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faits saillants RAPPORT SCIENTIFIQUE SUR L’ANNÉE POLAIRE INTERNATIONALE : CANADIENS Canadian Polar Commission Commission canadienne des affaires polaires

Rapport scientifique sur l’année polaire internationale ... Synthesis/ccap-api-rapport... · La version électronique du présent rapport se trouve sur le site Web : This publication

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faits saillantsRappoRt scientifique suR l’année polaiRe inteRnationale :

canadiens

Canadian Polar CommissionCommission canadienne

des affaires polaires

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©2012Commissioncanadiennedesaffairespolaires

pdf, françaisNodeCatalogueR104-3/2012F-PDFISBN978-1-100-98780-4

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Message du ministreAffaires autochtones et du développement du Nord canadien

EntantqueministredesAffairesautochtonesetdudéveloppementduNordcanadien,jesuisheureuxd’accueillirauCanadalaconférenceDelaconnaissanceàl’actiondanslecadredel’Annéepolaireinternationale(API)2012. LesambitionsdenotregouvernementpourleNordsontclaires:nousdevonsexercernotresouverainetédansl’Arctiqueetystimulerundéveloppementéconomiqueetsocialdurabled’unpointdevueenvironnementaltoutenaméliorantetendécentralisantlagouvernancedanscetterégion.CesambitionssonténoncéesdanslaStratégiepourleNord,annoncéeparlepremierministreStephenHarperen2008,etconstituentdesprincipesdirecteurspournotregouvernement. Parminosgrandesréalisationsàl’échellenationaleetinternationale,mentionnonsnotreparticipationauprogrammedel’API,quiamenéàl’engagementdeconstruireunestationderechercheàlafinepointedelatechnologiedansl’Arctique.Noussommesfiersd’accueillirlatroisièmeconférencedel’API,quisedérouleraàMontréalenavril2012.Ils’agirad’uneoccasiondemettreenvaleurlesdernièresrecherchespolairesetdediscuterdel’utilisationdesnouvellesconnaissancesainsiacquisespourfaireévoluerlesprogrammesetlespolitiques.JetiensàsoulignerletravaildelaCommissioncanadiennedesaffairespolaires,quicontribueàladiffusiondesrésultatscanadiensderecherchespolairestantauCanadaqu’àl’étranger,etce,depuis1991.Cetravailajouéunrôleessentieldanslessuccèsdel’API. Lethèmedecettedernièreconférence,Delaconnaissanceàl’action,metenévidencelanécessitédes’adapteràunmondeenchangementetdetirerprofitdespossibilitésqu’offreleNord.Nousréunironsungrandnombred’acteursmajeursdepartoutdanslemondepouréchangerdesconnaissancesappuyéespardespreuvesetpourdiscuterdemoyensnovateursd’intégrerdavantageleNordàl’économiemondiale.LeCanadaestfierd’accueillirlaconférencefinaledel’Annéepolaireinternationale,quiprofiteradel’impulsiondonnéeàlaconférenced’Oslo,en2010,etquiconstitueraune plaque tournante dans les relations, les décisions mondiales, les politiques et les résultats liés au Nord à l’avenir. LeNordduCanadareprésenteunélémentfondamentaldenotreidentiténationaleetdel’avenirdel’économiemondiale.Notregouvernementcontinueàcollaboreraveclesdirigeantsterritoriauxetautochtonesainsiqu’avecdespartenairesinternationauxpourfaireensortequeleNorddemeureunerégionprospèreetsécuritaireauseind’unCanadafortetsouverain.EndéployantnotreStratégiepourleNord,noustravaillonsàréaliserlepotentielduNordenmatièrederessourcesetàgarantirdesavantagesdurablespourlesrésidantsduNordetdel’ensembleduCanada.

L’honorableJohnDuncan

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Message du présidentCommission canadienne des affaires polaires

LaCommissioncanadiennedesaffairespolairesal’honneurd’avoirétéparmilesprincipauxpromoteursdel’Annéepolaireinternationale2007-2008(API)etjesouhaiteraisreconnaîtremesprédécesseursàlaCommissionetleurapportausuccèséclatantdel’APIauCanada. L’Annéepolaireinternationale2007-2008estlecouronnementdeprèsde130annéesdeprogrèsenrecherchepolairecanadienne.Notrepaysn’avaitque15anslorsdelapremièreAnnéepolaireinternationale,en1882-1883.Certainschercheursétrangersontmenéicidestravaux,maistrèspeudeCanadiens.LadeuxièmeAPI,en1932-1933,apermisàdejeuneschercheurscanadiensenphysiquedel’atmosphèredelancerdesballonsderechercheetdescerfs-volantsau-dessusdel’inletChesterfield,sanssavoirquequelquesannéesplustardàpeine,aucoursdel’API1957-1958(l’Annéegéophysiqueinternationale),leurexpertiseseraitmiseàcontributionpourlelancementdel’èrespatiale. Undemi-siècleplustard,l’Annéepolaireinternationale2007-2008adonnélieuàdevasteseffortsderechercheoùdescentainesdechercheurscanadiensonttravailléenétroitecollaborationavecleurscollèguesétrangerset,notamment,aveclesgensetlescollectivitésautochtonesduNordcar,contrairementauxannéespolairesinternationalesprécédentes,l’API2007-2008englobaitdesactivitésderecherched’envergureliéesdirectementàladimensionhumainedel’Arctique.Lelecteur trouvera dans le présent rapport un aperçu de leurs découvertes, qui établiront le cap de la recherchepolaireetéclairerontleschoixstratégiquespourdesdécenniesàvenir. Beaucoupdechosesrestentlatentes,souslesrésultatsdelarecherche:letravailparfoiséreintant,lesdéfisquotidiensàreleversurleterraingrâceauxquelss’acquièrentl’expérienceetlaconnaissance,l’exaltationdeladécouverte,lesnouvellesperspectivesacquisesparlesgensduNordquivoientleurterrenatalesouslalentilledelarecherche,lesnouveauxpartenariats,lesréseauxetlesamitiés,ainsiquecemomentcrucialoùunétudiantattrapelapiqûredelarecherchepolaire.Cesontlàégalementdesrésultatsimportantsdel’API. Pendantlesannéesquis’écoulententrechaqueAPI,desévénements,desdécouvertesetdesinnovationsd’envergureontréorganisél’universdel’homme.Nouspouvonsnousattendreàencoreplus.LaprésenteAPIafaitexplosernosconnaissancesdel’Arctiqueetdel’Antarctique,lesrégionsdelaTerrelesmoinsconnuesetcellesquichangentleplusrapidement,etaideral’humanitéànégocierlesdéfis,connusetinconnus,quenousréserventlesdécenniesquiviennent.J’adressemesfélicitationsàtousceuxqui,parleurparticipation,ontcontribuéàcettemagnifiqueréalisation.

BernardW.Funston

la commission canadienne des affaires polaires

LaCommissioncanadiennedesaffairespolaires,quiaétécrééeen1991,alesresponsabilités suivantes : promouvoir et diffuserlesconnaissancesrelativesauxsciencespolairesetsuivreleurévolution;aiderà sensibiliser le public à l’importance de la sciencepolairepourleCanada;intensifierlerôleduCanadasurlascèneinternationaleàtitredenationcircumpolaire;etrecommanderl’adoption d’une politique sur la science polaire parlegouvernement. Danslecadredesonmandat,laCommissionorganisedesconférencesetdescolloques,publie de l’information sur des questions qui ontrapportàlarecherchepolaireetcollaboreétroitementaveclesautresorganismesgouvernementauxetnongouvernementauxpourencouragerlesétudescanadiennessurlesrégionspolaires.

www.polarcom.gc.ca

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IntroductionPourquoi l’API?

L’Arctiqueetl’Antarctiquesontlesrégionsdelaplanèteoùleschangementssontlesplusrapidesetdramatiques.Lesenjeuxenvironnementauxmondiauxauxramificationsprofondes,parexemplelechangementclimatique,lamontéeduniveaudesmersetlestockageetlalibérationducarbone, permettent tous de remonter à ce qui seproduitmaintenantdanslesrégionspolaires.L’Arctiqueetl’Antarctiquesontlesmeilleursbaromètresdeschangementsenvironnementauxetlesmeilleuresarchivesdecequ’étaitlaTerreparle passé. Àjustetitre,ilexistaitunsentimentd’urgenceetdefinalitéconcernantlaquatrièmeAnnéepolaireinternationale(API).L’API,laplusvastecollaboration scientifique internationale visant à étudierlesrégionspolaires,aralliédesdizainesdemilliersdechercheursdeplusde60pays.Parrainéeconjointementparl’OrganisationmétéorologiquemondialeetleConseilinternationalpourlascience,l’API2007-2008adonnélieuàplusde200projets

derechercheenbiologie,engéophysiqueetensciencessociales.Cesprojetscomportaientdesfouillesarchéologiques,deslevéessurladiversitébiologiquedesécosystèmespolaires,desétudesdelachimiedel’océanetdesanalysespourdécouvrirquelleseral’influenceduchangementclimatiquesur les collectivités polaires. L’API2007-2008n’apasdérogéàlatradition,vieillede125ans,enmatièredecollaborationscientifiqueinternationale.LapremièreAnnéepolaireinternationale,quiaeulieuen1882-1883,aréunidiversesexpéditionsindépendantesverslesendroitslesplusreculésdelaplanète,dansle cadre d’un effort international pour étudier lamétéorologie,lemagnétismeterrestreetlesauroresboréales.Lethèmedelacollaborationinternationale était encore bien présent dans ladeuxièmeAPI,en1932-1933,etdansl’Annéegéophysiqueinternationale(AGI)inspiréeparl’API(1957-1958),quiamisenbranleleprocessusdesignatureduTraitédel’Antarctiqueafindeprotéger

lecontinentdesactivitésmilitaires.L’API2007-2008aétéplanifiéepourcoïncideravecle125anniversairedelapremièreAPI,le75eanniversairedeladeuxièmeAPIetlecinquantenairedel’AGI. L’API2007-2008étaituneffortvenuàpointpourcomprendreenquoileseffetsduchangementclimatiquedansl’Arctiqueetl’Antarctiqueinflueraientsurlerestedelaplanète.Ellepréparaitlascènepourlapoursuited’étudesdesrégionspolaires et a offert une plateforme permettant auxjeuneschercheursdelancerleurcarrièrescientifique.Danslecadredecethéritage,l’APIcontinued’offrirenaccèslibrelesdonnéesdesesactivitésderecherchesetdesurveillance. LerôleduCanadadansl’APIaétéloind’êtrenégligeable.Endéfinitive,prèsduquartdel’ArctiquesesituedansleslimitesterritorialesduCanada;plusdelamoitiédenotrelittoralestdansl’Arctique.Leprogrammecanadiendel’APIs’estofficiellementdérouléentremars2007etmars2009,autorisantdeuxcampagnesd’activités intensives sur le terrain menées par plusde1750chercheursprovenantd’organismesgouvernementaux,d’universitésetdescollectivitésnordiques. LeprogrammedugouvernementduCanadapourl’APIaconsacré150millionsdedollarsafind’appuyer45projetsderecherche.Deplus,leConseilderechercheensciencesnaturellesetengénieduCanada(CRSNG)asubventionné11projetsdel’API.QuatredesprojetsontreçudesfondsduprogrammedugouvernementduCanadaetduCRSNG,portantà52letotaldesprojetsscientifiques. Lesrecherchessurleterrainsesontdérouléesàplusde100emplacementsunpeupartoutdansle

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nordduCanadaetsurcinqbrise-glacedelaGardecôtièrecanadienne.Ellessesontconcentréessurdeuxdomainesessentiels:lesrépercussionsduchangementclimatiqueetl’adaptationàcelui-ci,ainsiquelasantéetlebien-êtredescollectivitésnordiques.Leschercheursontétéencouragésàrecouriràdesapprochesinterdisciplinairesetàfusionner le savoir traditionnel et la science. Chaqueprojetderecherchecanadiendevaitêtrepertinentparrapportauxbesoinsdescollectivitésnordiques,faireappelauxgensduNorddanslaplanificationetlamiseenœuvredelarechercheet comporter un élément de renforcement des capacités à l’intention des étudiants et des collectivités.Eneffet,contrairementauxAPIprécédentes,l’API2007-2008afaitparticiperdesgensdumondecircumpolaireàlaplanificationetàl’exécutiondesprojetsderecherche,enreconnaissant le fait que les populations locales du monde circumpolaire ont maintenant plus de

maîtrisesurleurviedepuislesrèglementsdesrevendicationsterritorialesetlesgouvernementsautonomes. LaCommissioncanadiennedesaffairespolaires(CCAP)ajouéunrôledéterminantpourfaireduCanadal’undesgrandsintervenantsdel’API2007-2008.LaCCAPaconsultéactivementlacommunautédeschercheurspolairesetlescollectivités nordiques afin de préciser de quelle façonleCanadadevraitparticiperàl’API.LaCommissionaégalementétablietappuyélecomiténationaldel’APIetsonSecrétariatchargéderecevoirlespropositionsderecherchesetdesuperviserlesprojets. CeseffortscontinuerontàporterfruitspourlesCanadiensduNordetduSud,carlesrésultatsscientifiquesdesprojetscanadiensdel’APIéclairerontlapolitique,lesprogrammesetlespratiques qui contribueront à une meilleure compréhensiondel’étatdesrégionspolaires.

SectionsatMospHÈRe8

océan12

Glace de MeR16

cRYospHÈRe20

écosYstÈMes MaRins 24

écosYstÈMes teRRestRes28

faune32

le Bien-ÊtRe des collectiVités36

santé HuMaine40

L’API en chiffres

228 projetsOn a entrepris au cours de l’API 2007-2008 228 projets, dont 170 dans le domaine de la science et 57 en éducation et dissémination.

156 millionsLe gouvernement du Canada et le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie ont injecté dans l’API 2007-2008 156 millions de dollars en financement.

1 000Les chercheurs de l’API ont découvert 1 000 espèces marines inconnues auparavant. De ce nombre, environ 25 p. 100 se retrouvaient dans les deux régions polaires.

1 800Ont contribué aux projets de l’API à titre de chercheurs, de techniciens et de guides de terrain 1 800 résidants du Nord et 215 étudiants du Nord canadien.

8 Huit des projets scientifiques étaient dirigés par des gens du Nord.

240Plus de 240 chercheurs étrangers de 23 pays ont participé aux projets canadiens de l’API.

8 Huit réseaux internationaux de recherche de l’API étaient dirigés par des Canadiens.

9 déléguésAssistaient à la première Conférence polaire internationale tenue en 1879 en Allemagne neuf délégués dont le but était de planifier la première Année polaire internationale.

2 500 délégués devraient participer à la conférence de l’API qui se tiendra à Montréal en avril 2012 sous le thème « De la connaissance à l’action ».

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AtmosphèreLe cas de la disparition du mercure et autres mystères polaires

À l’arrivée du printemps, dans l’arctique, le mercure disparaît de l’atmosphère.

Auprintemps,unphénomèneétrangeseproduitdanslecieldel’Arctique:lemercure,entantqu’élémentchimique,disparaîtdel’atmosphèrepourn’yrevenirqu’aprèslecoucherdusoleil.C’estégalementauprintempsquel’onassisteàunépuisementdel’ozonetroposphérique,ungazàeffetdeserre.Qu’est-cequecesévénementssignifientpourl’environnementarctique? LesscientifiquescanadiensduprogrammederechercheOASIS(acronymeformédeséquivalentsanglaisdestermessuivants:océan,atmosphère,glacedemeretmanteauneigeux)del’Annéepolaireinternationale(API)onttentédemieuxcomprendrelesprocessusàl’originedeladisparitionsaisonnièredumercureetdel’ozone.OASISétaitl’undesambitieuxprojetsmétéorologiquesetatmosphériquesdel’APIservantàrecueillirdesdonnéesannuellesetàétudierl’ensembledesphénomènes,desvoiesdepollutiondansl’Arctiqueauxrépercussionsdesviolentsoragesdel’Arctique

principales constatations• L’épuisementgénéralisédel’ozoneetdumercure

au-dessus de l’océan Arctique est confirmé.

• Leréchauffementclimatiquerisqued’entraînerla libération des polluants accumulés dans l’environnement arctique, ce qui saperait les ef-forts déployés pour atténuer les risques auxquels les substances chimiques toxiques exposent l’environnement et les êtres humains.

• Lesfleursdegel—descristauxdeglacesalésquise forment par temps froid et non venteux sur lesglacesdemerrécentesdel’Arctique—influ-ent sur les interactions chimiques entre l’océan et l’atmosphère.

• Ilsemblequ’unebienplusgrandequantitédemer-cure est déposée et reste sur la glace de mer que sur le manteau neigeux terrestre.

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surleszonescôtièresetlescouchessupérieuresdel’océan. Danslecasd’OASIS,ilesturgentdecomprendreoùetcommentlemercure,unpuissantneurotoxique,sedéplacedansl’Arctique,quecesoitdansl’atmosphère,surlemanteauneigeuxoudansl’océan.Eneffet,s’ildisparaîtauprintemps,oùva-t-il?

ooti et o-bouées Grâceàdesobservationsfaitesàl’observatoireatmosphériqueleplusseptentrionaldumonde,àAlert,auNunavut,lesscientifiquessaventquel’ozoneetlemercuredisparaissentdel’atmosphèreàl’arrivéeduprintempspolaire;desrecherchessubséquentesontrévéléquecesphénomènessontliésàdesréactionschimiquesaveclebromeprovenantdesselsmarins.Lebromeréagitdifféremmentaucontactdel’ozoneetdumercure:les atomes de brome détruisent les molécules d’ozone,maissecombinentaumercureetenmodifientl’étatchimiquedesortequ’iltendàsedéposersurlaglaceetlemanteauneigeux. Cependant,bonnombredesdétailsdesproces-suschimiquesenjeurestentàéclairciretlepeudemesuresréaliséessurplaceaugrandlargedel’océanArctiquen’ontpasaidéàensavoirdavantage. Lesscientifiquesdel’équipeOASISonttentédedéterminersicesphénomènesprintaniers,déjàobservéssurdesmanteauxneigeuxcontinentaux,étaientdifférentssurlaglacedemeretprèsdeschenauxdeglace.Pourcefaire,ilsontdûse donner les moyens nécessaires : ils ont mis surpiedl’OOTI(OutOnTheIce-surlaglace),unlaboratoireminiaturedechimieetdephysiqueatmosphériquesinstallésuruntraîneauetpouvantêtrerapidementdéployéparunemotoneige;ils

ontégalementélaborédesO-bouées,soitdesbouéeséquipéesdejaugesàozoneetàdioxydedecarboneancréesdanslaglace. Entraitantlesdonnéesrecueillies,lesscienti-fiquesontdécouvertquel’atmosphèreau-dessusdelaglacedemercontenaitdesconcentrationsdemercurebiensupérieuresàcellesgénéralementobservéessurlecontinent.Ilserapeut-êtrenéces-sairederéévaluerlesmodèlesservantàestimerl’impactdumercureatmosphériquesurl’océanArctiqueetsurl’ensembledelarégionarctique. Pourcequiestdel’ozone,lesscientifiquesonteffectivement constaté son appauvrissement printaniersurl’océanArctiqueet,dansdenombreuxcas,cephénomènesembleêtreliéauxconcentrationsdebrome.Cependant,lesdonnées

Les masses d’air pollué en provenance du Sud atteignent le Centre de l’Arctique en quelques jours seulement.

les scientifiques installent une station météorologique sur la calotte glaciaire de devon, sur l’île d’ellesmere.

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À la station de recherche peaRl, les scientifiques prennent toute l’année des relevés de l’ensemble de la colonne atmosphérique, de la surface océanique à la stratosphère.

Voies de pénétrationdes contaminants dans l’arctique.

étaientcontradictoires:l’ozonen’étaitpastoujoursdétruitenprésencedetrèsfortesconcentrationsdebrome.Deplus,lesscientifiquesnepeuventaffirmeraveccertitudesioudequellefaçoncesphénomènessontpotentiellementliés,soitàdessystèmesdehautepression,soitàlatempérature. Danslecadred’unautreprojetcanadiendel’API,Transportatmosphériqueintercontinentaldepolluantsanthropiquesversl’Arctique(TAIPAA),lesscientifiquesontexaminédeplusprèslesdonnées sur la disparition du mercure dans l’atmosphèrerecueilliesàAlertentre1995et2007etontdécouvertque,cesdernièresannées,cesphénomènessurvenaientplustôtauprintemps.

les voies de pénétration de la pollution Commentlechangementclimatiquepourrait-ilinfluer sur la distribution des polluants, tels que le biphénylepolychloré(BPC),dansleNord?

L’atmosphèreestconsidéréecommelavoiedepollutionprincipaleetlaplusrapideversl’Arctique:Lesmassesd’airpolluépassentparfoisdesrégionsd’origineauCentredel’Arctiqueenquelquesjoursseulement.Lessubstanceschimiquestoxiques,tellesqueleBPC,lemercureetlespesticidesorganochlorés,peuventsedéposerdansl’Arctique,puis s’accumuler dans la faune, dans les aliments traditionnelsetdansl’organismedesrésidantsduNord, dont ils pourraient affecter la santé. Lesscientifiquessupposentque,sil’Arctiqueseréchauffeetquelaglacedemerseretire,lespollu-antsdéposésantérieurementsurlaneige,laglaceetlesolpourraientêtrerejetésdansl’atmosphère.Lemercureprésentdansleseauxdefontepourraitpénétrerdansleslacsetlesmersdel’Arctiqueoùilpourraitêtretransforméenméthylmercureets’accumulerdanslesorganismesvivantstoutaulongdelachaînealimentaire.Eneffet,lescherch-eursdel’APIontdétectécephénomèneeneaux

libresdanslaBaied’HudsonetdanslamerdeBeaufort,oùdumercureétaitrecyclé. Pouressayerdeprévoirlatrajectoirepotentielledelapollutiondansl’atmosphèredel’Arctique,ilestnécessaired’élaborerdesmodèlesrobustesquitien-nentcomptedenombreuxfacteurs.Cesmodèlessontconstruits,engrandepartie,àl’aidededonnéesrecueilliesparlelaboratoirederechercheatmo-sphériquedel’environnementpolaire(PEARL)situésurl’îled’Ellesmere,àEureka,auNunavut. PEARLestconsidérécommeunlaboratoire«panatmosphérique»:toutaulongdel’année,lesscientifiques peuvent y mesurer l’ensemble de la colonneatmosphérique,delasurfacedel’océanàlastratosphère,pourenévaluerlesétatsetlacompositionphysiques,ycomprislaprésenced’ozoneetdegazconnexes. ÀPEARL,lesscientifiquesdel’APIontobservélapropagationdelafuméeetdelapollutiondelapar-tieinférieureàlapartiesupérieuredel’atmosphère,

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làoùlesparticulespeuventinfluersurletempsetleclimat.Cesdon-nées sont importantes, car, actuellement, on ne comprend que de façon généralelessourcesetlanaturedesschémascomplexesquisedévelop-pentlorsquedesaérosolssonttransportésdansl’Arctique. Durantl’API,ladétection,au-dessusdePEARL,depanachesprovenantdefeuxdéclenchésplusauSudapermisdeconfirmercetétatdefait.Parexemple,lesscientifiquesontsuivilatrajectoired’unpanachedefuméepanarctiquequis’estdéplacédusud-estdelaRussieàEurekaencinqjoursenviron.DesinstrumentsdedétectiondepointeontcaptécepanacheaumomentoùilsurvolaitEurekaàunealtitudede5à9kilomètresetontpuétablirqu’ilétaitconstituédeparticulesdefuméeprovenantdelaRussie.

la suite? À partir des données de surveillance atmosphérique à long-terme, les scientifiques ont observé les conséquences du changement climatique sur le comportement de substances chimiques toxiques telles que le mercure dans l’Arctique. Cependant, le changement climatique se déroule sur des périodes de plusieurs décennies, tandis que les modèles sur l’évolution des substances chimiques toxiques dans l’atmosphère reposent généralement sur des séries de données de moins de 20 ans. Pour comprendre la façon dontlechangementclimatiqueinfluerasurletransportet le comportement des substances polluantes dans l’environnement, il est nécessaire de continuer d’effectuer des mesures pour établir les tendances portant sur des périodes comparables à celles utilisées pour observer le changement climatique. Les recherches futures serviront également à dégager les liens entre une augmentation des orages dans l’Arctique et le changement des conditions de la glace de mer et des températures de la surface océanique. En effet, une meilleure connaissance de cette activité cyclonique permettra aux chercheurs d’élaborer des modèles réalistes des répercussions possibles le long des côtes de la mer de Beaufort et de l’archipel connexe. En outre, les technologies liées au programme OOTI et aux O-bouées développées durant l’API seront perfectionnées au cours des prochaines années et ces instruments pourront fonctionner de façon autonome sur de plus longues périodes. Ils devraient devenir des outils importants pour les scientifiques de l’Arctique de demain.

Mis au point au cours de l’api, l’ooti est un mini-laboratoire de chimie et de physique de l’atmosphère monté sur un traîneau et qui peut être rapidement déployé par motoneige.

études canadiennes de l’api dans ce domaine« OASIS-CANADA : Comprendre l’ozone et le mercure dans l’air au-dessus de l’océan

Arctique »;chefsdeprojet:RalfStaebleretJanBottenheim,UniversitédeToronto

« TAIPAA : Transport atmosphérique intercontinental de polluants anthropiques vers l’Arctique »;chefdeprojet:HayleyHung,EnvironnementCanada

« Le laboratoire PEARL à proximité du pôle– recherche atmosphérique dans l’Extrême-Arctique »;chefdeprojet:JamesDrummond,UniversitédeToronto

« Répercussions des orages violents de l’Arctique et des changements climatiques sur les zones côtières »;chefdeprojet:WilliamPerrie,PêchesetOcéansCanada

« Production océanique de gaz à l’état de traces dans l’Arctique et répercussions sur le climat »;chefdeprojet:MauriceLevasseur,UniversitéLaval

« Arctic Weather and Environmental Prediction Initiative »;chefdeprojet:AyrtonZadra,EnvironnementCanada

« L’étude sur le chenal de séparation circumpolaire »;chefdeprojet:DavidBarber,UniversitéduManitoba

;chefdeprojet:TheodoreShepherd,UniversitédeToronto

« Comprendre le processus de rétroaction déshydratation-effet de serre dans l’Arctique »;chefdeprojet:Jean-PierreBlanchet,UniversitéduQuébecàMontréal

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OcéanÀ la recherche des forces agissantes dans l’océan Arctique

Rencontre dramatique de la terre et de la mer au fiord Gibbs, sur l’île de Baffin.

L’océanArctiquecanadienestunélémentclédurégimeclimatiquemondial,maissescaracté-ristiquessonttrèsfortementinfluencéesparsesinteractionsavecleszonesadjacentesduPacifiqueetdel’Atlantique.Cesprofilsdecirculationsontcomplexes.LeshautesmontagneslelongdelacôteestduPacifiqueemprisonnentl’eauévaporéedanslarégion,provoquantunehaussede80centimètresduniveaudelamersurl’Atlantiquenordetde40centimètressurlamerdeBeaufort.Cesmershausséesparlescrues«descendent»duNord,parledétroitdeBéringdansl’Arctiquesurleseauxplussalinesdel’Atlantique,traversantlacôteeurasienneàl’Estàtraverslebouclierarctiquecanadienjusqu’àlabaiedeBaffinpours’apaiserdans la mer du Labrador. Les courants arctiques ne peuvent emprunter que quelques voies bien précises, entravés par l’Archipelarctiquecanadien.Leschercheurscanadiensdel’APIonteffectuélespremières

principales constatations• Nombredeschangementsintervenus

récemment dans les propriétés et la circulation des eaux de l’Arctique canadien sont liés à des changements dans les profils et la force des vents.

• Lescarottesdesédimentspermettentdevoirquelesfluctuationsclimatiquesdansl’Arctique canadien depuis la dernière période glaciaire ont été asymétriques : intervalles de réchauffement avec moins de glace dans l’Ouest, parallèlement à des intervalles de froid et davantage de glace

dans l’Est, et inversement.

• L’accumulationd’eaudoucedanslebassincanadien a augmenté au cours de la dernière décennie, réduisant l’apport de nutriments du plancton dans la couche océanique superficielle bénéficiant de l’ensoleillement.

• Onconstateuneaugmentationdel’aciditédes eaux de l’Arctique canadien en raison de l’absorption d’anhydride carbonique et d’une baisse de la salinité. L’acidité élevée freine maintenant la capacité de certaines espèces

d’utiliser le carbonate de calcium qui sert à la formation des coquilles protectrices.

• Lestempêtesdel’Arctiquesontàl’origine de vents, de vagues et de crues dangereux lorsque la glace de mer est loin des côtes. De l’autre point de vue, les vastes étendues d’eaux tempérées libres de glace favorisent le développement des tempêtes. Les deux aspects sont le résultat du recul de la glace d’été des côtes de l’Arctique.

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observationsexhaustivesdecetéchangehydriquedansl’étudeintitulée«Courantsocéaniquesdel’Arctiquecanadien»(COAC)etontcartographiélesvolumeshydriques,lavitesseducourantetleseffetsduventdanslescanauxdel’estdel’Arctique.Cetteétudeapermisdedécouvrirquelescourantsrapidesn’occupentpastoutelalargeurdesdétroitsocéaniques, mais sont étonnamment étroits, environ10kilomètresdelargeur,etsontsouventà la merci des forts vents qui soufflent dans les passages.Paroppositionauxglacesàladérive,laglacederivetendàfreinerlemouvementdescourants océaniques en raison de la friction et des effets amortissants du vent.

Les trois océansdu Canada sonten interrelationdynamique, chimique et biologique.

Message dans un tourbillon Dansl’hémisphèresud,dontl’Antarctiqueestlecentre,seulel’atmosphèrepeuttransmettrerapide-ment les influences environnementales vers les latitudesplusélevées.Dansl’Arctique,l’océanaluiaussiunrôleàjouerdanscequiesttransporté.Lesglacesdel’Arctique,l’océanetlesécosystèmesontuneinteractionrelativementforteavecl’océanPaci-

les études menées au cours de l’api ont fait ressortir les preuves de l’interaction des changements entre l’atmosphère et l’océan. ces cartes illustrent la pression de surface de l’air en hiver (à gauche) et en été (à droite). le vent circule en sens horaire autour des centres de haute pression et sa vitesse augmente à mesure que diminue l’espacement des couleurs. les sections illustrent les conditions pendant les deux années de l’api, 2006-2007 (paire médiane) et 2007-2008 (paire inférieure) et la moyenne des 30 dernières années (paire supérieure).

océan | 13

À GaucHe : le nGcc Henry larsen, navire de soutien pour les projets océaniques de l’api, naviguant sur le fiord alex.

À dRoite : les sonars doppler, qui s’utilisent dans les mesures sous-marines, sont rangés sur le pont.

fiqueetl’océanAtlantiquedanslescourantsaériensetocéaniques.Leprojet«LestroisocéansduCanada»(C3O)estuneétudededeuxansfaisantappelàdeuxbrise-glaceetà200chercheursdanslebutd’examinercesinteractions.L’équipedecher-cheursaétudiélafaçondontl’affluxd’eauxdoucesdesourcescommelePacifique,lafontedesglacesdemeretlesgigantesquesfleuvesdel’Arctiqueeststockéetlamanièredontilaffectelesécosystèmes. L’exempleparfaitdecegenrede«réservoirdestockage»d’eaudouceestletourbillondeBeaufort,unimmensecourantocéaniqueanticyclonique(tournantensenshoraire)àl’ouestdel’Archipelarctique.Sousunmélangedeglacesde fonte, de précipitations et d’eau de cours d’eau, ontrouvedescouchesdecourantsdedéversementduPacifiqueetdel’Atlantiquedeplusenplussalins.Leschercheurscanadiensdel’APIontdocumenté une accumulation plus accusée d’eau doucedansletourbillonaucoursdeladernièredécennie,observantunpicdestockagedel’eaudouceen2008,deuxièmeannéed’étudedel’API. Cetteconstatationadesconséquencesécologiques,carl’eaudouceflotteau-dessus

deseauxmarinesplussalinesettendànepassemélanger,empêchantainsiletransportd’importants nutriments dont se nourrit le plancton, à la surface de l’océan. Leplanctonàcoquilleetlesautresorganismesmarins qui créent leurs coquilles à partir des con-centrationsdecarbonatedecalciumsontexposésàun risque accru en raison de l’acidification crois-santedel’océanArctique.Letiersdesémissionsd’anhydridecarboniqueproduitesparl’humanitéaété absorbé par les océans et converti en acide car-bonique.Cesontlesocéansnordiquesquicourentleplusgrandrisqueetcela,pourdeuxraisons:leseauxfroidesdissolventlesgazplusefficacementetlaglacedemer,plusacide,fondetsemêleàl’eauplusrapidementpendantl’été.D’aprèslesétudesmenéesaucoursdel’API,onaconstatédesdom-magesauxorganismesfixantlecalciumet,parex-tension,àtouslesécosystèmesmarinsdel’Arctique.

les tenants et les aboutissants du cycle du carbone Qualifiéparleschercheurscanadiensdel’APIde«présagedechangement»dansl’océanArctique,

lecourantdedéversementdel’Atlantiques’estréchaufféd’unbon0,5°Caucoursdeladernièredécennie.Deplus,descouchespluschaudesd’eauxestivalesontpénétrél’ArctiqueparlePacifique. L’unedesconséquencesduréchauffementdestempératuresestquelestempêtesdel’Arctiquesemblentaugmenterenintensité,voireenfréquence.ToutcommelescourantsetlescôtesocéaniquesduNordsontaffectésparcesorages,leschercheurscanadiensontconstatéquelaforcedes tempêtes subit l’influence des vastes étendues d’eauxlibres,parexemplecellesquinaissentpendantl’étéetaudébutdel’automne.Laglaced’étéreculedansleNord-Ouest,desétenduesdelamerdeChukchietdelacôtedel’Alaskaetouvredelonguesnappesd’eau.LesventsdetempêteduNord-Ouestdonnentnaissanceàdesvaguesplushautesetpluspuissantesetàdeviolentescruesquipeuvent inonder et éroder les côtes canadiennes deBeaufortetaffecterlescollectivitéscôtières. Lesprévisionsclimatiquessurl’Arctiquene reposent que sur quelques décennies d’observationsetlesrelevésdessystèmesmarinssontlesplussuccincts.Pourdresseruntableauplus

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étendu,leschercheurscanadiensdel’APIontétudiédeséchantillonsdesédimentsocéaniquesafind’obtenirunenouvelleimageducycledu carbone nécessaire à la vie, des variations climatiques et de la couverturedeglacedemersurplusieursmilliersd’années.Ilressortdeleursrecherchesqu’unepériodederefroidissements’estamorcéedansl’EstduCanadailyaenviron6000ans,tandisquelesmersdel’Arctique,àl’Ouest,étaientpluschaudesetgénéraientunecouverturedeglacebeaucoupmoinsimportantequedanslestempsmodernes.Cesynopsismétéorologiquedupasséestunoutilprécieux,particulièrementpourlierleschangementsduclimatauxenvironnementsmarinsetauxinfluenceshumainesmodernes. Ilestessentieldeconnaîtrel’environnementphysico-chimiquemarinpourgérerlesocéanssurunebaseécosystémique.Lespropriétésfondamentalesdel’océan(couverturedeglace,température,salinité,structurededensité,oxygènedissout,nutriments,fer)etlesprocessusquiassurentlemaintiendecespropriétés(legeletledégel,letransport,lescourantsentrantsetsortants,lebrassage,l’équilibreénergétique)sontdes déterminants clés de la vie qu’il abrite. Lesvariationsdansl’écosystèmemarindel’Arctiquesontclairementliéesauxvariationsdescaractéristiquesphysiquesetgéochimiquesdel’océan.Parcontre,iln’yapasencoreententesurlaquestiondesavoirsilaproductionmarinepanarctiqueaugmenteraoudiminueracomptetenudelarégressiondelacouverturedeglace.

les modèles élaborés au cours de l’api permettront de prévoir plus facilement les ondes de tempête et l’érosion des côtes, pour la plus grande utilité de collectivités côtières comme salluit.

la suite? Les projets canadiens de l’API ont créé des modèles informatiques prévisionnels permettant de reproduire avec précision l’échange dynamique des eaux et des glaces dans l’ensemble de l’Arctique canadien et de prévoir les ondes de tempête et les risques d’inondation et d’érosion des côtes de la région. Grâce à ces modèles, les chercheurs pourront tirer des renseignements importants concernant les collectivités côtières à risque; de plus, ces modèles peuvent être adaptés par les prévisionnistes en météorologie et par les responsables de la planification des missions de recherche et de sauvetage. Aux dires des scientifiques, il est essentiel de maintenir l’approche globale adoptée au cours de l’API afin de mieux déceler les indices de changements progressifs dans l’environnement marin arctique susceptibles de varier considérablement au fil des ans.

études canadiennes de l’api dans ce domaine« C3O – Les trois océans du Canada »;chefdeprojet:EddyCarmack,Pêcheset

OcéansCanada

« Courants océaniques de l’Arctique canadien »;chefdeprojet:HumfreyMelling,PêchesetOcéansCanada

« Enquête sur les effets des changements climatiques sur les éléments nutritifs et le cycle du carbone dans l’océan Arctique »;chefdeprojet:RogerFrancoise,UniversitédelaColombie-Britannique

« Répercussions des fortes tempêtes arctiques et des changements climatiques sur les zones côtières »;chefdeprojet:WilliamPerrie,PêchesetOcéansCanada

« Étude sur le canal de séparation circumpolaire »;chefdeprojet:DavidBarber,UniversitéduManitoba

« Production océanique de gaz à l’état de traces dans l’Arctique et répercussions sur le climat »;chefdeprojet:MauriceLevasseur,UniversitéLaval

« Le cycle du carbone dans la marge continentale arctique et subarctique du Canada; chef de projet:CharlesGobeil,UniversitéduQuébec

océan | 15

Glace de merLe panorama glaciaire de la mer arctique s’envole au vent

la glace de mer est un moteur de changement dans l’arctique.

Commeonl’avaitpréditilyatrenteans,l’Arctiqueestlarégionlaplustouchéeparleréchauffementplanétaire,maisceréchauffementseproduitàunrythmebeaucoupplusrapidequeprévu.Desdonnéesdesatellitesconfirmentquel’étendued’océanrecouvertdeglace,danslarégioncircumpolaire,rétrécitdepuislafindesannées1970.Celle-ciadiminuédansuneproportionremarquablede65pourcenten2007etencoreunefoisen2011. Lesortdelaglacedemersuscitedegrandescraintes,carcelle-ciestunmoteurduchangement.Laglacedemerjoueunrôlecrucial:elledéterminelesréactionsdusystèmemarinarctiqueauchangementdeclimatetinfluesurcechangement;ellerègleleséchangesdechaleur,d’humiditéetdegazdansl’océan,laglaceetl’atmosphère.Enoutre,elledéterminelarépartitiondelalumièreetladuréedel’apportlumineuxauxeauxrichesennutrimentsdanslescouchessupérieuresdel’océan.Àsignaleraussiqu’unediminution

principales constatations • Danslegolfed’Amundsen,àl’extrémitéouestdupassageduNord-

Ouest, les eaux sont libres de glaces pendant plus longtemps que la période normale, et en hiver la couche de glace de mer est mainte-nant plus mince et plus mobile.

• Lescyclonesjouentunrôleimportantdansl’accroissementetladésintégration de la glace de mer. Ils retardent la formation de la nouvelle glace, réduisent la croissance de la glace pluriannuelle et entraînentladislocationdecetteglaceàlafindel’été.

• Lesphénomènesliésauchangementclimatiquepeuventfairere-monter les eaux riches en nutriments du fond de l’océan Pacifique vers les eaux de surface déficientes en nutriments le long de la côte arctique,cequinuitauxréseauxtrophiquesdelazone.

• Leslisièresdeglaceenborduredeschenauxdeséparation—zonesd’eauxlibresentrelepacketlabanquisecôtière—sedistinguentpar leur grande productivité biologique.

• Auparavant,legyredelamerdeBeaufort(courantsocéaniquesgiratoires) suivait le sens horaire pendant la plus grande partie de l’année, mais maintenant il change régulièrement de direction. Cela contribue à réduire l’épaisseur et l’étendue de la glace de mer.

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considérabledelacouverturedeglacedemer affecte énormément l’équilibre entre le rayonnement solaire incident et le rayonnement solairesortant.C’estparcequelaglacedemerreflètehabituellementjusqu’à50pourcentdelalumièredusoleil,etjusqu’à90pourcentsielleestrecouvertedeneige,alorsquelasurfacefoncéedel’océanabsorbe90pourcentdelalumièresolaire. Leprogrammecanadiendel’APIadonnéauxscientifiquesunaccèsàl’Arctiquesansprécédent.Grâceàl’Étudesurlechenaldeséparationcir-cumpolairemenéedanslamerdeBeaufort-Sud,pourlapremièrefoisunbrise-glacederechercheentièrementéquipéapassél’hiverdansl’Arctique,permettantainsiàdesscientifiquesd’examinerl’évolutiondelaglacedemer,depuissaformationjusqu’àsadésintégration.L’étudeaaussipermisd’observer pendant toute l’année de nombreuses massesdeglacedemerforméeaufildesépoques,ce qui a beaucoup amélioré la capacité de détecter lescaractéristiquesgéophysiques(salinité,volumedesaumure,épaisseur)etthermodynamiques(tem-pératureàlasurfaceetprofil)delaglacedemer. Lesscientifiquesontconfirméquelescyclones(etlesanticyclonesenhiver)jouentunimportantrôledansladynamiqueetl’évolutiondelaglacedemer.Cesphénomènesmétéorologiques,caractériséspardes violents vents en spirale soufflant vers l’intérieur, prennentdelaforceau-dessusdeseauxlibresentrelepacketlabanquisecôtière,ettendentàsuivrel’interfaceentreleseauxlibresetlaglacedemer.Lescyclones dans le bassin arctique ne semblent pas plus fréquents, mais ils s’intensifient. Les cyclones créentdesvaguesquidéplacentlepack,etilspeuventaideràdéclencherdesondesdetempêtesdémesurées. Les scientifiques qui ont mené l’étude

surlechenaldeséparationcircumpolaireontnotéque même les floes les plus épais, affaiblis par les chaudestempératuresestivales,peuventêtrebriséspar ces ondes.

stockage de polluants et de carbone Danslecadredel’API,leschercheurscanadiensontfaitdesanalyseshebdomadairesdescartesglaciairesétabliesàpartirde1960jusqu’en2008,pour déterminer les tendances et la variabilité delaglacedemerenété.Ilsontconstatéquelacouverturedeglaceavaitdiminuésurtoutdanslabaied’Hudson,soitd’environ11pourcentpardécennie.Lestauxderétrécissementpardécennieobservés:8,9pourcentdanslabaiedeBaffin;5,2pourcentdanslamerdeBeaufort;et2,9pourcentdansl’archipelarctiquecanadien. Leschercheursonttrouvélapreuveque

le nGcc amundsen était le premier brise-glace de recherche à passer l’hiver dans l’arctique.

Une couverture de glace de mer de plus en plus fragile, combinée à la réduction des glaces pluriannuelles, accélère le changement dans l’Arctique.

Glace de MeR | 17

les installations et l’équipement perfectionné du nGcc amundsen en font une plateforme de recherche polyvalente pour les océanographes, les géologues, les écologistes terrestres et les épidémiologistes.

l’augmentationdestempératuressurface-airdansl’Arctiquecontinueraderéduirelevolumedeglacedemerenétéetfaciliteralanavigationd’unboutàl’autreduNordcanadiendansunprocheavenir.Depuis2007,lepassageduNord-Ouest,quiautrefoisétaitengrandepartieinaccessibleauxnavires-cargo,estlibredeglacespendantunepar-tiedel’année.Àcausedeschaudestempératuresenregistréesauprintempsetdeladiminutionac-cruedelaglacepluriannuelle,onaenregistréunebaisserecordduvolumedeglacedemerdanslepassageenaoût2010.Cettesituationentraînedesconséquencesdetaillepourlanavigationsaison-nièreetlasouverainetéduCanadadansl’Arctique. Onnoteaussidesrépercussionssignificativespourcequiestduchangementclimatiqueplanétaire.Exemple:unrécentcompterendud’étude scientifique a renforcé l’idée que les eauxdesplateauxcontinentaux,dansleshauteslatitudes,présententhabituellementuntauxdesaturationendioxydedecarboneinférieuràceluidel’atmosphère.Celalaissesupposerquel’Arctique

fonctionnecommeunpuitsdecarbone,ledioxydedecarboneétantstockédansl’atmosphère.Cependantleschercheursdel’APIinvitentàlaprudence,caronneconnaîtpasencoreassezlesprocessusassociésàlaglacedemerquipeuventinfluersurl’absorptiondudioxydedecarbone. Toutefois,lesscientifiquessaventquelesrégionspolairessontparticulièrementsensiblesauxeffetsdescontaminantschimiques.Commesiellessedéplaçaient sur un tapis roulant, les substances polluantes provenant des basses latitudes sont transportées par les courants océaniques et atmosphériquesdansl’Arctiqueoùellesfinissentparentrerdanslachaînealimentaire.Aucoursdel’API,plusieursétudesontconsidérélesliensentrelaglacedemeretletransportdescontaminants.Dansl’unedecesétudes,onaexaminédestrousdeforagepercésdanslaglace,pourdégagerlesliensentrelespesticidesorganochlorés,commeleHCH(hexachlorocyclohexane),etlescarac-téristiquesphysiquesetthermodynamiquesdelaglacedemer.Lesscientifiquesontdéterminé

quelesniveauxdeHCHprésentsdanslasaumureexcédaientlaconcentrationd’eausouslaglacepar un facteur de trois, ce qui laisse supposer que l’écosystèmehypersalinétaitetestencoreceluiquiestleplusexposéauxHCH.

nouvelles règles pour les habitants du nord Outre leurs observations scientifiques, les chercheursquionttravailléàl’étudesurlechenalde séparation circumpolaire ont consulté les habitantsdel’Arctiquepourexploiterleursavoirtraditionnel et le résultat de leurs observations delaglacedemer.OnademandéauxInuvialuits(Inuitsvivantdansl’Arctiquecanadienoccidental)dePaulatuk,SachsHarbouretUlukhaktok,danslesTerritoiresduNord-Ouest,deconsignerleursconnaissancessurlaglacedemeretlesfacteursquiamènentleschangements. Danstouteslescollectivités,laconstatationlapluscourantesignaléeparlespersonnesinterrogéesétaitladiminutionduvolumedeglacedemeretl’augmentationdeseauxlibres.Pendanttoutl’hiverlesgensavaientnoté,entreautres,l’expansionetl’accroissementdesbassinsd’eaulibre qui au cours des années antérieures étaient habituellementgelés.Onconstateaussiquemaintenantleseauxlibressontplusprochesdesrivages.LesgensdeSachsHarbourontremarquéquelapriseenglaceseproduitàpeuprèsunmoisplustardqu’ilyavingtoutrenteans.Enoutre,ilsontditauxchercheursdel’APIqu’ilsnesesententplusensécurités’ilsveulentallerloinsurlaglacedemer,danslegolfed’Amundsen. Lesrésidantsdetoutl’Arctiquecanadien,sontconfrontés à une nouvelle réalité : les amoncelle-mentsdemorceauxdeglace,laglacerugueuseetleseauxlibressontdeplusenplusmenaçants.Cesgensserontforcésdemodifierlesitinérairesqu’ilssuiventdepuislongtempsoudemettrefinàleursdéplacementssurlesglaces.Leurcapacitédes’adapter, qui a été fort vantée, sera sérieusement mise à l’épreuve dans les années à venir.

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les scientifiques recueillent des échantillons de glace de mer. on dirait qu’ils travaillent sur une « feuille de nénuphar ».

la suite? Les constatations des études sur la glace de mer menées durant l’API occuperont grandement les scientifiques et les responsables des politiques, dans tout le Canada. Les résultats pourront être intégrés aux études de modélisation qui suivent le mouvement des glaces de mer et servir à évaluer l’impact d’une couverture de glace de plus en plus mobile sur la présence de nutriments et de polluants dans la région de la mer de Beaufort. Cela pourrait avoir des conséquences sur l’exploitation des ressources renouvelables et non renouvelables, la navigation et la souveraineté dans l’Arctique. Et que signifieront la diminution de la glace de mer et l’amincissement de la couche de glace pour les populations côtières du Nord? L’augmentation des ondes de tempêtes pourrait accélérer l’érosion des côtes, ce qui nuirait aux pêches et aux activités de récolte. Les changements en ce qui concerne les périodes de formation et de dislocation des glaces de mer auront des conséquences sur la sécurité et l’efficacité des moyens de transport pour les résidants et les chasseurs. Les gens du Nord devront trouver des stratégies d’adaptation.

études canadiennes de l’api dans ce domaine« L’Étude sur le chenal de séparation circumpolaire »; chefdeprojet:DavidBarber,

UniversitéduManitoba

«Production océanique de gaz à l’état de traces dans l’Arctique et répercussions sur le climat »; chefdeprojet:MauriceLevasseur,UniversitéLaval

« Le cycle du carbone dans la marge continentale arctique et subarctique du Canada »; chefdeprojet:CharlesGobeil,UniversitéduQuébec

« Répercussions des orages violents de l’Arctique et des changements climatiques sur les zones côtières »;chefdeprojet:WilliamPerrie,PêchesetOcéansCanada

« Effets des changements climatiques sur les cycles des nutriments et du carbone dans l’océan Arctique »; chefdeprojet:RogerFrançois,UniversitédelaColombie-Britannique

« Courants océaniques du Canada arctique »; chefdeprojet:HumfreyMelling,PêchesetOcéansCanada

« Les trois océans du Canada – C3O »; chefdeprojet:EddyCarmack,PêchesetOcéansCanada

« Variabilité naturelle du climat et forçages climatiques dans l’Arctique canadien et dans l’océan Arctique »; chefdeprojet:AndréRochon,UniversitéduQuébecàRimouski

Glace de MeR | 19

CryosphèreQu’est-ce qui se passe quand le pergélisol dégèle?

un glacier de l’île de Baffin recule en raison du réchauffement du climat.

principales constatations• Pourlacryosphèrearctique(zonesde

neige, de glace et de sol gelé), la période de l’API a marqué l’accélération de tendances déclenchées au cours des décennies précédentes : réchauffement du pergéli-sol, réduction de l’étendue et de la durée de la couverture de neige; réduction de l’étendue des glaces de mer en été; dimi-nution accrue de la masse des glaciers et amincissement et dislocation des plates-formes de glace restantes au Canada.

• Lacouverturedeneigedansl’Arctiquedi-minue graduellement parce que la neige fond plus tôt au printemps. Depuis 1967, l’étendue de la couverture de neige sur tout le continent arctique en juin a diminué de 46 pour cent.

• DanstoutleNordcanadien,lepergélisols’estréchauffé. La température annuelle moyenne du sol en milieu pergélisolé a augmenté dans des proportions allant jusqu’à 0,2°C par dé-cennie depuis le milieu des années 1980 dans

lavalléeduMackenzie,0,8°Cpardécen-nie depuis le début des années 1970 dans tout l’Arctique occidental et environ 1°C par décennie depuis les années 1990 dans l’Arctique oriental et l’Extrême-Arctique.

• D’aprèslessimulationsmodélisées,lafonte des glaces et de la neige se produira plus tôt au printemps, et les glaces se formeront plus tard à l’automne.

Lesétudes(indicesobtenusallantdescarottesdeglacejusqu’auximagesdesatellites)montrentquel’Arctiqueestentraindeperdrelescaractéristiquesquirendentlarégionaussidistincte.Laneige,lesplates-formesdeglace,lesglaciersetlepergélisolduNordperdenttousduterrainàcauseduchangementclimatique. Qu’onnes’yméprennepas:l’Arctiqueseréchauffe.Aucoursdesvingtdernièresannées,lestempératuresannuellesmoyennesdanslesolgelédel’Extrême-Arctiqueontaugmentédeprèsde1°Cpardécennie.Ilyamaintenantunemoinsgrandequantitédeneigesurlesolauprintempsetaudébutdel’été;depuis1967,lacouverturedeneigeenjuinadiminuédeprèsdemoitié.AuYukon,lesglaciersrétrécissentàcausedesétéspluslongsetpluschauds.Desplates-formesentièresdeglace—éléments flottants dont l’épaisseur peut atteindre 50mètres—sesontvolatiliséesaulargedel’îled’Ellesmere. Lesétudescanadiennesdel’APIvisaientàprésenter un instantané de l’état actuel de la

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cryosphère,pourquelesspécialistespuissentcomprendreleschangementsdesépoquespasséeset avoir une base de référence devant servir au suivi desfuturschangements.Lacryosphère,l’unedesprincipalescomposantesdel’écosystèmearctique,peutêtren’importequellesurfacegelée,ycomprislaglaced’eaudouce,lesglaciers,lesinlandsis,laneigeetlepergélisol.Entermesdemassetotaleetdecapacitéthermique,lacryosphèreestledeux-ièmemoteurduchangementclimatiqueàl’échelleplanétaire,venantaprèslesocéansdumonde. L’étatdelacryosphèreinfluesurlacirculationocéanique,lesmilieuxd’eaudouceetlafaune.Exemple:l’hydrologiedesurfaceetdesubsur-facepeutêtreaffectéequandlepergélisol—unecouchedesolouderochesquirestegeléetoutel’année—fondsuiteauréchauffement.Lafontedesglacierscontribueàl’élévationduniveaudesmersàl’échelleplanétaire,élévationquimenaceleszonescôtièresetlesîlesdumondeentier.Bonnombred’organismesdel’Arctiquesesontadaptésàlaviedansunenvironnementdeglaceetdeneige.Lephoqueetl’ourspolaire,parexemple,

dépendentdesglacesdemerpoursereproduire,senourriretsuivreleurshabitudesmigratoires.Laglaced’eaudouceinfluesurlacroissancedesalgues,labaseduréseautrophiqueaquatique.

depuis les trous de forage jusqu’aux satellites Leschangementsdelacryosphèrepeuventserenforcerd’eux-mêmes.Pensezàlaneigeetàlaglace.Lesdeuxreflètentlalumièresolaire.Donc,quand l’élévation des températures de l’air à la surfacefaitdiminuerlacouverturedeneigeetdeglace,lasurfaceducontinentarctiqueabsorbeplusdechaleur.Celaaccroîtlafontedelaneigeetdelaglace,quifaitaugmenterl’absorptiondelalumièresolaire, et ainsi le cycle se poursuit. Poursurveillerleschangementsdanslacryosphère,leschercheurscanadiensquionttravailléauxétudesdel’APIontsuiviuneapprocheà facettes multiples. Leurs opérations sur le terrain

ont été combinées à la télédétection par satellite. Ils ont établi des sites de surveillance terrestre et utilisédesmodèlespourfairedesprévisionssurleschangementsfuturs. Lesétudessurlacryosphèrenécessitentlerecoursàdenombreusesméthodesdesurveil-lance.Lemeilleurmoyendesonderlepergélisol,parexemple,estunexamenauniveaudusol,carilestdifficiled’estimerleschangementsdelatempératuredusolàpartirdesimagesdesatellites.Leschercheursdesgouvernementsetdesuniver-sités ainsi que les collectivités du Nord ont établi denouveauxsitesdesurveillancedupergélisoldanstoutl’Arctiquecanadien.Àchaquesite,onapercédestrousdevingtmètresdeprofondeurenmoyenne,etdescâblesdetempératurereliésàdesenregistreursdedonnéesontétéinstalléspourenregistrerlatempératuredusol,àdiversesprofon-deurs.Actuellement,latempératuredupergélisolestmesuréedansenviron170trousdeforage.

July 17, 2008

aug. 18, 2008

april 1, 2008 aug. 15, 2008 aug. 15, 2008

au cours de l’api, les chercheurs ont suivi la désintégration de la plateforme de glace flottante Ward Hunt. en haut, les images satellites illustrent l’ampleur de la perte au cours d’un mois (en rouge, tracé initial de la plateforme de glace). en bas (de gauche à droite), on découvre une grande fissure au printemps; vue aérienne du front de désintégration de la plateforme de glace; l’arrière de la plateforme, qui se rompt.

Les gens du Nord mettent à profit les connaissances acquises résultant des études de l’API.

cRYospHÈRe | 21

À tous les sept à dix jours, on a établi une cartographie des glaces à l’aide des données du satellite RadaRsat, aux fins de la sécurité du transport sur les cours d’eau pour les résidants de Kuujjuaq. les eaux libres sont en bleu; la glace rugueuse, en tons de rouge.

Unautreprojetdel’APIétaitl’analysedecarottesdeglace,delongséchantillonsdeglaceverticauxprésentantdespreuvesqueleclimatavariédansl’Arctiquependantdesmilliersd’années.Lescarottesdeglaceontaidéleschercheursàacquérirdenouvellesconnaissancessurlesphénomènesclimatiques du passé et à déterminer, entre autres,lespériodesoùl’Arctiqueétaitpluschaud. Pourdenombreuxscientifiques,letravail a été un test d’endurance. Lors d’uneétudemenéeen2007,uneéquipedechercheurscanadiensetaméricainsatraversél’Arctiqueenmotoneigesurunedistancede4200kilomètres,pourpouvoirmesurerlacouverturedeneigedansunerégionoùonn’avaitjamaisprélevéd’échantillons.

les Rangers à la rescousse LesRangerscanadiens,desréservistesduNordquis’entraînentaveclesmembresdesForcescanadiennes,sesontjointsauxscientifiquespourallerdansdesrégionsfigurantparmilespluséloignéesdel’Arctique.DesexpertsduNunavut,duYukonetdesTerritoiresduNord-Ouest,quiontfaitdesobservationsetpartagéleursavoirtraditionnel,ontintégrédestravauxsur le terrain à leur patrouille annuelle. Ils ont,entreautres,utiliséungéoradarpourmesurerlesplates-formesdeglacedel’îled’Ellesmeredontlasuperficieetlevolumeontétégrandementmodifiésaucoursdeladernièredécennie. Plusieursprojetsontétémisenbranle pour combler les besoins en informationsignalésparlesgensduNord.AuNunavik(larégionarctiqueduQuébec),lesopérationsdecartographiedesglacesfluvialesontétémenéesaveclacollaborationdesgensdeKuujjuaq.Au

coursdelaréalisationduprojetétalésurdeuxans,onaélaborédescartesglaciairesàchaquepériodedeseptàdixjours,àl’aide de données du satellite canadien de l’observationdelaTerreRADARSAT,afindegarantirlasécuritédesdéplacementssur les cours d’eau pour les membres delacollectivité.Chaquesemaine,leslocalitéscôtièresdel’Arctiquecanadienrecevaientdescartesbaséessurdesimagesdusatellitequimontrentleslignesdedélimitationentrelesglacesdemeretleseauxlibres.CetteinformationaaidélesgensduNordàs’adapterauxchangementsdansl’étatdesglaces. L’adaptation est devenue le mot d’ordre desgensduNord.Lesdéfisvarient.Ilimporte,entreautres,designalerquec’estsouventsurlepergélisolqu’onérigelesinfrastructuresdansl’Arctique.Lespopulations du Nord dépendent du sol gelé,desrivières,deslacsetdelaglacedemerpourleursdéplacementsetlachasse.Commechaqueannéeilestplusdifficilede faire des prévisions sur la couverture de neigeetdeglace,cesactivitésdeviennentplusdangereuses. Il faut aussi prévoir les implications pour l’exploitationdesressourcesnaturelles,carlesroutesdeglaceassurentl’accèsessentielauxsitesd’explorationetpermettentle réapprovisionnement des centres de productiondemineraietd’hydrocarbures.DanslesTerritoiresduNord-Ouest,lesmines qui dépendent des routes de glacedevrontraccourcirlespériodesd’approvisionnement des sites miniers enhiver.L’industriepétrolièreetgazièreaulargedescôtespourraitfairefaceàdegrandsrisquesdecollisionaveclesîlotsdeglacequisedétacherontdesplates-formesdel’îled’Ellesmere.

22 | RappoRt scientifique suR l’année polaiRe inteRnationale : faits saillants canadiens

les scientifiques prélèvent des échantillons de sol pour en apprendre davantage sur le pergélisol.

la suite? Les résultats de la recherche sur la cryosphère effectuée au cours de l’API seront utilisés durant les prochaines années pour suivre à la trace les changements dans les caractéristiques de la neige et de la glace, d’un bout à l’autre de l’Arctique. Les données recueillies sur les sites de surveillance, les modèles des changements de température au fil du temps et les images captées par satellite sont offerts aux décideurs, aux planificateurs et aux groupes des collectivités dont le développement, l’infrastructure et l’activité sociale sont étroitement liés à l’état de la cryosphère. Des efforts soutenus pour l’observation exhaustive de tous les éléments de la cryosphère sont nécessaires si l’on veut comprendre les réactions aux changements climatiques planétaires, savoir comment ces changements affecteront les écosystèmes terrestres, aquatiques et marins, et faire en sorte que les gens et le développement, dans le Nord, soient moins vulnérables face à l’incertitude due aux bouleversements climatiques.

études canadiennes de l’api dans ce domaine « Variabilité et changement dans la cryosphère canadienne »;

chefdeprojet:AnneWalker,EnvironnementCanada

« Changement environnemental dans l’Extrême-Arctique, selon les carottes de neige et de glace »,chefdeprojet:JocelyneBourgeois,RessourcesnaturellesCanada

« Mesure de l’impact des changements climatiques sur les pay-sages et les réseaux hydriques de l’Extrême-Arctique »;chefdeprojet:ScottLamoureux,UniversitéQueen’s

« Conditions du pergélisol et changements climatiques »;Proj-ectleader:AntoniLewkowicz,Universitéd’Ottawa

« Réponse dynamique des glaciers arctiques au réchauffement planétaire »;chefdeprojet:MartinSharp,Universitédel’Alberta

cRYospHÈRe | 23

Écosystèmes marinsDémêler les fils d’un réseau de richesses et de complications

des belugas se rassemblent dans les eaux de l’arctique.

principales constatations• Surdenombreuxpoints,labiodiversité

du milieu marin arctique est comparable à celle des écosystèmes du Pacifique et de l’Atlantique. Mais vu l’augmentation des températures dans l’Arctique, les espèces subarctiques se déplacent vers le nord pour rejoindre leur habitat, ce qui risque de perturber le réseau trophique arctique.

• Enhiver,leréseautrophiquemarinde

l’Arctique est plus actif que ce qu’avaient estimé les spécialistes.

• Lereculdelacouverturedeglacedemerdansl’Arctiquedevraitaccroîtrelaproduction primaire du phytoplancton dans les eaux libres.

• L’accroissementdelaproductionprimairefera augmenter la biomasse aux niveaux

supérieursdelachaînealimentaire,ce qui avantagera les collectivités locales qui pratiquent la chasse de subsistance. Mais comme la nuit polaire limite la production primaire pendant la moitié de l’année, l’écosystème ne favorisera probablement pas les pêches commerciales à grande échelle.

Ontrouvedansl’Arctique24des125espècesdemammifèresmarinsdumonde.Bonnombredecesespèces—ourspolaire,narval,bélugaetphoqueentreautres—viventdansl’Arctiquetoutel’annéeetsontdesicônesdel’hostileenvironnementpolaire.Comptetenudestempératuresglaciales,de l’obscurité perpétuelle de la nuit polaire et de la lumièrecontinuequ’apportelesoleildeminuit,cesespècesontadaptéleurmanièredechasser,leurshabitudesmigratoiresetleurmodedereproduction. Cetécosystèmemarinestàlabasedumodedevie traditionnel des collectivités du Nord canadien. Bonnombred’entreellespratiquentlachassedesubsistancepours’alimenteretseprocurerpeauxet fourrures. Quesavons-nousdecetécosystème?Noussavonsqu’endessousdelaglacearctique,dansleseauxlibresentrelaterreetlaglacedemeretenborduredesplates-formesdeglace,lemilieumarinestfaçonnéparlalumièresolaire,latempératuredel’eau,lefluxdenutrimentsetlesphénomènesatmosphériques.Maisnousensavonsmoinssurladiversitédesespècesquiviventsouslaglace,

24 | RappoRt scientifique suR l’année polaiRe inteRnationale : faits saillants canadiens

notammentàproposdesmicroorganismes,oudel’impactquelaréductiondelaglacedemeraurasurleréseautrophique.Lesétudesdel’APImenéespardeschercheurscanadiensdonnentuneidéeplusclairedecequisepasseendessousdelaglacede mer et de la façon dont cette activité se réper-cutesurcequiestvisibleàlasurfacedel’Arctique.

les puissants producteurs du monde marin Laviesurterredépendpresqueentièrementdelacapacitédesmicroorganismesetdesvégétauxàpurifierl’airetàconvertirlescomposéschimiquesenformesorganiquesutilisablesparlesautresespèces.C’estlamêmechosepourleréseautro-phiquearctiquequisenourritdel’activitédespro-ducteursprimaires.Ceux-cicomprennentlesalguesprésentesdanslaglaceainsiquelephytoplancton(microorganismesquiutilisentlalumièresolairepourproduirelecarboneorganiquedontd’autresorganismestirentleurénergie).Lezooplanctonconsommelephytoplancton,alorsquelespoissonssenourrissentdezooplancton.Etcesdernierssontlaproiedesplusgrosorganismes,commelesmam-mifèresmarinsetlesoiseauxmarins. C’estlàunexemplesimpled’unechaînefaisantpartieduréseautrophiquemarindel’Arctique,quin’estabsolumentpaslinéaire.Lesgrosmammifèresmarins,parexemple,commelesépaulards,peuventsenourrirdephoques,alorsquelescétacésàfanons,comme les baleines boréales, se nourrissent de grandesquantitésdeplancton.Maislesmammifèresmarins dépendent, directement ou indirectement, del’énergiequiesttransféréeduphytoplanctonàlabasejusqu’auzooplanctonetaupoisson. Lesécologistesparlentdel’efficacitéduréseau

trophiquepourindiquerlaquantitéd’énergietrans-féréequandunniveaudelachaînealimentaireconsommeunniveauinférieur.L’efficacitédépendbeaucoup de la qualité des nutriments disponibles àchaqueniveauetdelaproportiondecesnutri-ments qui passe au niveau supérieur. Pourdéterminerl’efficacitéàdiverspointsdansl’Arctique,leschercheurschargésdesétudesdel’APIontsurveillélaproductivitéprimairedanscertaineszonesprèsdelalisièredesglacesqui,d’aprèslesexperts,sontdesmodèlesmontrantcequelaréductiondelacouverturedeglacedonneraà l’avenir. La science arctique s’est tournée vers un autremoyen;onarecouruàlatélédétectionpourmesurer la productivité primaire à la surface de l’océanlibredeglaces.Commecettetechnologie

satellitaire ne permet pas de détecter la productiv-itéàquelquesmètressouslasurface,lesprojetsdel’API,notammentLestroisocéansduCanada(C3O)etl’Étudesurlechenaldeséparationcircumpolaire,ont réalisé des mesures plus détaillées pour dé-tecterl’activitéduréseautrophiquedansdiversespartiesdel’Arctiquecanadien. LeprojetC3O,parexemple,anécessitél’utilisationdedeuxbrise-glacesdelaGardecôtièrecanadiennequi,durantlesdeuxétésarctiques,ontparcouruautotalunedistancede15000kilomètrespourquelesspécialistespuissentexaminerlesliensquiexistententrel’ArctiqueetlesocéansPacifiqueetAtlantiquesubarctiques.Ainsileschercheursquiontcouvertuneaussigrandedistance et amarré leurs appareils de mesure à des

les scientifiques installent un piège à sédiments dans le cadre de recherches sur les processus écologiques marins.

écosYstÈMes MaRins | 25

nombre de microorganismes, par exemple les amphipodes, jouent un rôle important à la base de la toile alimentaire dans l’arctique.

endroitscruciauxontpucomparerlastructurephysique,chimiqueetbiologiquedesocéanssurtoute la distance et pendant plusieurs saisons.

comprendre les complexités du réseau trophique à partir des profondeurs Lesalguesprésentesdanslaglaceetlephyto-planctonontbesoindelumièreetdenutrimentspour survivre et se développer. Ils obtiennent ce dontilsontbesoingrâceàunécosystèmetrèsdy-namique. Les nutriments produits dans les profon-deursdesocéanss’élèventàlasurface,oùilyaplusdelumière,selonunprocessusderemontéedeseaux.Ceprocessusestengrandepartierégiparlescourantsdusauxvents.Vulereculdelacouverturedeglacedemer,lesventsferontremonterleseauxplussouventàcertainsendroits,cequiaugmenterala production primaire à la surface.

Ilpourraitbiennepasyavoird’autresavantages.Lesétudesdel’APImontrent,entreautres,quel’augmentationdelaproductionprimaireàlasurfacepourraitprofiterseulementauxespècesquiviventprèsdelasurface.L’énergiesupplémentairegénéréeparl’augmentationduphytoplanctonpourrait ne pas circuler vers le fond des océans comme elle le devrait. Danscertainespartiesdel’écosystèmemarinarctiqueoùiln’yapasderemontéedeseaux,l’échangedenutrimentsquidevraientêtrepous-sésverslesprofondeursestlimité.Celaseproduithabituellementquandleseauxpluschaudes,moins salées, remontent à la surface alors que les eauxplusfroidesetplussaléesseprécipitentverslebas,etquandladifférenceestassezextrêmepourempêcherlegrandmixagedesnutriments.Laréductiondelacouverturedeglacedemer,uneré-alitépourl’Arctiquededemain,neferaqu’accélérer

Le réseau trophique marin de l’Arctique renferme un bien plus grand nombre d’espèces et est beaucoup plus actif que ce qu’on croyait, quand les eaux sont couvertes de glace.

ceprocessus.C’estlàunebonnenouvellepourlephytoplancton,lesalguesetlezooplanctonquidevraientdéplacerlesplusgrandesespècesquiactuellementtransfèrentl’énergieverslesniveauxsupérieurs.Maiscechangementpourlespetitsproducteursprimairesentraîneradeschangementsdanslerégimealimentairedesespècesconstituantlesplushautsniveauxdelachaînealimentaire. Lesétudesdel’APIbrossentuntableauimpres-sionnantdel’adaptationdemicroorganismescommelephytoplanctonandzooplancton.Etsur-tout,leschercheursontconstatéqueleréseautro-phiqueestbeaucoupplusactifquecequ’oncroyaitquandleseauxsontcouvertesdeglace.Celalaissesupposerquelesmicroorganismessinécessairesàlaproductionprimaires’adaptentparfaitementauxconditionschangeantesdeleurenvironnement.

suivre les changements dans le monde marin vu d’en haut Nombred’étudesdel’APIsurl’écosystèmemarin visaient à faire comprendre ce qui se passe endessousdelaglacedemer.L’undesprojets,Leréchauffementdelaplanèteetlesmammifèresmarinsdel’Arctique,aexaminéselonuneapprochedescendantelafaçondontlechangementclimatiqueaffectelarépartitiondesmammifères

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marins et leur abondance. Pourrecueillirdeséchantillons,lesscientifiquesontcollaboréavecdeschasseursdesubsistanceduNord,dansleslocalitéssuivantes:Arviat,Sanikiluaq,Naujaat,IglooliketPangnirtung.Enoutre,ilsontétablidessystèmesdesurveillancedanslescollec-tivitéspourquelesgensduNordpuissentparticiperàl’observationdeschangementsdanslenombredeprédateursenboutdechaîneetleurcomporte-ment. Les données obtenues dans le cadre de ce projetontétécombinéesauxconstatationsd’autreschercheurs,dontceuxd’ungroupequitentaitdedéterminersi,dansl’Arctique,lesépaulards—deplusenplusprésents—pouvaientconcurrencerlesnarvals,lesbélugasetlesbaleinesboréalesouêtreleursprédateurs.Leschercheursn’ontpasencorean-noncé les résultats de leurs études, mais ils ont établi desprogrammesdesurveillancepourobserverlesfuturschangementsdanslesplushautsniveauxduréseautrophiquemarindel’Arctique.

Répartition panarctique à grande échelle de la productivité primaire, recueillie dans le cadre du projet de l’api « les trois océans du canada ». les points représentent les stations d’échantillonnage.

la suite? Les chercheurs canadiens qui ont travaillé aux études de l’API ont recueilli des données de base sur des facteurs comme la concentration en oxygène, la salinité et les propriétés chimiques de l’eau. Ces données seront des renseignements essentiels aux fins de référence au fur et à mesure du suivi des changements dans la couverture de glace de mer. L’un des éléments de l’écosystème marin auxquels s’est intéressée l’étude du chenal de séparation circumpolaire est l’échange de nutriments entre les eaux de surface et les profondeurs de l’océan, où la lumière ne pénètre pas et la production primaire est limitée. Les chercheurs ont trouvé des régions où l’échange de nutriments est efficace, mais il faudra faire d’autres études pour confirmer leurs constatations. Les futures études examineront les niveaux supérieurs du réseau trophique. Certaines s’intéresseront aux effets du changement de climat sur l’habitat et l’aire d’alimentation des baleines boréales, pour déterminer à quel point les baleines peuvent tolérer les changements environnementaux et l’activité humaine. Elles examineront aussi l’impact des épaulards, qui devraient concurrencer d’autres animaux, comme l’ours polaire, qui n’ont pas de prédateur naturel.

études canadiennes de l’api dans ce domaine « Les trois océans du Canada – C3O »;chefdeprojet:EddyCarmack,

PêchesetOcéansCanada

« Le réchauffement de la planète et les mammifères marins de l’Arctique »;chefdeprojet:SteveFerguson,PêchesetOcéansCanada

« L’étude du chenal de séparation circumpolaire »;chefdeprojet:DavidBarber,UniversitéduManitoba

« Effets des changements climatiques sur les cycles des nutriments et du carbone dans l’océan Arctique »;chefdeprojet:RogerFrançois,UniversitédelaColombie-Britannique

« Comment les oiseaux marins peuvent aider à détecter les variations des écosystèmes de l’Arctique »;chefdeprojet:WilliamMontevecchi,UniversitéMemorial

« Variabilité du climat et répercussions du changement climatique sur l’omble chevalier dans l’Arctique » chefdeprojet:JamesReist,PêchesetOcéansCanada

« Détermination de l’alimentation du requin du Groenland dans un Arctique en pleine évolution »;chefdeprojet:AaronFisk,UniversitédeWindsor

écosYstÈMes MaRins | 27

Écosystèmes terrestresÇa pousse à vue d’œil dans la toundra

la végétation de la toundra ouverte colonise un complexe de dunes.

principales constatations• Lavégétationdelatoundraarctiqueau

Canada a visiblement changé depuis 10 à 30 ans : on constate une expansion générale de la couverture végétale, notamment des arbustes.

• Pourl’avenirprévisible,touslestypesde toundras stockeront davantage de carbone qu’ils n’en rejetteront, même s’il faut signaler de fortes différences entre le Haut-Arctique et le Bas-

Arctique.

• Selonlesmodèlesétablisparleschercheurs, les écosystèmes de la toundra du désert polaire sont ceux qui réagiront le plus au réchauffement, libérantdavantagedegazàeffetdeserre qu’on ne le prévoyait auparavant.

• Àcertainsendroits,laligneforestièreaavancé et s’est densifiée depuis 25 ans.

Detouteslesnationspolaires,c’estleCanadaquipossèdelaplusgrandevariétéd’écosystèmesdetoundra, ce qui n’est aucunement étonnant puisque la toundra couvre le quart de la masse continentale dupays.Prèslelalimiteforestière,latoundraforestièreamorcelatransitionentrelaforêtboréaleetlesterritoiresdominésparlepergélisol.CettezonecèdelaplaceàlatoundraduBas-Arctique,oùlesformesnainesdebouleau(bouleauglanduleux),desaule(sauleherbacé)etdecarexcroissentmodestementlelongdesplaquesdemousseetdelichens.DansleHaut-Arctique,lesdésertspolairessontdominésparunevégétationdezonearide,parexemplelasaxifrage,quis’accrocheauversantsuddesblocsrocheux.Pourtant,danschaquezonedetoundra,onobserveunegrandevariabilité,quidépendsurtoutdelatopographieetdelaprésenceoudel’absenced’humidité. Parcontre,nosconnaissancesdecesécosys-tèmesdemeurentfragmentaires.Pourcomblerleslacunes,danslecadredetouteunesériedeprojetsscientifiquescanadienssubventionnésparl’API,leschercheurssesontattachésàpréciserl’influencededivers facteurs, notamment le climat, sur les écosys-tèmesterrestresduNord.Cesprojetstombaientàpic:depuis1970,lestempératuresmoyennesdanslarégiondelatoundraontaugmentéde1°Cpardécennie,soitparmilesrythmeslesplusrapidesderéchauffementdelaplanète.Leschercheursontétudiélessols,lavégétation,ladynamiquedelalimiteforestièreetlecycleducarbone.Ilsontpuainsidresseruneimagedeschangementsenvi-ronnementauxàpartirdemultiplespointsdevue,delavisionrapprochéeobtenuesurdesparcellesindividuellesauxobservationsobtenuesparsatellite. La modélisation climatique de pointe, le travail

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sur le terrain et les observations des résidants nordiquesdelonguedatepointenttoussurdeuxobservationsessentiellesetauxrépercussionsprofondes:lepergélisolfond,suscitantdescraintesconcernantlalibérationdegazàeffetdeserredansl’atmosphère;deplus,l’Arctique«verdit»,cequiposeàlafoisdesdifficultésetoffredesperspec-tivesauxcollectivitésnordiquesetàlafaune.

La toundra, dans toutes ses diverses formes, couvre le quart de la masse continentale du Canada.

piège à carbone/source de carbone? L’étatdupergélisolauneimportancemondiale.Cettecouchedesolgeléenpermanencecontientdesmilliardsdetonnesdematièrevégétaleetanimale,c’est-à-direducarbonequiyestdemeurépiégépendantdesdizainesdemilliersd’années. L’unedesconclusionsdel’APIestqueprèsdelamoitié de la totalité du carbone présent dans le sol estenfermédanslepergélisol.Queseproduira-t-ilsilacoucheactivedupergélisolfond?Danscertainscas,lepergélisols’enfonceraetdeviendramarécage,tandisquedansd’autressecteurs,onassisteraàuneaugmentationdudrainageetde

l’assèchement.Parcontre,lagrandepréoccupationest que le carbone stocké sera libéré dans l’atmosphèresousformededioxydedecarboneougazcarbonique,produitchimiquequiagitcommepiègethermiqueetjoueunrôledansl’accélérationduréchauffementplanétaire.Lesmodèlespréparésparleschercheurscanadiensgrâceàdesfondsdel’APIlaissentcroirequ’ilpourraitégalementyavoirlibérationdedeuxautresgazàeffetdeserre,leméthaneetl’oxyded’azote. Danslecadred’unautreprojetcanadiendel’API,leschercheursontétudiéàpetiteéchellelecycledu carbone. Ils ont voulu faire ressortir le lien entre leschampignonsmycorhiziens(associésensymbi-oseavantageuseaveclesplantes),lesmicrobesdusoletlesplantesdelatoundraetcherchéàsavoir

de quelle façon ces relations évolueront dans un climatenréchauffement.Ilsontconstatéqueleschampignonsmycorhiziensconstituentdesforcesprimordialesdechangementdansl’écosystèmearctique:àmesurequeseréchauffeleclimat,lesarbustes de la toundra s’associent de plus en plus auxchampignonsmycorhiziensquisespécialisentdansladécompositiondesmoléculesorganiquesdecarbonecomplexestockéesdanslesoldelatoundra.D’aprèslespreuvesréunies,leréchauffe-mententraîneraladécompositiondesréservoirsdecarbone de la toundra arctique. Lesrépercussionsdel’augmentationdesémis-sionsdegazàeffetdeserreprovenantdupergé-lisol pourraient être atténuées par une autre ten-dance incontestable, à savoir que la toundra, dont

une scientifique envoie un jet d’eau vers le ciel tandis qu’elle recueille des échantillons pour une étude de la toundra.

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À dRoite : la glace souterraine entraîne le soulèvement du sol. lacroissanceatoujoursétélente,croîtmaintenant

rapidement.C’étaitl’unedesgrandesconstatationstiréesd’unprojetcanadiendel’API«Incidencedeschangementsclimatiquessurlatoundradel’Arctiquecanadien»(IPEX),quiestlapremièreévaluation approfondie de la toundra canadienne. Leschercheursdel’IPEXontétudiédesimagessatellitairesdelacouverturevégétale,établilelienentre les mesures au sol et les données climatiques etrecueillilesobservationsdesgensduNord. Àpartirdecetravail,ilsontconstatéquele«sig-nalvert»étaitplusfortàlalimitedelatoundraetdelaforêt:lesarbustesatteignentuneplusgrandetailleetlavégétationpasseàunecouverturedebroussaillesdefeuillusetderésineux.Ilressortdesmodèlesélaborésaucoursdel’APIquelavégéta-tion de la toundra se déplace vers le Nord, tout commelalimitedesarbres,desortequeleszonesdudésertpolaireduHaut-Arctiquecommencerontàseparerd’uneplusgrandecouverturevégétale.Tandisquelavégétationserépanddansl’Arctique,

l’augmentationdelavievégétaleagiraitcommepiègeàcarbone,emprisonnantlecarboneaufildela croissance des plantes. Ledébat«piègeàcarboneousourcedecarbone»estcomplexe.Pourvaliderlesthéoriessur la question de savoir comment la toundra réagiraauréchauffement,leschercheursdel’APIontrecueillidesdonnéesàlastationderecherchesurl’écosystèmedelatoundradulacDaring,aucœurdelatoundraarbustive,à300kilomètresauNord-EstdeYellowknife,danslesTerritoires-du-Nord-Ouest.Ilsontétudiélecycleducarbonedanslessolsetl’absorptiondematièresnutritivesparlesplantes,etmesurélaprofondeurdelacoucheactivedupergélisol.Grâceauxrenseignementsrecueillis,ilsontélaboréunmodèled’écosystèmedans le but de prévoir la réaction de la toundra àcertainschangementsenvironnementaux.Letravailsepoursuit,maisd’aprèslemodèledulacDaring,ilsemblequelesignaldeverdissementnes’arrêterapas:laphotosynthèseetlacouverture

debroussaillesparticiperontàuneplusgrandeabsorptiondudioxydedecarbone,pourpiégerànouveau le carbone dans le sol.

Message mitigé sur la limite des arbres Ilexisteunautresigneduréchauffementdel’Arctique,àsavoirlalimitedesarbres,quimarquela fin de la forêt et le commencement de la toundra arctique.Environ40p.100delamassecontinentaleduCanadasesitueau-delàdelalimitedesarbres.Danslecadred’unprojetdel’API,leschercheursontconsignéleschangementsetlesmécanismesdechangementdanslarépartitiondesarbresetdes arbustes dans leur relation avec le climat, se concentranttoutparticulièrementsurlesanneauxde croissance et la taille des arbres. Ils ont constaté une variation importante de la réaction de la limitedesarbresauréchauffement:danscertainsendroits, la limite des arbres s’est remplie et a gagnéendensitéaucoursdes25dernièresannées.

30 | RappoRt scientifique suR l’année polaiRe inteRnationale : faits saillants canadiens

Danslaplained’OldCrow,dansleNordduYukon,ilestimpossibled’ignorerleschangementsdansl’écosystèmeterrestre.TerrenataledelaPremièrenationdesGwitchinVuntut,OldCrowestunevasteterrehumidede5600kilomètrescarrés.Danslecadred’unprojetdel’APIpilotéparlaPremièrenationGwitchinVuntut,onaalliélesméthodesscientifiquesetlesavoirtraditionnelpourétudier,danscetterégion,lasituationpasséeetactuelleenmatièredeclimat,d’hydrologie,depergélisol,decouverturevégétale,sansoublierlafaune et la sécurité alimentaire. Lesobservationsdesanciensd’OldCrowetd’autrespersonnesvivantdanslarégionétaientrévélatrices.Àleursdires,c’estunevéritableexplo-sion de la croissance des arbustes, certaines pistes traditionnelles étant maintenant perdues dans

lavégétation.Enraisondeschangementstouch-antleclimatetlavégétation,certainesespècesfauniquesélargissentleurairederépartition:onpeutvoirl’orignallelongdelaNorthSlope,auborddel’océanArctique.Oncommenceàobserverdesoiseauxetdesinsectesqu’onn’avaitjamaisvusdanslarégion.Poursaisirdavantagederenseigne-ments de ce type dans les années qui viennent, les responsablesduprojetdel’APIàOldCrowontcrééunsystèmedesurveillancecommunautairedesécosystèmesterrestresetaquatiquesdelarégionetcelegscontinueraàdonnerdesrésultats. Danslamêmeveine,dansl’Estdel’Arctique,ona préparé le terrain pour que la collectivité effectue une surveillance permanente de l’environnement. Aucoursdel’API,leschercheursdel’IPEXontétablidesprogrammesavecleconcoursdesancienset

desélèvesdusecondairedansnombredecollec-tivitésduNunavik,larégiondesInuitssituéedansleNordduQuébec.Ilsontinterviewédesancienspour préciser ce qu’ils savaient par tradition et par expériencedespetitsfruitsrécoltéscouramment,poursavoiroùilsétaientcueillisparlepasséetac-tuellement.Leschercheursdel’IPEXontégalementrencontrédesétudiants,leurenseignantcommentmenersurleterraindestravauxscientifiquesdebase. Les étudiants ont été ensuite invités à surveiller la récolte des petits fruits et certaines variables environnementalescommelesprofilsdelavégéta-tionetdelaneige.Lesétudiantsontégalementeulapossibilitéd’interviewerlesancienseux-mêmesconcernant la récolte de petits fruits. À l’automne de 2012,l’initiativeserainscriteauprogrammed’étudesdes écoles secondaires du Nunavik.

la suite? Les recherches menées au cours de l’API ont fait ressortir la nécessité d’acquérir une connaissance plus ap-profondie des écosystèmes du pergélisol. Quel sera le destin de la couche active du pergélisol, dans un Arctique en voie de réchauffement? Quelles sont les dif-férences entre le pergélisol riche en glace —quiestàl’originedeformesterrestresuniques comme les pingos, et le simple sol pierreux? Les modèles d’écosystèmes de la toundra, par exemple celui établi à partir des observations menées au lac Daring, doivent être poussés plus loin et reproduits ailleurs. En raison des diverses questions environnementales et sociales découlant du réchauffement de la planète, les scientifiques ont hâte de mieux comprendre les conséquences du cycle du carbone dans le pergélisol et du verdissement de l’Arctique pour l’écologie de l’Arctique.

études canadiennes de l’api dans ce domaine« Incidence des changements climatiques sur la toundra de l’Arctique canadien »;chefdeprojet:Greg

Henry,UniversitédelaColombie-Britannique

« Yeendoo Nanh Nakhweenjit K’atr’ahanahtyaa : changement environnemental et activités traditionnelles dans la plaine d’Old Crow »;chefdeprojet:ShelGraupe,PremièrenationdesGwitchinVuntut

« Répercussions du déplacement de la limite des arbres de l’Arctique »;chefdeprojet:KarenHarper,UniversitéDalhousie

« Flux de carbone et dynamique des communautés microbiennes dans la toundra du Bas-Arctique »;chefdeprojet:SuzanneSimard,UniversitédelaColombie-Britannique

« Évolution des forêts et des tourbières le long de la vallée du Mackenzie »;chefdeprojet:JagtarBhatti,RessourcesnaturellesCanada

« Effet des changements climatiques sur le paysage et les réseaux hydrographiques de l’Extrême-Arctique »;chefdeprojet:ScottLamoureux,UniversitéQueen’s

« Le climat et les écosystèmes de toundra alpine dans le sud-ouest du Yukon »;chefdeprojet:DavidHik,Universitédel’Alberta

« Observatoires de recherche polaire pour l’étude de la biodiversité et de l’environnement »;chefdeprojet:PaulHerbert,UniversitédeGuelph

« Biodiversité microbienne des écosystèmes de l’Extrême-Arctique »;chefdeprojet:WarwickVincent,Université Laval

écosYstÈMes teRRestRes | 31

FauneQu’est-ce que les fluctuations des populations révèlent à propos de l’avenir des caribous?

le canada abrite la moitié des hardes de caribou de la toundra migrateurs et on a constaté récemment un déclin dans nombre de ces troupeaux.

principales constatations• Lesscientifiquesestimentquel’Arctique

a perdu 30 pour cent de sa population de vertébrés depuis les années 1990.

• Dansl’ensembledelazonecircumpo-laire, les troupeaux de caribous sont confrontés à des défis planétaires sans précédent dus au changement de climat et à l’expansion industrielle. Vu le milieu particulier où chaque troupeau a évolué,

certains seront plus affectés que d’autres.

• Onestimequ’unguillemotdeBrünnichsurdix a ingéré des déchets en plastique. Ces chiffres résultent du premier constat des effetsdelapollutionparlesplastiqueschezles oiseaux marins de l’Arctique canadien.

• Habituellement,enuneannéedesprédateursprésents dans la toundra, comme le harfang

des neiges et le renard arctique, peuvent parcourirdetrèsgrandesdistances—qui couvrent notamment des habitats terrestres et marins. Pour les petits mammifères de la toundra, la qualité de l’habitat dépend beaucoup de la profondeur de la couche de neige. Une épaisseur de plus de 60 centimètres offre l’habitat idéal.

Les scientifiques estiment que depuis les années1990l’Arctiqueaperdu30pourcentdesesvertébrés—poissonsd’eaudouceetdemer,oiseauxmarinsetmammifèresterrestresetmarins.Leschercheursquiontbénéficiédescréditsdel’APIonttravailléfortpourcomblerleslacunesenmatièrederenseignements-clésettrouverlesraisonspourlesquellescertainesespècesarctiquessont en déclin alors que d’autres se maintiennent ouprospèrent. Durantlesannéesd’exécutiondestravauxdel’API,lesspécialistessesontbeaucoupintéressésaucaribou.Celan’ariendesurprenant:leCanadaabritelamoitiédestroupeauxdecaribousmigra-teursquioccupentlatoundradanslemonde.Bonnombredecestroupeauxontdiminuédernière-ment,cequireflètesansdouteuncyclenaturel. Lesuividestroupeauxdecaribousaétéeffectuédediversesfaçons:danslenord-ouest,onafaitlecompteàpartirdephotographiesdesrassemble-mentsd’animauxaprèslasaisondemisebas.Danslenord-est,onacomptélestroupeauxquandlesfemelles retournaient dans leurs aires de mise bas

32 | RappoRt scientifique suR l’année polaiRe inteRnationale : faits saillants canadiens

attaché bien au-dessus de l’océan, un chercheur recueille des échantillons d’une colonie de guillemots.

traditionnelles.D’aprèsleschercheurs,lenombredetroupeauxs’estaccruentrelesannées1970etlesannées1990,puisiladiminuédurantlapre-mièredécennieduvingtetunièmesiècle.D’aprèsleschiffresrécents,lestroupeauxsemblentserétablir.Maislesstatistiquesvarientconsidérable-mentd’untroupeauàl’autre,cequisignifiequ’ilfaut compiler les données sur de multiples trou-peauxpouravoirunevued’ensembledelatailledes populations de caribous. Cernerlescausesdudéclinestuneopérationdélicate, car les cycles des populations de caribous couvrentunepérioded’aumoins50ans.Vuceslonguespériodes,ilestdifficilededéterminersiunchangementdanslespopulationsdecaribousfait partie d’un processus de cycles naturel, et dans quelle mesure des facteurs comme la destruction deshabitatsinterviennent.Pourlesscientifiquesetlesgroupespréconisantlapréservation,lesétudes

àlongtermequiassurentlesuividespopulationsdecaribousfournissentdesrenseignementsde base pouvant servir de référence pour la comparaisondeshaussesetdesbaisses.

On a constaté qu’un guillemot de Brünnich sur dix avait ingéré des déchets en plastique.

Mammifères, poissons et oiseaux de l’arctique : les plus récentes tendances Danslecadredeplusieursprojets,leschercheursdel’APIontexaminélesrésultatsd’étudessurlasurveillancedelafaunemenéesaucoursdes30dernièresannéesderéchauffementarctique.Leprojetsurleréchauffementdelaplanèteetlesmammifèresmarinsdel’Arctique,parexemple,financésurlescréditsdel’API,ainstaurédanslescollectivitésduNorddesprogrammesdesurveillanceaxéssurlesprédateursenboutdechaîne.Desespècescommelesépaulards,quin’ontpasdeprédateursnaturels,exercentun

effetdescendantsurl’écosystème.L’abondanced’épaulards,notéeparleschasseursinuitsetconfirméeparleschercheursdel’API,constitueunemenace pour les baleines dont ils font leur proie. Silespopulationsdebaleinesboréales,debélugaset de narvals diminuent à cause de la prédation, leursproiessemultiplient.Leschercheursontétabli une base de données qui tient compte des relevés d’épaulards vus et inclut des données du systèmed’informationgéographique.Àcettebasededonnéess’ajoutentlesrenseignementsrecueillislorsdesentrevuesavecdesaînésetdeschasseursdesonzelocalitésduNunavut. Danslamêmeveine,leprojet«Écosystèmespolairesentransition»amissurpieddesprogrammesdesurveillancedansleslocalitéspourlesétudessurlesourspolairesquis’attachentàleurrelationprédateur-proieaveclesphoquesannelésetlesphoquesbarbus.Ilaintégrélesdonnées

faune | 33

d’uneenquêtede20anssurlesourspolaires,durantlaquelleleschercheursontcapturédesours, marqué leurs oreilles et tatoué l’intérieur de leurlèvresupérieureàdesfinsd’identification,puissontretournéschaqueannéepourlescompter.Ilconvient aussi de mentionner les relevés aériens dephoquesetlesétudesdétailléesdestissusetorganesprélevéssurlesbêtescapturéespardes

chasseursdesubsistance. Lesoiseauxmarins,notammentlesguillemotsdeBrünnich,quisereproduisentengrandescoloniessurlesfalaises,relientlesécosystèmesterrestresetmarins—lesguillemotsfontleurnidsurterremaissenourrissentdepoisson.Durantplusieursdécennies,leschercheursontobservélessitesdenidificationdesguillemotsdeBrünnich

dedeuxcolonies.Leursobservationsontfournides précisions sur la relation entre le moment de ladislocationdesglacesmarinesdel’Arctique,auprintemps, et le début de la période de reproduc-tiondesoiseauxmarins.Ellesontaussifournidespistesd’explicationsurlasantédesespècesdepoisson,depuislamoruepolairejusqu’auca-pelan,grâceàl’examendurégimealimentairedesoiseaux.Enoutre,desétudesrécentesfinancéesparlescréditsdel’APIs’intéressaientàlapollutionparlesplastiqueschezlesguillemotsdeBrünnich;lesresponsablesontconstatéqu’unoiseausurdixavaitingérédesdébrisenplastique. Certainsprojetsontexplicitementintégrélaquestionduchangementclimatiqueàleursobser-vations.«Variabilitéduclimatetrépercussionsduchangementclimatiquesurl’omblechevalierdansl’Arctique»,parexemple,tentaitdedéterminerpourquoil’omblechevalier,uneespèceimpor-tante pour la culture inuite, qu’on trouve partout dansleNord,constitueunimportantchaînonduréseautrophiquearctique.Onpeututiliserl’omblechevalierpoursurveillerlesniveauxdecontami-nantsdansl’écosystème.IlexisteégalementunIienétroitentresoncyclebiologiqueetlatempératuredel’eau;l’omblenepeutpaspondresesœufsdansuneeautropchaude. Pourl’omblechevalieretd’autresespècesfauniques,habituellementlatailledespopulationsaugmenteetdiminue,ousuituncycle,selondesmodèlesassezprévisibles.Engénéral,l’effectifouladensitésuitdavantageuncycleauxplushauteslatitudesetdanslessystèmesmoinsproductifs—autrementdit,lacyclicitéestmoindredanslestropiquesetplusgrandedanslatoundradel’Arctique.Unenouvelleconstatationàsignaler:leschercheursdel’APIontremarquéquelescyclester-restresdesvertébrésdel’Arctiquesontcommunsetuniformes, mais qu’il n’en est pas de même pour les vertébrésmarins.Cesespècesontdescyclestrèsvariés:pourcertaines,parexemple,lacourbedescycless’estmodifiéeàlalongue.Lesfuturesétudestenterontdefournirplusd’explicationssurcepoint.

des bélugas s’ébattent en eaux libres près de l’île devon.

À GaucHe : les chercheurs prélèvent un échantillon de sang d’un ours blanc auquel ils ont administré un tranquillisant.

À dRoite : Harfang des neiges.

34 | RappoRt scientifique suR l’année polaiRe inteRnationale : faits saillants canadiens

Relations à long terme Pourmieuxcomprendrecommentlatailledespopulationschange,lesscientifiquesdoiventposséderdesdonnéescouvrantdelonguespériodes.Les études à court terme, de moins de quatre ans engénéral,s’intéressentauxfacteursbiologiquesqui déterminent la dynamique des populations, comme la prédation, les maladies et la disponibilité d’aliments,alorsquelesétudesàlongtermepeuventaussitenircompteduclimat.L’échellespatialeestaussiunfacteur-clé:lesétudeslocalesnetiennentpascomptedediversélémentsd’unécosystèmeetdesliensentrelesécosystèmesterrestresetmarins. Ilimportedeconsidérerlasituationàlongterme

pourévaluerl’impactduchangementdeclimatsur la biodiversité dans le Nord, surtout pour les espècesdontlespopulationssontendéclinetcellesétabliesdepuispeudansl’Arctique.Àmesurequeleclimatseréchauffe,l’habitatdelatoundraestlentementremplacéparunevégétationsubarctique, rendant ainsi certaines parties du NordplushabitablespourlesespècesduSud.Desscientifiques qui travaillaient dans le parc national Sirmilik,danslenord-estdel’Arctique,parexemple,ont étudié la problématique de l’empiétement du renardrouxsurl’habitattraditionneldurenardarctique.Parallèlement,l’abondanced’épaulardss’accroîtdansleseauxdel’Arctique.

principales hardes de caribou au canada.la suite?

Le changement climatique aura des effets en cascade sur l’écosystème arctique, ce qui explique pourquoi les chercheurs recomman-dent une plus grande intégration des projets de surveillance. Cela inclut la combinaison des données des études sur les animaux aux divers niveaux du réseau trophique. La com-pilationdesdonnéessurlazonecircumpo-laire donnerait une perspective mondiale sur la manière dont le changement climatique affecte la biodiversité dans l’Arctique. Les chercheurs font valoir la néces-sité d’étendre les actuelles enquêtes à long terme sur la faune pour mieux comprendre l’historique des populations d’espèces-clés. Un point à signaler : les scientifiques n’ont pas encore intégré aux nombreux modèles de pop-ulations d’espèces les conditions climatiques et les polluants de l’Arctique. D’après les chercheurs, pour tirer le meilleur parti de ces tendances biologiques temporelles, le Canada doitaccroîtrelesmoyensd’archiver,d’extraireet d’échanger les données à long terme, de sorte que l’information puisse être exploitée par les futures générations de scientifiques.

études canadiennes de l’api dans ce domaine« Le réchauffement de la planète et les

mammifères marins de l’Arctique »;chefdeprojet:SteveFerguson,PêchesetOcéansCanada

« Écosystèmes polaires en transition : enquête interdisciplinaire sur les répercussions des changements climatiques sur les ours polaires »;

chefdeprojet:ElizabethPeacock,gouvernementduNunavut

« Comment les oiseaux marins peuvent aider à détecter les variations des écosystèmes de l’Arctique »;chefdeprojet:WilliamMontevecchi,UniversitéMemorial

« Variabilité du climat et répercussions du changement climatique sur l’omble chevalier dans l’Arctique » chefdeprojet:JamesReist,PêchesetOcéansCanada

« Surveillance des répercussions des changements à l’échelle mondiale sur le caribou et le renne sauvage, et liens avec les collectivités humaines »;chefdeprojet:DonRussell,CollègeduYukon

« Changement environnemental et utilisation traditionnelle dans la plaine Old Crow (Nord du Canada) »;chefdeprojet:ShelGraupe,PremièrenationdesVuntutGwitch’in

« Peuples arctiques, culture, résilience et caribou »;chefdeprojet:CindyDickson,ConseildesPremièresnationsduYukon

« Localisation des bélugas dans la région arctique »;chefdeprojet:MikeHammill,

PêchesetOcéans

« Détermination de l’alimentation du requin du Groenland dans un Arctique en pleine évolution »;chefdeprojet:AaronFisk,Université de Windsor

« L’étude du chenal de séparation circumpolaire »;chefdeprojet:DavidBarber,UniversitéduManitoba

« Répercussions des changements climatiques sur les espèces sauvages de la toundra »;chefdeprojet:GillesGauthier,UniversitéLaval

faune | 35

Le bien-être des collectivitésTirer les leçons du passé et planifier l’avenir

dans la plaine d’old crow, au Yukon, les chercheurs ont étudié l’effet du changement climatique sur la vie et les traditions de la première nation des Gwitchin Vuntut.

principales constatations• Selonl’histoireoraleetlesétudes

archéologiques, les gens de l’Arctique ont dû, dans un passé lointain, s’adapter à des changements environnementaux.

• Lafontedupergélisol,ladiminutionde la couverture de glace de mer et les profils météorologiques imprévisibles attribuables au changement climatique ont des répercussions sur la valeur du savoir traditionnel pour la pratique de

la chasse et les déplacements.

• Lechangementclimatiqueetl’augmentation de l’activité industrielle dans le Nord créent un environnement plus propice aux maladies, aux espèces envahissantes et à la propagation des contaminants dans la toile alimentaire.

• Lescollectivitésquidonnentunappuifort aux organisations locales et gouvernementales sont plus à même de s’adapter au changement climatique.

LesAnnéespolairesinternationalesantérieuresseconcentraientpresqueexclusivementsurlessciencesphysiques.L’API2007-2008étaitlapremièrecomportantdesétudespourcomprendrel’influencedeschangementsclimatiquesdanslarégiondel’Arctiquesurlasantéetlebien-êtredeceuxquiyvivent.Lesprojetscanadiensdel’APIdanscedomaineportaientsurnombredethèmes.Danslesétudeshistoriques,ons’estpenchésurlespériodesantérieuresdechangementclimatiquepourchercheràsavoirdequellefaçonlescollectivitésnordiquessesontadaptées;dansd’autresétudes,leschercheursontvoulupréciserl’effetactuelduchangementclimatiquesurlescollectivités nordiques. On a aussi mis au point desoutilsafind’aiderlesgensduNordàs’adapterauchangementclimatiquedanslesannéesquiviennent.

une vieille histoire Ilressortdesétudesarchéologiquesquelescollectivitésdel’Arctiqueontacquisunesommeimportanted’expérienceenmatièredechangementclimatique.Danslecadred’undesprojetsdel’API,onaretracél’influencedel’environnementetdesressourcessurlamigrationdes premiers Inuits, connus sous le nom de peuple deThulé,del’Ouestdel’Arctiqueàl’Estenraisondechangementsdanslesmigrationsdelabaleineboréale.Selonleschercheurs,l’augmentationde la population de baleines boréales et les changementsmigratoiressontdusàunreculdelacouverturedeglacedemeraucoursd’unepériodederéchauffemententre1000et1300denotreère. Leschercheurs,parl’examendessitesarchéologiques,ontpudécelerlamaniéredevie

36 | RappoRt scientifique suR l’année polaiRe inteRnationale : faits saillants canadiens

La fonte des plaques de glace met au jour des indices sur la façon dont les gens de l’Arctique se sont adaptés au changement climatique.

desInuitsquivivaientprèsdeCambridgeBayetdeHallBeachauNunavut,d’InukjuakauNunavik(NordduQuébec)etNainauNunatsiavut(NordduLabrador).Lorsquecessitesserontétudiésplusàfond,ilsfournirontplusd’éclairagesurl’adaptabilitédescollectivitésnordiquesauxépisodesdechangementclimatiquedupassé. Certainschangementsdupaysagearctiqueoffrent des occasions supplémentaires d’études archéologiquesauniveaulocal.LeschercheursduCentrepatrimonialPrinceofWales,àYellowknife(T.-N.-O.)ontétudiélesplaquesdeglace–accumulationsdeneigequi,jusqu’àrécemment,restaientgeléestoutel’année.L’augmentationdestempératuresdansl’ArctiqueentraînelafontedecertainesplaquesdeglacedesmontsMackenzie,mettant à découvert des artéfacts préservés depuis desmilliersd’années.LesarchéologuesontdoncpureconstruirelesmigrationsetlesprofilsdechassedupassédanslesTerritoiresduNord-Ouest.

Lesplaquesdeglacesontdesindicesdespratiquesdechassed’autrefois,enraisondeleurimportancepourlecaribou.Pendantdessiècles,leschasseurssesontmisàl’affûtducaribouauxplaquesdeglace,oùcesanimauxcherchaientref-ugecontrelesmoustiquesetlachaleur.Lerésultatestquecesplaquesdeglacesontdevenuesdesdépôtsdeflèches,d’outilsàpointeeffilée,fûtsdeflèchesetcollets.Onytrouveégalementdufumierdecariboufossilisédontlesbiologistesontextraitl’ADN,dressantainsiuntableaudesprofilsmigra-toiresdupassé.Ilsontégalementanalysélefumierpour y relever les traces de plantes, de pollen, de résidus d’insectes et même de parasites, autant d’indicesaidantlesbiologistesàreconstruirelesécosystèmesdupassé.Enbref,leschercheursdeceprojetdel’APIontétudiéhuitplaquesdeglaceetenonttirédesartéfactsremontantàprèsde5000ans.Ilsontégalementsélectionnédesplaquesdeglacepourymenerultérieurementd’autresétudes.

pour une meilleure capacité d’adaptation Deuxprojetscanadiensdel’API,«Communautésetchangement:adaptationetvulnérabilitédescommunautésdansl’Arctique(CAVIAR)»et«Lesgensdel’Arctique:Culture,adaptabilitéetcaribou»(ACRC)portaientsurl’influenceduchangementclimatiquesurlecontextesocialdescollectivitésdel’Arctique. DansleprojetCAVIAR,leschercheursontadoptéuneapprocheascendanteenpermettantauxcollectivitéslocalesdehuitpaysdel’Arctique,dontleCanada,dedéfinirl’orientationdel’étude.CAVIARaintégréégalementlesavoirtraditionneletlesméthodesscientifiquesafindemesurerlavulnérabilitédescollectivitésauchangementdesconditions sociales et environnementales et de préciser de quelle façon elles s’y adaptent. LeschercheursduprojetCAVIARontconstatéquelechangementclimatiqueestàlafoissource

des chercheurs faisant partie d’une étude archéologique de l’api examinent attentivement des artéfacts sur un site côtier. ces endroits contiennent des indices sur la façon dont les inuits se sont adaptés au changement climatique.

le Bien-ÊtRe des collectiVités | 37

de risques et de nouvelles perspectives pour les collectivitésnordiques,encequiatraitàl’extractiondesressourcesnaturelles,auxactivitéséconomiquesetàlasanté.Ledegrédevulnérabilitévarieentrelesdiversescollectivitésdel’Arctiqueetàl’intérieurdecelles-ci.Cellesdontlesorganismesetlesgouverne-mentsbénéficientd’unsoutiengénéralisésontleplusàmêmedes’adapterauchangementclimatique. LeprojetACRCestuneinitiativeconjointedel’ArcticAthabaskanCouncilduGwich’inCouncilInternational,delanationDéné,del’InuitTapiriitKanatamietdubureaucanadienduConseilcircum-polaireinuit,dontl’objetétaitd’étudierlesréactionsdescollectivitésauxfluctuationsdedisponibilitéducariboudelatoundra.Aucoursdeladernièredécen-nie, on estime que les populations de caribou de la toundra, ressource essentielle pour la subsistance et lasantédesgensduNord,ontconnuundéclinmar-qué,soitjusqu’à85p.100danscertainstroupeaux. L’étudeaétémenéedans16collectivitésde

l’Arctiquecanadien.Leschercheursonttenudesateliersetétudiél’histoireoraleafindeserensei-gner,chezleschasseursdecaribou,lesmeneursdescollectivités,lesgestionnairesdesressources,lesanciens,lesadultesetlesjeunes,ausujetdeleursstratégiesd’adaptationauxcyclesdevariationdes populations de caribou. Ils ont constaté que nombre de collectivités s’adaptent en comptant sur diversalimentsd’écosystèmesdifférents,surdesréseauxsociauxsolidesetsurlaconnaissancedesépisodes antérieurs de rareté du caribou. Danslecadreduprojet«LesInuitsetlaglacedemer:unerelationdynamique»,leschercheursont étudié le rôle d’une autre ressource essentielle, laglacedemer,danslebien-êtredescollectivitésnordiques.Leschangementsdanslacomposition,l’épaisseuretl’étenduedelasurfacegeléeontdesrépercussionssurlesgensdontlestraditionsdedéplacementetdechassesontétroitementliéesàlasurfaceocéaniquegelée.Leprogrammecanadien

financéparl’APIaapportéunecontributionauprojetinternational«SeaIceKnowledgeandUse»(SIKU)etpermisdemettreaupointunatlasinterac-tifendirectsurlaglacedemer.Parailleurs,unautreoutilnédeceprojetestundispositifpeucoûteuxdepositionnementglobalquipeutêtrefacilementinstallésurlesmotoneigesetlestraîneauxafindesuivreleursdéplacementssurlaglacedemer.

épuration des déchets grâce aux terres humides Ilestessentiel,pourlebien-êtredescollectivitésnordiques,d’améliorerl’épurationdeseauxusées.Cetteépuration,dansunegrandepartieduNord,n’est pas totalement en mesure de supporter lefroidextrême,cequipeutoccasionnerunproblèmedesantépublique.UndesparasitespathogènesquiprospèrentdansleseauxuséesestleToxoplasmagondii. Jusqu’àmaintenant,pourlaplupart,lesréseaux

À GaucHe : le caribou trouve sur les bancs de glace un refuge contre les moustiques et la chaleur. ces bancs de glace sont une mine d’artéfacts de chasse.

en Haut À dRoite : la collectivité de pond inlet.

en Bas À dRoite : ombles chevaliers mis à sécher à Bathurst inlet.

eXtRÊMe dRoite : une plateforme pétrolière dans la mer de Beaufort.

38 | RappoRt scientifique suR l’année polaiRe inteRnationale : faits saillants canadiens

d’épurationdeseauxuséesduNordontétéconçusd’aprèscequiexistedansleSud,maisilspeuventêtretropcomplexessurleplantechnologiquepourl’environnementarctique.Danslecadrederecherchesfinancéesparl’API,leschercheursontétudiélespossibilitésd’utiliserdesterreshumidesartificiellesoùlesprocessusbiologiques,physiquesetchimiquesnaturelspermettentl’épurationdeseauxuséesavantqu’ellesnes’écoulentdansl’océan. LarechercheaeulieusurtoutdanslarégiondeKivalliq,auNunavut,àl’ouestdelabaied’Hudson,oùleschercheursontévaluélesinstallationsactuellesd’épurationdeseauxusées.IlsontcrééunsitepilotedeterreshumidesdanslacollectivitédeBakerLakeetconstatél’efficacitédesonfonctionnement,tantpartempshivernalrigoureuxquedanslesmoisd’été.D’autresessaissontnécessairespoursavoirs’ils’agitdelasolutionlaplusrentablepourl’épurationdeseauxuséesdanslescollectivitésdel’Arctique.

la suite? L’atlasduprojet«LesInuitsetlaglacedemer:unerelationdynamique»(SIKU)seveut une ressource « dynamique ». En plus de sauvegarder la connaissance culturelle de l’utilisation des glaces de mer, l’atlas doit évoluer avec la connaissance des changements des conditions de la glace de mer. Les chercheurs espèrent intégrer l’atlas dans le programme d’études des écoles du Nunavut afin que les enfants et les jeunes puissent en savoir davantage sur la connaissance que possèdent les Inuits de la glace de mer.

études canadiennes de l’api dans ce domaine« Dynamisme des sociétés inuites dans l’histoire

de l’Arctique »;chefdeprojet:MaxFriesen,UniversitédeToronto

« Changements climatiques et histoire des Inuits dans l’Arctique canadien »;chefdeprojet:PatriciaSutherland,Muséecanadiendescivilisations

« Artéfacts et plaques de glace dans les Territoires du Nord-Ouest »;chefdeprojet:ThomasAndrews,centrepatrimonialnordiquePrinceofWales

« Communautés et changements : adaptation et vulnérabilité des communautés dans l’Arctique »;chefdeprojet:BarrySmit,UniversitédeGuelph

« La culture et l’adaptabilité des gens de l’ Arctique et le caribou »;chefdeprojet:CindyDickson,ConseildesPremièresnationsduYukon

« Changement environnemental et activités traditionnelles dans la plaine Old Crow au Yukon »;chefdeprojet:ShelGraupe,PremièrenationdesGwitch’inVuntut

« Connaissances traditionnelles et changement climatique dans le territoire traditionnel des Tr’ondëk Hwëch’in»;chefdeprojet:AllieWinton,TrondekHwech’en

« Le témoignage de Kwaday Dan Ts’inchi – Enrichir nos connaissances en mariant la recherche scientifique et les connaissances ancestrales »;chefdeprojet:SheilaGreer,PremièresnationsChampagneetAishihik

« Les Inuits et la glace de mer : une relation dynamique »;chefdeprojet:ClaudioAporta,UniversitéCarleton

« Établissement de terres humides pour l’épuration des eaux résiduaires dans les communautés de l’Arctique »;chefdeprojet:BrentWootton,CollègeFleming

« Effets de l’exploitation du pétrole et du gaz naturel sur les communautés de l’Arctique »;chefdeprojet:DawnBazely,UniversitéYork

« Inciter les communautés à surveiller la salubrité des aliments traditionnels »;chefdeprojet:ManonSimard,MakivikCorporation

« Le réseau circumarctique de contrôle et d’évaluation des caribous : incidences sur les systèmes humains/Rangifer dans l’Arctique circumpolaire »;chefdeprojet:DonRussell,CollègeduYukon

« Répercussions du déplacement de la limite des arbres dans l’Arctique »;chefdeprojet:KarenHarper,UniversitéDalhousie

le Bien-ÊtRe des collectiVités | 39

Santé humaineChangements de mode de vie : les Inuits en paient le prix

un chasseur inuk scrute la banquise. pour les inuits, les aliments traditionnels sont plus sains que ce qu’offrent les magasins.

principales constatations• Ens’éloignantdeleurmodedevietradi-

tionnel, les Inuits se sont retrouvés avec des maladies chroniques et des prob-lèmes de santé liés à l’alimentation.

• Enraisonducoûtélevédesnécessitésde base et de la croissance rapide de la population, les Inuits connaissent d’importantes pénuries de nourriture et de logement, qui sont des facteurs essen-

tiels pour demeurer en bonne santé.

• Lesvaccinsutiliséscontrelevirusdupapil-lomehumain(VPH)etl’hépatiteBenAméri-que du Nord sembleraient moins efficaces dans les populations inuites, soit en raison de la structure même du virus ou de sa méthode de transmission, soit des caractéri-stiques génétiques de la population, autant d’aspectsquiinfluentsurlafaçondontla

maladie se déclare.

• Lesmaladiesdelafaunetransmissiblesaux humains doivent être surveillées de près afin de savoir si les taux d’atteinte augmentent et de trouver des moyens de prévenir la transmission.

• Chezlesjeunes,lesmaladiesrespira-toires sont devenues un problème de santé important.

LerégimealimentairetraditionneldesInuits,qui repose sur des quantités libérales de poisson etdechaird’animauxmarins,estricheenacidesgrasOméga-3quiaidentàéviterlesmaladieschroniques,parexemplelespathologiescoronari-ennes.Pourtant,l’espérancedeviedesInuits,àlanaissance,estdeprèsde10ansinférieureàcelledureste de la population canadienne. Pourcomprendrelesraisonsquisous-tendentcettedisparité,lesprojetsderecherchedel’APIportaientsurlerégimealimentaireetlesmaladieschroniques,lesfacteursenvironnementauxetlesmaladiesinfectieuses.Leschercheursonttravaillédeconcertaveclesgensdescollectivitésnordiquesetonttransmisleursconstatationsauxautoritéssanitaireslocales.Ilsontcherchédesmoyensde mettre au point des vaccins et d’élaborer des mesures préventives et des interventions de santé adaptésauxcollectivitésnordiques. Depuis60ans,lesInuitsontconnudeprofondschangements.Autrefois,ilshabitaientdescampementssaisonniersprèsdesressourcesfauniques dont ils dépendaient, et maintenant,

40 | RappoRt scientifique suR l’année polaiRe inteRnationale : faits saillants canadiens

dans le cadre d’une enquête sur la santé des inuits, un infirmier examine des résultats de tests avec une résidante de Resolute Bay.

ilssesontétablisencollectivités.Deplus,lechangementclimatiqueentraîneunemodificationde cet environnement que l’on comprenait et interprétaitdepuislongtempsgrâceausavoirécologiquetraditionnel. Leshumains,toutcommelesespècesfau-niques,sontvulnérablesàceschangementsenvironnementaux.Legrasducariboun’estpluslemêmequ’autrefois,seloncequeleschasseursinuitsontditauxchercheursdel’API.Onytrouvemoinsdegrasetlatextureachangé.D’aprèslessci-entifiques,ilsepeutquelechangementclimatiquerende l’environnement arctique plus accueillant pourlesparasites,lesversetlesbactéries.Aucoursdel’API,ilsontmisàl’épreuvecettethéorieende-mandantauxchasseursdeleurenvoyerdeséchan-tillons de la viande qu’ils récoltaient, afin de faire desessaisenlaboratoire.Traditionnellement,unepartie de la viande est consommée crue, de sorte queleshumainsrisquentdavantaged’absorberles

agentspathogènes. Pourtant,tantlesInuitsquelesscientifiquessaventquelanourriture«traditionnelle»estplussainequecellevendueaumagasin.Puisquelesproduitsdoiventêtretransportéssurdegrandesdistances,lesproduitsvendusenmagasincontiennentbeaucoupd’agentsdeconservation.Deplus,ilsontuneplusforteteneurengrastransetengrassaturé,tousdeuxliésàunrisqueplusélevéd’obésitéetdemaladieschroniques. Lesrecommandationsalimentaireshabituellesdes nutritionnistes ne sont pas aussi facilement applicablesdansleNord,oùlesprixdesalimentssontdeuxfoisplusélevésquedanslamajoritédesautresendroitsduCanadaenraisondesfraisd’expédition.Lesproduitslaitiers,leslégumesfraisetlescéréalessontdesluxescoûteux,plutôtquedes produits alimentaires de base. Les aliments à forteteneurensucrecoûtentmoinscheretsontplus faciles à obtenir.

Plus de la moitié des foyers recensés n’avaient pas suffisamment d’aliments appropriés pour les enfants.

les enquêtes sur la santé des inuits et le fin mot de l’histoire PourlesInuits,lesdéfisenmatièredesantépeu-vent être liés à la pauvreté, à l’insécurité alimentaire etàdepiètresconditionsdelogement.C’estlasombreéquationétablieparleschercheursquiontvisité33collectivitéscôtièresnordiquesenvoyag-eantàborddubrise-glaceAmundsendelaGardecôtière,ainsiquepardeséquipesdechercheursqui, par voie terrestre, ont visité trois collectivités inuitesdel’intérieur.Desinfirmièresontfaitremplirunsondagevolontaireàplusde1900ménages,qui devaient notamment préciser quels médica-mentsilsutilisaient.Ellesonteffectuédestestsdedépistagedudiabèteetrecueillideséchantillonssanguinsauxfinsd’examensplusapprofondis. Ilressortdusondagequenombrederésidencessontsurpeuplées.Étaientégalementtrèsévidentsles effets de l’insécurité alimentaire, définis sur le plan de la disponibilité et de l’accessibilité des

santé HuMaine | 41

au centre de recherche du nunavik à Kuujjuaq, on dissèque des estomacs de phoque pour contrôler la sécurité des aliments.

espérance de vie à la naissance, 1989-2007, canada et inuit nunangat

Espé

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50Hommes Femmes Les deux sexes

Canada

Hommes Femmes Les deux sexes

Inuit Nunangat

1991 1996 2001 2006

aliments.Lepassageàunrégimecommercialàfortapportensucresetfaibleenlégumes,céréales,produits laitiers et fibres fait que les Inuits adultes risquentfortdeseretrouveravecuntauxélevédecholestérol,del’insuffisancecoronaireoududiabètedetype2.Enfait,letauxdecesmaladieschroniqueschezlesInuits,toujoursfaibleparlepassé,s’approchemaintenantdelamoyennedelapopulation canadienne. Ilfautajouterqueleschercheursontégalementétudié388ménagesduNunavutayantdesenfantsde trois à cinq ans. Ils ont évalué divers facteurs, par exempledansquellemesurelesfamillesvivaientlerégimeetlemodedevietraditionnelsetsilesmèresfumaientouconsommaientdel’alcoolpendantlagrossesse. Leschercheursontconstatéqueprèsde70p.100desfoyersvisitésconnaissaientl’insécuritéalimentaire, tandis que plus de la moitié des ménagesnedisposaientpasd’alimentsappropriés

suffisantspourlesenfants.Lesenfantsquivivaientdans l’insécurité alimentaire avaient tendance à consommerdavantagedesucreetmoinsdelait.Nombred’entreeuxétaientensurpoidsouobèsesetatteintsdecariesdentaires.Danslesménagessuivantunrégimeplustraditionnel,parcontre,cesenfantsétaientmoinssusceptiblesd’afficherunedéficienceenferetenvitamineD.

Réaction aux maladies infectieuses Les collectivités nordiques sont pour la plupart isolées et leur population est modeste, mais en croissancerapide.Lescoûtsd’entretienetderéparationdesimmeublessontparticulièrementélevésenraisonduclimatextrême;pourcetteraison, il n’est pas rare que les résidences soient surpeuplées.Puisquedenombreusespersonnesviventainsidansdeslogementsexigus,lesmaladiespeuventfacilementsepropager.

Les vaccins et les antibiotiques sont conçus pour prévenir ou traiter les maladies infectieuses, maislesprogrammesd’immunisationsontrelativementnouveauxdansl’Arctique.Onalancédesétudesafind’évaluerl’efficacitédesvaccinscontrelagrippeetlapneumoniechezlesInuits,particulièrementchezlesenfants. Ilfautconstaterlaprévalencededeuxmaladiesinfectieuses,soitleVPHetl’hépatiteB.LeVPHesthabituellementliéaucancerducol,tandisquel’hépatiteBestliéeaucancerdufoie.Lestauxdecancers et de maladies sont actuellement plus élevéschezlesInuitsquechezlesCanadiensd’originecaucasienne.Parailleurs,lesvaccinsanti-VPHdisponiblesaujourd’huipourraientêtreinefficacesdanslespopulationsinuites.LesprogrammesdesantépubliqueduNordaxentmaintenantleurseffortsversuneplusgrandesensibilisationetunsurcroîtd’informationàproposdes risques et des mesures de prévention.

42 | RappoRt scientifique suR l’année polaiRe inteRnationale : faits saillants canadiens

OnpensequeleVPHestunemaladieintroduiteassezrécemmentchezlesInuits,maisilsepeutquel’hépatiteByexistedepuisdessiècles.CertainschercheursontavancéquelespremiersgroupesquionttraverséledétroitdeBéringpours’établirdansl’Arctiquecanadienpourraientyavoirapportéla maladie. L’unedesconstatationsintrigantesdeschercheursdansl’APIcanadienneestquelevirusdel’hépatiteBduNordcanadienn’estpasidentique à celui dépisté dans les populations autochtonesdel’AlaskaetduGroenland.Lavariantecanadiennechanged’aspectplusfréquemment.Parconséquent,lesystèmededéfensedespatientsadeladifficultéàreconnaîtrele virus et une bonne part des lésions du foie qui découlentd’uneattaquedusystèmeimmunitairecontrelevirussontmoinsfréquentes(ouretardées)chezlesCanadiensinfectés.

les cinq principales causes de décès, canada et inuit nunangat, 2006

Cancers

Maladies cardiovasculaires

Blessures accidentelles

Blessures intentionnelles

Maladies respiratoires

0 20 40 60 80 100

Canada

Taux de mortalité normalisé selon l'âge par 100 000 habitants

Blessures intentionnelles

Cancers

Blessures accidentelles

Maladies cardiovasculaires

Maladies respiratoires

0 20 40 60 80 100

Inuit Nunangat

Taux de mortalité normalisé selon l'âge par 100 000 habitants

la suite? Pour s’attaquer aux questions touchant l’espérance de vie et le taux de mortalité infantile, qui sont deux indicateurs importants de la santé et une norme pour comparer l’état de santé des Inuits à celui du reste de la population canadienne, les recherches futures doiventporterattentiontoutparticulièrementauxcausescommunesdesdécèschezlesjeunes de sexe masculin, les femmes âgées et les nourrissons. Dans certains projets, on cherchera à savoir de quelle façon les changements de régime alimentaire et de mode de vie touchent les populations inuites circumpolaires. Ainsi, dans l’étude sur la cohorte internationale, on comparera les taux de maladies chroniques des populations inuites du Canada, de l’Alaska et du Groenland. Certains changements ont déjà été apportés à la politique sur la santé. Un cas de réussite qu’il vaut la peine de mentionner est celui du programme de prévention de la trichinellose, créé en 1996 au Nunavik et qui facilite le dépistage de la présence, dans la chair animale, d’un vers susceptible d’infecter l’être humain. Il a été adapté à l’analyse de divers types de viandes, notamment le morse et l’ours. Les chercheurs ont mis au point d’autres méthodes de dépistage des parasites, des vers et des bactéries de la faune afin que les chasseurs inuits puissent vérifier si leur viande peut être consommée sans danger. On établit des laboratoires dans diverses collectivités afin d’étendre le programme au-delà du Nunavik.

études canadiennes de l’api dans ce domaine« Inuit Health Survey: Inuit Health in Transition and Resiliency »,chefde

projet:GraceEgeland,UniversitéMcGill

« An Integrated Research Program on Arctic Marine Fat and Lipids »,chefdeprojet:EricDewailly,Centrehospitalierdel’UniversitéLaval

« Mobiliser les collectivités pour surveiller les zoonoses afin de répondre aux préoccupations relatives à la sécurité de l’approvisionnement en nourriture traditionnelle au Canada »,chefdeprojet:ManonSimard,MakivikCorporation

« Évaluation de l’efficacité de la vaccination des jeunes enfants de la région de Nunavik contre les infections respiratoires »,chefdeprojet:PhilippeDeWals,UniversitéLaval

« Effort concerté pour éliminer les virus de l’hépatite du Nord canadien », chefdeprojet:GeraldMinuk,UniversitéduManitoba

« Le papillomavirus (VPH) et les maladies cervicales dans les Territoires du Nord-Ouest »,chefdeprojet:YangMao,AgencedelasantépubliqueduCanada

santé HuMaine | 43

Pourtéléchargerunexemplairedurapport,vousrendresurlesitedelaCommissioncanadiennedesaffaires polaires à l’adresse www.polarcom.gc.ca

RappoRt scientifique suR l’année polaiRe inteRnationale :

faits saillants

Canadian Polar Commission

Commission canadienne

des affaires polaires

canadiens

photos et illustrations

Couverture:iStockphoto(touteslesimages)Page3:Faitssaillantsetréalisations,Programmedu

gouvernementduCanadapourl’Annéepolaireinternationale :

Page4:BureauduMinistredesAffairesautochtonesetDéveloppementduNordCanada

Page5:BernardW.FunstonPage6:Kulkarnietcoll.,2012(souspresse)Page8:AlexandreForest/ArcticNetPage9:KeithLevesque/ArcticNetPage10:(àgauche)PaulLoewen;(àdroite)Robie

Macdonald,“Lescontaminantsdansl’Océanarctique-unproblèmedupassé?”,Meridien,printemps-été2008,Commissioncanadiennedes affaires polaires

Page11:StoykaNetchevaPage12:MartinFortier/ArcticNetPage13:NOAA/ESALPhysicalSciencesDivisionPage14:(àgauche)MichelleJohnston;(àdroite)Berit

RabePage15:GenevièveRinguet/ArcticNet

Page16:MartinFortier/ArcticNetPage17:GéraldDarnis/ArcticNetPage18:DavidBarberPage19:MartinFortier/ArcticNetPage20:MartinFortier/ArcticNetPage21:ImagesFormosatgracieusetéPaxArcticaetle

PlanetActionInitiative©NSPO2008NationalSpaceOrganization,Taiwan,DistributionSpotImageS.A.,France.PhotographiesgracieusetéDougStern,Rangerscanadiens(avril2008)etWarwickVincent,UniversitéLaval(août2008)

Page22:GracieusetéINRS—CentreEauTerreEnvironnement

Page23:IsabelleDubois/ArcticNetPage24:EdStruzikPage25:MartinFortier/ArcticNetPage26:GéraldDarnis/ArcticNetPage27:Varelaetcoll.,donnéesnonpubliéesPage28:GenevièveRinguet/ArcticNetPage29:RuthErringtonPage30:(àgauche)SteveFick;(àdroite)Antoni

LewkowiczPage32:EdStruzikPage33:JenniferProvencherPage34:(enhaut)KeithLevesque/ArcticNet;(enbas,à

gauche)EdStruzik;(enbas,àdroite)ThierryGosselin/ArcticNet

Page35:AnneGunnetDonRussell,“Ladiminutiondunombredecaribousdansl’Arctiquecanadien”,Meridien,automne-hiver2010,Commissioncanadienne des affaires polaires

Page36:KevinTurnerPage37:gracieusetéduprojet“Dynamismedessociétés

inuitesdansl’histoiredel’Arctique”Page38:(àgauche)GlenMackay;(enhaut,àdroite)

MartinFortier/ArcticNet;(enbas,àdroite)AlexandreForest/ArcticNet

Page39:MartinFortier/ArcticNetPage40:JamesFordPage41:gracieusetéduprojet“Enquêtesurlasantédes

Inuits”Page42:BarrieFord

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