hébergement(refugeduClubAlpinFrançais,gîtesd’étape,centred’accueilSNCF,refuge-hôteldesBonesHores…),

- sentiersderandonnéespédestresetpistesdeskiderandonnéesetdefond,- parcoursdepêche,- miseenplaced’unsystèmedetransportcollectif(navettes),- aménagementdeparkingsetd’unpointinformation

Cetteversionenlignenepeutpascomporterlesillustrationsenraisonduvolumedufichier Figure80.Desusagesincongrus: icigymkhanad’apprentissageaupilotageorganiséparuneauto-écolesurleparkingouvertau

public,enpieddedigue,à2000md’altitude,clichéVincentVlès,29octobre2011.

Ilfautnoter,qu’enraisondelarenomméedesBouillousesetd’unecommunicationlargeetefficacepourcesite,unepartnonnégligeabledupublicaccueilliestreprésentéepardespopulationsurbainesoupériurbaines,quinesontpasdeshabituésdelamontagne.Ilyaunfortenjeudesensibilisationauprèsdesesvisiteurs,afinqu’ilsaientconsciencedesrichessesdusiteetdescomportementsadéquatsàsapréservation.

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Figure81.Usages pédagogiques: grouped’étudiants en travaux d’application pédagogique, clichéVincentVlès,5novembre2015

2.2.Lesenjeuxdelagestiondescapacitésdecharge

Gestiondelaressourceeneau

Les intérêts convergents de l’agriculture et des chemins de fer furent à l’origine de la construction dubarragedesBouillouses.L’histoiredusitedesBouillousesestétroitementliéeàcelleduTrainjaune.LebarragedesBouillousesestconstruitentre1904et1909pouralimenterenélectricitéleTrainjaunemisenserviceen1910, qui désenclave les hauts plateaux (au sens géologique: plaines d’altitude) Cerdan et Capcinois entreVillefranche du Conflent (ouverture vers Perpignan) et Latour de Carol (ouverture vers Toulouse et Paris).ExploitéparlaCompagniedesCheminsdeFerduMididès1909,puisparlaSociétéHydroélectriqueduMidi(SHEM), sa filiale créée en 1929, l’ouvrage constitue l’élément essentiel du complexe hydroélectrique de lavalléedelaTêt,enamontdugroupementd’usinesdelaCassagneconstituéde9usinesd’unepuissancetotaleinstalléede50MWquifournitauréseaud’électrictéfrançaisuneproductionannuellede180GWh,quipermetl’irrigation des cultures du Roussillon et l’approvisionnement en eau potable de la Cerdagne. Le lac desBouillousesainsiagrandi,alimentéparlesécosystèmeslacustresamont(étangs,zoneshumides,rivières…),parl’eaudepluieetdeneige,estundesprincipauxoutils,aveclebarragedeVinça,degestionquantitativedelaressourceeneaupourrépondreauxbesoinsagricolesenavaldelavalléedelaTêtetduConflent.Lesstations

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deskiutilisentégalementcetteréserved’eaudoucepouralimenter leurscanonsàneige,notamment100%des équipements de neige de culture de Font-Romeu. Par ailleurs, une usine de traitement de l’eau a étéconstruiteaupieddubarrage,laquellealimentelavilleFont-Romeueneaupotable.

Toutes ces infrastructures sont gérées aujourd’hui par la SHEM, hormis les usines de traitement en eaupotableetdeproductiondeneigeartificielle.LaSHEMestégalementinvestielocalementdansdesactionsdecommunicationetd’éducationàl’environnementpourfaireconnaîtresesmissionsetactions,etsensibiliseràlagestiondurabledelaressourceeneau.

Pastoralismesaisonnier

LesitedesBouillousesconstitue,enpériodeestivale,uneréservedepâtureappréciéepourdenombreuxtroupeauxbovinsetéquins,réservegéréepardesassociationspastorales.Leséleveursconcernés,quipardesconventions ou baux utilisent ses estives, viennent du côté français et espagnol (car l’enclave espagnole deLlivia est propriétaire d’une partie des estives, rive droite). Les acteurs et enjeux liés à cette pratique sontaujourd’huimalconnus(identificationdeséleveurs,pressionsurlesmilieuxnaturels,gestiondelaprotectiondesvéhiculesdesvisiteurscontrelesdégradationsetfrottementsdestroupeaux).

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Figure82.Chevauxenlibertépastoraleautourdusite, clichéVincentVlès,octobre2011.

Gestiondesconflitsd’usage

Uncertainnombredepratiquespeuconformesaudroitsontapparuesrécemment:chiensnonmaîtrisésparleursmaîtresenrandonnée,mêmeenhautealtitude,campingpermanentenjournéeencouvertforestiercachédansl’ensembledelazone,detrèsnombreuxsitesdefeux(interdits),quelquesconflitsapparaissantde-cide-làentrepratiques.

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Figure83.Panneauxd’interdictiondesfeuxàl’entréedusite (accueil)etrappeld’interdictionsurchaquepanneauindicateurdeboucle,maisdetrèsnombreusestracesdefoyers,clichésVincentVlès,octobre-novembre2015.

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Figure84.Marquedel’incendied’août2013, 2400mhorssentier,dûàun«barbecuedevisiteurslyonnais»,clichéVincentVlès,

octobre2013.

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Figure85.Conflitsd’usagesurlasoulanesud-ouestduCarlit,àproximitédusite. Onpeutlire:«troischasseurs+trois

pêcheurs=sixmensonges»,clichéVincentVlès,octobre2013. Laréalisationd’unplandegestionviseàpérenniserourestaurerleszoneshumidesdesBouillousesetles

servicesqu’ellesoffrentà toussesusagers.Lesenjeux liésà l’eau (notamment lesusages) font l’objetd’une

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attentionparticulière,carilssontsouventinsuffisammentintégrésdanslesplansdegestion:•respectetpréservationdesusages,•approchefonctionnelledeszoneshumidesimportante,•miseenavantdesfonctionsetservicesrendusdeszoneshumides.

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Figure86.PanneauduConseildépartementalrappelantl’interdictiondeschiensenlibertédanslesite, etundes11chiensenliberté(suruntotalde12)observéssurlaboucledeslacsen6heures,le7novembre2015,clichésVincentVlès.

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3.L’élaborationducontenuduprogrammedegestiondesflux Ladémarcheeststructuréeentroisphasesprincipales:

Phase1.Étatdeslieux:Diagnostic(août-novembre2015)

Phase2.Déterminationdesenjeux/objectifsduplan(décembre2015)

Phase3.Établissementd’unprogrammed’actions(janvier-mars2016).

Ceplandegestionseraétablipouruneduréede5ans.Saréalisationestpilotéeparuncomitédepilotageauseinduquellesacteursdusitesontreprésentés.Sonpérimètregéographiquecorrespond:

—aupérimètredu site classé desBouillouses et à l’ensembledes zones humides comprises dans cepérimètre,

— et à la zone amont qui alimente en eau les zones humides de ce site classé afin d’étudier lafonctionnalitédeszoneshumidesetl’originehydriquedeceszoneshumides.

Lepérimètregéographiquedusiteclasséaétéélargiauxlimiteshydrographiquesdusecteurconcernédefaçonàbienprendreen compte toutes lespressionsayantun impact sur les zoneshumides. L’approchedecette zone amont vise à connaître l’impact de la zone amont sur les zones humides des Bouillouses(alimentationeneauetmenaces).

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Figure87.Périmètreduprojetduplandegestion,sourcePNRPC,2015

3.1.Laméthode

Deuxniveauxd’approchesontréalisésdanslecadredel’élaborationdeceplandegestion:

- Uneapprocheglobaledu site correspondantàune zoned’observation, vasteespace cohérentdanslequel le diagnostic global est réalisé (bassin versant ou espace fonctionnel de la zone humide). LeParc a demandé au prestataire choisi dans le cadre du marché d’étude d’analyser toutparticulièrementlafonctionnalitéhydrologiquedeszoneshumides:d’oùviennentlesentréesd’eau?Ya-t-ildessourcespotentiellesdepollution?Commentleszoneshumidesinteragissententreelles?Quels sont les exutoires? Les points clés du système hydrique sont à étudier: sources, exutoires,ouvrages de régulation. L’état des lieux comprend également une approche écologique et socio-économiqueàl’échelledecetespace.

—Uneapprocheplusresserréecorrespondantàunzonaged’intervention:surfacessurlesquellesporterontlesactionsprioritaires(parexemplelàoùilexisteuneopportunitéfoncière).Laprécisiondutravailestplusgrandedanscettezone.

Les phases du travail de concertation autour des mesures à mettre en place pour limiter les impactsnégatifssurlesmilieuxsontarticuléesàl’évaluationcommune,concertéedesenjeuxdusite.

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Àpartirdesélémentscollectéslorsdel’étatdeslieux,ladémarcheengagéeévaluel’importancedusiteauregard des services que les zones humides peuvent rendre à la collectivité. À titre indicatif, la figure 88 ci-dessous liste lesprincipauxservicesrenduspar lesécosystèmesfrançais(ministèrede l’Écologie,2010).Pourchacundesservicesprésentssurlazonehumide,leParcchercheàenapprécierl’importance.Cetteanalyseestbasée au maximum sur des critères officiels, « objectifs» et quantifiés (par exemple pour la biodiversité:nombred’espècesrareset/ouprotégées,effectifsd’oiseauxd’eau;pourl’écrêtementdescrues:débitécrêtépour la crue deQ100 si données hydrauliques précises disponibles…). Pour certains services, l’analyse restequalitative, basée sur la connaissance du site et de son fonctionnement. L’analyse de la valeur des zoneshumidesauniveauéconomique,social,cultureletpaysagerserapertinenteàceniveau.

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Figure88.Tableausystémiquedesmenacesetpressionspesantsurlesite,sourcePNRPC,2015. L’exerciceconsistedoncàidentifierlesmenacesetpressionspesantsurleszoneshumides.Ilpeuts’agirde

problèmesavérésoudemenacesnonencoreexprimées, internesausiteouprovenantdel’extérieur,directsouindirects…

Parmilespointsanalysés,leParcporteuneattentionparticulière:

— aux dysfonctionnements hydriques: comblement de la zone humide, diminution del’alimentationeneau,assèchement,pollution(pressiondepâturage,piétinements,rejetsdeSTEPparexemple….),modificationsliéesàdestravauxououvrages…,

—audéveloppementd’espècesvégétalesouanimalesinvasives,

—àlafermeturedelavégétationetàladégradationdumilieunaturel,

—auxconflitsd’usage.

Cetteréflexionpermetdes’interrogersurlespotentialitésdusiteencasderésorptiondecertainsdecesdysfonctionnements. Il s’agitdoncpour lemaîtred’ouvrageduprojetdeplandegestiondedéterminerdessecteurs où les menaces sont les plus fortes, où les enjeux sont prioritaires et établir une synthèse desproblématiques.

3.2.Lesgroupesdeconcertation

Pour le Parc, la concertation aide les acteurs à identifier les problématiques importantespour eux, à lespondérerpourdéfinircesurquoiilsveulentagiretdonclesobjectifsqu’ilssefixentdansleplandegestion.Lesvocations du site sont ainsi identifiées (services prioritaires de la zone humide, justifiant sa gestion). Lesobjectifs peuvent éventuellement être structurés selon deux temporalités: «objectifs à long terme», puis«objectifsduplan»(àhorizon5ans).

Les objectifs peuvent viser à prévenir certaines menaces, à résorber certains dysfonctionnements de lazonehumideouàexprimersespotentialités.Lechoixdesobjectifsrésulted’unprocessusdeconcertation,defaçonàêtrelepluspartagépossible.Sil’avenirdusiteestréellementouvert,ilapparaîtjudicieuxd’utiliserlaméthodedes scénarios en initiantune concertationautourde choixde gestion contrastés. LeParc souhaiteainsi évaluer plusieurs scénarios en fonction du degré d’ambition de gestion. Pour cela, il souhaite que lesobjectifsattendusrestentréalistes(atteignablesàéchéanceduplandegestion).Enconséquence(etparsouci

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delisibilité),ilnesouhaitepasmultiplierlenombred’objectifs(auplusunevingtaine)etd’actions.Lesobjectifssontfixésenprenantencompteleursimpactssurlesvaleursetusagesimportantspourlesacteurs.Ilintègrelaprise en compte des coûts, des délais. Ces objectifs sont donc suffisamment précis pour permettre leurévaluationultérieure:argumentationclaire,quantificationdesrésultatsàatteindre,propositiond’indicateursderéalisationetderésultatpourl’évaluationfutureduplandegestion.

Enmatièredegestiondel’eau,illuiestapparunécessairedevérifierlacohérenceentreleplandegestionetlesobjectifsdéjàexistantsàl’échelleduSDAGE,delamassed’eauetd’éventuellesdémarchesspécifiques(contrat de rivière…). Cette articulation est êtreprésentéedans le plan de gestion. Ces objectifs duplandegestionfontégalementl’objetd’unecartographie.

Lesacteursconcernésparlesgroupesdetravailetdeconcertationsontnombreux,auxprofils,auxstatutsetauxcompétencestrèsvariés:

- lescollectivitésterritorialespropriétairesougestionnairesdusite(CD66,communes,SyndicatmixteduBassinVersantdelaTêt…),

- lesservicesdel’étatayantdescompétencesenmatièred’environnementetd’espacesnaturels(ONF,ONEMA,ONCFS,DREAL-LR,AERMC,DDTM66),

- laSociétéHydroélectriqueduMidi(SHEM),- les représentants du monde agricole (groupements pastoraux, société d’élevage, chambre

d’agriculture),- les structures naturalistes (Conservatoire des Espaces naturels du Languedoc-Roussillon, le

ConservatoirebotaniqueMéditerranéen,lesassociationsnaturalistes),- lesfédérationsdepêchesetdechasseouleursrelaislocaux(AAPPMAetlesAICA/ACCA),- lesacteursdutourismeetdelarandonnée(CAF,Fédérationdépartementalederandonnée…).

Programmation

Ils’agitpourleParcderéaliseruntableaudesynthèseprésentant«l’arborescence»duplandegestion;cetableauprésenteles:

—unitésdegestion(zonesgéographiques,thèmestransversaux…)

—menaces/pression

—objectifs

—opérationsàmettreenœuvre

Lesopérationssontnumérotéesetéventuellementregroupéespartypes.Latypologieproposéedistinguela gestion des habitats (GH), le suivi écologique (SE), la fréquentation et l’accueil du public (FA), lesinfrastructures et maintenance (IM) et un niveau administratif. Les dépenses de fonctionnement etd’investissementsontdistinguées,maispeuventêtreregroupéesauseind’unemêmefiche(exemple:créationd’unouvragederégulationdeseaux,puismaintenancedecetouvrage).

LeParcajugénécessairedebienidentifierlesopérationssusceptiblesdefairel’objetd’uneaidedelapartdesdifférentsfinanceurs.Lesactionsproposéessontdéfiniesselonleurniveaudefaisabilitéetsontfonctionde l’opportunité sur site (foncier, accessibilité, portance…) Des fiches action sont réalisées pour chaqueopérationproposéementionnantl’ensembledesélémentsnécessairesàsamiseenœuvre:

—Intitulé

—Niveaudepriorité

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—Descriptiftechnique(illustréaubesoin)

—Localisation(avecunecartesipossible)

—Moyensàmettreenœuvre

—Conditionsdemiseenœuvre

—Calendrier,périodicité

—Indicateursderésultats

—Maîtred’ouvrage/maîtred’œuvre

—Liensavecd’autresactions

—Coûts(répartisparannées)

—Financementspressentis

Pourlestravaux,leParccitelerattachementréglementaire(seuilnomenclature«eau»,articleducodedel’environnement...).LesactionssontrattachéesauréférentielOSMOSE,permettantdebienfairelelienavecleprogramme d’actions en faveur des masses d’eau concernées. Certaines actions lourdes nécessitentéventuellementdescomplémentsd’étudeavantdepasserenphaseopérationnelle(plansdétaillés,rédactionduDCEdestravaux...).Laquestiondelapérennitédesactionsestdoncparticulièrementpriseencompte,carl’expériencemontrequedenombreusesopérationssontinutilesàmoyenterme,carnonpérennes.Leplandetravaildéclinelesactionsetéventuellementlescoûtsrépartissurladuréeduplandegestion.

Élaborationducontenuduprogramme:

Toutelaconcertationetlespropositionssontélaboréespardesgroupesdetravail.

Différentsusagersainsiquelesstructuresayantdescompétencesprofessionnelles(tourisme,naturalisme,services…)liéesausitesontimpliquéstoutaulongduprojetviacesgroupesdetravail,thématiques:

—Groupedetravail«usagesetpratiques»

—Groupedetravail«scientifique»

—Groupedetravail«informationetsensibilisation»

Parailleurs,une«consultation»estorganisée:lesvisiteursdusitedesBouillouses(touristesethabitants)ontétéconsultés,aucoursdel’été2015,afinderecueillirleurvisionetleurniveaudeconnaissancedeszoneshumidesetpourleursattentesconcernantl’organisationdesusagesetpratiques.

Ces groupes de travail permettent de mobiliser l’ensemble des acteurs locaux pour la définition d’undiagnostic et depréconisationspartagées: ils transmettent ainsi tous les éléments nécessaires à la prisededécisionparlecomitédepilotage.

Compositiondugroupedetravail«usagesetpratiques»:

1. GroupementpastoraldesPasquiers2. GroupementpastoraldeBolquère3. Représentantdugroupementd’éleveursdeLlivia4. FédérationdeChassedesPyrénées-Orientales

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5. FédérationderandonnéepédestredesPyrénées-Orientales6. ComitédépartementaldeCyclismedesPyrénées-Orientales7. OfficeNationaledesEauxetdesMilieuxaquatiques8. SociétéHydroélectriqueduMidi9. AssociationCommunaledeChasseAgrééed’Angoustrine10. AssociationCommunaledeChasseAgrééedeBolquère11. AssociationCommunaledeChasseAgrééedeFont-Romeu12. FédérationdépartementaledelaPêcheetdesMilieuxaquatiques13. AssociationslocalesdePêche14. ClubAlpinfrançais15. HôtelBonesHores16. StationdeSkideFont-Romeu17. StationdeSkidesAngles18. AssociationpyrénéennedesAccompagnateursenMontagne19. BureaudesAccompagnateursenMontagneOzone320. BureaudesAccompagnateursenMontagnel’Aventurine21. BureaudesAccompagnateursenMontagnelesAnglesAventures22. AssociationPyrénéesCatalanesNordiques23. ConseilDépartementaldesPyrénées-Orientales24. UnreprésentantduconseilscientifiqueduParc25. ParcnaturelrégionalPyrénéesCatalanes

Compositiondugroupedetravail«scientifique»:

1. ConservatoiredesEspacesnaturelsduLanguedoc-Roussillon2. ConservatoireBotaniqueNationalméditerranéendePorquerolles3. GroupeOrnithologiqueduRoussillon4. OfficepourlesInsectesetleurEnvironnement5. AssociationCercanature6. AssociationMyotisEnvironnement7. OfficeNationaledelaChasseetdelaFaunesauvage8. OfficeNationaledesEauxetdesMilieuxaquatiques9. OfficeNationaldesForêts10. AssociationCharlesFlahault11. FédérationdépartementaledelaPêcheetdesMilieuxaquatiques12. UnreprésentantduconseilscientifiqueduParc13. ParcnaturelrégionalPyrénéesCatalanes

Compositiondugroupedetravail«sensibilisation–information»:

1. Réseaudépartementald’Éducationàl’EnvironnementLaTram»662. AssociationKERA3. ConseilDépartementaldesPyrénées-Orientales4. SociétéHydroélectriqueduMidi5. AssociationPyrénéesCatalanesNordiques6. ClubAlpinfrançais7. HôtelBonesHores

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8. AssociationpyrénéennedesAccompagnateursdeMontagne

Les groupes de travail proposent une ou deux mesures faciles à mettre en œuvre (rapidementopérationnelles) au cours de l‘année2016 dans une ou deux zones d’intervention, par exemple la mise endéfens de certaines zones humides trop pâturées par le bétail, la déviation de chemins de randonnée endehorsdezoneshumidessensibles(propositionderéorientationdetracésdessentiersetchemins),lesuiviparun écologue de travaux sur réseau AEP (préservation zone humide et continuité hydraulique…)… Le parcdisposed’unbudgetde5000eurosafindemettreœuvrecespremièresmesures.

Lesopérationsfontl’objetd’unecartographie.Ellesfontégalementl’objectifd’undescriptifquantàleur:

§ pérennité:lesactionssontconçuespourprésenterunebonnepérennité,defaçonàéviterdescoûtsdemaintenanceexcessifs,

§ procédures: il est nécessaire de bien prendre en compte les procédures d’autorisation nécessairespourcertainesopérations:loisurl’eau,protectiondesfrayères,protectiondesespèces,défrichement,protectiondessites…Lescoûtsetlesdélaisinduitsparcesprocéduressontprisencompte,

§ évaluation:chaqueopérationestaccompagnéed’indicateurspermettantd’évaluerultérieurementlamise en œuvre de l’action (exemple: surface restaurée…) et ses résultats (exemple: profondeurminimaled’eaudans la zonehumide). Les indicateurs issusduprogrammeRhoMeo sontprivilégiésafin de pouvoir réaliser un suivi de l’état de conservation du site en général et des zonesd’interventionscibléesparlesmesuresetlesopérationsconcrètes,

§ renouvellement du plan: le Parc réfléchit à laméthode de renouvellement du plan de gestion, enplanifiantcetravailsuffisammentàl’avancepouréviterunepériodedevideentreceplanetlesuivant.

Décision:

Les décisions sont arrêtées en comité de pilotage, sous la responsabilité des acteurs ou de leursreprésentants ayant une compétence juridique sur le site, ou étant gestionnaires et/ou propriétaires:communes (techniciens et élus) et communautés de communes concernées: CG 66, DREAL LR, SHEM, unreprésentantdespropriétairesprivés,communesd’Angoustrine,deLliviaetdesAngles,ONF,Agencedel’Eau,ContratderivièreduSègre,delaTêtetParc.

Le comitédepilotage se réunit au lancementduprojetpourdéfinir précisément l’ensembledes acteursimpliqués et ciblés, pour arrêter la méthodologie et l’animation du projet et pour définir les modalités devalidationinterneaucomitédepilotage.Puisilseréunitauxdifférentesétapesderestitution.

Enfin, au niveau «sensibilisation et information», il est prévu que le public des usagers et visiteurs soitinformé du projet via les supports de communication numériques des différents partenaires (sites internet,blog…),maiségalementpardessupports insitutypeplaquetteouaffiche.Parailleurs,unoutilpédagogiquesurlerôleprimordialdusitedesBouillousesentermesdegestionquantitativedeseauxestenvisagépourlepublic qui visite en autonomie le site,mais également pour les groupes accueillis sur site (scolaires ou nonscolaires).

3.5. Massif du Canigó, de la «montagne à 4x4» à ladestination«pleinenature»

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Cetteversionenlignenepeutpascomporterlesillustrationsenraisonduvolumedufichier

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Le Canigó fait partie de ces hauts lieux naturels dont la fréquentation a été «produite» par la créationd’infrastructures spécialement conçues pour faciliter l’accessibilité et le séjour de touristes au «cœur» dugrandpaysagequienconstituelaressource.LaproblématiquedelafréquentationdanslemassifduCanigóestavanttoutcelledelafréquentationautomobile,etplusparticulièrementdesapénétrationenaltitude.

L’ensembledel’actionpubliqueconduitesurlemassifduCanigóestdoncdirectementlié:

• àl’enjeudefréquentationautomobile(pourlafavoriserjusquedanslesannées1990,puispourlacontenirentre2000et2010);

• à la problématique de la diffusion des publics entre villages et zone d’altitude (développementlocal),cequistimuleralesoutienauxinfrastructuresdel’itinérance(sentieretrefuges)àpartirde2010.

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Figure89.SituationduMassifduCanigódanslesPyrénées-Orientales,©SyndicatmixteGrandSiteCanigó,2015

Onpeutconsidérerquedeuxressortsincontournablesméritentd’êtreprisencomptepourtravaillersurlaquestion de la fréquentation touristique et des mesures de gestion prises dans le massif du Canigó: laconstitution de Canigó comme objet d’action publique à l’échelle de ses deux versants, d’une part; et lastructurationprogressived’un systèmed’acteurs conflictuel autourdumodèlededéveloppementàadopterd’autrepart(Bénos,2011).Autrementdit, laquestiondelafréquentationtouristiquenes’estpasseulement«imposée»danslemassifduCanigó,elleestaucœurdel’avènementdu«massifduCanigó»commeobjetd’actionpublique.

Cesdeuxélémentsontfortementalimentélastructurationd’unepolitiquedegestiondelafréquentationdanslemassifduCanigóetcontribuéaulancementdesdeuxopérationsgrandssites.

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Figure90.LapisteintervalléevialePlaGuillem,clichéRémiBénos2011.

1.Laconstitutionduterritoiredegestiondesfréquentations:dela«montagneà4x4»auterritoiredeprojetstructuréautourdesactivitésdepleinenatureetdelaqualitédespaysages

1.1.FinXIXesiècle:refugesetpistesd’accèsenaltitudeaufondementdelafréquentationtouristique

En1896, la constructiondu refugedesCortaletsetde lapistedeBalaigqui ymèneconsacre l’inventiontouristiquedumassif.LespremièresvoituresmontentauxCortaletsdès1903: lesommetn’estplusqu’à2hdemarche. Il s’agit alors de promouvoir, selon les critères de l’époque, un accueil de qualité dans un siteconsidéré comme enchanteur. Cela correspond aux imaginaires associés aux hôtels de luxe de montagne

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(Lageiste,Rieucau,2006)etaumodèlealpind’aménagementdelahautemontagnequeleClubAlpinFrançais(CAF) contribue à diffuser, d’où la qualification de «chalet-hôtel» dans les premiers guides touristiques. LesecteurdesCortaletsdevientainsirapidementunedestinationtouristiquedepremierchoix.

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Figure91.CartepostaledelapistedeBalatgendirectiondesCortalets(débutXXes),©CPArama.com

1.2.MilieuduXXesiècle:lepremierclassementdesitepourpréserverl’icônepaysagère

Dès1951, lapartiesommitaledumassifestclasséesur443hectares.C’est lepicquiestclassé, selon lescodesdel’imaginaireromantiquedelamontagnealpineportéparlesusagersurbainsdesstationsthermalesenvironnantes(Amélie-les—Bains,Prats-de-Mollo-LaPresteauSud,Vernet-les-Bainsà l’OuestetMolitg-les-BainsauNord)etsoutenupardesorganisationstellesque leClubAlpinFrançais (CAF)et leTouringClubdeFrance.Ceclassementrevêttoutefoisuneparticularitépuisque,danstouteslesPyrénées,c’estleseulsommetquiaétédistinguépourlui-mêmeetnonpassuivantunelogiquede«sited’observationdetableaupaysager»quel’onrencontrepourd’autresclassementsdecettegénération,commelesColsduTourmaletoud’Aspin.

Le classementde1951 reconnaît lanotoriétédupic commehaut lieude la villégiaturedemontagne. Lepaysagequ’ilprotègecorrespondàunevisionmuséographique,exercéeparunregardéminemmentculturel.

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Figure92.PosedevantlechaletrefugedesCortalets(années1920),©

1.3.Années70:l’explosiondutourismemotorisédansla«montagneà4x4»

Àl’initiativedesstationsthermalesrassembléesdansleSyndicattouristiqueduCanigou(STC,crééen1966)une route «intervallées» a été inaugurée en 1974.Dans le contexte des grands aménagements desannées1960,lesélusduSTContsudévelopperundiscoursjustifiantlaréalisationdecetéquipementaunomdu désenclavement des stations de vallée et du développement du tourisme motorisé en direction del’Espagnetouteproche.CediscoursreposaitsurunemiseenrécitduCanigóoublié,entrel’aménagementdulittoralroussillonnais(PlanRacine)etledéveloppementdutourismehivernalenCerdagne-Capcir.

AprèsdesdécenniesdeprojetsvisantàrelierleConflentetleVallespir(premierstracésétudiésen1911),lacréation de cette infrastructure routière concentre la majorité des confrontations locales, opposant lespartisans de la protection et du développement. Mais la pénétration automobile du massif concerneégalementleversantnordduCanigó:dansleravinduLlech,unnouvelaccèsauxCortaletsaétécrééparl’ONFpourl’exploitationdelaforêtetfacilitelapénétrationdesvéhiculesdetourismejusqu’à2150md’altitude.

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Figure93.Évolutiondelaplacedelavoitureenaltitude(sitedesCortalets),source:SyndicatMixteCanigóGrandSite,Plandepaysage2015

1.4.Années80:unepremièreextensiondusiteclasséetl’apparitionduproblèmede«fréquentationtouristique»motorisé

En1983,uneextensiontrèsimportanteesteffectuée,multipliantpar20lepérimètredusitepourintégrerles versants directement contigusde la partie sommitale en suivant la cotedes 1 700m, cequi correspondschématiquementà lapartie supraforestièredumassif.Lenouveauclassementcorrespondpour sapartà latroisième période de la politique des sites dans les Pyrénées, celle du classement de «grands ensemblespaysagersnaturelsreprésentatifsvouésàlapréventionetlarégulationdesaménagements».Cettepériodeestmarquée par le démarrage des opérations de reclassement et d’extension de sites déjà existants en vuenotammentdeleurappliquerunelectureplussynoptiquedesenjeuxlocauxdeprotection.LeCanigós’inscritdanscetteconfiguration:lesregardsontévolué,lesmoyensdecommunicationetdedéplacementsaussi,etlafréquentation accrueque connaît le site nécessite demieux contrôler les aménagements futurs. Le «chaletrefuge» desCortalets et la voiture sont devenus les symboles de lamise en tourismedans le Canigó. C’estnotamment pour contenir l’agrandissement du refuge et, plus généralement, toute nouvelle formed’urbanisations sur le secteur des Cortalets que le nouveau périmètre intègre cette zone. Le classement de1983s’étendd’ailleursàtouslesversantsdupic.

Cetteceinture,quiencerclelepicetrenvoieàcequeJ.Morand-Devillerappellelathéorie«delaperleetdel’écrin»,doitêtremiseenperspectiveavecl’ouverturepeuauparavantdedeuxvoiescarrossablesdanslemassif.Lenouveausiteclassés’arrêteenlisièredelapisteintervalléequiavaitétéinauguréean1974.

Lavisionde1983s’inscritpartiellementdans lacontinuitéde l’approchede1951,enpromouvant l’icônepaysagèredupic,maislecentreduregards’estdéplacéàunnouveaupointdevue:lacontre-plongéesurlafacenord-estdupic,leglacieretlesétangstellequ’elleestadmiréedepuislesCortalets.Elledéfendégalementundeuxièmeobjectif,protéger lesitecontre l’urbanisation.Àcetégard l’applicationde l’outil«siteclassé»correspond bien à la posture défensive qui caractérise cette politique. Les projets d’aménagement et dedéveloppementtouristiques’accommodentainsidesmesuresdeprotectionconsentiessurlazoneprochedusommet.

Parallèlement,letourismemotorisécommenceaêtremontrédudoigt.LeSyndicattouristique,àl’initiativede la route intervallées, est remis enquestionpuisdissousen1983. Il est remplacépar le SIPARC (Syndicatintercommunal pour l’Aménagement rationnel) du Canigó qui revendique un aménagement rationnel. Cenouveaupositionnementpolitiquepeutêtremisenrelationavecl’imagede«montagneà4x4desPyrénées»quiestalorsassociéeauCanigó.

LescontroversesautourdelarouteintervalléesfinissentparprojeterleCanigósurledevantdelascèneetl’érigerenun«problèmepublic»(Cefaï,1996).Pourreliersesdeuxversants, laroutetraverseenaltitudelesecteur du Pla Guillem à 2 200m, vaste ensemble de pelouses alpines peu accidentées et surplombant lesvallées, rapidement devenu un site très attractif pour le tourisme motorisé. De fait, il est aussi devenu lesymbole des opposants qui produisent un nouveau discours sur la préservation de lamontagne et font duCanigó l’exemple même d’un massif dégradé. La forte pénétration automobile du massif est désormaisdénoncéeparlacommunautéscientifiqueetsoutenueparcertainséluslocaux.

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Danscecontexte,leCanigóapparaîtpourlapremièrefoisdanslalistedesGrandsSitesde1989indiquantque l’État reconnaîtqu’unproblèmede fréquentationtouristiquemenace lespaysagesdumassifetqu’ilestprêtàs’engagerdanssarésolution.

1.5.Années90:«l’affaireduPlaGuillem»etlechangementdecapaveclelancementdelapremièreOpérationGrandSite

Malgrélelancementdequelquesétudesetlacréationd’uneassociationdesAmisduGrandSiteCanigouen1991,rienn’estvéritablemententrepris.CertainsélusduSIPARCdécidentalorsd’agirdemanièreautonome.Sur leur initiative,uneprofondetranchéede1kmde longestcreuséeen juin1994aumilieuduPlaGuillemdans l’objectif de contenir la divagation des véhicules. La tranchée a des conséquences extraordinairementrapides sur la stabilité des sols qui s’érodent. Cet acte bouleverse les esprits: la communauté scientifique,l’ONF,unepartiedesélusdumassifetdenombreuxhabitantsdénoncentvivementcequ’ilsconsidèrentêtreunecatastrophepaysagèreetécologique.LePréfet intervienten fermantdéfinitivementcettepisteet l’Etataccélère lamiseenplacedudispositifGrandSiteen commanditant lespremièresétudespréalablesà touteOGSdès1995.C’estdanscecontextequ’unnouveauprojetCanigóestdéfini,s’appuyantsurunemobilisationélargie (associations, scientifiques, DIREN, ONF et quelques élus). Avec elle arrive une nouvelle lecture dumassifquiopèreunglissementdecontenu:l’approchepaysagèrestrictosensucèdelaplaceàuneapprocheplus large, qualifiée de patrimoniale par l’administration et les élus locaux. L’émergence progressive del’arsenalconceptuel,rhétoriqueetnormatifdéveloppéàl’échellenationalesurlesGrandsSitesvientalimenterlanouvellemiseenrécitduCanigó.Lesdocumentsproduitsàcettepériode(études,articles,etc.)traduisentlavolontédedésormaiscombinerdifférentesfigures:leCanigóminier,leCanigódesCatalans,leCanigópastoral,le Canigó des pyrénéistes, le Canigó naturaliste, etc., car chacune d’elles semble alors nécessaire à laconfigurationdel’espritdeslieuxquiafaitsarenomméetouristique.Cesdifférentes«imagesidentifiantes»(Augé,1994)réintègrentdesobjetscaractéristiquesd’unerupturepatrimonialequiétaientjusqu’alorsécartésdes stratégies de développement touristique basées sur les infrastructures. Cette rupture patrimoniale vautégalementpourlespaysagesetleséquilibresécologiquesqu’onvoudraitretrouvereneffaçantlestracesplusoumoinsdirectementliéesàlafréquentationtouristique(Bénos&Milian,2009).Ainsi,lesnotionsderespect,deresponsabilitéetdefragilitédesGrandsSitesquicaractérisent lesréflexionsconduitesauniveaunationals’adaptent bien aux opérations de réhabilitation paysagère et écologique qui sont lancées dès 1998,particulièrementsurlePlaGuillemetlesitedesCortaletsentantqu’actionspilotes.

1.6.Années2000:ladeuxièmeOpérationGrandSiteetleprojetd’extensiondusiteclassépouréviterlepassagedelaligneàtrèshautetensiondansleCanigó

Une«étudepaysagèreetpatrimonialepréalableà l’extensiondusiteclassé»estpubliéeen2000par laDIREN Languedoc-Roussillon, trois mois après la signature de l’OGS, pour identifier les «sites et paysagessusceptiblesdeclassementouinscription».Lepérimètred’extensionproposéannonceunchangementradicald’avec la conception de 1983: c’est toute «l’entité massif» qui est concernée, de sa partie sommitale aupiémont; des villages et des vallées entiers sont intégrés à l’intérieur du périmètre projeté. Cela traduit undoubleglissement:d’abord,commeletitrede l’étude lesuggère lui-même, l’objetquiconcerne l’OGSaétéredéfini,passantd’unréférentielpaysageràunréférentielpatrimonial.D’autrepart,sileprojetd’extensiondupérimètre devient logiquement un moyen de protéger le massif contre de nouvelles affaires de type «PlaGuillem», il déborde sur une problématique qui redessinerait complètement la lecture attachée au

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classement:géreraumoyende la législationdessites laquestiondumitageurbainquisedéveloppesur lesbasversants.

Toutsemblealorsavoirétémisenœuvrepourquel’extensionsoitengagéedès2000,maisceprojetpassepourtantausecondplan.IlfauteneffetdutempspourquelanouvellegouvernanceduGrandSitesestructure,notamment autour du Syndicat Mixte Canigó Grand Site (SMCGS) créé en 2002 par le Conseil général desPyrénées-Orientales en 2002. D’autre part, la présence des services de l’État diminue. Enfin une nouvelleproblématiquearrivedans lesPyrénées—Orientalesàpartirde2001: leprojetde lignetrèshauteTension(THT)entrelaFranceetl’Espagne,quierreàtraverslachaînedepuisquinzeans,estalorsenvisagéauxconfinsduCanigó,touchantlepérimètredel’OGS.Leprinciped’extensiondusiteclasséestmalgrétoutreprisdanslasecondeconventionOGSsignéeen2007.LesadministrateursduSMCGS,quiontvotéunemotionderefusdelaTHTen2004,sesaisissentalorsdel’opportunité:«àl’occasionduConseild’administrationdu15novembre2007, les administrateurs du Syndicat Mixte Canigó ont décidé de mettre en application l’article2 de laConventionOGSII,relatifàl’intégritépaysagèreetàl’extensionduSiteclassé.Uneprocédured’extensionestdésormaislancéeaunomdel’intégritépaysagèredumassifduCanigó.Ils’agitd’uneétapehistoriquepourleSyndicatMixteCanigóquimarqueainsi lavolontédel’ensembledesélusdepréservernospaysagesetde lesvaloriser [...]Enaccélérantainsiceprocessus initiépar l’État lui-même, le tracéde ligneà trèshaute tensiondevientalorsimpossibledansleVallespirquifaitl’objetd’unedemandedeclassement».

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Figure94.Luttecontrelaligneàtrèshautetension(THT)ausommetduCanigó,àl’occasiondelaTrobada(2007),source:web

Ainsi,cettetroisièmephaseduprojetd’extensiondesiteclassésedéfinitparunnouveaurapportdeforceentrel’Étatetlespouvoirslocauxqui,aprèsunedizained’annéesd’OGS,sesontconsidérablementstructurés:cesonteuxquimaîtrisentdésormaislamiseenrécitetlamiseenscèneduCanigó.

Maître d’ouvrageuniquede l’OGSdepuis 2007, opérateurNatura2000en2008, le SMCGS s’inscrit dansl’évolutiongénéraledel’ingénierieterritorialeenétantporteurdeprojetspatrimoniauxdontlesdéclinaisonssont indifféremment environnementales, paysagères et touristiques. Cette imbrication des dispositifs deprotectionetdesprojetsdedéveloppementestparticulièrementpercutantedanslesstratégiesquiprésidentàlanégociationdunouveaupérimètredeclassement.LamenacedelaTHTayantdisparuen2009,leclassementneconstituepluslemêmeenjeu.D’uncôté,l’administrationdessitesnesembleplusenvisagerdeclassementintégral du massif, peut-être pour ne pas handicaper la dynamique actuelle du Grand Site. Cette positionrassureleSMCGSqui,desoncôté,doitdéfendrelesintérêtsdesescommunesadhérentestoutenpréparantsacandidatureàl’obtentiondulabelGrandSitedeFrance,cequiimpliquedetenirlesengagementsprisdansles conventionsprécédentes. La labellisation,démarchequi consacre labonnegestionenvironnementaledusiteetrenforcel’attraittouristique,estenpartiesoumiseàl’extensiondusiteclassé.

Lepérimètrealorsàl’étuden’englobepluslesvillagesdepiémont,maisintègretroissecteurséminemmentporteursdesensetdedistinctionsurleplanpatrimonial:

• LesecteurdeBatère,ausud-estdupérimètrede1983,estundessymbolesdel’activitéminièretraditionnellequifaitl’objetd’unefortemobilisationassociativeetcitoyennedepuislelancementdel’OGSI,

• LePlaGuillem représente le symbolede la réhabilitationenvironnementaledumassif etde sonchangementd’image,

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• Les trois réserves naturelles situées au sud du massif, avec lesquelles une convention departenariat a été signée par le SMGCS en 2010, agrandissant le périmètre de manièreconsidérable: bienqu’ellene se justifiepasdupointdevuede l’intérêtpaysager, la logiquedecréationdes réserves relevantde critèresdifférents, ellepermetde renforceretdedonnerunecontinuité à l’entité massif qui constitue la colonne vertébrale du SMCGS. Bien que toujoursfondéesur lanotiondepatrimoinenaturel, la logiquedeclassementdonnedésormaisuneplacecentraleauxenjeuxdel’actionpubliqueterritorialisée.

Toutsemblealorsavoirétémisenœuvrepourquel’extensionsoitengagéedès2000,maisceprojetpassepourtantausecondplan.IlfauteneffetdutempspourquelanouvellegouvernanceduGrandSitesestructure,notammentautourduSyndicatMixteCanigóGrandSitecrééen2002.D’autrepart,laprésencedesservicesdel’État diminue. Enfin une nouvelle problématique arrive dans les Pyrénées-Orientales à partir de 2001: leprojetdelignetrèshautetensionentrelaFranceetl’Espagne,quierreàtraverslachaînedepuisquinzeans,estalorsenvisagéauxconfinsduCanigó,touchantlepérimètredel’OGS.Leprinciped’extensiondusiteclasséestmalgrétoutreprisdanslasecondeconventionOGSsignéeen2007.LesadministrateursduSMCGS,quiontvoté unemotion de refus de la THT en 2004, se saisissent alors de l’opportunité: «à l'occasion du Conseild'administrationdu15novembre2007,lesadministrateursduSyndicatMixteCanigóontdécidédemettreenapplicationl’article2delaConventionOGSII,relatifàl’intégritépaysagèreetàl’extensionduSiteclassé.Uneprocédured’extensionestdésormaislancéeaunomdel’intégritépaysagèredumassifduCanigó.Ils’agitd’uneétapehistoriquepourleSyndicatMixteCanigóquimarqueainsilavolontédel’ensembledesélusdepréservernospaysagesetdelesvaloriser[…]Enaccélérantainsiceprocessusinitiéparl'Étatlui-même,letracédeligneàtrès haute tension devient alors impossible dans le Vallespir qui fait l'objet d'une demande de classement»(Communiquédepresse,SMCGS,15/11/2007).Ainsi,cettetroisièmephaseduprojetd’extensiondesiteclassésedéfinitparunnouveaurapportdeforceentrel’Étatetlespouvoirslocauxqui,aprèsunedizained’annéesd’OGS,sesontconsidérablementstructurés:cesonteuxquimaîtrisentdésormaislamiseenrécitetlamiseenscèneduCanigó.

Le périmètre du classement de 2013 montre bien l’imbrication des différents registres patrimoniauxmobilisés dans cette démarche Canigó. Le communiqué de presse diffusé par le SMCGS a l’occasion de cenouveauclassementestàcetitreédifiant:«EXTENSIONDUSITECLASSÉDUMASSIFDUCANIGÓ:décretsigné,surface triplée! Pardécret endatedu22août2013, le site classédumassif duCanigóest passéde7788à23212hectares, devenantainsi le 4eplusgrand site classéde Franceen surface.Uneextensionpourmieuxprotégerlespaysages»(SMCGS,2/09/2013).

Cecommuniquédepresselisteainsilesespacesintégrésauclassement:

• IntégrationdesréservesnaturellesnationalesdePy(3930ha),deMantet(3029ha)etdePrats-de-Mollo-la-Preste(2185ha),pourunesurfacetotalede9100ha,

• Intégration du site inscrit desGorges du Saint-Vincent, d’une grande valeur paysagère, avec sesnombreuxsentiersderandonnéeetsescascadesrenomméescommecelledesAnglais,celleduSt-VincentetcelledelaForatdelaTomba,

• Intégration des Gorges du Cady, qui serpentent entre desmassifs rocheux élancés et des reliefsdéchiquetés,enpassantsous la jassedurefugegardédeMariailles.Cecheminementtortueuxseprolongeaupieddel’AbbayemillénairedeSaint-MartinduCanigó,siteclassébienconnu,

• IntégrationdelapistedeBalaig,emblématiquedelaconquêtetouristiquedeshauteursduCanigóà la fin du XIXe siècle. Son caractère originel a été relativement bien conservé, avec ses vieuxparapetsenpierreetsontunnelenamontdel’Escaladel’Ours.

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Figure95.LestroisphasesdeclassementdusiteduCanigou:delalogiquepaysagèreradiocentriqueàlalogiquepatrimonialeenglobante,source:RémiBénos,2011

Plusieurs secteurs sont éminemment porteurs de sens et de distinction. L’intégration des trois réservesnaturellessituéesausuddumassif,aveclesquellesuneconventiondepartenariataétésignéeparleSMGCSen 2010, agrandit le périmètre demanière considérable: bien qu’elle ne se justifie pas du point de vue del’intérêt paysager, la logique de création des réserves relevant de critères différents, elle permettrait derenforceretdedonnerunecontinuitéàl’entitémassifquiconstituelacolonnevertébraleduSMCGS.Bienquetoujours fondée sur la notion de patrimoine naturel, la logique de classement donne désormais une placecentraleauxenjeuxdel’actionpubliqueterritorialisée.

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Figure96.Cinquanteansd’actionpubliquedanslemassifduCanigó,source:RémiBénos,2012.

1.7.Années2010:l’obtentiondulabelGrandSitedeFrancecommereconnaissancedesmesurescontraignantlafréquentationtouristique

Dès2000ladémarcheGrandSiteestbaséesurlamobilitédouce.C’estdanscetélanqu’en2009,leConseilGénéral lance les «Tours & Rondes du Canigó» & «les Boucles de Piémont», soit 750km de sentiersréhabilités,panneautés,balisésayantfaitl’objetdel’éditiondedeuxtopoguides(FFRP&Chamina),traduitsencatalan. Cet effort demise en réseau de sentiers (préexistants) et de communication vise à définitivementchangerl’imageduCanigó:ils’agitdemontrerquelarandonnéepeutêtreunproduittouristiquegarantissantdes retombées économiques, mais qui pour cela a besoin d’un espace naturel sans voiture. Ce projet des«rondesduCanigó»estdoncassociéà lamiseenplaced’unplandecirculationà l’échelledumassifpour,progressivement, désengorger de la voiture les refuges gardés de la face nord duMassif (Mariailles et lesCortalets).

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Figure97.Panneauàdestinationdesvisiteursetrandonneurs,source:RémiBénos/SMCGS,2011

En redonnant son aspect naturel à cemassif, c’est toute une économie de la randonnée accompagnée(pédestreetéquestre,avecdesprofessionnels,avecdesânes,avecdestransporteurs)quisemetenmarchepourundéveloppementéconomiqueharmonieuxdesterritoires.

En2012,lemassifduCanigóobtientlelabelGrandSitedeFrancepardécisionduministèredel’Écologie.Cettelabellisationouvrelavoieàunenouvelleétapedanslastructurationetl’animationduterritoire.Celle-cirepose surune approcheélargie auxpiémonts et balconsdumassif et inscritedans le cadrede la stratégieCanigó2020 qui vise à faire du Canigó une destination touristique «nature et patrimoine» au service del’économie et du dynamisme des villages du piémont et des balcons. Il s’agit donc demettre enœuvre un

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projet de développement économique local reposant sur la valorisation des potentiels du territoire dans ledomainedesactivitésdepleinenatureetlavalorisationdupatrimoine(naturel,culturel,paysager).

En 2013, le site classé du Canigó voit sont périmètre tripler: aux 7789 hectares déjà classés s’ajoutent15423hectaresportantl’emprisetotaledusiteclasséà23212hectares.Ildevientainsile4eplusGrandSiteclassédeFranceensurface.Cettenouvelleextension,envisagéedès lamiseenœuvrede l’OpérationGrandSite en 2000, a pour objectif de rendre les limites de la protection plus cohérentes avec les paysages, enincluantlessitesremarquables,pittoresquesetporteursdel’identitédumassif.L’anciensiteclasséactuelestentièrementintégréaunouveaupérimètreauquels’ajoutentplusieursterritoiresquicontribuentàconsacrerlepaysaged’exceptionquecomposelemassifduCanigó:réservesnaturellesdePy,MantetetPrats-de-Mollo-le-Preste,siteinscritdesGorgesdelaSaint-Vincent,gorgesduCady,pistedeBalatg.

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2.2015:«après»leGrandSite?Delagestiondelafréquentationtouristiqueàlaconceptiond’unvéritableprojetdeterritoirefondésurunedestination«tourismedenature»

Le Canigó est devenuGrand Site de France en 2012: il s’agissait d’un objectif patiemment recherché etatteint, résultant d’une volonté politique et d’une dynamique collective fondée sur la limitation del’automobileenaltitudeetlagestiondelafréquentationausenslarge.Aulendemaindecettelabellisation,seposait la question de savoir quelle orientation aller désormais guider l’action publique dans le massif.L’obtentiondulabelGrandSitedeFranceen2012agénéréauprèsdesacteurslocauxunecertainefiertéetaamplifiélavolontécollectivedepoursuivreletravailentrepris.Unephasedeconcertationetd’ouvertureauxsocioprofessionnels a donc été suivie en 2012-2013 dans la continuité du projet des «rondes du Canigór.L’ensembledecesréflexionsadonnélieuàlaconceptionduprojet«Canigó2020»parleSMCGS.Approuvéenjuin2013,ceprogrammeal’ambitiondefaireémergerleCanigóentantquedestinationtouristiqueàpartentière, génératrice de retombées économiques équilibrées pour le territoire: «Faire du Canigó uneécodestinationauservicedel’économiedesvillagesdupiémontetdesbalcons».

LeprojetCanigó2020estpluriannuel(2015–2020)etsedéclineen3axes:

Axe1/«Un massif conscient de ses patrimoines» pour protéger, valoriser et interpréter la richesse dupatrimoine du Massif, qu’il soit culturel, naturel et paysager, géologique, thermal et minier, pastoral etpyrénéen...

Axe2/«Unedestinationtouristiqueetnature»quiseconcrétiseparlastructurationdelafilièreActivitésdePleineNature,lagarantied’infrastructuresd’accueildanslesstandardsdelademande,ladifférenciationdeladestinationnotammentvialeludotourismeoul’accessibilitépourtous

Axe3/«Unterritoirevivantetaccueillant»garantissantlesretombéeséconomiquespourlesacteurslocauxetauservicedel’entrepreneuriatlocald’unepart,etfavorisantl’appropriationcitoyennecommeconditionsinequanondelamiseentourismed’unGrandSitedeFrancemenantunprojetdeterritoire(Planpaysage,2015).

LeprojetCanigó2020constitueenquelquesortelastratégiedeterritoireàhorizon2020.Ilestencelalabase à partir de laquelle d’autres dynamiques ont été lancées par le SMCGS qui connaît une véritableeffervescenceenmatièred’ingénierieterritorialedepuislalabellisationde2012.Cettestratégiesedéclinedemanièrecomplémentaire:

• Une stratégie institutionnelle: depuis 2013, le Pays «Terres Romanes en Pays Catalan» a étéredéployé au sein du Syndicat Mixte Canigó Grand Site. Cela a très concrètement favorisél’élargissement du périmètre aux communes des balcons et piémont du massif (plus de 60communesaujourd’hui).Celaaparailleursrenforcé l’équipeduSCMGSennombred’emploiETPnotammentpar l’intégrationdecompétencesquine faisaitparpartie jusqu’alorsdesmétiersduSMCGS: activités économiques, services, emplois de proximité, programmes LEADER, etc.Désormais lepaysage institutionnel localparaîtégalementplus lisible, leSMCGSconstituant l’undesdeuxterritoiresdeprojetaveclePNRdesPyrénéescatalanes,

• Une stratégie en faveur de la préservation de la valeur paysagère et patrimoniale dumassif duCanigó:uneStratégied’interprétationdupatrimoineaétéapprouvéeen2015pourorganiserles

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interventionsduSMCGSdansledomainepatrimonial,quiavaitétélaisséàl’écartdesprincipalesinterventions depuis 2012 au profit de la «gestion de la fréquentation». Cette stratégied’interprétationdupatrimoineanotammentpourobjectifdevaloriserlamémoireminièrequiestincarnéedanslespaysagesduCanigó(multiplessitesminiers).Àl’instardesdémarchesengagéesdans les Parcs nationaux français ou espagnols s’organisant en logique de massif et de vallées(Écrins, Vanoise, Sierra de Cady,...) ou de certains Grands Site de France (Sainte Victoire), leSyndicatMixteduCanigósouhaitesedoterd’unPlandepaysageafindedéfinirdesmesuresdegestion du site à court et moyen terme, de permettre la réalisation de travaux qualitatifsd’intégrationdesaménagementsexistantsouà venir (parking,pistes, refuges, etc.) etd’agir surl’organisationgénéraledesfluxtouristiquesseconcentrantàcejouressentiellementendirectiondu Pic du Canigó, du fait d’une absence de stratégie signalétique à l’échelle de la destinationtouristique.Eneffet,depuisleprojetdepisteintervalléeetlesconséquencesquenousavonsvuesenmatière de gestion de la fréquentation touristique concentrée vers ses refuges et sommets,notamment l’emblématique Pic du Canigó (25000 visiteurs/saison2014) (SMCGS), l’approcheprivilégiéea jusqu’alorsétédavantaged’ordreorganisationnelet technique:plandecirculation,sécurisationdesaccès,aménagementdeparking,etc.Certainssitesontétérequalifiésdemanièresuccincte (zones de stationnements essentiellement), mais aucun projet d’ampleur de mise envaleurdupaysageetduterritoiren’avaitjamaisétélancé:laprioritéétaitjusqu’àprésentdegérerlesvéhiculesenaltitudes,

• Une stratégie en faveur du développement d’un tourisme durable et responsable: un Schémadirecteurdesactivitésetloisirsdenatureaétéélaboréen2015dansl’objectifdeprogrammerlesprioritésd’actionsetd’interventionautourdeplusieursthématiques,notamment:lebien-êtreetl’art de vivre, les activités de nature, etc. Une stratégie marketing touristique a également étéélaboréeetapprouvéepar leSMCGS,ainsiqu’uneChartegraphiqueconçuecommeunélémentindispensabledelaconstructiondeladestination«Canigó».

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Figure98.Lenouveaulogodeladestination«Canigó»adoptéen2015réactualisantuneicônecélèbrel’imaginairelégendairecatalan:ledragonduCanigó,©SMCGS

Commel’indiqueleSyndicatmixtedanssonrécentPlandePaysagede2015,«enmenantdeconcertces4réflexions complémentaires simultanément, le Syndicat souhaitait bien clarifier le temps de la réflexion dutempsdel’action.Enmoinsde2ans,leSyndicataainsidéfinisonprojetdeterritoire,affirmésesobjectifsdedéveloppement et identifié les projets structurants à accompagner pour permettre au territoire d’émergercommela3edestinationdesPyrénées-Orientales,complémentaireàlameretàlamontagneenneigée».

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3. L’émergenced’unprogrammedegestiondesflux:deuxOpérationsGrandsSitespourcontraindrelafréquentationtouristique

LapolitiqueGrandSiteaété lancéedans lemassifduCanigóen1989.L’idéed’unegestioncollectivedumassif,desondéveloppementetdesaprotectionfaitsonchemindepuisledébutdesannées1990sansjamaisseconcrétiser.LapolitiqueGrandSiten’avancepasdepuisl’inscriptionduCanigósurlalisteministérielle.C’estfinalement avec l’affaire du Pla Guillem, en 1994, que l’État accélère le processus et lance l’OGS. Dès lespremiersmoisde1995,ilorganisedesinstancesdeconcertationouvertesauxdifférentsintervenantslocaux,politiquesetassociatifs.Uncomitédepilotagedelancementdel’OGSestcrééennovembre1995.Ilregroupelesélus,lesadministrationsetlemondeassociatifquiontpourmissiondesuivrelesétudesetlesdiagnosticsdansl’objectifdedéfinirlapolitiqueàmenersurlemassif.Iladoptedès1997un«projetdeprotectionetdevalorisation»quiestsignéparleSIPARC,l’ONFetlaDIREN.

3.1.Prendreenmainleproblèmedelafréquentationdumassif:lelancementdel’OGS1àlafindesannées1990

Conformément à laméthodologie employée dans les années1990, l’OGS Canigó commence d’abord parune phase d’études préalables à la programmation. Celles-ci serviront de base pour définir les axes de lapolitique qui seramenée par la suite. Elles participent également, demanière indirecte, à institutionnaliserl’idéequeleCanigóestunemontagne«dégradée».

Lapremièreétudeestpubliéeen1996.Elleestconduiteparl’AgencePaysagesquiadéjàproduitplusieursréférencessurdesproblématiquesidentiquesetparticipéàladéfinitiondeplusieursOpérationsGrandsSites,dont celle du Pont duGard et deGavarnie. Basée à Avignon, l’Agence Paysages a la confiance de laDIRENLanguedoc-Roussillon qui est la direction régionale sollicitant le plus l’outil des OGS en France. Cetteexpérience joueun rôle important dans l’avancement des réflexions qui accompagnent la constructiond’unnouveauprojetsurlemassifduCanigó.L’AgencePaysagesmanieminutieusementlesconceptsdéveloppésparlescerclesnationauxquiredéfinissent,àcettemêmepériode,lapolitiquedesGrandsSites.L’étudepubliéeen1995est composéed’undiagnostic, d’uneétudede fréquentation et d’unprogrammede valorisation et degestion de la fréquentation. Les enjeux plus strictement naturalistes sont abordés dans une seconde étudeconduite par le Conservatoire des Espaces Naturels de Languedoc Roussillon en 1997. Celle-ci permetd’améliorer les connaissances en termes d’inventaire écologique et constitue la base des propositions degestionenvironnementaleetdesmesuresd’éducationetdesensibilisationquiserontprisesdansl’OpérationGrandSite.

CesétudessontdiscutéesauseinduComitédepilotagequiasuivileurréalisationetaproduiten1999,surlabasedesdifférentespropositions,un rapportdeprésentationetdes fichesaction«OpérationGrandSiteCanigou1999-2001».Unedernièreétudeéconomiqueet juridiquerelativeà lagestionde l’OpérationGrandSitecomplèteetachèvecettephased’étudepréalableaumoisdejanvier2000.LapremièreconventionGrandSitepeutêtresignéele11juillet2000etlastructuredegestionunique,leSMCGS,verralejourenseptembre2002.

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Figure99.Signaturedel’OGS2en2007,symboled’unchangementdecap,©SyndicatMixteGrandSiteCanigó

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3.2.Desétudesdefréquentationdupublicavanttoutconçuescommeoutilderéorientationdudéveloppementtouristique

Lafréquentation,problèmeconsidérécommemajeurdansladémarcheGrandSite,aétéappréhendéeparplusieurs études complémentaires. Celles-ci ont cherché à décrire les grandes caractéristiques du type detouristevenantdanslemassifduCanigó.

La première enquête de fréquentation a été réalisée par l’Agence Paysages en 199629. Il s’agit de lapremière étude lancée dans le cadre de l’OGS Canigó, ce qui révèle l’importance de la problématique«fréquentation» dans l’esprit des porteurs de projet OGS. Cette enquête s’est notamment donnée pourobjectifdeproduireunportrait-robotdutouristemoyenfréquentant leCanigó:«Ilvientengénéralavecsafamille,envoiturepouruneduréemoyennede6 jours. Ilest intéressépar les lieuxculturels,mais souhaiteégalement réaliser de petites randonnées. Il est satisfait de la qualité des espaces publics et accepteraitl’interdictiondesvéhiculesdanslesespacesfragiles(75%deréponsesfavorables).Enfin,ilsouhaiteavoirplusd’informationssurles«activitésnature»(SyndicatmixteCanigógrandsite,2005).

Les résultatsont servidebasepour la secondeétudede fréquentationquiaété réaliséeen2000par lebureau d’étude De Visu auprès de quatre publics différents30: grand public, randonneurs, transporteurs etpratiquantsdecanyoning. L’auditde2005synthétise les résultatsainsi:«Lesmotivationsn’ontpaschangé,mais la perception du massif semble se dégrader. 32% des visiteurs ont constaté des dégradations sur lesespacesnaturels.Parallèlementl’adhésiondespersonnesàuneréglementationplusstrictedelacirculationesttoujourstrèsforte.82%sedéclarentprêtsàaccéderauxzonesd’altitudesansvéhiculeàmoteur.Lesreprocheslesplus insistantsportentsur lemanqued’informationsconcernant lesactivitéset lesrichessesculturellesdusite,ainsiquesurlasignalisation».

Au-delà des résultats obtenus, ces études fonctionnent en effet commedes enquêtes de satisfaction declientèle.Ellesplacentletouristeensituationdedonnersonavissurunproduitqu’ilconsommeouqu’ilvientdeconsommer.L’élaborationd’unportrait-robotpermettantd’identifierletouristetypeenestl’objectiffinalqui doit permettre de traiter la question de la «fréquentation» conçue sur le rapport produit/clientèle. Laconception de cette notion a eu des conséquences directes sur le processus de gestion de la fréquentationdanslemassifduCanigó.Celaaeneffetcontribuéàhiérarchiserlesprioritésd’investissement,enlaissantparexemple de côté le projet de «Route du fer» (dimension de patrimoine culturel et identitaire, considérécommepeuattractifpourlesvisiteurs),auprofitdesprincipales«icônespaysagères»etduPic.Lesétudesdefréquentationsontdoncpermisdeconnaître l’étatde laconcentrationdespublics,maisaussid’identifiercequirendleterritoirevéritablementattractif(lesressources),afindelesentretenir.Lesétudesdefréquentationontprobablementdavantageserviàpréserverlafréquentationtouristiqueplutôtqueladiminuer.

En 2005, un audit de la première opération Grand site a été réalisé. Il a permis d’interroger unecinquantaine d’acteurs impliqués dans la gestion de la fréquentation du massif, ce qui a donné lieu auxinterprétationssuivantes:

Unefortemajoritédespersonnes(75,4%)estimequelafréquentationétaitforteet

concentrée sur certaines zones dans les espaces naturels et à un degré moindre(47.4%) dans le piémont. Elles jugent la pénétration motorisée du massif difficile à40%, normale à 26% et aisée à seulement 16% et l’impact occasionné par les

29Réaliséedurantles3moisd’été,en11journées:262personnesinterrogées.30625questionnairesadministrés

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véhicules,faibleàacceptableàraisonde61%.Lesusagessemblentcomplémentairesentre eux pour 64% des personnes interrogées. Par contre 41,7% des personnesestimentqu’ilyadesconflitsd’usageentrelesusagersréguliersetlestouristes.Parmiles raisons des conflits, on rencontre souvent le problème des chiens, non tenus enlaisseparleurspropriétaires,quidérangentlestroupeauxainsiquelesconflitsentrelesrandonneurs et les chasseurs. Enfin l’impact des usages sur le milieu naturel estconsidéré acceptable pour 61% des personnes interrogées (source: Plan de gestion2010-2016,p.60,àproposdel’Audit2005).

Cette logique d’étude des attentes et des profils se poursuit en 2009 avec la réalisation d’une nouvelleétude de fréquentation conduite dans le cadre d’une démarche qualitative par un étudiant de Master ensociologie.Cechoixdeméthodeparaîtalorsêtrel’uniquepossiblefinancièrementettechniquementauxyeuxdes administrateurs et de l’équipe du SMCGS. Ces derniers savent que les résultats quantitatifs et factuelsserontlimités,maislàn’estpasforcémentl’enjeuprincipal:unenouvellefois,cetteétudedefréquentationasurtoutpourobjectifdedéterminerdesprofilsdevisiteursetsurtoutdelafaireréagiràlaquestiondu«plusoumoinsdevoitureenaltitude».L’enjeu,pour lesacteursenchargede lagestiondusite,estdesonderetd’évaluer l’acceptationsocialedesmesuresprisesdepuis2005 (fermeturesdepistes, tractionanimale,etc.),afin de savoir si ce programme d’action peut être poussé plus loin encore. Autrement dit, il s’agissaitd’identifierdestypesdepublicsenfonctiondeleurrapportàlavoitureenaltitudeetàleursmodalitésd’accèsà lamontagne.Cetteétudeconstituait ainsiuneconnaissance indispensableà la légitimationdesprojetsenpréparation et du futur plan d’action2010-2016 du SMCGS auprès du ministère, notamment dans laperspectivedelalabellisationGrandSitedeFrance.

Figure100.Protocoled’enquêtedel’étudedefréquentationdumassifduCanigóde2009,source:Plande

gestion2010-2016

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Ledétaildesrésultatsdecetteétudedefréquentation2009estassociéauPlandegestion2010-2016(p.62-74),preuvedel’importancestratégiquequ’elleapujouerpourlepositionnementduSMCGSauseinduRéseaudes Grands Sites de France et du Ministère. Les principales conclusions à retenir dans le cadre de ceprogrammederechercheen2015sontlessuivantes:

Ø latendanceàlabaissedelapénétrationautomobiledumassifseconfirme

chaque année. La capacité de charge duGrand Site, fixée à 120 véhiculesjournalierspararrêtépréfectoral,n'ajamaisétéatteinte.Unemoyenneestestiméeà50véhicules/jourenpleinesaisontouristique;

Ø cettebaisses'accompagned'uneaugmentationdesnuitéesdesrefuges,etila étémontré que les visiteurs sont prêts à marcher plus de 2h pour lesatteindre. La viabilitééconomiquedes refuges, véritablespoints cardinauxduGrandSite,nedépenddoncpasdirectementdel'accessibilitémotorisée;

Ø lachutede lapénétrationautomobilecorrespondauxattentescroissantesdes visiteurs qui souhaitent très majoritairement profiter de l'esprit deslieux du Canigó qu'ils définissent avant tout commeun espace naturel dehautemontagnedanslequelilsviennentrandonneretmonterauPic;

Ø mais lerapportà l'accessibilitémotoriséediffèrefortementselonlestypesde visiteurs : au-delà des simplifications évidentes, mais nécessaires, lesprofils décrits ci-dessus montrent combien la diversité des publicscomplexifielaproblématiquedelagestiondesautomobiles.Lapolitiquedegestion qui sera choisie par le Syndicat Mixte Canigó Grand Site devracertainementprivilégiercertainespratiquesetcertainsusagesaudétrimentd'autres. Les points de fixation et de dissuasion apparaissentparticulièrementopportunspourdiversifierlespossibilitésd'accèsaumassifen déterminant les zones intermédiaires (entre village et site classé)accessiblesenvéhicule;

Ø l'intérêtportéauxapprochesculturellesetauxzonesdepiémontconcerneavanttoutlesvisiteurslocauxetfrançais,quireprésententplusdelamoitiédes visiteurs du Grand Site. Il paraît donc intéressant de multiplier lesinitiativesvisantàdiversifierlesressourcesquifontl'attractivitéduCanigó,contribuant ainsi à la diffusion des visiteurs en piémont qui, comme lemontre l'enquête 2009, sont pour la plupart en villégiature dans lescommunesdumassif;

Ø cesdifférentsrésultatssemblentconfirmerl'adéquationcroissanteentrelespratiques des visiteurs du Grand Site et les orientations stratégiques dugestionnaire.Unmassif demontagnes tel que leCanigónepeut limiter lafréquentation automobile aux villages: la vie du Grand Site en seraitgravementatteinte.Maisparallèlement, l'accèstotalet incontrôlédans leszones d'altitude est aujourd'hui devenu anachronique pour des raisonsenvironnementalesetpaysagères,maiségalement,etceladoitêtreprisencompte,pourdesraisonssocialesetculturelles:lesvisiteursduGrandSitesouhaitentaccéderfacilementauxespacesnaturelsduCanigó,parexempleenvoiture,maisdésirent lesdécouvrirpard'autresmoyens,notammentàpied,unefoisqu'ilslespénètrent(source:Plandegestion2010-2016:74)

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Jusqu’àunepériodetrèsrécente,leSCMGSn’avaitaucundispositifdecomptagedetypeécocompteursennompropre. Il pouvait seulementmobiliser, de façon aléatoire, certaines données issues des compteurs del’ONFetdesRéservesnaturellesenvironnantes.Celaesttoutàfaitrévélateurd’unprojetderequalificationdusiteavant toutportéparunenouvelle représentationde cequedoitêtreunGrandSitedemontagne (sansvoiture) incarnéepar leSCMGSàpartirde2002,maisdontonnesaitpasvraiments’ily’adesdégradationsdirectementimputablesàlafréquentation«piétonne».

Suiteàlalabellisationde2012etauxchangementsdegouvernancequ’aconnusleSMCGSen2013-2104,une nouvelle approche anime le projet de territoire et la gestion de la fréquentation est abordéedans unenouvelle perspective: il s’agit de faire de la randonnée et du tourisme de nature un véritable secteuréconomiquedans lemassifduCanigó.Cequi implique l’investissementdansplusieursécocompteursàpartirdel’été2014.Quelquesdonnéesontétérecueilliesdurantl’été2014etl’été2015,maisaucuned’ellen’apourlemomentétéexploitéeetn’estaccessible.L’uniquechiffrediffuséparleSMCGSesttoutàfaitsymbolique(àlafoisdelafréquentationetdel’usagequ’enfontlesacteurs):«25000personnessontmontéesausommetduCanigócetété».

3.3.Descomptagesautomobilesréguliers,maisdélicatsàinterpréter

Au-delàduprofildesvisiteursetdeleursattentes,lafréquentationautomobilefaitl’objetd’uneattentionparticulièrede lapartde laDIRENetdes associations. Plusieurs comptages routiersontété réalisésdans lecadredesétudesdefréquentationde1996et2000.Ledispositifconsisteàinstallerdescompteursroutierssurles pistes du Llech, de Balaig et deMarialles qui constituent, dès le lancement de l’OGS, les trois «pointsnoirs»de lapénétrationautomobileenaltitude31.Depuis la fermeturedéfinitivede la liaison intervallée, cesontcestroispistesquidrainentlesvisiteursdupiémontverslesiteclasséenaltitude.Ellesfontdoncl’objetd’uneattentionspécialedelapartdesautoritésetnotammentdel’État.

Lescomptagesde1996ontdoncétéréalisésparlaDDEdu13au20aoûtsurlesroutesdeBalaig(auniveauducoldeMillères),duLlech(enamontduMasMalet)etdeMarialles(enamontducoldeJou).Lescompteursposéssurlesroutesontsansdouteenregistrédesvéhiculesdanslesdeuxsensdecirculation,cequiadoubléenvironlafréquentationeffective,maisonpeutretenirlesrésultatssuivants:

• Nombremoyenminimumdevéhiculessurchacunedesroutes=90• Nombremaximaldevéhicules=242pourlaroutedeBalaigle16août• Moyennejournalièred’environ175véhiculespourles3sites.

Il fautnéanmoinssoulignerque lescomptagesde2000sontdifficilementexploitables,caraucunrésultatn’apuêtreobtenusurcertainstronçons(pistedeBalaig,pisteduLlech,pistedeSant-Guillem).Cependant,onnoteuneimportantefréquentationentre12juilletau11septembre:

• surlapistedeMariaillesavec131véhiculesenmoyenneparjour• surlapisteduLLechavec341véhiculessurlaRD24avantVillerach• surlarouteforestièredesEstables:25véhiculesparjourenmoyenne• surlaRD43quimèneàBatère:229véhiculesenmoyenneparjour.

Pour lesprotagonistesde l’OGS,DIRENetONFen tête, l’intérêtdescompteursestdepouvoirquantifiercette fréquentation automobile tant décriée sur les pistes quimènent en altitude. Or, si l’on en croit JulesDuchasteletDanielleLaberge:«lamesurenedépendpasdepropriétésintrinsèquesdel’objet,maisdenotre

31L’étudede2000étendral’enquêteàlapistedeSaint-Guillem(Vallespir)

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aptitudeàenconceptualiserdesaspectsmesurablesetdel’ingéniositéàtraduirecespropriétésennombres[…].En d’autresmots, la représentation qualitative ou quantitative d’un objet dépend du choix d’un système dereprésentationsymboliquedecemêmeobjet»(Duchastel,Laberge,2011).Laquantificationenelle-mêmenesuffitdoncpasàtraiterleproblème.Etilesttrèsviteapparuqueleproblèmedelafréquentationnerésidaitpasuniquementdans lespratiqueset lesusagesde lapistequepouvaientenavoir lesautomobilistes,maisqu’il était, pour certains, tout simplement «qu’il y ait des automobilistes». Par ailleurs, les sessions decomptagemisesenplaceen1996commeen2000s’avérerontdécevantesetnepermettrontpasd’obtenirdesrésultats fiables pour des raisons principalement techniques (défauts de fonctionnement occasionnels) etméthodologiques(mauvaisemplacements).Certainscompteursontparailleurssubidesactesdevandalismeetdesabotage,témoignantdelacraintequepouvaientavoirunepartiedeshabitantsdesevoirrestreindrelesaccès qu’ils ont l’habitude d’emprunter. Des propositions de gestion très précises de ces pistes ont tout demêmeétéélaborées.

En1996,descomptagesontétéréalisésparlaDDEdu13au20aoûtsurlesroutes de Balaig (au niveau du col de Millères), du Llech (en amont du MasMalet) et de Marialles (en amont du col de Jou). Le nombre maximal devéhiculesestde242pourlaroutedeBalaigle16août; lamoyennejournalièreétantd’environ175véhiculespour les3 sites. Il fautnéanmoins soulignerqueles compteurs posés sur les routes ont vraisemblablement enregistré lesvéhicules dans les deux sens de circulation, ce qui a doublé environ lafréquentation effective. Le nombremoyen de véhicules aminima sur chacunedesroutess’élèvedoncà90.

En2000,parmi les résultatsobtenus,onnoteuneétonnante fréquentation

surlapistedeMarialles:131véhiculesenmoyenneparjouret341véhiculessurlaRD24avantVillerachpour lapériodedu12juilletau11septembre.Pour leVallespir, on a dénombré 25 véhicules par jour en moyenne sur la routeforestièredesEstableset229véhiculessurlaRD43quimèneàBatère.(Synthèsedesrésultatsobtenusparlescomptagesroutiersde1996et2000,source:Extraitdel’audit2005del’OpérationGrandSite)

Les conceptions différentes de la place de la voiture sur un site classé de hautemontagne traduisent ladiversité des sens pratiques selon les catégories de population. La manière de concevoir la fréquentationcontribueégalementàorientercesprocessus.

Enfin, entre 2002 et 2007, un contrôle des véhicules présents sur les routes du Llech et de Balaig a étéréaliséparunpatrouilleurONF.

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Figure101.Comptagesdesvéhiculesdurantl’été2002-2007auxCortalets,source:PlandegestionduGrandSiteCanigó2010-2016

Parallèlementàl’étudedefréquentation,etdanslaperspectiveduplandegestion2010-2016,unnouveaudispositif de comptage des véhicules a été élaboré en 2009. Celui-ci a été intégré a lamise en place d'uneéquipedepatrouilleurséquestrespermettantd'étendre lazonedecontrôleetdesensibilisationà lafragilité

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duGrandSiteau-delàdespistescarrossables(espacesdebivouacs,siteclassé,etc.).Lespatrouilleursavaientainsipourmission:

Ø d’assurer un comptage quotidien des véhicules motorisés afin de ne pasdépasserlacapacitédechargefixéeà120véhicules/jourmaximum(releverlanationalitédesplaquesétrangères);

Ø deveilleràcequelesvéhiculesmotorisésnestationnentpasendehorsdesairesprévuesàceteffet(signaléesparunpanneau«P»);

Ø deveilleràcequelesusagersdusiterespectentlescontraintesinhérentesàlavisited'unsitenatureldehautemontagne, fragileetclassé(interdictiond'allumer du feu en dehors des places à feu en béton spécialementaménagéesprèsdesrefuges,interdictiondecoupertoutvégétal/branchagepourallumerdufeu,interdictiondepasseroutrelesbarrièresdeprotectiondesétangsetdestourbièresdanslazonedesEstanyols,etc.)(extraitducahierdeschargesdespatrouilleurs).

Lesrelevéseffectuéspar lespatrouilleursen2009montrentque lapénétrationdesvéhiculesdans lesiteclassécontinuedediminuerdanslemassifduCanigó,commelemontreletableauci-dessous:

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Figure102.RécapitulatifdescomptagesdesvéhiculespersonnelsprésentssurleSiteetdespersonnesayantempruntéledispositifdetractionanimale(été2009),source:PlandegestionduGrandSiteCanigó2010-2016

Les enjeux de gouvernance entre les différents administrateurs du Syndicat Mixte Canigo Grand Siteméritent d’êtrebienmis en avant pour comprendre lamanièredont sedéroulent les différents comptages,automobilesetpiétons.Jusqu’en2012,leSyndicatmixtenedisposed’aucuncompteurroutierouécocompteurpiétons.Ils’enremetauxcomptagesdel’ONFparlebiaisdeconventions,maisnedécidepastoujoursdeleuremplacement.IlpeineparailleursàrécupérerdescomptagespiétonsdesRéservesnaturelles.Autrementdit,la situation paraît paradoxale dans la mesure où le SCMGS a pour mission principale de gérer unefréquentationtouristiquedontiln’aquetrèspeuconnaissance.

3.4.Lesnuitéesdesrefugesgardés:unregardsectorielsurlafréquentationdeséjourenmontagne

En manque de données et à la recherche de «chiffres» permettant de quantifier la fréquentation duCanigó, le SMCGSa également eu recours a des donnéesde secondemain auprèsdes refuges gardés. Ellesjouent un rôle important dans la perspective de limiter la fréquentation automobile tout en favorisant ledéveloppement économiquedumassif. Deux refuges sont particulièrement attractifs: celui des Cortalets etceluideMariailles.

En2010,onestimelafréquentationdecesdeuxrefuges:

• 5000nuitéesparsaisonauxCortalets(lechiffredes5000aétédépasséen2008)• 3000nuitéesparsaisonàMariailles.

Ceschiffresseraientenconstanteaugmentationdepuisunedizained’années.

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3.5.Fermetures,barrières,parkingsetrevégétalisation:c’estavanttoutparlesaménagementsdespremières«actions-pilotes»quesegèrelafréquentationduCanigódèslesannées2000

Les actions-pilotes ont été réalisées sur les principales zones considérées comme étant «à enjeux» etsymbolisant la volonté de limiter la fréquentation touristique en altitude pour mieux la diffuser dans lepiémont.Troiszonesontfaitainsil’objetdetouteslesattentionsdès1996:lePlaGuillem,LesCortalets(etlepic),Marialles. Leur choix a été légitimé par l’étude de l’impact environnemental de la forte fréquentationtouristique réalisée par le Conservatoire des Espaces Naturels du Languedoc-Roussillon pour le compte del’ONFen1996.Celle-ciaenquelquesorterévéléla«fragilité»,pourreprendrel’élémentdelangageemployé,de ces trois zones. De même, la nature des aménagements avait préalablement été fixée par une étudepaysagère définissant les grands principes de réalisation, par exemple, les parkings de dissuasion. C’est laraison pour laquelle le Pla Guillem, les Cortalets et Marialles incarnent à eux seuls la territorialité del’OpérationGrandSite.C’esteneffet,àpartirdecestroissites-là,quel’étatdedégradationoudepréservationduCanigó va être jugé. L’OpérationGrand Site a fait de ces trois zonesdes «géosymboles» : «Un lieu, unrelief, un itinéraire, une route, une construction, un site qui, pour des raisons religieuses, culturelles oupolitiques,prennentauxyeuxdesgroupesethniquesetsociauxunedimensionsymboliquequilesancredansuneidentitéhéritée,peuventêtreconsidérécommedesgéosymboles»(Bonnemaison,1992).L’ancragedanscequ’ilnommeune«identitéhéritée»renvoieàl’inventionetà laconstructionduCanigócommehautlieutouristique.PlaGuillem, lesCortaletsetMarialles sontdesgéosymbolesde ladestination touristiqueetdespolitiquesd’aménagementoudeprotectionquiysontliées.

Lespremièresactions-pilotessontdonclancéesàpartirde1998surlePlaGuillem,théâtrede«l’affaire»de1994.Lapisteintervalléeétantdéfinitivementferméeàlacirculationpararrêtépréfectoral,deuxactions-pilotesconsistentàlimiterl’érosionparravinementetàrevégétaliserletracédelapisteintervallée.

LarevégétalisationestégalementutiliséesurlesitedesCortalets,maiscelle-ciestintégréeàundispositifpluslargederéorientationdespratiquesetdelimitationdelapressiontouristiqueetpastoralesurlesite.LesitedesCortaletsestleplusfréquenté.Lesabordsdurefuge,composédepelousesd’altitude,connaissentunefréquentation importante par les véhicules et un fort piétinement par les troupeaux compte tenudes rarespointsd’eau.Dès1995,leClubAlpinFrançaisavaitprislesdevantsenincitantlesvéhiculesàstationnerenavaldurefuge.L’aménagementdeplusieursparkingsavaitpermisdelimiter,voiredestopperlestationnementdesvéhiculessur lespelousesd’altitudeduPladesCortaletsauxabordsdurefuge.Desactions-pilotesconduitesparl’ONFentre1997et2000ontcomplétécetteinitiativeparl’installationdeplotsetdebarrières.Unrond-pointamêmeétéaménagédevantlerefugepourinciterlesvéhiculesàredescendrestationnerplusbassansavoirlesdésagrémentsdesmanœuvres.Cetaménagementaaussipermisderendreledevantdurefugeplusagréable.Parailleurs,deszonesdedéfensontétéinstallées:cedispositifviseàinterdiretoutefréquentationde certaines parties du site des Cortalets par des barrières, afin de mesurer l’écart entre l’évolution de lavégétation,sansetavecpiétinement.Desplacesàfeuxontétémisesenplacepourlimiterlamultiplicationdesfoyerssauvagessurlespelouses.

LecheminementquiconduitauPicconstitueenquelquesortelacolonnevertébraledusitedesCortalets.Safréquentationesttrèsimportanteetconcentréesurunitinéraireétroitquitraversedeszonesd’éboulisausubstratinstableetfragile.Unedesactions-pilotesadoncconsistéàreconstruirelesmursdesoutènementenpierressèchesetàréordonnerlasignalétiquepouréviterladivagationdesrandonneursau-delàdusentier.

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La fermeture de la piste intervallée a accentué la concentration touristique au niveau deMarialles, siterenduattractifparsonpointdevue,lepointdedépartversleCanigóetlaprésencedurefugecrééen1993parleSIPARC.Uneaction-piloteapermisdecréerunréseaudetroisairesdestationnementreprésentativesdelastratégiedegestionadoptéedanslecadredeladémarcheGrandSite.Unpremierparkingaétécrééauniveaudu col de Jou, point de départ de la piste deMarialles (ex-piste intervallée). C’est le premier parking «dedissuasion» créé dans le massif: il doit inciter les visiteurs à ne pas s’engager sur la piste, relativementendommagée sur les premiers kilomètres, grâce àune signalétiquedissuasive et l’indicationdes sentiers derandonnéequipermettentdemonteraurefugedeMarialles.UnsentierdedécouvertereliantlecoldeJouàMariallesamêmeétéouverten2002pourrendrelecheminementattractif.Plushaut,unsecondparkingdedissuasionaétécrééau lieu-ditduRandé, le longde lapiste,à seulement2kmdu refuge. Ilestégalementconçucommestationnementdissuasifetcorrespondaudépartd’unsentierquimèneaurefugedeMariallesen moins de 45min de marche. Avec la pose d’une barrière, le parking du Randé est devenu en 2010 leterminusde lapistedeMariallesdurant lasaisonestivale.Undernierparking, leplus important,aenfinétécréé au niveau de la barrière qui fait désormais des abords du refuge, le terminus de la piste. Les voituresstationnaient auparavantdemanière anarchique sur le bordde la piste et sur les pelouses avoisinantes. Ceparkingpermetdecanaliserlesvéhicules.

Relevantde la justificationde l’urgenceetde laprioritéd’intervention,onpeutconsidérerqu’aucunedecesactions-pilotesn’estanecdotique.Cesontellesquirévèlentlesensdel’OpérationGrandSiteauxacteurslocaux.Ellesdoiventmarquerlesespritsenschématisantlacomparaisonavant/après,notammentauprèsdeshabitantsetdeshabituésdumassif.Àcetitre,deuxautresactions-pilotesparaissentrévélatricesdusensquel’État a voulu donner à l’Opération Grand Site du Canigó dès les premières années, il s’agit du schéma deramassagedesorduresetdudispositifdemesured’impactducanyoningdanslesgorgesduLlech,tousdeuxmis en place en 1998 et toujours en vigueur aujourd’hui. L’adoption précoce du schéma de ramassage desordures symbolise l’urgence ressentiepar lesprotagonistesduprojetqu’il y avait à traiterde l’entretiendel’espacepublicqu’estdevenue lamontagne. Laprésencededéchetsenmontagnebloque l’imaginairede lanature sauvageencoreprésent. Il estdoncdécidéd’embléeavec l’OGS,que lesdéchetsaccumulésdans lespoubellesseront redescenduset traitésenvalléepourrendre lesiteconformeauxattentesdesvisiteurs.Laconvocationdecetimaginaireprévautégalementdanslechoixquiaétéfaitd’installerdès1998undispositifdemesured’impactducanyoningdanslesgorgesduLlech.CettepratiquesportiveestalorsenpleinessoretlemassifduCanigó,quidisposedenombreuxparcoursfacilementaccessibles,connaîtunefréquentationaccruedelapartdespratiquants.Si le lancementdecedispositifdesuivisejustified’unpointdevueécologique, ilfautlemettreenrapportaveclapromotionfaitepourd’autresactivitésdepleinenaturecommelarandonnéeet leVTTpour identifierundomained’interventiondont l’OpérationGrandSitevaprogressivementsesaisir.OnverraplusloinquelagestionetlapromotiondessportsdenaturedanslemassifduCanigópermetàl’OGS,etparticulièrementauSMCGSàpartirde2002,desepositionnerdanslepaysageinstitutionnellocal.

Cesprincipalesactionsspatialisentleprojetterritorialenassociantl’idée«d’urgencedel’intervention»àtrois sites réputés et attractifs du point de vue touristique. Elles définissent les principales modalitésd’interventionapportéesparl’arsenalconceptuelettechniquedel’OpérationGrandSite:créationdeparkings,posedebarrièresetrevégétalisation.

3.6.Synthèsedesaménagementsréaliséssurlessiteslesplusfréquentésquiconstituentautantdeportesd’entrée32

32Cettesouspartie2.6.estengrandepartieextraiteduDocumentd’objectifsNatura2000(Docob)adoptéen2012parleSMCGSetsespartenaires.

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LePlaGuillem

À 2 300 mètres d’altitude, le Pla Guillem occupe une place stratégique. Son relief plat et sa positiongéographiqueenfontunpointdepassagerelativementfacileentreleConflentetleVallespir,longtempsutilisédans les échanges entre les deux vallées. De plus, ses vastes pelouses offrant une estive idéale pour lestroupeaux sont pâturées depuis fort longtemps. Cette situation a été fortement perturbée en 1973 par lacréationdelarouteinter-valléesquiapermisunefréquentationfortedevéhicules4×4etsurtout,enjuin1994,parlacréationd’unetranchéesur1000menvironquiaactivédesdépartsd’érosiontrèsimportants.«Cequelanatureavaitmisdesmilliersd’annéesàconstruiredepuis ladisparitiondesderniersglaciersduCanigó,cequedessièclesdepâturage,souvent intensif (XVIIeetXVIIIesiècle)n’avaientpasréussiàdégraderdefaçonaussi irréversible, lesvéhiculesàmoteurdepuis20ansetunetractopelleentroisjoursysontparvenusavecl’efficacitéquel’onsait»(Rapportducomitéscientifiquedel’associationCharlesFlahaut,1994).

Il était important d’assurer rapidement la réhabilitation et la protection de ce site. Les deux actions depréfiguration de l'OGS, accompagnées de mesures réglementaires de fermeture de pistes, étaient donclargementjustifiées.

LesCortaletsetlePicduCanigó

Le site des Cortalets souffre depuis longtemps d’une pression touristique très forte. Cette densité detouristes s'est traduite à la fois par une présence importante de véhicules, une dégradation élevée due aupiétinementdanslesabordsimmédiatsdurefugeetuneforteconcentrationderandonneurssurlesentierduPic du Canigó. Cette présence de masse, en particulier à l’occasion de la Saint Jean, crée des dégâts surl’environnementquimettentenpéril lapérennitédesespacesnaturels. Ilestànoterquedepuis2009,cettemanifestationestencadréeetlimitelesvéhiculesàunmaximumde100surlesite.

Antérieurement à l’Opération Grand Site, un gros effort a été réalisé concernant le stationnement afind’éviterlapénétrationdesvéhiculessurlespelouses.Cetravailacommencéen1995,financéparleClubAlpinFrançais,parlacréationdeparkingsentreleRasdesCortaletsetlerefuge,etlaposedebarrièresempêchantlesvéhiculesdepénétrerdanslesespacesnaturels.Cetteactions’estprolongéede1997à2000,grâceàdesfinancementsde l'ONF(posedeplots,créationd’unrond-pointdevant lerefugedesCortalets,entretiendeséquipements,etc.).

En2006, leSyndicatMixteCanigóaengagéde lourds travauxde réhabilitationpaysagèredusiteavec lacréation de 120 places de stationnement. La capacité de charge du site a été depuis limitée à 100véhicules/jour durant la saison estivale. Depuis 2005, un dispositif de traction animale permet de limiter lafréquentation automobile du site et des patrouilleurs équestres encadrent le dispositif et procèdent aucomptagequotidiendesvéhicules.

En2009,leSyndicatMixtearéaliséuneenquêtedefréquentationsurlessitesdesCortaletsetdeMariailles.Enmoyenne,25véhiculesstationnentsurlesitedesCortaletsparjour.Parcontre,lesitedeMariaillesaconnuunaccroissementde fréquentationautomobile.Dans lecadrede l’OGS,parmi lesactionsdepréfiguration, ilavaitété jugé importantdepouvoirapprécier l’impactdecettepression touristiquepar lamiseenplacedezonesdedéfens(action3.4.1del'OGS169).Deplus,uneactionavaitétéprévuesurlaréalisationdeplacesàfeu, afinde réduireunedes causes importantesde ladégradationdesmilieux, à savoir les foyers sauvages.(action2.1.5del'OGS1).Enfin,uneactionderéhabilitationdusentierduPic,avecdestravauxderéhabilitationdu tracé original, reconstruction de murs de soutènement en pierres sèches, signalisation, balisage etdébalisageavaientétéjugésurgentsvul'érosionoccasionnéeparlesrandonneursquittantlesentier,fautedevisibilitéclairedecedernier(action4.2.2del'OGS1).

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Onnotera,enoutre,quel’événement«lacoursepédestreduCanigó»respectedepuisplusieursannéeslecahier des charges environnementales imposé par l’ONF aux organisateurs. Ce cahier des charges sertdésormaisdemodèlepourtouslesévénementssportifsdanslemassif.

Mariailles

Le sitedeMariaillesestundesplus fréquentésdumassif.Deplus, l’étudeduConservatoiredesEspacesNaturels (CEN), de décembre 1992, a démontré les effets négatifs de la pression touristique, notammentmotorisée. Il était donc logique qu’une action de préfiguration concerne ce site (action4.1.3 de l'OGS1).L’action a consisté en la création de 3 parkings. Celui de Mariailles avait pour but de réorganiser lestationnement,souventanarchique,surcesiteetencanalisant lacirculation (plotsévitant l’introductionsurles pelouses). Les parkings duRandéet celui du col de Jou sont des parkings dedissuasion, pour inciter lestouristesà laisser leursvéhiculesdansleszonesdepiémontetàmonteràpieddansleszonesd’altitude.Unsentier pédestre de découverte reliant le col de Jou à Mariailles a été ajouté dans le programme généralvalorisantainsileparkingducol.

Depuis2010,uneairedestationnementauRandéaétéaménagéesousmaîtrised’œuvreduSyndicatMixtepourfermeràlacirculationautomobilelederniertronçondepistejusqu'aurefuge.Cetteréglementationseraapplicabledu14juilletau15août.

ColdeMantet

C’estl’undessitesremarquables,enlimitedescommunesdePyetdeMantet,d’oùl’onpeutvoirlePicduCanigó,lahautevalléeduCady,lePlaGuillemetunegrandepartiedesRéservesnaturellesdePyetdeMantet.L’intérêtpaysagerdusiteenfaitunlieudedestinationassezfréquentéàtouteslespériodesdel’année.C’estàlafoisunlieudepassageduGR®10,unpointdedépartderandonnéesverslePlaSegalar,leRocColomouleTresEstelesainsiqu’unpointd’arrêtavantdepoursuivresaroutejusqu’auvillagedeMantet.Afind’informerles visiteurs, tout en recherchant une intégration paysagère dans le site, une table d’orientation a étéaménagéeàproximitédelastèledresséeenhommageàGeorgesBassouls,ancienprésidentdel’AssociationCharlesFlahault.Parcontre,lespylônes,lignesélectriquesettéléphoniquesainsiquelerelaishertzienservantaussidesupportàunrelaisdetéléphoniemobiledemeurentetaltèrentlaqualitépaysagèredecesite.

En2005,leSyndicatmixteacommandéunecontre-expertisepourl’implantationd’unrelaisdetéléphoniemobile. Cette étude a permis de réduire de 15 à 5 mètres la taille de l’antenne. Et en attendantl’enfouissementd’unepartiedeceslignes,quelquesjeunesarbresontégalementétéplantésafindepouvoirmasqueràtermeleslocauxtechniques.

LerefugedesForquets

Ledémontagedesremontéesmécaniques(deuxtéléskis)delastationdeskidesConques(danslecadredel’OGS1),suiteàl'abandondesonexploitation,aredonnéausiteuncaractère«naturel»conformeàlatouteprocheRéservenaturelledePrats.

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Figure103.AnciennesinstallationsdeskidesConques(aujourd’huidémontées),©SyndicatmixteCanigóGrandSite

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LechaletcommunaldesConques,gîteet restaurant,a retrouvésacapacitéd'accueilgrâceà sanouvellegérance en2007. Il est actuellementouvert toute l’année, y compris gardé enhiver, est sert environ5 000repasparan.Larelativebonnequalitédelarouteforestièrejusqu'auxForquetsgénèreunefréquentationdusiteparfoisimportante(cueillettedeschampignons)etessentiellementhorsdespériodesd'enneigement.

L'accès par la route forestière (goudronnée) jusqu'à environ 1 700m d'altitude offre despossibilitésdedécouvrirlespaysagesdehautemontagnesansdifficulté.Au-delàdecettelimite,lapisteenterre,ditedeRoquesBlanques,nefaitpasencorel'objetd'uneréglementationspécifique.Elleresteouverte,maisestdifficilementcarrossable,etlasécuritépourlacirculationdesvéhiculesdetourismen'yestpasgarantie(domaineprivé).Laposed'uncompteurparlaRéservenaturelledePrats, à environ 1 700m d'altitude sur cette piste, a permis d'enregistrer le passage de 4 317véhiculesdu28avril2006au27avril2007.Cetenregistrement,enunpointprécis,seuleréférencede comptage, laisse présager une fréquentation générale importante du site, dont 60% sontattribuablesàdutourismede«découvertepaysagère»et25%auxdiversescueillettes.LaRéservenaturelle prévoit l'installation d'autres compteurs de passage afin de vérifier l'efficacité desdispositifs prochainement mis en place pour limiter la pénétration des véhicules motorisés aubénéficedelapratiquedelarandonnée(SMCGS,Documentd’objectifsNatura2000).

4.L’élaborationducontenuduprogramme«d’augmentationdesflux»:soignerl’imagedumassifduCanigóetlareconstruire

L’analyse du travail conduit par le territoire du massif du Canigó permet de rendre compte d’un largerépertoire d’actions et d’interventions qui chacune contribuent, à des degrés divers, à la gestion de lafréquentation.Certainesd’entreelles,sansdoutespécifiquesauCanigó,paraissentmériterundéveloppementapprofondidanslaperspectivedecomparaisonavecd’autresGrandsSites.

4.1.Lagestiondesvéhiculesenaltitudecommepriorité

L’OGS a contribué à redéfinir la hiérarchisation des interventions publiques: en 2004 le SMCGS devaits’occuper avant tout de gérer la fréquentation automobile, prendre en main la problématique des pistesd’altitudeetréhabiliterlessites«géosymboles»desCortalets,deMariaillesetduPlaGuillem.

C’estdanscetespritquedenombreusesactionsontétéréalisées(ousontenpassedel’être)parleSMCGSsur les pistes et les abords des refuges. Des arrêtés de circulation sont pris depuis 2004 pour canaliser lacirculationsurlespistesduLlechetdeBalaig.Unesignalétiqueadaptéeetdissuasiveaétéposéeàl’entréedespistes. L’accès y est interdit de nuit, la vitesse limitée à 30km, et la piste de Balaig n’est accessible auxvéhicules particuliers qu’à certaines heures de la journée. Seuls les transporteurs professionnels agréés parl’ONFpeuventl’emprunteràtouteheuredelajournée.UneChartedebonneconduiteestainsisignéeen2010par ces sociétés et des journées de formation ont été dispensées pour améliorer l’accueil de la part deschauffeursjusqu’alorsinstallésdansunelogiquederentedeprestationnecorrespondantplusàladémarchequalitativedontserevendiqueladémarcheGrandSite.

Au-delàdecesarrêtésdecirculation,plusieursaménagementsontétéréaliséssurlespistesdeBalaig,desCortalets et deMarialles pour inciter les visiteurs à laisser leur véhicule privé et à prendre de l’altitude en

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marchant.Lapénétrationmotoriséedanslepérimètredusiteclasséfaitparticulièrementl’objetdetouteslesattentions du SMCGS et de la DREAL qui supervise l’ensemble de ces initiatives. Dans la lignée desaménagements réaliséspar le SIPARCavantmême l’affaireduPlaGuillem,plusieursairesde stationnementconçues pour être «dissuasives» ont été créées au départ des pistes. C’est notamment le cas au col deMilières (départde lapistedeBalaig, 2005) et auCol del Forn (départde lapistedu Llech, 2006).Une foisengagés sur la piste, l’arrêt des visiteursmotorisés est à nouveau sollicité par l’aménagement de zones de«fixation»,selonlaterminologieemployéeparleSMCGS:lerefugedeBalaig,situéàmi-parcoursdelapistedumême nom a été réhabilité en 2007et leMasMalet, situé au premier tiers de la piste du Llech a étéréhabilitéen2008.Cesdeuxairesontétéaménagéespourqu’ellesdeviennentelles-mêmesdesobjectifsdepromenadeetnonplusdesimpleslieuxdepassages.Desdépartsderandonnéessontpossibles,destablesdepique-nique ont été aménagées et des points d’accès en eau ont été réhabilités. On note que dans uneperspectivepatrimoniale,plusieursdecesaménagementsontétéréalisésenferforgé.

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Figure104.Stationnement«anarchique»surlapisteduLlechen2005,©SMCGS

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Figure105.LesabordsdurefugedesCortaletsaprèslestravaux(2007),©ONF

Enfin,lagestiondustationnementauxabordsdesrefugesaparticulièrementététraitée.Depuisl’été2010,l’accèsauxrefugesdesCortaletsetMariallesestlimitéauxvéhicules.

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Figures106et107.Barrièresetréglementationcontraignantl’accèsauxvéhicules,©SMCGS

DucôtédeMarialles,l’airedestationnementduRandé,situéeàmi-parcoursdelapiste,aétéagrandieen2010 pour devenir le terminus des véhicules de tourismedurant la saison estivale : les visiteurs doiventdésormais effectuer 30minutes demarche oumonter avec l’une des sociétés de transporteurs habilités àutiliser le dernier tronçon.Du côtédesCortalets, unebarrière a étéposée à 600mètres en aval du refuge,obligeant tous les véhicules, y compris les transporteurs agrées, à stationner sur les aires spécialementaménagéesàceteffeten2006auniveauduRasdesCortalets,lieudejonctionentrelespistesdeBalaigetduLlech.

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Figure108.Schémaexplicatifduplandecirculation2010(versantnord),©RémiBénos,2011

L’ensemble des actions constitue aujourd’hui une fierté revendiquéepar le SMCGS.Dans sondossier decandidatureau labelGrandSitedeFrancedéposéen2011auprèsduMinistère, le SMCGSutilise cesmots:«Pourlapremièrefoisdansl’histoireduMassifengénéraletdansl’histoiredesrefugesgardésenparticulier,leszonesauxabordsdeceslieuxdevieontététotalementdésengorgéesdetoutvéhiculeàmoteur»(SMCGS,2011).Cetextraitillustreunrapportàlavoitureradicalementdifférentdecequ’ilavaitpuêtreavecleSyndicattouristiqueduCanigou.Maisau-delàdecettedifférence,ilapparaîtquelaproblématiquedudéveloppementtouristiquedanslemassifduCanigódemeureaxéesurlafréquentationetl’accessibilitémotoriséeenaltitude.

Cette problématique mobilise aujourd’hui deux imaginairescontradictoires: la nature empaysagée et«sauvage»versuslavoiture«urbaine»etpolluante.Cetteoppositioncaricaturaleestnotammentdiffuséeetlégitiméepar l’arsenal conceptueldéveloppépar leRéseaudesGrandsSitesdeFrance.Onamontréque laproblématique de la gestion des véhicules avait étémobilisée pour créer du collectif et faire converger desexpériencesaumomentdelacréationdeceRéseau(Bénos,2011).LeRGSFestprogressivementdevenul’undes experts reconnus au niveau national sur la problématique desmobilités dans les espaces naturels. Despublications, des séminaires, des conférences témoignent des différentes expériences menées par desstructuresmembresduRéseau,aupointquecelui-ciestaujourd’huienmesurederevendiquerlathématiquedes«Écomobilités»commel’unedesesspécialités(grandsitedefrance.com,2011).

Cependant,laproblématiquedelaprésencedesvéhiculesdanslesGrandsSitesestbienpluscomplexequecelle d’une opposition duale. Les Grands Sites ont besoin d’être fréquentés pour demeurer «grands»,notammentdansledomainedel’économietouristique.GeorgesCAZESetRémyKNAFOUrappellentàcesujetqu’un lieu touristique «n’existe que par et pour le tourisme, responsable de son invention» (Cazes, Knafou,1995: 829). L’Opération Grand Site dumassif du Canigó ne s’est donc pas limitée à réglementer les pistesd’accès et à dissuader les visiteursdemonter en véhicule jusqu’au site classé.De 2005 à 2008, le SMCGS aengagédelourdsinvestissementsvisantàsécuriserlestalusetàaméliorerlabandederoulementdespisteselles-mêmes. Il s’agissait directement de pouvoir continuer àmonter en voiture au refuge des Cortalets, lapréfecturedesPyrénées-Orientalesmenaçantd’eninterdirel’accèspourdesconditionsdesécurité.LamenacefutpriseausérieuxetleSMCGSréalisalesopérationsnécessaires.Difficiledetrouverlabonneformulepourjustifierquedesparkingsdedissuasionssoientcréésàmêmetempsquelacirculationsurlespistesallaitêtreaméliorée.Ledocumentpubliéetenvoyéàlapresseetauxéluscomportaitfinalementleparagraphesuivant:

Garantir l'ouverture de notremassif est l'un des principes directeurs du programme d'actionmené par le Syndicat Mixte Canigó Grand Site. Ainsi, un vaste plan d'investissement sur lesinfrastructuresd'accèsaétémisenplace,notammentsurlespistesduLlech(depuisVillerach),deBalatg (depuis Fillols) et du site des Cortalets, à 2 150 mètres d'altitude. La complexité desproblématiques de gestion du massif fait de ce plan d'investissement un ensemble d'actionscomplémentaires et interdépendantes : sécurisation des falaises, installation de grillages etréalisationdepurgespréventivespoursécuriser les falaises,posedereversd'eauetrefontede labande de roulement pour limiter l'érosion des pistes, création de parkings de dissuasion etsignalétique préventive en basse altitude, mise en place du dispositif de traction animale,réaménagementdurasdeCortaletsetrevégétalisationdestalus, restaurationetvalorisationdessentiers pédestres, etc. Chacune de ces réalisations permet de renouveler progressivement lafréquentationdumassif,enreliantpluslargementlepiémontetleszonesd'altitudesquiretrouventlecaractèrepaysageràl'originedeleurrenommée(SMCGS,2008:16).

Leregistrede«l’ouverture»delamontagneétaitainsimisenrelationaveclavolontéderelierlepiémontetleszonesd’altitude,conformémentàl’objectifdefavoriserlesretombéeséconomiquesdanslescommunes.

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CeregistrevisaitàfaireaccepterlocalementlesréglementationscontraignantlacirculationenmontrantquelemassifduCanigódemeuraitunemontagneaccessible.PourmieuxcomprendrecetteproblématiquedegestionessentielledanslamiseenpatrimoinedumassifduCanigó,ilsemblepertinentd’analyserplusprécisémentlamiseenplaced’unprojetoriginal:celuidelatractionanimale.

4.2.Latractionanimale,undispositifalafonctionsymboliquecrucialepourchangementlespratiquesdefréquentationdansleCanigó

Cherchant à limiter l’impact de la fréquentation touristique sans ferme l’accès au massif du Canigó, leSMCGS a joué la carte d’une action pharemettant en scène un type demobilité douce par le dispositif detractionanimale.Laquestiondelamobilitéestabordéeparuneapprochecherchantàaugmenterl’attractivitédumassifenl’insérantdansunedimensionpatrimonialevisantàlimiterlesdégradationsetlespollutionstoutenl’ouvrantauplusgrandnombre,ycomprislespersonnesàmobilitéréduite.C’estdanscecontextequeledispositiftractionanimalevaprogressivementpermettredegagnerlavictoiresymboliquedelamiseenrécitetdelamiseenscènedumassif.

Ledispositifdetractionanimaleaétélancéen2005danslemassifduCanigó.Sastructurationestpasséepardifférentesétapes:unpartenariatavecleHarasNationald’Uzès;uneformationdescochetsetgrumsen2005; la location puis l’acquisition de chevaux par le SMCGS en 2006. Deux voitures hippomobiles ont étéspécialement construites pour cette action et ont été acquises par le Syndicat Mixte en 2005. Ces deuxcalèches font les rotations par demi-journée, du jeudi au dimanche durant la saison estivale sur le dernierkilomètreavantd’arriveraurefugedesCortalets.Cedispositifsertessentiellementàacheminerlespersonnesàmobilité réduite, les visiteurs chargés, les enfants en bas âges. Les visiteurs sont préalablement invités àstationner leurs véhicules sur les aires de stationnement qui ont été aménagées en contrebas du point dedépartdelatractionanimale.Onvavoirquecedispositifestprogressivementdevenuuneattractionpourelle-même,aupointd’interrogerleprincipeinitialdeprotection.

Letransportétait initialementpayant (2€).Mais lacontributionfinancièreétait ridiculecomptetenudesdifficultés de gestion comptables qu’elle engendrait. Depuis 2008, le transport est gratuit et le nombre depassagersasensiblementaugmenté:1200personnesontététransportéesdurantlasaisonestivale2008,1600personnesdurantlasaison2009,et3100personnesdurantlasaison2010.

Ledispositifdetractionanimale,concrètementcelas’organisecomment?

Aprèssignatured’uneconventiondemaîtrised’œuvreaveclesHarasnationauxd’Uzès,unappeld’offresestlancépourchoisirunprestatairequiseraenmesuredemettre à disposition du Syndicat mixte deux grooms et deux cochers, formé àl’attelage(BPJEPS)etquiaurontlacapacitéphysiqueetpsychologiquedetravailleren zone de haute montagne (2000 à 2150 mètres d’altitude). Le personnel estembauché sur des contrats de 35 heures de travail hebdomadaires du jeudi audimanche,6semaines.LecouchageetlerepasdusoirpourcesagentssontprisenchargeparleSyndicatmixte.

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Avantledébutdelasaison,uncontrôlesanitairedessixMérensesteffectuéaucentre équestre UDSIS de Vernet-les-Bains. Après ce contrôle, les chevaux sonttravailléstroissemainesavantledébutdelasaison–souventenaltitude,àPortaenCapcir. Les deux calèches sont entièrement révisées et les pièces – mêmelégèrement défectueuses – sont changées, avant d’être acheminées sur site. Lesécuries démontables (créées en bois et posées sur le sol, en Site classé) sontremontées, les clôtures remises en état, l’eau aux abreuvoirs est rebranchées, dufoin est livré trois à quatre fois durant la saison. Ce travail de maintenance estaccomplipar l’ONFquigroupecesdéplacementsavecd’autres travauxprévus sursiteoulorsdeladescentedesorduresduChaletrefugedesCortalets,cecidansunsoucid’économie.

En partenariat avec l’ONF et la sous-préfecture de Prades, un arrêté decirculation est pris et interdit le passage des voitures particulières lorsque ledispositifestopérationnel.Lepassagedestransporteursprofessionnelsesttoujoursautorisé,maisonapuobserverunetrèsbonnearticulationentreleschauffeursdestransporteursetlescochets;lestransporteursdéposantlesvisiteursaudépartdescalèches pour le dernier kilomètre. Le caractère «pittoresque» de lamontée auxCortalets enestainsi renforcé,pour leplusgrandplaisir de tous lesacteurs.Pouréviter le piétinement des pelouses aux Cortalets, autour des écuries, les chevauxsont descendus – à pied – du dimanche soir au jeudi matin à Fillols où ils sontparquésetsurveillésaupré.

À la fin de la saison, les chevaux sont contrôlés par un vétérinaire, déférés etconfiésaucentreéquestre.Durantl’hiver, leschevauxet lescalèchessontmisàladisposition – gratuitement – desmembres statutaires,mais également auprès duprestatairepourdesconcourshippiquesetd’attelages.Ledispositifaégalementétédéployédurantl’hiverpourdesmanifestationstellesqueLesEnfantsdelaPlanète,avec Yann Arthus-Bertrand, pour l’inauguration d’une voie verte en Ariège, ouencorepourlajournéedelarandonnéeàPorta.

Figure109.Dispositifdetractionanimale:extraitduplandegestion(2010)

Leprojetdetractionanimaleaétéconçudans l’idéedeproduireune imagede«mobilitépropre»,pourcompenserlafermeturedespistestoutengardantlamontagneetleCanigó«accessibles»àtous.

Conformémentauprogrammedel’OGSsignéen2000,l’objectifétaitd’améliorerlagestiondesvéhiculesenaltitudeetdeneplusdonnerl’imaged’uneairedestationnementauxabordsdurefugedesCortalets.Maisla configuration du site et l’état de ses accès ne permettent pas d’envisager la mise en place de navettescollectives sur lemodèledudispositifdesBouillouses.Desétudesde faisabilitéde systèmesalternatifs sontlancées dès 2000 par le SIPARC et l’ONF qui sont alorsmaîtres d’ouvrage de l’OGS. Deux pistes sont alorsprivilégiées, la structuration d’un service de taxi4x4 et l’introduction de la traction animale, mais aucuned’elles ne se concrétise dans un premier temps. Le système de navettes4x4 semble inapproprié, car peu

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d’entreprises de transport sont intéressées par le projet 33 et que la viabilité économique du dispositifimposerait une tarification des passagers que les maîtres d’ouvrage de l’OGS jugent excessive. Quant à latractionanimale,l’idéen’estpasabandonnée,maisl’ampleurduprojetrendlesresponsableslocauxdubitatifsàl’idéequ’ellesoiteffectivementmiseenplaceunjour.

La création du SMCGS va accélérer ce processus. Fondé en 2002 par le Conseil général et présidé parChristianBourquin,leSMCGSsesaisitdelaproblématiqueenapportantlesmoyenshumainsetfinanciersquifaisaient jusqu’alors défaut. Les premières années du SMCGS sont consacrées à la structuration de sagouvernance: il lui faut un local, du personnel, organiser son administration, se faire connaître. Il lui fautsurtout faire saplaceet trouver le bonéquilibre entre le SIPARC, l’ONFet leConseilGénéral desPyrénées-Orientalesquiensontlestroisadministrateurs.Peudeprojetssontréalisésdurantlesdeuxpremièresannées.Àpartirde2004,unnouveaudirecteurarriveauSMCGSavecune feuillede routeprécisede lapartde sonprésident:prendreenmain laquestionde lapénétrationautomobileduCanigóet faire reculer lesvoituresdurantlasaisonestivale.

Lamiseenplacedelatractionanimaleetdetoutsondécorumapermisdefaireaccepterlocalementquelesvoituresn’accèdentplusaucœurdusiteclassé (auniveauduRasdesCortalets).L’évolutionannuelledupoint de départ offre la possibilité d’abaisser le niveau de la barrière fermant l’accès aux véhicules privésdurantlasaisonestivale.Enproposantunesolutionalternative,LeSMCGSasouhaitémontrerquelafermeturedel’accèsauxvéhiculesmotorisésnesignifiepasquel’onchercheàfairebaisserlafréquentationdumassif.Latraction animale stigmatise les moyens d’accèsmotorisés sans pour autant remettre en cause l‘objectif deprofiterdesretombéeséconomiquesdel’activitétouristiquedumassif.Encesens,latractionanimalesatisfaità la fois aux deux objectifs de protection et de développement du massif: protection de la nature et del’environnementenlimitantlesnuisancesetautresdégradationsliéesàlamotorisation;développementlocalensuscitantunenouvelleattractivitéetencréanthuitemploisdurantlasaisonestivale.

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Figure110.TractionanimaledansleCanigó,©RémiBénos2011/SMCGS

L’accueildesvisiteursestassurésurlesitedesCortaletsparunedizainedepersonnesdontlamissionestdeveilleràlimiterl’impactdelafréquentationsurcemilieufragile.Lorsdelarédactionducahierdeschargeset de ceparagraphe, l’équipedu SMCGSproposait, à travers l’expressionde«valeurs de l’OpérationGrandSite»,quelepublicparticulièrementhétérogènesoitinforméetpréparé.Certainsvisiteursserendentpourlapremièrefois«enmontagne»etleSMCGSsouhaitaitainsileurproposerunaccueilconvivialetchaleureux,àl’imagedesreprésentationssocialesetstéréotypalesdu«montagnard»(Debarbieux,1995).

Ledispositifdesurveillanceétaitauparavantassuréparuneprestationde l’ONF:unpatrouilleurcirculaiten4x4surlespistesd’accèsauxCortaletspourcomptabiliserlenombredevéhiculesetvérifierqu’iln’yenapasdavantageque la«capacitéde chargedu site». LepatrouilleurONFassuraitégalementunemissiondecontrôledesusagersdusiteclassé:entantqu’agentassermenté,celui-cipouvaitdresserdescontraventionset était chargé de fermer les pistes en cas d’épisode pluvieux notamment en période de réessuyage. Saprésence relevait donc de l’approche sécuritaire de patrouille. Cette logique a évolué à partir de 2008: lepatrouilleur ONF a été remplacé par un patrouilleur équestre qui n’est plus assermenté et dont lamissionprincipaleaétéréorientéevers«l’animation».

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33 Des conflits entres les entreprises locales potentiellement candidates empêchèrent leur regroupement dans un syndicat destransporteursduCanigó.

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Figure111.Patrouilleuréquestre,été2010,©RémiBénos2011/SMCGS

D’autresétapesadministrativesontconcouruàlamiseenplacedudispositifdetractionanimale.Unarrêtépréfectoralestnotammentpris,chaqueannée,pouradapterlaréglementationdelacirculationsurlespistesduLlechetdeBalatg.Préalablement,desdiscussionsontlieuentreleDirecteurduSMCGS,leSous-préfetdePrades et l’ONF qui sont gestionnaires, pour le compte de l’État, des dites pistes. Les premières années dudispositif,cetterencontrefutparfoistendueenraisondesdoutesduSous-préfetconcernantlapertinencedudispositifet la capacitéduSMCGSàgérer la fréquentationsur le site.Ceséchanges sontdevenus routiniersdepuislasaison2008quiaconfirmélamaturitédel’opération.Lapublicationdecetarrêtépermetàl’Étatdecontrôlerl’applicationdelaréglementationdessitesclasséset,surtout,d’assurersesmissionsrégaliennesdesécuritédesaccèsroutiers: letexteprévoitnotamment lapossibilitédefermer lespistesdurant2 joursà lasuitedeviolentsépisodespluvieux.CelaconstitueunoutildepressionsurleSMCGSquisedonnealorspourmission de réaliser annuellement les travaux d’entretien des pistes, pourtant propriétés de l’État, dansl’objectifd’éviterunefermeturedel’accèsenaltitudeenpleinesaisontouristique.

Lesystèmedetractionanimaleévoluechaqueannée,cequimontresonimportancepourl’imagedusite.Pouraugmenterlescadencesetstructurerdavantageledispositif,lepointdedépartdelatractionanimaleadonc été déplacé chaque année. Or le point de départ de la traction animale correspond au niveau defermeturede l’accèsmotorisépour lesvisiteurs.Autrementdit, lepointdedépartde latractionanimaleestmarquéparunebarrièreen traversde lapiste.C’estencelaque ledispositif contribueà la satisfactiondesobjectifs de «gestionde la fréquentation» portés par l’OGS.Mais pour augmenter les cadences (toutes les30minutes) avec le même nombre de chevaux et de calèches (l’investissement étant trop grand pouraugmenter lecheptelet l’équipement), ce fameuxpointdedépartmarquant la finde l’accèsmotoriséest–paradoxalementpeut-être–progressivementremontéd’annéeenannée.Certainsparamètrestechniquesetlogistiquesontégalementétéprisencomptepourfaireévoluerledispositif.Concernantlesvéhiculesprivés,ilfallaitnotamment installer labarrièreauniveaud’unezonedestationnementsuffisammentaménagéepouraccueillirdenombreuxvéhicules.Concernant lacalècheelle-même, il fallaituneairederetournementetunpourcentagedepenteadaptéàlatractiondeschevaux.Cesdeuxcontraintessontd’autantplusfortesqu’ellesont lieu dans un milieu fragile et sur des versants raides, ce qui rend les opérations délicates et limite laflexibilité du dispositif. Le choix de l’emplacement du point de départ était donc réduit. En définitive, ledispositifaétéstabiliséen2010surun tronçond’àpeine600mètresenavaldurefugedesCortalets :pourcomparaison,lespistesdeBalatgetduLlechfontrespectivement13kmet17kmdelong.Latractionanimaleestquantitativementanecdotique,si l’onpeutdire.Cequilarendcentraledansl’actionpubliqueduSMCGS,c’estdoncsonimportancesymbolique.CedernierkilomètrepermetdesanctuariserlePladesCortaletsetdeconsacrersonstatutdehautlieudemontagne,jugéincompatibleaveclaprésencedevéhiculesmotorisés.Peuimporte le coût du dispositif financé sur fonds publics: l’essentiel est de retrouver un site de Cortaletscorrespondant à l’imaginaire et à «l’esprit des lieux» qui lui sont attribués par les responsables du SMCGSnotamment. Pourtant, l’inventiondesCortalets commehaut lieu romantiqueest indissociablede l’usagedevéhiculesmotoriséspuisque lapistedeBalatgaétécrééedèspourcetteraisonprécisément.C’estbienunequestiond’imageetd’imaginairedontilestquestionici.L’évaluationdesavantagesdelatractionanimalenese fait pas à partir d’indicateurs de biodiversité ou de facture énergétique: le bilan carbone des véhiculesprivés quimontent aux Cortalets est quasiment lemême que s’il n’y avait pas de traction animale. Ce quicompte, c’est que l’image et le paysage du Canigó proposés aux visiteurs correspondent à celle d’un siteprécieuxetfragile,resténatureletauthentiqueetquiméritedoncd’êtrepréservé.L’espritdulieusediffuseaussiparlesodeurs,lesbruitsetlesimagesquinesauraientaccepterlaprésencedevéhiculesmotorisés.Desurcroît,latractionapporteunevisibilitéimportanteàl’actionpublique.Leséquipesdudispositifarborentles

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logosduConseil départementaldesPyrénées-Orientaleset labanderoleduSMCGSdécore lesbarrièresdesenclosàchevaux.Leprocessusd’appropriationparmarquagesembleàsonapogée.

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Figure112.TractionanimaleauxCortalets,enremplacementdes4x4,©RémiBénos2011/SMCGS

Latractionanimaleestunprojetdontladimensionpatrimonialeestindirecte,puisquel’objectifofficieletprincipal est la gestion de la fréquentation et de l’accessibilité. Mais dans l’esprit de ses protagonistes, lavolontédemettreenpatrimoineleCanigóimpliquedefairereculerlapénétrationautomobileetdelimitersessouillures, visuelles,matérielles et symboliques.C’est la raisonpour laquelle les calèchesont été fabriquéesspécialementpour leCanigóetsesont inspiréesde la formedescalèchesdestrajinerscatalanes.C’estaussipour cela que lesmontures initialement prévues étaient des ânes catalans, ce qui aurait permis de surcroîtd’afficher une contribution à la pérennisation de la race. Mais pour des raisons pratiques, ils ont dû êtreremplacés par des chevaux de type mérens, dont on souligne partout l’origine voisine, ariégeoise etpyrénéenne…

Commentexpliquerl’importancedudispositifdetractionanimaledanslapolitiqueGrandSitemenéesurleCanigó?Parcequelatractionanimaleconstitueleprincipalpointd’ancrageàpartirduquelunenouvellemiseen récit et une nouvellemise en scène ont été rendues possibles. Ce dispositif a donné de la légitimité auSMCGSen tantquemaîtred’ouvrageet structureopérationnelle innovante.C’est l’actionqui lui adonné leplus de visibilité locale et nationale. La formule «les 4 pattes remplacent les 4x4» a frappé lesespritslargementrelayésparlapresserégionaleetmêmenationale.Cetteactionestpluslargementapparueinnovanteàl’échelledesespacesnaturelsdemontagne,cequiasuscitéuncertainintérêtauprèsduministèreen charge de l’Environnement et dans le petit monde des gestionnaires d’espaces naturels et des sitestouristiques.Làaussi, lapressespécialisées’estfait l’échode l’expérienceduCanigóenmatièredemodededéplacementsalternatifsdanslesespacesnaturels.

La visibilité et la reconnaissance acquise par l’intermédiaire du dispositif de traction animale reposentégalementsur l’innovationtechnologiqueassociéeàceprojet.Unprojet transfrontalieraétémontépour ledéveloppement d’un moteur électrique et solaire qui soulagerait la traction des chevaux, permettant ainsid’allonger la distance (donc de rabaisser le nombre de voitures) et d’augmenter les cadences. En effet, lescapacitésphysiquesdeschevauxconstituentunecontraintepour l’abaissementduniveaudestationnementdesvoituresqui implique l’allongementdu tempsdeparcours.Cescontraintesont tentéd’êtrecontournéespar le montage d’une opération de coopération transfrontalière avec la Comarca del Ripollès et InstitutPolitecnicRipollesdesenvolupamentdans lecadreduprogrammeLEADERportépar lePaysTerresRomanes.LespartenairescatalansduSMCGSsouhaitaientbénéficierdel’expérienceduSMCGSàtraversdesjournéesdeformationetd’échanges(leurbutétaitdemonterunproduittouristiquebasésurlatractionanimaledansleRipollès),tandisqueleSMCGSespéraitbénéficierdeleurscompétencestechniquesettechnologiquespourlaconception et la réalisation du moteur électrique et solaire. Cette dimension «innovation technologique»associéeàladimension«programmeeuropéentransfrontalier»afortementcontribuéàasseoirlacrédibilitéduSyndicatMixteCanigóGrandSitedanslepaysageinstitutionnellocaletdoncàlégitimersesactions.Iladèslorsétéassociéauxmotsclésd’innovationtechnologique,deprogrammeeuropéenetdeprojettransfrontalier,ce qui a contribué à lui conférer une notoriété croissante. Les structures partenaires doivent désormaiscompteravecune structure solideetpuissante sur leCanigó. Structurequi adésormais, grâceà la traction,mieuxbalisésondomainedecompétence.

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La traction animale a permis de positionner le SMCGS comme structure capable d’allier la tradition etl’innovation, comme le soulève le titre de l’article publié dans la revue Espaces naturels en 2006:«L’authentique, c’est très technique» (Espaces naturels, 2006). Elle s’est progressivement imposée commel’actionphareduSMCGSetdelastratégiedereconnaissancedu«GrandSite».LePrésidentduSMCGSenafaitlesymboledelanotion«d’écologierépublicaine»qu’ilrevendiqueàl’échelledudépartement.Latractionanimaleapermisdemarquer le changementdepolitiquedegestiondans lemassif duCanigóenmodifiantradicalementl’imagede«montagneà4x4»quiluiétaitattribuéejusquedanslesannées1990.Autrementdit,ilaétéplussimpleetplusefficacedemettredeschevauxàlaplacedes4x4quedetenterdelesinterdiredefront.

L’analysedudispositifdetractionanimalerévèlel’interdépendancedesimpératifsdegestiond’unespaced’unepart,desvaleursportéesparundispositifpublicd’autrepart,etenfindesenjeuxpolitiquesde l’accèsauxhautslieux.Ici,ladimensionmémorielledesprocessusdepatrimonialisationnerelèvepasd’unemémoiresocialetellequ’elleapus’exprimerdansleprojetdeRoutedufer.C’estlamémoiredeladégradationetdelafragilité, alimentéepar les ressortsde lapatrimonialisation,qui jouentun rôleactifdans l’avènementd’unefiguredelapatrimonialisationoriginale:celled’unemontagneprotégée,maisouverteetaccessibleàtous.Ladimension spatiale de cette figure est radicalement différente de la figure de lamontagne habitée par unemémoiresociale.Cenesontpluslesvillagesetlessitesminiersquiconstituentles«lieuxdecondensation»delamontagneCanigó(Debarbieux,1995).Cesontdésormaislesiteclasséetlespistesquiyconduisent.Lafigurede l’ouverture impliqued’agirsurdes lieuxcontrôlés,maisn’estpas incompatibleaveccellede lamontagnehabitée.Chacuned’ellecorrespondàdesterritorialitéspolitiquesdifférentes,cellesduSIPARC(post-1995)etcelleduSMCGS.

Lerôletrèssymboliquequ’apujouerlatractionanimalepourfaireaccepterlafermetureprogressivedesaccès routiers en altitude et leur réglementation contraignante se vérifie enfin avec l’arrêt, en 2015, de cedispositif.Comptetenuducoûtdefonctionnementtrèsélevé,enrapportaveclafaibleefficacitéenmatièredetransport de personnes, le SMCGS a décidé demettre un terme à cette expérience de 10 années qui auradurablement marqué le changement d’image du Canigó et les types de fréquentations (automobile versuspédestre)souhaités.

4.3.Lesrevégétalisationscommeoutildegestiondelafréquentation

DèslelancementdeladynamiqueGrandSitedanslemassifduCanigó,c'est-à-diresuiteàl’affaireduPlaGuillemetàlarepriseenmaindel’ÉtatsurlesdestinéesduCanigó,lespremièresactionsenvisagéesvisentàrevégétaliserleszonesjugéescommeétantlesplusdégradées.Lamobilisationdestechniquesderestaurationécologiqueesttrèscourantedans lesOpérationsGrandsSites.Ellerenvoiedirectementà larhétoriquede ladégradation et de la fragilité des sites, développée par les penseurs de la politique Grand Site. Larevégétalisation est appréhendée sur lemode de la réparation, voire du soinmédical si l’on s’en tient à ladimensionéthiqueetnormativedecesdispositifs.

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Figure113.RévégétalisationsurlePlaGuillemen1997,©SMCGS

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Lestechniquesderevégétalisationsontdevenuesundesoutilsclefsdugénieécologiquederéhabilitationdesmilieuxen zonedemontagne,denombreuxchantiersontétéengagésdans cedomainedans cemassif(notammentpar la restaurationdepelousesalpinessurdomainesskiables,etc.).Pour legestionnairequi lesmobilise,l’objectifestd’abordd’assurerlapréservationd’uneressourcetouristique,impliquantlemaintiendel’attractivité d’un haut lieu qui en est le produit support. Le génie écologique est donc mobilisé dans uneapprochefonctionnaliste:l’empriseduvégétalestunmoyend’assignerunefonctionpréciseàdifférentslieuxd’unGrand Site et ainsi à contrôler la fréquentation. Les revégétalisations sontmobilisées comme réponsestechniquesàdesproblématiquesvivesdedégradationd’unepartet,d’autrepart,commeoutildegestiondelafréquentationtouristique.

LesOGSont été conçuespour réhabiliter des sitesqui, à unmomentdonné, ont été considérés commeétant«dégradés».Autourdecetteproblématiquede ladégradations’opèreunetensionentresystèmesdevaleurs et systèmes d'acteurs qui trouve un point d'ancrage dans les chantiers de revégétalisation. C'est laraison pour laquelle une OGS, à travers ses opérations de réhabilitation, consiste d'abord à préserver laressource touristique qui n'est autre que le paysage du site lui-même, ce qui implique de maintenir sonattractivité. Le génie écologique a été mobilisé dans le Canigó selon une approche particulièrementfonctionnaliste,quirépondàdesobjectifsprécisetlocaliséssurdessitesconsidéréscommelesrévélateursdel'étatdedégradationdumassif34:cequel’onpeutappelerdesgéosymboles.

LepremierdecesprojetsconsisteàrevégétaliserlePlaGuillem.C’estl’unedesprincipalesactionspilotesmisesenplacedès1997pourlelancementdel’OGS.Ellemarqueledébutdelapriseenmaindumassifparlesautorités.L’étatd’espritestàl’urgencefacel'érosiondessolsdueàlatranchéeetàladivagationdesvéhiculesdepuis plusieurs décennies. Mais la revégétalisation du Pla Guillem est surtout une action hautementsymbolique. Ce projetmarque l’arrêt définitif de la fréquentationmotorisée sur le Pla Guillem et, au-delà,implique la fermeturede lapiste intervallée.C’estun rêvequi s’effondrepour certains, unegrandevictoirepourd’autres;avecceprojetdébuteunepolitiquede«recul»desvéhiculesdanstoutlemassif.Desymboledelamodernitépermettantdefairecommuniquerdeuxvallées,lapisteestprogressivementperçuecommelatraced’unmodededéveloppementtouristiqueobsolète:sarevégétalisationconsistedoncàl’effacer.

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Figure114.RevégétalisationsurlePlaGuillemen2010,©RémiBénos

Conformément aux objectifs que se fixe le dispositif et à l’historique dumassif, le secondchantier de revégétalisation initié dans le cadre de l'OGS concernelesecteurdesCortalets.Ils’agitlàencored’unprogrammed'actionspilotesconcernant la période1999-2000, ce quiconforte l’idéeque la revégétalisationaétéenvisagée comme l’un des principaux outils deréhabilitationdumassifparlesgestionnaires.L’expériencedela revégétalisation commencée sur

34CelacorrespondauxobservationsquiontétéfaitespourtouteOGSqui,àleurlancement,prennentd'abordlaformed'uneaccumulationd'opérationsderéhabilitationconcernantdeszonesdestationnement,dechalandises,depromenade,etc.,sansvéritableprojetterritorial(Duval,Gauchon,2007).

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lePlaGuillemestmobilisée. Il s’agitpourtantd’uneopération fondamentalementdifférente. Ici, les travauxrelèvent d'une approche visuelle et esthétique. Il n’y a pas forcément de grands problèmes d’érosion oud’instabilité des milieux, même si des justifications d'ordres écologiques sont légitimement avancées. Laréhabilitationdusiterelèvedavantagedelamiseenscèned’accueildupublic:ils’agitdesCortalets,hautlieudefréquentation,decontemplationetdeconsommation.C’estàpartirdecelieuquelegrandpublicesttentédejugerdel’étatdumassifdanssonensemble,toutsimplementparcequ’ilestleplusfréquenté.Au-delàdelapleine saison touristique, les Cortalets revêtent également une forte dimension culturelle pour des formescontemporainesderitescatalanscollectifstelsquelaTrobada(fêtedelaStJean)ouindividuels(monterauPicdepuislesCortaletspourfêterunévènementpersonnel,sousformedepèlerinage).MonterauxCortaletsc’est,enquelquesorte,déjàêtreauCanigó.N’oublionspasqu’àcetteépoque,lesvéhiculescontinuentdestationnersurlespelousesauxabordsdurefugeetenborduredepiste.L’objectifestdelimiterl’impactdespratiquesetdes usages de ce site qui est le plus fréquenté, qu’il s’agisse du piétinement, des places à feu, etc. Larevégétalisationestl’unedesmodalitésd’unprojetplusglobaldemiseenscènedesCortalets.Elleneparticipepasd’undispositifdelimitationdelafréquentationoud’interdictiond’unepratiqueparticulièrecommesurlePlaGuillem.Ils’agitderendrelesiteplusagréable,esthétique,c'est-à-diredelemettreenconformitéaveclesreprésentations monumentales et paysagères qui en font une ressource et le rendent attractif. Larevégétalisationpermetnotammentdecanaliser les fluxdemarcheurs: laprésenceou l’absencedevégétalindiquesi levisiteuraladroitdeposerlepiedenborddecheminounon.Suivantencelalesobjectifsd'uneOGS,ils'agitd'enfaireunlieud'accueilcorrespondantàl'imagequ'enontlesvisiteurs,demettreencohérencela configuration spatialedu siteet lesnormesesthétiquesquiontprésidéaux fonctions touristiquesdu lieupourrenforcersoncaractère«montagne».

En se préoccupant en priorité de ces deux sites, les chantiers de revégétalisationmarquent une rupturepolitiqueetconceptuelleportéepar l’OGSdans lemassifduCanigó.Cesontdeuxhauts lieuxstructurantsetcomplémentaires. Le Pla Guillem est celui de la nature sauvage, trop longtemps souillé par les véhiculesmotorisés.Depuis1994,ilestindirectementdevenulehautlieud’uneluttepouruneautremontagnequecelledes pistes d’altitude. Le site des Cortalets est quant à lui le haut lieu touristique et culturel. C’est la cartepostale, l’icônepaysagère.L’inventionduCanigócommehaut lieutouristiqueest indissociablede l’inventiondesCortaletsaudébutdu20esiècleparleCAFquil’équipederefugeetd’accèsroutier.Autrementdit,dèsleurlancement, ces deux projets de revégétalisation marquent le passage à une nouvelle étape dans l’actionpubliquedeprotectionetdedéveloppementduCanigó.

Letroisièmeetdernierchantierderevégétalisation,denaturedifférente,n'enestpourl'heurequ’austadedeprojet.Ilconcerneletronçon«sud»delarouteintervalléeaménagéeaudébutdesannées1970.SituéeenpartiedanslaRéservenaturelledePrats-de-Mollo(pistedeRoquesBlanques),maisnonréglementée,lapisteest encore utilisée aujourd'hui pour de multiples usages (tourisme, élevage, etc.). À l’initiative du SyndicatMixteCanigóGrandSite,sonétattechniqueafaitl’objetd’uneétudeen2007quiaconcluquesonimpactsurles milieux était majeur et engendrait une forte dégradation. Elle constitue également une «balafre»paysagèrepourleVallespirquiadébouchésurdespropositionsd’interventionautourdedeuxvoletsdegéniecivil (stabilisation des talus par pose de géotextile, de gabions et enrochements) et de génie écologique(opérationdevégétalisationdetalusparplantationourepiquagedegispet,fétuque,genévrier,pinàcrochet).L’undesenjeuxmajeursétantde«cicatriser»,selonl’étude, l’impactpaysagercréépar leshautstalusdelapiste. Mais le gestionnaire se montre particulièrement prudent: quinze ans après l’affaire du Pla Guillem,certainsacteursdéfendentencore l’existenced’une liaisonavec leConflentetnecessentde rappeler le faitquecetéquipementaétéfinancéenpartiepar lacommunepourunusageavanttoutpastoral.Poureux, lerisqueseraitdereconnaîtrequecettepisteestsourcedeperturbationsenvironnementales,ouvrantlavoieàl’effacementprogressifdel’équipementroutier,doncmettreuntermedéfinitifauprojetderouteintervallée.Dans ce contexte, le projet de revégétalisation revêt une dimension «intermédiaire» et joue un rôle depropositionconsensuelleentreledébatmanichéenposéentermesdefermetureoud’ouverturedecettepiste.

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Lavégétalisationdestalussertd'outildemédiation: leSMCGSnepeutfermer lesyeuxsur l'undesdernierspoints noirs du massif en termes de pénétration automobile en altitude. L’administration, la DIREN et leministère sont restés longtempsenattente vis-à-visdu SMCGS. Enproposant ceprojetde végétalisationen2007,leSMCGSproposed’agirsanspourautanttrancherentredeuxoptionsantagonistesetdes’engagerendouceursurunterraindélicatoùsalégitimitédegestionnairen’estpastoujoursévidente.

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Figure115.Lesopérationsderévégétalisationmenéesdanslecadredel’OpérationGrandSite,©RémiBénos2011

La revégétalisation permet par ailleurs d’élargir l’horizon des possibles et d’imaginer de nouvellesorientations,nonseulementpourdiminuerl’impactvisueldespratiquestouristiquesetpastorales,maisaussipour «normer» les comportements et contraindre les usages du site. De multiples réaménagements sontrendus possibles par les techniques de végétalisation, dans lamesure où les traces laissées par les travauxserontensuitedissimuléesparlevégétal.

*

**

Au-delàde leurs spécificitéspropres, ces troisderniers chantiersmontrentbien le rôlequepeut jouer lavégétalisation en tant qu’outil de gestion d’un territoire pour une structure qui doit s’inscrire dans unréférentiel de haute valeur environnementale et donner à voir ses compétences et ses capacités dans cedomaine. À ce niveau, la végétalisation est un instrument de publicisation des actions entreprises par leSyndicatsurlemassif,unaffichagedesescompétencesdegestionnairedesite.Enintervenantdirectementsurla configuration du substrat géomorphologique, il procède à un véritable marquage du site qui peut êtreconsidérécommesa«propresignature»(Verschambre,2008).Lestravauxderevégétalisationtémoignentduchangementdegouvernancedanslaconduitedesaménagementsdumassif:àlafoisdusoucidesnouveauxgestionnairesd’en faireunmoyenpourasseoir leur légitimité,etde lavolontéderepriseenmainpar l’Étatfaisantànouveaudel’ONFsachevilleouvrière.Larevégétalisationpermetd’aborderles«traces»laisséesparlafréquentationdusiteàtraversunedimensionquel’onpeutqualifierdecharnelle(Greish,2003),maisausside projeter cette action-pilote dans le référentiel scientifique des Réserves naturelles. Ce dernier oblige eneffet à revégétaliser avec des espèces endémiques, ce qui revêt un caractère expérimental pour ce typedemilieudehautemontagneméditerranéenne.LeCanigódevientainsiunnouveausitepilotedelarechercheengénie écologique à l’échelle du massif pyrénéen, légitimé par le partenariat engagé avec le Conservatoire

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BotaniquePyrénéenetl’OfficeNationaldesForêts.Ils’agitdelégitimerlegestionnairedansledomainedelaconservationetdoncdel’extraireduseulchampdudéveloppementtouristique.

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3.6. PointeduRazenCapSizun

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La Pointe du Raz… penn ar bed et symbolique

Situéeàl’extrémitéoccidentaledelaBretagne,LaPointeduRazconstituepourlespromeneursunboutdumonde(pennarbedenBreton)parsescaractéristiquesgéographiques.Utiliséàdesfinsdepastoralismeoudepêche,cepromontoirerocheuxfascinelespromeneurs,badaudsetaguerris,tantlesforcesdelanatureentrelesvaguesquirencontrentlesfalaisessurdeshautsfondscréentunspectacle:partempscalme,laperspectiveéloignéeducoucherdusoleilyfascine;partempsperturbé,lesdéchaînementsdelamerd’IroisedanslerazdeSeinterrifient.

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Figure116.CartepostaledudébutduXXesiècle,pastoralismesurlesitedelaPointeduRaz,clichéanonymecitéparLEFUR2013:96

Pour le protéger, le site est classé en 1958 sur une surface de 72 hectares. L’accroissement de lafréquentationdevisite(«touristique»oupas)estidentifiédèsleXIXesiècle,dénoncéàpartirde192935quandla démocratisation de l’accession à l’automobile, l’instauration des congés payés et le développement desséjoursbalnéairesetdesexcursionscommencentà induiredes flux importantsdevisiteurs.Rapidementdescommerçantss’yinstallent,notammentdesbigoudènes,vendantdifférentsbibelotsetsouvenirsentoutgenre,puisquatrehôtelsquiaccueillentdesséjoursenabondance jusqu’à laPremièreGuerremondiale (Fichautetcoll.,1997,Vourc’h,1996).

LieupittoresquevantépardesécrivainsdepuisleXIXesiècle,puislieud’excursionpromuparlacompagniede chemins de fer de l’Ouest et par le comité du tourisme du Finistère, la notoriété s’installe peu à peu(Chartier, 1950, Ginier, 1972) et les flux touristiques deviennent réguliers sans être contrôlés (Baron-Yellès,1996).LetourismesedéveloppesurleCapSizunaucoursduXXesièclenotammentgrâceaudéveloppementdestationsbalnéairesproches(Baron-Yellès,1996)etlafacilitéaveclaquellelesvisiteurspeuventserendreaucapenautomobile.

LadiffusiondesvisiteursauseinduCapSizunestinégale.LaPointeduRazconstituelelieuemblématiqueducapfinistérien,chargédesymboledesforcesdelanature(laroche,lamer,levent).Lesécrivainsrelatentles conditionsparfoisqualifiéesde«difficiles»ou«inhumaines»de leurexpériencedevisite: «…grandesondulationsaridesenaugmentent l’ariditéens’approchantde laPointeduRaz.Touffesde joncsmarinstrèscourts, le sol est pelé par places. Nous traversons deux villages noirs de crasse […]. Trou satanique,bouleversements,replis,indescriptiblescouleursderochessous-marines.L’hommen’estpasfaitpourvivrelà,poursupporter lanatureàhautedose.Cen’estpasunrocher,maisuneagglomérationderocher; laterreapasséentre,herbecourteetglissante»(DuCamp&Flaubert,«UnvoyageenBretagne»,1847).Dès1909,deshôtelssontconstruitsàlaPointeduRaz,desactivitésdeguidages’ydéroulenttrèsrapidement.Iln’yapasdecanalisationdefluxencedébutdesiècle: lesquelquesvoituresquiarrivent jusqu’à lapointestationnentauplusprèsdu«siteàvoir»,maisaussidescommercestelsquedeshôtels,desrestaurantsetdesvendeursdesouvenirssouventsaisonniersquis’installenttoutprèsdusémaphore.

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35L’écrivain René Villard dénonce l’explosion du tourisme à la Pointe du Raz en dénonçant le temple marchand par l’installation demagasinsdesouvenirs.

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Figure117.StationnementdesvéhiculesaupieddusémaphoredelaPointeduRazen1930,source:CommunedePlogoff,

sitewebdelacommune,consultéle01.11.2015,URL:http://www.plogoff-pointeduraz.com/patrimoine/histoire

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Figure118.CartepostaledusitedelaPointeduRazentrelesdeuxguerresmondiales,clichéanonymecitéparLEFUR,2013:124

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Figure119.LapointeduRaz,ChemindeFerdeParisàOrléans,LucienSerre&cieParis,1930

La relation entre tourismeet commerce semble fructueusedans les années1960: propriétaires de leursmurs,unedouzainedecommercesouvrenten1962etseregroupentdansune«citécommerciale»organiséeautourd’unparcdestationnementpourvéhiculesenformede«pisted’aviation».Cesiteestaménagéetgérépar lamunicipalité de Plogoff, notamment pour ce qui est du parc de stationnement payant. Le site reçoit30000visiteursen1970.Lesmentalitésévoluentdanslesannées1970et,peuàpeu,unevolontéderetrouverun paysage «conforme» à ce que l’on attend d’un grand site naturel se fait jour. Le programmede «centmesurespourl’améliorationdel’environnement»vouluparlePremierministreChaban-DelmasestappliquéàlaPointeduRazparleministèredel’Environnementen1971(Desdoigt,2000).Ladégradationanthropiqueliéeau passage fréquent des personnes et des véhicules, au camping sauvage contribue à la réduction de la lacouverture végétale du site. Des opérations sont envisagées en 1976 pour limiter ces dégradations, avec ladestructiondebâtiments,maiségalementleprojetdetransfertdelacitécommerciale.Uneboutiqueprèsdusémaphore«LePennarBed»,unmusée,ainsiqu’enretraitl’hôteldel’Iroise,subsistentalors.

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Figure120.Cartepostalede1958dusitedelaPointeduRazsansleshôtelsetbâtimentstouristiquesprèsdusémaphore.Onobservelaprésencededeuxnouveauxhôtels,clichéanonyme,citéparLEFUR,2013,p.130

Ceprojet est dansunpremier temps ralenti: d’unepart la négociationavec les commerçants arrivésde«plein droit» sur le site s’avère être délicate en raison de l’intérêt économique de leur situationgéographique;d’autrepart,ladécisiondel’ÉtatdeconstruireunecentralenucléaireàPlogoffremetencausel’argumentairepourlapréservationdumilieudelaPointe.Lechoixdulieud’installationdecettecentralede5200mégawattsauseindel’enclavedelandesdeFeunteunAoddanslacommunedePlogoff,àseulementunkilomètredelaPointeduRaz,ébranlequelquepeuleprojetemblématiquedeprotectiondecetespacenaturel.Il faut attendre les élections présidentielles demai 1981 et le renoncement de l’État à cette centrale pourqu’un certain nombre d’actions soient menées en faveur de la conservation de la Pointe du Raz. Le

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ConservatoireduLittoral,parsesacquisitionsen1980,permet laprotectionde laPointeduRazsescoloniesornithologiquestridactyles.

1.LaconstitutionduterritoiredegestiondesfréquentationsàlaPointeduRaz

Lafindesannées1980marquelavolontédesacteursdevaloriseretdepréserverlesitedelaPointeduRaz.LacommunedePlogoffcommandeen1988uneétudesurlamiseenvaleurdelaPointeduRazetdelabaiedes Trépassés (Géolitt, 1989). Cette étude préconise une restructuration des équipements afin de mieuxrépondreauxattentesdefréquentation.Ladirectionrégionaledel’Architectureetdel’Environnementréaliseen1989uneétudebotanique sur l’apparitiondedéserts végétaux anthropiquesquimontreque70%de lasurfacedusitedelaPointeduRazet35%delasurfacedelaPointeduVansontdégradés.CettedétériorationdelabaiedesTrépassésetlaPointeduVanconduitl’Etatàélargirlepérimètredusiteclasséen1987etàlaporter à 200 hectares. C’est dans ce contexte de reprise en main préfectorale (marquée par l’arrivée deMauriceSaborin,préfetduFinistèreen1988),queladémarche«OpérationGrandSite»(OGS)estlancéeavecl’appui d’Ambroise Guellec, député de la circonscription du Finistère et secrétaire d’État à la Mer dugouvernement Chirac demars 1986 à mai 1988. Dans ce contexte local de dévalorisation du site face auxobservationsdedégradations liéesà lafréquentation36,confrontéeaucontextenationaldemiseenplacededispositifs d’OGS visant à réhabiliter des sites classés, dégradés par leur fréquentation associant État,collectivités locales et acteurs des sites, la Pointe du Raz et ses sites connexes apparaissent éligibles auprogrammederéhabilitationdesgrandssitesnationauxdégradésle22novembre1989.D’embléeuncertainnombredeparcellessontacquisesaprèsexpropriationde360propriétairesparleConservatoireduLittoralàlaPointe du Raz et par le Conseil Général du Finistère à la Pointe du Van et dans la Baie des Trépassés. Unprotocoled’accordest signéentre les acteurs sur lesobjectifs et lesmoyensduprojet. LeConservatoireduLittoralmetnotammentcommeconditionàcetteacquisitionfoncièrel’aboutissementduprojetde1976pourledéplacementdelacitécommercialeetduparking.Desscénariosd’aménagementdeslieuxsontproposés,mais l’accord des restaurateurs et des commerçants de la cité commerciale n’est obtenu qu’en 1990 aprèssollicitationdelaChambredecommerceetdel’IndustriedeQuimper.Malgréleurdésaccord,lescommerçantsacceptentleurdéplacementenl’absenced’alternative.

En application de la politique nationale des Grands Sites, l’action préfectorale relayée par la directionrégionaledel’Environnement,soutenueparleConservatoireduLittoral,parlesecrétaired’Étatetdéputédecirconscriptionpermettentauxargumentsdevétustéetd’esthétismevoiredepraticitédesinfrastructuresdeprévaloir et d’envisager le financement de déplacement de la cité commerciale. Le financement intégral decetteopérationincitelescommerçantsà«suivrelemouvement».Maîtred’ouvragedel’opération,leSyndicatmixtepourl’AménagementetlaProtectiondelaPointeduRazetduCapSizun37,crééen1991,commencelestravauxdel’opérationGrandSiteen1993.Ladémolitiondesparkingsetdesbâtimentsintervienten1995et1996. Le comité de pilotage opte pour une revégétalisation en deux ans de la Pointe et fait intervenir le

36Le Télégramme du 3 octobre 1989 titre: «La Pointe du Raz estmalade de son succès: Etats et pouvoirs publics à son chevet pourchercherdesmoyensdemettreenœuvrepourobtenirsaguérison»(citéparBaron-Yellès,1996,99).37SontmembresduSyndicatMixte:lescommunesdePlogoff,deCléden-CapSizun,leSIVOMduCapSizun,leConseilGénéralduFinistèreet à titre consultatif, la Préfecture du Finistère, le Conservatoire du Littoral, la Chambre de commerce et de l’Industrie de Quimper,l’Association Tourisme en Cap Sizun, l’association des commerçants de la Pointe du Raz, le Comité Départemental du Tourisme, lesmécènes.Lecomitésyndicalestcomposéde13déléguésdont4déléguésduConseilGénéralduFinistèreet9déléguésdelaCommunautéde communes du Cap Sizun (établissement public d’intérêt communal créé par arrêté préfectoral le 17 décembre 1993 dans leprolongement des SIVOM et SIVU existants intégrés) dont 4 membres sont obligatoirement de la commune de Plogoff et 2 sontobligatoirementdelacommunedeCléden-CapSizun.SontégalementmembreslaPréfectureduFinistère,leConservatoireduLittoral,laChambre de commerce de l’industrie de Quimper, l’association des commerçants de la Pointe du Raz, le Comité départemental dutourismeduFinistèreetlesmécènesdel’OpérationGrandSite.

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Conservatoire du Littoral, propriétaire et garant de l’intégrité du site, la Direction départementale del’Équipement du Finistère (DDE 29) pour l’assistance à maîtrise d’ouvrage, la Société pour l’Étude et laProtectionde laNature enBretagne (SEPNB) et l’Université deBretagneOccidentale (UBO) pour l’expertisescientifique.

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Figure121.CartographiedestechniquesutiliséespourlarestaurationécologiqueparlaPointeduRaz,source:SEPNBcitéparLEFUR,2013:237

Desexpérimentationssontégalementréaliséespourétudierlacapacitédumilieunaturelàserégénérer(LeFur, 2013). L’ouverture duGrand Site au public en 1996, au termedes travaux de restauration, est assuréegrâceàun financementàhauteurde50millionsde francs, dont13millionspourdes acquisitions foncièresd’unepartiedelaPointeduRazparleConservatoireduLittoraletdelaPointeduVanpourleConseilGénéralduFinistère.L’Europe,l’État,larégionBretagne,ledépartementduFinistère,leConservatoireduLittoral,etlafondationGazdeFrance(dans lecadred’unmécénat) interviennentmassivement.En1996, leConservatoireduLittoralpoursuitl’acquisitiondeterrains,dont38hectaresanciennementdédiésparEDFàlacréationdelacentrale.

LeSyndicatmixteréalise lesactionsdecommunication,d’informationetdesensibilisationdespublicsenmatière de préservation des espaces fragiles appartenant au Conservatoire du Littoral, à la commune dePlogoff,àlacommunedeCléden-Cap-SizunetauConseilGénéralduFinistèresurlestroissitesdelaPointeduRaz,delabaiedesTrépassésetdelaPointeduVan.Afindepoursuivreetderenforcercesmissions,leSyndicatmixteprésenteundossierde candidatureafind’obtenir le label«GrandSite».Cette candidatureaffirme lavolonté d’opter desmesures préventives qui anticipent les dégradations ultérieures, en prenant compte larépartitiondesfluxenregarddespotentialitésbiologiquesdumilieu.Parailleurs,leSyndicatmixtechercheàaffirmerunestratégiededéveloppemententermesderetombéeséconomiquesauseindel’arrière-paysgrâceà l’accueil à la Pointe du Raz et aux actions de découverte du territoire permises par la mise en œuvred’équipements et de services (Dossier de candidature du Syndicat mixte «La Pointe du Raz… vers unelabellisation“GrandSitedeFrance”»).

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Figure122.Périmètredulabel«GrandSitePointeduRaz»2004-2010,source:Dossierdecandidature«LabelGrandSitedeFranceLaPointeduRazenCapSizun»,juillet2012:18

Le label«GrandSitedeFrance»estobtenu le17 juin2004pouruneduréede6anssur lepérimètrede200hectares«PointeduRaz»comprenantlessitesdelaPointeduRaz,labaiedesTrépassésetlaPointeduVan.LeSyndicatmixteestconfortédanssesmissions.Cesannéesde labellisationpermettentunemeilleuregestiondesespacesnaturels:

• lacréationd’uncomitédepilotagepourlagestiondesespacesnaturelsenCapSizun,• laréalisationdeplusieursétudesscientifiques(Bioret,2010),• lapréservationetsécurisationdesentiers,• lesuividelafréquentationetdel’évolutiondumilieunaturel,• laluttecontrelesespècesindésirables,

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• lamutualisationdemoyenstechniquesentre leSyndicatmixteet laCommunautédecommunesduCapSizunpour l’entretiendesespacesnaturelsenvuede lacréationd’unopérateuruniquedans lagestiondesespacesnaturelsetderandonnées.

Concernantl’accueiltouristiqueetlesretombéeséconomiques,cettelabellisationdébouchesur:

• l’améliorationdelacommunicationphysiqueetvirtuelle,• lapromotiontouristiqueduCapSizun,• l’analyse quantitative de la fréquentation de la Pointe du Raz à partir d’écocompteurs et des

transactionsdupéageduparking,• laréalisationd’uneétudesurlarandonnéemenéeenpartenariataveclaFédérationFrançaisede

RandonnéespédestresetFinistèreTourisme,• diverspartenariatsdanslecadredemanifestationsdansleGrandSite,• lamiseenvaleurdupatrimoineparunemuséographiedans laMaisondeSitepuis laréalisation

d’unCentred’Interprétation,• desétudesportantsurl’automatisationdesparkings,• une étude portant sur l’extension de l’espace d’interprétation, de la boutique et quant à la

faisabilitéd’unespacedeconsignes.

Danslaperspectived’unedemandederenouvellementdulabel,ungroupedetravailconstituéautourdelaCommunautédecommunesduCapSizun,duSyndicatmixte,del’AgencedeDéveloppementtouristiqueetdel’AgenceOuestCornouailleDéveloppementmandate lecabinetDominiqueMacoinpourévaluer lagestionduGrandSite.Cetteétudeconclutà:

• la nécessité d’améliorer les méthodes des différentes observations qui ne répondent quepartiellementauxinterrogationsdesgestionnaires,

• lanécessitéd’uneréappropriationduGrandSiteparlesusagers,notammentparleshabitantsquisesententdépossédésparl’affluencedusite(maiségalementlepaiementpourl’accèsauparkingdusitedelaPointeduRazenhautesaison,malgrélagratuitépourleshabitantsduCapSizun),

• lanécessitéd’organisationdelagouvernanceetdereconfigurationdanslagestiondusite,passantnotammentparladésignationdelacommunautédecommunescommeopérateurunique.

Cesconstatsdressés,leSyndicatmixteobtientundélaideréflexionentre2010et2011etfaitlechoixdedemander le renouvellement du label avec un périmètre étendu. En effet, les communes de Goulien et deBeuzec-Cap-Sizunapportentleurappuiàladémarcheetpermettentd’étendrelafaçademaritimedePlogoffetBeuzec-Cap-Sizun.Lesitepassede200hectaresà2024hectares.Parailleurs,laCommunautédeCommunesdu Cap Sizun est porteuse du projet déposé en juillet 2012 et bénéficie du soutien du Syndicatmixte de laPointe du Raz, de l’AgenceOuest CornouailleDéveloppement, de Finistère Tourisme, du Conseil général duFinistère,delaRégionBretagne,duConservatoireduLittoraletdel’État.

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Figure123.Périmètredulabel«GrandSitePointeduRazenCapSizun»2012-2018,source:dossierdecandidature«LabelGrandSitedeFranceLaPointeduRazenCapSizun»,juillet2012:23

Plusqu’unsimple renouvellementde label, c’estdoncunnouveau label«GrandSitedeFrance»quiestobtenule21décembre2012pources2024hectares«PointeduRazCapSizun»,pouruneduréede6ans,etqui concerne une grande partie de la côte nord du cap Sizun caractérisée par un paysage de landes et defalaiseslittoralesainsiquedezoneshumides.

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Figure124.Propriétésfoncièresdelacôtenord«GrandSitePointeduRazenCapSizun»,source:CG29,Dir.del’aménagementdel’eau,del’environnement,etdulogement,servicedesespacesnaturelsetdespaysages,extraitdel’Atlasdes

propriétésetdezonesdepréemptionsdépartementales,avril2012:63

Ce territoire rassemble une mosaïque de parcelles appartenant au Conseil Général du Finistère, auConservatoire du Littoral, au Syndicat mixte de la Pointe du Raz, les communes de Beuzec-Cap-Sizun, deGoulien, de Cléden-Cap-Sizun et de Plogoff, à l’association Bretagne Vivante (ex-SEPNB), aux propriétairesprivés (avec une zone de préemption départementale concernant notamment les sentiers côtiers et uneconvention avecBretagneVivante). La candidature repose sur unprojet de territoire fondé sur unnouveaumodedegouvernancequireconnaîtlerôledelaCommunautédecommunesduCapSizundansleportagedeladémarchede labellisation, lacoordinationdesopérationsrelativesauxGrandSiteetentantqu’opérateuruniquepourlagestiondesespacesnaturels.

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Figure125.Propriétésfoncièresdelacôtesud«GrandSitePointeduRazenCapSizun»,source:CG29,Directiondel’aménagementdel’eau,del’environnement,etdulogement,servicedesespacesnaturelsetdespaysages,extraitdel’Atlasdes

propriétésetdezonesdepréemptionsdépartementales,avril2012:63

2.L’émergencedespratiquesdegestiondesflux(1950-1989)

LeConseilGénéralduFinistèreobserveaudébutduXXe siècle ledéveloppement touristiqueetexprimedes craintes pour le site: «dès 1928, c’est le Conseil Général qui a eu projet de préserver et d’empêcherl’urbanisationetdecanaliserlespromeneurs»(entretienavecledirecteurdusyndicatmixte,19/03/2015).Sonprojet est d’acquérir le site de la Pointe du Raz.Mais le classement en 1943 de l’extrême pointe38permetd’empêcher la propagation des constructions d’hôtel et suffit dans un premier temps à limiter l’impact surl’environnement. Cette mesure n’empêche néanmoins pas l’ouverture du musée ainsi que l’ouverture denouveauxhôtels,dontlecélèbrehôteldel’Iroiseouverten195039.

DansladeuxièmemoitiéduXXesiècle,l’accèsetl’organisationdesservicesàlaPointeduRazdeviennentanarchiques.Faceàuneactivitéenprogressionforte, lamairiedePlogoffcommenceàgéreretréglementerl’activitédeguidagedès1946(PlogoffInfos,2009:14).Pendantlahautesaison,unrégisseurremetauxguidesles tickets vendus aux visiteurs. Les groupes ne doivent pas dépasser 10 personnes, le contrevenant estsanctionnéparuneamendepournon-respectdesnormesdesécurité.Cen’estqu’àpartirduclassementparl’État de l’ensemble du site en 1958, que des initiatives communes sont lancées. La réinstallation descommerces est réalisée en 1962 avec la création d’un bureau des guides et l’aménagement d’un parkingbitumé de 2 hectares pour les véhicules motorisés, réalisé par la commune de Plogoff. Cette démarchetémoigne de la première forme de contrôle des flux d’accès à la Pointe du Raz. Cette initiative change leshabitudesdesvisiteursaccédantausiteenautomobile.Leshabitantssontlespremiersàserendresurlesite:

38Loi du 2mai 1930 qui abroge la loi de 1906 ayant pour objet de réorganiser la protection demonuments naturels et des sites decaractèreartistique,historique,scientifique,légendaireoupittoresque39L’hôteldel’Iroiseouverten1950aétédirigéparMarieLeCoz,ferméle1erjanvier1997puisdémolienfévrier1997suiteàl’acquisitiondesterrainsparleConservatoireduLittoral,symbolisantlecontrôledel’activitécommercialesurlesitedelaPointeduRazdanslecadredel’opérationGrandSite.

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«attendez,j’allaisàlapêchelà-bas,jefaisaisdelaplongéesous-marine,j’amenaismavoituretoutaubout,onallaitjusqu’aupieddumonumentlà-bas,maisàl’époquej’avais20ans»(entretienmairedeBeuzecCap-Sizun,22/06/2015).Àl’époque,lefaitdeserendreenvoiturejusqu’auboutdesiteestprésentécommelégitimedufait des caractéristiques physiques du lieu «la population allait voir le coucher du soleil au mépris dessuspensionsdesvoitures»(entretienmairedePlogoff,23/06/2015).Pourautant,ladémarchederégulationetdecontraintedesfluxsembleacceptéepouréviterleseffetsnégatifsdustationnementsauvage:«Donciln’yapasbesoindes’inquiéter,dessitescommelaPointeduRazoulesPointeduVan[unegestiondesflux]c’estidéal, car il n’y a pas de risque de désagrément comme du stationnement sauvage» (entretien maire deCléden-Cap-Sizun,23/06/2015).

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Figure126.Citécommercialeetparkingaprèslestravauxde1962,source:CommunedePlogoff,sitewebdelacommune,consultéle01.11.2015,URL:http://www.plogoff-pointeduraz.com/patrimoine/histoire

Dès1970,onestimelenombredevisiteursà30000paran(stationnementdesvéhicules).Lacirculationest

alorssécuriséeetlamunicipalitéfaitfaceseuleàsarégulation:«QuandvousêtesàlaPointeduRaz,vousêtesàPlogoff,quandvousêtesàPlogoffvousêtesàlaPointeduRaz»(entretienmairedePlogoff,23/06/2015).Lacongestiondusites’estétalée jusqu’aubourgdePlogoff«Avant l’opérationGrandSite, il futuntempsonàvueunesaturationà2-2,5kilomètresavantlesite»(entretienmairedePlogoff,23/06/2015).Lamunicipalitéadoncfaitlechoixderégulerenpartie«lesgensvenaientlàimpunément,leparkingétaitpayantl’été,ilyavaitquelques sens interdits ça et la, mais la population allait jusqu’au bout» (entretien maire de Plogoff,23/06/2015).

Parailleurs,c’estauseindelaréserveornithologiqueduCapSizunsituésurlacommunedeGoulien,àunedizainedekilomètresaunord-estde laPointeduRaz,que lapremière initiativedecanalisationdes flux surl’espace littoral par un sentier aménagé est réalisée en 1980. La réserveornithologique est créée le 14 juin1959,ouverteaupublicen1970etaccompagnéed’uneactiondedécouverteetd’éducationàl’environnementdans la réserve. Cette réserve n’est pas classée réserve nationale ou régionale, il s’agit d’une réserveassociativedontleConseilgénéralduFinistère,quiaacquislesparcellesautitredesespacesnaturelssensiblessurunesuperficiede32hectares,confielagestionen1973àBretagneVivante.

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Figure127.Panneaud’informationentreleparkingetlabouclebaliséedelaRéserveduCapSizunàGoulien,clichéJ.Piriou,22/06/2015

En1980,unsentierpédagogiqueenboucled’unkilomètreestcrééafindepermettredesvisiteslibresou

faciliteret sécuriser l’accès,notammentdans la cohabitationentre l’hommeet lesoiseaux.Actuellement, leConseilDépartementalduFinistèrepossède80%duterritoirede laRéserveduCapSizun(envert), les20%restants appartiennent au Conservatoire du Littoral pour la partie des îlots (en bleu), Bretagne Vivante (enorangée) et dont certains terrains privés sont en concession de gestion (en marron). La Communauté decommunes n’intervient pas sur ce site qui est animé par l’association Bretagne Vivante et aménagé par leConseil Départemental du Finistère. Aussi en 2003, le cheminement est-il revu avec l’aménagement decheminementset contraint avecdes canalisations («endiguements»)de typemonofil:«celaaété fait, carcertainssecteursétaientdangereux,ilyasurtouteuletracédefaitpourrespecterlanidificationd’oiseaux.Àl’époque,iln’yavaitqu’unpetitmuretinenpierreetdespiquetsdeboisetc’esttout»(entretienconservateur

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RéserveduCapSizun,22/06/2015).Lacanalisationdesfluxestamélioréeparlacréationdezonesdedélestagepiquéesdebelvédèreset la fermetured’unsecteurducheminsurdemandede lacommunedeGoulien.Unécocompteurest installésur labarrièred’entréeducheminpédestreetpermetd’évaluersa fréquentationà26490personnesen2013et28000personnesen2014.

Le conservateur de la réserve admet que le site peut recevoir 200 à 300 personnes par jour. Safréquentation horaire est très irrégulière:«ce n’est pas commeun accès à la plage où à 15 heures tout lemonde arrive, la fréquentation est répartie sur l’ensemble de la journée et dépend aussi de la capacité duparking» (entretien 22/06/2015). Au-delà, la qualité de visite du site en subit l’impact et les oiseaux lesnuisances. Une légère baisse de fréquentation est observée en 2015, que le conservateur explique par lesconditionsmétéorologiques aléatoires, la diminution du nombre d’espèces d’oiseaux visibles sur la réserve,ainsiquelaqualitédusited’accueiletd’informationquifaitl’objetd’unnouveaupland’interprétationavecdenouvellesinstallationsafind’augmenterlafréquentation,notammentsurlesvisitesguidéespayantes.

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Figure128.Cheminementetbelvédèredelabouclebaliséeen1980puisen2003parleConseilGénéralduFinistèreauseindelaRéserveduCapSizunàGoulien,clichéJ.Piriou,22/06/2015

Pour les gestionnaires, la canalisation des flux «permet d’éviter les transgressions en tout genre, parce

qu’hierencore j’ai récupérédeuxcouplesquiétaientpartis voir les chevauxau loin,doncc’estd’essayerdecanaliserunpeu le flot,onvoitbienmêmesionn’estpasauphénomènede laPointeduRazd’unedizained’années,onvoitbien là-haut,à lapetitepointerocheuse, ilyabiendupassage,c’estbienpiétinéquandlasaisonserafinie,iln’yauraplusd’herbe,iln’yauraplusrien»(entretienconservateurRéserveduCapSizun,22/06/2015).

L’entretien du site est assuré par un employé en charge du fauchage des landes, de la surveillance destroupeaux, de la remise en état des chemins. Le Conseil départemental du Finistère prend en chargel’aménagementet les travauxsur les itinéraires.Enfin, lacôteendehorsde laréserve, lesentiercôtieret lechemindegranderandonnéesontgérésparlaCommunautédeCommunesduCapSizun.

3.L’élaborationd’unprogrammedegestiondesflux(dès1989) Le15mai1990,desscénariosd’aménagementetdefonctionnementpourlesiteclassédelaPointeduRaz

sontprésentésàQuimper, suiteàunemissiond’étudedemandéeconjointementpar lamairedePlogoff, leSIVOM de Pont-Croix, le Conseil général du Finistère et le Préfet du Finistère auprès de CAMPANILE CITESCONSEIL(Vourc’h,1990).

Lestroissitesconcernésparl’opération«GrandSitePointeduRaz»sontdifférenciésdansleursusages:

• laPointeduRazestconsidéréecommeun«monumentnaturel»àfortevaleursymbolique;• labaiedesTrépassésestpropiceauxactivitéssportivesetàlaplageouunehaltedereposoude

gastronomie;• laPointeduVanfaitdavantagel’objetdepromenadenature.

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Par ailleurs, l’étude précise les conditions de déplacement des visiteurs qui se rendent sur le Cap Sizun,priorisant les lieuxdevisiteouhiérarchisant l’importancedes lieuxdevisite:«ledésir irrésistibleduvisiteurd’allerauboutn’estpasassouvi,riennesertdechercheràle“capter”pourluifairedécouvrirlesautresattraitsducap»(Vourc’h,1990:3).

ConcernantlesitedelaPointeduRaz,leplussoumisàlafréquentation,troishypothèsessontproposéesdanslaréorganisationdusite,toutesincluantunerevégétalisation.

Hypothèse 1

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Figure129.Premièrehypothèsed’aménagementetdefonctionnementdusitedelaPointeduRazavecl’intentiondeconserverlesélémentsbâtisetdéplacerlesparkings,source:Vourc’h,1990

Cette hypothèse envisage la circulation automobile (en rouge) de manière partielle, c’est-à-dire jusqu’àtrois seuils de parkings: l’un de 500places pour automobiles et autobus situé dans les anciennes carrières,invisibles de la route, utilisé toute l’année, undeuxièmede 500places utilisables en saison, installé dans ladépression après le premier seuil et enfin un troisième parking de 30 à 50 places gratuites à la sortie duhameaudeLescoff.Ladistancepourlesvéhiculesestde1550mentrelaPointeetlaportedelaPointe,seuildepéage.Parailleurs,unenavettepayanteestenvisagéeensaisonpourparcourircettedistance.Concernantlescheminementspiétons(enbleu),troissontenvisagésdontl’unauniveaudel’axecentralde1550metlesdeuxautresencheminslittoraux,l’unausudde800metl’autreaunordde1450m.

Hypothèse 2

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Figure130.Deuxièmehypothèsed’aménagementetdefonctionnementdusitedelaPointeduRazavecl’intentiondedéplacerlescommercesetleparking,source:Vourc’h,1990

Unesecondehypothèseécartelesitinérairespourlesvéhicules(enrouge)deceuxréservésauxpiétons(en

bleu) et agit sur la répartition des parkings en fonction de leur capacité. Un axe central est libéré pour lespiétonsavec lacréationd’unenavetteensaison, ilestcomplétépar lesdeuxcheminementsprésentésdansl’hypothèse 1. Le site de la porte de la Pointe situé à 1550m de l’entrée est complété par la création decommerces(déplacésdelacitécommercialeainsiquedumuséeetdel’hôteldel’Iroisedémolis),d’unemaisondesite,d’unparkingpayantde800placesobligatoiresensaisonsituéderrièrelaporte.Lesanciennescarrièresfont l’objetd’unparkingde250placesutilisablesenhors saison. EnfinunautreparkingdequelquesplacesgratuitessesitueàlasortieduhameaudeLescoff.

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Hypothèse 3

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Figure131.Troisièmehypothèsed’aménagementetdefonctionnementdusitedelaPointeduRazavecl’intentiondedéplacerlescommercesetleparkingendeuxtemps,source:Vourc’h,1990

Dans une troisième hypothèse, l’aménagement reprend l’hypothèse 2,mais l’étend progressivement. Laprioritéestdonnéeàlacréationdeparkings:l’unde400placesauxportesdeLescoff,unautrede250placesdans les anciennes carrières; l’accès au site est payant. Dans un second temps, l’accès au parking dans lacarrièreest limitéenbassesaison, leparkingauxportesdeLescoffestagrandià550places.Parailleurs, lesélémentsbâtisetlescommercessontd’abordconservéspuisdéplacésauxportesdeLescoff.

Par ailleurs, dans le site de la baie des Trépassés, on cherche à concilier le site naturel avec unefréquentationdepassageentrelesdeuxpointesduVanaunordetlaPointeduRazausud.Deuxhypothèsessontproposéescomportantunerestaurationdunaire:

Hypothèse 1 Lapremièrehypothèseadaptelesiteauxusages.Lesitereçoit lepublicquiserendsurlaplageenhaute

saison,maisgardesonaspect«naturel»horssaison.Onenvisageunecanalisationdesaccèsàlaplageàpartirdeszonesdestationnement(enbleu)et l’instaurationd’unparkingentrelarouteetlecordondunaired’unecapacitéde100placesprochedeshôtelsetde150places,demanièretemporaire.

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Figure132.Premièrehypothèsed’aménagementetdefonctionnementdusitedelabaiedesTrépassésavecl’intentiond’aménagementsfonctionnelsselonlesusagesdesaison,source:Vourc’h,1990

Hypothèse 2

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Figure133.Deuxièmehypothèsed’aménagementetdefonctionnementdusitedelabaiedesTrépassésavecl’intentiond’aménagementsfonctionnelsselonlesusagesdesaison,maisavecaménagementdelazonehumide,source:

Vourc’h,1990

La deuxième hypothèse ajoute l’aménagement de sentiers pédestre autour de l’étang ainsi quel’aménagementenfondd’étangd’unhébergementetd’unéquipementdeloisir.

Enfin,concernantlesitedelaPointeduVan,onsouhaiterestaurerlaPointeenluiconservantsoncaractèrenaturel,notammentenréalisantunerecolonisationvégétale.

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Figure134.Hypothèsed’aménagementetdefonctionnementdusitedelaPointeduVanavecl’intentionderestaurerlapointeenluiconservantsoncaractèrenaturel,source:Vourc’h,1990

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Cettepropositionexclut lacirculationautomobile(enrouge)etproposeunparkingde350placesetunecanalisationdes cheminementspiétons surplusieursaxesorganisantuneboucleetdes cheminsd’accès (enbleu).

Surl’ensembledusiteclassé,l’intentionestclaire:ils’agitderelierlestroissites(PointeduRaz,BaiedesTrépassésetPointeduVan)organiséspardesitinérairesincitatifspourlesvoituresavecdeuxaxesprincipauxenprovenanced’AudierneetdeDouarnenezverslaPointeduRazetunitinérairedecirculationensensuniqueentre la baie des Trépassés et la pointe duVan et, enfin, deux circuits de découverte, l’un passant par unerouteintérieureentrelabaiedesTrépassésetlespointes,l’autreestuneroutecôtièrequirelielestroissites(Vourc’h,1990).

3.1.Mesuresdel’OGSdanslagestiondelafréquentationpourlecheminementetlestationnement(1989-1996)

L’opération«GrandSite»apermisd’attirer l’attentionsurlafréquentationdelaPointeduRazet labaiedesTrépasséspuis laPointeduVan:«avant l’OGS,500000visiteurs, c’étaiténorme,c’est surtoutquand lafréquentationestanarchique,lesgenssetrimbalaientsurlalande,lesbruyères,partoutoùilsavaientenvie,ilssouhaitaient marcher, ils marchaient, l’espace commençait à souffrir d’érosion avec le piétinement et lesvoituresquiallaientjusqu’àlastatueau-delàdusémaphore»(entretienmairedePlogoff,23/06/2015).Suiteaux propositions de scénarios, le groupe de pilotage réuni le 16 juillet 1990 choisit plusieurs optionsd’aménagement: à la Pointe du Raz, il marque sa volonté de retrouver l’aspect«naturel» du site ensupprimanttouslesélémentsbâtisdelaPointe.Desrégulationsdesfluxontdoncétéréalisées,parexemplelereculdelaported’entréedusiteaugmentantl’espacededéambulationpiétonainsiquelelinéairedesentiersafinderéduirelaconcentrationantérieureàl’extrémitédelaPointeduRaz.Lesvisiteurssontdoncamenésàutiliserunsentieraménagéausuddelapointe,doncdavantagefréquenté,plutôtquelesentieraménagéaunord avec une vue sur la Pointe du Van qui est volontairement présenté comme devant rester plus«confidentiel» (Vourc’h, 1999): «cette organisation était voulue et fait le pari d’une gestion descheminementssurlesitedelaPointeduRaz»(entretienavecledirecteurduSyndicatMixte,le19/03/2015).L’organisation des stationnements et des cheminements a été l’une des actions principales de l’opération«GrandSite»contribuantàunerégulationdesflux.

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Figure135.Schémaduprogrammed’aménagementretenudelaPointeduRaz,source:Vourc’h,1999

La cité commerciale déplacée, les parkings sont paysagés pour se fondre dans le paysage. La recherched’intégration au site est effectuée dans une volonté d’utiliser les matériaux du site par la réutilisationd’éléments types (par exemple les murs et talus) et l’utilisation de la pierre et de la lande (Vourch). Endéfinitive,809placespayantessontcrééessur3hectares.

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Figure136.Vuedelacitécommercialeetduparkingpayantcréédanslecadredel’opération«GrandSite»àlaPointeduRaz,clichéJ.Piriou,19/03/2015

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LeparkingàlaPointeduRazestpayant,àlaPointeduVanil-ciestgratuit.Unedifférencequiaunimpactsurlescomportementsdesusagers,maiségalementsurlesstratégiesindividuellesdesacteursdel’opération«GrandSite»dans lagestiondupérimètre. LaPointeduVanest réaménagéeen2003afinde sécuriser leslieux en séparant les camping-cars des voitures.Mais le choix de gratuité est clair pour ce site: «AmbroiseGuellec, vice-président du Conseil Régional de Bretagne, refuse de de rendre payant la Pointe du Van,propriété du Conseil général du Finistère» (entretien technicien service des espaces naturels et paysagesConseil Départemental du Finistère, 23/06/2015). La Pointe du Van est en effet concernée par la politiquenationaledesespacesnaturelssensiblesdéclinéedansleFinistère,c’estunsiteouvertaupubliccommetouslessitesduConseilDépartementalduFinistère«c’estleprincipedelaisserlelibreaccèsauxsitesnaturels,iln’yapasqu’enBretagnec’estlaloi.Aprèsilyadesstationnementsquisontpayants,maislafréquentationdusiteelleestgratuite» (entretien inspecteurde l’environnement, chargédemission sitesetpaysages,DREALBretagne,15/06/2015).

Le cas de la PointeduRaz est plus spécifiquement lié à sonhistoire et la réalisationd’unparkingpar lacommunedePlogoff«cequiaétéfaitàlaPointeduRazpeutsefaireailleurs,surunsiteduConservatoireduLittoral par exemple,mais pas du Conseil général» (entretien technicien espaces naturels Communauté decommunesduCapSizun,22/06/2015).LacommunedePlogoffperçoitlesrecettesduparkingpayantinstaurébienavant l’opération«GrandSite».Lorsqu’en1997 lestatutduSyndicatmixteestmodifiéetqu’ildevientgestionnairedelaPointeduRaz,delabaiedesTrépassésetdelaPointeduVan,ils’autofinanceàhauteurde80% grâce aux recettes du parking qui couvrent le fonctionnement du personnel, les frais de promotion etl’investissement, le solde provenant de subventions (30000€). Avant l’opération «Grand Site», le parkingétaitgéréuniquementparlacommune.Laplusgrandepartieduparcdestationnementréalisédanslecadrede l’opération «Grand Site» se situe sur la commune de Plogoff et une petite partie sur les terrains duConservatoireduLittoraletduConseilDépartementalduFinistère(figure).Lorsque lagestionduparkingesttransféréeauSyndicatmixte,lagestiondelacommunedePlogoffaccuseundéficit.Pourcomblercedéficit,leSyndicat mixte reverse une enveloppe budgétaire à la commune de Plogoff «c’est-à-dire que les parkingsrapportent650000eurosparanetdonne115000€àlacommunedePlogoff»(entretientechnicienespacesnaturelsCommunautédecommunesduCapSizun,22/06/2015).

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Figure137.ParkingdelaPointeduVanorganiséendeuxespaces,l’unpourlesvéhiculeslégers,l’autrepourlescampings,—car,vuedepuisledépartducheminementpiéton,clichéJ.Piriou,23/03/2015

Laquestiondupaiementduparkingde laPointeduRaz fait l’objetdebeaucoupdediscussionsentre lesacteursetopérateurs.Certainsdéfendent l’idéeque lesparkingspermettentauSyndicatmixted’assurerunservice«leparkingpermetdefinancerunequalitéd’accueiletde l’informationc’estcequerecherchent lesvisiteurs» (entretien directeur du Syndicatmixte, 19/03/2015), tout en s’autofinançant presque totalement«lesyndicatmixten’estpasendetté,iln’yapasdecréditavec7personnesàtempspleinet20saisonniers,cen’estpascommentçàqu’ilfautvoirunGrandSite?»(entretienPrésidentduSyndicatmixte,mairedePlogoff,23/06/2015).D’autresacteursenrevanche,considèrentque lepaiementduparkingdéplace les fluxvers lessitespériphériqueslabaiedesTrépassésetlaPointeduVan«celacréeunfreinquireportelesflux,laPointeduVan commence à être problématique parce que beaucoupde gens du fait que le parking soit payant serendentauparkingdelaPointeduVan»(entretienconservateurRéserveduCapSizun,22/06/2015),jusqu’àmêmeprendredes risquesdans leurpéripled’accèsà laPointeduRazpournepass’acquitterdupaiement«lesgensstationnentàlabaiedesTrépassésetempruntelesentierlittoralquirestedifficileàcetendroit,carlaissé confidentiel et peu aménagé afin de canaliser les flux par les cheminements réalisés, à mon avis il

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prennentaussidesrisques,ilyaeunotammentcetétéunefemmequiachuté,jenesaispassic’étaitsurcettepartie,maisilyatoujoursdesrisquesàlaPointeduRaz»(entretieninspecteurdel’environnement,chargédemission sites et paysages, DREAL Bretagne, 15/06/2015). Au-delà de la problématique du droit d’accès auparking,d’autresélussontbeaucoupplusréservéssurl’ensembledelaréhabilitationycomprisledéplacementdelacitécommercialeetdesparkingsquiéloignentl’entréedel’extrémitédelaPointeconstituantleprincipalintérêt,«jenesaispasquiaponduça:“ilnefautpasquelesvéhiculesàmoteuraillentausémaphore”.Ilnefautpasaller au-delàdu sémaphore,doncen fait tous ces gens-làqui viennentenautocarouautre, ils ontpollué sur des centaines de kilomètres, il reste 800 mètres à faire et ils n’ont pas le droit. C’est unraisonnement complètement absurde, avec le résultat des cars qui ne viennentpas» (entretien maire deGoulien,22/06/2015).

Ensuite, les sentiers de cheminement, notamment dans le site de la Pointe du Raz, entre la citécommerciale,sesparkingsetl’extrêmepointeontpermisdecanaliserlesfluxdepassagedespiétons,maisons’aperçoitdesdivergencesdepointsdevued’acteursconcernantl’accèsauxespacesnaturels.Eneffet,alorsquepourcertainsd’entreeuxlaqualitédusitejustifieunetellegestiondesflux,«lecheminementpermetdedécouvrir,ons’appropriecommentl’espritdeslieux?Encheminant:sinononarrivelà,onfaitdemi-touretons’en va! L’exceptionnalité, ça se mérite!» (entretien maire de Plogoff, président du Syndicat Mixte,22/06/2015),pourd’autresla«non-liberté»voire«l’artificialisation»d’accèsàl’espacenaturelinterroge«lapertedecetespritdeliberté,parlefaitdescheminements,desmonofilset/outoutcela…boncertes,c’estunpeuinjusteetpuisàlalimitequellesolutionona?Qu’est-cequ’onfait?Qu’est-cequ’onpourrait?Commentonpourraitfaireautrementpourarriveràpréserver lescapacitésexceptionnelles,etreconfigurerpourqu’ilsaient attrait, et une valeur paysagère et écologique intéressante, comment on peut y arriver sansmalheureusement,arriveràcesaménagementsquisontunpeuartificiels[…]quellessolutionsonapourfaireautrement?»(entretieninspecteurdel’environnement,chargédemissionsitesetpaysages,DREALBretagne,15/06/2015).

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Figure138.Débutducheminementparl’axecentrald’accèsàlaPointeduRazauniveaudelacitécommercialeréaménagéeetlaMaisondelaPointeduRazetbelvédèred’observation,clichéJ.Piriou,19/06/2015

Lorsdel’opération«GrandSite»,lesitinérairesdecheminementonttenucomptedesfluxetdupassage.Laprogressionducheminementse faitd’abordsurunrevêtementd’enrobédesynthèse (1)duniveaude lacitécommercialeàquelquesmètresaprèslebelvédèreenprenantl’axecentral,puissurdelagravedecimentavantd’arriveràun«pavage»enpierredegranitàfaceplane(2):«ilyaeuletravailderéflexionsurtoutcevolumedepierresquiétaitdéstructurédutempsoùl’onmarchaitn’importecomment,onarassemblétoutesles pierres qui avaient une face plane et on a réutilisé ces pierres de granit sans utilisation de matériauxextérieurs pour bloquer le sol et encourager la reprise végétale» (entretien directeur Syndicat mixte,19/03/2015).Auniveaude l’extrémitéde lapointe,onretrouve lesolavecdespierresapparentes(3)et,enpoursuivantlesentiernord,unsoldeterreplutôtétroitequiserapprochedescaractéristiquesdesprincipauxsentierscôtiers (4). L’accèsà l’extrêmepointese fait surdupavagedegranità faceplanecequipermetunaccèsavecconfortavantderetrouverlesol«enétat»aveclespierresdegranitpermettantdestabiliserlesoletfavoriserlarevégétalisation.

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Figure139.LesrevêtementsdusentierdecheminementdelaPointeduRaz.�Enrobédesynthèse,�gravedecimentpuispavagedegranitàfaceplane�pierredegranitenl’état�sentierde

terreetsable,clichéJ.Piriou,19/06/2015 Par ailleurs, en raison de la fréquentation importante sur certaines portions menant principalement à

l’extrêmepointe,des«pochesderelâchement»ontétéaménagéesafind’éviterque lesusagersenjambentles monofils lorsque la circulation piétonne est dense, et permettent aux visiteurs de prendre des clichésphotographiquesdupaysagemaritime.

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Figure140.Pochederelâchementsurl’itinérairedecheminemententrelebelvédèreetl’extrêmepointedelaPointe

duRaz,clichéJ.Piriou,19/06/2015

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Figure141.Pavagedepierreengranitpuissolàl’état«naturel»favorisantlarepoussedelapelousevégétale.LepanneausituésurladroiteduConservatoireduLittoralmentionne«Avisauxpromeneurs:toutdéplacementdepierresest

formellementinterdit.Ellesontunrôleessentielpourretenirlesgrainesnécessairesàlarevégétalisationdusol.Leurdéplacementestfacteurd’érosionfavorisantladégradationdusite.Mercidevotreparticipation»,clichéJ.Piriou,19/06/2015

Malgré la volonté de laisser la végétation reprendre sa place, avec notamment les panneaux du

ConservatoireduLittoraldemandantdelaisserlespierresausol,certaineszonesontététrèsdégradées,etlarepousseparaîtimpossible.Aussilaquestiondelagestiondelavégétationenadéquationaveclacanalisationdesflux laisse-t-elleseptiquescertainsacteurs,observateursdesdégâtscauséspar lafréquentationhumainetropimportantepourconserverunevégétationintacte:«leplusimportantauniveaudelaPointeduRaz,c’estquemêmes’iln’yaplusdepiétinement,lavégétationnerepartpas.Ilyadesendroitsoùiln’yapersonneàyalleretpourtantriennerepousse…ilyapeut-êtreeutrop,laterreaététroptassée,onapeut-êtreattendu»(entretien conservateur Réserve du Cap Sizun, 22/06/2015). Même un regard de technicien reste perplexe«ouiàlaPointeduRaz,ilyaeudel’amélioration,ilyaunsuiviunegestioncommunedel’entretien,commeréparerdesmonofils,onafaitunbeausite,maisconcernantlevégétalrienn’achangé»(entretientechnicienservicedesespacesnaturelsetpaysagesConseilDépartementalduFinistère,23/06/2015).Etpour cause, leproblèmedusitedelaPointeduRaz,commel’adéjàsignaléAnneVourc’hen1999,c’estl’incapacitéd’évaluerla capacité de charge. La médiation importante du site réalisée à la suite de l’opération «Grand Site» acontribuéàaugmenter lenombredevisiteurs,commelepréciselePrésidentduSyndicatmixte«l’opérationGrandSiteet lanouvelle installationadoublé lenombredevisiteurs, ilnefautpassetromper!» (entretienPrésidentSyndicatmixte,mairedePlogoff,23/06/2015).Aussi le siteest-il confrontéàundilemmeentre laqualificationdel’accueiletlaprotectiondel’espacenaturel«onaunediversitédepopulationquiarriveavecdes intérêts et une sensibilisation qui est différente […] il y a des fils qui ont étémis,mais on perd le côténatureldusite, lecôtéemblématique» (entretien inspecteurde l’environnement,chargédemissionsitesetpaysages,DREALBretagne,15/06/2015).Enfin, lasurfacemêmededéambulationdusitedelaPointeduRazcomparéeà ladimensiondu sentier côtier littoral expliquerait l’importantedétérioration«LaPointeduRazn’estpasforcémentmoinsabîméequelesautressites,jevaismêmevousdirel’inverse,parcelaPointeduRazc’estsurunterritoirequifait2-3-4-5ha,peut-êtreplusjenesaispas,ici[surlacommunedeBeuzec-CapSizun],c’est complètement l’inverse, vous avez un linéaire, c’est plus diffus, il y amoins de concentration,mais lapartiequi seraabîmée, c’est toutbête, ce sont les sentiers, autrementàgaucheetàdroitedu sentier c’est

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naturel, c’estdesbruitsd’animaux, il ya la lande… lesgensnevontpas tantqueçaendehorsdescheminsbalisés!»(entretienmairedeBeuzecCapSizun,22/06/2015).

Cette recherche de «nature» a déjà été soulignée par Anne Vourc’h concernant la Pointe du Raz «lesentiernordquiréservedesvuessuperbessur laPointeduVanrestevolontairementconfidentiel»(Vourc’h,1999:61)ouencoreparJean-YvesDesdoigt,ancieninspecteurrégionaldessitesDIRENBretagne,concernantlaPointeduVan,«lameilleurevuesur laPointeduRazderrière laChapelleSaint-Theysur lecôtésudde laPointeduVan» (Desdoigt, 2000: 285). Pourtant le Syndicatmixtedéconseille le passagepar le sentier peuaménagéentre laPointeduRazet labaiedesTrépassés avec vue sur laPointeduVan.À laPointeduVanl’accèsderrière lachapelleestmêmeinterditpararrêtémunicipalde lacommunedeCléden-Cap-Sizunpourdes raisons de glissements de terrain (SCOT de l’Ouest Cornouaille approuvé, 2015, p 216). Finalement, lacanalisationdes fluxpardescheminementspermetdemieux«contenir» la fréquentation,maisn’empêchepasdesproblèmesdepiétinementdelaflore«àpartirdumomentoùl’onamisenplacedesitinérairesbaliséscelaéviteladivagationdesgenspartout,maisons’aperçoitquandmêmequ’ilyadesgensquinerespectentpas»témoigneYvonLorgouillouxducasde laRéserveduCapSizun(entretienconservateurRéserveduCapSizun,22/06/2015).

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Figure142.CheminementetitinérairesdelaPointeduVan,clichéJ.Piriou,23/06/2015

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Figure143.Promeneusequiadépassélecheminement,au-delàdesmonofilspourprendreunclichéphotographiquedepuislaPointeduVan,clichéJ.Piriou,23/06/2015

CettesituationinquiètelesmairesdescommunesduCapSizunnotammentenraisondesrisquesencouruspar lesusagers faceauxdangershorssentiersbalisés«ilyaquandmêmedesrisquesendehorsdusentier,c’estàleurrisqueetpéril,jenevouscachepas,quelà,lasaisondémarre,moijem’attendsàvoirl’hélicoptèresur lebordde lacôte,et jedismerde, ilyaunproblèmeàcetendroit-là,etçaarriveraencore, jecroise lesdoigts,maison sait que ça fait partiedu lot. Il y ades imprudents.» (entretienmairedeBeuzec-CapSizun,22/06/2015). Cette résignation face aux problèmes de gestion des flux interroge quant aux résultats de lacanalisationtellequeréaliséedanscesitenaturel.

MaisàlaPointeduRaz,onestimequelesvisiteurstrouventunequalitédevisitedusitecommedel’espacecommercial qui sont «indissociables» depuis les balbutiements du tourisme de ce lieu symbolique.«L’aménagementpourl’époqueaététrèsefficace,onaregardéàlademandedupublicquiveutdécouvrirunsite, progressivement, avec une qualité de marché, ce qui est correct tout en préservant les habitats, lesespècesanimalières,cen’apascréédedérangement»(entretientechnicienespacesnaturelsCommunautédecommunesduCapSizun,22/06/2015).LedirecteurduSyndicatmixtetémoignemêmedelaprouessed’avoirgardé«l’espritpaysagerduCapSizun»,«icionaenviron2000mètrescarrésdebâtiset lamoitiéest soustoiturevégétale,lesmatériauxutiliséspour14commercessontdesmatériauxdupaysdel’ardoiseetdugranitquandon voit lamanièredont les pierres sont agencéeson revoit à cequi était fait dans les petits villageslocaux,aveclachanced’avoireudesvraismaçonsquicalaientlespetitesetlesgrandespierres,d’ailleurslesarchitectesetpaysagistesontreçuunprixd’excellencepourleurtravail».(entretiendirecteurSyndicatmixte,19/03/2015).La«vuedégagée»sur la landeconstituemêmeune fiertédans la réalisationderéhabilitation

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paysagère«lagaleriecommerciale,quandonestsurlapointeonnevoitrienetauboutonvoitlevillagedeLescoffetlaPointeduVan,quandonarriveonveutenavoirpleinlavuec’estplutôtpasmal,lereprochec’estde rentrer sur le site par le passage devant les boutiques» (entretien coordinateur du label Grand Site,22/06/2015).

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Figure144.Vuedepuislesentiernordsurlatoiturevégétaliséedel’espacecommercial(àdroite)etsurlehameaudeLescoff(àgauche)surlesitedelaPointeduRaz,clichéJ.Piriou,03-2015

Certainsacteurss’interrogentnéanmoinstoujourssurl’organisationdelacitécommerciale:d’unepartsursonagencementetcertainsmatériauxutilisés«jecroisqu’onauraitputrouveruneautreformed’agencementquecelledecepointd’interrogation,mêmelesmatériauxneconviennentpascommeparexemplelesvolets,ilsnesontpasentretenus,ilsnerésistentpasauxembruns.»(entretienmaireCléden-Cap-Sizun,23/06/2015),d’autrepartdanssonintégrationauseinduCapSizun«ilyaeuplusieursprojetscelui-làaétéretenu,maisonauraitreconstituéunpetitvillagedepêcheuravecdescommercesenunitésindépendantesçaauraiteuplusdegueule» (mairedePlogoff,entretien23/06/2015)ouencoredanssa localisationmêmesur lesitequineconviendraitpas«lorsquel’onvasurunespacenaturel,leparallèleestsouventfaitparrapportàdesmusées,laboutiqueelleestenfindeparcours,desfoisonpasseàtraversquandonvaprendreunbillet,maislapartiesouvenirssesitueplutôtenfindeparcoursetnonpasaudémarragecommec’estlecasàlaPointeduRaz»(entretieninspecteurdel’environnement,chargédemissionsitesetpaysages,DREALBretagne,15/06/2015).

3.2.Lamiseenplaced’unprojetglobaldanslescandidaturesaulabel«GrandSite»

Au début des années 2000, les gestionnaires recherchent la réalisation de projets locaux dans lapréservationdesespacesnaturelsavecleconcoursdesservicesdel’Étatdèslorsquelesiteestclassé,inscrit.Le label «Grand Site» traduit le projet local par une valorisationde la gestiondes patrimoines (naturels etculturels)dansunsoucidedéveloppementdurable.C’estlareconnaissancedel’exceptionnalitéd’unterritoiresurlabaseduprogrammed’actionsproposéportantsurlapréservationdesespacesnaturelsetlaqualitédessitesd’accueil,l’animationetlavalorisation.

PhaseIdulabel«GrandSite:PointeduRaz»(2004-2010)

La Pointe du Raz fait partie des 4 premiers sites obtiennent le label «Grand Site de France» (avec lamontagne Sainte-Victoire, le Pont du Gard et l’Aven d’Orgnac). Obtenu 17 juin 2004, ce label reconnaît lesobjectifsde«gestionquotidienne»destroissites(PointeduRaz,baiedesTrépassésetPointeduVan)issusdel’opération de réhabilitation «Grand Site». Concernant la gestion des flux de fréquentation, le dossier decandidatureinsistesurdeuxpointsprincipaux:lecomptageinsituetlesuividesretombéeséconomiquesauseindel’arrière-pays.LedossierdecandidatureannoncequeleConservatoireduLittoralaacquisen2003desécocompteurspermettantdequantifierlefluxdevisiteurssurlesaccès.Parailleurs,unprojetstructurantestdéveloppédepuis2003enpartenariataveclacommunautédecommunesetleSyndicatmixtedanslacréationd’unguidetouristique,maisaussilesuividecréationd’hébergementspourrandonneursouencorenouveauxcircuits thématiques sur la côte sur la thématique des éperons rocheux comme espace naturel de défense

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(dossierdecandidature«LaPointeduRaz…versunelabellisationduGrandSitedeFrance»).Danslebilandesactions, on retrouve une certaine continuité des actions de l’opération «Grand Site» dans un principe degestionqu’assumeetjustifieleSyndicatmixte«aumomentdel’obtentiondulabelonestdevenuréellementgestionnaire avec notamment l’entretien du site, cela a été possible avec les changements de statuts»(entretiendirecteurSyndicatmixte,19/03/2015).Concernantlagestiondesflux,peuderésultatssontencorerévélés. Parmi les principales actions citées comme ayant étémises enœuvre dans la première période delabellisation, des actions liées à de la collecte d’information et dans la gestion du maintien des sitessontseulementmentionnées:

• cartographie,étudeetdiagnosticsurlafloreetletraitdecôte;• la préservation des sentiers notamment par la mutualisation des moyens techniques entre le

Syndicatmixte et la Communauté de Communes du Cap Sizun pour la création d’un opérateuruniquedanslagestiondesespacesnaturelsetderandonnées;

• suividefréquentationparl’installationd’écocompteursetanalysequantitativedelafréquentationdu parking de la Pointe du Raz, notamment avec complément d’analyse qualitative à partir desdonnéesrecueilliesenMaisondesite.

Iln’yapas icideplanoudeschémadegestiondesfluxtouristiques,c’est-à-diredepland’action intégréprenant la suite des collectes de données. D’ailleurs le cabinet ayant réalisé l’étude à la fin de période aidentifiéque«lesdonnéesproduitesparlesdispositifsexistantsnerépondentpascomplémentsauxattentesdesgestionnaires,enparticulierdanslesuividespaysages,naturalisation,scientifiqueetdefréquentation…lesdispositifsdoiventêtrerenforcés»(dossierdecandidatureaulabel«GrandSite,juillet2002:20).Pourtant,àlafindel’opération«GrandSite»,desquestionsconcernantlecheminementetlesdéplacementssontposées.LaDREALdeBretagnerappelled’ailleursquelesconditionsd’accèsausite,bienqu’ayantétémissouslefeudesprojecteursen1996suiteà l’opérationGrandSite,apparaissentquinzeansplus tardcomme inadaptéesauxpratiquesquiévoluent«quandonestsurleparkingjustementiln’yapasbeaucoupdefléchagesonn’apasbeaucouplechoix,onpeutaccéderparderrière,maiscen’estpasunevoiesécurisée,c’estplutôtunevoied’accès pour les voitures, quand on est piéton on est obligé de passer devant les commerces. Certes, àl’époquec’étaitvoulu.Aujourd’huidevraitproposerlesdeuxfaçonsdedécouvrir,c’estsoitonvadirectementsursiteetonyva,oùcelapeutêtreparunaccèsvia lamaisondesite,ousoitonvadirectementsur lesitenatureldirect,ouencorepourceuxquiveulentdepasserparlescommerces,ilslepeuventaussi.Entoutcason devrait avoir la possibilité d’avoir les deux alors qu’aujourd’hui on n’a rien» (entretien inspecteur del’environnement, chargédemission sitesetpaysages,DREALBretagne,15/06/2015). Il enestdemêmeà labaiedesTrépassés,davantage impliquéedansunplandegestionportant sur la fauneet la florede la zonehumide, comme en témoigne un état des lieux de la perte de diversité et de recherche de reconquêtepaysagère,deréappropriationdusiteparlesriverains,puislesréalisationsd’ouvragedegestiondel’eau,plandegestionpilotéparleConseilGénéralduFinistèreenentre2004et200940.

Àlafindelapériodedelabellisation«GrandSite»2004-2009,unsouhaitderéappropriationapparaîtchezlesriverainsàlabaiedesTrépassésetplusglobalementchezleshabitantsduCapSizunpourle«GrandSite»,enparticulieràlaPointeduRaz.LebilanréaliséparlecabinetDominiqueMacoinpréciseque«“leshabitants,acteurséconomiquesetvisiteursontprisunecertainedistanceavec leGrandSitedont ilssesententparfoisdépossédés notamment par l’affluence de fréquentation” (dossier de candidature, juillet 2012, p.20). LeproblèmenesemblepaslimitéàlaquestiondelafréquentationquicontribuedefaitàlamonoéconomieduCapSizun.Defait,lesacteursconstatent“unecoupureaveclapopulationlocalequiaeudumalàs’approprierle label… ce n’est pas tant l’aménagement c’est le mode de fonctionnement du lieu, la population a eu

40PrésentationdeThomasBodennec,servicedesespacesnaturelsetpaysages,ConseilGénéralduFinistèrelorsdes3ejournéesdes

gestionnairesdesespacesnaturelsle30septembre2009àlaMaisondelaPointeduRazdePlogoff

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l’impressiond’être dépossédéd’un joyau confié à un syndicatmixte” (entretien technicien espaces naturelsCommunautédecommunesduCapSizun,22/06/2015).Parailleurslaquestiondupaiementrebuteégalementplusieurs visiteurs, commepartout.Aussi cesdeux faitsontamenéhabitants commehébergeursàprescrireplutôt laPointeduVanenpremier lieu, laPointeduRazfaisantofficede“produitd’appel”pouridentifier leterritoire. On comprend ici que l’aménagement du site de la Pointe du Raz ne justifie pas forcément un“consentementàpayer”pourl’accèsàunsiteaménagé,faceàunautresitegratuit“LaPointeduVan”:ilyaeudesaménagementsquiontétéfaits,maislaplupartdutempssiona,aconseilléd’allerlà-bas,onconseilled’alleràlaPointeduVan,éventuellementsegareràlabaiedesTrépasséspouryalleràpiedjusqu’àlaPointedu Raz après il y a le côté, non seulement parce que c’est gratuit, mais il y a le côté fréquentation,l’aménagementquiestplusimportantquiestbeaucoupplusprésentqu’àlaPointeduVanoùcelaparaîtplusmesuré» (entretien inspecteur de l’environnement, chargé de mission sites et paysages, DREAL Bretagne,15/06/2015).

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Figure145.Sentiernordd’accèsàlaPointeduRaz(enpremierplan)accessibledepuislabaiedesTrépassés(enplancentralavecleshabitations),clichéJ.Piriou,19/03/2015

Les flux de fréquentation par le sentier entre la baie des Trépassés et la Pointe du Raz sont tellement

importantsetcroissantsqueleSyndicatmixtes’estinterrogédès2007surlesrisquesfinanciersencourusparlenon-paiementduparkingdelaPointeduRaz,recettemajoritaire«onaàfaireàunesituationubuesque,carsi l’onaccusedesbaissesenstationnementpayant, lesvisiteurssontpourtantplusnombreux:onaccusait+15%de fréquentation sur le sentier nord, ce qui demandede réfléchir, car cesmarcheurs consomment lessites naturels sans en apporter de compensation» (entretien directeur du Syndicatmixte, 19/03/2015). Parailleurs, ce problème de dispersion des flux pose aussi et surtout de gros problème de gestion à certainespériodes de l’année, notamment pendant unmois et demi en saison estivale au sein du site de la baie desTrépassés.

4.Enjeuxdelagouvernance

4.1.focussurlabaiedesTrépassés

LabaiedesTrépassés,siteclasséen1987danslecadredupérimètredes200hectaresdelaPointeduRaz,abénéficiédel’opération«GrandSite»entre1989et1996puisàpartirde2004dulabel«GrandSitePointeduRaz».CesiteestaucarrefourdelaPointeduRazetdelaPointeduVan,puisqu’uneroutequidessertcesdeux points passe au cœur de la baie. Aussi ce site «souffre», bien que temporairement, d’unesurfréquentation,dueàlacoprésencedediverspublics,telsquelesrandonneursdespointes,lessurfeursquiviennent pratiquer la glisse sur ce «spot» réputé, les campings-caristes qui profitent d’un vaste espace destationnement avec peu de marquages au sol, mais aussi des plagistes qui apprécient particulièrement laqualitédeplagedulieu,notammentenraisondelapertedesablefindececertainssitesdelacôtesudduCapSizunaprèsdestempêteshivernales,reportantlesplagistesàlabaiedesTrépassés.

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Figure146.ParcdestationnementdelabaiedesTrépasséspourvéhiculeslégers,leparkingcamping-carautorisé

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uniquementenjournéesesitueàquelquesmètres,clichéJ.Piriou,19/03/2015

Lacongestiondesstationnementsdemeureunproblèmeconstitutifd’une«surfréquentation»auquellessolutionsd’améliorationtardentenraisonde lamultiplicitéd’acteursqui interviennentdanscesiteprotégé,d’autantplusquecephénomènen’estquetemporaireetlimitédansl’année,maisaunimpactcertainsurlaqualitéd’accueildusite:«labaiedesTrépassésquipendant3semainesetjuillet-aoûtposedesproblèmesdefréquentation, ilyadesquestionssur lesaménagements,cequigénèreetquisuscitedesréflexionscommequoiilfaudraitdesnouveauxparkings,maisleproblèmeestquel’onnegèrepasdesaménagementsquepour15 joursde l’année!» (entretien inspecteurde l’environnement,chargédemissionsitesetpaysages,DREALBretagne,15/06/2015)

LemairedeCléden-Cap-Sizun,communedelabaiedesTrépassés,metenavantdesindicationsfondéessurleconstatd’undésordredesstationnements,surleparking,lelongdelaroutedépartementale:«Ouiçaonlesait,j’aidesadjointsquihabitentàproximité,donconlesait,parcequec’estgênantavecdesstationnementsde part et d’autre de la route, surtout il y a des surfeurs qui viennent là, on va dire que c’est des voituresventouses,descampings,carventouses,maiscen’estpas lebutnonplus,enfait ilyadesgensquiontdespratiquesdifférentes,maiscertainsquirestentassezlongtempscommelescampings-caristesoudessurfeursquisont làencontinu. Ilyaunstationnementanarchique,surcetteportion,après ilyaceuxquiveulentsebaigner, tout lemonde se gare de part et d’autre, en cas d’accident je ne sais pas comment les pompierspourraient intervenir»(entretienmairedeCléden-Cap-Sizun,23/06/2015).Doncplusquelaqualitéd’accueilquiestmenacée,cesontlesconditionsdesécuritéquisemblentremisesenquestion.Ilnes’agitpasseulementd’unequestionde capacitéd’accueil du site, il s’agitd’unproblèmede régulation,de«miseenordre»desusagersquioccupentlesite:«leproblèmedelabaiedesTrépassésc’estqu’ilyadesaménagements,lajaugeinitialeest350places,etquandlespremiersusagersarriventetsegarentunpeucommeilsveulent,unefoisqu’il y en a un qui est garé de manière anarchique, il y a le reste qui suit» (entretien inspecteur del’environnement,chargédemissionsitesetpaysages,DREALBretagne,15/06/2015).ÀlabaiedesTrépassés,lediscoursestplutôtflousurlescompétencesdechacun«ilfautessayerdegérerauxmieuxcequel’ona,ilfautessayer de fixer des règles et respecter les règles» (entretien technicien service des espaces naturels etpaysagesConseilDépartementalduFinistère,23/06/2015).Iln’yapasderèglementdepoliceenplace,niderèglement de stationnement sur la zone, «on pourrait arriver aumoins sur le plan provisoire soit on a desaménagements complémentaires légers […] ou alors de mettre un règlement de police saisonnier, à cemoment-làlesforcesdegendarmerieoulemaireontlapossibilitéd’intervenir,laverbalisationpermetunpeuderespectermêmesicen’estpas idéal,entoutcascelapeutpermettredetemporiser,defaireensortedevaloriseraumieux lesaménagements» (entretien inspecteurde l’environnement,chargédemissionsitesetpaysages,DREALBretagne,15/06/2015).Aussi,lemairedeCléden-Cap-Sizunn’atrouvédansl’immédiatquelasolutiontransitoiredemettreensensuniquel’unedesroutesd’accèsàlabaiedesTrépassésdepuislaPointeduVanvia leportduVorlen.Onnoteraquecette initiativen’estque lamiseenapplicationdeshypothèsessuggérées lorsdes scénariosdans l’intentionde«relier les trois sitesentreeuxproposant«un itinérairedecirculationensensuniqueentrelaBaieetlapointeduVan»(Vourc’h,1990).

Finalement le cas de blocage de la baie des Trépassés dans la prise de décisions, mais égalementl’incapacité à évaluer et gérer les flux confirme un problème de gouvernance qui s’exprime notamment àpropos de l’élaboration d’un plan de gestion de fréquentation au sein du site. Élément qui a d’ailleurs étéformulédans les recommandationsà l’issuedecettepériodede labellisation«une formalisationd’instancesdédiéesvaégalementàcontribueràplusdetransversalités»(labelcandidature,2012:20).Aussi,lesacteurs«historiques» du Grand Site ont cherché à intégrer davantage lesmaires d’autres communes à la gestion,notammentpar lebiaisdelaCommunautédecommunesduCapSizunquiprenddel’importanceauseindu

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périmètre,notammentdanslesconventionsdegestionaveclesautrescollectivitésterritoriales,dontleConseilGénéralduFinistère.

PhaseIIdulabel«GrandSite:PointeduRazenCapSizun»(2012-2018)

Suiteàl’obtentiondelagestiondupérimètredelaPointeduRaz,delacommunication,del’informationetde la sensibilisation des espaces naturels et l’obtention du label «Grand Site en 2004, le Syndicat mixte acherchédèslafindelapériodedelabellisationen2009àaméliorerlastratégiededéveloppementdesiteetd’accueildupublic,parallèlementau servicedesespacesnaturelsde laCommunautédeCommunesduCapSizunquidevenaitl’opérateuruniquedanssagestion.

Le Président de la Communauté de Communes du Cap Sizun a annoncé ainsi, lors du conseilcommunautairedu12juin2012,«l’ambitiondel’élaborationd’unprojetglobaldepréservation,d’animation,et de développement du Grand Site» conduit avec le concours du Syndicat mixte de la Pointe du Raz, leConservatoire du Littoral, le Conseil Général du Finistère, le Conseil Régional de Bretagne et en partenariatavec l’Agence Ouest Cornouaille Développement, l’Agence de Développement touristique du Finistère (ex-ComitédépartementalduTourisme)etavecleconcoursdelaDREAL(Délibérationduconseilcommunautairedu 12 juin 2012 de la Communauté de communes du Cap Sizun). Ce projet reprend les recommandationsformuléespar lecabinetd’étudemandatépar leConseilGénéralduFinistèreen findepremièrepériodedelabellisation:

• fonderunnouveaumodedegouvernancereconnaissantlaCommunautédecommunes,d’unrôlelégitimeentantqueporteurdeprojetpuisopérateuruniquedanslagestiondesespacesnaturels,

• favoriserlaréappropriationparleshabitants,• mettreenplacedeprogrammedesuivietd’évaluation,développeruneveilleopérationnelle,• requalifierl’offreetgarantirlaqualitéd’accueil,• favoriserlesretombéeséconomiquessurleterritoire,• s’assurer de garder un esprit de développement durable de la place des activités humaines

(notammentcorrélativementauSCOTquiétaitencoursd’élaboration).

Après un travail et une force de persuasion importants, «il faut comprendre d’avoir défendu un labelcommeonl’afaitavecdescamaradeset lePréfetBros41,auministèrede l’EnvironnementParis,qu’onne ledonnepascommecela»,laministredel’Écologie,duDéveloppementdurableetdel’Énergie,DelphineBatho,informelePrésidentdeCommunautédecommunes,BernardLeGall,paruncourrierdu21décembre2012dela «décision d’attribuer pour une durée de six ans le label Grand Site de France à la communauté decommunesduCapSizunpour legrandsitede laPointeduRazenCapSizun,suivant l’avisde laCommissionsupérieuredessites,perspectivesetpaysages».Néanmoins,elleattirel’attentiondelanécessitéde«donnerplusd’envergureetunenouvelleidentitéetd’améliorerlaqualitépaysagèreetledispositifd’accueilauniveaude la Pointe du Raz elle-même». (Courrier de Delphine Batho, ministère de l’Écologie, du Développementdurableetdel’Énergie,21/12/2012).

Cette dernière mention justifiée par «une phase de transition» ramène beaucoup d’objectifs de cettenouvellelabellisationd’unpérimètreétenduà2024hectaresausitedelaPointeduRazde72hectaresclasséen 1958. Dans le tableau des actions programmées, la rubrique «informer, accueillir et accompagner levisiteur»reprendplusieursinitiativesàréaliserdirectementsurlesitedelaPointeduRaz.Ainsilaficheprojet«réorganisation de l’arrivée et du stationnement», notamment par l’automatisation des parkings, la

41Jean-JacquesBrotaéténommépréfetduFinistèreentre2011et2013

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réalisationde l’accueildescamping-carsouencore l’améliorationdescirculationsdouces,portesur laPointeduRaz.Lesiteconnexequi«pâtit»dustationnementpayant,labaiedesTrépassés,n’estpasévoqué.

Parmi lesactionsprogrammées,pasdeplandegestionde la fréquentationpartagée.Beaucoupd’actionsrelativesàl’accueildupublic,àlavalorisationetinterprétationpaysagèreetpatrimoniale,notammentdanslarubrique«préserver,géreretvaloriserdurablementlesespaces»,àladiffusiond’informationdequalitéparlaréorganisationdel’accueiletl’informationtouristiqueneconcernentquelaPointeduRaz.PourtantlaPointedu Van dispose d’un espace d’informations touristiques, les espaces naturels de la «Maison de Site», lacommunedeBeuzec-Cap-Sizund’unofficedetourismeavecunpointd’informationsaisonniersurlesitedelaPointeduMillier.Aussiiln’yaucuneintégrationenvisagéesurcepointentrelaMaisondelaPointeduRaz,leConseilGénéralduFinistère,l’OfficeMunicipaldeTourismedeBeuzecCapSizun,nil’AgenceOuestCornouailleDéveloppementpourtanttouspartiesprenantesdansl’élaborationdudossierdecandidatureen2012.

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Figure147.Espacepermanentd’informationsàlaPointeduVan(géréparleConseilDépartementalduFinistère)etPointd’informationstouristiquessaisonnieràlaPointeduMiller(géréparlacommunedeBeuzec-CapSizun),clichéJ.Piriou,

22—23/06/2015

L’actionpartagéeestcelledelaCommunautédecommunesduCapSizun,notammentgrâceàsonservicedegestiondesespacesnaturelset randonnées,quiparticipeà la reconsidérationdu jalonnement routierauseindu territoire intercommunal selon lenouveauschémade signalisationdépartemental2012-2014ouquitente de développer une offre de loisirs compatible avec la politiqueGrand Site, portant notamment sur larandonnéequiapparaîtcommeuneoffrepharedesactivitésdepleinair(dossierdecandidature,2012:42-44).On ne trouve qu’une seule référence à d’autres acteurs du secteur touristique (Agence de DéveloppementOuestCornouailleet lesofficesdetourisme)dans ladéclinaisondes fichesd’activitédossierdecandidature.L’inexistence d’un office intercommunal explique certainement la difficulté à entreprendre une démarcheintégrée de l’offre touristique,mais cela pourrait évoluer avec l’application de la loi NOTR. Par ailleurs, lesactions proposées dans la partie «projet de protection de gestion et de mise en valeur du Cap Sizun»s’organisentàpartird’acteursqui gèrent leurdomaine individuellement comme ils le faisaientdéjàavant lalabellisation: par exemple, le Moulin de Kériolet, par le Conservatoire du Littoral voire par l’animationd’associations telles «Cap sur lesMoulins», laMaison de site de la Pointe du raz par le Syndicatmixte ouencorelaréserveduCapSizunparBretagnevivante(dossiercandidature2012:40-41).Lesactionstraduisentunprojetaucasparcas,cesontdesactionsd’acteursquiagissaientdéjàavant la labellisationdupérimètreétenduentre2012et2018etn’ontpaspartagéleurdomained’intervention,àl’exceptionduporteurdeprojet,laCommunautédecommunesduCapSizun.

Aussi la question de la gestion des flux de fréquentation n’est-elle pas abordée dans le dossier decandidature,alorsquelesproblèmesquiontétéidentifiésdèslafindel’opération«GrandSite»n’ontpasétérésolus,parexempleàlabaiedesTrépassés.Pourtantleséluss’interrogentsurlesrépercutionsdulabelpourle territoire, ils ne comprennent pas les pratiques spatiales des visiteurs «le touriste a une attitude qui estaussicurieuse,parcequeluiilvaallervoircequiestdenotoriétéàvisiter,etaprèss’ilvas’arrêterencoursderoute c’est lui qui va choisir, mais quelquefois il ne le fera pas» (entretien maire de Cléden-Cap-Sizun,23/06/2015), mais il n’y a pas d’anticipation en «amont» sur la gestion des flux de fréquentation «pourl’instantmoimon occupation c’est de faire l’accueil des véhicules qui soit le plus facile pour tous, on va lerésoudre, ce ne sera pas simple,mais on va le résoudre, après jeme dis on a résolu une bonne partie duproblème»(entretienmairedeBeuzec-CapSizun,22/06/2015).Néanmoins, ilsneseconsidèrentpasprêtsàuneéventuellenouvelle«opérationGrandSite»pourlepérimètrede2024hectares«jen’aipasenvied’uneopérationGrandSiteN°2aménagée,canalisée,jen’avaispasimaginéecela,laaujourd’huionsedéfendaitpas

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tropmal,maisvousimaginezsiondoubleousiontriplelafréquentationdecesitela,ilyauraitpleindechosesàrevoir.Etlac’estunautremétier.LaPointeduRazavaitétépréparéeàcelaavecunsyndicatmixte,nousonn’estpasprêtspour lemomentmaintenant jene saispas l’avenir» (entretienavec lemairedeBeuzec-CapSizun, 22/06/2015). Chaque gestionnaire opère seul selon ses intentions de canalisations des flux, soit dansl’entretiendescheminements,soitenagissantsurl’accessibilitéparl’organisationdesstationnements.

Dans leschémadecohérenceterritorialeprésentépar leSyndicat intercommunautaireOuestCornouailleAménagement,arrêtéle26novembre2013etapprouvéle21mai201542,laquestiondelagestiondesfluxdefréquentation au sein des espaces littoraux sensibles est évoquée sans que des problèmes précis y soientidentifiés,maisilabordelespistesdecequepourraitêtreunegestionfuturedelacapacitéd’accueil.L’idéedela mise en place d’une politique d’aménagement est évoquée afin de «faciliter les déplacements doux enmaintenantenenaménageant lescheminsde liaisonpermettantunaccèsauxsitesnaturelsetauxsecteursurbanisés présentant un intérêt» (SCoT, 2015: 41). Les déplacements piétons ne semblent pas unepréoccupation,pasplusque l’utilisation,à90%,de l’automobile, sur les routespartageant lachausséeavecd’autres formes demobilité: «la question des déplacements touristiques paraît plutôt bien traitée dans leterritoirepourcequiestdesaformedouced’offreenbouclesderandonnées,àvéloouàpieds.Cependant,beaucoupresteàfairesurdesvoiesdecampagnedansdesbourgsquin’ontpasétéconçuspouraccueillirdesvélos où la vitesse des véhicules, peut-être, comme toute, assez élevée» SCoT, 2015: 86). Sur la carte despôlesgénérateursdedéplacementstouristiques, laPointeduRazconstitue leprincipalpôlededéplacementtouristiqueavec500000visiteursparannée.Aussi l’accueildes camping-carset l’aménagementdeparkingsadaptés y constituent un point central. Mais le SCoT opère un traitement séparé des solutions selon laconfiguration des lieux («l’aménagement d’accès à la mer dans les lieux adaptés», SCoT, 2015: 41).Concernantlesdéplacements,lesconséquencesliéesàlafréquentationouplutôtla«surfréquentation»sontévoquées:«denombreuxespacessontaccessiblesaupublicafinque leplusgrandnombreprofitedecetterichesse. L’enjeu est de maîtriser l’impact de la fréquentation des sites afin de ne pas dégraderl’environnement. Dans ce contexte, la Pointe du Raz et le site de la Torche ont mis en place des airesd’informations intégrées» (SCoT, 2015: 136). La justification d’une prise de décision est même justifiée:«l’accueiltouristiquesurdessites,biensouventremarquablesetsensiblesdupointdevueécologique(dunespar exemple), ne peut se faire que s’il est adapté aux capacités d’accueil des milieux, qui dépendent del’intensitédelapressionexercéeparlafréquentation(piétinement,dérangement)lesactivitéstouristiquesetde loisirs,dont le fondement repose,enpartie, sur la capacitéd’accueil et l’attractivitédesmilieuxnaturels(remarquables et ordinaires), activités dont le développement, selon une dimension plus écologique etrespectueuse de la sensibilité desmilieux, est ainsi facilité. En retour le SCOT prévoit la possibilité de faireévoluerlesmilieuxnaturels,afindemaîtriserleurcapacitéd’accueil,pardesaménagementslégersdestinésàl’accueildupublicouàlagestiondessites,entenantcomptenaturellementdeleursensibilitéetdel’évolutiondecettesensibilitéauvudespressionsidentifiées»(SCoT,2015:237).

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Figure148.Pôlesgénérateursdedéplacementstouristiques,source:«Tourisme,déplacementetmobilités»,AgenceDépartementalduTourisme,2012,extraitduSCoT,2015:86.

4.2.FocussurlafréquentationsuivieàlaPointeduVan

42LeSCoTaétésoumisàl’enquêtepubliqueentrele22avriletle5juin2014.

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À mi-période de la labellisation «Grand Site Pointe du Raz-Cap Sizun», afin de mesurer les flux defréquentation, plusieurs acteurs ont mis en place des modalités différentes de comptage. Le ConseilDépartemental du Finistère a notamment installé en 2011 un écocompteur à la Pointe du Van, à l’entréeprincipale du cheminement d’accès au site. Sur la période analysée du samedi 15 juin 2011au lundi 15 juin2015,lamoyennejournalièrefaitétatde271passagesavecunmaximumcomptant795passages(enaoût)etunminimumde49passages(janvier).Cetteréparations’expliquenotammentpar lapointedefréquentationenregistréependantlahautesaisonestivalequeconnaîtlaBretagneentrele14juilletetle15août.Surcettepérioded’analyse,les3joursquiontconnuleplusdefréquentationssont:

• dimanche31août2014avec4280passages,• jeudi21août2014avec3885passages,• mercredi20août2014avec2498passages.

On remarque que la période du 14 juin 2014 au 15 juin 2015 a fait l’objet d’une fréquentationparticulièrementimportanteavec122078passagesdansl’ensembleetunemoyennede334passagesparjour.

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Figure149.Localisationdel’écocompteuràlaPointeduVan,àl’entréedusentierdecheminementpiétonaprèsle

parkingdesvéhicules,source:ConseildépartementalduFinistère,clichéJ.Piriou,23/06/2015

Sur lapériode2011-2015onconstate l’augmentationdes fluxauprintempsdèsavril avecunepointeenjuillet-août(entre6000et7000passagesmaximumparsemaineentre2011et2013etunepointede16000passagesenunesemaineenaoût2014).Lessemaines lesmoinsfréquentéessontenhiveren janvier-févrieravecquelquessemainesunpeuplusfréquentéespendantlespériodesdevacancesscolaires.

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Figure150.Fréquentationdespiétonsàl’entréedusentierdecheminementdelaPointeduVan[Période15/01/2011—15/06/2015],source:ConseildépartementalduFinistère

Les pics de fréquentation quotidienne se situent autour de 17 heures la semaine comme le week-end. Cela peut s’expliquer notamment par le coucher du soleil que recherchent les visiteurs dans ce site en fin de journée.

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Figure151a.HeuresdefréquentationensemainedusitedelaPointeduVan[Période15/01/2011—15/06/2015],source:ConseildépartementalduFinistère

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Figure151b.Heuresdefréquentationleweek-enddusitedelaPointeduVan[Période15/01/2011—15/06/2015],source:ConseildépartementalduFinistère

LesitedelaPointeduVanestlesecondsiteleplusfréquentéduCapSizun,derrièrelaPointeduRaz.Lesitede laRéservenaturelleduCapSizunàGoulien reçoit environ27000personnesenmoyenne,beaucoupmoinsquelaPointeduVanavecplusde120000visiteursparan.

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À la Pointe duRaz, le Syndicatmixte a fait le choix d’automatiser les parkings afin demieuxmesurer lafréquentationdesvisiteurs,notammentenpermettantunaccèsgratuitauxhabitantsduCapSizun.LemairedePlogoffetprésidentduSyndicatmixtejustifiecechoixparlanécessitéd’unemodernisationdelaprestationdeservices.Néanmoins,l’évaluationetlacanalisationdelafréquentationsurdeuxdessites«historiques»del’opérationGrandSitepuisdelapremièrepériodedelabellisationmontrentqued’autressitesdupérimètredeladeuxièmepériodede labellisationsontsoitendifficultéfaceàunefréquentation importantesurcertainespériodesdel’année,soitpeuaccessiblesmalgréleurappartenanceauGrandSite.

4.3.Focus«surfréquentationtemporaire»àlaPointeduMillier(Beuzec-CapSizun) LaPointeduMillierestl’unedespremièrespointesaccessiblesenprovenancedelaroutedeDouarnenez

verslaPointeduVansurlacommunedeBeuzec-Cap-Sizun.Suiteàplusieursévénementsmédiatiques,lesiteaconnuunefortenotoriété:«ilyamaintenant50ans,iln’yavaitderieniln’yavaitqu’unesimpleroute,pasdevisites,ilyavaitlevieuxmoulinquin’étaitpasexploitédutout,quitombaitenruine,quiavaitfonctionnédansletemps,etquiaétérénovéetcefameuxmoulin,là,çaacommencéàchangerquandlemoulinaétéretapé,ilya10ans,etçaattiredumonde,aprèslatélévisionestvenue2-3fois,“DesRacines&desAiles”,les“CarnetsdeJulie”,ilsfontunpetitcoupdetempsentempsetlafréquentationsuit.»(entretienmairedeBeuzec-Cap-Sizun,22/06/2015).Lasurfréquentationestexpliquéepar la faiblecapacitéd’accueilnotammentconcernantlesstationnements:«leproblèmedelaPointeduMilletc’estleparking.Parcequ’aumoisd’aoûtquandvousallez à la Pointe duMillet vous avez des voitures sur 500-600m de chaque côté» (entretien conservateurRéserveduCapSizun,22/06/2015),serait-cedoncseulementleparkingquiseraitsurfréquenté?Certes,déjàen2012lemairedel’époqueavaitdûaméliorer laqualitéd’accueilpar lacréationd’unsystèmedetoilettessèchesafinquelesitenedeviennepasinsalubre.En2012,lemaireespéraitquel’extensionduGrandSiteauxcommunes voisines permette de prendre en charge les problématiques d’accueil (parking, poubelles,toilettes)43.

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Figure152.Heuresdefréquentationleweek-enddusitedelaPointeduVan[Période15/01/2011—15/06/2015],source:ConseildépartementalduFinistère

La question du stationnement sur le site de la Pointe duMillier constitue un réel problème puisque lesvéhiculesquistationnentendehorsduparkingaménagéparlacommuneencombrentlavoiedépartementaleN°407.Ceproblèmequin’estquesaisonnierrenddifficilel’aménagementcomplémentairedusite:«laPointeduMillet par exemple, c’est un petit endroit sympathique avec un ancien moulin rénové, ils ont 40000 à50000personnesparan,làonsaitqu’ilyaunpointnoiràcetendroit-là.Etdonccommentonlerésout?Là,c’estcompliqué,carlàilyauneinfrastructurequiestouverteetquifonctionne,quifaitdel’animation,quifaitdelaventedeproduits,doncreporterailleurscelaparaîtdifficile,alorsaprèscommentonrésoutleproblèmedefréquentation?Lesstationnementssontaujourd’huitrèsréduits,alorscommentongèretoutcela?Etpuisonrestedansdesapprochescompliquées,onsaitqu’unmomentdonnéonvaavoir300voituresàl’instantT,ilfautquel’oncalibreàl’instantT.Leproblèmec’estque90%del’annéecelanefonctionnepas,onn’apas300voitures.Maislocalementetmêmeailleurs,onestencoredanscettequestion-là,commentongèreparfois15

43ArticlepubliédansleOuest-Francedu8juillet2012,URL:

http://www.ouest-france.fr/bretagne/douarnenez-29100/une-toilette-seche-la-pointe-du-millet-1223491

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jours d’ultra-fréquentation, avec les problèmes que cela pose» (entretien inspecteur de l’environnement,chargédemissionsitesetpaysages,DREALBretagne,15/06/2015).

Avecl’autorisationduConservatoireduLittoral,lemaireachoisidecréeruneairededélestagetemporairepar arrêté municipal le 29 juillet 2015. Avec la communauté de communes du Cap Sizun, en charge de lagestionduterrain,maisaussiavecleConseilDépartementalduFinistère,unbalisageétaitinitialementprévu.Un voisin du terrain en a contesté l’utilisation pour des raisons de nuisances liées à l’agrandissement duparking et donc l’augmentation de sa fréquentation, mais également pour exercer son droit d’utilisationagricole. Malgré l’initiative de collectivités publiques pour gérer les flux de fréquentation, des difficultésapparaissent donc avec les habitants44. La fréquentation sur les sentiers n’est quepeu canalisée.Malgré lesquelquesmonofils, notamment le long du sentier côtier GR34, le site de la pointe est très piétiné. Aussi larestauration duMoulin de Kériolet, propriété du Conservatoire du Littoral, a contribué à une fréquentationimportante causant notamment des dérives dans les déplacements en raison d’aménagements partiels desentiersdecheminement:«lemoulinaétérestauré,ilyaunemédiatisation,lesgensvontvoir,maisonaunchemincreusé.Au-delàdespropriétésonpeutsedemanderquelaccueiltouristiquel’onpeutfaireaurazdesfalaises» (entretien technicien servicedesespacesnaturelsetpaysagesConseilDépartementalduFinistère,23/06/2015).Lasituationseraitmêmecritiquesurlesentierdegranderandonnée:«leGRiciesttrèscreusé,on a une fréquentation assez importante, et puis il y a le ravinement d’une grosse pluie que l’on a à unecertainepériode.Surtout ilyadesendroitsoù ilyabeaucoupdepentes,vousfaitesunbelescalieretdeuxsaisonsplustardilestcomplètementraviné»(entretienconservateurRéserveduCapSizun,22/06/2015).DucôtédelamairiedeBeuzec-Cap-Sizun,onestimequeleproblèmeestréglénotammentparl’entretiencontinudes chemins «on voit que pour les piétons ça détériore quandmême c’est obligé, tous les ans on a deuxéquipes de personnes, une communauté de communes, l’autre CIS qui font les entretiens de ce chemin-là.L’entretienc’estdel’élagage,delaremiseàniveau,desmarchesàrefaire,ettouslesanscestravauxsontfaits.Ilspassenttouslesansetcelaauncoût,laonestaussisurduterritoireduConseilgénéral»(entretienmairedeBeuzec-Cap-Sizun,22/06/2015).Néanmoinslecoûtd’entretienprévautsurlecoûtd’aménagementdusitecomme le déplore la Communauté de Communes du Cap Sizun: «par l’aménagement, on maitrise lafréquentationdupublic,s’iln’yapasdemaîtrise,pasd’accompagnementduvisiteur,ilyaunrisqued’érosiondusol,lescénarioonleconnaît,demêmesionnerépondpasàleursattentesilscesserontlepassagedanslecheminementetirontendehors,ilfautentretenircescheminsetnepascréerdenouveauxchemins,ilyatropde chemins sur certains points, par exemple la Pointe du Millier» (entretien technicien espaces naturelsCommunautédecommunesduCapSizun,22/06/2015).

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Figure153.CheminsanarchiquesdepiétinementsurlaPointeduMillier,clichéJ.Piriou,22/06/2015

Certaines dates sont connues comme «sources de fréquentation importante», par exemple lors del’organisation des compétitions ou des démonstrations de bateaux en baie de Douarnenez. Ce sontglobalementtouteslespointesdelacôtenordduCapSizunquisontfréquentées,maisplusparticulièrementlaPointeduMillieretcelledeKastell-Koz,toutesdeuxsituéessurlacommunedeBeuzec-Cap-Sizun.Cesfluxnesont pas faciles à organiser pour les acteurs locaux qui renvoient la responsabilité aux organisateurs de cesévènements nautiques qui ne respecteraient pas assez leurs engagements pour la canalisation des flux. LesagentsdelaCommunautédeCommunesduCapSizunenchargedel’entretienetdelagestiondecesespaces

44ArticlepubliédansleOuest-Francedu15août2015,URL:http://www.ouest-france.fr/bretagne/beuzec-cap-sizun-29790/stationnement-querelle-administrative-la-pointe-du-millier-3625032

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naturelssontdonc lesseulsàpouvoirsensibiliseret informer lepublicvenunombreuxassisterauxpassagesdesbateaux:«Ilyadesprogrèsdefait,lorsdeBrest2014,ilyaeudesparkingsd’aménagés,descultivateursontacceptéd’ouvrirleurschamps,maisleproblèmec’estqu’après,ilyalesentiercôtieretquelquescheminsd’accès,toutlerestec’estlalande,maislesgenstraversentoualorsilsprennentlacouvertureetvontseposeraumilieusanspenseràl’impactquecelapeutavoirsurlavégétation,surlesoiseaux…Onnousavaitdemandé,à des bénévoles de différentes associations dont Bretagne Vivante de se positionner sur les sentiers etd’essayer d’informer les gens les empêcher d’aller n’importe où, bon je suis allé, je me suis fait envoyébalader» (entretien conservateur Réserve du Cap Sizun, 22/06/2015). Dans ce site, il n’y a pas de gardeslittoraux;quantàlagendarmerie,elleintervientenretrait;lesaffairesmaritimesn’interviennentquedansleParcMarind’Iroisequis’arrêteà300mètresdelacôte.

4.4.Focussurlanon-accessibilitéd’autressitesdupérimètredulabel

Sicertainssitesdupérimètredulabel«PointeduRazenCapSizun»sontsurfréquentés,d’autresontétélaissés à l’état «naturel» avec très peu d’aménagements, de sentiers, de parkings, afin de dissuader despratiquantsnoninitiésauxlieux.Ceparti-prisestd’ailleursinclusdanslecahierdescharges;«toutlemondeaété d’accord sur les endroits sur lesquels il ne fallait pas d’aménagement supplémentaire. Ils ont beaucoupaccentuésurlafonction“randonnées”,etilyadesendroitsoùl’onsaitqu’ilyadesproblèmes(laPointeduMillier)» (entretien inspecteur de l’environnement, chargé de mission sites et paysages, DREAL Bretagne,15/06/2015).

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Figure154.AccèsinterditauxvoituresdelaPointedePenharn(Cléden-Cap-Sizun),clichéJ.Piriou,23/06/2015

LespointesdePenharmetdeKastellMeurdanslacommunedeCléden-Cap-Sizunnebénéficientpasd’unaménagementd’accueilpour lesvisiteurs.Elles sont laisséesà l’état«sauvage»,avecuniquementquelquespanneauxindicateursetboisoudesbarrièresdeboispourinterdirelacirculationautomobile.Ils’agitd’ailleursdu choixduConservatoiredu Littoral. LamairedeCléden-Cap-Sizun s’interroged’ailleursdes contradictionsdes choix entre la médiatisation du «Grand Site», un délestage vers des sites moins connus par laCommunautédeCommunesduCapSizunetuneabsencevolontaired’ouverturedesitesparleConservatoiredu Littoral: «ce qui est bête au KastellMeur, c’était un éperon barré donc il y a quandmême un intérêthistorique,lesiteestmagnifiqueonvoyaitdesdouves,là,onnevoitpresqueplusrienaveclavégétation,çaaurait nécessité un entretien malgré tout, le Conservatoire du Littoral ne veut pas entretenir, même si laCommunauté de communes propose d’entretenir. On laisse une zone sauvage. C’est contradictoire avec lelabel Grand Site où il aurait fallu trouver un aménagement, le site aurait pu être entretenu, et laisser auxpromeneurslapossibilitédedécouvrirautrechosequedeslieuxemblématiques»(entretienmairedeCléden-Cap-Sizun,23/06/2015).

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Figure155.SentieretbalisagedelaPointedeKastellMeur(Cléden-Cap-Sizun),clichéJ.Piriou,23/06/2015

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Cescontradictionstémoignentdeladifficultédegouvernanceauseindupérimètredulabel«GrandSite».La question de l’ouverture-fermeture d’un site, de son aménagement ou de son entretien dépend desindicateursapportésetinterprétésparchacundesacteursselonsescritèrespropres.Certes,lesécocompteursduConseildépartementalduFinistèreàlaPointeduVan,celuidelaRéserveduCapSizunouencorelenombredevéhiculessurlesparkingsdelaPointeduRazapportentdesinformationsquantitativesintéressantes,maisencorefaut-ilqu’ilssoientanalysésqualitativement, interprétésparrapportàdesobjectifsconcertésetfixésen amont par l’organisme gestionnaire. L’acquisition de nouveaux écocompteurs par la Communauté deCommunesduCapSizunpermettrademieuxmesurerlesfluxauseindedifférentssitesdupérimètredulabel.L’objectif de ces indicateurs serait à terme de réaliser des outils collectifs: «derrière il y a l’idée d’unobservatoire d’échelle locale, projet d’observatoire des fréquentations, mais aussi un observatoirephotographique, l’observatoire photographique qui s’insérerait dans une politique régionale, on espèredévelopper uneplateformepartagéede stockage, qui permettra de garder de l’information, pour voir aussicommentleschosesévoluentafind’anticiper,prévoirdesaménagements;cetteplateformeestunpartenariatRégion-Etat et l’Université de Rennes, qui seraient à la fois institutionnels avec les acteurs locaux, avec uncadrageméthodologique,unebasedegestionderrière;aprioriildevraityavoiraussiunegestiontouspublics,maisenprincipel’observatoirepermettraitdedonnerunephotodetelpoint,àtelleheure,afindedonnerdesinformations sur l’évolutionde la végétationparexemple,mais ausside l’érosion» (entretien inspecteurdel’environnement,chargédemissionsitesetpaysages,DREALBretagne,15/06/2015).

*

**

Aprèsvingt-cinqannéesd’expérience,lesacteursconcernésparlesuividecessitesduCapSizunonttousreconnu la nécessité de coordonner leurs actions. Le projet de territoire appliqué aux périmètres successifsd’opération «Grand Site» puis de labellisation aurait pu permettre le suivi de travaux et d’actions dans letemps, notamment l’évaluation des répercussions de l’extension du label pour le reste du territoire. Leproblème résidedans le fait qu’unemultiplicitéd’acteurs agit avecdespositionsparfois divergentes, cequicomplexifielesconsultations,décisionsetactions:«leproblème,c’estqu’iln’yapasdegouvernance,pasdechefdefile,difficile,d’appliquerlapolitiquedépartementaleàl’échellelocale,selonlesprojetslesassociationsdecyclotouristes,derandonneurspédestres,ilsontdumalàtrouverdesinterlocuteursselonlàoùilsétaientsur le territoire, dès fois c’est le Syndicat mixte, des fois c’est la Communauté de communes» (entretientechnicien espaces naturels Communauté de communes du Cap Sizun, 22/06/2015). Depuis 2006, laCommunautédeCommunesduCapSizunintervientsousconventiondegestiondesespacesnaturelspourleConseilDépartementalduFinistère.Néanmoins, à cetteépoque le Syndicatmixte intervenaitégalement surses terrains. Aussi, l’accident d’un promeneur sur le sentier côtier en 2008 a permis d’engager la réflexion

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quantàl’opportunitédelacréationd’unopérateurunique.LacommunautédecommunesduCapSizunadoncétédésignéecommeopérateuruniqued’entretienetdegestiondesespacesnaturels.

Depuis 2005, plusieurs acteurs, dont l’équipe de la Réserve du Cap Sizun, font partie d’un comité depilotage pour la gestion de 360 hectares d’espaces naturels protégés et gérés par la Communauté decommunesduCapSizun.En2010,lecontratdeterritoireapermisdefinancerlesmoyensaffectésauproratadelasurface.Ainsichaquesitedisposed’objectifsdegestiondifférenciéetoutenmaintenantunevolontédegestiondulabelhomogène.Leproblèmerésideaujourd’huidans lessouhaitsdesacteursoudesopérateurs,souhaitsquivarientdemanièrealéatoire:«toutlemondeneditpaspareilquecesoitauniveaulocalouauniveau du ministère» (entretien technicien espaces naturels Communauté de communes du Cap Sizun,22/06/2015). Par ailleurs, les habitants sont aussi partagés dans les avis: «ils savent qu’il y a un label, etencore,maisilsvoientqueriennes’ypasse»(entretienmairedeGoulien,22/06/2015).Àl’échelonlocal,lesmaires sont en situation de statu quo dans leurs relations avec l’État, lié notamment à des incertitudes decompétences: «nous ça nous inquiète que nos autres interlocuteurs ne prennent pas conscience de cesproblèmes-là[…]onparledelaNoTRencemoment,onestimequ’ilyaunepertedeproximité,maisavecdesdécisionsunpeucommecela[non-aménagementd’unparkingcomplémentaireàlabaiedesTrépassés],onvadire au niveau plus haut, à la Préfecture de Région, les habitants ne comprennent plus. Pour eux, c’est lacommunequidoitprendrelesdécisions,bonmaintenantlesgenscommencentàcomprendrequelesterrainsappartiennent au Conseil départemental, mais après des décisions qui nous viennent de plus haut. Lescommunes s’entendent, mais au moment de prendre une décision d’entretien ou d’équipement avec unedécisionplushaut,c’estlàoùcelabloque»(entretienmairedeCléden-Cap-Sizun,22/06/2015).Cettesituationn’estpourtantpasnouvelle.Dès1997,à lafinde l’opération«GrandSite», leprésidentde l’associationdescommerçants de la Pointe du Raz souhaitait la réalisation d’un projet touristique, dénonçant lemanque deréflexionsur le fonctionnementdesaménagements réalisésprônantdesanimations,desvisitesainsiqu’unegestion«transparenteetefficace»dusitedelaPointeduRaz45.

En2011,lorsduchoixdunouveauprésidentduSyndicatmixte,lemairedePlogoffavaitpréférédavantagede clarté en désignant le Président du Conseil général du Finistère pour succéder à Jean Vichon, lui-mêmesuccesseurd’AmbroiseGuellec«j’aiétééluprésidentduSyndicatmixteen2011,maisaudébut,jevoulaisquece soit le Conseil Général pour avoir un budget, car on n’a pas de budget pour une politique rationnelle»(entretien Président du Syndicatmixte,maire de Plogoff, 23/06/2015). Par ailleurs, la deuxième période delabellisationdupérimètre«GrandSitePointeduRazenCapSizun»aprisduretardenraisondesélectionsmunicipalesen2014,quiafaitéliredenouveauxmaires,dontunauseindupérimètredulabel«GrandSite»,le maire de Beuzec-Cap-Sizun, mais aussi dans d’autres communes du Cap Sizun, contribuant ainsi auchangementde laprésidencede laCommunautédecommunes.Ainsi l’apprentissagedudossier«PointeduRazenCapSizun»amisdutempsàlaCommunautédecommunes,malgrélaprésencedepersonnalitéayantconnulesdifférentesétapesdudossier:«levice-présidentdelacommission“espacesnaturels”est lemairedeBeuzecdonc je leur ai quandmêmedit qu’auboutd’un an il serait biende commencer à travailler celasemble logique, lemaire de Pont Croixm’a répondu qu’il n’y avait qu’une seule réunion par an, le comité“Espace naturel” certes, mais la commission environnement au début quand on est nouveau il faut quandmêmefairedesréunionspourlesnouveaux.Aprèsonvadirequeçacouledesource,maisaudébutilyaunapprentissageàavoir»(entretienmaireCléden-Cap-Sizun,23/06/2015).Ainsi,pendant3ans,onvoitlaréelledifficultédelagouvernancedusite,d’unepartenraisondepointsdevuedifférentsquantauxenjeuxdulabel«GrandSite»pour lesmairesdupérimètrede labellisation2012-2018, etd’autrepart en raisondudoubleleadership:laCommunautédecommunesetleSyndicatmixte,etcemalgréunedistinctionclairesurlepapier(animation pour le Syndicat mixte et gestion pour la Communauté de communes); «on n’a pas le mêmeboulotlaCommunautédecommunesetleSyndicatmixte,moiauSyndicatmixte,jefaisdelagestiondesite,

45Articlepubliédansl’Humanitéle6janvier1997,URL:http://www.humanite.fr/node/147901

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site propre pointe du Raz accueil du public, la communauté de communes anime un label paysager sur unpérimètrecomprenantlesitedelaPointeduRaz,iln’yapasd’ingérenceauniveaudelagestionpaysagèredela communauté de communes» (entretien Président du Syndicat mixte, 23/06/2015). Le recrutement d’unstagiaireauSyndicatmixteàl’automne201546,notammentenchargedel’accompagnementdegroupeetdepromotion auprès des établissements scolaires semble faire doublon par rapport aux compétences ducoordinateur du Grand Site, employé par la Communauté de communes du Cap Sizun. Ce fonctionnementassezinstableadesconséquencesdanslesuividesdossiersdegestiondesflux,puisquedeuxcomitésdesuivisontseulementétéréalisésdepuis2012,lepremierenfévrier2013,undeuxièmeenjuin2015seulement.

Danslagestiondesfluxdefréquentationdecesitedontlecaractèred’exceptionaétéreconnuilyapresque40 ans, malgré quelques initiatives, on ne trouve toujours pas de plan ou de schémas de suivi de cesproblématiques complexes dont les conséquences enmatière de conservation desmilieux et de retombéeséconomiques semblentmajeures.Certes, lesacteurs réclamentun schémad’accueilpermettantd’évaluer lacapacitéd’accueildessitesetdecroisercesdonnéesaveclafréquentationmesuréeafind’intervenirpardesaménagements. Mais le problème du manque de diagnostic partagé persiste, notamment en raison desdifférencesdeperceptiondecequesontlesretombéeséconomiqueset/ouenvironnementalesréellesliéesàlafréquentationdecesespacesnaturels.

3.7. DuneduPilat:unhautlieuàlagestioncontroversée

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©S.Clarimont,avril2015

46ArticlepubliédansLeTélégrammedu01/11/2015,URL:http://www.letelegramme.fr/finistere/capsizun/pointe-du-raz-un-stagiaire-a-la-maison-du-site-01-11-2015-10833480.php#qbZPFRl7JeIBPIrP.99

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LaDunedu Pilat est un site naturel jouissant d’une forte notoriété tant nationale qu’internationale. Elles’inscritauseind’unsystèmedunairepluslargeouvrantaunordsurlebassind’Arcachon,aunordetàl’est,surdeszoneshumidessituéesàl’arrièreducordondunaire.Enraisondesonaltitude,elleconstitueunbelvédèreàpartirduquelilestpossibled’apprécierdespaysagesdiversifiés:maritimes,àl’ouest,forestiersàl’estetausudoùlesespacesboisésdepinmaritimeetdefeuillusdominent.Qu’ellesoitprivéeoupublique,destinéeàlaproduction forestière ou soumise à un régime particulier de servitude hérité de la fin duMoyen-Âge (forêtusagère),laforêtconstituenonseulementunecomposantepaysagèreincontournabledusite,ellereprésenteaussiunenjeumajeurdegouvernancedecesiteclasséde6875has.

Ce premier état des lieux présente d’abord les caractéristiques de ce site touristique parmi les plusfréquentésdulittoralatlantiqueavantd’aborderlaquestiondelagestiondulieu,particulièrementcomplexe.Ilopère un bref détour historique avant d’en venir aux tensions actuelles autour de la gestion du site que larécenteenquêtepubliquesurlapolitiqued’acquisitionfoncièreduConservatoiredulittoralarévéléaugrandjour.

Cedossierestunétatd’avancementpartiel.Letravaildeterrainestloind’êtreachevéetplusieurstâchesdevrontêtremenéesàbienen2016.Ilconviendraainside:

§ poursuivrelesentretiensauprèsd’acteursinstitutionnels(mairedeLaTeste-de-Buch,présidentduSMGDP,responsableduConservatoiredulittoral)etassociatifsduterritoire;

§ compléter le dispositif d’enquête par questionnaire mené au cours de l’été 2015 par quelquesentretiensqualitatifsauprèsdevisiteursdeladune,auprintemps2016;

§ traiter les réponses aux questionnaires collectées en août 2015 et d’ores et déjà saisies sous lelogicielSphinx;

§ poursuivrel’analysedesobservationsformuléeslorsdel’enquêtepubliqueduprintemps2015afindemieuxfaireémergerlesvisionscontradictoiresdusitedelaDuneduPilat.

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1.UnsitetouristiquemajeurenAquitaine

Réputéeêtrelaplusgrandeduned’Europe,laDuneduPilatestlepremiersitetouristiqued’Aquitaine.ElleestsituéeenGironde,ausuddubassind’Arcachon,surleterritoiredelacommunedeLaTeste-de-Buch(figure156).

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Figure156.SituationdelaDuneduPilat,source:IGN,Géoportail

1.1.Unsitemajeursituédansunecommuneàfaiblenotoriété

Avec24505habitantsen2011(INSEE,RP2011),LaTeste-de-Buchestlacommunelapluspeupléedusuddu bassin. C’est aussi l’une des communes les plus «actives»; elle présente une économie encore assezdiversifiée, malgré un poids croissant des activités tertiaires et une tendance au vieillissement de lapopulation:entre2006et2011,lapartdesplusde60ansdanslapopulations’estaccruetandisquecelledesretraitéspassaitde31,6%à35,2%(INSEE,RP2006et2011).Lieud’accueildepopulationsretraitéesaisées,LaTeste-de-Buchconnaîtégalementuneaccentuationprogressivedupoidsdel’économietouristiquesursonterritoire. L’augmentation continuedunombrede résidences secondaires depuis 1968 illustre assez bien cephénomène(figure157),mêmesi,envaleursrelatives, lapartdesrésidencessecondairess’estsensiblementréduitde1975à2011passantde27,3à22,6%duparctotal(INSEE,RGP1975etRP2011).Enoutre,letauxderésidencessecondairesàLaTeste-de-Buchdemeuremodesteparrapportàceluid’Arcachon(59,3%en2012,selon l’INSEE) traduisant bien l’importance de la villégiature dans cette dernière. Globalement, la capacitétotale d’hébergement d’Arcachon est bien supérieure à celle de La Teste-de-Buch puisque, en 2011, lapremièredisposede53293 lits soitprèsdudoublede la seconde (26901 lits) [INSEE,RP2011).Cetteoffred’hébergement est toutefois inégalement répartie avec une prépondérance des résidences secondaires plusmarquéeàArcachonqu’àLaTesteet,àl’inverse,unpoidsplussignificatifdel’hôtelleriedepleinairàLaTeste,signe d’une fréquentation touristique différenciée dans les deux communes (figure 158). Enfin, le taux defonctiontouristique47estnettementsupérieuràArcachonqu’àLaTeste-de-Buch.

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Figure157.LaTeste-de-Buch:évolutiondunombredelogementsparcatégoriede1968à2011,élaborationpropred’après

INSEE,RGP1968à1999etRP2006et2011

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47«Le taux de fonction touristique d'une zone (exprimé en lits pour 100habitants) est égal au rapport entre le nombre total de litstouristiquesetlapopulationdelazone.Ilpermetderelativiserl'importancedelacapacitéd'accueiltouristiqueparrapportàlapopulationrésidanthabituellementdanslazone»(INSEE,RP–Définitions).

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Figure158.Répartitionpartypedelacapacitéd’hébergementdescommunesdeLaTesteetArcachonen2011,élaborationpropred’aprèsINSEE,RP2011

Stationréputée,ArcachonestnéeàlafinduXIXesiècle.Sondéveloppementdoitbeaucoupàl’initiativedes

frèresPéreire,banquiersetparlementairesd’originebordelaise,fondateursduCréditmobilier(1852).Ceux-cisont à l’origine du prolongement de la ligne ferroviaire Bordeaux – La Teste jusqu’à Arcachon et de laconstructiondela«villed’hiver»composéedevillasdestinéesàaccueillir lesmaladeset leursfamillesdanslesmeilleuresconditions(Cassou-Mounat,1975).

Bienqu’étant lacommuneprincipaledusuddubassin,LaTeste-de-Buchsouffred’undéficitdenotoriétéparrapportàsavoisineArcachon.Dansl’ombred’Arcachon,lacommunepeineàs’affirmercommedestinationtouristique.DanslerapportdeprésentationduPLU,cerelatifanonymatdelacommuneestprésentécommeunobstacleàdépasserenvalorisantmieuxlesatoutsduterritoirenotammentlaDuneduPilat:

«La Dune du Pyla, site classé et objet d’une OGS, est l’atout attractif majeur pour letourisme.Pourtant la villen’estpas suffisammentvaloriséepour sesatoutsexceptionnels.Son image est souvent occultée par celle d’Arcachon qui prédomine par sa notoriétéinternationale et par ses équipements touristiques d’envergure. (…) Les sites naturelsexceptionnels de La Teste-de-Buch (…) sont souvent associés à Arcachon et non à lacommunedeLaTeste-de-Buch.»(LaTeste-de-Buch,2011:41).

Pour ce faire, le PADD (Plan d’aménagement et de développement durable) de La Teste, documentaccompagnantlePLUproposeune«redéfinitiondel’offre»touristiquepassantparde«nouvellesformesdeproduits d’accueil et de loisirs»à travers un «arrêt de l’offre en PRL», une «diversification qualitative denouveauxproduitshôteliers»etle«maintiendelacapacitédesespacesdédiésauxcampings»n’excluantpastoutefois«unerelocalisationàtermedescampings»(LaTeste-de-Buch,2009:orientationn°1).

1.2.Unsitenaturelprotégé

Site naturel protégé, la Dune du Pilat s’inscrit dans un ensemble d’espaces naturels exceptionnels eux-

mêmesprotégésquicomposentcettepartienorddu littoralaquitain48: letoutrécentparcnaturelmarindubassind’Arcachon(2014),laréservenaturellenationaledubancd’Arguin(1972),laréservenaturellenationaledesPrésSalésd’ArèsetdeLiège-CapFerret(1983)etleparcnaturelrégionaldesLandesdeGascogne(1970)[figure4].Àcesfiguresdeprotectionréglementaireplusoumoinscontraignantess’ajoutentlesinventairesdeszonesécologiques remarquables: ledeltade la Leyre, l’île auxoiseaux, lebancd’Arguin, lesprés salés, etc.constituentainsidesZNIEFF(zonesnaturellesd’intérêtécologique,faunistiqueetfloristique)49detype1tandisquelebassind’ArcachondanssonensemblecorrespondàuneZICO(zoned’importancepourlaconservationdesoiseaux).Cedernierestégalement intégrédans sa totalitédans le réseauécologiqueeuropéende sitesNatura 2000 qui déborde d’ailleurs le bassin au sens strict pour couvrir lamajeure partie du littoral et lesétangsdeCazauxetdeSanguinet,deBiscarosseetdeParentis.Àcetitre,lebassind’Arcachonbénéficied’uneprotectioncontractuelledéfinieparlesdocumentsd’objectifs(DOCOB),aucœurdeladémarcheNatura2000.Enfin, lebassinet sesabords font l’objetd’unepolitiqueactived’acquisition foncièremenéeprincipalement

48Lalistesuivanteaétéétabliegrâceàl’Inventairenationaldupatrimoinenaturel:https://inpn.mnhn.fr[consultéle22/11/2015)49Le programmeZNIEFF a été lancépar leministère en chargede l’environnement, enpartenariat avec leMuséumnational d’histoirenaturelle,en1982,àdes finsd’inventaireetdecartographiedesrichessesécologiquesduterritoirenationalpermettantd’acquérirunemeilleureconnaissancedupatrimoinenaturelet«d'améliorerlapriseencomptedesespacesnaturelsavanttoutprojet»(MEDD–ATEN,2010)

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parleConservatoiredulittoral,propriétairedesurfacesplusoumoinsimportantes,maisdiscontinues,lelongdurivage:dunesduCapFerret (257ha),deltade laLeyre (40ha),etc. (figures159et160).Ceszonagesdeprotectiontendentàsejuxtaposeravecdesrecouvrementspartielsvoirecompletsnuisantàleurintelligibilité.LecasdelaDuneduPilatillustreassezbiencettesuperpositiondezonages.

Dénominationdusite Datedecréation Procéduredeprotection SurfacecalculéeSIG(ha)

CatégorieUICN

ParcnaturelrégionaldesLandesdeGascogne

16/10/1970(modifiéele21/01/2014)

Décisionministérielle:décret 335882 V

Réservenaturellenationaledubancd’Arguin

04/08/1972(modifiéele09/06/1986)

Décisionministérielle:arrêtéduministreenchargedelaprotectiondelanature;décretn°86-53duministèredel’environnement

85 IV

RéservenaturellenationaledesPrésSalésd’ArèsetdeLège-CapFerret

07/09/1983 Décisionministérielle:décretn°83-814

332(superficieofficielle:495ha)

IV

Parcnaturelmarindubassind’Arcachon

05/06/2014 Décisionministérielle:décret 43512 V

DeltadelaLeyre 27/10/2011 ConventiondeRamsar 5259 Natura2000Bassind’Arcachonetbancd’Arguin

08/12/2009 Décisionministériellearrêté(applicationdeladirectiveeuropéenne79/409/CEErelativeàlaconservationdesoiseaux)

22684

DunesduCapFerret 25/01/1980 AcquisitionfoncièreConservatoiredulittoral

257 IV

Fleury–DeltadelaLeyre

24/11/1992 AcquisitionfoncièreConservatoiredulittoral

40,1 IV

DuneduPilat 19/08/1998 AcquisitionfoncièreConservatoiredulittoral

101,4 IV

RéservenaturelledesPréssalés

27/09/2000 AcquisitionfoncièreConservatoiredulittoral

296 IV

Préssalésd’ArèsetdeLège-CapFerret

07/09/1983 AcquisitionfoncièreConservatoiredulittoral

332 IV

Ileauxoiseaux 17/12/2004 AcquisitionfoncièreConservatoiredulittoral

220 IV

PréssalésestdeLaTestedeBuch

30/05/2013 AcquisitionfoncièreConservatoiredulittoral

71,5 IV

Bancd’Arguin 04/08/1972(modifiéele9/01/1986)

AcquisitionfoncièreConservatoiredulittoral

85 IV

Figure159.Principalesfiguresdeprotectiondesespacesnaturelsdubassind’Arcachon,d’aprèsINPN

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Figure160.Localisationdesprincipauxespacesprotégésdubassind’Arcachon,source:IGN

1.2.1.LaDuneduPilat:unsiteclasséautitredelaloide1930

Espacenaturelremarquable, lesitedelaDuneduPilatfait l’objetdeprotectionsmultiples.Ellebénéficied’abordd’uneprotectionautitredelaloide1930surlesmonumentsnaturelsetlessites.C’estunsiteclassédontleclassementestintervenuendeuxtemps:lepremierarrêtédeclassementaétéprisen1943pourfaireface à la menace de l’urbanisation; le périmètre classé est étendu par décret du 28 juin 1994, portant lasuperficieclasséeà6875ha.C’estdésormaisunensembleforméparladuneduPilatàproprementparleretunepartiedumassifforestierquiestclassé.Voulueparl’État,l’extensiondupérimètreclasséestdénoncéeparla municipalité qui engage une action en annulation auprès du Conseil d’État. Celui-ci rejette sa demandeconsidérant que l’ensemble formé par la dune et le massif forestier est cohérent et homogène et que ladécision de classement est «d’intérêt public» puisqu’elle «avait pour objectif d’empêcher à la foisl’implantation incontrôlée des accès, campings et aires de stationnement générés par la fréquentationtouristique et l’avancée d’une urbanisation menaçant la forêt et l’ensemble d’un site unique en Europe»(SyndicatmixtedelaGrandeDuneduPilat,2011:24).

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Figure161.Extensiondusiteclasséetdusiteinscritdumassifdunaire

1.2.2.LaDuneduPilat:unsiteobjetdeprotectionsdiverses

Dufaitdesalocalisation,lesitedelaDuneduPilatjouitaussid’uneprotectionjuridiqueautitredelaloin°86-2 du 3 janvier 1986 relative à l’aménagement, la protection et la mise en valeur du littoral. Lesdispositionsdeprotectionprévuesparcetteloisontopposablesauxdocumentsd’urbanismelocaux—quisedoiventd’êtreenconformitéaveclaloi—etauxautorisationsd’occupationdusol.Ellesvisenttroisobjectifsmajeurs:

- maîtrisedel’urbanisationavecinterdiction,endehorsdesespacesurbanisés,detouteconstructionetinstallationdansunebande littoralede100m«àcompterde la limitehautedu rivageoudesplushauteseauxpourlesplansd’eauintérieur»etobligationfaiteauxcommunesdeprendreencomptedans leurs documents d’urbanisme la préservation des espaces naturels, de prévoir des coupuresd’urbanisationetdeplanifierl’extensiondel’urbanisationdanslacontinuitédes«agglomérationsetvillagesexistants»ou«enhameauxnouveauxintégrésàl’environnement»;

- protectiondesespaceslittorauxremarquables;- contrôledesconditionsd’implantationdenouveauxéquipements(routes,terrainsdecampingetde

caravanage,etc.).

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Engrandepartieboisé,lemassifdunaireestégalementprotégéàcetitre.Ilcompteeneffet:uneZNIEFFdetypeIIn°3658«ForêtusagèredeLaTestedeBuch»(4140ha),unespaceboiséclasséautitreduCodedel’urbanisme50; la forêt domaniale de la Teste et un site d’intérêt communautaire Natura 2000 «ForêtsdunairesdeLaTestedeBuch»(FR7200702)d’unesurfacede5312ha51dontlaconstitutionaétéarrêtéele12/11/2007(INPN,2015).PortéparlacommunedeLaTeste-de-Buchetvalidéla20mars2012,leDOCOBdece site Natura 2000 reconnaît d’emblée la spécificité de la forêt privée usagère sur les plans écologique(peuplementmixte de chênaie – pinède), réglementaire et de gestion. Cette forêt deplus de 3 800haquis’étendaunord-estdeladune(figure162)esteneffetrégiepardesactesnotariésdontlesplusanciensdatentde1468,les«Baillettesettransactions»(LaTeste-de-Buch,2012).Ceux-cidéterminentencoreaujourd’huilesdroits d’usage et le mode de gestion original de cette forêt, mené par deux syndics de propriétaires (les«ayant-pins») et deux syndics d’usagers soucieuxde faire respecter leurs droits. Cesderniers sontdedeuxtypes:

- ledroitd’usagerelatifauboisdechauffeconféréauxrésidentsàtitreprincipaldescommunesdeLaTeste-de-Buch, Gujan-Mestras, Arcachon, de la presqu’île du Cap Ferret et aux propriétaires duchâteaudeRuat,auTeichleurpermettantdepréleverduboismortetduboissur lesarbresvifs (àl’exceptiondespinsvifs)pourpouvoiràleursbesoinsdechauffage.

- Ledroitd’usagerelatifauboisdesciageréservéauxrésidentsàtitreprincipal,depuisaumoinsunedécennie,deslieuxmentionnésci-dessusainsiqu’auxpropriétairesduchâteaudeRuat,auTeichleurpermettantdepréleverduboispourleursbesoinsenmatièredeconstructionetdemenuiserie.

- Ledroitd’usagerelatifaugemmageréservéauxpropriétairesdesparcellessituéesenforêtusagère(CabinetCoudray,2013).

L’applicationdecesdroitsintroduitdefaitunehiérarchieentrehabitantsdelonguedateetnéo-résidents;elletendégalementàréduireconsidérablementlaportéedudroitdepropriétéausoletàlacabane:«quandilsfontl’acquisitiond’uneparcelle,lespropriétairessaventqu’ilsn’ontquelapropriétédusoletdelacabane.Le propriétaire n’a pas le droit du couper du bois de chauffage [ni du bois de construction]» (EntretienprésidentADDUFU,29/05/2015).Ledroitdespropriétairesestfinalementtrèslimité.

50«Leclassementenespacesboisésempêcheleschangementsd'affectationoulesmodesd'occupationdusoldenatureàcompromettrelaconservation,laprotectionoulacréationdesboisements»;ledéfrichementyestinterdit(MEDD–ATEN,2010).51LasurfaceindiquéepourcesiteNatura2000varieselonlessources:l’Inventairenationaldupatrimoinenaturelindiqueunesurfacede5333hatandisqueleDOCOB(2012)faitréférenceà5312ha.C’estcechiffrequenousavonsfaitlechoixderetenirdansletexte.

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Figure162.TypesdeforêtprésentssurlesitedelaDuneduPilat

1.2.3.LesitedelaDuneduPilat:unespacemenacé

Réceptacledebiodiversité, témoinde formes anciennesd’exploitationde la ressource forestière commeparexemple legemmage,cetteforêtestcependantmenacée.Laduneboiséeestmenacéepardeuxrisques«naturels»:l’avancéeducordondunaireetl’incendiedeforêt.Pourfairefaceàcepremierrisque,unPlandeprévention des risques d’avancée dunaire et de recul du trait de côte pour la commune de La Teste a étéapprouvépararrêtépréfectoral,le31décembre2001.IlconcerneplusparticulièrementlesecteurduPyla-sur-Mer.ÀlasuitedelatempêteXynthiaquidanslanuitdu27au28février2010,avaitfrappélelittoralatlantique,l’Étatalancéunprojetdeplandepréventiondessubmersionsmarinesetdescruesrapides.UnPPRdecetype,àl’échelledel’ensembledubassind’Arcachon,estencemomentàl’étude.

Concernant lerisqued’incendie, leDICRIM—Dossierd’informationcommunalsur lesrisquesmajeurs—élaboréparlaVilledeLaTestereconnaîtquelacommuneestclasséen«risquefort»dufaitdel’étenduedumassif boisé (80 % du territoire communal) et de la vulnérabilité forte de nombreux secteurs habités. Ilmentionneunemoyennededixdépartsdefeuxparan(incendiesinférieursà5000m2)etinviteleshabitantsàprendre desmesures préventives:«débroussailler chaque année, avant et régulièrement pendant la saisonsèche»,«vérifierl’étatdesfermeturesetdestoitures»,«prévoirdesmoyensdelutte(pointsd’eau,matériel,etc.)»,s’informersurlesconsignesdesauvegardeetlesvoiesd’évacuation(DICRIM,2014:10).Toutefois,endépitdelaréalitédecerisquepourleszonesurbaniséessouscouvertforestierouencontactimmédiataveclaforêtetlesnombreusesairesdecampingdelacommune,lePlandepréventiondesrisquesincendiesdeforêt,prescritle1erfévrier2007,n’esttoujourspasapprouvéàcejour.DanslerapportdeprésentationduPLUdeLaTeste,plusieurszonesd’habitatsontpourtantidentifiéescommeétantsoumisesàunaléamajeurfeudeforêt.Ilyestindiquéquedesmesuresdoiventêtremisesenœuvredontilyatoutlieudecroirequ’ellesn’existentpasà ladatedel’élaborationduPLU:«Dansceszones, ilya lieudefavoriser lacréationd’accèsdesecoursentre la forêt et les constructions, de zones tampons permettant l’accès des secours, lamise en place d’undispositif de lutte suffisamment en amont des constructions et d’interdire le mitage au milieu du massifforestier» (La Teste-de-Buch, 2011: 107-108). De plus, le PLU fait état des insuffisances du dispositif dedéfense contre l’incendie: éloignement trop important des points d’eau dans certains secteurs, débitinsuffisant des points d’eau, vétusté du réseau de forages et de réserves d’eau dans lemassif forestier (LaTeste-de-Buch,2011:109).Unplanderénovationde l’ensembledesouvragesdedéfenseauraitétéengagépassantparlacréationde22foragesetde12réservesdanslemassif.L’entretienprévuaveclemairedeLaTestepermettradedétermineroùenestceprogramme.

Espacenaturelvulnérable faceaux risques, laduneboiséeestégalementmenacéepar l’urbanisation.Eneffet, cette dernière n’est que partiellement contenue par le classement puisque des constructions sontvisiblesauxabordsimmédiatsdeladune,sursonversantnordetsursesflancsestetsud(figure162).Ils’agitlàdecinqcampingsimplantésaupieddeladuneetdontl’activitécommercialeadébutédanslesannées1960pour les plus anciens (Le Petit Nice, La Dune et La Forêt), en 1983 pour le Panorama et 1993 pour le PylaCamping (Clément, 2012). D’une emprise au sol de 10 à 15 ha pour quatre d’entre eux (seul le Petit Niceprésente une surface aménagée plus modeste, de 4 ha), ces campings — situés sous couvert forestier —comprennentenviron2000emplacementssoitunecapacitéd’accueildequelques6000lits(Clément,2012).Touscesétablissementshôtelierssontcertesantérieursàl’extensionduclassement,obtenueen1994;ilssontcependant en contradiction flagrante avec la réglementation qui régit en principe les sites classés.D’autant

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plus que pour s’adapter à la demande d’une clientèle de plus en plus exigeante en termes de confort etétendre lasaisontouristiqueenélargissant leurspossibilitésd’accueil, lesgestionnairesdecescampingsontfaitévoluerleuroffreenproposantdeplusenplusd’hébergementsen«dur»sesubstituantprogressivementauxtoilesdetentemajoritairesdurantlesannées1960et1970.

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Figure163.Localisationdesprincipauxcampingsetzonesurbaniséesenbordurededune,source:IGN–Geoportail

Peu présentes en 1994, les résidences mobiles de loisir et les habitations légères de loisir constituent

aujourd’huiunepartnonnégligeablede l’offred’hébergementdecescampings (figure163).Or,malgré leurimpactvisuelsignificatif, lesmobileshomesontété installéssansfaire«l’objetdesdemandesd’autorisationspéciale qu’impliquaient pourtant les textes relatifs aux sites protégés» (Clément, 2012: 13). La longueindéfinition juridique relative au statut de ces résidences de loisirs, les concertations entamées avec lespropriétaires de camping à partir de 2003 de même que le rôle majeur joué par les campings en termed’accueil touristiquedans lacommunedeLaTeste-de-Buchexpliquentsansdoute lagrandetoléranceà leurégard. Cette bienveillance va plus loin puisque de nombreux travaux d’aménagement (défrichements,terrassements, soutènements, installation clôture et de panneaux,modifications localement de la dune pardépôts de matériaux, etc.) ont été réalisés eux-aussi sans les autorisations administratives préalables encontradictionflagranteaveclaloide1930,augranddamdesassociationsdedéfensedel’environnement.

CetteversionenlignenepeutpascomporterlesillustrationsenraisonduvolumedufichierUrbanisationsurleflancnorddeladune,LaCorniche(avril2015)

Campingenpieddedune,menacéparl’avancéeducordondunaire(avril2015)

RéseauxaménagésauseinduCampingLaForêt(avril2015)

AlignementsdeRMLetdetentesdansleCampingLaForêt(avril2015). Les tentes,plusmobiles, sontplacéesauplusprèsdeladune;lesRMLplusenretrait.

Campingsvisiblesauloindepuislesommetdeladune(vueversleSud,février2015)

Camping sous couvert végétal mixte visible depuis lesommetdeladune(février2015)

Figure164.Uneurbanisationlarvéeenpieddedune,clichésS.Clarimont,2015.

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1.3.Unsitenaturelremarquableàfortefréquentation

LaDunedu Pilat constitue un attrait touristique dès les premiers temps de la villégiature dans le bassin

d’Arcachon.Elledemeureunlieuàvisiterpourlestouristesenséjourdanslarégionouentransitcequienfaitle premier site touristique d’Aquitaine. Sa fréquentation se serait considérablement accrue au cours desdernièresdécennies:elleétaitestiméeà150000visiteursilya35ansetencomptait1,2Màl’aubeduXXIesiècle (Clément, 2012). Selon l’étude de fréquentation 2013-2014 commanditée par le Syndicatmixte de laduneduPilat, le sitede laDuneduPilat recevrait1,9milliondevisiteursparan soitnettementplusque lechiffrede1à1,5milliondevisiteursmisenavantjusque-là.Cettefréquentationprésenteunerépartitiontrèsinégaledurantl’annéeavecunpictrèsnetenaoût(534675visiteurs)etunefréquentationàsonniveauleplusbasenjanvier(moinsde20000visiteurs)[figure164].Cependant,mêmeenbassesaison,lafréquentationdecesited’extensionlimitée,restenotablenotammentlesweek-endsensoleillés.LaDuneestunedestinationdetourismedemasse.Les2/3des1910351visiteursestimésaccèdentàlaDuneparl’accèsaménagé,23%parlescampingset12%pardesaccèsdiffus.

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Figure165.LafréquentationmensuelledelaDuneduPilaten2013-2014,élaborationpropred’aprèsSMGDP,2014

L’enquêteréaliséeenjuillet2013etjuin2014auprèsde933visiteurs,unprofildesvisiteursapuêtreétabli.Ces derniers sont majoritairement des Français et des Aquitains (30 % des visiteurs) — les étrangers nereprésentant que11%des visiteurs—, issusde catégories socio-professionnelles supérieures, plutôt jeunes(lesmoins de 40 ans constituant 40% des visiteurs). La grandemajorité d’entre eux vient en couple ou enfamillepourdécouvrirunsiteréputé.Globalement,lesvisiteurssedisentsatisfaitsdeleurexpériencemêmesiquelques réserves sont exprimées sur le stationnement, l’excès de fréquentation ou le caractère tropcommercialdusite.

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2.Unegestiondusitecomplexeetconflictuelle

Lagestiondusitede laDuneduPilatestparticulièrementcomplexe,cetespacenaturelétantporteurdevaleurs divergentes. La conciliation d’intérêts contradictoires s’y révèle particulièrement difficile. Entémoignent les difficultés voire l’échec de la première opération grand site (OGS) et le lancement, dans uncontextequisemblaitplusapaisé,delasecondeOGSconfrontée,elleaussi,àunefortecontestationlocale.

2.1.L’échec,danslesannées1980,delapremièreOGS

LaDuneduPilata fait l’objetde l’unedes toutespremièresOGSmenéeenFrancepuisquecelle-ciaétélancéeen1978ets’estdérouléejusqu’en1986.Ledossiercompletdecelle-cinesemblepasavoirétéconservélocalement,saconnaissanceestdoncindirecte.CettepremièreOGSavaitpourobjectif«d’organiserl’accèsàla dune, d’organiser l’accueil et de développer l’information, de lutter contre les implantations précaires[notamment les installations anarchiques de commerçants] et de prendre des mesures de protection plusimportantes»pourunsitesoumisàunefréquentationjugéeexcessive(SMGDP,2011:26).Dès1979,lechoixest fait de l’implantation d’une aire d’accueil permettant de canaliser et concentrer les flux. Celle-ci estimplanté sur une parcelle hors forêt usagère – Cabot ouest – et comprend un parc de stationnement, desservicespublics,unzonecommerciale,unpointd’accueiletunitinéraired’accèsdirectà ladunepermettantd’assurer la convergence des flux de visiteurs. Elle est inaugurée en 1987, année d’entrée en service dunouveau parc de stationnement, payant dont la gestion est concédée par la commune de La Teste à unesociétéprivée,SanemaAquitaine(figure165).

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Figure166.Datesmarquantesdansl’évolutiondelagestiondusitedelaDuneduPilat,élaborationS.Clarimont,d’aprèsSMGDP,2011

CettepremièreOGSconduitedansunclimattendu,esttrèsviteapparuecommeunéchecetaconduitàinterrogerlagestionmunicipaledusite.Malgrél’aménagementdel’aired’accueil,plusieurspointsdemeurentnonrésolusouproblématiquesàl’issuedecetteOGS.Toutd’abord,leprogrammed’actioninitialassezlarges’est finalement réduit au seul volet aménagement avec l’abandon du projet d’animations pédagogiques.Ensuite,lamiseenœuvredel’OGSsouffredestrèsfortestensionsentrel’Étatetlacommunegestionnairedusite,enclineàfavoriserlesintérêtsprivésaunomdudéveloppementéconomique.Lacommunes’opposeainsiàl’extensionduclassementendéposantunrecourscontreladécisiondelaCommissiondépartementaledessites; en1996, elleprocèdeégalement à l’extensionduparking vers lenordmalgré le rejet par l’État de lademande deDUP; au fil des ans, elle accepte un développement non contrôlé des 16 commerces de l’aired’accueilconduisantàunaffaiblissementdelaqualitéarchitecturaledesconstructionsoule«durcissement»des campings. Pourtant, l’État n’intervient pas pour rappeler la commune à ses devoirs ou engager despoursuitescontreellepouravoirréalisédestravauxillégaux.Lapassivitédel’Étatetlefaibleintérêtportéparlacommuneàlagestiondusiteaboutirontàdesdérivesdegestionetdesincohérences.Laréalisationdel’aired’accueilsuruneparcelleappartenantàunpropriétaireprivéreprésentel’acmédecesaberrations.

Audébutdes années1980,desnégociations s’engagententre la communeet la famillepropriétairedesterrainsdeCabotOuest.Celle-ciestdisposéeàcédersesterrainsàconditiond’êtreautoriséeàlotirsur21ha,situés immédiatement à l’est de la RD804, en espaces boisés classés. LaDDE, activement soutenuepar lesassociations de défense de l’environnement, s’y oppose. La commune renonce à engager une procédured’expropriationpourutilitépublique.Lestravauxd’aménagementsontengagéssansquelaquestionfoncièren’aitétérégléedonnantaupropriétaireunearmedepoidsfaceà lacommune,occupantsanstitre légaldes

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parcelles ne lui appartenant pas. Menacée d’expulsion par le propriétaire, la commune est contrainted’accepterdesignerunbailemphytéotique,trèsdésavantageuxpourelle–lemontantannuelduloyerverséétant supérieur à la valeur des terrains estimée par les Domaines, au début des années 1980, d’environ110000€–.Letermedecebailestmaintenantproche(2020)etimposedetrouverrapidementunesolutionnégociée…oupas.Laquestionépineusedelapropriétédel’aired’accueil,construiteparuneautoritépubliquesur des parcelles privées, est le fruit d’un conflitmal réglé entre l’État et la commune, jusqu’en 2001. Elleconduitàposerlaquestiondeslimitesdelamunicipalisationdelagestiond’unsiteexceptionnel.

Lechangementdemajoritémunicipale,àl’issuedesélectionsde2001avecl’arrivéed’unenouvelleéquipesocialiste,créeuncontexteplusfavorableaudialogueaveclesservicesdel’État.Dès2002,lacommuneadhèreau Réseau Grands Sites de France, nouvellement créé et s’engage à mettre en œuvre les principes d’unegestiondurabledusiteclasséenvued’obtenirinfinelelabelGrandsitedeFrance.Elles’engageégalement,deconcertavec l’État,dans laréalisationdubilandelapremièreOGS,préalable indispensableà larelanced’unnouveau programme d’action. La réalisation d’une évaluation de la première OGS assortie d’une étude defréquentation et de préconisations pour la bonne gestion du site est confiée, en 2002, au bureau d’étudeURBANIS.Ilnenousapasencoreétépossibled’accéderàcetteétude.D’aprèsleSMGDP(2011)troisgrandesorientationsstratégiquesfurentdégagées:

- instituer une gestion publique du site passant notamment par «la maîtrise foncière de secteurs“stratégiques“»etunegouvernancerenouvelée;

- retrouveretpréserverl’espritdeslieux;- requalifier le site, notamment l’aire d’accueil, et mettre l’accent sur la dimension culturelle dans

l’approchedusite(SMGDP,2011:37).

Jugéeprioritairepar lecabinetURBANIS, lagestionpubliquedusitesetraduitpar lamiseenplaced’unestructurenouvelledegestiondeladuneduPilat,nonstrictementcommunale.Fin2007,leSyndicatmixtedelagrandeduneduPilatestcréé«afindepréserver[la]qualitéenvironnementaleettouristique[deladune]toutenprenantencomptesafragilité»52.L’article3desstatutsduSyndicat(2007)préciselesmissionsdecelui-ci:il«apourobjetd’assurerl’aménagement,lagestion,l’animationetlavalorisationdusitedelaDuneduPilaten vue de protéger le patrimoine grâce à une gestion adaptée du site; de contribuer au développementéconomique,social,cultureletàlaqualitédelavieetd’assurerl’accueiletl’informationdupublic.Pourmeneràbiensesmissions,leSyndicatmixtepourra(…):

- réaliseroufaireréaliserdesaménagementsetinfrastructuresdécidésparlecomitésyndical;- acquérirenprivilégiant lavoiede lanégociation,maisensedonnanttoutefois lapossibilitéd’avoir

recoursàl’expropriationsibesoin,lesbiensmobiliersetimmobiliersnécessairesetlesgérer;- veilleràl’entretienetàlabonneutilisationdusite;- procéder ou faire procéder à toute étude, animation, information, publication ou toute action

nécessaireàlaréalisationdesamission.»

Instrumentdemiseenœuvred’unegestiondusiterespectueusedesprincipesdudéveloppementdurable(équitésociale,diversitéculturelle,viabilitééconomiqueetrespectdel’environnement),leSyndicatmixtemetfinàplusieursdécenniesdegouvernancemunicipaledéfaillante.Mêmes’ils’endéfendmaladroitement, ilsesubstitue de fait à la commune: «En créant cette structure de gestion, il ne s’agissait pas de dépouiller lacommune de ses prérogatives,mais bien au contraire de renforcer les capacités d’intervention, d’intégrer leGrand Site dans la sphère publique, d’offrir une souplesse de répartition des compétences et de constituerl’élément fédérateur indispensableà lapoursuitede lamiseenœuvrede la relancede la2eOGS.» (SMGDP,2011:39). Il intègretroiscollectivitésterritoriales(Commune,départementetrégion)etsaprésidenceaétéjusque-là assuméeparun conseiller régional, élu réputéplus éloignédumicrocosme local et ayantune vue

52ProjetdeStatutsduSyndicatmixtedelagrandeduneduPilat,2007.Préambule.

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plus distanciée sur les affaires locales. Cette élection judicieuse d’un élu régional a permis au Syndicat des’affranchirquelquepeudel’empiredelaproximité.Cesyndicatdisposed’unpérimètred’interventionréduit,situé à l’est de la RD 804, dont la délimitation n’a pas été aisée: «il aura fallu deux ans de débats pourdélimiterlepérimètre»(EntretiendirectriceSMGDP,2015).Lechoixd’unpérimètreaussirestreintestjustifiéparlaconcentrationdesenjeuxdegestionsurcetespace:«Lesenjeuxmajeursentermesdemaîtrisefoncière,d’aménagementetdegestionseconcentrentsurcepérimètresur lequelsontégalement localiséestoutes lesactivités touristiques (campings, commerces, parapente, organisation d’événements, navettes UBA, etc.).»(SMGDP,2011:39).Onpeuttoutefoiss’interrogersurlapertinenced’unetellepartitiondusiteclassémêmesicelle-ci s’inscrit dans un contexte conflictuel imposant d’agir avec une grande prudence et n’est queprovisoire:«unefoisqu’onauradéverrouillétouslesobstacles,onpourraprendreencomptelatotalitédusiteclassé»(EntretienchargédemissionSMGDP,2015).D’unesuperficied’environ506ha,cepérimètreestceluide la secondeOGS, lancée fin 2010. Le périmètre de l’OGS ne recouvre donc qu’une partie réduite du siteclassé,àladifférencedecequel’onobserveengénéraloùlepérimètred’interventiondel’OGSexcèdelesiteclassé(c’estlecasparexemple,pourlamontagneSainteVictoire).

2.2. Unerelancedel’OGS,dansunclimatmoinstendu

Lechangementd’équipemunicipale,en2001,créelesconditionsfavorablesà lareprisedudialogueavecl’Étatetàune«miseenordre»delagestiondusite:créationd’unestructuredegestionpublique,leSMGDPquisesubstitueàlacommune;régularisationd’uncertainnombredetravauxd’aménagementeffectuéssansautorisation–notammentparlesexploitantsdescampings–;dénonciationdeladélégationdeservicepublicpour la gestion du parc de stationnement (approuvée en 1987, prolongée par avenants successifs jusqu’en2010etdénoncéendécembre2007pourunepriseenmainpar lesyndicatenavril2008). La résiliationducontrat de concession a donné lieu à un contentieux judiciaire important entre la Sanema Aquitainedemandantréparationautitredespréjudicessubiset lacommuneetleSMGDP.LagestionpubliqueduparcdestationnementacependantpermisdegarantirauSMGDPlesrecettesnécessairesàsonfonctionnementetà la réalisation d’un certain nombre de tâches d’entretien des espaces verts et des bâtiments, deréaménagementdusite,etc.

2001-2010:unepremièrephasederéhabilitationdusitehorsOGS

Les années 2000 représentent donc une reprise en main de la gestion du site souvent décrite par lesgestionnairescommeune«relancedel’OGS»mêmesi,formellement,celle-cinedémarrequ’en2011.Cettephasede restaurationdu site se traduitpar lamiseenœuvredepremièresactions:élaborationd’unguided’informationetréalisationd’actionsdecommunicationsurlesiteavecnotammentlamiseenplaceen2006,de panneaux d’information (figure166-A) ;mise en sécurité du site par une surveillance accrue du parc destationnement afin de réduire les effractions sur les véhicules en période estivale; mise en place d’uneexpositionpermanenteàcielouvert«Lafacecachéedeladune»(2010)[figure11-BetC];réhabilitationduparc de stationnement en revoyant les accès et les cheminements, enmettant en place de la signalétique(figure 166-A), en renouvellement le couvert végétal, en implantant dumobilier tels que des bancs en bois(figure167-A),enfavorisantlesdéplacementsdoux(figure167-BetC),etc.Ilnes’agissaitpas«d’augmenterlacapacitédeparking,maisd’améliorerlafluiditédesdéplacementsetd’intégrerleparcdestationnementdansle paysage (…). L’enjeu de cette première opération de réhabilitation consistait à retrouver la valeur

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patrimonialedecetespacenatureltoutenapportantdesréponsesconcrètesentermesd’accueiletdesécuritédesvisiteurs»(SMGDP,2011:51).

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A-Panneaud’informationsur laformationdeladunedisposéauseinduparcdestationnement(avril2015).

B – Panneau d’accueil avec annonce del’exposition«Lafacecachéedeladune»(février2015)

C-Exposition«Lafacecachéedeladune»(février2015).

Figure167.L’informationsurl’aired’accueildelaDuneduPilat,clichésS.Clarimont

Cestravauxd’unmontantde700000€HTontété financéà40%par leSMGDP,par leConseil régional(25%),leConseilgénéral(25%).L’ÉtatvialaDREALn’estintervenuqu’àhauteurde10%.Onnoteraquenilaquestion de l’accès au site ni celle de la gestion des flux n’ont été abordées au cours de cette décennie.Interrogée sur ce dernier point, la directrice du SMGP a clairement affirmé que les mesures decontingentementdunombredevisiteursparlamiseenplacedequotasoulalimitationdeladuréedelavisiteétaient exclues non seulement du fait des difficultés techniques demise enœuvre dans un site ouvert auxaccèsmultiples,maisaussiparcequela«dunepeutsupporteruncertainnombredepersonnes,elleestassezgrande»ajoutantqueleSMGDP«n’estpasdanscetesprit»(EntretiendirectriceSMGDP,11/02/2015).

A-Mise en place demobilier propice à la détente dans leparcdestationnementarboré(avril2015)

B-Aménagement de parc à vélos aux abords de la citécommerciale(avril2015)

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Figure168.Réhabilitationduparcdestationnement,clichésS.Clarimont

Desproblèmespersistants

Malgré lesactionsentreprisesdespoints restentensuspens.Enmatièredecommunication, lecontrasteentrelesimagesdeladunediffuséesparlesofficesdetourisme–unedunedéserte–risquedeprovoquerunsentimentdedéceptionchezlesvisiteurs(figure168).Deplus,laqualitéarchitecturaleduvillagecommercialdemêmeque lecaractèrestandardiséetbasdegammedesproduitsproposésestendécalageavec l’image

C- Cheminement doux ausein de l’aire destationnement

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d’un grand site (figure 169). Certains visiteurs en sont conscients qui dénoncent la banalité de l’offrecommerciale. Le SMGDP est lui-même parfaitement conscient de ce problème et de la nécessité de faireévoluercetteoffre.

Figure169.ImagesdelaDuneduPilatdiffuséesparlesofficesdetourisme,clichésS.Clarimont

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Figure170.LevillagecommercialdelaDuneduPilat,clichésS.Clarimont,février2015

Surleplandelasécurité,lesmesuresdepréventiondesrisquesd’incendiedeforêtdansetauxabordsdescampingsparaissenttrèsinsuffisantesetlaquestiondelasécuritédestouristesenséjourestposéeavecacuiténotammentpourlesdeuxcampingsseptentrionauxnedisposantd’aucunexutoireocéanique.LacongestiondelaRD804enpériodeestivaleaccroîtlavulnérabilitédusiteencasdesurvenued’unincendie.Lesproblèmesd’accès et de stationnement souffrent encore d’un déficit de prise en compte globale. En dépit duréaménagementduparcdestationnement,de lamiseenplacedeparcàvélosdestinésàfaciliter l’accèsenmobilitédouceetdel’existenced’unservicedenavetteenpériodeestivale,l’accèsdemeureunréelproblème.Leconseildépartemental tolèredepuisdenombreusesannéesdesstationnementsanarchiques le longde laRD804,un sorte«d’entonnoir»:« les stationnementsanarchiques le longde laRD se sontdéveloppésparrefusdepayerdelapartdesAquitains,parhabitudeetpréférencepourlesaccèslesplussauvages,lesmoinsfréquentés,maisaussipar incapacitédesegarer fautedeplace. Il yaaussi lapratiqued’activitéscomme leparapente.» (Entretien directrice SMGDP, 11/02/2015). La pratique du parapente, encouragée par lacommuneettoléréeparleSMGDP,accroîteneffetlesproblèmesdestationnementavecle«développementd’unezonedestationnementnonorganisé,sauvage,surdespropriétésduConservatoiredulittoral,ausuddeladune»,auplusprèsdesspots(EntretienchargéedemissionSMGDP,10/02/2015).Touscesstationnementsnon contrôlés et invasifs dont l’impact visuel est évident, sont en contradiction avec l’image d’un siteexceptionnel comme la dune du Pilat. Par ailleurs, ils favorisent le maintien d’accès diffus par la forêt quicontribueàdégraderlesespacesboisés(figure170).Uneréflexionémergecependantpourtenterd’yapporteruneréponseaveclaréalisationenvisagéed’uneétudesurlesdéplacementsetlestationnement.

Figure171.StationnementsetaccèssauvageslelongdelaRD804enavril2015,clichésS.Clarimont

2011-2015:orientationsstratégiquesetprogrammed’actiondela2eOGS

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Lesorientationsstratégiqueset leprogrammed’actionde la2eOGSontétéapprouvéspar leSMGDP,en2011; la convention pour la 2e OGS a été signée en novembre 2012. Cette convention vise trois objectifsprincipaux:

- assurerlamaîtrisefoncièrepubliquedeladuneetdesesabords,grâcenotammentàl’engagementduConservatoireduLittoral;

- poursuivrelarestaurationdudispositifd’accueil(réhabilitationprogressiveduvillagecommercial),enaméliorerlavaleurscientifiqueetculturelle(explicationdonnéeauvisiteursurl’originedeladune,surson image...), et étendre les parcours de visite (faire prendre conscience de la longueur dumassifdunaire...);

- intégrer la visite de laDune du Pilat à celle de l’ensemble des patrimoines culturels et naturels dubassin d’Arcachon, dont la Dune est le «point culminant». (DREAL Aquitaine, 2015)53. En effet,paradoxalement, «la dune n’est pas perçue par les acteurs locaux du tourisme comme unecomposante essentielle de l’attractivité du territoire. (…) Elle n’a longtemps bénéficié qu’à quelquesacteursduterritoire.C’étaitunmondeàpart,unlieuavecuneforteconnotationmercantileducoup,onluiatournéledos»(EntretiendirectriceSMGDP,11/02/2015).L’ambitiondela2eOGSestdoncdefavoriser la réappropriation publique de l’espace dunaire et l’affirmation de son caractère depatrimoinecommun.

Le programme d’intervention pluriannuel (3 ans) prévu dans le cadre de cette convention s’élève à 3millionsd’euros(étudesettravaux)dont660Mapportésparl’État.Parmilesactionsenvisagées,«lamaîtrisefoncièredessecteursstratégiques»faitfiguredeprioritéabsolue(SMGDP,2011:56).

2.3.Unepolitiqued’acquisitionfoncièreendébat

La maîtrise foncière représente l’enjeu principal de la 2e OGS, «son préalable et la clé de sa réussite»(EntretienchargédemissionSMGDP/Conservatoiredu littoral,11/02/2015).Sur les506hectaresconcernés,unecentainesontpropriétéduConservatoiredulittoral,30appartiennentauConseildépartementalautitredesEspacesnaturelssensibles,lerestecorrespondàdespropriétésprivées,majoritaires(60%).Cespropriétéssonttrèséclatées:250parcellespour150propriétairesdifférents.Lapolitiqued’acquisitionfoncièrevisantàune réappropriation publique du site est portée de concert par deux acteurs publics: le Conservatoire dulittoralpourlesparcellesnaturellesetleSMGDPpourlesparcellesaménagées.Deuxoutilssontàdispositiondecesacteurs:lanégociationàl’amiableetl’expropriationpourcauseded’utilitépubliqueconditionnéeparl’approbationd’uneDUP.

Le premier volet de la politique d’acquisition foncière porte sur l’appropriation publique des parcellesaménagées.Lesnégociationssontencoursaveclafamillepropriétairedesterrainssupportantl’aired’accueil:àl’évaluationparlesDomainesduprixdecesquelques10hectaress’ajoutel’indemnisationpoursuspensiondubailemphytéotique(extrêmementlucratifpourlespropriétaires).Lecoûtdecetteacquisitionfoncièreserasupportéexclusivementpar leSMGDPqui,grâceauxrecettesgénéréespar l’exploitationduparking,disposederevenussuffisants:«onalesmoyensderégler,onestunecollectivitétrèssolidefinancièrement»(Entretienchargé demission SMGDP, 11/02/2015). Elle devrait permettre de régler la situation pour lemoins étrangehéritéedesannées1980.

53[Enligne]URL:http://www.aquitaine.developpement-durable.gouv.fr/operation-grand-site-de-la-dune-du-pilat-a1332.html

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Lesecondvoletdelapolitiqued’acquisitionfoncièreconcernelesespacesnaturelsouceuxayantvocationàleredevenir.LeConservatoiredulittoralaainsiacquis,ennovembre2012,àl’issued’uneprocédureamiable,uneparcellesituéeenpieddedune,quiportait lecafé-restaurant,LaPalombière.Cetteanciennecabanederésiniers transformée en 1947 en commerce, a été détruite en juillet 2013, pour rendre au site son aspectnaturel(figure171).

Pourinformerlepublicdesobjectifsetdesmodalitésdemiseenœuvredecettepolitique,unebrochureaétéréalisée(annexe)etdesréunionspubliquesorganisées,parexempleennovembre2013etenfévrier2015,enmargedelaprocédureréglementaired’informationetdeconsultationdelapopulation,l’enquêtepublique.La politique d’acquisition foncière a donné lieu à deux enquêtes publiques: la première, très courte, s’esttenuedu2décembreau20décembre2013,laseconde,d’unmois,s’esttenueauprintemps2015.Ilnenousapasencoreétépossibled’obtenir lerapportducommissaireenquêteurpourl’enquêtede2013,enrevanchenousavonspusuivrel’enquêtede2015.

Cetteversionenlignenepeutpascomporterlesillustrationsenraisonduvolumedufichier

Figure172.Acquisitionfoncièreetrenaturationdusite,source:SMGDP/LaDépêcheduBassin,n°893,juillet2013

Uneenquêtepubliquesuivieettendue

Cetteenquête s’est tenueà LaTestedeBuch,du27avril au2 juin2015.Elle avait lieuenmême tempsqu’une autre enquête publique portant sur une demande de permis d’explorer et d’exploiter deshydrocarburesliquidesougazeux,déposéeparlasociétécanadienneVERMILION.CettedemandeconcernaitlaconcessiondesMimosasdécouverteen2004et couvrantune superficiede20km2environ,à cheval sur lescommunes de La Teste de Buch et d’Arcachon et débordant sur le domaine public maritime du bassind’Arcachon. L’exploitation de cette concession s’effectue pour l’instant aumoyen d’une plateforme uniquesituéeenlimitedelaforêtusagère.LasociétéVERMILIONsouhaitepoursuivrelaprospectionenréalisantdenouveauxpuitsafind’étendreéventuellementsaproduction.Or,laconcessionestsituéeauseindusiteclasséde laDuneduPilat etde la forêtusagèreeten zoneNatura2000«Forêtsdunairesde la TestedeBuch».Cetteenquêteportantsurunprojetsusceptibled’avoirunimpactsignificatifsurdesespacesnaturelsprotégésn’a pourtant guère retenue l’attention du public: 10 observations seulement ont été déposées dans lesregistres d’enquête dont deux favorables au projet. Les autres observations consistaient en des demandesd’informationssurlesrisquespotentielsdepollutiondesnappesphréatiquesoudel’air,surlapréventiondesrisques d’incendie ou sur les compensations financières d’un tel projet pour les collectivités territorialesconcernées(1observation)[PréfecturedeGironde,2015a].Aucuneneconcernait les incidencespossiblesduprojetsurlaqualitéenvironnementaledusiteclassé.

Bienquesimultanées,cesdeuxenquêtesontdoncétéaccueilliesdefaçonfortdifférenteparlepublic:sil’une s’est déroulée dans l’indifférence quasi totale, l’autre en revanche, a été fortement mobilisatrice.L’enquêtepublique«préalableàlaDUPdesacquisitionsdeparcellesconstitutivesdesespacesnaturelsdela

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duneduPilat»portaitsurleprojetduConservatoiredulittorald’acquérir400hectaresnonbâtisouaménagéssurlesitedelaDuneduPilatdont150hectaresdeforêtusagère.L’objectifduConservatoiredulittoralétaitclairementaffichédans ledossier constituépour l’enquêtepublique: il s’agitpour l’établissementpublicdes’assurer par l’acquisition foncière, de «la conservation et la sauvegarde du site du Pilat dans son étatnaturel»;ilyestd’embléepréciséqu’«aucuneconstructionnouvelleniinstallationrattachéeàlagestionetàlaconservationdeslieuxn’estenvisagéesurlesterrainsconcernésparlaprésenteopérationd’expropriation»(Conservatoiredulittoral,2015:2).L’absencedetravauxd’aménagementdanslesparcellesdontl’acquisitionest projetée, justifie l’élaborationd’un«dossier simplifié», assez sommaire (15pages) et dépourvud’étuded’impact.Danscedossier,lamaîtrisefoncièrepubliqueestprésentéecommelaseulesolutionpour«préserverle site des risques de dégradation paysagère et des pressions particulièrement prégnantes qu’il subit»(Conservatoiredulittoral,2015:3).Lafréquentationestidentifiéecommeleprincipalfacteurderisquepource«monumentnaturel»:«l’attractivité entraînedesatteintes importantesà l’intégrité paysagèredu site»(Conservatoiredulittoral,2015:4).PourleConservatoiretoutcommeleSMGDP,laréappropriation54foncièredusiteestconçuecommelasolutionidoinepour«réglerlesproblèmesdestationnementsauvagelelongdeladune l’été, éviter que les passages ne se fassent n’importe où dans la forêt occasionnant des problèmes depiétinement,dedérangementdelafaune,mieuxrégulerlesfluxnotammentlesaccèsmotorisésavecdesquadsoudes4X4ausud»(EntretienchargédemissionSMGDP,11/02/2015).Ceprojetderéappropriationpubliquedu site n’est pas nouveau puisque dès les années 1990, le Conservatoire avait émis l’idée de se porteracquéreurdeparcellespourpréserverce«grandpaysagenational»(Conservatoiredulittoral,2015:7).Sitehautementemblématique,monumentnational,laDunen’acependantfaitl’objetquedequelquesacquisitionsfoncièresavecseulement4opérationsdecessionentre1998et2014.LaDUPdevraitpermettred’accélérerlerythmedesacquisitionsetfaciliterl’interventionduConservatoire.

Le périmètre du projet pour laDUP est de 400 ha, incluant des parcelles dont le Conservatoire est déjàpropriétaire.SalimiteNordestadosséeàcelledusiteclassé,salimiteOuestcorrespondàlalimiteduDomainepublicmaritime(définile31/07/2014)etsalimiteEstàlaRD218defaçonà«réduirelesnuisancesprovoquéespar le stationnement inorganisé et dangereux» (Conservatoire du littoral, 2015: 13). Selon l’estimationsommaireeffectuéepar leConservatoiredu littoral, le coût totald’acquisitiondes270hade terrainsprivés«naturels»s’élèveraità5386000€(744000€ontdéjàétédébourséparleconservatoirepourlesparcellesdéjàacquises)tandisqueleSMGDPdevraitdépenser2450000€pourl’acquisitiondesparcellesaménagées.Lepérimètred’interventionétablipourlaDUPcomporteplusieurshectaresenforêtusagèresurlesquellesleConservatoires’engageàconserver lesdroitsd’usagetoutenminimisant l’importancedesparcellesde forêtusagère incluses dans le périmètre : en effet, il «entendmaintenir les droits d’usages forestiers sur lesquelques parcelles de la Forêt Usagère incluses dans le périmètre de la DUP, en les excluant du champd’applicationde l’expropriation. (…)Cemaintien reposera surdesmodesde faireantérieursà l’acquisition.»(Conservatoiredu littoral, 2015: 15)55.Malgré cetteassertion réitérée, leConservatoiren’estpasparvenuàrassurer pleinement le public sur ses intentions et l’enquêtepublique adonné lieu à une fortemobilisationhostile auprojet. Contre toute attente, uneassociation localededéfensede l’environnement, BAE–Bassind’ArcachonEnvironnement,amêmeprispositioncontreleprojetduConservatoire.

L’enquête publique s’est tenue dans la seule commune de La Teste-de-Buch, les dossiers étantmis à ladispositiondupublicdanslamairieprincipaledeLaTesteetlesmairiesannexesduPyla-sur-MeretdeCazaux.Cetteenquêtes’estdérouléedansunclimat très tenduetdansdesconditionsqui semblent loind’avoirétéoptimales. D’une part, le Conservatoire du littoral n’a pas offert la possibilité au public de prendreconnaissancedudossierautrementqu’enserendantdans les locauxdesmairies,auxheuresd’ouverturede

54Lesiteappartenaitautrefoisàl’État,maisavaitétémisenventeparleSecondEmpireetcédé,en1863,àunesociétéprivée.En1920,unnouvel opérateur privé avait racheté la dune et procédé à son découpage en lots perpendiculaires au rivage dont le plan cadastraltémoigneencore.Danslesannées1940,unprojetdelotirladuneavaitentraînélepremierclassementdusite.55Soulignéparnous.

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celles-ci. Il adélibérément refusédemettreen ligne sur son site ledossier completoude communiquer cedernier par courriel, en format pdf. Certes, cette forme demise à disposition du public n’a pas été rendueobligatoireparlaréformedesenquêtespubliquesintervenueen2011.Toutefois,l’articleR.123-9,alinéa12duCodedel’environnementinviteàpasseràl’èrenumériqueetindiquequel’autoritécompétentepourouvriretorganiser l’enquête devra fournir : « Le cas échéant, l'adresse du site internet sur lequel des informationsrelativesàl'enquêtepourrontêtreconsultées,oulesmoyensoffertsaupublicdecommuniquersesobservationsparvoieélectronique.Toutepersonnepeut, sursademandeetàses frais,obtenircommunicationdudossierd'enquête publique auprès de l'autorité compétente pour ouvrir et organiser l'enquête dès la publication del'arrêtéd'ouverturedel'enquête.».Enoutre,laFranceestsignatairedelaconventiond’Aarhus(1998)censéefavoriser l’accès du public à l’information sur l’environnement. D’autre part, le rapport de la commissiond’enquête n’était disponible, en novembre 2015, ni sur le site de la préfecture de Gironde, ni sur celui duConservatoire du littoral, du SMGDP ou de la commune de La Teste. C’est à une association, l’ADDUFU(Associationdedéfensedesdroitsd’usageetdelaforêtusagère),quel’ondoitsadiffusion!Cetaccèsmalaiséà l’informationad’ailleursétéunproblèmerécurrentaucoursde lapremièrephasede travailauPilat.À laprudenceexcessiveduConservatoiredulittoralinquietdediffuserl’informationdansuncontexteconflictuel,s’ajoutaient les réticences de la commune, illustrées par les mauvaises conditions de consultation desdocuments offertes au public. En effet, le dossier du Conservatoire et le registre d’observations étaientconsultablesparlepublicdanslehalldelamairiedeLaTeste,lieupassantpeupropiceàunelectureattentivedudossier(figure172).Enoutre,lorsdelapermanenceducommissaireenquêteurdu27mai2015,àLaTestecentre, nous avons eu la surprise de constater que le public devait attendre dans un couloir de lamairie –dépourvu de chaises et de la moindre commodité – pour pouvoir être reçu individuellement par leCommissaire-enquêteur, dans une sorte de huis-closmal vécu par la population. Une dame arrivée un peuaprès17h00etsouhaitantentrerdanslagrandesalleoùsetenaitlapermanence,estinvitéeàattendreparlecommissaire enquêteur occupé; perplexe et dépitée, elle lui répond «Alors, on ne peut pas écrire dans lecahier?D’accord.Bon,benonreviendra…ouonreviendrapas!J’ensaisrien!Jetrouvequec’est…bon…».Unpeu plus tard, un groupe de trois personnes se heurte également à la porte close:«Ah bon!On peut pasremplir…Ahbon!Bon,jevaisletaperetjeleremettraicommeça».Unmédecin,militantassociatifdansunepetiteassociationlocaleMesteysd’Aqui(Cabanesd’ici)nepeuts’empêcherd’exprimersonmécontentement:«C’estpasunsecret!Unetableoùonécritetunetableoùilparle!Onestpasauconfessionnalquandmême!Uneenquêtepublique!C’estpasnormal!C’estpasunehonted’entendrecequisedit!C’estpasgrave!Sinon,c’est une enquête pas publique, c’est un entretien pour dissuader les gens ou les rassurer». La suspicion àl’égard de la procédure de consultation est également exprimée par un couple qui souhaitait participer àl’enquêtepubliqueets’estheurtéàlaporteclose:«Y’adumondededans!Ah,oui!Ilenquêtesurlesgensquiviennentsigner.Pourvuque lapersonnequi lui répond,elle luidisecequiestnécessairededire (…).».Cettefaçondeprocéderducommissaire-enquêteur perçuenégativementpar lepublicnonadmisàentrerdans lasalle de permanence conduit ce couple à formuler sa conception du rôle du commissaire-enquêteur: «Lecommissaire-enquêteur,ilreçoit…Silapersonneditdeschosesfaussesparrapportàlaloiildoitlaguider,maisc’esttout!Ilnedoitpasfairepasserlareligiondel’État.Ilneplaidepas!».C’estleportraitd’uncommissaire-enquêteur neutre, impartial et pédagogue qui est esquissé dans les propos de ce participant interdit departicipation.

Cetteversionenlignenepeutpascomporterlesillustrationsenraisonduvolumedufichier

Figure173.Publicconsultantledossierd’enquêtepubliqueàLaTestecentre,clichéS.Clarimont,mai2015

Malgrécesconditionsmatériellesdéfavorables,malgrélecaractèreextrêmementnorméd’uneprocéduredeconsultationreposantsurlerecoursàunlangageadministratifsusceptiblederebuterlegrandpublic,cette

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enquêteaététrèssuivie,notammentàLaTestecentre,avecunregistred’observationstotalementrempliparprèsde150contributionsécriteset32notes,dossiersoulettresannexésauregistre(PréfecturedeGironde,2015b). Cette forte participation à l’enquête doit beaucoup à l’activisme d’une association, l’ADDUFU,percevant leprojetcommeunemenacepour lemaintiendesdroitsd’usageenforêtusagère.L’ADDUFUestune association créée en 1920; son président la définit commeune association environnementaliste plutôtqu’écologiste, car son objet est «la protection de la nature et en cela on a des divergences avec lesassociations écologistes qui voudraient sanctuariser la nature. Nous, on est d’accord pour sa pénétration»(EntretienprésidentADDUFU,29/05/2015).Selonsesstatuts,modifiésen2006,elleapourobjet«1.L’étudeetladéfensedesintérêtspourl’exercicedudroitusagerdeshabitantssurleterritoirejuridictionnelduCaptalatde Buch.(…) 2. La défense du statut contractuel de la Forêt Usagère de La Teste. L’Association se donneégalementpourbutdedéfendrelatraditionforestièreethistoriquedelaForêtUsagèredeLaTeste,participeràlaprotectiondesespeuplementsetdelavégétationdelaForêtUsagèredeLaTesteabsolumentindispensableà l’équilibre écologique de la région ainsi qu’aux intérêts sociaux et économique de ses habitants.» (StatutsADDUFU, février 2006, article 3). Pour la défense de ces droits d’usage ancestraux, l’ADDUFU a eufréquemment recours à la voie judiciaire. Rencontré enmai 2015, son président évoque spontanément lesconflits nombreux entre propriétaires et usagers aux intérêts divergents:«On sort de plus de vingt ans deprocédure judiciaire, de 1983 à 2008, avec de nombreuses tentatives de contournement de la part despropriétaires»(EntretienprésidentADDUFU,29/05/2015).Pourlespropriétairesdeparcellesenforêtusagèregrevéespar lesdroitsd’usage, l’acquisition foncièreenvisagéepar leConservatoireconstitueclairementuneopportunité;elleestenrevancheperçuecommeunemenaceparlesusagersetl’ADDUFU.Sicelle-ciavait,auxdires de son président, été favorable à l’extension du classement intervenue en 1994, n’avait pas non plussoulevé d’objections à l’acquisition par le SMGDP des parcelles aménagées, elle s’avère au contraire trèshostile à la politique demaîtrise foncière du Conservatoire allant jusqu’à considérer que «le droit d’usageprotège plus que le Conservatoire» et que le problème du site est davantage un «problème de police qued’extensiondelaréglementation»(EntretienprésidentADDUFU,29/05/2015).

L’ADDUFUaainsimobilisésesadhérentsetsympathisantsenlesincitantàserendreàl’enquêtepubliquepour«exprimerunavisdéfavorable»etleur«oppositionàcechangement»,selonletractlargementdiffuséauprintemps2015(annexe3).Cetractalertaitlapopulationsurladisparationdesdroitsd’usageconsécutiveàl’appropriationpubliquede la forêtusagère:«Lepassagede centainesd’hectaresde ForêtUsagèredans ledomainepublicd’État,entraînejuridiquementobligationdetransformationdesdroitsd’usagespardesusagesconventionnels.». Lapositionde l’ADDUFU se fondait sur les résultats d’uneétude réalisée, en2013, par lecabinet Coudray, à la demandeduConservatoire du littoral, sur la compatibilité des droits d’usage avec lesrèglesdeladomanialitépublique.Vulacomplexitéjuridiquedelaquestion,lesconclusionsdecetteétudesontassez nuancées. Le cabinet Coudray reconnaît certes que, les dispositions de l’article L. 12-2 du Code del’expropriation s’opposent en principe au maintien de droits tels que les droits d’usage qu’il convient dequalifier de «droits réels sui generis incessibles et indivisibles». Il ajoute néanmoins qu’un contournementsembleenvisageableparlebiaisdelaDUP:«L’arrêtédéclaratifd’utilitépubliquedevraainsiexpressémentetprécisémentréserverlestroisdroitsd’usagesforestierspréexistantenlessortantduchampdel’expropriation».Loinderassurer,lesconclusionsducabinetCoudrayontaucontraireprovoquéuneforteinquiétudeparmilesadhérentsdel’ADDUFU.

Comptetenudel’émoisuscitéparlamenacedesuppressiondesdroitsd’usage,lesobservationsfaiteslorsde l’enquêtepubliquesontmajoritairementnégatives.Àquelques joursde laclôturedel’enquête, le28mai2015,nousavionsdénombré,dansleregistredeLaTestecentre,106observationsdont76hostilesauprojet(72%),22 favorablessous réservedemaintiendesdroitsd’usageet8seulement favorablesauprojet (dontuneémiseparEuropeÉcologielesVerts).L’immensemajoritédesobservationsnégativesconcernelacraintedepertedesdroitsd’usage.

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Desobservationsrelativesàladéfensedesdroitsd’usage,majoritaires

Celles-ci émanent principalement d’habitants jouissant des droits d’usage et inquiets de leur possibledisparition se contentant souventd’unavis lapidairedans le registre:«Avisdéfavorableà cetteacquisition.Nousnevoulonspasprendre le risquedeperdrenosdroitsd’usage» (Registred’observationsCazaux,2015).D’autresargumententdavantage leurpointdevueenmettantparexempleenavant labonnegestionde laforêtmise enœuvre par les «usagers»:«J’émets un avis défavorable à l’acquisition ou les acquisitions deparcellesdelaforêtusagère.Les“usagers”s’occupentdecesparcellesdepuisdescentainesd’annéesdebonnemanière. Encore une tentative, après bien d’autres, d’enlever des droits aux simples citoyens.» ((Registred’observationsCazaux, 2015). À l’expressiond’un sentiment dedépossession, s’ajoute la revendicationd’unplusgrandrespectàl’égardd’unecoutumeàfortevaleurpatrimoniale:«c’estunevolontédanscemondequededétruirecoutumesetbeauxpatrimoines,surtoutsic’estpour laréalisationdeparkingsetdétruireunpeuplusdeforêt,pourquelgestionnaire?»;«Noussommestoutàfaitopposésauprojetd’acquisitiondeladunepar l’État,quesoientrespectés lesdroitsdebaillettesetgéréspar l’ADDUFU.DeuxTesterinsdepuisplusieursgénérations» (Registre d’observations La Teste Centre, 2015). La nécessité de préserver une traditionpluriséculairecontretoutchangementestunthèmerécurrent:«Ilestnormalquelesdroitsséculairesrestentce qu’ils sont depuis plusieurs siècles. Avis défavorable pour une acquisition»; «La forêt usagère a vécupendantdessièclessanslesecoursduConservatoiredulittoral.Jesuisdoncopposéeàcechangementetdonneunavisdéfavorable»(Registred’observationsCazaux,2015).

L’acquisitionfoncièreestégalement jugéeparcertainsparticipants, inutileetcoûteuse,elleajouteraitunniveaudeprotectionsuperfluetpourraitmettreàmallecaractère«pittoresqueethistorique»dusiteclasséinhérent au maintien des baillettes et transactions. De plus, elle occasionnerait un «gaspillage d’argentpublic»,or«lesfinancespubliquessontdansunétatcatastrophique.L’argentdépensépourl’acquisitiondecesparcellesseraitbienmieuxutiliséentreautrepourréduireunepartieinfirmedenotredéficitabyssal»(Registred’observationsLaTesteCentre,2015)

Desproblèmesliésàlafréquentationetauxusagesrécréatifsrarementmisenavant

Si lepublicet leConservatoireétablissent lemêmeconstatenmatièredehaussedelafréquentation, lesconséquencesde celles-ci et les solutionsàapporterpour conserver le sitene sontpasappréhendéesde lamêmemanière:«Le28juin1994,dateduclassement,ilyavait1milliondevisiteursàlaDune.En2015,ilyenavait2millions,dansdixans,certainement3millions.Devra-t-onchaquefoisacheterdelaforêtusagèrepouragrandir le site?» (Registre d’observations La Teste Centre, 2015). Certains proposent des solutionsalternativesàl’expropriation:«270hacoûtent5386000€pour“encadrer“lasituationestivale(duréede6à8mois) alors que toute l’année la circulation routière sur la RN250 est saturée et là, pas demoyens! Pour“endiguer“lesstationnementsdevéhiculesroutiers“sauvages“,principalementaumoisd’août,ilyapossibilitéd’améliorer les transports en commun et de faire intervenir la police municipale» (Habitant de La Teste,Registre d’observations La Teste Centre, 2015). Un couple, favorable au rachat des parcelles par leConservatoireàconditionquelesdroitsd’usagesoientpréservés,insistesurlanécessitéd’interdirelemoindreaménagement en forêt usagère«afin d’éviter ce qui se passe autour de la dune» et suggère de«faire unparkingendehorsdeladuneavecnavettebus»(Registred’observationsCazaux,2015).

Unguidenaturaliste,attachéaumaintiendesdroitsd’usage,metvivementencauseletourismeappelantàunplusgrandrespectdelaréglementationetàl’exerciced’uneréellepolicedel’environnement:«Devantla

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recrudescencedutourisme, ilestaussigrandtempsderéagir,surtoutpourdesraisonsdesécuritéévidentes.Stationnement anarchique, effet de piétinement, 5 000 personnes bien encadrées valent mieux qu’un droitd’errancesauvage.Ilfautéviterlesnuisancesdérangeantlafaune,détruisantlatrèsgrandevariétéfloristiquedontlesespècesbotaniquesrares»(Registred’observationsCazaux,2015).Quelquesparticipantsrejoignentcepoint de vue comme un habitant de La Teste favorable à la politique d’acquisition foncière publique qu’ilconçoitcommeunegarantiedeprotectiond’uncordondunairedégradé,audroitdescampingsLePetitNiceetlePanorama:«Cecordonestmassacré,martyrisé,nousavonsunedéchetterieàcielouvertqui,desurcroît,esttrèsdangereuxentermedesécurité.Desrondinsdeboisdévalentlapentejusquelaplage.Merciauxautoritésdebienvouloirassureretfaireassurerlaréglementationafférenteàunsiteclassé»56(Registred’observationsPyla-sur-Mer,2015)

Association de défense de l’environnement, BAE s’est également insurgé contre le projet de DUP.L’associationaformuléunavisnégatifsurleprojetenmettantencauseledéficitdemesuresconcrètespourrégulerlafréquentation,laprésencedestationnements«nonmaîtrisés»,maisdefaittolérés,lelongdelaRD218,l’inefficacitédel’OGS.L’associationexprimeaussidescraintesliéesà«l‘ouverturedemasseaupublic»delaforêtusagère.PourBAEcommepouruncertainnombredeparticipants,lesitesouffremoinsd’undéficitdeprotectionqued’undéfautpatentd’applicationdelaréglementationenvigueur.

Enfin, quelquesusagers récréatifs de la dune se sont exprimés soit à titre individuel, soit à titre collectif(Club de vol libre par exemple) pour dire leur inquiétude quant aux possibilités de pérennisation de leursactivitésaprèsl’acquisitionfoncière.Ilsrevendiquenttousunmaintiendeleurdroitd’accès,libreetgratuit,àl’espacedunaire.Unparapentistes’inquièteainsidesconséquencesd’unedécisionqui luiparaîtprise«sansconsultation des principaux intéressés»: «(…) je souhaite continuer à pratiquer cette passion qui estrespectueuse de l’environnement, librement et gratuitement, dans le respect du site et en toute sécurité. Jerestefavorableaurachatdesparcellesprivéesàconditionquelefuturgestionnairesoitsoucieuxdumaintiende l’activité vol libre sans en restreindre les espaces et les accès» (Registre d’observations Cazaux, 2015).Attachéàunepratiquelibreetgratuitedesonactivité,iln’admetaucunerestrictiond’usage.

Despropriétairestrèsdiscrets

En revanche, les propriétairesa priori concernés au premier chef par l’expropriation se sont avérés trèsdiscrets,neprenantguèrelaparoledurantl’enquêtepublique.Certainsparticipantssoupçonnentmêmeunecollusionentre leConservatoiredu littoralet lespropriétaires forestierssouhaitantvoirdisparaître lesdroitsd’usage(HabitantdeLaTeste,Registred’observationsLaTesteCentre,2015).Nousavonscependantrelevé,àCazaux, deux observations de propriétaires hostiles à la politique d’acquisition. L’un se plaint d’abord d’undéficit d’information pour rejoindre finalement la position des usagers montrant que le clivage entre«usagers» et «ayants-pins» est tout relatif et qu’uneporosité peut exister entre ces deux rôles :«Je suisétonné de ne pas avoir vu sur les plans les numéros de parcelles cadastrées concernées – propriétaire enindivisionde la parcelle CH61 zone1NA. Je n’ai pas reçude courrier (pourtant je reçois l’appel aux impôtsfonciers).(…)Cetensemble(…)d’expropriationmeparaîtabusif,contraireaudroitdepropriété(…).Cesiteestclassé sousdenombreusesprotections (Natura2000, ZNIEFF, Forêtusagère). Il estanormalque le caractèrelégal, juridique de la forêt usagère ne soit pas indiqué clairement ce qui est contraire aux «baillettes ettransactions» régissant ladite forêt usagère. (…) PS: le maire doit reprendre la gestion de cette dune.»(Registred’observationsCazaux,2015).L’appelàuneremunicipalisationdelagestiondusiteformuléà lafin

56Cetteobservationestaccompagnéede35photosdedébrisvégétauxprésentéesen4planchesdeformatA4.

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del’observationrevientsouslaplumedequelquesautresparticipants.L’analyseplusapprofondiedel’enquêtepubliqueàlaquellenousallonsprocédernouspermettradedéterminersarécurrence.

Malgré son caractère très sommaire, ce premier survol des observations des participants à l’enquêtepubliquenouspermetd’avoirunpremieraperçudesvisionscontradictoiresdusitede laduneduPilatetdesondevenir.Ilpermetégalementd’apprécierletrèsfortattachementdelapopulationàlaforêtusagèreetauxdroitsqui lui sont rattachés.Peu connueet valoriséepar les visiteurs, la forêtest au contraireau cœurdesperceptionshabitantesdusite.Cetapparentdécalageentrelaperceptionhabitanteetcelledesvisiteursferal’objetd’uneanalyseplusapprofondiedanslesmoisàvenir.

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4. Conclusion du rapport d’enquête de l’année 1 etprogrammedetravailpourl’année2

Comme prévu dans la réponse à l’appel à projet, la première année de la recherche restituée ici vise àdresserunétatdeslieuxdesimpactsdessystèmesdegestiondesfluxdanslessitesexceptionnels.Cettemiseàplatpermettra,ensecondeannée,unemiseencommundesexpériencesmobilisablessurleplanthéorique.En2016,l’analysecomparéedes7casétudiésétabliraunbilanraisonnédesimpactsdessolutionschoisiesparlesgrandssitesnaturelspourarticulerfréquentationetprotection.Cebilandéboucherasurunecomparaisondesméthodesetdes résultatsobtenus,de leurs effetsnégatifs etpositifs, unemiseenperspective théoriquedans lechampexpérimental internationalet laréalisationd’un«carnetd’expériences»enformedebilande«bonnespratiques»ou«d’expériencesremarquables»(réponseàl’appelàprojet,2014:3,7,9et16).

Surlefond,lasecondeannéeduprogrammedelarechercheconcerne4questions:

4.1. Lesimpactsdesactionsderégulationdesfréquentations

Parmilelargeéventaildemesuresusuellementmisesenœuvre,quellesexpériencesontétépositives,oùetpourquoi?Quellessontlesretombéesdecesmesures?Lasynthèsedesdonnéesrecueilliesetexposéesen3epartievafairel’objetd’unemiseenperspectivethéoriquepermettantdedéboucher,enfindetravaux,surle livrable2 (L.2. Comparaison des méthodes et résultats obtenus) et le livrable4 (L.4. Rapport finalsynthétiqueetpédagogiqueàdestinationdesacteursterritoriaux).

Néanmoins,suiteàl’étatdeslieuxexposéenpartie3,onpeutdéjàdresseruncertainnombredeconstats.

D’abord, dans tous les cas, la croissance constante du nombre de touristes dans les sites naturelsexceptionnels(saufdanslesitedeGavarnie)yasoulevélaproblématiquedeleursurfréquentation,mêmesiletermen’estpastoujoursévoqué.Tous lesgestionnairesenquêtésaffirmentque l’ouvertureauxpublicset letourismeexercentdespressionssurl’environnementnaturelqu’ilspeinentsouventàgéreretquecesfluxnesont pas sans conséquence sur les ressources, les structures sociales, les modèles culturels, les activitéséconomiquesvoirel’utilisationdesterresoucertainespratiquesdescommunautéslocales;cesgestionnairesconstatentmêmeparfois également unediminution de la qualité de l’offre touristique lorsque les flux sontimportants.Onpeut avancer deux concepts, deux notions, deuxmots pour caractériser les impacts dont ilstémoignent:celuidesaturation,quiexprimel’impossibilitépourlemilieu,àunmomentdonné,d’accueillirdesvisiteurssupplémentaires;celuidedénaturationquirecouvre lesdestructionsdesmilieux, laperteaumoinspartielledescaractèresoriginauxquiconstituentl’attraitdessites.Onexaminera,ensecondeannéeetgrâceaux apports des enquêtes auprès des visiteurs et des habitants, si cette distinction apporte des élémentsstructurantsopérationnelspermettantunemeilleuregestionlocaledessites.

Car pour l’instant, les gestionnaires n’ont que rarement mis en place des systèmes de mesure oud’observation évaluant des capacités limites chiffrées, des charges maximales, de seuils de tolérance dontpourrait se saisir le processus de planification local pour articuler à long terme les effets bénéfiques de lafréquentation avec le développement économique qu’elle est censée apporter. La fixation des capacités de

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charge optimales, c’est-à-dire les fréquentations que peut admettre durablement le système socio-économiqueetnaturelsanssemodifierirrémédiablement,cettedélimitationentreunoptimumàatteindreetunmaximum à ne pas dépasser, n’est abordée qu’à tâtons, en réglant des problèmes connexes qui sontautres:sécuritédespersonnesetdesbiens,risques,possibilitésd’aménagementdesaccès…

La fixation de maxima par site d’accès ou de visite revient à définir une fréquentation horaire ouquotidiennequ’ilnefautabsolumentpasatteindre,carceseuildecapacitédechargecorrespondàunseuilderupture,c’estleseuilqu’ilnefautabsolumentpasatteindre,carau-delàledéclindelaqualitédesmilieuxetdelavisiteestirréversible.Certainssitesparviennentàlesévaluerdemanièreempirique,lorsqu’ilsfermentdesaccèsenraisondesatteintesauxmilieux:SainteVictoire,leCanigó,GavarnieauHéas(Troumouse).D’autresontdegrandesdifficultésàenaccepterleprincipe,mêmelorsqu’ilaétémisenplaceparfoistemporairementsurcertainsaccès(PointeduRazCapSizun,Pilat).

Lafixationd’optimaparsited’accèsoudevisitepourraitconstituerunsecondtempsdeladémarche,carelleviseàdéfinirune«limited’élasticité»entre leseuilmaximaletcelui,optimal,quiassure lesmeilleuresretombées économiques. L’utilisation ici du conditionnel «pourrait» n’est pas neutre: l’exercice s’avèrecompliqué et pour entreprendre cette démarche, les gestionnaires doivent apprendre à connaître (et àreconnaître)desvariablesmultiples: lacapacitéphysiqued’accueildesdifférentssitesàdifférentespériodesde l’année et sous différentes conditions atmosphériques, édaphiques et écosystémiquesd’une part;l’aptitudedecesmilieuxàsoutenirdesvolumesdifférentsdefréquentationsansdéformationetsans impactnégatifpourlesmilieuxetlespopulations.

Cettedémarchenécessite lamiseenplaced’un tableaudeborddétaillédes lieuxetdessituationsde lafréquentationdesmilieux,dans lamesureoù les gestionnairesnepeuventpas réaliserun calculmécaniqued’un lieu à un autre, car les différents milieux et les différentes expériences de loisirs ou de découvertegénèrent des capacités de charge différentes. En effet, les impacts recensés sur les milieux biologiques ounaturelsnesontpassuffisantspourcalculerlescapacitésdecharge.Lestypesd’activitéetl’intensitédel’usageou le nombre de pratiquants sont trois variables difficiles à évaluer en permanence et donc à prendre encomptedansuntableaudeborddegestiondesfréquentations.Parexemple,defaiblesintensitésdepratiqueséquestresaurontplusd’impactsur l’étatdessentiersqu’unusagetrès importantdecesmêmessentierspardes randonneurs. La saison de la pratique peut également avoir un impact plus grand, pour expliquer lesimpacts,quelaquantité, lenombredepratiquants.Randonnerpartempshumideenhiverouparconditionsdegel-dégelauprintemps,parexemple,estpotentiellementplusdestructeurdesentierquependantlasaisonsèche.Ilconvientdoncd’examinerlessecteursaucasparcas.

Surtout, lesentretiensavec lesgestionnairesontbienmontréque lacapacitédecharge (parfoisappelée«capacitéd’accueil»)s’avéraitêtreunconceptporteurdejugementsdevaleur;lesparolesdesgestionnaireset des habitants montrent que ce n'est pas seulement un produit mécanique issu d’un rapport entre lafréquentation et les ressources naturelles; si l'observation par les écocompteurs et la recherche sontnécessairespourl’évaluer,lesdonnéesquantifiées–quandellesexistent—semblentinsuffisantes:lacapacitéde chargeest également fonctiond’attentes trèsdifférentes selon les acteurs (attentesetpostures vis-à-visdesclientèlesopposéesentreGavarnieetSainteVictoire,parexemple);celaécartel’idéequelecalculdelacapacité de charge puisse se satisfaire de la seule expertise scientifique etmontre la nécessité de l’amenerdans l'arène politique pour y requérir la participation de toutes les parties prenantes, notamment de lapopulationetdesvisiteurs(l’examendecesconditionsestl’objetdel’année2).

Enfin,troisièmeélémentdeconclusion,laconnaissancedelacapacitédechargenepermetpasàelleseulededéterminercequ’ilfautfairepourgarderunéquilibreentrelaprotectiondessites,deszonesnaturellesetlesusagesqu’enfontlesvisiteurs.Lesentretiensdel’année1aveclesgestionnairesontdéjàmontréquepourde nombreux acteurs tout changement était parfois difficilement acceptable. Même si globalement les

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directeurs et les parties prenantes ont de plus en plus conscience que les changements des milieuxaccompagnentinévitablementleurutilisationpardesvisiteurs.Onpeutendéduireenpremièreanalysequelecalcul,l’interprétationetl’applicationd’unecapacitédechargemaximalepourunsitereposentavanttoutsurleschoixdesacteurslocaux,àconditionqu’ilsaientétécorrectementinformésdecequ’ilallaitadvenirs’ilsnefaisaient pas de choix (hypothèses de prospective), ce qui reste rare dans les cas étudiés (la Dune du Pilatconstitue l’archétype de ce déni de réalité de la prise en compte des risques liés à la fréquentation malmaîtrisée).Ona constatéque les jugementsde valeur sur leniveauacceptabledu changementà introduiredans les pratiques reflètent des positions philosophiques, émotionnelles, spirituelles fondées autant surl'expérience que sur l’économie. Ceci poserait la question d’un renforcement de la formation et del’informationdesgestionnairessurcesquestions.

4.2. Lesimpactsdesactionsmenéessurlaqualitédevisitedesvisiteursetdeviedeshabitants

Comment habitants et visiteurs «vivent-ils» les transformations symboliques et pratiques liées à lalabellisationdessitesnaturelsexceptionnels?

Pourl’enquêteauprèsdeshabitants,lespointsquelarecherchemenéeapermisd’identifier(cfrestitutiondans le dossier Gavarnie – Pyrénées — Mont Perdu, point 5) seront repris en approfondissant le rôlestructurant,dans la constructiondes résistances,de l’acceptabilitédesmesuresdepréservation,decertainsd’entreeux,tellesquelamiseenplaced’uneorganisationdespromenadesàdosd’ânes.Maisonouvriraaussil’enquête aux jeunes générations, celles qui sont aujourd’hui trentenaires aux quadragénaires ainsi qu’auxnouveauxvenus.

Commentcesmesuressont-ellesperçuesparlesvisiteurs?Uneenquêteparquestionnaire—comportantcependantuncertainnombredequestionsouvertes—aétéréaliséeinsitu,durantlahautesaison(annexe2).Elleaétéadministréeenfaceàfaceauprèsd’unéchantillondevisiteursdanstroissites:l’unlittoral,deuxdemontagne.Le traitementdesdonnéesen2016et leur interprétationviseraàapprécier lesensdonnépar levisiteuràsonexpérienced’ungrandsitenatureletàdéterminersondegrédesatisfaction,saperceptiondeslieuxetdesesmodificationsdans letemps.L’enquêteseratraitéeau laboratoireSETde l’UPPAà l’aided’unlogicieldédiédetypeSphinx.

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4.3. Lesapportsdesmesuresaudéveloppement

Lesinvestissementsdevalorisationdupatrimoinenaturels’inscriventaujourd’huidemanièrecroissanteauseindestratégiesglobalesvisantàdynamiser les territoiresetà les rendreattractifs. Lamiseenpatrimoined’unespacenaturel et sa gestionproduisentdes signesdedistinction spatialepar rapport auxespacespluscommuns (Andreu-Boussut et al., 2008). Ces signes de distinction déterminent une capacité à attirer desvisiteurs, des touristes et les retombées positives en termes de dépenses, de revenus et d’emplois qu’ilsgénèrentsontlescontributionslesplusmanifestesdecepatrimoineexceptionnelaudéveloppement(GreffeetPflieger,2005).Leschercheursenscienceséconomiquesassimilentgénéralementseseffetsàdesexportations,en tant que support de l’activité touristique sur un territoire donné. L’analyse en termes d’impact a étéadoptée par de nombreuses études à partir des années80 afin d’évaluer la pertinence et l’efficacité desstratégiesdedéveloppementtouristiquecentréessurlesinvestissementspourfaciliterouaccroîtrelesvisites.Même si l’analyse n’est pas focalisée uniquement sur les sites naturels exceptionnels, elle englobe cetteperspective,parmid’autres.Souventsubstantiels,capturantparfoisunetrèsgrandepartdesressourceslocalesdisponibles, les investissementsconsacrésauxaménagementsetà lamiseenvaleurdessites imprimentunetrajectoireforteauterritoireetsuscitentdoncdesattentesimportantes.

Au-delàdesretombéesdirectesliéesàlaprésenced’uneressourcepatrimonialenaturelle,c’estlacapacitéà capturer les retombées indirectes et induites qui apparaissent comme l’élément central conditionnant ladiffusiond’unimpactdansl’ensembledel’économie.D’aprèsleschercheurs,leszonesdefaibledensitédanslesquelles se situent en général ces sites bénéficient en général d’effets multiplicateurs moins importants(Chhabraetal.,2003),parcequ’ellesnedisposentpasdesstructuresnécessairesàl’accueildestouristes,lecasestprobantàSainteVictoireoùladépensedeséjoursestreportéedansl’agglomérationd’AixenProvence,àGavarniedontlesretombéessontsurtoutvisiblesetdécelablestrèsenaval,essentiellementàLourdes,ouàlaPointeduRazenCapSizun.Même lorsqueces territoiresdisposentde réceptifsadaptés (hébergements,derestaurants, etc.), ceux-cin’ontpas toujours la capacitéde se fournir localementetdoivent«importer» lesressourcesnécessairesàleuractivité.Lesterritoirespeudensesnefournissentdoncpastoujourslesemploisnécessairesauxentreprisestouristiquesetlessalairesversésauxemployésnonrésidentsconstituentdesfuitespourcedernier.

Alors, sousquelles conditions la régulationdes fluxde visitedupatrimoinenatureld’exceptionpeut-elleêtre articulée à une stratégie de développement touristique? Quels sont les déterminants du succès desstratégies de développement centrées sur les sites naturels exceptionnels? Quel est l’impact de lalabellisation?

Lespremièresconclusionsdel’analysedes7casétudiésfaitapparaîtredesconclusionsassezmitigées.

D’une part, la parole recueillie fait partout état d’un impact économique «non négligeable» ou«important» (selon lesproposdesgestionnairesetdesélus)de la labellisation,elle-mêmeliéeà lamaîtriseplusoumoinscontrôléedes fluxparunsystèmedegouvernanceplusoumoins intégré (selon lescas).Maispour accréditer cette idée «d’impact important», on ne trouve, dans l’ensemble de la littérature grise desarchivesdessites,danslesrapportsoulesrecherchesconcernantchaquesitetrèspeu–pournepasdirepasdutoutdanslaplupartdescas—d’études,dechiffres,nimêmedesdispositifsd’observationpermettantd’enproduire. Pourtant, la démarche méthodologique lancée par le Réseau national des grands sites en 2010,inscritedans lacontinuitédesdeuxétudesderetombéeséconomiquesmenéesen2005et2006auPontduGardetauPuy-de-Dôme,portait l’ambitiond’évaluer les impactssociaux,économiquesetdenotoriétépourlesentreprisesetleshabitants,impactsliésàl’obtentiondulabel.Ladémarchedébordaitd’ailleurslargementdel’évaluationdesretombéestouristiques,puisqu’ellereposaitsurlanécessitédemieuxconnaîtrelesenjeuxdesprogrammesdeprotectionetdelabellisationentermesd’effetsinduits,«d’effetscollatéraux»(séminairePUCA, 6/03/2015). Quelques données recueillies à l’occasion de la mise en œuvre de cette démarche

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permettentaujourd’huideregarderlescomposantesdelatensionprotection/développementsousl’éclairagedupatrimoinenaturelentantqueressourcedurableduterritoire.

Dupointdevueméthodologique, ils’agissait,pour ladémarched’évaluationentrepriseàSainteVictoire,d’interrogerlesacteurséconomiquesetsociauxduterritoiredegestionconcernésurlesapportssupposésouannoncés(àdiredepersonneenquêtée)dulabelentermesderetombéessurplusieursmarchés,àcommencerlemarché de l’immobilier. Le patrimoine naturel influe en effet sur l’attractivité résidentielle des territoiresenvironnants et favorise une économie résidentielle qui produit des dépenses effectuées par cesnouveauxhabitants.Maisilapparaissaitclairementquelaproblématiquedegestiondesrisques(parexempledeprotection contre l’incendieà SainteVictoire)portéepar la labellisationpouvait égalementapporterunevaleur économique aux lieux. Pour sa part, la notoriété liée à la reconnaissance progressive d’un nommarquantl’exception(«Sainte-Victoire»)pouvaitavoirunimpactsurlesactivitésenproduisantunevaleurderéférenceliéeaunomdusite.LadémarchedeGrandSitepouvaitdoncêtreressentieentermesdeplus-valuefinancièreauxbudgetsfamiliaux(cequ’onnommecommunémentle«consentementàpayer»57,c’est-à-direla valeur financière annuelle accordée par les habitants à ce qu’ils seraient prêts à payer pourmaintenir lavaleurajoutéequ’ilsperçoiventcommeliéeàlaconservationdupaysageetdusite;LeGall-Ely,2009).

L’étudeduCREDOCpubliéeennovembre2008 sur la valeuréconomiqueet socialedesespacesnaturelsprotégésestvenueappuyercetteévaluationqualitativeparunensembledeméthodesàappliquerlocalementdans les sites ayant entrepris une démarche de labellisation (CREDOC, 2008). Cette étude a proposé uneméthode pour approcher l’impact des labels de site exceptionnel sur la gestion forestière, l’immobilier,l’activitéde tourismeetde loisirs, la fonctionde régulationde l’écosystème (valeurdeprotectioncontre lesrisques naturels, valeur de la biodiversité, valeur des services fournis par les espèces), la valeur sociale duGrandSite.Cettedémarchen’aétéappliquéequedans lecasdeSainteVictoire.L’évaluationdesavantageséconomiques liésauGrandSiteSainte-Victoireaété réaliséepour lecompteduRéseaudesGrandsSitesdeFranceetduGrandSiteSainte-VictoireparlebureauFIGESMAen2008-2009(RéseaudesGrandsSites,2010)aveclesoutiendel’État,delaCaissedesDépôtsetConsignations,delaRégionPACA,duConseilGénéraldesBouches-du-Rhône,duPaysd’Aix.Elle repose surdesenquêtesquiévaluent ladépense journalièrepour les247500ménagesd’excursionnistesà6,50€(horsfraisd’acheminement),soitunmontantannuelgénéréparlavisiteduGrandSitede1,6million€.Pourles82500ménagesdetouristes,elleétaitévaluéeàcetteépoqueàde141€/jour,soit180millionsd’€durantunséjourassezlong(9,3jours),dont58millionssontdirectementattribuablesauGrandSite.Autotal,60millions€étaientgénérésparl’attractivitéduGrandSiteSainteVictoire,soit environ 695 emplois. Par ailleurs, les retombées fiscales (locales ou nationales) de cette fréquentationtouristiques’élevaientà8,6millions€annuels(RéseaudesGrandsSites,2010:8).D’autrepart, l’appellationCôtesdeProvence-Sainte-Victoireapermisd’augmenterlechiffred’affairesdesexploitationsviticolesde10%.Lelabelauraitainsicontribuéàproduirepluslienssociaux,durelationnel,dusocial,delavaleuréconomique.

Au-delàdecesretombéestouristiquesdirectes,l’approchedesfluxéconomiquesproduitsparlavaleurdunometdel’image«Sainte-Victoire»(méthodologiede2008portantsur2459entreprisesdes14communes)amontréunimpactsurlechiffred’affairesdesentreprisesimportant(valeurgénéréede7millions€/anpourlesentreprises de la région utilisant le nom de Sainte-Victoire). L’approche de l’impact du Grand Site sur lesvaleurs immobilières montrait pour sa part une plus-value annuelle générée par l’effet Sainte-Victoire surl’immobilierestiméeà40millions€,engendrant5,7millions€deretombéesfiscalesetcorrespondantesà357

57Leslieuxaffectésàunusagerécréatifacquièrentdefactounevaleuretunequalitéintrinsèqueenfonctiondelafiguredeprotectionoudevalorisation.Ducoup,lelieuacquiertaussiunevaleurpatrimoniale,quelessciencesdegestionévaluententreautredepuis1902(!)parcequ’ellesnommentle«consentementàpayer»,c’est-à-direlavaleurfinancière,monétairequelesménagesaccordentàunespaceemblématique, un lieu empreint de distinction, en qualifiant et en quantifiant les usages et les bénéfices qu’ils amènent par leurfréquentation. Le consentement à payer détermine la valeur du prix d’un bien ou d’un service donné que le consommateur/acheteurpotentiel accepte de payer lorsque les données dumarché n’existent pas: «Quaerimus, non quale sit quidque, sed quanti » écrivaitSénèque(«Nousnedemandonspluscequesontleschoses,maiscombienellescoûtent»,LettresàLucilius),LeGall-Ely,2009.

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emplois à temps plein. L’estimation de la valeur sauvegardée de la forêt liée à la prévention des incendiess’élevaitpoursapartà12millionsd’eurosparan,celleattribuéeparlepublicàlapréservationetàlabonnegestiondusite (le«consentementàpayer»)à32millions€: c’est lemontant (évaluéparenquête)que lesrésidents considéraient qu’il faudrait consacrer à la préservation de la nature et sa mise en valeur. Cettesommeexprimeainsiunevaleurd’attachementparlepublicàl’espacenaturel,elleestloind’êtrenégligeableet permet surtout au Syndicatmixte de construire un argumentaire justifiant son action, ses politiques et yadossantsesprojetsenrapportantl’apportéconomiqueissudelagestiondelafréquentationetdulabelGrandSiteàl’ensembledesfinancementsdédiésàsapréservationetàsagestion(dontonneconnaîtpascependantl’ampleurenraisondelavariétédesfinancements;seulestconnulebudgetannuelduSyndicatmixte,soit2,2millionsd’€paran).

Au-delàdecetteétudeponctuelle,dont lesévaluationssontsoumisesàquelquescritiquesde lapartdeséconomistes (entretien avec Xavier Greffe et François Vellas du 30 septembre 2015), et bien que cetteinterrogationnefasseabsolumentpaspartiede lapropositionderechercheretenuepar leMEDDE-MLETautitreduPUCA,l’équipederechercheaexaminé,dansl’échantillonretenu,lesconditionsquipouvaientfairedela labellisation du patrimoine naturel, ou pour le moins de sa caractérisation comme site exceptionnel,l’élémentcentrald’unestratégiededéveloppementéconomique,lesdéterminantsdusuccèsdesstratégiesdedéveloppement centrées sur la reconnaissance d’un label de protection/valorisation. Les travauxmenés parMathieuLemaitrede2000à2015(Lemaitre,2015)surlaquestiondanslesud-ouestdelaFrance58apportentquelquesréponsesenfaisantapparaîtredesrésultatstrèsnuancésqu’onpeutrésumerainsi:

• Laquestiondelavaleurattachéeaulabel

Elleapparaîtcentrale.L’analysethéoriqueenscienceséconomiquessuggèrequ’elledéterminelepotentieléconomiquedesressourcesquienbénéficientetlastructuredumarchéquirégitleurexploitationtouristique.Lesbiensdupatrimoinemondialdisposentainsithéoriquementdecaractéristiquesquienfontdesressourcesàfortpotentielpourledéveloppementtouristique.

Onconstatecependantdanslessitesétudiésdestensionsentrelesobjectifsdereprésentativité,d’équilibreetdecrédibilitépoursuivisdanslecadredelastratégieglobaledesorganismescertificateurs,parexempledel’UNESCO (PyrénéesMont Perdu) depuis plus de 20 ans, et les principes fondateurs de la notion de valeuruniverselle exceptionnelle (VUE), supposée commander à l’inscription des biens. Si l’inscription constitue unfacteur de différenciation qui joue effectivement dans le développement économique, des attentesimportantes pèsent sur le label: celles des élus locaux et des différents acteurs qui portent les demandesd’inscriptionsmalgrélecoûtetlacomplexitéduprocessusenconstituentl’essentiel.Ici,lelabelestdevenuunoutil,plusqu’unefin,unfacteurdedifférenciationsusceptibled’influersurlavaleurperçuedesressourcesetsurleurnotoriété,unlevierdansledéveloppementdel’activitétouristique,avant,peut-être,deconstituerensoiunesourcederetombéeséconomiques.

• Lesretombéesdel’inscriptionsurl’activitétouristiqueetledéveloppementéconomique

Pourlechercheur,lacorrélationélevéeentrelenombredebiensclassésparpaysetlenombredetouristesinternationauxneprouvepas l’existenced’une«plus-value»associéeau label.Ellen’estpas lapreuved’unlien causal, mais de l’association de deux variables, qui prennent d’un pays à l’autre des valeurs ayantfortementtendanceàvarierensemble.

58C’estsurlabasedel’analysethéoriquequ’ontétéidentifiéslesdéterminantspotentielsdel’attractivitépatrimonialedontonchercheàtester empiriquement l’influence. Une quinzaine de variables explicatives ont été retenues: typologie, abondance relative, valeurculturelle,stratégiesdelabellisation.Unedizained’indicateurstouristiquesontétéégalementretenus(capacitéd’accueildansl’hôtellerie,emploisliésautourisme,résidencessecondaires…).DanslesgrandssitesdeMidi-Pyrénées,l’analysemontrequedepuisleurclassementen2008,leurcapacitéd’accueiln’apasaugmentéplusvitequ’enmoyennedanslarégion.

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On peut également considérer qu’il est possible d’inverser les rapports entre sites exceptionnels ettourisme,nonplusenvisagerlesitecommeunfacteurdedéveloppementtouristique,maisletourismecommeproducteurducaractèreexceptionneldusite.Effectivement,danstouslescasétudiésparcetterecherche,c’estletourisme–pourlemoinslavisite–quiaproduitlaformepatrimonialeprotégéeparlamiseenvaleurdelaressource.C’est,danscecasdefigure,lademandequiaconduitlescollectivitésterritorialesàcesdémarchesdecréationetdevalorisationpatrimonialesystématique.

Sions’intéresseàl’effetduclassementsurlafréquentation,lesconclusionssemblentégalementnuancées.L’effet n’est en rien automatique. L’impact du label sur le développement de l’activité touristique dépendconsidérablement de l’environnement économique dans lequel la destination évolue. Différents travaux ontdéjàsoulignéquel’accessibilitédessites(TisdelletWilson,2002), lefaitqu’ilss’inscriventounonauseindebassins touristiques importants et reconnus (Gravari Barbas et Jacquot, 2008) ouqu’ils sont inclus dansdesroutestouristiquesmajeures(Shackley,1998)conditionneengrandepartie l’existenceet laforcedel’impactde la labellisation. Pour sa part, l’analyse économique menée par Mathieu Lemaitre sur tous les sitespatrimoniauxdelaRégionMidi-Pyrénéesn’apportepasnonplusdepreuveconcluantedurôledel’inscriptioncomme source davantage par rapport aux sites qui ne sont pas labellisés. Demême, l’augmentation de lafréquentationtouristique,supposéesuivrel’obtentiondulabel,n’ariend’automatique(c’estlecasdeGavarnieoùlafréquentationadiminué)etleséventuelsbénéficesentermesd’imageetdenotoriéténesetraduisentpasnécessairementparl’augmentationdelafréquentationtouristique.

En outre, même lorsque la distinction est suivie d’une progression du nombre de visiteurs, il s’avèreextrêmementdifficiledel’attribuerdefaçoncertaineaulabel.Etfinalement,ilsemblequelaquestionnesoitpas de savoir si l’inscription est ou non à l’origine de bénéfices importants sur l’activité touristique et ledéveloppement,maisplutôtdesavoircommentl’utiliserafindemaximiserlesbénéficespotentiels.

Lelienentreinscriptionetattractivitésembledépendresurtoutdel’utilisationquiestfaitedulabel,delamanière dont il est mobilisé dans la promotion du patrimoine. Une inscription peut avoir une influencedéterminante sur la notoriété et la valeur perçue des sites, mais elle ne joue pleinement son rôle quelorsqu’elle est intégrée à une stratégie de communication relayée par l’ensemble des acteurs économiques(c’estlecasdeSainteVictoireetc’estcequifaitcruellementdéfautàGavarnie).L’utilisationdulabeldanslaconstructiond’uneimagedemarqueautourd’untourismedequalité,mettantenvaleurcequifaitlecaractèreuniquedusite,peutalorss’avérerêtreunoutildedifférenciationpuissant.

Enfin, une fréquentation importante ne garantit pas un impact positif sur le développementsocioéconomiquelocal.C’estledegréd’intégrationéconomiqueduterritoire,sacapacitéàfournirlesbiensetlesservicesnécessairesauxactivitésliéesautourisme,etainsiàcapturerlesretombéesindirectesetinduitesdusecteur,quidéterminelaforcedel’impactetconditionnesadiffusionàtraversl’ensembledel’économie.

Ainsi, les destinations qui parviennent à utiliser la labellisation de leur site naturel exceptionnel commecatalyseurdansledéveloppementsocio-économiquesontcellesquiparviennentàgarantirlacontinuitédelachaînequivadel’inscriptionaudéveloppement(Prud’Homme,2008).L’importanceetlabonneutilisationdesinvestissements qui peuvent accompagner l’inscription et la cohérence des actions entreprises jouent biensouventunrôlecentraldanslesuccèsdecetypedeprogramme.

Les recherches menées par la communauté scientifique sur cette question semblent confirmer lesobservations dans les 7 sites étudiés dans le cadre de cette recherche sur les impacts des mesures depréservationdes grands sites naturels: l’image liée à unedestination« grand site naturel», l’ensembledescroyances, des impressions, des idées qui lui sont attachées (Kotler et al., 1993) sont finalement plusimportantsquelaréalitédesbénéficeséconomiquesdirectsobservables,notammentenraisondurôlemajeurde la perception subjective qui intervient dans la construction des motivations des touristes. De même, lacapacitédessitesàsedémarquerdesautres lieuxemblématiquessemblenepasdépendreuniquementdes

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caractéristiquespropres,del’espritdeslieuxreconnusparlalabellisation.Lesmoyensutiliséslocalementdansle cadre de la valorisation des ressources et le bon fonctionnement de la gouvernance qui les mobilisesemblent être le premier facteur du succès des stratégies de développement centrées sur l’articulationmaîtriséedesformesdeprotectionetdesformesdedéveloppement.Lesdotationsaffectéesàl’entretiendespatrimoinesnaturels jouentun rôlemoinsdéterminantdans lacapacitédes territoiresàconstruireunnom,nomqui se révèle,assez logiquement,commeunavantageà long terme.Lesmodalitésde leurmobilisationmarchande semblent importer moins que leur existence. Si ces ressources naturelles apparaissent uneconditionnécessaireaudéveloppementd’activitéstouristiques,ellesnesontenrienuneconditionsuffisanteàleur succès. La capacitédes labels à influer sur ledéveloppement touristiquen’apasété systématiquementdémontréepar cettepremièrephasede la recherche,malgré leurmobilisation croissantepar leséluset lesacteurs du tourismeet dupatrimoine.Même lorsque le classement va de pair avec une activité touristiqueimportante, celle-ci n’est pas toujours due à la labellisation (LesBouillouses,Néouvielle).Mathieu Lemaitre,dansl’applicationqu’ilaconduitedanssarecherchedanslarégionMidi-Pyrénées,démontred’ailleurs,àl’aided’uneanalyseéconométrique,quelesuccèsdes«grandssites»régionauxprécèdelacréationdulabel,etnonl’inverse.Aussi l’influenceconcrètedesprogrammesdevalorisationetdedéveloppement, lorsqu’ilsexistent,apparaîtextrêmementdifficileàdétecteretàisolerdesautreseffetsliésàlanotoriétédeshautslieux;cetteinfluence prend de multiples formes selon les sites. Elle se matérialise plus par l’accumulation d’initiatives(labels,programmesdepromotiondivers,marquespatrimoniales,déclinaisonsoustoutessesformescommedans le cas de Sainte Victoire, etc.) que par un type particulier de gouvernance ou de gestion dudéveloppement. Cette accumulation d’initiatives, lorsqu’elle existe, par la volonté politique forte devalorisation des grands sites qu’elle révèle, semble porter ses fruits en termes d’impacts économiques etsociaux.

4.4. L’articulationgouvernance/gestiondescapacitésdecharge

Outre les conditions d’analyse des rapports optimaux protection/développement qui ont fait l’objet desanalyses tout au long du programme, on cherche à définir les situations de gouvernance optimales pour larecherched’unbiencommunterritorial,notionstructurantequianalyseàlafoisledomainepublicetl’intérêtgénéralqui luiestportépar lesparties.Lorsqu’onétudie lemanagementd’unsiteexceptionnel,oncherchedoncàsavoirsidesplansdegestionontétémisenplace,etsioui,comment,afindedéterminer:

• cequiestacceptableetnel’estpasdupointdevueécologiqueetdel’accueildupublic;• unecomparaisondel’existantaveclasituationsouhaitée;• unestratégiepourprévenirlessituationsinacceptables;• unsuivietuneévaluationdelagestion.

Normalement,danscettedémarche,leprocessusdesgestionnairesimpliquetouslespartenairesdusite:propriétaires,habitantsdeproximité,scientifiques,visiteurs,autresorganismesconcernés(Stankey,MacCool,1993).

Ce travail doit permettre de questionner les modalités de l’action publique locale en faisant une placeaccrueauxusagersetauxcitoyensetenéclairantlespratiquesautourdessitesnaturelsexceptionnelsentantquebienspartagés–usagesetapportsdecequel’onnommeaujourd’hui«biencommunterritorial»—quipeuvent jouer un rôle prépondérant pour les communautés qui en gèrent les fonctions. L’importancecroissantedesélémentsimmatérielsparmiles«fondamentaux»decessitesnaturels, lechangementradicaldeparadigmedubiencommunnaturelcommeressourceàlafoismatérielleet immatérielleconcourt,par la

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valorisation,à la transitionencours (desmobilités,énergétiques, touristiques,desmodesdevie,etc.).C’estcetteenquêtedesperceptionsetdesreprésentationsquipermettraàceprogrammederecherched’abonderla connaissance de la valorisation de la nature en ville, la connaissance des modalités très différentes durapportdelanatureàlaviequotidiennedesusagers(onsaisitdéjà,àlalecturedelapartie3«résultatsdesinvestigations— état des lieux» de ce premier livrable, les différences entre les 7 sites). Cadré sur le planthéoriquedemanièretransversaleet interdisciplinaire(aménagement,sociologie,ethnologie,géographie), letravaildeterrain,derécoltedesvécusetdeleurinterprétationréaliséensecondeannéeéclairera,onl’espère,lesdécideurssurlesperceptionsdespolitiquesdegestiondesfluxconduites.

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Tabledesmatières

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AVERTISSEMENT 4

1.IMPACTSDESMESURESDEPRESERVATIONDESGRANDSSITESNATURELS:LAQUESTIONDERECHERCHE 6

1.1. ÉTATDEL’ARTDELARECHERCHE 91.2. MÉTHODOLOGIE 10

2. TRAVAUXCONDUITSENANNEE1 12

2.1. LARECENSIONDELALITTERATURESCIENTIFIQUEETTECHNIQUESURLATHEMATIQUEAUPRESDECHAQUESITE 122.2. LADESCRIPTIONETL’ANALYSEDUCONTEXTELOCAL 122.3. SEMINAIRESDERECHERCHEINTERNESAL’EQUIPEIMPGSNOUASSOCIANTDESSCIENTIFIQUESEXTERNES 142.4. ENTRETIENSAVECLESELUS,GESTIONNAIRESDESSITESETINSTITUTIONNELS 15

3. LESRESULTATSDESTRAVAUXD’INVESTIGATIONETD’ENQUETEPARSITE:ETATDESLIEUX. 21

3.1. GRANDSITESAINTEVICTOIRE,UNLIEUEXEMPLAIRE? 211.LACONSTITUTIONDUTERRITOIREDEGESTIONDESFREQUENTATIONS 231.1.UNEMONTAGNEINVESTIEETETUDIEE:LESPREMIERESETUDESDEFREQUENTATION 231.2.LESDECLENCHEURSD’UNEFENETRED’OPPORTUNITEPOURLEDEVELOPPEMENTDESTRUCTURES/OUTILSDEGESTIONDESFLUX 242.L’EMERGENCED’UN«PROGRAMME»DEGESTIONDESFLUX 262.1.LERISQUECOMMEVECTEURDEGESTION 262.2.PROCESSUSETOUTILSDEGESTIONDESFLUX 273.L’ELABORATIONDUCONTENUDUPROGRAMMEDEGESTIONDESFLUX 283.1.LESPREMIERESMESURESDEGESTIONDELAFREQUENTATION,AUCASPARCAS,PORTENTSURLESPARKINGSETLESSENTIERS. 293.2.LAGESTIONPARPROJETGLOBAL 303.3.VERSUNEGESTIONSYSTEMIQUEDELAFREQUENTATION:L’IDENTIFICATIONDEPRINCIPESGENERAUX 403.4.DELAGESTIONDESFREQUENTATIONSAL’ANALYSEDESRETOMBEESECONOMIQUES 414.LESENJEUXDEGOUVERNANCEPOURCONDUIREUNEGESTIONDESFLUXETPOURLADEFINITIONDELASTRATEGIEDEGESTION 423.2. PYRENEES-MONTPERDU,UNPROCESSUSDEPRESERVATION,DEVISITEETDEPATRIMONIALISATIONDIFFICILE 461.LACONSTITUTIONDUTERRITOIREDEGESTIONDESFREQUENTATIONS 471.1.DEFORTESRETICENCESLOCALESALAGESTIONDESFLUX 511.2.VERSUNPROJETDECONSTITUTIONDUTERRITOIREDEGESTION? 612.LAREELLEDIFFICULTED’EMERGENCED’UN«PROGRAMMED’ENSEMBLE»DEGESTIONDESFLUX 652.1.DESRETICENCESIDEOLOGIQUES 652.2.DESPROJETSECLATESENTREDENOMBREUXPARTENAIRES 663.L’ELABORATIONDUCONTENUDUPROGRAMMEDEGESTIONDESFLUX 703.1.DESAVANCEESRECENTES 713.2.DESRETOMBEESECONOMIQUESQUIRESTENTFAIBLES 724.LESENJEUXDEGOUVERNANCEPOURCONDUIREUNEGESTIONDESFLUXETPOURLADEFINITIONDELASTRATEGIEDEGESTION 725.LESMESURESDEPRESERVATIONDUGRANDSITEVUESPARLESHABITANTS,PREMIERCOMPTE-RENDUD’UNEENQUETEETHNOLOGIQUEAPPROFONDIE 745.1.LAMETHODE 745.2.LETOURISME,CREUSETDEL’HISTOIREAGAVARNIE. 755.3.ACHACUNSATACHE 775.4.DESGAVARNIENS,GARDIENSDESLIEUXETDESHOMMES 835.5. GERERLESFLUX 855.6. FIND’UNCERTAINIDEAL? 863.3. NEOUVIELLE,SITECONVOITEENTREINNOVATION,IMITATIONETRECYCLAGE 891.LACONSTITUTIONDUTERRITOIREDEGESTIONDESFREQUENTATIONS 951.1.UNEMONTAGNECONVOITEE 951.2.RECYCLAGEDESEXPERIENCESETPROJETSPASSES 962. L’EMERGENCED’UNPROGRAMMEDEGESTIONDESFLUX 992.1.LESDECLENCHEURSD’UNEFENETRED’OPPORTUNITEPOURLEDEVELOPPEMENTDESTRUCTURES/OUTILSDEGESTIONDESFLUX 992.2.IMITATIONDES«ENCANTATS»:LAFREQUENTATIONAFFICHEECOMMEVECTEURDEDEVELOPPEMENTECONOMIQUE 1043.L’ELABORATIONDUCONTENUDUPROGRAMME«D’AUGMENTATIONDESFLUX» 1063.1.AUTHENTICITEETIMAGINAIREDESVISITEURSDUMASSIFDENEOUVIELLE 1063.2.LESFREINSAUPROJETDEVALORISATIONPATRIMONIALEPARL’AUGMENTATIONDESFLUX 1113.3.UNEINCANTATIONALAFREQUENTATIONMALGREL’ABSENCED’ACTIONCONCRETEDEVALORISATIONECONOMIQUE. 1144.LESENJEUXDEGOUVERNANCEPOURCONDUIREUNEGESTIONDESFLUXETPOURLADEFINITIONDELASTRATEGIEDEGESTION 1154.1.UNEGOUVERNANCECLOISONNEE 1174.2.UNPROJETPEUINNOVANT 118

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3.4. LEPLANDEGESTIONCONCERTEDESZONESHUMIDESDUSITECLASSEDESBOUILLOUSES 1201.LACONSTITUTIONDUTERRITOIREDEGESTIONDESFREQUENTATIONS 1231.1.UNSITEDEHAUTEMONTAGNEINVESTIPARDENOMBREUXACTEURS 1241.2.L’EMERGENCEDEL’IDEED’UNECONCERTATIONETD’UNEGOUVERNANCEPARTAGEE 1262.L’EMERGENCED’UN«PROGRAMME»DEGESTIONDESFLUX 1292.1.LERISQUEDEDEGRADATIONDESMILIEUXCOMMEVECTEURDEDECLENCHEMENTD’UNPLANDEGESTION 1302.2.LESENJEUXDELAGESTIONDESCAPACITESDECHARGE 1303.L’ELABORATIONDUCONTENUDUPROGRAMMEDEGESTIONDESFLUX 1333.1.LAMETHODE 1333.2.LESGROUPESDECONCERTATION 1343.5. MASSIFDUCANIGO,DELA«MONTAGNEA4X4»ALADESTINATION«PLEINENATURE» 138LACONSTITUTIONDUTERRITOIREDEGESTIONDESFREQUENTATIONS:DELA«MONTAGNEA4X4»AUTERRITOIREDEPROJETSTRUCTUREAUTOURDESACTIVITESDEPLEINENATUREETDELAQUALITEDESPAYSAGES 1401.1.FINXIXESIECLE:REFUGESETPISTESD’ACCESENALTITUDEAUFONDEMENTDELAFREQUENTATIONTOURISTIQUE 1401.2.MILIEUDUXXESIECLE:LEPREMIERCLASSEMENTDESITEPOURPRESERVERL’ICONEPAYSAGERE 1411.3.ANNEES70:L’EXPLOSIONDUTOURISMEMOTORISEDANSLA«MONTAGNEA4X4» 1411.4.ANNEES80:UNEPREMIEREEXTENSIONDUSITECLASSEETL’APPARITIONDUPROBLEMEDE«FREQUENTATIONTOURISTIQUE»MOTORISE 1421.5.ANNEES90:«L’AFFAIREDUPLAGUILLEM»ETLECHANGEMENTDECAPAVECLELANCEMENTDELAPREMIEREOPERATIONGRANDSITE 1431.6.ANNEES2000:LADEUXIEMEOPERATIONGRANDSITEETLEPROJETD’EXTENSIONDUSITECLASSEPOUREVITERLEPASSAGEDELALIGNEATRESHAUTETENSIONDANSLECANIGO 1431.7.ANNEES2010:L’OBTENTIONDULABELGRANDSITEDEFRANCECOMMERECONNAISSANCEDESMESURESCONTRAIGNANTLAFREQUENTATION

TOURISTIQUE 1462.2015:«APRES»LEGRANDSITE?DELAGESTIONDELAFREQUENTATIONTOURISTIQUEALACONCEPTIOND’UNVERITABLEPROJETDETERRITOIREFONDESURUNEDESTINATION«TOURISMEDENATURE» 1483. L’EMERGENCED’UNPROGRAMMEDEGESTIONDESFLUX:DEUXOPERATIONSGRANDSSITESPOURCONTRAINDRELAFREQUENTATIONTOURISTIQUE 1503.1.PRENDREENMAINLEPROBLEMEDELAFREQUENTATIONDUMASSIF:LELANCEMENTDEL’OGS1ALAFINDESANNEES1990 1503.2.DESETUDESDEFREQUENTATIONDUPUBLICAVANTTOUTCONÇUESCOMMEOUTILDEREORIENTATIONDUDEVELOPPEMENTTOURISTIQUE 1513.3.DESCOMPTAGESAUTOMOBILESREGULIERS,MAISDELICATSAINTERPRETER 1543.4.LESNUITEESDESREFUGESGARDES:UNREGARDSECTORIELSURLAFREQUENTATIONDESEJOURENMONTAGNE 1563.5.FERMETURES,BARRIERES,PARKINGSETREVEGETALISATION:C’ESTAVANTTOUTPARLESAMENAGEMENTSDESPREMIERES«ACTIONS-PILOTES»QUESEGERELAFREQUENTATIONDUCANIGODESLESANNEES2000 1573.6.SYNTHESEDESAMENAGEMENTSREALISESSURLESSITESLESPLUSFREQUENTESQUICONSTITUENTAUTANTDEPORTESD’ENTREE 1584.L’ELABORATIONDUCONTENUDUPROGRAMME«D’AUGMENTATIONDESFLUX»:SOIGNERL’IMAGEDUMASSIFDUCANIGOETLARECONSTRUIRE1614.1.LAGESTIONDESVEHICULESENALTITUDECOMMEPRIORITE 1614.2.LATRACTIONANIMALE,UNDISPOSITIFALAFONCTIONSYMBOLIQUECRUCIALEPOURCHANGEMENTLESPRATIQUESDEFREQUENTATIONDANSLE

CANIGO 1644.3.LESREVEGETALISATIONSCOMMEOUTILDEGESTIONDELAFREQUENTATION 1693.6. POINTEDURAZENCAPSIZUN 1741.LACONSTITUTIONDUTERRITOIREDEGESTIONDESFREQUENTATIONSALAPOINTEDURAZ 1772.L’EMERGENCEDESPRATIQUESDEGESTIONDESFLUX(1950-1989) 1803.L’ELABORATIOND’UNPROGRAMMEDEGESTIONDESFLUX(DES1989) 1823.1.MESURESDEL’OGSDANSLAGESTIONDELAFREQUENTATIONPOURLECHEMINEMENTETLESTATIONNEMENT(1989-1996) 1853.2.LAMISEENPLACED’UNPROJETGLOBALDANSLESCANDIDATURESAULABEL«GRANDSITE» 1904.ENJEUXDELAGOUVERNANCE 1924.1.FOCUSSURLABAIEDESTREPASSES 1924.2.FOCUSSURLAFREQUENTATIONSUIVIEALAPOINTEDUVAN 1964.3.FOCUS«SURFREQUENTATIONTEMPORAIRE»ALAPOINTEDUMILLIER(BEUZEC-CAPSIZUN) 1984.4.FOCUSSURLANON-ACCESSIBILITED’AUTRESSITESDUPERIMETREDULABEL 2003.7. DUNEDUPILAT:UNHAUTLIEUALAGESTIONCONTROVERSEE 2031.UNSITETOURISTIQUEMAJEURENAQUITAINE 2051.1.UNSITEMAJEURSITUEDANSUNECOMMUNEAFAIBLENOTORIETE 2051.2.UNSITENATURELPROTEGE 2061.3.UNSITENATURELREMARQUABLEAFORTEFREQUENTATION 2122.UNEGESTIONDUSITECOMPLEXEETCONFLICTUELLE 2132.1.L’ECHEC,DANSLESANNEES1980,DELAPREMIEREOGS 2132.2. UNERELANCEDEL’OGS,DANSUNCLIMATMOINSTENDU 2152.3.UNEPOLITIQUED’ACQUISITIONFONCIEREENDEBAT 219

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4.CONCLUSIONDURAPPORTD’ENQUETEDEL’ANNEE1ETPROGRAMMEDETRAVAILPOURL’ANNEE2 227

4.1. LESIMPACTSDESACTIONSDEREGULATIONDESFREQUENTATIONS 2274.2. LESIMPACTSDESACTIONSMENEESSURLAQUALITEDEVISITEDESVISITEURSETDEVIEDESHABITANTS 2294.3. LESAPPORTSDESMESURESAUDEVELOPPEMENT 2304.4. L’ARTICULATIONGOUVERNANCE/GESTIONDESCAPACITESDECHARGE 234

BIBLIOGRAPHIEETDOCUMENTSCONSULTESOUCOLLECTES 236

TABLEDESMATIERES 253

TABLEDESFIGURES,TABLEAUXETILLUSTRATIONS 257

ANNEXES 262

1. GRILLED’ENTRETIENAUPRESDESELUS,DESGESTIONNAIRES,DESTECHNICIENS 2622. ENQUETESVISITEURS[SAINTE-VICTOIRE,GAVARNIE,DUNEDUPILAT] 2643. DUNEDUPILAT:DEPLIANTD’INFORMATIONSURLAMAITRISEFONCIEREDUSITEETTRACTDIFFUSEPARL’ADDUFUAUCOURSDUPRINTEMPS

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Tabledesfigures,tableauxetillustrations

Figure1.SituationduGrandSiteMontagneSainte-Victoire.Figure2.TopographieduGrandSiteMontagneSainte-VictoireFigure3.Lapremièreétudedefréquentation,le25juin1972,réaliséeparl’Associationdes

excursionnistesprovençauxFigure4.PaulCézanne,LaMontagneSainte-VictoireaugrandpinFigure5.InformationdesvisiteursdepuisunparkingdudomainedépartementalFigure6.Exempled’uneétuded’interprétationpaysagèreavantprogrammationdetravauxFigure7.Gestiondesactivitésdevollibresurleversantouestdumassif.Figure8.Sainte-Victoiredepuisleparkingdel’Aurigon,domainedeRoques-HautesFigure9.Leparcoursbotanique,versantnordFigure10.InventairedespotentialitésetpropositionspourunréseaudesentiersFigure11.ÀlaCroixdeProvenceFigure12.Extraitduprogrammed’aménagementdesairesd’accueilFigure13.ÉvolutiondesfluxdepuislesprincipauxlieuxdecomptageFigure14.Nombrederelevésmensuelspendantlapérioded’étudeFigure15.CartedesZAPEFFigure16.RéhabilitationdesaccèsàBibémusFigure17.Contentionlelongdesvoiesd’accèsauplateaudeBibémusFigure18.AncienparkingferméàBibémusFigure19.SurlesentierbleugéréparleGrandSiteFigure20.LocalisationdespointsdecomptagesurlesitinérairesderandonnéeFigure21.LocalisationdesnœudsdeconvergencesurlesitinérairesderandonnéeFigure22.SurlesentierrougeverslaCroixdeProvence,accèstemporairementferméFigure23.Systèmed’observatoireavecréseaud’écocompteursFigure24.SurlesentierrougeFigure25.Lapropriétéprivéereprésente80%duterritoireFigure26.VuesurPuyloubierdepuisBaudesVespresFigure27.Pyrénées-MontPerdu:délimitationdubieninscritsurlaListeUNESCOen1997Figure28.MacizolasTresSorores:Mont-Perdu(3355m),SoumdeRamond,PicodeAñiscloFigure29.LescrêtesfrontalièresséparantlescirquesetcanyonsFigure30.Cirques(secondplan:Troumouse,arrièreplanàdroite,Mont-Perdu)Figure31.Canyond’Ordesa,deCuelloGordoFigure32.L’accèsàAñiscloFigure33.L’ensembleGèdre-GavarnieFigure34.Canyond’AñiscloFigure35.Accèsaucanyond’OrdesaparnavetteFigure36.CartedesprincipauxcheminsderandonnéeFigure37.AccèsauxtroiscirquesduversantnordFigure38.FréquentationsaisonnièreauniveaudupéageduparkingdeHéasFigure39.VersantNord:4projetspourunhautlieu

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Figure40.DessitescomplémentairesFigures41.Contraintesetpotentialitésd’aménagementpourlagestiondesfluxdanslesitedes

GloriettesFigure42.FréquentationestivaleduCirquedeTroumouseFigure43.MiseenplacedusystèmedeparkingsetdenavettesFigure44.LeprojetdepérimètrepouruneéventuelleOpérationGrandSiten°2Figures45et46.LaréserveetlemassifduNéouvielleFigure47.Néouvielle,espacenaturelremarquableaux100lacsFigure48.Leprojetdes«portesd’entrée»du«tourdumassif»deNéouvielleetses«portes

d’entrée»Figure49.MassifduNéouvielle–SitesclassésouinscritsFigure50.Aulacd’Agalops,AyguesClusesFigure51.MassifduNéouvielle–Lacsd’Aumaretd’AubertFigure52.Lacdel’OuleFigure53.LacdePortBielhFigure54.Lacd’OrédonFigure55.RandonneurssurleGR10aucoldeMadamèteFigure56.LacsdeBastanFigure57.PagetitredudossierdecandidaturePERFigure58.RépartitiondesfinancementsentrelesopérationsduPERFigure59.ClichépromotionneldesEncantatsFigure60.Évolutiondelafréquentationdesvisiteurssurlesdifférentssitesdelaréservenationaledu

Néouvielle.Figure61.LastationdeskidePiau-EngalyFigure62.Pinàcrochetà2400md’altitudeFigure63.Lacd’AumarFigure64.L’artdebâtirenvalléed’AureetduLouronFigure65.StationdeskideSaint-Lary-SoulanFigure66.LaMaisondupastoralisme,àAzetFigure67.Authenticitésperçues,misesenscèneouréellesduterritoiredeNéouvielleFigure68.UndesaccèsaudomaineskiabledeSaint-Lary(Plad’AdetFigure69.Panneaud’interdictiondepratiquesetusagesdanslaréservenationale.Figure70.LepicdeNéouvielleFigure71:SituationdusiteclassédesBouillousesauseinduParcnaturelrégionaldesPyrénéesFigure72:PratiquederandonnéedanslesBouillouses,enhiverFigure73.Sentierdansl’enfiladedesestanysdeCastellà,deTrebensetdeSobiransFigure74.Fragilitédessentiersenzonehumideautourdel’estanydelesDuguesFigure75.Pratiquesdehorssentierdansl’enfiladedesestanysLlat,SecetNegreFigure76.CartesdesensibilitéauxusagesduplandegestiondeszoneshumidesdesBouillousesFigure77.Surcreusementdusentierliéàlafréquentation,boucledeslacsdesBouillousesFigure78.Bâtimentd’accueilduConseildépartemental,ferméd’octobreàjuinFigure79.Constructionhéliportéed’unpontpourlesrandonneursauniveaudel’estanydeVallellFigure80.DesusagesincongrusFigure81.Usagespédagogiques:grouped’étudiantsentravauxd’applicationpédagogiqueFigure82.ChevauxenlibertépastoraleautourdusiteFigure83.Panneauxd’interdictiondesfeuxàl’entréedusiteFigure84.Marquedel’incendied’août2013Figure85.conflitsd’usagesurlasoulanesud-ouestduCarlit,àproximitédusite

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Figure86.PanneauduConseildépartementalrappelantl’interdictiondeschiensenlibertédanslesiteFigure87.PérimètreduprojetduplandegestionFigure88.TableausystémiquedesmenacesetpressionspesantsurlesiteFigure89.SituationduMassifduCanigódanslesPyrénées-OrientalesFigure90.LapisteintervalléevialePlaGuillemFigure91.CartepostaledelapistedeBalatgendirectiondesCortaletsFigure92.PosedevantlechaletrefugedesCortaletsFigure93.ÉvolutiondelaplacedelavoitureenaltitudeFigure94.LuttecontrelaTHTausommetduCanigó,àl’occasiondelaTrobadaFigure95.LestroisphasesdeclassementdusiteduCanigouFigure96.Cinquanteansd’actionpubliquedanslemassifduCanigóFigure97.PanneauàdestinationdesvisiteursetrandonneursFigure98.Lenouveaulogodeladestination«Canigó»Figure99.Signaturedel’OGS2en2007,symboled’unchangementdecapFigure100.Protocoled’enquêtedel’étudedefréquentationdumassifduCanigóde2009Figure101.Comptagesdesvéhiculesdurantl’été2002-2007auxCortaletsFigure102.RécapitulatifdescomptagesdesvéhiculespersonnelsprésentssurleSiteetdespersonnesayant

empruntéledispositifdetractionanimaleFigure103.AnciennesinstallationsdeskidesConquesFigure104.Stationnement«anarchique»surlapisteduLlechen2005Figure105.LesabordsdurefugedesCortaletsaprèslestravauxFigures106et107.Barrièresetréglementationcontraignantl’accèsauxvéhiculesFigure108.Schémaexplicatifduplandecirculation2010Figure109.Dispositifdetractionanimale:extraitduplandegestionFigure111.Patrouilleuréquestre,été2010Figure112.TractionanimaleauxCortalets,enremplacementdes4x4Figure113.RévégétalisationsurlePlaGuillemen1997Figure114.RevégétalisationsurlePlaGuillemen2010Figure115.Lesopérationsderévégétalisationmenéesdanslecadredel’OpérationGrandSiteFigure116.CartepostaledudébutduXXesiècle,pastoralismesurlesitedelaPointeduRazFigure117.StationnementdesvéhiculesaupieddusémaphoredelaPointeduRazen1930Figure118.CartepostaledusitedelaPointeduRazentrelesdeuxguerresmondialesFigure119.LapointeduRaz,ChemindeFerdeParisàOrléansFigure120.Cartepostalede1958dusitedelaPointeduRazsansleshôtelsetbâtimentstouristiquesprèsdu

sémaphoreFigure121.CartographiedestechniquesutiliséespourlarestaurationécologiqueparlaPointeduRazFigure122.Périmètredulabel«GrandSitePointeduRaz»2004-2010Figure123.Périmètredulabel«GrandSitePointeduRazenCapSizun»2012-2018Figure124.Propriétésfoncièresdelacôtenord«GrandSitePointeduRazenCapSizun»Figure125.Propriétésfoncièresdelacôtesud«GrandSitePointeduRazenCapSizun»Figure126.Citécommercialeetparkingaprèslestravauxde1962Figure127.Panneaud’informationentreleparkingetlabouclebaliséedelaRéserveduCapSizunàGoulienFigure128.Cheminementetbelvédèredelabouclebaliséeen1980puisen2003parleConseilGénéraldu

FinistèreauseindelaRéserveduCapSizunàGoulienFigure129.Premièrehypothèsed’aménagementetdefonctionnementdusitedelaPointeduRazavec

l’intentiondeconserverlesélémentsbâtisetdéplacerlesparkingsFigure130.Deuxièmehypothèsed’aménagementetdefonctionnementdusitedelaPointeduRazavec

l’intentiondedéplacerlescommercesetleparking

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Figure131.Troisièmehypothèsed’aménagementetdefonctionnementdusitedelaPointeduRazavecl’intentiondedéplacerlescommercesetleparkingendeuxtemps

Figure132.Premièrehypothèsed’aménagementetdefonctionnementdusitedelabaiedesTrépassésavecl’intentiond’aménagementsfonctionnelsselonlesusagesdesaison

Figure133.Deuxièmehypothèsed’aménagementetdefonctionnementdusitedelabaiedesTrépassésavecl’intentiond’aménagementsfonctionnelsselonlesusagesdesaison,maisavecaménagementdelazonehumide

Figure134.Hypothèsed’aménagementetdefonctionnementdusitedelaPointeduVanavecl’intentionderestaurerlapointeenluiconservantsoncaractèrenaturel

Figure135.Schémaduprogrammed’aménagementretenudelaPointeduRazFigure136.Vuedelacitécommercialeetduparkingpayantcréédanslecadredel’opération«GrandSite»à

laPointeduRazFigure137.ParkingdelaPointeduVanorganiséendeuxespaces,l’unpourlesvéhiculeslégers,l’autrepourles

campings,—car,vuedepuisledépartducheminementpiétonFigure138.Débutducheminementparl’axecentrald’accèsàlaPointeduRazauniveaudelacité

commercialeréaménagéeetlaMaisondelaPointeduRazetbelvédèred’observationFigure139.LesrevêtementsdusentierdecheminementdelaPointeduRazFigure140.Pochederelâchementsurl’itinérairedecheminemententrelebelvédèreetl’extrêmepointedela

PointeduRazFigure141.Pavagedepierreengranitpuissolàl’état«naturel»favorisantlarepoussedelapelousevégétaleFigure142.CheminementetitinérairesdelaPointeduVanFigure143.Promeneusequiadépassélecheminement,au-delàdesmonofilspourprendreuncliché

photographiquedepuislaPointeduVanFigure144.Vuedepuislesentiernordsurlatoiturevégétaliséedel’espacecommercialetsurlehameaude

LescoffsurlesitedelaPointeduRazFigure145.Sentiernordd’accèsàlaPointeduRazaccessibledepuislabaiedesTrépassésFigure146.ParcdestationnementdelabaiedesTrépasséspourvéhiculeslégersFigure147.Espacepermanentd’informationsàlaPointeduVanFigure148.PôlesgénérateursdedéplacementstouristiquesFigure149.Localisationdel’écocompteuràlaPointeduVan,àl’entréedusentierdecheminementpiéton

aprèsleparkingdesvéhiculesFigure150.Fréquentationdespiétonsàl’entréedusentierdecheminementdelaPointeduVanFigure151.HeuresdefréquentationensemainedusitedelaPointeduVanFigure152.Heuresdefréquentationleweek-enddusitedelaPointeduVanFigure152.Heuresdefréquentationleweek-enddusitedelaPointeduVanFigure153.CheminsanarchiquesdepiétinementsurlaPointeduMillierFigure154.AccèsinterditauxvoituresdelaPointedePenharnFigure155.SentieretbalisagedelaPointedeKastellMeurFigure156.SituationdelaDuneduPilatFigure157.LaTeste-de-Buch:évolutiondunombredelogementsparcatégoriede1968à2011Figure158.Répartitionpartypedelacapacitéd’hébergementdescommunesdeLaTesteetArcachonen2011Figure159.Principalesfiguresdeprotectiondesespacesnaturelsdubassind’ArcachonFigure160.Localisationdesprincipauxespacesprotégésdubassind’Arcachon,source:IGNFigure161.ExtensiondusiteclasséetdusiteinscritdumassifdunaireFigure162.TypesdeforêtprésentssurlesitedelaDuneduPilatFigure163.LocalisationdesprincipauxcampingsetzonesurbaniséesenbordurededuneFigure164.UneurbanisationlarvéeenpieddeduneFigure165.LafréquentationmensuelledelaDuneduPilaten2013-2014

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Figure166.Datesmarquantesdansl’évolutiondelagestiondusitedelaDuneduPilatFigure167.L’informationsurl’aired’accueildelaDuneduPilatFigure168.RéhabilitationduparcdestationnementFigure169.ImagesdelaDuneduPilatdiffuséesparlesofficesdetourismeFigure170.LevillagecommercialdelaDuneduPilatFigure171.StationnementsetaccèssauvageslelongdelaRD804enavril2015Figure172.AcquisitionfoncièreetrenaturationdusiteFigure173.Publicconsultantledossierd’enquêtepubliqueàLaTestecentre

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Annexes

1. Grille d’entretien auprès des élus, des gestionnaires, destechniciens

1—Analysedesconditionsd’émergenceduprogrammedegestiondesflux

11.Historique(rapide)

12.Commentl’anticipationquipourraitporterlagestiondesfluxa-t-elleétémobilisée:

a) Commentontétéidentifiéslesproblèmesetenjeuxàtraiter?b) Comment ont été identifiés les acteurs, les parties prenanteset examen de leurs

scénariidedéveloppementtouristique?c) Comment leprocessusd’implication a étémené: onexaminera lesdocumentsde

planificationetdeprogrammationpolitique,lesrédactionsdesdocumentsdeporteràconnaissanceducontexteetdesproblèmesàrésoudre,commentontétémenéslescomitésd’orientationstratégique,commentontétéanimés lesgroupespartiesprenantesparl’information?

2—Élaborationduprogrammedegestiondesflux

a) Commentontétédéfinieslesconditionsoptimales?b) Commentlesindicateursassociésdefréquentationontétéchoisis?c) Comment la description de contexte et d’un programme de surveillance a été

affinée: contextes des groupes de travail (composition, nature et fréquence destravaux)etsonsuiviaveclespartiesprenantes?

d) Quelssontlesprincipesquiontprésidéauchoixd’indicateurs?e) Commentontétédéterminéscesindicateurset,pourchaqueindicateur,lagamme

decequiestacceptable?f) Commentontétéfixéslesréférencesdel’acceptabilitéetlesuividesmesures?g) Comment un projet et les versions finales de ce projet ont été discutés avec les

partiesprenantes?h) Commentleplandéfinitifa-t-ilétéajustéaveclesconcertations?i) Commentl’informationdeshabitantsetdespublicsa-t-elleétéréalisée?j) Commentl’avisdetouteslespartiesprenantesa-t-ilétérecueilli?

3–Suivisetexécutionduprogrammedegestiondesflux

a) Comment le «modèle» choisi a-t-il étémis enœuvre: évaluation dumonitoringgénéral, identificationdesindicateursquiontmontrédesrésultatshorsdeslimitesacceptables?Commentena-t-onidentifiélacauseetleseffets,développéettrouvédes réponses, affiné la gamme des interventions des acteurs et dumanagement/gouvernancedel’airetouristiqueconcernée?

b) Comment, dans le temps, les indicateurs ont-ils été affinés ou rectifiés et lesconditionsoptimalesdefréquentationàatteindreont-ellesétéfixées?

c) Quelsmodesdesuivietd’évaluationduprogrammeontétéretenus?d) Quels conflits observés suite aux mesures prises (conflits d'usages

touristes/populations locales; conflits sociopolitiques entre acteurs décisionnaires

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par ex. ; conflits économiques observés: socioprofessionnels versusinstitutionnels/élus, etc.) ; tensions/divergences ou consensus/convergence?positionnementstratégiquedesdifférentsacteurssurcettequestionambivalentedelaprotection/valorisation?

e) La questiondesmesures avenir?Mesures à prendre, à faire évoluer? dispositif àaméliorer?Propositions/recommandations? : travail réflexifetévaluatifde lapartdesgestionnaireseux-mêmes.

Avoirentêteouciterlesdifférentesméthodeshabituellesafindesavoirsiellesontététestéesoumisesenœuvre:

• l’instauration d’un péage, solution qui promeut l’idée que l’environnement a un coût dont l’usagerdoit s’acquitter, présente des impacts qui doivent être évalués précisément: 1/Quel est le prixdissuasif qui permettra un niveau de fréquentation élevé compatible avec la préservation du site?2/Quel est le niveau de justice sociale qu’on accepte d’introduire dans l’accès aux loisirs et àl’environnement? 3/Quel droit d’accès réserve-t-on au patrimoine naturel ou historique, surtoutlorsqu’ilrelèvedudomainepublic?

• la pratique du quota, qui permet une sélection moins ciblée en termes économiques, n’est pasnécessairementplusjuste:onfermelesitelorsquelequotadevisiteursquotidiensestatteint.Cetteméthodeimplique,commelaprécédentedepouvoircontrôlertouslessitesd’accès,cequin’estpastoujourspossible.

• instaurer des conditions de visite (visite guidée obligatoire — Vallée des Merveilles, demanded’autorisationpréalable— réserve cynégétiquedeChambord) n’autorise que les visiteurs vraimentmotivés.Mais cette solution reste très critiquéepar les «passionnés» (randonneurs enmontagne)alorsqu’elleestacceptéeparles«dilettantes»(promeneurs).

• pourdécouragerlesvisiteurs,onpeutégalementselivreràuncontrôlestrictdel’information,voirediffuserde l’information«négative» (nepas faire figurer les sentiers sur les cartes topographiques[ParcnationaldesPyrénées].Est-cepréjudiciableàl’optimisationdel’accèsetàsesretombées?

• un autre type de solution consiste à organiser différemment les flux de manière à diminuer leursimpacts sans diminuer le niveau de fréquentation. La régulation permet de diffuser les flux dansl’espace: elle permet de disperser et donc d’abaisser la pression au m2 [au Cirque de Gavarnie,d’autres itinérairesontétécrééspouroffrirunevuecomparabledepuis lesalentours immédiatsduCirque:Troumouse,Estaubé,Oussoué…]ouaucontrairedeconcentrerunefréquentationtropdiffusepar l’aménagement de cheminements d’accès et l’interdiction des voies «alternatives» [Dune duPilat].

=> 31. Pour conclure, avis général des gestionnaires: quel est l’impact des actions visant à réduirel’accessibilitéausitenonseulementsurleplanéconomique,maisaussisocial,politiqueetenvironnemental?

Ø Quels sont les impacts des actionsmenées sur le volumede la fréquentation? [Approchequantitative]

=>32.Cesmesuresderégulationdesfluxont-ellesmodifiélesusagesetlesperceptionsdeslieux?Ø Quelssontlesimpactsdesactionsmenéessurlaqualitédelavisite?[Approchequalitativeet

sensiblevisantàapprécierletyped’expériencedusiteéprouvéeparlevisiteur]Ø Commentcesactionssont-ellesvécuesparles«usagers–habitants»desgrandssites?

=>33.Commentlesmesuresderégulationdesfluxsont-ellesvécuesparlesvisiteursetleshabitantsdeceshautslieux?

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2. Enquêtesvisiteurs[Sainte-Victoire,Gavarnie,DuneduPilat]